Depot Memoire Brisset Chaudeurge
Depot Memoire Brisset Chaudeurge
(1991-1994)
Patrimonialisation et personnification des
relations de pouvoir dans la Corne de l’Afrique
Quentin Brisset
Étienne Chaudeurge
Introduction
Le 11 mars 1862, la France signe un traité avec le Sultan afar de Tadjourah dont
l’objet est l’achat des droits pour « les ports, rade et mouillage d’Obock situés près du Cap
Ras Bir avec la plaine qui s’étend depuis Ras Aly au sud jusqu’à Ras Doumeirah au nord »1.
Un nouveau traité est signé avec les chefs issas, le traité de Khor Ambado en 18842 avant que
le gouverneur Lagarde n’étende le territoire français dans les terres pour recouvrir tout le
golfe de Tadjourah. Les frontières sont fixées par des traités successifs avec les puissances
voisines : 1888 pour la frontière avec la colonie anglaise du Somaliland, puis 1891 pour celle
avec la colonie italienne d’Érythrée. Le 20 mai 1896, par un décret du Président de la
République française, « le territoire d’Obock ainsi que les protectorats de Tadjourah et des
pays Danakils sont réunis au protectorat de la Côte des Somalis »3. Le territoire actuel de la
République de Djibouti porte, à partir de cette date, le nom de « Côte française des Somalis et
dépendances » et devient officiellement une colonie française.
Lors des deux référendums sur l’indépendance de 1958 puis 1967, les Djiboutiens -et
plus particulièrement les éléments afars de la population- font le choix de continuer dans la
voie d’un destin commun entre la France et le nouveau « Territoire Français des Afars et des
Issas ». L’enjeu de ces référendums est avant tout commercial et militaire, compte-tenu de la
position géostratégique de Djibouti sur le détroit de Bab-el-Mandeb4. De ce fait, le territoire
est revendiqué par les trois puissances voisines, au nom de la présence d’une ethnie. La
Somalie de Siad Barré s’appuie sur des doctrines pansomalistes, tandis que l’Éthiopie met en
avant la présence historique d’Afars dans cette région du triangle afar5.
1
Traité relatif à la cession à la France du territoire d’Obock du 11 mars 1862, in Simon Imbert-Vier,
Tracer des frontières à Djibouti, des territoires et des hommes aux XIXè et XXè siècles, Karthala, 2011 [En ligne]
Disponible sur : http://djibouti.frontafrique.org/?doc4 (consulté le 14 mai 2016).
2
Ali Coubba, Le mal djiboutien. Rivalités ethniques et enjeux politiques, Paris, L’Harmattan, 1996, Chapitre
II – Héritage Colonial.
3
Bulletin officiel du ministère des colonies, Paris, 1896, n°5, p. 281 [En ligne] Disponible sur :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6266930f.item (consulté le 3 avril 2016).
4
Cette escale à la charnière entre la mer Rouge et le golfe d’Aden est, en effet, un passage obligé sur la
route du pétrole de la péninsule arabique, du détroit d’Ormuz et de l’Océan Indien.
5
Région située à cheval entre l’Éthiopie, l’Érythrée et Djibouti, elle est limitée par la vallée du grand Rift au
sud-ouest, la mer Rouge au nord et le golfe d’Aden à l’est.
1
Introduction
6
« Conflict in Somalia: Drivers and Dynamics », The World Bank, 2005, p. 56 [En ligne] Disponible sur :
http://siteresources.worldbank.org/INTSOMALIA/Resources/conflictinsomalia.pdf (consulté le 9 avril 2016).
7
« Djibouti », The World Factbook, Africa, Central Intelligence Agency, 2016 [En ligne] Disponible sur :
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/dj.html (consulté le 29 mars 2016).
8
Les Forces françaises à Djibouti (FFDJ) appartiennent aux unités pré-positionnées qui constituent les
forces de présence et comprennent le 5ème Régiment Inter-Armes d’Outre-Mer (5ème RIAOM), la Base aérienne
188, des bâtiments et unités spécialisées de la Marine Nationale et l’hôpital de Bouffard (site internet du
Ministère de la Défense, http://www.defense.gouv.fr/ema/forces-prepositionnees/djibouti/dossier/les-forces-
francaises-stationnees-a-djibouti, consulté le 3 janvier 2016 ).
9
David Styan, « Djibouti: Changing Influence in the Horn’s Strategic Hub », Chatham House, 2013, p. 9-13
[En ligne] Disponible sur : https://www.chathamhouse.org/publications/papers/view/190835c (consulté le 16
avril 2016).
2
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
10
Protocole provisoire fixant les conditions de stationnement des forces françaises sur le territoire de la
République de Djibouti après l'indépendance et les principes de la coopération militaire entre le gouvernement
de la République française et le gouvernement de la République de Djibouti, 27 juin 1977, publié au JO du 10
novembre 1985 [En ligne] Disponible sur : http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/annexe-r1714.pdf
(annexe n°2) (consulté le 17 mai 2016).
11
Opération de l’armée française menée du 27 mai au 13 juin et visant à réguler et désarmer le flux de
soldats en déroute arrivant d’Érythrée et d’Éthiopie.
12
Alex De Waal, « Contemporary Warfare in Africa: Changing context, changing strategies », IDS Bulletin,
Vol.27, n°3, 1996 [En ligne] Disponible sur : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1759-
5436.1996.mp27003002.x/abstract (consulté le 5 mai 2016).
3
Introduction
Durant toute sa durée, la guerre civile djiboutienne est présentée sous une grille de
lecture ethnique. Ce conflit trouve cependant sa place dans le cadre plus global de conflits
africains aux caractéristiques particulières.
En outre, les relations personnelles ont joué un rôle important, dépassant ainsi le
simple échelon ethnique. Ahmed Dini Ahmed17, qui devient leader du FRUD un an après sa
13
Ci-après : Ougouré Kifleh.
14
« Fundamentals of Low Intensity Conflict », Global Security, 1996 [En ligne] Disponible sur :
http://www.globalsecurity.org/military/library/policy/army/fm/100-20/10020ch1.htm (consulté le 30 mars 2016).
15
Ci-après Hassan Gouled.
16
Rapport d’information du Sénat fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées sur la politique africaine de la France, Paris, 28 février 2011, p. 8
17
Ci-après : Ahmed Dini.
4
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
création, occupe une place centrale dans le conflit. Sa relation avec Hassan Gouled, ancien
compagnon de l’indépendance, mais aussi avec les autres éléments du mouvement de
rébellion, cristallise les positions.
La patrimonialisation des charges publiques et la mise en place d’un régime de parti
unique par Hassan Gouled sont également des éléments plus centraux que l’ethnie pour
étudier ce conflit.
Enfin, la lecture de cette guerre par la France peut se résumer à un conflit entre
appréhender l’échelon individuel et les intérêts personnels, tout en respectant « l’Esprit de la
Baule » et promouvoir la démocratisation comme finalité de l’intérêt général.
