Debureaucratiser Pour Reduire La Depense Publique 2 Et Relancer La Croissance 7
Debureaucratiser Pour Reduire La Depense Publique 2 Et Relancer La Croissance 7
DÉBUREAUCRATISER
Général de Gaulle
1
5. Annexe
p50
2
Du courage, de la méthode.
Le diagnostic : la dette ne peut plus financer le pouvoir d’achat des Français et masquer
notre insuffisance de création de richesse et notre excès de dépenses comme en attestent
notre déficit budgétaire et notre déficit commercial, respectivement 6,1 % et 3,8 % du PIB en
2023.
Alberto Alesina, Carlo Favero et Francesco Giavazzi, économistes de Harvard, ont clairement mis
en évidence que les ajustements budgétaires axés sur les dépenses sont "associes” à des récessions
mineures et de courte durée, et dans de nombreux cas, pas de récession du tout" tandis que "les
ajustements” fondés sur l'impô t sont associés à une récession et profonde et prolongée". Le risque
de récession d’une consolidation budgétaire par l’impô t est d’autant plus élevé en France que nous
détenons le record mondial de prélèvements en proportion du PIB. De nouveaux impô ts ne
peuvent qu’étouffer encore davantage l’économie en désincitant au travail et à l’investissement en
faisant fuir les investisseurs et les hautes qualifications à l’étranger.
Par exemple, après avoir réduit d’un tiers sa dépense publique, la Suède a connu pendant les 20 ans qui ont
suivi une croissance économique supérieure de 60 % à la croissance française :
Intensifier les politiques de l’offre en les centrant sur l’industrie pour 3 raisons :
-L’industrie est le meilleur pourvoyeur de recettes fiscales et sociales : un emploi industriel génère au total
204 000 euros de valeur ajoutée dans l’ensemble de l’économie, compte tenu d’un multiplicateur moyen de
2 (INSEE) et apporte ainsi à l’Etat 92 000 euros de recettes annuelles fiscales et sociales.
-L’industrie permet de rééquilibrer notre balance commerciale et notre balance des paiements dont les
déficits nous obligent à nous endetter pour financer nos importations vitales (médicaments,…)
-L’industrie crée de bons emplois qui ne nécessitent pas d’être complétés par des aides sociales.
-simplifiant la Réglementation Energie qui pénalise l’électricité décarbonée par rapport au gaz carboné
- desserrant la contrainte ZAN (zéro artificialisation nette) pour les petites communes
-remplaçant les normes PMR d’accessibilité aux handicapés pour les logements neufs par des normes
d’adaptabilité.
Ces mesures a) se font à coût nul et au contraire développent l’emploi et les recettes fiscales et
sociales b) baissent le coû t de la construction de 10 % c) apportent des solutions à la terrible crise du
logement qui frappent les jeunes, jeunes actifs et étudiants.
Nos services publics ne manquent pas de moyens, ils manquent de management. Comment le pays le
plus dépensier au monde peut-il manquer de moyens pour ses services publics ?? L’accroissement continu
des moyens consacrés à nos services publics a eu pour effet de les exonérer des efforts de gestion. Les
comparaisons internationales montrent que nous dépensons plus que dans les autres avec des résultats
moins bons :
au 3ème rang sur 49 pays pour les dépenses de santé rapportées au PIB (12,1 % du PIB) après les Etats-
Unis et l’Allemagne, mais au 11ème rang pour l’â ge de mortalité, 12ème rang pour la mortalité évitée
rapportée à l’â ge, 26ème rang pour la mortalité infantile
au 9ème rang pour les dépenses d’éducation mondiales dans le PIB (données OCDE 2020), mais au
23ème rang en mathématiques pour les jeunes de 15 ans (OCDE PISA 2022), 32ème sur 33 pays en
mathématiques en CM1 (enquête TIMSS).
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Un blocage de la dépense publique en Euros courants conjugué à des politiques de
l’offre permet de parvenir à l’équilibre de nos finances publiques en 3ans
Sous l’hypothèse d’une inflation à 2 % et d’une croissance nominale qui croit de 1 % à 1,8 % grâ ce à la
relance de l’investissement (à laquelle est consacrée une enveloppe de 10 milliards d’euros) et à la baisse
de l’épargne de précaution, ce blocage en euros courants permet de revenir à l’équilibre en 3 ans et des
excédents des comptes publics importants et croissants peuvent être dégagés à partir de la quatrième
année si l’on augmente la dépense publique au seul rythme de l’inflation (maintien en Euros constants) :
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+3
Ce blocage procure des économies immédiates (à hauteur du taux d’inflation) et surtout oblige à agir et à
repenser les fonctionnements publics en utilisant pleinement la règle de fongibilité́ des dépenses et en
mettant en place une véritable gestion des ressources humaines de la fonction publiques pour pouvoir
réallouer les moyens. De très importantes marges de manœuvre budgétaires peuvent en outre être
dégagées en faveur de secteurs sous dotés (Police-Justice par exemple), si l’on s’attaque dans le même
temps aux principaux disfonctionnements budgétaires aussi bien en termes de dépenses que
d’accroissement des recettes fiscales et sociales :
Suppression d’un
jour férié 5 milliards d’euros
Complexité
5 milliards d’euros 18 milliards d’euros
administrative
Allocation sociale
unique 2 milliards d’euros 6 milliards d’euros
Organisation de la
5 milliards d’euros
santé
- La hausse des taux d’intérêts soutenue par le besoin de refinancement des états et des entreprises : dans
le monde, 40 % des obligations d’Etats et 36 % des obligations d’entreprise viendront à échéance d’ici
2026, année où la France devra emprunter 320 milliards d’euros. Il risque d’y avoir une compétition entre
les emprunteurs. Dans ces conditions, les taux d’intérêts sur la dette française deviendraient supérieurs à la
croissance de l’économie, entrainant mécaniquement une dégradation du rapport Dette/Pib qui mesure la
capacité d’un pays à la rembourser.
- La perte de contrô le de nos finances publiques depuis 2023 alors que nous avons profité́ du rebond
économique post- covid :
- L’accroissement de l’insécurité́ et des troubles sociaux (Réforme des retraites, émeutes urbaines) qui
créent de l’incertitude chez nos prêteurs quant à notre capacité à nous réformer pour les rembourser…
- L’instabilité́ politique
En 2027, le remboursement des intérêts de notre dette s’élèvera à plus de 70 milliards d’euros et
constituera le premier poste budgétaire, supprimant toute marge de manœuvre pour l’action publique.
Nous ne serons plus en mesure de réagir à une nouvelle crise, quelle qu’en soit sa nature, et, croire
que l’on pourra réaliser la transition climatique avec un tel handicap, relève de l’illusion.
Pour que le revenu des habitants d’un pays augmente, il faut que :
-augmenter la productivité, c’est-à -dire augmenter l’efficacité des processus de production, par la
Parce que, alors que nous détenons le record mondial de la dépense publique avec 55,9 % du PIB en 2023, les
fonctionnements de l’Etat Français se délitent. Comment le pays le plus dépensier au monde peut-il
manquer de moyens pour ses services publics ?? L’accroissement continu des moyens consacrés à nos
services publics a eu en fait pour effet de les exonérer des efforts de gestion. Les comparaisons internationales
montrent que nous leur consacrons davantage de moyens que dans les autres pays alors que nous obtenons
de moins bons résultats :
3ème rang sur 49 pays pour les dépenses de santé rapportées au PIB (12,1 % du PIB) après les Etats-Unis
et l’Allemagne mais au 11ème rang pour l’â ge de mortalité, 12ème rang pour la mortalité évitée rapportée
à l’â ge, 26ème rang pour la mortalité infantile. Malgré́ ce 3ème rang mondial de dépenses de santé, les
Français sont en outre confrontés à des urgences saturées, des déserts médicaux, une pénurie de
médecins spécialistes, un hô pital chroniquement en crise, …
9ème rang pour les dépenses d’éducation mondiales dans le PIB (données OCDE 2020) mais au 23ème
rang en mathématiques pour les jeunes de 15 ans (OCDE PISA 2022), 32ème sur 33 pays en
mathématiques en CM1 (enquête TIMSS).
Ils résultent d’une insuffisance de gestion, en termes d’organisation, d’allocation des moyens en
fonction des besoins.
Le fait que l’augmentation des moyens ne garantisse plus l’amélioration des résultats témoigne de la
nécessité de restructurer l’action publique, de revoir en profondeur ses fonctionnements :
Cette inefficacité de nos services publics affecte aussi bien le bien-être des citoyens que la
production et la productivité des entreprises, en particulier par les insuffisances en matière
d’éducation, de logement et de santé.
C’est l’indicateur clé pour mesurer le développement économique d’un pays et le niveau de vie de ses habitants. Son
amélioration devrait être au cœur de toutes les politiques publiques. Pour augmenter notre PIB par habitant il faut :
Moins de travailleurs, c’est moins de production pour le pays, un PIB par habitant plus faible et
donc moins de revenus par Français, d’où les frustrations permanentes autour du pouvoir
d’achat.
Moins de production, c’est moins de recettes fiscales et sociales pour l’Etat et donc des impôts
plus élevés pour ceux qui produisent. Ils sont davantage taxés pour compenser cette perte de
recettes et financer le fonctionnement de l’Etat et sont donc moins compétitifs sur les marchés
internationaux.
Moins de travailleurs, c’est également plus d’inactifs qu’il faut aider pour leur permettre de
vivre, avec encore une fois une redistribution financée par les impôts de ceux qui produisent.
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Les mesures à adopter pour augmenter le taux d’emploi sont bien documentées :
Pour que les mesures visant à augmenter le taux d’emploi (recul de l’âge de la retraire,
réforme de l’assurance chômage) prennent leur plein effet, il faut que les entreprises
accélèrent leur développement pour offrir des emplois à ces nouvelles forces de travail.
Cette accélération du développement des entreprises doit être centrée sur l’industrie pour 4
raisons:
Cela permet de rééquilibrer notre balance commerciale et notre balance des paiements dont le déficit
nous oblige à nous endetter tout simplement pour le financer
L’industrie est le plus important pourvoyeur de gains de productivité́, dans un contexte où le recul de la
productivité́ mine notre croissance et donc les recettes fiscales et sociales
Elle crée de bons emplois bien rémunérés qui irriguent les territoires et qui ne nécessitent pas d’être
complétées par des aides.
L’industrie est le meilleur pourvoyeur de recettes fiscales et sociales du fait des coefficients
multiplicateurs :
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-un emploi industriel représente en moyenne 102 000 euros de valeur ajoutée
-il génère au total 204 000 euros de valeur ajoutée dans l’ensemble de l’économie, compte tenu d’un
multiplicateur moyen de 2 (INSEE)
-l’Etat prélevant 45 % de la valeur ajoutée sous une forme ou une autre, un emploi industriel apporte à l’Etat
92 000 euros de recettes annuelles fiscales et sociales (45 % de 204 000 euros). Cette valeur devrait constituer
l’étalon de mesure pour évaluer les choix budgétaires.
Si nous revenions au même niveau d’industrialisation que la moyenne européenne (15 % du PIB contre 10
% pour la France), nous aurions un million d’emplois industriels supplémentaires (4,3 millions d’emplois
au lieu de 3,3), qui créeraient par ailleurs 1,3 million d’emplois dans le reste de l’économie (coefficient
multiplicateur de 2,3) et entraineraient un supplément de recettes publiques de plus de 92 milliards
d’euros par an à moyen terme. Nos problèmes budgétaires (et de pouvoir d’achat) seraient résolus. Il ne
peut y avoir de redressement des finances publiques sans redressement productif.
Le crédit d’impô t à l’investissement est le levier le plus rapide, le plus puissant et le moins cher pour
accélérer l’investissement industriel. Cela consiste à soustraire de l’impô t de l’entreprise une part du
montant de l’investissement effectué. Si le montant du crédit d'impô t dépasse celui de l’impô t, le surplus
est remboursé. C’est le mécanisme de l’IRA américaine ainsi que celui du crédit d'impô t en faveur de
l'industrie verte qui lui, est soumis à agrément de l’Etat avec un délai d’instruction des dossiers de 3 mois.
