CM m1 Genetique - Ecue 3 Fondements Genetiques de La Biodiveriste 16 Janvier 2023
CM m1 Genetique - Ecue 3 Fondements Genetiques de La Biodiveriste 16 Janvier 2023
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ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
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UPR DE GENETIQUE
MASTER 1 – BIOTECHNOLOGIE-BIOSECURITE-BIORESSOURCES
COURS MAGISTRAL
UE MUTATIONS GENETIQUES
1
SOMMAIRE
OBJECTIFS DU COURS 3
CONCLUSION 61
2
OBJECTIFS DU COURS
L’objectif général de ce cours est de faire connaître qu’une large part de la diversité que
nous constatons au sein et entre les espèces vivantes est génétiquement déterminée,
c’est-à-dire explicable par des facteurs génétiques.
Dans ses objectifs spécifiques, ce cours fera ainsi connaître :
• Le lien de cause à effet qui existe entre l’ADN (Acide Désoxyribonucléique) et la
vie.
• Le lien de cause à effet qui existe entre la ressemblance et la dissemblance des
êtres vivants et les propriétés de l’ADN.
• L’intérêt génétique et les risques d’érosion de la diversité biologique.
3
CHAPITRE 1 : GENESE DE LA
BIODIVERSITE
4
1. DEFINITION DE LA BIODIVERSITE
Les conditions environnementales qu’offre notre planète, la Terre, sont si propices à la
vie que celle-ci est présente partout. Dans les calottes glaciaires, les sources thermales
les plus chaudes, les abîmes les plus sombres des océans, dans le sol, l’air et sur terre
des êtres vivants pullulent. Mais qu’est-ce qu’un être vivant ? N’importe quel individu
humain sait faire la différence entre un bloc de pierre qui est un être inanimé non biotique
et un être vivant comme un poisson qui s’agite dans un aquarium. Et pourtant les
scientifiques n’arrivent pas à s’accorder sur la vie ou la non-vie de quelque chose.
Entre autres définitions de l’être vivant, celle que nous proposons dans le cadre de ce
cours est la suivante : « l’être vivant est cette entité qui se caractérise par sa composition
cellulaire, sa reproduction à partir du matériel héréditaire ou matériel génétique (l’ADN),
sa capacité de croître et de se développer, son aptitude à capter l’énergie dans son
environnement, à percevoir les signaux de cet environnement et à réagir en
conséquence, son haut niveau d’organisation et sa capacité d’évoluer, c’est-à-dire de
subir des changements dans sa structure et son comportement au cours des
générations ».
La biodiversité peut donc être définie comme étant la diversification de la vie à travers
l’infinie variabilité qu’exhibent les êtres vivants. Autrement dit, la biodiversité est la
variabilité que nous constatons au niveau des structures, des modes de vie et des
comportements des organismes vivants en relation avec des contextes
environnementaux physico-chimiques tout aussi diversifiés, le tout constituant des
complexes intégrés que nous appelons écosystèmes.
5
autotrophes et en hétérotrophes selon la manière dont elles accèdent à l’énergie pour
assurer leurs métabolismes. Si nous prenons en compte leur rythme circadien
(organisation séquentielle des diverses fonctions d’un organisme au cours d’une période
de 24 heures), les animaux se distinguent en diurnes et en nocturnes, et si nous
considérons la durée de l’éclairement nécessaire pour déclencher leur floraison, les
végétaux se distinguent en plantes de jours courts et en plantes de jours longs. Un
échantillon de cette biodiversité dans le règne animal nous est présenté dans la figure 1.
6
Figure 1 : Échantillon de la biodiversité dans le Règne animal
7
2. HISTOIRE BREVE DE LA BIODIVERSITE
Il y a un peu plus de 4,5 milliards d’années, se formaient tous les grands systèmes de
l’univers dont le système solaire auquel appartient la terre. Pendant le milliard d’années
qui a suivi la formation de la terre, a eu lieu une évolution dite chimique dans un contexte
environnemental terrestre caractérisé par une atmosphère primitive entièrement
réductrice, donc dépourvue d’oxygène à l’état libre. C’est l’étape d’un monde anoxique.
L’évolution chimique peut être définie comme étant l’ensemble des transformations
subies par la terre depuis sa formation et qui ont permis l’apparition de molécules
organiques pour la construction du vivant.
Cette phase d’évolution de la terre a culminé avec l’apparition des premières formes de
vie qu’on identifie à des bactéries découvertes dans des couches sédimentaires dont
l’âge est estimé à environ 3,5 milliards d’années. Ces bactéries étaient probablement
des descendants du dernier ancêtre de toutes les cellules actuelles baptisé du nom de
LUCA (Last Universal Cell Ancestor). De l’évolution de ces bactéries primitives sont nées
les Archéobactéries, les bactéries anaérobies photosynthétiques et finalement les
bactéries aérobies qui ont évolué à leur tour pour donner naissance aux cyanobactéries
(Algues bleues) qui sont des organismes unicellulaires eucaryotes. En effet, avec le
développement de l’activité photosynthétique, l’atmosphère terrestre primitive anoxique
s’est enrichie progressivement en oxygène libre dont on pense que la concentration
primitive atteignait 2 à 3 % de son niveau actuel. Cela a eu pour conséquence l’extinction
d’un grand nombre de procaryotes primitifs et le confinement de certains dans des
milieux sans oxygène.
8
Le passage des procaryotes aux premiers eucaryotes unicellulaires s’est fait par une
lente évolution biologique qui a durée 2 milliards d’années environ. L’évolution biologique
est l’ensemble des transformations subies par les êtres vivants dans leur structure, mode
de vie et comportement en liaison avec les contraintes imposées par le milieu depuis
l’apparition de la vie sur terre. Comme on le voit, jusque-là, le monde vivant n’était que
très peu diversifié, faute de moyen pour innover. La reproduction ne se faisait que par
simple mitose (division cellulaire homéotypique) génération après génération.
9
10
Tableau 1 :
11
3. NIVEAUX DE STRUCTURATION DE LA DIVERSITE BIOLOGIQUE
La variabilité est la principale caractéristique des êtres vivants. Elle s’observe à tous les
niveaux de leur organisation. En effet, lorsqu’on compare les individus d’une même
espèce entre eux ou ceux d’espèces différentes, on est frappé par les différences qu’ils
exhibent par rapport à plusieurs caractères ou critères de polymorphisme. Ces
différences sont plus significatives encore lorsqu’on compare des espèces de plus en
plus éloignées ou des grands groupes d’espèces.
Si on considère une espèce comme la drosophile ou mouche du vinaigre (Drosophila
melanogaster), on est frappé par la grande variabilité des individus par rapport à un
caractère comme la forme des ailes. Selon les individus, les ailes sont allongées le long
du corps, dressées, arrondies, découpées, réduites, atrophiées, pointues, ondulées, etc.
Si on considère une autre espèce, l’homme par exemple, un caractère comme la couleur
de la peau présente une grande diversité et permet même de distinguer les grands
groupes (races) d’êtres humains : les leucodermes à peau blanche, les xanthodermes à
peau jaune et les mélanodermes à peau noire. A l’intérieur de ces groupes, toutes les
variantes existent. La variabilité intraspécifique est commune à toutes les espèces
animales et végétales et on la constate à première vue chez le chien, le chat, le cheval,
le bœuf, le poulet, l’aubergine, le piment, le riz, la mangue, etc.
L’espèce, qui est un ensemble d’individus ayant des caractères communs, naturellement
interféconds et produisant des descendants viables et fertiles, constitue donc le premier
niveau d’organisation de la diversité biologique.
12
vivants minuscules auxquels ils ont donné le nom de « nanobe » ; leur taille se mesurant
en nanomètre.
Il est donc évident que les différences sont beaucoup plus faciles à mettre en évidence
quand on compare des espèces appartenant à des genres différents ou des espèces de
familles différentes.