Le but de cet article est ainsi d’identifier les mécanismes qui ont permis la mise en place
d’une dynastie lignagère à Djibouti, malgré une apparente ouverture démocratique due à
l’émergence de contre-pouvoirs et l’intervention d’une puissance militaire étrangère.
18
Ci-après « IOG ».
5
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
I- L’émergence de contre-pouvoirs à
Djibouti : un vacillement apparent de la
domination politique présidentielle.
Le FRUD lance son offensive armée dans la nuit du 11 novembre 1991 et met
rapidement en déroute les Forces Armées Djiboutiennes (FAD)19, jusqu’à occuper près des
deux tiers du territoire. En position de faiblesse et face à l’émergence d’une opposition
politique, Hassan Gouled annonce, un mois plus tard, des réformes en vue de l’ouverture
démocratique du pays. Cette émergence de contre-pouvoirs dans un système de parti unique
semble donc pousser le Président Gouled à modifier les institutions et les pratiques politiques
en vigueur et donc remettre en cause sa domination politique.
19
Les FAD constituent les forces de sécurité de Djibouti. Elles sont composées de l’Armée Nationale
Djiboutienne (AND) et des Forces Nationales de Sécurité (FNS).
20
Entretien avec Son Excellence M. Régis de Belenet, ambassadeur de France à Djibouti de 1992 à 1994 et
chargé de la médiation entre les belligérants, 9 février 2016.
6
L’émergence de contre-pouvoirs à Djibouti
Une fois la tutelle coloniale abrogée, une règle non-écrite semble régir la répartition du
pouvoir : le Président de la République est Issa, le Premier Ministre est Afar21. Dans cette
optique, Ahmed Dini devient Premier Ministre en juillet 1977.
Si, depuis les années 1960, la France avait confié les affaires politiques aux Afars
d’Ali Aref, l’indépendance constitue un changement d’alliance avec l’arrivée des Issas au
pouvoir22.
Au début des années 1990, les institutions sont dominées par les Issas depuis une
quinzaine d’années. Selon la perception cyclique du pouvoir par les Afars, il est désormais
temps d’effectuer un changement. Cette période correspond également à l’arrivée d’une
nouvelle génération n’ayant jamais connu l’exercice du pouvoir par les Afars. Ces jeunes26,
n’ont vécu que sous le régime personnel d’Hassan Gouled.
21
Entretien avec M. Marc Fontrier, ancien officier des Troupes de Marine détaché comme officier de liaison
auprès du FRUD, maître de conférences et spécialiste de l’Afrique de l’Est, 3 mars 2016.
22
Ali Coubba, Le mal djiboutien, op.cit., Chapitre II – Héritage Colonial.
23
Id.
24
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994. Du maquis afar à la paix des braves, Paris, L’Harmattan,
2002, p.4, p. 26.
25
Berouk Mesfin, « Elections, Politics and external involvement in Djibouti », Situation Report, Institute for
Security Studies, 14 avril 2011, p. 2 [En ligne] Disponible sur : https://www.issafrica.org/publications/situation-
reports/elections-politics-and-external-involvement-in-djibouti (consulté le 21 mai 2016).
26
« Ourrou » en Afar.
7
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
La mise en place d’un régime de parti unique centré sur Hassan Gouled se fait aussi
par une pression sur les Afars de Djibouti. Avec l’indépendance, des éléments afars de la
population se voient dans l’impossibilité d’accéder à la nationalité djiboutienne29, et une
partie s’exile en l’Éthiopie.
En mars 1991, l’opposition adresse une lettre à Hassan Gouled, lui demandant de
« privilégier la voie de la réconciliation en vue d’entamer une négociation avec elle »32, à
27
Gérard Conac, Christine Desouches, Jean De Gaudusson, « La constitution djiboutienne », in Les
constitutions africaines publiées en langue française, Paris, Documentation Française, 1997.
28
Id.
29
Entretien avec M. Marc Fontrier, 3 mars 2016.
30
Le Front de Libération de la Côte des Somalis (FLCS) a lutté pour l’intégration du Territoire Français des
Afars et des Issas à une « Grande Somalie », puis pour l’indépendance.
31
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p.241-242
32
Ibid., p. 175
8
L’émergence de contre-pouvoirs à Djibouti
laquelle il n’aurait pas donné suite. Face à ce ressentiment croissant d’une partie de la
population vis-à-vis du régime de parti unique d’Hassan Gouled et après une manifestation
violente à Randa, les partis d’opposition clandestins s’unissent sous un même mouvement, le
FRUD, en août 1991. Ce rassemblement comprend alors aussi bien des éléments afars que des
déçus issas.
À l’été 1991, les causes du conflit sont déjà présentes. En plus de l’entraînement reçu
dans les camps éthiopiens par certains membres du FRUD, les armes nécessaires sont
disponibles suite à la chute du gouvernement de Mengistu. Les rapports de l’opération
GODORIA font état de la saisie de plus de 12 000 armes collectives et individuelles, allant du
fusil d’assaut Kalachnikov au blindé T-55 ou T-6233.
Néanmoins, en raison de la porosité des frontières de la zone, une partie de ce flux
massif d’armes a aisément pu échapper au rigoureux désarmement effectué systématiquement
par les troupes françaises. Des armes, notamment des armes légères, ont ainsi pu transiter
jusqu’aux mains du FRUD, abandonnées ou vendues par leurs anciens propriétaires34.
33
Entretien avec le Général de Division aérienne Yvon-Pierre Coppin, ancien Commandant des Forces
françaises stationnées à Djibouti (COMFOR FFDJ) de 1991 à 1993, 3 mars 2016.
34
Alex De Waal, « Contemporary Warfare in Africa: Changing context, changing strategies », art.cit.
35
« Mission de “bons offices” de la France », La Nation, 30 janvier 1992, p. 2-3.
9
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
Dans un premier temps, la France décide donc de privilégier des missions de « bons
offices »36. Il ne s’agit donc ni d’intervenir militairement, ni d’intervenir diplomatiquement en
engageant des pourparlers ou en mettant en place une négociation entre les deux parties. Le
but de la France est donc seulement de mettre en contact les deux camps, sans proposer de
solutions au conflit.
Cependant, face à cette grille de lecture française, héritée de « l’Esprit de la Baule »37,
le gouvernement djiboutien développe une toute autre rhétorique. Suite aux attaques surprises
menées par le FRUD en novembre 1991, le ministre des Affaires étrangères djiboutien, Ali
Mahamadé Houmed, parle « d’attaques menées par des mercenaires étrangers venant de
l’Éthiopie »38. Le gouvernement djiboutien met en avant la présence d’éléments étrangers au
sein du FRUD et agite le spectre de revendications d’une « Grande Afarie » et d’une scission
du territoire.
Des éléments non-nationaux sont effectivement présents dans le mouvement de
rébellion. Toutefois, il s’agit principalement d’Afars djiboutiens ayant été privés de leur
nationalité à l’indépendance39. D’autres Djiboutiens ont préféré s’exiler plutôt que de risquer
l’emprisonnement suite à l’interdiction des partis politiques en 1979 et l’arrestation de leurs
dirigeants. Par exemple, la quasi-totalité des jeunes militants du Mouvement Populaire pour la
Libération (MPL), parti marxisant, fuit en Éthiopie. Le qualificatif « étranger » est alors
largement contestable.
