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La production d'huiles usées est significative en Afrique, avec des volumes élevés et une collecte inégale, où une partie est valorisée énergétiquement tandis qu'une autre est mal gérée. Les pratiques de tri et de valorisation sont souvent insuffisantes, et la conformité réglementaire est faible, entraînant des risques environnementaux. Pour améliorer la situation, il est recommandé de renforcer le cadre législatif, d'encourager la sensibilisation et d'adopter des innovations technologiques.

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La production d'huiles usées est significative en Afrique, avec des volumes élevés et une collecte inégale, où une partie est valorisée énergétiquement tandis qu'une autre est mal gérée. Les pratiques de tri et de valorisation sont souvent insuffisantes, et la conformité réglementaire est faible, entraînant des risques environnementaux. Pour améliorer la situation, il est recommandé de renforcer le cadre législatif, d'encourager la sensibilisation et d'adopter des innovations technologiques.

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Résultats et discussions Production et collecte des huiles usagées

Les données de terrain montrent que la production d’huiles usées est


considérable. Par exemple, Yelemou et al. (2021) estiment qu’en 2017 la
ville de Ouagadougou (Burkina Faso) a généré environ 5,72 millions de
litres d’huiles usées 1 . Ces huiles sont collectées en grande partie (67%)
par des filières industrielles locales pour une valorisation énergétique,
tandis que 11% sont exportées vers d’autres pays (ex. Ghana) et 22%
détournées à des fins privées (notamment domestiques ou agricoles)
malgré l’interdiction réglementaire de tels usages 1 2 . Une étude
béninoise (Gbèdo 2007) portant sur la ville de Cotonou a trouvé une
production annuelle comparable, environ 4,97 millions de litres, dont près
de 90% rejetés dans l’environnement faute de filière formelle de collecte 3
. Dans un contexte pétrolier plus organisé, par exemple certaines études
en Ouganda, on observe que la collecte peut être concentrée : dans
l’étude de Nur et al. (2019) à Kampala, trois grandes stations-service ont
généré à elles seules 83% du volume total collecté, Total fournissant 803
L/semaine (37,3%) et Shell 425 L (19,8%)

4 5 . Ces résultats illustrent l’inégale répartition des volumes selon les


sites de service. Tri, valorisation et pratiques de gestion

En dépit de l’ampleur des volumes, les pratiques de tri et de valorisation


restent inégales. Nur et al. (2019) rapportent que 75% des stations-service
étudiées (en Ouganda) séparent correctement les différents types d’huile
(moteur, hydraulique, etc.) avant élimination, alors que 25% les
mélangent 6 . L’usage de conteneurs inadaptés est fréquent (récipients
divers, anciennes boîtes de conserve) et les infrastructures (fosses de
vidange, stockages) sont souvent précaires. Dans le cas d’Ouganda, les
grandes enseignes organisées disposent toutefois d’un système de
collecte centralisé (« Safe Waste Oil Disposal ») où un prestataire unique
réunit l’huile usée dans un camion-citerne pour l’acheminer vers une unité
de traitement 7 . En revanche, dans les garagistes et petites structures, la
chaîne de récupération reste informelle et opaque. Quant à la valorisation,
elle se fait essentiellement par combustion industrielle. Par exemple, dans
l’étude de Ouagadougou la quasi-totalité des huiles collectées est brûlée
par des industriels locaux pour produire de l’énergie 2 . Un autre cas
étudié au Kenya (champ géothermique de Menengai) illustre une bonne
pratique : les huiles usées sont transportées vers les cimenteries où elles
servent directement de combustible 8 . Ce type de valorisation
énergétique préserve la ressource fossile et génère des bénéfices
économiques (substitution d’autres énergies) sans qu’il soit nécessaire de
réaffiner l’huile.

Conformité réglementaire et perception des acteurs


L’analyse critique révèle un déficit de conformité aux normes. Dans les cas
africains étudiés, la législation existe souvent sur le papier mais peine à
s’appliquer. Par exemple, à Ouagadougou les auteurs notent l’«
insuffisance d’un décret » pour encadrer la filière, conjuguée à une
désorganisation des acteurs et un manque d’information sur les pratiques
écologiquement acceptables 9 . De même, Nur et al. soulignent que
l’Ouganda n’a pas de cadre politique clair ni de réglementation stricte sur
la collecte ou l’élimination des huiles usées 10 . Cette absence de contrôle
formel explique la persistance de pratiques à risque (déversements
sauvages, brûlage incontrôlé). Du côté des acteurs, les enquêtes montrent
une sensibilisation partielle : par exemple, 72% des détenteurs d’huile
usée à Ouagadougou déclarent connaître les dangers pour la santé et
l’environnement, mais 28% les ignorent encore 11 .

