0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
24 vues32 pages

Aménagements de Bas-Fonds Rizicoles Au Burkina Faso

Ce document présente l'évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso pour la période 2010-2014, se concentrant sur l'aménagement de bas-fonds rizicoles dans la région Nord. L'étude analyse les impacts de ces aménagements sur la production de riz, la sécurité alimentaire et les revenus des bénéficiaires, tout en abordant les défis rencontrés et les solutions proposées. Les résultats montrent une amélioration significative de la production et de la diversification des revenus pour les ménages concernés.

Transféré par

sperozountcheme
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
24 vues32 pages

Aménagements de Bas-Fonds Rizicoles Au Burkina Faso

Ce document présente l'évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso pour la période 2010-2014, se concentrant sur l'aménagement de bas-fonds rizicoles dans la région Nord. L'étude analyse les impacts de ces aménagements sur la production de riz, la sécurité alimentaire et les revenus des bénéficiaires, tout en abordant les défis rencontrés et les solutions proposées. Les résultats montrent une amélioration significative de la production et de la diversification des revenus pour les ménages concernés.

Transféré par

sperozountcheme
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 32

BUREAU DE L’ÉVALUATION

Serie Évaluation de programme par pays

Évaluation du Programme de la FAO au

Burkina Faso
2010-2014
Etude de cas sur l’aménagement
de trois bas-fonds rizicoles dans
la région Nord au Burkina Faso

Décembre 2015
SERIE ÉVALUATION DE PROGRAMME PAR PAYS

Évaluation du Programme de la FAO au


Burkina Faso, 2010-2014

Etude de cas sur l’aménagement de trois bas-fonds rizicoles


dans la région Nord au Burkina Faso

ORGANISATION DES NATIONS UNIES


POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
BUREAU DE L’ÉVALUATION

Décembre 2015
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
Bureau de l’Evaluation (OED)

Ce rapport est disponible en version numérique sur: http://www.fao.org/evaluation


Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des
données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO) aucune prise de position quant au statut juridique
ou au stade de développement des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités,
ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La mention de sociétés déterminées ou
de produits de fabricants, qu’ils soient ou non brevetés, n’entraîne, de la part de la FAO,
aucune approbation ou recommandation desdits produits de préférence à d’autres de
nature analogue qui ne sont pas cités.
Les opinions exprimées dans ce produit d’information sont celles du/des auteur(s) et ne
reflètent pas nécessairement les vues ou les politiques de la FAO.
© FAO 2015

La FAO encourage l’utilisation, la reproduction et la diffusion des informations figurant


dans ce produit d’information. Sauf indication contraire, le contenu peut être copié,
téléchargé et imprimé aux fins d’étude privée, de recherches ou d’enseignement, ainsi
que pour utilisation dans des produits ou services non commerciaux, sous réserve que la
FAO soit correctement mentionnée comme source et comme titulaire du droit d’auteur
et à condition qu’il ne soit sous-entendu en aucune manière que la FAO approuverait les
opinions, produits ou services des utilisateurs.
Toute demande relative aux droits de traduction ou d’adaptation, à la revente ou à
d’autres droits d’utilisation commerciale doit être présentée au moyen du formulaire en
ligne disponible à www.fao.org/contact-us/licence-request ou adressée par courriel à
[email protected]

Pour plus ample information sur ce rapport, contacter:


Directeur, OED
Viale delle Terme di Caracalla 1
00153 Rome, Italie
Courriel: [email protected]
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Matières

Burkina Faso.........................................................................................................................................................v
Remerciements.................................................................................................................................................vi
Abréviations .............................................................................................................................................. vii

1. Introduction...........................................................................................................................1
1.1 Contexte et problématique.............................................................................................1
1.2 Objectifs et méthodologie de l’étude........................................................................2
1.2.1 Objectifs..................................................................................................................2
1.2.2 Méthodologie de l’étude...................................................................................2

2. Résultats de l’etude.............................................................................................................4
2.1 Bénéficiaires des aménagements des bas-fonds....................................................4
2.2 Surfaces cultivées par les divers groupes et production.......................................5
2.3 Utilisation de la production de riz paddy produit..................................................7
2.4 Formations reçues par les exploitants des bas-fonds aménagés.......................7
2.5 Utilisation des intrants et techniques de production pratiquées.......................8
2.6 L’intégration des cultures de bas-fonds dans les systèmes de production......8
2.7 Les impacts sur l’alimentation des bénéficiaires.....................................................9
2.8 La diversification des sources de revenu...................................................................9
2.9 Le foncier..........................................................................................................................10
2.10 Genre................................................................................................................................10
2.11 Les problèmes rencontrés...........................................................................................11
2.12 Les solutions suggérées...............................................................................................12

3. Conclusion............................................................................................................................14

Annexes......................................................................................................................................15
Annexe 1: Historique du développement des aménagements de bas-fonds
rizicoles au Burkina Faso (1970 – 2015).............................................................................15
Annexe 2: Bibliographie.......................................................................................................19

iii
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Tableaux et figures

Tableaux
Tableau 1: Répartition estimée de la production nationale de riz paddy selon
les modes de production........................................................................................................1
Tableau 2: Répartition des bénéficiaires selon le genre, les groupes de
richesse et les sites...................................................................................................................5
Tableau 3: Surfaces de bas-fonds aménagés et nombre de parcelles reçues
par groupe de richesse et par site........................................................................................6
Tableau 4: Production par ménage et par an selon les années...................................6
Tableau 5: Rendements de riz paddy (kg/ha/an) selon les sites et les années........6
Tableau 6: Rendement moyen (2011-2014) des récoltes riz paddy des
3 bas-fonds Kg/ha/an..............................................................................................................6
Tableau 7: Quantité de riz décortiqué produit/consommé/personne/an
(rendement 65%)......................................................................................................................7
Tableau 8: Répartition des problèmes exprimés par site............................................11
Tableau 9: Solutions aux problèmes rencontrés, dégâts faits par les animaux........12
Tableau 10: Amélioration d’accès à l’eau.........................................................................13

Figures
Figure 1: Historique des projets d’aménagement de bas-fonds rizicoles au
Burkina Faso (voir Annexe 1 pour plus de détails)...........................................................2
Figure 2: Localisation des bas-fonds aménagés lors du projet FAO/EUFF
2010-2011...................................................................................................................................3
Figure 3: Répartition des enquêtés par groupes de richesse HEA..............................4
Figure 4: Répartition des rôles et responsabilités dans la production du riz.........10
Figure 5: « Etude du schéma national d’aménagement du territoire du
Burkina Faso » DIRASSET-G2 CONCEPTION pour le Ministère de l’Economie
et des Finances, Juin 2008 (en rouge « bas-fonds aménageables » à partir
de l’inventaire INERA 2005).................................................................................................17

iv
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Burkina Faso

v
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Remerciements

L’étude a été conduite par Adama Belemviré, expert développement rural dans
l’équipe d’évaluation du programme pays de la FAO au Burkina Faso, qui a définit
la méthodologie. En particulier, il a développé les lignes guides pour les focus
groupes et également le questionnaire. Adama Belemviré a été soutenu par Léa
Ouédraogo dans la conduite des focus groupes et également dans la coordination
des quatre enquêteurs chargés de la compilation des questionnaires. Une
contribution importante a été également fournie par Rémy Courcier, Représentant
Adjoint de la FAO au Burkina Faso, qui a apporté son expérience technique en
appuyant le développement de la méthodologie, en particulier du questionnaire,
et l’analyse des données et en préparant “l’historique du développement des
aménagements de bas-fonds rizicoles au Burkina Faso (1970 – 2015)”.

vi
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Abréviations

AFD Agence Française de Développement


CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
COGES Comité de Gestion
DGPER Direction Générale de Promotion de l’Economie Rurale
EBCVM Enquête sur le Bien-être et Conditions de Vie des Ménages
EICVM Enquête Intégrale sur les Conditions de vie des Ménages
FAO Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
FIDA Fonds International pour le Développement Agricole
HEA Household Economic Analysis
JICA Agence Japonaise de Coopération Internationale
P Pauvre
PABSO Projet d’Aménagement de Bas-fonds dans le Sud-ouest et la Sissili
PAFR Programme d’Appui à la Filière Riz
PAPSA Projet d’Amélioration de la Productivité et de la Sécurité
PASSA Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire
PEBASO Projets Petits Barrages dans le Sud-Ouest
PRP Projet Riz Pluvial
M Moyen
N Nanti
MAH Ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique
TP Très Pauvre
ZAT Zone d’Appui Technique

vii
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

viii
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

1. Introduction

Dans le cadre de l’évaluation du Programme pays de la FAO au Burkina Faso sur la période 2010-
2014, une étude « thématique » a pu se concentrer sur un de ses récents projets, l’aménagement
de bas-fonds, principalement pour la culture du riz, même dans les zones semi-arides du Nord du
pays. Cette étude, effectuée en Juin 2015 dans trois bas-fonds rizicoles, qui avaient été aménagés
en 2010 lors du projet FAO/EUFF dans la région Nord du Burkina Faso, associe une enquête auprès
d’un échantillon de 180 bénéficiaires de parcelles, des « focus group discussions » et une étude de
l’historique de ces aménagements au Burkina Faso. Ce travail vise à informer l’évaluation sur une
activité à laquelle la FAO sur la période a alloué un montant important de ressources.

