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Cours de Phenomenes D'echanges Du 12 Mai 2025

Le document traite des phénomènes d'échanges en génie chimique, en soulignant leur importance dans les processus industriels et la nécessité pour les ingénieurs d'avoir des compétences de base pour résoudre des problèmes complexes. Il aborde les principes fondamentaux des opérations unitaires, les processus de transfert moléculaire, ainsi que les équations de bilan nécessaires pour les calculs d'ingénierie. Enfin, il présente une bibliographie générale pour approfondir les connaissances sur le sujet.

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Cours de Phenomenes D'echanges Du 12 Mai 2025

Le document traite des phénomènes d'échanges en génie chimique, en soulignant leur importance dans les processus industriels et la nécessité pour les ingénieurs d'avoir des compétences de base pour résoudre des problèmes complexes. Il aborde les principes fondamentaux des opérations unitaires, les processus de transfert moléculaire, ainsi que les équations de bilan nécessaires pour les calculs d'ingénierie. Enfin, il présente une bibliographie générale pour approfondir les connaissances sur le sujet.

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FACULTE POLYTECHNIQUE

DEPARTEMENT DE CHIMIE INDUSTRIELLE


SERVICE DE GENIE
1 CHIMIQUE

INTRODUCTION

Phénomènes d’échanges en génie chimique


Principes de base et mise en œuvre
Les phénomènes d’échanges jouent un rôle important dans les processus d’ingénierie, qui constituent la base
essentielle de la fabrication de produits dans diverses industries de transformation de substances. Pour la grande
majorité des ingénieurs, le développement actuel des domaines d’activité s’éloigne de l’orientation généralisée
vers plus de spécialisation.
NOTES DU COURS DE
Les domaines de génie nécessitent une compétence de base en la matière pour être capable de trouver des
solutions face aux tâches spécifiques de la vie professionnelle quotidienne. Les ingénieurs en génie chimique, en
technologie environnementale et énergétique, en génie mécanique, en technologie alimentaire et en
PHENOMENES D’ECHANGES
biotechnologie doivent être concernés, ainsi que les techniciens chimistes et physiciens
Dans ce cours on vise à développer chez l’étudiant la capacité de résoudre, de manière autonome, les problèmes
qui se posent dans le cadre de l’activité professionnelle et pour lesquels aucune « solution standard » n’est
disponible.
Ce ne sont pas seulement les connaissances méthodologiques qui sont importantes au
premier plan. Au contraire, les processus compliqués sont généralement analysés afin de les retracer jusqu’à des
relations élémentaires et mathématiquement plus faciles à gérer, en utilisant des considérations simples. De cette
Chris Mpiana Kabongo Mutamba
manière, la stratégie de base, pour traiter les problèmes de génie devrait également être clarifiée.
Professeur Ordinaire
1Principes fondamentaux des phénomènes d’échanges
Les opérations de base utilisées en génie chimique (opérations unitaires) sont presque toujours basées sur divers
effets de l’énergie, de la quantité de mouvement et du transport de masse. Dans une certaine mesure, ces
opérations de transport font l’objet de descriptions mathématiques analogues. D’une part, cela permet une
présentation uniforme et claire des effets de transport et d’échange individuels. D’autre part, les relations
mathématiques pertinentes d’un processus de base, par exemple l’échange de quantité de mouvement, peuvent
être utilisées quantitativement pour tirer des conclusions sur les deux autres processus et vice versa.
Un processus d’échange résulte soit de l’action d’une force externe sur un fluide (essentiellement des forces de
compression), ce qui conduit à un mouvement macroscopique (transport convectif et turbulent), soit
d’inhomogénéités spatiales qui provoquent une compensation due au mouvement brownien (processus de
transport moléculaire). Les flux d’énergie, de quantité de mouvement et de matières résultant des processus
d’échange s’écoulent dans des équations requises d’équilibre pour tous les types de calculs d’ingénierie. Les bilans
constituent la base du dimensionnement des appareils ainsi que de toutes les étapes des considérations de
rentabilité.

1 Processus de transfert moléculaire


Le flux de transfert moléculaire est le courant de la variable d’échange respective (énergie, quantité de
mouvement, masse) causé par le mouvement thermique des molécules. Dans certaines conditions simplificatrices,
on peut supposer que les processus de transfert moléculaire des différentes grandeurs d’échange suivent dans
une certaine mesure des lois analogues, qui sont présentées ci-dessous.
Un courant d’impulsion ne peut se produire que dans un fluide en écoulement, mais pas dans un système
2 0 2 4par- exemple,
stationnaire. Cela peut surprendre au début, puisque, 2 0 2 5même dans un gaz stationnaire, les
Documentation
1) Transportvorgänge in der Verfgahrenstechnik.
Grundlagen und apparative Umsetzungen

Cours Phénomènes d’Echanges


2

Bibliographie Générale
1) Transportvorgänge in der Verfahrentechnik : Grundlagen und apparative Umsetsungen
Matthias Kraume
3. Auflage
Springer Vieweg
Springer-Verlag GmbH Deutschland, 2020
ISBN 978-3-662-60011-5 ISBN 978-3-662-60012-2
2) Perry’s Chemical Engineering HandBook
9th Edition, 2019
Editor-in-Chief Don W. Green Deane E. Ackers, Late Editor Robert H. Perry
McGraw-Hill, New York
3) Fundamentals of Heat and Mass Transfer
Theodore L Bergmann, Adrienne S. Lavine, Frank P Incropera, David P Dewitt
8th Edition, 2017
John Wiley & Sons,
ISBN 13 978-0470-50197-9
4) VDI Wärmeatlas
Fachlicher Träger VDI-Gesellschaft
Verfahrenstechnik und Chemieingenieurwesen
Springer-Verlag Berlin Heidelberg
12. Auflage, 2019
5) VDI Heat Atlas,
Verein Deutscher Ingenieure
VDI-Gesellschaft
Verfahrenstechnik und Chemieingenieurwesen (GVC) Editor
Second Edition, 2010
Springer-Verlag Berlin Heidelberg
6) Etude du coefficient de transfert de chaleur d’un élément chauffant placé dans une couche fluidisée
Mpiana Kabongo Mutamba
Thèse de Doctorat, inédite, 1987
Service de Génie Chimique
Faculté des Sciences
Université libre de Bruxelles
7) Heat and Mass Transfer
A. Luikov
Mir Publishers
Moscow, 1980
8) Heat Transfer
V.P. Isachenko, V.A. Osipova, A.S. Sukomel
Mir Publishers,
Moscow, 1975
9) Engineering Flow and Heat Exchange
Octave Levenspiel
Plenum Press
New York, 1984
10) Models for Flow Systems and Chemical Reactors
C.Y. Wen, L.T. Fan
Marcel Dekker Inc
New York, 1975

Cours Phénomènes d’Echanges


3

11) Encyclopedia of Physical Science and Technology


Robert Meyers, (Editor-in-chief)
Third Edition, 2001
Chemical Engineering
Elsevier,

Cours Phénomènes d’Echanges


4

Cours Phénomènes d’Echanges


5

Table des matières


Phénomènes d’échanges en génie chimique .................................................................................................. 1
I. Principes fondamentaux des phénomènes d’échanges........................................................................................... 11
1 Processus de transfert moléculaire ............................................................................................................ 11
1.1 Transfert moléculaire de quantité de mouvement (frottement interne des fluides) ..................................12
1.2 Transfert moléculaire d’énergie (conduction thermique) .........................................................................14
1.3 Transfert moléculaire de matière (diffusion moléculaire de matière) ....................................................... 15
2 Transfert moléculaire et coefficients d’égalisation ..................................................................................... 16
2.1 Viscosité 16
2.2 Conductivité thermique 21
2.3 Coefficients de diffusion 22
3 Transferts par convection.......................................................................................................................... 23
3.1 Transfert d’impulsions convectives 24
3.2 Transfert d’énergie par convection 24
3.3 Transfert de masse par convection 25
4 Processus de transfert turbulent ............................................................................................................... 26
5 Equations de bilan ....................................................................................................................................28
5.1 Équations différentielles 29
5.2 Équations de bilan intégrales 32
6. Conditions initiales et aux limites ............................................................................................................. 35
6.1. Conditions initiales 35
6.2. Conditions aux limites 35
7. Transfert convectif de chaleur et de matière ............................................................................................. 36
8. Equilibre des phases ............................................................................................. Erreur ! Signet non défini.
8.1 Équilibres gaz/liquide Erreur ! Signet non défini.
8.2 Conditions aux limites des procédés de transfert de matière ................................ Erreur ! Signet non défini.
II.Transferts d’énergie et de matière dans les milieux fixes............................................................................ 40
2.1 Diffusion à l’état stationnaire ................................................................................................................. 40
2.1.1 Diffusion équimolaire dans une couche plane ............................................................................... 40
2.1.2 Diffusion unilatérale .................................................................................................................... 41
2.2 Diffusion transitoire 42
2.2.1 Diffusion transitoire dans une plaque ........................................................................................... 43
2.2.2 Diffusion transitoire dans une sphère ........................................................................................... 45

Cours Phénomènes d’Echanges


6

III. Théories du transfert de chaleur et de matière ........................................................................................ 48


3.1 Transfert de chaleur 48
3.2 Transfert de matière 49
3.3 Théories du transfert de matière 52
3.3.1 Théorie du film ............................................................................................................................ 52
3.3.3 Théorie de pénétration et du renouvellement à la surface ............................................................ 56
3.3.4 Domaines d’application des différentes théories du transfert de chaleur et de matière .................. 58
IV. Transfert d’impulsion dans des tuyaux ....................................................................................................59
4.1. Écoulement laminaire dans des tuyaux ........................................................................................... 59
4. 2. Écoulement turbulent dans des tuyaux .......................................................................................... 60
4. 3. Résistance à l’écoulement dans les tuyaux..................................................................................... 61
4. 4. Ecoulement dans les systèmes de tuyauterie ................................................................................. 64
V. Transfert convectif de chaleur et de matière dans un tuyau ......................................................................67
5.1. Ecoulement laminaire dans un tuyau 67
5.2. Écoulement turbulent dans les tuyaux ...................................................................................................71
5.3. Transfert de chaleur par convection.......................................................................................................71
VI. Ecoulements sur des plaques plates ........................................................................................................73
6.1 Transport d’impulsion 73
6.1.1 Couche limite laminaire ............................................................................................................... 74
6.1.2 Couche limite turbulente ............................................................................................................. 77
6.1.3 Coefficient de frottement............................................................................................................. 78
6.2. Transfert convectif de chaleur et de matière 79
6.2.1 Écoulement laminaire .................................................................................................................. 79
6.2.2 Écoulement turbulent ............................................................................... Erreur ! Signet non défini.
6.3 Hydrodynamique et transfert de matière à haute pression partielle ..................... Erreur ! Signet non défini.
6.3.1 Problèmes physiques ................................................................................ Erreur ! Signet non défini.
6.3.2 Profil des vitesses ..................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
6.3.3 Profil de concentration ............................................................................. Erreur ! Signet non défini.
6.3.4 Coefficient de frottement.......................................................................... Erreur ! Signet non défini.
6.3.5 Nombre moyen de Sherwood .................................................................... Erreur ! Signet non défini.
VII. Systèmes Dispersés ............................................................................................................................... 83
7.1 Mouvement stationnaire des particules 162
7.1.1 Équation du mouvement des particules sphériques .................................................................... 162

Cours Phénomènes d’Echanges


7

7.1.2 Particules simples solides ........................................................................................................... 163


7.2 Mouvement transitoire des particules 168
7.3 Mouvement des essaims de particules 170
7.3.1 Particules solides ....................................................................................................................... 170
7.4 Transfert convectif, stationnaire de chaleur et de matière ..................................................................... 173
7.4.1 Particules uniques solides .......................................................................................................... 173
7.5 Transfert convectif transitoire de la chaleur et de la matière ................................................................. 176
7.5.1 Principes mathématiques de détermination du transfert de matière ........................................... 176
7.5.2 Problèmes de l’intérieur de la particule ...................................................................................... 179
7.5.3 Problème externe à la particule solide ........................................................................................ 181
VIII. Ébullition et Condensation .................................................................................................................... 99
8.1 Paramètres sans dimension en ébullition et condensation.......................................................................99
8.2. Modes d'ébullition 100
8.3. Ébullition en bassin 100
8.3.1 Courbe d'ébullition .................................................................................................................... 100
8.3.2 Modes d'ébullition en bassin ...................................................................................................... 102
8.4 Corrélations d'ébullition en bassin 104
8.4.1 Ébullition nucléée en bassin ....................................................................................................... 104
8.4.2 Flux de chaleur critique pour l'ébullition nucléée en bassin ......................................................... 106
8.4.3 Flux de chaleur minimal ............................................................................................................. 106
8.4.4 Ébullition en film en bassin ........................................................................................................ 107
8.4.5 Effets paramétriques sur l'ébullition en bassin ............................................................................ 107
8.5. Condensation : Mécanismes physiques 109
8.6. Condensation d'un film laminaire sur une plaque verticale ................................................................... 111
8.7 Condensation du film turbulent 114
8.8 Condensation du film sur les systèmes radiaux 115
8.9 Condensation dans des tubes horizontaux 117
8.10 Condensation goutte à goutte 118
IX. Rayonnement thermique ...................................................................................................................... 120
9.1. Introduction 120
9.2. Le corps noir 120
9.3.1. Le rayonnement des corps réels ................................................................................................ 123
9.4. Transfert de chaleur par rayonnement entre surfaces .......................................................................... 130

Cours Phénomènes d’Echanges


8

9.4.1. Cas simples ............................................................................................................................... 130


9.4.2. Facteurs de vue ........................................................................................................................ 131
9.5. Transfert de chaleur par rayonnement entre deux ou plusieurs surfaces ............................................... 133
9.5.1. Méthode de cavité .................................................................................................................... 133
9.5.2 Transfert de chaleur par rayonnement dans des couches garnies ................................................ 136
9.5.3. Rayonnement à partir des cavités.............................................................................................. 138
9.6. Rayonnement des faisceaux de tubes 139
X. Echanges en Fluidisation………………………………………………………………………………………………………………………161
10.1. Introduction…………………………………………………………161
10.2. Historique 183
10.3. Comportement phénoménal des lits fluidisés 184
10.4. Caractéristiques d’une couche de particules solides............................................................................ 185
10.4.1 Dimensions des particules ........................................................................................................ 185
10.4.2 La porosité ou le degré d'interstices ......................................................................................... 187
10.4.3. Diamètre hydraulique ............................................................................................................. 189
10.4.4. Distribution de la vitesse dans une couche de particules solides ............................................... 190
10.4.5. Dynamique des fluides dans une couche fixe ........................................................................... 191
10.4.6. Mouvement stationnaire des particules ................................................................................... 191
10.4.7. Caractéristiques de la perte de charge ..................................................................................... 192
10.5. Dynamique des fluides dans une couche fluidisée 194
10.5.1 Vitesse de fluidisation .............................................................................................................. 196
10.5.2. Dilatation des lits fluidisés homogènes .................................................................................... 199
10.5.3. Comportement des solides dans la fluidisation gazeuse............................................................ 199
10.5.4. Conditions de fonctionnement des lits fluidisés ....................................................................... 201
10.5.5. Plage d'existence de la fluidisation et de l'expansion du lit ....................................................... 202
10.6. Transfert de chaleur fluide-particule dans des lits fluidisés ................................................................. 203
10.6.1. Définition du coefficient de transfert de chaleur ...................................................................... 203
10.6.2. Calcul des coefficients de transfert de chaleur.......................................................................... 204
10.6.3 Influence de la mauvaise distribution et du rétro-mélange ....................... Erreur ! Signet non défini.
10.7. Echange de chaleur surfaces immergées - lits fluidisés hétérogènes .................................................... 205
10.7.1. Développement du modèle mécaniste de Martin ..................................................................... 206
10.7.2. La vitesse moyenne d’agitation des particules 𝒖𝑷 .................................................................... 207
10.7.3. Expansion de la couche fluidisée.............................................................................................. 208

Cours Phénomènes d’Echanges


9

10.7.4. Le coefficient de transfert de chaleur instantané 𝒉𝒊 ................................................................. 209


10.8. Modèle de Martin et Résultats expérimentaux 214
10.8.1. Le coefficient maximum de transfert de chaleur ....................................................................... 214
10.8.2. Le coefficient de transfert de chaleur en fonction de la vitesse de fluidisation ........................... 216
XI.Echangeurs de chaleur……………………………………………………………………………………………………………………………199
11.1. Applications en Génie Chimique 145
11.2. Critères densélection 147
11.3. Types d'échangeurs de chaleur 148
A. Échangeurs à double tube .............................................................................................................. 148
B. Échangeurs de chaleur tubulaires.................................................................................................... 149
C. Échangeurs de chaleur à plaques à joints d'étanchéité ..................................................................... 151
D. Échangeur à plaques et à ailettes .................................................................................................... 153
E. Échangeurs refroidis à l'air .............................................................................................................. 153
F. Échangeurs de chaleur assistés mécaniquement .............................................................................. 154
G. Autres types d'échangeurs de chaleur............................................................................................. 155
11.4. Équations de base de l’échangeur de chaleur 156
A. Bilan thermique ............................................................................................................................. 156
B. Équation du coefficient de transfert de chaleur ............................................................................... 156
C. L'intégrale de conception et l'équation de différence de température moyenne ............................... 157
11.5. Le processus de conception 159
11.6. développements ultérieurs dans la conception et l’application ........................................................... 161

Cours Phénomènes d’Echanges


10

INTRODUCTION.
Principes de base :
Phénomènes d’échanges
en génie chimique
Les phénomènes d’échanges jouent un rôle important dans les processus d’ingénierie, qui constituent la base
essentielle de la fabrication de produits dans diverses industries de transformation. Pour la grande majorité des
ingénieurs, le développement actuel des domaines d’activité s’éloigne de l’orientation généralisée vers plus de
spécialisation.
Les domaines de génie nécessitent une compétence de base en la matière pour être capable de trouver des
solutions face aux tâches spécifiques de la vie professionnelle quotidienne. Les ingénieurs en génie chimique, en
technologie environnementale et énergétique, en génie mécanique, en technologie alimentaire et en
biotechnologie, doivent être concernés, ainsi que les techniciens chimistes et physiciens.
Dans ce cours on vise à développer chez l’étudiant la capacité de résoudre, de manière autonome, les problèmes
qui se posent dans le cadre de l’activité professionnelle et pour lesquels aucune « solution standard » n’est
disponible.
Ce ne sont pas seulement les connaissances méthodologiques qui sont importantes au premier plan. Au contraire,
les processus compliqués sont généralement analysés afin de les retracer jusqu’à des relations élémentaires et
mathématiquement plus faciles à gérer, en utilisant des considérations simples. De cette manière, la stratégie de
base, pour traiter les problèmes de génie devrait également être clarifiée.

Cours Phénomènes d’Echanges


11

I Principes fondamentaux
des échanges
Les opérations de base utilisées en génie chimique (opérations unitaires) sont presque toujours basées sur divers
effets de l’énergie, de la quantité de mouvement et du transfert de masse. Dans une certaine mesure, ces
opérations de transfert font l’objet de descriptions mathématiques analogues. D’une part, cela permet une
présentation uniforme et claire des effets de transfert et d’échange individuels. D’autre part, les relations
mathématiques pertinentes d’un processus de base, par exemple l’échange de quantité de mouvement, peuvent
être utilisées quantitativement pour tirer des conclusions sur les deux autres processus et vice versa.
Un processus d’échange résulte soit de l’action d’une force externe sur un fluide (essentiellement des forces de
compression), ce qui conduit à un mouvement macroscopique (transfert convectif et turbulent), soit
d’inhomogénéités spatiales qui provoquent une compensation due au mouvement brownien (processus de
transfert moléculaire). Les flux d’énergie, de quantité de mouvement et de matières résultant des processus
d’échange se retrouvent dans des équations requises d’équilibre pour tous les types de calculs d’ingénierie. Les
bilans constituent la base du dimensionnement des appareils ainsi que de toutes les étapes des considérations de
rentabilité.

1 Processus de transfert moléculaire


Le flux de transfert moléculaire est le courant de la variable d’échange respective (énergie, quantité de
mouvement, masse) causé par le mouvement thermique des molécules. Dans certaines conditions simplificatrices,
on peut supposer que les processus de transfert moléculaire des différentes grandeurs d’échange suivent dans
une certaine mesure des lois analogues, qui sont présentées ci-dessous.

a b c
avant mélange pendant mélange équilibre atteint

Fig. 1.1 Mouvement moléculaire de l’énergie moléculaire et le transport de matière


̇ 𝑖𝑣̅𝑖 )
𝑑(𝑀
𝐹𝑖 =
𝑑𝑡
et ∑ ⃗⃗𝐹𝑖 = 0
S’en suit, après intégration temporelle, ∑ 𝑀𝑖 ⃗⃗⃗
𝑣𝑖 = constante.
𝑀𝑖 masse et ⃗⃗⃗𝑣𝑖 la vitesse dans la direction i. Un courant d’impulsion n’est possible que si un mouvement
directionnel est superposé au mouvement thermique aléatoire des molécules, par exemple par un gradient de
pression.
Contrairement à l’échange d’impulsions, l’échange d’énergie peut avoir lieu tant dans des milieux stationnaires
qu’en mouvement. Ce transfert d’énergie, dans les milieux stationnaires, est possible parce que, l’énergie fournie,

Cours Phénomènes d’Echanges


12

sous forme de chaleur, à un système au-delà de ses limites, peut être convertie en énergie cinétique des molécules
puis transférée.
Dans la figure 1.1a, à t=0, il y a un fluide pur à différentes températures dans deux chambres séparées d’un
récipient. Après le retrait de la cloison, l’énergie circule de la chambre ayant la température T2 la plus élevée vers
la chambre à la température inférieure T1 et l’on atteint l’égalisation complète de température pour le temps t →
∞. La raison en est les mouvements désordonnés des molécules dus à la chaleur, à la suite desquels ces molécules
se déplacent dans toutes les directions. Cela conduit à des collisions avec les parois du conteneur et avec d’autres
particules. Les molécules à température plus élevée ont une vitesse plus élevée et par conséquent une énergie
cinétique plus élevée. Dans les collisions de particules, les plus rapides sont ralenties, tandis que les plus lentes
sont accélérées. En conséquence, l’état d’équilibre est atteint après de longues périodes, dans lesquelles toutes
les molécules atteignent la même énergie cinétique et donc la même température T̄. Si la densité d’un milieu est
faible, comme pour les gaz, le nombre de molécules par unité de volume, et donc aussi le nombre de collisions,
est faible et en même temps le libre parcours moyen est plus grand. Dans ces conditions, les molécules ayant la
plus grande énergie cinétique se disperseront très rapidement dans le volume total disponible. En conséquence,
un gradient d’énergie macroscopique s’équilibre très rapidement dans un milieu de très faible densité (voir
Fig.1.1a actuellement t). Dès l’enlèvement de la paroi, un gradient d’énergie microscopique entre molécules
voisines persiste jusqu’à ce qu’il soit équilibré par des collisions moléculaires. Ainsi, en changeant la position des
molécules, a lieu un équilibre approximatif et par collisions un équilibre fin du gradient d’énergie. Dans le cas des
gaz, c’est-à-dire des milieux de faible densité, cela signifie que, d’une part, les flux d’énergie possibles sont très
faibles en raison du petit nombre de molécules, ce qui est dû à la mauvaise conduction thermique dans les gaz ;
d’autre part, l’équilibrage grossier de la température a lieu beaucoup plus rapidement dans les gaz que dans les
liquides, car le changement de position des molécules est facilité par la diminution de la densité du milieu.
Étant donné que non seulement l’énergie, mais aussi la quantité de mouvement, sont principalement transportées
par des collisions moléculaires, les considérations ci-dessus fournissent les indications générales suivantes : Dans
les milieux à forte densité, des flux de quantité de mouvement et d’énergie beaucoup plus importants peuvent se
produire beaucoup plus que dans les milieux à faible densité. Cela signifie que les coefficients de transport, (c’est-
à-dire d’échange,) moléculaire de la quantité de mouvement et de l’énergie, la viscosité dynamique η et la
conductivité thermique λ sont beaucoup plus élevés pour les liquides que pour les gaz. En outre, il s’ensuit
également que les molécules ayant une grande énergie cinétique et donc aussi une grande quantité de
mouvement sont distribuées très rapidement dans un élément de volume si la densité du milieu est très faible. La
vitesse vers l’équilibre d’un gradient de température ou de quantité de mouvement est due à la mobilité, c’est-à-
dire au changement de localisation des molécules, mais pas aux collisions. Par conséquent, les coefficients
d’équilibrage pour la quantité de mouvement et l’énergie, la viscosité cinématique ν et la diffusivité thermique a,
décrivant ces phénomènes, sont significativement plus faibles pour les liquides que pour les gaz.
La grande importance du changement de localisation des molécules est également évidente lorsque l’on considère
le transfert de matière. Une substance ne peut être transportée qu’en changeant l’emplacement des molécules,
mais pas par leurs collisions. Au contraire, les collisions moléculaires des matières entravent le transfert des
substances. La Fig. 1.1b montre le transport des molécules A et B dans un élément de volume sous une forme
hautement schématisée. Initialement, les molécules de A et B sont séparées par une paroi. Au temps t = 0, cette
paroi est enlevée et les espèces A et B pénètrent dans les zones adjacentes. À l’état final (t → ∞), les molécules A
et B sont distribuées stochastiquement dans tout le volume. Le coefficient de transfert moléculaire pour l’échange
de matière, le coefficient de diffusion des gaz, D, est supérieur à celui des liquides ou des milieux solides. Pour le
coefficient de diffusion des gaz, il existe donc des rapports exactement opposés à ceux des coefficients de
transport de chaleur et de quantité de mouvement.
1.1 Transfert moléculaire de quantité de mouvement (frottement interne des fluides)
L’échange par le mouvement moléculaire a été décrit pour la première fois par Newton. Il est parti de l’idée que
dans un écoulement convectif dans le milieu donné, les différences de vitesse des molécules se produisent
normalement dans la direction de l’écoulement à la suite d’un frottement interne, par lequel a lieu un transfert
moléculaire, de couches ayant une vitesse plus élevée et donc une quantité de mouvement plus élevée, vers des
couches ayant une quantité de mouvement plus faible.
Pour la densité de courant d’impulsion moléculaire, qui décrit le transfert de la quantité de mouvement dans les
milieux à écoulement laminaire, Newton (1726) a introduit l’approche suivante, appelée loi d’écoulement

Cours Phénomènes d’Echanges


13

𝑑𝐼 𝑑𝐹 𝑑𝑣𝑥
= 𝑑𝐴 = 𝜏𝑚 = 𝜂 1.1
𝑑𝐴 𝑑𝑦
𝑑⁄𝑑𝑦 représente un gradient de vitesse perpendiculaire à la direction de l’écoulement et A la surface où
s’exerce l’impulsion. L’indice m indique que cette densité de courant d’impulsion est causée uniquement par le
transport moléculaire. La viscosité dynamique 𝜂 représente le coefficient de transfert moléculaire de l’impulsion.
Son unité SI est kg/(m.s).
Fondamentalement, les coefficients de transfert (ou d’échanges) décrivent, dans une approximation linéaire, la
relation entre les densités de flux de quantité de mouvement, d’énergie et de matière, et les forces motrices qui
les provoquent. En termes généraux :
Densité de flux = coefficient de transfert × gradient de vitesse.
Dans le cas de la densité de courant d’impulsion, le gradient de vitesse est la force motrice. Comme tous les
coefficients de transfert (d’échanges), la viscosité dynamique est une grandeur caractéristique de la substance.

Figure 2. Ecoulement entre 2 plaques planes

La figure 2 montre la distribution de vitesse qui se produit entre deux plaques parallèles lorsque la plaque
supérieure se déplace à une vitesse constante 𝑣𝑥 dans la direction x, tandis que la plaque inférieure reste fixe. Le
fluide adhère aux deux plaques, c’est-à-dire se déplace à la plaque supérieure avec la vitesse de paroi 𝑣𝑥 (à y = H)
= 𝑣𝐻 et repose sur la plaque inférieure immobile. Dans la région intermédiaire, la vitesse du fluide augmente
linéairement avec la distance à partir de la paroi inférieure en raison du transfert de quantité de mouvement
moléculaire, 𝜏𝑚 , généralement appelé contrainte de cisaillement ou contrainte ou encore impulsion. Cette
quantité doit également être comprise comme la densité de courant d’impulsion, puisque l’impulsion transmise
dans la direction x, se transmet dans la direction y.
La contrainte est une grandeur vectorielle. La convention suivante s’applique au signe de la contrainte : elle est
positive si un mouvement normal du fluide dans une direction y positive (négative) correspond à une force externe
dans une direction x positive (négative). Suivant les données de la Fig.1.2, la force exercée sur le liquide par la
paroi fixe agit donc correctement contre le sens de mouvement du fluide.
Pour une masse spécifique ρ constante du fluide en écoulement, l’approche de Newton peut aussi être écrite sous
la forme.
𝑑(𝑣𝑥 𝜌)
𝜏𝑚 = 𝜈 1.2
𝑑𝑦
où 𝜈 ≡ 𝜂⁄𝜌
Ici, 𝜐 est la viscosité cinématique (unité SI : m2/s), qui est le coefficient d’égalisation pour l’échange de quantité de
mouvement. Puisque 𝑣𝑥 𝜌 représente la quantité de mouvement par unité de volume, c’est-à-dire la densité
d’impulsion, l’équation (1.2) stipule que la densité du courant d’impulsion et donc la contrainte de cisaillement
𝜏𝑚 sont proportionnelles au gradient de la quantité de mouvement par unité de volume. Les viscosités
cinématique et dynamique sont indépendantes de la direction dans les fluides isotropes. Les fluides à écoulement
laminaire peuvent généralement être considérés comme isotropes.
En général, il n’y a pas qu’une seule composante de vitesse qui dépend uniquement d’une coordonnée, mais un
champ de vitesse complexe avec les composantes :
𝑣𝑥 = 𝑣𝑥 (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡); 𝑣𝑦 = 𝑣𝑦 (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡); 𝑣𝑧 = 𝑣𝑧 (𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡) 1.3
Dans ces cas, il y a neuf composantes de contrainte 𝜏𝑖𝑗 (où i et j représentent les directions x, y et z) au lieu d’une
seule composante 𝜏𝑥𝑦 de l’équation (1.1).
Les fluides dont le comportement d’écoulement est décrit par l’équation (1.1) sont appelés fluides newtoniens.
Voici des exemples de fluides newtoniens : tous les gaz et liquides inorganiques et liquides organiques dont la
masse moléculaire est inférieure à 5000 Da ; selon Dalton, l’unité massique atomique est utilisée pour la

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14

détermination de masses atomiques et moléculaires. Sa valeur est établie comme le 12ième (1/12) de la masse
de l’isotope de l’atome de carbone 12C : 1 Da = 1,66.10-27 kg.
Certains liquides organiques et en particulier les mélanges liquides monophasés et biphasés ne peuvent pas être
décrits par la loi d’écoulement de Newton. La viscosité de ces liquides ou mélanges de liquides dépend elle-même
du gradient de vitesse et c’est pourquoi la loi d’écoulement suivante s’applique :
𝑑𝑣𝑥
𝜏𝑚 = 𝜂𝑛−𝑁 1.4
𝑑𝑦

𝑑𝑣𝑥 )
𝜂𝑛−𝑁 = 𝑓 (( )
𝑑𝑦
La viscosité de ces fluides dits non newtoniens, 𝜂𝑛−𝑁 , peut changer de plusieurs ordres de grandeur à la suite de
l’impulsion.
Les représentants typiques des fluides non newtoniens peuvent être trouvés dans les industries de l’alimentation,
des revêtements et des plastiques ainsi que dans un certain nombre de processus biotechnologiques. Il s’agit, par
exemple, de liquides ou de solutions de polymères, de suspensions, de pâtes et d’autres liquides et mélanges
complexes.
Pour les fluides non newtoniens, on peut appliquer d’autres approches de la contrainte.
1.2 Transfert moléculaire d’énergie (conduction thermique)
Les causes du transfert, de l’échange d’énergie moléculaire, appelé conduction thermique, sont complexes et
comprennent des phénomènes tels que les collisions moléculaires dans les fluides (voir Fig.1.1a), les vibrations du
réseau dans les cristaux et le mouvement des électrons libres dans les métaux.
Pour les applications d’ingénierie, le transfert, l’échange phénoménologique d’énergie moléculaire est décrit par
l’utilisation des variables que sont la température, le flux de chaleur, ou densité de flux de chaleur, ce qui est tout
à fait suffisant pour les problèmes techniquement pertinents. La conduction thermique représente le transfert
d’énergie entre molécules voisines en raison d’un gradient de température présent dans le matériau. Le calcul de
la densité de flux thermique moléculaire s’effectue par la loi de Fourier (Fourier 1822) à une dimension (i = x, y,
z) ; on a :
𝑑𝑞𝑚𝑖 𝑑𝑇
= 𝑄̇𝑚𝑖 = −𝜆 𝑑𝑖 1.5
𝑑𝐴
Sous forme vectorielle on écrit :
𝑞̇ 𝑚 = −𝜆∇𝑇
Le flux ( ou débit) de chaleur moléculaire 𝑸𝒎 ̇ a la dimension d’une énergie liée au temps, son unité SI est donc
𝐽/𝑠 = 𝑊. La densité de flux de chaleur 𝒒̇ 𝒎, également appelée flux de chaleur, a la dimension d’un flux de chaleur
lié à une surface avec l’unité 𝑊/𝑚2. Alors que le flux de chaleur 𝑄̇ est une quantité scalaire, la densité du flux de
chaleur 𝑞̇ 𝑚 est un vecteur. Le coefficient de transfert moléculaire apparaissant dans l’équation ci-dessus est
appelé conductivité thermique (unité SI : 𝑊/(𝑚 · 𝐾)) et c’est une quantité dépendant de la substance et de l’état
physique du système concerné. Comme toutes les valeurs de matériau, elle varie généralement avec la pression
et la température.
Le développement de l’équation ci-dessus, pour 𝜌𝑐𝑝 étant le produit de la masse volumique ρ et de capacité
thermique spécifique 𝑐𝑝 , conduit, ce produit étant constant, à une relation de la densité de flux thermique
moléculaire 𝑞̇ 𝑚 , basée sur le gradient du produit 𝜌𝑐𝑝 𝑇 :
𝑑(𝜌𝑐𝑃 𝑇)
𝑞̇ 𝑚𝑖 = −𝑎 1.6
𝑑𝑖
𝜆
𝑎 ≡ 𝜌𝑐 1.7
𝑝
Cette dernière grandeur physique représente le coefficient d’égalisation de l’énergie et est appelée diffusivité
thermique (unité SI : m2/s). C’est une valeur matérielle pure.

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15

1.3 Transfert moléculaire de matière (diffusion moléculaire de matière)


Pour représenter le transfert, l’échange moléculaire de matière, la diffusion (diffundere = éparpiller, se répandre),
on utilise généralement la densité d’écoulement massique 𝑚̇ ou la densité d’écoulement molaire 𝑛̇ . Les courants
de diffusion se produisent dans un mélange d’au moins deux composants.
Considérons un système binaire composé des substances A et B. Ces composants peuvent se distinguer par leurs
concentrations massiques 𝜌𝐴 et 𝜌𝐵 ou leurs concentrations molaires 𝑐𝐴 et 𝑐𝐵 . Dans un système fermé dans
lequel des différences locales de concentration existent pour le composant A, avec le temps, celles-ci s’égalisent
grâce à la diffusion moléculaire (voir Fig. 1).
En raison du mouvement aléatoire des molécules, un processus d’égalisation se produit. La présence de
différences de concentration conduit à une densité de courant de diffusion, 𝑚𝐴𝑚 ̇ , dans le sens de la concentration
décroissante. Pour des raisons de continuité, la densité de courant de diffusion 𝑚̇𝐴𝑚 du composant A doit être
opposée à une densité de courant de diffusion 𝑚̇𝐵𝑚 du composant B. Ce processus est donc appelé diffusion
bilatérale ou réciproque. Si le nombre de molécules se déplaçant dans des directions opposées par unité de temps
coïncide, alors il s’agit d’une diffusion équimolaire. En général, cependant, la diffusion est non équimolaire. Si, par
exemple, des substances réagissent sur une surface catalytique, le flux de réactifs transportés diffèrent souvent
du flux de produits évacués. Un cas particulier de diffusion non équimolaire est la diffusion unilatérale. Ces formes
particulières de diffusion sont examinées ci-dessous. Afin d’obtenir les équations les plus simples possibles, nous
traitons seulement de la diffusion dans des mélanges binaires.
Outre la diffusion causée par des différences de concentration, il existe également d’autres types de diffusion. Par
exemple, la diffusion thermique est causée par les différences de température, tandis que la diffusion de pression
est causée par les gradients de pression (Effets Soret et Dufour). Nous considérons uniquement la diffusion
résultant de différences de concentration.
Diffusion équimolaire
Dans la diffusion équimolaire de mélanges à deux composants, il existe deux flux de matière dans des directions
opposées. Elle peut se produire aussi bien dans les substances fluides, solides et stationnaires que dans les milieux
à écoulement laminaire : de l’approche donnée par Fick, pour le cas particulier de la diffusion équimolaire, la
première loi, en relation unidimensionnelle (𝑖 = 𝑥, 𝑦, 𝑧), s’exprime comme suit, en tenant compte d’une densité
constante 𝜌 du mélange :
𝒅𝑴̇𝑨𝒎𝒊 𝒅𝝆𝑨
= 𝒎̇𝑨𝒎𝒊 = −𝑫𝑨𝑩 1.8
𝒅𝑨 𝒅𝒊
ou vectorielle
⃗⃗⃗
𝒎̇𝑨𝒎 = −𝑫𝑨𝑩 𝛁𝝆𝑨
Le courant massique ou débit massique transféré moléculairement, 𝑀̇𝐴𝑚 , a la dimension d’une masse liée au
temps, son unité SI est donc kg/s.
La densité massique ou flux massique, 𝑚̇𝐴𝑚 , a la dimension d’un débit massique par rapport à une surface (l’unité
SI : kg/(m2·s). Alors que le débit massique ou courant massique, 𝑀̇𝐴𝑚 ,est une quantité scalaire, la densité de
matière ou flux massique, 𝑚̇𝐴𝑚 , est un vecteur. Dans l’équation 1.8, 𝜌𝐴 est la concentration massique ou la
densité partielle du composant A, i est la coordonnée spatiale et DAB le coefficient de transfert moléculaire de la
substance, appelé coefficient de diffusion (unité SI: m2/s). L’indice AB indique clairement que la diffusion du
composant A est considérée dans un mélange à deux composants constitué des espèces A et B. Comme le courant
de chaleur, le courant massique est un scalaire et le flux massique, comme le flux de chaleur, un vecteur.
Dans le système binaire, le flux de matière du composant A, dans la direction y, s’oppose à celui du composant B
:
𝑑𝜌𝐵
𝑚̇𝐵𝑚𝑖 = −𝐷𝐵𝐴 1.9
𝑑𝑦
𝐷𝐵𝐴 est le coefficient de diffusion du composant B dans le mélange constitué des composants A et B. Pour les
coefficients de diffusion dans un système à deux constituants, 𝐷𝐵𝐴 = 𝐷𝐴𝐵
Si l’on considère la densité de courant molaire au lieu de la densité du débit massique, les relations suivantes
apparaissent de manière analogue aux équations 1.8 et 1.9 :
𝑑𝑐𝐴
𝑛̇ 𝐴𝑚 = −𝐷𝐴𝐵 1.10
𝑑𝑦

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16

𝑑𝑐𝐵
𝑛̇ 𝐵𝑚 = −𝐷𝐵𝐴 1.11
𝑑𝑦
En diffusion équimolaire, les densités de flux molaire des composantes A et B coïncident :
é𝑞𝑢𝑖𝑚 é𝑞𝑢𝑖𝑚
𝑛̇ 𝐴𝑚 = −𝑛̇ 𝐵𝑚 1.12
Le signe opposé résulte des directions opposées dans lesquelles les deux composants s’écoulent. Pour les gaz
idéaux, il s’ensuit que les débits volumétriques des deux composants diffusants ont la même quantité et qu’il n’y
a donc pas de changement de volume du système considéré. Ceci est également connu sous le nom de diffusion
volumique constante.
Diffusion unilatérale
La diffusion unilatérale est appelée transfert de masse dans lequel un courant de diffusion d’un composant A n’est
pas opposé par un courant de diffusion d’un composant B. Dans le cas d’une diffusion unilatérale, il y a lieu de
considérer le cas où seul le composant A peut traverser une surface de contrôle ou une paroi imaginaire, mais pas
le composant B. Un exemple d’une telle paroi semi-perméable est la surface d’un liquide.

2 Transfert moléculaire et coefficients


d’égalisation
Il existe un grand nombre de données mesurées des coefficients de transfert moléculaire, (par exemple dans les
livres de Landolt-Börnstein, Perry et VDI). Néanmoins, toutes les substances pures et certainement pas tous les
mélanges de substances n’ont été mesurés. Il faut tenir compte du fait que les coefficients de transfert dépendent
à la fois de la pression et de la température. Par conséquent, il existe un certain nombre de méthodes de calcul,
qui permettent de déterminer purement mathématiquement, avec plus ou moins de précision, des grandeurs
respectives. En règle générale, ces méthodes sont basées sur la connaissance de la structure interne des molécules
et des interactions intermoléculaires.
2.1 Viscosité
Le comportement en écoulement des substances est d’une grande importance pour de nombreuses applications
en génie chimique et en procédés. La déformation et le comportement à l’écoulement, des différents matériaux,
montrent d’énormes différences. En tant que discipline scientifique, la Rhéologie traite de ces propriétés. Elle
traite en effet des problèmes mécaniques du continuum ainsi que de la détermination des lois matérielles
requises, telles que la loi de l’écoulement de Newton, qui a déjà été introduite.
La viscosité est une mesure de l’aisance de déplacement d’un fluide. Habituellement, le terme viscosité est associé
au comportement de substance à une contrainte, mais il est également possible de mesurer la viscosité dans le
cas d’une élongation (viscosité d’extension). Les viscosités sont donc généralement mesurées en flux de contrainte
unidimensionnels. En conséquence, le comportement du fluide est classé en fonction des forces de l’étirement
qui se produisent sous une contrainte unidimensionnelle. Les représentations graphiques correspondantes de la
relation entre la contrainte et la vitesse (voir Fig. 3) sont appelées courbes d’écoulement.

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17

Fig. 1.3 Courbes d’écoulement pour différents fluides. Schubspannung = contrainte, Scherrate =
gradient. Reibungsfreies = sans frottement
Fluides newtoniens
Les fluides newtoniens ne montrent aucun changement de viscosité lorsque la contrainte varie, c’est-à-dire que
les courbes d’écoulement correspondantes représentent des droites dont la pente correspond à 𝜂, la viscosité.
Les viscosités dynamiques d’un plus grand nombre de substances en fonction de la température réciproque sont
indiquées à la Fig. 1. 4. Ce diagramme montre que les viscosités des gaz se situent toutes approximativement dans
une certaine fourchette de grandeur. En revanche, ceux des liquides s’en distinguent de plus de 5 ordres de
grandeur. La faible viscosité dynamique des gaz est due à leur faible densité, c’est-à-dire le faible nombre de
molécules par unité de volume et, par conséquent, le nombre réduit de collisions par lesquelles la quantité de
mouvement peut seulement être transmise. Les liquides ont une viscosité dynamique relativement élevée, car en
raison de leurs densités élevées, les collisions moléculaires sont fréquentes et donc les interactions
intermoléculaires y sont importantes.
Température

1/T
Fig. 1.4 Viscosité dynamique des fluides en fonction de la température réciproque
Alors que les gaz deviennent plus visqueux avec l’augmentation de la température, cependant la viscosité des
liquides diminue généralement avec T. Deux mécanismes différents en sont responsables, dont l’un prédomine
dans les liquides, l’autre dans les gaz. Dans le cas des liquides, les forces d’attraction intermoléculaires doivent
être surmontées pendant la contrainte. Ces forces s’affaiblissent généralement avec l’augmentation de la
température parce que le liquide se dilate et que le libre parcours moyen des particules augmente. De plus, les

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18

énergies cinétiques moyennes des molécules augmentent et donc la fréquence des déplacements dans l’espace.
Les deux conduisent à une résistance au déplacement qui diminue quand la température augmente.
La distance moléculaire moyenne entre les gaz est supérieure de plusieurs ordres de grandeur à celle des liquides
et donc le libre parcours moyen. Par conséquent, on peut souvent négliger les forces intermoléculaires ; de ce fait,
la viscosité des gaz est presque indépendante de la pression pour les gaz idéaux, jusqu’à des pressions de 100 bars,
bien que les distances moléculaires et donc le libre parcours moyen, diminuent fortement avec la variation de la
pression et les forces agissant entre les molécules augmentent de plusieurs ordres de grandeur. Il en résulte une
résistance due au mouvement moléculaire, ce qui provoque la collision et l’échange de quantité de mouvement
de molécules de différentes vitesses moyennes. Macroscopiquement, cela est perceptible comme une contrainte.
Avec l’augmentation de la température, le mouvement moléculaire et donc aussi la résistance augmentent. La
théorie cinétique des gaz conduit à une augmentation de la viscosité suivant 𝜂~𝑇 1/2.
La formule découlant de la figure 1.4 montre que, pour de nombreux liquides, il existe une proportionnalité au
moins en première approximation suivant
𝒍𝒏 𝜼~ 𝟏⁄𝑻
En effet, il y a une augmentation approximativement linéaire des courbes dans le diagramme. Cette relation peut
être déduite de modèles simples au niveau moléculaire. La relation d’Andrade est relativement simple, cependant,
elle avait déjà été établie par de Guzman
𝜂 = 𝐴 exp(𝐵⁄𝑇) 1.13
Des exemples de paramètres A et B ainsi que leurs domaines de validité peuvent être trouvés dans le tableau
(tableau 1.1). Pour un grand nombre d’autres substances, les paramètres A et B déterminés expérimentalement
peuvent être trouvés. Cependant, le comportement réel affiche des écarts plus ou moins forts par rapport à cette
relation, de sorte que cette équation 1.13 ne peut être utilisée que dans une plage de température étroite. Pour
cette raison, de nombreuses autres méthodes de calcul ont été développées.
Le Tableau 1.2 rappelle que les coefficients de transfert des liquides sont généralement supérieurs à ceux des gaz.
A (10-3Pa.s) B (K) Températures (K)
Eau 1,813 10-3 1.860 273 – 373
Ethanol 2,8 10-3 1.756 159 – 351
Butanol 2,549 10-3 1.007 220 – 390
n-Octane 13,12 10-3 1.091 273 – 373
Tableau 1.1 Constantes de l’équation d’Andrade pour différentes substances, y compris la portée.

𝜌 𝜂 𝜈 𝜆 𝑐𝑃 a
(𝑘𝑔⁄𝑚3 ) (10−3 𝑃𝑎. 𝑠) (10−6 𝑚2 ⁄𝑠 ) (10−3 𝑊 ⁄𝑚𝐾) (𝑘𝐽⁄𝑘𝑔. 𝐾 ) (10−6 𝑚2 /𝑠)
Gaz
Air 1,189 18,21 10-3 15,32 25,87 1,005 21,63
O2 1,314 20,27 10-3 15,43 25,95 0,912 21,49
N2 1,150 17,57 10-3 15,29 25,47 1,04 21,28
H2 0,082 8,90 10-3 108,5 179 14,32 152,0
CO2 1,815 14,69. 10-3 8,09 16,24 0,846 10,58
NH3 0,707 9,911 10-3 14,03 24,49 2,06 16,02
Fluides
H2O 998,21 1,003 1,003 598 4,182 0,143
Ethanol 790,2 1,17 1,43 169 2,43 0,085
Glycérine 1261 1433 1136 291 2,428 0,091
Mercure 13,600 1,5 0,11 8330 0,139 4,9
Huile olive 910 1000 1100,0 15,2 1,97 0,01
Miel ≈ 1410 ≈ 104 ≈ 7100 230 1,47 0,111
Tableau. 1.2 Données sur les substances de divers gaz et liquides à 20 °C et 1 bar (VDI 2013)

Fluides non newtoniens


Contrairement aux fluides newtoniens, les fluides non newtoniens manifestent une variation de viscosité
lorsque la contrainte varie. Les principaux fluides non newtoniens sont présentés ci-dessous.
Les liquides pseudo-plastiques ou structurellement visqueux, manifestent une élévation de la viscosité apparente
à l’augmentation du gradient de l’impulsion (voir Fig. 1.3).

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19

𝜏
𝜂𝑠 ≡ 𝑑𝑣 1.14
( )
𝑑𝑦

𝑑𝑣⁄𝑑𝑦
Fig. 1.5 Viscosité apparente en fonction du gradient de vitesse d’une solution de polyacrylamide. (Selon Boger et Yeow 2002)

Fig. 1.6 Courbe d’écoulement pour une suspension de dioxyde de titane. les concentrations en -% volume

Sur la Fig.1.5, on a tracé directement la dépendance de la viscosité apparente d’une solution de polyacrylamide
par rapport au gradient de la contrainte (également appelée courbe de viscosité).
Pour les faibles gradients d’impulsion, il résulte une valeur constante de viscosité η0, appelée viscosité nulle ou
viscosité au repos. Même à des vitesses de contrainte très élevées, une valeur de viscosité constante mais
inférieure 𝜂∞ est atteinte, la viscosité finale. Dans le cas de solutions polymères ou de fusions, ce comportement
s’explique par l’étirement des chaînes moléculaires à la suite de la contrainte : les molécules deviennent plus
mobiles et la viscosité diminue jusqu’à une certaine valeur finale. Les faibles gradients, en revanche, n’entraînent
aucun changement significatif dans les enchevêtrements moléculaires : la viscosité reste inchangée. Des
conditions complètement analogues peuvent se produire dans les systèmes biologiques lorsque des bactéries
filamenteuses conduisent à des réticulations pouvant être dissoutes sous l’action du gradient de la contrainte.
Dans ce cas aussi, il en résulte un comportement structurellement visqueux.
Certaines suspensions montrent une augmentation de la viscosité avec l’augmentation du gradient de la
contrainte pour des concentrations élevées de solides, comme l’illustre la figure 6, pour une suspension de dioxyde
de titane. À la concentration de solides la plus élevée, la viscosité augmente considérablement à partir d’un
gradient de contrainte critique. Ce comportement peut être expliqué à l’aide de l’exemple du ‘’sable humide’’ : à
de faibles gradients de contrainte, par exemple une faible fréquence de rotation d’un agitateur, il y a un film d’eau
entre les grains de sable, qui agit comme un lubrifiant et réduit le frottement des grains de sable les uns contre
les autres. Avec des gradients de vitesse croissants, le film d’eau se déchire et les grains de sable frottent
directement les uns contre les autres. Dans l’ensemble, les particules individuelles interagissent de plus en plus
les unes avec les autres pour une impulsion croissante, ce qui augmente le frottement interne et donc en
conséquence la viscosité. Même les liquides dilatants se comportent comme des fluides newtoniens à des
gradients de vitesse très petits et très grands.
La courbe d’écoulement d’un liquide de Bingham (1878–1945) est également représentée à la Fig.3. Ce n’est que
lorsqu’une contrainte minimale, la limite d’élasticité 𝜏0 , est surmontée que le liquide de Bingham commence à
s’écouler. L’approche de description correspondante est la suivante :
𝑑𝑣𝑥
𝜏 = 𝜏0 + 𝜂𝐵 1.15
𝑑𝑦

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20

Fig.1.7 Courbe d’écoulement et viscosité apparente pour un extrait de viande. (Boger et Yeow)
Fleichextrakt= extrait de viande. Schubspannung= Contrainte. Scherrate= gradient de vitesse. Scheinbare Viskosität = Viscosité apparente

La figure 1.7 illustre ce comportement d’écoulement en utilisant l’exemple d’un extrait de viande. D’autres
exemples de liquides de Bingham comprennent le dentifrice, la pâte à levure, les vernis et le ketchup. Bien que la
relation entre la contrainte et la vitesse soit linéaire, comme dans un fluide newtonien, la viscosité d’un fluide de
Bingham diminue toujours avec la vitesse de l’impulsion. Cela peut se voir lorsque, comme le montre la Fig.1.7 la
viscosité apparente se calcule comme suit : Eq. 1.14 :
𝑑𝑣𝑥
𝜏0 +𝜂𝐵 𝜏0𝜏
𝑑𝑦
𝜂𝑠 = 𝑑𝑣𝑥 = 𝑑𝑣𝑥 + 𝜂𝐵 1.16
𝑑𝑦 𝑑𝑦
Les formes caractéristiques des courbes d’écoulement ont été déterminées sur la base des figures 1.3 à 1.7. Dans
ce qui suit, seuls les liquides dilatant et structurellement visqueux seront pris en compte.
Dans certaines limites du gradient de vitesse, le comportement d’écoulement des liquides dilatant et
structurellement visqueux peut être décrit par une approche de puissance, qui, selon ses développeurs, est
appelée l’équation de Ostwald - Waele :
𝜕𝑣 𝑛
𝜏 = 𝑘 ( 𝑑𝑦𝑥 ) 1.17
Le paramètre 𝑘 est une valeur numérique empirique appelée cohérence ou facteur d’Ostwald, 𝑛 est l’indice de
flux. Les liquides qui peuvent être approximativement décrits par cette approche sont aussi appelés fluides
d’Ostwald ou dans la littérature anglo-saxonne, fluides à loi de puissance. Le facteur 𝑘 d’Ostwald dépend
fortement de la température, mais contrairement à la viscosité de ces liquides, il est indépendant de la vitesse de
la contrainte. L’indice d’écoulement 𝑛 est généralement indépendant de la température.
La figure 3 contient les courbes d’écoulement calculées selon l’équation 1.13. Pour n = 1, l’approche d’Ostwald-
de Waele passe à celle de Newton, 𝑘 est alors identique à la viscosité 𝜂. Pour 𝑛 > 1, on a la courbe représentant
les liquides dilatants, pour 𝑛 < 1 la courbe correspond aux liquides structurellement visqueux. Dans l’exemple de
la solution de polyacrylamide de la Fig.1.5, l’indice de débit est 𝑛 = 0,41.
La courbe d’écoulement pour 𝑛 < 1 a une tangente perpendiculaire au point zéro, comme on peut le montrer
en dérivant l’équation 1.18 :
𝑑𝜏 𝜕𝑣 𝑛−1
𝜕𝑣 = 𝑛𝑘 ( 𝜕𝑦𝑥) 1.18
𝑑( 𝑥 )
𝜕𝑦
Pour :
𝜕𝑣𝑥
𝑛 < 1 𝑑𝑒 →0
𝜕𝑦
On a que :
𝑑𝜏
𝜕𝑣𝑥 →∞ 1.19
𝑑( )
𝑑𝑦
Cette propriété de la loi de puissance signifierait pour un liquide structurellement visqueux réel qu’il ne peut pas
être perturbé, car des contraintes infinies devraient être appliquées pour le mettre en mouvement. En d’autres
termes, il aurait une viscosité infiniment élevée et se comporterait comme un solide. L’approche de puissance

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21

n’est donc pas adaptée pour décrire le comportement au point zéro, qui se caractérise par une viscosité constante
𝜂0 .
Pour 𝑛 > 1, pour les fluides dilatants, un comportement à la pente zéro inverse correspondant est montré : la
tangente à la courbe d’écoulement a la pente zéro à l’origine. Cela signifie qu’un fluide dilatant qui obéit à
l’approche de puissance ne pourrait jamais être mis au repos, car le mouvement d’écoulement commence même
à des contraintes infiniment petites. En conséquence, le liquide aurait une viscosité nulle. Dans la partie médiane
du gradient de vitesse, cependant, l’approche d’Ostwald-de Waele peut être utilisée, comme l’illustre la figure 8.

Fig. 1.8 Courbe d’écoulement d’un liquide structurellement visqueux par rapport à l’approche d’Ostwald-de Waele
Reales Fluid = Fluide réel. Gültigkeitbereich = Champ d'application. Ansatz = équation

Dans cette figure 1.8, en partant du point zéro, la contrainte d’un liquide structurellement visqueux réel suit
initialement approximativement une ligne droite qui décrit le comportement newtonien avec une viscosité nulle
𝜂0 . Après avoir atteint un point 1, la contrainte suit une courbe qui s’applique à une valeur constante de 𝜂 selon
l’approche de puissance. À partir du point 2, la courbe des valeurs mesurées s’éloigne à nouveau et conduit au
comportement newtonien, qui est décrit par une ligne droite de viscosité finale 𝜂∞ . Entre les points 1 et 2,
l’approche Ostwald-de Waele peut être utilisée pour la description. Ces considérations, basées sur l’exemple des
liquides structurellement visqueux, s’appliquent de manière analogue aux liquides dilatés.
Le comportement extraordinairement compliqué des fluides thixotropiques, rhéopéctiques et autres fluides non
newtoniens ne sera pas discuté ici parce qu’entre autres, en plus de la dépendance de la viscosité sur la vitesse de
contrainte, il y a aussi une influence du temps qui joue.
2.2 Conductivité thermique
La figure 9 montre la dépendance à la température de la conductivité thermique de diverses substances fluides.
Contrairement à la viscosité, l’influence de la température sur la conductivité thermique n’est pas très prononcée,
elle peut donc souvent être négligée. Les gaz ont généralement des valeurs nettement inférieures à celles des
liquides. La conductivité thermique des matériaux solides, en revanche, est souvent beaucoup plus élevée (par
exemple le diamant : 2300 𝑊/(𝑚 · 𝐾) ou l’argent : 427 𝑊/(𝑚 · 𝐾) à 20 °𝐶).

Fig. 1.9 Conductivité thermique en fonction de la température pour diverses substances fluides.
Comme la figure 1.2, cependant, le coefficient d’égalisation des températures, càd, la diffusivité thermique, des
gaz est supérieure à celle des liquides. Encore une fois, les mécanismes se distinguent au niveau moléculaire. Le

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transport de l’énergie thermique s’y effectue moléculairement par interaction intermoléculaire ou changement
de localisation des molécules.
Dans les liquides ou les solides, le transport d’énergie se produit principalement à la suite de l’interaction des
molécules. Dans les gaz à densité beaucoup plus faible, presque seuls les changements d’espace peuvent
contribuer au transport de l’énergie. D’une part, cela signifie que la densité de courant de transport et donc la
conductivité thermique y sont très faibles. D’autre part, les libres parcours moyens sont tels que non seulement
les coefficients de diffusion, mais aussi la diffusivité thermique des gaz sont supérieurs à ceux des liquides ou des
solides.
2.3 Coefficients de diffusion
Le coefficient de diffusion 𝐷𝐴𝐵 est la variable de transport décisive dans le transfert de masse des mélanges
binaires. Cette quantité dépend, de la pression, de la température et de la concentration. Malgré leur grande
importance, les coefficients de diffusion n’ont été déterminés expérimentalement qu’en très petit nombre par
rapport aux conductivités thermiques. De plus, les modèles physiques de calcul ne sont pas très fiables. Cela est
dû au fait que les mesures exactes du coefficient de diffusion sont difficiles à réaliser et prennent beaucoup de
temps. Par conséquent, dans de nombreux cas, il est nécessaire de recourir à des relations plus ou moins
théoriques ou empiriques-théoriques pour la prédiction des coefficients de diffusion. Cependant, la qualité des
données ainsi calculées varie considérablement.
Les grandeurs des coefficients de diffusion diffèrent considérablement selon l’état de la matière, comme on voit
dans le tableau 1.3. Étant donné que les coefficients de diffusion dans les gaz et les liquides dépendent de
différentes variables d’influence, celles-ci sont considérées séparément.
Gaz
Sur la base de la théorie des gaz cinétiques, les coefficients de diffusion pour les mélanges binaires de composants
non polaires peuvent être calculés avec une précision suffisante à des fins techniques. Pour un mélange de deux
composants de même masse moléculaire 𝑀𝐴 et de même diamètre moléculaire 𝑑𝐴 :
2 𝑘3 √𝑇 3
𝐷𝐴𝐴 = 3 √𝜋3𝑀 2 1.20
𝐴 𝑝𝑑𝐴

Gaz (1 bar) 10-6 < DAB < 10-4 m²/s


Liquides (η≈1mPas) 10-10 < DAB < 10-8 m²/s
Solides 0 < DAB < 10-10 m²/s
Tableau 1.3. Ordres de grandeur typiques des coefficients de diffusion à 20 °C

Système A – B T [°C] DAB [10-6 m²/s]


Air – H2 0 49,3
Air – H2 23,7 56,5
Air – O2 20 9,1
Air – J2 25 10,8
Air – H2O 0 21,6
Air – Benzol 26,9 9,26
Air – Méthanol 25,6 16,2
H2 – Benzol 23 36,6
O2 – Benzol 23 9,2
Tableau 1.4 Coefficients de diffusion dans les gaz

Ici, 𝑘 est la Constante de Boltzmann 𝑘 = 𝑅/𝑁𝐴 = 1,381 · 10−23 𝑚2·𝑘𝑔 · 𝑠 −2 · 𝐾 −1 (qui correspond à la constante
universelle des gaz liée à une seule molécule, 𝑁𝐴 : la Constante d’Avogadro : 6,022·1023 molécules/mol). Les masses
moléculaires résultent de :
̃𝑖
𝑘𝑀 ̃
𝑀
𝑀𝑖 = 𝑅
= 𝑁𝑖 1.21
𝐴
Si les substances A et B ont des masses moléculaires différentes, 𝑀𝐴 et 𝑀𝐵 , respectivement, ainsi que des
diamètres différents 𝑑𝐴 et 𝑑𝐵 , il en résulte une relation similaire (Bird)

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2 𝑘3 1 1 √𝑇 3
𝐷𝐴𝐵 = √ √2𝑀 + 2𝑀 𝑑𝐴 +𝑑𝐵 2 1.22
3 𝜋3 𝐴 𝐵 𝑝[ ]
2
De ce fait, le coefficient de diffusion est inversement proportionnel à la pression totale p du gaz et augmente avec
la puissance 3/2 de la température absolue. De nombreux résultats de mesures du coefficient de diffusion
montrent que ces déclarations sont satisfaites pour certains gaz à basse pression. Cependant, il y a aussi des cas
d’écarts plus ou moins forts.
Le Tableau. 1.4 donne quelques résultats expérimentaux pour des coefficients de diffusion dans les gaz. (Ludwig
Boltzmann, 1844-1906, physicien et philosophe autrichien, ancien étudiant et assistant de Stefan (loi Stefan-
Boltzmann), a fondé la mécanique statistique avec Maxwell, a défini l’entropie comme une grandeur
microscopique.)
Liquides
Pour la prédiction des coefficients de diffusion, la théorie dite hydrodynamique a fait ses preuves. Cette théorie
est basée sur une équation de Nernst-Einstein, selon laquelle le coefficient de diffusion est proportionnel à la
constante de Boltzmann 𝑘, la température absolue 𝑇 et la mobilité 𝑣𝐴 /𝐹𝐴 d’une particule ou d’une molécule A
dissoute dans un milieu stationnaire B:
𝑘𝑇𝑣𝐴
𝐷𝐴𝐵 = 1.23
𝐹𝐴
𝑣𝐴 est la vitesse d’une particule ou d’une molécule A qui se déplace sous l’action de la force 𝐹𝐴 . Pour les
écoulements laminaires inférieurs à 1, (𝑅𝑒 < 1), la force FA appliquée à une particule de rayon 𝑅𝐴 se déplaçant
dans un fluide B résulte de la dynamique des fluides. Il en résulte l’équation de Stokes-Einstein :
𝑘𝑇
𝐷𝐴𝐵 = 6𝜋𝜂 1.24
𝐵 𝑅𝐴
Les considérations correspondantes pour d’autres conditions conduisent à la relation fréquemment confirmée :
𝐷𝐴𝐵 𝜂𝐵
= 𝐶𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒 1.25
𝑇
Étant donné que la viscosité dynamique η des liquides est approximativement proportionnelle à exp(1/T), le
coefficient de diffusion augmente de façon disproportionnée avec l’augmentation de la température.
Le tableau 1.5 présente les résultats expérimentaux des coefficients de diffusion dans les liquides.

Système A – B T [°C] DAB [10-9 m²/s]


He – H2O 22 5,8
He – H2O 24,5 4,9
N2 – H2O 25 2,34
O2 – H2O 25 2,51
Cl2 – H2O 25 1,51
C2H4 – H2O 25,4 1,08
C4H10 – H2O 24,8 0,96
Benzol – H2O 20 1,02
CH4 – C6H14 25 0,087
CH4 – CCl4 25 2,89
C5H12 – C6H14 20 2,15
Tableau 1.5 Coefficients de diffusion dans les liquides

3 Transferts par convection


Les flux de transfert moléculaire décrits plus haut sont causés par le mouvement brownien. Cela peut avoir lieu
dans un milieu stationnaire aussi bien que dans un milieu fluide. Dans ce dernier cas, le milieu fluide, cependant,
en plus du transport moléculaire, se superpose aussi le transfert dû à l’écoulement, c’est-à-dire dû au changement

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de localisation dans le milieu. Ce transfert, qui décrit le changement de localisation, est appelé convection ou
transfert convectif.
Dans ce transfert par convection, l’énergie moléculaire, la quantité de mouvement ou le transfert de masse
moléculaires sont presque toujours faibles. Par conséquent, les processus moléculaires dans le sens de
l’écoulement peuvent presque toujours être négligés, alors qu’ils sont importants dans le transfert transversal à
l’écoulement, en particulier dans les zones perpendiculaires proches de la paroi le long de laquelle a lieu
l’écoulement.
Les flux convectifs sont généralement causés par des forces externes.

3.1 Transfert d’impulsions convectives


La description mathématique du transport convectif de la quantité de mouvement conduit au champ de vitesse
et de pression, où le champ d’écoulement est clairement défini et peut être calculé.

Fig. 1.10 Transfert convectif dans un tube de courant unidimensionnel à section transversale constante

Afin d’arriver à une description quantitative du transfert convectif, on considère ci-dessous un écoulement
unidimensionnel d’un milieu incompressible et sans frottement. Dans la Fig.1.10 un seul élément de volume
différentiel 𝑑𝑉 = 𝐴 · 𝑑𝑠 d’un tube de courant contient la partie différentielle de la quantité de mouvement
𝑑𝐼 = 𝑑(𝑀 · 𝑣). Le courant convectif d’impulsion ̇ I doit traverser la surface transversale de section constante A
en tout point de référence choisi arbitrairement :
𝑑𝐼 𝑑𝑀𝑣
𝐼̇ = = 1.26
𝑑𝑡 𝑑𝑡
En transformant l’équation 1.26 tenant compte de 𝐼 = 𝑓(𝑉, 𝑡) on a :
𝑑𝐼 𝑑𝐼 𝑑𝑉
𝐼̇ = = 1.27
𝑑𝑡 𝑑𝑉 𝑑𝑡
𝑑𝐼
La première expression, 𝑑𝑉 , représente la densité d’impulsion :
𝑑𝐼 𝑑(𝑀𝑣) 𝑑𝑣 𝑑𝑀
𝑑𝑉
= 𝑑𝑉 = 𝑀 𝑑𝑉 + 𝑣 𝑑𝑉 = 𝜌𝑣 1.28
La dérivation de l’expression entre crochets doit tenir compte du fait qu’en raison de la relation de continuité,
la dérivée 𝑑𝑣/𝑑𝑉 est nulle à cause de A = constante.
La deuxième expression peut être transformée de la manière suivante, en tenant compte de la condition de
continuité où 𝑑𝐴/𝑑𝑡 = 0, ds étant une longueur de trajet infinitésimale dans le sens de l’écoulement de la Fig.
1.10 :
𝑑𝑉 𝑑𝑠
𝑑𝑡
= 𝐴 𝑑𝑡 = 𝐴𝑣 1.29
Il en résulte la relation générale suivante pour le courant convectif d’impulsion (ou débit convectif d’impulsion)
:
𝑰̇ = 𝑨𝝆𝒗𝟐 1.30
et la relation suivante pour la densité de courant convectif d’impulsion (ou flux de courant convectif
d’impulsion) :
𝑰̇
𝒊 = 𝑨 = 𝝆𝒗𝟐 1.31
Dans les écoulements tridimensionnels complexes, la densité de courant d'impulsion représente un tenseur de
2ème ordre :
𝑖𝑗𝑘 = 𝜌𝑣𝑗 · 𝑣𝑘

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3.2 Transfert d’énergie par convection


L’énergie E d’un milieu en circulation est composée de l’énergie interne U, de l’énergie cinétique 𝐸𝑐𝑖𝑛 et de l’énergie
potentielle 𝐸𝑝𝑜𝑡 :
𝐸 = 𝑈 + 𝐸𝑐𝑖𝑛 + 𝐸𝑝𝑜𝑡 1.32
L’énergie interne U se réfère à l’énergie des molécules individuelles et se compose de quatre types. La forme la plus
importante pour d’autres considérations est l’énergie cinétique des molécules ou « énergie thermique » des atomes,
dont la mesure est la température. Les changements de distance entre les molécules entraînent une augmentation
ou une diminution de l’énergie potentielle de chaque paire de molécules dans cette direction (énergie de van der
Waals). La troisième contribution à l’énergie interne est l’énergie de liaison chimique des molécules (énergie de
réaction). Enfin, la fission de noyaux atomiques lourds ou la fusion de noyaux légers entraîne également la libération
d’énergie (énergie nucléaire).
L’énergie cinétique d’un élément en vrac en écoulement, de masse M, est donnée par :
1
𝐸𝑐𝑖𝑛 = 𝑀𝑣 2 1.33
2
Si un élément solide est soulevé verticalement d’une hauteur z, un travail correspondant à l’énergie potentielle doit
être effectué :
𝐸𝑝𝑜𝑡 = 𝑀𝑔𝑧 1.34
Les quantités 𝐸𝑐𝑖𝑛 et 𝐸𝑝𝑜𝑡 sont chacune déterminées pour la totalité d’une substance. D’autre part, les énergies
cinétique et potentielle des molécules individuelles sont importantes dans l’énergie interne.
Dans de nombreux cas, l’énergie cinétique et l’énergie potentielle peuvent être négligées par rapport à l’énergie
interne, de sorte que l’énergie du fluide en circulation est égale au produit de la masse et de l’énergie interne
spécifique massique 𝑢.
̇
𝑬̇ = 𝑨𝝆𝒖𝒗 1.35
De manière analogue au transport convectif de quantité de mouvement, on obtient alors le flux d’énergie convectif
ou la densité de flux d’énergie :
𝑬̇
𝒆̇ = = 𝝆𝒖𝒗 1.36
𝑨
En plus de l’énergie interne u, d’autres variables peuvent également être utilisées pour équilibrer l’énergie, telles
que l’enthalpie
𝐻 = 𝑈 + 𝑝𝑉 1.37
ou la chaleur spécifique isochorique ou isobarique sensible respectivement sous la forme 𝐶𝑣 𝑇 et 𝐶𝑝 𝑇. Ces variables
revêtent une plus grande importance pratique, car elles facilitent le suivi et le calcul des processus. Pour les milieux
incompressibles, qui représentent souvent un modèle approprié pour les fluides réels, les capacités thermiques
spécifiques 𝐶𝑝 et 𝐶𝑉 coïncident. Dans des conditions isobares, le débit de chaleur ou courant de chaleur par
convection est calculé selon :
𝑸̇ = 𝑨𝝆𝒄𝒑 𝒗𝑻 1.38a
et le flux de chaleur par convection selon :
𝑸̇
𝒒̇ = = 𝝆𝒄𝒑 𝒗𝑻 1.38b
𝑨
3.3 Transfert de masse par convection
A partir du débit massique,
𝑀̇ = 𝐴𝜌𝑣
le flux total de matières transportées par convection peut être décrit soit sur la base de la masse,
𝑀̇
𝑚̇ = = 𝜌𝑣 1.39
𝐴
soit sur celle de la concentration de substance, en partant du débit massique :
𝑵̇ = 𝑨𝒄𝒗
on déduit :
𝑵̇
𝒏̇ = = 𝒄𝒗 1.40
𝑨
3
(c est la concentration en moles par 𝑚 )
Même pour un seul composant A, ces écoulements ou courants de masses ou de moles et les flux respectifs peuvent
être déterminés dans la direction i :

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𝑀̇𝐴𝑖 = 𝐴𝜌𝐴 𝑣𝑖 et 𝑚̇𝐴𝑖 = 𝜌𝐴 𝑣𝑖 1.41

𝑁̇𝐴𝑖 = 𝐴𝑐𝐴 𝑣𝑖 et 𝑛̇ 𝐴𝑖 = 𝑐𝐴 𝑣𝑖 1.42

L’examen de toutes les densités de courant montre généralement que ces densités résultent de la multiplication
de la vitesse (locale) du fluide (ou du composant) par la densité (locale) correspondante (moles/volume ou
masse/volume, énergie/volume ou impulsion/volume).
4 Processus de transfert turbulent
Les effets des transferts ou échanges moléculaire et convectif dans les systèmes stationnaires ou laminaires peuvent
être décrits par les relations de transfert mentionnées jusqu’à présent. Toutefois, si les processus de transfert ont
lieu dans un système à écoulement turbulent, un processus de transfert turbulent doit être ajouté aux deux effets de
transfert mentionnés ci-dessus. Cela se produit en raison de mouvements de fluctuation chaotiques superposés à la
vitesse moyenne d’écoulement du milieu 𝑣𝑖 . On peut distinguer les types suivants de turbulences :
a) La turbulence de Reynolds a lieu lorsque des tuyaux ou des conduites de fluides sont traversés par un écoulement
monophasé ou lorsqu’il y a un écoulement monophasé sur des corps tels que des plaques, des cylindres, des
particules ou éléments similaires, la turbulence de Reynolds se produit à partir d’une certaine valeur de ce
nombre de Reynolds. La turbulence au sein d’une phase dans des systèmes multiphasiques à écoulement
turbulent peut également être de type reynoldien.
b) La turbulence due à la déformation est causée par des changements stochastiques de la forme à la limite d’un
fluide ou dans les systèmes à deux ou plusieurs phases quand on atteint une valeur supérieure du nombre de
Reynolds. Comme exemples on peut considérer les particules fluides telles que les bulles et les gouttelettes ainsi
que les flammes ondulées subissant des changements de forme.
c) La turbulence de réseau se produit lorsqu’un fluide traverse des résistances solides telles que des treillis, des
fixations ou des remplissages, provoquant des processus qui induisent des turbulences.
d) La turbulence dans un essaim est générée par un essaim de particules fluides ou solides se déplaçant librement
dans le fluide les environnant.
e) La turbulence interfaciale se produit dans les zones limites de la phase fluide lorsqu’il existe des différences locales
de tension interfaciale dues aux différences de température ou de concentration. Ces différences déclenchent
des écoulements de matériaux turbulents à l’interface et conduisent à de la turbulence ayant des mouvements
stochastiques à la limite de phase ; cette turbulence est également appelée convection de Marangon.

Fig. 1.11 Types de turbulences. Turbulenz = Turbulence. Gitter Turbulenz = Turbulence de réseau. Schwamturbulenz =
turbulence d’ensemble de particules. Grenzflächenturbulenz = turbulence interfaciale. Bereich hoher
Grenzflächenenergie = Gamme d'énergie interfaciale élevée. Bereich niedriger Grenzflächenenergie = Faible gamme
d'énergie interfaciale

Contrairement au transfert moléculaire, dans lequel le transfert d’une variable d’échange (énergie, quantité de
mouvement, substance) a lieu par le mouvement des molécules, dans le transfert turbulent, l’échange résulte de la
formation et de la désintégration constantes de tourbillons, de différentes tailles. Leurs dimensions maximales
résultent uniquement de la taille spatiale du système d’écoulement. Plus l’étendue spatiale du champ d’écoulement
est petite, plus les tourbillons sont petits et vice versa. La taille minimale du vortex est souvent de l’ordre de 102 à

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10 3 𝜇𝑚 et est donc plusieurs fois plus grande que la longueur moyenne du libre parcours moyen des molécules.
Pour cette raison, la turbulence peut en principe être considérée comme une forme particulière d’écoulement
convectif.

Fig. 1.12 Gouttes de toluène (à gauche) et d'acétylacétone (à droite) dans l'eau. Diamètre de la buse de 2 mm chacune. Surface
stable gauche, droite avec instabilité interfaciale due à la turbulence interfaciale.

Le mouvement des filets de turbulence est associé à des fluctuations temporelles des vitesses locales et, par
conséquent, de la pression, de la température et de la concentration. Pour une idée simple, le vecteur vitesse, qui
change rapidement dans le temps selon la direction et la taille, est décomposé en deux parties. L’un est le vecteur
constant de la vitesse moyenne dans le temps 𝑣̇ et l’autre est le vecteur de la vitesse de fluctuation dépendant du
temps, 𝑣 ′ qui a les composantes 𝑣′x, 𝑣′y et 𝑣′z dans la direction des coordonnées spatiales 𝑥, 𝑦 𝑒𝑡 𝑧.

Figure 1.13 Représentation schématique de la composante vitesse 𝑣𝑥 dans un écoulement turbulent avec la moyenne
temporelle 𝑣̅𝑥 et la vitesse de fluctuation 𝑣𝑥′ . 1.13a pour un débit volumique constant et donc indépendant du temps
𝑣̅𝑥 , 1.13b pour un flux volumétrique qui augmente avec le temps.

La figure 1.13 montre un exemple de la progression temporelle d’une composante de vitesse turbulente 𝑣𝑥 (t) et se
répartit d’une part en vitesse indépendante du temps 𝑣̅𝑥 et d’autre part en vitesse de fluctuation 𝑣′x. La vitesse réelle
se représente donc comme la somme d’une vitesse moyenne 𝑣̅𝑥 et d’une vitesse de fluctuation 𝑣′x (décomposition
de Reynolds) :
𝑣𝑥 (𝑡) = 𝑣̅𝑥 + 𝑣𝑥′ 1.43
Une somme analogue peut être faite pour les quantités de pression, de température et de concentration, qui varient
également en raison de la turbulence. La valeur moyenne 𝑣̅𝑥 est obtenue en prenant sa valeur moyenne dans le
temps sur une longue période τ, comprenant un grand nombre de fluctuations :
1 𝜏
𝑣̅𝑥 ≡ ∫0 𝑣𝑥 (𝑡 )𝑑𝑡 1.44
𝜏
Cette valeur moyenne est indépendante du temps à débit volumique constant (Fig.1.13a), alors qu’elle augmente,
par exemple, lorsque le débit volumique augmente (Fig.1.13b). Pendant une période suffisamment longue, la valeur
moyenne 𝑣′x du taux de fluctuation est toujours nulle, sinon il en dériverait une vitesse résultante, qui contredirait la
définition de la vitesse moyenne. Afin d’avoir une idée quantitative de l’amplitude moyenne des vitesses de
fluctuation, on utilise la valeur effective de la vitesse de fluctuation :
1 𝜏 𝑣𝑥′2 +𝑣𝑦
′2 +𝑣 ′2
≡ √̅̅̅̅̅̅̅
′ 𝑧
𝑣𝑒𝑓𝑓 (𝑣 ′ )2 = ∫0 √ 𝑑𝑡 1.45
𝜏 3
Pour caractériser l’intensité de la turbulence, on utilise un degré de turbulence sans dimension :
𝑣′
𝑇𝑢 ≡ 𝑒𝑓𝑓 1.46
𝑣̅
On trouve généralement des niveaux de turbulence compris entre 1 et 10 %. Dans les zones proches d’une paroi,
des valeurs de 25% et plus peuvent être atteintes. En conséquence, les fluctuations ne sont pas négligeables, mais

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peuvent atteindre des intensités importantes. La détermination de l’influence indésirable des turbulences s’applique
spécifiquement aux recherches en soufflerie, qui doivent donc avoir de très faibles turbulences <0,005 %.
En raison du transfert turbulent, les changements d’emplacement des tourbillons s’imposent dans le fluide. Ces
changements d’emplacement des tourbillons peuvent couvrir des distances relativement grandes dans le volume
du liquide et induisent des différences brutes dans la distribution de la quantité de mouvement, de l’énergie ou de
composant matériel. Les tourbillons ou filets de turbulence ont encore des dimensions de plusieurs ordres de
grandeur plus grands que les dimensions moléculaires. L’égalisation plus fine est obtenue par le transfert
moléculaire qui a lieu en même temps. Le transfert turbulent améliore ainsi le transfert moléculaire, principalement
en assurant une plus grande mobilité des groupes moléculaires. Selon une approche de Boussinesq, les coefficients
de composantes de turbulence 𝜈𝑡 , 𝑎𝑡 et 𝐷𝑡 sont utilisés pour le transfert quantitatif turbulent. Ceux-ci sont formulés
comme suit, sur cette base, pour le flux moléculaire de transfert :

Contrainte 𝑑𝑣̅ 1.47


𝜏𝑡 ≡ 𝜌𝜈𝑡
𝑑𝑦
Energie 𝑑𝑇̃ 1.48
𝑞̇ 𝑡 ≡ −𝜌𝑐𝑝 𝑎𝑡
𝑑𝑦
Matière 𝑑𝜌̃ 1.49
𝑚̇𝑡 ≡ −𝐷𝑡
𝑑𝑦

5 Equations de bilan
Les bases des équations de transfert de matière, d’énergie (chaleur) et de quantité de mouvement sont les lois de
conservation de la masse, de l’énergie et de la quantité de mouvement. Il y a une distinction entre les équations
différentielles et intégrales.
On a recours aux équations différentielles lorsqu’il est nécessaire d’étudier un processus dans un élément de volume
différentiel ou à l’interface de deux phases ; on met en place les équations différentielles correspondantes et les
intègre, en tenant compte des conditions aux limites associées. Ces équations différentielles sont principalement
utilisées pour calculer les champs de vitesse, de concentration et de température dans les systèmes ou à leurs
interfaces.
Les équations intégrales sont utilisées pour déterminer les flux entrants ou sortants d’un système. Celui-ci peut
être un appareil, une étape de processus ou un processus entier. Dans ce cas, on ne s’intéresse pas aux processus
à l’intérieur d’un appareil, mais seulement au système dans son ensemble.
On entend par système, une zone, généralement un espace tridimensionnel de volume 𝑉. Techniquement, il peut
s’agir d’une installation complète, de parties de celle-ci (appareil, tuyau, etc.), d’une partie d’un appareil (par
exemple, catalyseur, gouttelettes) d’un élément de volume différentiel.
La limite du système (sa frontière) est une paroi ou une surface solide ou une frontière imaginaire, qui, dans le cas
d’un système géométriquement tridimensionnel, est alors donnée comme une surface qui entoure complètement
le système.
Un système est généralement en interaction matérielle, énergétique avec l’environnement (comme le reste du
système global) (voir Fig. 1.14). Les systèmes sont divisés comme suit, en fonction de leurs interactions :
• Systèmes isolés : tous les flux d’échange sont nuls.
• Systèmes fermés : tous les flux de transport de masse sont nuls, ceux d’énergie peuvent se produire.
• Systèmes ouverts : Les flux de matières et d’énergie traversent les limites du système.
Pour le génie chimique et des procédés, les variables essentielles de conservation à considérer sont la masse (pour
le calcul des matières premières et des produits nécessaires), l’énergie (pour calculer la quantité de chaleur
requise ou libérée) et la quantité de mouvement (principalement pour calculer la perte de charge, qui est
nécessaire, par exemple, pour la conception des pompes).
Dans le cas d’un système ouvert, l’équation du bilan général des variables d’échange individuelles peut être
formulée de la manière suivante, où une quantité est comprise comme étant l’ensemble de la variable d’échange :

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𝑆𝑜𝑚𝑚𝑒
𝑉𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑆𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑆𝑜𝑚𝑚𝑒
𝑑𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é𝑠
𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é𝑠 à 𝑙′𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 𝑑𝑒𝑠𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é𝑠 à 𝑙𝑎 𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
[
𝑙𝑒 𝑠𝑦𝑠𝑡è𝑚𝑒
]=[
𝑑𝑢 𝑠𝑦𝑠𝑡è𝑚𝑒
]−[
𝑑𝑢 𝑠𝑦𝑠𝑡è𝑚𝑒
]+ 𝑣𝑎𝑟𝑖é𝑒𝑠 1.50
𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑠𝑦𝑠𝑡è𝑚𝑒
̇𝑆 𝑍̇ 𝐴̇
[ 𝑊̇ ]
Dans le cas d’un système fermé, les termes d’alimentation 𝑍̇ et de décharge 𝐴̇ sont nuls, 𝑍̇ + ̇𝐴̇ = 0.