36
Id.
37
Cette grille de lecture suppose que l’instauration de la démocratie est l’évolution naturelle des régimes
politiques. Il n’y a donc pas lieu d’intervenir car la population finira par demander et obtenir la démocratisation
du pays.
38
Ali Mahamadé Houmed, les 17 et 18 novembre 1991, cité par Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-
1994, op.cit., p. 18
39
Entretien avec M. Marc Fontrier, 3 mars 2016.
40
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p.15
10
L’émergence de contre-pouvoirs à Djibouti
Dans l’autre camp, malgré le refus des autorités officielles de reconnaître leur présence,
des soldats somalis combattent effectivement avec les FAD. Un recrutement important de
mercenaires en provenance de Somalie a notamment été effectué après le cessez-le-feu de
février 1992. Les chefs militaires ont alors pour ordre « d’ensevelir sur place tous les hommes
tombés sur le champ de bataille »41, dans l’optique de ne pas dévoiler la présence de
combattants étrangers dans les rangs du gouvernement42.
Entre le déclenchement du conflit en 1991 et sa résolution en 1994, la rhétorique
gouvernementale a évolué. L’argument des bandes armées étrangères permettait à Hassan
Gouled de mettre en place la conscription nationale mais aussi une « contribution
patriotique » pour les années 1992 et 199343.
41
Ibid., p. 67.
42
La volonté de masquer présence d’éléments étrangers des deux camps explique le fait qu’il n’existe pas de
bilan humain de cette guerre.
43
Loi n° 185/AN/91/2E L du 31 décembre 1991, citée dans Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994,
op.cit., p. 49.
44
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p.177.
11
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
Hassan Gouled défend l’idée d’une invasion étrangère en partie pour obtenir l’aide de
l’armée française pour lutter et repousser le FRUD. Le refus de la France, qui se contente
d’une interposition tardive, le place dans une situation extrêmement délicate puisque l’attaque
surprise du FRUD en novembre 1991 a mis en déroute les forces gouvernementales. Les deux
tiers du territoire djiboutien sont occupés par le FRUD, plaçant le pays face à un risque de
scission.
Le régime d’Hassan Gouled se trouve donc au plus bas militairement avec le contrôle
par le FRUD des points névralgiques (routes, postes militaires et administratifs) et
l’encerclement de deux des plus grandes villes, Tadjourah et Obock. La situation ne se
stabilise que grâce à la mise en place de trois cessez-le-feu, déclarés unilatéralement par le
FRUD, visant à apaiser la situation pour permettre l’acheminement d’une aide humanitaire
mais aussi entamer des négociations en position de force.
45
Régis de Belenet, Conflit de faible intensité : un cas d’école, La Révolte afar en République de Djibouti
1991-2001, Communication à l'Académie des sciences, belles lettres et arts d'Angers, 22 février 2013.
12
L’émergence de contre-pouvoirs à Djibouti
46
Entretien avec M. Marc Fontrier, 3 mars 2016.
47
Sans qu’aucune responsabilité politique ne soit identifiable avec certitude, il se pourrait que les hautes
autorités de l’État –notamment le chef de cabinet du président, son neveu IOG– aient orchestré cette répression
sanglante.
48
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p.47.
49
Ali Coubba, Ahmed Dini et la politique à Djibouti, Paris, L’Harmattan, 1999.
50
Communiqué cité dans Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p. 48
51
Gérard Conac, Christine Desouches, Jean De Gaudusson, « La constitution djiboutienne », in Les
constitutions africaines publiées en langue française, art.cit.
52
Son élaboration et son adoption avaient été continuellement repoussées depuis l’indépendance.
13
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
Ces concessions démocratiques ne s’avèrent en réalité n’être qu’une façade car Hassan
Gouled conserve sa place centrale dans les nouvelles institutions. La démocratie est fortement
encadrée et le Président de la République continue de cumuler sa position de chef de l’État
avec celle de chef du Gouvernement et de gouverner par ordonnances53. Néanmoins, ces
concessions factices permettent à Hassan Gouled de sauver les apparences et d’obtenir
l’interposition de la France dans le conflit.
Dans un contexte de réformes politiques, le Front Uni de l’Opposition Djiboutienne
(FUOD) est créé le 24 juin 1992. L’idée de cette unification de l’opposition politique est de
créer un interlocuteur puissant crédible face au parti unique d’Hassan Gouled, permettant
ainsi de négocier des avancées politiques et de stopper les combats. Cependant, comme le
projet de Constitution a été élaboré sans aucune consultation de l’opposition, les trois
objectifs du FUOD sont les suivants :
« Rejeter le projet de Constitution à l’élaboration duquel l’opposition n’a pas pris part
officiellement, boycotter le référendum destiné à faire entériner par le public djiboutien
un texte qui légalise les institutions et le système en place et enfin amener le
Gouvernement, par des pressions constantes, à composer avec l’opposition pour parvenir
à la démocratie. »54
L’apparente démocratisation du régime par Hassan Gouled est légitimée par le succès
du référendum du 4 septembre 1992, qui officialise la Constitution et le multipartisme limité,
faisant presque office de plébiscite pour le Président. La conditionnalité démocratique de
l’aide au développement française, paraît donc respectée. En parallèle, la détérioration de la
situation régionale, notamment en Somalie, redonne à la République de Djibouti un rôle
stratégique aux yeux de la communauté internationale.
53
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p.81-87.
54
Ibid. p. 99.
14
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
L’internationalisation du conflit apparaît comme une priorité d’Ahmed Dini dès son
entrée dans le FRUD. Il est, en effet, appelé pour permettre au mouvement armé de franchir
un cap diplomatique, en profitant de son expérience internationale acquise notamment
lorsqu’il occupait le poste de Premier Ministre.
Dès lors, Ahmed Dini multiplie les voyages diplomatiques pour s’assurer le soutien de
ses voisins (l’Éthiopie et le Yémen notamment), des puissances internationales ainsi que des
organisations supranationales comme l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) ou l’ONU.
Le but est ainsi d’obtenir une reconnaissance internationale pour pouvoir peser dans les
négociations face au gouvernement djiboutien et réduire la marge de manœuvre d’Hassan
Gouled.
Sa tournée en Europe de mars 1994 apparaît ainsi comme une ultime tentative de
revenir dans le jeu des négociations de paix face à la faction dissidente du FRUD. Lors des
négociations de l’été 1994, il est définitivement mis hors-jeu, empêché de franchir la frontière
éthiopienne, illustrant son échec à s’attirer le soutien de ses voisins.
Les pays frontaliers de Djibouti hésitent longuement sur la conduite à tenir face à la
crise djiboutienne. En effet, la Somalie est en proie à une violente guerre civile et se retrouve
disloquée entre les différents chefs de guerre. L’Érythrée, nouvellement indépendante,
15
Le regain d’intérêt stratégique de Djibouti
cherche à construire une administration nationale pour s’émanciper de l’Éthiopie, tandis que
cette dernière se relève de la chute de Mengistu.