1.1 Contexte et problématique

Au Burkina Faso, la sécurité alimentaire des populations repose principalement sur les céréales
pluviales traditionnelles que sont le sorgho et le petit-mil, le mais dans les zones plus humides.
Mais dans le Nord du pays, où ont été faites les enquêtes, les productions de céréales pluviales
ne permettent souvent de couvrir que 70 à 80% des besoins des ménages qui doivent acheter
de 20 à 30% de leurs céréales en vendant soit leurs cultures dites « de rente » de haricots niébé,
de sésame ou d’arachide ou une part de leurs productions d’animaux (volaille, petits ruminants).

Le riz, dont la culture est très marginale encore dans les régions « sèches », est dans le pays, loin
derrière le sorgho, le mil et le maïs, la quatrième céréale en termes de production et de superficie,
mais son développement est rapide surtout depuis une dizaine d’années. Il est cultivé selon trois
modes de production: « pluvial » dans les terres hautes des régions plus humides au Sud du pays,
« de bas-fonds » surtout depuis de la dynamique de leur aménagement et « irrigué » dans les
plaines aménagées et au bord des fleuves et des lacs. Le tableau ci-dessous, estime la répartition
en 2008 de la production nationale de riz paddy et montre l’importance de la production de la
riziculture de bas-fonds qui serait d’une ampleur comparable à celle de la riziculture irriguée.

Tableau 1: Répartition estimée de la production nationale de riz paddy selon les modes
de production

Situation 2011 Riziculture Bas-fonds Riziculture Total


pluviale rizicoles irriguée
Superficie ha 95 000 24 000 18 500 151 500
Rendement t/ha/an 1,1 2,5 4,0 1,73
Production t/an 104 500 60 000 74 000 238 500
Sources : MARHASA EPA 2008, Stratégie Nationale de Développement de la riziculture 2011 et Document de travail sur
les AHA à partir de DGPSA/MAH. Cité par la revue des dépenses publiques

Le riz se cuisine plus vite et plus facilement que les autres céréales et son goût est bien apprécié des
ménages ruraux pour les fêtes traditionnelles et des ménages urbains pour la vie de tous les jours.
Bien que son prix soit plus élevé que celui des autres céréales, l’accroissement de la population
urbaine, et les changements des régimes alimentaires sont à l’origine d’un accroissement rapide
de la consommation du riz par la population1. Selon le bilan céréalier de l’Enquête Permanente
Agricole du MARHASA en 2014-2015, 138 566 hectares cultivés ont produit 347 501 tonnes
de riz paddy donnant une quantité disponible de 191 126 tonnes de riz décortiqué, pour une
consommation nationale apparente de 567 134 tonnes (31 kg/personne/an) grâce à l’importation
de 393 830 tonnes/an de riz décortiqué (69% de la consommation nationale).

Bien avant la crise de 2007-2008 qui avait été marquée par une augmentation brutale du prix
du riz de 123% sur le marché international, et créé des crises graves dans de nombreux pays du

1 DGPER, AfricaRice, analyse de la compétitivité de la filière riz, 2009, 2010. Estimée à 18 kg par personne et par an
au niveau national en 1999, la consommation de riz/personne/an atteint 21 kg en 2011 (+1,4 %/an) et atteint 50
kg par personne dans les centres urbains de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso (Rapport DGPER 2011). Malgré
une hausse sensible de la production nationale du riz paddy, celle-ci ne couvre que le tiers des besoins et le pays à
recours aux importations qui ont pratiquement triplé en l’espace de 10 ans, passant de 137 185 tonnes en 1998 à
305 180 tonnes en 2006 (DGPER, 2011).

1
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

monde, le gouvernement du Burkina Faso, s’inscrivant notamment dans la politique commune


de la CEDEAO de réduction de la dépendance de la sous-région vis-à-vis des importations, avait
entrepris des actions en faveur du développement de la filière rizicole au Burkina Faso. Comme
le détaille l’historique des aménagements de bas-fonds rizicole en annexe N° 1, déjà depuis la fin
des années 90 plusieurs appuis internationaux au gouvernement, dont une coopération Sud-Sud
de la FAO, avaient permis de développer ces nouvelles possibilités de production.

Figure 1: Historique des projets d’aménagement de bas-fonds rizicoles au Burkina Faso


(voir Annexe 1 pour plus de détails)

Par exemple le plan d’action pour la filière riz (PAFR), appuyé par la coopération européenne, avait
été élaboré en 2000, avec comme objectif l’augmentation de la production rizicole, principalement
par la réalisation d’aménagements de bas-fonds rizicoles et la structuration professionnelle
de la filière, et il a notamment permis la publication d’un manuel qui a fixé les techniques de
construction d’aménagements « robustes » et relativement bon marché, qui sont appelés depuis
de type « PAFR » au Burkina Faso. C’est d’ailleurs suite à la crise de 2008 que l’Union Européenne
a financé une action d’urgence mise en œuvre par la FAO (EUFF 2010-2011) qui a surtout permis
des appuis en intrants agricoles et en faveur du développement de la filière semencière, mais qui
a également permis d’aménager 1 787 hectares de bas-fonds dont 269 ha de type PFAR et 1 518
ha de bas-fonds moins chers du type PRP (Projet Riz Pluvial) développé lui par la coopération de
Taiwan (voir schéma de l’historique des aménagements de bas-fonds au Burkina Faso ci-dessous).
La FAO a continué d’appuyer l’aménagement de bas-fonds dans le cadre de sa mise en œuvre du
programme PSAN en cours qui prévoit autour de 900 hectares dans 24 bas-fonds répartis entre
les régions du Nord, du Centre Nord et du Sahel.

1.2 Objectifs et méthodologie de l’étude

1.2.1 Objectifs

L’objectif de cette étude a été d’analyser après quatre ans, les effets des aménagements de bas-
fonds rizicoles effectués par le projet FAO/EUFF dans la région du Nord.

1.2.2 Méthodologie de l’étude

L’étude a été conduite auprès des bénéficiaires de trois des onze bas-fonds aménagés lors du projet
FAO/EUFF dans la région du Nord au Burkina Faso (Yalka 87 ha, Sillia 14,8 ha, Rawèma 13,6 ha).
2
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Figure 2: Localisation des bas-fonds aménagés lors du projet FAO/EUFF 2010-2011

L’approche adoptée a été principalement qualitative avec des focus groupes qui ont été conduits
dans les trois sites (focus groupe bénéficiaires hommes, bénéficiaires femmes, éleveurs, non
bénéficiaires). Les focus groupes ont été complétés par des interviews auprès d’informateurs clé
(techniciens des services déconcentrés) et une enquête pour laquelle des échantillons aléatoires
de 60 ménages bénéficiaires dans chaque bas-fond aménagé ont été sélectionnés à partir des
listes de bénéficiaires (soit 180 enquêtés parmi les 944 exploitants dans les 3 bas-fonds) ce qui a
constitué en moyenne 19% du total des bénéficiaires des trois sites.

Comme limite de l’étude, on peut relever la faible taille de l’échantillon d’enquête (60 bénéficiaires
dans 3 bas-fonds sur un total de 11) qui ne permet pas de faire des extrapolations.

3
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

2. Résultats de l’etude

2.1 Bénéficiaires des aménagements des bas-fonds

L’étude a utilisé la méthodologie HEA (Households Economic Analysis) pour la catégorisation


socio-économique des ménages enquêtés. Cette méthode permet de classer les ménages en
quatre groupes de richesse: « Très pauvres », « Pauvres », « Moyens » et « Nantis ». Les ménages
sont classés dans ces groupes en utilisant un ensemble d’indicateurs qui incluent: a) le nombre
de personnes du ménage, b) la surface cultivée en céréales pluviales, c) la surface des cultures
« de rente »; d) le nombre de bovins, caprins, ovins et volaille élevés ; e) le nombre d’équipements
possédés: charrettes, charrues, vélos et motos. Dans le cas de cette enquête des intervalles
pour chacun de ces indicateurs ont été définis pour chaque groupe de richesse en se basant
sur l’étude régionale de la zone de moyens d’existence N°5 (Zone 5) (MASA-DGPER 2012) et
les revenus monétaires (ventes d’animaux, de céréales et autres revenus) ont aussi été utilisés
pour faciliter le classement des ménages dans les groupes de richesse. La classification de tous
les ménages enquêtés selon les quatre groupes de richesse HEA a permis d’analyser la qualité
du ciblage.

Après avoir effectuée la classification des enquêtés, il apparait que, parmi les 180 bénéficiaires
enquêtés, 123 sont « Pauvres » ou « Très Pauvres », 49 sont considérés « Moyens » et il y a peu
de Nantis (8).