Figure 1.14 Volume du bilan et termes de l’équation du bilan général équation 49

Le terme de stockage 𝑆̇ ̇ n’intervient que dans les processus transitoires et tient compte du changement temporel
des quantités présentes dans le volume. Les courants 𝑍̇ ̇ et 𝐴̇ circulant respectivement vers et depuis le volume, à
travers les limites du système, doivent être appliqués en fonction des mécanismes existants d’échange
(conduction, convection, rayonnement). Le terme de conversion 𝑊̇ inclut les sources de la quantité considérée
(𝑊̇ >0). D’une part, celles-ci sont causées, par exemple, par la chaleur des réactions chimiques exothermiques, la
formation de produits de réaction, la dissipation de l’énergie cinétique ou l’effet Joule généré lorsque le courant
électrique circule à travers un conducteur. D’autre part, des puits (𝑊 <̇ 0) ̇ peuvent également se produire, par
exemple en raison de la chaleur d’une réaction chimique endothermique ou de la consommation d’un réactif dans
une réaction chimique.
5.1 Équations différentielles
L’application de l’équation générale, Eq. 1.50 , à un élément volumique différentiel stationnaire conduit à un
système d’équations différentielles constituées de masse, d’énergie et de quantité de mouvement ; le mouvement
massique, l’énergie et la quantité de mouvement sont des variables d’échange respectives. Avec les conditions
initiales et aux limites, ceux-ci dépendent du temps et de l’emplacement des champs de concentration, de
température et de vitesse dans le système considéré.
Pour chaque système, le nombre de bilans massiques est égal à celui des composants individuels k du système.
Avec l’équilibre de l’énergie et des impulsions comme relations supplémentaires, des équations d’équilibre
indépendantes résultent pour un système dans son ensemble (k + 2). L’application des équations différentielles,
le calcul effectif des champs, n’est pas analytiquement possible, à quelques cas exceptionnels. Des méthodes de
calcul numérique doivent être utilisées pour trouver des solutions. Ces tâches peuvent être traitées avec des
programmes numériques dits de dynamique des fluides (CFD), équipés d’algorithmes appropriés de solution. Un
logiciel correspondant a été développé intensivement ces dernières années. Aujourd’hui, il existe un certain
nombre de programmes commerciaux et non commerciaux qui permettent de trouver des solutions même sur
PC.
Bilan massique différentiel
La loi de conservation ou le bilan massique d’un composant ou d’une substance chimiquement uniforme peut être
clairement déduite pour un élément volumique cuboïde 𝛥𝑉 = 𝛥𝑥 · 𝛥𝑦 · 𝛥𝑧. Pour cet élément, les sommes
individuelles peuvent se compiler selon l’équation 1.50. Le stockage, par le temps, d’un composant 𝑖 dans
l’élément volumique est, si 𝑆̇ a la dimension d’une masse par le temps :
𝛿𝑀 𝛿(𝜌 Δ𝑥.Δ𝑦.Δ𝑧) 𝛿𝜌
𝑆̇ = 𝛿𝑡 𝑖 = 𝑖 𝛿𝑡 = Δ𝑥. Δ𝑦. Δ𝑧 𝛿𝑡𝑖 1.51
̇ ̇
La différence 𝑍 − 𝐴 est celle entre les flux entrant et sortant et donc est égale au courant net, qui dépend de la
direction. Dans la direction 𝑥 on obtient :
𝑍̇𝑥 − 𝐴̇𝑥 = 𝑚̇𝑖𝑥∣𝑥 ∆𝑦∆𝑧 − 𝑚̇𝑖𝑥∣𝑥+∆𝑥 ∆𝑦∆𝑧 1.52
En conséquence, dans la direction 𝑦, on a :
𝑍̇𝑦 − 𝐴̇𝑦 = 𝑚̇𝑖𝑦∣𝑦 ∆𝑥∆𝑧 − 𝑚̇𝑖𝑦∣𝑦+∆𝑦 ∆𝑥∆𝑧 1.53

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Et dans la direction 𝑧 on a :
𝑍̇𝑧 − 𝐴̇𝑧 = 𝑚̇𝑖𝑧∣𝑧 ∆𝑥∆𝑦 − 𝑚̇𝑖𝑧∣𝑧+∆𝑧 ∆𝑥∆𝑦 1.54

Fig. 1.15 Élément volumique de bilan massique différentiel général

Le courant de conversion 𝑊̇ ̇ provoqué par une réaction chimique ou biologique, pour une vitesse réactionnelle
individuelle 𝑟̇𝑖 (en mol/(m3·s)) est :
𝑊=𝑀 ̃𝑖 𝑟̇𝑖̇ ∆𝑥∆𝑦∆𝑧 1.55
La substitution des termes individuels dans l’équation 1.50 donne :
𝛿𝜌𝑖 ̇
𝑚̇𝑖𝑥∣𝑥+∆𝑥 ∆𝑦∆𝑧−𝑚 𝑖𝑥∣𝑥 ∆𝑦∆𝑧 𝑚̇𝑖𝑦∣𝑦+∆𝑦 ∆𝑥∆𝑧−𝑚̇𝑖𝑦∣𝑦 ∆𝑥∆𝑧 𝑚̇𝑖𝑧∣𝑧+∆𝑧 ∆𝑥∆𝑦−𝑚̇𝑖𝑧∣𝑧 ∆𝑥∆𝑦
= + + ̃𝑖 𝜈𝑖 𝑟̇
−𝑀 1.56
𝛿𝑡 ∆𝑥 ∆𝑦 ∆𝑧
Au passage des limites 𝛥𝑥 𝑜𝑢 𝛥𝑦 𝑜𝑢 𝛥𝑧 → 0 ou généralement pour la coordonnée de l’axe 𝑗, la définition du
rapport différentiel donne :
𝑚̇𝑖𝑗 −𝑚̇𝑖𝑗
⃒𝑗+∆𝑗 ⌊𝑗 𝜕𝑚̇𝑖𝑗
𝑙𝑖𝑚∆𝑗→0 ∆𝑗
= 𝜕𝑗
1.57
Ensuite, il découle de Eq. 1.46 :
𝜕𝜌𝑖 𝜕𝑚̇𝑖𝑥 𝜕𝑚̇𝑖𝑦 𝜕𝑚̇𝑖𝑧
+ + + ̃𝑖 𝑣𝑖 𝑟̇ = 0
−𝑀 1.58
𝜕𝑡 𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑧
En notation vectorielle, cette relation est :
𝜕𝜌𝑖
+ ∇𝑚⃗⃗ ̇ 𝑖 − 𝑀
̃𝑖 𝑣𝑖 𝑟̇ = 0 1.59
𝜕𝑡
Les équations 1.58 et 1.59 représentent respectivement l’équation de conservation ou de continuité de la
composante 𝑖. Pour l’ensemble du flux de matières, en l’absence de réaction chimique, l’équation générale de
continuité s’applique :
𝜕𝜌
+ ∇𝑚⃗⃗ ̇ = 0 1.60a
𝜕𝑡
Pour un fluide incompressible constitué d’une seule substance, il s’ensuit que :
𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑣𝑦 𝜕𝑣𝑧
Δ𝑣 = 𝜕𝑥
+ 𝜕𝑦
+ 𝜕𝑧
=0 1.60b
La densité de flux massique 𝑚̇𝑖 du composant 𝑖 est la somme de tous les courants qui se produisent et sont
significatifs. Il s’agit notamment des flux massiques causés par le transport moléculaire, convectif et turbulent.
(Les débits massiques causés par la pression et la diffusion thermique ainsi que par les forces externes ne sont pas
pris en compte ici.) Si l’on suppose que le terme diffusif est équimolaire ou une diffusion à très faible densité
partielle 𝜌𝑖 le bilan massique différentiel prend la forme suivante :
𝜕𝜌𝑖 𝜕 𝜕𝜌𝑖 𝜕 𝜕𝜌𝑖
+ [𝜌 𝑣 − (𝐷𝑖 + 𝐷𝑡 ) ] + [𝜌𝑖 𝑣𝑦 − (𝐷𝑖 + 𝐷𝑡 ) ]
𝜕𝑡 𝜕𝑥 𝑖 𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑥 𝜕𝑦
𝜕 𝜕𝜌
+ [𝜌𝑖 𝑣𝑧 − (𝐷𝑖 + 𝐷𝑡 ) 𝑖 ] − 𝑀 ̃𝑖 𝑣𝑖 𝑟̇ = 0 1.61a
𝜕𝑥 𝜕𝑧
Ou en notation vectorielle :
𝜕𝜌𝑖
̃𝑖 𝑣𝑖 𝑟̇ = 0
+ ∇[𝜌𝑖 𝑣 − (𝐷𝑖 + 𝐷𝑡 )∇𝜌𝑖 ] − 𝑀 1.61b
𝜕𝑡
Dans le transfert turbulent, 𝜌𝑖 ainsi que 𝑣𝑥 , 𝑣𝑦 𝑒t 𝑣𝑧 sont des valeurs moyennes. L’intégration de ces équations
différentielles donne des constantes d’intégration, qui doivent être déterminées par les conditions initiales et aux
limites. Il est d’usage de marquer les changements temporels relatifs à une zone fixe dans l’espace par ∂…/∂t. Ce
terme est également connu sous le nom de dérivé local. En revanche, la dérivée substantielle 𝑑𝜓/𝑑𝑡, considérée
également comme dérivée complète ou totale d’une grandeur de champ ψ(x, y, z, t) fait référence à un système se

Cours Phénomènes d’Echanges


31

déplaçant avec le fluide. Cette dérivation dépend donc non seulement du temps, mais aussi de l’emplacement.
Par conséquent, dans les systèmes mobiles, selon la règle de chaîne, on applique :
𝑑𝜓(𝑡,𝑥,𝑦,𝑧) 𝑑𝜓 𝑑𝑥𝜕𝜓 𝑑𝑦𝜕𝜓 𝑑𝑧𝜕𝜓 𝑑𝜓 𝑑𝜓 𝑑𝜓 𝑑𝜓
𝑑𝑡
= 𝑑𝑡
+ 𝑑𝑡𝜕𝑥
+ 𝑑𝑡𝜕𝑦
+ 𝑑𝑡𝜕𝑧
= 𝑑𝑡
+ 𝑣𝑥 𝑑𝑥 + 𝑣𝑦 𝑑𝑦 + 𝑣𝑧 𝑑𝑧
1.62

Bilan énergétique différentiel


La dérivation du bilan énergétique différentiel est complètement analogue au bilan matière. L’énergie totale
𝐸 d’un milieu en circulation est généralement composée de l’énergie interne 𝑈, de l’énergie cinétique 𝐸𝑐𝑖𝑛 , l‘Eq.
1.44, et de l’énergie potentielle 𝐸𝑝𝑜𝑡 , l’Eq. 1.43. Comme les énergies cinétique et potentielle sont souvent
négligeables par rapport à l’énergie interne, l’équation est décrite comme suit :
𝐸
𝐸 = 𝑈 = 𝑀𝑢 ou 𝑒 = 𝑀 1.63
Le bilan énergétique effectué sur l’élément de volume représenté à la figure 15 conduit, de manière analogue à
l’Eq. 1.61, au résultat suivant :
𝜕(𝜌𝑢) 𝜕 𝜕 𝜕
= 𝑒̇𝑥 + 𝑒̇𝑦 + 𝑒̇𝑧 − ∑ 𝑞̇ 𝑟é𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 = 0
𝜕𝑡 𝜕𝑥 𝜕𝑦
1.64 𝜕𝑧
Si l’énergie interne représente la variable, l’énergie de liaison chimique y est incluse tout comme une possible
chaleur de réaction est enregistrée dans la quantité 𝑢 et n’ont pas à être prises en compte dans le terme de
conversion. Les effets suivants peuvent se produire en tant qu’effets de conversion :
• Conversion des forces de déplacement à la suite d’un champ de pression et
• Conversion de l’énergie cinétique ou de l’énergie de compression en chaleur de friction par dissipation d’énergie.
Les deux effets doivent être négligés dans les cas suivants, c’est-à-dire que les changements dus à la pression ainsi
que les contraintes de cisaillement ne sont pas pris en compte. L’énergie interne peut être remplacée par
l’enthalpie ℎ via les relations suivantes :
𝑝
ℎ=𝑢+ 1.65
𝜌
Ainsi que par :
𝜕(𝜌𝑢) 𝜕(𝜌ℎ)
𝜕𝑡
= 𝜕𝑡
1.66
puisque 𝜕𝑝/𝜕𝑡 = 0, à pression constante. Les flux d’énergies entrante et sortante sont à leur tour composés d’une
partie moléculaire, d’une partie convective et d’une partie turbulente :
𝜕𝑇 𝜕
𝑒̇𝑖 = 𝜌𝑢𝑣𝑖 −𝜆
⏟ −𝑎
⏟ 𝑖 𝜕𝑖 (𝜌𝑐𝑝 𝑇) 1.67
𝜕𝑖
𝑞̇ 𝑚 𝑞̇ 𝑡
𝜕𝑇 𝜕
On a : −𝜆 𝜕𝑖 = 𝑞̇ 𝑚 et −𝑎𝑖 𝜕𝑖 (𝜌𝑐𝑝 𝑇) = 𝑞̇ 𝑡
L’insertion des Eq. 1.66 et 1.67 dans l’Eq. 1.64, donne, pour les fluides incompressibles, :
𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕 𝜕 𝜕
ρ( 𝜕𝑡 + 𝑣𝑥 𝜕𝑥 + 𝑣𝑦 𝜕𝑦 + 𝑣𝑧 𝜕𝑧 ) + 𝜕𝑥 (𝑞̇ 𝑚 + 𝑞̇ 𝑡 ) + 𝜕𝑦 (𝑞̇ 𝑚 + 𝑞̇ 𝑡 ) 𝜕𝑧 (𝑞̇ 𝑚 + 𝑞̇ 𝑡 ) = 0 1.68
Les quatre premières sommes sont liées à une partie mobile :
𝑑ℎ 𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕ℎ 𝜕ℎ
𝜌 𝑑𝑡 = 𝜌( 𝜕𝑡 + 𝑣𝑥 𝜕𝑥 + 𝑣𝑦 𝜕𝑦 + 𝑣𝑧 𝜕𝑧 ) 1.69
À pression constante, ce qui suit s’applique à cette dérivée :
𝑑ℎ 𝑑𝑇
𝜌 𝑑𝑡 = 𝜌𝑐𝑝 𝑑𝑡 + 𝑟̇ ∆ℎ𝑅 1.70
L’apparition du terme de réaction du côté droit de l’équation découle du fait que ‘’l’énergie thermique’’ et
l’énergie de liaison chimique sont des constituants de l’énergie interne et doivent être prises en compte en
conséquence lorsque les composants individuels de l’énergie interne sont énumérés. Ainsi, il découle de l’Eq. 1.68,
avec l’hypothèse d’une chaleur et d’une densité spécifiques constantes (𝜌𝑐𝑝 = 0) :
𝛿𝑇 𝜕𝑇 𝜕𝑇 𝜕𝑇 𝑑2 𝑇 𝑑2 𝑑2
𝜌𝑐𝑝 𝛿𝑡 + 𝜌𝑐𝑝 (𝑣𝑥 𝜕𝑥 + 𝑣𝑦 𝜕𝑦 + 𝑣𝑧 𝜕𝑧 ) − (𝜆 + 𝑎𝑡 𝜌𝑐𝑝 ) (𝑑𝑥 2 + 𝑑𝑦 2 + 𝑑𝑧 2 ) + 𝑟̇ ∆ℎ𝑅 = 0 1.71
Cette relation correspond entièrement à la formulation générale de l’équation du bilan lorsque la quantité
d’échange générale 𝑈 est donnée par la chaleur dite sensible M𝑐𝑝 𝑇 et la densité d’énergie est remplacé par 𝜌𝑐𝑝 𝑇.
La grandeur 𝑟̇ ∆ℎ𝑅 représente le terme de conversion chimique.

Cours Phénomènes d’Echanges


32

Bilan différentiel des impulsions


Le bilan différentiel de la quantité de mouvement, qui peut être réalisé de manière analogue au bilan matière et
énergie, conduit, entre autres, à l’équation du mouvement dite de Navier-Stokes. Elle s’applique aux fluides
newtoniens incompressibles ayant une viscosité spatialement constante et permet de calculer le champ de vitesse
dans les fluides en écoulement. En coordonnées cartésiennes, l’équation de Navier-Stokes sous forme vectorielle
est :

𝜕𝑣
𝜌 ( 𝜕𝑡 + 𝑣 ∇2 ) = −∇𝑝 + 𝜌𝑔 + 𝜂∇2 𝑣 1.72
Du côté gauche de l’équation se trouvent les forces d’accélération et d’inertie, tandis que sur le côté droit se
trouvent les forces de compression, gravitationnelles et de frottement. De cette équation découle l’équation
d’Euler

𝜕𝑣
𝜌 ( + 𝑣 ∇𝑣 ) = −∇𝑝 + 𝜌𝑔 1.73
𝜕𝑡
La forme de simplification, entre autres, pour les fluides sans frottement, et dans des conditions stationnaires est
:
𝜌𝑣 ∇𝑣 = −∇𝑝 + 𝜌𝑔 1.74
En intégrant dans le sens de l’écoulement, on obtient l’équation de Bernoulli :
𝑣2
𝑝
⏟ + 𝜌
⏟ + 𝜌𝑔𝐻
⏟ = 𝐶𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒 1.75
2
𝑝𝑟𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜 𝑠𝑡𝑎𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑝𝑟𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑦𝑛𝑎𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑝𝑟𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 ℎ𝑦𝑑𝑟𝑎𝑢𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒
Parfois, l’équation de Bernoulli est également utilisée pour les fluides visqueux. La diminution de la quantité de
mouvement résultant de la force de frottement à la paroi est alors prise en compte par un terme distinct de perte
(∆𝑝𝑅 , 𝑠 voir plus tard). Ces pertes sont équivalentes à la conversion de l’énergie cinétique, potentielle ou de
pression en énergie interne, créant un échauffement du fluide en écoulement.
Les équations de bilan général pour l’énergie, la quantité de mouvement et la matière pour les écoulements
laminaires dans différents systèmes de coordonnées peuvent être trouvées dans la littérature.
5.2 Équations de bilan intégrales
L’équation du bilan intégral ou global des flux est utilisée pour la vérification réelle des processus dans les systèmes
techniques sur la base des bilans massiques ou énergétiques habituels. Il peut également être utilisé pour
effectuer des analyses théoriques de la synchronisation des systèmes. Il est donc utilisé pour traiter les processus
dans les systèmes techniques, les appareils ou les particules individuelles dans les installations, si seulement les
courants eux-mêmes sont connus. De cette façon, par exemple, on peut vérifier le bon fonctionnement des
différentes étapes d’un processus.
On présente, dans ce qui suit, les équations de bilan intégral pour la masse et l’énergie. Lors de l’établissement de
bilan d’une masse ou d’une quantité de substance, la masse du composant 𝑀𝑖 , la masse totale M, la composante
molaire 𝑁𝑖 ou la quantité molaire totale N, peuvent être considérées comme des grandeurs de transport. En
général, il y aura une limitation à la masse ou à la quantité de moles, en tenant compte de la quantité la plus
appropriée de l’une des deux. La quantité de moles sera particulièrement avantageuse si les rapports
stœchiométriques exacts de la réaction chimique en question sont connus. En ce qui concerne les effets d’échange
associés, en particulier les effets de conversion, il est particulièrement important que le processus concerné soit
associé ou non à des réactions chimiques ou biologiques.
Sur la base de l’équation générale de bilan intégral, l’équation de bilan intégral suivante, appliquée à la masse
partielle, est obtenue pour la masse composante 𝑀𝑖 en tenant compte de la vitesse de réaction 𝑟̇ :
𝑀𝑖
= 𝑀𝑖𝛼 − 𝑀𝑖𝜔 + ∑𝑗(𝑉𝑇𝑜𝑡 𝑟̇ 𝑣𝑖 𝑀 ̃𝑖 1.76
𝑑𝑡
Ceci est basé sur le cas général qu’il peut y avoir plus d’une réaction (indiquée par le index j courant) dans la zone
d’échange concernée. Dans le cas d’une seule conversion, 𝑗 = 1 et ce qui suit s’applique :
𝑀𝑖
̃𝑖 )
= 𝑀𝑖𝛼 − 𝑀𝑖𝜔 + 𝑉𝑇𝑜𝑡 (𝑟̇ 𝑣𝑖 𝑀 1.77
𝑑𝑡
𝑀
̃𝑖 ) est le
Plus précisément, 𝑑𝑡𝑖 est le terme d’accumulation, 𝑀𝑖𝛼 − 𝑀𝑖𝜔 est le flux de transport net, et 𝑉𝑇𝑜𝑡 (𝑟̇ 𝑣𝑖 𝑀
terme de conversion de la composante, où 𝑉𝑇𝑜𝑡 est le volume de réaction. La division de Eq. 1.63 par le poids
moléculaire 𝑀̃𝑖 donne le bilan massique correspondant. Dans l’ensemble, les débits massiques sont
généralement utilisés pour les courants totaux, et les courants molaires sont généralement utilisés pour les
composants individuels.

Cours Phénomènes d’Echanges


33

Tableau 1.6 Equations de bilan en systèmes de coordonnées cartésiénnes (x,y,z)


Equation de continuité

Equations d’impulsion (Equations Navier-Stokes)

Equation d’Energie

Supplément de Dissipation

Equation d’Echange de matière

Tableau 1.7 Equations de bilan en coordonnées cylindriques (r,φ,z) pour des écoulements laminaires
Equations de continuité

Equation de l’impulsion ( Equations de Navier-Stokes)

Equation d’Energie

Ajout pour Dissipation

Equation d’Echange de matière

Cours Phénomènes d’Echanges


34

Tab. 1.8 Equations de bilan en coordonnées sphériques (r,θ,φ) pour des écoulements laminaires
Equation de continuité

Equation d’Impulsion (Equations de Navier-Stokes)

Equation d’Energie

Ajout de Dissipation

Equation d’Echange de matière

Dans les équations 1.86 à 1.90 ça signifie

Équations intégrales du bilan énergétique


L’équation intégrale de bilan pour l’énergie, conformément à la 1ère loi de la thermodynamique pour les systèmes
ouverts, est :
𝑑𝐸
𝑑𝑡
= 𝐸̇𝛼 − 𝐸̇𝜔 + 𝑄̇ + 𝑊̇ 1.78
Le terme sur le côté gauche de l’Eq. 1.78 donne l’accumulation d’énergie dans le temps. 𝐸̇𝛼 et 𝐸̇𝜔 représentent
les flux d’énergie transportés par convection du point α au point ω. 𝑄̇ représente le flux de chaleur transféré à
travers les limites du système (convention de signe : alimentation positive, dissipation négative) et 𝑊̇ représente
la puissance mécanique libérée dans le système. Ici cette puissance mécanique peut être effectuée par une
contrainte à l’interface, 𝑊𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 , tout comme par une différence de pression entre les points d’entrée α et de sortie
ω:
𝑊 = 𝑊𝑖𝑚𝑝 + 𝑝𝛼 𝑉𝛼 − 𝑝𝜔 𝑉𝜔 1.79
L’énergie E comprend les grandeurs suivantes :
𝑀𝑣 2 𝑣2
𝐸 = 𝑀𝑢 + 2
+ 𝑀𝑔𝑧 = 𝑀(𝑢 + 2
+ 𝑔𝑧) 1.80
Au flux d’énergie s’applique ce qui suit :
𝑀𝑣̇ 2 𝑣 2
𝐸̇ = 𝑀̇𝑢 + 2 + 𝑀̇𝑔𝑧 = 𝑀̇(𝑢 + 2 + 𝑔𝑧) 1.81
Le bilan énergétique inséré dans l’Eq. 1.78, en tenant compte de l’Eq. 1.79, est le suivant :
𝑑𝐸 𝑝 𝑣𝛼2 𝑝 2
𝑣𝜔
𝑑𝑡
= 𝑀̇𝛼 (𝑢𝛼 + 𝜌𝛼 + 2
+ 𝑔𝑧𝛼 ) − 𝑀̇𝜔 (𝑢𝜔 + 𝜌𝜔 + 2
+ 𝑔𝑧𝜔 ) + 𝑄̇ + 𝑊𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 1.82
𝛼 𝜔

Habituellement, 𝑊𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 est négligeable. Si l’énergie interne est remplacée par l’enthalpie, on a ce qui suit :

Cours Phénomènes d’Echanges


35

𝑑𝐸 𝑣2 𝑣 2

𝑑𝑡
= 𝑀̇𝛼 (ℎ𝛼 + 2𝛼 + 𝑔𝑧𝛼 ) − 𝑀̇𝜔 (ℎ𝜔 + 2𝜔 + 𝑔𝑧𝜔 ) + 𝑄̇ 1.83
Si ‘’l’énergie thermique’’ est choisie comme variable du bilan au lieu de l’enthalpie, le renouvellement énergétique
d’une réaction chimique doit être pris en compte séparément ; l’énergie libérée ou consommée par une réaction
chimique ou biologique entraîne un flux d’énergie de conversion suivant
𝑉̇𝑅 = (−∆ℎ𝑅 )𝑟̇ 𝑉𝑇𝑜𝑡 1.84
Si des flux de chaleur 𝑄̇𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒𝑠 sont échangés à travers les limites du système, ceux-ci doivent être pris en compte
dans le bilan énergétique intégral. Si l’énergie cinétique et l’énergie potentielle sont négligées et que seule Eq.
1.84 est utilisée pour le courant de conversion, le bilan énergétique intégral simplifié est :
𝑑𝑇
𝑉𝑇𝑜𝑡 𝜌𝑐𝑝 𝑑𝑡 = 𝑀̇𝑐𝑝 (𝑇𝛼 − 𝑇𝜔 ) + 𝑄̇𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒𝑠 + (−∆ℎ𝑅 )𝑟̇ 𝑉𝑇𝑜𝑡 1.85
La particularité des équations de bilan intégral est que, dans les processus d’échange interne du système, seuls les
effets d’accumulation et de conversion doivent être pris en compte. En revanche, les effets de transfert ne doivent
être enregistrés qu’aux limites du bilan. Cela nécessite une simplification considérable de l’évaluation
mathématique, sur laquelle repose la grande utilisation pratique de ces équations. Ainsi, la solution des équations
de bilan intégral ne fournit aucune information directe sur les processus à l’intérieur du système. L’exactitude de
l’énoncé des équations de bilan intégral dépend donc de la mesure dans laquelle les processus au sein du système
sont décrits approximativement exactement par des approches appropriées.

6. Conditions initiales et aux limites


On considère, dans ce qui suit, certaines conditions initiales et aux limites essentielles nécessaires pour résoudre
les équations de bilans différentiel et intégral.
6.1. Conditions initiales
La condition initiale (CI) est toujours temporelle et n’a lieu que pendant les processus de transfert transitoire. Elle
décrit la quantité de champ considérée ψ (vitesse, température, concentration) en tous points du corps (x, y, z) au
moment 𝑡𝑖𝑛𝑖𝑡 (généralement 𝑡𝑖𝑛𝑖𝑡 = 0) :
𝜓(𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡 = 𝑡𝑖𝑛𝑖𝑡 ) = 𝜓𝑖𝑛𝑖𝑡 (𝑥, 𝑦, 𝑧) 1.86

6.2. Conditions aux limites


Les conditions aux limites sont des conditions locales qui ont lieu dans les processus de transfert transitoire et
stationnaire. On distingue trois types de conditions aux limites :
• La condition aux limites de type 1 (condition aux limites de Dirichlet) spécifie qu’à la frontière d’un système, la
taille du champ est constante :
𝜓𝑟𝑜𝑛𝑡𝑖è𝑟𝑒𝑠 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒 1.87
• La condition aux limites de type 2 (condition aux limites de Neumann) spécifie un flux constant et donc un
gradient du champ à la frontière du système :
𝑑𝜓
( 𝑑𝑦 ) = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒 1.88
𝑙𝑖𝑚𝑖𝑡𝑒𝑠
• La condition aux limites de type 3 (condition aux limites de Cauchy) établit que les variations à l’intérieur d’un
système sont en rapport à un échange convectif à sa surface. Il combine donc une valeur de la fonction à la paroi
et l’augmentation pertinente de la taille de champ.
Une vue d’ensemble des différentes conditions aux limites pour les différentes variables d’échange ainsi que des
exemples typiques sont présentés dans le tableau 5.

Cours Phénomènes d’Echanges


36

Tableau 1.5 Vue d’ensemble des différentes conditions aux limites pour les trois variables d’échange pertinentes
1.Type (Dirichlet-RB) 2.Type (Neumann-RB) 3. Type (Cauchy-RB) Relation
Valeur limite constante Flux constant sur une surface entre la valeur limite et
l’écoulement via la surface
Échange d’impulsions 𝑣𝑙𝑖𝑚. = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡 𝑑𝑣
𝜏 = −𝜂 ( ) = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡
𝑑𝑦 𝑙𝑖𝑚.
Échange d’énergie 𝑇𝑙𝑖𝑚. = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡 𝑑𝑇 𝑑𝑇
𝑞̇ 𝑙𝑖𝑚. = −𝜆 ( ) = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡 ̃ = −𝜆(
ℎ(𝑇𝑙𝑖𝑚. − 𝑇) )
𝑑𝑦 𝑙𝑖𝑚. 𝑑𝑦 𝑙𝑖𝑚.

Échange de matière 𝑐𝑙𝑖𝑚. = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡 𝑑𝑐 µ(𝑐𝐴 𝑙𝑖𝑚. -𝑐̅𝐴 ) = −𝐷𝐴𝐵 (


𝑑𝑐𝐴
)
𝑛̇ 𝐴𝑙𝑖𝑚. = −𝐷𝐴𝐵 ( ) = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡 𝑑𝑦 𝑙𝑖𝑚.
𝑑𝑦 𝑙𝑖𝑚.

7. Transfert convectif de chaleur et de


matière
Les équations de base de transfert convectif de chaleur et de matière sont formellement les mêmes. En même
temps, cela indique que les transferts de l'énergie et de la matière doivent être considérés comme des processus
analogues dans de nombreux cas. Si un fluide s'écoule sur une paroi et qu'il y a une différence de température ou
de concentration entre la paroi et le fluide, un transfert d'énergie ou de matière a lieu entre la paroi et le fluide,
comme le montre schématiquement la Fig. 1.16.
𝑣𝑓 T 𝜌𝑓

Fig. 1.17 Courbes de vitesse, de température et de concentration pendant le transfert convectif de chaleur et de masse sur une
paroi
Ce transfert convectif d'énergie et de matière se produit lorsque l'énergie ou la substance est transportée non
seulement par échange moléculaire, mais aussi par un mouvement macroscopique du fluide, c'est-à-dire par
convection.
Etant donné que dans la plupart des applications techniques, le transfert purement moléculaire se déroule trop
lentement, une accélération considérable du transfert est obtenue en y superposant un écoulement, en
particulier, un écoulement turbulent. En raison de l'adhérence du fluide à la paroi (v = 0), le transfert direct vers
et de la paroi ne peut être effectué que par transfert moléculaire. Cependant, la température due à la turbulence
ou le gradient de concentration est généralement déterminé par le transfert convectif. Pour calculer le flux
d'énergie Q ̇ se produisant pendant le transfert de chaleur par convection, Newton a proposé la loi suivante du
refroidissement:
̇
𝑄 = ℎ𝐴∆𝑇 1.90
Ici, A représente la surface limite entre les deux phases, ΔT une différence de température caractérisant le gradient
de température entre l'interface et la phase d'absorption d'énergie, et h le coefficient de transfert de chaleur. Dans
l’utilisation pratique de l'équation 1.90, une attention particulière doit être accordée à la définition de la différence
de température ΔT. Sa définition peut changer d'un problème à l'autre, comme on le verra par la suite pour
également le transfert de matière par convection. L'équation (2.80) ne peut donc être considérée que comme une
équation de définition du coefficient de transfert de chaleur en relation avec la différence de température
respective.
Les ordres de grandeur typiques des coefficients de transfert de chaleur sont donnés dans tableau 1.6.

Cours Phénomènes d’Echanges


37

Conditions h[𝑊/(𝑚2 . 𝐾]
1. Convection libre
Gaz 3 – 20
Liquides 100 – 600
Eau bouillante 1000 – 20.000
2. Convection forcée
Gaz 10 – 100
Liquides visqueux 50 – 500
Eau 500 – 10.000
Vapeur en condensation 1000 – 100.000
Tab.1.6 Ordre de grandeur des coefficients de transfert de chaleur (Gröber 1963)
La loi du transfert de matière par convection, analogue à la loi de refroidissement de Newton, se lit comme suit:
𝑀̇𝐴 = 𝜇𝐴∆𝜌𝐴 = 𝜇𝐴𝑀 ̃𝐴 ∆𝐶𝐴 = 𝜇𝐴 1 ∆𝑝𝐴 1.91
̃𝐴
𝑇𝑅⁄𝑀
𝑀̇𝐴 est le flux de matière du composant A sous la forme du flux massique. Le gradient du flux de matière est donné
comme la différence ∆𝑝𝐴 de la densité partielle du composant A, la différence ∆𝐶𝐴 de la concentration molaire et
la différence ∆𝑝𝐴 = (𝑅/𝑀 ̃𝐴 ). 𝑇∆𝑝𝐴 des pressions partielles pour les az parfaits. Même si une mesure différente
est utilisée pour le gradient de concentration, l'unité du coefficient de transfert de matière,µ, reste inchangée ; 𝜇
en m/s dans la définition selon l’Eq. 1.91.
Comme pour le transfert de chaleur, la définition exacte de la différence de concentration doit également être
utilisée pour les relations de transfert de matière, car différentes définitions sont utilisées pour différentes
applications.
Le problème des différences de température et de concentration sera expliqué au moyen d'un exemple:
considérons le transfert de matière de la paroi interne d'un tuyau à la concentration cAα vers un fluide y circulant
dans la direction x, Fig. 1.18.

𝐶𝐴𝑣

𝐶𝐴ℎ

0 x L

Figure 1.18 Profil qualitatif de la concentration et des différences de concentration de l’écoulement dans un tuyau en fonction de x.

La concentration sur la paroi du tuyau est toujours 𝐶𝐴𝑝 et est supérieure à 𝑐.𝐴𝛼 Lorsque la longueur d'écoulement
x augmente, la concentration de A dans le fluide 𝑐𝐴 (𝑥) augmente en raison du transfert de matière. Pour cette
raison, la concentration 𝐶𝐴̅ (x) moyenne au point x de la section transversale du tuyau change avec la longueur. Un
équilibre différentiel sur une section de tuyau de longueur dx montre que la variation du flux de matière

Cours Phénomènes d’Echanges


38

convective est égale au débit massique transféré. Dans ce cas, le transfert de matière a lieu sur une surface de
paroi différentielle 𝑑𝐴 = 𝜋 · 𝑑 · 𝑑𝑥 et le résultat est:
𝑉̇𝑑𝐶̅𝐴 (𝑥)
= 𝜇(𝑥)[𝐶𝐴𝑝 − 𝐶𝐴̅ (𝑥)] 1.92
𝜋𝑑𝑑𝑥
Ici, 𝑉̇ est le débit volumique du fluide, la quantité 𝐶𝐴̅ (𝑥) la concentration moyenne dépendant de 𝑥 et
𝜇(𝑥) le coefficient de transfert de matière au de départ ou locale à 𝑥. De cette équation découle l’augmentation
de la concentration montrée à la figure suivant la longueur.
Étant donné que la différence de concentration motrice 𝐶𝐴𝑝 − 𝐶𝐴̅ (𝑥) diminue avec la longueur 𝑥, l'augmentation
et donc la pente de la courbe deviennent de plus en plus petites.
Si l’Eq. 1.92 est intégré et que la concentration initiale est passée de 𝐶𝐴𝛼 à la valeur 𝐶𝐴𝑝 ̅ pour 𝑥 = 𝐿, alors
l’équation devient ce qui suit :
̅
𝐶𝐴𝑝 −𝐶𝐴𝑝 𝜋𝑑 𝐿 𝜋𝑑𝐿
−𝑙𝑛 ( )= ∫ 𝜇(𝑥)𝑑𝑥 = 𝜇 1.93
𝐶𝐴𝑝 −𝐶𝐴𝛼 𝑉̇ 0 𝑉̇

𝜇 représente le coefficient moyen de transfert de matière calculé sur toute la longueur 𝐿. La densité de débit
massique 𝑛̇ 𝐴𝑣 calculée sur toute la surface du tuyau 𝜋 𝑑 𝐿 est :
𝑉̇
̅ − 𝐶𝐴𝛼 )
𝑛̇ 𝐴𝑣 = 𝜋𝑑𝐿 (𝐶𝐴𝑝 1.94
Cette densité de courant est maintenant fixée égale au produit du coefficient de transfert de masse μ et d'un
gradient de concentration ∆𝐶𝐴𝑙𝑛 à déterminer:
𝑛̇ 𝐴𝑝 = 𝜇∆𝐶𝐴𝑙𝑛 1.95
La comparaison des Eq. 1.93, 1.94 et 1.95 donne :
̅ −𝐶𝐴𝛼
𝐶𝐴𝑝
∆𝐶𝐴𝑙𝑛 = 𝐶𝐴𝑝 −𝐶𝐴𝛼
1.96
𝑙𝑛(𝐶 ̅ 𝐴𝑝 )
𝐴𝑝 −𝐶

Ainsi, avec une concentration constante à la paroi 𝐶𝐴𝑝 , on doit utiliser la moyenne logarithmique de la différence
de concentration. Si la différence de concentration 𝐶𝐴𝑝 ̅ − 𝐶𝐴𝛼 est relativement faible, alors la courbe de
concentration logarithmique peut être assimilée à une droite. Dans ce cas, il est logique d'utiliser une moyenne
arithmétique :
1
∆𝐶𝐴𝑎𝑟 = 2 [(𝐶𝐴𝑝 − 𝐶𝐴𝑝̅ ) + (𝐶𝐴𝑝 − 𝐶𝐴𝛼 )] 1.97
Si la concentration à la paroi change en fonction de la longueur x et qu'il y a la plus grande différence de
concentration ∆𝐶𝐴𝛼 au début du tube et la plus petite différence de concentration ∆𝐶𝐴𝜔 à la fin du tube, la
différence de concentration logarithmique moyenne est généralement calculée selon :
∆𝐶 −∆𝐶
∆𝐶𝐴,𝑙𝑛 = 𝐴𝛼∆𝐶𝐴𝛼𝐴𝜔 1.98
𝑙𝑛( )
∆𝐶𝐴𝜔

Dans la dérivée ci-dessus, on a utilisé le coefficient de transfert de matière moyenné, μ, sur les longueurs de
parcours. En fait, dans de nombreux cas, le coefficient de transfert de matière change avec la longueur du parcours
x. Par conséquent, une distinction doit être faite entre le coefficient local μ (x) et le coefficient moyen μ. Le
coefficient de transfert de matière local μ(x) résulte de la relation entre la densité locale du courant molaire au
point x. L’écoulement de matière directement sur la paroi est diffusif en raison de l'adhérence du fluide à la paroi
et est similaire à celui qui est transféré par convection dans le fluide:
𝜕𝐶
𝑛̇ (𝑥) = 𝜇(𝑥) [(𝐶𝐴𝑝 − 𝐶𝐴̅ (𝑥)) + 𝐷𝐴𝐵 ( 𝐴 ) ]
𝜕𝑟
1.99
𝑟=𝑅,𝑥
Pour le coefficient de transfert de matière local, on a :
𝐷𝐴𝐵 𝜕𝐶
𝜇(𝑥) = [𝐶 −𝐶̅ (𝑥)]
( 𝜕𝑟𝐴 ) 1.100
𝐴𝑝 𝐴 𝑟=𝑅,𝑥
Le flux de matière, 𝜇(𝑥)[𝐶𝐴𝑝 − 𝐶𝐴̅ (𝑥)] passant dans le fluide est égal au courant molaire diffusant directement,
de la paroi dans le fluide, et qui est causé par un transfert purement moléculaire. Pour le calcul du flux total
transitoire de matières 𝑁̇𝐴𝑝 , les éléments suivants doivent être intégrés sur la surface A:
𝐴 𝐴
𝑁̇𝐴𝑝 = ∫ 𝑛̇ 𝐴𝑝 𝑑𝐴 = ∫ 𝜇(𝑥)[𝐶𝐴𝑝 − 𝐶𝐴̅ (𝑥)]𝑑𝐴 = 𝜇𝐴∆𝐶𝐴,𝑙𝑛
0 0
1.101
Le coefficient moyen de transfert de matière 𝜇 est alors:

Cours Phénomènes d’Echanges


39

1 𝐴 𝜕𝐶
𝐴
𝜇 = ∆𝐶 ∫0 [𝐷𝐴𝐵 ( 𝜕𝑟 ) ] 𝑑𝐴 1.102
𝐴,𝑙𝑛 𝐴 𝑟=𝑅
Les valeurs indiquées ci-dessous et aussi dans la littérature sont généralement des coefficients moyens de
transfert de matière. Si la densité massique et la différence de concentration sont les mêmes partout à l'interface
de phase, μ(x) = μ. Les difficultés rencontrées sur base du transfert de matière dans l'utilisation d'une différence
de concentration motrice existent, de manière tout à fait analogue, dans le cas du transfert de chaleur. Les
relations dérivées pour le coefficient de transfert de matière et la différence de concentration s'appliquent donc
également de la même manière pour le transfert de chaleur.
Les coefficients de transfert convectif h et μ ne sont rien de plus que des variables de calcul très utiles pour de
nombreux problèmes d'ingénierie. Les équations les définissant ne donnent aucune indication d'une signification
physique, puisque les mécanismes de transfert y sont présentés de manière indifférenciée.

Cours Phénomènes d’Echanges


40

II Transferts d’énergie et de
matière dans les milieux fixes
Le transfert moléculaire de l'énergie (conduction thermique) et le transfert moléculaire de la matière (diffusion),
qui se produisent en raison d'inhomogénéités spatiales au sein d'une phase, sont largement analogues et peuvent
souvent être traités mathématiquement de la même manière. Cependant, les problèmes de transfert de matière
manifestent un nombre significativement plus élevé et une plus grande complexité des conditions aux limites.
C’est le cas, notamment, par exemple, en catalyse hétérogène.
Afin de permettre un traitement mathématique analytique des processus de transfert considérés, nous
envisageons seulement les géométries unidimensionnelles. Les processus couplés d'énergie et de transfert de
matière, ou une dépendance du coefficient de diffusion en fonction de l'emplacement, par exemple en raison de
différences de température, ne sont pas non plus pris en compte, bien qu'ils se produisent généralement dans des
applications techniques. De tels problèmes, et en particulier les processus tridimensionnels, peuvent être résolus
numériquement, par exemple, en utilisant les équations de transfert connues à l'aide de programmes numériques
de dynamique des fluides (CFD).

2.1 Diffusion à l’état stationnaire


Le processus d'équilibrage provoqué par la diffusion au sein d'une phase est basé sur l'échange de substance
(masse, quantité molaire) au moyen du mouvement moléculaire thermique. La vitesse de déplacement des
molécules/atomes dépend fortement de la température.
La vitesse moyenne des molécules d'oxygène dans l'air, dans les conditions ambiantes, est d'environ 500 m/s. Le
libre parcours entre deux collisions moléculaires est, dans des gaz, de l'ordre de 100 nm. La vitesse des
molécules/atomes dans les liquides ou les solides est comparable à celle des gaz, mais les longueurs de libre
parcours sont beaucoup plus courtes en raison des interactions entre les molécules/atomes. Il s'ensuit que les
processus de diffusion varient en vitesse selon le type de phase dans laquelle ils ont lieu.
2.1.1 Diffusion équimolaire dans une couche plane
La figure 2.1 représente une paroi plane ou une couche fluide stationnaire d'épaisseur 𝛿𝑐 . Partout sur la face
inférieure, la concentration 𝑐𝐴0 devrait prévaloir, partout sur la face supérieure la concentration 𝑐𝐴𝛿 , avec 𝑐𝐴𝛿 <
𝑐𝐴0 . En raison de la différence de concentration 𝐶𝐴0 − 𝐶𝐴𝛿 , la densité de flux massique 𝑛̇ 𝐴𝑦 traverse la plaque dans
la direction y et est contré par un flux de matière 𝑛̇ 𝐵𝑦 de même magnitude dans le sens contraire (diffusion
équimolaire).

Fig. 2.1 Diffusion à l'état stationnaire à travers une plaque plane ou un fluide plan, immobile

Si la concentration massique totale 𝜌 ou la concentration molaire totale 𝐶 est la même partout dans la couche, le
̃𝐴 donne :
bilan massique différentiel, divisé par 𝑀
𝜕𝐶𝐴
+ ∇[(𝐶𝐴 𝑣 − (𝐷𝐴𝐵 + 𝐷𝑡 )∇𝐶𝐴 ] − 𝑣𝐴 𝑟̇ = 0 2.1
𝜕𝑡
̃𝐴 exprime la masse moléculaire de l’espèce A.
𝑀

Cours Phénomènes d’Echanges


41

S'il s'agit d'une diffusion constante et unidimensionnelle dans la direction 𝑦, dans une couche solide ayant des
coefficients de diffusion 𝐷𝐴𝐵 indépendants de l'emplacement, alors ni les courants de convection (𝑣 = 0), ni la
diffusion turbulente (𝐷𝑡 = 0) et ni une réaction chimique ( ̇𝑟 = 0) ne se produisent dans la plaque, l’équation
l’Eq. 2.1 (de l’équation 1.61a) se simplifie en :
𝑑2 𝐶𝐴
𝐷𝐴𝐵 2 =0 2.2
𝑑𝑦
Puisque la diffusion est considérée comme équimolaire, la forme la plus simple de la loi de Fick s'applique. Comme
indiqué au point 2.1.2 ci-dessous, cette loi peut également être appliquée à la diffusion non équimolaire si la
concentration moyenne du composant en diffusion est suffisamment faible par rapport à la concentration totale ;
cette condition est remplie dans la grande majorité des processus pratiquement importants de diffusion. C’est la
raison de la grande importance de la loi de Fick pour la diffusion équimolaire.
Une double intégration de l’Eq. 2.2 conduit à :
𝐶𝐴 = 𝑐1 𝑦 + 𝑐2 2.3
Les constantes d'intégration 𝑐1 𝑒𝑡 𝑐2 résultent des conditions aux limites suivantes :
Pour 𝑦 = 0 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴0
Pour 𝑦 = 𝛿𝑐 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴𝛿
On pose 𝑐2 = 𝐶𝐴0 et 𝑐1 = (𝐶𝐴𝛿 − 𝐶𝐴0 )/𝛿𝑐 , la relation linéaire entre 𝐶𝐴 et 𝑦 montrée à la Fig.2.1 conduit à :
𝑪𝑨 −𝑪𝑨𝟎 𝒚
=𝜹 2.4
𝑪𝑨𝜹 −𝑪𝑨𝟎 𝒄
Un profil de concentration linéaire peut être attendu non seulement dans une paroi plane, mais également dans
une couche fluide, à condition qu'aucun écoulement macroscopique ne s'y produise.
2.1.2 Diffusion unilatérale
Dans de nombreuses applications techniques, le courant de diffusion du composant A n'est pas opposé par un
courant de diffusion du composant B. Un tel transport est appelé diffusion unilatérale. La raison de l'apparition de
la diffusion unilatérale est que seul le composant A, et non le composant B, peut traverser une surface de contrôle
ou une paroi imaginaire. Un exemple typique d'une telle paroi semi-perméable est la surface d'un liquide. Seules
les molécules du liquide peuvent traverser la surface du liquide et pénétrer dans l'espace gazeux au-dessus de
celui-ci. Ce processus se produit lorsque la pression de vapeur saturante de A, 𝑝𝑆𝐴 ,à l'interface de phase
gaz/liquide, (sa tension de vapeur), est supérieure à celle du reste de l'espace gazeux. Le liquide s'évapore alors
et il y a un mélange gaz/vapeur au-dessus du liquide. Les molécules de gaz, d'autre part, ne peuvent pas traverser
l’interface entre phases (le liquide doit être saturé par le gaz) et ne peuvent donc pas entrer dans le volume liquide.

Fig. 2.2 Pour calculer la diffusion unilatérale

Un tel système est illustré à la figure 2.2. Dans un récipient cylindrique, un liquide A s'évapore en un mélange de
substances A et B s'écoulant sur l'ouverture du récipient avec les pressions partielles constantes 𝑝𝐴𝐻 et 𝑝𝐵𝐻 . En
raison du gradient de concentration de A, il existe également un gradient de concentration pour le composant B,
𝑎𝑞𝑢𝑖
ce qui conduit à un flux moléculaire de matière B ayant la densité de flux massique 𝑚̇𝐵𝑚 vers la surface du liquide.
Cependant, comme il n'est pas perméable à B, un courant de déplacement (courant Stefan-Strom) ayant la densité
é𝑞𝑢𝑖
d'écoulement de matière 𝑚̇𝐴𝑚 est déclenché pour des raisons de continuité, et B est à nouveau transporté hors
du récipient. Ce courant, nommé d'après Stefan (1871), augmente également proportionnellement à la substance
A avec une densité de débit massique ṁ𝐴𝑣 en plus de la diffusion moléculaire pure (densité de débit massique
é𝑞𝑢𝑖
𝑚̇𝐴𝑚 ). Si A et B se comportent comme des gaz parfaits, il en résulte le courant de déplacement suivant:

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42

𝑝𝐴 𝑝𝐵
𝑚̇𝑣 = 𝑚̇𝐴𝑣 + 𝑚̇𝐵𝑣 = 𝑣𝑣 ̃𝐴
+ 𝑣𝑣 ̃𝐵
2.5
𝑇𝑅/𝑀 𝑇𝑅/𝑀
Pour calculer la vitesse de déplacement 𝑣𝑣 , on utilise la condition selon laquelle les densités d'écoulement
é𝑞𝑢𝑖
massique opposées 𝑚̇𝐵𝑚 et 𝑚̇𝐵𝑣 du gaz s'annulent :
𝑢𝑛𝑖𝑙 é𝑞𝑢𝑖 𝐷𝐵𝐴 𝑑𝑝𝐵 𝑝
𝑚̇𝐵𝑚 = 𝑚̇𝐵𝑚 + 𝑚̇𝐵𝑣 = − 𝑇𝑅 𝑑𝑦
+ 𝑣𝑣 𝑇𝑅𝐵 = 0 2.6
̃𝐵
𝑀 ̃𝐵
𝑀
Cette équation stipule que la densité de flux massique du composant B est simplement faite pour disparaître par
l'action du courant de Stefan. L'équation 2.6 donne ce que l'on appelle la vitesse de déplacement d’après
l’équation :
𝐷 𝑑𝑝 𝐷 𝑑𝑝
𝑣𝑣 = 𝑝𝐵𝐴 𝑑𝑦𝐵 = 𝑝𝐴𝐵 𝑑𝑦𝐴 2.7
𝐵 𝐵
Cette relation tient également compte du fait que 𝐷𝐴𝐵 = 𝐷𝐵𝐴 s'applique aux gaz. La densité d'écoulement de
matière du composant A a été amplifiée par le flux de déplacement et se compose comme suit :
𝑢𝑛𝑖𝑙 é𝑞𝑢𝑖
𝑚̇𝐴𝑚 = 𝑚̇𝐴𝑚 + 𝑚̇𝐴𝑣 2.8
En tenant compte de l'équation (2.7) pour la vitesse de déplacement, on obtient la densité d'écoulement de
matière décisive pour la diffusion unilatérale :
𝑢𝑛𝑖𝑙 é𝑞𝑢𝑖 𝐷 𝑝 𝑑𝑝𝐴
𝑚̇𝐴𝑚 = 𝑚̇𝐴𝑚 + 𝑚̇𝐴𝑣 = − 𝑇𝑅⁄𝐴𝐵 𝑀̃ 𝑝−𝑝 𝑑𝑦
2.9
𝐴 𝐴
La comparaison avec la loi de Fick montre que la densité de débit massique dans la diffusion de Stefan est
supérieure à la densité du débit massique de diffusion de Fick, à cause du rapport de pression 𝒑/(𝒑 − 𝒑𝑨 ). Dans
le cas d'un transfert de matière en régime permanent selon la figure 2.2, la solution à l'Eq. 2.9, pour la pression
partielle du composant A, donne :
𝑝−𝑝𝐴 (𝑦) 𝑝−𝑝𝐴𝐻 𝑦⁄𝐻
=( ) 2.10
𝑝−𝑝𝑆𝐴 𝑝−𝑝𝑆𝐴
Pour résoudre cette équation différentielle, les conditions aux limites suivantes ont été prises en compte :
Condition aux limites 1 : Pour 𝑦 = 0 𝑝𝐴 = 𝑝𝑆𝐴 (𝑇) (Pression de vapeur saturante du liquide)
Condition aux limites 2 : A 𝑦 = 𝐻 𝑝𝐴 = 𝑝𝐴𝐻
Selon Eq. 2.10, l'augmentation du flux moléculaire de matière n'a un effet significatif que si la pression partielle
𝑝𝐴 du composant diffusant n'est pas trop faible par rapport à la pression totale 𝑝. Dans de nombreux cas pratiques,
même avec une diffusion unilatérale, la densité d'écoulement de matière peut être calculée à l'aide de l'approche
de Fick applicable à la diffusion équimolaire bilatérale. Dans les procédés de diffusion dans les liquides et les
𝑢𝑛𝑖𝑙 é𝑞𝑢𝑖
solides, l'approximation 𝑚̇𝐴𝑚 = 𝑚̇𝐴𝑚 est généralement suffisamment précise.

2.2 Diffusion transitoire


Les données décrites au chapitre 1 pour les bilans généraux de matières, comprennent également les processus
de diffusion transitoire. Ceux-ci se produisent dans un grand nombre d'applications techniques et sont donc
discutés plus en détail ici.
Pour la diffusion unidimensionnelle du composant 𝐴 dans la direction 𝑦, dans un système plan, au repos, sans
réaction chimique, on obtient l’équation simplifiée suivante :
𝜕𝐶𝐴 𝜕 2 𝐶𝐴
𝜕𝑡
= 𝐷𝐴𝐵 𝜕𝑦 2
2.11
L'une des diverses méthodes pour résoudre cette équation consiste à séparer les variables. On suppose une
solution de cette équation, dans laquelle 𝑌(𝑦) et 𝑇(𝑡) sont des fonctions, d’une part de la coordonnée spatiale 𝑦
et d’autre part, du temps t, respectivement. La solution générale est de la forme d’une somme des solutions des
deux fonctions :
𝐶𝐴 = 𝑌(𝑦). 𝑇(𝑡) 2.12
La solution générale, sous forme de la somme des solutions, est la suivante :
𝐶𝐴 = ∑∞ 2
𝑚=1{[𝐴𝑚 sin(𝜆𝑚 𝑦) + 𝐵𝑚 cos (𝜆𝑚 𝑦)]exp (−𝜆𝑚 𝐷𝐴𝐵 𝑡)} 2.13
On doit trouver les constantes 𝐴𝑚 , 𝐵𝑚 et 𝜆𝑚 en considérant des conditions initiales et aux limites du problème.

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43

2.2.1 Diffusion transitoire dans une plaque


Conditions aux limites symétriques

Fig. 2.3 Evolution temporelle des profils de concentration dans une plaque plane selon Eq. (2.41) (gauche) ;
Représentation schématique des courbes de concentration (à droite)
Soit une diffusion transitoire dans une couche plane d'épaisseur 𝛿𝑐 et la composante 𝐴, au temps 𝑡 = 0, est
uniformément présente dans la plaque à la concentration 𝐶𝐴 𝑖𝑛𝑖𝑡. . 𝐶𝐴 = 0 prévaut toujours sur la surface (voir Fig.
2.3), les conditions initiales et aux limites suivent :
Condition initiale : à t = 0, 0 < y < 𝛿𝑐 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴.𝑖𝑛𝑖𝑡.
Condition aux limites 1 : à y = 0, t≥0 𝐶𝐴 = 0
Conditions aux limites 2 : à y = 𝛿𝑐 , t≥0 𝐶𝐴 = 0
Les conditions aux limites donnent :
𝑚𝜋
𝐵𝑚 = 0 et 𝜆𝑚 = 𝛿 2.14
𝑐
et la condition initiale conduit alors à :
𝑚𝜋𝑦
𝐶𝐴 𝑖𝑛𝑖𝑡. = ∑∞𝑚=1 𝐴𝑚 𝑠𝑖𝑛 ( ) pour 0 < 𝑦 < 𝛿𝑐 2.15
𝛿𝑐
En multipliant les deux côtés de cette équation par sin(𝑝𝜋𝑦/𝛿𝑐 et en intégrant de 0 à 𝛿𝑐 , on obtient les
relations suivantes :
𝛿𝑐 𝑝𝜋𝑦 𝑚𝜋𝑦
0 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑚 ≠ 𝑝
∫0 𝑠𝑖𝑛 ( 𝛿 ) 𝑠𝑖𝑛 ( 𝛿 ) 𝑑𝑦 = {𝛿𝑐 } 2.16
𝑐 𝑐
2
𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑚 = 𝑝
Tous les termes ayant des valeurs paires de m disparaissent. De plus, 𝐴𝑚 donne les résultats suivants :
4𝐶𝐴𝛼
𝐴𝑚 = 𝑚𝜋 avec m=1,2,3…… 2.17
Ainsi, la solution générale est :
𝐶𝐴 (𝑦,𝑡) 4 1 𝑦 𝐷 𝑡
𝐶𝐴 𝑖𝑛𝑖𝑡.
= ∑∞
𝜋 𝑛=0 {2𝑛+1
𝑠𝑖𝑛 [(2𝑛 + 1)𝜋 ] 𝑒𝑥𝑝 [−(2𝑛 + 1)2 𝜋 2 𝐴𝐵2 ]} 2.18
𝛿𝑐 𝛿𝑐
𝑚 = (2𝑛 + 1), la quantité 𝑛, prend les valeurs de 𝑛 = 0,1,2, . . ., de sorte que l'équation (2,18) converge bien pour
les temps moyens et longs.
La combinaison de paramètres 𝐷𝐴𝐵 𝑡⁄𝛿𝑐2 , présente dans Eq. (2.18), est la grandeur caractéristique sans dimension
pour les procédés de transfert transitoire de matière. C'est ce qu'on appelle le nombre de Fourier :
𝑫 𝒕
𝑭𝒐 = 𝜹𝑨𝑩𝟐 2.19
𝒄
Le nombre de Fourier est important pour décrire les problèmes de transfert transitoire de chaleur et de matière.
Il peut être interprété comme le rapport entre le taux de transfert moléculaire et le taux de stockage. Le coefficient
de diffusion 𝑫𝑨𝑩 est utilisé pour le transfert de matière et la diffusivité thermique α est utilisée pour le transfert
de chaleur.

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44

Espace semi-infini
D'autres solutions de l'Eq. 2.11 résultent de conditions aux limites modifiées. À titre d'exemple, considérons ici
l’espace dit semi-infini. Il s'agit d'une couche dont un côté est fixé, tandis que de l'autre côté, la diffusion s’effectue
dans un espace ouvert. Dans ce cas, les conditions initiales et aux limites sont les suivantes :
Condition initiale : à 𝑡 = 0 0 < 𝑦 < ∞ 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴∞
Condition aux limites 1. à 𝑦 = 0, 𝑡 ≥ 0 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴𝑣
Condition aux limites 2. à 𝑦 → ∞, 𝑡 ≥ 0 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴∞
Dans ce cas, la solution pour la concentration sans dimension ξ est :
𝐶𝐴 (𝑦,𝑡)−𝐶𝐴∞ 𝑦
𝜉(𝑥, 𝑡) ≡ 𝐶𝐴𝑣 −𝐶𝐴∞
= 1 − 𝑒𝑟𝑓( ) 2.22
√4𝐷𝐴𝐵 𝑡
La fonction gaussienne d'erreur est décrit dans la Fig. 2.4 :
2 𝑥
𝑒𝑟𝑓(𝑥) ≡ ∫ exp(−𝑡 2) 𝑑𝑡
√𝜋 0
2.23

Fig. 2.4 La fonction gaussienne d’erreur

Cette fonction est impaire, et donc, 𝑒𝑟𝑓(𝑥) = −𝑒𝑟𝑓(−𝑥) s'applique. La figure 2.5 montre la distribution de la
concentration sans dimension, en fonction du temps, décrite par l’Eq. 2.22. Les changements que les molécules
individuelles font à la suite du mouvement brownien peuvent être décrits par la fonction de distribution. La
distance qu'une molécule parcourt en moyenne est appelée le déplacement moyen quadratique et se traduit par:

Fig. 2.5 Distribution de concentration par diffusion pour le demi-espace infini. Eindringtiefe = profondeur de pénétration
∆𝑦 2 = 2𝐷𝐴𝐵 𝑡 2.24
En conséquence, le temps du parcours par les molécules de la distance de 𝛥𝑦 = 1𝑐𝑚 est le suivante :
• Gaz (𝐷𝐴𝐵 = 5. 10−5 𝑚2/𝑠) t≈1s
−10 2
• Liquides (𝐷𝐴𝐵 = 10 𝑚 /𝑠) t = 5,7 jours

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45

• Solides (𝐷𝐴𝐵 = 10−12 𝑚2 /𝑠) t = 1,6 ans


Ces valeurs montrent qu’il est impossible d’effectuer un quelconque mélange économique des liquides, au moyen
de la seule diffusion, s’il faut parcourir de plus grandes longueurs 𝛥𝑦. Si, en revanche, la distance à surmonter est
𝛥𝑦 = 10 𝜇𝑚, le temps nécessaire est réduit d’un facteur 106, au temps 𝑡 ≈ 0,5 𝑠. L’écoulement transitoire de
matière dans un milieu est calculé à partir de l’équation 2.22 suivant :
𝜕𝐶𝐴 𝐶𝐴𝑣 −𝐶𝐴∞
𝑛̇ 𝐴 =-𝐷𝐴𝐵 ( ) = 𝐷𝐴𝐵 2.25
⃒𝑦 𝜕𝑦 𝑦=0,𝑡 √𝜋𝐷𝐴𝐵 𝑡

La tangente à la courbe de concentration à 𝑦 = 0 coupe l’abscisse 𝜉 = 0, équivalant à 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴∞ , au point


𝛿𝐶 = √𝜋𝐷𝐴𝐵 𝑡 2.26
Cette distance à partir de la surface est appelée profondeur de pénétration. Elle représente la profondeur à
laquelle la différence de concentration 𝐶𝐴 (𝑦) = 𝐶𝐴∞ tombe à 20 % de la valeur initiale où 𝐶𝐴𝑣 = 𝐶𝐴∞ à y = 0.
L’équation 2.25 est l’une des relations importantes des procédés techniques de transfert de matière ; on parle alors
de la théorie de pénétration (voir plus loin). Cette théorie est basée sur l’hypothèse que dans les systèmes fluides,
des éléments de fluide, à partir du cœur de la phase, atteignent l’interface de phase et y absorbent ou libèrent de
la substance, par diffusion, pendant un certain temps de contact, puis s’en éloignent. Cependant, on peut dire,
ces éléments de fluide n’atteignent que de faibles profondeurs de pénétration, et l’Eq. 2.25 décrit ce processus de
pénétration.
Le nombre d’applications réussies de cette théorie est très élevé, car la détermination d’un temps caractéristique
du transfert de matière est possible dans de nombreux cas techniques.
Un exemple est celui des épurateurs de gaz, dans lesquels des gouttelettes sont injectées dans un flux gazeux et
absorbent un ou plusieurs composants pendant leur trajet de chute dans la phase gazeuse. Si la profondeur de
pénétration √𝜋𝐷𝐴𝐵 𝑡 est inférieure au rayon des gouttelettes R, on peut supposer que le liquide est semi-étendu
à l’infini. La relation,
√𝜋𝐷𝐴𝐵 𝑡 ≪ 𝑅 2.27
peut alors être représentée, sans dimension, comme suit :
𝐷𝐴𝐵 𝑡
𝐹𝑜 = ≪ 0,3 2.28
𝑅2
Dans le cas d’une gouttelette liquide de 2𝑚𝑚 de diamètre ayant le coefficient de diffusion 𝐷𝐴𝐵 = 2 10−9 𝑚2⁄𝑠, le
temps correspondant est de 𝑡 ≪ 150 𝑠.
Si le coefficient de diffusion de matière est utilisé pour décrire l’écoulement instantané de matière, le coefficient
de transfert de matière instantané est donné come suit :
𝑛̇ 𝐴 = 𝜇(𝑡)(𝐶𝐴𝑣 − 𝐶𝐴∞ ) 2.29
⃒𝑦=0

Ainsi, pour le coefficient de transfert instantané de matière, on a :


𝐴𝐵 𝐷
𝜇(𝑡) = √ 𝜋𝑡 2.30
Si le processus de pénétration dure un temps de contact t, le coefficient moyen de transfert de matière est obtenu
par intégration :
1 𝜏 2 𝐷𝐴𝐵
𝜇 = 𝜏 ∫0 𝜇(𝜏)𝑑𝜏 = √ 2.31
√𝜋 𝜏

2.2.2 Diffusion transitoire dans une sphère


La diffusion dans une sphère sert également d’exemple de base pour dériver la relation entre le champ de
concentration et le coefficient de transfert de matière μ.
Dans le cas d’une diffusion purement radiale, comme cela se produit dans une sphère à partir de laquelle diffuse
une composante A, le bilan massique selon l’Eq. 1.91 est simplifié comme suit :

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46

𝜕𝐶𝐴 1 𝜕 𝜕𝐶𝐴
𝜕𝑡
= 𝐷𝐴𝐵
𝑟 2 𝜕𝑟
(𝑟 2 𝜕𝑟
) 2.32
Soit une sphère constituée d'un fluide rigide ou stationnaire de volume constant. Les équations sont résolues pour
les conditions initiales et aux limites suivantes :
Condition initiale : à t = 0, 0≤r<R 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴 𝑑é𝑏𝑢𝑡
Condition aux limites 1 : à r = 0, t≥0 ∂𝐶𝐴/∂r = 0 (en raison de symétrie)
Conditions aux limites 2 : à r = R, t≥0 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴0
Il en résulte la solution suivante de l'équation différentielle l’Eq. 2.32, sous forme sans dimension :
𝐶𝐴 (𝑟,𝑡)−𝐶𝐴 2𝑅 (−1)𝑛 𝑛𝜋𝑟 𝐷𝐴𝐵 𝑛2 𝜋2 𝑡
𝜉𝐴 (𝑟, 𝑡) ≡ =− ∑∞
𝑛−1 [ 𝑠𝑖𝑛 ( ) 𝑒𝑥𝑝 (− )] 2.33
𝐶𝐴 𝑖𝑛𝑖𝑡 −𝐶𝐴 𝜋𝑟 𝑛 𝑅 𝑅2
Pour le temps 𝑡 → ∞, l'expression exponentielle disparaît de sorte que 𝐶𝐴 = 𝐶𝐴0 et 𝜉𝐴 = 0, respectivement. Le
système est en équilibre et le transfert de matière est complet. Dans la Fig. 2.6, le rapport de concentration est
représenté comme un paramètre dépendant du rayon 𝑟/𝑅 associé au temps sans dimension, c’est-à-dire au
nombre de Fourier.

Fig. 2.6 Rapport de concentration 𝜉𝐴 en fonction du rapport de rayons r/R associé pour différents nombres de Fourier en diffusion
transitoire dans une sphère. Bezogene Konzentration = rapport de concentration et Bezogener Radius = rapport de rayons

La concentration moyenne adimensionnelle 𝜉𝐴 de la substance diffusante est obtenue en intégrant le champ de


concentration :
1 𝑉 3 𝑅 3 𝑅
𝜉𝐴̅ = ∫ 𝜉𝐴 𝑑𝑉 =
𝑉 0
∫ 𝜉𝐴 4𝜋𝑟 2 𝑑𝑟 = ∫ 𝜉𝐴 𝑟 2 𝑑𝑟
4𝜋𝑅3 0
2.34 𝑅3 0
Comme
6 1 𝐷𝐴𝐵 𝑡
𝜉𝐴̅ = 𝜋2 ∑∞ 2 2
𝑛=1 𝑛2 𝑒𝑥𝑝 (−𝑛 𝜋 𝑅2
) 2.35
En utilisant cette concentration, on peut déterminer le coefficient moyen de transfert de matière 𝜇, dépendant
du temps. Ce coefficient, moyenné dans le temps, décrit le flux de matière par rapport à la surface de la sphère et
la différence de concentration motrice :
𝐶𝐴 𝑖𝑛𝑖𝑡.−𝐶̅
̅̇ ≡ 𝐴
𝑁 𝜇∆𝐶 =𝑉 𝐴
2.36
𝐴 𝑠𝑝ℎè𝑟𝑒 𝐴 𝑙𝑛 𝑠𝑝ℎè𝑟𝑒 𝑡
avec la différence de concentration logarithmique:
̅ −𝐶𝐴0 )
(𝐶𝐴 𝑖𝑛𝑖𝑡. −𝐶𝐴0 )−(𝐶𝐴
𝐶𝐴 𝑙𝑛 = (𝐶𝐴 𝑖𝑛𝑖𝑡. −𝐶𝐴0 )
2.37
𝑙𝑛 ̅ 𝐴 −𝐶𝐴0 )
(𝐶

Des deux équations on a :

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47

−𝑅
𝜇= 𝑙𝑛𝜉𝐴̅ 2.38
3𝑡
et avec Eq. 2.35 :
𝑑𝑝 6 1 𝐷𝐴𝐵 𝑡
𝜇 = − 6𝑡 ln [𝜋2 ∑∞ 2 2
𝑛−1 𝑛2 𝑒𝑥𝑝 (−𝑛 𝜋 𝑅2
)] 2.39
En plus du coefficient de transfert de matière, le transfert de matière sans dimension, est caractérisé par le
nombre de Sherwood, qui représente le rapport entre le transfert convectif de matière et le transfert purement
diffusif. Le nombre de Sherwood moyen est défini comme suit :
𝝁𝒅𝒑
𝑺𝒉 = 𝑫 2.40
𝑨𝑩
Le diamètre 𝑑𝑝 représente la longueur caractéristique du transfert. Pour une géométrie sphérique, il est égal au
diamètre de la sphère. Avec l’Eq. 2.39, le nombre de Sherwood moyen est donné comme suit :
2 6 1
𝑆ℎ = − 3𝐹𝑜 𝑙𝑛 [𝜋2 ∑∞ 2 2
𝑛=1 𝑛2 𝑒𝑥𝑝(−𝐹𝑜 𝜋 𝑛 )] 2.41
L'évolution temporelle de la concentration et du coefficient de transfert de matière sous la forme de la
représentation sans dimension est représentée à la figure 2.7. Le coefficient de transfert transitoire de matière,
qui résulte de la théorie de pénétration selon l’Eq. 2,31, est également représenté. La formulation sans dimension
correspondante est :

Fig. 2.7 Dépendance temporelle de la concentration moyenne ainsi que du transfert de masse dans une sphère au repos, seule
résistance interne en diffusion pure (Re=0). Fourierzahl = Nombre de Fourier ; Fo = 𝐷𝐴𝐵 𝑡⁄𝑅2 . Mittlere=moyen

𝟒
𝑺𝒉 = 𝑭𝒐−𝟏⁄𝟐 2.42
√𝝅
À des nombres de Fourier faibles, les résultats des Eq. 2.41 et 2.42 coïncident. Pour 𝐹𝑜 > 0,01, la solution
générale de l’Eq. 2.41 donne des coefficients de transfert de masse plus élevés. Une caractéristique des processus
d'échange transitoire est la formation d'une valeur finale asymptotique constante et non nulle, comme le montre
la figure 2.7 (𝑆ℎ → 6,58). Le fait que le flux de matière transféré par le temps, pour 𝑡 → ∞, soit proche de
zéro, est illustré par la différence de concentration motrice de l’Eq. 2.37 qui se rapproche alors également de zéro.
Le coefficient de transfert de matière peut donc atteindre une valeur finale finie.

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48

III Théories du transfert de


chaleur et de matière
Dans les procédés techniques, l'échange de chaleur entre deux fluides se fait principalement indirectement, c'est-
à-dire à travers des parois solides, afin d'éviter leur mélange. D'autre part, à quelques exceptions près, (par
exemple l'osmose inverse,), le transfert de matière a lieu directement, car une cloison solide est généralement
associée à une résistance au transfert de matière , inadmissible à la suite de la diffusion. Les milieux impliqués
sont au mieux légèrement miscibles les uns avec les autres. De tels systèmes à deux ou plusieurs phases peuvent
conduire à un certain nombre de problèmes complexes pour une description mathématique. Par exemple,
lorsqu'une bulle de gaz monte dans un liquide, ni sa taille, ni sa forme, ni sa vitesse d’ascension ne sont connus.
De plus, en raison de sa libre mobilité, une vitesse nulle ne se produit plus nécessairement à l'interface de phase,
comme c'est le cas avec les surfaces solides. La vitesse à l'interface, quant à elle, exerce une forte influence sur les
processus de transfert d'énergie et de matière et doit être prise en compte dans les approches ou calculs de
modèles mathématiques correspondants. Formellement, le domaine des systèmes multiphasiques est classé en
fonction des états agrégés impliqués. Une phase solide se produit exclusivement de manière discontinue sous
forme d'une phase dite dispersée, sous forme de particules. La phase continue est toujours formée par un fluide,
c'est-à-dire un gaz ou un liquide.
On n’envisage ici que les systèmes à deux phases, à quelques exceptions près.

3.1 Transfert de chaleur


Dans la plupart des procédés industriels de transfert de chaleur, l'échange de chaleur entre les fluides en
circulation a lieu indirectement à travers une paroi solide, ce qui empêche le mélange des deux fluides échangeurs.
L'échange de chaleur stationnaire, illustré à titre d'exemple à la figure 3.1, se déroule en trois étapes:

Fig. 3.1 Courbe de température lors du transfert de chaleur entre deux fluides Koordinate = coordonnée. Temperaturgrenzschicht =
couche limite de température. Feste Wand = paroi fixe. Fluid = fluide

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49

• transfert de chaleur par convection du fluide 1 à la paroi,


• conduction thermique à travers la paroi,
• transfert de chaleur par convection de la paroi au fluide 2.
Comme il s'agit d'un processus stationnaire, le flux de chaleur est transféré dans chacune des trois étapes. Les
deux flux de chaleur convective peuvent être calculés en utilisant la loi de refroidissement de Newton :
𝑞1′ = ℎ1 (𝑇̅1 − 𝑇̅1𝑝 ) 3.1
𝑞2′ = ℎ2 (𝑇2𝑝 − 𝑇̅2 ) 3.2
Pour la conduction de la chaleur à travers la paroi, la loi de Fourier s'applique (Eq. 1.5). Comme il existe un profil
de température linéaire dans la paroi plane (voir point 2.1.1) , on a pour le flux de chaleur moléculaire :
𝑑𝑇 𝑇1𝑝 −𝑇2𝑝
𝑞̇ 𝑝 = 𝜆 𝑑𝑧 = 𝜆 𝑆
3.3
Si, à partir des équations 3.1 et 3.2 on tire des valeurs des températures inconnues 𝑇1𝑝 et 𝑇2𝑝 aux deux parois et
les introduit dans l’équation 3.3 on a :
𝑇̅1 −𝑇̅2
𝑞̇ = 1 𝑆 1 3.4
( + + )
ℎ1 𝜆 ℎ2

En raison de sa similitude avec la loi de refroidissement de Newton, cette équation est également utilisée sous la
forme :
𝑞̇ = ℎ(𝑇̅1 − 𝑇̅2 ) 3.5
Cette équation introduit le coefficient global de transfert de chaleur U, qui est calculé pour la paroi plane
considérée ici.
1 𝑆 1 −1
𝑈 = (ℎ + 𝜆 + ℎ ) 3.6
1 2
Le coefficient global de transfert de chaleur permet d'estimer si toutes les résistances de transfert de chaleur
1⁄ℎ1 , 𝑆⁄𝜆, et 1⁄ℎ2 sont pertinentes pour l'échange de chaleur considéré. Dans de nombreux cas, une résistance
domine tout le transfert de chaleur, de sorte que les autres résistances peuvent être négligées.

3.2 Transfert de matière


Alors que la chaleur est généralement transférée, entre deux fluides, à travers une paroi solide, dans les processus
techniques, c'est rarement le cas dans le transfert de matière. En raison des faibles coefficients de diffusion dans
les solides, la résistance au transfert de matière dans une paroi solide est si élevée que des flux de matériaux y
sont peu significatifs. L'une des rares exceptions techniques significatives est le transfert de substances par
membranes d'osmose inverse.
En règle générale, cependant, le transfert de matières entre différentes phases s'effectue en contact direct sans
paroi de séparation. Dans les fluides en écoulement, la limite de phase est irrégulièrement déformée par les forces
agissant entre les fluides. À titre d'exemple, considérons le transfert d'un composant A qui est transféré d'un
mélange gazeux à deux composants A et B, dans un liquide C dans lequel seule la substance A se dissout et non la
substance B. La figure 3.2 illustre la variation de la fraction molaire 𝑦𝐴 dans la phase gazeuse et 𝑥𝐴 dans la phase
liquide. 𝑦𝐴 et 𝑥𝐴 désignent les valeurs moyennes intégrales de la fraction molaire dans chaque phase. A l'instar du
transfert de chaleur, le composant A doit surmonter trois résistances de transfert de matière pour passer de la
phase gazeuse à la phase liquide :

Cours Phénomènes d’Echanges


50

Figure 3.2 Fractions molaires lors du transfert de masse d'une phase gazeuse à une phase liquide. Koordinate = Coordonnée.
Molanteil = Fraction Molaire. Konzentrationsgrenzschicht = Couche Limite de Concentration. Gasphase = Phase Gazeuse. Gemisch
= Mélange. Flüssigphase = Phase Liquide. Stoff = Matière. Lösungsmittel = Moyenne de la Solution.
• une résistance dans la phase gazeuse,
• une résistance à la surface lors du passage de la phase gazeuse à la phase liquide et
• une résistance dans la migration vers la phase liquide.
Cependant, le transfert du composant A de la phase gazeuse à l’interface, à la limite de la phase gazeuse, se produit
très rapidement par rapport au transfert, beaucoup plus lent, à travers l’interface entre la phase gazeuse et la
phase liquide. Ainsi, l’interface entre les phases est considérée comme d’épaisseur infiniment mince et sans
capacité de stockage. En conséquence, on néglige la résistance de transfert de matière à la limite des phases, c’est-
à-dire à l’interface, et en même temps, on suppose que l'équilibre thermodynamique y est atteint en ce qui
concerne le transfert de matière.
Dans le cas de l'équilibre à l’interface entre les phases, pour des valeurs données de pression ou de température,
les fractions molaires 𝑦𝐴0 et 𝑥𝐴0 de l’interface entre les phases sont liées par une relation, comme le montre la
figure 3.3.

Fig. 3.3 Courbe des fractions molaires du composant A dans les phases gazeuse et liquide à l'interface. Molanteil in der Gasphase =
fraction molaire dans le gaz. Molanteil in der Flüssigphase = fraction molaire dans la phase liquide. Gleichgewichtskurve =
courbe de l’équation 𝑦𝐴∗ = 𝑓(𝑥)

𝑦𝐴0 = 𝑓(𝑥𝐴0 ) 3.7


La ligne tracée entre les points (𝑥̅𝐴 , 𝑦̅𝐴 ) et (𝑥𝐴0 , 𝑦𝐴0) indique les plages de concentration qui se produisent dans
les deux phases.
Avec la relation entre la fraction molaire et la concentration volumique molaire, on obtient les résultats suivants
pour l’échange de matière en phase gazeuse:
𝑛̇ 𝐴 = 𝜇𝑔 𝐶𝑔 (𝑦̅𝐴 − 𝑦𝐴0 ) = 𝜇𝑔 (𝐶𝐴𝑔̅ − 𝐶𝐴0𝑔 ) 3.8
Et dans la phase liquide :

Cours Phénomènes d’Echanges


51

𝑛̇ 𝐴 = 𝜇𝑙 𝐶𝑙 (𝑥𝐴𝑂 − 𝑥̅𝐴 ) = 𝜇𝑙 (𝐶𝐴0𝑙 − 𝐶𝐴𝑙 ) 3.9


𝜇𝑔 et 𝜇𝑙 sont des coefficients de transfert de matière respectivement en phase gazeuse et en phase liquide.
Il s'ensuit :
𝑛̇ 𝐴
𝑦̅𝐴 − 𝑦𝐴0 = 𝜇 3.10
𝑔 𝐶𝑔
𝑛̇ 𝐴
𝑥𝐴𝑂 − 𝑥̅𝐴 = 3.11
𝜇𝑙 𝐶𝑙
Les fractions molaires 𝑦𝐴0 et 𝑥𝐴𝑂 à la limite de phase, c’est-à-dire à l’interface, sont interdépendantes par une
relation thermodynamique (3.7). Étant donné que les gaz ne sont que faiblement solubles dans les liquides, la
fraction molaire 𝑥𝐴𝑂 est généralement très faible. Rappelons que si un composant est dissous dans un liquide pur
qui a une pression de vapeur beaucoup plus élevée que le liquide, la loi d'Henry stipule que la pression partielle
d'un gaz sur un liquide est directement proportionnelle à la fraction molaire du gaz dans le liquide :
𝑝𝐴 = 𝐻𝑥𝐴
Le coefficient de Henry H dépend à la fois du solvant et du soluté. La dépendance à la pression du coefficient de
Henry est faible, et cette dépendance est claire vis-à-vis de la température.
Pour l’Eq. 3.7, la loi d’Henry peut donc être utilisée dans de nombreux cas :
𝐻
𝑦𝐴0 = 𝑝 𝑥𝐴0 3.12
La fraction molaire 𝑥𝐴 dans le liquide peut être liée à une fraction molaire fictive 𝑦𝐴.é𝑞 en phase gazeuse, qui est
en équilibre avec le liquide, par la relation d'équilibre respective (Fig. 3.3). Si la courbe d'équilibre n'est pas trop
courbée, on peut supposer que la mesure de la pente, le coefficient d'équilibre, k, est linéaire et peut être utilisé
pour d'autres calculs:
𝑑𝑦 ∗ 𝑦𝐴0 −𝑦𝐴.é𝑞 𝑦̅𝐴 −𝑦𝐴0
𝑘 ≡ 𝑑𝑥𝐴 ≈ ≈𝑥 3.13
𝐴 𝑥𝐴0 −𝑥̅ 𝐴 𝐴.é𝑞 −𝑥𝐴0

Avec l’Eq. 3.13, l’Eq. 3.11 devient alors :


𝑛̇ 𝑘
𝑦𝐴0 − 𝑦𝐴.é𝑞 = 𝜇𝐴𝐶 3.14
𝑙 𝑙
La somme de l'équation 3.10 et de l’équation 3.14 donne :
1 𝑘
𝑦̅𝐴 − 𝑦𝐴.é𝑞 = 𝑛̇ 𝐴 (𝜇 +𝜇𝐶) 3.15
𝑔 𝐶𝑔 𝑙 𝑙

Par analogie au transfert de chaleur, on peut écrire comme suit :


𝑛̇ 𝐴 = 𝑈𝑔 (𝑦̅𝐴 − 𝑦𝐴.é𝑞 ) 3.16
où le coefficient global de transfert de matière, 𝑈𝑔 , est lié à la différence des fractions molaires en phase gazeuse:
−1
1 𝑘
𝑈𝑔 = (𝜇 +𝜇𝐶) 3.17
𝑔 𝐶𝑔 𝑙 𝑙

𝑛̇ 𝐴 = 𝑈𝑙 (𝑥𝐴.é𝑞 − 𝑥̅𝐴 ) 3.18


D'une manière analogue, l’Eq. 3.11 donne la relation équivalente suivante à Eq. 3.16. on a le coefficient global de
transfert de matière, 𝑈𝑙 , lié à la différence des fractions molaires dans la phase liquide:
−1
1 1
𝑈𝑙 = (𝑘𝜇 +𝜇𝐶 ) 3.19
𝑔 𝐶𝑔 𝑙 𝑙

La résistance au transfert de matière selon les Eq. 3.17 et 3.19 est composée des résistances de transfert de
matière dans la phase gazeuse et celle de la phase liquide. Les deux équations permettent de voir la manière dont
la résistance du transfert de masse affecte les phases.
On peut vérifier que l'une des résistances de transfert de masse peut être négligée par rapport à l'autre, de sorte
que seul le transfert de masse en une phase devrait être pris en compte.

Cours Phénomènes d’Echanges


52

Cependant, les coefficients de transfert de matière ne peuvent être déterminés d'une manière aussi simple que
celle indiquée ici que si l'équilibre des phases peut être décrit par une approche linéaire à la manière de l’Eq. 3.13.
Ceci s'applique principalement aux processus d'absorption des gaz dans les liquides, la solubilité des gaz dans les
liquides étant faible et pouvant donc être décrite par la loi de Henry 3.12; dans ce cas, 𝒌 = 𝑯/𝒑.
Dans le cas de solutions idéalement diluées, la loi de distribution de Nernst décrit la distribution d'une substance
dissoute dans les deux phases sur les deux liquides :
𝑐𝐴1
𝐾𝐴 =
𝑐𝐴2
Ici, 𝑐𝐴1 et 𝑐𝐴2 sont les concentrations du soluté A dans les deux phases. L'équilibre ou coefficient de distribution
𝐾𝐴 dépend des interactions des différents types de molécules. Pour de nombreuses applications techniques telles
que l’extraction liquide/liquide, le calcul de l'équilibre avec la loi de distribution de Nernst n'est pas suffisamment
précis.
Par la loi de Nernst ci-dessus, à condition qu'on soit à nouveau en présence d’une solution diluée, on a :
𝑐𝐴1 = 𝐾𝐴 𝑐𝐴2 ou 𝑦1 = 𝐾𝐴′ 𝑥𝐴 3.20
Ici, la quantité 𝑦𝐴 est la teneur molaire dans la phase de raffinat et 𝑥 𝐴 est la teneur molaire dans la phase
d'extraction. En raison des relations d'équilibre souvent très complexes, les calculs avec des coefficients de
transfert de masse jouent un rôle plus faible dans le transfert de masse que les calculs avec des coefficients de
transfert de chaleur dans le transfert de chaleur.