Le Gouvernement l’a limité aux industries vertes par ignorance du coefficient multiplicateur de l’industrie
et donc pour en limiter le coû t budgétaire (selon donc une appréciation erronée), alors qu’il s’autofinance
en termes de recettes fiscales et sociales si l’on intègre le coefficient multiplicateur. Par exemple, depuis la
fin 2020, la France crée à nouveau des emplois industriels, 130 000, grâ ce à une baisse des impô ts de
production pour l’industrie de 5,6 milliards d’euros (Evaluation Rexecode). Ces 130 000 emplois (260 000
au total dans l’ensemble de l’économie) rapportent chaque année 12 milliards d’euros de recettes fiscales
et sociales, sans comptabiliser les gains sur la baisse de l’indemnisation du chô mage qui en résultent :
contrairement aux croyances des « budgétaires » de Bercy qui freinent la baisse des impôts de
production, leur baisse s’autofinance et est extremement rentable pour les finances publiques.
Or, le crédit d’impôt à l’investissement est encore beaucoup plus rentable pour les recettes de l’Etat
que l’allégement des impôts de production car ses effets sont beaucoup plus rapides. En effet, il
bénéficie aux entreprises en croissance et accélère leur développement, alors que l’allégement des
impô ts de production (absolument nécessaire par ailleurs) profite à toutes les entreprises, qu’elles soient
en développement ou à l’arrêt et donc met du temps à initier des investissements et de la croissance.
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Le crédit d’impô t à l’investissement est un accélérateur de croissance, ce dont la France a le plus besoin. Il faut
l’instaurer sous la forme d’un crédit d’impô t à « l’investissement pour les dépenses de matériels et outillages utilisés pour
des opérations industrielles de transformation et de fabrication, des logiciels et des équipements de réalité́ augmentée
intervenant dans la conception, la fabrication et la transformation hors énergie ». Sous cette formulation, il présente
l’avantage :
d’être dans la ligne de dispositifs déjà̀ utilisés par le ministère de l’Economie et des Finances (CICE, CIR),
d’être calqué sur les mesures de suramortissement prises entre 2015 et 2017 et dans le PLF 2019,
d’être ciblé presque exclusivement sur l’industrie, mais d’être compatible avec les règles européennes de la
concurrence car il ne désigne pas un secteur bénéficiaire en particulier.
Le dispositif appel à projets PM’Up Relance Industrie mis en place en juillet 2020 par la région Ile-de-France
consistant simplement à subventionner l’investissement a illustré́ l'efficacité́ de telles aides pour augmenter
l’investissement productif et pour créer des emplois à haute valeur ajoutée et ce, pour un faible coû t. L’évaluation du
dispositif de la région Ile-de-France montre en effet que 75 entreprises lauréates ont été́ soutenues pour 42,5 millions
d’euros permettant de déclencher 162 millions d’euros d’investissements et de créer ou de maintenir 6 000 emplois.
Cela représente un coû t minime « one shot » de 7 000 € par emploi, soit probablement la mesure la plus efficace
jamais mise en place. Ces chiffres sont à rapprocher par exemple du coû t des emplois créés par le CICE. Selon la
dernière évaluation de France Stratégie, le CICE a permis de créer 160 000 emplois pour un coût annuel de 18
milliards d’euros soit un coût de 112 000 € par an par emploi. Le crédit d’impô t à l’investissement est beaucoup
plus efficace que les exonérations de charges sociales.
En termes d’activité cette relance de l’investissement permettra de compenser l’effet récessif du recul de la
consommation provoquée par la réduction de la dépense publique. Cette stratégie vise à évoluer d’une
croissance tirée par la consommation et l’endettement par une croissance davantage tirée par
l’investissement et la production.
L’autre priorité fiscale est évidemment de supprimer la C3S, l’impô t de production le plus nuisible qui soit,
puisqu’il taxe le chiffre d’affaires et incite donc à s’approvisionner à l’étranger pour y échapper ! Cet impô t a détruit
les écosystèmes industriels français, puisqu’il additionne les taxes à chaque stade de fabrication.
Avant bien sû r de s’attaquer au différentiel d’impô ts de production avec les autres pays. Même si nous allons au bout
de la suppression de la CVAE, nos impô ts de production resterons près de 7 fois supérieurs aux impô ts de production
allemands :
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2.3. Relancer la productivité
La productivité conditionne grandement la croissance du PIB par habitant. Or, elle a reculé de -5,5 % depuis 2019 contre
-1% pour le reste de l’Europe :
L’investissement productif et la réindustrialisation constituent un moyen efficace de la relancer. Par ailleurs, relancer la
productivité nécessite de mettre un terme au transfert massif des revenus des entreprises et des plus productifs vers les
inactifs et les moins qualifiés par l’impô t dans le but d’égaliser les revenus de la population. Si trop d’inégalités bloquent
la croissance dans les pays où une petite élite concentre le pouvoir économique et politique, trop d’égalité la réduit
également. Or la France est le pays qui est allé le plus loin dans l’égalité des conditions de ses citoyens en la finançant par
le record mondial d’impô ts et de prélèvements. La note Insee Analyses • n° 88 • Septembre 2023 montre ainsi que, en
considérant la redistribution élargie incluant l’ensemble des transferts monétaires et les services publics :
Les ménages aisés ont un revenu 1 à 3 plus élevé que celui des ménages pauvres après transferts, contre 18
fois avant transferts.
Le revenu après transferts des plus diplômés est 1,4 fois plus élevé que celui des non-diplômés dans la
tranche d'âge des 30-39 ans, contre 3,2 pour le revenu avant transferts.
Dans ces conditions est-il motivant de travailler ? de travailler dur ? de se former et de se perfectionner
professionnellement ? Un pays dans lequel les différences de revenu entre l’activité et l’inactivité, entre les diplô més et
les non-diplô més, entre le travail qualifié et le travail non-qualifié sont aussi faibles ne peut pas être productif. C’est une
dimension essentielle de notre perte de productivité et de croissance.
Nous devons ainsi arrêter de spécialiser l’économie française dans les bas salaires et les activités à faible valeur ajoutée.
Le niveau élevé du SMIC et les aides sociales (prime d'activité, aides au logement...) font de celui-ci un niveau de
revenu « acceptable » : seulement 20 % des personnes payées au SMIC sont « pauvres » au sens monétaire (c'est-à -
dire vivent au sein d'un ménage touchant moins de 60 % du revenu médian). La conjugaison d’un SMIC « rémunérateur »
avec la surtaxation du travail qualifié et les subventions massives au travail non qualifié désincitent à la progression
salariale et professionnelle et déforment l’économie vers les activités à faible valeur ajoutée. Désormais 17 % des salariés
sont rémunérées au SMIC, lequel devient progressivement la norme d’emploi et de salaire.
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Il coû te en effet 480 euros à l’entreprise pour accorder une augmentation de salaire de 100 euros nets à un salarié
gagnant le SMIC. Et, un salaire net de 3900 Euros coû te à l’entreprise 8500 Euros (46 % de son coû t pour
l’entreprise), alors que le salaire est exonéré à 40 % de charges sociales au niveau du SMIC. L’enjeu n’est pas
d’augmenter la rémunération du SMIC mais de remettre l’économie sur les rails de la productivité et de la
valeur ajoutée pour avoir de moins en moins de salariés rémunérés au SMIC.
La question clé de l’enseignement et de la formation seront traités dans le chapitre sur la restructuration de
l’action publique.
Alberto Alesina, Carlo Favero et Francesco Giavazzi, économistes de Harvard, ont clairement mis en évidence que
les ajustements budgétaires axés sur les dépenses sont "associés à des récessions mineures et de courte durée, et
dans de nombreux cas, pas de récession du tout" tandis que "les ajustements fondés sur l'impôt sont associés à une
récession et profonde et prolongée". Le risque de récession d’une consolidation budgétaire par l’impô t est d’autant
plus élevé en France que nous détenons le record mondial de prélèvements en proportion du PIB.
Nous surtaxons particulièrement les créateurs de richesse :
- les entreprises
La forte augmentation des taux décidée par François Hollande (Surtaxation des dividendes et ISF progressif), a
par exemple entrainé une baisse des recettes de l’Etat. La « justice fiscale » a un prix. A l’opposée, leur baisse
décidée par Emmanuel Macron a entrainé une hausse des recettes de l’Etat :
Source : Eurostat
En effet, lorsque les prélèvements obligatoires sont déjà élevés, une augmentation de la pression fiscale conduit
les agents économiques surtaxés à modifier leur comportement en s’exilant, en investissant moins, en travaillant
moins, ce qui réduit l’assiette de l’impô t.
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Le cumul de l’ISF avec l’imposition des dividendes a par exemple obéré la capacité d’investissement des ETI et PMI
dont nous avons tant besoin, car elles doivent distribuer des dividendes élevés pour permettre à leurs
actionnaires de seulement acquitter leur ISF (sous François Hollande il fallait distribuer 2,9 % de dividendes pour
les revenus les plus élevés pour rembourser l’ISF !). Comme elles ne peuvent pas le faire, elles éprouvent des
difficultés à se financer, car qui est prêt à investir dans une ETI ou une PMI pour payer chaque année plus
d’impôt que de dividendes reçus ? Nos ETI investissent alors moins que dans d’autres pays et tendent à se
vendre à des capitaux étrangers. Alors que les ETI constituent la force de l’économie d’un pays (Les entreprises de
taille intermédiaire ont entre 250 et 5.000 salariés et un chiffre d'affaires compris entre 50 millions d'euros et 1,5
milliard d'euros), nous ne possédons que 5.500 ETI contre 12.500 ETI en Allemagne et 8.000 en Italie.
A contrario, on constate que la baisse des taux d’imposition sur les revenus du capital décidée par Emmanuel el
Macron a plus que doublé les fonds investis en capital risque qui financent la création ou du développement d'une
entreprise à risque mais à fort potentiel, c’est dire les entreprises essentielles au renouvellement du tissu
productif du pays.
Le pire exemple de destruction de valeur par les mesures budgétaires est celui de l’industrie française du
médicament, la première d’Europe jusqu’en 2008, qui a été́ littéralement rayée de la carte par des décisions
d’économies budgétaires irresponsables, car délibérément aveugles, avec d’énormes conséquences sanitaires, sur
l’emploi et la valeur ajoutée nationale et, in fine, budgétaires… (voir en annexe 1 « Les pertes de recettes fiscales
et sociales de la politique de surtaxation et de diminution du prix des médicaments »).
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Malheureusement, les politiques budgétaires visent en premier lieu les dépenses les plus faciles à réduire
politiquement, lesquelles sont souvent les plus utiles pour la croissance et l’investissement, celles qui
augmentent l’investissement productif, la productivité́ et le taux d’emploi.
Ces hausses d’impôts appelées « réductions de dépenses fiscales » apparaissent indolores à court terme,
mais, en fait, à moyen terme et souvent dès la deuxième année, les pertes de recettes fiscales et sociales
excédent les économies réalisées !
Hélas, les premières mesures d’économies sur la politique de l’offre sont déjà̀ actées ou discutées :
La suppression complète de la CVAE serait finalement étalée jusqu'en 2027 (dans le meilleur des cas…), alors
que c’est l’impô t de production qui pénalise le plus l’industrie et que celle-ci a été́ détruite par sa
surimposition.
Pour « boucler » son budget 2024, le gouvernement a décidé́ de limiter le montant des exonérations de
charges sociales en gelant les seuils de 2,5 et 3,5 SMIC de façon à dégager 600 millions d'euros dès l'an
prochain pour les finances publiques. C’est encore une fois le contraire de ce qu’il faudrait faire car l’industrie
supportera 20 % du coû t de cette réduction des allégements de charges, soit le double de son poids dans le
PIB et devra réduire sa production pour maintenir ses marges. Il devrait en résulter une perte de valeur
ajoutée totale pour l’économie française engendrant une perte de recettes fiscales et sociales plus importante
que ce que l’Etat espérait gagner.
L’Etat envisage de supprimer totalement ses aides à l'apprentissage pour les diplô mes supérieurs dans les
entreprises de plus de 250 salariés, alors que ce sont les plus grandes entreprises qui transmettent la
maîtrise des technologies de pointe et alors qu’un apprenti du supérieur à 80 % de chances d'être en CDI
trois ans après la fin de ses études, contre 67 % pour ceux qui suivent la filière classique et que
l'apprentissage augmente de 47 % les chances de voir des enfants d'ouvriers ou d'employés suivre des
études en école d'ingénieurs (Etude Goodwill Management). Au total, 1€ investi dans l’apprentissage
rapporte 1,21€ aux finances publiques. L’Etat perdra en recettes plus qu’il n’économisera en dépenses. (Voir
détails dans l’annexe 1).
Ces erreurs décisionnelles découlent de l’incapacité de l’appareil d’état à raisonner au-delà du budget de
l’année suivante, donc de raisonner dans une logique d’investissement, de l’absence d’études d’impact
économique et de postulats erronés.