En définitive, les affinités et les différences que présentent les êtres vivants ont permis
leur regroupement en espèces, les espèces en genres, les genres en familles, les
familles en ordres, les ordres en classes, les classes en embranchements et les
embranchements en règnes. Six règnes d’êtres vivants sont actuellement définis :
Règne : Animal
Embranchement : Vertébré
Classe : Mammifère
Ordre : Primate
13
Famille : Hominidé
Genre : Homo
Espèce : Homo sapiens
L’abondance des espèces dans les six grands groupes d’êtres vivants est matérialisée
par la figure 3.
Figure 3 :
14
CHAPITRE 2 : DETERMINISMES
GENETIQUES DE LA BIODIVERSITE
15
A. MECANISMES GENETIQUES QUI ENGENDRENT LA
BIODIVERSITE
Il ne faut pas perdre de vue que les conditions du milieu dans lequel se développent les
êtres vivants exercent une pression permanente sur l’expression de l’ADN. Ainsi, la
typologie phénotypique globale que présente un être vivant à tout instant est la
résultante de l’interaction entre le génotype (l’ADN) et le milieu. Par exemple, si des
grains d’une même variété lignée pure de maïs (donc de génotype identique) sont
semés, les uns sur un sol pauvre en matières organiques et minérales et les autres sur
un sol riche, les plantes qui en seront issues présenteront des phénotypes très différents
comme si elles provenaient de génotypes distincts. Cependant, dans les
développements qui suivent, nous ne nous intéressons qu’à la seule contribution du
génotype à la diversification du monde vivant.
16
conforme à l’original et qui est donc responsable de la stabilité sans laquelle les
populations de cellules et d’organismes ne pourraient exister.
Chaîne
ADN ARN Caractère
polypeptidique
(phénotype)
(Génotype) (protéine)
Réplication
Dogme central de la Biologie Moléculaire
La vie étant apparue une seule fois sur terre, l’ADN de la cellule qui est l’ancêtre de
toutes les cellules actuelles est la mémoire de la parenté de tous les êtres vivants, c’est-
à-dire de leur origine commune. L’universalité du code génétique en est un indice
17
tangible comme le montre bien la transgénèse qui est le transfert de gènes (portions de
molécules d’ADN) d’un organisme dans un autre organisme appartenant à une espèce
différente. Un gène humain peut donc s’exprimer parfaitement dans un organisme
bactérien et vice-versa.
Comme nous venons de l’évoquer, l’ADN est la mémoire de l’origine commune de tous
les êtres vivants. Nous avons signalé aussi le lien direct entre la variabilité génétique et
la diversité des phénotypes. Mais en quoi consistent les modifications qui ont affecté la
structure de l’ADN et qui ont permis, au cours de l’évolution biologique, la naissance
d’espèces nombreuses et variées ?
18
parfois que des portions d’ADN provenant des plasmides soient incorporées dans le
chromosome bactérien.
Chez les Eucaryotes, le matériel héréditaire est composé de plusieurs molécules d’ADN,
donc de plusieurs chromosomes formant ce que l’on appelle le génome nucléaire. En
dehors de l’ADN nucléaire, les eucaryotes possèdent aussi de l’ADN dans les
mitochondries (ADNmt) et les chloroplastes (ADNct). On parle de génomes mitochondrial
et chloroplastique ou plastidial.
Chaque espèce eucaryote est caractérisée par un nombre de chromosomes qui est
normalement constant dans chacune de ses cellules. Si par hasard deux espèces
possèdent le même nombre de chromosomes, la séquence des bases dans les
molécules d’ADN ainsi que la morphologie et la taille des chromosomes varient entre les
deux espèces. D’ailleurs, l’espèce dont nous avons déjà entamé une définition est un
groupe d’organismes possédant des ensembles de gènes essentiels en commun,
naturellement interféconds, produisant des descendants viables et fertiles et qui sont
incapables de se reproduire naturellement avec les individus d’une autre espèce. C’est la
différenciation génétique qui rend les chromosomes de deux espèces incompatibles et
entraine leur isolement reproductif.
19
- Espèces à cycle haplobiontique :
Ce sont des espèces qui vivent à l’état haploïde sur la plus grande partie de leur cycle de
développement. Exemple :
Ce sont des espèces qui vivent à l’état haploïde sur une moitié de leur cycle de
développement et à l’état diploïde sur l’autre moitié : Saccharomyces (levure) : n = 8 ; 2n
= 16.
Ce sont des espèces animales qui vivent à l’état diploïde sur la plus grande partie de leur
cycle de développement. Ce sont entre autres :
Ce sont des espèces végétales qui vivent à l’état diploïde sur la plus grande partie de
leur cycle de développement. Ce sont entre autres : Haricot : 2n = 22 / Soja : 2n = 40 /
Petit pois : 2n = 14 / Chou : 2n = 18 / Oignon : 2n = 16 / Tomate : 2n = 36 / Mil : 2n = 14 /
Sorgho : 2n = 20 / Maïs : 2n = 20 / Coton (Sauvage) : 2n = 26 / Coton (Cultivé) : 2n = 52 /
Tabac (Sauvage) : 2n = 24 / Tabac (Cultivé) : 2n = 48 / Café (Robusta) : 2n = 22 / Café
20
(Arabica) : 2n = 44 / Cacao : 2n = 20 / Taro (Colocasia) : 2n = 28 / Taro (Xanthosoma) :
2n = 26 / Canne à sucre : 2n = 80.
21
introns et le raccordement des exons pour donner l’ARNm traductible en protéine qui
passe dans le cytoplasme pour la traduction. C’est le phénomène de l’excision-épissage
lié à la structure en mosaïque des gènes eucaryotes. En d’autres termes, nous pouvons
dire que la complexité d’un organisme n’est pas seulement fonction de l’accroissement
de la taille de son génome mais aussi de la complexification des mécanismes de
fonctionnement de ses gènes. En effet, des organismes plus complexes peuvent avoir
des mécanismes permettant la production de plus d’une protéine par gène simple. Un
exemple de ce type de mécanisme est l’épissage alternatif qui donne différentes
protéines; la différence entre les protéines provient de la façon dont les introns sont
épissés de l’ARN transcrit pour la constitution de l’ARNm mature. On estime
qu’approximativement les 20 000 gènes humains sont responsables de la production
d’au moins 100 000 protéines.
22
3. MUTATIONS DE LA STRUCTURE ET DU NOMBRE DE MOLECULES D’ADN ET
DIVERSITE BIOLOGIQUE
Des modifications aléatoires peuvent affecter la séquence des nucléotides dans les
molécules d’ADN au cours des divisions cellulaires (Mitose et Méiose) et porter sur une
ou plusieurs paires de bases. Mais ces modifications peuvent porter aussi sur le nombre
de molécules d’ADN de la cellule en augmentant ou en diminuant le nombre de
chromosomes caractéristique de l’espèce. Toutes ces modifications qualitatives et/ou
quantitatives de l’ADN cellulaire sont réunies sous le vocable "mutation".
Lorsque la mutation porte sur une seule paire de bases, on dit qu’elle est ponctuelle ;
lorsqu’elle porte sur plusieurs paires de bases au point d’affecter la morphologie du
chromosome, on dit qu’elle est chromosomique structurale. Enfin, lorsque la mutation
porte sur le stock de chromosomes de la cellule en faisant varier le nombre de l’un ou de
tous les types de chromosomes, on dit qu’elle est chromosomique numérique.
Les mutations ponctuelles dont nous parlerons sont celles qui portent sur les portions
d’ADN codant des protéines (les gènes) et qui peuvent avoir des répercussions sur le
phénotype.
- une substitution d’une paire de bases par une autre, substitution qui peut être : soit
une transition quand une purine (A et G) remplace une purine ou quand une
pyrimidine (T et C) remplace une pyrimidine, soit une transversion lorsqu’une
purine remplace une pyrimidine et vice versa,
- une perte d’une paire de bases ou micro délétion,
- une insertion ou addition d’une paire de bases.