3.3 Théories du transfert de matière


Le transfert de matière par convection peut être aisément utilisé pour des géométries et des conditions
d'écoulement simples. Dans de nombreux cas techniques, il existe des écoulements ou des géométries plus
complexes qui ne sont pas accessibles à la modélisation mathématique exacte ou seulement avec un effort
numérique important. Dans tous les cas, des coefficients de transfert de chaleur, l’Eq. 1.90), ou de transfert de
matière, l’Eq. 1.91, sont utilisés pour la description quantitative du transfert. Le calcul des coefficients de transition
peut se faire de différentes manières.
Dans le cas de conditions d'écoulement et de géométries simples, les solutions analytiques ou numériques
fournissent des valeurs exactes pour les coefficients de transfert de chaleur, ℎ ou de matière, 𝜇.
Dans les systèmes complexes, les théories de transfert de matière sont utilisées pour quantifier le transfert de
matière et, dans une certaine mesure, des théories analogues sont utilisées pour le transfert de chaleur. Les plus
importants des théories comprennent celle du film, celle la couche limite et la théorie de la pénétration, qui sont
expliqués ci-dessous.
3.3.1 Théorie du film
La théorie du film est le modèle le plus simple et le plus ancien. Dans cette théorie, on suppose qu'une substance
𝐴 est transférée, à partir d'une surface solide ou stationnaire, formant une couche plate, dans un fluide 𝐵 en
écoulement, comme dessiné dans la Fig. 3.4. La concentration de la substance 𝐴 passe, de la valeur 𝑐𝐴0 , à la
surface de la couche, à la valeur 𝑐𝐴∞ , au loin de la surface à l'intérieur du fluide complètement mélangé.
La théorie du film se base sur l'hypothèse, généralement correcte, que tout le transfert de matière n'a lieu qu’à
travers une masse de fluide mince d'épaisseur 𝛿𝑐 près de la paroi, d'où le nom de théorie du film. Selon la figure
3.4, une telle simplification est admissible même dans les systèmes en convection si la couche

Cours Phénomènes d’Echanges


53

Figure 3.4 Profils des concentrations et des vitesses au-dessus d’une surface suivant la théorie du film

limite de vitesse 𝛿𝑣 est significativement plus grande que la couche limite de concentration 𝛿𝑐 , car alors les
vitesses du fluide et donc celle du transfert de matière convectif dans la couche limite 𝛿𝑐 sont très faibles. La
théorie du film offre un calcul suffisamment précis du transfert de matière. Pour cela, les concentrations et les
vitesses ne devraient changer que dans la direction de l'axe des ordonnées, mais ne doivent pas dépendre du temps
ou se passer dans la direction des autres axes de coordonnées. Dans ce film, le transfert de matière se fait
uniquement par diffusion moléculaire. Ainsi, selon la théorie du film :
𝑑𝑛̇ 𝐴
=0 3.21
𝑑𝑦
Il en résulte un courant de convection évanescent, c'est-à-dire une diffusion équimolaire , 𝑛̇ = 𝑛̇ 𝐴 + 𝑛̇ 𝐵 = 0 dans
la direction de l'axe des y, à l'aide de la 1ère loi de Fick, l’Eq. 1.8 :
𝑑𝑐𝐴
𝑛̇ 𝐴 = 𝑛̇ 𝐴𝑚 + 𝑥𝐴 𝑛̇ = 𝑛̇ 𝐴𝑚 = −𝐷𝐴𝐵 3.21b
𝑑𝑦
ou
𝑑𝑐2𝐴
𝑑𝑦 2
=0 3.22
si l’on suppose des valeurs constantes de 𝐷𝐴𝐵 . Le profil de concentration dans le film est une ligne droite dans la
figure 3.4 :
𝑐𝐴 −𝑐𝐴0 𝑦
= 3.23
𝑐𝐴∞ −𝑐𝐴0 𝛿𝑐
En outre, le transfert de matière peut également se décrire au moyen du coefficient de transfert de matière 𝜇 :
𝑑𝑐𝐴
𝑛̇ 𝐴 = 𝜇(𝑐𝐴0 − 𝑐𝐴∞ ) = −𝐷𝐴𝐵 ( ) 3.24
𝑑𝑦 𝑦=0

Suivant l’Eq 3.23 on a:


𝑑𝑐 𝐷𝐴𝐵 𝐷𝐴𝐵
−𝐷𝐴𝐵 ( 𝑑𝑦𝐴 ) =− 𝛿𝑐
(𝑐𝐴∞ − 𝑐𝐴0 ) =
𝛿𝑐
(𝑐𝐴0 − 𝑐𝐴∞ ) 3.25
𝑦=0
et donc :
𝑫𝑨𝑩
𝝁= 3.26
𝜹𝒄
Étant donné que l'épaisseur du film 𝛿𝑐 n'est généralement pas connue, les coefficients de transfert de matière 𝜇
ne sont pas facilement calculés à partir de cette équation. Toutefois, pour les cas qui se produisent fréquemment
dans la pratique, les valeurs de 𝛿𝑐 peuvent être trouvées dans la littérature pertinente, on utilise l’Eq. 3.26 pour
estimer l'épaisseur de la couche de concentration 𝛿𝑐 . Ceci est avantageux lorsque on discute de l'influence d'une
réaction chimique sur le transfert de matière.
Selon la théorie du film, le coefficient de transfert de matière μ, pour la diffusion équimolaire, est proportionnel
au coefficient de diffusion, comme l’indique l’Eq.3.26.
Une corrélation différente apparaît pour la diffusion unilatérale. Comme il est déduit au point 2.1.2, la densité
d'échange des matières se calcule selon l’Eq. 2.8 :

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54

𝑢𝑛𝑖𝑙 é𝑞𝑢𝑖 𝑐 𝑑𝑐𝐴


𝑛̇ 𝐴𝑚 = 𝑛̇ 𝐴𝑚 + 𝑛̇ 𝐴𝑣 = − 𝑐−𝑐 𝐷𝐴𝐵 𝑑𝑦
3.27
𝐴

Cette densité de courant matière est composée d'un constituant de diffusion et d'un constituant convectif. Dans
ce cas, le coefficient de transfert de matière prend donc en compte à la fois les contributions convectives et
diffusives :
𝑢𝑛𝑖𝑙
𝑛̇ 𝐴𝑚 = 𝜇𝑢𝑛𝑖𝑙 (𝑐𝐴0 − 𝑐𝐴∞ ) 3.28
Dans le cas d'une diffusion unilatérale, le coefficient de transfert de matière est le suivant:
𝑐 1 𝑑𝐴
𝜇𝑢𝑛𝑖𝑙 = − 𝑐−𝑐 𝐷𝐴𝐵 (𝑑𝑦 ) 3.29
𝐴 𝑐𝐴0 −𝑐𝐴∞ 𝑦=0
Dans ce cas, le profil de concentration de diffusion unilatérale est décrit par:
𝑐−𝑐𝐴 𝑐−𝑐𝐴∞ 𝑦/𝛿𝑐
=( ) 3.30
𝑐−𝑐𝐴0 𝑐−𝑐𝐴0
Par conséquent, pour le gradient à la limite de phase à 𝑦 = 0, c’est-à-dire à l’interface, on applique la relation
suivante :
𝑑𝑐 𝑐−𝑐𝐴0 𝑐−𝑐𝐴∞
( 𝑑𝑦𝐴 ) =−
𝛿𝑐
𝑙𝑛 (
𝑐−𝑐𝐴0
) 3.31
𝑦=0
En remplaçant dans l’Eq. 3.29, pour 𝑦 = 0, (𝑐𝐴 = 𝑐𝐴0 ), on obtient :
𝑐−𝑐𝐴∞
𝑢𝑛𝑖𝑙 𝐷𝐴𝐵 𝑙𝑛( 𝑐−𝑐𝐴0 )
𝜇 = 𝑐 3.32
𝛿𝑐 𝑐𝐴0 −𝑐𝐴∞
𝑢𝑛𝑖𝑙 é𝑞𝑢𝑖
Le rapport des coefficients de transfert de matière 𝜇 /𝜇 est donné par l’Eq. 3,26 et 3,32 à:
𝒄−𝒄
𝝁𝒖𝒏𝒊𝒍 𝒄 𝒍𝒏( 𝑨∞ )
𝒄−𝒄𝑨𝟎
𝝁é𝒒𝒖𝒊
= 𝒄𝑨𝟎 −𝒄𝑨∞
≥1 3.33
Comme déjà expliqué dans la section 2.1.2, le transfert de matière est donc intensifié par le courant de Stefan. Si
le transport de matière a lieu entre deux phases différentes, la résistance au transport doit être prise en compte
dans les deux films (la théorie du double film).
3.3.2 Théorie de la couche limite
L’écoulement turbulent de fluide sur des corps solides peut être divisé en deux zones: une couche très mince au
voisinage immédiat du corps (couche limite fluidique), dans laquelle les forces de frottement jouent un rôle
essentiel, et le reste de la zone à l'extérieur de cette couche, où ces forces de frottement peuvent être négligées.
Ce concept est appliqué au transfert de matière, dans la théorie de la couche limite, où l’on suppose que, comme
dans la théorie du film mince, le transfert de matière a lieu dans une couche mince proche de la paroi du solide, la
couche limite de concentration, comme indiqué dans la Fig. 3.4. Cependant, contrairement à la théorie du film,
d'une part, les flux de matières convectives y sont pris en compte et, d'autre part, les concentrations et les vitesses
peuvent changer non seulement dans la direction de l'axe des y, mais aussi dans la direction de l'axe des abscisses,
x.
La théorie de la couche limite fournit des résultats utiles lorsque 𝜕𝑐2𝐴 /𝜕𝑥2 ≪ 𝜕𝑐2𝐴 ⁄𝜕𝑦2 est maintenu. Dans ce cas, il
existe une fine couche limite de concentration près de la paroi, dans laquelle le changement du profil de
concentration est important par rapport au changement dans la direction des autres axes de coordonnées. Il suffit
alors de ne prendre en compte que la diffusion dans la direction de l'axe y. Une hypothèse analogue est faite pour
le profil de vitesse, de sorte que le changement de vitesse dans la direction des x peut être négligé par rapport à
celui dans la direction y. Étant donné que la théorie de la couche limite est d'une grande importance, en particulier
pour les processus au voisinage des interfaces à la surface solide, la théorie de la couche limite est dérivée et
discutée dans les sections ultérieures pour les écoulements sur des plaques planes. Dans ce qui suit, la relation
étroite entre les profils de vitesse et de concentration dans les systèmes à écoulement à la surface de solides est
brièvement discutée à l'aide de la théorie de la couche limite.

Cours Phénomènes d’Echanges


55

La théorie de la couche limite considère un écoulement bidimensionnel régulier et frictionnel dans les directions
x et y, dans lequel aucune force de champ ne se produit. Pour la direction des x, avec les grandeurs sans dimension,
notées avec ∗, on a les nombres sans dimensions suivant :
𝑣𝑥 𝑣𝑦 𝑥 𝑦
𝑣𝑥∗ = , 𝑣𝑦∗ = , 𝑥∗ = , 𝑒𝑡 𝑦∗ =
𝑣𝑥∞ 𝑣𝑥∞ 𝐿 𝐿
la loi de Navier-Stokes l’Eq 1.75, (voir les tableaux des équations détaillées), en négligeant les termes de viscosité
dans la direction x, donne alors :
𝜕𝑣 ∗ 𝜕𝑣 ∗ 1 𝜕2 𝑣𝑥∗
𝑣𝑥∗ 𝜕𝑥𝑥∗ + 𝑣𝑦∗ 𝜕𝑦𝑥∗ = 𝑅𝑒 3.34
𝐿 𝜕𝑦 ∗2
avec :
𝒗𝒙∞ 𝑳
𝑹𝒆𝑳 ≡ 3.35
𝝊
le nombre de Reynolds, qui caractérise le rapport entre les forces d'inertie et les forces de frottement. Ce chiffre
clé sans dimension, ce nombre de Reynolds, est le plus connu et probablement le plus important pour presque
tous les processus de transfert qui se produisent dans les milieux de fluides.
Dans la formulation de l'équation de transfert de matière, comme déjà mentionné, on suppose que la diffusion
dans la direction 𝑥 est négligeable par rapport à celle dans la direction 𝑦: 𝜕𝑐2𝐴 /𝜕𝑥2 ≪ 𝜕𝑐2𝐴 ⁄𝜕𝑦2 . En tenant compte
des simplifications selon la théorie de la couche limite, la loi de conservation de la matière, en l'absence d'une
réaction chimique, pour des quantités sans dimension, est donnée comme suit :
𝜕𝜉 𝜕𝜉 1 𝜕2𝜉
𝑣𝑥∗ 𝜕𝑥 ∗ + 𝑣𝑦∗ 𝜕𝑦 ∗ = 𝑃𝑒 3.36
𝐿 𝜕𝑦 ∗2

𝒗𝒙∞ 𝑳
𝑷𝒆𝑳 ≡ 3.37
𝑫𝑨𝑩

le nombre de Péclet du transfert de masse. Il caractérise généralement le rapport entre les flux convectifs et
moléculaires. Il existe une relation entre les nombres de Péclet et de Reynolds :
𝑷𝒆 = 𝑹𝒆𝑺𝒄 3.38
le nombre de Schmidt, sans dimension,
𝝊
𝑺𝒄 ≡ 𝑫 3.39
𝑨𝑩

représente le rapport entre le transfert de la quantité de mouvement visqueux et le transfert diffusif de matière.
De plus, l’Eq. 3.36 contient la concentration sans dimension ξ, qui est définie comme suit:
𝒄 −𝒄
𝝃 = 𝒄 𝑨 −𝒄𝑨∞ 3.40
𝑨𝟎 𝑨∞
Ici, la quantité 𝑐𝐴0 est la concentration à l’interface solide fluide et 𝑐𝐴∞ est la concentration à grande distance
de celle-ci, voir la Fig. 3.4.
Les lois de conservation de la quantité de mouvement (Eq. 3.34) et de matière (Eq. 3.36) sont analogues, et les
conditions aux limites sont également similaires.
Ce qui suit s'applique au flux :
Conditions aux limites 1 : à 𝑦∗ = 0 𝑣𝑥∗ = 0
Conditions aux limites 2 : à 𝑦∗ → ∞ 𝑣𝑥∗ = 1
Pour la diffusion, si le composant A migre dans le fluide comme le montre la figure 3.4 :
Conditions aux limites 1 : à 𝑦∗ = 0 𝜉=0

Conditions aux limites 2 : à 𝑦 →∞ ξ=1

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56

Il s'ensuit que pour le cas 𝑅𝑒𝐿 = 𝑃𝑒𝐿 , c'est-à-dire pour Sc=1, les profils sans dimension, de vitesse et de
concentration, correspondent. Pour ce cas particulier, la pente −(𝜕𝜉/𝜕𝑦 ∗ )𝑦 ∗=0 du profil de concentration à la
limite de phase peut être égale à la pente (𝜕𝑣𝑥∗ /𝜕𝑦 ∗ )𝑦∗ =0 du profil de vitesse :
𝝏𝒗∗ 𝝏𝝃
(𝝏𝒚𝒙∗ ) = − (𝝏𝒚∗) 3.41
𝒚∗ =𝟎 𝒚∗ =𝟎
Dans le cas d’écoulement laminaire sur une plaque, on verra que les dispositions suivantes s’appliquent :
𝜕𝑣 𝑣3
( 𝜕𝑦𝑥 ) = 0,331√ 𝑣𝑥
𝑥∞
3.42
𝑦=0,𝑥
d'où il découle dans la représentation dimensionnelle :
𝜕𝑐 𝑣𝑥∞
( 𝜕𝑦𝐴 ) = −0,332√
𝑣𝑥
(𝑐𝐴0 − 𝑐𝐴∞ ) 3.43
𝑦=0
Il en résulte la densité du débit massique à la limite de phase:
𝜕𝑐𝐴 𝑣𝑥∞
𝑛̇ 𝐴𝑦 = −𝐷𝐴𝐵 ( ) = 0,332√ (𝑐𝐴0 − 𝑐𝐴∞ ) 3.44
⃒𝑦=0 𝜕𝑦 𝑦=0 𝑣𝑥

En raison de la définition du coefficient de transfert de matière local μ(x) (voir section 1.7, Eq. 1.127) selon
𝑛̇ 𝐴𝑦 = 𝜇(𝑥)(𝑐𝐴0 − 𝑐𝐴∞ ) 3.45
⃒𝑦=0

En fin le résultats est le suivant :


𝒙∞ 𝒗
𝝁(𝒙) = 𝟎, 𝟑𝟑𝟐𝑫𝑨𝑩 √ 𝒗𝒙 3.46

et à partir de là, le nombre local de Sherwood :


𝜇(𝑥)𝐿 𝑣𝑥∞ 𝐿 𝐿 𝐿
𝑆ℎ𝑥 = = 0,332√ √ → 𝑆ℎ𝑥 = 0,332√𝑅𝑒𝐿 √ 3.47
𝐷𝐴𝐵 𝜐 𝑥 𝑥

ou le nombre de Sherwood moyen :


𝜇𝐿 1 𝐿
𝑆ℎ = = ∫0 𝑆ℎ𝑥 𝑑𝑥 → 𝑺𝒉 = 𝟎, 𝟔𝟔𝟒√𝑹𝒆𝑳 3.48
𝐷𝐴𝐵 𝐿
Par rapport à l'équation définissant le nombre de Sherwood, l’Eq. 2.40, on utilise ici la longueur et non le diamètre
comme longueur caractéristique. L'équation du transfert de matière local de l’écoulement laminaire sur une
plaque n'est valable que pour Sc=1, les faibles densités d'écoulement de matière (diffusion équimolaire) et les
valeurs constantes pour c et DAB.
Si le nombre de Schmidt Sc<1, ce qui est vrai pour les gaz, l'épaisseur de la couche limite de vitesse est inférieure
à celle de la couche limite de concentration. Dans le cas des liquides (Sc>1), c'est l'inverse. Pour Sc≠1, les relations
de Sherwood correspondantes sont données plus loin.
Si le nombre de Schmidt) est l'inverse. Pour Sc≠1, les relations de Sherwood correspondantes sont données dans
Eq. (6.29) et (6.30) et dérivées.
Une relation analogue sans dimension peut être utilisée pour le transfert de chaleur sous la forme d'une relation
du nombre de Nusselt :
ℎ𝐿
𝑁𝑢 = 3.49
𝜆
qui établit le rapport entre le transfert de chaleur convectif et le transfert de chaleur moléculaire :
𝑵𝒖 = 𝟎, 𝟔𝟔𝟒√𝑹𝒆𝑳 3.50

3.3.3 Théorie de pénétration et du renouvellement à la surface


La théorie du film mince et la théorie de la couche limite présupposent un transfert de matière stationnaire, c'est-
à-dire qu'elles ne s'appliquent plus lorsque il y a une accumulation de matière dans un élément de volume, de
sorte que la concentration change avec le temps. Dans de nombreux appareils de transfert de matière, cependant,

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57

les fluides sont mis en contact les uns avec les autres ou les fluides sont mis en contact avec des solides, pendant
des périodes si courtes, qu'un état d'équilibre ne peut pas être établi. Si, par exemple, une bulle d'air monte dans
l'eau, l'eau ne diffusera dans la bulle d'air qu'aux points où la bulle se trouve à ce moment. Le temps de contact
entre la bulle d’air et la quantité d'eau l’entourant est à peu près le même que le temps nécessaire à la bulle d'air
pour se déplacer d'une longueur égale au diamètre de la bulle. Par conséquent, dans un lieu fixe, la matière n'est
transférée que pendant une courte période.
La théorie de pénétration a été développée pour l'échange à court terme de matières entre les bulles de vapeur et
les liquides comme décrit ci-dessus. Selon cette idée, on abandonne l'hypothèse de l’existence de couches limites
laminaires à la surface limite entre solides et fluides et, à la place, on introduit une propagation de turbulence
dans la zone limite, c’est-à-dire à l’interface ou dans la couche limite. Grâce à cette turbulence, un paquet de
particules de fluides ‘’fraîches’’ venant de loin, du centre complètement mélangé d'un fluide, arrive
continuellement à l’interface solide-fluide, interface qui est par conséquent sujette à un renouvellement continu
en molécules de fluide (voir Fig. 3.5 à gauche). Ce paquet de nouveaux éléments fluides ‘’frais’’ a une concentration
initiale constante 𝑐̅𝐴 , qui correspond à celle du milieu liquide complètement mélangé au loin de l’interface.
Directement à l'interface entre phases, du côté fluide, on a la concentration 𝑐𝐴0 en équilibre avec la concentration
en phase gazeuse. Pendant le temps de contact du paquet de ces éléments fluides à l’interface, se produit le
transfert de matière transitoire, par diffusion à l'intérieur ou à l'extérieur de l'élément, en raison de la différence
de concentration entre 𝑐𝐴0 et 𝑐̅𝐴 . Il en résulte une augmentation ou une déplétion de la substance A dans l'élément
fluide (voir fig. 3.5 à droite). Après le temps de contact τ, le paquet du fluide se retire de l'interface de phase et
rentre dans le milieu fluide et se mélange complètement avec elle.
L'idée cruciale de ce modèle est l'hypothèse que la profondeur de pénétration 𝛿𝑐 (voir Eq. 2.49) du composant A
est très faible. La concentration 𝑐𝐴 tombe donc dans cette couche mince de la valeur de surface 𝑐𝐴0 à la valeur
dans le milieu liquide 𝑐̅𝐴 , qui peut tendre vers zéro à des vitesses de réaction proportionnellement élevées, dans
le cas de réaction de la substance. Comme démontré, le coefficient moyen de transfert de matière est inversement
proportionnel à la racine du temps de contact τ et donné par:
𝟐 𝑫𝑨𝑩
𝝁= √ 3.51
√𝝅 𝝉

Fig. 3.5 En haut : Représentation schématique du processus de transfert de matière selon la théorie de la pénétration. A droite :
Changement associé de la concentration du composant de transition A dans l'élément liquide transporté à l’interface entre phases
Gas=Gas. Grenzfläche= surface de séparation. Flüssigkeit = liquide. Flüssigkeitskern=milieu du fluide Vollstandig vermischt=
totalement mélangé. Abstand x von Phasengrenzfläche= distance x de la surface de séparation.

Cette relation a déjà été déduite de l’Eq. 2.31 : pendant le temps de contact de l'élément fluide à l’interface de
phase, l’élément fluide se charge de plus en plus en composante A à la concentration transitoire, ce processus se
traitant mathématiquement comme un transfert de matière transitoire dans une couche plane (voir Fig. 2.10) et
peut être décrit par le coefficient de transfert de matière correspondant. Dans l’Eq. 3,51, μ est le coefficient moyen
de transfert de matière du temps t = 0 au temps τ. Une approche tout à fait analogue peut également être suivie
pour le transfert de chaleur. Dans ce cas, pour le coefficient moyen de transfert de chaleur, on obtient :
𝟐 𝝀𝒄𝒑 𝝆
𝒉= √ 3.52
√𝝅 𝝉

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58

La théorie du renouvellement à la surface, développée par Danckwerts, représente une extension de la théorie de
la pénétration. Alors que Higbie a toujours supposé les mêmes temps de contact entre les phases à tous les
endroits de contact sur un appareil, Danckwerts a supposé que les éléments fluides qui entrent en contact les uns
avec les autres ont des temps de séjour, de contact, décrits par un spectre de temps de résidence. Le temps de
contact entre les éléments fluides individuels obéit à une fonction de distribution, et après un certain temps, un
élément fluide peut être déplacé de la surface de contact et remplacé par un autre. Pour cette raison, ce modèle
d’approche est appelé théorie du renouvellement à la surface. Il a été appliqué avec succès à l'absorption des gaz
dans les liquides agités. Dans la plupart des cas, cependant, les proportions de temps jusqu'au renouvellement de
la surface sont tout aussi peu connues que les temps de contact de la théorie de la pénétration, de sorte que les
deux théories sont utiles pour comprendre les processus de transfert de matière, mais souvent non applicables à
leur calcul.
3.3.4 Domaines d’application des différentes théories du transfert de chaleur et de matière
Le type d'écoulement et le type de l’interface (fluide ou fixe) sont généralement décisifs pour déterminer la théorie
la plus appropriée.
Si les vitesses d'écoulement à proximité immédiate de l'interface sont faibles, la théorie du film mince fournit des
résultats réalistes. Typiquement, dans le cas des liquides, la couche limite de concentration est inférieure de
plusieurs ordres de grandeur à la couche limite de vitesse, et s’applique donc également à la théorie du film
mince. Par conséquent, la théorie du film mince s’applique ici plutôt qu’avec les gaz.
Si le transfert convectif est significatif, alors la théorie de la couche limite est plus appropriée et s'applique à une
série d'écoulements laminaires sur des surfaces solides. Dans le cas des interfaces fluides, la théorie de la
pénétration est souvent la plus appropriée.

Cours Phénomènes d’Echanges


59

IV Transfert d’impulsion dans des


tuyaux
En raison d'innombrables applications dans une grande variété de secteurs industriels, les processus de transfert
dans l'écoulement des fluides dans les pipelines représentent un domaine classique de l'ingénierie chimique. En
raison de sa grande pertinence technique, il existe une connaissance extraordinairement complète dans ce
domaine. Les principes fondamentaux discutés ici sont utilisés pour un grand nombre de problèmes d'ingénierie
chimique plus complexes en les simplifiant intelligemment et en les réduisant aux processus impliqués dans
l'écoulement dans les tuyaux. Une telle approche de la création de modèles mathématiques pour des tâches
complexes – la simplification et la réduction ultérieure d'un problème à des phénomènes de base bien décrits –
est une stratégie typique de l'ingénierie chimique.

4.1. Écoulement laminaire dans des tuyaux


Dans l'écoulement laminaire, les éléments fluides se déplacent sur des couches d'écoulement parallèles sans
changer de place transversalement dans le sens de l'écoulement. On peut théoriquement établir la perte de
pression et le profil de vitesse.
Le système d'équations différentielles de Navier-Stokes est grandement simplifié par les conditions physiques
suivantes:
1. Pour des raisons de symétrie, les profils de vitesse sont symétriques en rotation, il n'y a donc pas d'influence
de l'angle 𝜙(par exemple 𝑣𝜑 = 0).
2. Les éléments fluides se déplacent en couches de courant parallèles dans la direction z, donc : 𝑣𝑟 = 0
∂vz ∂vz
3. L’écoulement est stationnaire et développé: = =0
𝜕𝑡 𝜕𝑧
Pour l’écoulement laminaire dans les tuyaux, les équations de Navier-Stokes donnent une seule équation
différentielle:
𝜕𝑝 1 𝑑 𝑑𝑣𝑧
− 𝜕𝑧 +  𝑟 𝑑𝑟 (𝑟 )=0 4.1.
𝑑𝑟
La perte de pression est causée par les contraintes de cisaillement sur la paroi interne du tube. Celles-ci résultent
du gradient de vitesse, qui, à son tour, est constant dans l’écoulement complètement développé. Par conséquent,
le gradient de pression s’exprime comme suit :
𝜕𝑝 𝑝2 −𝑝1 𝑝1 −𝑝2 ∆𝑝
= =− = − 𝛥𝐿 < 0 4.2.
𝜕𝑧 ∆𝐿 ∆𝐿
Selon cette définition, la perte de charge ∆𝑝 est toujours positive, car elle résulte de la différence entre les
pressions initiale et finale dans une section de tuyau. L’intégration d’Eq. (4.1) conduit à:
𝑑𝑣𝑧 ∆𝑝 1 𝑟 2
𝑟 = − ∆𝐿 + 𝐶1 4.3.
𝑑𝑟  2
𝑑𝑣𝑧
En raison de la symétrie, le gradient 𝑑𝑟
dans l’axe du tuyau (r=0) est égal à zéro et donc C1 aussi :
𝑑𝑣𝑧
∆𝑝𝑟 2 = −2𝑟 𝛥𝐿 4.4.
𝑑𝑟
Le même résultat provient d’un simple rapport des forces sur le cylindre de fluide représenté à la figure 4.1:
𝑑𝑣𝑧
∆𝑝𝜋 𝑟 2 = −2 𝑟 𝛥𝐿𝑧 = −2 𝑟 𝛥𝐿 4.5.
𝑑𝑟
La condition aux limites nécessaire à l’intégration de cette équation différentielle provient de la condition dite de
détention, la condition aux limites. On suppose que les particules de fluide qui touchent directement une interface
de phase ont la même vitesse que cette limite de phase. Cela s’applique aussi bien aux interfaces de phase fluide
et par conséquent potentiellement mobile qu’à une paroi solide au repos. En l’espèce, il s’ensuit donc:
Condition aux limites : pour 𝑟 = 𝑅 𝑣𝑍 = 0

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60

Fig. 4.1 Équilibre des forces ainsi que vitesse radiale et distribution des contraintes de cisaillement dans l’écoulement laminaire du
tuyau. 𝑤𝑧𝑚𝑎𝑥 = 𝑣𝑧𝑚𝑎𝑥 = 2 𝑣̅𝑧 = Vitesse maximale dans le sens des z.
Avec cette contrainte, il découle de l’intégration d’Eq. (4.5) :
1 ∆𝑝
𝑣𝑧 (𝑟) = (𝑅 2 − 𝑟 2 ). 4.6
4 ∆𝐿
Le profil de vitesse est parabolique. L’intégration sur la surface se traduit par le débit volumique, ce qui est
important à des fins techniques:
𝐴 𝑅 𝑅 4 ∆𝑝
𝑉̇ = ∫0 𝑣𝑧 (𝑟)𝑑𝐴 = ∫0 𝑣𝑧 (𝑟)2𝑟𝑑𝑟 = 8 4.7
∆𝐿
Cette relation, également connue sous le nom d’équation de Hagen-Poiseuille, relie la perte de charge liée à la
longueur dans le sens de l’écoulement au débit volumique. La vitesse moyenne 𝑣̅𝑧 est donnée par:
𝑉̇ 𝑅 2 ∆𝑝
𝑣̅𝑧 = 𝑅2 = 4.8
8 ∆𝐿
La vitesse maximale dans l’axe du tuyau est calculée en fonction de:
𝑅 2 ∆𝑝
𝑣𝑧𝑚𝑎𝑥 = 𝑣𝑧 (𝑟 = 0) = = 2𝑣̅𝑧 4.9
4 ∆𝐿

4. 2. Écoulement turbulent dans des tuyaux


Au-delà d'un nombre de Reynolds critique, l'écoulement du tuyau devient turbulent. En raison des instabilités
d'écoulement, des tourbillons ou des bulles de turbulence se forment. Contrairement à l'écoulement laminaire,
les fluctuations de vitesse qui en résultent ne disparaissent pas au fur et à mesure que l'écoulement progresse.
Dans le passé, la détermination expérimentale du nombre critique de Reynolds a conduit à des valeurs
significativement différentes, généralement entre 1700 et 2300. Cela montre que le changement de flux est
progressif et a donc lieu sur une certaine zone de transition. Des mesures récentes de haute précision ont montré
un nombre de Reynolds critique de 2040 pour le début de la turbulence. Dans l'écoulement turbulent, l'échange
fortement accru de quantité de mouvement dans le sens de l'écoulement conduit à l'aplatissement du profil de
vitesse comme on peut voir dans la figure 4.2, tandis que le gradient de vitesse au niveau de la paroi augmente.

Figure 4.2 Profils de vitesse de l'écoulement dans des tuyaux Örtische Geschwindigkeit w = Vitesse locale.
Laminare Strömung = écoulement laminaire.

Cours Phénomènes d’Echanges


61

La compression du profil de vitesse est particulièrement évidente dans le rapport entre la vitesse maximale 𝑣𝑚𝑎𝑥
dans l'axe du tuyau et la vitesse moyenne 𝑣̅ . Le rapport 𝑣𝑚𝑎𝑥 ⁄𝑣̅ est de 2 pour l'écoulement laminaire et
d'environ 1,2 pour l'écoulement turbulent. Dans de nombreux cas, le profil de vitesse de l'écoulement turbulent
dans les tuyaux peut être très bien approximé par la relation empirique.
𝑣 𝑦 𝑛
= (𝑅) 4.10.
𝑣𝑚𝑎𝑥
Ici, 𝑦 = 𝑅 − 𝑟 est la distance de la paroi et 𝑛 est une valeur qui varie légèrement avec le nombre de Reynolds.
𝑣̅𝑑
Pour les valeurs moyennes du nombre de Reynolds, 𝑅𝑒 = , telles que 𝑅𝑒 = 104 à 105 , 𝑛 = 1⁄7 on peut le
𝜈
définir. Comme cette valeur est la plus fréquemment utilisée, l’Eq. 4.10 est également appelé loi de puissance 1/7
(v. Karman).
En raison de la turbulence, un échange accru de quantité de mouvement se produit, dont la description peut être
faite, par exemple, par l'équation suivante :
𝑑𝑣̅
𝜏𝑡 = 𝜌𝑣𝑡 𝑑𝑦 4.11
Cela est dû aux fluctuations turbulentes effectuées par des particules fluides de différentes tailles (filets de
turbulence). Ces filets sont constitués d'un nombre suffisant de molécules pour que les équations d'équilibre
continuent à s'appliquer. Dans le cas des procédés techniques de transfert de chaleur ou de masse, les valeurs de
fluctuation variant dans le temps sont moins intéressantes que les valeurs moyennes. Cependant, ceux-ci ne sont
pas faciles à déterminer, car en raison de la non-linéarité des éléments convectifs dans les équations de bilan, les
fluctuations de vitesse, de température et de concentration ont également une influence sur les valeurs
moyennes. Les équations d'équilibre formées avec ceux-ci contiennent des expressions supplémentaires qui ne
découlent pas des équations elles-mêmes.

4. 3. Résistance à l’écoulement dans les tuyaux


La perte de charge causée par le frottement à la paroi est calculée à l’aide de l’équation de Darcy -Weisbach:
𝜌 𝐿
∆𝑝 = 𝜁 2 𝑣̅ 2 𝑑 4.12

Fig. 4.3 Coefficient de résistance en fonction du nombre de Reynolds pour différentes rugosités. D'après Nikuradze.
Widerstandsbeiwert = Coefficient de traînée. Gl = équation. Gl 5.36 = Eq. 4.13. Gl.5.37 = Eq. 4.14 et Gl. 5.38 = Eq. 4.15

L'équation 4.12 définit le coefficient de traînée sans dimension ζ. Pour l'écoulement laminaire dans un
tuyau, les Eq. 4.8 et 4.12 donnent :
64
𝜁 = 𝑅𝑒 4.13
Au-dessus de Re≈2040, l’écoulement passe à l’état turbulent, ce qui entraîne une modification du coefficient de
traînée ζ. La relation entre ζ et le nombre de Reynolds pour diverses rugosités de tuyaux standard, 𝑅/𝑘 , à partir
d’une étude classique de Nikuradze, est illustrée à la Fig. 4.3. Dans ces essais, une rugosité de tuyau déterminée

Cours Phénomènes d’Echanges


62

avec précision a été générée par collage du sable tamisé d’une taille de grain définie à l’intérieur d’un tuyau. Dans
ce cas, l’épaisseur de la rugosité en 𝑚𝑚 est équivalente au diamètre du grain de sable.
Après la plage de transition, au-delà de 𝑅𝑒 = 5.000, on peut déterminer ζ, pour les tuyaux lisses jusqu’à 𝑅𝑒 =
105 , par la loi de Blasius :
ζ = (100𝑅𝑒)−1⁄4 4.14
4 6
Pour les fourchettes supérieures de 𝑅𝑒 ≈ 2 . 10 à 2. 10 on applique l’équation suivante :
0,3964
𝜁 = 0,0054 + 4.15
𝑅𝑒 0,3
6
Pour des nombres de Reynolds encore plus élevés (> 10 ), on doit utiliser l'équation implicite de Prandtl et
v. Karman :
1
= −0,8 + 2𝑙𝑜𝑔(𝑅𝑒√𝜁) 4.16
√𝜁
Dans la zone laminaire, il n'y a pas d'influence de la rugosité du tuyau ; l'écoulement laminaire
‘’avale’’ les rugosités et les rend pratiquement inopérantes.
𝑣̅ 𝑣̅ 𝑣̅

Fig. 4.4 Rugosité des tuyaux.


À gauche : à l'intérieur de la sous-couche laminaire, au milieu : en partie à l'extérieur de la sous-couche laminaire, à droite : en
grande partie à l'extérieur de la sous-couche laminaire

Dans la zone turbulente, les courbes restent semblables à celles des tuyaux lisses, où la rugosité est plus petite,
suivant l’équation 4.14.
Ce n'est que lorsque les pics de rugosité émergent de la sous-couche laminaire (voir Fig. 4.4. au centre) que la
rugosité a un effet de perturbation de l'écoulement par la formation de vortex. La sous-couche laminaire devient
de plus en plus mince avec l'augmentation du nombre de Reynolds, de sorte qu'au-delà d'un certain nombre de
Reynolds, les pics de rugosité émergent de la couche inférieure laminaire. Enfin, toutes les courbes de la Fig. 4.3
deviennent alors des lignes droites horizontales. On atteint alors la zone de turbulence complètement formée
(voir Fig. 4.4 à droite) et le coefficient de traînée y est indépendant du nombre de Reynolds.
Les valeurs mesurées à la figure 4.3 sont artificielles et donc très uniformes. Les tuyaux techniques ont une
finition de surface plus modérée. Le tableau. 4.1 contient des informations sur la rugosité des différents matériaux
et la figure 4.6 montre les coefficients de résistance pour les tuyaux techniques rugueux.

Tableau 4.1. Rugosité absolue k pour différents matériaux en mm.


Matériau Traitement k[𝑚𝑚]
Tuyaux extrudés en verre, 0 à 0,0015
plomb, cuivre, laiton
Tuyaux extrudés en acier Neuf 0,004 (0,02 à 0,1)
Nettoyé après une utilisation 0,15 à 0,2
prolongée
Tôle d'acier galvanisé Lisse (tubes ventilateurs) 0,07
Tubes en acier galvanisé Galvanisé normal 0,15
Tuyaux en acier soudés Neuf 0,05 (jusque 0,1)
Utilisé, Nettoyé 0,15 à 0,20
Tuyaux en acier rivetés. 0,9 (0,5 à 10)
Tuyaux en fonte Neuf 0,26 (jusque 1)
incrusté 1,5 à 4,0
Tuyaux en béton trait lisse 0,3 (jusque 0,8)
rugueux 1,2 (jusque 3)
Planches Grossier 0,7
raboté 0,2

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63

Les équations données dans cette section sont toujours sujettes à deux présuppositions. D'une part, le fluide qui
s'écoule doit être newtonien. D'autre part, un profil d'écoulement doit être entièrement développé.
En fait, il existe une situation particulière à l'entrée du fluide dans le tuyau, tant que le profil de vitesse n'est pas
encore complètement développé.
La figure 4.7 montre un tuyau à travers lequel s'écoule un fluide, en haut pour l’écoulement laminaire et en
dessous pour l'écoulement turbulent. Dans les deux cas, le fluide s'écoule à partir de z = 0 ayant un profil de vitesse
de forme piston à l’entrée et à la vitesse moyenne 𝑣̅ dans le tuyau. La couche limite dynamique de fluide se forme,
dont l'épaisseur augmente δ avec la longueur dans la direction de z. Dans le cas des écoulements laminaires,
Ecoulement
laminaire turbulent

Nombre de Reynolds
Figure 4.6. Coefficient de résistance ζ dans les tuyaux techniques rugueux. (Selon Moody)
La ligne en pointillés noirs en dessous concerne les tuyaux sans rugosité (= hydraulisch glattes Rohr) ; la partie supérieure droite
grise concerne l’écoulement turbulent complétement développé des tubes rugueux (= voll ausgebildete Turbulenz, raue Rohre) et
les données de l’ordonnée à droite concernent la rugosité relative 𝑘/𝑑.

𝑣 = 𝑓(𝑟) 𝑣(𝑥) Couche limite laminaire

𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒

𝑣 = 𝑓(𝑟) Couche limite laminaire Sous-couche laminaire

𝑧𝑐𝑟𝑖𝑡 couche limite turbulente

𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
Fig. 4.7 Entrée dynamique des fluides dans l'écoulement laminaire (en haut) et turbulent (en bas) (δ: épaisseur de la couche limite
dynamique). Entrée dans chaque cas sous forme d'écoulement piston

la couche limite atteint l'axe du tuyau après une certaine longueur d'entrée ; alors δ = R. Pour une distance plus
grande que celle d’entrée, z > 𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 , le profil de vitesse parabolique est préservé. Ce qui signifie que la vitesse
dans l'axe du tuyau augmente, de la valeur 𝑣̅ à z = 0, à la valeur 𝑣𝑚𝑎𝑥 = 2𝑣̅ à z = 𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 et puis reste alors
constante. La longueur d'entrée dynamique du fluide est
𝒛𝒆𝒏𝒕𝒓é𝒆
𝒅
≈ 𝟎, 𝟎𝟓𝟖 𝑹𝒆 4.17
si la vitesse dans l'axe du tuyau s'est approchée de la valeur de l'écoulement de Poiseuille, pour un écart de 1 %.

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64

En cas d'écoulement turbulent, le profil d'écoulement change également. Une couche limite initialement laminaire
est formée, qui augmente initialement et, après une certaine longueur critique, devient turbulent. Ensuite, une
sous-couche laminaire est créée près de la paroi du tuyau. Le trajet turbulent d'entrée jusqu'à la formation
complète du profil de vitesse est de l'ordre de grandeur compris entre :
𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒
10 ≤ ≤ 60
𝑑
Dans le cadre des calculs du transfert de chaleur et de masse, les courants turbulents peuvent déjà être mesurés
après une longueur d'entrée d'environ 10.d. On peut supposer que d est pleinement développé dans la dynamique
des fluides.
Dans le cas de sections transversales non circulaires, on applique les mêmes lois du tube rond pour l’écoulement
turbulent. Le diamètre du tuyau d est de l’Eq. 4.12 et dans le nombre de Reynolds on utilise le diamètre dit
hydraulique à la place. Les coefficients de traînée 𝜁peuvent alors être dérivés des résultats du tuyau.

Fig. 4.8 Coefficients de résistance ζ en ordonnée en fonction du nombre de Reynolds Re pour les tuyaux lisses et droits de
différentes sections transversales. (Schiller) Obergangsgebiet = domaine intermédiaire

𝑆𝑒𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑎𝑔𝑒
𝑑ℎ = 4 𝑐𝑖𝑟𝑐𝑜𝑛𝑓é𝑟𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑚𝑜𝑢𝑖𝑙𝑙é𝑒 4.18
Les coefficients de traînée peuvent ensuite être déterminés à partir des résultats du tube rond. Un aperçu des
coefficients de traînée déterminés expérimentalement pour des tubes lisses à géométries transversales
sélectionnées est fourni à la Fig. 4.8.
Pour l'écoulement laminaire, les diamètres hydrauliques conduisent à des calculs erronés et ne peuvent pas être
utilisés. Dans ces cas, on doit utiliser les équations de Navier-Stokes.

4. 4. Ecoulement dans les systèmes de tuyauterie


Lors du calcul de la perte de charge dans les canalisations complexes, outre les pertes dans les sections droites
des tuyaux, il faut également tenir compte de celles résultant de l'intérieur, des changements de section
transversale et des déflexions ; en plus il faut tenir compte des changements de pression résultant de l'équation
de Bernoulli étendue (par exemple à la suite des changements de vitesse ou d'altitude),
21 1 ∆𝑝
0 = ∫1 𝑑𝑝 + 𝑔(𝐻2 − 𝐻1 ) + (𝑣̅22 − 𝑣̅12 ) + 𝑅 4.19
𝜌 2 𝜌
il y a aussi en conséquence une perte de pression supplémentaire, s'il y a des changements d'altitude.
𝜌
∆𝑝𝑅 = 𝜁𝐸 𝑣̅ 2 4.20
2

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65

Fig. 4.9 Coefficients de résistance 𝜁𝐸 (liés à la vitesse de sortie) de diverses installations de tuyauterie et déformations pour les
écoulements turbulents.
En pratique, le coefficient de traînée 𝜁𝐸 dépend uniquement de la géométrie et est indépendant du nombre
de Reynolds Re à l'état complètement turbulent. Comme 𝑣̅ , on utilise généralement la vitesse moyenne en
aval après l'obstacle local. Pour calculer la résistance totale d'un système de tuyauterie, on additionne toutes
les résistances partielles d'une conduite :
𝜌 𝐿 𝜌
∆𝑝𝑅 = ∑𝑖 (𝜁 2 𝑣̅ 2 𝑑) + ∑𝑗 (𝜁𝐸 2 𝑣̅ 2 ) 4.21
𝑖 𝑗
Ici, la première somme représente la perte de charge de toutes les sections de tuyauterie droite, tandis que la
seconde somme additionne toutes les résistances supplémentaires locales. Pour les fluides incompressibles, si

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66

aucune énergie mécanique n'est introduite (par exemple via une pompe), la relation suivante résulte de
l'équation de Bernoulli:
𝜌
∆𝑝𝑅 = (𝑝1 − 𝑝2 ) + (𝑣̅12 − 𝑣̅22) + 𝜌𝑔(𝐻1 − 𝐻2 ) 4.22
2
Un grand nombre de mesures existent pour les différentes installations, les changements de section et les
déformations. Les valeurs sélectionnées du coefficient de traînée 𝜁𝐸 pour différentes géométries sont données à
la Fig. 4.9.

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67

V Transfert convectif de chaleur


et de matière dans un tuyau
On analyse ici le transfert convectif de chaleur et de matière à l'intérieur d'un tuyau vers un fluide en écoulement.
En raison de l'analogie entre transfert de chaleur et transfert de matière, cette représentation est essentiellement
basée sur le transfert de matière. Les caractéristiques particulières du transfert de chaleur par convection sont
expliquées à la fin de la section.

5.1. Ecoulement laminaire dans un tuyau


Le transfert de matière considéré ci-dessous se produit sur la paroi interne d'un tuyau de diamètre d et de
longueur L. La coordonnée longitudinale est notée z et la coordonnée radiale est notée r. Tout d'abord, on suppose
que la concentration du composant diffusant A sur la paroi est constante dans les directions longitudinale et
circonférentielle; elle est notée 𝜌𝐴.𝑝 . Un fluide circule dans le tuyau avec une vitesse moyenne constante 𝑣̅ = 𝑉̇ ⁄𝐴.
La distribution de vitesse doit avoir la forme parabolique qui se produit dans les écoulements laminaires.

Fig. 5.1 Le transfert de masse dans un tube infiniment long. (Lauflänge = déplacement et 𝜌𝐴𝑤 = 𝜌𝐴.𝑝 = densité massique à la paroi. L’indice
w pour wand signifie paroi)

Selon la figure 5.1, la densité partielle dans le fluide, 𝜌𝐴𝛼 de la composante qui diffuse à l'entrée du tuyau est
constante à z = 0 sur la section transversale. A l’entrée, pour 𝜌𝐴𝛼 supérieur à 𝜌𝐴.𝑝 , la substance A est transférée
du fluide à la paroi du tuyau perméable à A. A la position z, on obtient la distribution de la densité partielle 𝜌𝐴 sur
la section transversale représentée à la figure 5.1. La moyenne transversale correspondante est 𝜌̅𝐴 . Dans le cas
d'un tube infiniment long, c'est-à-dire z → ∞, la densité partielle 𝜌𝐴.𝑝 dépend du fluide, de sorte que 𝜌𝐴∞ =
𝜌̅𝐴∞ = 𝜌𝐴.𝑝 . Au fur et à mesure que z augmente, la densité partielle moyenne 𝜌̅𝐴 et le gradient de densité
(𝜕𝜌𝐴 ⁄𝜕𝑟)𝑟=𝑅 diminuent, de sorte que l’écoulement local de matière 𝑚̇𝐴𝑧 diminue également le long de z. Le flux
de matière 𝑀̇𝐴𝑧 transmis jusqu'à la position z augmente avec z et atteint asymptotiquement la valeur maximale
𝑀̇𝐴.𝑚𝑎𝑥 . Le bilan massique différentiel pour ce système cylindrique est donné sous forme générale dans le tableau
ci-dessus. Les simplifications suivantes doivent être apportées:
1. état stationnaire 𝜕𝜌𝐴⁄𝜕𝑡 = 0
2. symétrie rotationnelle 𝑣𝑟 = 𝑣𝜙 = 0 dérivées de φ=0
3. pas de réaction chimique r = 0
4. la diffusion dans le sens axial est négligeable.
Ainsi, il découle de Eq. (1.85):
𝜕𝜌 1 𝜕𝜌 𝜕 2 𝜌𝐴
𝑣(𝑟) 𝜕𝑧𝐴 = 𝐷𝐴𝐵 [𝑟 ( 𝜕𝑟𝐴 + 𝑟 𝜕𝑟 2
)] 5.1.
Selon Eq. (4.6) et (4.8), l’expression de la vitesse est comme suit :
𝑟 2
𝑣(𝑟) = 2𝑣̅ [1 − (𝑅) ] 5.2

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68

Z matière ferme matière en transition


v

𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 𝑚̇𝐴𝑧

Fig. 5.2. Écoulement dans un tuyau dans lequel, pour 𝑧 < 𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 l’échange de matière ne se produit pas et n’a lieu qu’à partir de
𝑧 > 𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 . Grenzschicht = couche limite

Dans les considérations suivantes, on suppose que la longueur d’entrée du fluide est déjà terminée avant le
début du transfert de matière (voir fig. 5.1 ci-dessus). En remplaçant 𝑣(𝑟) dans l’Eq. 5.1, on obtient l'équation
différentielle descriptive suivante :
𝑟 2 𝜕𝜌𝐴 𝐷𝐴𝐵 1 𝜕𝜌𝐴 𝜕 2 𝜌𝐴
[1 − (𝑅) ] 𝜕𝑧
= 2𝑣̅
(
𝑟 𝜕𝑟
+𝑟 𝜕𝑟 2
) 5.2
Condition aux limites 1 : Pour z = 0 r<R 𝜌𝐴 = 𝜌𝐴𝑎 5.3
𝜕𝜌𝐴
Condition aux limites 2 : Pour r = 0 z≥0 𝜕𝑟
= 0 (Symétrie) 5.4
Condition aux limites 3. Pour r = R z≥0 𝜌𝐴 = 𝜌𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 5.5
L'équation 5.2 ne peut être résolue que numériquement. La figure 5.2 montre cette solution en termes
généraux. À cette fin, l'Eq. 5.2 a été mise sans dimension comme suit :

Fig. 5.3 Concentrations locales ξ pour le transfert de matière dans l'écoulement laminaire en fonction de r* et z* (Brauer)

1 𝑑𝜉 𝜕2𝜉 1 𝜕𝜉
(1 − 𝑟 ⋆2 ) = + 5.6
2 𝑑𝑧 ⋆ 𝜕𝑧 ∗ 𝑟 ∗ 𝜕𝑟 ∗
On utilise les quantités sans dimension suivantes :
𝑣̅𝑑
Le nombre de Reynolds : 𝑅𝑒 = 𝜈
5.7
𝜈
Le nombre de Schmidt : 𝑆𝑐 = 𝐷 5.8
𝐴𝐵
𝑧 ⁄𝑑
Indice d’entrée : 𝑧 ∗ = 𝑅𝑒𝑆𝑐 5.9
𝑟
Rayon de référence : 𝑟∗ = 𝑅 5.10
𝜌𝐴 −𝜌𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖
Différence de concentration de référence : 𝜉 = 5.11
𝜌𝐴𝑎 −𝜌𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖

La loi de Fick est utilisée pour calculer le débit massique 𝑚̇𝐴𝑧 sur la paroi du tuyau, localement, au point z.

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69

𝜕𝜌𝐴
𝑚̇𝐴𝑧 = −𝐷𝐴𝐵 ( ) 5.12
𝜕𝑟 𝑟=𝑅,𝑧
Si le calcul doit être effectué au moyen d'un coefficient de transfert de matière local 𝜇(𝑧), celui-ci est déterminé
par la relation suivante :
𝑚̇𝐴𝑧 = 𝜇(𝑧)(𝜌̅𝐴 − 𝜌𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 ) 5.13
À partir des deux équations ci-dessus exprimant 𝑚̇𝐴𝑧 , on tire l'équation du coefficient de transfert de matière
local 𝜇(𝑧) :
𝐷𝐴𝐵 𝜕𝜌
𝜇(𝑧) = − (𝜌̅ ( 𝜕𝑟𝐴 ) 5.14
𝐴 −𝜌𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 ) 𝑟=𝑅,𝑧
Pour les applications techniques, on considère le flux de matière moyen sur toute la surface du tuyau, 𝑀̇ 𝐴 qui
peut être calculé au moyen d'un bilan matières intégral :
𝑀̇ = 𝑉̇ (𝜌 − 𝜌̅ ̇ ) = 𝑣̅ 𝑑 2 (𝜌 − 𝜌̅
𝜋
𝐴 𝐴𝑎 𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 4
) 5.15
𝐴𝑎 𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖

Ici, 𝜌𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 représente la concentration moyenne à la sortie, à l'extrémité du tuyau.


𝑀̇𝐴 = 𝐴𝜇∆𝜌𝐴 = 𝜋𝑑𝐿𝜇∆𝜌𝐴 5.16
De la définition du coefficient moyen de transfert de matière 𝜇 découle après équivalence avec l’Eq. 5.15 :
1 𝑣̅ 𝜌𝐴𝑎 −𝜌̅ 𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖
𝜇= 5.17
4 𝐿 ⁄𝑑 ∆𝜌𝐴
Pour toute la longueur du tuyau, on obtient l’expression suivante pour le coefficient moyen de transfert de
matière selon l’Eq. 5.17 :
𝐴 𝑀̇
𝜇 = 𝜋𝑑𝑧∆𝜌 5.18
𝐴

dont, à l'aide de l'Eq. 5.12 :


𝑧 𝑧 𝜕𝜌
𝑀̇𝐴 = ∫0 𝑚̇𝐴𝑧 𝜋𝑑 𝑑𝑧 = −𝜋𝑑𝐷𝐴𝐵 ∫0 ( 𝜕𝑟𝐴 ) 𝑑𝑧 5.19
𝑟=𝑅,𝑧
donne, pour le nombre moyen de Sherwood :
𝑑 𝑧 𝜕𝜌𝐴
− ∫0 ( ) 𝑑𝑧
𝜇𝑑 𝑧 𝜕𝑟 𝑟=𝑅,𝑧
𝑆ℎ ≡ 𝐷 = ∆𝜌𝐴
5.20
𝐴𝐵

∆𝜌𝐴 signifie une différence de densité qui doit être déterminée de manière appropriée. L’équation applicable au
transfert de matière doit donc dépendre de cette définition. Afin d'exclure les erreurs, il est nécessaire de spécifier,
pour chaque loi théorique ou empirique du transfert de matière, la différence de densité associée. Dans le cas de
l'écoulement dans des tuyaux, on utilise généralement la différence logarithmique de concentration ∆𝜌𝐴𝑙𝑛 :
(𝜌𝐴𝑎 −𝜌𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 )−(𝜌
̅ 𝐴𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 −𝜌𝐴.𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 )
∆𝜌𝐴𝑙𝑛 ≡ 𝜌𝐴𝑎 −𝜌𝐴𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 5.21
𝑙𝑛 ̅
𝜌𝐴𝑣 −𝜌𝐴𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖

Dans le cas de l'écoulement laminaire, on distingue les 3 cas suivants en ce qui concerne le transfert de matière :
1. Ni le profil de la vitesse ni celui de la concentration ne sont développés.
2. Le profil d’écoulement du fluide est développé, mais celui de la concentration ne l'est pas.
3. Non seulement le profil de la vitesse mais aussi celui de la concentration sont développés.
Le transfert de matière dans ces cas est maintenant décrit en détail.
Flux de démarrage laminaire.
Si ni la vitesse ni le profil de concentration ne sont pas encore formés, c'est-à-dire que l’on considère la vitesse et
la concentration au départ de l’écoulement, la situation est comparable à l'écoulement laminaire sur une plaque
plane. Dans ce cas, le nombre moyen de Sherwood est:
𝑑
𝑆ℎ = 0,664√𝑅𝑒 𝑧 𝑆𝑐1/3 5.22
Cependant, cette relation n'est valable que pour 𝑧 < 𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 .

Cours Phénomènes d’Echanges


70

Flux laminaire développé au démarrage de la concentration


De tels cas se produisent en pratique lorsque le transfert dans le tuyau est beaucoup plus rapide que le profil de
la concentration à 𝑧 > 𝑧𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 . Ceci s'applique aux liquides ayant une viscosité ou un nombre de Schmidt plus
élevé.
En intégrant simplement l'Eq.5.2, on obtient l’équation du gradient de concentration à la paroi (𝜕𝜌𝐴 /𝜕𝑟)𝑟=𝑅,𝑧 . En
remplaçant dans l’Eq.5.20 et en intégrant ultérieurement, on trouve la corrélation suivante pour le nombre de
Sherwood :
𝑑 1/3
𝑆ℎ = 1,615 (𝑅𝑒𝑆𝑐 𝑧 ) 5.23
qui a déjà été établi par Lévêque (1928). On suppose que l'épaisseur de la couche limite de concentration 𝛿𝑐 est
très faible par rapport à l'épaisseur 𝛿𝑣 de la couche limite de vitesse. Dans le cas limite où Sc→∞, la couche limite
de concentration se situe dans la plage dans laquelle la vitesse, encore linéaire, dépend de la distance à la paroi.
Par conséquent, cette relation ne s'applique qu'à 𝑧 ∗ < 5. 10−6
Écoulement laminaire entièrement développé
Enfin, à mesure que la longueur du tuyau augmente, le profil de concentration se forme également. C'est le cas
lorsque l'épaisseur de la couche limite de concentration correspond au rayon du tuyau. Pour z*>1,365 (Stephan
1959), le nombre de Sherwood devient constant, ce qui peut être démontré au moyen d'un calcul d'itération:
𝑆ℎ = 3,66 5.24
Cela signifie que la densité d'écoulement de matière ne dépend plus directement de la longueur de
fonctionnement z ou de la longueur du tuyau L :
𝐷𝐴𝐵
𝑚̇𝐴 = 3.66 ∆𝜌𝐴𝑙𝑛 5.25
𝑑

Fig. 5.4 Nombre de Sherwood de l'écoulement laminaire dans un tuyau Sh en fonction de la longueur de parcours sans dimension
𝑧 ⁄𝑑
𝑧∗ = en fonction du nombre de Schmidt comme paramètre. Anlauf=tracé Reibungfreie = sans frottement.
𝑅𝑒𝑆𝑐
Ausgebildete= complètement développé

Le nombre Sc varie de haut en bas, de la valeur Sc = 0 à Sc = 1000, au démarrage de l’écoulement hydrodynamique


0,664 𝑑
et de concentration avec 𝑆ℎ = 6 √𝑃𝑒 , la ligne pointillée au-dessus concerne l’écoulement sans frottement
√𝑆𝑐 𝑧

2 𝑑
avec 𝑆ℎ = √𝑃𝑒 , et la ligne pleine en dessous de la valeur de Sc=1000 concerne l’écoulement hydrodynamique
√𝜋 𝑧

3 𝑑
développé de la concentration avec 𝑆ℎ = 1,615 √𝑃𝑒
𝑧

Cependant, 𝜌𝐴𝑙𝑛 dépend toujours de la longueur de parcours. Comme pour la diffusion, en régime permanent sur
une plaque, la densité du courant molaire est directement proportionnelle au coefficient de diffusion 𝐷𝐴𝐵 , au

Cours Phénomènes d’Echanges


71

gradient de concentration 𝜌𝐴𝑙𝑛 et à une expansion dans le sens de la densité massique du débit, en l'occurrence
le diamètre du tuyau.
La figure 5.4 montre toute la variation du nombre moyen de Sherwood en fonction de la distance d'entrée z*.
Dans ce cas, la distance d'entrée z* est sélectionné comme paramètre sans dimension, car le flux de matière
transmis sur toute la longueur z est caractérisé par le nombre de Sherwood sans dimension. Cette image contient
les Eq. 5.22, 5.23 et 5.24 en tant qu'asymptotes des courbes individuelles. Le cas spécial Sc=0 (écoulement sans
frottement) est également inclus. Le débit d'entrée pour la formation du profil de vitesse est très élevé par rapport
à l'entrée pour le problème de concentration. Cette courbe limite s'applique donc à un fluide qui se déplace à
travers le tube avec un profil de piston immuable. Pour les courtes durées, les lois de diffusion transitoire sont
appliquées. La limite pour z→∞ devient :
𝑆ℎ𝑆𝑐=0 = 5,76
L'équation empirique suivante convient pour décrire l'ensemble des courbes illustrées à la figure 4.13 :
𝒅 𝟎,𝟖𝟎
𝟎,𝟏𝟖𝟖(𝑹𝒆𝑺𝒄 )
𝒛
𝑺𝒉 ≡ 𝟑, 𝟔𝟔 + 𝒅 𝟎,𝟒𝟔𝟕
5.26
𝟏+𝟎,𝟏𝟏𝟕(𝑹𝒆𝑺𝒄 )
𝒛

5.2. Écoulement turbulent dans les tuyaux


Le profil de vitesse de l'écoulement turbulent dans un tuyau passe, du profil piston à l'entrée à z = 0, au profil
turbulent. La couche limite initialement laminaire devient turbulente après une certaine longueur. Ce n'est que
sur la paroi du tuyau qu'il existe encore une fine sous-couche laminaire. Pour la z>zentrée, on a un profil de vitesse
turbulente entièrement formé (voir Fig. 5.9). En s'adaptant à diverses données de mesure, Gnielinski a établi
l'équation suivante pour le nombre moyen de Sherwood pour l’écoulement turbulent pleinement développé :
𝜻 𝑹𝒆𝑺𝒄 𝒅 𝟐/𝟑
𝑺𝒉 = [𝟏 + (𝑳 ) ] 5.27
𝟖 𝜻
𝟏+𝟏𝟐,𝟕√ (𝑺𝒄𝟐/𝟑 −𝟏)
𝟖

Ici, le coefficient de traînée ζ doit être calculé selon:


𝜁 = (1,8 𝑙𝑜𝑔 𝑅𝑒 − 1,5)−2 5.28
Cette relation s'applique dans les domaines suivants :
𝑑
104 ≤ 𝑅𝑒 ≤ 106 , 0,1 ≤ 𝑆𝑐 ≤ 1000 𝑒𝑡 0 < ≤1
𝐿
Comme il n'y a pas de profil de vitesse radiale prononcé dans l'écoulement turbulent du tuyau, l’Eq. (5.27)
s'applique avec une précision pratiquement égale à l'écoulement formé hydro-dynamiquement et à l'écoulement
non formé.

5.3. Transfert de chaleur par convection


Les équations du nombre de Sherwood de la forme 𝑆ℎ = 𝑓(𝑅𝑒, 𝑆𝑐) énumérées aux sections 5.2. peuvent être
transposées directement au transfert de chaleur. A cet effet, le nombre de Sherwood est seulement transposé au
nombre de Nusselt et le nombre de Schmidt au nombre de Prandtl :
𝜈
𝑃𝑟 ≡ 𝑎 5.29
qui représente le rapport entre les coefficients moléculaires de la quantité de mouvement visqueux et le transport
d'énergie. Il en résulte une corrélation identique de la forme Nu=f(Re, Pr). Cependant, une particularité du
transfert de chaleur turbulent résulte du fait que, dans le cas de différences plus importantes entre la température
de la paroi et celle du fluide, l'influence de la viscosité, qui varie généralement fortement avec la température
(voir point 1.2.1), doit être prise en compte. Fondamentalement, on utilise toutes les valeurs de matière à la
température moyenne:
𝑇 −𝑇
𝑇̅ = 𝑓𝑙𝑢𝑖𝑑𝑒2 𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 5.30

Cours Phénomènes d’Echanges


72

Si la température de la paroi s'écarte considérablement de la température moyenne, il y a une viscosité


significativement plus faible ou plus élevée près de la paroi qu’au cœur de l'écoulement. À une température de
paroi plus élevée, la viscosité des liquides est plus faible et le fluide s'écoule plus rapidement que dans des
conditions isothermes, ce qui entraîne une convection accrue. Dans le cas des gaz, l'effet est inversé, car la
viscosité du gaz augmente avec la température (point 1.2.1). Dans l'ensemble, en conséquence, les conditions de
convection changent.
Au lieu d'une température de paroi 𝑇𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 constante, l’Eq. 5.30, il y’a également, d’une importance technique pour
le transfert de chaleur, la condition limite que la densité du flux de chaleur, 𝑞𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 , est constante à la paroi du
tuyau (𝑟 = 𝑅), ce qui conduit à une modification de la valeur limite asymptotique du nombre de Nusselt dans le
cas d'un écoulement laminaire dans un tube à l'entrée :
𝑁𝑢 = 4,35 5.31

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73

VI Ecoulements sur des plaques


plates
Ce chapitre examine les processus de transfert sur des surfaces planes. Il s'agit d'un écoulement en surface et non d'un
écoulement à l’intérieur d’un tuyau. Un débit forcé, considéré ici, peut être généré, par exemple, par un ventilateur ou
une pompe. L'importance particulière de cette géométrie spéciale ne réside pas seulement dans les applications
techniques directes (par exemple, le transfert de chaleur dans les échangeurs de chaleur à plaques et sur les surfaces à
ailettes ou le transfert de matière lors du débordement des surfaces). Les phénomènes observés sur la plaque donnent
une compréhension fondamentale des processus de transfert qui peuvent être appliqués à d'autres géométries. Les lois
concernant la plaque, tout comme celles de l'écoulement dans un tuyau, sont souvent également appliquées à d'autres
géométries plus complexes.

6.1 Transfert d’impulsion


Si un fluide coule sur une plaque, la condition d'adhérence du fluide s'applique à la surface de la plaque, la vitesse
du fluide y est nulle (première condition aux limites). En raison de la viscosité du fluide et du gradient de vitesse
sur la paroi, une force de frottement est exercée par l'écoulement, ce qui provoque une diminution de la quantité
de mouvement. La pression dans l'écoulement peut généralement varier avec la coordonnée longitudinale x, mais
est constante, dans la direction y, dans le cas d'un écoulement infiniment étendu. La vitesse 𝑣𝑥 , parallèle à la
surface de la plaque, augmente de la valeur zéro, à l’interface fluide – solide, à la vitesse constante 𝑣𝑥∞ hors de
la couche limite. Selon la théorie de la couche limite de Prandtl, la zone d'écoulement peut être divisée en un flux
de couche limite et un flux externe. Dans la couche limite, la paroi exerce une influence sur l'écoulement, cet
écoulement représente la partie frictionnelle du champ d'écoulement et le flux externe, hors de la couche limite,
représente la région sans frottement. À partir du bord d'attaque de la surface plane, il y a formation d’une couche
limite laminaire comme le montre la Fig. 6.1. L'épaisseur de la couche limite δ est formellement définie
mathématiquement comme la distance à l'intérieur de laquelle la vitesse, dans la direction x, atteint 99% de sa
valeur en dehors de la couche limite 𝑣𝑥∞ (analogue aux couches limites de température et de concentration). Le
contexte de cette définition est que la description mathématique du profil de vitesse conduit au résultat que 𝑣𝑥∞
n'est atteint qu'à une distance infinie du bord d’attaque de la surface plane. Pour exprimer l'augmentation de la
vitesse à partir de la surface de la plaque, on utilise la valeur 𝑣𝑥 (𝛿) = 0,99 𝑣𝑥∞ pour définir l'épaisseur de la
couche limite.
Ecoulement externe Couche limite de vitesse

Laminaire Transitoire Turbulent


Fig. 6.1 Profil de vitesse 𝑣𝑥 (𝑦) en fonction de la longueur du parcours sur une plaque plane débordée en écoulements laminaire et
turbulent dans la couche limite

Cours Phénomènes d’Echanges


74

Dans la Fig. 6.1, l'étendue de la couche limite dans la direction y est drastiquement exagérée afin d'illustrer les
relations de base. L'épaisseur de la couche limite, coloriée en bleu, augmente dans le sens de l’écoulement, car
dans le cas présent, il n'y a pas de gradient de pression d'un écoulement externe infiniment étendu (𝑑𝑝⁄𝑑𝑥 = 0).
En raison de l’équation de la quantité de mouvement et de la conservation de la quantité de mouvement qu'il
exprime, les pertes par frottement entraînent une diminution de la quantité de mouvement. Cela se manifeste
par une réduction partielle de la vitesse d'écoulement. Son influence couvre des zones de plus en plus éloignées
de la surface de la plaque à mesure que la longueur du parcours à partir du point d’attaque de la plaque augmente.
Lorsque la couche limite atteint une certaine épaisseur, l'écoulement laminaire commence à se transformer en un
écoulement turbulent. Cette épaisseur est atteinte à une certaine longueur à partir du point d’attaque, plus
précisément à un certain nombre de Reynolds critique dépendant de la longueur L :
𝑣𝑥∞ 𝐿
𝑅𝑒𝐿 ≡ ≥ 6. 104 6.1
𝜈
Alors qu'en dessous de ce nombre de Reynolds, l'écoulement est toujours laminaire, au-dessus de ce nombre de
Reynolds mentionné, les petites perturbations ne disparaissent plus. L'écoulement ne devient pas encore
complètement turbulent, mais la région laminaire est suivie d'une zone de transition avec un écoulement
partiellement laminaire, partiellement turbulent. Ce n'est qu'à partir d'un nombre de Reynolds critique
suffisamment grand que l'écoulement devient complètement turbulent. Le changement complet dépend
fortement de la rugosité de la plaque et de la turbulence d’entrée à son bord d'attaque :
𝑅𝑒𝑐𝑟𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 = 3. 105 à 3. 106
Dans le voisinage immédiat d'une paroi solide, même dans un écoulement entièrement turbulent, les
mouvements de fluctuation turbulents sont amortis. Dans une sous-couche laminaire l'effet du frottement interne
(viscosité cinématique 𝜈) l'emporte sur l'échange turbulent de quantité de mouvement (viscosité cinématique
turbulente 𝜈𝑡 ).
6.1.1 Couche limite laminaire
A des nombres de Reynolds élevés (𝑅𝑒𝐿 > 102 ), l'écoulement du fluide peut être calculé en utilisant la théorie de
la couche limite établie par Prandtl. Cette théorie suppose que le transfert de la quantité de mouvement du fluide
à la plaque n'a lieu que dans une fine couche limite qui adhère directement à la surface de la plaque. En d’autres
mots, la plaque n’a de l’influence sur la quantité de mouvement du fluide que dans une fine couche de fluide
proche d’elle. En dehors de cette couche limite, le fluide se déplace en douceur, à la vitesse 𝑣𝑥∞ , c'est-à-dire que
le fluide n’est pas affecté par la présence de la plaque (fig. 5.1) (écoulement potentiel). Ici s'applique l'équation
d'Euler, selon laquelle le gradient 𝜕𝑝⁄𝜕𝑥 est nul pour un écoulement illimité dans la direction y. Tout d'abord, on
considère, dans la couche limite laminaire, le transfert de quantité de mouvement de fluide qui s’écoule en
parallèle sur la plaque plane. On pense que la vitesse du flux en dehors de cette couche est connue. Considérons
que, les conditions suivantes, concernant la couche limite laminaire, sont remplies :
• l'écoulement est stationnaire,
• l'écoulement est bidimensionnel (plat),
• les valeurs de la matière sont constantes (𝜌, 𝜂 ≠ 𝑓(𝑥, 𝑦, 𝑧, 𝑡)),
• l'augmentation de la température résultant de la dissipation est négligeable,
• les forces dues à masse sont négligeables, et
• les réactions chimiques ne se produisent pas.
Dans les conditions données, l'équation de continuité (Eq. 1.70) et les équations de Navier-Stokes (Eq. 1.71 et
1.72) sont comme suit :
𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑣𝑦
𝜕𝑥
+ 𝜕𝑦
=0 6.2

Cours Phénomènes d’Echanges


75

𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑝 𝜕2 𝑣 𝜕 2 𝑣𝑥
𝜌 (𝑣𝑥 𝜕𝑥
+ 𝑣𝑦 𝜕𝑦
) = − 𝜕𝑥 + 𝜂 ( 𝜕𝑥 2𝑥 + 𝜕𝑦 2
) 6.3
𝜕𝑣𝑦 𝜕𝑣𝑦 𝜕𝑝 𝜕 2 𝑣𝑦 𝜕 2 𝑣𝑦
𝜌 (𝑣𝑥 𝜕𝑥
+ 𝑣𝑦 𝜕𝑦
) = − 𝜕𝑦 + 𝜂 ( 𝜕𝑥 2
+ 𝜕𝑦 2
) 6.4
Pour estimer l’ordre de grandeur des termes individuels des systèmes d’équations on introduit d’abord des
grandeurs sans dimensions :
𝑣𝑥∞ 𝐿 𝑥 𝑦
𝑅𝑒𝐿 ≡ , 𝑥 ∗ = , 𝑦 ∗ = ̅,
𝜈 𝐿 𝛿
avec :
𝐿 𝑝 𝑣
𝛿̅ = " épaisseur moyenne de la couche limite“, 𝑝∗ = 2 , 𝑣𝑥∗ = 𝑥 ,
√𝑅𝑒𝐿 𝜌𝑣𝑥∞ 𝑣𝑥∞
𝑣𝑦
𝑣𝑦∗ = √𝑅𝑒𝐿 ( suivant l′ équation de continuité).
𝑣𝑥∞
Le système d’équations ci-dessus prend la forme suivante par l’introduction de quantités sans
dimension :
𝜕𝑣𝑥∗ 𝜕𝑣 ∗
𝜕𝑥 ∗
+ 𝜕𝑦𝑦∗ = 0 6.5
𝜕𝑣 ∗ 𝜕𝑣 ∗ 𝜕𝑝∗ 1 𝜕 2 𝑣𝑥∗ 𝜕2 𝑣∗
𝑣𝑥∗ 𝜕𝑥𝑥∗ + 𝑣𝑦∗ 𝜕𝑦𝑦∗ = − 𝜕𝑥 ∗ + 𝑅𝑒 𝜕𝑥 ∗2
+ 𝜕𝑦 ∗2𝑥 6.6
𝐿
1 𝜕𝑣𝑦∗ 𝜕𝑣𝑦∗ 𝜕𝑝∗ 1 𝜕 2 𝑣𝑦∗ 1 𝜕 2 𝑣𝑦∗
𝑅𝑒𝐿
(𝑣𝑥∗ 𝜕𝑥 ∗ + 𝑣𝑦∗ 𝜕𝑦 ∗ ) = − 𝜕𝑦 ∗ + 𝑅𝑒𝐿2 𝜕𝑥 ∗2
+
𝑅𝑒𝐿 𝜕𝑦 ∗2
6.7
Pour les grands nombres de Reynolds (𝑅𝑒𝐿 → ∞, tous les membres ayant les facteurs 1/𝑅𝑒𝐿 ou 1⁄𝑅𝑒𝐿2 deviennent
négligemment petits par rapport aux autres termes de l'équation (note: cela ne dit pas qu'il existe réellement des
relations turbulentes pour 𝑅𝑒𝐿 → ∞). Si, après avoir négligé ces termes, les équations sont reconverties en
formulation dimensionnelle, le résultat est un système d'équations connu sous le nom d'équations de la couche
limite de Prandtl:
𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑣𝑦
+ =0 6.8
𝜕𝑥 𝜕𝑦
𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑣𝑦 𝜕𝑝 𝜕 2 𝑣𝑥
𝜌 (𝑣𝑥 + 𝑣𝑦 ) = − +𝜂 6.9
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑥 𝜕𝑦 2
𝜕𝑝
=0 6.10
𝜕𝑦
L'équation (6.10) montre un résultat essentiel de la théorie de la couche limite, à savoir l'égalité de la pression
dans la couche limite et de l'écoulement potentiel adjacent. En conséquence, le courant externe imprime sa
pression sur la couche limite. L'équation (6.9) ne peut être résolue que numériquement ou par des approches de
séries de puissances. Pour le gradient sur la paroi, cette solution peut être utilisée pour montrer que :
𝜕𝑣 𝑣3
( 𝜕𝑦𝑥) = 0,332√ 𝜈𝑥
𝑥∞
6.11
𝑦=0,𝑥
𝑣𝑥∞ Ligne d’écoulement basée sur la théorie de la couche limite

Plaque ligne d’écoulement réel


Fig. 6.2 Comparaison des lignes de courant pour un fluide réel (trait plein rouge) et pour un écoulement de fluide selon la théorie
de la couche limite (trait pointillé). ( Brauer et Sucker)
Si, comme d'habitude, l'épaisseur de la couche limite δ est choisie égale à la distance de la plaque à laquelle
𝑣𝑥 (𝛿) = 0,99. 𝑣𝑥∞ , du calcul suivant il résulte :
4,9 𝑥
𝛿𝑙𝑎𝑚𝑖𝑛𝑎𝑖𝑟𝑒 = 6.12
√𝑅𝑒𝑥

Cours Phénomènes d’Echanges


76

𝑅𝑒𝑥 = 𝑣𝑥 . 𝑥⁄𝜈 est le nombre de Reynolds défini par rapport à la coordonnée x comme longueur caractéristique.
La théorie de la couche limite est un outil très instructif pour la compréhension de base des processus
d'écoulement. Cependant, il contient également un certain nombre de lacunes. Par exemple, la figure 6.2 compare
le flux de la courbe en pointillée résultant de la théorie de la couche limite avec une courbe réelle en trait plein en
rouge. Dans la théorie de la couche limite, la déviation du flux par rapport à la direction d'origine se produit
soudainement à partir de la pointe de la plaque. Un retour du courant dans la direction initiale au-delà de la plaque
n'a pas lieu car la zone derrière la plaque n'est pas modélisée. La rationalisation réelle montre clairement que le
débit est déjà affecté avant la plaque. À une distance suffisamment grande derrière la plaque, le courant revient
dans sa direction initiale.

Fig. 6.3 Représentation des profils de la composante vitesse 𝑣𝑥∗ parallèle à la surface de la plaque et de la couche limite pour Re=10
à différentes valeurs de la coordonnée longitudinale x*. (Brauer et Sucker). Numerische Lösung = solution numérique.
Grenzschichttheorie = théorie de la couche limite. Abstand = distance. Lauflänge = parcours
Pour la description exacte de l'écoulement, le système d'équations différentielles (Eq. 6.2, 6.3 et 6.4) doit être
résolu numériquement. Les figures 6.3 et 6.4 donnent une comparaison des profils de vitesse calculés pour 𝑣𝑥 et
𝑣𝑦 , qui résultent de la théorie de la couche limite et du calcul numérique pour Re=10, respectivement. Dans ces
figures 𝑣𝑥 et 𝑣𝑦 sont tous deux tirées de la vitesse d'entrée 𝑣𝑥∞ . Les résultats du calcul numérique (lignes continues
dans les figures 6.3 et 6.4) montrent clairement que la plaque plane influence déjà l'écoulement avant sa pointe
d’entrée.

Fig. 6.4 Représentation du profil de la composante de vitesse 𝑣𝑦∗ perpendiculaire à la surface de la plaque pour
Re=10 à différentes valeurs de la coordonnée longitudinale x*.
À l'extrémité du début de la plaque, en raison de l'adhérence à la paroi, il y a une diminution drastique de la vitesse
du fluide à la surface de la plaque, 𝑣𝑥 (𝑦 = 0) = 0, ce qui entraîne de très grands gradients de vitesse. Au fur et à
mesure que le fluide progresse sur la plaque, le gradient de vitesse y diminue initialement. Vers la fin de la plaque,

Cours Phénomènes d’Echanges


77

le gradient de vitesse augmente à nouveau en raison du refoulement du fluide dirigé vers la plaque. Au-delà de la
plaque, le gradient doit à nouveau prendre la valeur zéro en raison de symétrie. À une distance suffisamment
grande de la plaque, le profil de vitesse s'équilibre complètement.
Selon les résultats de la théorie de la couche limite, la plaque n'exerce aucune influence sur l'écoulement avant la
plaque. En conséquence, les profils de vitesse calculées à l'aide de la théorie de la couche limite (figures 6.3 et 6.4
lignes pointillées) montrent des gradients de vitesse plus élevés au début de la plaque. Les pentes deviennent de
plus en plus petites avec l'augmentation du parcours, car selon la théorie de la couche limite, aucun refoulement
ne peut se produire vers la plaque. La figure 6.3 montre également l’évolution des épaisseurs de la couche limite
pour l'écoulement réel et selon la théorie de la couche limite, qui résultent des profils de vitesse dans la direction
x.
Les profils de la vitesse d'écoulement dans la direction y (voir fig. 6.4) peuvent être expliqués par la trajectoire de
la vitesse d'écoulement dans la direction x ou par le tracé des lignes de courant (voir fig. 6.2). Selon l'équation de
continuité (6.2), une décélération (ou accélération) de l'écoulement dans la direction x entraîne une accélération
(ou décélération) de l'écoulement dans la direction y. Cet effet est particulièrement évident par le profil
d'écoulement de la théorie de la couche limite au début de la plaque. Les lignes de courant du flux réel dirigé vers
la plaque calculé numériquement dans la zone après la plaque signifient une vitesse dirigée vers la plaque dans la
direction y. À la surface de la plaque, le gradient (𝜕𝑣𝑦 ⁄𝜕𝑦) est toujours nul, puisque la vitesse 𝑣𝑥 à la surface
𝑦=0
de la plaque est nulle (𝑣𝑥 (𝑦 = 0) = 0) pour toutes les valeurs des longueurs dues à l'adhérence à la paroi et donc
le gradient (𝜕 𝑣𝑥 ⁄𝜕𝑥)𝑦=0 est également égal à zéro (voir équation de continuité 6.2).
Les figures 6.3 et 6.4 illustrent les inexactitudes résultant de l'application de la théorie de la couche limite. Ceci est
encore souligné par la Fig. 6.5, dans laquelle est faite une comparaison des épaisseurs de la couche limite pour
différents nombres de Reynolds. L'écart entre la solution numérique et le résultat de la théorie de la couche limite
(Eq. 6.12) augmente significativement avec la diminution du nombre de Reynolds. Le nombre de Reynolds élevé
supposé dans la dérivation des équations de la couche limite conduit à une augmentation des écarts pour le
nombre de Reynolds décroissant.
6.1.2 Couche limite turbulente
Pour les écoulements turbulents de fluides incompressibles sur une plaque plane, l'épaisseur de la couche limite
est approchée par la relation suivante (Kaufmann 1963):
0,37 𝑥
𝛿𝑡𝑢𝑟𝑏𝑢𝑙𝑒𝑛𝑡 = 6.13
𝑅𝑒𝑥0,2

Fig. 6.5 Épaisseur de la couche limite référencée δ/L en fonction de la coordonnée longitudinale x* pour un fluide réel et pour un
écoulement de fluide selon la théorie de la couche limite. (Résultats numériques de Brauer et Sucker 1976).
numerische Lösung = solution numérique. Grenzschichttheorie = théorie de la couche limite.

Contrairement aux couches limites laminaires sur des plaques planes, la couche limite turbulente sur des plaques
ne varie pas avec 𝑅𝑒𝑥−0,5 mais avec 𝑅𝑒𝑥−0,2. Ainsi, la couche limite turbulente croît plus rapidement avec x que la
couche laminaire, c'est-à-dire proportionnellement à 𝑥 0,8 au lieu de 𝑥 0,5.

Cours Phénomènes d’Echanges


78

6.1.3 Coefficient de frottement


La force de frottement 𝐹𝑓 provoquée par le passage sur une plaque est décrite par le coefficient de frottement 𝜁𝑓
:
𝐹𝑓 ⁄𝐴𝑝𝑙
𝜁𝑓 ≡ 𝜌𝑣 2 6.14
𝑥∞ ⁄2

La surface de la plaque 𝐴𝑃𝑙 résulte de la longueur du produit L multiplié par la largeur B de la plaque. La force de
frottement 𝐹𝑓 résulte des contraintes de cisaillement à la paroi 𝜏𝑣 , qui dépendent du parcours x sur la plaque:
𝐿 𝐿 𝜕𝑣
𝐹𝑓 = 𝐵 ∫0 𝜏𝑣 𝑑𝑥 = 𝐵𝜂 ∫0 ( 𝜕𝑦𝑥 ) 𝑑𝑥 6.15
𝑦=0,𝑥
Couche limite laminaire
Pour les fluides newtoniens, la contrainte de cisaillement peut être déterminée à partir du gradient de vitesse
pour l'écoulement dans la couche limite laminaire. D'après la théorie de la couche limite, (𝜕𝑣𝑥 ⁄𝜕𝑦)𝑦=0𝑥 , est connu
à la paroi (Eq. 6.11). Ainsi, pour le coefficient de frottement 𝜁𝑓𝑙𝑎𝑚 de l'écoulement laminaire (Blasius), on obtient :
1,328
𝜁𝑓 𝑙𝑎𝑚 = 6.16
√𝑅𝑒
Le calcul numérique conduit à un résultat légèrement différent. Le coefficient de frottement est représenté à la
Figure 6.6 en fonction du nombre de Reynolds. Les résultats expérimentaux ainsi que les résultats du calcul
numérique de l'écoulement de la plaque laminaire peuvent être décrits à l'aide de l'équation semi-empirique
suivante (Brauer et Sucker):
2,65 1 1,328
𝜁𝑓 𝑙𝑎𝑚𝑖𝑛𝑎𝑖𝑟𝑒 = − 0,008 + 6.17
𝑅𝑒 7/8 4 𝑅𝑒+ 𝑅𝑒 1/2
𝑅𝑒

Domaine de validité : 10−2 ≤ 𝑅𝑒 ≤ 𝑅𝑒𝑐𝑟𝑖𝑡 = 5. 105


Les résultats de l'équation (6.17) s'écartent de plus en plus du résultat de la théorie de la couche limite à mesure
que le nombre de Reynolds diminue.
Couche limite turbulente
Dans l'écoulement turbulent sur une plaque, l'échange de quantité de mouvement augmente considérablement
en raison de la turbulence. Cela se reflète dans la dépendance réduite du coefficient de frottement
Couche limite pleinement
Couche limite laminaire turbulente

Fig. 6.6 Coefficient de frottement 𝜁𝑓 pour les écoulements laminaires et turbulents. (Brauer et Sucker)

du nombre de Reynolds. Les données de la littérature expérimentale peuvent être décrites selon la loi empirique
suivante de la résistance (Brauer et Sucker) :
0,455 1 0,99.103
𝜁𝑓 𝑡𝑢𝑟𝑏 = (log − 6.18
𝑅𝑒)2,58 𝑅𝑒 1+104 𝑇𝑢1,7
9
Domaine de validité : 𝑅𝑒𝑐𝑟𝑖𝑡 ≤ 𝑅𝑒 ≤ 10 et 0 ≤ 𝑇𝑢 ≤ 0,1

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79

Pour le calcul, le degré de turbulence Tu (Eq. 1.47) de l'écoulement doit être connu.

6.2. Transfert convectif de chaleur et de matière


En raison de l'analogie entre le transfert de chaleur et le transfert de matière, seul le transfert de matière est
considéré dans cette section. Les relations énumérées pour le transfert de matière peuvent être utilisées
directement pour la détermination du coefficient de transfert de chaleur, comme dans le cas de l'écoulement dans
les tuyaux, en échangeant les nombres de Sherwood et de Nusselt ainsi que les nombres de Schmidt et de Prandtl.
6.2.1 Écoulement laminaire
Une fois que le profil de vitesse de l'écoulement laminaire a été déterminé, le bilan massique peut alors être
résolu. Un système associé, qui se compose de deux phases, est illustré à la Fig. 6.7. La phase inférieure peut être
solide ou fluide. Elle est surplombée par une phase fluide en écoulement laminaire. Le composant A est transféré
de la phase inférieure à la phase supérieure en raison d'un gradient de concentration. Les processus de transfert
de masse associés sont également en partie utilisés à des fins de refroidissement, comme l'illustre la Fig. 6.8, avec
quelques exemples typiques. Pour le refroidissement pariétal, on peut utiliser un écoulement à travers la paroi,
soit de l'air (a) soit de fluide (b). On peut également utiliser, pour le refroidissement de la paroi, le passage
surplombant de gaz chaud sur un solide en sublimation ou en fusion préalable (c). Lorsque l’air chaud passe au-
dessus d’une surface d'eau, où de la vapeur diffuse de cette surface dans l'air (d). Dans tous les exemples, il existe
une composante de vitesse normale à la paroi 𝑣𝑦 , que l’on peut spécifier (e).
Dans ce qui suit, on suppose que la concentration à l'interface de phase, communément appelée 𝑐𝐴 0 ou 𝑐𝐴𝑣 est
constante (voir Fig. 6.7) à une interface de phase fixe. En utilisant l'exemple d'un processus de désorption sur une
surface solide, la question est de savoir quelle est la densité d'écoulement du matériau 𝑛̇ 𝐴 𝑣 dans la phase
supérieure. À cette fin, on a dérivé une équation du coefficient de transfert de matière basé sur le champ de
concentration.