Les pays de la zone refusent donc tout parti pris et ne soutiennent financièrement ni le
régime d’Hassan Gouled, ni la rébellion du FRUD. Les autorités d’Érythrée et d’Éthiopie
sont, à ce moment, confrontées à la nécessité de ménager les Afars présents sur leur territoire,
dans une optique de construction ou de reconstruction nationale. Néanmoins, les deux pays ne
peuvent s’aliéner le soutien d’un pays voisin et membre de l’ONU pendant cette même
période de transition étatique. Du matériel militaire peut ainsi être livré au gouvernement
d’Hassan Gouled par des canaux non-officiels.
En outre, le gouvernement djiboutien exploite le morcellement de la Somalie et le flux
de réfugiés et de mercenaires qui en découle par des recrutements massifs pour renforcer ses
forces de sécurité.
55
L’opération ISKOUTIR s’articule autour de trois volets (militaire, diplomatique et humanitaire) : faire
respecter le cessez-le-feu, favoriser le retour à la négociation et participer au soutien alimentaire et médical de la
population. Ce dernier volet, la mise en place et le fonctionnement de plots humanitaires, s’avère être le plus
important de l’opération (L’Ancre du 5ème RIAOM, 1er avril 1992).
56
Régis de Belenet, Conflit de faible intensité : un cas d’école, La Révolte afar en République de Djibouti
1991-2001, Communication à l'Académie des sciences, belles lettres et arts d'Angers, 22 février 2013.
16
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
L’utilisation du territoire comme base arrière pour des opérations dans un pays voisin
constitue une seconde entorse à l’Accord de Défense de 1977, après l’interposition française
dans un conflit interne. Le déploiement français est permis par le remaniement et l’allègement
du dispositif ISKOUTIR le 27 novembre 1992, avec le retrait des troupes françaises du nord
57
United Task Force (Force d’Intervention Unifiée), déployée du 5 décembre 1992 au 4 mai 1993, dont la
mission ONUSOM II prend le relais jusqu’en mars 1995.
58
Témoignage écrit du LCL Montegu, Chef de peloton (Lieutenant) du 5ème RIAOM de 1991 à 1993.
59
Les soldats français à Djibouti jouissent de surcroît d’une bonne connaissance des terrains d’opérations et
sont nourris de l’expérience des opérations GODORIA et ISKOUTIR, notamment sur les plans humanitaires et
logistiques (Témoignage écrit du LCL Montegu).
17
Le regain d’intérêt stratégique de Djibouti
18
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
contrepoids américain. Ainsi, « c’est avec des camions américains, le “surplus de la mission
en Somalie”, que les troupes djiboutiennes auraient obtenu “la mobilité” pour mener à bien la
dernière offensive contre le FRUD dans le nord du pays »62.
En outre, le 27 octobre 1992, la République de Djibouti est élue comme membre non-
permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, en qualité de représentant de l’Afrique63. Cette
élection, surprenante pour un pays dont les deux tiers du territoire sont occupés par une
opposition armée, marque le regain d’intérêt pour la position de Djibouti et constitue une
forme de soutien au gouvernement Gouled de la part de la communauté internationale.
Dès lors, la victoire diplomatique d’Hassan Gouled est assurée. Sa place au Conseil de
Sécurité lui assure le soutien de l’instance onusienne et éloigne ainsi la possibilité d’une
intervention dans le cadre d’une organisation internationale. Une chute du gouvernement
apparaît alors très improbable, compte-tenu de la nécessité de stabilité politique qu’implique
le nouveau rôle de base arrière joué par Djibouti dans les opérations en Somalie.
À la fin de l’année 1992, la guerre civile est terminée sur le plan diplomatique, le
gouvernement d’Hassan Gouled ne peut plus tomber. Si la grille de lecture du conflit est celle
d’une volonté de démocratisation et d’ouverture politique portée par le FRUD, la guerre se
termine dès décembre 1992. Pour le président Gouled, il faut désormais mettre un terme à la
guerre sur le terrain, par la reconquête militaire à l’été 1993 puis politique à l’été 1994.
62
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p.191.
63
Procès-Verbal de la 48ème séance du 27 octobre 1992, 47ème session de l’Assemblée générale de l’ONU,
12 novembre 1992 [En ligne] Disponible sur : http://www.un.org/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/47/PV.48
(consulté le 18 mai 2016).
19
Le regain d’intérêt stratégique de Djibouti
Si le lieu de rencontre semble être le seul point d’entente relative, les négociations sont
bouleversées par l’irruption d’Ahmed Dini dans les discussions en tant qu’émissaire du
FRUD. Le médiateur français doit ainsi faire face à l’intransigeance des deux parties et aux
retournements de situations, notamment sur la question des prisonniers issus des FAD
64
Ci-après Mohamed Adoyta.
65
Entretien avec Son Excellence M. Régis de Belenet, 9 février 2016.
66
Id.
20
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
Une nouvelle fois, cette réaction est symbolique du nouveau rapport de force mis en
place en décembre 1992. Le président Gouled sait que la France ne peut plus se permettre de
ne pas le soutenir et il tourne la situation à son avantage, prenant le risque de dégrader les
relations diplomatiques entre les deux pays. À ce titre, l’annulation de la visite de Michel
Roussin, ministre de la Coopération, pour protester contre la contre-offensive généralisée du 5
juillet 1993, représente le paroxysme de cette discorde diplomatique. Face à une situation
financière catastrophique, le choix d’une reprise généralisée des hostilités apparaît comme
une provocation d’Hassan Gouled, anéantissant les efforts français de reprise du dialogue.
67
D’après Mohamed Aden, l’intransigeance d’HGA sur la libération des prisonniers s’explique par le fait
que la majorité des prisonniers restants soit de la famille d’HGA (Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994,
op. cit., p.198).
68
Ci-après Ismaël Guédi.
21
Le regain d’intérêt stratégique de Djibouti
cabinet, perçu comme son successeur potentiel69. Dès le 23 février, Hassan Gouled met fin
aux luttes intestines du RPP en suspendant le renouvellement du bureau exécutif et en
annonçant sa candidature à l’élection présidentielle.
À partir de la visite de Bruno Delaye, la France apparaît désabusée face aux entraves du
président djiboutien dans les négociations.
69
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p.162.
22
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
L’antagonisme des deux figures principales de la vie politique djiboutienne prend ses
racines dans l’euphorie de l’indépendance. Le leader de la LPAI, Hassan Gouled, se voit
confier les pleins pouvoirs « afin d’assurer la continuité et le fonctionnement des services
publics »71 en attendant la mise en place effective des institutions étatiques.
Par excès de confiance, Ahmed Dini ne réagit pas face aux manœuvres législatives
d’Hassan Gouled, qui se fait nommer chef de l’État et chef du Gouvernement. La passivité
d’Ahmed Dini le conduit à accepter le poste de Premier Ministre, restant cantonné au rôle de
« primus inter pares »72. En décembre 1977, cinq mois après avoir pris ses fonctions et réalisé
son impuissance, Ahmed Dini démissionne de son poste gouvernemental.