En revanche, en matière d’aide économique, il faut mettre un coup d’arrêt à l’augmentation des taxes sur
le prix de l’électricité qui financent le développement des ENR intermittentes, inutiles dans le contexte
énergétique français, comme le montrent la fréquence de plus en plus forte des prix négatifs de
l’électricité. Elles couteront 3,6 milliards d’euros au budget en 2025, 6,6 en 2026 et 19 en 2035 ! Leurs surcoû ts
sont considérables en particulier pour l’éolien marin, par exemple 196 Euros/MWh pour le parc de Saint-Brieuc
qui vient d’être inauguré, ce qui constitue une folie (Plus de 3 fois le prix du parc nucléaire) pour une énergie
intermittente. D’autant plus qu’il faut y ajouter les coû ts de raccordement ( 45 milliards d’euros pour programme
d’éolien marin) qui sont mis à la charge des consommateurs via les tarifs de transport et la distribution
d’électricité.
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Les productions ENR, éolien et solaire, revendiquant d’être moins chères que l’électricité nucléaire, il faut
désormais les laisser se développer librement sans les faire bénéficier d’aides et de garanties de prix et en leur
demandant de financer le coû t de leur raccordement au réseau électrique.
Sans une telle contrainte, similaire à la règle imposée par la cour constitutionnelle allemande, il n’y aura pas de
retour à la gestion des dépenses publiques. Cette règle a le mérite de la clarté́ pour tous les ordonnateurs de
dépenses et pour tous les citoyens. En effet, nous vivons depuis plusieurs décennies avec le mythe du retour à
l’équilibre de nos comptes à long terme grâ ce aux lois de programmation. Or, les objectifs de stabilisation puis de
réduction du rapport entre la dette publique et le PIB des cinq lois de programmation des finances publiques
(LPFP) qui ont été́ adoptées n’ont jamais été́ atteints :
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Il faut acter l’échec de la LPFP puisque, a contrario, 21 pays européens sur 27 sont parvenus à baisser le poids des
dépenses publiques de 3 points de PIB en l’espace de 5 ans sur les 20 dernières années. C’est donc possible de
réduire les dépenses publiques, mais pas par la LPFP. Nous devons changer de méthode en recourant à ce blocage
de la dépense publique dans sa globalité́ qui s’avère le seul levier pour procurer des économies et inciter aux
indispensables réformes structurelles de l’action publique. Ce blocage de la dépense publique en Euros courants
procure des économies immédiates et oblige à agir et à repenser les fonctionnements publics. Ce sont les règles
que suivent toutes les entreprises en difficulté́. Il s’agit d’une approche budgétaire descendante, « top-down » qui
doit se décliner par des arbitrages, d’abord au niveau du budget général puis entre périmètres et entités.
Ce blocage des budgets vise à apprendre à utiliser pleinement la fongibilité́ des dépenses, c’est-à -dire à changer
l’affectation du budget d’une catégorie de dépense à une autre. Un chef de service peut ainsi décider de ne pas
remplacer un départ à la retraite et de mieux se doter en matériels.
Sous l’hypothèse d’une inflation à 2 %, ce blocage réduit la dépense publique automatiquement de 2% par an en
Euros constants. En parallèle des réductions de budget sont engagées pour les anomalies de dépenses les plus
évidentes (Agences, collectivités locales). Au total, ce blocage conjugué avec des politiques de soutien de
l’investissement productif qui font progresser la croissance de 0,8 % à 1,8 % pourrait nous ramener à l’équilibre
des comptes en trois ans :
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Cela montre que des objectifs plus modestes, par exemple revenir à 3 % de déficit public, peuvent être atteints
rapidement.
Ce blocage de la dépense publique dans sa globalité ne doit pas se traduire par à un blocage uniforme de
chaque budget, à une « politique du rabot ». Il doit inciter à la gestion. Il faut s’attaquer avec fermeté aux
principaux dysfonctionnements de notre action publique pour dégager des marges de manœuvre pour
augmenter les moyens de secteurs sous dotés (par exemple Police et Justice).
La politique du rabot est la pire des méthodes en terme de gestion car elle empêche de questionner la nécessité de
certaines dépenses en les reconduisant à l’identique moins X% et pourrait même entrainer moins de policiers ou
d’infirmières soit l’exact opposé de l’objectif à atteindre.
Ce blocage entraine des sacrifices, en particulier le blocage des masses salariales des fonctions publiques (mais
pas forcément des salaires si la productivité́ croit) et des retraites, mais ce sont au total des sacrifices légers au
regard de ce qu’on dû endurer les Portugais, Espagnols et Grecs dans un passé récent. Cela induira au cours de
cette période une modération de la consommation mais qui ne pèsera pas sur la croissance si on compense son
effet récessif par l’augmentation de l’investissement productif, dopé par la mise en place d’un crédit d’impô t mis
en place immédiatement (voir chapitre précédent). Ces investissements productifs donneront un nouvel élan
à notre économie et rassureront ainsi les marchés quant à notre capacité à rembourser notre dette.
L’enjeu est de passer d’une économie tirée par la consommation financée pour partie par la dette à une
économie davantage tirée par la production.
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Ces efforts sont importants, mais payent comme le montre l’exemple suédois:
Après avoir réduit d’un tiers sa dépense publique, la Suède a connu pendant les 20 ans qui
ont suivi une croissance économique supérieure de 60 % à la croissance française.
Suite à cette décision de blocage les responsables des administrations et des services mis devant
de nouvelles réalités seront mis en demeure d’assurer leurs missions avec des moyens réduits et
devront innover et trouver les mesures de conservation nécessaires à la bonne marche de leurs
administrations.
Les rouages bureaucratiques habituels ne suffiront pas à réaliser les objectifs financiers fixés sans
que des dispositions nouvelles d’organisations soient mises en place.
En complément de la création de la “mobilisation des personnels” nous pensons indispensable la
constitution de bataillons de “fonctionnaires simplificateurs et réorganisateurs” qui pourront
évaluer les procédures, les corriger, les supprimer et transmettre aux élus les modifications
réglementaires ou législatives à adapter.
En complément de la mobilisation de la « cour des comptes » nationale, les cours des comptes
régionales doivent être mises en action et les “bataillons simplificateurs” doivent leur être
rattachés.
En effet ces institutions respectées doivent selon leur statut “assister le pouvoir exécutif”.
Aux deux niveaux il serait bienvenu, profitant de nouvelles dispositions sur la mobilité́ des
fonctionnaires, de recruter dans les différentes administrations les personnalités souhaitant
s’engager sur cette recherche de simplification et de réorganisation. Ces compétences de qualité
existent bien sû r dans l’administration.
20
En effet ce sont les fonctionnaires eux-mêmes qui pourront réformer avec l’appui des élus et cela à tous les
niveaux, s’ils ont la perspective d’améliorer leur rémunération en accroissant leur responsabilité́.
L’erreur est de faire appel aux cabinets conseils qui ne font que ce que les responsables administratifs leur
conseillent de faire et que finalement ils pourraient faire eux-mêmes.
Un grand élan national conduit pendant plusieurs années devrait permettre de faciliter la vie des Français,
d’accélérer les activités économiques, de mieux responsabiliser les fonctionnaires et finalement de réduire
la dépense publique.
Ce qui n’exclut pas l’accélération d’un effort constant de réorganisation de haut en bas de l’état et dans tous
les services. Il est nécessaire pour réussir de mettre en place un « management national » qui permettra de
réadapter nos services à tous les étages et de les rendre efficaces et moins couteux.
Ce sont les réponses apportées aux chocs pétroliers de 1973 et 1979 qui nous ont plongés dans cette crise
structurelle de l’endettement qui n’a fait que s’amplifier (Le dernier budget à l’équilibre date de 1974). Les
gouvernements de Valery Giscard d’Estaing et François Mitterrand ont fait le choix de faire payer la facture
des chocs pétroliers (Prix du pétrole X 10) à l’industrie par une augmentation massive des impô ts à la
production pour sauvegarder le pouvoir d’achat des Français. Nous avons désindustrialisé́ le pays par
l’impô t :
C’était évidemment un contresens économique car l’industrie, déjà̀ très affaiblie par le décuplement du prix
du pétrole, avait besoin d’investir massivement pour s’adapter à la nouvelle donne énergétique en
développant de nouveaux produits et de nouveaux process de production plus économes.
21
Il en a résulté́ une première vague de désindustrialisation qui a développé́ un chô mage ravageur dans les
territoires industriels (textile, métallurgie). Pour compenser les pertes d’emplois provoquées par la
désindustrialisation (un emploi perdu dans l’industrie fait perdre en moyenne au total 2,3 emplois), on a
d’abord essayé de lutter contre le chô mage en réduisant l’offre de travail (Age de la retraite ramené́ de 65
ans à 60 ans, réduction de temps de travail à 38 H puis 35 H), ce qui a réduit la production et par
conséquent les recettes sociales et fiscales de l’Etat. Comme cela a empiré la situation du secteur productif
et du chô mage, l’Etat, les collectivités locales, les hô pitaux ont créé́ 1,4 millions d’emplois de 1981 à 2007
pour porter l’emploi public à 20 % de l’emploi total, ce qui a gonflé les dépenses publiques et creusé de
manière structurelle les déficits publics. Alors que l’industrie a vu ses effectifs presque réduits de moitié́, les
effectifs de la fonction publique territoriale et ceux de la fonction publique hospitalière ont doublé́. Nous
avons clairement créé́ de l’emploi public (qualifié d’amortisseur social) pour remplacer les emplois
industriels perdus dans les territoires :
Ce doublement des effectifs des collectivité́ territoriales s’est effectué dans le cadre d’un processus de
décentralisation initialement très mal conçu et mal mis en œuvre, chaque reforme destinée à remédier à ses
carences (presqu’une reforme tous les 2 ans depuis 1999) ne faisant qu’aggraver la situation. Mais la « faute
originelle » de ces réformes est d’avoir ignoré́ dès le départ la notion de taille critique des services
techniques et des services de gestion qui, avant la décentralisation, étaient gérés par l’Etat à la maille
départementale. La taille des petites communes est tout de suite apparue comme un handicap lorsque l’acte
I de la décentralisation a supprimé́ la tutelle préfectorale et leur a confié́ une partie de ces compétences
techniques. Pour pallier cette insuffisance de taille et de ressources ont été́ créés les EPCI qui ont pour objet
de mutualiser les moyens entre communes :
22
Mais, la taille actuelle de ces EPCI est, elle-même, le plus souvent trop faible pour gréer des services de manière
compétitive : 63 % des EPCI ont moins de 30 000 habitants. Ce qui était géré à la maille 100 (les départements) est
désormais gèré au mieux à la maille 1200 (les EPCI), alors que dans le même temps, les entreprises qui travaillent
à l’échelle nationale s’organisent autour d’une maille 5 à 40 (40 agences pour couvrir le territoire). Cela signifie
1200 expertises par domaine,1200 services informatiques, 1200 services RH, 1200 services administratifs, 1200
services des déchets, …
Par ailleurs la réforme est restée au milieu du gué́ sans aller jusqu’à la suppression des départements et la fusion
des communes dans les EPCI car la volonté́ de privilégier le couple Régions/EPCI va à l’encontre de l’affectio
societatis de la population qui privilégie le couple Communes/Départements. Au stade actuel, nous sommes donc
en présence de 4 niveaux d’administrations locales (Probablement 5 avec les syndicats intercommunaux), dont
presque aucun ne dispose de la taille critique dans la gestion de ses services. Cette organisation est évidemment
particulièrement dispendieuse : les effectifs du seul bloc communal se sont accrus de 700 000 agents au cours des
40 dernières années, soit un coû t̂ annuel de 35 milliards d’euros à raison d’un coû t complet par agent de 50 0000
euros. La dérive des coû ts a été́ amplifiée par la perte du lien fiscal entre les exécutifs locaux et la population qui a
supprimé́ la boucle de régulation de la dépense par le vote avec la suppression de la taxe d’habitation.
a) Mettre en tension les gestionnaires des collectivités territoriales en réduisant la dotation globale de
fonctionnement qui leur est affectée, avec de surcroît un malus pour les plus dépensières.
b) Faire évoluer l’organisation territoriale en maintenant les structures actuelles mais en les rapprochant
politiquement, en les « compactant », sur le modèle exécutif/parlement avec l’élection par la population de
l’exécutif des EPCI ( 1 président), l’assemblée étant constituée des maires de l’EPCI, l’élection de l’exécutif des
départements également au suffrage universel (1 président, 4 vice-président), l’assemblée étant constituée par les
présidents élus des EPCI, l’élection de l’exécutif des régions ( 1 président, 6 vice-président), l’assemblée étant
également constituée des présidents élus des EPCI. Chaque exécutif pourrait être révoqués par le vote de 60 % des
conseillers. En outre, dans chaque assemblée, l’opposition aurait la possibilité́ de déposer 3 recours suspensifs par
an auprès de la cour des comptes régionales, vis à vus d’un projet de décision de l’exécutif.
c) Rétablir le lien fiscal entre la population et les élus, en basculant les financements des collectivités vers des taxes
additionnelles à la CSG et à l’IS, en maintenant la CVAE mais avec compensation par l’état pour préserver l’intérêt
d’avoir des usines. Ce rétablissement du lien fiscal vise à retrouver la motivation au développement des
collectivités qui a été́ perdue : à l’heure actuelle, de nouveaux habitants, c’est davantage de coû ts que de recettes.