écoulement superficielle écoulement superficielle écoulement profil de concentration


sans frottement avec frottement sur une superficielle avec sur une plaque plane
surface fluide mobile frottement sur une disposée en dessous
surface immobile
Fig. 6.7 Représentation schématique du transfert de masse d'une phase éphémère ou solide en dessous d’une phase gazeuse ou
effervescente supérieure, dans laquelle une vitesse et un profil de concentration sont présents

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80

a Ecoulement de gaz chaud b Ecoulement de gaz chaud

Réservoir d’air froid Réservoir de liquide froid

c Ecoulement de gaz chaud Ecoulement de gaz chaud

Solide en sublimation Solide en fusion

d Ecoulement d’air sur l’eau e 𝒗𝒙∞ couche limite

Eau
Fig. 6.8 Exemples d'utilisation technique des procédés de transfert de masse sur des plaques (a–d) ainsi que représentation
schématique de l'écoulement se produisant dans ces cas.
Flüssige Schicht = couche liquide

Pour déterminer la courbe de concentration, au lieu de l'utilisation directe possible de l'équation de bilan, vue
plus haut, on établit un bilan massique différentiel bidimensionnel sur un élément de volume infinitésimal (voir
Fig. 6.9). On considère l'état d'équilibre. Le bilan massique se traduit par :
𝑛̇ 𝐴𝑥 ∆𝑦∆𝑧 − 𝑛̇ 𝐴𝑥 ∆𝑦∆𝑧 + 𝑛̇ 𝐴𝑦 ∆𝑥∆𝑧 − 𝑛̇ 𝐴𝑦 ∆𝑥∆𝑧 = 0 6.19
⃒𝑥 ⃒𝑥+∆𝑥 ⃒𝑦 ⃒𝑦+∆𝑦
Il s'ensuit :
𝑛̇ 𝐴𝑥 −𝑛̇ 𝐴𝑥 𝑛̇ 𝐴𝑦 −𝑛̇ 𝐴𝑦
⃒𝑥 ⃒𝑥+∆𝑥 ⃒𝑦 ⃒𝑦+∆𝑦
∆𝑥
+ ∆𝑦
=0 6.20
soit par le passage aux limites pour 𝛥𝑥 et 𝛥𝑦 → 0 :

Fig. 5.9 Bilan massique différentiel dans l'écoulement des tôles


𝜕𝑛̇ 𝑥 𝜕𝑛̇ 𝑦
+ =0 6.21
𝜕𝑥 𝜕𝑦

Les flux de transfert sont composés d'une partie convective et d'une partie moléculaire, de sorte que les conditions
suivantes s'appliquent:
𝜕 𝜕𝑐𝐴 𝜕 𝜕𝑐𝐴
𝜕𝑥
(𝑣𝑥 𝑐𝐴 − 𝐷𝐴𝐵 𝜕𝑥
) + 𝜕𝑦 (𝑣𝑦 𝑐𝐴 − 𝐷𝐴𝐵 𝜕𝑦
) 6.22
et compte tenu de l'équation de continuité Eq. (5.2):

Cours Phénomènes d’Echanges


81

𝜕𝑐𝐴 𝜕𝑐𝐴 𝜕2 𝑐 𝜕 2 𝑐𝐴
𝑣𝑥 𝜕𝑥
+ 𝑣𝑦 𝜕𝑦
= 𝐷𝐴𝐵 ( 𝜕𝑥 2𝐴 + 𝜕𝑦 2
) 6.23
Le même résultat est obtenu à partir du bilan général des matières, l’Eq. 1.79 dans le cas de conditions
stationnaires et de géométrie bidimensionnelle. Pour un traitement plus simple de cette équation, elle est à
nouveau convertie en forme sans dimension. Contrairement à la section 6.1.1, une comparaison des ordres de
grandeur des termes individuels n'est pas pertinente. Par conséquent, toutes les quantités analogues sont rendues
sans dimension de la même manière. Les quantités sans dimension suivantes sont introduites:
𝑐 −𝑐 𝑥 𝑦 𝑣 𝑣 𝑣 𝐿 𝜈
𝜉 ≡ 𝑐 𝐴 −𝑐𝐴∞ , 𝑥 ∗ = 𝐿 , 𝑦 ∗ = 𝐿 , 𝑣𝑥∗ = 𝑣 𝑥 , 𝑣𝑦∗ = 𝑣 𝑦 , 𝑅𝑒𝐿 = 𝑥∞
𝜈
, 𝑆𝑐 = 𝐷
𝐴𝑣 𝐴∞ 𝑥∞ 𝑦∞ 𝐴𝐵
En remplaçant dans l’Eq. 6.23 on obtient :
𝜕𝜉 𝜕𝜉 1 𝜕2𝜉 𝜕2𝜉
𝑣𝑥∗ 𝜕𝑥 ∗ + 𝑣𝑦∗ 𝜕𝑦 ∗ = 𝑅𝑒 (
𝑆𝑐 𝜕𝑥 ∗2
+ 𝜕𝑦 ∗2) 6.24
𝐿
Si les champs d'écoulement 𝑣𝑥 (𝑥, 𝑦) et 𝑣𝑦 (𝑥, 𝑦) sont connus, cette équation peut être utilisée pour calculer le
champ de concentration 𝑐𝐴 (𝑥, 𝑦). En l'espèce, il faut tenir compte du fait qu'en dehors de la couche limite
d'épaisseur 𝛿𝑐 la concentration 𝑐𝐴∞ < 𝑐𝐴𝑣 . En raison de la grande expansion, 𝑐𝐴∞ ne varie pas malgré le flux de
matière qui passe.
Sur la base du champ de concentration connu, on peut déterminer la densité du débit massique local du
composant A :
𝑑𝑁̇𝐴 𝑣 𝜕𝑐𝐴 (𝑥)
𝑛̇ 𝐴 𝑣 (𝑥) = 𝑑𝐴
= −𝐷𝐴𝐵 ( 𝜕𝑦
) ≡ 𝜇(𝑥)(𝑐𝐴𝑣 − 𝑐𝐴∞ ) 6.25
𝑦=0,𝑥
Cette équation définit le coefficient de transfert de masse local 𝜇(𝑥), qui peut être calculé pour un gradient de
concentration (𝑐𝐴𝑣 − 𝑐𝐴∞ ) et un coefficient de diffusion connu 𝐷𝐴𝐵 connus si la dérivée partielle 𝜕𝑐𝐴 ⁄𝜕𝑦 à la
surface limite de phase est également connue. Le coefficient moyen de transfert de matière 𝜇 est défini par
l'équation suivante:
𝑁̇𝐴 𝑣 = 𝜇𝐴(𝑐𝐴𝑣 − 𝑐𝐴∞ ) 6.26
L'intégration de l’Eq. 6.25 pour la surface A donne, avec 𝑑𝐴 = 𝐵𝑑𝑥, où B est la largeur de l'écoulement dans la
direction z :
𝐴 𝜕𝑐 𝐿 𝜕𝑐
𝑁̇𝐴𝑣 = −𝐷𝐴𝐵 ∫0 ( 𝐴 ) 𝑑𝐴 = −𝐷𝐴𝐵 ∫0 ( 𝐴 ) 𝑑𝑥 6.27
𝜕𝑦 𝑦=0,𝑥 𝜕𝑦 𝑦=0,𝑥
La quantité L est la longueur de l'interface entre phases. Le nombre moyen de Sherwood donne alors :
𝐿 𝜕𝑐𝐴
− ∫0 ( ) 𝑑𝑥
𝜇𝐿 𝜕𝑦 𝑦=0,𝑥
𝑆ℎ ≡ 𝐷 = (𝑐𝐴𝑣 −𝑐𝐴∞ )
6.28
𝐴𝐵

Le bilan massique différentiel (l’Eq. 6.24) peut être utilisé pour déterminer une expression analytique du gradient
de concentration à la surface en utilisant la théorie de la couche limite et une approximation pour le champ de
vitesse au moyen d'un polynôme. Par conséquent, pour une surface rigide et Sc > 0.7 pour le nombre de Sherwood
local 𝑆ℎ𝑥 :
𝜇(𝑥)𝐿 𝐿 1/2
𝑆ℎ𝑥 = = 0,332√𝑅𝑒 𝑆𝑐1/3 ( ) 6.29
𝐷𝐴𝐵 𝑥
et pour le nombre moyen de Sherwood Sh
𝝁𝑳
𝑺𝒉 = = 𝟎, 𝟔𝟔𝟒√𝑹𝒆𝑳 𝑺𝒄𝟏/𝟑 6.30
𝑫𝑨𝑩
De la solution d'Eq. 6.24, avec l’Eq. 6.12, le rapport entre les épaisseurs de la concentration et de la couche limite
de vitesse suit également. La solution suppose que l'épaisseur de la couche limite de concentration 𝛿𝑐 est
inférieure à celle de la couche limite de vitesse 𝛿𝑣 . Le rapport des deux épaisseurs de la couche limite est donc
uniquement fonction du nombre de Schmidt :
𝛿𝑐
𝛿
= 0,976 𝑆𝑐 −1/3 6.31
𝑣

Le nombre de Schmidt pour les gaz est de l'ordre de un, de sorte que leur couche limite de concentration est à
peu près aussi épaisse que la couche limite d'écoulement. Les liquides, en revanche, ont des nombres de Schmidt
de l'ordre de 1000, tandis que les huiles visqueuses ont des valeurs encore plus élevées. Leur couche limite de
concentration est donc plus mince que la couche limite d'écoulement. Dans l'ensemble, l'équation 5.31 peut donc
être appliquée à la fois aux gaz et aux liquides. Pour le transfert d'énergie, une solution analogue pour l'épaisseur
de la couche limite résulte de la structure de l'équation, qui est cohérente avec le transfert de matière :

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82

𝛿𝑇
𝛿𝑣
= 0,976 𝑃𝑟1/3 6.32

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83

VII Convection Libre


Dans les chapitres précédents, nous avons examiné le transfert convectif dans les écoulements provoqués par de
forces externes ; cet écoulement peut être induit, par exemple, par un ventilateur ou une pompe, ou il peut
résulter de la propulsion d'un solide. Dans ces cas, en présence d'un gradient de température, il se produit un
transfert de chaleur par convection forcé.
Dans des situations où il n'y a pas d’écoulement forcé, des courants de convection existent dans le fluide,
lorsqu'une force corporelle agit sur ce fluide dans lequel il existe des gradients de densité. De telles situations sont
appelées convection libre ou naturelle. L'effet net est une force de flottabilité, qui induit des courants de
convection libres. Plus couramment, le gradient de densité est dû à la présence d’un gradient de température et
la force corporelle, qui agit, est due au champ gravitationnel.
Étant donné que les vitesses d'écoulement de la convection libre sont généralement beaucoup plus faibles que
celles associées à la convection forcée, les vitesses de transfert de convection correspondantes sont également
plus faibles. Il est donc peut-être tentant d'accorder moins d'importance aux processus de convection libre. Mais
dans de nombreux systèmes impliquant des effets de transfert de chaleur multimode, la convection libre offre la
plus grande résistance au transfert de chaleur et joue donc un rôle important dans la conception ou les
performances du système. De plus, lorsqu'il est souhaitable de minimiser les transferts de chaleur ou de minimiser
les coûts d'exploitation, on préfère alors la convection libre à la convection forcée.
La convection libre influence fortement les températures de fonctionnement des appareils de production
d'énergie et des appareils électroniques et joue un rôle majeur dans un large éventail d'applications de fabrication
thermique.
La convection libre joue un rôle important dans la distribution de température à l'intérieur des bâtiments et
influence les pertes de chaleur ou les charges thermiques des systèmes de chauffage, de ventilation et de
climatisation. La convection libre a un rôle pertinent dans les sciences de l'environnement, où elle intervient dans
les mouvements océaniques et atmosphériques, ainsi que dans les processus de transfert de chaleur et de masse
associés.
7.1 Considérations physiques
Dans la convection libre, le mouvement du fluide est dû aux forces de flottabilité à l'intérieur du fluide, tandis que
dans la convection forcée, il est imposé de l'extérieur. La flottabilité est due à la présence combinée d'un gradient
de densité de fluide et d'une force corporelle proportionnelle à la densité. En pratique, la force corporelle est
généralement gravitationnelle, elle peut être une force centrifuge dans les machines en rotation ou une force de
Coriolis dans les mouvements de rotation atmosphériques et océaniques.
Un gradient de masse volumique peut se former dans un fluide, si l’on se trouve en présence d'un gradient de
température. La densité des gaz et des liquides, en effet, dépend de la température, diminuant généralement (en
raison de la dilatation du fluide) avec l'augmentation de la température (𝜕𝜌⁄𝜕𝑇 < 0).
Physiquement, dans la convection libre, le gradient de densité est dû à un gradient de température et la force
corporelle est gravitationnelle. Cependant, la présence d'un gradient de densité de fluide dans un champ
gravitationnel ne garantit pas l'existence de courants de convection libres ; par exemple, dans la Fig. 7.1, un fluide
est enfermé entre deux grandes plaques horizontales de température différente (𝑇1 ≠ 𝑇2 ). Dans le cas a, la

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84

température de la plaque inférieure dépasse celle de la plaque supérieure et la densité diminue dans la direction
de la force gravitationnelle.

Figure 7.1 Conditions dans un fluide entre de grandes plaques horizontales à différentes températures : (a) Gradient de
température instable. b) Gradient de température stable.
Si la différence de température dépasse une certaine valeur critique, les conditions deviennent instables, les forces de
flottabilité sont capables de surmonter l'influence retardatrice des forces visqueuses. La force gravitationnelle exercée
sur le fluide plus dense dans les couches supérieures dépasse celle qui agit sur le fluide plus léger dans les couches
inférieures, et le modèle de circulation désigné il s’établit. Le fluide le plus lourd, situé au-dessus, descend, étant
réchauffé au cours du processus de descente, tandis que le fluide plus léger, situe plus bas, monte, se refroidissant dans
sa montée. Cependant, cette condition ne se retrouve pas dans le cas b, pour lequel 𝑇1 > 𝑇2 ; la densité ne diminue
plus dans le sens de la force gravitationnelle, il n'y a pas de mouvement de fluide. Les conditions sont maintenant
stables. Dans le cas a, le transfert de chaleur, (du bas vers la surface supérieure), se produit par convection libre. Dans
le cas b, le transfert de chaleur, (de haut en bas), se produit par conduction.
Les écoulements en convection libre peuvent être classés selon que l'écoulement est délimité ou non par une surface.
En l'absence d'une surface adjacente, des écoulements libres peuvent se produire sous la forme d'un panache ou d'un
jet flottant (figure 7.2). Un panache est associé à un fluide s'élevant d'un objet chaud immergé.

Figure 7.2 Écoulements dans la couche limite libre induits par la flottabilité dans un milieu étendu au repos. (a) Formation d'un
panache au-dessus d'un fil chaud. b) Jet flottant associé à une décharge chaude.
Considérons le fil chaud de la figure 7.2a, immergé dans un fluide étendu au repos. Le fluide chauffé par le fil monte
en raison des forces de flottabilité, entraînant le fluide au repos de la région. Bien que la largeur du panache
augmente avec l'éloignement à partir du fil, le panache lui-même finit par se dissiper en raison d'effets visqueux
et d'une réduction de la force de flottaison causée par le refroidissement du fluide dans le panache. La distinction
entre un panache et un jet flottant est généralement faite sur la base de la vitesse initiale du fluide. Cette vitesse
est nulle pour le panache, mais non nulle pour le jet flottant.

Cours Phénomènes d’Echanges


85

La figure 7.2b montre un fluide chaud évacué sous forme de jet horizontal dans un milieu au repos à basse
température. Le mouvement vertical que le jet commence à assumer est dû à la force de flottabilité. Une telle
condition se produit, par exemple, lorsque l'eau chaude du condenseur d'une centrale électrique est déchargée
dans un réservoir d'eau plus froide.

Figure 7.3 Développement de la couche limite sur une plaque verticale chaude : (a) Couche limite de vitesse. avec ici 𝑢 = 𝑣𝑥 et 𝑣 =
𝑣𝑦 . b) Couche limite thermique.
Considérons les écoulements de convection libre délimités par une surface ; et comme exemple classique, le
développement de la couche limite sur une plaque verticale chaude (Figure 7.3). La plaque est immergée dans un
fluide étendu au repos, et avec 𝑇𝑠 > 𝑇∞ , le fluide proche de la plaque est moins dense que le fluide qui est plus
éloigné (∞). Les forces de flottabilité induisent donc une couche limite de convection libre dans laquelle le fluide
chauffé par la plaque s'élève verticalement, entraînant le fluide de la région qui est au repos. La distribution de
vitesse résultante est différente de celle associée aux couches limites de convection forcée. En particulier, le
vecteur vitesse est nul à 𝑦 → ∞, ainsi qu'à 𝑦 = 0. Une couche limite de convection libre se développe également
si 𝑇𝑠 < 𝑇∞ . Dans ce cas, cependant, le mouvement du fluide se fait vers le bas.
7.2 Les équations des couches limites laminaires
Comme pour la convection forcée, les équations qui décrivent la quantité de mouvement et le transfert d'énergie
en convection libre proviennent des principes de conservation. De plus, les processus spécifiques, rencontrés ici,
ressemblent beaucoup à ceux qui dominent dans la convection forcée. L'inertie et les forces visqueuses restent
importantes, tout comme le transfert d'énergie par convection et diffusion. La différence entre les deux
écoulements réside dans le fait que, dans la convection libre, les forces de flottabilité jouent un rôle majeur. De
telles forces, en fait, constituent le moteur du transfert.
Soit un écoulement dans la couche limite laminaire (figure 9.3) qui est entraîné par des forces de flottabilité. On
considère des conditions de propriété stables, bidimensionnelles et constantes dans lesquelles la force de gravité
agit dans la direction négative x, de plus, on considère que le liquide est incompressible et, qu’en fin, que les
approximations, faites plus haut, de la couche limite sont valides.
Avec les simplifications précédentes, l'équation de la quantité de mouvement conserve le terme de force du corps.
Si cette force est celle de la gravité, elle s’exprime , par unité de volume, par −𝜌𝑔, où 𝑔 est l'accélération locale
due à la gravité. La forme appropriée de l'équation de la quantité de mouvement s’exprime comme suit :
𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑣𝑦 1 𝑑𝑝∞ 𝑑2 𝑣𝑥
𝑣𝑥 + 𝑣𝑦 = −𝜌 −𝑔+𝜈 7.1
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝑑𝑥 𝑑𝑦 2

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86

𝑑𝑝∞ /𝑑𝑥 est le gradient de pression du transfert libre dans la région à l'extérieur de la couche limite, où 𝑣𝑥 =
𝑑𝑝∞
0. Et donc : 𝑑𝑥
= −𝜌∞ 𝑔. La substitution dans l'équation 9.1 donne :
𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑣𝑦 𝑑2 𝑣𝑥
𝑣𝑥 + 𝑣𝑦 = 𝑔(∆𝜌⁄𝜌) + 𝜈 7.2
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝑑𝑦 2
∆𝜌 = 𝜌∞ − 𝜌. Cette expression doit s'appliquer en tout point de la couche limite de convection libre. Le premier
terme du membre de droite de l'équation 7.2 est la force de flottabilité par unité de masse, et l'écoulement
provient du fait que la densité 𝜌 est variable. Si les variations de densité sont dues uniquement à des variations
de température, le terme peut être lié à une propriété du fluide connue sous le nom de coefficient de dilatation
thermique volumétrique :
1 𝜕𝜌
𝛽=− ( ) 7.3
𝜌 𝜕𝑇 𝑝
Cette propriété thermodynamique du fluide fournit une mesure de la quantité par laquelle la densité change en
réponse à un changement de température à pression constante. S'il est exprimé sous la forme approximative
suivante :
1 ∆𝜌 1𝜌 −𝜌
𝛽=− =− ∞
𝜌 ∆𝑇 𝜌 𝑇∞ − 𝑇
Il s'ensuit que
(𝜌∞ − 𝜌) ≈ 𝜌𝛽(𝑇 − 𝑇∞ )
Cette simplification est connue sous le nom d'approximation de Boussinesq, et en substituant dans l'équation de
la quantité de mouvement 7.2, on obtient :
𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑣𝑦 𝑑2 𝑣𝑥
𝑣𝑥 + 𝑣𝑦 = 𝜌𝛽(𝑇 − 𝑇∞ ) + 𝜈 7.4
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝑑𝑦 2
où il est maintenant évident que la force de flottabilité, qui entraîne l'écoulement, est liée à la différence de
température.
Étant donné que les effets de flottabilité ne sont limités qu’à l'équation de quantité de mouvement (7.4), les
équations de masse et de conservation de l'énergie sont inchangées par rapport à la convection forcée. A côté de
l'Eq. 7.4, on complète la formulation du problème au moyen des équations de continuité et du mouvement :
𝜕𝑣𝑥 𝜕𝑣𝑦
+ =0 7.5
𝜕𝑥 𝜕𝑦
𝜕𝑇 𝜕𝑇 𝜕2𝑇
𝑣𝑥 𝜕𝑥 + 𝑣𝑦 𝜕𝑦 = 𝛼 𝜕𝑦 2 7.6
Notez que la dissipation visqueuse a été négligée dans l'équation d'énergie (7.6), une hypothèse qui est
certainement raisonnable pour les petites vitesses associées à la convection libre. Au sens mathématique,
l'apparition du terme de flottabilité dans l'équation 7.4 complique les choses. Le problème hydrodynamique,
donné par les équations 7.4 et 7.5, ne peut plus être découplé et résolu à l'exclusion du problème thermique,
donné par l'équation 7.6. La solution de l'équation de la quantité de mouvement dépend de la connaissance de 𝑇,
et donc de la solution de l'équation de l'énergie. Les équations 7.4 à 7.6 sont donc fortement couplées et doivent
être résolues simultanément.
Comme le montre l'équation 7.4, le coefficient de dilatation thermique volumétrique du fluide, 𝛽, joue un rôle
direct dans le mouvement du fluide en convection libre. Pour un gaz parfait, 𝜌 = 𝑝/𝑅𝑇, et d'après l'équation 9.3 :
1 𝜕𝜌 1 𝑝 1
𝛽 = − 𝜌 (𝜕𝑇) = 𝜌 𝑅𝑇 2 = 𝑇 7.7
𝑝
où 𝑇 est la température absolue.

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87

7.3 Equations de similitude


Les paramètres sans dimension qui régissent l'écoulement convectif libre et le transfert de chaleur sur la plaque
verticale peuvent être obtenus en introduisant les valeurs sans dimensions suivantes :
𝑥 𝑦
𝑥∗ ≡ 𝐿 𝑦∗ ≡ 𝐿
𝑣𝑥 𝑣𝑦 𝑇−𝑇∞
𝑣𝑥∗ ≡ 𝑣𝑦∗ ≡ 𝑇∗ ≡
𝑣0 𝑣0 𝑇𝑆 −𝑇∞
𝐿 est une longueur caractéristique, et 𝑣0, une vitesse de référence, qui n’a pas d’indice de référence comme en
convection forcée du fait que les conditions d’ écoulement sont calmes en convection libre. L’équation de
mouvement et celle de l’énergie, les Eq. (7.4 and 9.6) deviennent respectivement :
𝜕𝑣 ∗ 𝜕𝑣 ∗ 𝑔𝛽(𝑇𝑆 −𝑇∞ )𝐿 1 𝜕 2 𝑣𝑥∗
𝑣𝑥∗ 𝜕𝑥𝑥∗ + 𝑣𝑦∗ 𝜕𝑦𝑥∗ = 𝑣02
𝑇 ∗ + 𝑅𝑒 𝜕𝑦 ∗2
7.8
𝐿
𝜕𝑇 ∗ 𝜕𝑇 ∗ 1 𝜕2 𝑇∗
𝑣𝑥∗ 𝜕𝑥 ∗ + 𝑣𝑦∗ 𝜕𝑦 ∗ = 𝑅𝑒 ∗2 7.9
𝐿 𝑃𝑟 𝜕𝑦

Le paramètre sans dimension du premier terme du membre de droite de l'équation 7.8 est une conséquence
directe de la force de flottabilité. La vitesse de référence 𝑣0, peut être spécifiée pour simplifier la forme de
l'équation. Il est commode de choisir 𝑣0 = 𝑔𝛽(𝑇𝑆 − 𝑇∞ )𝐿, de sorte que le terme multipliant 𝑇 ∗ devienne unité.
Ensuite, 𝑅𝑒𝐿 devient [𝑔𝛽(𝑇𝑆 − 𝑇∞ )𝐿3 /𝜈 2 ]1/2. Il est d'usage de définir le nombre de Grashof 𝐺𝑟𝐿 comme le carré
de ce nombre de Reynolds :
𝒈𝜷(𝑻𝑺 −𝑻∞ )𝑳𝟑
𝑮𝒓𝑳 ≡ 7.10
𝝂𝟐
1/2
En conséquence, 𝑅𝑒𝐿 dans les équations 7.8 et 7.9 st remplacé par 𝐺𝑟𝐿 , et nous voyons que le nombre de
1/2
Grashof (ou plus précisément, 𝐺𝑟𝐿 ) joue un rôle dans la convection libre qui est similaire au rôle joué par le
nombre de Reynolds dans la convection forcée. C'est-à-dire que si le nombre de Reynolds est une mesure des
forces d'inertie par rapport aux forces visqueuses, le nombre de Grashof est une mesure des forces de flottabilité
par rapport aux forces visqueuses. On s’attend donc à ce que les corrélations de transfert de chaleur pour la
convection libre soient de la forme :
̅̅̅̅𝐿 = 𝑓(𝐺𝑟𝐿 , 𝑃𝑟)
𝑁𝑢 7.11
À l'exception des conditions d'apesanteur, les forces d'inertie et de flottabilité existent dans tous les scénarios de
transfert de chaleur par convection forcée. De même, la flottabilité et les forces d'inertie seront présentes dans la
couche limite de la Figure 7.3 si la vitesse du courant libre, 𝑣∞ , est non nulle. Dans le cas de la Figure 7.3 avec
𝑣∞ , ≠ ∞ , il est pratique de choisir 𝑣∞ , comme vitesse caractéristique, ce qui donne 𝑣𝑥∗ ( y*→∞ ) →1 . Le terme
T* de l'équation 7.8 sera alors multiplié par 𝐺𝑟𝐿 /𝐺𝑟𝐿2 , et les expressions du nombre de Nusselt résultantes seront
de la forme :
̅̅̅̅𝐿 = 𝑓(𝑅𝑒𝐿 , 𝐺𝑟𝐿 , 𝑃𝑟)
𝑁𝑢 7.12
En général, le mouvement des fluides peut être entraîné principalement par des forces d'inertie, par des forces de
flottabilité, ou par une combinaison de forces d'inertie et de flottabilité. L'effet dominant est déterminé par la
valeur de 𝐺𝑟𝐿 /𝐺𝑟𝐿2 , qui est un ratio des forces de flottabilité aux forces d'inertie. Les différents processus de
convection sont résumés dans le tableau 7.1.
Tableau 7.1 Processus de convection libre, forcée et mixte, et les formes de corrélation correspondantes
Processus Ratio flottabilité sur inertie Corrélation
Convection forcée 𝐺𝑟𝐿 /𝐺𝑟𝐿2 ≪1 ̅̅̅̅𝐿 = 𝑓(𝐺𝑟𝐿 , 𝑃𝑟)
𝑁𝑢
Convection libre 𝐺𝑟𝐿 /𝐺𝑟𝐿2 ≥1 ̅̅̅̅𝐿 = 𝑓(𝐺𝑟𝐿 , 𝑃𝑟)
𝑁𝑢 9.11
Convection mixte 𝐺𝑟𝐿 /𝐺𝑟𝐿2 ≈1 ̅̅̅̅𝐿 = 𝑓(𝑅𝑒𝐿 , 𝐺𝑟𝐿 , 𝑃𝑟)
𝑁𝑢 9.12
Notons que, dans les chapitres précédents, on a implicitement supposé que l'inégalité 𝐺𝑟𝐿 /𝐺𝑟𝐿2 ≪ 1 était
satisfaite. Nous prendrons en charge 𝐺𝑟𝐿 /𝐺𝑟𝐿2 ≥ 1 dans les sections 7.1 à 7.8. La section 7.9 traite de la
convection libre et forcée combinée (mixte).

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88

7.4 Convection libre laminaire sur une surface verticale


De nombreuses solutions aux équations de la couche limite de convection libre laminaire ont été obtenues, et un
cas particulier qui a reçu beaucoup d'attention implique la convection libre à partir d'une surface verticale
isotherme dans un milieu de repos extensif (Figure 7.3). Pour cette géométrie, les équations è.4 à 7.6 doivent être
résolues sous réserve des conditions aux limites de la forme3
𝑦=0 𝑣𝑥 = 𝑣𝑦 = 0 𝑇 = 𝑇𝑆
𝑦→∞ 𝑣𝑥 → 0 𝑇 → 𝑇∞
Une solution de similitude à ce problème consiste à transformer des variables en introduisant une variable de
similarité de la forme :
𝑦 𝐺𝑟𝑥 1/4
𝜂 ≡ 𝑥( 4
) 7.13
et représenter les composantes de vitesse en fonction d'une fonction d'écoulement définie
comme :
𝐺𝑟𝑥 1/4
𝜓(𝑥, 𝑦) ≡ 𝑓(𝜂) [4𝜈 ( 4
) ] 7.14
Avec la définition précédente de la fonction de l’écoulement, la composante de la vitesse 𝑥 peut être exprimée
comme suit :
𝜕𝜓 𝜕𝜓 𝜕𝜂 𝐺𝑟𝑥 1/4 1 𝐺𝑟𝑥 1/4 2𝜈 1/2
𝑣𝑥 = = = 4𝜈 ( ) 𝑓 ′ (𝜂) ( ) = 𝐺𝑟𝑥 𝑓 ′ (𝜂) 7.15
𝜕𝑦 𝜕𝜂 𝜕𝑦 4 𝑥 4 𝑥
où les quantités amorcées indiquent une différenciation par rapport à 𝜂 . D'où 𝑓′(𝜂) ≡ 𝑑𝑓/𝑑𝜂 . Évaluer la
composante de vitesse 𝑣𝑦 = − 𝜕𝜓/𝜕𝑥 de la même manière et introduire la température sans dimension
𝑇−𝑇∞
𝑇∗ ≡ 7.16
𝑇𝑆 −𝑇∞
Les trois équations aux dérivées partielles d'origine (Eq. 7.4 à 7.6) peuvent alors être réduites à deux équations
différentielles ordinaires de la forme :
𝑓 ′′′ + 3𝑓𝑓 ′′ − 2(𝑓 ′ )2 + 𝑇 ∗ 7.17
∗′′ ∗′
𝑇 + 3𝑃𝑟𝑓𝑇 = 0 7.18
où 𝑓 et 𝑇 ∗ sont des fonctions uniquement de 𝜂 et les nombres premiers doubles et triples, respectivement, se
réfèrent aux dérivées seconde et troisième par rapport à 𝜂. Notez que 𝑓 est la variable dépendante clé de la
couche limite de vitesse et que l'équation de continuité (7.5) est automatiquement satisfaite par l'introduction de
la fonction de l’écoulement.
Les conditions aux limites transformées nécessaires pour résoudre les équations de quantité de mouvement et
d'énergie (7.17 et 7.18) sont de la forme :
𝜂=0 𝑓 = 𝑓′ = 0 𝑇∗ = 1

𝜂=∞ 𝑓 →0 𝑇∗ → 1
Une solution numérique a été obtenue, et des résultats sélectionnés sont présentés dans la Figure 9.4.
Les valeurs de la composante de la vitesse x u et de la température T à n'importe quelle valeur de x et y peuvent
être obtenues à partir de la Figure 7.4a et de la Figure 7.4b, respectivement. La figure 7.4b peut également être
utilisée pour déduire la forme appropriée de la corrélation de transfert de chaleur.

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89

Figure 7.4 Conditions laminaires de la couche limite en convection libre sur une surface verticale isotherme
(a) profiles des vitesses. (b) profiles des températures.
En utilisant la loi de refroidissement de Newton pour le coefficient de convection local ℎ, le nombre local de
Nusselt peut être exprimé comme suit :
ℎ𝑥 [𝑞𝑥′′ (𝑇𝑆 − 𝑇∞ )]𝑥
𝑁𝑢𝑥 = =
𝜆 𝜆
En utilisant la loi de Fourier pour obtenir 𝑞𝑥′′ et en exprimant le gradient de température de surface en fonction de
𝜂, Eq. 7.13, et 𝑇 ∗, Eq.7.16, il s'ensuit que :
𝜕𝑇 𝜆 𝐺𝑟𝑥 1/4 𝑑𝑇 ∗
𝑞𝑥′′ = − 𝜆 ( ) = − (𝑇𝑆 − 𝑇∞ ) ( ) ( )
𝜕𝑦 𝑦=0 𝑥 4 𝑑𝜂 𝜂=0
Donc
ℎ𝑥 𝐺𝑟𝑥 1/4 𝑑𝑇 ∗ 𝐺𝑟𝑥 1/4
𝑁𝑢𝑥 = 𝜆
= −( 4
) ( 𝑑𝜂 ) =( 4
) 𝑔(𝑃𝑟) 7.19
𝜂=0
qui établit que le gradient de température sans dimension, à la surface, est fonction du nombre de Prandtl 𝑔(𝑃𝑟).
Cette dépendance est évidente sur la Figure 9.4b et a été déterminée numériquement pour certaines valeurs de
𝑃𝑟. Les résultats ont été corrélés, à 0,5 % près, par une formule d'interpolation de la forme :
0,75𝑃𝑟 1/2
𝑔(𝑃𝑟) = 1/4 7.20
(0,609+1,221𝑃𝑟 1/2 +1,238𝑃𝑟)
qui s'applique pour 0 ≤ 𝑃𝑟 ≤ ∞.
En utilisant l'Eq. 7.19 pour le coefficient de convection local et en remplaçant pour le nombre de Grashof local,
𝑔𝛽(𝑇𝑆 − 𝑇∞ )𝑥 3
𝐺𝑟𝑥 =
𝜈2
le coefficient de convection moyen pour une surface de longueur 𝐿 est alors :
1
1 𝐿 𝜆 𝑔𝛽(𝑇𝑆 − 𝑇∞ ) 4 𝐿
𝑑𝑥
ℎ̅ = ∫ ℎ𝑑𝑥 = [ 2
] 𝑔(𝑃𝑟) ∫ 1/4
𝐿 0 𝐿 4𝜈 0 𝑥
En intégrant, il s'ensuit que :
̅ 𝟏/𝟒
̅̅̅̅𝑳 = 𝒉𝑳 = 𝟒 (𝑮𝒓𝒙 )
𝑵𝒖 𝒈(𝑷𝒓) 7.21
𝝀 𝟑 𝟒

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90

ou en remplaçant à partir de l'Eq. 7.19, par 𝑥 = 𝐿, :


4
̅̅̅̅
𝑁𝑢𝐿 = 3 𝑁𝑢𝐿 7.22
Les résultats qui précèdent s'appliquent que𝑇𝑆 > 𝑇∞ ou 𝑇𝑆 < 𝑇∞ . Si 𝑇𝑆 < 𝑇∞ les conditions sont inversées par
rapport à celles de la Figure 7.3. Le bord d'attaque se trouve en haut de la plaque, et le x positif est défini dans la
direction de la force de gravité.
7.5 Les effets de la turbulence
Il est important de noter que les couches limites de convection libre ne sont pas limitées à l'écoulement laminaire.
Comme pour la convection forcée, des instabilités hydrodynamiques peuvent survenir. C'est-à-dire que les
perturbations de l'écoulement peuvent être amplifiées, conduisant à la transition d'un écoulement laminaire à un
écoulement turbulent. Ce processus est illustré schématiquement à la figure 7.5 pour une plaque verticale chaude.

Figure 7.5 Transition dans la couche limite laminaire de convection libre sur une plaque verticale.
La transition dans une couche limite de convection libre dépend de l'amplitude relative de la flottabilité et des
forces visqueuses dans le fluide. Il est d'usage de corréler son occurrence en termes de nombre de Rayleigh, qui
est simplement le produit des nombres de Grashof et de Prandtl. Pour les plaques verticales, le Rayleigh critique
𝑔𝛽(𝑇𝑆 −𝑇∞ )𝑥 3
𝑅𝑎𝑥,𝑐 = 𝐺𝑟𝑥,𝑐 𝑃𝑟 = ≈ 109 7.23
𝜈𝛼
Comme dans la convection forcée, la transition vers la turbulence a un effet important sur le transfert de chaleur.
Par conséquent, les résultats de la section précédente ne s'appliquent que si 𝑅𝑎𝐿 ≤ 109 . Pour obtenir des
corrélations appropriées pour l'écoulement turbulent, il faut s’appuyer sur les résultats expérimentaux.
7.6 Corrélations empiriques : Ecoulement externe en convection libre
Dans les sections précédentes, on a considéré la convection libre associée au développement de la couche limite
laminaire adjacente à une plaque verticale chaude et à la transition de l'écoulement laminaire vers un état
turbulent. Ce faisant, on a introduit deux paramètres sans dimension, le nombre de Grashof Gr et le nombre de
Rayleigh Ra, qui apparaissent également dans les corrélations empiriques de la convection libre impliquant à la
fois des conditions d'écoulement laminaire et turbulente et dans des géométries autres qu'une plaque plate.
A présent, sont rassemblées ici les corrélations empiriques développées pour des géométries classiques
immergées (en écoulement externe). Ces corrélations conviennent pour beaucoup de calculs d’ingénierie et
souvent sont de forme suivante :
̅̅̅̅𝐿 = ℎ𝐿 = 𝐶𝑅𝑎𝐿𝑛
𝑁𝑢 7.24
𝜆
où le nombre de Rayleigh se base sur la géométrie de la longueur caractéristique 𝐿 :
𝑔𝛽(𝑇𝑆 −𝑇∞ )𝐿3
𝑅𝑎𝐿 = 𝐺𝑟𝐿 𝑃𝑟 = 7.25
𝜈𝛼
Typiquement , 𝑛 = 1/4 et 1/3 pour les écoulements laminaire et turbulent, respectivement. Pour l’écoulement
turbulent, il s’en suit que ℎ̅𝐿 est indépendant de L. Toutes les propriétés sont évaluées à la température du film,
𝑇𝑓 ≡ (𝑇𝑠 + 𝑇∞ )/2.

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91

7.6.1 Plaque verticale


Des expressions de la forme de l’Eq. 7.24 ont été développées pour la plaque verticale. Pour un écoulement
luminaire (104 ≤ 𝑅𝑎𝐿 ≤ 109 ), 𝐶 = 0.59 and 𝑛 = 1/4, et pour un écoulement combiné laminaire et turbulent
(109 ≤ 𝑅𝑎𝐿 ≤ 1013 ), 𝐶 = 0.10 and 𝑛 = 1/3. On a recommandé une corrélation applicable dans le domaine
entier du nombre de Rayleigh 𝑅𝑎𝐿 est de la forme suivante :
1/6 2
0,387𝑅𝑎𝐿
̅̅̅̅
𝑁𝑢𝐿 = {0,825 + 8/27 } 7.26
[1+(0,492/𝑃𝑟)9/16 ]
𝐿 est la longueur de la plaque. Bien que l’Eq. 7.26 convient pour la plupart des calculs d’ingénierie, on peut obtenir
une précision quelque peu meilleure pour l’écoulement laminaire en utilisant :
1/4
0,670𝑅𝑎𝐿
̅̅̅̅
𝑁𝑢𝐿 = 0,68 + 4/9 𝑅𝑎𝐿 ≤ 109 7.27
[1+(0,492/𝑃𝑟)9/16 ]
Lorsque Ra est modérément grand, le second terme de droite des Eqs. 7.26 et 7.27 domine, et les corrélations
sont de même forme que l’Eq. 7.24, mais la constante C, est remplacée par une fonction de Pr. Eq. 7.27 est alors
en excellent accord quantitatif avec la solution analytique donnée par les Eqs. 7.21 et 7.20. En contraste, lorsque
le nombre de Rayleigh est petit, le premier terme de droite des Eqs. 7.26 et 7.27 domine, et les équations
manifeste le même comportement quand 0.8252 ≈ 0.68. La présence des constantes en tête des Eqs. 7.26 et 7.27
comptent par le fait que, pour de petits nombres de Rayleigh, les suppositions de la couche limite deviennent
invalides et la conduction parallèle à la plaque est importante.
IL est important de savoir que ces résultats ont été obtenus pour une plaque isothermique (𝑇𝑠 constante). Si la
condition de surface est d’écoulement de chaleur uniforme (𝑞𝑠″ constant ), la différence de température (𝑇𝑠 − 𝑇∞ )
va varier avec 𝑥, en croissance à partir du bout de la plaque. Une procédure approximative de détermination de
cette variation peut se baser sur des résultats montrant que des corrélations de 𝑁𝑢𝐿 obtenues pour la plaque
isothermique peuvent encore être utilisées avec une excellente approximation, si 𝑁𝑢𝐿 et 𝑅𝑎𝐿 sont définis en
termes de différence température au milieu de la plaque, ∆𝑇𝐿/2 = 𝑇𝑠 (𝐿/2) − 𝑇∞ . Ainsi , avec ℎ̅ ≡ 𝑞 ′′ 𝑠𝐿 /∆ 𝑇𝐿/2 ,
on peut utiliser une corrélation comme l’Eq. 7.27 pour déterminer ∆ 𝑇𝐿/2 (par example, en utilisant la technique
d’essai-et-erreur), et donc le point-milieu de la température 𝑇𝑠 (𝐿⁄2) de la surface. Si l’on suppose que 𝑁𝑢 𝑥 ∝
1/4
𝑅𝑎𝑥 sur la plaque entière, il s’en suit que :
𝑞𝑆′′ 𝑥
∝ ∆𝑇 1/4 𝑥 3/4
𝜆Δ𝑇
Pour une plaque ou
Δ𝑇 ∝ 𝑥 1/5
Ainsi la différence de températures à n’importe quel point 𝑥 est :
𝑥 1/5 𝑥 1/5
∆𝑇𝑥 ≈ (𝐿/2)1/5 ∆𝑇𝐿/2 = 1,15 (𝐿 ) 7.28
Ces résultats peuvent également être appliqués aux cylindres verticaux de hauteur 𝐿, si l'épaisseur de la couche
limite 𝛿 est bien inférieure au diamètre du cylindre 𝐷. Cette condition est satisfaite pour :
𝐷 35
≥ 1/4
𝐿 𝐺𝑟𝐿

7.6.2 Plaques inclinées et horizontales


Pour une plaque vertical chaude (ou froide) par rapport à un fluide ambient, la plaque étant alignée avec le vecteur
de gravitation, la force de flottabilité agit exclusivement pour induire le mouvement du fluide vers le haut (ou vers
le bas. Cependant, si la plaque est inclinée par rapport à la gravité, la force de flottabilité a une composante
normale, tout comme parallèle vis-à-vis de la gravité. Avec la réduction dans la force de flottabilité parallèle à la
surface, il y a réduction de la vitesse du fluide le long de la plaque, et l’on doit s’attendre qu’il y ait une réduction

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92

concomitant dans le transfert de chaleur convective. S’il y a , de fait, une telle réduction, cela dépend du fait
qu’on s’ intéresse au transfert de chaleur partant du haut ou du bas de la surface de la plaque.

Figure 7.6 Ecoulements dus à la flottabilité sur une plaque inclinée: (a) vue de côté au-dessus et au bas des surfaces d’une plaque
froide (𝑇𝑠 < 𝑇∞). (b) Vue finale de l’écoulement à la surface de bas d’une plaque froide. (c) Vue de côté des écoulements aux
surfaces de haut et de bas d’une plaque chaude (𝑇𝑠 > 𝑇∞). (d) Vue finale de l’écoulement à la surface supérieure d’une plaque
chaude.
Comme le montre la Fig7.6a,si la plaque est froide, le composant-y de la force de flottabilité, normale à la plaque,
maintient, l’écoulement de la couche limite qui descend, en contact avec la surface supérieure de la plaque. Etant
donné que la composante-x de l’accélération gravitationnelle est réduite à g cos θ, les vitesses le long de la plaque
sont réduites et il y a une réduction concomitante du transfert de chaleur convectif à la face supérieure.
Cependant, à la face inférieure, la composante-y de la force de flottabilité a tendance à détacher le fluide de la
surface, et interrompt le développement de la couche limite par détachement de parties du fluide froid de la
surface (Figure 7.6a). L’écoulement résultant a trois dimensions, et, comme démontré dans les variations dans la
direction-z de la Figure 7.6b, le fluide froid détaché de la surface inférieure est remplacé continuellement par le
fluide chaud de l’environnement. Le remplacement du fluide froid de la couche limite par le fluide chaud venant
de l’environnement et la réduction concomitante de l’épaisseur de la couche limite thermique contribuent à
augmenter le transfert de chaleur convectif à la face inférieure. En fait, l’augmentation du transfert de chaleur du
à l’écoulement en trois dimensions excède typiquement la réduction associée à la diminution de la composante-
x de g, et l’effet combiné augmente le transfert de chaleur à la face inférieure. Des tendances similaires
caractérisent une plaque chaude (Figure 7.6c,d), et l’écoulement tridimensionnelle est maintenant associé à la
face supérieure, d’où des pans de fluide chaud se détachent.
Pour les faces supérieure et inférieure des plaques inclinées froides et chaudes, respectivement, on recommande
alors pour 0 ≤ θ ≤ 60°, de remplacer g par g cos θ et d’utiliser les Eqs. 7.26 ou 7.27 pour calculer le nombre de
Nusselt moyen. Pour des surfaces opposes, il n’y a pas de recommandation.
Pour une plaque horizontale, la force de flottabilité est exclusivement normale à la surface. Comme pour une
plaque inclinée, le mode d’écoulement et le transfert de chaleur dépendent fortement du fait que la surface est
froide ou chaude et du fait que l’écoulement se fait vers le haut ou vers le bas. Pour une surface froide devant un
écoulement vers le haut (Figure 7.7a) et une surface chaude devant un écoulement vers le bas, (Figure 7.7d), la

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93

tendance du fluide de descendre et monter respectivement, est freinée par la plaque. L’écoulement doit se
déplacer horizontalement avant de descendre ou de monter à partir du bout de la plaque, et le transfert de chaleur
convectif est quelque peu non effectif. Au contraire, pour une surface froide face à l’écoulement descendant
(Figure 9.7b) et une surface chaude en face d’un écoulement ascendant (Figure 7.7c), l’écoulement est dirigé par
des pans de fluide descendant et ascendant, respectivement. La conservation de la masse dicte que le fluide
froid (chaud) descendant (ascendant) d’une surface soit remplacé par un fluide ascendant (descendant)
plus chaud (plus froid) de l’environnement, et le transfert de chaleur est beaucoup plus efficace.
Pour les plaques horizontales de formes variées (par exemple, des carrés, des rectangles ou des cercles), il est
nécessaire de définir la longueur caractéristique à utiliser dans les nombres de Nusselt et de Rayleigh. Des
expériences ont montré qu'un seul ensemble de corrélations peut être utilisé pour une variété de formes de
plaques différentes lorsque la longueur caractéristique est définie par le ration de 𝐴𝑆 et 𝑃, respectivement l'aire
de la plaque (un côté) et le périmètre :
𝐴𝑆
𝐿≡
𝑃

Figure 7.7 Écoulements entraînés par la flottabilité sur des plaques horizontales froides (Ts < T∞) et chaudes (Ts > T∞) : a) Surface
supérieure de la plaque froide. (b) Surface inférieure de la plaque froide. (c) Surface supérieure de la plaque chauffante. (d) Surface
inférieure de la plaque chauffante.
En utilisant cette longueur caractéristique, les corrélations recommandées pour le nombre moyen de Nusselt
sont :
Surface supérieure de la plaque chauffante ou surface inférieure de la plaque froide
̅̅̅̅𝑳 = 𝟎, 𝟓𝟒𝑹𝒂𝟏/𝟒
𝑵𝒖 𝑳 (𝟏𝟎𝟒 ≤ 𝑹𝒂𝑳 ≤ 𝟏𝟎𝟕 , 𝑷𝒓 ≥ 𝟎, 𝟕) 7.29
̅̅̅̅𝑳 = 𝟎, 𝟏𝟓𝑹𝒂𝟏/𝟑
𝑵𝒖 𝑳 (𝟏𝟎𝟕 ≤ 𝑹𝒂𝑳 ≤ 𝟏𝟎𝟏𝟏 , 𝒕𝒐𝒖𝒔 𝒍𝒆𝒔 𝑷𝒓) 7.30
Surface inférieure de la plaque chauffante ou surface supérieure de la plaque froide
̅̅̅̅𝑳 = 𝟎, 𝟓𝟐𝑹𝒂𝟏/𝟓
𝑵𝒖 (𝟏𝟎𝟒 ≤ 𝑹𝒂𝑳 ≤ 𝟏𝟎𝟗 , 𝑷𝒓 ≥ 𝟎, 𝟕) 7.31
𝑳
7.6.3 Long Cylindre horizontal
Cette géométrie importante a été étudiée de manière. Pour un cylindre isotherme, on suggère une expression de
la forme :

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94

ℎ𝐷 ̅
̅̅̅̅
𝑁𝑢𝐷 = = 𝐶𝑅𝑎𝐷𝑛 7.32
𝜆

C et n sont donnés dans le Tableau 7.2, et 𝑅𝑎𝐷 et 𝑁𝑢𝐷 sont basés sur le diamètre du cylindre . On recommande
une seule corrélation pour une gamme élargie du nombre de Rayleigh :
𝟏/𝟔 𝟐
𝟎,𝟑𝟖𝟕𝑹𝒂𝑫
̅̅̅̅
𝑵𝒖𝑫 = {𝟎, 𝟔𝟎 + 𝟖/𝟐𝟕 } 𝑹𝒂𝑫 ≤ 𝟏𝟎𝟏𝟐 7.33
[𝟏+(𝟎,𝟓𝟓𝟗/𝑷𝒓)𝟗/𝟏𝟔 ]
Les corrélations précédentes fournissent le nombre de Nusselt moyen sur toute la circonférence d'un cylindre
isotherme. Comme le montre la figure 7.8 pour un cylindre chaud, les nombres de Nusselt locaux sont influencés
par le développement de la couche limite, qui commence à 𝜃 = 0 et se termine à 𝜃 < 𝜋 avec la formation d'un
panache ascendant à partir du cylindre. Si l'écoulement reste laminaire sur toute la surface, la distribution du
nombre de Nusselt local par rapport à 𝜃 est caractérisée par un maximum à 𝜃 = 0 et une décroissance monotone
avec 𝜃 croissant. Cette décroissance serait perturbée à des nombres de Rayleigh suffisamment grands (𝑅𝑎𝐷 ≤
109 ) pour permettre l transition vers la turbulence à l'intérieur de la couche limite. Si le cylindre est froid par
rapport au fluide ambiant, le développement de la couche limite commence à 𝜃 = 𝜋, le nombre de Nusselt local
est au maximum à cet endroit et le panache descend du cylindre.
Table 7.2 Constantes de l’Equation 7.33
pour une convection libre sur
un cylindre horizontal

Figure 7.8 Développement de la couche limite et distribution du nombre de Nusselt sur un cylindre horizontal chaud.
7.6.4 Sphères
La corrélation suivante est recommandée pour les sphères dans des fluides de 𝑃𝑟 ≥ 0,7 et pour 𝑅𝑎 𝐷 ≤ 1011 .
𝟏/𝟒
𝟎,𝟓𝟖𝟗𝑹𝒂𝑫
̅̅̅̅𝑫 = 𝟐 +
𝑵𝒖 𝟒/𝟗 7.34
[𝟏+(𝟎,𝟒𝟔𝟗⁄𝑷𝒓)𝟗/𝟏𝟔 ]
A la limite, comme 𝑅𝑎 𝐷 → 0 , l’Eq. 7.34 se réduit à 𝑁𝑢 ̅̅̅̅𝐷 = 2 , correspondant au transfert de chaleur par
conduction entre une surface sphérique et un milieu stationnaire infini, en cohérence avec les équations les
équations du cas de transfert à l’écoulement externe vu plus haut où :

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95

1/2 2/3 𝜂 1/4


̅̅̅̅
𝑁𝑢𝐷 = 2 + (0,4𝑅𝑒𝐷 + 0,006𝑅𝑒𝐷 )𝑃𝑟 0,4 ( )
𝜂𝑆
0,71 ≤ 𝑃𝑟 ≤ 380
[3,5 ≤ 𝑅𝑒𝐷 ≤ 7,6. 104 ]
1,0 ≤ (𝜂⁄𝜇𝜂𝑆 ) ≤ 3,2
Ici, toutes les propriétés, à l’exception de 𝜂𝑆 , sont évaluées à 𝑇∞ . La même équation peut s’appliquer au transfert
de matière en remplaçant ̅̅̅̅ ̅̅̅𝐷 et 𝑆𝑐 respectivement.
𝑁𝑢𝐷 et 𝑃𝑟 par 𝑆ℎ
̅̅̅̅𝐷 = 2 + 0,6𝑅𝑒𝐷1/2 𝑃𝑟1/3
𝑁𝑢
Ici aussi, à la limite, 𝑅𝑒𝐷 → 0, et ces deux équations se réduisent à 𝑁𝑢̅̅̅̅𝐷 = 2, qui correspond au transfert de
chaleur par d’une surface sphérique à un milieu stationnaire infini entourant la surface sphérique.
Le tableau suivant rassemble les corrélations recommandées.
Tableau 7.3. Rassemblement des relations recommandées pour des géométries en immersion.

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96

7.7 Combinaison des convections libre et forcée


Il y a des situations où les effets des convections libre et forcée sont comparables, c’est-à-dire, de valeurs
rapprochées, et donc qu’il est inapproprié de négliger l’une ou l’autre. On a vu plus haut que la convection libre
était négligeable si (𝐺𝑟𝐿 /𝑅𝑒𝐿2) ≪ 1 et la convection forcée si (𝐺𝑟𝐿 /𝑅𝑒𝐿2 ) ≫ 1. Par conséquent, le régime combiné
de convections libre et forcée (ou mixte) est généralement un régime pour lequel (𝐺𝑟𝐿 /𝑅𝑒𝐿2 ) ≈ 1.
L'effet de la flottabilité sur le transfert de chaleur dans un écoulement forcé est fortement influencé par la
direction de la force de flottabilité par rapport à celle de l'écoulement. Trois cas particuliers qui ont été étudiés de
manière approfondie correspondent à des mouvements induits par la flottabilité et des mouvements forcés, ayant
la même direction (écoulement d'assistance), des directions opposées (écoulement opposé) et des directions
perpendiculaires (écoulement transversal). Les mouvements forcés, vers le haut et vers le bas, sur une plaque
verticale chaude, sont des exemples d'écoulements d'assistance et d'opposition, respectivement. Des exemples
d'écoulement transversal incluent le mouvement horizontal sur un cylindre chaud, une sphère ou une plaque
horizontale. Dans les écoulements auxiliaires et transversaux, la flottabilité agit pour améliorer le transfert de
chaleur associé à la convection forcée pure ; en contre-courant, il agit pour diminuer ce transfert.
Il est devenu courant de corréler les résultats du transfert de chaleur par convection mixte, pour les écoulements
externes et internes, par une expression de la forme :
𝑛 𝑛
𝑁𝑢𝑛 = 𝑁𝑢𝑓𝑜𝑟𝑐é ∓ 𝑁𝑢𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 7.35
Pour une géométrie spécifique d'intérêt, les nombres de Nusselt 𝑁𝑢𝑓𝑜𝑟𝑐é et 𝑁𝑢𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 sont déterminés à partir de
corrélations de la convection forcée pure et naturelle (libre), respectivement. Le signe plus du côté droit de
l'équation 7.35 s'applique aux écoulements assistés et transversaux, tandis que le signe moins s'applique aux
écoulements opposés. La meilleure corrélation de données est souvent obtenue pour 𝑛 = 3, bien que les valeurs
de 7/2 et 4 puissent être mieux adaptées aux écoulements transversaux impliquant des plaques horizontales et
des cylindres (ou sphères), respectivement.
L'équation 7.35 doit être considérée comme une première approximation, et tout traitement sérieux d'un
problème de convection mixte doit être accompagné d'un examen des publications. Les écoulements de
convection mixte sont dotés d'une variété de caractéristiques riches et inhabituelles qui peuvent compliquer les
prévisions de transfert de chaleur. Il faut noter que, bien que les effets de flottabilité puissent améliorer
considérablement le transfert de chaleur pour les écoulements de convection forcée laminaire, l'amélioration est
généralement négligeable si l'écoulement forcé est turbulent.
7.10 Transfert de masse par convection
Le terme de flottabilité du membre de droite de l'équation 7.2 est dû aux variations de densité du fluide, qui
peuvent résulter de gradients de concentration d'espèces, ainsi que de gradients de température. Par conséquent,
une forme plus générale du nombre de Grashof, (l'équation 7.10) est comme suit :
𝑔(∆𝜌⁄𝜌)𝐿3 𝑔(𝜌𝑆 −𝜌∞ )𝐿3
𝐺𝑟𝐿 = = 7.36
𝜈2 𝜌𝜈 2
Et peut être appliquée aux écoulements de convection naturelle entraînés par des gradients de concentration
et/ou des gradients de température. Comme montré plus haut, si les variations de masse spécifique sont dues
uniquement à des gradients de température, (∆𝜌/𝜌) = −𝛽∆𝑇 . Cependant, s'il n'y a pas de gradients de
température, le mouvement peut toujours être induit par des variations spatiales dans la composition de l'espèce,
et des considérations de similitude conduisent à la conclusion que 𝑆ℎ𝐿 = 𝑓(𝐺𝑟𝐿 , 𝑆𝑐). De plus, les corrélations du
transfert de masse, par convection, peuvent être déduites de celles du transfert de chaleur en invoquant l'analogie
entre les transferts de chaleur et de masse. Ainsi, si l'espèce 𝐴 s'évapore ou se sublime d'une surface verticale
dans un fluide ambiant 𝐵 au repos , on peut obtenir le coefficient de transfert de masse par convection à partir
de la forme analogue de l'Eq. 7.24 :

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97

𝑚
̅̅̅𝐿 = ℎ𝐿 𝐿 = 𝐶(𝐺𝑟𝐿 . 𝑆𝑐)𝑛
𝑆ℎ 7.37
𝐷 𝐴𝐵
𝐺𝑟𝐿 est donné par l'équation 7.36. Si le poids moléculaire de 𝐴 est inférieur à celui de 𝐵, alors 𝜌𝑠 < 𝜌∞ , et
l'écoulement induit par la flottabilité se fait vers le haut le long de la surface. Si l'inverse est vrai, 𝜌𝑠 > 𝜌∞ et
l'écoulement est descendant.
L'analogie ci-dessus ne s’applique que pour les conditions isothermiques. S'il y a des gradients de température et
de concentration d'espèces, les transferts de chaleur et de masse se produisent simultanément par convection
̅̅̅̅𝐿 = 𝑓(𝐺𝑟𝐿 , 𝑃𝑟, 𝑆𝑐, ) et ̅̅̅
naturelle. Les similitudes donnent alors 𝑁𝑢 𝑆ℎ𝐿 = 𝑓(𝐺𝑟𝐿 , 𝑆𝑐, 𝑃𝑟, ) , où la différence de
poids moléculaires ∆𝜌 est due à la fois aux variations de température et de concentration. En première
approximation, les corrélations existantes de la forme 𝑁𝑢 ̅̅̅𝐿 = 𝑓(𝐺𝑟𝐿 , 𝑆𝑐 ) peuvent être
̅̅̅̅𝐿 = 𝑓(𝐺𝑟𝐿 , 𝑃𝑟 ) et 𝑆ℎ
utilisées pour déterminer les coefficients de transfert par convection, à condition que la valeur de ∆𝜌 = 𝜌𝑠 − 𝜌∞
soit calculée en incluant les effets des variations de température et de concentration sur 𝜌𝑠 et 𝜌∞ et 𝐿𝑒 =
𝑃𝑟/𝑆𝑐 ≈ 1. Dans un mélange binaire de 𝐴 et 𝐵, les poids moléculaires de surface et de flux libre sont définis
comme 𝜌𝑠 = 𝜌 𝑠,𝐴 + 𝜌𝑠,𝐵 et 𝜌∞ = 𝜌∞,𝐴 + 𝜌∞𝐵 , respectivement, où les poids d'espèces dépendent des
températures de surface et de flux libre. La poids moléculaire moyen à travers la ou les couches limites est 𝜌 =
(𝜌𝑠 + 𝜌∞ )/2. Pour les cas impliquant des fluides pour lesquels le nombre de Lewis, Le, est beaucoup plus ou
moins grand que l'unité, il faut se reporter à la littérature.

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98

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99

VIII. Ébullition et Condensation


Les processus de convection associés au changement de phase d'un fluide, pouvant se produire à l'interface solide-
liquide ou solide-vapeur, à savoir l'ébullition et la condensation, s’accompagnent d’effets de chaleur latente significatifs.
En effet, le passage de l'état liquide à l'état vapeur dû à l'ébullition est soutenu par le transfert de chaleur à partir d’une
surface solide. À l'inverse, la condensation d'une vapeur à l'état liquide entraîne un transfert de chaleur vers la surface
solide.
C’est parce qu'elles impliquent un mouvement fluide, que l'ébullition et la condensation sont classées parmi des formes
du mode de transfert de chaleur par convection, mais avec de caractéristiques uniques. En raison d'un changement de
phase, un transfert de chaleur vers ou depuis le fluide peut se produire sans influencer la température du fluide. En fait,
par ébullition ou condensation, de grands taux de transfert de chaleur peuvent être obtenus avec de petites différences
de température. En plus de la chaleur latente 𝐿𝑣 , deux autres paramètres sont importants pour caractériser ces
processus, à savoir la tension superficielle à l'interface liquide-vapeur et la différence de densité entre les deux phases.
Cette différence induit une force de flottabilité, qui est proportionnelle à 𝑔(𝜌𝑙𝑖𝑞 − 𝜌𝑣𝑎𝑝 ). En raison des effets combinés
de la chaleur latente et de l'écoulement induits par la flottabilité, les coefficients et les taux de transfert de chaleur
d'ébullition et de condensation sont généralement beaucoup plus élevés que ceux caractéristiques du transfert de
chaleur par convection sans changement de phase.
De nombreuses applications d'ingénierie caractérisées par des flux de chaleur élevés impliquent l'ébullition et la
condensation. Dans un cycle d'alimentation en boucle fermée, le liquide sous pression est converti en vapeur dans une
chaudière. Après s'être dilatée dans une turbine, la vapeur est rétablie à son état liquide dans un condenseur, après
quoi elle est pompée vers la chaudière pour répéter le cycle. Les évaporateurs, dans lesquels se produit le processus
d'ébullition, et les condenseurs, où se produit la condensation, sont également des composants essentiels dans les cycles
de réfrigération à compression de vapeur. Les coefficients de transfert de chaleur élevés associés à l'ébullition la rendent
attrayante à prendre en compte pour gérer les performances thermiques des équipements électroniques avancés.

8.1 Paramètres sans dimension en ébullition et


condensation
Dans les procédés d’ébullition et de condensation, les paramètres pouvant influencer le coefficient de convection sont
entre autres, la différence entre les températures de surface et de saturation,∆𝑇 = |𝑇𝑠 − 𝑇𝑠𝑎𝑡 |, la force corporelle
résultant de la différence de masse spécifique liquide-vapeur, 𝑔(𝜌𝑙 − 𝜌𝑣𝑎𝑝 ) , la chaleur latente 𝐿𝑣 , la tension
superficielle 𝜎 , la longueur caractéristique L, et les propriétés thermo-physiques du liquide ou de la vapeur : 𝜌, 𝑐𝑃 ,𝜆, 𝜇.
Le coefficient de transfert de chaleur est une fonction de ces paramètres :
ℎ = ℎ[Δ𝑇, 𝑔(𝜌𝑙 − 𝜌𝑣𝑎𝑝 ), ℒ𝑣 , 𝐿, 𝜎, 𝜌, 𝑐𝑃 , 𝜆, 𝜇] 8.1
Puisqu’il y a il y a 10 variables en 5 dimensions (𝑚, 𝑘𝑔, 𝑠, 𝐽, 𝐾), selon le loi Π1 de Buckingham, il y a (10 − 5) = 5
groupes Π, qui peuvent être exprimés sous les formes suivantes :
ℎ𝐿 𝑔(𝜌𝑙 −𝜌𝑣𝑎𝑝 )𝐿3 𝑐𝑃 Δ𝑇 𝜇 𝑐𝑃 𝑔(𝜌𝑙 −𝜌𝑣𝑎𝑝 )𝐿2
= 𝑓( , , , ) 8.2a
𝜆 𝜇2 ℒ𝑣 𝜆 𝜎
ou, sous forme de groupes sans dimension :
𝑔(𝜌𝑙 −𝜌𝑣𝑎𝑝 )𝐿3
𝑁𝑢𝐿 = 𝑓 ( , 𝐽𝑎, 𝑃𝑟, 𝐵𝑜) 8.2b
𝜇2
Les analyses antérieures à propos de la convection ont permis de définir les nombres de Nusselt, Nu, et de Prandtl,
Pr. Les nouveaux paramètres sans dimension sont, le nombre de Jakob Ja, le nombre de Bond Bo, et un paramètre
sans nom qui ressemble fortement au nombre de Grashof. Ce paramètre non nommé représente l'effet du
mouvement des fluides induit par la flottabilité sur le transfert de chaleur. Par définition, le nombre de Jakob est le
rapport entre l'énergie sensible maximale absorbée par le liquide (vapeur) et l'énergie latente absorbée par le
liquide (vapeur) lors de la condensation (ébullition). Dans de nombreuses applications, l'énergie sensible est bien

Cours Phénomènes d’Echanges


100

inférieure à l'énergie latente et le nombre de Ja a une petite valeur numérique. Le nombre de Bond est le rapport
entre la force de flottabilité et la force de tension superficielle.

8.2. Modes d'ébullition


Lorsque l'évaporation se produit à l'interface solide-liquide, on parle d'ébullition. Le processus se produit lorsque
la température de la surface 𝑇𝑠 dépasse la température de saturation 𝑇𝑠𝑎𝑡 correspondant à la pression du liquide.
La chaleur est transférée de la surface solide au liquide, et la forme appropriée de la loi de Newton sur le
refroidissement, pour le flux de chaleur, est :
𝑞𝑠′′ = ℎ(𝑇𝑠 − 𝑇𝑠𝑎𝑡 ) = ℎ∆𝑇𝑒 8.3
où 𝑇𝑒 ≡ 𝑇𝑠 − 𝑇𝑠𝑎𝑡 est appelé la température excédentaire. Le processus se caractérise par la formation de bulles
de vapeur, qui se développent et se détachent ensuite de la surface. La croissance et la dynamique des bulles de
vapeur dépendent, de manière compliquée, de l'excès de température, de la nature de la surface et des propriétés
thermo-physiques du fluide, telles que sa tension superficielle. À son tour, la dynamique de la formation des bulles
de vapeur affecte le mouvement du liquide près de la surface et influence donc fortement le coefficient de
transfert de chaleur.
L'ébullition peut se produire dans diverses conditions. Par exemple, dans l'ébullition en piscine, le liquide est calme
et son mouvement près de la surface air-eau est dû à la convection libre et au mélange induit par la croissance et
le détachement des bulles. En revanche, pour l'ébullition par convection forcée, le mouvement du fluide est induit
par des moyens externes, ainsi que par la convection libre et le mélange induit par des bulles.
L'ébullition peut également être classée selon qu'elle est sous-refroidie ou saturée. Dans l'ébullition sous-refroidie,
la température de la majeure partie du liquide est inférieure à la température de saturation et les bulles formées
à la surface peuvent se condenser dans le liquide. En revanche, la température du liquide dépasse légèrement la
température de saturation en ébullition saturée. Les bulles formées à la surface sont ensuite propulsées à travers
le liquide par les forces de flottabilité, pour finalement s'échapper d'une surface libre.

8.3. Ébullition en bassin


La figure 8.1 illustre l'ébullition en bassin saturée.

Fig. 8.1 Distribution de la température dans une piscine saturée d'ébullition avec une interface liquide-vapeur.

Bien qu'il y ait une forte augmentation de la température du liquide près de la surface solide, la température dans
la majeure partie du liquide reste légèrement supérieure à la saturation. Les bulles générées à l'interface liquide-
solide remontent jusqu'à l'interface liquide-vapeur, où la vapeur est finalement transportée à travers l'interface.
On peut obtenir une appréciation des mécanismes physiques sous-jacents en examinant la courbe d'ébullition.
8.3.1 Courbe d'ébullition
Nukiyama a été le premier à identifier différents régimes d'ébullition en bassin à l'aide de l'appareil de la Fig. 8.2.

Cours Phénomènes d’Echanges


101

Fig. 8.2 Appareil de chauffage à commande électrique de Nukiyama pour la démonstration de la courbe d'ébullition.
Le flux de chaleur d'un fil nichrome horizontal vers de l'eau à la température saturée a été déterminé en mesurant
le courant I et la chute de potentiel E. L’étalonnage de la résistance électrique permet de déterminer la
température du fil. Cette disposition est appelée chauffage contrôlé par la puissance, dans laquelle la température
du fil 𝑇𝑠 (d'où la température excessive ∆𝑇𝑒 ) est la variable dépendante et le réglage de puissance (d'où le flux de
chaleur 𝑞𝑠′′ ) est la variable indépendante. En suivant les flèches de la courbe de réchauffement de la Fig. 8.3, il est
évident qu'à mesure que la puissance est appliquée, le flux de chaleur augmente avec l'excès de température,
d'abord lentement puis très rapidement.

Fig. 8.3. Courbe d’ébullition de Nukiyama pour l’eau saturée à la pression atmosphérique
L'ébullition, comme en témoigne la présence de bulles, ne commence pas avant que 𝑇𝑒 ≡ 𝑇𝑠 − 𝑇𝑠𝑎𝑡 ≈ 5° 𝑐. Avec
l’augmentation de la puissance, le flux de chaleur augmente à des niveaux très élevés jusqu'à ce que,
′′
soudainement, pour une valeur légèrement supérieure à 𝑞𝑚𝑎𝑥 , la température du fil bondit jusqu'au point de
fusion et l'épuisement se produit. Cependant, en répétant l'expérience avec un fil de platine ayant un point de
′′
fusion plus élevé (2045 K au lieu de 1500 K), on maintient des flux de chaleur supérieurs à 𝑞𝑚𝑎𝑥 , sans épuisement.
′′
Ensuite en réduisant la puissance, la variation de ∆𝑇𝑒 avec 𝑞 𝑠 suit la courbe de refroidissement de la Fig. 8.3.
′′
Lorsque le flux de chaleur atteint le point minimum 𝑞𝑚𝑖𝑛 , une nouvelle diminution de la puissance provoque une
chute brutale de la température excessive, et le processus suit alors la courbe de chauffage d'origine jusqu'au
point de saturation. L'effet d'hystérésis de la figure 8.3 est une conséquence de la méthode de chauffage contrôlée
par la puissance, où ∆𝑇𝑒 est une variable dépendante. En utilisant un procédé de chauffage permettant le contrôle
indépendant de ∆𝑇𝑒 , on peut obtenir la partie manquante (en pointillés) de la courbe. Ce fait a été confirmé. En
effet, en condensant de la vapeur à l'intérieur d'un tube à différentes pressions, on a pu contrôler la valeur de ∆𝑇𝑒
pour l'ébullition d'un fluide organique à bas point d'ébullition à la surface externe du tube et d'obtenir ainsi la
partie manquante de la courbe d'ébullition.

Cours Phénomènes d’Echanges


102

8.3.2 Modes d'ébullition en bassin


On peut se faire une idée des mécanismes physiques sous-jacents en examinant les différents modes ou régimes
d'ébullition en piscine. Ces régimes sont identifiés dans la courbe d'ébullition de la fig. 8.4.
Ébullition par convection libre
L'ébullition par convection libre existe si ∆𝑇𝑒 ≤ ∆𝑇𝑒,𝐴 où ∆𝑇𝑒,𝐴 ≈ 5°𝑐. La température de la surface du solide doit
être légèrement supérieure à la température de saturation afin de maintenir la formation de bulles. Au fur et à
mesure que l'excès de température augmente, la formation de bulles finit par se produire, mais en dessous du
point A (appelé début de l'ébullition nucléée, ONB), le mouvement du fluide est déterminé principalement par les
effets de convection libre. Selon que l'écoulement est laminaire ou turbulent, ℎ varie en tant que ∆𝑇𝑒 à la
puissance 1⁄4 ou 1⁄3, respectivement, auquel cas 𝑞𝑠′′ varie en tant que ∆𝑇𝑒 à la puissance 5⁄4 ou 4⁄3.
L'ébullition nucléée
L'ébullition nucléée existe dans la gamme ∆𝑇𝑒,𝐴 ≤ ∆𝑇𝑒 ≤ ∆𝑇𝑒,𝐶 où ∆𝑇𝑒,𝐶 ≈ 30° 𝑐 . Dans cette gamme, deux
régimes d'écoulement différents peuvent être distingués. Dans les régions A - B, des bulles isolées se forment aux
sites de nucléation sur la surface et s’en séparent, comme l'illustré à la figure 8.2. Cette séparation induit un
mélange considérable de fluides près de la surface, augmentant considérablement ℎ et 𝑞𝑠′′ . Dans ce régime, la
majeure partie de l'échange de chaleur se fait par transfert direct de la surface vers le liquide en mouvement sur
la surface, et non par les bulles de vapeur qui s'élèvent de la surface. Au fur et à mesure que ∆𝑇𝑒 augmente au-
delà de ∆𝑇𝑒,𝐵 , il y a plus de sites de nucléation qui deviennent actifs et la formation accrue de bulles provoque une
interférence et une coalescence des bulles. La courbe spécifique concerne l'eau à 1 atm, bien que des tendances
similaires caractérisent le comportement d'autres fluides.
Dans la région B - C , la vapeur s'échappe sous forme de jets ou de colonnes, qui se muent ensuite en coups de
vapeur. Cette condition est illustrée dans la Fig.8.4. L’interférence entre les bulles densément peuplées inhibe le
mouvement du fluide près de la surface.

Fig. 8.4 Courbe d 'ébullition typique de l'eau à 1 atm : flux de chaleur de surface 𝑞𝑠′′ en fonction de la température excédentaire,
∆𝑇𝑒 ≡ 𝑇𝑠 − 𝑇𝑠𝑎𝑡 . Equation 9.31 est ici l’Equation 8.3a. Leidenfrost point = point de Leidenfrost.

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103

Le point P de cette figure représente un changement dans le comportement de la courbe d'ébullition. Avant le
point P, la courbe d'ébullition peut être approximée à une ligne droite sur un graphique log-log, ce qui signifie que
𝑞𝑠′′ ∝ ∆𝑇𝑒′′ . Au-delà de ce point, le flux de chaleur augmente plus lentement à mesure que ∆𝑇𝑒, augmente. À un
certain point entre P et C, la décroissance du flux de chaleur entraîne une réduction du coefficient de transfert de
′′
chaleur ℎ = 𝑞𝑠′′ ⁄∆𝑇𝑒 . Le flux de chaleur maximal,𝑞𝑒,𝐶 ′′
= 𝑞𝑚𝑎𝑥 , est généralement appelé flux de chaleur critique et
dans l'eau à pression atmosphérique, il dépasse 1 𝑀𝑊/𝑚2 . A ce maximum, une quantité considérable de vapeur
se forme, ce qui rend difficile pour le liquide de mouiller continuellement la surface.

Fig. 8.5 Ébullition du méthanol sur un tube horizontal. a) Ébullition nucléée en jets et colonnes. b) Ébullition du film.
Étant donné que des débits de chaleur et des coefficients convectifs élevés sont associés à de petites valeurs de
température excessive, il est souhaitable d'utiliser de nombreux dispositifs d'ingénierie en régime d'ébullition
nucléée. L'amplitude approximative du coefficient de convection peut être déduite en utilisant l'équation 8.3 pour
la courbe d'ébullition de la figure 8.4. En divisant 𝑞𝑠′′ par ∆𝑇𝑒 , il est évident que des coefficients de convection
supérieurs à 104 𝑊/𝑚2 𝐾 sont caractéristiques de ce régime. Ces valeurs sont considérablement plus grandes
que celles correspondant normalement à la convection sans changement de phase.
Ébullition de transition
La région correspondant à ∆𝑇𝑒,𝐶 ≤ ∆𝑇𝑒 ≤ ∆𝑇𝑒,𝐷 où ∆𝑇𝑒,𝐷 = 120°𝑐, est appelée ébullition de transition, ébullition
en film instable ou ébullition partielle en film. La formation de bulles est maintenant si rapide qu'un film de vapeur
ou une couverture commence à se former à la surface. À n'importe quel point de la surface, les conditions peuvent
osciller entre le film et l'ébullition nucléée, mais la fraction de la surface totale couverte par le film augmente avec
l'augmentation du ∆𝑇𝑒 . Etant donné que la conductivité thermique de la vapeur est beaucoup plus faible que celle
du liquide, le coefficient de transfert convectif ℎ (et du flux de chaleur 𝑞 ′′ 𝑠 ) doit diminuer avec l'augmentation de
∆𝑇𝑒 .
Ebullition en film
Le film d'ébullition existe pour ∆𝑇𝑒 ≥ ∆𝑇𝑒,𝐷 . Au point D de la courbe d'ébullition, appelé point de Leidenfrost, le
′′ ′′
flux de chaleur est au minimum, 𝑞𝑠,𝐷 = 𝑞𝑚𝑖𝑛 , et la surface est complètement recouverte d'une couche de vapeur.
Le transfert de chaleur, de la surface au liquide, se produit par conduction et rayonnement à travers la vapeur.
C'est Leidenfrost qui, en 1756, a observé que les gouttelettes d'eau soutenues par le film de vapeur s'évaporent
lentement lorsqu'elles se déplacent sur une surface chaude. À mesure que la température de surface augmente,
le rayonnement à travers le film de vapeur devient plus important et le flux de chaleur augmente avec
l'augmentation du ∆𝑇𝑒 . La figure 8.5b illustre la nature de la formation de vapeur et la dynamique des bulles

Cours Phénomènes d’Echanges


104

associées à l'ébullition en film. Les photographies de la figure 8.5 ont été obtenues pour l'ébullition du méthanol
sur un tube horizontal.
Bien que l’on puisse supposer que le contrôle peut être maintenu sur 𝑇𝑠 , il est important de savoir que de
nombreuses applications concernent le contrôle de 𝑞𝑠′′ (par exemple, dans un réacteur nucléaire ou dans un
réchauffeur à résistance électrique) plutôt que de ∆𝑇𝑒 . A partir du point P de la Figure 8.4, avec l’augmentation
progressivement de 𝑞𝑠′′ , La valeur de ∆𝑇𝑒 , et donc celle de 𝑇𝑠 , augmente également, en suivant la courbe
d'ébullition jusqu'au point C. Cependant, toute augmentation de 𝑞𝑠′′ au-delà du point C induit une forte
augmentation de 𝑇𝑒,𝐶 à 𝑇𝑒,𝐸 = 𝑇𝑠,𝐸 − 𝑇𝑠𝑎𝑡 . Si 𝑇𝑠,𝐸 dépasse le point de fusion du solide, une défaillance du système
se produit. Pour cette raison, le point C est souvent appelé point de combustion ou crise d'ébullition, et il est
′′ ′′
important d’avoir une connaissance précise du flux de chaleur critique (FCC), 𝑞𝑠,𝐶 = 𝑞𝑚𝑎𝑥 . Bien que l’on souhaite
exploiter la surface de transfert de chaleur aux conditions proches du FCC, il ne faut pas la dépasser.

8.4 Corrélations d'ébullition en bassin


D'après la forme de la courbe d'ébullition et le fait que divers mécanismes physiques caractérisent les différents
régimes, il n'est pas surprenant qu'il existe une multiplicité de corrélations de transfert de chaleur pour le
processus d'ébullition.
Pour la région située au-dessous de 𝑇𝑒,𝐴 de la courbe d'ébullition (Fig. 8.4), on peut utiliser les corrélations de
convection libre appropriées pour estimer les coefficients de transfert de chaleur.
Dans ce qui suit, on passe en revue certaines des corrélations les plus largement utilisées pour l'ébullition nucléé
et l’ébullition en films.
8.4.1 Ébullition nucléée en bassin
L'analyse de l'ébullition nucléée nécessite de prédire le nombre de sites de nucléation à la surface et la vitesse à
laquelle les bulles proviennent de chaque site. Bien que les mécanismes associés à ce régime d'ébullition aient été
étudiés de manière approfondie, on doit encore développer des modèles mathématiques complets et fiables.
Yamagata et al. ont été les premiers à montrer l'influence des sites de nucléation sur le coefficient de transfert de
chaleur et à démontrer que 𝑞𝑠′′ est approximativement proportionnel à ∆𝑇𝑒3 ; il est donc souhaitable de
développer des corrélations reflétant cette relation entre le flux de chaleur à partir de la surface et la température
excessive.
On a noté, dans la section 8.3.2, que dans la région A-B de la figure 8.4, la majeure partie de l'échange de chaleur est
due au transfert direct de la surface chaude au liquide. Par conséquent, le phénomène d'ébullition dans cette région
peut être considéré comme un type de convection forcée en phase liquide dans laquelle le mouvement du fluide est
induit par les bulles montantes. Les corrélations de convection forcée sont généralement de la forme :
𝑚
̅̅̅̅
𝑁𝑢𝐿 = 𝐶𝑐𝑓 𝑅𝑒𝐿 𝑐𝑓 𝑃𝑟 𝑛𝑐𝑓 8.3b
Il faut identifier l’échelle de longueur et la vitesse caractéristique à inclure dans les nombres de Nusselt et de
Reynolds. L'indice 𝑐𝑓, qui signifie convection forcée, est ajouté aux constantes qui apparaissent dans l'équation
8.3b pour signifier qu'elles s'appliquent à des expressions de convection forcée. Ces constantes sont déterminées
expérimentalement pour des écoulements compliqués. En postulant que les bulles montantes mélangent le
liquide, l’échelle de longueur appropriée pour des surfaces de chauffage relativement grandes est le diamètre de
la bulle, 𝐷𝑏 . On peut déterminer le diamètre de la bulle, à sa sortie de la surface chauffée, à partir d'un équilibre
des forces dans lequel, la force de flottabilité (qui favorise le départ de la bulle et est proportionnelle à 𝐷𝑏3 ) est
égale à la force de tension superficielle (qui adhère la bulle à la surface et est proportionnelle à 𝐷𝑏 ), ce qui donne
l'expression :
𝜎
𝐷𝑏 ∝ √ 8.4a
𝑔(𝜌 −𝜌 𝑙 𝑣)

Cours Phénomènes d’Echanges


105

La constante de proportionnalité, 𝐶𝑐𝑓 , dépend de l'angle de contact entre le liquide, sa vapeur et la surface solide
; l'angle de contact dépend en particulier de la surface liquide et solide considérée. Les indices l et v désignent
respectivement les états de liquide saturé et de vapeur, et 𝜎 (N/m) est la tension superficielle.
On peut trouver la vitesse caractéristique de l'agitation du liquide en divisant la distance parcourue par le liquide
pour se remplir après le départ d’une bulle (proportionnelle à 𝐷𝑏 ) par le temps compris entre les départs des
bulles, 𝑡𝑏 . Ce temps 𝑡𝑏 est obtenu en divisant l'énergie nécessaire pour former une bulle de vapeur (proportionnel
à 𝐷𝑏3), par la vitesse à laquelle la chaleur est ajoutée sur la surface de contact solide-vapeur (proportionnelle à 𝐷𝑏2
). Ainsi
𝐷𝑏 𝐷𝑏 𝑞𝑠′′
𝑉∝ ∝ 𝜌𝑙 ℎ𝑓𝑔 𝐷3
∝ 8.4b
𝑡𝑏 𝑏 𝜌𝑙 ℎ𝑓𝑔
( 2 )
𝑞′′ 𝐷
𝑠 𝑏
En substituant les équations 8.4a et 8.4b dans l'équation 8.3b, en absorbant les proportionnalités dans la constante 𝐶𝑐𝑓
et en substituant l'expression résultante de ℎ dans l'équation 8.3, on obtient l'expression suivante, où les constantes
𝐶𝑓𝑠 et 𝑛 sont nouvellement introduites et où l'exposant 𝑚𝑓𝑐 dans l'équation 8.3b a une valeur déterminée
expérimentalement de 2/3 :
3
′′ 𝑔(𝜌𝑙 −𝜌𝑣 ) 1/2 𝑐𝑃,𝑙 ∆𝑇𝑒
𝑞𝑠 = 𝜇𝑙 ℎ𝑓𝑔 [ ] ( ) 8.5
𝜎 𝐶𝑠𝑓 ℎ𝑓𝑔 𝑃𝑟𝑙𝑛
L'équation 8.5 a été développée par Rohsenow et est la première corrélation et la plus largement utilisée pour
l'ébullition nucléée. Toutes les propriétés sont celles du liquide, à l'exception de l’indice 𝑣, désignant la vapeur, et
toutes doivent être évaluées à 𝑇𝑠𝑎𝑡 . Le coefficient 𝐶𝑠,𝑓 et l'exposant 𝑛 dépendent de la combinaison solide-fluide,
et des valeurs représentatives, déterminées expérimentalement, sont présentées dans le tableau 8.1. on peut
obtenir, à partir de la littérature, les valeurs d'autres combinaisons surface-fluide.
Tableau 8.1. Valeurs de 𝐶𝑠,𝑓 pour différentes combinaisons liquide-surfaces.