70
Pour plus d’informations sur ce concept de science politique, voir : Jean-François Médard, «
Patrimonialism, Neopatrimonialism and the Study of the Post-colonial State in Sub-Saharan Africa », in Henrick
Secher Marcussen (Ed.), Improved Natural Resources Management – The Role of Formal and Informal
Networks and Institutions, Roskilde University Press, 1996, p. 76-97
71
Ibid., p.3.
72
« premier parmi les pairs » - Régis de Belenet, Conflit de faible intensité : un cas d’école, La Révolte afar
en République de Djibouti 1991-2001, Communication à l'Académie des sciences, belles lettres et arts d'Angers,
22 février 2013.
23
La patrimonialisation des charges publiques à Djibouti
Il est à nouveau pris de court en 1981, lorsqu’Hassan Gouled modifie la loi électorale
pour mettre en place le suffrage universel direct aux élections présidentielles de 1982. Le
Président court-circuite ainsi les velléités de revanche d’Ahmed Dini, qui pouvait compter sur
une Chambre des Députés dans laquelle il aurait pu obtenir une majorité.
L’expérience de ces deux évènements peut servir d’explication à l’intransigeance
d’Ahmed Dini pendant les négociations, même quand la situation est très désavantageuse
pour le FRUD. Nonobstant la position de faiblesse militaire du FRUD à l’été 1994, il prône
ainsi le prolongement de la lutte armée, dans une opposition irréductible à Hassan Gouled.
La conduite des négociations est ainsi marquée par une haine inextinguible entre les
deux anciens partisans de l’indépendance73. Les pourparlers entre le gouvernement et la
faction dissidente du FRUD sont ainsi menés à la seule condition qu’Ahmed Dini n’y prenne
pas part74.
Dès 1991, l’arrivée d’Ahmed Dini dans le mouvement rebelle constitue un tournant
dans les négociations. La figure d’Ahmed Dini est alors celle d’un rassembleur et celle du
principal opposant à Hassan Gouled, et doit permettre au FRUD de peser nationalement et
internationalement.
À compter du moment où Ahmed Dini rejoint le mouvement rebelle, les négociations
entre les deux parties tombent dans une impasse du fait de l’opposition irréductible entre les
principales figures des deux camps. La volonté de médiation française est ainsi vouée à
l’échec dès son commencement et définitivement condamnée lorsqu’Ahmed Dini prend la
tête du FRUD en août 1992.
Les négociations ne peuvent donc se mener qu’en contournant cette opposition. En
août 1993, le gouvernement approche Ougouré Kifleh, le commandant rebelle de la zone Sud-
Ouest. Ahmed Dini est peu à peu marginalisé dans une posture d’opposition radicale et
continue la lutte armée avec un petit nombre de partisans jusqu’au moment où Hassan Gouled
abandonne le pouvoir au profit de son neveu.
73
Entretien avec Son Excellence M. Régis de Belenet, 9 février 2016.
74
Régis de Belenet, Conflit de faible intensité : un cas d’école, La Révolte afar en République de Djibouti
1991-2001, Communication à l'Académie des sciences, belles lettres et arts d'Angers, 22 février 2013.
24
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
La scission du FRUD en juin 1994 illustre les différences de motivation entre les
éléments fondateurs, comme Ougouré Kifleh ou Ali Mohamed Daoud, et les éléments
rattachés plus tardivement au mouvement, comme Ahmed Dini. Ces différences
d’engagement permettent à Hassan Gouled et à IOG, qui orchestre les négociations,
d’exploiter les intérêts personnels des dirigeants rebelles.
Le président du FRUD, Ahmed Dini, aveuglé par sa haine personnelle envers Hassan
Gouled ne se rend pas compte (ou ne veut pas se rendre compte) de l’inversion du rapport de
force en juillet 1993.
Après la contre-offensive des FAD, le FRUD change de stratégie militaire, passant à
une guerre de harcèlement des forces djiboutiennes qui réoccupent le terrain conquis.
Néanmoins, cette stratégie de guérilla rencontre ses limites dans les répercutions qu’elle
provoque parmi la population civile. Les « nettoyages » de l’armée sont ainsi fréquents sur
une population épuisée par la guerre, financièrement exsangue en raison du blocus et
confrontée à des problèmes climatiques (sécheresse notamment) et sanitaires. Peu à peu, les
combattants du FRUD perdent le soutien de la population civile, qui n’hésite pas à les
dénoncer afin de retrouver une paix nécessaire à leur activité pastorale.
Le FRUD n’a ainsi pas pu (ou su) mettre en place une administration sur les territoires
conquis pour permettre la reprise de l’activité économique et contrer le blocus mis en place
par le gouvernement :
« Cette victoire est une lourde charge pour la rébellion. Pour assumer les conséquences
de son action, elle ne dispose d’aucun moyen. Elle se contente alors de ce demi-succès en
occupant le terrain conquis et en espérant que les hommes au pouvoir vont lâcher
prise »75.
Une fissure s’est, en outre, créée entre la tête du mouvement, souvent à l’étranger, et la
base combattante au contact quotidien avec la population djiboutienne.
Ahmed Dini en particulier n’a jamais vraiment réussi à réduire les divisions au sein du
mouvement lorsqu’il en prend la tête en août 1992. Il souffre d’un manque de légitimité au
75
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p. 95.
25
La patrimonialisation des charges publiques à Djibouti
sein du FRUD, que ne compense pas son aura acquise par la lutte d’indépendance. Son
absence du territoire djiboutien et de la ligne de front76 ainsi que son arrivée tardive au sein du
mouvement sont des facteurs qui minent son autorité.
Ce manque d’autorité est symbolisé par l’imbroglio sur la libération des prisonniers de
guerre. Une fronde du bureau exécutif fait ainsi revenir Ahmed Dini sur sa promesse de
libération de la totalité des prisonniers pour n’en relâcher que la moitié.
Les divisions internes au FRUD s’inscrivent dans un cadre sociologique et historique
plus large, de division interne des Afars et lié à la spécificité des sociétés pastorales.
En effet, la société afar se caractérise par son attachement à l’élevage, notamment dans
le nord de Djibouti, seule activité agricole possible. Ces sociétés évoluant sur des territoires
étendus sans possibilité de communication, l’autorité de décision principale est ainsi
l’individu, voire le lignage77. La nature acéphale de ces tribus pastorales constitue un atout
lors des opérations militaires, réduisant la chaîne de commandement et donc le temps de
réaction, mais également un frein à l’obéissance à une autorité centralisée. Les combattants
sont ainsi plus réceptifs aux décisions de leur chef de guerre présent sur le terrain, à l’instar
d’Ougouré Kifleh, qu’aux directives édictées par le bureau exécutif du mouvement rebelle,
notamment Ahmed Dini.