Les exécutifs auraient la liberté́ de fixer les taux dans certaines limites, mais les décideurs de ces taxes
additionnelles, les Présidents des exécutifs en charge seraient mentionnés clairement sur les feuilles d’impô ts.
23
d) Regrouper les services techniques dans une agence départementale présidée par l’exécutif départemental et
contrô lée par le préfet.
f) Ajuster la répartition des compétences entre la région et les départements afin qu’une compétence relève d’un
seul niveau et d’un seul interlocuteur (Par exemple la construction des établissements scolaires).
g) Délimiter clairement de ce qui relève des politiques nationales et des politiques locales. Il faut donner aux
collectivités leur autonomie stratégique complète par exemple, en matière d’aménagement et de développement
économique, en mettant fin au pouvoir dévolu au préfet de région d’approuver les schémas imposés par l’Etat et
élaborés par la région (SRADDET, SRDEII, …). Les régions doivent avoir la liberté́ complète de définir leur
stratégie territoriale autant sur le fond que sur la forme. En revanche, elles ne doivent pas pouvoir développer des
initiatives propres relevant de la politique nationale, par exemple en matière d’aides au développement
international. Elles ne doivent pas disperser leurs efforts et leurs budgets sur des sujets qui ne relèvent
aucunement de leur compétence.
Cette réforme doit permettre de renouer progressivement avec l’efficacité́ opérationnelle et la responsabilité́.
Mais, au vu des enjeux de réallocation des ressources humaines, la concrétisation des économies nécessite de
transformer radicalement la gestion des ressources humaines. 500 000 postes ont vocation à être supprimés au
fil des années, dans la cadre de ce retour à l’efficacité. Cette suppression complétée par une réduction des
investissements de 10% ( augmentation de 13% en 2024!) et par une mutualisation des achats ( 3 milliards
d’euros permettrait d’économiser au total 35 milliards d’euros.
L’Etat est de loin le plus grand employeur de France puisqu’il accapare 5,7 millions de salariés sur les 27 millions
de salariés français, soit 21 % d’entre eux. Les enjeux de gestion des ressources humaines sont donc
considérables.
Nous considérons que la philosophie de la gestion RH actuelle, emploi à vie, souvent dans la même fonction,
progression salariale contrainte par la grille salariale et la progression indicielle, très faible récompense de
l’engagement et du mérite n’est plus adaptée à l’époque.
Ce système se révèle dissuasif pour les jeunes générations. C’est ce qu’exprime clairement la cour des comptes
dans son rapport « La loi de transformation de la fonction publique : bilan d'étape - novembre 2023 » : « Dans un
contexte global de tension sur le marché́ du travail, les employeurs publics ont de plus en plus de mal à recruter par
la voie du concours : le nombre d’inscriptions aux épreuves baisse de façon régulière, comme le taux de sélectivité́ des
recrutements. Il en découle un recours accru aux contrats dont l’offre est elle-même loin d’être couverte, bien que la
part des agents contractuels progresse continument ».
24
Les sondages sur les attentes des jeunes au travail pointent le décalage entre les attentes avec le
fonctionnement actuel des administrations. Les jeunes attendent avant tout une bonne rémunération, de la
flexibilité́ dans l’organisation du travail, la récompense de l’engagement. Ils n’imaginent pas faire leur
carrière au même endroit et dans le même poste : pour 37% des jeunes interrogés, l’idée de s’ennuyer au
travail et de ne pas être intéressés par leur travail génère une angoisse (enquête BVA auprès des plus de
BAC+3). Pour répondre aux attentes des jeunes générations en termes, de revenu, de mobilité́, de
reconnaissance du travail, l’administration n’a d’autre choix que d’aligner la gestion de ses salariés sur celle
des entreprises.
Cette indispensable révolution s’est déjà̀ amorcée à bas bruit puisque le nombre de contractuels ne cesse
d’augmenter dans les trois fonctions publiques : ils étaient 33 800 de plus en 2021 qu’en 2020 (soit +2,8 %)
et représentent plus d’un agent public sur cinq (contre un agent sur six en 2011). C’est le seul moyen pour
l’administration de se doter des compétences nécessaires en les rémunérant mieux et de gagner en flexibilité́
pour réaliser sa transformation qui consiste à automatiser avant d’être contrainte par les pénuries de main
d’œuvre qui vont résulter de nos évolutions démographiques. L’enjeu est de disposer des bonnes
qualifications et de la mobilité́ nécessaire pour allouer les effectifs en fonction des territoires et des missions
et d’être toujours en mesure d’adapter l’organisation du travail aux besoins opérationnels.
Le mode de recrutement à vie ne peut qu’être en désadaptation croissante avec la diffusion des technologies
numériques et de l’IA générative qui vont bouleverser le fonctionnement des organisations, entreprises et
administrations. Le risque déjà avéré est que l’administration soit alourdie par des ressources
humaines obsolètes, inadaptées à ce nouveau monde, alors que dans le même temps elle ne
parviendra pas à recruter les nouveaux profils qualifiés dont elle a un besoin impératif pour opérer
sa mutation, du fait de la rigidité́ de sa grille salariale, de son incapacité́ à récompenser l’engagement et les
résultats et à répondre à l’envie de mobilité́ des jeunes générations.
Cette question de l’allocation des moyens en fonction des besoins constitue la clé́ de l’efficacité́ d’une
organisation. C’est probablement ce fait qui le plus défaut à la gestion RH actuelle de l’administration. Par
exemple, en ce qui concerne la fonction publique hospitalière, on observe des disparités considérables entre les
taux d’administration hospitalière (pour 1000 habitants) :
Il y a un écart supérieur à 3 entre les départements les mieux dotés, souvent ruraux et l’Ile-de-France qui est la
région la plus sous-dotée, la situation de Paris s’expliquant par le fait que Paris attire par ses spécialisations des
malades provenant d’autres régions.
26
Les enjeux de réallocation des ressources humaines conditionnent la réduction de la dépense publique
car :
1) nous sommes dans une situation où, comme nous l’avons analysé précédemment, la France a créé des
emplois publics pour lutter contre le chômage, des emplois ne correspondant pas forcément à des
besoins et les effectifs des fonctions publiques ont ainsi beaucoup plus augmenté que la population. Si
l’on prend en compte les gains de productivité dont ont bénéficié toutes les organisations sur la période, l’écart
entre les trajectoires de la population française et celles des fonctions publiques s’avère encore plus important :
LA FP Etat n’a connu aucun gain de productivité puisque ses effectifs ont augmenté au même rythme que la
population, alors que l’informatisation qui a été mise en place au cours de la période aurait dû augmenter
sensiblement son efficacité.
La FP Santé a vu ses effectifs croitre considérablement, même si le relatif vieillissement de la population a
augmenté les besoins
Quant à la FP Territoriale, ses effectifs ont littéralement explosé alors que les intercommunalités et la
création des grandes régions devaient générer des économies de moyens.
Nous proposons de :
basculer les recrutements vers le mode privé en dehors des emplois régaliens, police, justice, armée,
sécurité en recrutant sur poste. Cela amène à supprimer certaines des écoles et des concours de
recrutement.
d’augmenter la part de rémunération variable pour rémunérer la présence, l’engagement et la compétence
De lever les freins à la mobilité entre les fonctions publiques et de la développer pleinement. Des dispositifs
visant à lever les freins à la mobilité entre les différents versants de la fonction publique ont été introduits,
mais avec peu de succès pour le moment. Alors que cette mobilité est encouragée financièrement, les agents
qui changent de fonction publique demeurent cependant peu nombreux : ils n’ont été que 24 100 entre fin
2019 et fin 2020. De nombreux obstacles statutaires demeurent comme la différenciation des régimes
indemnitaires pour des fonctions comparables. Un gros travail reste à accomplir qui commence par :
1. la centralisation des offres d’emploi de toutes les fonctions publiques sur une plate-forme numérique
unique
2. l’instauration d’une dégressivité de la rémunération d’un fonctionnaire privé d’emploi (FMPE) par tranche
de 15 % dès la première année sans limite « plancher »
3. la suppression de la contribution de l’entité d’origine du fonctionnaire privé d’emploi (FMPE) au centre de
gestion qui va le gérer. Actuellement il coû te plus cher à une entité administrative de supprimer un emploi
dans le cadre d’une réorganisation qu’à le conserver sans lui donner de mission !
4. De ne surtout pas mettre en place la semaine de 4 jours qui implicitement reconnait des sureffectifs de 20 %
dans certaines fonctions publiques et qui bloquera leur rationalisation. Au lieu de compléter la
rémunération de ces personnels par une prime en temps, il faut les faire profiter des gains de
productivité en utilisant le montant des primes d’activité d’un poste supprimé (par exemple non-
remplacement à la suite d’un départ en retraite) pour bonifier les primes des personnels du service
concerné.
27
ll s’agit de corriger une anomalie française, puisque tous les autres pays européens sont déjà à ce niveau
(ou plus) et que l’â ge de la retraite était fixé à 65 ans en 1981. Il en résulte des coû ts de retraite beaucoup
plus élevés en France :
Il ne s’agit nullement d’une mesure inhumaine ou antisociale. Le travail est bénéfique et, comme toutes
les formes d’activité, augmente l’espérance de vie en bonne santé. Reculer l’â ge de la retraite diminue de
15 % le risque de démence si on prend sa retraite à 65 ans au lieu de 60 (études HRS et SHARE). Le recul
de l’â ge de la retraite en représente un enjeu de réduction de la dépense publique important : environ 10
milliards d’économies de prestations et de gains de cotisations par année de recul. Mais en outre, et
surtout, le relèvement de l’â ge légal de départ à la retraite entraîne mécaniquement une forte
augmentation du taux d’emploi comme le montre l’impact du relèvement de l’â ge légal à 62 ans qui a été
mené en 2010 : le taux d’emploi des 50-64 ans s’élevait à 66 % en 2022 contre 55 % en 2010 et cette
élévation procure, ce faisant, d’importantes recettes fiscales et sociales 2 fois supérieures à l’économie
réalisée.
Les coû ts de la complexité réglementaires sont considérables si on les aborde dans leur ensemble. Ce sont
les coû ts de mise en conformité qui s’appliquent à toute entreprise visée par un dispositif réglementaire
qui doit prendre des mesures pour s’y conformer, ainsi que les coû ts incombant à l’É tat au titre de
l’administration et du contrô le de la réglementation.
Les coû ts de mise en conformité se répartissent en plusieurs catégories :
Pour l’administration :
coû ts liés à la diffusion d’informations relatives aux nouvelles mesures réglementaires,
coû ts d’élaboration et de mise en œuvre de mécanismes de délivrance de permis et d’enregistrement
coû ts d’’évaluation et de validation des dossiers et des demandes de renouvellement.
coû ts liés à la conception et à la mise en œuvre des mécanismes d’inspection et/ou d’audit,
coû ts d’élaboration et d’application des systèmes de sanctions réglementaires applicables en cas de non-
respect de la réglementation
Au vu de cette liste on comprend que les surrèglementations ou les réglementations inadéquates peuvent
avoir des conséquences considérables, d’ordre macroéconomique. Pourtant, malgré la multiplication des «
chocs de simplification », peu de progrès sont enregistrés alors que l’Allemagne a engagé une action
importante et efficace de simplification administrative et de réduction des délais et qu’elle creuse l’écart avec
nous. Trois explications à cela :
les coûts se situent très majoritairement du côté des entreprises. Les coûts pour l’Etat ne sont pas
connus, mais si l’on fait l’hypothèse que 50 000 fonctionnaires s’y consacrent cela ne représente
qu’un coût de 3 milliards d’euros pour l’Etat contre 184 milliards d’euros pour les entreprises
(Hypothèse de 7 % du PIB), soit 52 fois plus !