Les valeurs de la tension superficielle et de la chaleur latente de vaporisation de l'eau peuvent être trouvée dans
la littérature, notamment dans Handbook of Chemistry and Physics. Si l'équation 8.5 est réécrite en termes d'un
nombre de Nusselt basé sur une échelle de longueur arbitraire 𝐿, elle sera sous la forme :
𝑁𝑢𝐿 ∝ 𝐽𝑎2 . 𝑃𝑟1−3𝑛 . 𝐵𝑜1/2
En comparant avec l'équation 8.2b, nous voyons que seul le premier paramètre sans dimension n'apparaît pas. Si
le nombre de Nusselt est basé sur le diamètre caractéristique de la bulle donné dans l'équation 8.4a, l'expression
se réduit à la forme plus simple :
𝑁𝑢𝐷𝑏 ∝ 𝐽𝑎2 . 𝑃𝑟1−3𝑛

Cours Phénomènes d’Echanges


106

La corrélation de Rohsenow ne s'applique qu'aux surfaces propres. Lorsqu'il est utilisé pour estimer le flux de
chaleur, les erreurs peuvent s'élever à ∓100%. Cependant, puisque 𝑇𝑒 ∝ (𝑞 ′′ 𝑠 )
1/3
, cette erreur est réduite d'un
facteur 3 lorsque l'expression est utilisée pour estimer 𝑇𝑒 à partir de la connaissance de 𝑞𝑠′′ . De plus, étant donné
que 𝑞𝑠′′ ∝ ℎ𝑓𝑔1/3 et ℎ𝑓𝑔 diminuent avec l'augmentation de la pression de saturation (température), le flux de
chaleur d'ébullition nucléée augmentera à mesure que le liquide est pressurisé.
8.4.2 Flux de chaleur critique pour l'ébullition nucléée en bassin
′′ ′′
Le flux de chaleur critique, 𝑞𝑠,𝐶 = 𝑞𝑚𝑎𝑥 , représente un point important de la courbe d'ébullition. on peut
souhaiter opérer un processus d'ébullition près de ce point, mais le danger est de dissiper la chaleur au-delà de
cette quantité. Kutateladze, par analyse dimensionnelle, et Zuber, par une analyse de stabilité hydrodynamique,
ont obtenu une expression qui peut être approchée comme

′′ 𝜎𝑔(𝜌𝑙 −𝜌𝑣 ) 1/4


𝑞𝑚𝑎𝑥 = 𝐶ℎ𝑓𝑔 𝜌𝑣 [ ] 8.6
𝜌𝑣2
qui est indépendant du matériau de surface et dépend faiblement de la géométrie de surface chauffée par la
constante principale, constante de Zuber, 𝐶, de valeurs suivantes :
Types de surface C
Grands cylindres horizontaux
Sphères 𝜋⁄24 ≈ 0,131
Grandes surfaces à ailettes
Grandes plaques horizontales 0,149

Les propriétés de l'équation 8.6 sont évaluées à la température de saturation.


Cette équation 8.6 s'applique lorsque la longueur caractéristique de la surface de l'élément de chauffage, 𝐿, est
grande par rapport au diamètre de la bulle, 𝐷𝑏 . Cependant, lorsque l'appareil de chauffage est petit, de sorte que
√𝜎 ⁄(𝑔[𝜌𝑙 −𝜌𝑣 ])
si l'indice de confinement, 𝐶𝑜 = 𝐿
= 𝐵𝑜 −1/2 > 0,2, un facteur de correction doit être appliqué pour
tenir compte de la petite taille de l'appareil de chauffage.
Le flux de chaleur critique dépend fortement de la pression, principalement en raison de la dépendance de la
pression à la tension superficielle et à la chaleur de vaporisation. Expérimentalement le flux de crête augmente
avec la pression jusqu'à un tiers de la pression critique, après quoi il tombe à zéro à la pression critique.
8.4.3 Flux de chaleur minimal
Le régime transitoire d'ébullition présente peu d'intérêt pratique, car il ne peut être obtenu qu'en contrôlant la
température de surface. Ce régime se caractérise par un contact périodique et instable entre le liquide et la surface
chauffée. Sa limite supérieure, qui correspond à la formation d'une couverture ou d'un film de vapeur stable et à
une condition de flux de chaleur minimal, est cependant intéressante. Si le flux de chaleur descend en dessous de
ce minimum, le film s'effondrera, provoquant le refroidissement de la surface et le rétablissement de l'ébullition
nucléée.
′′
L’ utilisation de la théorie de la stabilité conduit à l'expression suivante pour le flux de chaleur minimum, 𝑞𝑠,𝐷 =
′′
𝑞𝑚𝑖𝑛 , à partir d'une grande plaque horizontale :

′′ 𝜎𝑔(𝜌𝑙 −𝜌𝑣 ) 1/4


𝑞𝑚𝑖𝑛 = 𝐶𝜌𝑣 ℎ𝑓𝑔 [ (𝜌 2
] 8.7
𝑙 −𝜌𝑣 )
où les propriétés sont évaluées à la température de saturation. La constante, 𝐶 = 0,09, déterminée
expérimentalement, est précis à environ 50 % pour la plupart des fluides à des pressions modérées, mais fournit
des estimations plus faibles à des pressions plus élevées. Un résultat similaire a été obtenu pour les cylindres
horizontaux.

Cours Phénomènes d’Echanges


107

8.4.4 Ébullition en film en bassin


À des températures excessives, au-delà du point de Leidenfrost, un film de vapeur continu recouvre la surface et
il n'y a aucun contact entre la phase liquide et la surface. Étant donné que les conditions dans le film de vapeur
stable ressemblent fortement à celles de la condensation du film laminaire (Section 8.7 plus bas), il est habituel
de baser les corrélations d'ébullition du film sur les résultats obtenus par la théorie de la condensation. L'un de
ces résultats, qui s'applique à l'ébullition d'un film sur un cylindre ou une sphère de diamètre 𝐷, est de la forme
′ 1/4
̅𝑐𝑜𝑛𝑣 𝐷
ℎ 𝑔(𝜌𝑙 −𝜌𝑣 )ℎ𝑓𝑔 𝐷3
̅̅̅̅𝐷 =
𝑁𝑢 =𝐶[ ] 8.8
𝜆𝑣 𝜈𝑣 𝜆𝑣 (𝑇𝑠 −𝑇𝑠𝑎𝑡 )
On a déterminé expérimentalement les valeurs suivantes de la constante de corrélation C :
Type de surface C
Cylindres horizontaux 0,62
Sphères 0,67

La chaleur latente corrigée ℎ𝑓𝑔 tient compte de l'énergie sensible nécessaire pour maintenir, au-dessus de la
température de saturation, les températures à l'intérieur de la couverture de vapeur. Bien qu'elle puisse être

approximée par : ℎ𝑓𝑔 = ℎ𝑓𝑔 + 0,80𝑐𝑃,𝑣 (𝑇𝑠 − 𝑇𝑠𝑎𝑡 ), elle dépend faiblement du nombre de Prandtl de la vapeur.
Les propriétés de la vapeur sont évaluées à la pression du système et à la température du film, 𝑇𝑓 = (𝑇𝑠 −
𝑇𝑠𝑎𝑡 )/2, tandis que 𝜌𝑙 et ℎ𝑓𝑔 sont évalués à la température de saturation.
À des températures élevées de surface, (𝑇𝑠 ≥ 300°𝑐), le transfert de chaleur par rayonnement à travers le film
de vapeur devient significatif. Étant donné que le rayonnement agit pour augmenter l'épaisseur du film, il n'est
pas raisonnable de supposer que les processus radiatif et convectif sont simplement additifs. L’étude de l'ébullition
d'un film à partir de la surface externe de tubes horizontaux a suggéré de calculer le coefficient de transfert de
chaleur total à partir d'une équation transcendantale de la forme
4/3
ℎ̅4/3 = ℎ̅𝑐𝑜𝑛𝑣 + ℎ̅𝑟𝑎𝑦 ℎ̅1/3 8.9
Si ℎ̅𝑟𝑎𝑦 < ℎ̅𝑐𝑜𝑛𝑣 , une forme plus simple peut être utilisée :
3
ℎ̅ = ℎ̅𝑐𝑜𝑛𝑣 + ℎ̅𝑟𝑎𝑦 8.10
4
Le coefficient de rayonnement effectif ℎ̅𝑟𝑎𝑦 est exprimé comme :
4 4
𝜀𝜎(𝑇 −𝑇 )
ℎ̅𝑟𝑎𝑦 = (𝑇 𝑠−𝑇 𝑠𝑎𝑡) 8.11
𝑠 𝑠𝑎𝑡
où 𝜀 est l'émissivité du solide et 𝜎 est la constante de Stefan-Boltzmann.
Notez que l'analogie entre l'ébullition en film et la condensation en film ne tient pas pour les petites surfaces à
forte courbure en raison de la grande disparité entre les épaisseurs des films de vapeur et liquide pour les deux
procédés. L'analogie est également discutable pour une surface verticale, bien que des prédictions satisfaisantes
aient été obtenues pour des conditions limitées.
8.4.5 Effets paramétriques sur l'ébullition en bassin
D'autres paramètres peuvent affecter l'ébullition en bassin, notamment le champ gravitationnel, le sous-
refroidissement des liquides et les conditions de surface solide.
L'influence du champ gravitationnel sur l'ébullition doit être prise en compte dans les applications impliquant des
voyages dans l'espace et des machines tournantes. Cette influence est évidente par l'apparition de l'accélération
gravitationnelle g dans les expressions précédentes. Pour l'ébullition nucléée, cependant, les preuves indiquent
que le flux de chaleur est presque indépendant de la gravité, ce qui contraste avec la dépendance 𝑔1/2 de
l'équation 8.5. Les forces gravitationnelles supérieures à la normale montrent des effets similaires, bien qu'à
proximité de l'ONB, la force de gravité puisse influencer la convection induite par les bulles.

Cours Phénomènes d’Echanges


108

Si le liquide dans un système d'ébullition de piscine est maintenu à une température inférieure à la température
de saturation, on dit que le liquide est sous-refroidi, où 𝑇𝑠𝑢𝑏 ≡ 𝑇𝑠𝑎𝑡 − 𝑇𝑙 . Dans le régime de convection naturelle,
le flux de chaleur augmente généralement comme (𝑇𝑠 − 𝑇𝑙 )𝑛 ou (𝑇𝑒 + 𝑇𝑠𝑢𝑏 )𝑛 , où 5/4 ≤ 𝑛 ≤ 4/3 selon la
géométrie de la surface chauffée. En revanche, pour l'ébullition nucléée, l'influence du sous-refroidissement est
′′ ′′
considérée comme négligeable, bien que les flux thermiques maximum et minimum, 𝑞𝑚𝑎𝑥 et 𝑞𝑚𝑖𝑛 , augmentent
linéairement avec 𝑇𝑠𝑢𝑏 . Pour l'ébullition en film, le flux de chaleur augmente fortement avec l'augmentation de
𝑇𝑠𝑢𝑏 .

Fig. 8.6 Formation des sites de nucléation. (a) Cavité mouillée sans vapeur piégée. (b) Cavité réentrante avec vapeur piégée. (c)
Profil élargi d'une surface rugueuse.

L'influence de la rugosité de surface (par usinage, rainurage, rainurage ou sablage), sur les flux de chaleur
maximum et minimum et sur l'ébullition en film, est négligeable. Cependant une rugosité de surface accrue peut
entraîner une forte augmentation du flux de chaleur pour le régime d'ébullition nucléé. Comme l'illustre la
figure 8.6, une surface rugueuse comporte de nombreuses cavités qui servent à piéger la vapeur, fournissant des
sites plus nombreux et plus grands pour la croissance des bulles ; Il s'ensuit que le flux du site de nucléation d'une
surface rugueuse peut être considérablement plus grand que celui d'une surface lisse. Cependant, en cas
d'ébullition prolongée, les effets de la rugosité de surface diminuent généralement, ce qui indique que les
nouveaux et grands sites créés par la rugosité ne sont pas des sources stables de piégeage de la vapeur.
On trouve disponibles dans le commerce, des arrangements spéciaux de surface, qui augmentent de manière
stable (amélioration) l'ébullition nucléée.
Ces surfaces d'amélioration sont de deux types :
(1) les revêtements de matériaux très poreux formés par frittage, brasage, pulvérisation à la flamme, dépôt
électrolytique ou moussage,
(2) les cavités à double rentrée usinées mécaniquement ou formées pour assurer un piégeage continu de la vapeur
(Fig. 8.7).
De telles surfaces occasionnent un renouvellement continu de la vapeur sur les sites de nucléation et une
augmentation du transfert de chaleur de plus d'un ordre de grandeur. On a également examiné les techniques
d'augmentation active, telles que l'essuyage-rotation de surface, les vibrations de surface, les vibrations fluides et
les champs électrostatiques. Ces techniques compliquent le système d'ébullition et, dans de nombreux cas,
nuisent à sa fiabilité, et ont donc trouvé peu d'applications pratiques.

Fig. 8.7 Surfaces d'amélioration structurées typiques pour l'augmentation de l'ébullition nucléée. a) Revêtement métallique fritté.
(b) Cavité à double rentrée formée mécaniquement.

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109

8.5 Ébullition par convection forcée


Dans l'ébullition en piscine, l'écoulement du fluide est dû principalement au mouvement de flottabilité des bulles
provenant de la surface chaude. En revanche, pour l'ébullition par convection forcée, l'écoulement est dû à un
mouvement dirigé (en vrac) du fluide, ainsi qu'à des effets de flottabilité. Les conditions dépendent fortement de
la géométrie, qui peut impliquer un écoulement externe sur des plaques et des cylindres chauds ou un écoulement
interne (conduite). L'ébullition interne par convection forcée est communément appelée écoulement diphasique
et se caractérise par des changements rapides du liquide à la vapeur dans le sens de l'écoulement.
8.5.1 Ébullition externe par convection forcée
Pour un écoulement externe sur une plaque chauffante, le flux de chaleur peut être estimé au moyen des
corrélations standard de convection forcée jusqu'au début de l'ébullition. À mesure que la température de la
plaque augmente, l'ébullition nucléée se produit, ce qui entraîne une augmentation du flux de chaleur. Si la
production de vapeur n'est pas importante et le liquide est sous-refroidi, on peut suggérer une méthode
d’estimation du flux de chaleur total en termes de composants associés à la convection forcée pure et à l'ébullition
en piscine. La convection forcée et le sous-refroidissement sont tous deux connus pour augmenter le flux de
"
chaleur critique, 𝑞𝑚𝑎𝑥 , d'ébullition nucléée. On a signalé des valeurs expérimentales allant jusqu'à 35 𝑀𝑊⁄𝑚2
(contre 1,3 𝑀𝑊⁄𝑚2 pour l'ébullition de l'eau en piscine à 1 atm). Pour un liquide de vitesse 𝑉 se déplaçant en
écoulement transversal sur un cylindre de diamètre 𝐷, les expressions suivantes ont été développé pour les
écoulements à basse et haute vitesse, où les propriétés physiques sont évaluées à la température de saturation :
Faible vélocité :
′′
𝑞𝑚𝑎𝑥 1 4 1⁄3
= 𝜋 [1 + (𝑊𝑒 ) ] 8.12
𝜌𝑣 ℎ𝑓𝑔 𝑉 𝐷

Haute vélocité :
′′
𝑞𝑚𝑎𝑥 (𝜌𝑙 ⁄𝜌𝑣 )3⁄4 (𝜌𝑙 ⁄𝜌𝑣 )1⁄2
= + 1/3 8.13
𝜌𝑣 ℎ𝑓𝑔 𝑉 169𝜋 19,2𝜋𝑊𝑒𝐷
Le nombre de Weber, 𝑊𝑒𝐷 , est le ratio entre les forces d'inertie et celles de tension superficielle et a la forme :
𝜌𝑣 𝑉 2 𝐷
𝑊𝑒𝐷 =
𝜎
Les régions à haute et basse vitesse, respectivement, sont déterminées par le fait que le paramètre de flux de
chaleur 𝑞′′𝑚𝑎𝑥 ⁄𝜌𝑣 ℎ𝑓𝑔 𝑉 est inférieur ou supérieur à [(0,275/𝜋)(𝜌𝑙 /𝜌𝑣 )1/2 + 1]. Dans la plupart des cas, les
′′
équations 8.12 et 8.13 corrèlent les données𝑞𝑚𝑎𝑥 à 20 % près.

8.6. Condensation : Mécanismes physiques


La condensation se produit lorsque la température d'une vapeur est réduite en dessous de sa température de
saturation. Dans les équipements industriels, le processus résulte généralement du contact entre la vapeur et une
surface froide (Fig.8.8a, b). L'énergie latente de la vapeur est libérée, la chaleur est transférée à la surface et le
condensat se forme. D'autres modes courants sont la condensation homogène (Figure 8.8c), où la vapeur se
condense sous forme de gouttelettes en suspension dans une phase gazeuse pour former un brouillard, et la
condensation par contact direct (Figure 8.8d), qui se produit lorsque la vapeur est mise en contact avec un liquide
froid. Dans ce chapitre, nous ne considérerons que la condensation de surface.

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110

Fig. 8.8 Modes de condensation. a) Film. (b) Condensation goutte à goutte sur une surface. c) Condensation homogène ou
formation de brouillard résultant d'une augmentation de la pression due à la dilatation. d) Condensation par
contact direct.
Comme le montrent les figures 8.8a, b, la condensation peut se produire de deux façons, selon l'état de la surface.
La forme dominante de condensation est celle dans laquelle un film liquide recouvre toute la surface de
condensation et, sous l'action de la gravité, le film s'écoule continuellement de la surface. La condensation en film
est généralement caractéristique des surfaces propres et non contaminées. Cependant, si la surface est recouverte
d'une substance qui inhibe le mouillage, il est possible de maintenir une condensation goutte à goutte. Ces gouttes
se forment dans les fissures, les fosses et les cavités à la surface et peuvent croître et fusionner par condensation
continue. Typiquement, plus de 90 % de la surface est recouverte de gouttes, allant de quelques micromètres de
diamètre à des agglomérations visibles à l'œil nu. Les gouttelettes s'écoulent de la surface sous l'action de la
gravité. La figure 8.9 montre la condensation de la vapeur en film et goutte sur une surface verticale en cuivre.
Une mince couche d'oléate cuivrique a été appliquée sur la partie gauche de la surface pour favoriser la
condensation goutte à goutte. Une sonde thermocouple de 1 mm de diamètre s'étend sur la photographie.
Qu'il se présente sous la forme d'un film ou de gouttelettes, le condensat offre une résistance au transfert de
chaleur entre la vapeur et la surface. Étant donné que cette résistance augmente avec l'épaisseur du condensat,
qui augmente dans le sens de l'écoulement, il est souhaitable d'utiliser des surfaces verticales courtes ou des
cylindres horizontaux dans les cas de condensation en film. La plupart des condenseurs sont donc constitués de
faisceaux de tubes horizontaux à travers lesquels s'écoule un liquide de refroidissement et autour desquels circule
la vapeur à condenser. En termes de maintien de taux élevés de condensation et de transfert de chaleur, la
formation de gouttelettes est supérieure à la formation de film. Dans la condensation goutte à goutte, la majeure
partie du transfert de chaleur se fait par des gouttes de moins de 100𝜇𝑚 de diamètre, et on peut atteindre des
coefficients de transfert supérieurs de plus d'un ordre de grandeur à ceux associés à la condensation du film. Il est
donc courant d'utiliser des revêtements de surface qui inhibent le mouillage et stimulent donc la condensation
goutte à goutte. Des silicones, du téflon et un assortiment de cires et d'acides gras sont souvent utilisés à cette
fin.

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111

Fig. 8.9 Condensation sur une surface verticale. (a) Goutte à goutte. b) Film.
Cependant, ces revêtements perdent progressivement leur efficacité en raison de l'oxydation, de l'encrassement
ou de l'élimination pure et simple, et la condensation du film finit par se produire. Bien qu'il soit souhaitable
d'obtenir une condensation goutte à goutte dans les applications industrielles, il est souvent difficile de maintenir
cette condition. Pour cette raison et parce que les coefficients de convection de la condensation en film sont plus
petits que ceux du cas goutte-à-goutte, les calculs de conception du condenseur sont souvent basés sur
l'hypothèse de la condensation en film. Nous nous concentrons sur la condensation en film et ne mentionnons
que brièvement les résultats disponibles pour la condensation goutte à goutte.

8.7. Condensation d'un film laminaire sur une plaque


verticale
Comme le montre la Figure 8.10a, il peut y avoir plusieurs caractéristiques compliquées associées à la
condensation en film. Ce film prend naissance en haut de la plaque et s'écoule vers le bas sous l'influence de la
gravité. L'épaisseur 𝛿 et le débit massique de condensat 𝑚,̇ augmentent avec l'augmentation de x en raison de la
condensation continue à l'interface liquide-vapeur, qui se trouve à 𝑇𝑠𝑎𝑡 . Il y a ensuite transfert de chaleur de cette
interface à travers le film vers la surface, qui est maintenue à 𝑇𝑠 ≤ 𝑇𝑠𝑎𝑡 . Dans le cas le plus général, la vapeur peut
être surchauffée (𝑇𝑣,∞ > 𝑇𝑠𝑎𝑡 ) et peut faire partie d'un mélange contenant un ou plusieurs gaz non condensables.
De plus, il existe une contrainte de cisaillement finie à l'interface liquide-vapeur, conduisant à un gradient de
vitesse dans la vapeur, ainsi que dans le film. Malgré les complexités associées à la condensation en film, des
résultats utiles peuvent être obtenus en faisant des hypothèses qui proviennent d'une analyse de Nusselt :
1. L'écoulement laminaire et les propriétés constantes sont supposés pour le film liquide.
2. On suppose que le gaz est une vapeur pure et à une température uniforme égale à 𝑇𝑠𝑎𝑡 . En l'absence de
gradient de température dans la vapeur, le transfert de chaleur vers l'interface liquide-vapeur ne peut se
produire que par condensation à l'interface et non par conduction de la vapeur.
3. La contrainte de cisaillement à l'interface liquide-vapeur est supposée être négligeable, auquel
cas 𝜕𝑢/𝜕𝑦⃒𝑦=𝛿 =0. Avec cette hypothèse et l'hypothèse précédente d'une température de vapeur uniforme,
il n'est pas nécessaire de considérer la vitesse de vapeur ou les couches limites thermiques illustrées à la
Figure 8.10a.
4. La quantité de mouvement et le transfert d'énergie par advection dans le film de condensat sont supposés
être négligeables. Cette hypothèse est raisonnable en raison des faibles vitesses associées au film. Il s'ensuit
que le transfert de chaleur à travers le film ne se produit que par conduction, auquel cas la distribution de la
température du liquide est linéaire.

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112

FIGURE 8.10 Effets de la couche limite liés à la condensation du film sur une surface verticale. a) Sans approximation. (b) Avec les
hypothèses associées à l'analyse de Nusselt, pour une plaque verticale de largeur b.
Les conditions de film résultant des hypothèses sont illustrées à la Figure 8.10b À partir de la quatrième
approximation, les termes d'advection de la quantité de mouvement peuvent être négligés, et l'équation de la
quantité de mouvement x peut être exprimée comme suit :
𝜕2𝑣 𝑔
= − 𝜇 (𝜌𝑙 − 𝜌𝑣 ) 8.14
𝜕𝑦 2 𝑙

En intégrant deux fois et en appliquant des conditions aux limites de la forme 𝑢(0) = 0 et 𝜕𝑢/𝜕𝑦⃒𝑦=𝛿 = 0, le
profil de vitesse dans le film devient
𝑔(𝜌𝑙 −𝜌𝑣 )𝛿 2 𝑦 1 𝑦 2
𝑣(𝑦) = [𝛿 − 2 (𝛿 ) ] 8.15
𝜇𝑙
À partir de ce résultat, le débit massique de condensat par unité de largeur (𝑥) peut être obtenu en fonction
d'une intégrale impliquant le profil de vitesse :
̇
𝑚(𝑥) 𝛿(𝑥)
= ∫0 𝜌𝑙 𝑣(𝑦)𝑑𝑦 ≡ Γ(𝑥) 8.16
𝑏
En substituant l'équation 8.15, il s'ensuit que :
𝑔𝜌𝑙 (𝜌𝑙 −𝜌𝑣 )𝛿 3
Γ(𝑥) = 8.17
3𝜇𝑙
La variation spécifique avec 𝑥 de 𝛿, et donc de 𝛤, peut être obtenue en appliquant d'abord l'exigence de
conservation de l'énergie à l'élément différentiel illustré à la Figure 8.10b. À une partie de l'interface liquide-
vapeur de largeur et de longueur dx unitaires, le coefficient de transfert de chaleur dans le film, 𝑑𝑞, doit être
égal au taux de libération d'énergie due à la condensation à l'interface. Donc
𝑑𝑞 = ℎ𝑓𝑔 𝑑𝑚̇ 8.18
Puisque l'advection est négligée, il s'ensuit également que le coefficient de transfert de chaleur à travers
l'interface doit être égal au coefficient de transfert de chaleur à la surface. Donc
𝑑𝑞 = 𝑞𝑠′′ (𝑏 ∗ 𝑑𝑥) 8.19
Comme la distribution de la température du liquide est linéaire, la loi de Fourier peut être utilisée pour exprimer
le flux de chaleur de surface comme

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113

𝜆𝑓 (𝑇𝑠𝑎𝑡 −𝑇𝑠)
𝑞𝑠′′ = 8.20
𝛿
La combinaison des équations 8.16 et 8.18 à 8.20, on obtient alors
𝑑Γ 𝜆𝑓 (𝑇𝑠𝑎𝑡 −𝑇𝑠
= 8.21
𝑑𝑥 𝛿ℎ𝑓𝑔
La différentiation de l'équation 8.17, donne aussi

𝑑Γ 𝑔𝜌𝑙 (𝜌𝑙 −𝜌𝑣 )𝛿 2 𝑑𝛿


= 8.22
𝑑𝑥 𝜇𝑙 𝑑𝑥
En combinant les équations 8.21 et 8.22, il s'ensuit que
𝜆 𝜇 (𝑇 −𝑇 )
𝛿 3 𝑑𝛿 = 𝑔𝜌𝑙 (𝜌
𝑙 𝑠𝑎𝑡
−𝜌 )ℎ
𝑠
𝑙 𝑙 𝑣 𝑓𝑔

En intégrant de 𝑥 = 0 , où 𝛿 = 0, à n'importe quel emplacement x d'intérêt sur la surface,


1/4
4𝜆 𝜇 (𝑇
𝑙 𝑠𝑎𝑡 𝑠 −𝑇 )𝑥
𝛿(𝑥) = [ 𝑔𝜌𝑙 (𝜌 ] 8.23
−𝜌 )ℎ 𝑙 𝑙 𝑣 𝑓𝑔

Ce résultat peut ensuite être substitué dans l'équation 8.17 pour obtenir Γ(𝑥).
Une amélioration du résultat précédent pour 𝛿(𝑥) a montré qu’avec l'inclusion des effets d'advection
thermique, un terme est ajouté à la chaleur latente de vaporisation. Au lieu de ℎ𝑓𝑔 , il est recommandé d'utiliser

une chaleur latente modifiée de la forme ℎ𝑓𝑔 = ℎ𝑓𝑔 + 0,68𝑐𝑃,𝑙 (𝑇𝑠𝑎𝑡 − 𝑇𝑠 ) , ou en termes de nombre de Jakob,
𝒉′𝒇𝒈 = 𝒉𝒇𝒈 (𝟏 + 𝟎, 𝟔𝟖𝑱𝒂) 8.24
Plus récemment, on a montré que la chaleur latente modifiée dépend faiblement du nombre de Prandtl du liquide.
Le flux de chaleur de surface peut être exprimé comme suit :
𝑞𝑠′′ = ℎ𝑥 (𝑇𝑠𝑎𝑡 − 𝑇𝑠 ) 8.25
En substituant l'équation 8.20, le coefficient de convection local est alors
𝜆𝑙
ℎ𝑥 = 8.26
𝛿

ou, d'après l'équation 8.23, avec ℎ𝑓𝑔 remplacé par ℎ𝑓𝑔 ,
1/4
𝑔𝜌𝑙 (𝜌𝑙 −𝜌𝑣 )𝜆3𝑙 ℎ𝑓𝑔

ℎ𝑥 = [ ] 8.27
4𝜇𝑙 (𝑇𝑠𝑎𝑡 −𝑇𝑠 )𝑥
Comme ℎ𝑥 dépend de 𝑥 −1/4, il s'ensuit que le coefficient de convection moyen pour l'ensemble de la plaque est
1 𝐿 4
ℎ̅𝐿 = ∫ ℎ𝑥 𝑑𝑥 = ℎ𝐿
𝐿 0 3
ou
3 ′ 1/4
𝑔𝜌𝑙 (𝜌𝑙 −𝜌𝑣 )𝜆 ℎ𝑓𝑔
ℎ̅𝐿 = 0,943 [ 𝜇 (𝑇 −𝑇 𝑙)𝐿 ] 8.28
𝑙 𝑠𝑎𝑡 𝑠
Le nombre moyen de Nusselt a alors la forme :
𝟏/𝟒
̅ 𝒈𝝆𝒍 (𝝆𝒍 −𝝆𝒗 )𝒉′𝒇𝒈 𝑳𝟑
̅̅̅̅𝑳 = 𝒉𝑳 𝑳 = 𝟎, 𝟗𝟒𝟑 [
𝑵𝒖 ] 8.29
𝝀 𝒍 𝝁𝒍 𝝀𝒍 (𝑻𝒔𝒂𝒕 −𝑻𝒔 )𝑳
En utilisant cette équation en conjonction avec l'équation 8.24, toutes les propriétés du liquide doivent être
évaluées à la température du film 𝑇𝑓 = (𝑇𝑠𝑎𝑡 − 𝑇𝑠 )/2. La masse spécifique de vapeur 𝜌𝑣 et la chaleur latente de
vaporisation ℎ𝑓𝑔 doivent être évaluées à 𝑇𝑠𝑎𝑡 .
Le transfert total de chaleur vers la surface eut être obtenu en utilisant l'équation 8.28 sous la forme suivante de
la loi de refroidissement de Newton :
𝒒=𝒉 ̅ 𝑳 𝑨(𝑻𝒔𝒂𝒕 − 𝑻𝒔 ) 8.30
Le taux de condensation total peut alors être déterminé à partir de la relation :

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114

𝒒 ̅ 𝑳 𝑨(𝑻𝒔𝒂𝒕 −𝑻𝒔 )
𝒉
𝒎̇ = 𝒉 = 8.31
𝒇𝒈 𝒉𝒇𝒈
Les équations 8.30 et 8.31 sont généralement applicables à toute géométrie de surface, bien que la forme de
ℎ̅𝐿 varie en fonction de la géométrie et des conditions d'écoulement.

8.8 Condensation du film turbulent


Comme pour tous les phénomènes de convection précédemment discutés, des conditions turbulentes
d'écoulement peuvent exister dans la condensation du film. Considérons la surface verticale de la Figure 8.11a. Le
critère de transition peut être exprimé en fonction d'un nombre de Reynolds défini comme

𝑅𝑒𝛿 ≡ 8.32
𝜇𝑙
Avec le débit massique de condensat donné par 𝑚̇ = 𝜌𝑙 𝑣𝑚 𝑏𝛿, le nombre de Reynolds peut être exprimé comme
suit :
4ṁ 4𝜌𝑙 𝑣𝑚 𝛿
𝑅𝑒𝛿 ≡ 𝜇 𝑏 = 8.33
𝑙 𝜇𝑙
où 𝑣𝑚 est la vitesse moyenne dans le film et 𝛿, l'épaisseur du film, est la longueur caractéristique. Le nombre de
Reynolds est un indicateur des conditions d'écoulement ; Dans la figure 8.11b, pour 𝑅𝑒𝛿 ≤ 30, le film est
laminaire et sans ondes. Pour une augmentation de 𝑅𝑒𝛿 , des ondulations ou des ondes se forment sur le film de
condensat, et à 𝑅𝑒𝛿 ≈ 1800, la transition de l'écoulement laminaire à l'écoulement turbulent est complète.

Fig. 8.11 Condensation d'un film sur une plaque verticale. a) Débit de condensat sur une plaque de largeur b. b) Régimes
d'écoulement.
Lorsque l’écoulement au haut de la plaque est en régime laminaire sans ondes (𝑅𝑒𝛿 ≤ 30), les équations 8.32 et
8.17 peuvent être combinées pour donner :
4𝑔𝜌𝑙 (𝜌𝑙 −𝜌𝑣 )𝛿 3
𝑅𝑒𝛿 = 8.32
3𝜇𝑙2
En supposant 𝜌𝑙 ≥ 𝜌𝑣 , les équations 8.23, 8.28 et 8.32 peuvent être combinées pour fournir une expression pour
un nombre moyen de Nusselt modifié associé à la condensation dans le régime laminaire sans ondes :
𝟐 𝟏/𝟑
̅
̅̅̅̅𝑳 = 𝒉𝑳 (𝝂𝑳 ⁄𝒈)
𝑵𝒖 = 𝟏, 𝟒𝟕𝑹𝒆𝜹
−𝟏/𝟑
𝑹𝒆𝜹 ≤ 𝟑𝟎 8.33
𝝀 𝒍
où le coefficient de transfert de chaleur ℎ̅𝐿 est associé à la condensation sur l'ensemble de la plaque. Lorsque
l'écoulement au bas de la plaque se situe dans le régime laminaire et ondulé, on recommande une corrélation de
la forme :
𝟐 𝟏/𝟑
̅
𝒉 (𝝂 ⁄𝒈) 𝑹𝒆𝜹
̅̅̅̅
𝑵𝒖𝑳 = 𝑳 𝑳𝝀 = 𝟑𝟎 ≤ 𝑹𝒆𝜹 ≤ 𝟏𝟖𝟎𝟎 8.34
𝒍 𝟏,𝟎𝟖𝑹𝒆𝟏,𝟐𝟐
𝜹 −𝟓,𝟐
et lorsque l'écoulement au bas de la plaque est dans le régime turbulent, on recommande :

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115

𝟐 𝟏/𝟑
̅
̅̅̅̅𝑳 = 𝒉𝑳 (𝝂𝑳 ⁄𝒈)
𝑵𝒖 =
𝑹𝒆𝜹
𝑹𝒆𝜹 ≥ 𝟏𝟖𝟎𝟎, 𝑷𝒓𝒍 ≥ 𝟏 8.35
𝝀 𝒍 𝟖𝟕𝟓𝟎+𝟓𝟖𝑷𝒓−𝟎,𝟓
𝒍 (𝑹𝒆𝟎,𝟕𝟓
𝜹 −𝟐𝟓𝟑)

La Fig. 8.12 représente ces corrélations, vérifiées expérimentalement pour l'eau sur la plage 1 < 𝑅𝑒𝛿 < 7200.

Fig. 8.12 Nombre de Nusselt modifié pour la condensation sur une plaque verticale. Les équations 10.38 = 8.33 et 10.39 = 8.34 et
10.40 = 8.35
Toutes les propriétés sont évaluées pour la condensation du film laminaire, comme expliqué dans l'équation 8.27.
Le nombre de Reynolds dans les équations 8.33 à 8.35 est associé à l'épaisseur du film qui existe au bas de la
surface de condensation, 𝑥 = 𝐿. Si 𝛿 est inconnu, On réécrit ces équations sous une forme qui élimine Re. Pour
ce faire, on combine les équations 8.31 et 8.33 avec la définition du nombre de Nusselt moyen pour obtenir :
1/3
̅𝐿 (𝜈𝐿2 ⁄𝑔 )

𝑅𝑒𝛿 = 4𝑃 ̅̅̅̅𝐿
= 4𝑃𝑁𝑢 8.36
𝜆𝑙
où le paramètre sans dimension 𝑃 est :
𝝀𝒍 𝑳(𝑻𝒔𝒂𝒕 −𝑻𝒔 )
𝑷= 𝟏/𝟑 8.37
𝝁𝒍 𝒉′𝒇𝒈 (𝝂𝟐𝑳 ⁄𝒈)
En substituant l'équation 8.36 dans les équations 8.33, 8.34 et 8.35, nous pouvons calculer les nombres moyens
de Nusselt en fonction de P pour donner :
𝟐 𝟏/𝟑
̅
̅̅̅̅𝑳 = 𝒉𝑳 (𝝂𝑳 ⁄𝒈)
𝑵𝒖 = 𝟎, 𝟗𝟒𝟑𝑷−𝟏/𝟒 𝑃 ≤ 15,8 8.38
𝝀 𝒍
𝟐 𝟏/𝟑
̅
̅̅̅̅𝑳 = 𝒉𝑳 (𝝂𝑳 ⁄𝒈)
𝑵𝒖
𝟏
= (𝟎, 𝟔𝟖𝑷 + 𝟎, 𝟖𝟗)𝟎,𝟖𝟐 15,8 ≤ 𝑃 ≤ 2530 8.39
𝝀𝒍 𝑷
𝟐 𝟏/𝟑 𝟒/𝟑
̅
̅̅̅̅𝑳 = 𝒉𝑳 (𝝂𝑳 ⁄𝒈)
𝑵𝒖
𝟏
= [(𝟎, 𝟎𝟐𝟒𝑷 − 𝟓𝟑)𝑷𝒓𝒍
𝟏/𝟐
+ 𝟖𝟗] 𝑃 ≥ 2530, 𝑃𝑟𝑙 ≥ 1 8.40
𝝀𝒍 𝑷
L'équation 8.38 est identique à l'équation 8.27 avec 𝜌𝑙 ≫ 𝜌𝑣 .
Pour un problème particulier, 𝑃 peut être déterminé à partir de l'équation 8.37, après quoi le nombre moyen de
Nusselt ou le coefficient de transfert de chaleur moyen peut être déterminé à partir de l'équation 8.38, 8.39 ou
8.40.

8.9 Condensation du film sur les systèmes radiaux


L'analyse de la section 8.7 peut être étendue à la condensation d'un film laminaire sur la surface extérieure d'une
sphère ou d'un tube horizontal (figures 8.13a, b) et le nombre moyen de Nusselt a la forme suivante :
′ 1/4
ℎ 𝐷̅ 𝜌𝑙 𝑔(𝜌𝑙 −𝜌𝑣 )ℎ𝑓𝑔 𝐷3
̅̅̅̅
𝑁𝑢𝐷 = 𝜆𝐷 = 𝐶 [ ] 8.41
𝑙 𝜇𝑙 𝜆𝑙 (𝑇𝑠𝑎𝑡 −𝑇𝑠 )

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116

où 𝐶 = 0,826 pour une sphère et 0,729 pour un tube. Les propriétés de cette équation et des équations 8.43 et
8.44 ci-dessous sont évaluées comme expliqué sous l'équation 8.29.
Lorsqu'une interface liquide-vapeur est courbée, comme celles de la Figure 8.13, des différences de pression sont
établies à travers l'interface par les effets de la tension superficielle. Cette différence de pression est décrite par
l'équation de Young-Laplace, qui pour un système bidimensionnel peut être écrite comme suit :
𝜎
Δ𝑝 = 𝑝𝑣 − 𝑝𝑙 = 8.42
𝑟𝐶
où 𝑟𝐶 est le rayon de courbure local de l'interface liquide-vapeur. Si 𝑟𝐶 varie le long de l'interface (et que la pression
de vapeur 𝑝𝑣 est constante), la pression du côté liquide de l'interface n'est pas uniforme, influençant la distribution
de la vitesse dans le liquide et le débit de transfert de chaleur.

Fig. 8.13 Condensation du film sur (a) une sphère, (b) un seul tube horizontal, (c) un étage vertical de tubes horizontaux avec une
feuille de condensat continue, et (d) avec du condensat qui s'écoule.
Pour un tube sans ailettes de la Figure 8.13b, la courbure de l'interface est relativement grande, 𝑟_𝑐 ≈ 𝐷/2, sauf
lorsque la couche de liquide s'écarte du fond du tube. Par conséquent, 𝑝𝑙 ≈ 𝑝𝑣 le long de presque toute l'interface
liquide-vapeur, et la tension superficielle n'influence pas le débit de condensation.

Fig. 8.14 Condensation sur un tube à ailettes horizontales

La condensation sur un tube à ailettes annulaires est illustrée à la Figure 8.14. Dans ce cas, les angles vifs du tube
à ailettes entraînent de grandes variations dans la courbure de l'interface liquide-vapeur, et les effets de tension
superficielle peuvent être importants. Pour le tube à ailettes, les forces de tension superficielle ont tendance à
augmenter les coefficients de transfert de chaleur près des extrémités des ailettes, dans la partie supérieure, en
réduisant l'épaisseur du film et à diminuer les coefficients de transfert de chaleur dans la région inter-ailettes en
retenant le condensat, dans sa partie inférieure. Tout comme la couche liquide est plus épaisse au bas d'une

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117

sphère (Figure 8.13a) ou d'un tube horizontal à ailettes non palmées (Figure 8.13b), il y a plus de condensat retenu
sur la face inférieure du tube à ailettes horizontales.
Les transferts de chaleur du tube à ailettes 𝑞𝑓𝑡 peuvent être liés à ceux d'un tube sans ailettes correspondant 𝑞𝑠𝑓𝑡
par un rapport d'amélioration, 𝜀𝑓𝑡 = 𝑞𝑓𝑡 /𝑞𝑠,𝑓𝑡 . Le degré d'amélioration dépend principalement du fluide, de la
pression ambiante et de la géométrie de l'ailette, et dépend faiblement de la différence entre la température du
tube et la température ambiante.
Les petites ailettes, par rapport à celles couramment utilisées pour la convection monophasée, favorisent une
surface liquide très incurvée et, à leur tour, peuvent améliorer considérablement le transfert de chaleur. Les
petites ailettes peuvent être fabriquées, par exemple, en enlevant de la matière d'un tube de rayon 𝑟2 , comme le
montre la figure 8.14, éliminant ainsi les résistances de contact à l'interface tube-ailette. De plus, lorsqu'il est
fabriqué à partir d'un métal à haute conductivité thermique tel que le cuivre, il est souvent raisonnable de
supposer que le tube et les petites ailettes ont la même température uniforme.
Les corrélations de transfert de chaleur concernant les tubes à ailettes ont tendance à être lourdes et ont des
domaines d'application restreints. À des fins de conception, cependant, on peut utiliser des corrélations pour
estimer l'amélioration minimale associée à l'utilisation d'un tube à ailettes. Cette augmentation minimale se
produit lorsque le condensat est retenu dans toute la région entre les ailettes, et est
𝑞𝑓𝑡,𝑚𝑖𝑛 𝑡𝑟 𝑟 𝜎𝑟 1/4
𝜀𝑓𝑡,𝑚𝑖𝑛 = = 𝑆𝑟2 [𝑟1 + 1,02 (𝜌 −𝜌 1)𝑔𝑡 3 ] 8.43
𝑞𝑢𝑓𝑡 1 2 𝑙 𝑣

où 𝜌𝑙 et 𝜌𝑣 sont évalués comme décrit ci-dessous dans l'équation 8.27 et la tension superficielle est évaluée à 𝑇𝑠𝑎𝑡 .
Les améliorations réelles dépassent 𝜀𝑓𝑡,𝑚𝑖𝑛 et ont été signalées comme étant de l'ordre de 2 ≤ 𝜀𝑓𝑡 ≤ 4 pour l'eau.
Pour les tubes alignés verticalement avec une feuille de condensat continue, comme le montre la Figure 8.14c, le
coefficient de transfert de chaleur associé aux tubes inférieurs est inférieur à celui du tube supérieur car les films
sur les tubes inférieurs sont plus épais que sur le tube supérieur. Pour un étage vertical de 𝑁 tubes horizontaux
sans ailettes, le coefficient moyen (pour l'ensemble des N tubes) peut être exprimé comme suit :
ℎ̅𝐷,𝑁 = ℎ̅𝐷 𝑁 𝑛 8.44
où ℎ̅𝐷 est le coefficient de transfert de chaleur pour le tube supérieur donné par l'équation 8.41. L'analyse de
Nusselt peut être étendue pour tenir compte de l'augmentation de l'épaisseur du film de tube à tube, ce qui donne
𝑛 = −1/4. Cependant, une valeur empirique de 𝑛 = − 1/6 s'avère souvent plus appropriée.

8.10 Condensation dans des tubes horizontaux


Les condenseurs utilisés dans les systèmes de réfrigération et de climatisation impliquent généralement de la
condensation de vapeur à l'intérieur de tubes horizontaux ou verticaux. Les conditions à l'intérieur du tube
dépendent fortement de la vitesse de la vapeur s'écoulant dans le tube, de la fraction massique de vapeur X, qui
diminue le long du tube au fur et à mesure que la condensation se produit, et des propriétés du fluide. Si la vitesse
de vapeur est faible, la condensation se produit de la manière décrite à la Figure 8.15a pour un tube horizontal.
Le fluide se condense dans les régions supérieures de la paroi du tube et s'écoule vers le bas, vers une plus grande
flaque de liquide. À son tour, la couche de liquide est propulsée sur toute la longueur du tube par les forces de
cisaillement conférées par la vapeur qui s'écoule. Pour de faibles vitesses de vapeur telles que :
𝜌𝑣 𝑣𝑚,𝑣 𝐷
𝑅𝑒𝑣,𝑖 = < 35.000 8.45
𝜇𝑣
où 𝑖 fait référence à l'entrée du tube, le transfert de chaleur se produit principalement par le biais de la chute du
film de condensat. Il est recommandé d’utiliser l'équation 8.41 avec 𝐶 = 0,555 et

ℎ𝑓𝑔 = ℎ𝑓𝑔 + 0.375𝑐𝑝,𝑙 (𝑇𝑠𝑎𝑡 − 𝑇𝑠 ). La valeur de C est inférieure à celle recommandée pour la condensation à
l
'
e
x
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t
é
r
118

𝐶 = 0,729) car le transfert de chaleur associé à la couche de condensat est faible. L'évaluation des propriétés
est expliquée sous l'équation 8.27.
À des vitesses de vapeur élevées, l'écoulement diphasique devient turbulent et annulaire Figure 8.15b. La vapeur
occupe le cœur de l'anneau, dont le diamètre diminue à mesure que l'épaisseur de la couche de condensat externe
augmente dans le sens de l'écoulement. On recommande d’utiliser une corrélation empirique du coefficient de
transfert de chaleur local ℎ de la forme
ℎ𝐷 0,8 2,22
𝑁𝑢𝐷 = = 0,023𝑅𝑒𝐷,𝑙 𝑃𝑟𝑙0,4 [1 + 0,889 ] 8.46a
𝜆𝑙 𝑋𝑡𝑡
où 𝑅𝑒𝐷,𝑙 = 4𝑚̇ (1 − 𝑋)⁄(𝜋𝐷𝜇𝑙 ) , ≡ 𝑚̇𝑣 ⁄𝑚̇ est la fraction massique de vapeur dans le fluide, et 𝑋𝑡𝑡 est le
paramètre de Martinelli correspondant à l'existence d'un écoulement turbulent dans les phases liquide et vapeur
1−𝑋 0,9 𝜌𝑣 0,5 𝜇 0,1
𝑋𝑡𝑡 = ( ) (𝜌 ) (𝜇 𝑙 ) 8.46b
𝑋 𝑙 𝑣

Fig. 8.15 Condensation d'un film dans un tube horizontal. (a) Section transversale de l'écoulement des condensats pour les faibles
vitesses de vapeur. (b) Section longitudinale de l'écoulement des condensats pour les grandes vitesses de vapeur. c) Microcouches
disposées en hélice.
En générant les équations 8.46 sont évaluées toutes avec les propriétés à la température de saturation 𝑇𝑠𝑎𝑡 . Il est
recommandé d'utiliser ces équations lorsque le débit massique par unité de section transversale du tube dépasse
500 𝑘𝑔/(𝑠. 𝑚2 ). Pour la convection liquide monophasée, 𝑋 → 0, 𝑋 𝑡𝑡 → ∞ et 𝑅𝑒𝐷,𝑙 → 𝑅𝑒𝐷 .
La condensation à l'intérieur des tubes à des vitesses de vapeur intermédiaires (ou à de faibles fractions de masse
de vapeur) est caractérisée par une variété de régimes d'écoulement complexes La condensation à l'intérieur de
tubes plus petits est influencée par les effets de tension superficielle et d'autres considérations.
Les vitesses de condensation peuvent être augmentés en ajoutant de petites ailettes à l'intérieur du tube. Les
tubes à microcouches sont généralement en cuivre avec des ailettes de forme triangulaire ou trapézoïdale de8de
hauteur, comme le montre la figure 8.15c. Le transfert de chaleur est augmenté en raison de l'augmentation de
la surface du cuivre, mais aussi de la turbulence induite par la structure de l'ailette et des effets de tension
superficielle similaires à ceux décrits pour la figure 8.14. Les ailettes sont généralement disposées en forme
d'hélice ou de chevrons sur toute la longueur du tube, avec des coefficients de transfert de chaleur améliorés de
50 à 180%.

8.11 Condensation goutte à goutte


En règle générale, les coefficients de transfert de chaleur pour la condensation goutte à goutte sont d'un ordre de
grandeur plus grand que ceux pour la condensation en film. En fait, dans les applications d'échangeurs de chaleur
pour lesquelles la condensation goutte à goutte est favorisée, d'autres résistances thermiques peuvent être
nettement plus grandes que celle due à la condensation et, par conséquent, des corrélations fiables pour le
processus de condensation ne sont pas nécessaires.

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119

Parmi les nombreux systèmes surface-fluide étudiés, la plupart des données concernent la condensation de
vapeur sur des surfaces en cuivre bien favorisées, c'est-à-dire des surfaces pour lesquelles le mouillage est inhibé,
et sont corrélées par une expression de la forme suivante, l’indice dc signifiant condensation goutte à goutte
ℎ̅𝑑𝑐 = 51,104 + 2044𝑇𝑠𝑎𝑡 (℃), 22℃ ≤ 𝑇𝑠𝑎𝑡 ≤ 100℃ 8.47
ℎ̅𝑑𝑐 = 255,510 100℃ ≤ 𝑇𝑠𝑎𝑡 8.48
où le coefficient de transfert de chaleur est donné en (𝑊/(𝑚2 𝐾)). Le coefficient de transfert de chaleur et la

vitesse de condensation peuvent être calculés à partir des équations 8.30 et 8.31, où ℎ𝑓𝑔 est donné par l'équation
8.24, et les propriétés sont évaluées comme expliqué sous l'équation 8.29. L'effet du sous-refroidissement, 𝑇𝑠𝑎𝑡 −
𝑇𝑠 , sur ℎ̅𝑑𝑐 est faible et peut être négligé.
L'effet des constituants non condensables dans la vapeur peut être très important. De plus, si le matériau de
surface de condensation ne conduit pas la chaleur aussi bien que le cuivre ou l'argent, sa résistance thermique
devient un facteur. Étant donné que toute la chaleur est transférée aux gouttes, qui sont très petites et largement
réparties sur la surface,
les lignes de flux de chaleur à l'intérieur du matériau de surface près des zones actives de condensation se
rétrécissent, induisant une résistance à la constriction.

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120

IX. Rayonnement thermique


9.1. Introduction
Tous les corps matériels réels émettent et absorbent de l'énergie par rayonnement thermique une fois que la
température thermodynamique T du corps est T > 0 K. Dans les corps opaques, ces processus sont concentrés à
leur surface. Le rayonnement thermique est un rayonnement électromagnétique dans la gamme de longueurs
d'onde d'environ 0,1 μm < λ < 1000 μm, qui se traduit par un flux d'énergie et d'entropie et dont la propagation
n'est pas liée à un milieu porteur. À la suite de l'émission et de l'absorption, un transfert d'énergie net a lieu entre
des surfaces à températures différentes, transfert d’énergie qui est influencé par la diffusion, l'émission et
l'absorption d'un fluide entre ces surfaces. D'un point de vue thermodynamique, ce flux net d'énergie rayonnante
est un flux de chaleur car il est causé uniquement par une différence de température et est associé à un flux
d'entropie. A l’état d’équilibre thermique, il y a encore émission et absorption de rayonnement à la surface, mais
le flux radiant net est nul. Dans cette section, on considère le calcul des flux de chaleur rayonnante, qui peuvent
être superposés par un transfert de chaleur convectif aux surfaces. Ces flux de rayonnement apparaissent
généralement en plus des flux de chaleur convectifs et doivent donc être calculés séparément et ajoutés pour
donner le flux de chaleur global.

9.2. Le corps noir


Le rayonnement du corps noir sert de valeur de référence pour le calcul du rayonnement thermique, car ce n'est
que pour cela que l'on connaît un modèle physique exacte et simple à utiliser. Le corps noir est un émetteur idéalisé
dont la surface absorbe tous les rayonnements tombant dessus et il n'y a pas de transmission et ni de réflexion du
rayonnement sur ce corps noir. À une température T donnée, la surface du corps noir rayonne une valeur maximale
d'énergie rayonnante caractéristique de cette température. Aucun corps réel, à la même température, n'émettra
plus d'énergie rayonnante à n'importe quel intervalle de longueur d'onde λ, λ + 𝑑λ. Ce rayonnement de corps noir
présente une distribution spectrale caractéristique qui peut être dérivée de la physique quantique.
L'intensité spectrale 𝑀𝜆𝑏 , c'est-à-dire le flux d'énergie de rayonnement (en W/m²), d'un corps noir, dans un
intervalle de longueur d'onde infiniment petit 𝑑𝜆, à une longueur d'onde 𝜆 émise par un petit segment de surface
𝑑A, dans l'hémisphère environnant, est calculée par la formule de Max Planck :
𝑐
𝑀𝜆𝑏 (𝜆, 𝑇) = 𝜆5 [𝑒𝑥𝑝(𝑐 1⁄𝜆.𝑇)−1] 9.1
2
Les constantes 𝑐1 et 𝑐2 ne sont pas des nombres empiriques mais des produits de constantes de nature
fondamentales. L’exposant b pour indiquer le corps noir. Il en résulte que :
𝑊
𝑐1 = 2𝜋ℎ𝑐02 = 3,7417707. 10−16 𝑊𝑚2 = 3,7417707. 108 𝑚2 𝜇𝑚4,
𝑐2 = ℎ𝑐0 /𝑘 = 14387,75𝜇𝑚𝐾
𝑐0 vitesse de la lumière dans le vide, 𝑐0 = 299 792 458 m/s
h, Constante de Planck, h = 6.626 068 76 10−34Js
k, Constante de Boltzmann, k = 1.380 650 3 10–23 J/K
𝑏
Si la longueur d'onde λ est introduite en 𝜇𝑚, la deuxième version de 𝑐1 doit être utilisée et 𝑀𝜆 donne
W.𝑚−2 . (𝜇𝑚)−1. La constante 𝑐1 est donnée de telle sorte que la longueur d'onde λ peut être utilisée comme
d'habitude dans l'unité μm.

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121

Cette équation a une base physique quantique, elle est le produit de la densité d'état des états quantiques
d'énergie possibles d'un photon dans l'intervalle de longueur d'onde respectif (2,4.π. 𝑉 ⁄𝜆4 )dλ, du nombre
d'occupation moyen 1⁄[𝑒𝑥𝑝(ℎ𝑐)⁄𝑘𝜆𝑇 − 1] d'un état de photon en équilibre, et de l'énergie d'un photon ℎ𝑐/𝜆.
Sur la Fig. 9.1, l'intensité spectrale 𝑀𝜆𝑏 d'un corps noir, ou le flux d’énergie de rayonnement, est représentée en
fonction de la longueur d'onde 𝜆 pour quatre températures différentes.
L'intensité spectrale émise par la surface d'un corps réel ayant la même température T sera inférieure aux courbes
de la Fig. 9.1. L'intégration de l'équation (9.1) sur toutes les longueurs d'onde donne l'intensité du corps noir :

𝑀𝑏 = ∫0 𝑀𝜆𝑏 (𝜆, 𝑇)𝑑 𝜆 = 𝜎𝑇 4 9.2
Cette équation (9.2) est appelée équation de Stefan-Boltzmann, 𝝈 la constante de Stefan-Boltzmann :
2𝜋 5 𝑘 4
𝜎= = 5,67040. 10−8 𝑊 ⁄(𝑚2𝐾 4 )
15𝑐0 ℎ3

Fig. 9.1 Intensité spectrale 𝑀𝜆𝑏 d'un corps noir pour quatre températures différentes. La ligne pointillée donne la position de
l'intensité maximale telle que calculée par la loi de Wien

La température 𝑇 dans les Eq. (9.1) et (9.2) est la température thermodynamique du corps noir au voisinage de la
surface du corps émetteur, donnée en 𝐾𝑒𝑙𝑣𝑖𝑛 (𝐾) avec : T (K) = T (℃) + 273,15 K.
Pour une recherche rapide, le tableau 9.1 donne les valeurs de l'intensité du rayonnement du corps noir en
fonction de la température calculée selon l'équation (9.2).

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122

Tableau 9.1. Intensité du rayonnement du corps noir Mb en fonction de la température

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123

9.3.1. Le rayonnement des corps réels


ΔĖ est le flux d'énergie de rayonnement dans l'intervalle de longueur d'onde 𝜆 et 𝜆 + ∆ 𝜆 émis dans l'élément
d'angle solide ΔΩ d'un corps arbitraire à la température T, comme le montre la Fig. 9.2.

Fig. 9.2 Rayonnement d'un élément de surface


Ce flux de rayonnement est composé d'un rayonnement de toutes les longueurs d'onde se dirigeant dans toutes
les directions dans l'hémisphère, au-dessus de la partie émettrice de la zone ∆𝐴. La direction d'un rayon est
représentée par un élément d'angle solide ΔΩ donné en stéradian (sr), qui est calculé, à partir de l'angle polaire 𝛽
et de l'angle azimutal 𝜑, comme ∆Ω = 𝑠𝑖𝑛𝛽∆𝛽∆𝜑, voir fig. 9.2. Ainsi, pour un calcul exact du flux de rayonnement
émis par l'élément de surface ∆𝐴 d'un corps réel, tous les rayons doivent être intégrés sur toutes les longueurs
d'onde et tous les angles solides. L'énergie d'un seul rayon basique, ou radiance spectrale, est donnée sous la
forme d'une intensité directionnelle spectrale 𝐿𝜆
∆3 𝐸̇
𝐿𝜆 = 9.3
𝑐𝑜𝑠 𝛽∆𝐴∆ΩΔ𝜆
Dans ce cas, ΔE est le courant d'énergie qui est rayonné dans la gamme de longueurs d'onde comprise entre λ et
λ+Δλ dans l'angle solide ΔΩ, par rapport à la surface projetée dans la direction du faisceau cos𝛽.ΔA. Une unité
commune de 𝐿𝜆 est généralement exprimé en 𝑊.𝑚−2 . 𝜇𝑚−1 . 𝑠𝑟 −1 .
L'intégration de l'intensité directionnelle spectrale 𝐿𝜆 sur l'ensemble des directions de l'hémisphère (0 ≤ 𝛽 ≤
90° ; 0 ≤ 𝜑 ≤ 360°), telle que décrite par l'angle solide Ω = 2𝜋, donne l'intensité spectrale 𝑀𝜆 (𝜆, 𝑇)
𝑀𝜆 (𝜆, 𝑇) = ∫ 𝐿𝜆 (𝜆, 𝑇, 𝛽, 𝜑)𝑐𝑜𝑠𝛽𝑑Ω 9.4
Une autre intégration additionnant toutes les longueurs d'onde possibles (0 ≤ 𝜆 ≤ ∞) donne l'intensité M

𝑀(𝑇) = ∫0 𝑀𝜆 (𝜆, 𝑇)𝑑 𝜆 9.5
Si la température 𝑇 ou les propriétés de rayonnement (les propriétés optiques) varient le long de la surface d'un
corps réel, chaque élément de surface ∆A doit être traité séparément, et tous les éléments de surface doivent
être intégrés pour donner le rayonnement global émis par le corps considéré.
Lorsque l'intensité directionnelle spectrale 𝐿𝜆 est d'abord intégrée sur toutes les longueurs d'onde (0 ≤ 𝜆 ≤ ∞),
l'intensité directionnelle, L, indépendante de la longueur d'onde, en résulte :

𝐿(𝛽, 𝜑, 𝑇) = ∫0 𝐿𝜆 (𝜆, 𝛽, 𝜑, 𝑇)𝑑𝜆 9.6
ce qui donnera à son tour l'intensité M(T) lorsqu'il est intégré sur l'angle solide Ω(𝛽, 𝜑), M(T) est la valeur intégrale
donnant le flux global d'énergie de rayonnement émis par un élément de surface d'un corps réel en W/m2 .
L'intensité directionnelle spectrale 𝐿𝜆 sera conservée le long de sa ligne de déplacement tant qu'il n'y aura pas de
diffusion ou d'absorption de molécules ou de particules. Ainsi, une équation de bilan énergétique pour le
rayonnement, l'équation de transfert radiatif, Eq. 9.7, utilise l'intensité directionnelle spectrale 𝐿𝜆 comme valeur
de base.

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124

Dans les calculs techniques de transfert de chaleur radiatif, seules les intensités spectrales 𝑀𝜆 ou les intensités
globales M sont généralement prises en compte, très peu de calculs prennent en compte une dépendance
directionnelle des flux de rayonnement. Ceci est possible car la plupart des corps réels ne manifestent pas une
forte dépendance sur l'angle solide du rayonnement émis. La figure 9.3 donne la dépendance directionnelle de
l'émissivité de certains matériaux non conducteurs en fonction de l'angle polaire 𝛽.

La fig. 9.3. Émissivité directionnelle de certains matériaux non conducteurs [3] : (a) glace, (b) bois, (c) verre, (d) papier, (e) argile, (f)
oxyde de cuivre, (g) corindon rugueux

L'émissivité 𝜀 est expliquée dans l'Eq. 9.7. Les conducteurs électriques, tels que les métaux, présentent un
comportement différent suivant les angles solides, comme le montre la Fig. 9.4.

La fig. 9.4. Émissivité directionnelle de certains métaux à surface polie [3].

Ils ont généralement une faible émissivité pour tous les angles polaires, à l'exception des angles polaires proches
de la direction normale.
Les surfaces qui ne présentent pas ou ont une dépendance négligeable de l'intensité du rayonnement dans une
direction donnée sont appelées radiateurs diffusifs ou surfaces diffusives. Pour une surface diffusive, l'intégration
sur l'angle solide, selon l'Eq. (4), donne, pour l’intensité spectrale, :
𝑀𝜆 (𝜆, 𝑇) = 𝜋𝐿𝜆 (𝜆, 𝑇, )
ou pour l'intensité globale :
𝑀(𝑇) = 𝜋𝐿(𝑇)
Le flux d'énergie de rayonnement, émis par un élément de surface diffus ∆Ω, vu dans un angle polaire 𝛽, se lit
comme suit :
∆2 𝐸 = 𝐿(𝑇)𝑐𝑜𝑠𝛽∆𝐴∆Ω
Cette relation s’appelle loi cosinusoïdale de Lambert, et elle est utilisée pour la définition d'une surface diffuse. Le
corps noir est un radiateur diffus.

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125

La distribution spectrale du rayonnement émis par les corps réels est compliquée et ne peut pas être convertie en
formules mathématiques simples. Cette distribution spectrale dépend de la structure atomique de la région de
surface du corps, c'est quelque chose comme une empreinte digitale de chaque substance individuelle, elle peut
être calculée en principe sur la base de la théorie électromagnétique si l'indice de réfraction complexe de la
substance formant la couche moléculaire supérieure du corps rayonnant considéré est connu et si la topologie
exacte de la surface est connue. L'émission radiative des corps réels est donc liée à l'émission du corps noir par
des corrélations empiriques.
Le degré d'émission spectrale directionnelle
𝐿𝜆 (𝜆,𝛽,𝜑,𝑇)
𝜀𝜆′ (𝜆, 𝑇, 𝛽, 𝜑) = 9.7
𝐿𝑏𝜆 (𝜆,𝑇)
donne la distribution directionnelle et spectrale du rayonnement émis par un corps réel par rapport à l'intensité
spectrale 𝐿𝑏𝜆 = 𝑀𝜆𝑏 /𝜋 d'un corps noir ayant exactement la même température que le corps réel. De la même
manière, on peut ainsi définir un degré hémisphérique d’émission :
𝑀𝜆 (𝜆, 𝑇) 1
𝜀𝜆 (𝜆, 𝑇) = 𝑏 = ∫ 𝜀𝜆′ (𝜆, 𝑇, 𝛽, 𝜑)𝑐𝑜𝑠𝛽dΩ
𝑀𝜆 (𝜆, 𝑇) 𝜋
et un degré d'émission spectrale directionnel :
𝐿(𝑇, 𝛽, 𝜑) 𝜋
𝜀𝜆′ (𝑇, 𝛽, 𝜑) =
𝑏
= 𝐿(𝑇, 𝛽, 𝜑)
𝐿 (𝑇) 𝜎𝑇 4
Tous ces degrés d'émissivité ont des valeurs comprises entre zéro et un, (0 < 𝜀𝜆 ≤ 1). Étant donné que les
calculs dépendant de la longueur d'onde et/ou de la direction sont encore trop complexes pour la plupart des
calculs de transfert de chaleur, le degré d'émission hémisphérique global est défini comme suit :
𝑀(𝜆,𝑇) 𝑀(𝜆,𝑇)
𝜀(𝑇) = = 9.8
𝑀𝑏 (𝜆,𝑇) 𝜎𝑇 4
qui est le rapport de l'intensité émise par le corps réel à une température T et de l'intensité du corps noir à la
même température T. Si le degré d'émission 𝜀 d'un corps réel à la température T est connu, l'intensité du
rayonnement de ce corps est calculée par

𝑀(𝑇) = 𝜀(𝑇). 𝑀𝑏 (𝑇) = 𝜀(𝑇). 𝜎𝑇 4 = ∫0 𝜀𝜆 (𝜆, 𝑇).𝑀𝜆𝑏 (𝜆, 𝑇)𝑑𝜆 9.9
Le tableau 9.1 peut être utilisé ici pour trouver des valeurs pour l'intensité du corps noir𝑀𝑏 (𝑇)). Un corps qui n'est
pas noir mais qui a un degré d'émission spectral constant 𝜀𝜆 = const. = 𝜀 ≤ 1 est appelé un corps gris.
Typiquement, la loi du cosinus de Lambert est également supposée valide pour les corps gris. La figure 9.5 montre
l'intensité spectrale 𝑀𝜆 (𝑇 = 473 𝐾) pour un corps noir, gris et un corps réel.

La fig. 9.5. L'intensité spectrale 𝑀𝜆 pour un corps noir, un corps gris 𝜀 = 0,6 et un corps arbitraire, chacun à T = 473 K.

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128

Tableau 9.2. Degrés d'émissions 𝑒 ou degrés directionnels d'émission en (𝑏 = 0) pour certains matériaux en fonction de la
température T

Le tableau 9.2 donne le degré hémisphérique d'émission 𝜀(𝑇) pour différents matériaux. Dans certains cas, le
degré directionnel d'émission 𝜀𝑛 = 𝜀 ′ (𝛽 = 0°)est donné pour une direction perpendiculaire à la surface. La
conversion approximative de 𝜀𝑛 en 𝜀 est illustrée à la figure 9.6, qui illustre le rapport de ces deux valeurs pour
les métaux (courbe b) et les matériaux non conducteurs (courbe a).

La fig. 9.6. Degré global d'émission 𝜀 indiqué en fonction de 𝜀𝑛 pour le même matériau. La courbe (a) concerne les matériaux non
conducteurs et la courbe (b) les métaux.

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129

Notez que les émissivités sont très sensibles aux différents états de surface, de sorte que vous pouvez trouver
pour certains matériaux des valeurs pour 𝜀 qui s'écartent des valeurs données dans le tableau 9.2. D'autres degrés
d'émissivité peuvent être trouvés dans la littérature. D'autres paramètres qui caractérisent les propriétés optiques
d'un matériau sont le degré d'absorption 𝑎, le degré de réflexion 𝑟 et le degré de transmission 𝑡. Ces paramètres
ne sont pas liés aux caractéristiques du corps noir, mais sont basés sur le flux global d'énergie de rayonnement
entrant E. Le flux global de rayonnement entrant E est le rayonnement spécifique zonal qui frappe une surface,
intégré dans toutes les directions (c'est-à-dire l'hémisphère) et dans toutes les longueurs d'onde. Selon l'intensité
spectrale hémisphérique 𝑀𝜆 , on peut introduire un flux spectral de rayonnement entrant, également appelé
radiosité, 𝐸𝜆 , de sorte que

𝐸 = ∫ 𝐸𝜆 (𝜆)𝑑𝜆
0
Contrairement aux corps noirs, les corps réels n'absorbent pas tous les rayonnements incidents. Une partie du
rayonnement sera réfléchie, une autre partie pourra traverser le corps (transmission), et seul le reste sera
absorbé et converti en énergie interne du corps. Le degré d'absorption hémisphère global :
1
𝑎(𝑇) = 𝑎𝜆 (𝜆, 𝑇)𝐸𝜆 (𝜆)𝑑𝜆
𝐸
donne la partie du rayonnement entrant qui est absorbée par le corps lorsque 𝑎𝜆 (𝑇, 𝜆) est le degré spectral
d'absorption et a(T) est le degré global d'absorption. Les degrés spectraux et globaux d'absorption atteignent une
valeur de un pour le corps noir, pour les corps réels, ils sont compris entre zéro et un. Un degré spectral
directionnel d'absorption 𝑎𝜆′ (𝜆, 𝑇, 𝛽, 𝜑)pourrait également être introduit. Selon la première et la deuxième loi de
la thermodynamique, le degré spectral directionnel d'absorption doit être égal au degré spectral directionnel
d'émission
𝑎𝜆′ (𝜆, 𝑇, 𝛽, 𝜑) = 𝜀𝜆′ (𝜆, 𝑇, 𝛽, 𝜑) 9.10
L'Eq. 9.10 est connue sous le nom de loi de Kirchhoff, et elle donne un outil puissant pour calculer les degrés
d'absorption à partir des degrés d'émission mesurés.
Si le corps réel se comporte comme un radiateur diffus selon la loi de Lambert, l'Eq. 9.10 peut être étendue à des
grandeurs hémisphériques spectrales 𝑎𝜆 = 𝜀𝜆 . Si le corps est un corps gris, l'Eq. 9.10 donne finalement a(𝑇) =
𝜀(𝑇).
Une autre propriété optique est le degré de réflexion r. Le degré de réflexion hémisphérique est défini comme
suit :

1
𝑟(𝑇) = ∫ 𝑟𝜆 (𝜆, 𝑇) 𝐸𝜆 (𝜆)𝑑𝜆𝑟𝜆
𝐸
0
comme la partie réfléchie du flux d'énergie de rayonnement entrant E qui frappe une surface. 𝑟𝜆 (𝜆, 𝑇) est le degré
spectral de réflexion. Le degré spectral directionnel de réflexion 𝑟𝜆′ (𝜆, 𝑇, 𝛽, 𝜑) peut être mesuré à l'aide d'un
ellipsomètre.
Enfin, le degré spectral de transmission 𝜏𝜆 est introduit, ce qui donne la fraction de l'énergie spectrale de
rayonnement spécifique entrante 𝐸𝜆 qui traverse un corps. Une équation de bilan énergétique pour un corps
irradié donne la relation importante
𝑎𝜆 (𝜆, 𝑇) + 𝑟𝜆 (𝜆, 𝑇) + 𝜏𝜆 (𝜆, 𝑇) = 1
Des tableaux détaillés qui incluent ces propriétés optiques pour de nombreux matériaux différents sont à trouver
dans la littérature.

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130

9.4. Transfert de chaleur par rayonnement entre surfaces


9.4.1. Cas simples
Si deux surfaces parallèles 1 et 2 de taille égale, ayant chacune des caractéristiques de corps noir (on les appelle
donc surfaces noires) mais des températures différentes, se font face, l'énergie thermique nette transférée de la
surface la plus chaude à la surface la plus froide est
𝑄̇12 = 𝜎𝐴(𝑇14 − 𝑇24 ) 9.11
Pour que l'Eq. 9.11 soit valide, l'extension linéaire des surfaces doit être beaucoup plus grande que la distance
entre elles, de même que l'espace entre les plaques doit être libre de tout milieu participant. Si ces surfaces sont
des surfaces grises ayant des émissivités 𝜀1 et 𝜀2 , le transfert de rayonnement entre les plaques devient plus
compliqué. C'est à cause de la réflexion qui entre en jeu et qui doit être prise en compte. L'équation du transfert
de chaleur net entre les plaques grises devient maintenant
𝑄̇12 = 𝐶12 𝐴(𝑇14 − 𝑇24 ) 9.12
en 𝑊, où le facteur d'échange de rayonnement
𝜎
𝐶12 = 1 1 9.13
+ −1
𝜀1 𝜀2

montre l'influence de la géométrie et des émissivités. L'Eq. 9.13 n'est valable que pour les plaques parallèles. Les
températures dans les Eq. (9.11) et (9.12) sont des températures absolues en Kelvin, comme dans toutes les
équations concernant le transfert d'énergie de rayonnement.
Un autre cas géométrique particulier est la situation concentrique du tuyau illustrée à la Fig. 9.7.

La fig. 9.7. Deux tuyaux concentriques 1 et 2.


Les cylindres sont censés être à nouveau des corps gris, maintenant le facteur d'échange de rayonnement est
𝜎
𝐶12 = 1 𝐴1 1 9.14
+ ( −1)
𝜀1 𝐴2 𝜀2

Pour le calcul du flux de chaleur net 𝑄̇12 du corps 1 au corps 2, il faut utiliser la surface A dans l'équation (9.12).
Deux cas particuliers peuvent être déduits de l'Eq. 9.14. Si 𝐴1 << 𝐴2 , comme dans le cas d'un tuyau dans une
grande pièce (qui n'a plus besoin d'être cylindrique), le facteur d'échange de rayonnement se réduit à 𝐶12 = 𝑒1 𝜎.
Si de l'autre côté, 𝐴1 ≈ 𝐴2 , c'est-à-dire que les surfaces des tuyaux sont proches l'une de l'autre, le facteur
d'échange de rayonnement se transforme dans le cas des plaques parallèles, Eq. 9.13 :
𝜎
𝐶12 =
1 1
𝜀1 + 𝜀2 − 1

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131

9.4.2. Facteurs de vue


Les deux cas de transfert de chaleur par rayonnement traités dans la section précédente étaient des cas
particuliers dans lesquels tout le rayonnement émis par l'objet 1 atteignait l'objet 2. Dans une situation de
rayonnement thermique standard avec des surfaces de taille et d'orientation arbitraires 𝐴1 et 𝐴2 , seule une
fraction du rayonnement émis par 𝐴1 atteint réellement 𝐴2, et vice versa, seule une fraction différente de tout le
rayonnement émis par 𝐴2 atteint 𝐴1. Cette fraction de rayonnement partant d'un corps i d'aire𝐴𝑖 atteignant la
surface d'un autre corps k avec l'aire 𝐴𝑘 , divisée par l'ensemble du rayonnement émis par la surface i, est appelée
facteur de vue 𝜑𝑖𝑘
é𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒 𝑑𝑒 𝑟𝑎𝑦𝑜𝑛𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑖 𝑎𝑡𝑡𝑒𝑖𝑔𝑛𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑎 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑘
𝜑𝑖𝑘 =
𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑟𝑎𝑦𝑜𝑛𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 é𝑚𝑖𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑎 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑖
Le facteur de vue 𝜑𝑖𝑘 est une valeur purement géométrique, et il est défini comme
1 cos 𝛽1 𝑐𝑜𝑠𝛽2
𝜑12 = ∫ ∫ 𝑑𝐴1 𝑑𝐴2
𝜋𝐴1 𝐴1 𝐴2 𝑠2
Cette équation est expliquée plus en détail dans un autre chapitre, qui est consacré aux facteurs de vue de
nombreuses situations géométriques différentes. L'énergie nette de rayonnement échangée entre deux surfaces
noires 𝐴1et𝐴2 , qui est égale au flux de chaleur net, est calculée comme la différence des énergies absolues de
rayonnement vers et depuis ces surfaces
𝑄̇12 = 𝜑12 𝐴1 𝜎𝑇14 − 𝜑21 𝐴2 𝜎𝑇24 9.15
En cas d'équilibre thermique 𝑇1 = 𝑇2 , l'échange d'énergie net résultant doit être nul. Ainsi, nous avons
𝐴
𝜑21 = 𝐴1 𝜑12 9.16
2

En utilisant cette relation, l'Eq. 9.15 peut s'écrire comme suit :


𝑄̇12 = 𝜑12 𝐴1 𝜎(𝑇14 − 𝑇24 ) 9.17a
Pour les surfaces grises, une partie du rayonnement atteignant 𝐴2 sera réfléchie vers 𝐴1. Pour cette situation, des
méthodes de traçage du rayonnement doivent être appliquées. Ce n'est que pour les surfaces grises ayant des
degrés d'émissivité 𝜀1 et 𝜀2 qu'une solution simple peut être obtenue par des méthodes de séries infinies qui se
lisent comme suit :
𝜀1 𝜀2 𝜑12
𝑄̇12 = 𝜎𝐴1 (𝑇14 − 𝑇24 ) 9.17b
1−(1−𝜀1 )(1−𝜀2 )𝜑12 𝜑21
L'un des principaux problèmes dans le calcul du transfert de chaleur par rayonnement est d'obtenir les facteurs
de vue appropriés. Comme ils sont de nature purement géométrique, ces facteurs de vue sont compilés pour de
nombreuses situations techniques. Avant de les introduire, quelques règles importantes pour le traitement des
facteurs de vue sont données.
1. Relation réciproque : comme nous l'avons vu précédemment, nous avons pour toutes les situations, c'est ce
qu'on appelle la relation de réciprocité.
𝐴𝑖 𝜑𝑖𝑘 = 𝐴𝑘 𝜑𝑘𝑖 9.18
2. Relation réciproque étendue : cette extension de l'Eq. 9.18 se réfère à la figure 9.8, et elle est valable pour les
surfaces qui sont parallèles les unes aux autres ou qui ont une ligne de frontière commune
𝐴1 𝜑14 = 𝐴2 𝜑23 = 𝐴3 𝜑32 = 𝐴4 𝜑41 9.19

Cours Phénomènes d’Echanges


132

Fig. 9.8 Relation réciproque étendue.

3. Récapitulatif de la relation: si l'hémisphère qui est vu par la surface i est complètement entouré par d'autres
surfaces k, tout le rayonnement sortant de la surface i frappe l'une de ces autres surfaces environnantes.
L'équation de conservation de l'énergie donne alors la relation récapitulative qui est illustré à la Fig. 9.9.
∑𝑛𝑘=1 𝜑𝑖𝑘 = 1 9.20

La fig. 9.9. Relation récapitulative.

Si l'on considère, par exemple, la surface i = 1, la relation récapitulative se lit comme suit :
𝜑12 + 𝜑13 + 𝜑14 + 𝜑15 + 𝜑16 + 𝜑17 + 𝜑18 = 1
Si une surface a une courbure, il peut arriver qu'une partie de cette surface puisse se voir. Cela serait vrai
pour une surface de forme convexe comme la face intérieure d'un bol. Dans cette situation, il a son propre
facteur de vue 𝜑𝑖𝑖 > 0 : Une surface plane ou une surface concave a toujours un facteur de vue 𝜑𝑖𝑖 = 0:
4 Relation de fractionnement : Pour une situation illustrée à la Fig. 9.10, nous avons

La fig. 9.10. Relation de fractionnement.


𝐴1 = 𝐴1′ + 𝐴1′′
Alors la relation de réciprocité, l'Eq. 9.18, donne
𝐴1 𝜑12 = 𝐴1′ 𝜑12

+ 𝐴1′′ 𝜑12
′′
9.21

Cours Phénomènes d’Echanges


133

pour tous les angles 𝜑.


Exemple 1 :
Un volume est entouré d'un hémisphère et d'un plan circulaire, comme le montre la Fig. 9.11. Les facteurs de
vue pour ces deux surfaces sont calculés comme suit :

La fig. 9.11. Surfaces considérées dans l'exemple 1.


𝜑11 = 0 𝜑12 = 1
𝐴1
𝜑21 = 𝐴 (relation réciproque)
2
𝐴
𝜑22 = 1 − 𝐴1 (Relation récapitulative)
2

9.5. Transfert de chaleur par rayonnement entre deux ou


plusieurs surfaces
9.5.1. Méthode de cavité
En général, le calcul du transfert de chaleur radiative est extrêmement complexe, car pour une surface, l'énergie
nette de rayonnement de tout l'environnement vu par cette surface doit être considérée comme une fonction de
la longueur d'onde et de l'angle solide. Une grande étape pour simplifier de tels calculs est d'adopter les propriétés
d'une surface grise pour toutes les surfaces considérées, de sorte que la loi du cosinus de Lambert tient compte
de la dépendance directionnelle et que le spectre du corps noir, réduit par le degré constant d'émission e, rend
compte du comportement spectral simplifié de chaque surface. L'autre problème, l'interaction d'une surface
considérée avec toutes les surfaces environnantes en contact visuel avec cette surface spécifique, ne peut être
simplifiée que si deux surfaces ont des températures supérieures à la température des autres surfaces. Ce n'est
qu'à ce moment-là que les Eq. 9.17b ou 9.14 de la section 2 précédente peuvent être appliquées pour calculer le
flux de chaleur radiatif net d'une surface. Si d'autres surfaces doivent également être envisagées, la méthode de
la cavité est recommandée.
D'après la figure 9.12, quelques définitions doivent être introduites ici au préalable :

La fig. 9.12. La définition de quelques nouvelles variables nécessaires à la méthode de la cavité.

Cours Phénomènes d’Echanges


134

𝐻𝑖 Somme élevée de tous les flux de rayonnement s'approchant d'une surface i (rayonnement incident,
luminosité) en W/m2
𝐵𝑖 somme de tous les flux de rayonnement sortant d'une surface i (rayonnement sortant) en W/m2 , qui est la
partie réfléchie (1 – 𝑎𝑖 ) ·𝐻𝑖 , plus sa propre émission 𝐸𝑖 . La transmission n'est pas prise en compte.
𝑄̇𝑖 flux de chaleur thermique conducteur ou convectif vers ou depuis la surface i en W.

Avec ces définitions et une équation pour la conservation de l'énergie de la surface i, nous obtenons un ensemble
de n équations algébriques pour résoudre l'échange radiatif entre ces n surfaces formant l'enceinte :
𝐻𝑖 = ∑𝑁 𝑘=1 𝐵𝑘 𝜑𝑘𝑖 9.22
𝑛
𝐵𝑖 = 𝐸𝑖 + (1 − 𝜀𝑖 ) ∑𝑘=1 𝐵𝑘 𝜑𝑘𝑖 9.23
𝐶
𝑄𝑖 = (𝐵𝐼 − ℎ𝐼 )𝐴𝐼 pour 𝜀𝑖 ≤ 1 9.24
𝐴
𝑄𝑖𝐶 = 1−𝜀𝐼 (𝐸𝐼 − 𝜀𝐼 𝐵𝐼 ) pour 𝜀𝑖 ≤ 1 9.25
𝐼

Ces équations sont vraies pour le cas stationnaire où toutes les surfaces de la cavité sont supposées être des
surfaces grises et qu'aucun rayonnement gazeux volumétrique n'est pris en compte à l'intérieur de la cavité. Pour
les surfaces adiabatiques à l'intérieur de la cavité, nous avons
𝑄𝑖 = 0 𝑒𝑡̇ 𝐻𝑖 = 𝐵𝑖 9.26
Example 2
Dans cet exemple, le flux d'énergie radiative nette entre les deux plans parallèles 𝐴1 et 𝐴2 (Fig. 9.13) doit être
calculé à l'aide de la méthode de la cavité.

La fig. 9.13. Échange de chaleur radiatif entre deux plaques parallèles abordé dans l'exemple 2.

L'influence des surfaces latérales 𝐴3 et 𝐴4 est à négliger. L'aire 𝐴1 = 𝐴2 = A, les émissivités 𝜀1 et 𝜀2 ainsi que les
températures 𝑇1 et 𝑇2 sont données. Ainsi, nous avons pour les facteurs de vue
𝜑11 = 𝜑22 = 0 et 𝜑12 = 𝜑21 ≈ 1 et 𝜑13 = 𝜑23 = 𝜑14 = 𝜑24 ≈ 0

La fig. 9.14. Le facteur de transmission du rayonnement dans l'équation (9.28) en fonction de l'émissivité des surfaces.

Cours Phénomènes d’Echanges


135

La fig. 9.15. Émissivité effective d'une sphère creuse.


L’équation 9.23 donne :
𝐵1 = 𝐸1 + (1 − 𝜀1 ). 𝐵2 . 𝜑21 et 𝐵2 = 𝐸2 + (1 − 𝜀2 ). 𝐵1 . 𝜑12
Ce qui donne l'émission globale sortante 𝐵1 et 𝐵2 de chaque surface :

La fig. 9.16. Degré d'émission effectif pour les trous cylindriques en fonction du rapport hauteur/largeur L/R et du degré d'émission
de la paroi.

La fig.9.17. Degré d'émission effectif pour les cavités rectangulaires en fonction du rapport d'aspect L/h et du degré d'émission de
la paroi.
𝐸1 +(1−𝜀1 ).𝐸2 𝐸2 +(1−𝜀2 ).𝐸1
𝐵1 = et 𝐵2 =
𝜀1 +𝜀2 −𝜀1 .𝜀2 𝜀1 +𝜀2 −𝜀1 .𝜀2
Le flux de chaleur net 𝑄𝑖′ pour la surface 1, par exemple, résulte des Eq. 9.24 et 9.22

Cours Phénomènes d’Echanges


136

̇ 𝜀2 𝐸1 −𝜀1 𝐸2
𝑄̇1 = (𝐵1 − 𝐻1 )𝐴1 = (𝐵1 − 𝐵2 )𝐴1 = 𝐴1
𝜀1 −𝜀2 −𝜀1 𝜀2
ou
𝜎𝐴1
𝑄̇1 = (𝑇14 − 𝑇24 )
1 1
𝜀1 + 𝜀2 − 1
Dans ce cas particulier ayant des plaques parallèles, le résultat est le même que celui donné par l'Eq. 9.12, même
si 𝑄̇𝑖𝑐 et 𝑄̇12 ont des définitions différentes.
9.5.2 Transfert de chaleur par rayonnement dans des couches garnies
À des températures élevées, le transfert de chaleur par rayonnement entre les particules d'une couche garnie
devient important, surtout si d'autres modes de transfert de chaleur tels que la conduction et la convection sont
faibles. En règle générale, si le diamètre de la particule d est beaucoup plus grand que la longueur d'onde 𝜆, d >>
𝜆, un lit garni se comporte comme un matériau optique dense où le libre parcours moyen d'un photon est de
l'ordre du diamètre d'une particule. Comme l'a montré Vortmeyer, le transfert de chaleur radiatif peut alors être
calculé par la loi de la conduction thermique de Fourier, en utilisant une conductivité de rayonnement effective 𝜆𝑠

La fig. 9.18. Émissivité effective pour une cavité cunéiforme de longueur infinie en fonction de l'émissivité de la paroi.

