Cours L'Évaluation Institutionnelle Et Managériale Du Système Éducatif 2025
Cours L'Évaluation Institutionnelle Et Managériale Du Système Éducatif 2025
Introduction
L’évaluation institutionnelle et managériale du système éducatif constitue un outil
essentiel pour améliorer la qualité de l’éducation, optimiser la gouvernance scolaire et
renforcer la redevabilité des acteurs du système. Elle vise à analyser le fonctionnement
des établissements scolaires, leur gestion administrative et pédagogique, ainsi que
l’efficacité des politiques éducatives mises en œuvre. En s’appuyant sur des indicateurs
objectifs et des critères de performance, cette forme d’évaluation permet de poser un
diagnostic sur les forces et faiblesses du système, tout en formulant des recommandations
pertinentes pour le pilotage stratégique de l’éducation. Dans un contexte marqué par la
recherche d’une éducation inclusive, équitable et de qualité, l’évaluation institutionnelle
et managériale s’impose comme un levier clé de réforme et de modernisation du secteur
éducatif.
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L'évaluation interroge sur la valeur de ce qui est et de ce qui se fait. Evaluer, c'est estimer,
apprécier, déterminer la valeur. Le contrôle vérifie si ce qui se fait est conforme aux règles
établies. L'analyse examine, décompose, isole les éléments d'un tout, découvre leurs
relations, comprend et explique : elle diagnostique. Entre l'analyse et l'évaluation, il y a
une relation de moyen à fin : pour évaluer, l'on recourt, d'une part, à des critères, normes
et standards et, d'autre part, aux données que fournit l'analyse.
On ne recourt pas à l'évaluation pour suppléer à une absence de leadership administratif ;
on ne réduit pas l'évaluation à une volonté de contrôle ; on ne se sert pas de l'évaluation
pour juger des individus et identifier des coupables ; on ne biaise pas I ‘évaluation en
cherchant à faire la preuve & tout prix de la qualité de l'établissement. On évalue pour
établir un bilan, se rendre compte de ce qui se passe, pour améliorer sa performance, pour
recueillir l'information nécessaire à la planification, à la consolidation, à la prise de
décision, pour vérifier et préciser ses critères d'efficacité.
L'évaluation institutionnelle est le processus qui permet à une institution de juger de
l'efficacité de son fonctionnement et de la qualité de ses ressources et de ses services en
fonction de sa mission et de ses objectifs. L'institution, objet d'évaluation, peut être
globalement considérée ou jugée dans l'une de ses composantes, de ses dimensions ou de
ses aires d'activités. Le processus comporte une démarche d'analyse qui aboutit à un
jugement de valeur.
Fondamentalement, question d’autoévaluation, l’évaluation institutionnelle est une
démarche d’autoréflexion critique intégrée au fonctionnement pédagogique et
administratif qui s’appuie sur des informations suffisamment pertinentes et valides
servant de base pour favorablement ou défavorablement juger de l’atteinte des objectifs
convenus de l’institution dans l’optique de prendre de bonnes décisions ciblant
l’assurance qualité et l’amélioration continue de l’existant.
Comme l'évaluation institutionnelle est un sujet d'actualité dans de nombreuses sociétés
qui ont le souci de faire évoluer l'éducation avec un monde qui se transforme, il est bon
de prendre conscience des préoccupations du système éducatif national et de l’état de la
responsabilisation institutionnelle. Il est important que l’établissement s’examine dans sa
globalité pour repérer la cohérence de ses actions, leur pertinence et leurs effets sur la
mission de service public dont il a la responsabilité.