Ce faisant, le coût gigantesque des pertes de recettes fiscales et sociales engendrée par le recul de la
profitabilité et de la croissance des entreprises reste dans l’angle mort de la décision publique. Si l’on
se fixe l’objectif de gagner 1,5 points de PIB par la simplification administrative, ce seront 18 milliards
d’euros de recettes fiscales et sociales qui rentreraient dans les caisses de l’Etat. Les surcoû ts administratifs
et les pertes d’opportunités engendrent immédiatement des pertes d’impô t sur les sociétés et plus
globalement des pertes de prélèvements sur la valeur ajoutée des entreprises (45 %).
30
Vérifier que la réglementation n’impose pas des exigences plus élevées aux entreprises que les
réglementations comparables à l’étranger. Cela signifie en particulier bannir toute
surtransposition des directives européennes. Si un organisme Français plaide pour une
norme plus rigoureuse, il doit faire valoir ses analyses et propositions au niveau européen.
Réaliser un test de compatibilité avec l’activité des PME et étudier si les petites et moyennes
entreprises peuvent être soumises à des règles simplifiées ou engendrant moins de coû ts.
Vérifier si la charge réglementaire peut être allégée par l’abrogation d’autres réglementations dans le
même domaine.
Estimer les coû ts uniques et les coû ts récurrents et investiguer les coû ts de pertes d’opportunité
encourus par les entreprises et mettre en rapport ces coû ts avec l’utilité attendue de la
réglementation
Vérifier si des moyens électroniques peuvent simplifier l’exécution de la réglementation
Développer l’édiction de recommandations en remplacement des réglementations
Opter pour le régime de déclaration en remplacement du régime d’autorisation
D’éliminer le chauffage électrique simple qui est parfaitement adapté pour répondre aux besoins de
chauffage dans le cas de logements sur-isolés et qui est beaucoup moins onéreux en investissements
et en maintenance.
D’éliminer le chauffe-eau électrique à accumulation au profit du chauffe-eau thermodynamiques qui
est en fait une aberration énergétique, puisqu’il puise le plus souvent son énergie dans le volume
chauffé du logement et ainsi augmente la consommation du chauffage pour compenser ! Or le
chauffe-eau électrique à accumulation est bien moins cher en investissement et est, sur le plan de
l’intérêt général, d’une grande utilité pour utiliser et stocker les excès de production des énergies
renouvelables. C’est en effet le moyen le plus compétitif de stocker leurs excès de production.
De dissuader le recours à la climatisation réversible constitue qui est un moyen efficace et compétitif
pour chauffer (c’est une pompe à chaleur) et pour rafraichir les logements pendant les périodes de
canicules qui sont appelées à se multiplier avec une augmentation des températures anticipée de
+4°C à l’horizon 2050. Il faut rappeler que pendant les périodes de canicule, il a un excès de
production d’électricité du fait d’une production photovoltaïque maximale si bien que les prix de
l’électricité sont négatifs sur le marché de gros ... Il n’y donc pas lieu de diaboliser outre mesure le
recours à la climatisation.
Les gains que pourrait apporter le numérique sur les coû ts de l’É tat et sur les coû ts induits par ses
demandes au niveau de ses administrés sont de grande ampleur. L’Estonie, petit É tat qui a misé sur le
numérique, estime les gains obtenus par la numérisation du fonctionnement de son É tat à 2 % de son
PIB, les gains se répartissant entre les baisses des coû ts administratifs de l’É tat et ceux des entreprises et
des citoyens qui ont beaucoup gagné en temps et en rapidité. À l’échelle de la France, cela représente près
de 50 milliards d’euros d’économies potentielles, dont la moitié pour l’Etat. L’Etat a ouvert la voie pour
les entreprises, avec la mise en place de la déclaration sociale nominative (DSN) une déclaration sociale
unique, mensuelle et dématérialisée qui a remplacé la majorité des déclarations sociales adressées par
les employeurs aux différents organismes de Sécurité sociale. Cela a apporté la démonstration de
l’importance des gains de temps que pouvait apporter la numérisation. Il faut généraliser cette approche.
Les informations pertinentes concernant une demande d’un administré déjà présentes dans un fichier
public doivent être immédiatement accessibles au service de l’É tat en charge. Il est incompréhensible
que, à notre ère numérique, l’É tat demande en permanence des informations qui sont déjà en sa
possession ! La numérisation est porteuse d’économies structurelles de grande ampleur en supprimant
des couches administratives à partir du moment où l’on suit suivre la règle la plus fondamentale : une
information ne doit être saisie qu’une seule fois. Le simple respect de cette règle « auto-réorganise » les
circuits administratifs.
32
2) Un accès facilité aux données existantes pour les services de l’Etat . Nous sommes le pays qui a
mis le plus d’obstacles à l’accès de l’Etat à ses données. Au motif qu’un tel outil représenterait un
risque inconsidéré pour les libertés si notre pays venait à être administré par un régime autoritaire. On
peut apporter deux réponses à cette crainte. D’abord, à l’heure où nous laissons les GAFA savoir où
nous sommes et si nous allons manger une pizza ce soir, les restrictions posées à l’action de l’É tat dans
l’utilisation des données imposées par cette loi apparaissent incongrues. Ensuite, ces interdictions
empêchent la mise en place d’une e-administration dans notre pays, c’est-à -dire une administration
moins chère et plus efficace, qui libère du temps pour ses citoyens et ses entreprises. Se priver de cette
efficacité, c’est autant de chances offertes à l’élection d’un pouvoir autoritaire, qui fera une priorité de
sa mise en place et qui en sera crédité. Cet empêchement est d’autant plus regrettable, que le
numérique apporte des solutions à la sauvegarde des données des citoyens. Par exemple la Belgique a
accompagné l'introduction de la nouvelle carte d'identité électronique d’une application « Mon dossier
», accessible en ligne. Chaque fois qu'un fonctionnaire de l'administration accède au Registre national
des données belge, un enregistrement est conservé, dans laquelle sont notés l'identité et le lieu de
travail du fonctionnaire qui a accédé aux données personnelles d'un citoyen, ainsi que la date de
connexion. Les citoyens disposent aussi d'un formulaire de requête ou de réclamation qui leur permet
de demander au gouvernement un justificatif pour tout accès enregistré. Des droits identiques
s'appliquent à plusieurs autres programmes européens d'identité électronique. Mettre en place une
e- administration nécessite d’actualiser la loi Informatique et libertés de 1978, en fonction de la
réalité actuelle des enjeux et des technologies.
Il en résulterait des gains majeurs chez les administrés et au sein des administrations dans le
traitement et la vérification de l’information. Cela concerne aussi bien l’Etat, que les collectivités
locales (Etat civil, cartes d’identité,) que les hô pitaux pour la facturation des soins.
En extrapolant les résultats de l’Estonie, on peut en attendre 5 milliards d’euros d’économie pour
l’Etat, les économies concernant les collectivités locales et la santé étant comptabilisées par ailleurs.
Cette e-administration constitue plus largement le socle du développement d’une économie
numérique de confiance, avec des gains de croissance à la clé.
33
3.7. Remembrer l’Etat : 8 milliards d’euros d’économies
L’Etat a été démembré par l’attribution de nombre de ses missions à des agences dont le budget s’élève à
80 milliards d’euros. Ce mode de gestion est régulièrement mis en cause par la cour des comptes qui
estime que le Gouvernement devrait s’interroger régulièrement sur la justification du recours à ce mode
de gestion du service public, qui s’accompagne de modalités de financement dérogatoires aux principes
budgétaires en particulier en ce qui concerne l’affectation de taxes. Ce modèle est structurellement plus
coû teux que la gestion administrative pour plusieurs raisons :
L’Etat crée ces agences « pour se donner de la souplesse », c’est-à -dire contourner ses propres règles.
Cela permet évidemment d’échapper aux règles de rémunération de l’administration…
Les frais fixes de gestion (gestion RH, comptabilité, finance ...) renchérissent beaucoup les coû ts de
ces agences, en particulier les petites.
Une taxe affectée ne suit pas les fluctuations des besoins de l’Agence qu’elle finance. Si elle apporte
trop de fonds, l’Agence augmente systématiquement ses dépenses pour éviter qu’on réduise son
montant.
Ce système entraine forcément un doublonnage de compétences entre l’administration qui joue un
rô le de Maitre d’ouvrage et l’agence qui joue un rô le de Maitre d’œuvre. Ce système Maitre
d’ouvrage/ Maitre d’œuvre est fondé dans le secteur privé sur la mise en concurrence des maitres
d’œuvre qui est inexistante dans le système Administration/Agence. Elle n’a donc pas lieu d’être.
La régulation de la dépense des agences par l’administration fait défaut : seules 21 % des 500
organismes sont en contrat de performance selon la cour des comptes.
Au-delà des surcoû ts, ce système d’agence affaiblit le fonctionnement et la crédibilité de l’Etat :
Il génère un émiettement des responsabilités : on l’a observé dans les travaux de la commission
parlementaire Covid-19. Les parlementaires ne sont pas parvenus à identifier les responsables des
pénuries de masques, de tests, de médicaments qui ont causé des milliers de morts entre la Direction
Générale de la Santé, les Ministres, le Conseil Scientifique, Santé Publique France, la Haute Autorité
de Santé, le Haut Conseil de la Santé Publique, la Conférence nationale de la Santé, le Conseil
d'orientation de la stratégie vaccinale ….Chacun estime avoir rempli sa mission, c’est-à -dire avoir
scrupuleusement respecté les règles…
Les entreprises sont confrontées à la multiplicité des interlocuteurs étatiques. Par exemple pour les
économies d’énergies, la DGE, le ministère de l’environnement, l’administration du ministère de
l’Environnement et l’ADEME Agence de la transition écologique, chacune de ces entités développant
sa propre vision et sa propre politique. Le gouvernement vise la décarbonation de l’économie alors
que l’Ademe vise l’économie de toutes les énergies, qu’elles soient carbonées ou décarbonées, en
particulier l’électricité nucléaire décarbonée…
Les impulsions politiques se diluent dans les différentes strates administratives :
Pouvoir politique
↓
Administration
↓
Agences
↓
Publics concernés
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Ce double système Administrations/Agences crée beaucoup d’incertitudes autour des politiques et les
décisions. Car ces agences tendent à devenir des contre-pouvoirs particulièrement forts du fait de
l’asymétrie entre l’action politique régulée par l’élection et des autorités et agences inamovibles,
concentrant l’expertise et soucieuse d’éviter tout risque vis-à-vis de l’opinion publique pour se
perpétuer à l’infini. Elles font presque systématiquement de la politique en recherchant à s’assurer du
soutien des associations et sont ainsi devenues de réels obstacles à la cohérence et à l’efficacité de l’action
publique. C’est particulièrement le cas dans le secteur de l’énergie où depuis ses origines l’ADEME s’est
construite comme un contre-pouvoir vis-à -vis de l’énergie nucléaire ce qui l’a amené à investir des
sommes importantes pour faire la promotion d’une électricité 100 % renouvelable, à édicter des règles de
construction qui favorise le recours au gaz carboné pour le chauffage aux dépends de l’électricité
décarbonée (parce que nucléaire).
Le nouveau nucléaire est d’ailleurs particulièrement affecté par cette multiplicité des agences : ASN+ IRSN
(Leur fusion a été votée à bon escient) + Autorité environnementale+ Commission du débat public+ RTE+
ADEME. Avec des résultats tout à fait surprenants : l’Autorité environnementale a « retoqué » la première
étude d’impact pour la construction des deux premiers réacteurs sur le site nucléaire existant de Penly au
motif qu’elle ne prenait pas en compte la remise en Etat du site si le projet n’aboutissait pas ! Pourtant
nous sommes en situation de guerre avec le conflit russo-ukrainien et de guerre contre le changement
climatique…Résultat, il fallait 5 ans pour construire une centrale nucléaire en 1974, il en faut 15
maintenant. Ce système d’agences et d’autorités crée par nature de l’irresponsabilité et de
l’impuissance politique qui minent la démocratie.
Supprimer une partie notable de ces agences permettrait donc de réaliser d’importantes économies tout
en gagnant grandement en efficacité, en réactivité et en cohérence en supprimant un échelon
administratif. Faut-il par exemple, en sus des services de l’administration, une ADEME de 1000 personnes
avec son budget de 4, 2 milliards d’euros, son Inspection Générale, son Agence Comptable, son Secrétariat
Général, sa Direction Déléguée à la transformation d’entreprise, sa cellule Qualité Transversalité RSE, … ?
Nous estimons possible et souhaitable une réduction tendancielle de 4 % par an pendant 5 ans des
dotations de l’É tat à ses opérateurs hors universités et recherche, soit une économie de près de 8
milliards € en fin de période.