La fig. 9.19. Degré d'émission effectif pour une cavité de forme cylindrique de longueur infinie.

Cours Phénomènes d’Echanges


137

La fig. 9.20. Degré d'émission effectif pour une cavité à paroi parallèle de longueur infinie.

La fig. 9.21. Degré d'émission effectif pour un trou cylindrique à deux extrémités ouvertes.

La fig. 9.22. Degré d'émission effectif pour les plans parallèles en forme de cercle.

Cours Phénomènes d’Echanges


138

La fig. 9.23. Degré d'émission effectif pour une arête à parois perpendiculaires et de longueur infinie.

Le flux spécifique de chaleur de la zone 𝑞̇ en W/m2 est


𝑑𝑇
𝑞̇ = −𝜆𝑠 9.27
𝑑𝑥
où x est la coordonnée le long de l'axe principal du lit garni.
La conductivité due au rayonnement 𝜆𝑠 est calculée par
2𝐵+𝜀(1−𝐵) 𝑊
𝜆𝑠 = 𝜎4𝑇 3 𝑑 en .𝐾 9.28
2(1−𝐵)−𝜀(1−𝐵) 𝑚
Dans l'Eq. 9.28, nous avons :
𝜀 émissivité d'une particule à l'intérieur du lit garni
B facteur de transmission du rayonnement Fig. 9.14
d diamètre moyen des particules
2𝜋5 𝑘 4
𝜎 constante de Stefan-Boltzmann, 𝜎 = = 5,67040. 10−8 𝑊 ⁄(𝑚2 𝐾 4 )
15𝑐0 ℎ3
Le facteur de transmission du rayonnement B dépend également de la porosité du lit garni. Pour la dépendance
au degré d'émission des particules 𝜀 représenté à la Fig. 9.14, on a supposé une porosité moyenne de 40 %.
La dérivation de l'équation (9.28) est basée sur l'hypothèse que les particules du lit garni ont une conductivité
thermique élevée 𝜆. Cette équation s'écarte donc de celle des lits compactés ayant des particules solides à faible
conductivité thermique. Plus de détails ainsi que d'autres théories sur le transfert de chaleur efficace dans les lits
garnis peuvent être trouvés dans la littérature.
9.5.3. Rayonnement à partir des cavités
Le rayonnement qui s'échappe d'une enceinte isotherme, n'ayant qu'une petite ouverture, donne un
rayonnement de corps noir, en bonne approximation (𝜀𝑒𝑓𝑓 ≈ 1), indépendamment du degré d'émissivité du
matériau environnant de la cavité. C'est parce que le rayonnement du corps noir est physiquement lié au
rayonnement ''du vide'', c'est-à-dire au rayonnement à l'intérieur de n'importe quelle cavité isotherme. Si une
surface comporte des cavités avec de grandes ouvertures, comme une table de montage avec des trous de perçage
ou des fentes, le degré d'émissivité de cette surface sera inférieur à celui d'une surface de corps noir, mais
supérieur à l'émissivité du matériau de la paroi plane 𝜀. Le degré effectif d'émissivité d'une cavité sphérique
représentée sur la figure 9.15, par exemple, est donné par Eckert comme étant
𝜀
𝜀𝑒𝑓𝑓 =
𝐴′
𝜀 + (1 − 𝜀)
𝐴
Les figures 9.16 à 9.23 donnent le degré d'émission effectif pour des cavités de formes géométriques différentes,
comme des trous cylindriques ou des interstices triangulaires. Le rayonnement qui s'échappe de ces cavités n'est

Cours Phénomènes d’Echanges


139

généralement pas un rayonnement diffusif, de sorte que la loi du cosinus de Lambert ne sera pas vraiment valide,
même si le matériau de la paroi lui-même peut être un corps gris.

9.6. Rayonnement des faisceaux de tubes


Un facteur important dans la conception des chaudières et des fours est la chaleur transférée par rayonnement
sur les rangées de tubes qui tapissent les parois ou qui y sont intégrés. La méthode de calcul est analogue à celle
adoptée pour le rayonnement des résistances chauffantes à barres électriques dans les fours électriques. Les
facteurs de vue calculés par Eckert et Hottel sont présentés dans les figures 9.45 à 9.47 pour la détermination du
flux rayonnant émanant d'une surface rayonnante et intercepté par des rangées de tubes. Dans ce cas particulier,
le facteur de vue 𝜑12 est également appelé rapport de surface 𝜓̇ .
En utilisant ces diagrammes, il faut faire une distinction entre les facteurs de vue qui s'appliquent à l'échange
direct entre le mur et les tubes et ceux qui se réfèrent à l'échange d'énergie total global. La dérivation de ce dernier
a été basée sur l'hypothèse que la paroi réfractaire derrière les rangées de tubes est adiabatique, c'est-à-dire
qu'elle renvoie tous les rayonnements incidents, et que les tubes et la surface d'émission sont des radiateurs à
corps noir.
L'expérience a montré que l'émissivité des tubes 𝜀𝑅 et celle de la paroi rayonnante 𝜀𝑤 sont proches de l'unité,
c'est-à-dire des corps noirs. Par conséquent, si l'on ne tient pas compte des fractions réfléchies, le flux de chaleur
provoqué par le rayonnement peut être décrit comme suit :
𝑞̇ 𝑤 = 𝜀𝑤 𝜀𝑅 𝜎𝜓(𝑇𝑤4 − 𝑇𝑅4 ) 9.59
où 𝑞̇ 𝑤 est le flux de chaleur par unité de surface de la paroi rayonnante.

Fig. 9.45. Rapport de surface C sur une surface A recouverte d'un banc de tubes
Courbe a Rayonnement global total incident sur la berge comme dans le cas 1 avec e > s
Courbe b Comme dans le cas 2
Courbe c Comme dans le cas 3
Courbe d ou e Rayonnement direct sur la surface du mur comme dans les cas 1 et 2 ou Cas 3
pour la courbe e.

Cours Phénomènes d’Echanges


140

Fig. 9.46. Rapport de surface C à la surface A = B*L doublée d'un banc de tubes constitué de deux rangées décalées . La largeur de la
surface est B, la longueur est L.

Fig. 9.47. Rapport de la surface C à la surface A = B*L doublée d'une rangée de tubes ou de deux rangées disposées en ligne
(espacement s1 = 2da) .
Si s est la distance centre à centre entre les axes des tubes, comme le montre la Fig. 9.45, l'énergie rayonnante
transférée par unité de surface de tube par une rangée de tubes est
𝑞̇ 𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 𝑠
𝑞̇ 𝑅 = 9.60a
𝑑𝑎 𝜋
et par deux rangées de tubes,
𝑞̇ 𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 𝑠
𝑞̇ 𝑅 = 2𝑑𝑎 𝜋
9.60b

Cours Phénomènes d’Echanges


141

Les valeurs de ψ pour chacune des deux rangées d'une double rangée de tubes peuvent être obtenues à partir des
Fig. 9.46 et 9.47. La chaleur appliquée à chaque rangée peut ensuite être déterminée à partir de ces chiffres.

La fig. 9.46. Rapport d'aire C pour la surface A = B*L bordée d'une rangée de tubes constituée de deux rangées décalées . La largeur
de la surface est B, la longueur est L
.

Cours Phénomènes d’Echanges


142

Fig. 9.47. Rapport de surface ψ pour la surface A = B*L doublée d'une rangée de tubes ou de deux rangées disposées en ligne
(espacement 𝑠1 = 2𝑑𝑎 )
Si s est l’entraxe, de centre à centre entre les axes, des tubes adjacents, comme le montre la Fig. 9.45, l'énergie
rayonnante transférée par unité de surface de tube par une rangée de tubes est
𝑞̇ 𝑊 𝑠
𝑞̇ 𝑅 = 𝑑𝑎 𝜋
9.61a
et par deux rangées de tubes,
𝑞̇ 𝑠
𝑞̇ 𝑅 = 2𝑑𝑊 𝜋 9.61b
𝑎

Les valeurs de ψ pour chacune des deux rangées d'une double rangée de tubes peuvent être obtenues à partir des
figures 9.46 et 9.47. La chaleur appliquée à chaque rangée peut ensuite être déterminée à partir de ces chiffres.

9.7.Symboles
Symboles
a degré d'absorbance de A surface, en 𝑚2
𝐵𝑖 somme de tous les flux de rayonnement sortant de la surface I dans l'approche de l'enceinte, en W/m2
𝑐0 vitesse de la lumière dans le vide, 𝑐0 = 299 792 458 m/s

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143

𝐶𝑖𝑘 facteur d'échange de rayonnement


E flux d'énergie de rayonnement entrant en contact avec une surface, en W/m2
∆E flux d'énergie de rayonnement, en W
h constante de Planck, h = 6,626 068 76 10–34 J s
𝐻𝑖 Somme de tous les flux de rayonnement approchant de la surface i dans l'enceinte, en W/m2
k constante de Boltzmann, k = 1,380 650 . 3 10–23 J/K
L intensité directionnelle
M flux d'énergie de rayonnement émis par une surface, en W/m2
𝑄𝑖𝑘 flux de chaleur radiative nette entre les surfaces i et k, en W.
r degré de réflexion
T température thermodynamique, in K
𝛽 angle polaire entre la normale d'une surface et le rayon du rayonnement considéré, en rad
𝜀 degré d'émission
𝜑 angle d'azimut
𝜑𝑖𝑘 facteur de vue entre la longueur d'onde de la surface i et k,
𝜆 longueur d’onde, en mm
Ω angle solide, en sr
𝜎 constante de Stefan-Boltzmann, s = 5.67040 10–8 W/m2 K4
𝜏 degré de transmission
𝑇𝑔 température du gaz (K)
𝑇𝑤 température de paroi (K)
𝜀𝑔 émissivité du gaz (–)
𝑒𝑤 émissivité de la paroi qui entoure le gaz (–)
𝜀′𝑔 émissivité du gaz sans correction de pression (–)
𝜀𝑔𝑤 émissivité du gaz, basée sur la température de paroi (–)
∆𝐸 paramètre de correction dans le calcul des mélanges de gaz (–)
𝐴𝑣 absorbance du gaz, en fonction de la géométrie (–)
Τ densité optique (–)
R rayon (m)
𝑠é𝑞 épaisseur équivalente de la couche (m)
𝑝𝑔 pression partielle d'un composant gazeux (bar)
I intensité (𝑊𝑚−2𝑠𝑟 −1 )
𝑄̇𝑔𝑤 flux de chaleur du rayonnement entre le gaz et la paroi (W)
∆ rapport d'équivalence (–)
D longueur caractéristique (m)
A degré d'absorption (–)
Indices et exposants
b black body
𝜆 grandeur spectrale, grandeur directionnelle

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144

X ECHANGEURS DE CHALEUR
Définitions
Condensation Conversion d'une vapeur en liquide avec élimination de la chaleur latente dite de la condensation
de la vapeur.
Condenseur Échangeur de chaleur dont la fonction principale est de condenser une vapeur en transférant la
chaleur à un flux de liquide de refroidissement.
Conduction Transfert de chaleur à l'intérieur d'une substance par mouvement moléculaire (et également par flux
d'électrons dans les conducteurs électriques). Le mouvement moléculaire peut être un déplacement réel de
molécules (le mécanisme prédominant dans les gaz) ou peut être des collisions entre des molécules vibrantes
adjacentes (le mécanisme prédominant dans les liquides et les solides non métalliques).
Convection Transfert de chaleur à l'intérieur d'un fluide en écoulement, par translation physique d'un élément du
fluide (constitué d'un très grand membre de molécules) caractérisé par une température, à une autre partie du
champ d'écoulement, à une température différente. La chaleur est transportée comme l'énergie interne des
molécules.
Encrassement Dépôt indésirable sur la surface de transfert de chaleur en raison de la sédimentation, de la
cristallisation, des films biologiques, de la corrosion et/ou de la dégradation thermique des fluides organiques du
procédé.
Échangeur de chaleur Tout appareil qui permet à deux fluides ou plus, à des températures différentes, de
transférer la chaleur du ou des flux les plus chauds au(x) courant(s) plus froid(s). Habituellement, les flux sont
séparés par des parois solides, mais les flux peuvent se mélanger dans des échangeurs de chaleur à contact direct.
Coefficient de transfert de chaleur Rapport entre la quantité de chaleur transférée dans un échangeur de chaleur
(en watts) et le produit, de la surface de transfert de chaleur de l'échangeur de chaleur (en mètres carrés) et de la
différence de température moyenne entre les flux chauds et froids (en kelvins). Plus le coefficient de transfert de
chaleur est élevé, plus le processus de transfert de chaleur est efficace.
Transfert de chaleur latente Transfert de chaleur nécessaire pour provoquer un changement de phase (par
exemple, condensation ou vaporisation) dans un fluide. (Comparer avec un transfert de chaleur sensible.) De
nombreux échangeurs de chaleur impliquent à la fois un transfert de chaleur latent et sensible.
Différence de température moyenne Différence entre la température du flux chaud et la température du flux
froid dans un échangeur de chaleur. C'est la force motrice du processus de transfert de chaleur.
Perte de charge Diminution de la pression statique d'un flux entre l'entrée et la sortie d'un échangeur de chaleur.
Transfert de chaleur sensible Transfert de chaleur nécessaire pour provoquer un changement de température
dans un fluide. (Comparer avec le transfert de chaleur latent.)
Puissance thermique : quantité totale de chaleur transférée, d'un flux à l'autre dans un échangeur de chaleur.
Vaporisation Conversion d'un liquide en vapeur en ajoutant la chaleur latente de la vaporisation au liquide. «
Bouillir » est un synonyme couramment utilisé, mais n'est pas aussi précis.
Vaporisateur Échangeur de chaleur dont la fonction principale est de vaporiser un liquide en transférant la chaleur
d'un flux chaud. Également appelé « rebouilleur » dans certaines applications.
Introduction
Les Échangeurs de chaleur jouent un rôle essentiel dans l’industrie chimique et métallurgique. Dans une usine
typique, les échangeurs de chaleur amènent les flux d'alimentation à la bonne température pour les réacteurs,

Cours Phénomènes d’Echanges


145

fournissent des flux de vapeur et de liquide pour les étapes de séparation et de purification, et enfin refroidissent
les produits pour le stockage et l'expédition.
Mais les mêmes types d'échangeurs de chaleur sont utilisés dans une grande variété de services auxiliaires dans
les usines et dans de nombreux autres endroits. Il s'agit, par exemple, de refroidisseurs d'huile de lubrification
pour tous types de machines, d'intercoolers de compresseurs et de refroidisseurs finaux pour les systèmes de
gazoducs, de refroidisseurs dans les installations de réfrigération et de climatisation, ainsi que de générateurs de
vapeur et de condenseurs dans les centrales conventionnelles, nucléaires, géothermiques et solaires thermiques.
Les échangeurs de chaleur sont disponibles dans de nombreuses configurations différentes et avec des surfaces
allant de 0,1 à 100.000 𝑚2. Le choix du type ou de la configuration de l'échangeur de chaleur est régi par la nature
des flux qui circulent dans l'échangeur (par exemple, liquide ou gazeux, haute ou basse pression, haute ou basse
température) et le service (par exemple, chauffage ou refroidissement, condensation, vaporisation) à effectuer.
La taille de l'échangeur de chaleur est régie par la quantité de chaleur à échanger et le coefficient de transfert de
chaleur, qui peut varier de plusieurs ordres de grandeur.
10.1. Applications en Génie Chimique
Une application simple mais courante d'un échangeur de chaleur, dans une usine chimique, consiste à refroidir un
produit liquide ou gazeux chaud d’un processus (appelé « fluide de processus ») à une température suffisamment
basse pour qu'il puisse être stocké en toute sécurité. Le liquide de refroidissement est probablement de l'air ou
de l'eau, qui serait chauffé dans l'échangeur de chaleur. Si aucun des fluides concernés n'atteint sa température
d'ébullition ou de condensation, aucun changement de phase ne se produit et le fluide de processus est
‘’sensiblement refroidi’’ et le liquide de refroidissement ‘’sensiblement chauffé’’. Un bilan thermique relie les
températures d'entrée et de sortie, les chaleurs spécifiques et les débits massiques des deux flux. Étant donné que
les chaleurs spécifiques varient généralement peu avec la température, les températures locales des écoulements
d'eau sont des fonctions linéaires de la chaleur échangée entre les flux, comme le montre la figure 10.1a.

Fig. 10.1. Profils typiques de température pour plusieurs applications d'échangeurs de chaleur de procédé : (a) refroidisseur de
produit ; b) réchauffeur d'alimentation avec flux de condensation ; c) réchauffeur d'alimentation à plusieurs composants
avec vaporisation et surchauffe ; d) condenseur de produits à composants purs ; e) condenseur de produits à plusieurs
composants ; f) échangeur de chaleur typique de l'effluent d'alimentation.
Si le fluide de processus doit être chauffé (par exemple, pour alimenter un réacteur chimique), le fluide chaud
fournissant la chaleur est susceptible d'être de la vapeur saturée à une pression suffisamment élevée pour que la

Cours Phénomènes d’Echanges


146

température de condensation soit supérieure à la température finale du fluide du processus. L'échangeur de


chaleur est généralement conçu de telle sorte que la chute de pression dans la vapeur de condensation est
négligeable par rapport à la pression statique, de sorte que la vapeur se condense à une température
essentiellement constante, comme le montre la figure 10.1b. La chaleur dégagée par la vapeur est la chaleur
latente de la condensation et est égale à la chaleur sensible gagnée par le fluide de processus. Une situation un
peu plus compliquée se produit si un fluide de traitement liquide composé de plusieurs composants (par exemple,
du pétrole brut) doit être partiellement vaporisé, éventuellement pour alimenter une colonne de distillation. Le
liquide se réchauffe sensiblement jusqu'à ce qu'il atteigne la température à laquelle la première bulle de vapeur
se forme ; cette température est le ‘’point de bullage’’ » (voir Fig. 10.1c). La bulle est plus riche que le liquide dans
les composants les plus volatils du mélange. Au fur et à mesure que le réchauffement se poursuit, plus de vapeur
se forme et la température continue d'augmenter, mais pas aussi rapidement qu'auparavant ; c'est-à-dire qu'il y
a des transferts de chaleur sensibles et latents vers le fluide de processus. Des calculs d'équilibre de phase
thermodynamique sont nécessaires pour déterminer la quantité et la composition de la phase vapeur, la
température du fluide et les quantités de transfert de chaleur sensible et latente. Ces calculs sont une partie
essentielle de la conception de tout échangeur de chaleur impliquant des changements de phase de mélanges
multi-composants. Si le chauffage se poursuit et que les phases liquide et vapeur sont maintenues en contact
intime, le dernier liquide (riche en composants moins volatils) se vaporise à la température du ‘’point de rosée’’.
Un chauffage supplémentaire entraîne une surchauffe de la vapeur.
Un autre problème courant est la condensation de la vapeur d'une colonne de distillation, éventuellement en
utilisant de l'eau ou de l'air comme liquide de refroidissement. La vapeur peut être soit une espèce chimique
presque pure, soit un mélange à plusieurs composants. Si elle est presque pure, la vapeur se condensera presque
isothermiquement à sa température de saturation correspondant à la pression de vapeur, comme le montre la
figure 10.1d. S'il s'agit d'un produit multi-composant, la vapeur commencera à se condenser à son point de rosée
et continuera à travers la région biphasée jusqu'à ce qu'elle atteigne le point de bullage et soit totalement
condensée, comme sur la figure 10.1e. Dans la région biphasique, la condensation (transfert de chaleur latente)
et le refroidissement du mélange (transfert de chaleur sensible) se produisent simultanément. Si le condensat est
refroidi davantage en dessous du point de bullage, on dit que le liquide est sous-refroidi.
Les exemples ci-dessus ont pour caractéristique commune que l'état thermique du fluide de processus est modifié
par l'utilisation de la vapeur pour le chauffage ou de l'air ou de l'eau pour le refroidissement. La vapeur
(généralement disponible à plusieurs pressions), l'eau et l'air sont souvent appelés flux de ‘’service’’ ou
‘’utilitaires’’, et ont la caractéristique commune d'être généralement fournis dans toute l'usine selon les besoins.
D'autres flux de services comprennent des liquides de transfert de chaleur spéciaux à haute température tels que
le Dowtherm, l'huile chaude et parfois des métaux liquides ; l'eau de mer et divers réfrigérants peuvent également
être disponibles comme refroidisseurs.
L'utilisation de flux de service pour modifier thermiquement les flux de processus est simple, pratique et flexible
sur le plan opérationnel, mais elle est inefficace en termes de conservation de l'énergie. La vapeur doit être
produite en brûlant un combustible ; L'eau de refroidissement doit être refroidie dans une tour de refroidissement.
Dans l'usine de traitement typique, il y a de nombreux flux chauds qui doivent être refroidis et de nombreux flux
froids qui doivent être chauffés. Si les températures, les débits et les emplacements dans l'usine sont satisfaisants,
un flux de processus chaud peut être utilisé pour chauffer un flux de processus froid dans un échangeur de chaleur
(souvent appelé échangeur d'effluents d'alimentation), ce qui permet d'obtenir une installation plus économe en
énergie. À titre d'exemple, le flux d'effluent de vapeur chaude (produit) d'un réacteur chimique exothermique
peut être utilisé pour chauffer le flux d'alimentation froid de ce réacteur. Bien que chaque flux puisse passer par
tous les processus décrits ci-dessus, une situation plus typique est celle dans laquelle la vapeur d'alimentation

Cours Phénomènes d’Echanges


147

froide commence sous la forme d'un mélange biphasé gaz/vapeur-liquide et est ensuite surchauffée, tandis que
le flux d'effluent chaud entre dans l'échangeur sous forme de vapeur surchauffée, puis est refroidi et partiellement
condensé. Ce cas est schématisé à la Fig. 10.1f.
Il est évident qu'une grande variété de processus de transfert de chaleur se produit dans les échangeurs de
chaleur des usines de traitement chimique et, comme les flocons de neige, il n'y a pas deux cas identiques. La
tâche de l'ingénieur consiste à sélectionner et à dimensionner correctement un échangeur de chaleur, ou un
système d'échangeurs de chaleur, afin d'accomplir les changements thermiques souhaités dans les flux de
processus.

10.2. Critères de sélection


Compte tenu de la grande variété de problèmes de transfert de chaleur et des configurations d'échangeurs de
chaleur disponibles, l'ingénieur doit choisir un type et une conception qui répondent à plusieurs critères. Ceux-ci
sont énumérés approximativement dans l'ordre de leur importance, bien que dans chaque cas particulier, un
critère ou un autre puisse monter ou descendre dans la liste d'importance relative.
1.L'échangeur de chaleur doit satisfaire aux spécifications du processus, c'est-à-dire qu'il doit effectuer le
changement thermique requis sur le flux de processus dans les limites de perte de charge imposées. Les
équations de conception thermique de base déterminent la taille de l'échangeur de chaleur. Tout aussi important
pour une conception réussie est l'utilisation correcte des pertes de charge autorisées pour chaque flux. En règle
générale, plus la perte de charge admissible est importante, plus la vitesse du fluide et le coefficient de transfert
de chaleur sont élevés, ce qui permet d'obtenir un échangeur de chaleur plus petit et moins coûteux. Cependant,
la chute de pression augmente avec la vitesse du fluide plus rapidement que le transfert de chaleur, et les coûts
de pompage deviennent rapidement prohibitifs. De plus, des vitesses excessives peuvent causer des dommages
par cavitation, érosion et vibrations. Par conséquent, la perte de charge admissible dans chaque flux doit être
soigneusement choisie (70 kPa est une valeur typique pour les liquides à faible viscosité, et 5 à 10 % de la pression
absolue est typique pour les gaz et les vapeurs à basse pression), et aussi pleinement utilisée que d'autres
considérations le permettent.
2.L'échangeur de chaleur doit résister aux conditions de service. La condition la plus évidente est que la
construction de l'échangeur doit être suffisamment solide pour contenir les pressions de fluide à l'intérieur de
l'échangeur, et les normes de conception pour une construction sûre sont fixées par les différents codes des
appareils sous pression. Il existe également des contraintes thermiquement induites en raison de la dilatation
différentielle des différents composants de l'échangeur. Il existe des contraintes mécaniques imposées par le
poids de l'échangeur et, à l'extérieur, par les contraintes de tuyauterie, la charge du vent et la manipulation
mécanique pendant le transport, l'installation et la maintenance. L'échangeur de chaleur doit résister à une
attaque corrosive, obtenue principalement par une sélection appropriée des matériaux de construction. Pour
minimiser les problèmes d'érosion et de vibrations, il est important de limiter les vitesses, en particulier dans
certaines zones critiques près des buses et partout où l'écoulement est forcé de changer de direction dans
l'échangeur de chaleur. L'échangeur doit également être conçu soit pour minimiser l'encrassement, soit pour
résister aux effets mécaniques au fur et à mesure que l'encrassement se développe.
3. L'échangeur de chaleur doit pouvoir être entretenu. Il doit permettre un nettoyage mécanique ou chimique si la
surface de transfert de chaleur est encrassée, et il doit permettre le remplacement des tubes, des joints et de
tout autre composant susceptible de tomber en panne ou de se détériorer pendant la durée de vie normale de
l'échangeur. La maintenance doit être effectuée avec un minimum de temps d'arrêt, de difficultés de
manipulation et de coût de main-d'œuvre.

Cours Phénomènes d’Echanges


148

4. Flexibilité opérationnelle. L'échangeur de chaleur et sa tuyauterie et son système de contrôle associés doivent
permettre un fonctionnement dans la gamme probable de conditions sans instabilité, encrassement excessif,
problèmes de vibrations ou gel qui pourraient endommager l'échangeur lui-même. Il faut tenir compte à la fois
des changements dans les conditions du procédé (p. ex., changements dans le débit ou la composition du
procédé) et des conditions environnementales (p. ex., changements quotidiens et saisonniers de la température
atmosphérique).
5. Coût. Les considérations de coût doivent inclure non seulement le coût de livraison et d'installation, mais surtout
le coût de la production perdue. La valeur des produits d'une usine de traitement est généralement tellement
supérieure au coût d'une seule pièce d'équipement que la perte de production due à une capacité d'équipement
inadéquate ou à des temps d'arrêt excessifs l'emporte rapidement sur les économies réalisées en sous-
dimensionnant l'équipement.
6. D'autres critères de conception comprennent des limites maximales de poids, de longueur et/ou de diamètre
pour faciliter l'installation et l'entretien. L'utilisation de composants standard remplaçables minimise les stocks.

10.3. Types d’échangeurs de chaleur


De nombreux types d'échangeurs de chaleur sont disponibles pour une utilisation dans les applications de génie
chimique, et chacun a ses caractéristiques spéciales qui le rendent plus ou moins souhaitable pour une application
donnée. Quelques-uns des types les plus courants seront décrits ici, ainsi que les avantages, les inconvénients et
les domaines d'utilisation les plus importants.
10.3.1. Échangeurs à double tube
Un échangeur à double tube typique est illustré à la Fig. 10.2.

Figure 10.2 Echangeur à double tube


Il se compose de deux tuyaux ou tubes disposés de manière concentrique, avec un fluide s'écoulant dans le tuyau
intérieur et l'autre dans l'anneau entre les tuyaux. Des raccords d'extrémité spéciaux sont utilisés pour faire entrer
et sortir les fluides de leurs canaux d'écoulement respectifs et les empêcher de s'échapper dans l'atmosphère. Des
sections supplémentaires à double tube peuvent être ajoutées en série ou en parallèle pour fournir la quantité
requise de surface de transfert de chaleur. L'échangeur à double tube est très flexible : la vaporisation, la
condensation ou la convection monophasée peuvent être effectuées dans l'un ou l'autre canal, et l'échangeur
peut être conçu pour des pressions ou des températures très élevées si nécessaire. En sélectionnant correctement
les diamètres et les dispositions de débit, une grande variété de débits peut être traitée. L'échangeur peut être
assemblé rapidement à partir de composants standard et tout aussi rapidement étendu ou reconfiguré si les
exigences du processus changent. Le tube intérieur peut être ailé longitudinalement sur la surface interne ou
externe, ou les deux, si un transfert de chaleur supplémentaire est nécessaire au contact d'un fluide à faible
capacité de transfert de chaleur. Cependant, l'échangeur à double tube est relativement lourd, encombrant et
coûteux par unité de surface de transfert de chaleur, et il est généralement limité aux échangeurs de moins de 20

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149

m2 de surface environ. Une conception connexe est l'unité multitube, ou épingle à cheveux, ayant plusieurs tubes
internes (généralement à ailettes) dans un seul tube extérieur, ce qui donne une zone de transfert de chaleur
beaucoup plus grande par unité.
10.3.2. Échangeurs de chaleur tubulaires
Les échangeurs tubulaires sont les bêtes de somme des industries de transformation, car ils offrent une grande
surface de transfert de chaleur dans une configuration mécaniquement robuste et offrent une grande flexibilité
de conception pour répondre aux exigences particulières d'une application particulière. Les échangeurs tubulaires
sont généralement conçus pour fonctionner à des pressions allant jusqu'à 200 atm (20 MPa) ou à des
températures allant jusqu'à 650 °C, avec des conceptions spéciales allant plus haut. La figure 3 est un schéma d'un
échangeur tubulaire typique, montrant les principaux composants, décrits ci-dessous. (A) Les tubes fournissent la
zone de transfert de chaleur efficace entre les fluides, avec un fluide s'écoulant à l'intérieur des tubes et l'autre
fluide s'écoulant à travers les tubes à l'extérieur. Les tubes peuvent être « simples » ou « nus », c'est-à-dire avoir
une surface lisse, ou ils peuvent être « à ailettes », ayant de 400 à 1600 ailettes/m. Ces ailettes sont radiales,
comme un filetage de tuyau, et mesurent environ 0,6 à 1 mm de haut et environ 0,2 à 0,4 mm d'épaisseur. Les
ailettes donnent de 21 2 à 5 fois la surface extérieure d'un tube simple. Les tubes sont disposés selon un motif
géométrique répété, généralement carré ou triangulaire, avec une distance entre les centres des tubes de 1,25 à
1,5 fois le diamètre extérieur du tube. Les tubes sont maintenus en place à chaque extrémité en étant insérés dans
des trous percés dans les plaques tubulaires (B) et soudés ou expansés au rouleau dans des rainures.

FIGURE 10.3 Vue en coupe d'un échangeur de chaleur tubulaire fixe typique : (A) tubes ; (B) plaques tubulaires ; (C) obus ; (D) canal
et buses côté tube ; (E) couverture du canal ; (F) plaque de séparation de passe ; (G) tête arrière fixe (type capot) ; (H)
plaques de support de tube (ou déflecteurs).
(B) Les plaques tubulaires maintiennent les tubes en place et constituent la barrière entre le fluide côté tube dans
les canaux ou la tête côté tube et le fluide côté coque. La plaque tubulaire est une plaque circulaire, suffisamment
épaisse pour résister à toute différence de pression entre les deux fluides et convenablement percée pour
accepter les tubes. Les plaques tubulaires peuvent être soudées à la coque (C) comme sur le schéma, ou
boulonnées à une coque à bride, ce qui donne une conception de « plaque tubulaire fixe ». Les conceptions à «
tête flottante » sont décrites ci-dessous. Les tubes sont fixés aux plaques tubulaires soit par soudure, soit en
découpant deux rainures circonférentielles dans la plaque tubulaire autour de chaque trou de tube et en
élargissant le tube dans les rainures après l'avoir inséré dans le trou du tube. Le joint tubulaire expansé est aussi
solide qu'un joint soudé, mais le soudage est plus efficace pour prévenir les fuites. (C) La coque limite l'écoulement
du fluide côté coque ; La disposition des buses définit le chemin d'écoulement par rapport aux tubes. Les
dispositions les plus courantes de la coque et de la tuyère de la coque sont illustrées par la figure 10.4 (colonne
du milieu) avec leur désignation TEMA (Tubular Exchanger Manufacturers Association). La coque E, avec les buses
d'entrée et de sortie aux extrémités opposées de la coque, est la disposition la plus courante. La coquille K est le
plus souvent utilisée lorsqu'un liquide du côté de la coquille doit être bouilli ; la coque de grand diamètre au-
dessus du faisceau de tubes fournit une zone de désengagement dans laquelle la plupart des gouttelettes de
liquide peuvent se séparer de la vapeur sortant par la buse supérieure. Les autres configurations de coque sont
utilisées pour répondre à des exigences spécifiques dans les applications de faible perte de charge, d'efficacité
thermique améliorée ou d'ébullition ou de condensation. La coque peut être construite, en particulier dans les

Cours Phénomènes d’Echanges


150

plus petits diamètres, à partir d'une longueur de tuyau en acier, ou elle peut être roulée à partir d'une plaque
d'acier et soudée le long des bords aboutés. Des trous sont percés dans la coque aux points souhaités et les buses
sont soudées.
(D) Les canaux et les buses côté tube contrôlent l'écoulement du fluide côté tube dans et hors des tubes. Le canal
côté tube peut être boulonné à la coque à l'aide de brides (comme indiqué sur le dessin) ou soudé directement.
(E) Le couvercle du canal se boulonne sur l'extrémité du canal et contient le fluide côté tube. Il peut être facilement
retiré pour permettre l'inspection, le nettoyage ou le remplacement des tubes sans perturber la tuyauterie côté
tube. (F) Un séparateur de passe, ou plaque de séparation, est utilisé dans le cas illustré afin de faire en sorte que
le fluide côté tube s'écoule à travers seulement la moitié des tubes avant de se retourner dans le capot (G) pour
refluer à travers l'autre moitié des tubes. Il en résulte une configuration à deux passages, le liquide s'écoulant à
travers les tubes à une vitesse deux fois supérieure à celle qu'il aurait autrement et permettant à la buse de sortie
côté tube d'être à la même extrémité de l'échangeur que l'entrée. Des dispositions plus complexes de séparateurs
de passes permettent quatre, six, etc., passes côté tube. Les vitesses plus élevées du côté du tube améliorent le
taux de transfert de chaleur et ont tendance à minimiser l'encrassement (accumulation de saleté) à la surface,
mais l'augmentation de la chute de pression et de l'érosion limite le nombre de passes pouvant être utilisées. Les
séparateurs de passage doivent être scellés contre la plaque tubulaire et le couvercle du canal pour éviter les
fuites de fluide directement de l'entrée à la sortie sans passer à travers les tubes. (G) Le capot illustré ici confine
le fluide côté tube sortant des tubes de premier passage et le fait tourner dans les tubes de deuxième passage. Le
chapeau et le canal sont fondamentalement interchangeables - un canal (sans séparateur de passe) aurait pu être
utilisé ici à la place du chapeau, ou un chapeau avec des buses soudées aurait pu être utilisé à la place du canal à
l'extrémité entrée/sortie. La combinaison canal/couvercle de canal est plus coûteuse et plus sujette aux fuites,
mais permet d'inspecter les tubes, etc., sans perturber les raccords de tuyauterie. (H) Les chicanes sont nécessaires
pour soutenir les tubes contre les vibrations et l'affaissement, ainsi que pour guider le fluide côté coque dans un
schéma d'écoulement transversal à travers le faisceau de tubes. Les chicanes sont généralement des plaques
circulaires dont le diamètre extérieur est légèrement inférieur au diamètre intérieur de la coquille et coupées en
segments pour fournir une fenêtre permettant au fluide de s'écouler d'une section à écoulement transversal à
l'autre. Des trous sont percés dans les déflecteurs pour le passage des tubes, le diamètre des trous des tubes étant
légèrement supérieur au diamètre extérieur des tubes. La coupe du déflecteur (c'est-à-dire la hauteur du segment
coupé à partir du déflecteur) varie d'environ 15 % à 25 % du diamètre intérieur de la coque pour les liquides à
environ 45 % pour les gaz à basse pression. D'autres géométries de déflecteurs/supports de tubes sont utilisées à
des fins spéciales. Étant donné que la coque et les tubes d'un échangeur de chaleur sont à des températures
différentes, ils se dilatent de différentes quantités. Les contraintes thermiques qui en résultent peuvent facilement
être suffisamment élevées pour que les tubes soient retirés des plaques tubulaires, ou séparés ou courbés, ou que
les coquilles soient gravement déformées. L'échangeur à plaques tubulaires fixe illustré à la figure 3 ne peut être
utilisé qu'avec de faibles différences de température (généralement inférieures à 50 °C entre les flux de fluide
entrants). D'autres configurations doivent être utilisées lorsque le stress thermique est un problème.

Cours Phénomènes d’Echanges


151

FIGURE 10.4 Système de notation standard pour les principaux types d'échangeurs de chaleur tubulaires.
L'échangeur à tube en U (Fig. 10.4) est la meilleure solution au problème de stress thermique, car chaque tube est
libre de se dilater ou de se contracter indépendamment des autres ou de la coque. Cependant, l'échangeur de
tubes en U présente des inconvénients : les tubes ne peuvent pas être nettoyés mécaniquement autour du coude,
les tubes intérieurs ne peuvent pas être remplacés individuellement, les tubes en U à long rayon sont
particulièrement sujets aux vibrations et l'écoulement côté tube en un seul passage n'est pas possible. Par
conséquent, plusieurs modèles différents d'échangeurs à « tête flottante » (Fig. 10.4, types de tête arrière P, S, T
et W) sont couramment utilisés pour soulager le problème de stress thermique ; La caractéristique est que
l'ensemble de la plaque tubulaire arrière et de la tête associée n'est pas relié mécaniquement à la coque. Le choix
parmi les configurations dépend des pressions, des températures et du degré de danger en cas de fuite dans
l'atmosphère ou entre les deux fluides. Pour le souligner, les échangeurs de chaleur tubulaires sont le type le plus
couramment utilisé dans les industries de traitement chimique, car ils sont très adaptables à de si larges gammes
de conditions.
10.3.3. Échangeurs de chaleur à plaques à joints d'étanchéité
Un échangeur de chaleur à plaques à joints illustré à la figure 10.5 et des plaques représentatives sont illustrés à
la figure 11.6. Dans ce type d'échangeur, la surface de transfert de chaleur est le mince plaque métallique séparant
les deux fluides. Chaque fluide s'écoule entre des paires de plaques adjacentes, les dispositions d'étanchéité

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152

autour des orifices d'angle déterminant quel fluide s'écoulera entre chaque paire, et le joint autour du bord
extérieur scellant chaque fluide contre les fuites dans l'atmosphère.

FIGURE 10.5 Vue éclatée d'un échangeur de chaleur à plaques d'étanchéité.

FIGURE 10.6 Deux types de plaques d'étanchéité pour l'échangeur de chaleur à plaques d'étanchéité : a) plaque ondulée parallèle ;
b) tôles ondulées croisées (motif « chevron » ou « chevron »).
Les plaques individuelles sont ondulées de manière qu'elles se soutiennent mutuellement contre les différences
de pression entre les deux fluides. Les ondulations rendent l'écoulement très turbulent, ce qui entraîne des
coefficients de transfert de chaleur élevés et des pertes de charge élevées. La forte turbulence tend également à
minimiser l'encrassement à la surface. La pile de plaques est pressée ensemble par les boulons de compression
pour asseoir les joints.
Les plaques peuvent être faites de n'importe quel métal qui peut être pressé et fournir plus de surface de transfert
de chaleur par unité de masse de métal et par unité de volume qu'un échangeur tubulaire. Par conséquent, les
échangeurs à plaques à joint d'étanchéité coûtent beaucoup moins cher par unité de surface que les échangeurs
tubulaires si un métal autre que l'acier à faible teneur en carbone doit être utilisé. Cependant, le joint d'étanchéité
(généralement en caoutchouc synthétique ou en polymère) limite les échangeurs de chaleur à plaques à des
pressions inférieures à 20 atm (2 MPa) et à des températures inférieures à 175 °C, avec des limites inférieures
pour les plus grandes tailles. Dans les plus petites tailles, l'échangeur à plaques à joint d'étanchéité peut être
facilement démonté pour le nettoyage et la stérilisation, de sorte qu'ils sont largement utilisés dans l'industrie de
la transformation des aliments. Les plus grandes tailles sont utilisées dans le traitement chimique où l'acier
inoxydable ou d'autres alliages élevés sont nécessaires. Les plus grandes tailles (jusqu'à 2200 m2 en une seule
unité) sont souvent construites en titane et utilisées avec de l'eau de mer d'un côté comme moyen de
refroidissement.

Cours Phénomènes d’Echanges


153

10.3.4. Échangeur à plaques et à ailettes


La Fig. 10.7 montre une vue en coupe d'un échangeur de chaleur à plaques et ailettes (parfois appelé échangeur
matriciel). Ce type d'échangeur est constitué d'une alternance de couches de feuilles matricielles (généralement
en aluminium ondulé) et de feuilles de séparation. Différents fluides s'écoulent à travers des couches alternées de
matrice, séparées les unes des autres par les feuilles de séparation. L'étanchéité contre l'extérieur est réalisée par
des barres latérales solides, et chaque fluide est distribué à ses couches respectives de matrice par un système de
collecteur. Grâce à une conception et à un emplacement appropriés, l'échangeur à plaques et à ailettes peut gérer
trois flux distincts ou plus dans le même échangeur. Une fois les couches construites à la configuration souhaitée,
l'ensemble est brasé en permanence à l'aide d'un bain de sel ou d'un four. Le matériau habituel de construction
est l'aluminium.

FIGURE 10.7 Vue en coupe d'un échangeur de chaleur à ailettes (ou matrice) à plaques d'aluminium brasées.
Les échangeurs à plaques et à ailettes offrent une très grande surface de transfert de chaleur par unité de volume
et sont relativement peu coûteux par unité de surface. Ils ne sont pas nettoyables mécaniquement et ne sont
généralement utilisés qu'avec des fluides très propres. Cette combinaison de propriétés leur convient très bien
pour une grande variété d'applications cryogéniques, telles que la séparation de l'air ; séparation, purification et
liquéfaction de l'hélium ; production de gaz naturel liquéfié ; et la séparation des hydrocarbures légers. Ils sont
également utilisés dans les services de gaz-gaz à haute température.
10.3.5. Échangeurs refroidis à l'air
Comme leur nom l'indique, les échangeurs refroidis par air sont spécialement conçus pour utiliser l'air comme
fluide de refroidissement afin de dissiper la chaleur résiduelle à basse température. Cela est devenu de plus en
plus important ces dernières années, car les sources d'eau de refroidissement sont devenues plus rares et
soumises à des contrôles environnementaux. Les deux modèles de base des échangeurs refroidis par air sont
illustrés à la Fig. 10.8. Dans la conception à tirage forcé, l'air est soufflé vers le haut à travers le champ du tube (la
surface de transfert de chaleur proprement dite) par le ventilateur ; dans la configuration à tirage induit, l'air est
aspiré à travers le champ du tube. Les unités fonctionnant à des températures d'air de sortie plus élevées seront
probablement forcées à tirer d'eau pour garder le ventilateur hors de l'air chaud ; les unités fonctionnant près de
la température de l'air ambiant seront probablement induites par un tirage de sorte que le panache d'air chaud
évacué sera plus fortement dispersé dans l'atmosphère, minimisant ainsi les possibilités de recirculation. Le
facteur critique déterminant la configuration des échangeurs refroidis par air est la faible densité et la faible
conductivité thermique et la chaleur spécifique du fluide de refroidissement, l'air. La faible densité et la chaleur
spécifique signifient que de très grands volumes d'air doivent être déplacés à travers l'échangeur pour évacuer la
chaleur du fluide de processus. Le ventilateur à flux axial à un étage est le moyen le plus efficace de déplacer ces

Cours Phénomènes d’Echanges


154

volumes d'air, mais il n'est capable que de très petites élévations de pression, de l'ordre de 150 à 500 Pa, le chiffre
le plus bas étant une valeur de conception courante. La faible perte de charge admissible signifie que l'air doit être
déplacé très lentement (environ 3 m/s) et que le champ de tubes doit être peu profond (3 à 12 rangées de tubes)
et très large pour répondre aux exigences de débit volumétrique élevé. Cela se traduit par de faibles coefficients
de transfert de chaleur du côté air (environ 60 W/m K).

FIGURE 10.8 Échangeurs de chaleur refroidis à l'air typiques : a) tirage forcé ; (b) tirage induit.
Comme nous le verrons dans une section ultérieure, il est souhaitable de prévoir une « surface étendue » ou des
ailettes sur une surface de tube externe qui est en contact avec un fluide ayant un faible coefficient de transfert
de chaleur lorsque le fluide à l'intérieur du tube a un coefficient beaucoup plus élevé. C'est presque toujours le
cas avec les échangeurs refroidis par air, de sorte que les tubes utilisés dans ces échangeurs ont 350 à 400 ailettes
radiales par mètre de longueur, chaque ailette mesurant environ 15 à 18 mm de haut. Les ailettes sont
généralement en aluminium, d'environ 0,4 mm d'épaisseur, et enroulées en continu sur la circonférence du tube
sous tension avec un petit pied en L pour assurer un bon contact thermique. (D'autres métaux, dimensions et
moyens de fixation sont disponibles dans le commerce.) Le résultat est une zone extérieure efficace du tube
environ 20 fois la zone intérieure. Les échangeurs refroidis à l'air nécessitent de grandes surfaces et des
dispositions adéquates doivent être prises pour que l'air frais s'écoule dans la face inférieure de ces unités. Les
installations couvrant 104 à 105 m² de terrain sont de plus en plus courantes.
10.3.6. Échangeurs de chaleur assistés mécaniquement
Certains problèmes de transfert de chaleur nécessitent l'utilisation d'énergie mécanique appliquée localement
pour obtenir des taux de transfert de chaleur acceptables. Deux cas typiques de ce type sont illustrés aux figures
10.9 et 10.10. Le premier cas est caractérisé par un réacteur chimique à cuve agitée dans lequel de la chaleur doit
être ajoutée ou retirée de l'extérieur de la réaction chimique afin de la contrôler.

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155

FIGURE 10.9 Vue en coupe d'un réacteur/échangeur de chaleur à cuve agitée avec une chemise externe et des serpentins de transfert
de chaleur internes.

FIGURE 10.10 Vue en coupe d'un échangeur de chaleur à dégagement rapproché, assisté mécaniquement, avec des pales à ressort
Parfois, il est nécessaire d'ajouter de la chaleur pour démarrer la réaction, puis d'enlever de la chaleur afin de la
garder sous contrôle. La surface de transfert de chaleur peut être soit externe au volume du réacteur (l'enveloppe),
soit interne (les serpentins du tuyau/plaque). L'agitation mécanique peut être assurée par des palettes (illustrées),
des hélices, des turbines, des vols hélicoïdaux ou des jets, ou une combinaison de ceux-ci. La conception du
réacteur est susceptible d'être contrôlée par la cinétique de la réaction chimique, mais la surface de transfert de
chaleur et le fluide de refroidissement/chauffage doivent être suffisants pour assurer le contrôle. L'échangeur à
surface raclée, ou échangeur à dégagement serré, illustré à la figure 10.10, est nécessaire pour quelques situations
très difficiles. Un exemple est la purification par cristallisation fractionnée, dans laquelle un réfrigérant bouillant
dans l'anneau refroidit une solution de diverses substances et certaines espèces cristallisent sélectivement à la
surface du tuyau intérieur. Le dépôt cristallin doit être gratté en permanence de la surface afin de maintenir le
taux de transfert de chaleur. Les cristaux sont finalement retirés du liquide restant par filtration. Les échangeurs
de chaleur assistés mécaniquement sont coûteux, utilisent de grandes puissances et nécessitent un entretien
fréquent. Néanmoins, ils sont souvent le seul moyen d'accomplir certaines tâches.
10.3.7. Autres types d'échangeurs de chaleur
Les descriptions ci-dessus couvrent les principaux types d'échangeurs de chaleur dans les industries de
transformation, mais il existe une très longue liste d'autres configurations qui ont des applications vitales bien que
limitées. Il s'agit notamment de faisceaux de tubes en téflon en raison de sa grande résistance aux attaques
chimiques, d'échangeurs à plaques spiralées avec un rapport surface/volume élevé et une résistance particulière
à l'encrassement, d'échangeurs à plaques soudées et d'échangeurs à ailettes soudées à usage intensif pour la

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156

récupération de chaleur à haute température, et d'échangeurs à blocs en graphite pour une résistance aux
attaques chimiques et une conductivité thermique élevée

10.4. Equations de base de l’échangeur de chaleur


10.4.1. Bilan thermique
La quantité de chaleur nécessaire pour chauffer un fluide qui ne change pas de phase de 𝑡𝑖 est à est
𝑄̇𝑇 = 𝑚̇𝑐𝑃 (𝑇0 − 𝑇𝑖 ) 10.1
où 𝑄̇𝑇 est la quantité de chaleur de transfert sensible (watts ou joules par seconde) ; 𝑚̇ ̇ est le débit massique du
fluide (en kilogrammes par seconde), 𝑐𝑃 est la chaleur spécifique moyenne du fluide sur la plage de température
(en joules par kilogramme et par kelvin), et 𝑇𝑖 et 𝑇0 sont les températures d'entrée et de sortie (en kelvins) du
fluide, respectivement. La chaleur correspondante dégagée par le fluide chaud, en supposant qu'il ne change pas
de phase et qu'il n'y a pas de fuites de chaleur, est
𝑄̇𝑇 = 𝑀̇𝑐𝑃 (𝑇0 − 𝑇𝑖 ) 10.2
où les termes ont des significations similaires, appliqués au fluide chaud. Si, au contraire, le fluide chaud est une
vapeur se condensant isothermiquement (comme la vapeur), le service de chaleur latente est
𝑄̇𝑇 = 𝑀̇ℒ 10.3
où 𝑀̇ est le débit massique de condensation (en kilogrammes par seconde) et ℒ est la chaleur latente de
condensation (en joules par kilogramme) à la température de condensation. Si un fluide composé de plus d'un
composant (par exemple, une solution d'éthanol et d'eau, ou un pétrole brut) change partiellement ou totalement
de phase, la chaleur requise est une combinaison de chaleur sensible et latente et doit être calculée à l'aide de
relations thermodynamiques plus complexes, y compris des calculs d'équilibre vapeur-liquide qui reflètent les
compositions changeantes ainsi que les fractions massiques des deux phases.
10.4.2. Équation du coefficient de transfert de chaleur
Considérons le cas typique de transfert de chaleur entre un fluide à l'intérieur d'un tube et un autre fluide à
l'extérieur du tube, illustré en coupe transversale sur la Fig. 10.11. La chaleur est transférée par convection du
fluide chaud (considéré arbitrairement comme étant le fluide à l'intérieur du tube) au dépôt d'encrassement (le
cas échéant) sur la surface intérieure, à travers les dépôts d'encrassement et la paroi du tube par conduction, puis
par convection vers le fluide à l'extérieur du tube. Au point où la température intérieure du fluide est 𝑇𝑖 et celle
de l'extérieur est 𝑇𝑒 , le flux de chaleur local à l'intérieur du tube est
𝑑𝑄̇
𝑞̇ 𝑖 = 𝑑𝐴 = 𝑈𝑖 (𝑇𝑖 − 𝑇𝑒 ) 10.4
𝑖

FIGURE 10.11 Coupe transversale d'un tube d'échangeur de chaleur, avec transfert de chaleur par convection dans les fluides et
dépôts d'encrassement sur l

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157

où 𝑞̇ 𝑖 est le flux de chaleur local (en watts par mètre carré ou en joules par mètre carré par seconde), 𝑑𝑄̇ est la
quantité différentielle de chaleur transférée à travers la surface de transfert de chaleur différentielle (surface
intérieure) 𝑑𝐴𝑖 (en mètres carrés), 𝑈𝑖 est le coefficient de transfert de chaleur global basé sur la surface de
transfert de chaleur intérieure (en watts par mètre carré par kelvin ou en joules par seconde par mètre carré et
par kelvin), et 𝑇𝑖 et 𝑇𝑒 sont les températures locales des fluides chauds et froids (en kelvins). Le coefficient de
transfert de chaleur global est lié aux processus de transfert de chaleur individuels par l'équation
1
𝑈𝑖 = 𝐴 10.5
(1⁄ℎ𝑖 )+𝑅𝑓 +(𝑟𝑖 ⁄𝜆𝑤 )𝑙𝑛(𝑟𝑜 ⁄𝑟𝑖 )+(1⁄ℎ𝑜 +𝑅𝑓 )( 𝑖 )
𝑖 𝑜 𝐴𝑜

où ℎ𝑖 et ℎ𝑜 sont les coefficients de transfert de chaleur par convection (en watts par mètre carré par kelvin ou en
joules par seconde par mètre carré par kelvin) pour les fluides intérieurs et extérieurs, respectivement, chacun
basé sur l'aire correspondante. 𝐴𝑖 et 𝐴𝑜 ; 𝑅𝑓𝑖 et 𝑅𝑓𝑜 sont les résistances à l'encrassement intérieur et extérieur (en
mètres carrés-kelvins par watt ou en seconde mètres carrés-kelvins par joule), chacune basée sur l'aire
correspondante ; 𝑅𝑜 et 𝑅𝑖 sont les rayons intérieur et extérieur du tube, 𝜆𝑤 est la conductivité thermique de la
paroi du tube (watts par mètre par kelvin ou joules par seconde par mètre et par kelvin), et 𝐴𝑖 et 𝐴𝑜 sont les
surfaces intérieure et extérieure du tube (en mètres carrés). À proprement parler, l'équation ci-dessus ne
s'applique qu'aux tubes cylindriques simples pour lesquels :
𝐴𝑖 = 2𝜋𝑟𝑖 𝐿 10.6a
𝐴𝑜 = 2𝜋𝑟𝑜 𝐿 10.6b
où L est la longueur du tube. Cependant, l'équation peut être appliquée avec de petites modifications aux tubes
avec des ailettes externes, où 𝐴𝑜 est maintenant la surface totale de transfert de chaleur à l'extérieur du tube, y
compris les ailettes. Correspondant à l'équation 10.5, le coefficient global de transfert de chaleur aurait pu être
basé sur la surface extérieure de la surface
de transfert de chaleur 𝐴𝑜 :
1
𝑈𝑜 = 10.7
(1⁄ℎ𝑖 +𝑅𝑓 )(𝐴𝑜 ⁄𝐴𝑖 )+(𝑟𝑜 ⁄𝜆𝑤 )𝑙𝑛(𝑟𝑜 ⁄𝑟𝑖 )+1⁄ℎ𝑜 +𝑅𝑓
𝑖 𝑜

A noter que 𝑈𝑖 𝐴𝑖 = 𝑈𝑜 𝐴𝑜
Les coefficients de transfert de chaleur par convection hi et ho doivent être calculés à partir d'équations qui
impliquent la géométrie du système, les propriétés physiques du fluide et la vitesse à laquelle il s'écoule. Ces
équations sont obtenues diversement par l'analyse plus ou moins fondamentale des mécanismes de transfert de
chaleur et d'écoulement des fluides, ou par corrélation de données expérimentales, ou par des combinaisons de
ces méthodes. Quelques valeurs typiques des coefficients de film sont :
Air, pression atmosphérique, écoulement de quelques mètres par seconde, 50–100 𝑊⁄(𝑚2 𝐾)
Eau, 1–2 m/s, 4000–6000 𝑊⁄(𝑚2 𝐾)
Essence, 1–2 m/s, 1000–1500 𝑊⁄(𝑚2 𝐾)
Sodium liquide, 25 000–30 000 𝑊⁄(𝑚2 𝐾)
Vapeur de condensation, pression atmosphérique, 8 000–15 000 𝑊⁄(𝑚2 𝐾)
Eau bouillante, pression atmosphérique, 15 000–25 000 𝑊⁄(𝑚2 𝐾)
10.4.3. L'intégrale de conception et l'équation de différence de température moyenne
L’équation 10.4 s'applique en un point d'un échangeur de chaleur où les températures du fluide chaud et froid
sont respectivement T et t. Étant donné que l'une ou les deux de ces températures changeront presque toujours,
d'un point à l'autre dans l'échangeur de chaleur, en fonction de la quantité de chaleur échangée et des voies
d'écoulement des deux fluides, l'équation 10.4 doit être intégrée sur la charge thermique totale de l'échangeur de

Cours Phénomènes d’Echanges


158

chaleur 𝑄̇𝑇 , avec T, t, et éventuellement 𝑈𝑖 étant exprimés en fonctions de 𝑄̇ ̇ ; l'intégration peut être
formellement exprimée comme suit :
𝑄̇ 𝑑𝑄̇
(𝐴𝑖 )𝑇 = ∫0 𝑇 ( ) 10.8a
𝑈 𝑇−𝑡 𝑖

où (𝐴𝑖 )𝑇 est la surface totale de transfert de chaleur dans l'échangeur de chaleur (basée sur la surface intérieure
des tubes), nécessaire pour transférer 𝑄̇ (watts ou joules par seconde). Alternativement, la surface extérieure
𝑇
totale requise est :
𝑑𝑄
(𝐴𝑜 )𝑇 = 10.8b
𝑈𝑜 (𝑇−𝑡)

FIGURE 10.12 Deux arrangements d'écoulement possibles dans un échangeur de chaleur : (a) à co-courant ; b) à contre-courant.
Les équations (10.8a) et (10.8b) peuvent être intégrées analytiquement si certaines hypothèses sont valides. Parmi
ces hypothèses, on peut citer le fait que les chaleurs spécifiques de chaque fluide sont constantes (ou que l'un ou
les deux fluides changent de phase de manière isotherme), que le coefficient de transfert de chaleur global est
constant dans tout l'échangeur de chaleur et que les flux sont soit entièrement co-courants, soit entièrement
contre-courants les uns aux autres à travers l'échangeur de chaleur, comme illustré à la Fig. 10.12. Les intégrations
se traduisent par :
𝑄̇ 𝑄̇ 𝑇
(𝐴𝑖 )𝑇 = 𝑇
, (𝐴𝑜 )𝑇 = 10.9
𝑈 (𝐿𝑀𝑇𝐷)
𝑖 𝑈 𝑜 (𝐿𝑀𝑇𝐷)

Où LMTD, la différence de température moyenne logarithmique, est :


(𝑇𝑖 −𝑡𝑖 )−(𝑇𝑜 −𝑡𝑜 )
LMTD = 10.10a
𝑙𝑛[(𝑇𝑖 −𝑡𝑖 )/(𝑇𝑜 −𝑡𝑜 )]
pour un écoulement co-courant et
(𝑇𝑖 −𝑡𝑜 )−(𝑇𝑜 −𝑡𝑖 )
LMTD = 10.10b
𝑙𝑛[(𝑇𝑖 −𝑡𝑜 )/(𝑇𝑜 −𝑡𝑖 )]
pour un écoulement contre-courant
Si les écoulements ne sont pas entièrement co-courants ou entièrement contre-courants (comme dans les
échangeurs tubulaires à passages multiples, ou dans les échangeurs refroidis à l'air) mais que les autres hypothèses
sont satisfaites, l'équation 11.9 peut généralement être mise sous la forme :
𝑄̇𝑇
(𝐴𝑖 )𝑇 =
𝑈𝑖 𝐹(𝐿𝑀𝑇𝐷)𝑐𝑐
10.11
̇𝑄𝑇
(𝐴𝑜 )𝑇 =
𝑈𝑜 𝐹(𝐿𝑀𝑇𝐷)𝑐𝑐
où (𝐿𝑀𝑇𝐷)𝑐𝑐 fait référence à la différence de température moyenne logarithmique pour l'écoulement à contre-
courant, Équation 11.10b, et F est un facteur de correction obtenu analytiquement (F ≤ 1,00) qui est fonction des
températures terminales des deux flux. Le traitement des calculs de F dépasse le cadre de cet article. De nombreux
échangeurs de chaleur peuvent être et sont conçus de manière satisfaisante par des calculs manuels à l'aide

Cours Phénomènes d’Echanges


159

d'égaliseurs 10.5 ou 10.7, 10.10b et 10.11, mais la plupart des échangeurs sont conçus à l'aide de programmes
informatiques basés sur l'intégration numérique de l'équation 10.8a ou 10.8b.

FIGURE 10.13 Structure of the heat exchanger design process

10.5. Le Processus de conception


La structure de la procédure de conception de l'échangeur de chaleur de procédé est illustrée à la Fig. 10.13. La
structure de base est la même, que des méthodes de conception à la main ou par ordinateur soient utilisées ; Tout
ce qui est différent, c'est le remplacement du processus de pensée humain très subtil et compliqué par un
algorithme adapté à un ordinateur rapide mais inflexible. Tout d'abord, le problème doit être identifié de la
manière la plus complète et sans ambiguïté possible, y compris la composition des cours d'eau, les débits et les
températures, ainsi que les plages probables de variations de ces paramètres pendant le fonctionnement. Tout
problème de conception aura certaines considérations contextuelles que le concepteur doit connaître afin
d'arriver à une conception presque optimale. Un jugement majeur, généralement fait presque instinctivement,
est le niveau d'effort d'ingénierie justifié par la valeur réelle de l'échangeur dans le processus. De plus, à ce stade,
la décision la plus importante est prise (souvent par défaut) : quelle configuration de base de l'échangeur doit être
choisie et conçue ? Dans les industries de transformation, la réponse habituelle est l'échangeur tubulaire, mais il
vaut toujours la peine d'examiner les autres possibilités. La décision suivante est de savoir quelle méthode de
conception doit être utilisée. Fondamentalement, ceux-ci se divisent en deux catégories : la conception à la main
et la conception informatique. Les méthodes de conception à la main dans la littérature la plus récente et
appliquées par un concepteur compétent sont toujours valables pour une grande partie de tous les problèmes
d'échangeurs de chaleur. Si l'on choisit d'utiliser une méthode de conception informatique, il reste à choisir le
niveau de la méthode. Il existe des méthodes de conception informatique raccourcies et détaillées pour la plupart
des types d'échangeurs. L'étape suivante consiste à sélectionner un ensemble provisoire de paramètres
géométriques de l'échangeur. Plus la conception de départ est bonne, plus tôt le concepteur arrivera à la
conception finale, ce qui est très important pour les méthodes de calcul manuel. Sur un ordinateur, cependant, il
est généralement plus rapide de donner à l'ordinateur un point de départ très conservateur (surdimensionné) et
d'utiliser son énorme vitesse de calcul pour avancer vers la conception souhaitée. Dans les deux cas, la conception

Cours Phénomènes d’Echanges


160

initiale sera « cotée » ; C'est-à-dire que la performance thermique et les pertes de charge des deux flux seront
calculées pour cette conception. Le programme de classement est schématisé à la Fig. 10.14. Dans le programme
de notation, les spécifications du problème et l'estimation préliminaire de la configuration de l'échangeur sont
utilisées comme données d'entrée ; La configuration de l'échangeur donnée est testée pour sa capacité à effectuer
les changements de température requis sur les flux dans les limites de perte de charge spécifiées. Le processus
d'évaluation effectue trois types de calculs. Il calcule d'abord un certain nombre de paramètres de géométrie
interne qui sont nécessaires comme entrée supplémentaire dans les corrélations de transfert de chaleur et de
perte de charge. Ensuite, le coefficient de transfert de chaleur et la perte de charge sont calculés pour chaque flux
dans la configuration spécifiée. Les résultats du programme d'évaluation sont soit les températures de sortie des
flux, si la longueur de l'échangeur de chaleur a été fixée, soit la longueur de l'échangeur de chaleur nécessaire
pour effectuer le changement thermique nécessaire si l'obligation a été fixée. Dans les deux cas, le programme
d'évaluation calculera également les pertes de charge pour les deux flux dans l'échangeur.

FIGURE 10.14 Le programme de notation


Si le calcul montre que la quantité de chaleur requise ne peut pas être transférée ou si l'une ou les deux pertes de
charge autorisées sont dépassées, il est nécessaire de sélectionner un autre échangeur de chaleur, généralement
plus grand, et de réévaluer. Alternativement, si l'une ou les deux chutes de pression sont beaucoup plus petites
que ce qui est autorisé, une meilleure sélection de paramètres peut entraîner un échangeur de chaleur plus petit
et moins coûteux, tout en utilisant une plus grande partie de la perte de charge disponible.
Le programme de modification de la conception prend le résultat du programme de tarification et modifie la
configuration de telle sorte que la nouvelle configuration fasse un « meilleur » travail de résolution du problème
de transfert de chaleur.
Un programme informatisé de modification de configuration est complexe, logiquement parce qu'il doit
déterminer ce qui limite les performances de l'échangeur de chaleur et ce qui peut être fait pour éliminer cette
limitation sans n’affecter négativement ni le coût de l'échangeur ni les caractéristiques de fonctionnement de
l'échangeur qui sont satisfaisantes. Si, par exemple, il constate que l'échangeur de chaleur est limité par la quantité
de chaleur qu'il peut transférer, le programme essaiera soit d'augmenter le coefficient de transfert de chaleur,
soit d'augmenter la surface de l'échangeur de chaleur, selon qu'une chute de pression est disponible ou non. Pour
augmenter le coefficient côté tube, on peut augmenter le nombre de passages de tube, augmentant ainsi la vitesse
côté tube. Si le transfert de chaleur côté coquille est limitant, on peut essayer de diminuer l'espacement des
déflecteurs ou de diminuer la coupe des déflecteurs. Pour augmenter la surface, on peut augmenter la longueur
de l'échangeur, ou augmenter le diamètre de la coque, ou passer à plusieurs coquilles en série ou en parallèle.
De toute évidence, les possibilités sont énormes, et le programme de modification de configuration doit être très
serré pour éviter de s'égarer dans des conceptions impossibles ou des boucles sans issue. Un designer utilisant
une méthode manuelle prend de nombreuses décisions intuitivement, en fonction de l'expérience qu'il a
accumulée. Dans tous les cas, une fois qu'une conception finale a été obtenue par l'ordinateur, la rationalité de
base et l'exactitude approximative de la solution doivent être vérifiées par un concepteur expérimenté

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161

10.6. Développements ultérieurs dans la conception


et l’application
Le matériel et les logiciels de l'industrie des échangeurs de chaleur de processus se poursuivent et se développent.
De nouveaux types d'échangeurs de chaleur apparaissent de temps en temps, généralement pour résoudre un
problème particulier qui n'est pas tout à fait satisfait correctement ou économiquement par l'équipement
existant. Même dans les types bien connus, la croissance de la compréhension fondamentale des détails des
processus de transfert de chaleur et de mécanique des fluides conduit à des modifications de la structure de
l'échangeur de chaleur. En particulier, il y a maintenant un effort concerté pour comprendre et catégoriser les
processus fondamentaux de mécanique des fluides opérant dans divers types de surfaces « améliorées ». Par
exemple, il a été constaté qu'un tube cannelé en spirale fait tourbillonner le fluide lorsqu'il s'écoule à travers le
tube, donnant lieu à des écoulements secondaires à proximité immédiate de la surface qui augmentent le
coefficient de transfert de chaleur avec une faible augmentation de la chute de pression. Des efforts similaires
sont en cours pour les écoulements hors tubes et pour les écoulements diphasiques (vaporisation ou
condensation).
De nouvelles techniques de fabrication se développent, notamment le collage explosif de pièces métalliques (par
exemple, des tubes sur des plaques tubulaires), le brasage au four pour les échangeurs de chaleur compacts (y
compris l'acier inoxydable et le titane) et les échangeurs de chaleur en céramique pour les applications à très
haute température.
Dans le domaine des logiciels, les programmes informatiques pour l'analyse de la conception des échangeurs de
chaleur évoluent constamment vers l'utilisation de calculs plus fondamentaux et détaillés du champ d'écoulement
réel et du transport thermique dans le champ d'écoulement. L'amélioration des capacités de l'ordinateur signifie
que l'ingénieur de conception a un accès direct aux méthodes de conception les plus avancées à son bureau plutôt
que d'avoir à accéder à un ordinateur central en mode batch. Parallèlement, la disponibilité croissante des
supercalculateurs permet à l'ingénieur de recherche d'étudier la mécanique des fluides fondamentale et les
processus de transport thermique correspondants dans les géométries complexes caractéristiques des échangeurs
de chaleur réels.
Les échangeurs de chaleur sont un moyen privilégié d'économiser l'énergie dans les usines de traitement en
échangeant de la chaleur entre les flux de processus qui doivent être refroidis et ceux qui doivent être chauffés.
Une grande attention est accordée à l'optimisation de la conservation et de la récupération de la chaleur en
sélectionnant le réseau d'échangeurs de chaleur approprié.
Avec tous les progrès qui ont été réalisés, il reste encore beaucoup à faire. Notre connaissance des mécanismes
de l'encrassement est très limitée et les méthodes prédictives significatives sont presque inexistantes. De
nombreux processus importants de transfert de chaleur, de masse et de quantité de mouvement sont encore mal
compris. Enfin, dans certains cas où les équations de base sont encore connues, il faut encore les approximer
grossièrement dans la conception, car les exigences de calcul pour une conception complète dépassent encore
celles des ordinateurs les plus puissants.

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162

XI. Systèmes Dispersés


Dans un nombre incalculable d'applications techniques, une phase dispersée composée de particules solides ou
fluides a lieu en plus d'une phase continue. Par exemple, les particules d'une phase continue doivent être
séparées, par exemple dans des bassins de décantation, des centrifugeuses ou des cyclones. Dans d'autres cas,
des processus de transfert d'énergie et de matière se produisent également. Cela s'applique aux solides, qui sont
utilisés, par exemple, dans les procédés de dissolution, les cristallisations, les lits fluidisés ou comme catalyseurs
dans des réactions hétérogènes. Les gouttes sont utilisées dans les extractions liquides/liquides, les sécheurs par
atomisation ou les épurateurs de gaz, entre autres. Les bulles de gaz sont utilisées dans les processus d'absorption
et de rectification et dans les réacteurs gaz/liquide tels que les colonnes à bulles.
Les processus d'échange d'énergie et de matière dépendent dans une large mesure de la vitesse relative entre les
particules et la phase continue, de sorte que le mouvement des particules dans son ensemble est d'une
importance fondamentale. Une connaissance fiable des vitesses de mouvement des particules dans les fluides
stationnaires et de la résistivité agissant sur les particules dans les fluides en écoulement est donc nécessaire pour
un grand nombre de processus techniques. Afin de calculer tous les processus d’échange sur des particules rigides
ou fluides, il faut connaître non seulement la vitesse de déplacement, mais aussi le champ d'écoulement sur une
particule. Si les particules sont dépoussiérées (bulles, gouttelettes), un écoulement peut également se produire à
l'intérieur des particules, ce qui est parfois d'une importance considérable pour les processus de transfert. Les
formes de particules qui se produisent dans les différents processus sont très différentes. Néanmoins, on
considère principalement ici les particules sphériques, car la plupart des résultats expérimentaux et théoriques
sont disponibles à ce sujet, qui peuvent également être transférés à d'autres formes de particules. De plus, les
gouttes et les bulles ont une forme sphérique, du moins dans certaines applications techniques.
Historique
L'écoulement autour des corps et les forces qui se produisent dans le processus ont été analysés pour la première
fois en détail par Stokes (1851) et décrits théoriquement sur la base des équations de Navier-Stokes. Cependant,
Stokes n'a pris en compte que les forces de frottement agissant sur les petites balles. Étant donné que, dans de
nombreux cas pratiques, non seulement la force de frottement, mais bien plus encore la force de compression est
déterminante pour la résistance à l'écoulement, des déterminations expérimentales des forces de traînée sur les
corps circulant ont été effectuées. Des travaux novateurs ont été menés dans la seconde moitié du 19e siècle par
Froude, qui a étudié la résistance des coques des navires dans les chenaux de remorquage et a dérivé une loi de
similitude pour les courants sous l'influence de la gravité. L'écoulement autour des corps a été traité
théoriquement en utilisant la théorie de la couche limite de Prandtl, L'une des propriétés de la couche limite est
l'apparition possible de reflux, ce qui conduit à la formation de vortex à l'arrière des corps qui circulent. la
résistance à la compression des corps qui s'écoulent, en résulte, qui peut être déterminée au moyen de la théorie
de la couche limite.
Le mouvement des particules solides et fluides individuelles est décrit mathématiquement et l’on introduit le
coefficient de traînée de l'écoulement. La description quantitative du mouvement est étendue au comportement
des essaims de particules. Pour la détermination du transfert de matière stationnaire de particules solides et
fluides, des équations de calcul sans dimension sont expliquées, en fonction de la forme de l'écoulement. Enfin,
le transfert transitoire de matière vers et dans les particules est décrit et les équations de calcul qui en résultent
sont dérivées sur la base de différentiels bilans.

11.1 Mouvement stationnaire des particules


11.1.1 Équation du mouvement des particules sphériques
La considération physique des écoulements chargés de particules est souvent basée sur le comportement de
résistance relativement simple d'une seule particule, la sphère étant généralement choisie comme corps modèle.

Cours Phénomènes d’Echanges


163

Cette sphère peut être à la fois fixe et fluide. Par conséquent, nous commençons par quantifier le mouvement de
la sphère unique.
Le mouvement stationnaire des particules est dû à l'action de trois forces : la force de son poids 𝐹𝐺 , la force de sa
flottabilité 𝐹𝐴 et la force de sa traînée 𝐹𝑣 . Pour donc les particules sphériques, on a :
𝜋
𝐹𝐺 = 𝑀𝑃 𝑔 = 𝜌𝑃 6 𝑑𝑃3 𝑔 11.1
𝜋
𝐹𝐴 = 𝜌𝑐 𝑑𝑃3 𝑔 11.2
6
𝜋 𝑣𝑃2
𝐹𝑣 ≡ 𝜁𝜌𝑐 𝑑𝑃2 11.3
4 2
𝜌𝑐 est la masse spécifique du milieu continu hors de la sphère.
L'Eq. 11.3 représente l'équation de définition du coefficient de traînée ζ. La résistivité est une force à deux
composantes, la force de compression et la force de frottement. La force de compression résulte de l'effet de la
force normale dirigée vers la surface de la particule. La force de frottement est causée par les contraintes de
cisaillement agissant sur la surface à la paroi. Les deux composantes sont toujours couplées. La zone
caractéristique est la zone d'ombre de la sphère 𝜋𝑑𝑃2 /4. 𝑣𝑃 représente la vitesse relative entre le fluide et la
particule, qui est décisive pour la résistance à l'écoulement. La vitesse absolue moyenne du mouvement des
particules 𝑣̅𝑃 𝑎𝑏𝑠 est obtenue en superposant la vitesse des particules 𝑣𝑃 et la vitesse moyenne du fluide 𝑣̅𝑃 𝑓 selon
𝑣̅𝑃 𝑎𝑏𝑠 =𝑣𝑃 + 𝑣̅𝑃 𝑓 . Les Eq. (11.1), (11.2) et (11.3) aboutissent à l'équilibre des forces 𝐹𝑣 = ⌊𝐹𝐺 − 𝐹𝐴 ⌋ la vitesse finale
stationnaire des particules sphériques, ce qu'on appelle l'équation du mouvement :
4 ⌊𝜌𝑃 −𝜌𝑐 ⌋ 1
𝑣𝑃 = √3 𝜌𝑐
𝑔𝑑𝑃 𝜁 11.4

Pour 𝜌𝑃 > 𝜌𝑐 , la particule descend vers le bas, tandis que pour 𝜌𝑃 < 𝜌𝑐 , elle monte. L'équation (11.4) s'applique
également aux systèmes rotatifs (par exemple, la séparation des particules dans le champ centrifuge d'une
centrifugeuse). Là, l'accélération due à la gravité doit être remplacée par l'accélération centrifuge 𝑎𝑧 = 𝜔2 𝑅. De
plus, l'équation du mouvement s'applique généralement aux particules solides ou fluides (bulles et gouttelettes).
Alors que l’interphase est immobile dans les sphères solides, elle peut être mobile dans le cas des particules
fluides. Les propriétés particulières de l’interphase sont comprises dans le coefficient de traînée ζ.
11.1.2 Particules simples solides
Écoulement autour d'une sphère solide
L'écoulement autour d'une sphère solide est représenté à la Fig. 11.1 sous une forme schématisée. Dans le cas
présenté, la bille est au repos et est entraînée par un liquide. Sur la paroi sphérique, en raison de la condition
d'adhérence, la vitesse du liquide 𝑣𝑧 (𝑟 = 𝑅) est égale à zéro. Il s'agit d'une différence cruciale dans le mouvement
des particules solides et fluides. Dans le cas des particules fluides, les vitesses finies se produisent généralement
à l'interface de phase (Section 11.1.3).

Fig. 7.1 Écoulement autour d'une particule solide sphérique, Grenzschicht=couche limite, w=vitesse v

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164

La forme du flux autour de particules dépend du nombre de Reynolds dû à la particule :


𝑣𝑃 𝑑𝑃
𝑅𝑒 = 𝜈𝑐
11.5
Avec de petits nombres de Reynolds (𝑅𝑒 ≲ 0,1), il y a un écoulement lent dans lequel les lignes de courant devant
et derrière la sphère sont symétriques en miroir. Au fur et à mesure que le nombre de Reynolds augmente, la
symétrie se perd. À partir d'environ 𝑅𝑒 = 20, l'écoulement se détache de la surface postérieure de la sphère et
un vortex stationnaire en anneau laminaire se forme du côté opposé à l'écoulement, comme le montre la figure
11.2. Ce vortex s'allonge et s'élargit avec l'augmentation du nombre de Reynolds jusqu'à une valeur d'environ
𝑅𝑒 = 130 Fig. 7.2. Au-dessus de 𝑅𝑒 = 130, le tourbillon devient instable et des mouvements oscillatoires de la
pointe tourbillonnaire ainsi que des détachements de tourbillons individuels se produisent. À partir d'environ
𝑅𝑒 = 450, le détachement tourbillonnaire devient régulier, ce qui entraîne la formation du vortex de von Kármán
Fig. 11.3. Jusqu'à environ 3 · 105 , l'état d'écoulement décrit est maintenu, seul le détachement se déplace
légèrement vers l'amont vers l'équateur sphérique. Au-dessus de 𝑅𝑒=3, 105 , l'écoulement de la couche limite
devient turbulent. L'anneau de détachement se déplace loin vers l'arrière sur le côté opposé à l'écoulement et la
zone du vortex se rétrécit en conséquence. La couche limite, qui est devenue turbulente, absorbe les particules
de fluide de vitesse plus élevée par échange croisé avec l'écoulement externe et peut donc rester plus longtemps
sur la sphère avant de se détacher. Sur la Fig. 11.4, la vitesse verticale 𝑣𝑧 est représentée par rapport à la vitesse
des particules 𝑣𝑃 dans le plan équatorial pour différents nombres de Reynolds en fonction de la coordonnée
radiale. Le diagramme montre clairement le caractère de la couche limite de l'écoulement. La diminution de
l'épaisseur de la couche limite est reconnaissable par l'augmentation du nombre de Reynolds, comme cela se
produit de manière analogue avec l'écoulement sur des plaques. Les champs de vitesse indiqués ont été calculés
à l'aide d'un programme numérique de dynamique des fluides (CFD), dans lequel l'équation de continuité et les
équations de Navier-Stokes ont été résolues numériquement.

Fig. 11.2 Photographies de la formation d'un vortex annulaire derrière une particule solide sphérique

Fig. 11.3 Sillage du vortex de Kármán. (À gauche : Visualisation de l'écoulement à partir d'une expérience de laboratoire de Jürgen
Wagner, A droite : Image satellite de la configuration après le débordement des îles Robinson Crusoé
Coefficient de traînée d'une sphère fixe
Pour calculer la vitesse de mouvement d'une sphère fixe selon l'Eq. 11.4, on a besoin du coefficient de traînée ζ.
La relation entre le coefficient de traînée et le nombre de Reynolds s'appelle la loi de la résistance. Elle a été
déterminée théoriquement et expérimentalement pour l'écoulement autour de sphères solides et lisses et
illustrée à la Fig. 11.5.

Cours Phénomènes d’Echanges


165

Fig. 11.4 Vitesse verticale dans le plan équatorial lorsque un fluide s'écoule autour d'une sphère solide pour différents nombres de
Reynolds. bezogene radialkoordinate= Coordonnées radiales associées
Dans le domaine de l'écoulement lent, où les forces de compression peuvent être négligées par rapport aux forces
de frottement, la loi de résistance dérivée de Stokes (1851) s'applique :
24
𝜁 = 𝑅𝑒 11.6
La zone de l'écoulement lent est donc également appelée domaine stokesien. Des considérations théoriques
montrent que cette loi de résistance n'est valable que dans le domaine où 𝑅𝑒 ≪ 1. Les mesures expérimentales
fournissent s’accordent exactement avec la théorie dans la gamme où 𝑅𝑒 ≤ 0,25.
L'évolution ultérieure du coefficient de traînée avec l'augmentation du nombre de Reynolds devient plus
compréhensible en regard du flux de particules. Avec le détachement dans l'écoulement, le coefficient de traînée
diminue moins fortement avec le nombre de Reynolds. Cet effet est intensifié par l'apparition du sillage de vortex
de Kármán. Cet état d'écoulement comprend la région dite quadratique ou newtonienne de la loi de résistance
(103 ≤ 𝑅𝑒 ≤ 3.· 105 ) (Fig. 11.5).

Fig. 11.5 Coefficient de résistance pour les particules solides sphériques (ligne continue) et non sphériques (lignes pointillées), les
points figurent les mesures de sphères.
La grande majorité de la résistance résulte des forces d'inertie. Étant donné que le coefficient de traînée peut être
interprété comme le rapport entre la force de traînée et la force d'inertie, il s'ensuit que le coefficient de traînée
doit être constant. Les mesures montrent que dans le domaine newtonien, la relation suivante s'applique :
𝜁 ≈ 0,4.
Le déplacement drastique de l'anneau de séparation dû à l'apparition d'une couche limite turbulente au-dessus
de 𝑅𝑒 = 3. 105 conduit à une réduction significative de la surface du vortex du côté opposé au courant. Le
coefficient de traînée chute d'environ 0,4 à 𝑅𝑒 = 3. 105, à 0,07 à 𝑅𝑒 = 4 · 105. La figure 11.6 montre le résultat
qualitatif d'une expérience célèbre de Prandtl. En appliquant un anneau de fil (fil-piège), une couche limite
turbulente a été créée artificiellement. L'anneau de détachement se déplace considérablement vers l'arrière de la
balle. En raison du retard dans l'écoulement, ce déplacement entraîne une récupération de pression (voir équation

Cours Phénomènes d’Echanges


166

de Bernoulli) à l'arrière de la bille, ce qui réduit la résistance à la pression beaucoup plus que la résistance au
frottement n'augmente en raison de l'augmentation de la longueur de course jusqu'au point de détachement.
Cela provoque l'effondrement du coefficient de traînée.

Fig. 11.6 Écoulement autour d'une sphère à 𝑅𝑒 = 15 000 (à gauche) et à 𝑅𝑒 = 30 000 avec ce qu'on appelle un « fil-piège » (à
droite)
Le démarrage en question des turbulences pour réduire le coefficient de traînée peut également être obtenue par
la structuration de la surface. Les balles de golf, dont la surface comporte des régularités, en sont un exemple
frappant. En conséquence, la chute du coefficient de traînée à une valeur d'environ 0,25 se produit déjà à un
nombre de Reynolds d'environ 5. 104, ce qui correspond à une vitesse d'environ 20 m/s. Par conséquent, les balles
de golf volent donc beaucoup plus loin que les balles sans structure de surface (parfois d'un facteur allant jusqu'à
3 à 4).
Il existe un certain nombre d'équations de calcul pour décrire l'ensemble du coefficient de traînée pour toute la
région de Re :
24 4
𝜁= + + 0,4 11.7
𝑅𝑒 𝑅𝑒 1/2

Les écarts, par rapport aux valeurs mesurées d'un grand nombre d'auteurs différents, s'élèvent à un maximum de
20 %. Le léger inconvénient de cette équation est que la vitesse des particules 𝑣𝑃 selon l'Eq. 11.4 ne peut être
déterminée que de manière itérative, puisque le nombre de Reynolds dans l'Eq. 11.7 dépend de 𝑣𝑃 et que 𝑣𝑃 lui-
même dépend du coefficient de traînée. Ce problème se résout avec une deuxième équation de ζ :
2 2
1 72 1 72𝑣𝑐
𝜁 = 3 (√𝑅𝑒 + 1) = 3 (√𝑣 + 1) 11.8
𝑃 𝑑𝑃

qui décrit également assez bien l’évolution des valeurs mesurées. L'équation du mouvement (équation 7.4) peut
être convertie en une autre forme en introduisant le nombre d'Archimède Ar, qui représente le rapport entre la
flottabilité et la force de frottement et ne contient que des données sur les matériaux ou les particules :
3
𝜌𝑃 −𝜌𝑐 𝑔𝑑𝑃 3
𝐴𝑟 = = 𝑅𝑒 2 𝜁 11.9
𝜌𝑐 𝑣𝑐2 4
Si ζ est inséré dans cette relation selon l'équation 7.8, on peut calculer le nombre de Reynolds :
2
𝑣𝑃 𝑑𝑃 √𝐴𝑟
𝑅𝑒 = 𝑣𝑐
= 18 (√1 + 9 − 1) 11.10

Ainsi, la vitesse de chute 𝑣𝑃 est explicitement représenté. L'équation (11.7) et l'équation (11.8) conduisent toutes
deux à la loi de Stokes 𝜁 = 24/𝑅𝑒 pour 𝑅𝑒 → 0 et à une valeur finale constante pour les grands nombres de
Reynolds, qui, cependant, diffère légèrement.
Dans l'ensemble, le mouvement des particules solides entraîne toujours une augmentation monotone de la vitesse
𝑣𝑃 avec l'augmentation du diamètre 𝑑𝑃 . Dans le domaine stokesien, 𝑣𝑃 ~𝑑𝑃2 est valable, tandis que dans le
1/2
domaine newtonien, la proportionnalité 𝑣𝑃 ~𝑑𝑃 existe. Afin d'obtenir une représentation sommaire de la
dépendance de la vitesse d'un solide et d'une sphère liquide sur le diamètre de la particule, en tenant compte de
tous les paramètres d'influence, on a développé les formules clés sans dimension suivantes :
1. vitesse sans dimension :

Cours Phénomènes d’Echanges


167

3 𝜌𝑐2
𝑣 ∗ ≡ 𝑣𝑃 √ 11.11
𝜂𝑐Δ𝜌𝑔
2. diamètre de particule sans dimension :
3 𝜌𝑐 ∆𝜌𝑔
𝑑∗ ≡ 𝑑𝑃 √ = 𝐴𝑟 1/3 11.12
𝜂𝑐2

Ces relations clés peuvent être utilisées pour comparer directement les vitesses de déplacement des particules
solides et des particules fluides. En utilisant ces quantités, l'équation (11.10) valable pour les sphères solides peut
être transformée comme suit :
2
18 𝑑∗1,5
𝑣 ∗ = 𝑑∗ (√1 + 9
− 1) 11.13

Cette relation est illustrée à la Fig. 7.7. Il devient clair que dans l'aire du domaine stokesien
(𝑑 ∗ ) < 1,7) :
𝑑∗2
𝑣∗ = 11.14
18

tandis que dans l'intervalle newtonien (𝑑 > 60), on a la relation suivante :
𝑣 ∗ = 2𝑑 ∗1/2 11.15
La résistance est généralement fortement causée par des phénomènes de détachement, qui dépendent à leur
tour du degré de turbulence de l'écoulement de base ( Fig. 11.6). Ce degré de turbulence, qui peut favoriser le
passage dans la couche limite turbulente, influence également la taille du coefficient de traînée, mais
normalement pas très fortement. En fait, la résistance d'un corps se déplaçant à travers un milieu au repos et sans
turbulence diffère de celle d'un corps en écoulement, en présence d’un degré notable de turbulence.