Certaines des protéines synthétisées conformément aux messages transmis par les
gènes sous forme d’ARNm sont des enzymes, c’est-à-dire des substances qui catalysent
23
toutes les réactions chimiques qui ont lieu dans les organismes vivants. Ce sont ces
réactions biochimiques qui assurent le développement des êtres vivants, donc la
manifestation de leurs caractères ou phénotypes. Toute modification de la composition
en acides aminés des enzymes provoquée par des mutations géniques aura des
conséquences sur l’activité enzymatique et, corrélativement, une incidence sur
l’expression phénotypique.
Pour mieux comprendre le lien plus ou moins direct qui existe entre les variations
structurales de l’ADN et la biodiversité, il est nécessaire de dire quelques mots sur le
développement d’un organisme ou ontogénèse. L’ontogénèse est l’embryologie d’un
être vivant, c’est-à-dire la séquence des transformations qui ont lieu depuis sa
constitution sous forme d’une cellule-œuf ou zygote jusqu’à son état adulte reproducteur.
Les différences fondamentales entre espèces trouvent leur explication dans les
différences qui existent lorsqu’on compare leurs séquences ontogéniques. On entend
par séquence ontogénique d’une espèce l’enchainement dans le temps des évènements
qui sont caractéristiques du développement d’un individu de cette espèce et commun à
tous ses individus. On appelle hétérochronie toute différence (ou transformation) dans la
séquence ontogénique d’une espèce par comparaison avec celle d’une autre espèce.
Les principales étapes de l’ontogénèse dans le règne animal sont :
- La formation du zygote,
24
temps. C’est l’information génétique codée dans les molécules d’ADN qui régule
l’ontogénèse et qui rend donc harmonieux le développement d’un être vivant. Les gènes
qui, dans les molécules d’ADN, sont spécialisés pour coordonner les séquences
ontogéniques sont appelés gènes du développement ou gènes homéotiques.
Chez la drosophile par exemple, ces gènes homéotiques sont classés en trois groupes :
- Les gènes maternels qui commandent l’acquisition des polarités avant/arrière (c’est-
à-dire antéropostérieure) et haut/bas (c’est-à-dire dorso-ventral) de l’embryon.
- Les gènes sélecteurs homéotiques qui organisent les appendices (pattes, ailes,
antennes, etc.) caractéristiques de chaque segment. Les mutations de ces gènes
produisent d’étranges animaux : pattes à la place d’antennes chez les mutants
antennapedia ; pattes à la place de trompes chez les mutants proboscipedia ;
doubles paires d’ailes chez les mutants bi-thorax.
Nous pouvons donc dire, après cette brève évocation de l’ontogénèse, que l’édification
complète et harmonieuse d’un être vivant dépend à la fois de l’inaltération de son ADN
contenu dans le zygote et de la coordination parfaite (régulation) de l’expression des
gènes. Faute de quoi, certains individus présenteront un écart par rapport au modèle
phénotypique de leur espèce.
25
Le premier exemple est celui de l’albinisme chez l’homme.
La mélanine est le pigment qui assure la coloration de la peau, des cheveux, des yeux,
etc. Cette substance provient du métabolisme d’un acide aminé, la phénylalanine (Phe)
comme le montre la chaîne simplifiée des réactions biochimiques que voici :
E1 E2 E3 G3
G1 G2 Mélanine
L = type Lunulatum
26
27
De nombreux croisements entre ces races ont permis de montrer que le
polychromatisme chez Sphaeroma est gouverné par quatre (4) couples d’allèles
indépendants notés D/d, L/l, O/o, S/s. Les interactions épistatiques entre ces gènes (les
allèles en majuscule sont dominants) se présentent comme suit :
28
DDLLOOSS
ou
DDLLOOSs
Type Signatum
ou
ddllooSS
ou
ddllooSs
DDLLOOss
ou
DDLLOoss
ou Type Ornatum
ddllOOss
ou
ddllOoss
DDLLooss
ou
DDLlooss
ou Type Lunalatum
ddLLooss
ou
ddLlooss
DDllooss
ou Type Discretum
Ddllooss
29
Un troisième exemple tout aussi révélateur est celui de la drosophile (Drosophila
melanogaster).
Lorsqu’on étudie des populations naturelles de drosophile où la souche sauvage ou
souche de référence a pu être identifiée, on constate l’existence de plusieurs souches
(races) qui se distinguent de la souche sauvage par un ou plusieurs caractères relatifs à
toutes les parties du corps de l’animal. Ces souches dites mutantes proviennent pour la
plupart de mutations ponctuelles portant sur des gènes qui gouvernent ces caractères.
Dans le tableau 2 nous rapportons quelques-uns des caractères distinctifs, quand on
compare les races mutantes à la sauvage. L’interprétation du tableau 2 fait apparaître
que les mutations géniques ponctuelles sont une source inépuisable de diversité
génétique. En effet, les quelques exemples de mutations rapportés dans ce tableau
permettent de montrer l’existence de 16 races simple mutantes. Nous verrons plus tard
comment la recombinaison génétique et la fécondation permettent d’obtenir davantage
de races encore.
Le même phénomène s’observe chez les végétaux car le polychromatisme des fleurs,
des fruits, des feuilles, des tiges, ainsi que les variations de la forme des feuilles, des
fruits, etc. sont déterminés par des mutations géniques ponctuelles.
Chez la courge (plante diploïde) par exemple, la forme du fruit est sous le contrôle
génétique de deux couples d’allèles indépendants A/a et R/r (les allèles en majuscule
sont dominants) en interaction épistasique (l'interaction existant entre deux ou plusieurs
gènes). Il y a épistasie lorsqu'un ou plusieurs gènes (dominants ou récessifs) masquent
ou empêchent l'expression de facteurs situés à d'autres lieux génétiques (locus) telle
que :
- La présence simultanée de A et R à l’état homozygote ou hétérozygote dans le
génotype détermine le phénotype ‘’fruit en disque’’.
- La présence de A ou R à l’état homozygote ou hétérozygote dans le génotype
détermine le phénotype ‘’fruit rond’’.
- Le génotype double homozygote récessif détermine le phénotype ‘’fruit allongé’’.
Les correspondances entre génotypes et phénotypes sont les suivantes :
AARR AArr
ou ou
AaRR Aarr
ou Fruit en disque ou Fruit rond aarr Fruit allongé
AARr aaRR
ou ou
AaRr aaRr
30
Tableau 2 : Diversité phénotypique chez la drosophile induite par les mutations géniques
ponctuelles. Les couples d’allèles gouvernant les caractères sont indiqués entre
parenthèses
v Arrondi
31
3.2. Mutations chromosomiques structurales et biodiversité
Bien que les chromosomes soient des éléments relativement stables, ils peuvent subir
des changements structuraux accidentels, appelés aussi aberrations chromosomiques,
qui contribuent dans une large mesure à la diversification biologique.
Une aberration chromosomique qui ressemble à la précédente est la perte d’un segment
interstitiel de chromosome ; c’est ce que l’on appelle une « délétion ». Mais il arrive
parfois que l’on utilise le même terme « délétion » ou « déficience » pour désigner ces
deux types d’aberrations chromosomiques.
ABCDEF JKLM NO
A B
ABCDEF JKLM NO
2 paires de chromosomes originaux
32
Une autre modification structurale de chromosome est "l’inversion" qui se produit
lorsqu’un segment de chromosome occupe une position inversée par rapport à sa
situation d’origine (Figure 5A). On peut supposer que la formation de cette aberration
débute avec l’établissement d’une boucle suivie d’une double cassure. Les segments
isolés se soudent de telle manière que le segment provenant de la boucle soit inversé.
Figure 5 :
33
Le dernier type de modification chromosomique structurale est la « translocation ». Elle
résulte d’échanges de segments entre chromosomes non homologues. Il existe trois
types de translocations :
- Le Shift qui est le transfert d’un segment intercalaire d’un chromosome dans une
partie d’un autre chromosome non homologue. Cette opération requiert trois
cassures.