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Source https://www.oecd.org/fr/social/depenses.htm
Ce record est dû à notre cuture marquée par le catholicisme. Nous donnons par exemple la priorité
absolue à la charité publique qui vise à soutenir le revenu des pauvres et non pas à les sortir de la
pauvreté par le travail, pourtant premier facteur explicatif de la situation de pauvreté. Le bénéfice du
RSA n’a jamais été conditionné à une inscription à pô le emploi alors qu’au Danemark l’obligation de
formation pour accéder à l’emploi est inscrite dans la constitution. Depuis 2023, nous avons contourné
l’obstacle de l’obligation en l’automatisant informatiquement. Et nous n’avons jamais réussi à mettre en
place des politiques de retour à l’activité efficaces. On remarquera qu’il y a moins de pauvres en Suisse
(8,7 %) qu’en France (malgré un seuil de pauvreté fixé à un niveau de revenu de 2128 euros par mois
pour un personne seule) alors que la dépense sociale suisse ne représente que 18 % de son PIB contre
31,6 % pour la France. C’est toute la différence entre l’éthique de travail et de responsabilité calviniste et
l’esprit de charité catholique.
Ce record de dépenses sociales pèse évidemment directement sur l’équilibre de nos finances publiques.
Mais on comprend par ces chiffres que l’on ne pourra mettre sous contrô le notre dépense sociale sans
faire évoluer nos mentalités, en particulier en matière de lutte contre la fraude sociale. Il est normal que,
comme pour toute activité humaine, les prestations sociales soient l’objet de fraudes. Or les enjeux de
lutte contre la fraude sociale sont considérables, à la hauteur de la masse des prestations : plus de 800
milliards d’euros. 1 % de fraude évitée représente 8 milliards d’euros d’économie.
36
Or, du fait de notre mentalité de charité, la lutte contre la fraude sociale a toujours été un sujet « tabou »,
même si depuis peu un questionnement apparait sur le sujet. Hors de question de « faire la chasse aux
pauvres ». C’est ce qui frappe dans les rapports parlementaires et les rapports de la cour des comptes qui
se sont succédés au fil des années sur cette thématique de la fraude sociale. Au fil des rapports,
apparait le constat récurrent de l’insuffisance chronique des politiques de lutte contre la fraude
sociale dans les organismes gestionnaires que l’on peut qualifier de carence gestionnaire.
Par exemple le rapport de la Cour des Comptes LA LUTTE CONTRE LES FRAUDES AUX PRESTATIONS
SOCIALES mentionne que :
Ces insuffisances révèlent un état d’esprit majoritaire et présent du haut en bas de la hiérarchie des
organismes sociaux qui considère la lutte contre la fraude sociale comme illégitime et antisociale, comme
une punition des plus démunis. Au nom de la fraternité s’est instaurée une bienveillance systémique à la
fraude sociale. Aussi les rapports constatent-ils l’insuffisance quantitative des contrô les :
Au regard de l’ampleur des risques de fraude et, plus largement, d’irrégularités à caractère volontaire
ou non, les contrôles effectués par les organismes sociaux sont trop peu nombreux et, de surcroît,
imparfaitement répartis en fonction des enjeux géographiques.
De rares contrôles sur les prestations de retraite, même les plus à risque.
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Ils constatent également la faible utilisation des outils mis à disposition des contrô leurs :
« les organismes sociaux n’ont pas accès ou n’exploitent pas certaines données détenues par des
administrations de l’État pour contrôler la stabilité de la résidence en France (registre des Français
établis à l’étranger, bases élèves) ou le caractère irrégulier du séjour (visas de court séjour pour le
contrôle de l’aide médicale de l’État, dont l’attribution est conditionnée par ce caractère irrégulier).
Pôle emploi fait un usage parfois restrictif des possibilités dont il est doté. Ainsi, bien qu’en progression
rapide, le nombre de consultations du Ficoba (fichier national des comptes bancaires) reste minime (13
000 en 2019).
La loi du 23 octobre 2018 relative à la lutte contre la fraude a habilité les Caf à consulter la base
nationale des données patrimoniales (BNDP) de la DGFiP, qui comprend, pour chaque bien, le nom, le
prénom et l’adresse du propriétaire, l’affectation et la nature des locaux. Près de deux ans plus tard, ces
possibilités de consultation ne sont cependant pas encore effectives. »
Ils constatent enfin le refus de mettre en place de nouveaux procédés de contrô le plus efficaces :
« En 2015, a été engagé sous l’égide de la DNLF un projet d’automatisation de l’accès des organismes
sociaux au registre des Français établis hors de France qui s’y inscrivent de manière volontaire. En mars
2019, la Cnam s’en est retirée au motif d’autres évolutions prioritaires intéressant les résidents à
l’étranger ; la direction de la sécurité sociale lui a emboîté le pas. Ces décisions privent la lutte contre les
fraudes à la résidence stable en France d’informations utiles pour cibler des contrôles.
La Cnaf s’est rapprochée en 2010 du ministère de l’éducation nationale afin que les Caf aient la
possibilité de consulter les bases d’élèves scolarisés dans l’enseignement primaire et secondaire. La
consultation de ces bases permettrait d’identifier l’absence de résidence en France d’enfants déclarés au
titre de certains foyers d’allocataires. De longue date, ce chantier est au point mort par manque de
volonté des acteurs concernés.
La lutte contre les fraudes aux prestations sociales a une faiblesse fondamentale : elle s’épuise à
rechercher, essentiellement a posteriori, des irrégularités qui auraient dû être empêchées a priori dans
le cadre même des processus informatisés de gestion des droits et des prestations. »
Les solutions techniques sont connues et parfaitement explicitées dans les rapports de la cour des
comptes et les rapports parlementaires :
Instaurer un processus informatisé systématique d’évaluation de la réalité de la situation du
demandeur de la prestation par interrogation des fichiers publics avant son octroi
Evaluer les situations des bénéficiaires actuels (le stock) avec ce processus
Actualiser la loi informatiques et liberté pour faciliter la consultation des fichiers des demandeurs
dans le cadre de la délivrance de prestation sociales. Par exemple la Cnil estime que l’accès au fichier
PNR des compagnies aériennes (Le fichier PNR donne accès aux données suivantes : date et horaires
des vols, moyens de paiement, correspondances), ne peut être consulté que pour la lutte
antiterroriste mais pas à des fins de lutte anti-fraude.
Instaurer une carte d’identité électronique faisant office de carte vitale en la rendant obligatoire pour
l’accès au remboursement des soins afin de réduire les fraudes des particuliers et des professionnels.
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Leur mise en place effective nécessite un changement culturel profond des personnels et des
responsables des organismes sociaux. Il faut changer la direction de ces organismes qui est accaparée
par des responsables qui agissent en fonction de leur sensibilité idéologique et non en fonction des
consignes qui leur sont données ou de l’intérêt général. Il faut expliquer aux personnels de ces
organismes la réalité de la situation financière du pays, dire que la générosité sans régulation ne peut se
financer à crédit. Il faut dire que la fraude sociale, qu’elle concerne les recettes ou les dépenses, porte
atteinte au principe de solidarité et au pacte républicain qui fondent depuis 1945 la sécurité sociale.
Lutter contre celle-ci est autant un impératif d’efficacité économique que de justice sociale et le Conseil
constitutionnel a reconnu à la « lutte contre la fraude » le caractère d’une exigence constitutionnelle.
Il faut souligner combien ces fraudes minent le contrat social français et érodent le respect et la
confiance dans l’Etat Français. Que peuvent en effet penser des citoyens qui constatent que l’on peut
bénéficier du RSA et travailler à l’étranger, ou dans une ambassade étrangère à Paris, ou évidemment
garder des enfants (selon l’INSEE la moitié des gardes d’enfants s’effectue avec du travail dissimulé). Que
l’on peut alimenter en médicaments une pharmacie à l’étranger avec des cartes vitales. Que l’on peut
bénéficier de l’allocation logement en résidant à l’étranger. Ce n’est qu’à partir de 2024 que l’on ne
pourra plus se faire verser ses prestations sociales sur un compte bancaire étranger !
Quelles sont les économies pouvant être réalisées ? On ne peut le savoir tant nous manquons d’outils et
de statistiques pour évaluer l’ampleur des fraudes, comme le souligne la Cour des Comptes.
Une étude réalisée régulièrement depuis 2009 par deux professeurs de l’université de Portsmouth
portant sur l’analyse de données issues de sept pays – Royaume-Uni, É tats-Unis, France, Belgique, Pays-
Bas, Australie et Nouvelle-Zélande –, estime les pertes subies par les organismes d’assurance maladie
dues à la fraude et aux erreurs non frauduleuses entre 3 % et 10 % de leurs dépenses, avec une moyenne
se situant autour de 6 %. Etant donné l’absence de lutte effective contre les fraudes jusqu’à présent, la
France se situe vraisemblablement dans le haut de la fourchette. L’échange de données mis en place en
Belgique avec la Banque de données Carrefour de la Sécurité sociale belge a permis à son assurance
maladie d’économiser 1,7 milliards (évaluation du début des années 2010). Si l’on extrapole ces chiffres
à la France, on aboutirait à une économie de 15 milliards d’euros pour l’assurance maladie.
La France compte aujourd’hui dix minima sociaux auxquels il faut ajouter de multiples droits connexes.
Le système est d’une extrême complexité du fait que leurs conditions d’accès, les montants et les
assiettes de ressources diffèrent fortement. L’accès à certaines aides affecte le droit à d’autres
prestations. Cela implique que le montant total perçu au titre des prestations sociales n’est pas la simple
somme de chaque montant d’aide pris isolément. Cette complexité entrave le retour au travail en
générant une grande incertitude quant à la réalité du bénéfice d’un travail déclaré. Par ailleurs ce
système incite à l’inactivité en particulier pour les personnes seules du fait de la prise en compte des
revenus de la famille dans l’octroi de la majorité des prestations : 86 % des bénéficiaires du RSA sont des
personnes isolées ! Dans le même temps les entreprises ne parviennent pas à recruter, même lorsqu’elles
mettent en place des dispositifs de formation ad hoc avec les régions. Cela signifie que certains Français
n’ont pas intérêt à travailler, même avec la prime d’activité.
Par exemple, une mère célibataire avec deux enfants à charge qui bénéficie par ailleurs de l’APL, des
allocations familiales et de l’allocation mère célibataire qui retrouverait un emploi perdrait par mois :
RSA : 1 360,54 €
Cantine scolaire : 60 euros ;
Epicerie solidaire (80% d’un budget mensuel de référence de 460 € selon l’INSEE) : 368 euros ;
Eventuellement emploi non déclaré. Par exemple garde d’enfant 6 heures par jour : 1200 euros
(Selon l’INSEE, la moitié des emplois domestiques ne sont pas déclarés).
Ces deux dernières sources d’économie et de revenu sont incompatibles avec un travail salarié à plein
temps car l’épicerie solidaire nécessite de s’y rendre fréquemment pour bénéficier des bonnes
opportunités. Et, par ailleurs, cette personne serait amenée probablement à payer des frais de garde
pour ses enfants. La prime d’activité est insuffisante pour compenser l’ensemble de ces pertes de
revenus.
Propositions :
refonder le système des minimas sociaux en les regroupant dans une allocation sociale
unique plafonnée à 70 % du SMIC et faisant l’objet d’un contrôle
Ce regroupement doit concerner l’ensemble ces prestations sociales octroyé par la CAF, l’Etat, les
collectivités locales, y compris les chèques énergie, chèques solidarité, eau, gratuité transport. Les
gratuités additionnelles octroyées par les collectivités locales doivent également créditer cette allocation.
Il est à noter que les fondements de cette unification des prestations ont déjà été réalisés par la création
du RNCPS (Répertoire national commun de la protection sociale). Ce répertoire géré par la Direction de
la sécurité sociale a été créé par la loi du 21 décembre 2006 et vise à regrouper pour les assurés,
identifiés par leur numéro de sécurité sociale (NIR), leur adresse, leurs affiliations à un régime
obligatoire et les types de prestations servies. Il est ouvert à plus de 1000 organismes dont les
organismes des régimes de base obligatoires (famille, maladie, accident du travail et vieillesse), des
régimes complémentaires obligatoires de retraite, des caisses de congés payés et les régimes de
prestations chô mage. Mais il n’est pas vraiment utilisé…
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Cette allocation doit être transparente via un barème simplifié pour afficher clairement le montant de
l’allocation en fonction du revenu d’activité et de la situation familiale, en particulier pour lever les
incertitudes sur le risque d’une reprise d’activité pour les allocataires en indiquant clairement le solde
entre les gains et les pertes de prestations sociales.