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Une méthodologie de l’évaluation des établissements dans un souci de qualité. Dans cet
esprit de construction d’un cadre logique de conduite du changement et de management
des établissements dans un souci de qualité, la recherche d’une méthodologie qui guide
le processus de l’évaluation institutionnelle s’avère nécessaire pour s’assurer de
l’adaptation de la pratique évaluative aux propriétés de l’établissement scolaire. En effet,
l’illustration qui suit présente le comment mettre en place sur le terrain de l’évaluation
des établissements tout en acceptant le fait qu’il y a de nombreuses méthodologies pour
recueillir, analyser les résultats et prendre les décisions. Il s’agit d’une suite logique
d’étapes déjà testés sur le terrain par la recherche qui ont fait preuve de qualité et avec
plus d’efficacité en fonction de la culture d’évaluation et son appropriation. Dans le cadre
de processus méthodique, il « est recommandé que la composante d’examen interne soit
réalisée sur une période de 5 mois » (Maghnouj, 2018). Les étapes en question (OCDE,
2013) consistent fondamentalement à :
Étape 1 : Constituer une équipe de développement de l’établissement (direction) ;
Étape 2 : Recueillir et organiser les données pertinentes selon l’énoncé de critères ;
Étape 3 : Constituer des équipes d’enregistrement et d’analyse des données;
Étape 4 : Enregistrer et analyser les données ;
Étape 5 : Produire des rapports sur les données et les problèmes critiques ;
Étape 6 : Identification des objectifs.
Ces éléments précédemment avancés ouvrent une voie prometteuse pour une pratique
formalisée et systématique d’évaluation pragmatique tout en s’inscrivant dans une
logique cyclique qui commence par la construction du cadre logique, la définition des
questions évaluatives en harmonie avec des normes et critères pour ensuite repérer les
sources de données, la réalisation de l’enquêtes par la commission de pilotage de
l’institution permettant ainsi d’aboutir à l’analyse des données, la rédaction du rapport
avec des recommandations et de propositions pour l’amélioration et capitalisation pour
l’évaluation à venir.
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systèmes éducatifs doivent rendre compte de leurs performances et ajuster leurs stratégies
pour répondre aux besoins des apprenants et de la société. Cette évaluation s’inscrit dans
une logique de responsabilisation, de transparence et de qualité.
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Les systèmes scolaires se trouvent en mouvement. La plupart d’entre eux s’orientent vers
un contrôle plus volontaire et explicite tant de l’efficience que de l’efficacité des pratiques
et mettent en question le rôle et la fonction de l’autorité et des organigrammes existants.
Cette mobilisation générale est largement motivée par la réalité économique qui pousse à
rechercher de nouvelles modalités de gestion permettant d’améliorer la qualité, sans
accroître, et si possible, en abaissant les coûts ou en les reportant sur les usagers ou les
collectivités locales.
Les mêmes recherches ont également montré que ces caractéristiques ne peuvent pas être
imposées, mais se développent au sein des établissements, à condition que le système
scolaire mette en place des stratégies d’incitation, des dispositifs d’accompagnement et
de contrôle qui favorisent ce développement. La discussion concernant ces stratégies est
souvent animée, dans la mesure où elle se heurte à des représentations, des attentes et des
enjeux très divers.
À l’un des extrêmes, une certaine tendance (notamment défendue par les milieux
politiques néo-libéraux) défend l’idée d’une privatisation des écoles, dans l’espoir que
l’inévitable compétition contraindrait les moins bonnes à s’améliorer. Les données de
recherche portant sur une comparaison entre les systèmes privatisés et les systèmes
publics sont contradictoires et n’aboutissent pas à des conclusions claires. Dans les
systèmes scolaires qui ont choisi de faire le pas vers une privatisation totale les
conséquences semblent cependant être peu convaincantes. Alors que le transport des
enfants pose déjà un problème de taille, il s’avère en outre que les parents de milieu
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défavorisés tendent à choisir l’école moins en raison de ses spécificités qu’en fonction de
sa proximité. On imagine aisément les conséquences sur la composition des écoles selon
les quartiers et selon les stratégies des familles appartenant aux milieux aisés.
En adoptant une voie médiane, la majorité des systèmes scolaires sont en train d’étudier
les moyens et les stratégies pour mieux déléguer les pouvoirs de décision sur le plan local
aux écoles. L’école "semi-autonome", la teilautonome Schule (Dubs, 1996 ; Strittmatter,
1992 ; 1998) le principe de la "décentralisation" sont en train de devenir une réalité dans
de nombreux systèmes éducatifs. Alors que la gestion des finances et du budget global
ainsi que le contrôle de la qualité du système continuent à être assurées et assumées par
les autorités scolaires, les établissements devraient en principe accéder à davantage
d’autonomie en ce qui concerne l’organisation du travail et du temps scolaire,
l’aménagement du programme et le choix des méthodes pédagogiques, y compris les
pratiques d’évaluation scolaire.