Figure 3: Répartition des enquêtés par groupes de richesse HEA


Source : enquêtes 2015 trois bas-fonds FAO/EUFF région Nord

Cette classification montre que sur le total de 180 bénéficiaires enquêtés, deux tiers font partie
des pauvres et très pauvres, ce qui indique que ces derniers qui, en large partie, n’avaient pas
accès aux terres de bas-fond ont eu accès grâce au projet. Mais il faut noter que les anciens
propriétaires, qui on peut supposer étaient en majorité des « Nantis » et des « Moyens », ont reçu
des parcelles également pour faciliter l’accord « foncier » nécessaire à la distribution souhaitée
de parcelles à des « Pauvres » et « Très pauvres » des communautés avoisinantes.

Le tableau ci-dessous montre qu’en tout 58 femmes sur 180 ont reçu des parcelles, ce qui
est au-dessus du nombre de femmes chefs de ménage (53 sur 180). Ce chiffre montre que 6
femmes, même n’étant pas chefs de ménages, ont reçu des parcelles à leur nom. On remarque
que le nombre de femmes ayant reçu des parcelles de bas-fonds aménagés est très important
(29) dans le groupe « Très Pauvres » (identique aux hommes).Une explication est que souvent
les familles très pauvre sont les familles où la femme est chef de ménage.

4
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Tableau 2: Répartition des bénéficiaires selon le genre, les groupes de richesse et les sites

Très pauvre Pauvre Moyen Nanti Ensemble


Homme femme Homme femme Homme femme Homme Femme homme femme
Yalka 7 7 22 4 16 5 0 0 45 16
Sillia 10 5 15 6 15 4 2 1 42 16
Rawèma 12 17 11 7 7 2 5 0 35 26
Total 29 29 48 17 38 11 7 1 122 58
Source : enquêtes 2015 trois bas-fonds FAO/EUFF région Nord

Le principe d’attribution privilégie les propriétaires terriens. Il n’est pas mauvais en soit, car il
permet de bien considérer ces derniers qui acceptent donner leurs terres, mais aussi de ne pas
aiguiser des formes de conflits de réticence des propriétaires, etc. Dans les attributions, sur les
bas-fonds visités au Nord, les propriétaires terriens choisissent en premier avant les autres, dans
les emplacements qu’ils souhaitent, généralement les meilleurs emplacements (à côté du lit du
bas-fond). Sur certains sites ces derniers se sont octroyés plusieurs parcelles, et n’arrivent pas
toujours à les exploiter toutes. Ce qui contribue à accroitre le nombre de parcelles inexploitées.

L’analyse des données des discussions en focus groupes révèle cependant quelques limites en lien
avec le ciblage des bénéficiaires:

• A Yalka, selon les exploitants du site du bas-fond aménagé: « le ciblage a été fait par tirage
au sort. Auparavant, les propriétaires terriens et anciens exploitants du site ont choisi les
parcelles qu’ils veulent (chacun 3 parcelles) aux meilleurs emplacements. Ce qui fait qu’à
la fin certains ménages peuvent bénéficier de 4 à 6 parcelles. Les parcelles restantes ont
été numérotées et un tirage au sort a été organisé pour les autres ménages de Yalka
et des autres villages retenus (12 villages en tout). Dans un même ménage, tous ceux
qui peuvent cultiver prennent part au tirage au sort (femme, mari, grands enfants). Ainsi
tout le monde est concerné, pauvres, très pauvres, nantis, etc. Cependant, seuls ceux qui
ont participé aux travaux physiques de l’aménagement pouvaient prendre part au tirage
au sort ». Cette manière de faire excluait du coup une catégorie de la communauté de
l’exploitation du site du bas-fond.
• A Sillia: « les parcelles ont été affectées par tirage au sort à partir d’une liste des habitants
du village ayant participé aux travaux d’aménagement (hommes, femmes, grands
enfants). Dans certains ménages hommes, femmes et enfants ont eu des parcelles. Les
propriétaires terriens ont reçu chacun 5 parcelles. Les autres ont quant à eux participé au
tirage au sort. Les propriétaires terriens ont eu droit aux meilleures parcelles en termes
de drainage de l’eau. De plus, la liste de ceux qui ont travaillé sur le bas-fond aménagé
du Programme de Développement Rural Durable (PDRD) a été utilisée pour sélectionner
les bénéficiaires du site aménagé par la FAO ». Comme à Yalka, cette manière de faire
excluait du coup une catégorie de la communauté de l’exploitation du site du bas-fond.
• A Rawèma: « les propriétaires terriens étaient prioritaires. Le nombre de parcelles qu’ils
pouvaient choisir n’a pas été limité. Ils pouvaient choisir le nombre qu’ils voulaient mais
qu’ils pouvaient mettre en exploitation. Ca ne dépassait pas 4 parcelles en général. La
qualité des parcelles n’est pas la même selon qu’on est dans le lit ou sur le glacis. Les
propriétaires font toujours le choix des parcelles dans le lit, de meilleure qualité ».

2.2 Surfaces cultivées par les divers groupes et production

La superficie des parcelles distribuées après aménagement a été très variable d’un site à un
autre. Dans le site de Yalka la surface « unitaire » de la parcelle aménagée distribuée était de 0,09
hectares. A Sillia et à Rawèma les parcelles unitaires étaient de 0,0625 hectares.

Dans les trois bas-fonds, en moyenne chaque ménage bénéficiaire a reçu autour de deux parcelles,
mais avec notamment les parcelles multiples attribuées aux anciens propriétaires, le nombre de
parcelles reçues par les groupes les plus riches sont clairement supérieures à celles des groupes
socio-économiques plus pauvres. Les plus pauvres ont moins souvent reçu plusieurs parcelles
(moyenne 1,5 parcelles).

5
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Tableau 3: Surfaces de bas-fonds aménagés et nombre de parcelles reçues par groupe


de richesse et par site

Moyenne des surfaces de bas-fonds rizicole reçues (ha) Quantités de parcelles unitaires reçues (nb)
Groupes Yalka Sillia Rawèma Ensemble Yalka Sillia Rawèma ensemble
TP 0,161 0,089 0,087 0,113 1,794 1,490 1,344 1,543
P 0,276 0,094 0,086 0,152 2,628 1,562 1,427 1,872
M 0,275 0,110 0,107 0,164 2,503 1,828 1,785 2,039
N 0,360 0,177 0,190 0,242 4,000 2,948 3,167 3,372
Ensemble 0,27 0,12 0,12 0,17 2,73 1,96 1,93 2,21
Source : enquêtes 2015 trois bas-fonds FAO/EUFF région Nord

En moyenne un tiers des exploitants des bas-fonds enquêtés exploitaient déjà des parcelles
dans le site aménagé. Environ 45 enquêtés étaient propriétaires de parcelles du bas-fond avant
aménagement et redistribution. Parmi les enquêtées qui se sont dit propriétaires d’une parcelle
avant aménagement la moitié sont des« Nantis », mais les autres groupes sont aussi représentés.

La production de riz paddy par famille et par an s’approche en moyenne de 190kg et les
rendements déclarés sont en moyenne sur 4 ans autour de 1 400 kg/ha/an.

Une variation très importante, liée à la pluviométrie, s’observe entre les années. L’année 2012 très
pluvieuse est largement au-dessus des autres et l’année 2013 est aussi assez bonne.

Tableau 4: Production par ménage et par an selon les années

Récoltes de riz kg paddy/ménage/an selon les années (tout groupe richesse)


Année 2014 2013 2012 2011 Moyenne
Moyenne 134,3 190,3 303,2 149,0 194,2
Source: enquêtes 2015 trois bas-fonds FAO/EUFF région Nord

Tableau 5: Rendements de riz paddy (kg/ha/an) selon les sites et les années

Rendement riz kg paddy/ha/an (tous groupes richesse)


Années 2014 2013 2012 2011 Moyenne
Moyenne 991,6 1 302,6 2 295,7 1 028 1 404,5
Source: enquêtes 2015 trois bas-fonds FAO/EUFF région Nord

Il y a une différence de production par ménage entre sites qui est liée à la taille des parcelles,
mais l’analyse des rendements permet de comparer les différents sites, sans tenir compte des
différences entre les surfaces exploitées. L’analyse des rendements montre des rendements très
supérieurs dans le site de Rawèma mieux alimenté en eau.

Tableau 6: Rendement moyen (2011-2014) des récoltes riz paddy des 3 bas-fonds Kg/ha/an

Moyenne
Yalka 1441,20
Sillia 1008,78
Rawèma 1777,90
Total 1409,29
Source: enquêtes 2015 trois bas-fonds FAO/EUFF région Nord

6
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Les rendements ont été en moyenne assez faibles, un peu supérieurs aux rendements du riz
strictement pluvial en zone soudanienne, et hautement variables selon les années. La meilleure
année, 2012, le rendement a été en moyenne de 2, 3 t/ha/an et les meilleurs rendements 4,2 t /
ha/an ont été enregistrés à Rawèma qui est le bas-fond le plus inondé.