Cette prestation unique doit être linéarisée pour éviter les effets de seuil et le montant de
l’allocation globale découlera d’un système de points caractérisant la situation économique et
sociale de l’allocataire. La valeur du point sera votée chaque année au parlement dans le cadre du
budget.
Lutter contre le travail dissimulé en supprimant le RSA quand 2 offres d’emploi raisonnables
sont refusées
Conditionner l’aide aux parents isolés à une poursuite par la CAF du parent isolé défaillant
pour versement d’une pension alimentaire
Il est en effet des cas où la séparation de parents vise à bénéficier d’un surcroît de prestations. On peut à
cet égard s’interroger sur l’ampleur de ce phénomène et sur le rô le des prestations sociales dans le fort
accroissement des familles monoparentales en France qui sont passées de 10 % des familles en 1982 à
25 % actuellement. Choisi ou subi, ce mode de vie constitue l’une des premières causes de pauvreté et
peut engendrer des difficultés éducatives des enfants, comme le montre régulièrement leur participation
aux émeutes. L’exemple des Etats-Unis montre que le système de prestations sociales a une influence
significative sur le comportement marital de la population. La réforme du Welfare menée par Bill Clinton
en 1996 a permis de faire reculer la proportion d’enfants vivant dans une famille monoparentale et,
selon certains experts, constitue la cause du recul de la criminalité aux Etats Unis.
L’enjeu budgétaire de cette politique est important. Le retour à l’activité d’une personne permet une
économie budgétaire d’environ 8000 € par an lequel génère le double en recettes fiscales et sociales.
Un retour à l’emploi de 270 000 personnes correspondant à une augmentation de 1 point du taux
d’activité représenterait ainsi un gain budgétaire de 6 milliards d’euros (économie de 2 milliards d’euros
de prestations sociales et 4 milliards d’euros de recettes supplémentaires).
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3.10. La rationalisation de l’organisation de la santé : 5 milliards
d’euros
Nous sommes le pays européen qui dépense le plus pour la santé de sa population :
Mais les résultats sanitaires ne sont nullement à la hauteur des sommes engagées. Les Français sont en
outre confrontés à des urgences saturées, des déserts médicaux, une pénurie de médecins spécialiste, un
hô pital chroniquement en crise, …
En matière de soins, notre système est pénalisé par sa faible et inadéquate numérisation. Le dossier
médical a été abandonné au profit de l’espace santé, mais pour le moment, le processus « mange toujours
du temps médical » au lieu d’en libérer. Ainsi quand un médecin prescrit des analyses biologiques, le
laboratoire d’analyse saisit manuellement la nomenclature des examens à réaliser dans son système
informatique et transmet les résultats sous forme papier ou sous forme de fichier PDF que la médecin
doit saisir s’il veut compléter le dossier médical électronique de son patient. Que de temps, d’argent et
d’informations médicales perdus !
L’utilisation de tout le potentiel de la numérisation avec une carte d’identité/santé électronique
permettrait de supprimer des saisies et donc des coû ts, d’organiser les données de santé d’un patient
d’une manière structurée, facilitant leur visualisation par le médecin et ainsi de réduire le nombre
d’analyse et d’augmenter le temps médical et la pertinence du diagnostic, et demain de bénéficier de
l’assistance de systèmes experts basés sur l’IA. Le principal enjeu est de permettre intéropérabilité
des données. Le nouveau premier ministre anglais veut ainsi réformer le système de santé anglais par la
numérisation.
En matière hospitalière, on observe que parmi les 8 pays qui bénéficient à la fois d’une espérance de vie
plus forte et d’une meilleure mortalité évitée, 7 disposent de moins de lits d’hô pitaux par millier
d’habitant que la France. La France possède plus de lits d’hô pitaux, mais aussi et surtout d’un beaucoup
plus grand nombre d’hô pitaux que dans les autres pays : 3 000 en France contre 1 400 en Allemagne
pour une population supérieure de 2O millions. La France disperse ainsi ses moyens budgétaires entre
une multitude d’établissements.
42
La littérature scientifique fixe la taille critique d’un établissement hospitalier à 200 lits.
En dessous de cette taille, les coû ts fixes d’accueil, de gestion, de surveillance de nuit
pèsent sur un nombre trop faible de patients et font grimper les coû ts en flèche.
Par ailleurs, à l’hô pital public 30 % des personnels ne sont pas des soignants et
effectuent des tâ ches administratives ou technique alors que cette proportion se situe à
23 % dans les hô pitaux privés.
Au-delà de la question du coû t des soins, la faible taille d’un hô pital pose la question de
la qualité et de la sécurité des soins. Ils ne peuvent être dotés des meilleurs équipements.
Par ailleurs, comme dans toute activité humaine, la courbe d’expérience joue : plus on
réalise d’opérations ou de soins d’un même type, meilleurs sont les résultats en termes
de qualité et de sureté. Plus l’intervention est spécifique et complexe, plus la corrélation
entre volume et qualité est affirmée. Ainsi, alors que le maillage hospitalier français
particulièrement dense garantit une grande proximité avec les patients permettant une
prise en charge rapide dans le cas de l’infarctus du myocarde ou de l’accouchement, la
France ne figure qu’en 17ème position en termes de mortalité post soins et au 26ème
rang dans la lutte contre la mortalité infantile. Cela montre que la proximité ne
compense pas l’équipement performant et la compétence des grandes structures
hospitalières. Il est possible de mieux soigner pour moins cher si l’on rationalise la
gestion administrative des hô pitaux comme on pourrait le faire grâ ce à la numérisation
et la carte d’identité électronique et si on réorganise le réseau hospitalier autour
d’établissements de plus grande taille, en transformant les plus petits en maisons de
santé pour apporter les indispensables services de soins de proximité.
Nous devons complètement rompre avec l’idée du manque de moyens de nos services publics. Les
comparaisons internationales montrent que les administrations françaises dépensent plus pour de
moins bons résultats. C’est donc un double défi qu’il faut relever. Il faut en effet simultanément :
réduire les dépenses publiques pour simplement réduire les déficits des comptes publics et pouvoir
continuer à nous financer
améliorer grandement l’efficacité des politiques publiques pour relancer la productivité et mieux
satisfaire les besoins de la population
La classique politique du « rabot » n’est pas en mesure de remplir simultanément ces deux objectifs. Il
faut procéder à une réingénierie de l’action publique.
La LOLF a profondément transformé le budget de l’Etat en remplaçant ses quelques 800 chapitres par
nature de dépenses (achats de services, rémunérations…) par 120 « programmes » à l’intérieur desquels
les crédits sont fongibles ce qui en théorie offre une grande souplesse à leurs responsables.
Chacun de ces programmes est suivi par un projet annuel de performance (PAP), leurs résultats étant
mesurés au moyen de 676 indicateurs de performance et 1300 sous-indicateurs regroupés en trois
catégories : les « indicateurs de qualité des services publics », les « indicateurs d’efficacité
socio-économique », les « indicateurs d’efficience de la gestion ».
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En théorie, la dépense publique française est donc extrêmement bien gérée ! Des milliers de
fonctionnaires s’échinent chaque année à renseigner ces 1300 indicateurs qui se transforment en 20 000
pages de rapports de performance, mais sans que cela ait un quelconque impact sur la qualité et le coû t
de notre gestion publique ainsi que sur les décisions budgétaires comme le souligne la Cour des comptes
qui observe que « le dispositif de performances reste sans effet significatif tant sur l’allocation des
ressources que sur les processus de modernisation de l’action publique ».
Le contrôle de gestion est insuffisamment développé pour établir un rapport entre moyens et
résultats
La répartition des crédits budgétaires n’a aucun rapport avec les indicateurs de performance
Il n’y a pas de véritable comparaison des résultats entre les services déconcentrés permettant
d’évaluer leurs responsables et de créer une émulation entre services
Les résultats n’ont aucun impact sur la rémunération des responsables
Des indicateurs ont peu de sens si l’on ne dispose pas de comparaisons. Or ces rapports de
performance ignorent les comparaisons internationales, les mieux à mêmes de mesurer la
performance réelle de nos services publics.
L’absence d’implication des usagers, des personnels et de leurs représentant ne permet pas
de donner à ces indicateurs une portée politique, seule à même d’initier des choix.
Comme Il ne peut y avoir une transformation sans une prise de conscience préalable de la réalité, Il est
nécessaire de faire connaitre les résultats et les coû ts de chaque secteur de l’action publique pour établir
un diagnostic partagé en complétant les indicateurs existants par :
Des Benchmarks internationaux des méthodes et des résultats des services publics
une transparence totale sur l’ensemble des indicateurs de gestion des différentes administrations et
entités administratives, établissements scolaires, établissements hospitaliers, sur leurs
performances pour leurs utilisateurs, les salaires, l’absentéisme, les coû ts de gestion, …
Des indicateurs de satisfaction auprès des usagers qui permettent aux personnels des services
publics d’avoir un retour sur leurs efforts pour être plus utiles et plus efficaces
La communication pour chaque budget de ces indicateurs aux fonctionnaires concernés, aux
syndicats, aux associations d’usagers
Ce recueil de données doit être structuré de façon à mettre en place un bouclage de gestion entre
résultats, allocation des moyens et récompenses, à permettre une comparaison entre les
résultats des services déconcentrés. Il est également destiné à initier une prise de conscience et
un diagnostic partagé. Ces indicateurs permettront au pouvoir politique de s’appuyer sur
l’opinion pour engager la transformation de l’action publique à travers par exemple les Conseils
nationaux de la refondation proposés par Emmanuel Macron qui doivent réunir les
administrations, les élus, les entreprises, les associations d’usagers, tous les acteurs de
l’écosystème d’un service public. Ces données sont souvent à même d’identifier directement des
pistes pour les réformes à mener.
45
4.1. Allouer les moyens des services publics dans le cadre d’un plan
stratégique
Les allocations de moyens se font toujours sous la forme de la reconduction annuelle des budgets
avec quelques inflexions, qui consistent en général à augmenter les moyens dans les secteurs de
l’action publique pour lesquels les insuffisances de résultats sont manifestes, c’est-à-dire perçues
par l’opinion, sans pour autant les baisser dans les secteurs en situation d’excédents de moyens,
sans réaliser une réingénierie des services déficients.
Chaque secteur de l’action publique devrait avoir l’obligation d’élaborer son plan stratégique dans le
cadre de la stratégie nationale de redressement économique qui doit viser à augmenter le PIB par
habitant, à produire plus pour mettre fin à notre endettement perpétuel. Cela implique une
augmentation forte du taux d’emploi des Français (plus de Français doivent travailler) et de leur
productivité. Cela constitue le moyen le plus direct pour désendetter le pays, améliorer le niveau de vie
des Français et financer la transition climatique. Améliorer la productivité nécessite d’investir davantage
en machines, logiciels et formation. Cela suppose de moindres prélèvements de l’Etat sur les entreprises
pour renforcer leurs capacités d’investissements, donc un Etat moins cher et plus efficace.
Ces plans stratégiques doivent intégrer les visions du développement économique et technologique des
chercheurs, des responsables d’entreprise, des économistes, intégrer d’ores et déjà le recours aux
technologies numériques et à l’IA qui sont appelées à modifier considérablement la gestion publique et à
améliorer sa productivité. Selon une étude du cabinet McKinsey, l'adoption de l'IA générative par les
entreprises pourrait engendrer entre 2.600 et 4.400 milliards de dollars de profits supplémentaires
chaque année, soit 70 à 115 milliards de dollars pour la France. Les banques et opérateurs de
téléphoniques visent d’ores et déjà un « saut quantique » avec l'IA générative pour prendre en charge
une grande partie de la relation client. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour les administrations et
les services publics ?
Nous avons choisi ce service public pour illustrer cette approche stratégique car il joue un rô le
prépondérant dans l’augmentation de la production du pays, car, de lui dépend la satisfaction des
besoins de main d’œuvre de l’’économie et l’élévation de la productivité. La productivité est un enjeu clé
car elle détermine la croissance. Or la France connait actuellement le plus fort recul de la productivité
des pays développés : -6 % depuis 2019, par rapport à la tendance pré-covid. Moins de productivité, c’est
moins de croissance, donc moins de revenus pour les Français et moins de recettes fiscales et sociales.
Sans redressement de la productivité, il ne pourra pas y avoir un redressement de nos finances
publiques. La qualité de l’éducation et de la formation est le premier facteur qui détermine la
productivité. C’est dire l’intérêt d’aborder ce secteur sous l’angle d’un plan stratégique. Le plan
stratégique de l’éducation doit donc d’abord partir des besoins de l’économie et des entreprises.