En outre, les divisions internes au FRUD peuvent trouver une explication dans la
division historique des Afars entre une partie descendante d’Haral Mahis78, réputée noble et
plus apte à gérer les affaires de la cité (assa ’imara, « les rouges »), et le reste de la population
afar (ado ’imara, « les blancs »)79. Traditionnellement, les assa ’imara occupent le pouvoir
politique des différents sultanats et cherchent à se distinguer des ado ’imara.
Cette division intra-ethnique est présente au sein du FRUD, notamment entre Ahmed
Dini, originaire des environs d’Obock et issu d’une famille assa ‘imara, et Ougouré Kifleh,
né à Dikhil dans une famille ado ‘imara. Selon Karim Rahem, la division entre les deux
groupes est particulièrement sensible sur le territoire djiboutien :
76
Entretien avec Son Excellence M. Régis de Belenet, 9 février 2016.
77
Alex De Waal, « Contemporary Warfare in Africa: Changing context, changing strategies », art.cit.
78
Ancêtre commun mythologique de tous les Afars.
79
Karim Rahem, « Haral Mahis et les Afar, importance d'un mythe dans les positionnements sociaux et les
stratégies de pouvoir », Annales d'Ethiopie, vol. 17, 2001 [En ligne] Disponible sur :
http://www.persee.fr/doc/ethio_0066-2127_2001_num_17_1_996 (consulté le 7 avril 2016).
26
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
« Pour les jeunes hommes de Djibouti, plus politisés, le pouvoir des assa ‘imara est
responsable du retard apporté dans l’unité et la modernisation de la société afar. C’est de
la faute du sultan si cette dernière n’a pas progressé et s’est maintenue dans les ornières
du féodalisme et du tribalisme, si les jeunes Afars n’ont pas été scolarisés. L’ennemi,
c’est donc aussi Haral Mahis et ses descendants ».80
La division historique et mythologique des Afars entraîne une méfiance mutuelle entre
les membres du FRUD. Ougouré Kifleh craint ainsi qu’Ahmed Dini ne détourne les
négociations de paix au profit de son ancienne clientèle assa ‘imara, et donc au détriment des
combattants du FRUD, en majorité ado ‘imara81.
La division entre Ahmed Dini et Ougouré Kifleh trouve ainsi des racines sociologiques
et mythologiques mais également des éléments d’explication issus des trajectoires
personnelles des deux chefs rebelles.
En effet, Ougouré Kifleh participait au mouvement de grève des gendarmes nationaux
de 1977. L’intransigeance d’Ahmed Dini avait conduit à la perte de son poste de
fonctionnaire (qui lui assurait une rente financière et symbolique) et à son exil. La fronde
d’Ougouré Kifleh peut aussi être lue sous l’approche d’une revanche personnelle sur Ahmed
Dini.
80
Id.
81
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p. 245.
82
Ibid., p. 246.
83
D’où l’appellation de « FRUD-Daoud » pour cette faction majoritaire dissidente.
27
La patrimonialisation des charges publiques à Djibouti
Le FRUD-Daoud espère alors obtenir une résolution politique du conflit plus favorable
que la résolution militaire. Au bilan, seuls deux dirigeants du FRUD-Daoud, Ali Mohamed
Daoud et Ougouré Kifleh, sont réellement récompensés par des postes ministériels.
Pour mener ces négociations, IOG a mis en œuvre la proposition déjà effectuée par Paul
Dijoud à Mohamed Adoyta à Sanaa en 1992 : une amnistie et des postes ministériels pour les
dirigeants du FRUD, en échange du dépôt des armes. La réaction de la majeure partie du
FRUD pose la question des réelles motivations du mouvement, qui semble plus sous-tendu
par la volonté des dirigeants de s’assurer la sécurité matérielle d’un poste au gouvernement
plutôt qu’obtenir un réel rééquilibrage politique au profit des Afars.
28
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
Ses victoires diplomatiques et militaires sont ensuite suivies d’une victoire sur le plan
politique en instrumentalisant les concessions démocratiques. L’adoption d’une Constitution
et d’un multipartisme limité en septembre 1992 donne à l’État djiboutien une apparence
démocratique, alors que le Président continue de cumuler les fonctions de chef de l’État et de
chef du Gouvernement. L’adhésion massive de la population lors du référendum
constitutionnel, ainsi que le ralliement du FRUD suite à l’accord de paix, renforce
considérablement l’emprise d’Hassan Gouled sur la vie politique djiboutienne.
En outre, l’apparente ouverture démocratique, qui paraît se conformer à « l’Esprit de
la Baule », permet à l’État djiboutien d’éviter sa marginalisation internationale et de sécuriser
une rente internationale par les subsides d’aide au développement.
Enfin, Hassan Gouled, puis IOG après lui, organisent le « partage du gâteau
national »86 au profit de leur clan des Mamassan. Dès 1992, Mohamed Aden évoque la
84
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p. 215.
85
Régis de Belenet, Conflit de faible intensité : un cas d’école, La Révolte afar en République de Djibouti
1991-2001, Communication à l'Académie des sciences, belles lettres et arts d'Angers, 22 février 2013.
86
Jean-François Médard, « Autoritarismes et démocratie en Afrique noire », Politique africaine, n°43 (Les
chemins de la démocratie), octobre 1991, p. 93 [En ligne] Disponible sur : http://www.politique-
africaine.com/numeros/pdf/043092.pdf (consulté le 20 mai 2016).
29
La patrimonialisation des charges publiques à Djibouti
mainmise de la tribu issa des Mamassan dans les rouages de l’État 87. Le président Guelleh a
accentué cette dynamique en nommant des membres de sa tribu aux postes clefs du régime,
notamment dans la sécurité et les forces armées. Ainsi, le chef de la Police, le Chef d’État-
Major de l’AND, le chef de la Garde Républicaine (créée en 2002) et le chef des services de
renseignements sont tous issus de la tribu des Mamassan et dépendent directement de la
Présidence88.
87
Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994, op.cit., p. 90.
88
Berouk Mesfin, « Elections, Politics and external involvement in Djibouti », art.cit., infra. p.11.
89
Jean-François Médard, « Patrimonialism, Neopatrimonialism and the Study of the Post-colonial State in
Sub-Saharan Africa », op.cit.
30
La guerre civile djiboutienne 1991-1994
Conclusion
Après plus d’un an d’occupation des deux tiers du territoire par le FRUD et de
nombreuses tentatives de médiation par la France, c’est finalement la situation internationale
qui préserve la position de domination du président djiboutien. D’abord peu encline à soutenir
le gouvernement djiboutien, la France s’est vu rappeler l’importance de la situation
stratégique de son ancienne colonie et a fini par accepter de déployer une force
d’interposition.
Avec le conflit somalien et le début des opérations de la coalition internationale,
Djibouti est utilisé comme base arrière par les puissances occidentales et prend une dimension
de pôle de stabilité régional. La stabilité politique interne devient donc cruciale aux yeux de la
communauté internationale.
Ainsi, Hassan Gouled est en position d’inverser le rapport de force au détriment du
FRUD à l’été 1993, sur le plan militaire, puis à l’été 1994 sur le plan politique, grâce à la
signature des accords de paix avec la majeure partie du FRUD.