Dans la nature, les aberrations structurales comme les déficiences et les délétions ne
semblent jouer qu’un rôle très minime sur la diversification biologique. En effet, ces deux
types d’accidents chromosomiques en particulier ont généralement un caractère létal,
c’est-à-dire qu’ils sont incompatibles avec la vie.
Les translocations et les inversions, cependant, semblent avoir joué un rôle très
important dans la diversification biologique. Nous allons le montrer à travers quelques
exemples relatifs aux translocations.
Figure 6B
35
Dans la superfamille des Acridoïdae (insectes orthoptères), Robertson a montré par une
étude des caryotypes que chez la plupart des espèces le caryotype est constitué par 23
chromosomes acrocentriques, soit 11 paires d’autosomes et 1 chromosome X. Chez une
minorité d’espèces, on a 2n = 21, 2n = 19, 2n = 17, mais chez celles-ci il y a toujours
présence d’un certain nombre de chromosomes métacentriques, le nombre de bras étant
toujours égal à 23. Cette situation s’explique comme suit :
Chez l’homme, on sait que l’une des causes de l’apparition du mongolisme (trisomie 21)
ou syndrome de Down est la survenue d’une translocation équilibrée entre l’un des
chromosomes 21 et l’un des chromosomes de l’une des paires de chromosomes du
groupe D (13, 14, 15). Cette translocation qui implique le bras long (q) du chromosome
21 et le bras long du chromosome 13, 14 ou 15 est symbolisée par tDq21q (t13q21q,
t14q21q, t15q21q). Un individu mâle ou femelle porteur d’une translocation tDq21q a un
phénotype tout à fait normal, mais garde la possibilité de donner naissance à un enfant
mongolien suivant le mécanisme schématisé ci-après :
36
21
21
21 14
14 t14q21q
14
21 21 21
21
14 21 14 14 14 21
14 14
I II III IV V VI
37
d’hybridation entre deux races, cette homologie monobrachiale sera un obstacle à la
formation de gamètes normaux lors de la méiose. La fertilité même des hybrides est
mise en cause par ce processus qui établit ainsi une barrière d’isolement reproductif,
empêchant du même coup un flux de gènes entre les races. L’apparition de ces barrières
reproductives constitue les prémices de la spéciation, c’est-à-dire de la diversification
des espèces.
Figure 7 :
38
3.3. Mutations chromosomiques numériques et biodiversité
- Les variations numériques aneuploïdes qui n’affectent qu’une partie du stock ou lot
de chromosomes de la cellule ou de l’individu.
Elles peuvent revêtir plusieurs formes dont nous ne citerons que quelques-unes :
39
Toujours chez la drosophile, les mouches monosomiques X sont mâles comme les XY.
Pour aborder les mutations chromosomiques numériques euploïdes qu’on appelle aussi
la polyploïdisation, faisons une distinction entre le nombre de chromosomes du gamète
qui est désigné par la lettre n et le nombre de chromosomes constitutif du génome de
base qui est désigné par la lettre x. chez les diploïdes, 2n = 2x ; chez les polyploïdes,
cette relation n’est plus vérifiée comme nous le verrons à travers de nombreux
exemples.
40
Considérons une espèce végétale comme Festuca ovina qui contient des formes ou
sous-espèces ayant 14, 28, 42, 49, 56 et 70 chromosomes (Bidault, 1968). Pour
l’ensemble de ces nombres, le plus petit commun multiple (7) représente le nombre de
base de l’espèce ou génome de base; on peut donc dire que dans cet exemple x = 7. Le
nombre le plus faible de cette série (14) représente 2 fois le nombre de base et on dit
qu’il est le nombre diploïde de l’espèce; on a 2n = 2x = 14 (n = x = 7). Les autres formes
dont les nombres chromosomiques sont des multiples de 7 sont qualifiées de
polyploïdes. Dans cette série nous avons donc :
2n = 4x = 28 = tétraploïde
2n = 6x = 42 = hexaploïde
2n = 7x = 49 = heptaploïde
2n = 8x = 56 = octoploïde
2n = 10x = 70 = décaploïde.
41
x jument) et le bardot (ânesse x cheval), sont stériles. La formation des allopolyploïdes
segmentaires est donc subséquente à une hybridation entre deux types ayant des
génomes voisins. Si les formules génomiques de ces types sont AA, BB, CC, etc. et A’A’,
B’B’, C’C’, etc. l’hybride aura la constitution AA’, BB’, CC’, etc. S’il survient un
doublement du stock chromosomique de cet hybride, on obtient un allopolyploïde
segmentaire ayant la constitution AAA’A’, BBB’B’, CCC’C’, etc.
L’exemple classique d’allopolyploïdie segmentaire est celui que l’on connaît chez
Primula kewensis. Cette espèce végétale est issue du croisement spontané entre
Primula verticillata et Primula floribunda, deux espèces diploïdes (2n = 2x =18). A
l’origine, l’hybride F1 diploïde fut entièrement stérile mais au bout de quelques années,
cet hybride vivace donna naissance à un pied fertile tétraploïde (2n = 4x = 36) par la
fusion de gamètes non réduits.
Un exemple bien connu d’allopolyploïdes vrais est celui de l’espèce végétale Galeopsis
tetrahit qui est un allotétraploïde avec 2n = 4x = 32 chromosomes. Muntzing (1930) a pu
exécuter expérimentalement une synthèse de cette espèce à partir de deux espèces
supposées parentes : Galeopsis pubescens (2n = 2x = 16) et Galeopsis speciosa (2n =
2x = 16). L’hybride obtenu, moyennement fertile, a donné une descendance variée parmi
laquelle une forme triploïde (2n = 3x = 24) qui a été croisée en retour avec Galeopsis
pubescens pour obtenir le Galeopsis tetrahit artificiel. La fécondation d’un gamète non
réduit (2n = 24) provenant de l’hybride triploïde par un gamète normal (n = 8) venant de
Galeopsis pubescens permet d’expliquer ce résultat. Le galeopsis artificiel créé par
Muntzing se croise parfaitement avec le galeopsis naturel.
Dans le complexe d’espèces de blé, il existe des diploïdes, des allotétraploïdes et des
allohexaploïdes tels que :
Chez les chrysanthèmes, il existe une série polyploïde à côté de l’espèce diploïde :
43
● Les autoallopolyploïdes : comme leur nom l’indique, ils sont une combinaison
d’autopolyploïdie et d’allopolyploïdie. Ils ne peuvent donc exister qu’à partir du niveau de
l’hexaploïdie. Nous nous contenterons de mentionner ici le cas de Phleum pratense qui
est hexaploïde et dont la formule génomique serait AAAABB, dans laquelle A est le
génome de Phleum nodosum et B celui de Phleum alpinum (Nordenskjold, 1941, 1945).
La polyploïdie, quasi inexistante dans le règne animal, a joué un rôle majeur dans
l’évolution des végétaux en assurant la diversification des familles et des genres
(paléopolyploïdie), ainsi que celle des espèces et des variétés (néopolyploïdie)
(Wagner et Wagner, 1979). En effet, elle est observée dans tous les grands groupes
végétaux (Algues, Bryophytes, Ptéridophytes, Gymnospermes et Angiospermes). Dans
le cas des Angiospermes, de nombreux auteurs ont estimé que la fréquence de la
polyploïdie est égale à 50 % (Darlington, 1937), 47 % (Grant, 1963), 30-35 % (Stebbins,
1971).
Artificiellement, les polyploïdes sont produits par divers procédés : action du froid et de
certaines substances chimiques comme la colchicine, l’acénaphtalène, les dérivés
halogénés du naphtalène, etc.