46
1) Premier constat : notre système éducatif prépare peu à la réalité des besoins actuels de
l’économie
Les 15 métiers rassemblant le plus grand nombre de projets de recrutement jugés difficiles selon pô le
emploi :
La politique du « droit aux études » menée depuis près de 40 ans, devenu « droit aux études supérieures »,
79% d’une classe d’â ge avec le bac, 50 % avec un diplô me supérieur et de plus en plus le master pour tous,
prépare-t-elle réellement à ces emplois ? Ce n’est pas le cas puisque les entreprises éprouvent de très
importantes difficultés de recrutement. En réalité, les diplô mes supérieurs ne préparent qu’à deux métiers
dans cette liste de des 15 métiers rassemblant le plus grand nombre de projets de recrutement jugés
difficiles, infirmiers et ingénieurs. La France se caractérise par une forte inadéquation entre emplois et
formations : 44% des travailleurs ont un niveau de diplô me qui ne correspond pas à l'emploi qu'ils
occupent, 31% sont sur-qualifiés et 14% sont sous-qualifiés et 42% des travailleurs ont une spécialité de
formation qui ne correspond pas à l'emploi qu'ils occupent, selon France Stratégie.
47
Les fondements de ces politiques publiques visant à la démocratisation des diplô mes sont triples :
la croyance qu’une augmentation du taux de diplomation tire la croissance du pays. Cela s’avère faux
puisque la croissance française n’a cessé de s’anémier et que la production du pays souffre avant tout
de la faiblesse du taux d’emploi de la population résultant pour partie de l’inadéquation des
formations avec les besoins.
Le constat exact d’une très forte corrélation entre le rang du diplô me possédé et le risque d’être au
chô mage. Mais, en fait, le plus important accès à l’emploi des plus diplô més se traduit souvent par
une dévalorisation du diplô me et une éviction de l’emploi des diplô mes inférieurs et des sans
diplô mes. Lorsque les concours de la fonction publique sont ouverts pour des Bac+2, ce sont souvent
des Bac+5 qui prennent les postes. Des situations similaires se déroulent dans les entreprises. Cela
génère une double frustration. Si vous êtes diplô mé, vous aurez un emploi, mais souvent à un niveau
inférieur à celui escompté. Si vous n’êtes pas diplô mé, il vous est plus difficile de vous intégrer dans
l’emploi.
une conception républicaine de l’égalité par la démocratisation du diplô me. La réalité est autre : le
nombre de bac + 5 délivrés est bien supérieur à ce que le marché du travail est en mesure d’absorber
et surtout, la plus grande diplomation a été obtenue par une baisse du niveau d’exigence qui fait
perdre au diplô me sa valeur de garantie pour l’employeur. Du fait de la faible sélectivité, le réseau
familial joue souvent un rô le primordial dans l’obtention d’un « bon emploi ». D’où la frustration des
jeunes diplô més et de leurs familles en espérance d’ascension sociale. Les réformes Jospin se
donnaient pour objectif de lutter contre la reproduction sociale, elles ont abouti à son renforcement.
2) Notre enseignement supérieur prépare beaucoup à des postes administratifs qui sont déjà en
excès d’offre et qui vont être en partie remplacés par l’IA et peu à des postes techniques et
scientifiques
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Les écoles françaises ne forment actuellement que 40 000 ingénieurs par an alors que l’économie
française en a besoin de 50 000 à 60 000. Par ailleurs, « on observe une baisse significative et régulière du
niveau en sciences et notamment en mathématiques depuis dix à quinze ans », selon Emmanuel Duflos, le
président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs. Or, les ingénieurs et les
scientifiques sont les moteurs des grandes transitions. C’est cette population qui imagine, conçoit et met
en place les solutions concrètes pour accompagner la transition énergétique et environnementale, la
mutation numérique , mais aussi pour mettre à notre service les nouveaux remèdes médicaux. Ce sont
eux qui font la réussite d’un pays et qui réalisent des innovations qui bénéficient à tous.
Nous avons clairement besoin de recréer une élite technique scientifique, plus nombreuse et plus
brillante. Les progrès humains dont nous bénéficions tous dépendent de cette élite scientifique.
Alors qu’ils représentent la voie royale pour former les élèves à la réalité des besoins des entreprise et
alors qu’ils bénéficient d’un taux d’encadrement des élèves particulièrement élevé, leurs taux d’insertion
professionnelle sont beaucoup plus faibles que ceux des centres d’apprentissage :
La première cause réside dans le désajustement entre les filières de formation des bacheliers
professionnels et les besoins en emplois. L’étude de France Stratégie « Les Métiers en 2030 » montre
qu’on forme par exemple 24% des bacheliers professionnels en gestion alors qu’ils sont supplantés pour
ces postes par les Masters et les BTS et que les emplois administratifs sont appelés à régresser. En
revanche, on ne forme que 12% des bacheliers pour le sanitaire et social alors que les besoins sont
immenses. On ne forme que 2 % des bacheliers en logistique alors que c’est le troisième métier le plus
créateur d’emplois et qu’il bénéficie du meilleur taux d’insertion professionnelle. Il y a une tension très
forte sur le métier de la couture pour la mode ou l’industrie car on a abandonné ces formations.
Mais c’est bien sû r au niveau de chaque bassin d’emplois qu’il faut réaliser une analyse fine pour mettre
en adéquation les formations professionnelles avec les besoins.
L’inefficacité des lycées professionnels, dans leur forme actuelle, est sanctionné par un constat sans
appel : au-delà de leurs faibles taux d’insertion professionnelle, ils n’apportent aucune plus-value sous la
forme d’un gain financier en salaires à leurs élèves (source OCDE) alors que la France bénéficie du
deuxième meilleur taux d’encadrement de l’OCDE avec un enseignant pour 6 élèves !
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4) Un enseignement primaire à renforcer
L’analyse des comparaisons internationales indique que la France consacre 59 % du temps scolaire dans
l’enseignement élémentaire à la compréhension de l’écrit (lecture, expression écrite et littérature) et aux
mathématiques, soit la proportion la plus élevée de tous les pays de l’OCDE, tout ceci sans résultats probants,
mais qu’elle présente toujours un écart manifeste dans la répartition des dépenses d’éducation par élève
entre l’élémentaire et le secondaire (à l’avantage du secondaire). L’examen des données OCDE montre par
ailleurs que la France est le pays qui assure le moins de formation continue à ses enseignants :
C’est le facteur qui caractérise le plus le système éducatif français. Est-ce- que cela pourrait constituer un
facteur explicatif de sa faible efficacité ainsi qu’avec la priorité à inverser entre le secondaire et le primaire ?
5) Les non-diplômés
Les non-diplô més français présent le plus faible taux d’emploi de la zone euro, principalement du fait d’une
absence de maitrise des connaissances élémentaires de base.
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Toutes ces données permettent d’esquisser ce que pourrait être un plan stratégique pour l’éducation :
2) La formation professionnelle constituant un enjeu primordial pour satisfaire les besoins de l’économie,
basculer le plus possible l’enseignement professionnel vers l’apprentissage. Supprimer les filières
d’enseignements professionnels sans débouchés et offrir aux professeurs concernés une reconversion en tant
que Maitres des écoles. Développer les écoles de production et confier la gestion des lycées professionnels
aux régions et aux chambres de commerces et industries pour mieux ajuster les formations aux besoins des
entreprises à l’échelle des bassins d’emploi. C’est une mesure clé, tant nos entreprises sont confrontées à des
déficits de main d’œuvre découlant de l’incapacité les Lycées professionnels à délivrer les qualifications
demandées par les entreprises.
3) Acter l’échec du droit aux études supérieures et réintroduire de la sélectivité en réhaussant le niveau
d’exigences pour l’obtention du bac : le taux de réussite au baccalauréat général était de 95,7 % en 2023
contre 64 % en 1980. Il doit redevenir une garantie d’un niveau suffisant pour entreprendre des études
supérieures.
4) Création d’une classe d’excellence dans chaque établissement scolaire à chaque niveau à partir du CE1 et
créaction de lycées d’excellence dans les académies avec des programmes renforcés pour les matières
scientifiques avec recrutement sur dossier et examens. L’enjeu primordial est de disposer de la meilleure élite
scientifique possible.
5) Renforcement des enseignements scientifiques à l’université et accueil des étudiants étrangers dans les
filières scientifiques après évaluation de leur niveau.
Ce programme qui augmenterait considérablement les chances des jeunes de s’insérer dans l’emploi ne
nécessite aucun budget supplémentaire. Au contraire, la légère réduction du nombre d’étudiants qui ne
découle (100 000) permettrait d’économiser 1,6 milliards d’euros. Mais l’effet de levier sur les recettes en
l’état est considérable : si l’on obtenait à terme grâ ce à ces réformes 500 000 personnes de plus en emploi, les
recettes fiscales et sociales de l’Etat augmenteraient de 20 milliards d’euros et feraient baisser notre déficit de
0,75 % du PIB.
Par ailleurs cette meilleure organisation permet d’économiser en réduisant le nombre de professeurs en
accompagnement de la réduction du nombre d’élèves. Dans le premier degré, le nombre d'élèves devrait
baisser de 360 000, passant de 6 422 800 en 2022 à 6 063 400 en 2027 (-5,6%). Dans le second degré, le
nombre d'élèves passera de 5 652 973 en 2022 à 5 541 000 en 2027 (-1.98%). Au total, le budget de
l’éducation devrait baisser de 1 % par an, davantage si on s’attaque à sa suradministration (250 000
fonctionnaires de l’Education nationale ne sont jamais devant les élèves), tout en élevant la
qualification des élèves et étudiants. Une partie de ces économies pourra être dédiée à l’augmentation de
la rémunération des enseignants.
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ANNEXE 1
Surtout ne pas réduire l’enveloppe budgétaire consacrée
aux politiques de l’offre !
Pour faire des économies budgétaires, l’Etat n’a cessé de surtaxer ce secteur et de baisser le prix des
médicaments remboursés : – 48,6 % baisse de prix des médicaments remboursables entre 2000 et 2021, alors
que le coû t de la vie a augmenté de 33,28 % sur la même période. Cette baisse des prix des médicaments a
certes permis des économies budgétaires : la dépense en valeur de médicaments en ambulatoire a diminué
entre 2011 et 2021 de -1,2 Md€, mais au prix d’une terrible régression de notre industrie de la santé, tout
simplement parce qu’il n’est plus rentable de produire en France. Résultats : pénuries de médicaments, pertes
de bons emplois bien rémunérés qui n’ont pas été créés. Nous avons évidemment complètement manqué la
révolution des biomédicaments : La France importe 95 % des médicaments biologiques vendus dans le pays.
Elle ne fabrique que 3 % des anticorps monoclonaux qu’elle consomme.
Mais le bilan est encore plus terrible pour les recettes de l’Etat. Ainsi alors que nous avons occupé la première
place en Europe pour l’industrie du médicament de 1995 à 2008, nous ne figurons plus qu’en 5ème place
juste devant la Belgique :
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Si nous étions restés en tête du classement européen, par exemple avec un chiffre d’affaires semblable à celui
de l’industrie suisse, nous bénéficierions d’un supplément de valeur ajoutée de 14 milliards d’euros en
intégrant la valeur ajoutée induite. Comme l’Etat prélève 45 % de cette valeur ajoutée sous une forme ou une
autre, il aurait 6,3 milliards d’euros de plus dans ses caisses. Bilan : 1,2 milliards d’euros d’économie pour
6,3 milliards d’euros de pertes de recettes. Voilà comment des politiques d’économies budgétaires à
courte vue creusent nos déficits, développent le chô mage et font partir les bons emplois bien rémunérés. Du
reste on ne peut plus guère parler d’économies puisque l’Etat consent désormais des aides à la relocalisation
de la production de médicaments !
Détails du calcul :
si l’industrie française du médicament était restée en tête du classement européen, en ayant par exemple
un chiffre d’affaires semblable à celui de l’industrie suisse, son chiffre d’affaires serait supérieur de 29,
637 milliards d’euros (CA Suisse de 53195 - CA France actuel de 23558)
le supplément de valeur ajouté de l’industrie française du médicament serait de 9,336 milliards d’euros
(29 637 X Taux de marge de 31,5 %)
le supplément de valeur ajoutée nationale serait au total de 14 milliards d’euros en intégrant la valeur
ajoutée induite (9,336 X coefficient de 1,5)
comme l’Etat prélève 45 % de cette valeur ajoutée sous une forme ou une autre, il aurait 6,3 milliards
d’euros de plus dans ses caisses.
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