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Par ailleurs, les divers acteurs - et je pense ici non seulement aux enseignants, mais
également aux inspecteurs, directeurs et formateurs - se sentent souvent dépassés et irrités
par la pléthore de nouveaux concepts, nouvelles terminologies et de "slogans" qui
envahissent la littérature, les séminaires et les colloques ainsi que les débats liés à la
réflexion sur la future politique scolaire. On entend ainsi, pêle-mêle, parler de low
cost - high quality, "valeur ajoutée", "dérégulation", "gestion par objectifs", "cercle de
qualité", benchmarking, best praxis, "prestations adaptées aux besoins des clients", sans
toujours bien connaître la signification de ces concepts, voire sans bien saisir leurs
connotations, qui changent suivant le système dans lequel ils sont employés.
Cette inflation de nouveaux termes choque avant tout les puristes qui se demandent si
l’initiation aux modes de pensée et d’action du monde de l’industrie et de l’entreprise
privée représente vraiment le meilleur moyen d’assurer une plus grande efficacité de la
gestion du système scolaire. Par ailleurs, l’origine anglo-saxonne de la plupart des termes
et la difficulté de trouver une traduction correcte et fidèle à la connotation dans la langue
d’origine de termes - tels que "accountability" , " coopérative
leadership" , "empowerment" - produit des mécanismes de défense supplémentaires. On
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est notamment amené à se poser la question de savoir si certains concepts ne sont pas trop
liés à leur contexte psycholinguistique pour qu’on puisse les en extraire et les transplanter
ailleurs. Le fait de les utiliser dans leur formulation d’origine, voire d’inventer de
nouveaux mots, ne peut pas remplacer l’indispensable construction sociale de nouvelles
représentations issues de l’intérieur, un processus complexe qui prend du temps.
Précisons cependant que cette habitude - "manie" pour certains - d’aller voir ailleurs, n’est
pas nouvelle et a ses avantages. L’école s’est inspirée très largement, depuis le début du
siècle, des théories, modèles et méthodes développés dans le domaine de l’économie. Des
spécialistes de l’innovation et du développement scolaire tels que Lewin, Miles,
Huberman, Fullan et al. n’ont jamais hésité à s’inspirer des connaissances construites et
des outils développés dans le monde de l’économie pour enrichir leurs propres concepts,
instruments d’analyse et d’intervention. D’autres auteurs, tels que Crozier & Friedberg
(1977), Katzenbach & Smith (1993), Argyris (1995), qui œuvrent habituellement dans
d’autres domaines et analysent le fonctionnement des organisations, sont devenus depuis
longtemps des références connues et reconnues. En traitant les systèmes scolaires comme
des organisations parmi d’autres, ces auteurs ont mis en évidence les similitudes, mais
aussi les différences de fonctionnement à partir desquelles il devient possible de mieux
comprendre les mécanismes de fonctionnement et de prise de décision, les enjeux
stratégiques et de pouvoir qui caractérisent les unes et les autres.
Notons également qu’un des mérites des auteurs que nous venons de citer consiste à avoir
su adapter et transposer les données et les concepts venant du monde de l’économie et du
monde de l’entreprise aux exigences et particularités du système scolaire. Nous devrons
investir des efforts semblables pour assurer une traduction des nouveaux concepts par
rapport au contexte scolaire existant, dans le but de les apprivoiser, de prendre conscience
des incompatibilités, d’éviter que de trop grands décalages ne parviennent à les vider de
leur force et de leur pertinence éventuelles.
Les définitions du concept du "management par la qualité" varient selon les auteurs et
selon les institutions qui l’emploient. Tous y projettent cependant de manière constante
les attentes et les exigences suivantes :
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En acceptant que les principes du "management de qualité" puissent être des pistes de
pensée utiles et malléables, quelles sont donc leurs limites face aux spécificités du
fonctionnement tant de l’ensemble du système scolaire que de ses sous-systèmes ?