Dans certains sites (Uganda), le niveau de conscience reste faible : Nur et


al. Rapportent qu’environ 75% des gérants en station-service ignoraient
l’existence de filières de recyclage ou de traitement spéciales 12 . Cette
carence d’information se traduit par des choix de pratiques non optimales
(manque de

Protection individuelle, stockage inapproprié).

Discussion critique : réussites, limites et axes d’amélioration

Les résultats soulignent quelques succès mais révèlent surtout des points
à améliorer. Parmi les aspects positifs, la réutilisation partielle des huiles
dans l’industrie (combustion) permet de réduire les déchets et de valoriser
le produit au lieu de le gaspiller 1 2 . La filière informelle procure aussi un
revenu aux garagesetcollecteurs(prix~50FCFA/LauBurkina)
13 ,incitantcertainsacteursàrécupérerl’huileusée plutôt qu’à la jeter. Dans
les pays bien réglementés, la collecte organisée (ex. système SWOD en
Ouganda 7 ) et les filières de re-refinage existantes (Europe) montrent que
la gestion de l’huile usée peut devenir économiquement viable. Toutefois,
les limites sont nombreuses : les volumes non récupérés ou mal gérés sont
encore élevés (22–90% selon le cas) 1 3 . Les zones de pollution par
déversement apparaissent dans toutes les études, exposant sols et
nappes à la contamination 14 . La fragmentation des acteurs (multiples
collecteurs, petits garagistes) et l’absence de valorisation matière (re-
refinage quasi inexistant) sont des freins majeurs. Sur le plan
organisationnel, l’instabilité des régimes de responsabilité (souvent
informels) et l’incertitude légale constituent des obstacles critiques
9
10 .Pouraméliorerlasituation,lesauteursrecommandentderenforcerlecadrelé
gislatif(décrets et sanctions) et de promouvoir des démarches de
sensibilisation large. L’expérience de nations comme le Cameroun (où une
méthode de valorisation « matière-énergie » a été validée) montre l’intérêt
d’impulser des innovations technologiques et pédagogiques dans la filière
15 . In fine, un plan de gestion efficace doit combiner encadrement
réglementaire strict, équipements adaptés (fosses, camions de collecte),
incitations économiques et formation des acteurs pour assurer une
collecte quasi-totale et un traitement approprié des huiles usées.

Comparaisons internationales

Les constats ci-dessus s’inscrivent dans un contexte mondial contrasté.


Dans l’Union européenne, la filière est encadrée : on collecte environ 82%
du gisement disponible d’huiles usagées 16 (38% seulement du marché
total, le reste étant perdu par combustion domestique ou autres), un taux
bien supérieur à celui observé dans la plupart des pays étudiés. En
Europe, 61% de l’huile collectée est régénérée en huile de base neuve,
24% convertie en combustibles industriels et 11% valorisée directement
en énergie dans des cimenteries ou aciéries 17 . Même avec ces bons
résultats, la régénération couvre seulement ~8% des besoins annuels en
huile de base vierge 18 , ce qui illustre la difficulté d’équilibrer offre et
demande. En comparaison, les pays en développement manquent souvent
d’infrastructures de re-refinage : la plupart des huiles récupérées sont
brûlées sans prétraitement. D’autres études de cas montrent des
situations similaires à celles analysées ici : par exemple, au Liban, Naré et
al. (2019) notent que les huiles usées sont majoritairement vendues à bas
prix pour être mélangées au mazout et utilisées comme combustible,
reproduisant les enjeux de santé et d’environnement décrits au Burkina.
Enfin, dans les pays insulaires du Pacifique, des rapports (SPREP)
soulignent que sans filière économique rentable (tarifs de collecte faibles,
volumes faibles), le risque persiste que les huiles usées soient
abandonnées sur place ou exportées illégalement. Ces comparaisons
confirment que les défis rencontrés (filière informelle, manque de valeur
ajoutée, pollution résiduelle) sont globaux, mais que les meilleurs modèles
(systèmes REP en Europe, valorisation intégrale comme au
Kenya/Menengai 8 ) peuvent servir de référence pour améliorer les

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