Les intérêts personnels tiennent également une place centrale dans ce conflit,
principalement en ce qui concerne les tentatives, réussies ou avortées, de résolution. C’est
l’omniprésence de ces relations personnelles qui ont poussé la France à abandonner toute
tentative de résolution du conflit.
31
Conclusion
La relation conflictuelle entre Ahmed Dini et Hassan Gouled, les deux anciens
compagnons de l’indépendance, a longtemps empêché toute résolution à l’amiable du conflit,
entraînant, entre autres raisons, des tensions au sein du FRUD. Le Président Gouled a su
exploiter les intérêts particuliers pour créer une dissension au sein de la rébellion armée et
signer la paix avec celle-ci.
La primauté des intérêts particuliers sur l’intérêt général se remarque également dans
la logique de clan très présente chez la famille au pouvoir. Cette logique de clan mène, de fait,
à une certaine patrimonialisation des charges publiques avec l’attribution des postes clés aux
membres de son clan Mamassan.
La rébellion armée ayant forcé la main au Président Gouled, ce dernier a fini par
s’ouvrir à l’idée du multipartisme et de la démocratie en décembre 1992. Ces réformes
politiques ont semblé contribuer à donner un cadre d’État démocratique à l’État djiboutien.
Cette apparence de démocratie (et non pas une démocratie réelle) a permis d’assurer la
pérennité du régime d’Hassan Gouled et a légitimité sa succession par son neveu IOG. Les
acteurs gouvernementaux ont ainsi su jouer avec la grille de lecture occidentale, qui
présuppose que tous les peuples aspirent à la démocratie, pour mettre en place une dynastie
présidentielle dans un cadre apparent de démocratie.
32
ANNEXES
33
Bibliographie indicative
Sources Primaires :
Témoignages :
▪ Entretien avec Son Excellence M. Régis de Belenet, ambassadeur de France à Djibouti de 1992 à
1994 et chargé de la médiation entre les belligérants, 9 février 2016.
▪ Entretien avec M. Marc Fontrier, ancien officier des Troupes de Marine détaché comme officier de
liaison auprès du FRUD, maître de conférences et spécialiste de l’Afrique de l’Est, 3 mars 2016.
▪ Entretien avec le Général de Division aérienne Yvon-Pierre Coppin, ancien Commandant des Forces
françaises stationnées à Djibouti (COMFOR FFDJ) de 1991 à 1993, 3 mars 2016.
Documents officiels :
▪ Traité relatif à la cession à la France du territoire d’Obock du 11 mars 1862, dans Simon Imbert-
Vier, Tracer des frontières à Djibouti, des territoires et des hommes aux XIXe et XXè siècles, Karthala,
2011 [En ligne] Disponible sur : http://djibouti.frontafrique.org/?doc4 (consulté le 14 mai 2016).
▪ Bulletin officiel du ministère des colonies, Paris, 1896, no 5 [En ligne] Disponible sur :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6266930f.item (consulté le 3 avril 2016).
▪ Protocole provisoire fixant les conditions de stationnement des forces françaises sur le territoire de
la République de Djibouti après l'indépendance et les principes de la coopération militaire entre le
gouvernement de la République française et le gouvernement de la République de Djibouti, 27 juin
1977, publié au JO du 10 novembre 1985 [En ligne] Disponible sur : http://www.assemblee-
nationale.fr/12/rapports/annexe-r1714.pdf (annexe n°2) (consulté le 17 mai 2016).
34
▪ Accord de Paix et de Réconciliation Nationale, Journal Officiel de la République de Djibouti,
Djibouti, 26 décembre 1994 [En ligne] Disponible sur :
http://peacemaker.un.org/sites/peacemaker.un.org/files/DJ_941226_Accord%20de%20paix%20et%20
de%20reconciliation%20nationale.pdf (consulté le 15 mai 2016).
▪ Rapport d’information du Sénat fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense
et des forces armées sur la politique africaine de la France, Paris, 28 février 2011.
35
Sources Secondaires :
Ouvrages généraux :
▪ Tibaut Stéphène Possio, Les évolutions récentes de la coopération militaire française en Afrique,
Publibook, 2007.
▪ Stephen Smith, Antoine Glaser, Comment la France a perdu l’Afrique, Paris, Calmann-Lévy, 2005.
▪ Mohamed Aden, Ourrou Djibouti 1991-1994. Du maquis afar à la paix des braves, Paris,
L’Harmattan, 2002.
▪ Ali Coubba, Le mal djiboutien. Rivalités ethniques et enjeux politiques, Paris, L’Harmattan, 1996.
Articles :
▪ « Conflict in Somalia: Drivers and Dynamics », The World Bank, 2005 [En ligne] Disponible sur :
http://siteresources.worldbank.org/INTSOMALIA/Resources/conflictinsomalia.pdf (consulté le 9 avril
2016).
▪ « Djibouti », The World Factbook, Africa, Central Intelligence Agency, 2016 [En ligne] Disponible
sur : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/dj.html (consulté le 29 mars
2016).
▪ David Styan, « Djibouti: Changing Influence in the Horn’s Strategic Hub », Chatham House, 2013
[En ligne] Disponible sur :
https://www.chathamhouse.org/publications/papers/view/190835c (consulté le 16 avril 2016).
36
▪ « Fundamentals of Low Intensity Conflict », Global Security, 1996 [En ligne] Disponible sur :
http://www.globalsecurity.org/military/library/policy/army/fm/100-20/10020ch1.htm
(consulté le 30 mars 2016).
▪ Berouk Mesfin, « Elections, Politics and external involvement in Djibouti », Situation Report,
Institute for Security Studies, 14 avril 2011 [En ligne] Disponible sur :
https://www.issafrica.org/publications/situation-reports/elections-politics-and-external-involvement-
in-djibouti (consulté le 21 mai 2016).
▪ Régis de Belenet, Conflit de faible intensité : un cas d’école, La Révolte afar en République de
Djibouti 1991-2001, Communication à l'Académie des sciences, belles lettres et arts d'Angers, 22
février 2013.
▪ Alex De Waal, « Contemporary Warfare in Africa: Changing context, changing strategies », IDS
Bulletin, Vol.27, n°3, 1996 [En ligne] Disponible sur :
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1759-5436.1996.mp27003002.x/abstract (consulté le 5
mai 2016).
▪ Jean-François Médard, « Patrimonialism, Neopatrimonialism and the Study of the Post-colonial State
in Sub-Saharan Africa », in Henrick Secher Marcussen (Ed.), Improved Natural Resources
Management – The Role of Formal and Informal Networks and Institutions, Roskilde University
Press, 1996, p. 76-97.
▪ Karim Rahem, « Haral Mahis et les Afar, importance d'un mythe dans les positionnements sociaux et
les stratégies de pouvoir », Annales d'Ethiopie, vol. 17, 2001 [En ligne] Disponible sur :
http://www.persee.fr/doc/ethio_0066-2127_2001_num_17_1_996 (consulté le 7 avril 2016).