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L’approche proposée part de l’idée qu’il existe un processus défini voire définissable
d’avance qui permet de concevoir et de réaliser un produit de qualité en fonction des
besoins du client. Par conséquent, le contrôle de qualité est défini comme une procédure
qui compare le produit avec des standards définis d’avance. Le processus de
production se déroule indépendamment du client, qui reçoit un "produit" déterminé (et
qui paye pour ce produit). La satisfaction du client par rapport au produit est un signe de
succès.
Or, n’importe quel processus d’apprentissage ne peut pas être déclenché et ensuite géré à
condition que les objectifs soient rendus opérationnels. Cette manière entrepreneuriale de
concevoir le processus de production n’est guère transposable à la culture scolaire, ni à la
manière dont les élèves apprennent, ni à la manière dont le système scolaire apprend et
se développe. Selon Sztjan (1992), qui caractérise la réalité scolaire comme un monde
"d’artisans coopérants", elle ne correspond surtout pas à la complexité de la réalité
scolaire pour les raisons suivantes :
Les élèves ne peuvent pas être considérés comme un simple bout de la chaîne de
production, subissant passivement les effets de l’action pédagogique. Ils sont des
partenaires à part entière dans le processus d’apprentissage et de développement.
La réussite des changements introduits dépendra de leur culture d’appartenance,
du sens qu’ont pour eux les situations d’apprentissage proposées, de leur projet
personnel, de leur réseau de liens et de leurs aptitudes. L’enseignement et
l’apprentissage font partie d’un tout, du contrat pédagogique, didactique et social
que les enseignants établissent avec leurs élèves, un contrat dont la vigueur et la
crédibilité se situera toujours au centre d’un ensemble d’autres facteurs
interdépendants.
Le processus d’apprentissage ne peut pas être mis sur le même plan qu’un
processus de production, du moins en ce qui concerne les effets mesurables. Les
composantes les plus intéressantes de ce processus échappent en grande partie à
l’évaluation immédiate. Les aspects réalisables de tout processus d’apprentissage,
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Diverses recherches sur le métier d’enseignant et sur les cultures professionnelles ont mis
en évidence l’isolement des enseignants, la résistance qu’ils mobilisent face à toute
ingérence tant interne qu’externe (Huberman, 1989 ; 1991 ; Gather Thurler, 1994b ;
1996a, b ; Fullan & Miles ; 1992 ; et autres) Alors que l’isolement est souvent décrit par
les enseignants comme un poids insupportable, alors qu’ils sont toujours davantage
demandeurs d’aide et de soutien, toute pression en faveur d’une mise à plat des pratiques
est d’emblée vécue comme une invasion inadmissible dans la sphère intime tant des
individus que des collectivités. Cette attitude est d’une part liée à une vision
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Le titre d’un livre récent de Perrenoud (1996) Agir dans l’urgence, décider dans
l’incertitude résume cette complexité de manière significative. L’ensemble des exigences
- réelles et/ou imaginaires - produisent du stress, laissent peu de temps à la réflexion, à
une remise en cause des pratiques individuelles et collectives, voire à un travail
permettant de constamment réviser la vision du métier en se recentrant sur l’essentiel.
Face à cette réalité d’une profession qui les oblige à résoudre quotidiennement des tâches
qui maintiennent le statu quo, la planification à moyen et à long terme, la réflexion sur
les pratiques, l’évaluation et d’autres exigences liées aux processus de changement du
système scolaire mettent la plupart des enseignants en difficulté.
Toute tentative externe et imposée - aussi outillée soit-elle - de les confronter à leur
dysfonctionnement, de s’expliquer quant à leur décalage par rapport aux objectifs de
l’institution (voire même par rapport à leurs propres objectifs), rencontrera
inévitablement du scepticisme et du refus. Par contre, il semblerait intéressant de
construire sur les besoins que les enseignants eux-mêmes manifestent d’être suivis,
d’avoir des interlocuteurs, d’obtenir une certaine reconnaissance de leurs investissements.
Limite Nº 3 : L’école n’est pas naturellement portée vers une culture de l’évaluation.