Fig. 11.7 Vitesse sans dimension de chute des sphères solides


Mouvement de particules solides de forme irrégulière
Dans les processus techniques, les particules sphériques ne jouent qu'un rôle secondaire. On rencontre beaucoup
plus fréquemment des particules de forme irrégulière. Pour caractériser l'écart de la forme réelle de la particule
par rapport à celle d'une sphère, on utilise le facteur de forme ou sphéricité, ψ :
𝐴0𝑆𝑝ℎ.
𝜓≡ 𝐴0𝑃
11.16
Cette quantité représente le rapport entre la surface 𝐴0𝑆𝑝ℎè𝑟𝑒 d'une sphère de volume égal et la surface réelle de
la particule 𝐴0𝑃 .
Il existe deux approches pour tenir compte de l'influence complexe de la forme de la particule sur la vitesse du
mouvement.

Cours Phénomènes d’Echanges


168

Dans le cas le plus simple, le coefficient de traînée des particules sphériques est corrigé d'une certaine quantité.
Ce qui peut être fait en utilisant les coefficients de correction 𝑘𝜓 déterminés empiriquement, compilés dans le
tableau 11.1 en multipliant les vitesses de chute stationnaires calculées pour des sphères de volume égal par un
coefficient de correction 𝑘𝜓 , et
a) dans le domaine de Stokes :
2
|𝜌𝑃 −𝜌𝑐 |𝑑𝑉 𝑔
𝑣𝑃 = 𝑘𝜓;𝑆𝑡 18𝜂𝑐
11.17
Tableau 11.1 Coefficients de correction de forme 𝑘𝜓 pour le taux de chute en régime permanent (Pettyjohn et Christiansen, 1948)

d: Diamètre de la face de base ; h : Hauteur du cylindre

b) dans la gamme newtonienne :


|𝜌𝑃 −𝜌𝑐 |𝑑𝑉 𝑔
𝑣𝑃 = 𝑘𝜓;𝑁 √3 11.18
𝜌𝑐

Les calculs sont basés sur le diamètre de la sphère équivalente au volume :


6 1/3
𝑑𝑉 = (𝜋 𝑉𝑃 ) 11.19
La deuxième approche de calcul concerne une équation généralement valable pour le coefficient de résistance
des particules non sphériques. Étant donné que les trajectoires des particules irrégulières peuvent être très
complexes, comme les feuilles qui tombent avec leurs mouvements parfois de balancement ou de culbute, il ne
faut guère s'attendre à une description complète. Parmi le grand nombre d'équations disponibles, la relation
suivante peut être recommandée comme la plus probable :
24 73,69 𝑅𝑒 𝑒𝑥𝑝(−5,0748𝜓)
𝜁 = 𝑅𝑒 {1 + [8,1716 𝑒𝑥𝑝(−4,0655𝜓)]𝑅𝑒 0,0964+0,5565𝜓 } + 𝑅𝑒+5,378 𝑒𝑥𝑝(6,2122𝜓) 11.20
Ici encore, il faut utiliser le diamètre sphérique équivalent (Éq. 11.19) et la sphéricité (Éq. 11.16). La précision de
l'équation diminue à mesure que la sphéricité diminue. Dans une comparaison large de données mesurées, on a
constaté un écart moyen d'environ 20 % avec des écarts maximaux d'environ 100 %. Une comparaison avec le
coefficient de traînée d'une sphère est illustrée à la Fig. 11.5 pour deux sphéricités différentes.

11.2 Mouvement transitoire des particules


Outre la vitesse finale stationnaire, le processus transitoire d'accélération des particules est souvent également
important pour les processus techniques. Par exemple, un changement de direction d'écoulement est effectué
pour séparer les particules d'un flux gazeux, le but de pouvoir séparer les particules en raison de leur inertie. Un
autre exemple est le séchage par atomisation. Ici, les particules humides sont pulvérisées dans un flux de gaz
chauffé pour être séchées. Un tel appareil doit être conçu avec beaucoup de précision, car les particules qui ne

Cours Phénomènes d’Echanges


169

sont pas complètement séchées conduiraient à une masse pâteuse qui ne pourrait plus être évacuée de l'appareil.
Le dimensionnement exact nécessite de tenir compte du processus de chute transitoire.
L'équilibre des forces en mouvement transitoire doit être ajoutée d'un terme d'inertie et est donc le suivant :
𝐹𝑇 = 𝐹𝐺 − 𝐹𝐴 − 𝐹𝑣
𝑑𝑣𝑃 𝜌𝑓𝑙
𝜌𝑃 𝑉𝑃 𝑑𝑡
= 𝑉𝑃 (𝜌𝑃 − 𝜌𝑐 )𝑔 − 𝜁𝑏 2
𝑣𝑃2 𝐴𝑃 11.21
Ici, 𝑣𝑃 représente la vitesse relative entre la particule et le fluide environnant. 𝜁𝑏 coefficient de traînée transitoire.
Du cas des particules sphériques considéré ici, découle l'équation différentielle suivante :
𝑑𝑣𝑃 𝜌𝑐 𝜌 3
𝑑𝑡
= (1 −
𝜌𝑃
) 𝑔 − 𝜁𝑏 𝜌 𝑐 4𝑑 𝑣𝑃2 11.22
𝑃 𝑃

La condition initiale nécessaire pour résoudre cette équation résulte de la valeur initiale 𝑣𝑃 (𝑡 = 0).
La solution de l'équation (11.22) dépend également du mouvement du fluide. Il en résulte un système d'équations
différentielles couplées qui sont liées les unes aux autres par des conditions initiales et aux limites. Le coefficient
de traînée 𝜁𝑏 dans l'équation (11.21) est celui du mouvement transitoire et diffère de celui du mouvement
stationnaire. Afin d'arriver à une équation facile à utiliser sans les frais d'une simulation avec un programme de
Computational Fluid Dynamics (CFD), une partie du fluide environnant est prise en compte dans la masse à
accélérer. Cette masse fluide, dite masse « apparente » ou « virtuelle », dépend de la géométrie et de l'orientation
des particules. Dans les particules solides sphériques, le volume du fluide accéléré est la moitié du volume de la
particule. Ce volume de fluide dépend essentiellement de la forme, de sorte que pour les bulles dans l'eau, on
donne, pour le rapport volumique α, une valeur de 0,25 . En introduisant le rapport volumique α comme quotient
du volume du fluide co-accéléré par rapport au volume de la particule, on obtient une équation différentielle
légèrement modifiée pour le mouvement des particules dépendant du temps :
𝑑𝑣𝑃 𝜌𝑃 −𝜌𝑐 𝜌𝑐 3
= 𝑔 − 𝜁𝑏 𝑣𝑃2 11.23
𝑑𝑡 𝜌𝑃 +𝛼𝜌𝑐 𝜌𝑃 +𝛼𝜌𝑐 4𝑑𝑃
Comme le coefficient de traînée du mouvement accéléré 𝜁𝑏 est inconnu, la valeur déterminée pour le mouvement
stationnaire des particules ζ est utilisée à des fins de simplifications. En général, le système d'équations ne peut
être résolu qu'avec des méthodes numériques. L'équation (11.22) peut également s’afficher sans dimensions :
𝑑 𝑅𝑒𝑏 3 𝜌∗ 𝜁𝑏 1−𝜌∗
+ 𝑅𝑒𝑏2 − 𝐺𝑎 =0 11.24
𝑑 𝐹𝑜 4 1+𝛼𝜌∗ 1+𝛼𝜌∗
selon les définitions suivantes :
3 2
𝑔𝑑𝑃 𝜌𝑐
𝐺𝑎 ≡ Nombre de Galilée 11.25
𝜂𝑐2
𝜂𝑐 𝑡
𝐹𝑜 ≡ 𝜌 2 Nombre de Fourier 11.26
𝑐 𝑑𝑃

𝜌∗ = 𝜌𝑐 ⁄𝜌𝑃 11.27
Les résultats du calcul numérique du mouvement des sphères fixes sont présentés à la figure 11.15 sous la forme
du nombre transitoire 𝑅𝑒𝑏 associé au nombre de Fourier pour divers nombres Galiléens. Comme point de départ
du calcul on prend l'hypothèse que 𝑣𝑃 (𝑡 = 0) = 0. Au fur et à mesure que le nombre de Fourier augmente, 𝑅𝑒𝑏
augmente jusqu'à ce que la valeur finale stationnaire soit atteinte, ce qui résulte de l'équation (11.4) en tenant
compte de l'équation (11.7) ou (11.8). Une solution analytique approximative pour l'équation (11.24) peut être
établie pour le domaine stokesien si l'on considère l'équation (11.24) en tenant compte de la « masse apparente »
de la particule. Pour ce faire, le coefficient de traînée 24/𝑅𝑒𝑏 est utilisé et l'équation différentielle est intégrée. À
la suite de ce calcul, on a :
𝑅𝑒𝑏 𝜌∗ 1 𝜌∗
𝐺𝑎(1−𝜌∗ )
= 18 [1 − 𝑒𝑥𝑝 (−18 𝐹𝑜 1+𝛼𝜌∗ )] 11.28
La courbe correspondante est également représentée sur la Fig.117.8 et ne diffère pas très significativement de
celle de 𝑅𝑒 ≤ 0.1. En général, les valeurs selon l'équation (11,28) sont un peu plus élevées que les résultats du
calcul numérique et la vitesse finale stationnaire est donc atteinte beaucoup plus tôt.

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170

Fig. 11.8 Dépendance du nombre de Reynolds apparenté par rapport au nombre de Fourier pour le mouvement transitoire des
particules de sphères individuelles solides
Le chemin ℎ𝑏 parcouru par une particule transitoire est obtenu en intégrant la vitesse instantanée de la particule
ou le nombre de Reynolds dans le temps. Sans dimension, cela signifie :
ℎ𝑏 𝐹𝑜
𝑑𝑃
= ∫0 𝑅𝑒𝑏 𝑑𝐹𝑜 11.29
Les séquences de mouvement des particules deviennent encore plus complexes lorsqu'une composante de vitesse
horizontale se produit en plus d'une composante verticale. Dans ces cas, des trajectoires courbes se produisent.
Cependant, le traitement de ce mouvement est tout à fait analogue aux considérations présentées sur le
mouvement vertical.

11.3 Mouvement des essaims de particules


Dans les applications techniques, les particules se présentent rarement individuellement, mais généralement sous
la forme d'essaims de particules. Cette constatation s'applique à toutes sortes de particules.
11.3.1 Particules solides
Il existe une différence significative entre le mouvement d'une particule individuelle en train de chuter et celui
d'une particule en suspension. Dans le cas d'une seule particule, on peut supposer avec une précision suffisante
qu'elle se déplace dans un liquide stationnaire. Dans une suspension en sédimentation, cependant, le solide qui
tombe déplace le liquide à un point tel que chaque particule s'enfonce dans un liquide qui s'écoule vers le haut.
Par conséquent, la vitesse de descente 𝑣𝑠𝑠 d'une particule en suspension est inférieur a la vitesse de descente
stabilisé 𝑣𝑠 d'une seule particule se déplaçant dans un liquide stationnaire.
La vitesse de descente des particules en suspension est entravée par une deuxième influence, l'augmentation du
transfert de quantité de mouvement. L'influence du transfert de la quantité de mouvement peut s'expliquer plus
facilement si le mouvement d'une sphère est considéré dans un liquide infini et dans un liquide fini étendu. La
figure 11.9a montre le mouvement de chute d'une seule sphère dans un liquide infiniment étendu et les vitesses
qui se produisent dans le processus. Le liquide est doté d'une vitesse ascendante purement verticale de
l'amplitude 𝑣̅𝑓 , comme c'est également le cas dans la sédimentation à la suite de l'écoulement de déplacement.
D'un point de vue purement formel, on doit considérer une vitesse moyenne, car il n'y a pas de vitesse constante
de la phase fluide. Ensuite, la vitesse de descente absolue de la sphère 𝑣𝑎𝑏𝑠 , pour un observateur extérieur, est
donnée par :
𝑣𝑎𝑏𝑠 = 𝑣𝑃 ∓ 𝑣̅𝑓 11.30

Cours Phénomènes d’Echanges


171

Fluide infiniment étendu, s’écoulant vers le haut Fluide, en chenal étroit, s’écoulant vers
le haut
Fig. 11.9 Champ de vitesse autour d'une sphère solide qui s'enfonce dans un écoulement fluide ascendant. a à la dilatation infinie
du liquide, b à une section efficace d'écoulement étroite

vue latérale vue plan

Fig. 11.10 Modèle en configuration cubique pour les essaims de particules en écoulement

Les vitesses descendantes sont positives. Si l'on considère maintenant le mouvement sphérique dans un canal
d'écoulement relativement étroit, on obtient la distribution de vitesse schématiquement représentée à la Fig.
7.9b. Le mouvement des particules déplace le liquide, de sorte que le profil de vitesse dans le liquide passe par un
maximum beaucoup plus prononcé. En conséquence, le gradient de vitesse dans le fluide à la surface de la
particule devient beaucoup plus élevé et donc le transfert de quantité de mouvement augmente. Par conséquent,
le mouvement de la sphère dans le passage peut également être considéré comme s'il se produisait dans un liquide
subissant un frottement interne apparemment plus élevé, c'est-à-dire une viscosité accrue, de sorte que la vitesse
de descente de la particule, 𝑣𝑃 , réduite. Cette idée peut être appliquée au mouvement des sphères à l'intérieur
d'une suspension. Cependant, des distributions de vitesse beaucoup plus compliquées se produisent, qui sont
également variables dans le temps, car le contour fixe et continu de la paroi doit être remplacé par les surfaces
sphériques qui n'existent que pendant des périodes limitées.
Pour une meilleure compréhension des processus physiques qui se déroulent à l'intérieur de l'essaim des
particules, on utilise le modèle simple de la chute d'un essaim en tenant compte uniquement de l'effet de
déplacement. Le point de départ est un essaim de particules à travers lequel un liquide s'écoule et est maintenu
en suspension du point de vue d'un observateur se déplaçant avec le liquide. Dans le cas d'un essaim de particules
en sédimentation, cet écoulement de fluide est causé par le déplacement du fluide induit par le solide. L'essaim
de particules considéré est mono-dispersé (c'est-à-dire que toutes les particules ont le même diamètre) et a une
disposition cubique uniforme (Fig. 11.10). On suppose que, de manière analogue à la sphère unique, la vitesse
maximale de l'écoulement des particules correspond à la vitesse de descente d’une particule unique 𝑣𝑃 . Cela se
produit au travers de l'essaim, dans les plus petites zones restantes entre les particules. La plus petite fraction de
surface libre, 𝑓 = 𝐴𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 /𝐴𝑡𝑜𝑡 , entre les sphères, est donnée pour la disposition choisie conformément à la Fig.
11.10 :

Cours Phénomènes d’Echanges


172

𝐴𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 𝜋 𝑑 2
𝑓≡ 𝐴𝑡𝑜𝑡
= 1 − 4 ( 𝐿𝑃 ) 11.31
Cela donne le rapport de la vitesse du conduit vide nécessaire pour maintenir la structure de l'essaim illustré, 𝑣𝑓
𝑉̇
𝑣𝑓 ≡ 𝐴 𝑓 11.32
𝑡𝑜𝑡

Pour déterminer la vitesse de chute de la sphère individuelle pour des raisons de continuité :
𝑣𝑓 𝜋 𝑑 2
𝑣𝑃
= 1 − 4 ( 𝐿𝑃 ) 11.33
En conjonction avec la fraction volumique des solides 𝜑𝑉
𝑉 𝜋 𝑑 3
𝜑𝑉 ≡ 𝑉 𝑃 = 6 ( 𝐿𝑃 ) 11.34
𝑡𝑜𝑡

à partir duquel le rapport 𝑑𝑃 ⁄𝐿 peut être déterminé, par l'expression suivante :


𝑣𝑓 2/3
𝑣𝑃
= 1 − 1,2𝜑𝑉 11.35
Dans le cas de l'essaim de particules descendantes, la vitesse de descente de l'essaim 𝑣𝑠𝑠 doit être utilisée pour
𝑣𝑓 . En fait, l'équation (11.35) ne fournit des valeurs significatives que pour les petits 𝜑𝑉 . Ceci est également facile
à comprendre en raison de l'approche très simplifiée. Les aspects suivants, qui sont importants pour le processus
de mouvement, n'ont pas été pris en compte :
• Ordre irrégulier de la liaison particulaire.
• Augmentation du transfert de quantité de mouvement dans l'essaim due aux gradients de vitesse plus élevés.
• Effets des turbulences dans l'écoulement du fluide.
• Augmentation apparente des dimensions des particules due à la couche limite, entraînant des vitesses de fluide
plus élevées dans les sections transversales les plus étroites et donc des valeurs plus faibles du rapport 𝑣𝑠𝑠 ⁄𝑣𝑃 .
• Système de particules polydispersées.
Pour le calcul de la vitesse de chute en essaim des particules mono-dispersées, on peut trouver de nombreuses
équations. La figure 11.11 montre les données de mesure pour 𝑣𝑠𝑠 ⁄𝑣𝑃 . en fonction de la fraction volumique des
solides. De plus, les résultats d'une équation semi-théorique sont affichés.
𝑣𝑠𝑠 1−𝜑𝑉
= 11.36
𝑣𝑃
𝜑𝑉 1,2
[1+(1−𝜑𝑉)2 ][1+ ]
√1+[𝜋⁄(12𝜑𝑉)]2−0,5

ou celle d'une relation empirique fréquemment utilisée :


𝑣𝑠𝑠
= (1 − 𝜑𝑉)𝑚 11.37
𝑣𝑃
Dans l'équation (11.37), m = 4,65 dans le domaine stokesien ou m = 2,2 pour le domaine newtonien et dans la
région de transition.
3 −0,06
∆𝜌 𝑔𝑑𝑃
𝑚 = 5,5 𝐴𝑟 −0,06 = 5,5 ( 2 ) 11.38
𝜌𝑓𝑙 𝜈𝑓𝑙

Les différents exposants résultent essentiellement des différentes épaisseurs de couche limite qui semblent
augmenter la dimension des particules. La couche limite laminaire est beaucoup plus épaisse que celle du cas
turbulent. Les particules qui s'écoulent dans le domaine laminaire provoquent ainsi un déplacement plus
important et donc un rapport de vitesse 𝑣𝑠𝑠 ⁄𝑣𝑃 plus faible.

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173

Fig. 11.11 Effets de la teneur en solides sur la vitesse de chute de l'essaim

11.4 Transfert convectif, stationnaire de chaleur


et de matière
Prenons en compte le transfert convectif associé aux particules. En raison de l'analogie entre la chaleur et
l'échange de matière, les relations et les équations décrites ci-dessous pour le transfert de matière s'appliquent
de manière analogue au transfert de chaleur, comme nous l'avons déjà expliqué précédemment.

Fig. 11.12 Transfert stationnaire de matière à une sphère solide dans un fluide. Konzentrationsgrenzschicht=couche limite
de concentration

Le transfert stationnaire de matière, particules solides ou fluides (Fig. 11.12) est décrit de manière analogue aux
chapitres précédents à l'aide du coefficient de transfert de matière :
𝑚̇𝐴 = 𝜇(𝜌𝐴0 − 𝜌𝐴∞ ) ou 𝑛̇ 𝐴 = (𝐶𝐴0 − 𝐶𝐴∞ ) 11.39
Étant donné que le champ de concentration et donc les gradients de concentration à l’interface solide-fluide
dépendent généralement de l'emplacement en raison de la convection, des coefficients locaux et moyens de
transfert de matière peuvent être déterminés, comme dans le cas de l'écoulement sur des tubes et des plaques.
11.4.1 Particules uniques solides
On considère le transfert de matière au niveau de sphères individuelles, en écoulement, ayant une surface extene
rigide. Les processus de transfert à l'intérieur de la sphère solide, tels que les processus de diffusion, ne sont pas
pris en compte dans ce qui suit. Une sphère qui circule dans la direction circonférentielle est schématiquement
représentée à la figure 11.13.

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174

Fig. 11.13 Écoulement turbulent autour de la sphère avec profil de vitesse et couche limite

Avec l'augmentation de la coordonnée Θ, il se forme un profil de vitesse. L'épaisseur de la couche limite laminaire
augmente dans la direction circonférentielle. Si l’on dépasse le nombre critique de Reynolds de 3 . 105, on entre
dans la couche limite turbulente. Directement à l'interface de la phase fixe, cependant, il y a une fine sous-couche
laminaire. De plus, il existe une séparation d'écoulement pour Re≥20 (sect. 11.1.2).
Sur la base de ces résultats fluidodynamiques, différentes formes d'écoulement peuvent être distinguées dans
l’écoulement de la sphère unique en fonction du nombre de Reynolds :
a) 𝑅𝑒 = 0 : Système au repos
b) Re < 1 : Ecoulement lent
c) 𝑅𝑒 < 3. 105 : Ecoulement dans la couche limite laminaire
d) Re > 3. 105 : Écoulement turbulent dans la couche limite
Afin de déterminer mathématiquement les coefficients de transfert de matière, les champs de concentration
doivent d'abord être déterminés en fonction des champs de vitesse. Cela peut être fait de manière analytique ou
numérique.
La différence de concentration motrice et le gradient de concentration à la surface des particules résultent tous
deux des courbes de concentration. Avec ces deux grandeurs et le coefficient de diffusion du composant transféré
dans la phase continue, on obtient alors le coefficient de transfert de matière ou l'indice Sherwood.
Les solutions numériques des bilans différentiels de quantité de mouvement ainsi que du bilan différentiel de
matière sont illustrées à titre d'exemple dans la Fig. 11.14, dans laquelle les champs de concentration calculés
autour d'une sphère solide à différents nombres de Péclet sont représentés par des courbes de concentration
constante. L'écoulement dans la couche limite à l'avant et l'écoulement des tourbillons à l'arrière de la sphère se
produisent pour les nombres de Péclet correspondants. Les écoulements soulignent que, les gradients de
concentration et donc les écoulements des matières dépendent fortement de l'emplacement.

Fig. 11.14 Distributions de concentration calculées numériquement autour d'une sphère fixe avec différents nombres de
Péclet

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175

Système au repos (𝑅𝑒 = 0)


L'intégration, en deux temps, de l'équation de transfert de matière stationnaire, écrite en coordonnées sphériques
(Équation 1.91), donne le gradient de concentration à la surface sphérique (Fig. 11.12), si l'on néglige tous les
termes de convection (diffusion unidimensionnelle pure) :
𝑑𝐶 𝐶𝐴0 −𝐶𝐴∞
( 𝑑𝑟𝐴 ) =− 𝑅
11.40
𝑟=𝑅
L'insertion de cette relation dans l'équation de définition du nombre de Sherwood avec le diamètre sphérique 𝑑𝑃
comme longueur caractéristique conduit à :
𝜇𝑑𝑃
𝑆ℎ = 𝐷 =2 11.41
𝐴𝐵

Ecoulement lent (𝑅𝑒 < 1)


Dans cette plage d'écoulement, les forces de viscosité dominent les forces d'inertie. Un modèle d'écoulement
laminaire se forme, qui est maintenu sur toute la circonférence de la sphère jusqu'au pôle postérieur. Il n'y a pas
de détachement de flux.
Des considérations théoriques amènent dans ce cas à :
𝑆ℎ = 0,991𝑃𝑒1/3 11.42
5
Écoulement dans la couche limite laminaire (1 < 𝑅𝑒 < 3. 10 )
Après le contact du fluide avec le corps qui s'écoule autour de lui, il se forme un profil de vitesse avec une couche
limite laminaire, dont l'épaisseur augmente avec l'augmentation de la longueur de l'écoulement, comme on l'a
déjà montré pour l'écoulement sur plaque. Dans ce cas, l'écoulement réel à une distance légèrement plus grande
de la particule peut être suffisamment turbulent. De plus, à partir de 𝑅𝑒 > 20, la formation de vortex se produit
du côté opposé au courant (section 11.1.2). Le coefficient de transfert de matière ou l'indice moyen de Sherwood,
peut être calculé selon la relation suivante:
(𝑅𝑒𝑆𝑐)1,7 3 −1/3
𝑆ℎ = 2 + 𝑓𝑘 1+(𝑅𝑒𝑆𝑐)1/2 avec 𝑓𝑘 = 0,66 [1 + (0,84𝑆𝑐1/6 ) ] 11.43

Fig. 11.15 Nombre moyen de Sherwood de la sphère rigide en fonction des nombres de Péclet et de Schmidt comme paramètres.
Les équations (11.41, (11.42) et (11.43) pour le transfert de matière sur des sphères solides ne sont valables que
pour les plages de nombres de Reynolds restreintes. Sur la figure 11.15, le nombre de Sherwood, formé avec le
diamètre de la particule, est représenté comme un paramètre en fonction de la convection ou de l'indice de Péclet
et fonction du nombre de Schmidt. Ce schéma est valable pour 0 ≤ 𝑆𝑐 < ∞ et pour 0 ≤ 𝑅𝑒 ≤ 3. 105 . Le
diagramme montre une augmentation plus faible dans le cas de l'écoulement lent (𝑆𝑐 → ∞) que dans le cas de la
couche limite laminaire prononcée (𝑆𝑐 → 0).

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176

Écoulement turbulent de la couche limite (𝑅𝑒 > 3. 105)


Au-dessus de 𝑅𝑒 = 3. 105, la couche limite liquide passe à l'état turbulent, à la surface de la sphère. Dans la zone
de contact, l'écoulement dans la couche limite est encore laminaire, tandis qu'il devient turbulent en aval (Fig.
11.13). L'anneau de détachement se déplace considérablement en aval.
Pour décrire le transfert de matière, on peut utiliser l'équation qui a été dérivée pour l'écoulement turbulent sur
des plaques planes. Ci-dessous le diamètre de la sphère 𝑑𝑃 est utilisé à la place de la longueur de la plaque. Le
nombre de Sherwood (Gnielinski) est alors :
0,037𝑅𝑒 0,8 𝑆𝑐
𝑆ℎ = 11.44
1+2,443𝑅𝑒 −0,1 (𝑆𝑐 2/3 −1)

Domaine de validité : 𝑅𝑒𝑐𝑟𝑖𝑡 ≈ 3 · 105 < 𝑅𝑒 ; 0,6 ≤ 𝑆𝑐 ≤ 2000

11.5 Transfert convectif transitoire de la chaleur


et de la matière
Le transfert de la matière à travers l'interface entre particules est généralement un processus dépendant du temps
et donc instable. La description mathématique discutée ci-dessous prend en compte les systèmes constitués d'une
seule sphère solide et l'environnement. Le transfert de matière s'effectue dans un système stationnaire de
manière purement diffuse ou, par convection, en présence d'une sphère. On suppose que les valeurs de la
substance sont constantes et que le diamètre de la sphère ne change pas. Dans les explications ultérieures, seul
le transfert de la particule dans le fluide environnant sera pris en compte. La direction opposée, cependant, doit
être traitée de manière tout à fait analogue. Les fondements mathématiques et les définitions qui sont décisifs
pour la solution du problème de transferts interne et externe de la sphère solide sont précédés séparément par
des explications complémentaires.
Les applications techniques typiques de ces procédés transitoires sont les extractions liquides/liquides, les
rectifications et les processus d'absorption dans les colonnes vésicales, les récipients d'agitation et les appareils
similaires.
11.5.1 Principes mathématiques de détermination du transfert de matière
Le champ de concentration pertinent pour le transfert de matière comprend l'intérieur de la sphère et son
environnement (Fig. 11.16 à droite). Le champ de concentration est calculé séparément pour les deux phases. Le
couplage des régions à l'interface de phase se fait par des conditions de couplage distinctes. La composante
diffusante est A. À l'intérieur de la particule, la concentration de A diminue à partir du centre de la sphère jusqu'à
la valeur la plus basse 𝑐𝐴𝑑0 à l'interface de phase, comme le montre la figure 11.16 à droite. Dans la phase
continue, la concentration de A diminue de la valeur à la limite de phase 𝑐𝐴𝑐0 à 𝑐𝐴𝑐∞ à une grande distance de la
particule. L'équilibre à l'interface de phase des systèmes gaz/liquide doit être calculé à l'aide de la loi de Henry.
Dans ce qui suit, le nombre de Henry sans dimension est donc utilisé pour décrire l'équilibre :
𝑐𝐴𝑑0
𝐻∗ ≡ 𝑐𝐴𝑐0
11.45
Le nombre de Henry est lié au coefficient d'équilibre 𝑚 introduit comme suit :
𝑑𝑥𝐴𝑑 𝐶 𝑑𝑐 𝐶
𝑚= 𝑑𝑥𝐴𝑐
= 𝐶𝑐 𝑑𝑐𝐴𝑑 𝑚 = 𝐶𝑐 𝐻 ∗ 11.46
𝑑 𝐴𝑐 𝑑

Pour le transfert de substances entre une particule et un fluide environnant, les trois problèmes caractéristiques
déjà expliqués existent. Si l'on tient compte de la relation entre le nombre de Henry 𝐻 ∗ et le coefficient d'équilibre
𝑚, ce qui suit s'applique au coefficient de passage de matière lié à la différence de concentration dans la phase
dispersée :

Cours Phénomènes d’Echanges


177

1 1 𝑚𝑐𝑑 ⁄𝑐𝑐 1 𝐻∗
𝑘𝑑
=𝜇 + 𝜇𝑐
=𝜇 +𝜇 11.47
𝑑 𝑑 𝑐

Fig. 11.16 Courbes de concentration à l'intérieur et à l'extérieur des particules sphériques. À gauche : Problème intérieur ; Milieu :
Problème externe ; Droite : problème conjugué
le flux molaire transitoire momentanée en A est calculé par :
̅ − 𝐻 ∗ 𝐶𝐴𝑐∞ )
𝑛̇ 𝐴 = 𝑘𝑑 (𝐶𝐴𝑑 11.48
1/2
Comme la proportionnalité 𝑆ℎ~𝑃𝑒 existe à partir d'environ 𝑃𝑒 > 10 suivant :
2
𝑆ℎ = 𝑓 𝑃𝑒 1/2
√𝜋
ce qui suit s'applique : 𝜇~𝐷1/2. Les trois cas de base sont donc les suivants (Fig. 11.16) :
1. Problème interne (pas de résistance de transfert externe) :
𝜇𝑑 ≪ μc /𝐻 ∗ → 𝐻 ∗ (𝐷𝑑 /𝐷𝑐 )1/2 ≪ 1, donc 𝑐𝐴𝑐 = 𝑐𝐴𝑐0 = 𝑐𝐴𝑐∞ = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡. et 𝑘𝑑 = 𝜇𝑑 .
2. Problème externe (pas de résistance interne) : 𝜇𝑑 ≫ 𝜇𝑐 /𝐻 ∗ →𝐻 ∗ (𝐷𝑑 /𝐷𝑐 )1/2 ≫ 1, 𝑐𝐴𝑑 = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡 . dans la
particule entière, mais dépendant du temps et 𝑘𝑑 = 𝜇𝑐 /𝐻 ∗ .
3. Problème conjugué (les résistances de transfert à l'intérieur et à l'extérieur sont du même ordre de grandeur)
: 𝜇𝑑 ≈ 𝜇𝑐 /𝐻 ∗ → 𝐻 ∗ (𝐷𝑑 /𝐷𝑐 )1/2 ≈ 1.
Le champ de concentration à l'intérieur et à l'extérieur de la particule fluide est décrit par deux équations
différentielles couplées. Ce système peut être résolu numériquement, en tenant compte des conditions initiales,
limites et de transition. Dans le système de coordonnées à symétrie sphérique (r, φ, Θ), le champ de vitesse est
symétrique à la coordonnée φ, tout comme le champ de concentration. Par conséquent, il n'y a pas de
changements de concentration dans la direction de la coordonnée de circonférence : 𝑣 = 𝑣 (𝑟, 𝛩) et le problème
peut être traité comme bidimensionnel.
Pour plus de simplicité, on utilise les différences de concentration sans dimension suivantes :
Phase particulaire :
𝐶𝐴𝑑 −𝐻∗ 𝐶𝐴𝑐(𝑡→∞)
𝜉𝐴𝑑 ≡ 𝐶 ∗𝐶 11.49
𝐴𝑑(𝑡=0) −𝐻 𝐴𝑐(𝑡→∞)

Phase continue :
𝐶𝐴𝑐 −𝐶𝐴𝑐(𝑡→∞)
𝜉𝐴𝑐 ≡ 𝐶 ∗− 𝐶 11.50
𝐴𝑑(𝑡=0) /𝐻 𝐴𝑐(𝑡→∞)

Habituellement, l'augmentation de la concentration de A dans la phase continue peut être négligée en raison du
volume beaucoup plus important de cette phase. Par conséquent, au lieu de 𝐶𝐴𝑐(𝑡→∞) , la concentration 𝐶𝐴𝑐∞ peut
être utilisée pour former 𝜉𝐴𝑑 et 𝜉𝐴𝑐 . Le dénominateur de 𝜉𝐴𝑑 représente la différence de concentration maximale
possible dans la particule, le dénominateur de 𝜉𝐴𝑐 celui dans la phasecontinue.
Sur la base du bilan différentiel de matière, en tenant compte de la symétrie de rotation, (pas de composante dans
la direction de l'angle d'azimut φ), les équations différentielles sans dimension pour les champs de concentration
sont comme suit :
Phase particulaire :

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178


𝜕𝜉𝐴𝑑 𝐷𝑐 ∗ 𝜕𝜉𝐴𝑑 𝑣Θ𝑑 𝜕𝜉𝐴𝑑 𝑃𝑒𝑐 𝐷𝑐 1 𝜕 𝜕𝜉𝐴𝑑 1 𝜕 𝜕𝜉𝐴𝑑
𝜕𝐹𝑜𝑐 𝐷𝑑
+ (𝑣𝑟𝑑 𝜕𝑟 ∗
+ 𝑟∗ 𝜕𝜃
) 2 𝐷𝑑
= 𝑟 ∗2 [𝜕𝑟 ∗ (𝑟 ∗2 𝜕𝑟 ∗
) + sin 𝜃 𝜕𝜃 (sin 𝜃 𝜕𝜃
)] 11.51
Phase continue :

𝜕𝜉𝐴𝑐 ∗ 𝜕𝜉𝐴𝑐 𝑣Θ𝑐 𝜕𝜉𝐴𝑐 𝑃𝑒𝑐 1 𝜕 𝜕𝜉𝐴𝑐 1 𝜕 𝜕𝜉𝐴𝑐
𝜕𝐹𝑜𝑐
+ (𝑣𝑟𝑐 𝜕𝑟 ∗
+ 𝑟∗ 𝜕𝜃
) 2
= 𝑟 ∗2 [𝜕𝑟 ∗ (𝑟 ∗2 𝜕𝑟 ∗
) + sin 𝜃 𝜕𝜃 (sin 𝜃 𝜕𝜃
)] 11.52
Les nombres de Fourier et de Péclet sont définis comme suit :
𝑡𝐷𝑐
𝐹𝑜𝑐 ≡ 𝑅𝑃2 11.53
𝑣𝑃 𝑑𝑃
𝑃𝑒𝑐 ≡ 11.54
𝐷𝑐
Ce qui suit s'applique à w* et r*:
𝑣
𝑣∗ = 𝑣 11.55
𝑃
𝑟
𝑟∗ = 𝑅 11.56
𝑃

Si le champ de vitesse est connu, les équations différentielles (11.51) et (11.52) peuvent être résolues en tenant
compte des conditions initiales et aux limites suivantes.
Conditions initiales :
1. pour 𝐹𝑜𝑑 = 𝐹𝑜𝑐 = 0, 𝑟 ∗ < 1, 0 ≤ 𝜃 ≤ 𝜋 𝜉𝐴𝑑 = 1

2. pour 𝐹𝑜𝑑 = 𝐹𝑜𝑐 = 0, 𝑟 > 1, 0 ≤ 𝜃 ≤ 𝜋 𝜉𝐴𝑐 = 0
Conditions limites :
𝜕𝜉𝐴𝑑
1. Pour 𝜃 = 0, 0 ≤ 𝑟∗ < 1 𝜕𝜃
=0
𝜕𝜉𝐴𝑑
2. Pour 𝜃 = 𝜋, 0 ≤ 𝑟∗ < 1 𝜕𝜃
=0
𝜕𝜉𝐴𝑑
3. Pour 𝑟 ∗ = 0 0≤𝜃<𝜋 =0
𝜕𝑟 ∗
𝜕𝜉𝐴𝑐
4. Pour 𝜃 = 0, 0 ≤ 𝑟∗ < ∞ =0
𝜕𝜃
𝜕𝜉𝐴𝑐
5. Pour 𝜃 = 𝜋, 0 ≤ 𝑟∗ < ∞ 𝜕𝜃
=0
6. Pour 𝑟 ∗ = ∞ 0≤𝜃<𝜋 𝜉𝐴𝑐 = 0
Conditions transitoires
7. Pour 𝑟 ∗ = 1 0≤𝜃<𝜋 𝜉𝐴𝑑 = 𝜉𝐴𝑐
∗ 𝜕𝜉𝐴𝑑 𝜕𝜉𝐴𝑐 𝐷𝑐 1
8. Pour 𝑟 = 1 0≤𝜃<𝜋 𝜕𝑟 ∗
= 𝜕𝑟 ∗ 𝐷𝑑 𝐻 ∗
Le courant molaire moyen passant dans un intervalle de temps de 𝑡 = 0 à 𝑡 est calculé selon :
𝑁̇𝐴 = 𝜇𝜋𝑑𝑃2 Δ𝐶𝐴 𝑙𝑛 11.57
Avec :
(𝐶𝐴𝑑(𝑡=0) −𝐻 ∗ 𝐶𝐴𝑐(𝑡=0) )−(𝐶̅𝐴𝑑 −𝐻 ∗ 𝐶𝐴𝑐0
̅ )
Δ𝐶𝐴 𝑙𝑛 = 𝐶𝐴𝑑(𝑡=0) −𝐻∗ 𝐶𝐴𝑐(𝑡=0) 11.58
ln( ̅ ∗̅ )
𝐶 𝐴𝑑 −𝐻 𝐶𝐴𝑐0

La différence de concentration motrice est la différence moyennée logarithmique entre la concentration moyenne
̅ et celle à la surface limite de phase aux temps 𝑡 = 0 et 𝑡. L'Eq.(11.57) est en
dans la particule 𝐶𝐴𝑑(𝑡=0) ou 𝐶𝐴𝑑
même temps l'équation de définition du coefficient de transfert de masse moyen 𝜇. Les définitions des nombres
de Sherwood moyennés sur la surface et le temps des particules sont les suivantes :
Phase particulaire :
𝜇𝑑 𝑑𝑃
𝑆ℎ𝑑 = 𝐷𝑑
11.59
Phase continue :
𝜇𝑐 𝑑𝑃
𝑆ℎ𝑐 = 11.60
𝐷𝑐

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179

11.5.2 Problèmes de l’intérieur de la particule


Nous considérons d'abord le cas où la résistance au transfert de matière (problème interne) ne se produit que
dans la phase particulaire. Ainsi, la condition à l’interface est que la concentration 𝑐𝐴𝑑0 reste constante dans le
temps partout à la surface de la particule, puisque 𝑐𝐴𝑐 est constant selon les conditions.
Transfert diffusif dans une sphère
En supposant que seul un transfert purement diffusif de substances a lieu dans une sphère, l'équation (11.51) se
simplifie en :
𝜕𝜉𝐴𝑑 1 𝜕 𝜕𝜉𝐴𝑑
𝜕𝐹𝑜𝑑
= [
𝑟 ∗2 𝜕𝑟 ∗
(𝑟 ∗2 𝜕𝑟 ∗
)] 11.61
En présence d'une concentration de surface constante 𝜉𝐴𝑑0 , la solution de cette équation différentielle est la
suivante, en tenant compte des conditions initiales et aux limites pertinentes conformément à la section :
2 (−1)𝑛
𝜉𝐴𝑑 = − ∑∞
𝑛=1 [ sin(𝑛𝑟 ∗ 𝑒𝑥𝑝(−𝑛2 𝜋 2 𝐹𝑜𝑑 ))] 11.62
𝜋𝑟 ∗ 𝑛
avec le nombre de Fourier 𝐹𝑜𝑑 :
𝑡𝐷𝑑
𝐹𝑜𝑑 = 2 11.63
𝑅𝑃
Pour 𝐹𝑜𝑑 → ∞ l'expression exponentielledisparaît, donc 𝜉𝐴𝑑 = 0. Le système est en équilibre et le transfert de
matière est terminé. La figure 11.17 suivante montre la concentration associée 𝜉𝐴𝑑 en fonction du rayon associé
𝑟 ∗ avec le nombre de Fourier comme paramètre.

Fig. 11.17 Rapport de concentration 𝜉𝐴 en fonction du rayon 𝑟/𝑅 associé pour différents nombres de Fourier dans le cas d'une
diffusion transitoire dans une sphère
Pour l'évolution temporelle de la concentration moyenne 𝜉𝐴𝑑
6 1
̅ = 2 ∑∞
𝜉𝐴𝑑 2 2
𝑛=1 [𝑛2 exp(−𝑛 𝜋 𝐹𝑜𝑑 )] 11.64
𝜋
et le nombre de Sherwood moyenné dans le temps est déterminé :
𝜇𝑑 𝑑𝑃 2 6 1
𝑆ℎ𝑑 = =− 𝑙𝑛 { ∑∞
𝑛=1 [ 𝑒𝑥𝑝(−𝑛2 𝜋 2 𝐹𝑜𝑑 )]} 11.65
𝐷𝐴𝐵 3𝐹𝑜𝑑 𝜋2 𝑛2
Dans le cas d'une résistance interne pure, le bilan matière (11.51) peut être résolu en utilisant les vitesses de
circulation interne. En supposant que le transfert convectif est beaucoup plus fort que le transfert diffusif (à un
nombre élevé de Pé), la relation suivante peut être dérivée pour le coefficient de transfert de matière moyenné
dans le temps:
𝑑 3
𝜇𝑑 = − 6𝑡𝑃 𝑙𝑛 [8 ∑∞ 2
𝑛=1 𝐵𝑛 𝑒𝑥𝑝(−16𝜆𝑛 𝐹𝑜)] 11.66
Pour 𝐵𝑛 et 𝜆𝑛 respectivement, on utilise les valeurs du tableau 11.2. Cependant, sur la base des hypothèses faites
dans le calcul de l'équation (11.66), son champ d'application est limité à : 𝑃𝑒/(1 – 𝜂𝑑 /𝜂𝑐 ) > 1000.

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180

Tableau 11.2 Valeurs des paramètres 𝐵𝑛 et 𝜆𝑛 dans l'équation (7.104)


Pour des temps très courts, les équations (11.51) et (11.52) peuvent être simplifiées de telle sorte qu'il en résulte
des solutions conclues. En très peu de temps, les gradients de concentration ne peuvent se former qu'à l’interface.
Dans ce cas, le champ de concentration est toujours indépendant du champ de vitesse. Dans les équations de
transfert de matière, les termes convectifs sont alors omis. Dans le cas du problème interne, on peut utiliser la
solution analytique du transfert de matière purement diffusif pendant de courtes périodes. De manière analogue
à la théorie de la pénétration, le nombre de Sherwood dans la phase dispersée est donc obtenu à partir de
l'équation suivante :
4 −1/2
𝑆ℎ𝑑 = 𝐹𝑜𝑑 11.67
√𝜋
L'indépendance du nombre de Sherwood par rapport au nombre de Henry est remarquable. Selon les conditions
aux limites sélectionnées, la concentration sans dimension de A dans la phase continue 𝜉𝐴𝑐 reste nulle dans ce
cas. Ainsi, la concentration de l’interface est constante dans les deux phases, quel que soit le temps, et aucune
influence de H* ne peut se produire.
Calcul du flux de substances pendant de très longues périodes
Pour de très longues périodes, on obtient des valeurs limites asymptotiques pour le coefficient de transfert. Dans
le cas d'une seule résistance interne, les nombres asymptotiques de Sherwood suivants sont obtenus
analytiquement pour 𝑃𝑒/(1 + 𝜂𝑑 /𝜂𝑐 ) > 1000 pour la diffusion pure ou pour l'écoulement glissant autour des
Eq. (11.65) et (11.66) :

Fig. 11.18 Évolution temporelle de la concentration moyenne dans une cinquième sphère dans le cas de la résistance de
contrôle dans la sphère pour différents nombres de Péclet
2𝜋2
𝑅𝑒 = 0 ; 𝑆ℎ𝑑 = 3
≈ 6,58 11.68
𝑅𝑒 = 1 ; 𝑆ℎ𝑑 = 17,7 11.69

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181

Résultats de solution numérique


L'évolution temporelle, calculée numériquement, de la concentration moyenne dans la particule, est représentée
à la figure 11.18 pour un nombre de Reynolds de 100 et un rapport de viscosité de 𝜂𝑑 /𝜂𝑐 = 1. Le paramètre de la
courbe de 𝑃𝑒𝑑 indique l'intensité de la circulation interne dans la particule. Pour les petits nombres de Péclet, la
convection interne n'a pas d'importance pour le transfert de matière, de sorte que la courbe de concentration
correspond tout à fait à celle de la diffusion pure (Équation 11.64). Ce n'est qu'à 𝑃𝑒𝑑 > 10 que le flux interne
entraîne une réduction rapide de la concentration. Dans l'ensemble, le transfert de la substance à 𝐹𝑜𝑑 compris
entre 0,15 et 0,4 est presque terminé.
L'évolution temporelle du nombre de Sherwood, qui peut être calculé à partir des mêmes résultats numériques,
est représentée à la figure 11.19. Pour des temps courts, c'est-à-dire de petits nombres de Fourier, les données
calculées numériquement suivent les résultats de la théorie de la pénétration de l'équation 11.67. Pour 𝑃𝑒𝑑 , un
nombre de Sherwood asymptotique est obtenu selon la solution analytique du problème de diffusion pure de
6,58. Même avec des nombres de Péclet élevés, il existe des valeurs asymptotiques pour Sh avec des nombres de
Fourier élevés. Celles-ci sont de l'ordre de grandeur de la valeur de 17,7 dérivée pour l'écoulement lent.
À mesure que le rapport de viscosité 𝜂𝑑 /𝜂𝑐 augmente, la circulation interne diminue et le transfert de masse se
rapproche de plus en plus de celui de la diffusion pure.

Figure 11.19 Évolution temporelle du nombre moyen de Sherwood dans une cinquième sphère dans le cas de la résistance de
contrôle dans la sphère pour différents 𝑃𝑒𝑐

11.5.3 Problème externe à la particule solide


Si la résistance au transport de masse se situe exclusivement dans la phase continue, un problème d'instabilité se
pose également lorsque la concentration dans la phase particulaire diminue avec le temps. Pour de courtes
périodes, analogues au problème interne, la relation suivante résulte du coefficient de transfert de masse :
𝜇𝑐 2 𝑅𝑃 4 1
𝑆ℎ𝑐 = = 11.70
𝐷𝑐 √𝜋 𝐹𝑜𝑐1/2

L'évolution temporelle complète du nombre de Sherwood est illustrée par la figure 11.20 pour divers nombres de
Péclet. Pour les petits nombres de Fourier, la connexion selon la théorie de la pénétration Eq. 11.70 est à nouveau
obtenue. Au fur et à mesure que le nombre de Péclet augmente, le nombre de Sherwood augmente. Les nombres
asymptotiques de Sherwood qui en résultent peuvent être approximés à l'aide de la Fig. 11.20 au moyen de l'Eq.
11.39. Les seuls légers changements de concentration qui se produisent à des nombres de Fourier élevés
conduisent donc à un transfert de matière presque stationnaire.

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182

Fig. 11.20 Facteur de correction sans dimension f des particules sphériques fluides en fonction du nombre de Reynolds de la
particule, avec le rapport de viscosité 𝜂𝑃 /𝜂𝑐 comme paramètre des mesures.
Dans le cas du mouvement de gouttelettes dans un liquide, les résistances dans les deux phases doivent
généralement être prises en compte. Cela conduit à des relations complexes qui ne peuvent être résolues
mathématiquement qu'à l'aide de méthodes numériques.

Fig. 11.21 Évolution temporelle de l'indice moyen de Sherwood sur une cinquième sphère dans le cas du contrôle de la résistance
dans la phase continue pour différents nombres de Péclet. mittlerer Sherwoodszahl = nombre moyen de Sherwood.
Stationârer Stoffûbergang = transfert de matière stationnaire

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183

XII. Echanges en fluidisation


12.1. Définitions
Dans un lit dit fluidisé, le tourbillonnement ou la fluidisation des particules solides, présentes à l'état de repos sous
la forme d'une couche de particules solides, s'effectue par un flux ascendant de gaz ou de liquide passant à travers
la couche. Cette couche de particules solides dans son ensemble présente un comportement semblable à celui
d'un liquide.
Le principe est simple. En effet, si un fluide est passé de bas en haut à travers un lit de particules fines, à un faible
débit, le fluide percole simplement à travers les espaces vides entre les particules stationnaires ; Il s'agit alors d'un
lit fixe. Avec une augmentation du débit de fluide, les particules s'écartent et quelques-unes vibrent et se
déplacent dans des régions restreintes. C'est le lit en expansion. À une certaine vitesse encore plus élevée, on
atteint un point où toutes les particules sont simplement suspendues par le fluide, liquide ou gazeux, qui s'écoule
du bas de la couche de particules solides vers le haut. À ce stade, la force de frottement entre la particule et le
fluide contrebalance simplement le poids des particules, la composante verticale de la force de compression entre
les particules adjacentes disparaît et la chute de pression à travers n'importe quelle section du lit est à peu près
égale au poids du fluide et des particules dans cette section. Le lit est considéré comme étant simplement fluidisé
et est appelé lit fluidisé naissant ou lit à fluidisation minimale.
Les installations à lit fluidisé se caractérisent notamment par un transport intensif de chaleur et de masse et sont
donc utilisées pour un large éventail de processus techniques. Outre de nombreux procédés de production
chimique, les procédés de séchage et d'adsorption ainsi que les procédés de combustion et les procédés
biotechnologiques, sont réalisés industriellement à l'aide de lits fluidisés.

12.2. Historique
La technologie de la fluidisation a été développée par Fritz WINKLER, (1888-1950), chimiste allemand, qui a
développé le principe de la gazéification en lit fluidisé dans le cadre de l'optimisation du procédé Haber-Bosch,
pour une production à grande échelle. Il a reçu le brevet en 1922 pour la première gazéification en lit fluidisé, dans
la production de gaz de synthèse, à partir de lignite à grains fins, dans le générateur Winkler (Winkler 1922).En
1926, la première installation industrielle a été mise en service. Dans le cadre de l'application de la technologie du
lit fluidisé aux États-Unis, pour le craquage catalytique des huiles minérales dans les années 1940, des recherches
théoriques et expérimentales approfondies sur le lit fluidisé ont rapidement été menées. Dans les années 1960,
la première centrale électrique à lit fluidisé circulant a été construite à Lünen. Initialement, il était utilisé pour la
combustion du charbon et plus tard pour la calcination de l'hydroxyde d'aluminium.
La conception d’un réacteur fluidisé comprend essentiellement la détermination des variables de fonctionnement
indispensables que sont : la perte de charge dans la couche de particules solides, la vitesse de fluidisation et le
comportement de l’expansion de la couche de particules solides. En outre, on décrit le comportement du mélange
des phases solide et fluide ainsi que le transfert, d’une part de chaleur et d’autre part de matière, entre le fluide
et les particules.

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184

12.3. Comportement phénoménal des lits fluidisés


Pour parvenir à remuer les particules solides d'une couche, il est nécessaire de dépasser un certain débit
volumique minimum de fluide 𝑉̇𝑚𝑓 ou la vitesse minimum de fluidisation, 𝑣𝑚𝑓 . À des vitesses inférieures à 𝑣𝑚𝑓 , la
couche de particules solides reste sous forme de lit fixe ( Fig. 12.1a) : le fluide s'écoule à travers les porosités de la
couche, cad les espaces entre particules solides, sans modifier l’emplacement de ses particules. Avec
l'augmentation du débit de fluide et donc des forces dynamiques s’exerçant sur les particules solides de la couche,
certaines commencent à se déplacer dans une zone limitée, la majorité des particules restant encore fixe. Une
augmentation supplémentaire de la vitesse du fluide, amène au point du début de l’expansion de la couche, auquel
toutes les particules sont en suspension dans le fluide sans contact permanent les unes avec les autres. C’est le
point de vitesse minimum de fluidisation.

couche couche couche couche couche


Fixe homogène non homogène à entrechocs turbulente
Fig. 12.1 États d'écoulement caractéristiques dans les lits fluidisés
À cette fluidisation minimale, où le fluide s'écoule à la vitesse minimale de fluidisation 𝑣𝑚𝑓, et le lit des particules
solides a la porosité du minimum de fluidisation 𝜀𝑚𝑓 . Si la fluidisation a lieu avec un liquide, le lit fixe se dilate
uniformément (lit fluidisé ou lit fluidisé homogène, voir Fig. 12.1b et c). Si, cependant, un gaz est utilisé, des bulles
de gaz presque exemptes de solides se forment au-dessus d'une certaine charge gazeuse (lit non homogène ou
hétéro-fluidisé, Fig. 12.1d). Dans ce cas, la taille de la bulle augmente considérablement avec l'augmentation de
la hauteur d'expansion. Dans le cas d'appareils de petits diamètres (appareils de laboratoire), les bulles de gaz
atteignent la taille de la section transversale si l’épaisseur de la couche en expansion est suffisamment haute.
Comme le montre la Fig. 12.1e, les pistons à gaz montent alors vers le haut dans le lit fluidisé, la couche de
particules solides est périodiquement et brusquement soulevé et retombe (lit fluidisé à collisions). À partir d'une
certaine vitesse, au de-là de la vitesse minimum de fluidisation, il y a un entrainement croissant de particules
solides hors de la couche et de l'appareil. La ligne de démarcation nette qui existait à l'origine entre le lit fluidisé
et l'espace gazeux libre au-dessus de la couche de particules solides en fluidisation disparaît. De plus, la
concentration de solides dans la couche diminue continuellement avec l'augmentation du volume du lit, ce qui
fait augmenter en conséquence la porosité du lit. Ce n'est que dans le cas idéal d'un système mono-dispersé que
la concentration en particules serait indépendante de l'altitude. Au lieu de bulles de gaz, des boules pleines se
déplacent de manière turbulente, entre lesquelles se trouvent des cavités de tailles et de formes différentes

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185

(Fig.12.1f). Cette condition est appelée lit fluidisé turbulent. Afin de maintenir un fonctionnement stationnaire, le
matériau solide entrainé hors de l'appareil doit être réinjecté dans l’appareil à l'aide d'équipements
supplémentaires (par exemple, des cyclones). De cette façon, on crée un lit fluidisé circulant.

12.4. Caractéristiques d’une couche de particules solides


Tout d'abord, la forme et les dimensions des particules solides elles-mêmes doivent être mentionnées comme des
grandeurs caractéristiques de la couche particules de solides. La disposition aléatoire des particules dans la couche
affecte le volume libre disponible pour la phase liquide ou gazeuse. Ce volume libre s’appelle la porosité. Enfin, en
ce qui concerne l'écoulement dans une couche, le diamètre hydraulique est utilisé pour caractériser les dimensions
des canaux d'écoulement disponibles.
12.4.1 Dimensions des particules
Dans presque toutes les applications techniques des garnissages, c’est-à-dire des couches de solides, il faut
générer une grande surface de particules solides dans un volume donné afin de pouvoir transférer un flux de
chaleur ou de matière aussi important que possible. Un paramètre central est donc la surface spécifique du solide,
𝑎𝑝 , qui est définie de deux manières, en fonction du volume. D'une part, elle est définie comme le rapport de la
surface 𝐴𝑃 d'une particule à son volume 𝑉𝑃 . Pour les particules sphériques, on applique la formule qui suit,
𝑑𝑘 étant le diamètre de la sphère :
𝐴𝑝 6
𝑎𝑝 ≡ = 12.1
𝑉𝑝 𝑑𝑘

Pour la caractérisation de l'ensemble de la couche de particules, le rapport entre la surface totale des particules
𝐴𝑃.𝑡𝑜𝑡 et le volume total de ces particules 𝑉𝑡𝑜𝑡 est plus significatif, ce qui donne la surface spécifique volumique ,a
:
𝐴𝑃𝑡𝑜𝑡
𝑎≡ 𝑉𝑡𝑜𝑡
12.2
La sphère est le corps géométrique ayant la plus petite surface spécifique volumique. En particulier, dans le
développement des garnissages à très haute performance, une grande importance est accordée à la production
de grandes surfaces spécifiques. La figure 12.2 montre quelques géométries de particules de garnissage
fréquemment utilisées. ( sattel = selle, ring = anneau).

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186

Fig. 12.2. Formes courantes de garnissage pour les couches irrégulières. Matériaux : céramique en haut, métal au milieu, plastique
en bas
Le tableau 12.1 contient les valeurs correspondantes de la surface volumique a, qui dépendent de la dimension
caractéristique des particules.
Tableau 12.1 Garnissages irréguliers. (Stichlmair)
Corps solide Dimensions de Céramique Métal Plastique
remplissage
Diamètre nominal volume porosité volume porosité volume porosité
𝑑𝑛 [mm] spécifiques ε [–] spécifiques ε [–] spécifiques ε [–]
par surface par surface par surface
a [m2/m3] a [m2/m3] a [m2/m3]
Sphères 2 1800 0,4
4 900 0,4
6 600 0,4
8 450 0,4
10 360 0,4
15 240 0,4
20 180 0,4
25 144 0,4
30 120 0,4
35 100 0,4
50 72 0,4
Anneau de 5 1000 0,56 1000 0,87
Raschig 10 440 0,60 500 0,89
15 330 0,70 350 0,92 350 0,86
20 240 0 ,72 290 0,87
25 195 0,73 220 0,92 220 0,87
35 140 0,76 150 0,93 150 0,90
50 98 0,77 110 0,95 110 0,91
80 60 0,77 65 0,96 65 0,91
Anneau de 10 515 0,92 350 0,88
Pall 15 350 0,93 220 0,91
25 220 0,73 215 0,94 160 0,93
35 165 0,76 145 0,94 110 0,93
50 120 0,77 105 0,95
80 75 0,77 78 0,96
Anneaux de 25 225 0,95
Bialecki 35 155 0,95
50 110 0,96
80 68 0,97
Selle Torus 15 450 0,71
20 355 0,72
25 255 0,74
35 166 0,76
50 120 0,79
75 92 0,80
Telleretten No.1 180 0,87
No.2 125 0,93
No.3 98 0,92

Dans le cas des particules non sphériques, on utilise différents diamètres de particules caractéristiques 𝑑𝑃 . Par
exemple, comme dit tôt au début de ce cours, on détermine le diamètre d'une sphère de même surface ou de
même volume (diamètre de la sphère équivalent au volume). Les calculs sont basés sur le diamètre volumique
équivalent sphérique:
6 1/3
𝑑𝑉 ≡ (𝜋 𝑉𝑃 ) 12.3

Cours Phénomènes d’Echanges


187

La deuxième approche de calcul consiste en une équation généralement valable pour le coefficient de résistance
des particules non sphériques. Comme les trajectoires des particules irrégulières peuvent être très complexes,
comme les feuilles qui tombent avec leurs mouvements parfois de balancement ou de culbute, il ne faut guère
s'attendre à une description complète. Alternativement, le diamètre de la sphère peut être déterminé avec la
même surface liée au volume :
𝑉𝑃
𝑑𝑃 ≡ 6 12.4
𝐴𝑃
Si la forme et la taille de toutes les particules correspondent, les systèmes sont appelés mono-dispersés. Les
systèmes polydispersés sont présents lorsque les particules diffèrent par leur forme ou leur taille, comme c'est
pratiquement toujours le cas avec les systèmes techniques. Pour les couches ayant des particules de tailles
différentes et au nombre total n, le diamètre dit de Sauter 𝑑32 est déterminé comme diamètre caractéristique des
particules pour l'ensemble des particules :
∑𝑛
𝑖=1 𝑉𝑃 𝑖
𝑑32 ≡ 6 ∑𝑛 12.5
𝑖=1 𝐴𝑃𝑖

où 𝑑32 est le diamètre d'une particule solide sphérique d’un garnissage mono-dispersé qui a le même volume
total, 𝑉𝑃𝑡𝑜𝑡 , et la même surface totale 𝐴𝑃𝑡𝑜𝑡 que le garnissage polydispersé réel idéalisé par des sphères
équivalentes en volume. Pour les particules autour d’elle, le diamètre de Sauter joue un rôle similaire à celui que
le diamètre hydraulique joue pour les systèmes qui le traversent. La définition remonte aux travaux de Sauter sur
la gazéification des combustibles.
12.4.2 La porosité ou le degré d'interstices
La porosité , ou, le degré d'interstices entre particules d’un empilage indique le rapport entre le volume
d'interstices de empilage et le volume total de la couche 𝑉𝑡𝑜𝑡 :
𝑉𝑡𝑜𝑡 −𝑉𝑝𝑡𝑜𝑡
𝜀≡ 𝑉𝑡𝑜𝑡
12.6
𝑉𝑝𝑡𝑜𝑡 représente la somme des volumes de toutes les particules. Ce ratio fournit des informations sur la structure
d'une couche solide, qui dépend de la forme et de la taille des particules et de leur orientation les unes par rapport
aux autres. Dans les applications techniques, un empilage, un garnissage de particules solides est, presque sans
exception, généré par un processus de dépôt, processus stochastique par nature. La structure des dépôts dépend
donc du hasard et ne peut donc être décrite que par les lois de probabilité. Par conséquent, les quantités
caractéristiques de la couche sont généralement déterminées expérimentalement sous forme de valeurs
moyennes sur le volume total en vrac. Ce ratio est une telle quantité intégrale, en plus de la surface spécifique. La
connaissance de la dépendance de la porosité par rapport à l’empilement est d'une grande importance pour la
description mathématique de l’empilement et des processus de transport de chaleur et de matière dans une
couche de solides. Le processus de dépôt, techniquement habituel pour remplir un appareil, conduit toujours à
des arrangements irréguliers des particules qui contiennent des espaces plus importants et donc des surfaces
solides plus petites que celles correspondant à l'empilement des particules le plus dense théoriquement possible.
L'expérience a montré que, dans le cas d'un dépôt sphérique mono-dispersée, la porosité, a une valeur d'environ
0,4. Cette valeur se situe entre celle d'un arrangement cubique régulier (𝜀 = (1 − 𝜋⁄6) = 0,48) et l'empilement
sphérique régulier le plus dense (𝜀 = 0,26).
La porosité dépend également de la distance entre les particules solides et la paroi du récipient les contenant. Un
résultat expérimental exemplaire de cette dépendance est présenté à la Fig. 12.3.

Cours Phénomènes d’Echanges


188

Fig. 12.3. Dépendance de la porosité locale 𝜀𝑙𝑜𝑐 à la distance à la paroi 𝑦⁄𝑑𝑝 correspondante pour un remplissage sphérique mono-
dispersé(Roblee) ; monodisperse Kugelschüttung =couche de billes mono-dispersées, experimentele Daten= Données
expérimentales
La porosité 𝜀 doit être égale à 1 directement à la paroi où 𝑦⁄𝑑𝑝 = 0, car les particules ne touchent la paroi que
de manière sélective. Les valeurs habituelles de la porosité, pour différents remplissages, se trouvent dans le
tableau 12.1.
Dans les systèmes polydispersés, où les particules diffèrent à la fois par leur taille et leur forme, des porosités
nettement plus faibles peuvent se produire car des particules plus fines peuvent remplir les vides entre les grosses
particules. Cependant, les deux paramètres porosité, ε, et diamètre des particules 𝑑𝑃 ou 𝑑32 ne devraient pas être
intuitivement suffisants pour pouvoir décrire clairement l'empilement et donc aussi le transfert de chaleur et de
matière.

Fig. 12.4 Couches de sphères de même taille et de même porosité a, tassement cubique, b tassement désordonné

Dans un paquet cubique de boules de même taille déposées les unes derrière les autres le fluide peut s'écouler à
travers les espaces entre les sphères. Cependant, dans un empilage désordonné du même degré d'espace avec
des sphères de même diamètre, comme le montre la figure 10.4b, les espaces peuvent être partiellement bloqués
et le passage peut être plus obstrué en certains endroits qu'en d'autres. Malgré les mêmes valeurs de porosité et
de diamètre des particules, il en résulte des structures d'écoulement différentes.
Néanmoins, la perte de charge, le transfert de chaleur et de matière peuvent être assez bien décrits par les deux
paramètres ε et 𝑑𝑃 seuls, car dans des garnissages suffisamment importants, une compensation est obtenue sur
la moyenne statistique.

Cours Phénomènes d’Echanges


189

12.4.3. Diamètre hydraulique


Pour calculer la perte de charge du fluide, dans un empilement de particules solide, il ne suffit pas de connaître
l'importance du volume libre total disponible ou de la section transversale libre totale. Si l'on considère que le
volume libre d'une couche est constitué de nombreux pores individuels, plus les particules sont grosses, plus les
pores seront grands. Une couche formée de grosses particules aura donc quelques grands interstices et une
couche formée de petites particules aura un grand nombre de petits interstices correspondants, bien que la
porosité moyenne soit presque la même pour les deux couches. La taille moyenne des différents interstices, qui
est importante pour l'écoulement, est déterminée par le diamètre hydraulique, 𝑑ℎ .
Lorsque on utilise le diamètre hydraulique, on suppose généralement que la différence de volume (𝑉𝑡𝑜𝑡 − 𝑉𝑃𝑡𝑜𝑡 )
de la couche de particules solides peut être divisé en un nombre limité de canaux d'écoulement.

Fig. 12.5 Modèles d'écoulement schématisés pour les empilements de particules solides. a canaux droits et parallèles de diamètre
constant, b canaux de plus grande longueur avec diamètre constant, c canaux de plus grande longueur avec une section
transversale variable
D'après la Fig. 12.5a, on suppose une série de canaux droits et parallèles, qui ont tous le même diamètre, c'est-à-
dire le diamètre hydraulique 𝑑ℎ et dont la longueur est égale à la hauteur de couche H. La fraction volumique des
canaux, ε, et l'interface de phase liée au volume, a, correspondent aux valeurs du l’empilement réel. Cependant,
les canaux peuvent aussi fonctionner de manière irrégulière, comme le montre la Fig. 12.5b. La longueur de ces
canaux irréguliers est supérieure à la hauteur de la couche H. Leur section transversale est immuable le long du
chemin d'écoulement. Enfin, des formes de canaux selon la Fig.12.5c sont également envisageables. Ici, les
sections de section constante et variable alternent les unes avec les autres. Bien que cette forme de canal reflète
le mieux les conditions réelles de la couche solide, elle s'est avérée tout à fait suffisante pour utilisation de l'idée
simple donnée à la figure 12.5a pour déterminer le diamètre hydraulique.
Le diamètre hydraulique est généralement défini comme le rapport de quatre fois la surface ou la section traversée
par l'écoulement par rapport à la circonférence mouillée. Dans le cas de l'empilement de solides, ce rapport doit
être modifié en tenant compte de la hauteur de dépôt, de sorte que le diamètre hydraulique soit obtenu comme
suit :
𝑠𝑒𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑′é𝑐𝑜𝑢𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑉𝑡𝑜𝑡 −𝑉𝑃𝑡𝑜𝑡
𝑑ℎ = 4 𝑝é𝑟𝑖𝑚è𝑡𝑟𝑒 𝑚𝑜𝑢𝑖𝑙𝑙é
=4 𝐴𝑃𝑡𝑜𝑡
12.7

Ici, la différence (𝑉𝑡𝑜𝑡 − 𝑉𝑃𝑡𝑜𝑡 ) correspond au volume libre de l’empilement, càd à l’interstice, tandis que 𝐴𝑃𝑡𝑜𝑡
représente la surface totale de tous les remplissages de la couche. Avec 𝑉𝑡𝑜𝑡 = 𝑉𝑃𝑡𝑜𝑡 /(1 − 𝜀) de l'Eq. 12.6) il suit :
𝜀 𝑉𝑃𝑡𝑜𝑡
𝑑ℎ = 4 1−𝜀 𝐴 12.8
𝑃𝑡𝑜𝑡

En utilisant l'Eq. 12.4), le diamètre caractéristique des particules donne :


2 𝜀
𝑑ℎ = 3 1−𝜀 𝑑𝑃 12.9
Le diamètre hydraulique est fonction de la porosité ε et du diamètre des particules 𝑑𝑃 . La porosité ε prend en
compte le volume total de l'espace présent dans la couche. Le diamètre des particules 𝑑𝑃 est une mesure de la

Cours Phénomènes d’Echanges


190

taille des pores individuels moyennés sur la couche, car plus le diamètre des particules est grand, plus les pores
entre les particules adjacentes sont grands. L’Eq. 12.9 du diamètre hydraulique, développé pour les remplissages
mono-dispersés, peut également être utilisé pour les systèmes polydispersés si le diamètre des particules 𝑑𝑃 est
remplacé par le diamètre de Sauter 𝑑32 , donné par l’Eq. 12.5, applicable aux systèmes polydispersés.
12.4.4. Distribution de la vitesse dans une couche de particules solides
L'écoulement à travers des masses ou des empilements poreux ne se produit pas seulement dans les processus
d'ingénierie chimique et des procédés, mais représente également un processus de base récurrent dans de
nombreux autres domaines techniques et naturels. Il s'agit par exemple de la pénétration de l'eau de pluie dans
le sol ou de l'écoulement des eaux souterraines. La répartition inégale de la porosité, sur la section transversale,
conduit à un écoulement irrégulier à travers la couche solide. Comme la porosité est particulièrement importante
près de la paroi, une proportion disproportionnée de l'écoulement total du fluide s'écoule, à travers la couche,
près de la paroi. Cet effet est

Fig. 12.6 Représentation schématique de la distribution de la vitesse dans les couches de remblai. a à degré d'écart constant et b à
degré d'écart spatialement variable avec un maximum près du mur. ausströmgeshwindigkeit = vitesse de sortie,
anströmgeschwindigkeit = vitesse d’entrée, Shüttung (konstanter Lückengrad) = garnissage (porosité constante), Shüttung
(örtlich veranderlicher Lückengrad, Maximum an der Wand) = garnissage (porosité spatialement variable, maximale à la
paroi)
appelé mouvement au bord ou mouvement de contournement d'un empilement de particules solides et est
d'autant plus prononcé, que la porosité près du mur devient grande. La distribution des vitesses dans un couche
en circulation continue est illustrée à la Fig. 12.6 sous forme qualitative.
En réalité, la vitesse directement à la paroi du mur, c’est-à-dire à l’interface paroi-fluide, est nulle en raison de la
première condition limite, celle d'adhérence (Fig. 12.6b). Lorsque on s’éloigne de la paroi vers l’intérieur de la
section, la vitesse augmente d'abord très fortement, passe par un maximum local, puis diminue, jusqu'à une valeur
presque constante, c'est-à-dire indépendante du rayon local. Pour la répartition de la vitesse, il y a donc, près du
bord, une vitesse prononcée et dans la zone centrale une vitesse constante. Ce comportement découle
directement de la porosité de l'empilement (Fig. 12.2).
Les possibilités théoriques et expérimentales pour déterminer le profil de vitesse sont limitées. Les prévisions
analytiques ne sont possibles que pour les remplissages ordonnés. Un calcul élaboré a été effectué par Sorensen
et Stewart, pour un couche de particules sphériques mono-dispersés ayant un compactage cubique. Cependant,
à l'aide de la simulation numérique des flux, on effectue de plus en plus, avec succès, les calculs de débit. Dans le
cas des garnissages structurés, en raison de la géométrie fixe, il n'y a pratiquement aucun problème de calcul des
écoulements monophasiques. Dans le cas de remplissages aléatoires, en revanche, il est difficile de capturer la
géométrie de remplissage avec une précision suffisante. Un certain nombre d'activités de recherche sont en cours
dans ce domaine.

Cours Phénomènes d’Echanges


191

12.4.5. Dynamique des fluides dans une couche fixe


Système Dispersé
Dans un nombre incalculable d'applications techniques, une phase dispersée composée de particules solides ou
fluide se produit en plus d'une phase continue. Par exemple, les particules d'une phase continue doivent être
séparées, par exemple, dans des bassins de décantation, des centrifugeuses ou des cyclones. Dans d'autres cas,
se produisent également des processus de transfert d'énergie et de matière. Cela s'applique aux solides utilisés,
par exemple, dans les processus de dissolution, les cristallisations, les lits fluidisés ou comme catalyseurs dans des
réactions hétérogènes. Les gouttes sont utilisées dans les extractions liquides/liquides, les sécheurs par
atomisation ou les épurateurs de gaz, entre autres. on utilise également les bulles de gaz dans des processus
d'absorption et de rectification et dans des réacteurs gaz/liquide tels que les colonnes à bulles.
Les processus d'échange d'énergie et de matière dépendent dans une large mesure de la vitesse relative entre les
particules et la phase continue, de sorte que le mouvement des particules dans son ensemble est d'une
importance fondamentale. Une connaissance fiable des vitesses de mouvement des particules dans les fluides
stationnaires et de la résistivité agissant sur les particules dans les fluides en écoulement est donc nécessaire pour
un grand nombre de processus techniques. Afin de calculer tous les processus de transfert sur des particules
rigides ou fluide, il faut connaître non seulement la vitesse de déplacement mais aussi le champ d'écoulement sur
une particule. Si les particules sont, par exemple, des bulles, des gouttelettes, un écoulement peut également se
produire à leur intérieur, ce qui est parfois d'une importance considérable pour les processus de transfert.
Les formes de particules qui se produisent dans les différents processus sont très différentes. Néanmoins, ce
chapitre considère principalement les particules sphériques, car la plupart des résultats expérimentaux et
théoriques sont disponibles à cet effet, qui peuvent également être transférés à d'autres formes de particules. De
plus, les gouttes et les bulles ont une forme sphérique, du moins dans certaines applications techniques.
Historique
L'écoulement autour des corps et les forces se produisant dans le processus ont d'abord été analysés en détail par
Stokes (1851) et décrits théoriquement sur la base des équations de Navier-Stokes. Cependant, Stokes n'a pris en
compte que les forces de frottement agissant sur les petites sphères. Étant donné que dans de nombreux cas
pratiques, non seulement la force de frottement, mais beaucoup plus la force de compression est décisive pour la
résistance à l'écoulement, on a effectué des travaux expérimentaux des forces de traînée sur les corps circulant.
Des travaux novateurs ont été menés dans la seconde moitié du XIXe siècle par Froude, qui a étudié la résistance
des coques des navires dans les chenaux de remorquage et a dérivé une loi de similitude pour les courants sous
l'influence de la gravité. En utilisant la théorie de la couche limite de Prandtl, l'écoulement autour des corps a été
traité théoriquement. L'une des propriétés de la couche limite est l'apparition possible de reflux, ce qui conduit à
la formation de vortex à l'arrière des corps qui circulent. Il en résulte la résistance à la compression des corps qui
s'écoulent autour d'elle, qui peut être déterminée au moyen de la théorie de la couche limite.
12.4.6. Mouvement stationnaire des particules
Équation du mouvement des particules sphériques
L'examen physique des écoulements chargés de particules est souvent basé sur le comportement de résistance
relativement simple d'une seule particule, la sphère étant généralement choisie comme corps modèle.
Le mouvement stationnaire des particules sphériques est dû à l'action de trois forces : la force du poids 𝐹𝑔 , la force
de flottabilité 𝐹𝐴 et la force de traînée 𝐹𝑣 . Pour des particules sphériques, on applique ce qui suit:
𝜋
𝐹𝑔 = 𝑀𝑃 𝑔 = 𝜌𝑃 6 𝑑𝑃3 𝑔 12.10
𝜋
𝐹𝐴 = 𝜌𝑐 6 𝑑𝑃3 𝑔 12.11
𝜋 𝑣𝑃2
𝐹𝑣 ≡ 𝜁𝜌𝑐 4 𝑑𝑃2 2
12.12

Cours Phénomènes d’Echanges


192

𝜌𝑐 masse spécifique de la phase continue. L'équation (12.12) représente la définition du coefficient de traînée ζ.
La résistivité est composée de deux parties, la force de compression et la force de frottement. La force de
compression résulte de l'effet de la force normale dirigée vers la surface de la particule. La force de frottement
est causée par les contraintes de cisaillement agissant sur la surface. Les deux forces sont toujours couplées. La
zone de la sphère considérée caractéristique utilisée est 𝜋𝑑𝑃2 /4. 𝑣𝑃 représente la vitesse relative entre le fluide
et la particule, ce qui est décisif pour la résistance à l'écoulement. La vitesse absolue moyenne du mouvement des
particules 𝑣̅𝑎𝑏𝑠 est obtenue à partir de la superposition de la vitesse des particules 𝑣̅𝑃 et de la vitesse moyenne du
fluide 𝑣̅𝑓 selon
𝑣̅𝑎𝑏𝑠 = 𝑣̅𝑃 + 𝑣̅𝑓
Les équations (12.10), (12.11) et (12.12) aboutissent à l'équilibre des forces 𝐹𝑣 = |𝐹𝑔 − 𝐹𝐴 | et à la vitesse terminale
de chute stationnaire des particules sphériques, appelée équation du mouvement :
4 ⌊𝜌𝑃 −𝜌𝑐 ⌋ 1
𝑣𝑃 = √ 𝑔𝑑𝑃 12.13
3 𝜌𝑐 𝜁

Pour 𝜌𝑃 > 𝜌𝑐 , la particule descend, tandis que pour 𝜌𝑃 < 𝜌𝑐 elle monte. L'équation (12.13) s'applique également
aux systèmes rotatifs (par exemple, la séparation des particules dans le champ centrifuge d'une centrifugeuse).
Là, l'accélération due à la gravité doit être remplacée par l'accélération centrifuge 𝑎𝑧 =𝜔2R. De plus, l'équation du
mouvement s'applique généralement aux particules solides ou fluides (bulles et gouttelettes). Alors que la surface
limite de phase est immobile dans les sphères solides, elle peut être mobile dans le cas des particules en
mouvement.
12.4.7. Caractéristiques de la perte de charge
L'histoire de la recherche sur la perte de charge, qui se produit lors de l'écoulement à travers des lits fixes, remonte
à plus de 150 ans et comprend des centaines d'études scientifiques. Il en résulte une maturation considérable de
sa description mathématique. La perte de charge en vrac peut être décrite par analogie à l'écoulement dans les
tuyaux ou les canaux, lorsque la structure de la couche poreuse est prise en compte par l'introduction du diamètre
hydraulique. Alternativement, la description peut également être faite en regardant les particules individuelles.
L'analogie du débit dans une canalisation ou un tuyau est plus courante. Pour la perte de charge, ce qui suit
s'applique de manière analogue à l'équation déjà vue plus haut :
𝜌 𝐻
∆𝑃 = 𝜁 ′ 𝑣̅ 2 12.14
2 𝑑ℎ
Par souci de simplification, la longueur réelle de l'écoulement L a été assimilée à la hauteur H de la couche. Le
facteur 𝜁 ′ est simplement ajouté au coefficient de traînée. La vitesse caractéristique est la vitesse effective
moyenne 𝑣, ̅ du fluide dans les tuyaux par rapport à la vitesse du tuyau vide v :
𝑉̇
𝑣≡𝐴 12.15
𝑠

Cette vitesse est obtenu mathématiquement par le rapport du débit volumique de fluide 𝑉̇ dans la colonne vide à
la section transversale 𝐴𝑠 :
𝑉
𝑣̇ = 𝜀
12.16
La dépendance de la vitesse locale d'écoulement n'est donc pas prise en compte dans ses effets sur la perte de
charge. Si le diamètre hydraulique, selon l'équation (12.8), est également utilisé dans l’équation (12.9) et que le
diamètre de Sauter 𝑑32 est utilisé comme diamètre caractéristique des particules au lieu de 𝑑𝑃 , la perte de charge
liée à la hauteur de la couche est la suivante :
∆𝑃 3 1−𝜀 𝜌𝑉 2
= 𝜁′ 12.17
𝐻 4 𝜀 3 𝑑32
Comme le facteur 3/4 est insignifiant pour la dépendance fondamentale du coefficient de traînée vis-à-vis des
variables influents, le coefficient de traînée ζ est défini comme suit :

Cours Phénomènes d’Echanges


193

𝜀 3 ∆𝑃 𝑑32
𝜁 ≡ 1−𝜀 𝜌𝑉 2 𝐻
12.18
Comme pour l'écoulement dans un tuyau, le coefficient de traînée dépend du nombre de Reynolds de cet
écoulement. Dans l'équation définissant Re, on utilise donc la vitesse moyenne 𝑣 et le diamètre hydraulique 𝑑ℎ ,
qui sont caractéristiques de l'intérieur du garnissage :
̇
𝑣𝑑32 2 1 𝑣𝑑32
𝑅𝑒𝑑ℎ ≡ = 12.19
𝜈 3 1−𝜀 𝜈
Après suppression du facteur 2/3, le nombre de Reynolds caractéristique pour l'écoulement en lits fixes est :
̇
1 𝑣𝑑32
𝑅𝑒 = 12.20
1−𝜀 𝜈
La relation entre le coefficient de traînée et le nombre de Reynolds, également connu sous le nom de loi de la
résistance, dépend de la géométrie des particules solides et de leur distribution granulométrique. Par exemple,
pour un empilement irrégulier de sphères de même taille (𝑑𝑃 = 𝑑32 ), on applique l'équation empirique basée sur
de nombreuses valeurs mesurées qui est illustré à la Fig. 12.7 :
160 3,1
𝜁= + 12.21
𝑅𝑒 𝑅𝑒 0,1

Fig. 12.7 Loi de résistance pour les couches de sphères (Brauer 1971) ou de granules (Ergun 1952). Ici widerstandsbeiwert =
Coefficient de traînée, Reynoldszahl = nombre de Reynolds, Kugeln = sphères, Granulate = Garnisage. L’équation 10.17
concerne les sphères est et la .18 des garnissages.
Pour les couches granulées, les garnissages, on applique la loi empirique de résistance établie par Ergun (1952),
qui a fait ses preuves dans de nombreuses applications :
150
𝜁= 𝑅𝑒
+ 1,75 12.22
Comme vu plus haut, la première partie de droite, dans les deux équations, détermine le coefficient de traînée de
l'écoulement laminaire et concerne les pertes par frottement, tandis que la seconde partie caractérise la part
turbulente. Dans le cas de l'écoulement laminaire, la première partie de droite dans les deux équations est
significativement supérieure à celle de l'écoulement laminaire en tube (64/𝑅𝑒). Les valeurs accrues résultent de
l'extension de l'écoulement effectif par rapport à la hauteur du remplissage H ainsi que des pertes dues aux chocs
résultant des changements de section et des déflexions.
Comme vu plus haut, l'évolution de base du coefficient de traînée peut être comprise à partir de l'analyse de la
dynamique des fluides dans des couches de sphères et de granules. Pour 𝑅𝑒 ≤ 1, il y a des courants laminaires et
les forces de frottement dominent. Pour le 1 < 𝑅𝑒 < 300 , la structure de l'écoulement est transitoire et
chaotique, de sorte que des conditions pratiquement turbulentes existent et presque seule la perte de choc de

Cours Phénomènes d’Echanges


194

Carnot est déterminante pour la perte de pression. (Cette perte de choc de Carnot se produit lors de la dilatation
discontinue d'une section transversale d'écoulement. En raison de la forte formation de vortex dans l'écoulement
après l'extension, des pertes de charge se produisent).
En plus des deux lois données, il existe un certain nombre d'autres lois de résistance pour différentes formes de
particules. En particulier, un grand nombre d'équations différentes ont été établies pour les différentes pertes de
charge sur la base de résultats expérimentaux, mais leur structure ne diffère que marginalement des équations
(12.21) et (12.22). La Fig 12.8 donne une vue d'ensemble des coefficients de traînée pour différents remplissages.

Fig. 12.8 Coefficient de résistance ζ pour différentes formes de garnissage en fonction du nombre de Reynolds. (D'après Maćkowiak
2003). Bialeckring geordnet = anneau de Bialeck ordonné.
L'équation (12.18) montre clairement la forte influence de la porosité. Pour les matériaux de garnissage, on
recherche donc des porosités élevées avec une grande surface spécifique (tableau 12.1) afin de maintenir la perte
de charge aussi faible que possible. De plus, afin d'assurer un écoulement régulier sur toute la section transversale
de l'appareil, il faut veiller à assurer un remplissage soigneux et donc une répartition uniforme des solides. Sinon,
des écoulements de dérivation se produisent (voir par exemple Fig. 12.6b zone proche de la paroi), ce qui peut
avoir un effet durable sur la productivité du réacteur, notamment dans les réacteurs à lit fixe. Les équations (12.21)
et (12.22) ne s'appliquent qu'aux lits fixes de particules mono-dispersées. Comme la porosité des remplissages
polydispersés est plus faible que celle des systèmes mono-dispersés, il en résulte des pertes de charge accrues.
les coefficients de traînée des garnissages polydispersés peuvent être calculés avec un facteur de correction à
partir de ceux des remplissages mono-dispersés correspondants :
0,75
𝜀𝑚𝑜𝑛𝑜𝑑𝑖𝑠𝑝
𝜁𝑝𝑜𝑙𝑦𝑑𝑖𝑠𝑝 = 𝜁𝑚𝑜𝑛𝑜𝑑𝑖𝑠𝑝 ( ) 12.23
𝜀𝑝𝑜𝑙𝑦𝑑𝑖𝑠𝑝

Cependant, la différence ne devient significative qu'avec des distributions de large taille.