44
45
4. INFLUENCE DES PHENOMENES DE RECOMBINAISON GENETIQUE ET DE
FECONDATION
Les modifications qui affectent la structure de l’ADN sous les formes de mutations
géniques ponctuelles, chromosomiques structurales et chromosomiques numériques
sont les seules sources d’innovations génétiques sans lesquelles la diversification
biologique (ou évolution biologique) est impossible. Cependant, les gènes nouveaux
apparus suite aux mutations sont figés dans l’environnement des autres gènes avec
lesquels ils partagent le même chromosome. Par ailleurs, dans un contexte diploïde ou
polyploïde, l’expression phénotypique d’un gène mutant n’est immédiatement perceptible
que si celui-ci est dominant. Or, la plupart des gènes mutants sont récessifs et leur
incidence sur le phénotype n’est donc pas immédiate. C’est ici qu’intervient le rôle
déterminant des phénomènes de recombinaison génétique et de fécondation chez les
organismes à reproduction sexuée. Il existe deux types de recombinaisons génétiques :
la recombinaison interchromosomique et la recombinaison intrachromosomique.
Par ailleurs, chaque gamète étant pur (première loi de Mendel), c’est-à-dire haploïde, la
rencontre de deux gamètes portant chacun un gène récessif pour le même locus permet
la formation d’un génotype homozygote et, subséquemment, l’expression phénotypique
des gènes récessifs masqués par l’hétérozygotie. C’est là que réside l’autre aspect très
important de la reproduction sexuée qui est de permettre une explosion de diversité
phénotypique corrélativement à la diversité génotypique.
47
Les croisements entre simple mutants de souche pure dans lesquels ces deux
caractères sont impliqués donneront des descendants F1 double hétérozygotes de
phénotype sauvage. Ensuite, les croisements de ces mouches F1 entre elles donneront
des descendants parmi lesquels certaines mouches sont sauvages de génotype d+d+j+j+,
d+d+j+j, d+dj+j+ et d+dj+j, d’autres simple mutantes pour l’un ou l’autre des deux caractères
et de génotypes ddj+j+, ddj+j, d+d+jj, d+djj et d’autres encore, double mutantes de
génotype ddjj. Si les mouches double mutantes ainsi obtenues sont croisées avec des
mouches simple mutantes de race pure aux yeux marrons, par exemple, et de génotype
d+d+j+j+mama, on obtient en F1 des mouches triple hétérozygotes de phénotype sauvage
dont les croisements entre elles donneront des descendants présentant des génotypes
et phénotypes variés dont des triple mutants : d+d+j+j+ma+ma+, ddj+j+ma+ma+, d+d+jjma+ma+ ,
d+d+j+j+mama, ddj+j+mama, d+d+jjmama, , , ddjjmama, etc. Les génotypes sont écrits en ligne
pour ne pas tenir compte de l’indépendance ou de la liaison des gènes.
C’est de cette manière que nous pouvons obtenir à partir des 16 races simples mutantes
du tableau 2, 84 races double mutantes et 144 races triple mutantes. Donnons quelques
exemples de races double mutantes et triple mutantes :
49
1940, ce qui lui a valu le prix Nobel en 1983), puis chez les phages, bactéries,
champignons, insectes, virus, et animaux plus complexes.
Les éléments transposables peuvent être de deux types. Le premier est une séquence
relativement courte d’ADN qui a la capacité de « sauter » d’un point à un autre du
génome. Ces éléments contiennent généralement un ou quelques gènes, parmi lesquels
le gène d’une enzyme nécessaire à la transposition appelée transposase. Ces éléments
se retrouvent chez les Procaryotes et les Eucaryotes. Le second type d’éléments
transposables doit passer par un ARN intermédiaire (un ARNm) qui est converti en ADN
avant que ce dernier ne soit inséré en un nouveau site du génome. Ces éléments sont
dénommés rétrotransposons et montrent des analogies avec les rétrovirus. Ils se
rencontrent principalement chez les organismes eucaryotes. Par ailleurs, les éléments
transposables peuvent êtres fonctionnels, c’est-à-dire capables d’assurer eux-mêmes
leur transposition, ou non fonctionnels dans le cas où ils ne pourraient induire à eux
seuls leur déplacement.
Il est apparu que le processus de la transposition joue un rôle non négligeable dans
l’organisation de l’information génétique et dans la régulation de son expression. Ainsi, la
transposition peut provoquer des mutations ; elle est donc une source potentielle de
modifications génomiques, et subséquemment, de diversité biologique.
En effet, les éléments transposables peuvent emmener dans leur déplacement des
séquences d’ADN adjacentes, engendrant ainsi des mutations ou peut-être des sites de
recombinaison au sein du génome. Lorsqu’un transposon se trouve inséré dans la région
codante d’un gène, il interrompt cette dernière et inactive l’expression du gène concerné.
De plus, les éléments transposables peuvent contenir des signaux de fin de transcription
et/ou de traduction qui bloquent l’expression d’autres gènes situés en aval du site
d’insertion, ce qui est le cas dans les opérons. Cet effet mutationnel unidirectionnel (ou
polarité) est décrit sous le terme de « mutation polaire ». La transposition peut aussi
aboutir à l’induction d’activités oncogéniques ou déclencheuses de cancer.
En provoquant des modifications génomiques brutales auxquelles sont associées des
variations phénotypiques inattendues, les éléments transposables se révèlent être une
source d’accélération de l’évolution à l’instar des variations structurales et numériques
des chromosomes. Quelques exemples de modifications phénotypiques provoquées par
les éléments transposables sont donnés par les figures 9B et 10.
50
Figure 9 :
51
Figure 10 :
52
B. INTERET, EROSION ET CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE
1. INTERET DE LA BIODIVERSITE
Le terme biodiversité peut être remplacé aussi par le terme « ressources génétiques »
puisque ces deux concepts désignent l’ensemble des êtres vivants qui peuplent la terre.
Or, nous avons déjà vu que la taxonomie classique regroupe les êtres vivants en de
grands ensembles qui vont du règne à l’espèce. C’est dans cette logique que les
ressources génétiques sont divisées en deux grandes entités : les ressources
phytogénétiques (ensemble des êtres vivants constituant le règne végétal) et les
ressources zoogénétiques (ensemble des êtres vivants constituant le règne animal).
Dans ce cours, nous n’avons pas abordé le fonctionnement des écosystèmes dans
lesquels sont intégrées les ressources génétiques en fonction de leurs exigences vitales.
Dans les systèmes écologiques qui constituent la biosphère, les espèces vivantes sont
interdépendantes si bien que l’intégrité de chaque composante est indispensable pour
l’équilibre de l’ensemble. Autrement dit, l’existence de chaque espèce dépend de celle
des autres espèces. Comme nous le savons, la biosphère représente la partie de
l’écorce terrestre et de l’atmosphère contenant une vie organique. Le maintien de la
biosphère est assuré par l’existence-même de la biodiversité dont l’importance vitale
apparait ainsi. En effet, la diversité intraspécifique est indispensable pour assurer à
l’espèce une plus grande souplesse d’adaptation quand les conditions du milieu
changent radicalement. Cette assertion s’applique aussi aux genres, familles, ordres,
etc. C’est par ce principe qu’on peut expliquer la survie de nombreuses espèces
animales et végétales après la disparition en masse d’autres espèces tout au long de
l’histoire évolutive de la vie sur terre. Par exemple, dans le règne végétal les
gymnospermes étaient prédominantes au carbonifère mais aujourd’hui ce sont les
angiospermes qui prédominent.
Dans les paragraphes qui vont suivre, nous allons seulement montrer comment l’homme
a su tirer profit de la biodiversité ou ressources génétiques en sélectionnant des espèces
animales et végétales adaptées à ses besoins par le phénomène de la domestication.
En effet, ayant constaté que sa survie dépendait des animaux et des plantes (arbres
fruitiers, tubercules, graminées, etc.), l’homme a commencé à organiser d’abord la
cueillette et la chasse, et ensuite l’agriculture et l’élevage. Les premiers champs
constitués par l’homme étaient basés sur des populations végétales naturelles. En
remarquant par exemple que certaines graminées sont plus abondantes dans certaines
53
zones écologiques que dans d’autres, l’homme s’est contenté dans un premier temps à
sauvegarder ces zones. Mais la gestion de ces réservoirs d’aliments n’était pas toujours
facile car, mis à part la distance qui séparait son habitat de la zone de cueillette, il n’était
pas le seul qui avait accès à ces ressources.