37
Index des noms des différents protagonistes
Ali Mohamed Daoud, dit Jean-Marie (1950 – ) : Président du FRUD, leader de la scission.
Ougouré Kifleh Ahmed (1955 – ) : Commandant rebelle du FRUD pour la zone Sud-Ouest,
puis Secrétaire Général du FRUD-Daoud.
Hassan Gouled Aptidon (1916 – 2006) : Président de la République de Djibouti de 1977 à 1999.
Ahmed Dini Ahmed (1932 – 2004) : Premier ministre de Djibouti en 1977 sous la présidence de son
compagnon de l’indépendance Hassan Gouled Aptidon, puis leader du FRUD à partir de 1992.
Ismaël Omar Guelleh, dit IOG (1947 – ) : Chef de cabinet d’Hassan Gouled, puis Président de la
République de Djibouti depuis 1999.
Ali Aref Bourhan (1934 – ) : Premier ministre de la Côte française des Somalis de 1960 à 1966, puis
vice-président du Conseil de gouvernement du Territoire français des Afars et des Issas de 1967 à
1976.
Yvon-Pierre Coppin (1940 – ) : Général de Division aérienne, ancien Commandant des Forces
françaises stationnées à Djibouti (COMFOR FFDJ) de 1991 à 1993.
Alain Vivien (1938 – ) : Secrétaire d’État français aux Affaires étrangères de 1991 à 1992, envoyé à
Djibouti dans le cadre des « missions bons offices » de la France.
Ali Mahamadé Houmed ( ? – 2007) : Ministre à différents postes dont celui des Affaires étrangères
djiboutiennes sous la présidence d’Hassan Gouled Aptidon, puis membre de l’opposition
parlementaire à partir de 1996.
Marc Fontrier (1950 – ) : Ancien officier des Troupes de Marine détaché comme officier de liaison
auprès du FRUD, maître de conférences et spécialiste de l’Afrique de l’Est.
Mohamed Djama Elabeh (1940 – 1996) : Ministre à différents postes sous la présidence d’Hassan
Gouled Aptidon jusqu’au début de la guerre civile, chef de file du FUOD à sa création, puis membre
de l’opposition au sein de son propre parti politique.
Paul Dijoud (1938 – ) : Directeur des Affaires africaines et malgaches au ministère des Affaires
étrangères de 1991 à 1992, il prend la suite d’Alain Vivien dans les tentatives de négociation entre le
FRUD et le gouvernement djiboutien.
Mohamed Adoyta Youssouf ( ? - ) : Premier Président du FRUD jusqu’en 1992, puis Vice-Président
du FRUD-armé.
Ismaël Guédi Hared ( ? – 2015) : Directeur de cabinet d’Hassan Gouled Aptidon, concurrent d’IOG à
la succession d’Hassan Gouled Aptidon.
Bruno Delaye (1952 – ) : Conseiller aux Affaires africaines de l’Élysée de 1992 à 1994.
38
Chronologie détaillée
▪ 27 juin 1977 : Indépendance de la République de Djibouti.
▪ 12 juillet – 17 décembre 1977 : Ahmed Dini occupe le poste de premier ministre d’Hassan Gouled
Aptidon.
▪ 4 avril 1979 : le Rassemblement Populaire pour le Progrès (RPP) devient le seul parti autorisé.
▪ 27 mai – 13 juin 1991 : Interposition et désarmement des flux de réfugiés éthiopiens par les forces
françaises (opération GODORIA).
▪ 18 décembre 1991 : massacre de civils afars dans le quartier d’Arhiba, Djibouti-ville par la police et
la gendarmerie. Le lendemain, Hassan Gouled se dit ouvert à des réformes démocratiques et à la
réinstauration du multipartisme.
▪ 25 février 1992 : interposition de l’armée française entre les deux parties. Début de l’opération
ISKOUTIR, qui dure jusqu’à l’été 1993.
▪ Mars 1992 : Nomination de S.E Régis de Belenet en tant qu’ambassadeur de France à Djibouti et
médiateur du conflit.
▪ 24 juin 1992 : création du Front Uni de l’Opposition Djiboutienne (FUOD), bras politique du
FRUD.
▪ 4 septembre 1992 : Adoption de la nouvelle Constitution par référendum avec 96.84% des suffrages
exprimés.
▪ 27 octobre 1992 : La République de Djibouti est élue comme membre non-permanent du Conseil de
Sécurité de l’ONU en qualité de représentant de l’Afrique (entrée en fonction le 1er janvier 1993).
39
▪ 5 décembre 1992 : Intervention de la coalition internationale en Somalie sous l’égide des États-Unis
(opération RESTORE HOPE). Djibouti sert de base arrière au déploiement français en Somalie
(opération ORYX). Victoire diplomatique d’Hassan Gouled, le régime djiboutien ne peut plus tomber.
▪ 18-19 février 1993 : Visite officielle de Bruno Delaye, Conseiller de l’Élysée pour les Affaires
Africaines. Refus du plan de négociations par le président djiboutien.
▪ Février et mars 1993 : offensives des FAD dans le Sud-Ouest (opération SIRAD) et sur la zone
côtière du Nord du pays (opération DOUR-DOUR).
▪ 7 mai 1993 : victoire d’Hassan Gouled aux élections présidentielles avec 60.71% des votes mais
moins de 50% de participation. Accusation de fraudes massives par les quatre autres candidats.
▪ Août 1993 : Premiers contacts entre Ougouré Kifleh et le gouvernement djiboutien sous l’impulsion
d’Ismaël Omar Guelleh (IOG).
▪ Juin 1994 : Scission au sein du FRUD entre une faction majoritaire, dirigée par Ali Mohamed Daoud
(FRUD-Daoud), et une faction minoritaire qui continue la lutte armée, dirigée par Ahmed Dini (FRUD
armé ou FRUD-Dini). Ougouré Kifleh est officiellement chargé par le FRUD-Daoud de mener les
négociations de paix avec le gouvernement.
▪ 26 décembre 1994 : Signature des accords de « paix et de réconciliation nationale » entre le FRUD-
Daoud et le gouvernement djiboutien. Alliance électorale entre le FRUD-Daoud et le RPP.
▪ 9 avril 1999 : Élection d’IOG à la présidence avec plus de 74% des suffrages.
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Cartographie
Carte représentant schématiquement les évolutions militaires du conflit à partir de l’interposition française.
41
Répartition des clans somalis dans la Corne de l’Afrique.
Source : Clansystem der Somali [en ligne] disponible sur :
http://www.wikiwand.com/de/Clansystem_der_Somali
42
Situation du « Triangle afar » dans la Corne de l’Afrique
Source : Cards of triangle afar | Afar Friends [en ligne] disponible sur :
http://afarfriends.org/gallery/cards-of-triangle-afar/
43
Photographies
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Photo fournie par le Lieutenant-Colonel Montegu
Dispositif à Ballambaley-Dikhil, Mars 1992
46
Photo fournie par le Lieutenant-Colonel Montegu
Point de ravitaillement Yoboki – Opération ISKOUTIR
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