2.3 Utilisation de la production de riz paddy produit

Les ventes de riz par les ménages sont globalement très faibles. Seulement 19 exploitants sur 180
ont vendu du riz. Même la meilleure année de 2012, seuls 26 enquêtés sur 180 ont vendu du riz.
Etant les ventes très limitées on peut estimer les quantités consommées à partir des quantités
produites.

Tableau 7: Quantité de riz décortiqué produit/consommé/personne/an (rendement 65%)

Consommation de riz Moyenne


kg décortiqué/ménage/an 115,2
personnes par ménage 11,19
Kg décortiqué/personne/an 10,3
Source: enquêtes 2015 trois bas-fonds FAO/EUFF région Nord

La consommation du riz est en partie faite à l’occasion des fêtes traditionnelles (un quart) et le
reste (trois quarts) en consommation courante.

La majorité (deux tiers) des exploitants enlèvent toutes les pailles à la récolte pour les utiliser
presque totalement comme fourrage (le reste permet des dons ou des ventes). Le tiers restant
emporte plus de la moitié des pailles et ce qui est laissé est soit donné en cadeau, soit enfouie,
mais sert très rarement à la fabrication de briques ou est brulée. Seuls quelques « Très Pauvres »,
qui pour certains n’ont que peu d’animaux, vendent parfois la paille de riz (29 enquêtés sur 180).

2.4 Formations reçues par les exploitants des bas-fonds aménagés

Au niveau des exploitants, un tiers affirme avoir reçu une formation depuis l’aménagement du
site du bas-fond sur les pratiques culturales. Pour ces derniers, il s’agit essentiellement de conseils
reçus lors du suivi fait par le service technique d’agriculture. Ces conseils concernent généralement
l’itinéraire technique du riz, la technique culturale et le semis en ligne. Ils affirment par ailleurs que
le suivi s’est relâché depuis la fin du projet. Sur certains sites il est totalement absent (Sillia) et sur
d’autres il est très lâche (1 fois tous les 2 mois en moyenne).

Seulement 18 exploitants sur 180 affirment avoir reçu une formation sur la gestion des
aménagements. Ces formations sous forme de suivi par le service technique d’agriculture
concernent l’entretien du bas-fond et des diguettes. Seulement 4 exploitants sur 180 affirment
avoir reçu une formation sur la commercialisation, et 5 sur l’éducation nutritionnelle. Mais
toutes ces sensibilisations ne sont pas en relation avec la FAO et se situent dans le cadre d’autres
interventions ; comme les services de santé pour la nutrition. On note l’absence de l’éducation
nutritionnelle pour accompagner la production du riz. Cette sensibilisation sur la nutrition n’a pas
du tout existé pendant la Food Facility.

L’analyse des formations reçues permet aussi de faire le point sur le type de capacitation dont les
exploitants ont bénéficié pour mieux gérer les sites des bas-fonds aménagés et réaliser de bonnes
productions. Les entretiens montrent que les comités de gestion des bas-fonds aménagés (COGES)
ont été mis en place sans recevoir une formation. C’est pour cela que pendant les discussions en
focus groupe, pour la plus part, ils ne connaissaient pas leurs rôles où ne savent s’ils sont membres
ou non du COGES. Sur les sites, les règles ne sont pas établies, ou quand elles sont établies, elles
ne sont pas appliquées. Par exemple en dehors de Rawèma, où il y a eu des réaffectations de
parcelles pour non-mise en valeur, sur les deux autres sites, bien que de nombreuses parcelles
soient inexploitées, aucune sanction n’est appliquée.

7
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

2.5 Utilisation des intrants et techniques de production pratiquées

Les ménages ont reçu de la FAO des semences de riz pour les deux premières années, ensuite la
réutilisation qui est la meilleure pratique technique, vue la qualité des semences « certifiées de
variétés améliorées » reçues domine (plus de la moitié des bénéficiaires). En effet, 104 enquêtes
les ont réutilisé, 51 les ont achetées et 24 ont reçu les semences en don. Le semis direct « pur »
(84 enquêtes) et le repiquage partiel (87) dominent et se répartissent presque également. Le
repiquage à 100% ou « pur » est très minoritaire (9).

Les producteurs comme pour les semences ont reçu les engrais des projets FAO lors des deux
premières années et ont au début appliqué les recommandations mais ont observé qu’ils ont
globalement continué à bien suivre les recommandations techniques pour les engrais (engrais
ensuite vendus subventionnés à 50% et parfois à crédit). Selon l’enquête, on note cependant
une baisse des quantités surtout pour les très pauvres et pour le site de Yalka (retard dans les
fournitures d’engrais subventionnés). Seulement une proportion limitée des enquêtes met du
fumier pour fertiliser leurs parcelles (14 enquêtes).

Les engrais donnés par la FAO devaient être distribués aux exploitants en contrepartie d’une
certaine somme devant servir comme fonds de roulement au niveau des sites. Les informations
des focus groupes indiquent que le fonds de roulement a été constitué dans un site (Sillia), sur
les trois. A Rawèma et Yalka par manque de constitution de fonds de roulement, chaque début
de saison, ils doivent s’organiser pour mobiliser des ressources afin d’acquérir les engrais et les
semences. A Yalka par exemple, le COGES dit avoir eu peur de la réaction des exploitants s’il
demandait de payer pour les intrants alors que ces derniers pensent que c’est un don de la FAO.

De manière générale, les COGES des 3 bas-fonds aménagés sont peu fonctionnels (absence de
liste des exploitants constituant une contrainte pour l’échantillonnage, absence de fonds de
roulement, absence de règles de gestion, absence de sanctions). La faiblesse du fonctionnement
des COGES se ressent sur le niveau de fonctionnement des bas-fonds en termes de faible
production et de faible exploitation des parcelles. Aucun des COGES n’a institué un système de
cotisations pour prévoir une bonne gestion du bas-fond.

Seulement 22 bénéficiaires enquêtés sur 180 pratiquent des cultures maraichères de contresaison
dans les bas-fonds aménagés.

La traction animale est utilisée par un tiers des enquêtés pour la préparation des terres du bas-
fond rizicole, mais la proportion est plus limitée dans le cas de très pauvres (39 enquêtes).

2.6 L’intégration des cultures de bas-fonds dans les systèmes de


production

Autour de 72 enquêtés sur 180 avaient déjà cultivé le riz généralement dans de petites parcelles
de bas-fonds avant aménagement. Parmi ceux qui avaient déjà cultivé le riz, les plus pauvres sont
moins nombreux que les autres.

La compétition entre les cultures pluviales et celles de riz de bas-fond au moment du désherbage
qui est apparue lors de l’enquête indique que 31 bénéficiaires sur 180 ont déclaré avoir dû réduire
les surfaces de leurs cultures pluviales. Le manque de disponibilité de main d’œuvre familiale pour
le désherbage des parcelles oblige les ménages à décider d’effectuer des transferts des cultures
pluviales vers le riz et plusieurs citent la baisse des rendements des cultures pluviales du fait de
soins qu’ils ont dû réduire. Seulement deux enquêtés, insatisfaits avec leur production de riz par
manque d’eau, ont dit avoir regretté ce choix.

Selon les informations des discussions en focus groupes, les bénéficiaires reconnaissent que la
riziculture est exigeante. Cependant, plusieurs ont accepté diminuer les superficies des autres
spéculations du ménage au profit du riz.

8
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

2.7 Les impacts sur l’alimentation des bénéficiaires

Les bénéficiaires ont déclaré que la couverture des besoins en céréales a connu en moyenne une
extension de près de deux mois. Environ 146 familles enquêtées sur 180 ont considéré que les
cultures des bas-fonds aménagés ont modifié leur alimentation. Ce constat est également valable
au niveau des discussions en focus groupes.

Les enquêtes montrent que les bénéficiaires ressentent une amélioration de leur alimentation.
L’alimentation n’est plus exclusivement faite de to. Cette amélioration s’est faite à partir de la
consommation fréquente de riz « riz gras » et « riz sauce », dont les sauces s’accompagnent
généralement de légumes, de haricots de viande, d’huile, de pâte de tomate et d’arachide, de
poisson séché, et d’épices. Certains produits sont plus souvent achetés sur le marché depuis que
les parcelles sont exploitées2. C’est le cas du poisson et de la viande, de la pâte d’arachide, de
l’huile, plus rarement des légumes. A noter également l’achat plus fréquent de pâte de tomate, de
maggy, de sucre ou de sel. Les femmes apprécient particulièrement la facilité de cuisson du riz et
les hommes la diversité de mets qu’il permet (riz gras, riz sauce ou associé à une légumineuse tel
que le niébé) ce qui en général était réservé aux fêtes mais devient bien plus fréquent. Selon les
exploitantes toujours, les enfants apprécient particulièrement le riz en bouillie sucrée mais aussi
quelques soit la forme sous laquelle il est préparé. Tout cela est confirmé par les focus groupes.