Certains historiens pensent que les premières guerres qui ont eu lieu entre les peuples
primitifs étaient justifiées par la farouche volonté de contrôler les zones comportant ces
ressources. L’homme a fini par décider de rapprocher ces ressources de son habitat, et
c’est ainsi que sont nés les premiers champs autour des zones d’habitation. Ces champs
contenaient évidemment des plantes alimentaires très variées que l’homme s’évertuait à
reproduire. De cet effort est née l’agriculture. L’homme s’est rendu compte que la
diversité était très avantageuse pour lui, car ce qui lui permettait de survivre dans les
périodes difficiles c’était de pouvoir disposer de ressources alimentaires dont
l’exploitation pouvait s’étaler sur toute l’année. De toute évidence, aucune espèce
végétale ne pouvait à elle seule satisfaire cette condition.
De plus, l’homme a remarqué que même pour une espèce végétale donnée, il existe des
formes plus vigoureuses que d’autres, des formes qui supportent mieux les conditions
climatiques que d’autres. Et comme il ne pouvait pas prédire la situation future dans
laquelle il se trouverait, il a judicieusement conservé la diversité naturelle. Dans ce
processus de domestication, l’homme s’est aussi rendu compte que la proximité qu’il a
artificiellement créée en regroupant différents individus de la même espèce qui ont des
caractéristiques différentes entrainait la combinaison entre ces caractères dans les
descendances.
Petit à petit, l’homme est arrivé à regrouper dans un nombre limité de génotypes ou
d’individus beaucoup de caractères intéressants pour lui. C’est ainsi que la
domestication a permis d’aboutir à l’amélioration variétale. Ce processus d’amélioration
qui a évolué à travers les âges est à la base de l’agriculture moderne. Il est donc évident
que l’homme est capable de changer le cours de l’évolution. Par la domestication, il a su
contrôler durant des milliers d’années la reproduction des espèces sauvages pour
adapter leur évolution à ses besoins propres. Du blé, du riz, du maïs, des vaches, des
poulets et des chiens sont tous dérivés d’espèces sauvages.
Dans le cas des espèces animales, il semble maintenant évident que le bétail bovin a été
domestiqué trois fois depuis le bœuf sauvage maintenant éteint (Bos primigenius) appelé
Auroch. Le résultat est l’obtention de deux espèces domestiquées : Bos taurus (le
taureau domestique) et Bos indicus (le zébu à bosse). Quant aux poulets actuels, ils ont
été domestiqués à partir d’une volaille de la jungle asiatique méridionale. Pour ce qui
concerne les chiens, ils ont été domestiqués à partir des loups gris en plusieurs étapes.
Ainsi, la remarquable diversité des chiens représente les effets d’une sélection artificielle
sur un nombre restreint de loups domestiqués (Figure 11).
55
Figure 11 : Diversification des chiens sous la pression de la domestication
56
2. EROSION DE LA BIODIVERSITE
L’histoire de la biologie évolutive montre qu’il existe de nombreuses pressions érosives
de la diversité biologique. Ces pressions sont d’origines naturelle et anthropique. En
effet, de nombreux facteurs naturels comme les incendies de forêt provoqués par des
foudres et des coulées de laves volcaniques chaudes, les émissions de gaz volcaniques
toxiques, les cataclysmes provoqués par les chutes de grosses météorites, les
glaciations etc., ont entrainé des extinctions à grande échelle d’espèces animales et
végétales, réduisant de manière impressionnante la biodiversité. Nous en avons pour
preuves, la crise de la fin du Dévonien (-365 millions d’années) qui a vu la disparition
d’environ 70 % des espèces, la crise de la transition Permien/Trias (-245 millions
d’années) qui a entrainé la disparition d’environ 95 % des espèces, celle de la fin du
Trias (-205 millions d’années) à laquelle on attribue la disparition de 60 % des espèces
et la dernière grande crise de la transition Crétacé/Tertiaire (-65 millions d’années) qui a
provoqué la disparition d’environ 70 % des espèces dont tous les gros reptiles comme
les Dinosaures. On pense qu’aucune espèce strictement terrestre de plus de 25 kg n’a
survécu à cette crise.
A cela, s’ajoutent les effets dévastateurs de l’environnement induits par les activités
relatives au développement humain : industrialisation polluante, urbanisation accélérée
(du fait de l’explosion démographique), déforestation à grande échelle pour la réalisation
de grands projets agro-industriels et de cultures de subsistance, incendies de forêts
allumés par l’homme, chasse incontrôlée des animaux, catastrophes maritimes
provoquées par l’exploitation et le transport de pétrole etc. Ces pressions anthropiques
érosives de la biodiversité sont si agissantes que de nombreuses espèces animales et
végétales actuelles ont disparu ou sont en voie de l’être (espèces endémiques).
Cependant dans ce paragraphe, nous parlerons brièvement de l’érosion de la
biodiversité sous la seule pression de facteurs d’ordre génétique tels que la sélection
naturelle, la sélection artificielle, la dérive génétique aléatoire et la consanguinité. En
d’autres termes, nous ne donnerons rien qu’un bref aperçu des effets des forces
d’érosion de la variabilité génétique, c’est-à-dire de l’appauvrissement en gènes des
espèces.
● Dérive génétique : C’est le phénomène qui conduit à la fixation des allèles dans les
lignées d’effectif génétique limité. Elle se produit à chaque génération du fait du faible
effectif des fluctuations aléatoires des fréquences alléliques qui vont jusqu'à entraîner la
perte de certains autres. Le processus de dérive conduit donc à une érosion complète de
la variabilité génétique s’il n’est pas compensé par un certain degré de migration, venant
57
éventuellement d’autres lignées en dérive, mais qui n’auront pas fixé les mêmes allèles
puisque c’est un processus aléatoire.
● Sélection naturelle : C’est le phénomène qui agit sur les différences d’adaptation des
individus. En effet, dans un milieu de vie caractérisé par des conditions stables (froid,
chaleur, sécheresse, pluviosité, humidité, lumière, compétition, parasitisme, prédation
etc.), les individus dont les phénotypes sont les moins adaptés sont éliminés en masse.
Seuls les mieux adaptés survivent et transmettent à leurs descendants leurs caractères
adaptatifs. En éliminant directement les phénotypes les moins adaptés, la sélection
naturelle élimine indirectement les génotypes qui les gouvernent. De cette manière, des
espèces entières peuvent être éliminées au profit d’autres espèces qui prennent le
dessus. En agissant ainsi, la sélection naturelle occasionne une grande perte de
variabilité génétique.
58
Cette érosion génétique, consubstantielle à la sélection artificielle, est source de danger.
Un exemple concret nous vient du maïs dont la variété CMS-T (Cytoplasmique Male
Stérile-Texas) était utilisée pour la constitution des champs (80%) dans les années 60-70
aux USA. Malheureusement, l’apparition d’une souche mutante d’un champignon appelé
Helminthosporium maydis, à laquelle la variété CMS-T était seule sensible, a entrainé
une catastrophe agricole en 1970 par la perte de 80% de la production de maïs. Cet
évènement majeur a suscité une prise de conscience mobilisatrice de la nécessité
absolue de conserver la variabilité génétique. Ainsi, sont nés les grands programmes de
conservation des ressources génétiques.
La conservation in-situ d’un matériel biologique consiste en son maintien dans son
écosystème naturel en prenant toutes les dispositions pour sauvegarder l’équilibre de cet
écosystème. Sous cette forme, on peut citer : les aires protégées, les parcs nationaux,
les forêts classées, les réserves naturelles et les forêts sacrées.
• Les collections en champ : Elles sont faites pour les cultures vivrières, les cultures
annuelles, les plantes médicinales, etc.
• Les collections en chambre froide : Elles sont faites pour les semences comme les
graines.
59
• Les collections in vitro : Elles consistent en la conservation de plantes sous forme de
micro-boutures repiquées en milieux de culture artificiels totalement aseptisés.
