La Marion Su On Pommier
La Marion Su On Pommier
Cette fiche pédagogique a été réalisée dans le cadre d'un projet de recherche-action mené par le CMTRA et
le Conservatoire à Rayonnement Intercommunal Villefranche Beaujolais Saône : la Chorale intergalactique de
Belleroche. Pour découvrir ce projet : www.choraleintergalactique.com
Le projet a été mené auprès de classes de cycle 3. Les exercices proposés sont adaptés à ce niveau mais
peuvent très bien se décliner pour les cycles 2 (en ajustant les niveaux de difficulté).
La base de cette fiche s’appuie sur les arrangements de Pascal Berne.
Transmise par Christiane Bourgeois, Guy et Françoise Brindel, interprétée par Juliette Dufay, accompagnée
par Gaëlle Macé (flûte), Laurent Fléchier (clarinette), Lilith Guégamian (guitare), Cédric Perrot (percussions)
et Pascal Berne (contrebasse).
Collectée par Maëllis Daubercies Abril en janvier 2020 à Villefranche-sur-Saône, quartier Belleroche, école
Pierre Montet dans le cadre du projet Chorale Intergalactique.
CYCLE 3- ÉLÉMENTAIRE
DIFFICULTÉ- FACILE
Présentation
Le chant
“La Marion sous un pommier” est une musique qui transite. On la retrouve en divers lieux recensés par
l’ethnomusicologue Georges Delarue sur une carte montrant que la répartition du collectage du chant se fait
dans la partie francoprovençale et occitane de la France. Du fait de ses nombreux voyages, elle se révèle
mouvante dans sa mélodie et ses paroles. Elle est tantôt Marion, Marguerite ou Jeanne. Parfois elle se
dandine, prend l’ombre ou se balance. La fin aussi est changeante. La jeune femme coupe la bosse et la
recolle, la coupe et la rend au bossu. Celui-ci, dans d’autres versions, finit par s’en aller. En outre, les langues
régionales adaptent leur vocabulaire à ce chant. On pense que la forme delphino-savoyarde est à l’origine de
sa diffusion par les recueils à l’usage des mouvements de jeunesse dans les années 50. Ce chant permet
d’aborder la notion de tradition avec les élèves. On peut les interroger à ce sujet et les questionner sur ce
qu’ils entendent par le terme « tradition ». En reliant cette notion avec le chant, on peut discuter de la
variabilité d’un air, de ses déplacements, de la difficulté de se référer à une version d’origine et de la question
de la transmission. Est-ce que ce sont des chants destinés à être transmis uniquement oralement ? A quel
moment se fait l’utilisation de l’écrit ? Qu’est-ce que permettent ces deux moyens de transmission et quelle
porosité existe-t-il entre les deux ? Peut-être que la grande mobilité de ce chant saura inspirer de nouvelles
versions auprès de futurs jeunes chanteurs…
La version qui a été choisie ici par Pascal Berne est en franco-provençal : elle diffère de celle chantée au
départ par la famille Brindel-Bourgeois lors du collectage.
Analyse musicale
Structure
Contrairement à un grand nombre de versions, la première phrase chantée n’est pas répétée. Seront
enchaînées la première et la deuxième phrase sans redite. Le chant est intercalé de courtes phrases
mélodiques, sa place sera facilement comprise.
La métrique à 12/8 et l’arrangement réalisés par Pascal Berne invitent à prendre le morceau à la blanche
pointée pour obtenir une interprétation plus “chaloupée”. On pourra néanmoins travailler le morceau à la noire
pointée si cela aide le chant dans un premier temps.
Difficultés
Les thèmes mélodiques sont faciles à mémoriser. Essentiellement composée de notes conjointes et de motifs
ascendants et descendants, la chanson ressemble à beaucoup d’autres ritournelles et entre facilement en
tête. On pourra regarder de plus près l’intervalle de quinte (le saut du mi au si sur “sur un pommier-qui”) si
les enfants ont du mal à réaliser ce saut. En l’isolant, en le jouant au clavier et en proposant des petits
exercices, il devrait s’intégrer rapidement. On peut se mettre en cercle et s’amuser à faire passer ce court
extrait du chant à son copain de droite le plus vite possible, le lancer à quelqu’un de son choix dans le cercle,
en variant les intensités (une note faible, une note forte). A moduler selon son inspiration.