D’autres produits peuvent au contraire être moins fréquemment consommés: baisse de


consommation de certains produits qui ne sont plus disponibles (ou moins disponibles) depuis la
mise en valeur du bas-fond. Plusieurs produits sont mentionnés, en premier lieu le karité, et dans
une moindre mesure les lianes, le raisin, la viande sauvage, le néré et le tamarin.

2.8 La diversification des sources de revenu

L’analyse des activités développées par les exploitants des parcelles de riz avant et après les
aménagements permet de voir si le bénéficiaire a pu diversifier ses sources de revenu.

Ainsi, lorsqu’on analyse les résultats des discussions en focus groupe, il ressort que les exploitants
des bas-fonds n’ont pas développé de nouvelles sources de revenus du fait qu’ils ont initié la culture
du riz. Certes la grande majorité des ménages (pauvre et très pauvres) qui n’avaient pas accès aux
bas-fonds a, du fait des aménagements inscrit la riziculture comme nouveau moyen d’existence.
Cependant, lié au fait que le riz produit est en grande partie destiné à la consommation, il n’a pas
été déclencheur pour les pauvres et très pauvres, de l’initiation d’autres activités telles que le petit
commerce, élevage de petits ruminants ou de volaille, etc.

En effet que ce soit après ou avant aménagement, la différence des poids des sources de revenus
n’est pas significative. Si certaines sources de revenus comme la vente de la production agricole ont
connu un bond, d’autres comme la vente des animaux ont connu une régression, ce qui est positif.
Les autres n’ont pratiquement ou très peu fluctué dans la période avant et après aménagement.

Très peu d’exploitants ont investi dans d’autres domaines de production grâce aux revenus de
la vente de riz. Pour ceux qui ont investi, les domaines de production concernent uniquement
l’acquisition de petits ruminants pour initier une activité d’élevage. Certain affirment avoir acheté
un caprin grâce à la vente du riz. Mais ça reste marginal. Très peu ou pas d’exploitants ont investi
dans d’autres domaines de production grâce aux revenus issus de la vente du riz.

Le changement le plus important relevé est que les exploitants n’achètent plus de riz du fait de
la disponibilité. Les discussions en focus groupes montrent que plusieurs exploitants n’ont plus
la pression pour trouver du riz à préparer lors des fêtes importantes: Tabasky, Ramadan, Noel,
baptême, mariages. Certains décapitalisaient en vendant qui, un petit ruminant, qui de la volaille.
D’autres étaient obligés de sortir leur production de niébé pour la vendre à des moments où les
prix sont moins intéressants. Ainsi, la production du riz est venue soulager de nombreux ménages.

2 Depuis que les parcelles sont exploitées pour la riziculture, les ménages consomment de plus en plus de riz dont la
consommation exige l’agrémentation des sauces. Ce qui fait que des produits comme le poisson, la viande, la pâte
d’arachide, l’huile, etc. sont très souvent achetés sur le marché.

9
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

2.9 Le foncier

Très peu des personnes ayant reçu des parcelles il y a quatre ans les ont abandonnées. Seuls 11
enquêtés sur 180 n’exploitent plus leurs parcelles.

Parmi les enquêtés, plus de la moitié, souhaitent d’autres terres. La proportion est plus élevée (plus
que deux tiers) à Sillia où les parcelles distribuées sont en moyenne de surfaces inférieures 0,1 ha
alors qu’elle est inférieure à la moitié à Yalka ou les parcelles distribuées sont plus grandes (0,2 ha).

Des distributions de documents ont eu lieu seulement dans deux sites (Yalka et Sillia) sur trois, et
même dans ces deux sites la proportion des bénéficiaires ayant reçu des documents est proche
de la moitié. En réalité, il ne s’agit pas de documents certifiant en tant que tel l’accès à la parcelle,
mais de fiches cartonnées utilisées juste dans le processus de distribution et de tirage au sort des
parcelles, sans aucune autre valeur actuelle et que pour la plupart ils ont égaré.

Seuls 22 enquêtés sur 180 se sentent menacés de perdre leur accès aux terres du bas-fond
aménagé qu’ils ont reçu. Les autres ne se sentent pas menacés, ni par les demandeurs, ni par
l’absence de documentation prouvant leurs droits.

En marge d’autres bas-fonds aménagés par la FAO, des paysans avaient essayé d’aménager eux-
mêmes sommairement des parcelles et étendre ainsi les surfaces cultivées en riz en dehors des
zones aménagées. Malheureusement cela a été sans succès en général, soit par manque d’eau
lors des crues soit par excès d’eau et d’érosion.

Lors de l’enquête on a demandé aux enquêtés s’ils ont essayé et sinon pourquoi ils n’ont pas
essayé. Parmi les enquêtés la plupart n’ont pas essayé (157/180). Les raisons présentées sont : pour
79 enquêtés, ils n’avaient pas accès à des terres de bas-fonds aménageables, pour 40 enquêtés sur
180 c’était du fait du manque de connaissances, pour 40 enquêtés sur 180 par manque d’eau, et
pour 20 enquêtés sur 180, ils n’en ressentaient pas de besoin.

Seuls un tiers des enquêtés disent avoir déjà observé des dégradations sur les infrastructures
des bas-fonds aménagés. Les dégradations citées concernent les DCN (diguettes en courbes de
niveau) ; les pertuis (portes métalliques permettant le passage de l’eau d’une zone à l’autre) et les
évacuateurs de crue. Pour le reste des enquêtés il n’y a pas encore de dégâts.

2.10 Genre

L’analyse de la répartition des tâches pour la production céréalière dans les bas-fonds montre que
la femme est la plus impliqué dans le labour, le désherbage et la récolte dans environ 40% des cas.
Par contre, la femme garde le contrôle des ressources seulement dans moins qu’une quarte de cas
(elle assure la gestion des greniers dans le 22% de cas et des revenus dans 15% de cas).

Figure 4: Répartition des rôles et responsabilités dans la production du riz


10
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

A noter, lorsque la parcelle a été allouée à une femme (58 femmes sur 180), la gestion des
ressources est plus souvent sous le contrôle des femmes. Cependant en analysant les parcelles
allouées aux femmes, c’est l’homme qui reste plus fréquemment le premier impliqué dans la
gestion des revenus et des greniers dans un peu plus de la moitié des cas. Allouer des parcelles
aux femmes contribue à leur autonomie sans pour autant la garantir de manière systématique.

2.11 Les problèmes rencontrés

Les enquêtés n’ont pas tous exprimé leurs problèmes, mais nombreux d’entre eux ont cité plus
d’un problème. En tout 112 problèmes ont été présentés. Le tableau ci-dessous les regroupe
et présente la répartition par site. On observe deux problèmes principaux, le premier (plus de
deux tiers des enquêtés) regroupe les diverses difficultés liées à l’eau, le second (un peu moins
d’un tiers) est la divagation des animaux, le reste représente des problèmes plus divers (intrants,
moyens financiers, formation,…).

Les problèmes liés à l’eau pour la moitié sont présentés de façon générale (manque d’eau, surtout
à Sillia et manque de pluies). Mais pour l’autre moitié ils sont précisément définis : problèmes
de gestion (ouverture des pertuis et des PVC traversant les DCNs…), problèmes de manque de
drainage, terrains insuffisamment planés, et manque d’organisation des producteurs.

Les problèmes dus aux dégâts des animaux en divagation quand ils sont précisés représentent
l’impossibilité de semer tôt le riz, dès les premières pluies du fait de l’absence de contrôle
des animaux et aussi les dégâts à la période des récoltes. On observe que ce problème est
particulièrement cité dans le bas-fond de Yalka (22 citations de dégâts dus aux animaux).

Tableau 8: Répartition des problèmes exprimés par site

Raisons Yalka Sillia Rawema


Animaux (30 citations)
Dégâts dus aux animaux 22 3 5
EAU (74 citations)
Manque d’eau 6 17 10
Manque de pluie 4 4 2
Gestion eau insatisfaisante 6 1 2
Excédent d’eau drainage inondation 6 1 2
Terrains manquant de planage 1 3 3
Manque d’organisation des producteurs 3 2 1
Divers (8)
Manque d’intrants 2
Manque de moyen financiers 2
Manque de formation 3
Egoïsme 1

Les focus groupes et des interviews auprès d’informateurs clés ont également révélé plusieurs
difficultés sur les bas-fonds:

• des problèmes en lien avec le planage des sites sont observés partout et ne permettent
pas de bien drainer l’eau sur toutes les parcelles. La conséquence est un abandon de
nombreuses parcelles qui restent inexploitées ;
• une sélection des bénéficiaires souvent exclusive. Sur les bas-fonds visités, la sélection
des bénéficiaires n’a pas utilisé les critères de base de la FAO.
• les dégâts des animaux qui sont en lien avec le degré d’abandon des parcelles. En effet,
il a été constaté sur plusieurs sites que les propriétaires d’animaux sont en même temps