12.5. Dynamique des fluides dans une couche fluidisée


Dans le lit fluidisé, les particules sont maintenues en suspension par un fluide s'écoulant dans la direction opposée
à la gravité terrestre. La force de compression résultant de la différence de pression ∆𝑝𝑤𝑠 = (𝑝1 − 𝑝2 )) sur la
hauteur du lit fluidisé H et la section transversale A est égale à la différence entre la force pondérale 𝐹𝐺 et la force
de suspension 𝐹𝐴 du solide :
𝐹𝐺 −𝐹𝐴 𝑉𝑠 (𝜌𝑠 −𝜌𝑓 )𝑔 𝐴𝐻(1−𝜀)(𝜌𝑠 −𝜌𝑓 )𝑔
∆𝑝𝑤𝑠 = 𝐴
= 𝐴
= 𝐴
12.24

Cours Phénomènes d’Echanges


195

Ici, la force de compression, ∆𝑝𝑤𝑠 , représente à lui seul la perte de charge causée par le lit fluidisé.
Fondamentalement, soulever le fluide autour à la hauteur H crée également une différence de pression qui
correspond à la pression hydrostatique 𝜌𝑓 𝑔𝐻. Cependant, cette perte de pression n'est pas une perte de charge,
car elle est associée à une augmentation de l'énergie potentielle, qui peut être récupérée de manière réversible
si nécessaire. L’Eq. 12.24 suppose en outre qu'il n'y a pas d'effets d'accélération et que le frottement sur les parois
peut être négligé.

Fig. 12.8 Équilibre des forces sur un lit fluidisé

Fig. 12.10. Courbe de perte de charge dans un lit fluidisé gaz/solide facilement fluidisable constitué de particules non
cohésives, presque monodispersées. (Festbett = Lit fixe, Wirbelschicht = Lit fluidisé, Leeres Rohr = Tuyau vide)

ε fait référence à ce que l'on appelle la porosité ou le volume de l'espace déjà vu plus haut :
𝑉𝑡𝑜𝑡 −𝑉𝑠 𝑉
𝜀= 𝑉𝑡𝑜𝑡
= 1 − 𝐴𝐻𝑠 12.25
Pour un matériau fluidisant bien et moins cohésif et de taille de particules à peu près uniforme, la dépendance de
la perte de pression par rapport à la charge de gaz est donnée sous une forme idéalisée conformément à la Fig.
12.10. Avec un matériau à particules fines correspondant et, par conséquent, un flux laminaire à travers la couche
de particules stationnaire, on a, dans la région à lit fixe, la proportionnalité ∆𝑝~𝑣. Selon le système de matériau
utilisé, une valeur de ∆𝑃𝑚𝑎𝑥 > ∆𝑃𝑊𝑆 est atteinte avant le début de la fluidisation due à la solidification initiale du
matériau par son propre poids ou de son compactage actif.
Lorsque le point de minimum de fluidisation est dépassé, la solidification initiale est annulée par le début de la
fluidisation et la perte de pression dans la zone du lit fluidisé tombe à la valeur d'équilibre ∆𝑝𝑤𝑠 . Selon l'équation
12.24, la perte de pression ∆𝑝𝑤𝑠 reste constante malgré l'augmentation de la charge de gaz, tant que la hauteur
du lit fluidisé est inférieure à la hauteur de l'appareil et que, par conséquent, aucune particule ne peut être
évacuée. Dans cette plage, la quantité de solides dans l'appareil ne change pas et ce qui suit s'applique :

Cours Phénomènes d’Echanges


196

𝑉𝑠 = (1 − 𝜀)𝑉𝑡𝑜𝑡 = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡 12.26


l'augmentation de la vitesse du gaz provoque une augmentation du volume du lit fluidisé 𝑉𝑡𝑜𝑡 ainsi que de la
porosité ε. Lorsque le lit fluidisé atteint le point supérieur d’évacuation, alors que le débit de gaz continue
d'augmenter, l’évacuation des particules commence. Plus la teneur en solides dans l'appareil diminue en raison
de l'augmentation d’évacuation de particules solides due à l'augmentation de la pression de gaz, plus la perte de
charge diminue. Si la vitesse du conduit dépasse la vitesse de descente des particules individuelles 𝑣𝑃 , les solides
sont complètement déchargés et la porosité est donc proche de un. La perte de charge correspond alors à celle
du tuyau vide et augmente alors avec le carré de la vitesse du fluide dans un tuyau vide, car l'écoulement est
généralement turbulent.
Si la vitesse d'entrée est abaissée en dessous de 𝑣𝑚𝑓 , le lit fixe plus lâche (𝜀 = 𝜀𝑚𝑓 ) présente une perte de pression
plus faible par rapport au début de la fluidisation. Le point de fluidisation est donc commodément déterminé par
l'intersection entre la perte de pression sur lit fixe lorsque la vitesse d'entrée est abaissée et la perte de pression
constante du lit fluidisé.
En fait, un point de fluidisation bien défini ne se produit qu'avec des distributions granulométriques très étroites.
Les grandes distributions de taille des particules qui se produisent dans les applications réelles, en revanche,
montrent une transition floue (Fig.12.11).
Les plus petites particules sont déjà fluidisées à des vitesses auxquelles les plus grosses sont encore immobiles. Ils
s’insèrent alors dans les espaces entre les grands. Les particules sont déjà en suspension. Dans ces cas, les effets
d'hystérésis ne sont pas observés comme dans les systèmes mono-dispersés. Le point de la vitesse minimum de
fluidisation résulte de l'intersection de la ligne droite prolongée de la perte de pression sur lit fixe avec l'horizontale
(𝐹𝐺 − 𝐹𝐴 )/𝐴.

Fig.12.11 Effet de la vitesse de gaz dans une conduite sur la perte de charge d'un lit fluidisé de particules de diamètres
significativement différents. (Luft/Dolomit = air/dolomie, steigende geschwindigkeit = vitesse croissante, fallende
geschwindigkeit = vitesse décroissante)

12.5.1 Vitesse de fluidisation


Le calcul de la vitesse de fluidisation minimale, 𝑣𝑚𝑓, est basé sur la considération que le point minimum de
fluidisation se trouve à la frontière entre la couche de particules stationnaire et la couche tourbillonnante de
particules. Les forces de résistance, sur les particules, produites par le fluide qui s'écoule vers le haut, doivent être
égales à la force du poids de ces particules réduite des forces de la flottabilité. Par conséquent, il faut appliquer
les lois concernant la couche au repos et celles de la couche tourbillonnante, de sorte que les pertes de charge
peuvent être égalées. La perte de charge lors de l'écoulement à travers un lit fixe polydispersé à la vitesse 𝑣𝑚𝑓 est
calculée selon l'équation d'Ergun de la manière suivante :
∆𝑝 (1−𝜀)2 1−𝜀 2
= 4,17 𝑎𝑃2 𝜂𝑔 𝑉𝑚𝑓 + 0,29𝑎𝑃 𝜌𝑔 𝑉𝑚𝑓 12.27
𝐻 𝜀3 𝜀3

Cours Phénomènes d’Echanges


197

Cette perte de pression doit être égalée à celle donnée par l'équation 10.14. Ce qui permet de calculer 𝑣𝑚𝑓 :

𝜀3 (𝜌𝑠 −𝜌𝑔 )𝑔 1
𝑣𝑚𝑓 = 7,14(1 − 𝜀𝑚𝑓 )𝜈𝑔 𝑎𝑝 [√1 + 0,067 (1−𝜀𝑚𝑓 𝜌𝑔 𝜈𝑔2 3 − 1] 12.28
𝑚𝑓 ) 𝑎𝑃

Par conséquent, pour calculer la vitesse minimum de fluidisation 𝑣𝑚𝑓 , il faut connaître les valeurs caractéristiques
du gaz (𝜌𝑔 , 𝜈𝑔 ), la densité des solides 𝜌𝑆 , la porosité 𝜀𝑚𝑓 au point minimum de fluidisation et la surface spécifique
volumique 𝑎𝑃 des particules qui est définie selon l'équation (12.1) par :
𝑆𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑐𝑢𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑙𝑖𝑡 𝑓𝑖𝑥𝑒
𝑎𝑝 ≡ 12.29
𝑉𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑐𝑢𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑙𝑖𝑡 𝑓𝑖𝑥𝑒
où l’on additionne seulement la surface extérieure, qui est déterminante pour la résistance à l'écoulement. Les
surfaces intérieures (pores) ne sont pas prises en compte. En fait, dans la pratique, l'𝑎𝑝 ne peut pas toujours être
déterminé avec précision.
La porosité du minimum de fluidisation ne peut pas être calculée à l'avance. Elle doit être estimé sur la base
d'exemples connus (voir tableau 12.1a ou déterminé expérimentalement. Comme le montre le tableau 12.1a, la
porosité à la vitesse minimum de fluidisation 𝜀𝑚𝑓 augmente avec la diminution de la taille moyenne des particules
et la diminution de la sphéricité ψ définie comme suit :
𝑆𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑝ℎè𝑟𝑒 𝑑𝑢 𝑚ê𝑚𝑒 𝑣𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝐴
𝜓≡ 𝑆𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑖𝑐𝑢𝑙𝑒𝑠
≡ 𝐴𝑂𝐾 12.30
𝑂𝑃

Pour caractériser la déviation de la forme réelle de la particule par rapport à celle d'une sphère, on recourt au
facteur de forme où la sphéricité 𝜓 est utilisée. Cette quantité représente le rapport entre la surface 𝐴𝑂𝐾 d'une
sphère de volume égal et la surface réelle de la particule 𝐴𝑂𝑃 Il existe deux approches pour tenir compte de
l'influence complexe de la forme de la particule sur la vitesse du mouvement. Dans le cas le plus simple, le
coefficient de traînée des sphères est corrigé d'une certaine quantité. Cela peut être fait en utilisant les coefficients
de correction 𝑘𝜓 déterminés empiriquement, compilés dans le tableau 12.1a en multipliant les vitesses de chute
stationnaires calculées pour des sphères de volume égal par un coefficient de correction 𝑘𝜓 , :
a) dans le domaine de Stokes, avec 𝑘𝜓,𝑆𝑡 comme coefficient de correction, on a :
2
|𝜌𝑃−𝜌𝑐 |𝑑𝑉 𝑔
𝑣𝑃 = 𝑘𝜓,𝑆𝑡 18𝜂𝑐
12.31
Tableau 12.1a Valeurs déterminées expérimentalement de la porosité au minimum de fluidisation 𝜀𝑚𝑓
Corps Diamètre équiv. sphère Facteur de forme Coefficients de
(sphéricité) correction de forme
𝑑𝑉 ψ 𝑘𝜓,𝑆𝑡 𝑘𝜓,𝑁
Sphère d 1 1 1
Parallélépipède
a x a x 2a 1,563a 0,767 0,90 0,52
a×2a×2a 1,970a 0,761 0,89 0,51
a×2a×3a 2,253a 0,725 0,88 0,48
a×a×0,1a 0,576a 0,435 0,70 0,30
a×a×0,01a 0,267a 0,110 0,19 0,15
Cylindre
h=2d 1,442d 0,831 0,93 0,58
h=d 1,145d 0,875 0,95 0,64
h=0,5d 0,909d 0,826 0,93 0,58
h=0,15d 0,608d 0,570 0,79 0,38
h=0,01d 0,247d 0,120 0,22 0,15
d : diamètre de la face de base ; h : hauteur du cylindre
b) dans le domaine newtonien, 𝑘𝜓,𝑁 étant le coefficient de correction dans ce domaine :
|𝜌𝑃 −𝜌𝑐 |𝑑𝑣 𝑔
𝑣𝑃 = 𝑘𝜓,𝑁 √3 𝜌𝑐
12.32

Les calculs sont basés sur le diamètre de la sphère équivalente au volume :

Cours Phénomènes d’Echanges


198

6 1/3
𝑑𝑉 = (𝜋 𝑉𝑃 ) 12.33
La deuxième approche de calcul consiste en une équation généralement valable pour le coefficient de résistance
des particules non sphériques. Comme les trajectoires des particules irrégulières peuvent être très co10mplexes,
comme les feuilles qui tombent avec leurs mouvements parfois de balancement ou de culbute, il ne faut guère
s'attendre à une description complète. D'après le grand nombre d'équations disponibles (p. ex. Pour une vue
d'ensemble. La relation suivante est la plus susceptible d'être recommandée :
24 73,69𝑅𝑒 𝑒𝑥𝑝 (−5,0748𝜓)
𝜁 = 𝑅𝑒 {1 + [8,1716 𝑒𝑥𝑝(−4,0655𝜓)]𝑅𝑒 0,0964+0,5565𝜓 } + 𝑅𝑒+5,378 𝑒𝑥𝑝 (6,2122𝜓) 12.34
Ici encore, on utilise le diamètre sphérique équivalant (Équation 10.18) et la sphéricité (Équation 12.14). La
précision de l'équation diminue à mesure que la sphéricité diminue. Lors d'une comparaison générale avec les
données de mesure, un écart moyen d'environ 20 % a été constaté, avec des valeurs maximales d'environ 100 %.
Une comparaison avec le coefficient de traînée d'une sphère est présentée à la Fig. 12.2b pour deux sphéricités
différentes.

Tableau 12.1b Valeurs expérimentales de la porosité au minimum de fluidisation 𝜀𝑚𝑓


Particules Sphéricité ψ Dimension moyenne des particules 𝑑𝑃 en µm
20 50 70 100 200 300 400
Sable à arêtes vives 0,67 - 0,60 0,59 0,58 0,54 0,50 0,49
Sable arrondi 0,86 - 0,56 0,52 0,48 0,44 0,42 -
Mélange de sable - - - 0,42 0,42 0,41 - -
(particules rondes)
Poudre de carbone et - 0,72 0,67 0,64 0,62 0,57 0,56 -
de verre
Anthracite 0,63 - 0,62 0,61 0,60 0,56 0,53 0,51
Charbon actif - 0,74 0,72 0,71 0,69 - - -
Catalysateur Fischer- 0,58 - - - 0,58 0,56 0,55 -
Tropsch-
Carborundum (SiC) - - 0,61 0,59 0,56 0,48 - -

De plus, la porosité au point de minimum de fluidisation dépend de la répartition des grains, comme l'illustre la
comparaison des valeurs pour le « sable arrondi » et un « mélange de sable (particules rondes) » dans le tableau
12.1b.
Les imprécisions dans la détermination de 𝑎𝑃 et 𝜀𝑚𝑓 sont parmi les raisons pour lesquelles 𝑣𝑚𝑓 ne devrait pas être
calculée à l'aide d'équations correspondantes telles que l'équation 12.13. Au contraire, la vitesse minimum de
fluidisation doit toujours être déterminée expérimentalement dans les conditions de fonctionnement. De cette
manière, des effets tels que le rejet de fines, l'agglomération ou la croissance ou le retrait des particules solides
en cas de réaction chimique (par exemple la combustion du charbon) peuvent être pris en compte. Le véritable
avantage de l'équation 12.13 est que, sur la base des valeurs mesurées de 𝑣𝑚𝑓 à l'échelle pilote, 𝑣𝑚𝑓 peut être
calculée pour un appareil à grande échelle fonctionnant dans les mêmes conditions. Avec des données connues
sur la substance et une porosité 𝜀𝑚𝑓 mesurée, la surface spécifique 𝑎𝑃 peut être déterminée avec 𝑣𝑚𝑓 mesurée.
Avec ces données, l'équation 12.13 peut ensuite être utilisée pour calculer la vitesse minimum de fluidisation pour
différentes conditions de fonctionnement (pression, température, type de gaz). La vitesse minimum de fluidisation
étant la variable essentielle pour la conception d'un lit fluidisé, un grand nombre d'études expérimentales ont été
menées pour la déterminer dans des conditions très diverses. Il en résulte de nombreuses corrélations pour les
températures et pressions plus élevées.

Cours Phénomènes d’Echanges


199

12.5.2. Dilatation des lits fluidisés homogènes


L'expansion uniforme d'un lit homogène fluidisé, avec un débit croissant de liquide, par exemple, peut être décrite
en recourant aux lois du mouvement des particules solides. La vitesse de chute des particules individuelles peut
être calculée à l'aide des données suivantes pour les vitesses de chute d’un tas de particules :
3 −0,06
𝑣𝑠𝑠 ∆𝜌 𝑔𝑑𝑃
𝑣𝑃
= 𝜀 𝑚 = (1 − 𝜙𝑣 )𝑚 avec 𝑚 = 5,5 𝐴𝑟 −0,06 = 5,5 (𝜌 2 ) 12.35
𝑓 𝜈𝑓

Dans le domaine de Stokes, on prend 𝑚 = 4,65, et 𝑚 = 2,2 pour le domaine de Newton. Dans le cas de lits
fluidisés homogènes, la vitesse de chute du tas des particules, 𝑣𝑠𝑠 , doit être égale à la vitesse du fluide dans un
tube vide, 𝑣, correspondant au maintien en suspension des particules. La Fig. 12.14 montre les mesures du rapport
𝜈𝑓 ⁄𝑣𝑃 en fonction de la porosité pour un lit fluidisé entraîné par un fluide, dans le domaine de Stokes.

Fig. 12.14 Dilatation des lits fluidisés homogènes dans la zone de 𝑅𝑒𝑃 ≪ 1. 𝜈𝑓 ⁄𝑣𝑃 en fonction de la porosité 𝜀.des sphères et du
verre,
Les données expérimentales sont très bien décrites par l'équation 12.13 pour 𝑚 = 4,65. Le comportement de
dilatation des lits fluidisés gaz/solide est fortement déterminé par la présence des bulles de gaz. Comme la vitesse
minimale de la bulle, à partir de laquelle, dépend de manière complexe celle du tas de particules agitées, on ne
peut pas donner une relation générale entre la vitesse d'entrée et la dilatation du lit fluidisé.
12.5.3. Comportement des solides dans la fluidisation gazeuse
Le fonctionnement des lits fluidisés gaz/solide est influencé, de manière décisive, par les propriétés des solides.
La classification suivante des types de matériaux en vrac a été élaborée sur la base d'expériences approfondies
sur lit fluidisé (Fig. 12.15), et a fait ses preuves par sa clarté et sa simplicité. On utilise, comme grandeurs
caractéristiques, le diamètre moyen des particules 𝑑𝑃 et la différence de masse spécifique entre les particules
solides et le gaz fluidisant (𝜌𝑠 − 𝜌𝑔 ).

Cours Phénomènes d’Echanges


200

Fig. 12.15 Différenciation des différents types de solides fluidisés par l'air selon Geldart, dans des conditions ambiantes
Groupe A
Les matériaux de grains de petite taille (environ 0,1 𝑚𝑚) et/ou de faible masse spécifique de solides présentent
le comportement suivant : les lits fluidisés contenant de tels solides (ces substances comprennent, par exemple,
le ciment, la chaux, le PVC et les catalyseurs utilisés dans les craqueurs à lit fluidisé) se dilatent de manière
homogène, même sensiblement au-dessus de la vitesse de fluidisation avant le début de la formation de bulles. Si
l'alimentation en gaz est brusquement coupée, le lit s'effondre lentement à une vitesse de 0,3 à 0,6 𝑐𝑚/𝑠, ce qui
correspond à la vitesse de la phase en suspension dans une conduite vide. Toutes les bulles de gaz montent plus
vite que le gaz entre les particules. Le diamètre maximum de la bulle est généralement inférieur à 10 𝑐𝑚.
Groupe B
Ce groupe contient la plupart des matériaux dans la gamme des granulométries et des masses spécifiques
moyennes, c'est-à-dire dans la gamme de 40 𝜇𝑚 ≤ 𝑑𝑃 ≤ 500𝜇𝑚 𝑜𝑢 1,4. 103 𝑘𝑔/𝑚3 ≤ 𝜌𝑠 ≤ 4 · 103 𝑘𝑔/𝑚3
(par exemple, sable, cendres, granulés). Contrairement aux solides du groupe A, ces matériaux commencent à
tourbillonner directement au-dessus du point de fluidisation. L'expansion du lit est faible, et si l'alimentation en
gaz est soudainement coupée, le lit s'effondre très rapidement. La plupart des bulles montent plus vite que le gaz
entre les particules. Au cours de l'ascension, les bulles initialement petites se développent par coalescence. Il ne
semble pas y avoir de limite à la taille maximale possibles des bulles.
Groupe C
Le groupe C comprend des matériaux à grain fin qui sont cohésifs d'une manière ou d'une autre (par exemple, le
dioxyde de titane, le lait en poudre et les poussières déposées dans les cyclones et les galvanoplasties). La
fluidisation de ces solides est extrêmement difficile. Le remplissage est soulevé, dans son ensemble, sous forme
de petits tubes lisses, par le gaz qui le traverse, sous forme de piston. Cette difficulté provient du fait que les forces
d'adhérence agissant entre les particules sont sensiblement plus grandes que celles que le gaz est capable
d'exercer sur les particules. Seule l'utilisation d'agitateurs mécaniques peut forcer l’amélioration de la fluidisation.
De même, ces particules sont plus faciles à fluidiser si elles sont mélangées à des particules plus grossières du
même matériau ( préférence du groupe B).
Groupe D
Ce groupe comprend les matériaux contenant des particules de grande taille et/ou très lourdes (par exemple, les
grains (séchage), les grains de café (torréfaction), les particules de charbon (combustion) ou les particules de
minerai (grillage). À l'exception des très grosses bulles de gaz, la plupart d'entre elles montent à une vitesse
inférieure à celle du gaz dans l'espace de la phase en suspension, de sorte que le gaz entre dans les bulles par le
bas et ressort à nouveau par l'extrémité supérieure. Par conséquent, le mécanisme d'échange gazeux entre les
phases de bulle et de suspension de ces solides est différent de celui des matériaux du groupe A ou du groupe B.
La vitesse du gaz dans la phase de suspension est relativement élevée. La figure (12.15) montre également les

Cours Phénomènes d’Echanges


201

lignes de démarcation ou les zones entre les groupes. Les limites saisies ont été déterminées sur la base de
considérations physiques. Les relations suivantes sont données pour les frontières (dimensionnelles suivant
l’éq.12.24) :
• Frontière AB
0,425
𝜌𝑔
𝑑𝑃∗ 𝐴𝐵 = 101 (𝜌 −𝜌 ) 12.36
𝑠 𝑔

• Frontière CA
𝑑𝑃∗ 𝐶𝐴 = 0,68 … . .1 12.37
La limite CA est moins précisément déterminable car elle dépend des forces de cohésion entre les particules.
12.5.4. Conditions de fonctionnement des lits fluidisés
Alors que le début de la fluidisation est décrit par la vitesse minimum de fluidisation, 𝑣𝑚𝑓 , la plage de travail,
c'est-à-dire la plage de paramètres dans laquelle un lit fluidisé peut techniquement fonctionner, et la vitesse de
gaz requise pour une certaine condition de fonctionnement peuvent être déterminées à l'aide de la Fig. 12.14 .
En abscisse, le diamètre de la particule sans dimension est :
3 𝜌𝑔 (𝜌𝑠 −𝜌𝑔 )𝑔
𝑑𝑃∗ = 𝑑𝑃 √ 2
𝜂𝑔
= 𝐴𝑟1/3 12.38
et en ordonnée la vitesse du gaz sans dimension :
3 2
𝜌𝑔
𝑣 ∗ = 𝑣𝑔 √ 12.39
𝜂𝑔 ((𝜌𝑠 −𝜌𝑔 )𝑔)

Ces chiffres clés peuvent être utilisés pour comparer directement les vitesses de déplacement des particules
solides fixes et en fluidisation. En utilisant ces quantités, on a :
2
18 𝑑∗1,5
𝑣∗ = √
∗( 1+ − 1) 12.40
𝑑 9

Cette relation, dans le domaine stokesienne (𝑑 ∗ < 1,7), devient :


𝑑∗2
𝑣∗ = 12.41
18
tandis que dans le domaine newtonien (d*>60), la relation suivante s’applique :
𝑣 ∗ = 2𝑑 ∗1/2 12.42
Les mêmes mesures sans dimension ont déjà été utilisées pour décrire le mouvement des particules individuelles.
La Fig. 12.16 ci-dessous montre la vitesse de déplacement des sphères solides 𝑣𝑃 selon l'équation 12.40 :

4
Fig. 12.16 Diagramme d'état général des écoulements dans les systèmes gaz/solides, avec 𝑣 ∗ en ordonné pour 𝑑𝑃∗ .en abscisse
Pneumatiche Transport = Transport pneumatique, Zirkulierende Wirbelschicht = Fluidisation circulante, Turbulente Wirbelschicht =
Fluidisation turbulente, Wirbelschicht mit Gasblasen = Fluidisation avec bulles de gaz, 𝑤𝑃 feste Kugel = vitesse de particule sphérique)

Cours Phénomènes d’Echanges


202

Les phénomènes physiques suivants deviennent clairs :


•Début de la fluidisation basée sur la vitesse minimum de fluidisation, 𝑣𝑚𝑓 , selon l'équation (12.28) et la vitesse
maximale 𝑣 = 𝑣𝑃 pour les systèmes mono-dispersés.
• L'influence du système de particules est reconnaissable aux limites tracées selon la classification de Geldart.
• Les lits fluidisés avec formation de bulles sont stables sur de grandes surfaces et des tailles de particules de type
de Geldart A et B. Avec de grosses particules, la plage de travail est beaucoup plus limitée en termes de vitesse
du gaz. Dans le cas de petites particules, la formation de bulles ne commence qu'à un multiple de la vitesse
minimum de fluidisation.
• Pour les petites particules, la vitesse du début de l'état turbulent est supérieure à la vitesse de chute des
particules individuelles. Dans le cas de grosses particules, cet état de fonctionnement est déjà atteint un peu au-
dessus de la vitesse d’entrainement.
• Les lits fluidisés circulants ne sont pratiquement accessibles qu'avec de très petites particules et des vitesses de
gaz élevées, qui sont environ 103 fois supérieures aux vitesses de minimum de fluidisation, 𝑣𝑚𝑓 .

12.5.5. Plage d'existence de la fluidisation et de l'expansion du lit


Afin de fluidiser un solide particulaire par un gaz ou un liquide qui s'écoule vers le haut, la vitesse du fluide v
(c'est-à-dire le débit volumétrique divisé par la section transversale totale) doit être comprise entre la vitesse
minimale de fluidisation, 𝑣𝑚𝑓 , et la vitesse d’entrainement, 𝑣𝑡 :
𝑣𝑚𝑓 < 𝑣 < 𝑣𝑡 12.43
Les deux limites de l'équation 12.43 définissent la plage d'existence d'un lit fluidisé. Les vitesses limites sont
obtenues à partir d'équilibres de force (ou de quantité de mouvement) comme
𝑣𝑚𝑓 𝑑
𝜈
≡ 𝑅𝑒𝑚𝑓 = 𝑅𝑒𝑚𝑓 (𝐴𝑟, 𝜀𝑚𝑓 ) 12.44
𝑣𝑡 𝑑
≡ 𝑅𝑒𝑡 = 𝑅𝑒𝑡 (𝐴𝑟)
𝜈
12.45
où 𝜀𝑚𝑓 est la porosité du lit à la fluidisation minimale (pratiquement souvent entre 0,4 et 0,7) et Ar est le nombre
d'Archimède 𝐴𝑟 ≡ 𝑔𝑑 3 𝜌(𝜌𝑃 − 𝜌)⁄𝜂 2 . Pour les particules sphériques de taille monodimensionnelle, l'équation
12.44. devient :
3
𝜀𝑚𝑓 𝐴𝑟
𝑅𝑒𝑚𝑓 = 42,9(1 − 𝜀𝑚𝑓 ) (√1 + 2 − 1) 12.44a
(1−𝜀𝑚𝑓 ) 3,214

tandis que (Eq. 12.44) pour une fluidisation homogène, devient :


2
1
𝑅𝑒𝑡 = 18 (√1 + 9 √𝐴𝑟 − 1) , 𝐴𝑟 < 2. 1010 12.45
Pour une fluidisation hétérogène et à bulles, la vitesse peut être supérieure aux valeurs d'une seule particule de
l'équation (12.45a). que l’on peut approximer par :
4
𝑅𝑒𝑡,ℎé𝑡é𝑟𝑜 ≈ √3 𝐴𝑟, si 𝑅𝑒𝑡,ℎé𝑡é𝑟𝑜 > 𝑅𝑒𝑡 12.45b
L'expansion du lit, pour une fluidisation homogène, peut être calculée approximativement à partir de
𝑅𝑒𝑚𝑓
𝑣 𝑅𝑒 𝑙𝑛( )
𝑛 𝑅𝑒𝑡
𝑣𝑡
= 𝑅𝑒 = 𝜀 avec 𝑛= 𝑙𝑛𝜀𝑚𝑓
12.46
𝑡
Par des mesures locales dans des lits fluidisés, on a constaté que la fraction volumique de gaz ou porosité, 𝜀, dans
la plage de hauteur initiale du lit (𝐻 < 𝐻𝑚𝑓 ), est plus ou moins indépendante de H pour une vitesse de gaz
donnée, alors qu'elle augmente exponentiellement avec H (jusqu'à 𝜀 = 1), pour (𝐻 > 𝐻𝑚𝑓 . Dans la gamme
inférieure où (𝐻 < 𝐻𝑚𝑓 ), la fraction volumique moyenne du gaz augmente linéairement avec la vitesse du gaz.
(Bakker et Heertjes). Pour cette plage, une équation de dilatation linéaire du lit devrait donc décrire
approximativement la situation par ailleurs assez complexe :
𝑣−𝑣𝑚𝑓
𝜖 ≈ 𝜀𝑚𝑓 + (1 − 𝜀𝑚𝑓 ) 12.47
𝑣𝑡 −𝑣𝑚𝑓

Cours Phénomènes d’Echanges


203

12.6. Transfert de chaleur fluide-particule dans des lits


fluidisés
Les processus d’échange entre le fluide et la couche des particules sont formulés ci-dessous pour le transfert de
chaleur, mais toutes les données s'appliquent également au transfert de matière si les nombres clés sont changés
en conséquence (nombre de Sherwood, 𝑆ℎ = 𝜇𝑑/𝐷 au lieu du nombre de Nusselt 𝑁𝑢 = ℎ𝑑⁄𝜆𝑓 ; nombre de
Schmidt, 𝑆𝑐 = 𝜈𝑓 ⁄𝐷 au lieu du nombre de Prandtl 𝑃𝑟 = 𝜂𝑓 𝑐𝑃𝑓 ⁄𝜆𝑓 ; avec 𝜇 : coefficient de transfert de matière,
𝐷 : coefficient de diffusion, h : coefficient de transfert de chaleur, 𝑐𝑃𝑓 : chaleur spécifique à pression constante,
𝜂𝑓 : viscosité dynamique du fluide
La dépendance du nombre de Sherwood par rapport au nombre de Reynolds, pour une sphère solide et pour le
garnissage fixe est illustrée à la figure 12.17 ci-dessous. De plus, on peut suivre les courbes des nombres
d'Archimède qui sont constantes, pour un diamètre de particule donné. La caractéristique des lits fluidisés est la
grande indépendance du coefficient de transfert de masse par rapport au débit et donc au nombre de Reynolds.
Par conséquent, pour une application pratique, il suffit généralement de calculer le nombre de Sherwood pour la
sphère unique (lignes horizontales pointillées sur la Fig. 12.17) à la vitesse de chute 𝑣𝑃 = 𝑣 et au Reynolds
correspondant 𝑅𝑒𝑃 :
𝑆ℎ𝑓𝑙𝑢𝑖𝑑𝑖𝑠𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 ≅ 𝑆ℎ𝑠𝑝ℎè𝑟𝑒 𝑢𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒 (𝑅𝑒𝑃 ) 12.48

12.6.1. Définition du coefficient de transfert de chaleur


Le coefficient de transfert de chaleur, h, entre le fluide et les particules dans un lit fluidisé est défini comme :
𝑄̇𝑓−𝑃
ℎ ≡ 𝐴(𝑇 12.48a
𝑓 −𝑇𝑃,𝑂 )𝑚𝑜𝑦

où 𝑄̇𝑓−𝑃 est le flux de chaleur total transmis du fluide à la surface de la particule, A. La différence de température
moyenne, (𝑇𝑓 − 𝑇𝑃,𝑂 )𝑚𝑜𝑦 entre le fluide et la surface de la particule est la différence de température moyenne
logarithmique si 𝑇𝑃,𝑂 est constant et que le fluide passe à travers les particules en écoulement piston (pas de
rétromélange) :
𝑇𝑓,𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 −𝑇𝑓,𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒
(𝑇𝑓 − 𝑇𝑃,𝑂 )𝑚𝑜𝑦 = 𝑇𝑓,𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒 −𝑇𝑃,𝑂
= ∆𝑇𝑙𝑛 12.48b
𝑙𝑛( 𝑇 )
𝑓,𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 −𝑇𝑃,𝑂
pour un retro-mélange total dans l'écoulement du fluide (''réservoir idéal agité''), la différence de température
moyenne devient :
(𝑇𝑓 − 𝑇𝑃,𝑂 )𝑚𝑜𝑦 = 𝑇𝑓,𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 − 𝑇𝑃,𝑂 = ∆𝑇𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 12.48c

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204

12.6.2. Calcul des coefficients de transfert de chaleur

Fig.12.17 Transfert de matière ou de chaleur dans un lit fluidisé fluides/particules. Pour ε→1, les conditions pour une seule
sphère (einzelkugel= sphère unique. Sherwoodzahl = nombre de Sherwood, Reynoldszahl = nombre de Reynold et
Festbett=lit fixe), Nombre local de Nusselt (𝑁𝑢𝑔 ) ou le Nombre de Nusselt Nu en fonction du nombre de Reynolds
(Re) pour Pr = Sc = 0,7 avec come paramètres le nombre d'Archimède (Ar) ou le nombre de Reynolds à la vitesse
de chute libre des particules individuelles (𝑅𝑒𝑡 )

Pour le transfert de chaleur, le nombre de Nusselt est généralement défini par 𝑁𝑢 = ℎ𝑑⁄𝜆𝑓 , le nombre de Prandtl
comme 𝑃𝑟 = 𝜂𝑓 𝑐𝑓 ⁄𝜆𝑓 (ℎ : coefficient de transfert de chaleur, 𝜆𝑓 : conductivité thermique du fluide, 𝑐𝑃𝑓 capacité
calorifique spécifique du fluide sous pression constante).
La figure 12.17 montre les nombres de Nusselt ou de Sherwood en fonction du nombre de Reynolds 𝑅𝑒 = 𝑣𝑑⁄𝜂
pour un lit fixe, (Festbett), ayant ε= 0,4 (courbe supérieure en rouge) et pour une seule sphère, (Einzelkugel),
(courbe pleine, inférieure rouge avec 𝜀 = 1).
Entre les deux courbes, le nombre de Nusselt ou de Sherwood passe par un maximum, mais de manière très faible,
de sorte qu’il reste essentiellement constant quelle que soit la vitesse d'écoulement, ce qui correspond à la
constance de la perte de charge dans la zone d'existence du lit fluidisé. Cela signifie que le nombre de Nusselt ou
le nombre de Sherwood peut être calculé au point minimum de fluidisation avec 𝑣 = 𝑣𝑚𝑓 𝑒𝑡 𝜀 = 𝜀𝑚𝑓 ), pour les
conditions réelles (𝑣 et 𝜀) ou au point d ’entraînement (avec 𝑣 = 𝑣𝑡 et 𝜀 = 1) avec presque le même résultat. On
peut supposer que les nombres de Nusselt ou de Sherwood calculés de cette manière reflètent correctement les
conditions locales du transfert de chaleur ou de matière entre le fluide et la couche des particules dans les lits
fluidisés. Ils sont marqués 𝑁𝑢𝑔 (g pour gaz). Dans la figure, Nu est calculé en fonction de Re pour 𝑃𝑟 =
(𝜂𝑐𝑃 )/𝜆 = 0,7 à partir des équations suivantes :
𝑁𝑢𝑙𝑖𝑡 𝑓𝑖𝑥𝑒 = [1 + 1,5(1 − 𝜀)] ∗ 𝑁𝑢𝑢𝑛𝑒 𝑠𝑝ℎè𝑟𝑒 (𝑅𝑒𝜀 , 𝑃𝑟) 12.49
2 2
𝑁𝑢𝑢𝑛𝑒 𝑠𝑝ℎè𝑟𝑒 (𝑅𝑒𝜀 , 𝑃𝑟) = 2 + √𝑁𝑢𝑙𝑎𝑚 + 𝑁𝑢𝑡𝑢𝑟𝑏 12.49a
3
𝑁𝑢𝑙𝑎𝑚 (𝑅𝑒𝜀 , 𝑃𝑟) = 0,664√𝑃𝑟√𝑅𝑒𝜀 12.49b
0,037𝑅𝑒 0,8 𝑃𝑟
𝑁𝑢𝑡𝑢𝑟𝑏 (𝑅𝑒𝜀 , 𝑃𝑟) = 1+2,443𝑅𝑒 −0,1𝜀(𝑃𝑟 2/3 −1) 12.49c
𝜀
𝑅𝑒 𝑣𝑑
𝑅𝑒𝜀 = 𝜀 = 𝜀𝜈 12.49d
Si les particules sont fixes dans l'espace, comme dans un lit fixe, la porosité, 𝜀, peut varier indépendamment de la
vitesse du fluide (ou du nombre de Reynolds). Dans un lit fluidisé, cependant, l'expansion du lit et le débit du fluide
sont couplés par une relation d’expansion, telle que donnée par l'équation 12.46.
En remplaçant la porosité, 𝜀, dans l'équation 12.49 par la fonction 𝜀(𝑅𝑒, 𝐴𝑟, 𝜀𝑚𝑓 ), à la suite de l'équation 12.46.,
et les équations. 12.44 et 12.45, on arrive à des courbes légèrement tournées vers le haut avec un maximum aux

Cours Phénomènes d’Echanges


205

nombres de Reynolds intermédiaires, comme le montre la figure 12.17 pour des valeurs fixes de Ar, ou 𝑅𝑒𝑡 , de
l'équation 12.49a.
Pour des sphères de verre ou des particules de sable (𝜌𝑃 ≈ 2500 𝑘𝑔/𝑚3 ) fluidisées par l'air à température
ambiante et à pression normale, les valeurs du nombre de Reynolds à la vitesse terminale, 𝑅𝑒𝑡 , et les valeurs
correspondantes du nombre d'Archimède, Ar, de l'équation 12.46, telles qu'elles sont données sur la Fig. 12.17
appartiennent à des tailles de particules d'environ 150 𝜇𝑚 (𝑅𝑒𝑡 = 10) jusqu'à environ 7 mm (𝑅𝑒𝑡 = 104 ).
Certains des résultats expérimentaux connus, en particulier ceux obtenus à partir d'expériences de transfert de
matière dans des lits fluidisés liquides, montrent en fait une variation de 𝑁𝑢(𝑅𝑒) avec un maximum plat, résultant
du couplage de l'équation à lit fixe 12.46 et l'équation d'expansion du lit 12.45. L'incertitude expérimentale,
cependant, est généralement plus grande que la différence entre ces lignes à courbe plate et les lignes droites et
brisées de la figure 12.17, qui sont tracées à travers les points d'extrémité des courbes, situées sur la courbe limite
inférieure de la sphère unique. Il est donc recommandé de calculer le coefficient de transfert de chaleur fluide-
particule dans la plage d'existence du lit fluidisé à partir de la relation simple :
𝑁𝑢𝑙𝑖𝑡 𝑓𝑙𝑢𝑖𝑑𝑖𝑠é ≈ 𝑁𝑢𝑠𝑝ℎè𝑟𝑒 𝑢𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒 (𝑅𝑒𝑡 , 𝑃𝑟) 12.50
Cela signifie qu’il faut utiliser 𝜀 = 1, et 𝑅𝑒𝜀 = 𝑅𝑒𝑡 (𝐴𝑟) de l'équation 12.49a dans l'équation 12.50 Dans le
domaine d'existence du lit fluidisé, 𝑅𝑒𝑚𝑓 < 𝑅𝑒 < 𝑅𝑒𝑡 , le transfert de chaleur fluide-particule ne dépend que de
l'accélération de la gravité, g, du diamètre de la particule, 𝑑𝑃 , de la masse spécifique des particules, 𝜌𝑃 , et des
propriétés physiques du fluide (𝜌, 𝑐𝑃 , 𝜂 , 𝜆), mais pas de la vitesse du fluide v.

12.7. Echange de chaleur surfaces immergées - lits fluidisés


hétérogènes
Les lits fluidisés peuvent aussi bien être chauffés via la paroi ou des surfaces chauffantes intégrées (tuyaux,
plaques, etc.). Le refroidissement est également possible et peut être traité de la même manière que le chauffage
explicitement mentionné ici. Le coefficient de transfert de chaleur sur les parois correspondantes est défini comme
suit :
𝑄̇𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖
ℎ𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 = 12.51
𝐴𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 (𝑇𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 −𝑇𝑙𝑖𝑡 )

Ici, 𝑄̇𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 est le flux de chaleur sur la paroi, 𝐴𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 la surface de la paroi, 𝑇𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 la température de la paroi et 𝑇𝑙𝑖𝑡
la température du lit fluidisé. Ce dernier est considéré comme uniforme entre les phases et dans l'espace. Le
comportement de ℎ𝑝𝑎𝑟𝑜𝑢𝑖 est illustré à la Fig. 12.18.

Fig. 12.18 : Coefficient de transfert de chaleur à la paroi en lit fluidisé en fonction de la vitesse, dans un tube vide et un tube garni de
sphères de verre (𝑑𝑃 = 400 μm) et l'air ; la paroi chauffante est un cylindre chauffé électriquement à une température
constante et placé verticalement dans le lit fluidisé

Sur cette figure, on peut observer deux lignes en pointillés obliques, la plus basse, où le coefficient de transfert de
chaleur augmente avec l’augmentation de la vitesse du fluide, dans un tube sans garnissage ; celle située plus haut

Cours Phénomènes d’Echanges


206

donne l’augmentation du coefficient de transfert de chaleur en fonction de l’augmentation de la vitesse du fluide,


dans une couche fixe de particules solides.
Contrairement à l'augmentation monotone du coefficient de transfert de chaleur avec l’augmentation de la vitesse
du gaz, dans l'écoulement de gaz monophasé et à travers une couche fixe de particules solides (courbe en
pointillés), le lit fluidisé présente, une très forte augmentation du coefficient de transfert de chaleur ℎ𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖
immédiatement après le point minimum de fluidisation, atteint une valeur maximale à une certaine vitesse du gaz
(ou une porosité correspondante) et enfin, subit une diminution progressive ultérieure.
Pour l’estimation du coefficient de transfert de chaleur d’échange avec la paroi chauffante, il est recommandé
d'utiliser le modèle de Martin qui considère que le coefficient de transfert de chaleur ℎ𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 est constitué de la
somme d'une contribution de la convection par des particules, ℎ𝑝 , d'une contribution de la convection due aux
gaz, ℎ𝐺 , et d'une contribution due au rayonnement, ℎ𝑅 :
ℎ𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 = ℎ𝑝 + ℎ𝐺 + ℎ𝑅 12.52 3
La contribution de la convection par des particules explique que les particules fluidisées entrent toujours en
collision avec la paroi et peuvent donc absorber la chaleur de celle-ci par contact. C’est évidemment le responsable
de la forte augmentation du coefficient de transfert de chaleur ℎ𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 de la Fig. 12.18, qui s'accompagne d'une
forte augmentation de la mobilité des particules immédiatement après le point de minimum de fluidisation. La
contribution gazeuse, ℎ𝐺 , est généralement beaucoup plus faible que celle due aux particules et peut être
négligée ; aux basses températures, la contribution rayonnante, ℎ𝑅 , peut être également négligée. On peut de
ce fait réécrire l’Eq. 12.52 3 comme suit :
ℎ𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖 = ℎ𝑝 12.53 a

12.7.1. Développement du modèle mécaniste de Martin


Préalablement, on considère que :
1° la masse de particules solides, fluidisée par un gaz, est complètement mélangée et de ce fait la température
des particules solides est uniforme à travers tout le lit, sauf au voisinage immédiat du point de contact avec la
surface d’échange ;
2° l’épaisseur de la couche limite thermique autour de la surface d’échange est de l’ordre de grandeur d’un
diamètre de particule.
Pour le flux de chaleur moyen échangé par une particule solide avec une aire équivalente de la surface de
l’échangeur, on a :
La quantité de chaleur instantanée cédée par cet élément de surface est :
𝜋𝑑2
𝑞𝑖′ = ℎ𝑖 𝑝 (𝑇0 − 𝑇𝑃 ) 12.53 4
4
La quantité de chaleur instantanée absorbée par la particule solide est :
3
𝜋𝑑𝑃 𝑑𝑇𝑃
𝑞𝑖′ = (𝑐𝑃 𝜌)𝑃 6 𝑑𝑡
12.54 5
2
𝜋𝑑𝑝 3
𝜋𝑑𝑃 𝑑𝑇𝑃
Ces deux quantités s’égalent : ℎ𝑖 (𝑇0 − 𝑇𝑃 ) = (𝑐𝑃 𝜌)𝑃
4 6 𝑑𝑡
𝑑𝑇𝑝 ℎ𝑖
delà on tire : = 4 𝑑𝑡
𝑇0 −𝑇𝑃 (𝑐 𝜌) 𝑑
6 𝑝 𝑝 𝑝
On trouve la différence de température en intégrant cette équation :
ℎ𝑡
𝑇0 − 𝑇𝑃 = (𝑇0 − 𝑇𝑃 )0 𝑒𝑥𝑝 − 4 𝑖 12.55 6
(𝑐𝑃 𝜌)𝑑𝑃
6
t est le temps depuis que la particule est en contact avec la paroi.
Le flux de chaleur moyen sur le temps de contact est :
′′
1 𝜏 ′′ 1 𝜏 1 𝜏 ℎ𝑖 𝜏
𝑞𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 = ∫ 𝑞𝑖 𝑑𝜏 = ∫ ℎ𝑖 (𝑇0 − 𝑇𝑃 ) 𝑑𝜏 = ∫ ℎ𝑖 (𝑇0 − 𝑇𝑃 )0 𝑒𝑥𝑝 − 𝑑𝜏
𝜏 0 𝜏 0 𝜏 0 4
(𝑐 𝜌) 𝑑
6 𝑝 𝑝 𝑝
4
1 (𝑐 𝜌) 𝑑
6 𝑝 𝑝 𝑝 ℎ𝑖 𝜏
′′
𝑞𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 = 𝜏
ℎ𝑖 (𝑇0 − 𝑇𝑃 )0 ℎ𝑖
(1 − 𝑒𝑥𝑝 − 4 ) 12.56 7
(𝑐 𝜌) 𝑑
6 𝑝 𝑝 𝑝
Le flux de chaleur rapporté à toute la surface d’échange est :

Cours Phénomènes d’Echanges


207

′′
(1 − 𝜀) ′′ 4 1−𝜀 ℎ𝑖 𝜏
𝑞̅𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 = 𝑞𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 = ℎ𝑃 (𝑇0 − 𝑇𝑃 )0 = (𝑐𝑝 𝜌) (𝑇0 − 𝑇𝑃 )0 ( ) (1 − 𝑒𝑥𝑝 − )
𝐶 6 𝑝 𝐶 4
6 (𝑐𝑝 𝜌) 𝑝
𝑑𝑝
où C est un coefficient d’ajustement égal à 2,6 ; on en tire le coefficient moyen de transfert de chaleur dû aux
particules en mouvement :
4 𝑑𝑃 1−𝜀 ℎ𝑖 𝜏
ℎ𝑃 = 6 𝜏
( 𝐶
) (𝑐𝑝 𝜌) (1 − 𝑒𝑥𝑝 − 4 ) 12.57 8
(𝑐 𝜌) 𝑑
6 𝑝 𝑝 𝑝
Admettons que le temps de contact d’une particule est inversement proportionnel à la vitesse d’agitation des
particules et proportionnel à son diamètre :
4 𝑑𝑃
𝜏= ̅𝑃
𝐶.𝑢
12.58 9
Dans cette dernière hypothèse, le temps de contact est le temps de séjour dans une couche limite dont l’épaisseur
est proportionnelle au diamètre des particules. On obtient alors :
𝟏 𝒉𝒊
̅ 𝑷 (𝟏 − 𝜺) (𝟏 − 𝒆𝒙𝒑 − 𝑪
𝒉𝑷 = 𝟔 (𝑪𝒑 𝝆) 𝒖 ) 12.59 60
𝒑 ̅𝑷
(𝑪𝒑 𝝆) .𝒖
𝟔 𝒑
On pourrait tout aussi bien supposer que le temps de contact est proportionnel à la longueur L de la surface
d’échange longée par les particules et l’on écrit :
𝐿
𝜏= ̅𝑃
𝐶.𝑢
Cela conduit à l’expression suivante :
4 𝑑 ℎ𝑖
ℎ𝑃 = (𝐶𝑝 𝜌) 𝑢̅𝑃 ( 𝑃 ) (1 − 𝜀) (1 − 𝑒𝑥𝑝 − 4 𝑑 )
6 𝑝 𝐿 ̅𝑃 ( 𝑃 )
(𝐶𝑝 𝜌) 𝐶.𝑢
6 𝑝 𝐿

12.7.2. La vitesse moyenne d’agitation des particules 𝑢̅𝑃


Dans un lit fluidisé, la vitesse moyenne d’agitation des particules u̅P est liée au degré de mobilité c’est-à-dire à la
distance moyenne entre particules. On postule l’égalité entre les énergies cinétique et potentielle des particules
fluctuant au hasard :
1
𝑚𝑢̅𝑃2 = 𝑔𝑚 12.60 1
2
Comme dans la théorie cinétique des gaz, le libre parcours moyen des particules 𝛬 est inversement proportionnel
au nombre des particules 𝑛𝑣 par volume libre 𝑉𝑙𝑖𝑏𝑟𝑒 et au carré du diamètre des particules :
1
𝛬= 2 .𝑛 12.61 2
√2.𝜋.𝑑𝑃 𝑣
On trouve :
(1−𝜀)(1−𝜀𝑚𝑓 ) 6
𝑛𝑣 = (𝜀−𝜀𝑚𝑓 )
. 𝜋 𝑑3 12.62 3
𝑃
Selon la distribution de Maxwell, la vitesse moyenne d’agitation des particules, 𝑢̅𝑃 , est liée à l’énergie cinétique
moyenne par :
8
(𝑢̅𝑃 )2 = 𝑢̅2
3𝜋 𝑃
12.63 4
On arrive à une expression de la vitesse moyenne d’agitation des particules :
𝒈 𝒅𝑷 (𝜺−𝜺𝒎𝒇 )
̅𝑷 = √
𝒖 (𝟏−𝜺)(𝟏−𝜺𝒎𝒇 )
12.64 5
𝟓
3.𝜋.6.√2
Le 5 du dénominateur provient de 8.2 = 4,998.
La vitesse moyenne d’agitation, 𝑢̅𝑃 , dépend donc du diamètre moyen des particules, 𝒅𝑷 , et de la porosité, 𝜺. On
peut voir que la vitesse moyenne d’agitation est proportionnelle à la racine carrée du diamètre moyen des
particules. La vitesse moyenne d’agitation des particules augmente quand la porosité totale du lit augmente. Mais
la vitesse moyenne d’agitation des particules diminue quand la porosité au minimum de fluidisation
εmf augmente, pour une même porosité totale.

Cours Phénomènes d’Echanges


208

Figure 12.19
La figure 12.19 ci-dessus donne la vitesse moyenne d’agitation 𝑢̅𝑃 , en fonction du diamètre moyen des particules
et de la porosité totale de la couche de particules solides pour εmf = 0,475. Les courbes donnent, pour une même
porosité totale de ε = 0,8 les vitesses moyennes d’agitation 𝑢̅𝑃 en fonction de εmf .
Dans l’équation 12.60, on remplace la vitesse moyenne d’agitation par son expression, l’Eq 12.64 5 :

1 𝑔 𝑑𝑃 (𝜀−𝜀𝑚𝑓 )(1−𝜀) ℎ𝑖
ℎ𝑃 = 6 (𝐶𝑝 𝜌)𝑝 √ 5
√ (1−𝜀𝑚𝑓 )
. 1 − 𝑒𝑥𝑝 − 12.65 6
𝑐 𝑔𝑑 (𝜀−𝜀𝑚𝑓 )
(𝐶 𝜌) √ 𝑃 √
6 𝑝 𝑝 5
(1−𝜀)(1−𝜀𝑚𝑓 )
[ ]
L’écriture de cette équation peut se simplifier comme suit :
1
ℎ𝑃 = 6 (1 − 𝜀)(𝜌𝑐𝑃 )𝑃 𝑢̅𝑃 (1 − 𝑒 −𝑁 ) 12.66
6.ℎ𝑖 𝑔 𝑑𝑃 (𝜀−𝜀𝑚𝑓 )
avec 𝑁= et 𝑢̅𝑃 = √
𝐶(𝜌𝑐𝑃 )𝑃 𝑢
̅𝑃 5 (1−𝜀)(1−𝜀𝑚𝑓 )
Ici, (𝜌𝑐𝑃 )𝑃 est le produit de la masse spécifique et de la capacité thermique des particules ; ℎ𝑝𝑎𝑟𝑜𝑖.𝑃 est le
coefficient de transfert de chaleur dans l'espace gazeux entre une seule particule et la paroi; 𝑢̅𝑃 est une vitesse
moyenne des particules ; enfin, C est le seul paramètre d'ajustement du modèle, d’une valeur constante, obtenu
par suite de la comparaison de données de mesure. Comme on peut le voir, à partir de la vitesse moyenne des
particules 𝑢̅𝑃 , le modèle du transfert de chaleur par convection dû aux particules est basé sur une idée similaire à
la théorie cinétique des gaz.
12.7.3. Expansion de la couche fluidisée
Pour déterminer expérimentalement l’expansion de la couche fluidisée, on dépose une masse M de particules
solide dans la colonne de fluidisation et l’on fait varier la vitesse du gaz. Pour chaque vitesse, on observe que la
hauteur de la couche fluidisée fluctue rapidement entre une valeur maximum H1 qu’on observe juste avant
l’éclatement d’une bulle, et une valeur minimum H2 qu’on observe juste après. La détermination précise des
hauteurs de la couche est difficile et pour des valeurs élevées de la vitesse du gaz, il n’est plus possible de faire
une mesure de niveau. Mais on peut dire que la hauteur maximum H1 de la couche fluidisée tend vers l’infini quand
la vitesse du gaz tend vers la vitesse d’entraînement des particules isolées.
On peut observer que pour des vitesses modérées, voisines de la vitesse minimum de fluidisation, la hauteur
H1 varie linéairement avec la vitesse du gaz v. Mais on arrive à une meilleure représentation de l’expansion de la
couche fluidisée si l’on représente la variation de la porosité de la couche fluidisée en fonction de la vitesse du
gaz. A partir de la masse M des particules solides déposée dans la colonne de fluidisation, on peut calculer la
hauteur fictive 𝐻0 qu’aurait le solide en l’absence de porosité :

Cours Phénomènes d’Echanges


209

𝑀
𝐻0 = 𝜋𝐷2
12.67
𝜌𝑃
4
où D est le diamètre de la colonne. On peut écrire le bilan suivant en fonction de la hauteur de la couche fluidisée :
𝐻0 = 𝐻𝑚𝑓 (1 − 𝜀𝑚𝑓 ) = 𝐻 (1 − 𝜀) 12.68
On en tire une expression de la porosité de la couche fluidisée en fonction de la hauteur :
𝑯
𝜺=𝟏− 𝟎 12.69
𝑯
On trouve une relation linéaire de la porosité de la courbe fluidisée en fonction de la vitesse du gaz. Cette relation
est valable depuis la vitesse minimum de fluidisation et la porosité minimum de fluidisation jusqu’à la vitesse
d’entrainement des particules 𝑢1 qui correspond à 𝜀 = 1. Dans d’autres cas, on trouve une courbe qui s’approche
progressivement d’une droite passant par le point de la vitesse d’entraînement des particules 𝑢1 et la porosité 𝜀 =
1. On peut écrire la relation suivante :
𝜺−𝜺𝒎𝒇 𝒖−𝒖𝒎𝒇
= 12.70
𝟏−𝜺𝒎𝒇 𝒖𝟏 −𝒖𝒎𝒇

12.7.4. Le coefficient de transfert de chaleur instantané ℎ𝑖


La résistance instantanée au passage de la chaleur au point de contact paroi-particule, en l’absence de la
contribution rayonnante, est constituée de 2 résistances en série :
1 1 1
= + 12.71
ℎ𝑖 ℎ𝑖𝑃 ℎ𝑖𝐺
Le coefficient instantané dans le solide ℎ𝑖𝑝
On suppose, qu’au moment de contact, le champ de températures se développe en isothermes hémisphériques
ayant leurs centres au point de contact. La variation de la température est donnée par l’équation aux dérivées
partielles suivante :
𝜕𝑇 𝜕2 𝑇 2 𝜕𝑇
𝜕𝑡
= 𝛼 [𝜕𝑟2 + 𝑟 𝜕𝑟 ] 12.72
avec 𝛼 = 𝜆𝑝 ⁄(𝑐𝑝 𝜌)
𝑝
A la suite de Carslaw et Jaeger, on considère une région infinie, limitée par une cavité hémisphérique de rayon
𝑟 = 𝑎 maintenue à la température constante, 𝑇0. Les conditions aux limites sont les suivantes :
t > 0, r = a, T= 𝑇0
𝑡 =0, 𝑟 > 𝑎, T = 𝑇𝑖
Dans ces conditions, la solution de l’équation (12.72) s’exprime comme suit :
𝑇−𝑇𝑖 𝑎 𝑟−𝑎
𝜃= = (1 − 𝑒𝑟𝑓 12.73
𝑇0 −𝑇𝑖 𝑟 2√𝛼𝑡
Les conditions aux limites sont bien vérifiées :
t > 0, r = 𝑎, erf 0 = 0 T = 𝑇0, θ=1
𝑡 =0, 𝑟 > 𝑎 , erf ∞ = 1, T = T i, θ=0
Le flux de chaleur instantané à 𝑟 = 𝑎 est donné par :
′′
𝑄𝑖𝑝 = −2𝜋𝑎2 𝜆𝑝 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑇𝑟=𝑎
Le gradient de température à 𝑟 = 𝑎 est donné par :
𝜕𝑇 1 1
𝜕𝑟
= −(𝑇0 − 𝑇𝑖 ) [𝑎 + ]
√𝜋𝛼𝑡
Le flux de chaleur devient :
′′ 1 1
𝑄𝑖𝑝 = 2𝜋𝑎2 𝜆𝑝 (𝑇0 − 𝑇𝑖 ) [ + ]
𝑎 𝑡
Si le flux n’est pas limité par une autre résistance, sur le temps de contact t, on a le flux moyen suivant :

1 2 (𝑐𝑝 𝜌)
′′ 𝑝
𝑄𝑖𝑝 = 2𝜋𝑎2 𝜆𝑝 [𝑎 + 𝜋

𝜆𝑝 𝑡
] (𝑇0 − 𝑇𝑖 )

Le coefficient de transfert de chaleur moyen rapporté à la surface de base de l’hémisphère est donné par :

1 2 (𝑐𝑝 𝜌)
𝑝
ℎ𝑖𝑝 = 2𝜆𝑝 [ + √ ] 12.74
𝑎 √𝜋 𝜆𝑝 𝑡

Le coefficient de transfert de chaleur instantané, suivant cette formule, correspondant à la pénétration de la


chaleur dans le solide au voisinage du point de contact est toujours très grand. Le terme asymptotique (premier

Cours Phénomènes d’Echanges


210

terme à droite de la formule, est en général prépondérant par rapport au terme transitoire (deuxième terme de
droite). Ce terme asymptotique est proportionnel à la conductivité thermique du solide et inversement
proportionnel à la longueur qui est déterminée par la géométrie de contact a. On peut dire généralement que la
résistance à la pénétration de la chaleur dans le solide, au voisinage du point de contact, est négligeable, sauf pour
des solides très mauvais conducteurs thermiques.
Pour de grands temps de contact, on ne peut pas considérer un domaine infini et l’on propose dans ce cas, pour
le coefficient instantané rapporté à l’aire de la projection de la particule sur la surface d’échange, ce qui suit :
𝜆
ℎ𝑖𝑝 = 4 𝑑𝑝 12.75
𝑝
Le coefficient de transfert de chaleur instantané dans le gaz ℎ𝑖𝑔
Le coefficient moyen de transfert de chaleur entre une surface de chauffe, à température fixe, et un milieu
brusquement mis en contact avec cette surface, est donné selon la théorie de pénétration par l’expression :
(𝜆𝑐𝑝 𝜌)
ℎ = 2√
𝑝
𝜋𝑡
Suivant cette expression le coefficient de transfert devient infiniment grand quand le temps de contact est très
court.
On peut considérer que quand le temps de contact tend vers zéro, la température de la particule ponctuellement
en contact avec la paroi chauffante peut être considérée comme uniforme ; on considère en outre que toute la
résistance au passage de la chaleur se trouve dans la couronne de gaz d’épaisseur variable autour du point de
contact.

Dans cette couronne très mince, le libre parcours des molécules gazeuses est limité par la distance 𝑠 entre les
surfaces solides et donc la conductivité thermique du gaz tend vers zéro quand on s’approche du point de contact ;
la conductivité thermique effective du gaz 𝜆𝑔𝑠 s’exprime comme suit :
𝜆𝑔
𝜆𝑔𝑠 =
2Λ 2 − 𝛾
1+ 𝑠 . 𝛾
𝜆𝑔 est la conductivité thermique normale du gaz, Λ le libre parcours normal des molécules du gaz à la pression et
à la température considérée et 𝛾 le coefficient d’accommodation.
Si l’on considère que le flux de chaleur est perpendiculaire aux surfaces d’échange, la quantité de chaleur
instantanée transférée à la particule sphérique s’exprime comme suit :
𝜆𝑔𝑠
𝑑𝑄′𝑖𝑔 = (𝑇0 − 𝑇𝑝 ) 2𝜋𝜌𝑑𝜌
𝑠
On remplace 𝜆𝑔𝑠 par sa valeur et l’on trouve :
𝑟
𝜌𝑑𝜌
𝑄′𝑖𝑔 = 2𝜋𝜆𝑔 (𝑇0 − 𝑇𝑝 ) ∫
2−𝛾
0 𝑟 − √𝑟 2 − 𝜌2 + 2Λ. 𝛾
2−𝛾
Si l’on pose 𝑙 = 2Λ. , on obtient le coefficient de transfert de chaleur instantané dans le gaz (avec 𝑑𝑝 =2r) :
𝛾
4𝜆𝑔 2𝑙 𝑝 𝑑
ℎ𝑖𝑔 = 𝑑𝑝
[(𝑑 + 1) . 𝑙𝑛 (2 𝑙 + 1) − 1] 12.76
𝑝
Le libre parcours Λ peut être estimé par l’expression suivante :
2𝜋𝑅𝑇 𝜆𝑔
Λ=√ .
𝔐 𝑝(2𝑐𝑝 − 𝑅 )
12.77
𝔐

Cours Phénomènes d’Echanges


211

𝔐 est la masse molaire du gaz, p la pression .

Fig. 12.22
La figure 12.22 donne Λ en fonction de la température.
Le coefficient d'accommodation, 𝛾, une mesure de l'incomplétude du transfert d'énergie lors d'une collision
molécule-paroi, dépend, principalement, du type de gaz et de la température. L’équation empirique suivante
donne le coefficient d’accommodation où CA est la constante d’accommodation dépendant de la nature du gaz :
1000°𝐾 −1
)+1 1
𝛾 = {1 + 100,6−( 𝑇 . } 12.78
𝐶𝐴
Le coefficient d’accommodation diminue légèrement quand la température augmente.
On peut dire que la résistance à la pénétration de la chaleur dans le solide est négligeable par rapport à celle du
gaz et qu’elle est entièrement située dans le gaz ; l’on peut modifier l’équation 12.71 pour écrire :
𝜆 2𝑙 𝑑
ℎ𝑖 ≡ ℎ𝑖𝑔 = 4 𝑑𝑔 [(𝑑 + 1) 𝑙𝑛 (2 𝑝𝑙 + 1) − 1] 12.79
𝑝 𝑝
Par des calculs, on constate que :
1. Si 𝑑𝑃 ⁄2𝑙 ≥ 20 on peut écrire l’égalité approximative suivante :
2𝑙 𝑑𝑝 𝑑𝑝
(𝑑 + 1) . 𝑙𝑛 (2 𝑙 + 1) − 1 ≡ 𝑙𝑛 (2 𝑙 ) − 1 12.80
𝑝
Sauf pour les gaz légers, avec les diamètres habituels des particules solides utilisées en fluidisation, l’équation
simplifiée 12.80 est valide et l’équation 12.79 se réécrit comme suit :
𝝀𝒈 𝒅𝒑
𝒉𝒊 = 𝟒 [𝒍𝒏 𝟐 𝒍 − 𝟏] 12.81
𝒅𝒑
2. Si 𝑑𝑃 ⁄2𝑙 < 20, l’approximation, selon l’équation 12.80, conduit à de sérieuses divergences. Le calcul des
moindres carrés permet d’écrire l’égalité approximative suivante :
2𝑙 𝑑 𝑑 0,581
(𝑑 + 1) ln (2 𝑝𝑙 + 1) − 1 ≡ 0,416 (2 𝑝𝑙 ) 12.82
𝑝
Le plus grand écart entre les deux expressions est de 9%. On trouve généralement que 𝑑𝑃 ⁄2𝑙 < 20 avec les
gaz légers (He, H2) pour lesquels l’équation 12.79 se réécrit comme suit :
𝝀𝒈 𝒅𝒑 𝟎,𝟓𝟖𝟏 𝒑 𝝀𝒈 𝒅 𝟎,𝟓𝟖𝟏
𝒉𝒊 = 𝟒 [𝟎, 𝟒𝟏𝟔 (𝟐 𝒍) ] = 𝟏, 𝟔𝟔𝟒 (𝒅 ) (𝟐 𝒍) 12.83
𝒅𝒑 𝒑
𝐶
Estimation du critère ℎ𝑖 ⁄[(6) . ((𝑐𝑝 𝜌)⁄6) . 𝑢̅𝑝 ]
L’expression 12.59 60 donne la contribution des particules solides au coefficient de transfert de chaleur :
1 ℎ𝑖
ℎ𝑝 = (𝑐𝑝 𝜌) . 𝑢̅𝑝 (1 − 𝜀). (1 − 𝑒𝑥𝑝 − 𝐶
6 𝑝
) 12.84
̅ (𝑐 𝜌)
𝑢
6 𝑝 𝑝 𝑝

Cours Phénomènes d’Echanges


212

Cette expression fait intervenir :


1. Le coefficient de transfert de chaleur instantané ℎ𝑖 au contact d’une particule solide avec la paroi ;
𝐶
2. Le groupe 6 (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 indiquant le transfert de chaleur limite lié au mouvement des particules solides ;
3. La fraction de la phase solide (1-ε).
𝐶
Si le coefficient de transfert de chaleur instantané ℎ𝑖 est très petit par rapport à (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 , le coefficient de
6
transfert de chaleur instantané au point de contact d’une particule solide avec la paroi, ℎ𝑝 , devient le facteur
déterminant ; il vient alors :
(𝟏−𝜺)
𝒉𝒑 = 𝑪
𝒉𝒊 12.85
𝐶
Pour le coefficient de transfert de chaleur instantané ℎ𝑖 ≤ 0,25 [ (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 ], cette expression de ℎ𝑝 est exact à
6
10% près. Cette situation se rencontre dans le cas de grosses particules solides et lorsque la porosité de la couche
fluidisée est très supérieure à la porosité au minimum de fluidisation. Rappelons la valeur de 𝑢̅𝑝 :
𝐶
Dans le cas inverse, lorsque ℎ𝑖 est très grand par rapport à 6 (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 ce dernier devient le facteur déterminant ;
il vient alors que
𝟏
̅ (𝟏 − 𝜺)
𝒉𝒑 = (𝒄𝒑 𝝆) . 𝒖 12.86
𝟔 𝒑 𝒑
𝐶
Si ℎ𝑖 ≥ 2,5 [6 (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 ], l’expression 12.86 ci-dessus est exacte à 10% près. Cette situation ne se rencontre que
dans le cas de très fines particules solides et lorsque la porosité de la couche fluidisée est voisine de la porosité
minimum de fluidisation.
𝐶
Si le coefficient de transfert de chaleur instantané ℎ𝑖 est du même ordre de grandeur que (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 , les deux
6
termes contribuent au coefficient de transfert de chaleur dû aux particules solides ℎ𝑝 . Et si la valeur du coefficient
𝐶
de transfert de chaleur instantané ℎ𝑖 est comprise entre 0,25 fois et 2,5 fois celle de 6 (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 , c’est-à-dire si :
𝐶 𝐶
0,25. 6 (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 ≤ ℎ𝑖 ≤ 2,5. 6 (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝
on trouve alors l’expression suivante, exacte à 10% près, ℎ𝑖 étant calculé suivant l’expression 12.81 :
𝟏 𝟎,𝟑𝟗 𝒉 𝟎,𝟔𝟏
̅ 𝒑]
𝒉𝒑 = 𝟎, 𝟓𝟕(𝟏 − 𝜺) [ (𝝆𝒄𝒑 ) 𝒖 . ( 𝒊) 12.87
𝟔 𝒑 𝑪
Cette situation se rapporte aux particules solides qui ne sont ni trop fines, ni grosses.
Ces résultats se résument comme suit :

ℎ𝑝 𝑑𝑝 𝜀
𝐶 (1 − 𝜀) Gros 𝜀 ≫ 𝜀𝑚𝑓
ℎ𝑖 ≤ 0,25 [ (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 ] ℎ𝑖
6 𝐶
𝐶 𝐶
0,25. (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 ≤ ℎ𝑖 ≤ 2,5. (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 1 0,39
ℎ𝑖 0,61 Ni trop fins ni gros -
6 6 0,57(1 − 𝜀) [ (𝜌𝑐𝑝 )𝑝 𝑢̅𝑝 ] . ( )
6 𝐶
𝐶
ℎ𝑖 ≥ 2,5 [ (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 ] 1 Très fins 𝜀 ≈ 𝜀𝑚𝑓
6 (𝑐𝑝 𝜌) . 𝑢̅𝑝 (1 − 𝜀)
6 𝑝

A partir des expressions 12.85, 12.86 et 12.87, on arrive à l’expression générale de la contribution des particules
solides au coefficient de transfert de chaleur :
𝒉 𝒏 𝟏 𝟏−𝒏
𝒉𝒑 = 𝑨(𝟏 − 𝜺). ( 𝑪𝒊 ) . [𝟔 (𝝆𝒄𝒑 ) 𝒖
̅𝒑] 12.88
𝒑
A et n dépendent du rapport du coefficient de transfert de chaleur instantané ℎ𝑖 et du transfert de chaleur
𝐶
maximum lié au mouvement des particules solides (𝑐𝑝 𝜌)𝑝 . 𝑢̅𝑝 .
6

𝟔𝒉𝒊 A=1 n=1


𝟎, 𝟐𝟓 >
̅𝒑
𝑪(𝝆𝒄𝒑 ) 𝒖
𝒑
𝟔𝒉𝒊 A = 0,57 n = 0,61
0,25 ≤ 𝑪(𝝆𝒄𝒑 ) 𝒖
̅𝒑
≤ 𝟐, 𝟓
𝒑
𝟔𝒉𝒊 A=1 n=0
2,5 < 𝑪(𝝆𝒄𝒑 ) 𝒖
̅𝒑
𝒑

Cours Phénomènes d’Echanges


213

La porosité 𝜀𝑀 correspondant au maximum de transfert par les particules solides


La courbe du coefficient de transfert dû aux particules solides en fonction de la vitesse de fluidisation présente un
maximum. Les équations 12.85 à 12.87 permettent de calculer le coefficient de transfert dû aux particules dans
certaines limites.
L’équation de Martin peut encore s’écrire de la manière suivante :
ℎ𝑝 = ℎ2 (1 − 𝑒 −ℎ1⁄ℎ2 )


ℎ1 = 𝑖 (1 − 𝜀)
𝐶
et
1/2
𝑐𝑝 𝜌 𝑔𝑑𝑝 (𝜀−𝜀𝑚𝑓 )
ℎ2 = ( 6
).[ 5 (1−𝜀𝑚𝑓 )
] . (1 − 𝜀)1/2
ℎ1 et ℎ2 dépendent, entre autres, de la fraction volumique du solide (1 − 𝜀).
On peut voir que, si le rapport ℎ1⁄ℎ2 est petit, (ℎ1 ⁄ℎ2 < 0,2), alors ℎ1 est déterminant et dans ce cas, le
coefficient de transfert maximum s’obtient pour le maximum de (1 − 𝜀) :
(1 − 𝜀𝑀 ) = (1 − 𝜀𝑚𝑓 )
De même, quand le rapport ℎ1⁄ℎ2 est grand, (ℎ1 ⁄ℎ2 > 2) , ℎ2 est déterminant et l’on obtient le transfert
maximum pour :
1
(1 − 𝜀𝑀 ) = (1 − 𝜀𝑚𝑓 )
2
Entre les deux extrêmes, c’est-à-dire si 0,2 < (ℎ1⁄ℎ2 < 2), on obtient le transfert maximum pour :
(1 − 𝜀𝑀 ) = (1 − 𝑎)(1 − 𝜀𝑚𝑓 ) 0 < a < 0,5
Le tableau suivant rassemble les résultats obtenus :

ℎ1⁄ℎ2 < 0,2 (1 − 𝜀𝑀 ) = (1 − 𝜀𝑚𝑓 )


0,2 < ℎ1⁄ℎ2 < 2 (1 − 𝜀𝑀 ) = (1 − 𝑎)(1 − 𝜀𝑚𝑓 ) 0 < a < 0,5
ℎ1⁄ℎ2 > 2 (1 − 𝜀𝑀 ) =1/2(1 − 𝜀𝑚𝑓 )

La vitesse du gaz correspondant au maximum du coefficient de transfert de chaleur


Des analyses de plusieurs corrélations, se rapportant à des conditions expérimentales variées, permettent de
calculer le nombre de Reynolds, correspondant au maximum du coefficient de transfert de chaleur en fonction du
nombre d’Archimède. Ces corrélations se rapportent à des conditions expérimentales variées. On a constaté que,
quand le diamètre et la masse spécifique apparente des particules solides sont petits, le maximum du coefficient
de transfert de chaleur est obtenu pour des vitesses de gaz élevées, proches de la vitesse d’entraînement des
particules individuelles ; par contre, si la masse spécifique apparente et le diamètre des particules solides sont
grands, le maximum du coefficient de transfert de chaleur est atteint à de faibles vitesses de gaz, proches de la
vitesse minimum de fluidisation.
En portant en graphique, en fonction de nombre d’Archimède, les valeurs du nombre de Reynolds correspondant
à la vitesse d’entraînement des particules, à la vitesse minimum de fluidisation et au maximum du coefficient de
transfert de chaleur ; on obtient des résultats bien représentés par les expressions suivantes :
𝐴𝑟
𝑅𝑒1 = 18+0,61√𝐴𝑟 (vitesse d’entraînement) 12.92
𝐴𝑟
𝑅𝑒𝑚𝑓 = (vitesse minimum de fluidisation 12.93
1400+5,22√𝐴𝑟
𝐴𝑟
𝑅𝑒𝑀 = 18+5,22√𝐴𝑟 (vitesse au maximum de coefficient de transfert) 12.94
𝜌𝑔(𝜌 3
𝑝 −𝜌𝑔) 𝑔𝑑𝑝
avec 𝐴𝑟 = 𝜂 2 et ε = 0,4

Cours Phénomènes d’Echanges


214

Fig. 12.23
Dans la figure 12.23 ci-dessus, on a porté en fonction du nombre d’Archimède les nombres de Reynolds calculés
suivant les équations 12.92 à 12.94 des valeurs expérimentales déterminées pour des lits divers fluidisés par l’air.
Les caractéristiques physiques des particules considérées sont le diamètre 𝑑𝑝 et la masse spécifique 𝜌𝑝 .
On observe la même tendance générale que, pour de petites valeurs du nombre d’Archimède (petites particules
solides dans des gaz visqueux), le maximum du coefficient de transfert de chaleur se produit au voisinage de la
vitesse d’entraînement des particules, tandis que, pour de grandes valeurs du nombre d’Archimède, la vitesse
correspondant au maximum du coefficient de transfert de chaleur se rapproche de la vitesse minimum de
fluidisation.
D’une façon générale, les résultat expérimentaux de différents solides fluidisés par l’air peuvent être prévus avec
une précision de 23% par l’équation suivante :
𝐴𝑟 0,51
𝑅𝑒𝑀 = 16 12.95
Les résultats expérimentaux se rapportant aux particules de verre fluidisées par quatre gaz différents permettent
de constater la même influence qualitative : pour de grandes valeurs du nombre d’Archimède (fréon-12), la
vitesse donnant le maximum du coefficient de transfert de chaleur se rapproche de la vitesse minimum de
fluidisation. Il subsiste une certaine dispersion des résultats qui semble être déterminées par la nature du solide :
cela n’a rien d’étonnant puisque cette présentation des résultats ( 𝑅𝑒𝑀 = 𝑅𝑒𝑀 (𝐴𝑟) ne fait intervenir, ni les
propriétés thermiques du solide, ni celle du gaz.

12.8. Modèle de Martin et Résultats expérimentaux


12.8.1. Le coefficient maximum de transfert de chaleur
On admet que la quantité de chaleur transférée est la somme des contributions de trois mécanismes :
ℎ = ℎ𝑝 + ℎ𝑔 + ℎ𝑟
dans des essais effectués à des températures basses, on considère que la contribution du rayonnement au
transfert de chaleur est négligeable ; le coefficient de transfert est donc obtenu par l’addition de la contribution
des particules ℎ𝑝 et de celle du gaz ℎ𝑔 .
Le tableau suivant réunit les valeurs expérimentales du coefficient maximum de transfert ℎ𝑀 𝑒𝑥𝑝 et les valeurs
calculées suivant le modèle de Martin.

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215

Solide ℎ𝑀 𝑒𝑥𝑝 ℎ𝑝𝑀 + ℎ𝑔𝜀𝑀 ℎ𝑝𝑀 +ℎ𝑔 ℎ𝑔 + ℎ𝑝


c=2,6 c=2,3 ℎ𝑀 𝑒𝑥𝑝
verre 1 699 649 705 1,01
verre 2 667 621 675 1,01
verre 3 620 583 637 1,03
verre 4 573 542 594 1,04
verre 5 525 447 493 0,94
verre 6 498 425 470 0,94
cuivre 528 353 385 0,73
laiton 654 674 729 1,11
alumine 549 342 374 0,68
sable 482 414 456 0,95
coke 1 451 424 465 1,03
verre1/He 958 804 869 0,91
verre1/CO2 505 504 551 1,09
verre1/CCl2F2 442 407 447 1,01
coke 2 404 371 407 1,01
coke 3 389 299 330 0,85

On y trouve les deux valeurs asymptotiques :



ℎ1 = (1 − 𝜀𝑀 ) 𝐶𝑖
et
(𝑐𝑝 𝜌) (𝜀𝑀 −𝜀𝑚𝑓 )(1−𝜀𝑀 )
ℎ2 = 5
.√ 1−𝜀𝑚𝑓
permettant de calculer le coefficient de transfert maximum dû aux particules :
ℎ𝑝𝑀 = ℎ2 (1 − 𝑒𝑥𝑝(− ℎ1⁄ℎ2 ))
La porosité 𝜀𝑀 correspond au coefficient maximum de transfert de chaleur expérimental et est obtenu à partir des
essais d’expansion du lit.
Le tableau contient également le coefficient de transfert dû au gaz, calculé suivant la formule:
𝜆𝑔
ℎ𝑔 = 0,038 𝑅𝑒 1/2 𝑃𝑟1/3 12.96
𝑑𝑝
Pour les valeurs du tableau suivant, on a pris pour vitesse de gaz les valeurs expérimentales correspondant au
coefficient maximum de transfert de chaleur.
Si dans la formule 12.96, on introduit, à la place de la valeur expérimentale de vitesse correspondant au coefficient
maximum de transfert de chaleur, celle de la vitesse d’entraînement calculée par la loi de Stokes, on trouve la
formule proposée par Martin.
Tous les coefficients de transfert de chaleur du tableau sont donnés en W/(m².K).
On constate que les coefficients de transfert de chaleur dus au gaz ℎ𝑔 sont très petits et représentent moins de
3% de la valeur des coefficients maxima de transfert.
On observe que le coefficient ℎ2 est toujours plus grand que le coefficient ℎ1 ; c’est donc celui-ci qui tend à être
déterminant : le rapport ℎ1⁄ℎ2 diminue quand on considère des particules de plus grand diamètre.
On peut encore observer que les valeurs calculées du coefficient de transfert de chaleur (ℎ𝑝 + ℎ𝑔 ) sont
généralement inférieures aux valeurs expérimentales ℎ𝑀 𝑒𝑥𝑝 .
A partir des résultats expérimentaux basés sur la fluidisation de différentes dimensions de billes de verre par l’air,
Martin a donné au seul paramètre libre la valeur de C = 2,6. Pour les résultats expérimentaux basés sur des
particules solides de plusieurs types différents, de billes de verre et des particules de coke de différentes
dimensions, on obtient un meilleur accord avec les résultats si C = 2,3 ; on arrive alors à des valeurs calculées tout
à fait comparables à celles des expériences.

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216

Fig. 12.24

La figure 12.24 compare les valeurs expérimentales et calculées avec C = 2,3. On constate que les estimations
concernant le cuivre et l’alumine sont les plus mauvaises. Dans ce cas, les valeurs calculées sont beaucoup plus
basses que les valeurs expérimentales : cela peut être rapproché du fait que ces particules ont des formes très
éloignées de celle de la sphère : ce qui est visible notamment à leurs grandes porosités à la vitesse minimum de
fluidisation où l’on a respectivement 0,819 et 0,741.
Dans l’ensemble, l’écart entre les valeurs expérimentales et calculées est de 4% alors que, pour le cuivre, il est de
28% et, pour l’alumine, de 33%.
12.8.2. Le coefficient de transfert de chaleur en fonction de la vitesse de fluidisation
Pour les essais effectués à températures basses, la contribution du rayonnement au coefficient de transfert de
chaleur reste négligeable. On considère alors que le coefficient de transfert est dû au transfert par les particules
ℎ𝑝 𝑒𝑡 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒 𝑔𝑎𝑧 ℎ𝑔 .
La contribution du gaz est calculée suivant la formule 12.96 :
𝜆𝑔 𝑢 0,3
ℎ𝑔 = 0,038 ( ) 𝑅𝑒 1/2𝑃𝑟1/3 ( )
𝑑𝑝 𝑢𝑀
Les essais d’expansion de la couche en fonction de la vitesse du gaz permettent d’obtenir une relation entre la
porosité de la couche et la vitesse du gaz. Mais dans certains cas, on peut utiliser la formule 12.70 :
𝜀−𝜀𝑚𝑓 𝑢−𝑢𝑚𝑓
=
1−𝜀𝑚𝑓 𝑢1 −𝑢𝑚𝑓
Pour chaque vitesse de gaz, le transfert local instantané est calculé suivant la relation :
(1 − 𝜀)
ℎ1 = ℎ𝑖
𝑐
où l’on prend C = 2,3.
Le transfert maximum lié au mouvement des particules est calculé suivant la relation :
(𝑐𝑝 𝜌)𝑝 𝑔𝑑𝑝 (𝜀 − 𝜀𝑚𝑓 )(1 − 𝜀)
ℎ2 = √
6 5 1 − 𝜀𝑚𝑓
Le coefficient de transfert dû aux particules est calculé comme suit :
ℎ𝑝 = ℎ2 (1 − 𝑒𝑥𝑝(− ℎ1⁄ℎ2 ))
Le coefficient de transfert, estimé par l’addition des coefficients dus aux particules et au gaz, peut être comparé
au coefficient de transfert expérimental.
On observe tout d’abord que, lorsque la vitesse du gaz augmente, le transfert local instantané (ℎ𝑖 ) diminue tandis
que le transfert maximum lié au mouvement des particules (ℎ2 ) augmente. On peut voir également que (ℎ2 )
devient plus grand que (ℎ𝑖 ) quand la vitesse est grande ; le transfert local instantané (ℎ𝑖 ) devient déterminant. A

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217

des vitesses faibles, proches de la vitesse minimum de fluidisation cependant, c’est le transfert maximum lié au
mouvement des particules (ℎ2 ) qui devient déterminant.
Le coefficient de transfert dû au gaz ℎ𝑔 augmente avec la vitesse du gaz suivant ℎ𝑔 ÷ 𝑢1/2 , diminue quand le
−1/2
diamètre des particules augmente suivant ℎ𝑔 ÷ 𝑑𝑝 . Le coefficient de transfert dû au gaz ℎ𝑔 diminue également
quand on passe des gaz légers (He) aux gaz lourds (CCl2F2).
On observe en outre que le coefficient de transfert dû au gaz ℎ𝑔 est beaucoup plus petit que le coefficient de
transfert global et représente moins de 4% de ce dernier.
Les figures 10.25 – 10.26 présentent quelques cas du coefficient de transfert de chaleur en fonction de la vitesse
du gaz.

Fig. 12.25

Fig. 12.26

On voit d’abord que les valeurs du coefficient de transfert de chaleur global sont limitées par les valeurs des
asymptotes (ℎ1 ) et (ℎ2 ).
Les valeurs expérimentales se trouvent également sous ces limites.
On observe aussi que les courbes du coefficient de transfert dû aux particules ℎ𝑝 calculé suivant le modèle
s’accordent relativement bien avec les valeurs expérimentales ℎ𝑒𝑥𝑝 . On note cependant qu’aux faibles vitesses de
gaz, les valeurs de ℎ𝑝 sont plus grandes que les valeurs expérimentales ℎ𝑒𝑥𝑝 , mais qu’au contraire, aux grandes
vitesses, les valeurs calculées de ℎ𝑝 sont plus petites que les valeurs expérimentales de ℎ𝑒𝑥𝑝 : on arriverait à un
meilleur accord entre valeurs calculées suivant le modèle de ℎ𝑝 et les valeurs expérimentales ℎ𝑒𝑥𝑝 avec des
valeurs de ℎ2 plus faibles et des valeurs de ℎ1 plus élevées.

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218

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