Indications pédagogiques
Prononciation
Les terminaisons en “e” (“ave”) sont entendues dans cette adaptation avec le son “eu”. Dans certaines
versions, on entend le “là” (“que se guinganave de ci, que se guinganave de là”) prononcé “li” ou “leï”. Les
paroles et prononciations variant en fonction des régions, on pourra se référer aux différentes sources
proposées plus bas et faire son choix. Le propos n‘est pas ici de faire un copier-coller mais de se rapprocher
des différentes prononciations pour se familiariser aux langues occitane et francoprovençale et observer les
mots se rapprochant de la langue française.
Pour s’approprier le rythme simplement et en marquant bien les accents, on pourra ne jouer que les premiers
temps marqués en jaune. Puis, on pourra s’amuser à diversifier les propositions en choisissant de jouer les
triolets de croches ou de marquer les temps selon des formules variées. Si la phrase rythmique peut être
jouée en entier et de manière répétitive, on pourra suggérer à un groupe de chanter lorsque l’autre jouera la
rythmique au shaker.
• Ce chant connaît de multiples variations. On peut s’amuser à comparer en quoi les musiques diffèrent
selon que les paroles changent ou que les ambiances des instrumentations offrent de nouveaux
paysages. Ces trois références peuvent servir de base :
https://www.youtube.com/watch?v=qpTSkn4fV5M
https://www.youtube.com/watch?v=59Pd6dX24PE
https://www.youtube.com/watch?v=OtS7UJHANzQ
• Sur le site “Histoire de langues”, on peut aller écouter en francoprovençal “La chenille qui fait des
trous”. Habituer les jeunes oreilles aux parlers locaux permet d’ouvrir les portes de l’histoire
régionale et de s’interroger sur ce qui constitue le territoire où l’on vit. De plus, cette histoire
intéressera les plus petits pour sa dimension éducative (apprentissage des nombres) et pourra
concerner les plus grands si l’on se munit du texte français à écouter en alternance avec la version
francoprovençale : https://histoiresdelangues.fr/contes/la-chenille-trous/
• On peut aller visiter le site interactif “Infrasons” pour découvrir la richesse musicale de la Région
Auvergne-Rhône-Alpes où sont référencés des chants, des contes, des récits de vie, des airs
instrumentaux et des légendes collectées depuis près d’un siècle. Cet outil numérique est développé
par le CMTRA et l’AMTA. Et si l’on regarde du côté de Sumène, on retrouvera une vieille
connaissance…
https://infrasons.org/cartographie/
• L’article de Georges Delarue, ethnomusicologue, livre des informations complémentaires et
détaillées sur la chanson :
https://www.persee.fr/doc/mar_0758-4431_1981_num_9_1_1114
Vocabulaire
Accent
L'accent en musique permet de nuancer la note sur laquelle il se trouve, dans le sens d'une intensité plus
forte, cela pour mettre la note en valeur.
Intensité
Un des quatre principaux paramètres du son lié à son volume : faible (piano) / fort (forte).
Intervalles
Écart entre les hauteurs de deux notes. Le nom de l’intervalle dépend de son étendue sur l’échelle diatonique
: une prime pour un unisson, une seconde pour deux notes successives (ex: do-ré), une tierce pour trois notes
successives (ex: do-mi), quarte (ex: do-fa), quinte (do-sol), sixte, septième, octave, neuvième...
MAO
Acronyme de “Musique assistée par ordinateur”. Ensemble des pratiques liées à la création musicale grâce à
l’informatique.
Triolet
Groupe de trois notes de valeur égale qui se jouent dans le temps de deux.
Shaker
Instrument de musique de la famille des idiophones secoués. Les idiophones sont des instruments de musique
à percussion produisant le son par eux-mêmes, sans caisse de résonance (ex. le gong, les castagnettes).
Paroles (version franco-provençal)
La Marion su on pommier
qui se guinganave
Qui se guinganave de ci
Qui se guinganave de là
Qui se guinganave
La Marion si tu voulais
tu serais ma mie