• La cryoconservation : Elle est faite pour les embryons ou autres structures cellulaires
embryogéniques, à des températures inhibant toutes les fonctions biologiques, sans
pour autant tuer les tissus.
60
CONCLUSION
61
Nous savons que les pressions venant des facteurs du milieu agissent directement sur
les phénotypes individuels. Les réponses différentielles produites par les individus sous
ces pressions déterminent leur adaptation ou leur élimination : c’est le phénomène de la
sélection naturelle. Les divergences intraspécifiques qui en résultent, si elles sont
accompagnées par des phénomènes d’isolement (l’isolement écologique par exemple),
peuvent conduire à la naissance d’écotypes. Un écotype se définit comme étant une
population dont les caractéristiques héréditaires sont le produit de la réaction entre les
génotypes et le milieu. C’est le résultat de l’action sélective des facteurs prédominants
du milieu qui éliminent les biotypes défavorables et produit des populations
génétiquement adaptées. Si cette différenciation intraspécifique se maintient et s’il s’y
ajoute des phénomènes d’isolement reproductif (isolement prézygotique, isolement
zygotique, isolement postzygotique), elle conduira à la différenciation spécifique, donc à
la spéciation (c’est-à-dire la naissance de nouvelles espèces). La spéciation est le
moyen par lequel la diversité de la vie s’est produite.
Les différences génétiques entre individus au sein des populations d’une espèce
constituent donc le point de départ de l’explosion de diversité que nous constatons entre
les espèces et les grands groupes d’espèces.
C’est la biodiversité qui assure l’équilibre de la biosphère car toutes les espèces vivantes
sont interdépendantes. Malheureusement, les civilisations humaines sont en train de
compromettre cet équilibre. Grâce à la diversité génétique qui prédispose les espèces
vivantes à toutes les formes d’adaptation, les chances de survie aux changements
imprévisibles des conditions du milieu sont garanties à tous les groupes d’êtres vivants.
C’est pourquoi, nous pensons que le plus grand défi que toutes les civilisations
humaines actuelles se doivent de relever absolument est celui de la préservation de la
biodiversité. Du succès de cet enjeu dépendent notre survie et celle de toutes les autres
espèces.
62
TRAVAUX DIRIGES
EXERCICE 1
1. A partir du modèle hypothétique d’un gène que voici, expliquez les notions
de :
-Gènes allèles
-Réplication de l’ADN
-Transcription de l’ADN
-Traduction de l’ADN
3’TACCTACAAGGTAAGATGTTTCCAGTAATT 5’
5’ATGGATGTTCCATTCTACAAAGGTCATTAA 3’
2. On admet que la protéine enzymatique codée par ce gène catalyse la
dernière étape de la biosynthèse de la mélanine. En faisant intervenir une
mutation faux-sens ou une mutation non-sens par substitution portant sur le 7è
triplet de bases, expliquez la variation phénotypique qui peut affecter le
mutant.
EXERCICE 2
EXERCICE 3
EXERCICE 4
EXERCICE 5
EXERCICE 6
EXERCICE 7
64
EXERCICE 8
EXERCICE 9
65
LE CODE GENETIQUE
66
CORRIGES TRAVAUX DIRIGES
EXERCICE 1
Deux gènes sont dits allèles quand l’un dérive de l’autre par mutation. Un allèle
est donc une version alternative d’un gène.
Considérons l’exemple du système de groupes sanguins ABO chez l’homme et
admettons que le modèle de gène donné dans l’exercice correspond à la version
A du gène qui gouverne ce système.
Figure 2 :
A = 5’ ATGGATGTTCCATTCTACAAAGGTCATTAA 3’
G T
Si, par mutation, la 15è paire de base C est remplacée par A nous aurons la
version B du même gène telle que :
1 5 10 15 20 25 30
3’ TACCTACAAGGTAATATGTTTCCAGTAATT 5’
B = 5’ ATGGATGTTCCATTATACAAAGGTCATTAA 3’
T C
Si, par une autre mutation, la 20è paire de base est remplacé par G
nous
A
aurons la version O du même gène telle que :
1 5 10 15 20 25 30
O = 3’ TACCTACAAGGTAAGATGTCTCCAGTAATT 5’
5’ ATGGATGTTCCATTCTACAGAGGTCATTAA 3’
A, B et O sont donc trois allèles ou versions alternatives d’un même gène.
67
1.2. Notion de réplication de l’ADN
3’ TACCTACAAGGTAAGATGTTTCCAGTAATT 5’
5’ ATGGATGTTCCATTCTACAAAGGTCATTAA 3’
5’ ATGGATGTTCCATTCTACAAAGGTCATTAA 3’
3’ TACCTACAAGGTAAGATGTTTCCAGTAATT 5’
68
1.4. Notion de traduction de l’ADN
Codon Codons
ARNm
AUG UAA ou UAG ou UGA
Genon Genons
ADN
TAC ATT ou ATC ou ACT
En plus d’être initié et ponctué, le code génétique est dégénéré, non chevauchant
et non ambigu.
69
- Une mutation non-sens est une mutation qui change un codon à spécificité
d’acide aminé en un codon de terminaison (codon d’arrêt);
corrélativement, elle entraîne l’arrêt prématuré de la formation de la
chaîne d’acides aminés pendant la traduction. La protéine n’est donc pas
synthétisée.
Le modèle de gène qui nous est proposé contient 10 triplets de bases au niveau
de l’ADN, donc 10 genons.
Admettons que le brin 3’ 5’ est le brin codant de ce gène puisqu’il
commence par un genon d’initiation (TAC) et se termine par un genon d’arrêt
(ATT). Le 7è triplet de bases ou 7è genon de ce gène est TTT.
Déterminons la séquence des acides aminés de la protéine codée par le gène et
qui catalyse la dernière étape de la biosynthèse de la mélanine :
ADN : 3’ TACCTACAAGGTAAGATGTTTCCAGTAATT 5’
Transcription
ARNm : 5’ AUGGAUGUUCCAUUCUACAAAGGUCAUUAA 3’
Traduction
Protéine: Met – Asp – Val – Pro – Phe – Tyr – Lys – Gly – His
70
EXERCICE N°2
Les quatre couples d’allèles en jeu sont : D/d, L/l, O/o et S/s. Ils sont
indépendants. Chez les organismes diploïdes nous avons trois génotypes pour un
couple d’allèles.
D D d O O o
D/d , et O/o , et
D d d O o o
L L l S S s
L/l , et S/s , et
L l l S s s
O S D L O S
O S D L O S
L O S L O S
D
L o s L O s
D
L o
D s D L O s
D l o
s D L O s
. .
l
. .
. l .
. .
. .
C’est ainsi qu’on arrive à identifier les 81 génotypes possibles.
71
2. Les génotypes non mentionnés des types Signatum, Ornatum et Lunulatum :
Les génotypes de ces types se déduisent aisément de la première question en
tenant compte des interactions entre les gènes indiqués dans le cours. Les
génotypes non mentionnés sont au nombre de 50 pour Signatum, 14 pour
Ornatum et 2 pour Lunulatum.
EXERCICE N°3
72
73
Pour notre modèle à 2n = 8 (n = 4), le nombre de types de gamètes produits par
recombinaison interchromosomique est égal à 16, soit 24 = 2n.
2. La recombinaison intrachromosomique est le processus de brassage par
crossing-over des allèles portés par le même chromosome et qui ne concerne
donc que la même paire de chromosomes homologues. La recombinaison
intrachromosomique se produit à la première division de la méiose, plus
précisément à la prophase quand les chromosomes homologues sont appariés.
Considérons le même modèle précédent avec cette fois-ci les quatre couples
d’allèles portés par l’une des paires de chromosomes, avec les allèles dominants
sur l’un des homologues et les allèles récessifs sur l’autre homologue.
74
C P C P
R S RS
+
c p r s
c p
r s
C P C P
R S RS
+ Gamètes recombinés
c p
c p r s r s
c P R c P
S RS
+ Gamètes recombinés
C p r s C p
r s
C P C P
r s r s
+ Gamètes recombinés
c p R S c p
RS
75
76
Par recombinaison intrachromosomique, on obtient aussi 16 types de gamètes.