11
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

les producteurs de riz sur le bas-fond. Dans certaines zones à Sillia, il y a plus de parcelles
abandonnées que de parcelles réellement exploitées, ce qui favorise la présence des
animaux et de nombreux dégâts. Ceci décourage davantage certains qui veulent encore
exploiter leurs parcelles. Les comités de gestion (COGES) ne semblent pas assez organisés
pour gérer le phénomène.
• l’arrivée tardive des semences et engrais sur le bas-fond qui entraine très souvent un
démarrage tardif des activités de riziculture par les bénéficiaires.
• la faiblesse de l’encadrement technique très souvent en lien avec le mode de traitement
de la FAO qui passe par des protocoles et dont par exemple les avances de démarrage
arrivent très tard quand la campagne est très avancée. Les services techniques ne
disposent pas des ressources pour faire le suivi « à crédit ». Les agents sur le terrain font
comme ils peuvent. De plus sur certains bas-fonds il n’y a pas de protocoles pour le suivi et
les services techniques devraient se débrouiller par eux-mêmes. C’est le cas du bas-fond
de Sillia qui serait une réalisation rendue possible grâce à un reliquat sur un autre bas-
fond. En lien avec cette faiblesse du suivi, il reste difficile à trouver des données chiffrées
sur les productions et les rendements au niveau des bas-fonds réalisés par la FAO.
• Les éleveurs rencontrés émettent des réserves quant à la pertinence des bas-fonds
aménagés dans des zones traditionnellement dédiées à l’élevage pastoral. Ces derniers
considèrent que les aménagements peuvent accroitre les tensions existantes entre
éleveurs et agricultures. En effet, il a été constaté sur certains sites que ces inquiétudes
étaient fondées (Yalka, Sillia).

2.12 Les solutions suggérées

Pour les différentes problématiques identifiées, des solutions ont été suggérées par les bénéficiaires.

Pour les solutions aux problèmes d’eau (77 citations), on peut les séparer en deux groupes:

• Meilleur aménagement hydraulique (53 citations): pour un tiers des répondants, les
solutions ne sont pas précisées, mais pour deux tiers des répondants des interventions
précises sont suggérées. Sur ces interventions, l’amélioration du planage des parcelles
et le relèvement de la hauteur des diguettes (DCN) sont les suggestions dominantes.
D’autres solutions suggérées incluent l’amélioration du drainage ; l’agrandissement
des surfaces de bas-fonds aménagés et les demandes d’extension de l’aménagement.
Sont significatives (28 citations) les demandes de réaménagement qui dominent dans le
périmètre de Sillia dont certains disent même qu’il n’a pas été vraiment aménagé.
• L’amélioration de la gestion de l’eau (17 citations): est le second groupe. Les
suggestions précises les plus citées sont l’amélioration du comité de gestion de l’eau et la
formation des producteurs.

Pour les dégâts dus aux animaux (19 citations), les réponses se répartissent en deux groupes
semblables. Le plus grand groupe suggère une meilleure concertation entre les agriculteurs
plantant dans les bas-fonds et les propriétaires ou pasteurs. Mais dans ce groupe on a par exemple
une suggestion de disposer d’une fourrière pour enfermer les animaux n’ayant pas respecté les
surfaces plantées. L’autre envisage la mise en place d’une clôture (toujours présentée sous la
forme d’un grillage).

Pour les suggestions diverses, les demandes d’appuis en intrants surtout engrais sont
significatives quand les autres problèmes ne dominent pas. On note deux demandes de forages
pour la culture maraichère dans un des bas-fonds, et une demande de « bouli » c’est-à-dire une
mare surcreusée qui peut être une réserve d’eau superficielle pour des irrigations de complément
ou de contresaison.

Tableau 9: Solutions aux problèmes rencontrés, dégâts faits par les animaux

Solutions Yalka Sillia Rawèma Total


Grille de protection des animaux 6 2 0 8
Améliorer les concertations entre agriculteurs éleveurs 9 0 1 10
Solution pas définie 0 1 0 1
Total 15 3 1 19

12
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Tableau 10: Amélioration d’accès à l’eau

Solutions Yalka Sillia Rawèma Total

Amenagement hydraulique

Améliorer l’aménagement hydraulique des bas-fonds 7 9 6 22

Augmenter la hauteur de la diguette pour retenir plus d’eau


0 6 4 10
pour les parcelles

Aplanissement des parcelles 0 11 1 12

Aménagement d’une surface additionnelle 3 2 1 6

Amélioration du drainage 2 0 1 3

Sous total 1 12 28 13 53

Gestion de l’eau

Amélioration comite de gestion 9 0 3 12

Formation des producteurs 0 0 5 5

Sous total 2 9 0 8 17

AUTRES (7 citations)

meilleure pluviométrie 1 0 0 1

forage/maraichage 0 0 3 3

Améliorer l’accès aux engrais 1 1 1 3

Sous total 3 2 1 4 7

Total général 23 28 25 77

13
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

3. Conclusion

La présente étude de cas a été réalisée pour illustrer la situation des bas-fonds aménagés pour la
riziculture par la FAO. L’étude montre que l’aménagement des trois bas-fonds a permis à plusieurs
ménages pauvres qui ne pouvaient pas avoir accès à des terres de bas-fond de produire du riz sur
les parcelles. Ceux-ci ne les abandonnent qu’exceptionnellement et, très souvent ils souhaitent
avoir d’autres parcelles ou de plus grandes. La production de riz permet une plus grande
disponibilité de céréales mais surtout une vraie diversification de l’alimentation des ménages.

Comme changements majeurs, on note l’amélioration de la production, l’amélioration de


la couverture des besoins céréaliers avec des ménages qui sont arrivés à réduire la période de
soudure grâce à la production du riz. D’autres effets sont également relevés tels que l’amélioration
de la qualité de l’alimentation et de la santé de certains ménages.

Néanmoins, les trois bas-fonds aménagés depuis 2011 au Nord n’ont pas encore assuré la
production escomptée du fait de la mauvaise pluviométrie, mais aussi de quelques problèmes
techniques sur les aménagements. Ces phénomènes ont quelques fois contribué à faire baisser
l’enthousiasme du début des bénéficiaires.

Jusqu’à présent l’activité de riziculture se poursuit dans la plupart des trois bas-fonds aménagés,
à quelques exceptions près. Néanmoins, dans ces bas-fonds, le niveau d’exploitation pourrait être
amélioré, de même que le fonctionnement des COGES. De plus les bas-fonds sont en principe
transférés à l’Etat, mais le manque de ressources compromet souvent leur suivi.

Des tensions entre les propriétaires des animaux et les producteurs de riz sur les bas-fonds ont
été observées. La recherche de solutions équitables pour les différents usagers des bas-fonds est
cruciale et conditionne la valorisation durable de l’aménagement.

14
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

ANNEXES

Annexe 1: Historique du développement des


aménagements de bas-fonds rizicoles au Burkina
Faso (1970 – 2015)

1970-1995: Dès le début des années 70, notamment en réponse aux impacts des sécheresses,
une « politique de développement des bas-fonds pour l’accroissement de la production»
avait été introduite dans le cadre du « Fonds de Développement Rural » FDR financé par la
Banque Mondiale (1972-87).Un ensemble de projets de coopération ont réalisé les premiers
aménagements surtout dans la Sud et le Sud-Ouest du pays pour un total de plus de 7 100
hectares3.

1998-1999: L’expérience d’aménagements de bas-fonds rizicoles, faite en 1998 sur 100


hectares dans trois sites, dans le cadre du Programme Spécial de Sécurité Alimentaire (PSSA
1995-2008) qu’appuyait la FAO (financement Belgique puis Lybie pour l’extension) a relancé
l’intérêt pour ces aménagements. Une équipe de techniciens marocains dans le cadre d’une
opération de coopération Sud-Sud appuyée par la FAO a donné une assistance technique
pour des implantations de diguettes robustes (définition des modes de mise en œuvre des
études et des travaux, diguettes suivant les courbes de niveau en terre compactée avec engin
motorisé, protégées par géotextile et roches, portes métalliques d’évacuation de l’eau, seuils
d’évacuation des crues…). Dans le cadre aussi de ce Programme PSSA, le PNUD (Programme des
Nations Unies pour le Développement) a financé un premier inventaire des sites de bas-fonds
aménageables au Burkina Faso (90 000 ha).

2000: Lors de la phase initiale, les aménagements de bas-fonds étaient questionnés par les
spécialistes de l’irrigation du fait de rendements considérés faibles (1,2 T paddy/ha/an) et on
parlait à l’époque de ne pas aménager de bas-fonds au-dessus de l’isohyète 1000 mm/an,
les mesures faites dans le cadre du PSSA (3,5 t/an en moyenne sur 4 ans) ont relancé l’intérêt
pour ces travaux. La première opération de grande ampleur (2 500 ha aménagés en 7 ans)
d’aménagement de bas-fonds rizicoles suivant ces nouvelles techniques « robustes », a été
faite dans le cadre du Plan d’Action de la Filière Riz (PAFR), financé par l’Union Européenne
(2000-2007) avec un appui initial de l’AFD (Coopération Française). En plus des appuis directs
à la production et aux opérateurs de la filière, le PAFR a aussi appuyé un nouvel inventaire
des bas-fonds aménageables (600 000 ha considérés facilement aménageables), et a aidé à
fixer des méthodes d’aménagement avec une participation accrue des bénéficiaires. Par ailleurs
c’est dans le cadre du PAFR que des techniciens de l’INERA (Institut National de Recherche
Agricole), du PSSA, et de la coopération technique allemande (GTZ), ont préparé le « Manuel
technique d’aménagement de bas-fonds rizicoles au Burkina Faso », publié en 2006, qui est
très complet et propose un ensemble de solutions techniques simples et bon marché pour
obtenir des aménagements « robustes » et durables. Il faut compléter en disant que les succès
des aménagements de bas-fonds rizicoles au Burkina Faso s’expliquent aussi par la diffusion de
nouvelles variétés de riz qui se révèlent très adaptées et par les efforts fait par le Ministère de
l’agriculture pour distribuer des semences certifiées et pour vendre chaque année à temps des
engrais à des prix subventionnés à tous les bas-fonds rizicoles du pays.

