-« Dites-moi ô noble mandarin Mei Ping, qui est ce…Thrace ?
»
Demande Toshiro sur un ton passablement inquiet.
-« Un sorcier, de la famille des Tremeres, un groupe de Kin-Jin qui pratique les arts occultes
et la manipulation de masses. »
-« Je connais, mais…ce sont des créatures détestables, ils corrompent le ki, et d’après ce
qu’on vient d’apprendre, ils donnent aussi des primes à ceux qui capturent les nôtres. »
-« Oui, mais celui ci était le responsable d’une maisonnée de cette famille à Hong Kong, et il
a été abandonné par les siens, et pour se venger, il a offert ses services à Jiejie Li, j’ai cru
comprendre qu’il aurait un rôle vital à jouer dans les nuits à venir. »
-« Et tu le connais ? »
-« Oui, nous avons été ennemis durant une brève période, mais en échanges de quelques
connaissances occultes, il daignera me donner des informations. »
-« Et s’il ne veut pas ? »
-« On fera sans…Nous y sommes, gare-toi là. »
Toshiro arrête le hummer devant une grande maison, en plein quartier de Pacific Heights, la
plus classe des prisons de San Francisco.
-« Attend moi dans la voiture. »
Le ton est assez autoritaire.
-« Mais… »
Toshiro veut se plaindre, mais il est instantanément interrompu par Ping.
-« Non, il ne voudra pas me causer s’il y a quelqu’un d’autre, surtout un mec qui a pas changé
de fringues alors qu’il a un pantalon blanc maculé de sang. »
-« Bien, je t’attends, et je vais de ce pas me changer. »
L’ancienne descend de la voiture, referme la porte derrière elle et se dirige vers la porte
d’entrée de la villa.
Elle sonne.
Quelques secondes s’écoulent et un homme, la vingtaine, ouvre la porte ce n’est pas un
majordome, il a de longs cheveux blonds attachés en une queue de cheval, et il a un air
ennuyé.
-« Bonsoir mademoiselle, je peux vous aider ? »
-« Oui jeune homme, j’aimerais voir votre maître. »
Le ton est légèrement caustique et elle lui fait un sourire carnassier accompagné d’un regard
très sombre.
Il semble assez mal à l’aise.
-« Hum…heu…bien, qui dois-je annoncer ? »
-« Mei Ping »
-« Entrez madame Mei, dois-je vous servir un rafraîchissement en attendant ? »
-« Non, ça ira, je n’ai pas soif…allez plutôt chercher monsieur Thrace, je n’ai pas toute la
nuit. »
-« Hum, bien, j’y vais… »
Il part assez vite et grimpe l’escalier en courant…
Ping attend vautrée dans un canapé du salon, puis, cinq minutes plus tard, un homme apparaît
à l’entrée du salon, vêtu d’un costume noir, il est grand, musclé, des cheveux gris un visage
beau mais traversé d’une cicatrice et a un bandeau sur l’œil gauche, il tient à la main une
canne en ébène et argent…
-« Mandarin Mei Ping, quelle joie que de vous revoir…votre douce présence et vos vastes
connaissances m’ont manquées durant ces trois années. »
Il s’assied en face d’elle.
-« Ca n’est pas mon cas…Bon, si vous pouviez m’épargner vos simagrées Oliver, je ne suis
pas venue pour me faire flatter, j’ai pas besoin de devoir subir votre détestable présence pour
cela. »
Il sourit
-« Bien, et pourquoi le diable souriant re pointe le bout de sa queue dans mon antre, j’imagine
que ce n’est pas pour me flatter non plus… »
-« En effet, j’ai des informations à vous demander…Moyennant une juste compensation
évidement. »
-« Et quel genre d’information ce charmant diable souhaite t’il avoir ? »
-« J’aimerais que vous me renseigniez un peu sur l’organisation de votre clan… »
-« J’ai déjà donné ce genre d’information au premier Oni Chiu Bao et à l’ancêtre Jiejie Li. »
-« Oui, mais quelques connaissances insignifiantes pourrais vous faire répéter tout ou partie
de ce que vous avez déjà dit non ? »
-« Bien sûr ! Notre clan est organisé en fondation, à la tête de laquelle on place un régent, qui
supervise les activités de ses subordonnés directs, qui eux même supervisent les activités de
leurs subordonnés à eux et ainsi de suite jusqu’aux apprentis qui exécutent les quatre volontés
de leur maître. C’est une hiérarchie très rigide et la promotion est très difficile, elle dépend
fortement du prestige du sire, mais cette hiérarchie permet une organisation très efficace.
Autre chose, tout nouveau-né doit boire à un calice dans lequel on a mélangé le sang des
grands anciens du clan, pour renforcer la loyauté…»
-« Passionnant…et…vous connaissez le régent de la fondation de cette ville ? »
-« Oui, elle se nomme Luna Demmian, elle a plus ou moins trois cent cinquante ans, elle est
facile à reconnaître, elle est toute blanche, cheveux, peau, vêtements…Elle est froide est
obsédée par son travail, ça la rend complètement paranoïaque, j’ai cru entendre qu’elle
utilisait souvent une série de goules à son effigie comme leurres, je crois que la fondation se
trouve dans le Castro, mais je ne suis pas très sûr. Ces informations vous conviennent ? »
-« De quels genres de défenses sont équipés vos fondations ? »
-« Divers pièges magiques et non magiques sûrement un tas de glyphes comme celles qui
bloquent les accès de la ville, des alarmes et d’autres choses plus ou moins désagréables, une
intrusion est à la limite de l’impossible, tout comme un assaut frontal, sauf en cas d’un étalage
démesuré de force comme votre famille est capable. »
-« Merci bien, c’est plus que suffisant… »
-« Et qu’avez vous à me proposer ? »
-« Vous savez ce qu’est un miroir brisé ? »
-« Je vous écoute… »
Pendant ce temps, dans la voiture, Toshiro a rapidement enfilé un pantalon en cuir qu’il avait
rangé dans la voiture et consciencieusement nettoyé son manteau.
Son téléphone sonne.
-« Oui Himiko ? Je sais, c’est mal…Dis-lui que j’arrive bientôt…Non, je ne le referais pas
trop souvent…Hé Ho ! Stop, c’est qui l’aîné à respecter ici ? …Bon, Ok, qu’est ce que je dois
lui dire ? …Ca va, je lui dirais…Evidement que ça a l’air important…T’inquiète pas ma
petite, ton grand frère est là dans une petite heure…Allez, à tout à l’heure… Clic. »
Toshiro patiente encore un quart d’heure puis il voit Ping sortir de la maison.
Elle grimpe dans la jeep.
-« Alors ? »
Demande Toshiro.
-« Je t’expliquerais en chemin, tu peux me poser chez moi ? »
-« Oui, bien sûr…Dis, au fait, j’ai un message de maître Xu pour toi. »
-« Quoi donc ? »
-« Il a dit que le cœur de votre famille était fragile ces temps ci, et qu’il risquait d’attraper
froid si on surestimait son endurance. »
-« Ho…Je vois…Bon, tu démarre ? »
-« Oui, bien sûr. »