EXERCICE N°4
Les chromosomes se distinguent les uns des autres par leur longueur totale et par
la position du centromère. Chaque chromosome est séparé en deux bras par le
centromère. Le bras long est appelé « bras q » et le bras court est appelé « bras
p»:
• Le chromosome est dit métacentrique quand q = p : q p
• Le chromosome est dit submétacentrique quand q est légèrement
supérieur à p : q p
• Le chromosome est dit acrocentrique quand le bras p est très petit :
77
q p
• Le chromosome est dit télocentrique quand le centromère est à l’extrémité
du chromosome : q
2. Le caryotype humain
Tous les types de gamètes produits par l’homme portant la translocation de type
(t14q21q) sont représentés dans les pages 36 et 37 du cours et numérotés I à VI.
La femme conjointe étant normale, elle ne produit que des gamètes normaux
correspondant au N°VI. Les combinaisons chromosomiques dans les zygotes
sont donc les suivantes :
I + VI 21 Zygote trisomique 14
(Létal) 78
14 14 14 21
II + VI Zygote monosomique 14
(Létal)
21 21 14
Zygote monosomique 21
III + VI (Létal)
14 14 21
21
Zygote normal mais portant une
V + VI translocation équilibrée t14q21q
21 14 14
Zygote normal
VI + VI
21 21 14 14
EXERCICE N°5
EXERCICE N°6
80
Une hybridation entre l’espèce diploïde à 18 chromosomes et l’espèce
hexaploïde à 54 chromosomes suivie d’un dédoublement chromosomique
permet d’expliquer l’existence de l’espèce octaploïde C. arcticum (2n = 8x =
72).
Les croisements C. praealtum (2n = 4x = 36) x C. sibiricum (2n = 6x = 54) ou
C. argenteum (2n = 2x = 18) x C. arcticum (2n = 8x = 72) suivis de
dédoublements chromosomiques des hybrides permettent d’expliquer l’existence
de l’espèce décaploïde C. pacificum (2n = 10x = 90).
81
EXERCICE N°7
1 1 3 3 5 5 7 7 9 9 11 11 13 13
2 2 4 4 6 6 8 8 10 10 12 12 14 14
1 1 3 3
2 2 4 4
82
1 1
1 1 3 3
2
Méiose 4
+ 5 bivalents
(Prophase1) 2 4
3 3
2 4 2 4
1 1 3 3 5 5
2 2 4 4 6 6
1 1 3 3 5 5 4
1
1 4
2 5
+ 4 bivalents
2 5
3 6
3 6
2 4 2 6 4 6
1 anneau de 6 chromosomes
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EXERCICE N°8
G. hirsutum x G. anomalum
Dédoublement chromosomique
L1 = AADD+B1 N°1
L2 = AADD+B1 N°2
L3 = AADD+ B1 N°3
L4 = AADD+B1 N°4
L5 = AADD+B1 N°5
L6 =AADD+B1 N°6
L7 = AADD+B1 N°7
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L8 = AADD+B1 N°8
L9 = AADD+B1 N°9
L10 = AADD+B1 N°10
L11 = AADD+B1 N°11
L12 = AADD+B1 N°12
L13 = AADD+B1 N°13
L’addition de chaque type de chromosome B1 au génome de G. hirsutum
provoque des modifications phénotypiques spécifiques du chromosome
additionnel.
Par exemple l’addition de B1 N°3 provoque un épaississement caractéristique
des feuilles, un grossissement des capsules qui deviennent globuleux et de
couleur vert sombre, un rougissement précoce des feuilles.
EXERCICE N°9
Pour déterminer les nombres chromosomiques des trois espèces données et les
relations évolutives du complexe Brassica, il faut faire les observations
suivantes:
- Lorsqu’un individu d’une espèce ou d’un hybride fait la méiose et qu’on
observe en métaphase à la fois des bivalents et des monovalents, c’est
que dans le stock de chromosomes d’un tel individu, on a la
contribution de deux génomes de base différents.
- Lorsqu’un individu d’une espèce ou d’un hybride fait la méiose et qu’on
observe en métaphase que des bivalents, c’est qu’il y a une homologie
parfaite entre les paires de chromosomes en présence. Ce qui n’est
possible que chez un diploïde ou chez un amphidiploïde.
- Lorsqu’un individu fait la méiose et qu’on observe en métaphase que des
monovalents, c’est qu’il n’existe aucune homologie entre les
chromosomes de cet individu. Cet individu peut être soit un hybride au
premier degré entre deux parents génétiquement distincts soit un
haploïde.
- Si l’individu dont on étudie la méiose est un hybride interspécifique et
qu’on observe à la métaphase des bivalents et des monovalents, le
nombre de bivalents correspond au nombre haploïde de chromosome de
l’une des espèces parentes de l’hybride; par ailleurs, l’autre espèce
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parente contient dans son génome, le génome de base de l’espèce
partenaire.
Ainsi, si nous considérons l’hybride interspécifique B. juncea par B. nigra, on
observe à la méiose 08 bivalents et 10 monovalents. Connaissant le stock de
chromosome de B. juncea qui est égal à 36, cet hybride interspécifique ayant 26
chromosomes possède 18 chromosomes de B. juncea et 08 chromosomes de B.
nigra. On en déduit le nombre haploïde de chromosomes de B. nigra qui est égal
aussi au nombre de bivalents si bien que le nombre diploïde de chromosomes de
B. nigra est 2n = 2 x 8 =16.
Le même raisonnement au niveau de l’hybride B. napus X B. campestris nous
permet de dire que le nombre diploïde de chromosomes de B. campestris est
égal à 2n = 2 x 10 = 20.
De la même manière on arrive à la conclusion que le nombre diploïde de B.
oleracea est égal à 2n =2 x 9 =18.
Brassica campestris x Brassica nigra
(2n = 20) (2n = 16)
2n = 18
Dédoublement
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1. Déterminons les nombres chromosomiques de B. nigra, B. campestris et B.
oleracea :
Lorsque deux chromosomes homologues sont appariés à la méiose, ils
constituent ce que l’on appelle un bivalent. Les chromosomes qui n’ont pas
d’homologues avec lesquels ils peuvent s’apparier constituent des monovalents.
Pour déterminer les nombres de chromosomes des espèces indiquées et établir
les relations évolutives dans le complexe d’espèces de chou, il nous faut faire les
remarques suivantes :
- Quand l’étude de la méiose d’un individu ne montre que des bivalents c’est que
cet individu est un diploïde ou un amphidiploïde (allotétraploïde).
- Quand l’étude de la méiose d’un individu ne montre que des monovalents c’est
qu’il n’existe aucune homologie entre ses chromosomes.
- Quand l’étude de la méiose d’un individu montre à la fois des bivalents et des
monovalents, c’est que son stock de chromosomes provient de deux génomes de
base différents. Si l’individu étudié est un hybride interspécifique, le nombre de
bivalents observés correspond au nombre haploïde de chromosomes (n) de l’une
des espèces parentes. Par ailleurs, l’autre espèce parente contient dans son stock
de chromosomes le génome de base de l’espèce partenaire.
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B. nigra, B. campestris et B. oleracea étant diploïdes, les trois autres espèces du
complexe proviennent des hybridations entre les diploïdes.
Des remarques précédentes nous pouvons déduire que B. juncea ne contient pas
le génome de B. oleracea mais celui de B. nigra.
De même, B. carinata ne contient pas le génome de B. campestris mais plutôt
celui de B. oleracea.
Enfin, B. napus ne contient pas le génome de B. nigra mais plutôt celui de B.
campestris. Les relations évolutives dans le complexe d’espèces Brassica se
présente donc comme suit : B. juncea
(2n = 2x = 36)
B. nigra
(2n = 2x = 16)
B. campestris
(2n = 2x = 20)
B. carinata
B. napus (2n = 4x = 34
(2n = 4x = 38)
B. oleracea
(2n = 2x = 18)
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