2002: L’autre initiative d’aménagement de bas-fonds rizicoles de grande ampleur au


Burkina Faso a été le Projet Riz Pluvial (PRP) que la coopération de la Chine de Taiwan appuie
financièrement et techniquement depuis 2002. Elle est remarquable par sa durée (2002 - 2017
en trois phases) et sa très grande ampleur (plus de 23 500 hectares). Le PRP s’est spécialisé dans
l’appui à la riziculture dans les zones les moins accidentées où les besoins d’aménagement sont
les moins exigeants en investissements puisque, en dehors des labours, les travaux peuvent

3 Selon la « Politique Nationale de Développement durable de l’Agriculture Irriguée (2006) » pendant la période
1970-1998, un total de 7100 hectares de bas-fonds avaient été aménagés au Burkina Faso (1997) par plusieurs
projets :l’« Opération Terroir », 1970-75 sur 770 ha et FDR, 1972-87 sur 4 214 ha (Banque Mondiale), l’ « Opération
Riz Comoé » 1979-1998 sur 1 485 ha (UE – FED), PDSO- 465 ha (Canada), PDRI/HKM, 1994-1999 sur 180 ha (France).

15
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

être faits manuellement par les producteurs avec une orientation technique sur le terrain
(diguettes de terre compactées manuellement et généralement non protégées, généralement
sans ouvrages en maçonnerie,…). Le PRP s’est étendu à tout le pays même dans les zones les
plus semi-arides et appuie aussi techniquement les bénéficiaires pendant de longues périodes
et facilite les communautés pour des investissements complémentaires (construction de
magasins de stockage avec aires de séchage, ventes à des prix subventionnés de batteuses, de
décortiqueuses, puits maraichers…).

2005: Parmi les avancées de l’idée du développement de l’aménagement des bas-fonds à ce


stade on peut citer : a) La « Stratégie nationale d’irrigation » (2005) qui choisit dans le cadre
de sa programmation de 2006 à 2015, un objectif de 5 000 hectares de bas-fonds rizicoles
aménagés additionnels, b) l’« étude de schéma directeur de l’aménagement du Burkina
Faso » 2006, exécutée pour le Ministère des finances (MEF) qui a proposé de retenir pour
l’autosuffisance alimentaire la «Mise en valeur des bas-fonds» sur un total de 300 000 hectares
et qui a présenté une carte convaincante des zones de bas-fonds aménageables à partir de
l’inventaire/nomenclature nationale des bas-fonds aménageables réalisé par l’INERA en 2005
(voir graphique N°1),c) le « Manuel technique d’aménagement de bas-fonds rizicoles au Burkina
Faso » 2006 suscité dans le cadre du PAFR. C’est à cette époque que les projets financés par
le FIDA, qui étaient surtout des projets d’aménagements des zones de cultures pluviales (zai,
demi -lunes, matière organique,…) ont intégré des aménagements de bas-fonds, parfois sous
la forme de seuils en béton mais surtout du type PRP.

2006: La quatrième importante et durable initiative de coopération pour l’aménagement des


bas-fonds rizicoles est celle de la coopération allemande dans la région Sud-Ouest du Burkina (et
du Sissili à partir de la seconde phase). Trois programmes, financés par la KFW se sont succédés et
auront aménagé bientôt 2 000 hectares de bas-fonds selon les techniques « durables » définies
par le projet PAFR. Ces projets ont aussi appuyé les communautés concernées en construisant
des magasins de stockage des récoltes, en améliorant des pistes d’accès et en installant des
périmètres maraichers avec des puits à grand diamètre au bord des bas-fonds aménagés.

2010-2011: Suite à la crise de 2008, l’Union Européenne a financé le Projet « Food Facility », mis
en œuvre par la FAO. Il s’agit surtout d’un projet d’appui en intrants, surtout semences, mais qui
a aussi permis d’aménager 13 bas-fonds en type PAFR (269 hectares) et 35 bas-fonds en type
PRP (1.517 hectares).

2015: Actuellement, à la fin 2015, on compte huit projets de coopération en cours qui
aménagent des bas-fonds rizicoles au Burkina Faso:

1. les projets PRP3/Taïwan et PABSO III/Allemagne déjà présentés,


2. le projet PSAN BF (2013-2016), financé par la coopération européenne et mis en œuvre
par la FAO (933 hectares dans 33 bas-fonds tous de type PAFR dans le Sahel, Nord et
Centre Nord),
3. le projet PAPSA financé par la Banque Mondiale avec une extension qui a passé l’objectif
initial de 7 000 hectares à 10 000 hectares
4. le projet VIM de l’USAID (216 ha PAFR),
5. le projet de l’AFD/Coopération française (2015-2020) dans la région de l’Est (600 ha type
PAFR),
6. le projet FIDA dit « NeerTamba » dans le Nord, Centre Nord et Est (1000 ha prévus pouvant
être des types PRP ou PAFR).
7. le projet PAM 2015-2017 « Intervention prolongée de secours et de redressement » (IPSR),
qui prévoit l’aménagement d’un total de 4 427 hectares (moitié PAFR, moitié PRP).

Le dernier programme d’aménagement de bas-fonds rizicoles est le nouveau projet PIGO


(Petite Irrigation dans le Grand Ouest) de la coopération Allemande, qui prévoit d’ici 2020
l’aménagement de 2000 ha de bas-fonds rizicoles, type PAFR, avec des périmètres maraichers, en
continuant dans les zones du PABSO III mais avec une extension vers les provinces de Tuy et Houet,
dont le démarrage vient d’être annoncé à la mi-décembre 2015. Enfin il faut, suite à l’annonce
à Dakar (Octobre 2013), citer la perspective du prochain programme “Initiative d’Irrigation du
Sahel” pour parvenir à l’augmentation d’ici 2020 de 400 000 hectares actuellement estimés
à 1million d’hectares irrigués dans six pays du Sahel (Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso,

16
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Niger, Tchad). Un programme régional (SIIP = Sahel Irrigation Initiative Program) sera financé
par la Banque Mondiale et devra être formalisé avec les 6 pays en 2016. Au Burkina Faso, dans le
cadre de ce projet régional SIIP, sont actuellement envisagées des actions pilotes d’irrigation sur
1 520 hectares dont 700 hectares de bas-fonds, type PAFR. Un Programme “national”, dont le
financement est encore à définir, devrait ensuite s’ajouter pour chaque pays aux actions pilotes
du programme régional SIIP. Autour de 100 000 hectares irrigués pourraient être aménagés au
Burkina Faso, dont une partie importante mais non encore définie, pourrait l’être sous forme
d’aménagements de bas-fonds rizicoles.

Les ONGs: En plus des “programmes/projets de coopération” que nous venons de présenter
et qui parfois sont exécutés sur le terrain par des ONGs nationales ou internationales, il y a
des actions “propres” aux ONGs qui, de même se sont fortement développées. Les principales
ONGs dont nous pouvons citer les aménagements déclarés sont: CRS (640 ha/PRP, 104 ha/
PAFR), OXFAM (61 ha PRP), SOS Sahel (1 114 ha/PRP, 8 ha/PAFR), ACF, Welthungerhilfe (183,5
ha/PAFR), AGED (162ha) soit un total initialement estimé de contributions des ONGs de1977 ha
de type PRP et 295 ha de type PAFR.

Pour résumer la situation, à la fin 2015, des projets de coopération pour des aménagements
de bas-fonds au Burkina Faso ont déjà permis depuis 1970 l’aménagement de plus de 40 000
hectares, dont autour de 14 000 hectares avec des infrastructures “robustes” dites PAFR et
26 000 selon les techniques “manuelles” dites PRP). Il est actuellement prévu d’ici fin 2018 que
soient aménagés par les projets en cours, encore 13 900 hectares additionnels, ce qui permettra
de totaliser en 2018 sur une période d’autour de 20 ans, plus de 55 000 hectares de bas-fonds
rizicoles aménagés (dont plus de 20 000 ha de type “robuste”).

Figure 5: « Etude du schéma national d’aménagement du territoire du Burkina Faso »


DIRASSET-G2 CONCEPTION pour le Ministère de l’Economie et des Finances, Juin 2008
(en rouge « bas-fonds aménageables » à partir de l’inventaire INERA 2005)

17
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Date Bailleur Période Nom du projet Zonesgéo Surface Surface Nb de


finance graphiques (ha) (ha) sites
type PAFR type PRP
BM 1969-1975 OpérationTerroirs Plateau 770
1970-1998 central
BM 1972-1987 FDR Fondsdu Centre 4 214
Dev Rural (régies
ORD)
UE FED 1979- 1998 Opération Riz Cascades 1 485 17
Comoé
Canada 1992- 1994 Désenclavement Sud-Ouest 465 25
Sud-Ouest PDSO
France 1994- 1999 PDRI/HKM Houet et Tuy 180 5
7 114
Belgique – 1995- 2008 Progr Special 100 3
Lybie(FAO) Sécu Alimentaire
1998-2014 PSSA
Union 2000- 2007 Progr Appui à la 2 500 76
Européenne Filière Riz PAFR
Chine Taiwan 2003- 2008 Projet Riz Pluvial 7 921
PRP 1
KFW GIZ 2006- 2012 PABSO 1& 2 Sud-Ouest & 1 205 44
Allemagne Sissili
FIDA (BAD 2004- 2012 PICOFA Est 1 160
BOAD)
FIDA 2005- 2013 PDRD Nord, Centre 1 141
Nord
Union 2010- 2011 Food Facility (UE Nord 1 517 35
Européenne/ FF) Nord Gnagna 269 13
FAO Gourma
Sissili
Chine Taiwan 2009- 2013 Projet Riz Pluvial 11 270
PRP 2
Union 2013- 2016 PSAN BF Nord Centre 933 28
Européenne/ Nord et Sahel
FAO
KFW GIZ 2013- 2016 PABSO 3 Sud-Ouest & 800
Allemagne Sissili
Chine Taiwan 2014- 2016 ProjetRiz Pluvial 2 069
PRP3
Banque 2010- 2014 PAPSA 7 000
Mondiale
USAID VIM Victoire Centre Nord 1200
contre la
Malnutrition
7 007 24 157
Banque 2015- 2017 PAPSA 3 000
2015- Mondiale (extension)
AFD France 2015- 2019 PSAE SA région Est 600
de l’Est
PAM 2015- 2017 IPSR 2 223 2 204
FIDA 2015- 2018 NeerTaaba Est Nord Cen 6 000
Nord
KFW GIZ 2015-2020 PIGO (Petite Sud-Ouest 2000
Allemagne Irrigation Grand Sissili Tuy
Ouest) Houet
Total cumulé attendu en fin de projets déjà 18 944 35 361
lancés

18
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Annexe 2: Bibliographie

Gouvernement du Burkina Faso

1. « Analyse de la compétitivité de la filière riz local au Burkina Faso » Ministère de l’agriculture de


l’hydraulique et des ressources halieutiques, Secrétariat général, Direction des études et de la
planification (DEP), 73p, Octobre 2009
2. « Stratégie Nationale de développement de la riziculture »MAH-Ministère de l’Agriculture de
l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques, 26p, Octobre 2011
3 « Présentation synthétique de la stratégie nationale de développement durable de l’agriculture
irriguée » Ministère de l’Agriculture de l’Hydraulique et des ressources halieutiques 18p, 2008
4 « Etude du schéma national d’aménagement du territoire du Burkina Faso » DIRASSET-G2
CONCEPTION pour le Ministère de l’Economie et des Finances, Direction générale de
l’aménagement du territoire et du développement local et régional, 428p, Juin 2008.
5 « Inventaire national des bas-fonds », fiches sur Excel de23822 bas-fonds étudiés INERA
Valentin 2013
6 « Politique Nationale de Développement durable de l’Agriculture Irriguée »-Stratégie, plan
d’action, plan d’investissement à l’horizon 2015. Ministère de l’Agriculture de l’Hydraulique et
des ressources halieutiques, 175p, Janvier 2006

Autres Burkina Faso

7 « Revue diagnostique des dépenses publiques de base dans le secteur agricole (2004-2012) »,
FBMG BM, étude par CAADP pour SP CPSA, 88p, Janvier 2013
8 Union Nationale des Producteurs de Riz du Burkina (UNPRB) présentation de l’analyse de
l’état de la filière 2000,36p, 2011

Coopération Taiwan

9 Historique du projet riz pluvial PRP, (coopération Taïwanaise), 12p, 2013


10 « Evaluation du Projet Riz Pluvial Phase II » Ministère de l’Agriculture et de la Sécurité
Alimentaire, 61p, Septembre 2013
11 « Bilan de mise en œuvre du PRP » Projet Riz Pluvial(PRP), 14p, Décembre 2014

Coopération Allemande

12 « Rapport de l’étude de capitalisation des acquis des phases 1 et 2 du Programme


d’aménagement de bas-fonds dans le Sud-Ouest et la Sissili (PABSO) », GOPA, 64p Octobre
2013
13 La prise en compte de l’aspect genre au niveau de la petite irrigation villageoise : cas du projet
PABSO dans le Sud-Ouest du Burkina Faso » SeoneHamidou16 p Avril 2011

Coopération Européenne

14 « Rapport final du projet « Food Facility » FAO-UE “Soutien au Renforcement des bases de
la sécurité alimentaire par le rétablissement des capacités de production de qualité au niveau
des communautés rurales affectées par la flambée des prix des produits agricoles”,55p,
Décembre 2011
15 « Evaluation de la coopération de l’Union Européenne avec le Burkina Faso (1999-2009) »,
414p, ECO Consult Mai 2010.
16 « Situation de la filière Riz au Burkina Faso »Observatoire National du Riz au Burkina Faso
(ONRIZ) Amadou Drabo, Mai 2004
17 « Rapport d’analyse de l’expérience des bas-fonds aménagés- campagnes 2011 et 2012” FAO
BF, 14p, Janvier 2013
18 « Etude du marché des semences certifiées vivrières suivie d’une proposition d’une stratégie
de subvention de l’état » DGESS MASA, 65p, Octobre 2013 (financement FAO EU)
19
Évaluation du Programme de la FAO au Burkina Faso, 2010-2014 – Etude de cas

Coopération Japon

19 « Développement de l’agriculture et des zones rurales à travers de systèmes novateurs


de production à base de riz en vue de réduire la faim et la pauvreté au Burkina Faso »FAO,
Coopération avec le Japon, 20p, Décembre 2010

Coopération Lybie

20 « Evaluation finale des Programmes Spéciaux de Sécurité Alimentaire au Burkina Faso, Mali,
Niger, Tchad et Soudan” Financement libyen, FAO, 30p, Mai 2009.

Coopération française (AFD)

21 « Amélioration de la sécurité alimentaire des populations de la région de l’Est -PSAE» AFD,


13p, Juin 2015

Banque Mondiale

22 « Burkina Faso: la Banque mondiale soutient l’agriculture et l’élevage pour améliorer la sécurité
alimentaire des ménages ruraux » ; 2p ; 27 juin 2014
23 « Intervention prolongée de secours et de redressement » (IPSR), PAM 2015
24 Projets FIDA, « Projet de gestion participative des ressources naturelles et de développement
rural au Nord, Centre-Nord et Est », dit Projet «Neer-Tamba», 26p, Octobre 2012
25 « Œuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté au Burkina Faso »
FIDA, 8p, Octobre 2011
26 programme d’investissement communautaire en fertilité agricole (PICOFA), 2004 2012

Analyses régionales

27 « Atelier régional sur la compétitivité des filières riz en Afrique de l’Ouest dynamiques
commerciales et accords commerciaux régionaux et internationaux »Bamako – Mali,Projet de
Renforcement de l’Information des Acteurs des Filières Rizicoles – PRIAF RIZ (coordination du
CIRAD / CAet de l’IRAM), mai 2004
28 « Situation de la filière Riz au Burkina Faso » Observatoire National de la filière Riz (ONRIZ),
communication à l’atelier PRIAF Riz Bamako, Amadou DRABO, 16p, Mai 2004
29 « Mise en valeur agricole des bas-fonds au Sahel »Jean Albergel, JM Lamache, F. Gadelle, B
Lidon, A.M Ran, V. Vandriel, Bulletin de la maison du CIEH, Janvier 1993.
30 « L’avenir de l’irrigation en Afrique de l’Ouest » F. Gadelle, EIER-ESTHER, 9p, Avril 2001
31 « Présentation des caractéristiques hydrologiques de la mise en valeur des bas-fonds ».
Compte-rendu du deuxième atelier scientifique du Consortium bas-fonds. Windmeijer P.N.,
Dugué M.J., Jamin J.Y., Van de Giesen N. (Ed.), 2002 ADRAO, Bouaké, Côte d’Ivoire.
32 « L’aménagement de bas-fonds et la gestion de l’eau »Article référence 5 du Manuel
technique APRA-GIR, 6p, (Wopereis et al. 2008)

20
BUREAU DE L’ÉVALUATION

Vous aimerez peut-être aussi