C’est une limite qui n’est pas facile à comprendre dans la mesure où l’évaluation (… des
élèves !) représente une grande partie des pratiques et rituels scolaires d’une école
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"sérieuse" et centrée sur un enseignement de qualité. Très peu de systèmes scolaires sont
cependant parvenus à introduire des méthodes d’évaluation qui développent et facilitent
l’auto-évaluation de l’ensemble de acteurs (enseignants et directeurs, inspecteurs, maîtres
principaux), permettant de faire un bilan critique des compétences. Les systèmes scolaires
où il existe des lieux qui permettent aux divers acteurs de discuter de leurs forces et
faiblesses sont rares.
En somme, on peut parler d’une culture de l’évaluation là où tous les acteurs de l’école
l’utilisent comme un véritable instrument de travail pour avancer, pour permettre à chacun
de développer ses compétences et de progresser. Lorsque les sanctions menacent,
l’évaluation amène inévitablement les divers acteurs à développer des stratégies de
défense : ils cherchent à faire "bonne figure", développent de multiples esquives face aux
questions dérangeantes (Argyris, 1995), cherchent le coupable ailleurs, mettent en
question la capacité d’autrui de juger leur manière d’enseigner, voire refusent tout
simplement que quiconque vienne se mêler de leurs affaires.
Limite Nº 4 : L’école ne peut pas être gérée de la même manière que n’importe quelle
autre organisation de production, voire de prestations.
L’école sera sans doute amenée à mettre en exergue sa particularité, à formuler ses
besoins spécifiques, tant pédagogiques que structurels qui échappent en partie aux notions
de production. L’école ne produit pas de meilleurs apprentissages, voire une diminution
des taux d’échec en modifiant simplement ses prestations ou ses objectifs. En même
temps, elle ne pourra pas échapper au processus en cours qui consiste à interroger de
manière plus pointue les rapports entre ses choix pédagogiques, les compétences de ses
acteurs et le niveau de formation atteint par ses élèves.
Au sein de ce processus, il sera bien entendu important d’éviter les deux extrêmes. Du
côté de l’école, on évitera de développer des modèles pédagogiques et de formation avant-
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gardistes sans tenir compte des exigences en termes de coût, sans se référer aux nouvelles
théories de la gestion des systèmes et sans accepter qu’en fin de compte la responsabilité
idéologique et administrative appartient aux autorités politiques. Du côté des autorités
scolaires, on évitera d’appliquer des modèles d’administration scolaire purement
rationnels et dictés par les exigences économiques du moment, sans tenir compte des
nouveaux modèles pédagogiques.
Le système scolaire, en tant qu’organisation, n’est pas comparable avec n’importe quelle
autre organisation de production ou de prestations. En admettant comme premier principe
de réflexion que les caractéristiques des finalités et la connaissance des processus de
production constituent des facteurs déterminants pour comprendre le fonctionnement
d’une organisation, il faut adopter un deuxième principe, consistant à examiner la
compatibilité, voire l’incompatibilité entre la structure organisationnelle et les procédures
de gestion.
L’école ne fonctionne pas de cette manière. Premièrement, ses finalités sont peu claires,
voire soumises à contradiction. Il suffit de mettre dans une salle un groupe de personnes
d’appartenance différente (représentants des autorités, formateurs, chercheurs, parents,
enseignants) et de leur donner la tâche de définir les finalités du système scolaire pour
que les ennuis commencent. Entre ceux qui argumentent en faveur d’une école plus
équitable se donnant les moyens nécessaires pour lutter contre l’échec scolaire, ceux qui
argumentent pour la réussite de tous les élèves (nuance !) et enfin, ceux qui sont ni pour
ni contre, les accords seront difficiles à trouver. Dans un tel contexte, toute tentative de
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C’est probablement une des raisons pour lesquelles les finalités des systèmes scolaires
sont généralement définies en termes vagues et diffus. Elles représentent une sorte de
"plan-cadre" qui invite les divers partenaires à imaginer et à mettre en place les
aménagements selon les différents contextes. Or, la plupart des modèles d’évaluation
exigent des objectifs univoques et observables. Conscients de cette contradiction, les
autorités politiques invitent les écoles à "définir des objectifs clairs et mesurables"
permettant d’introduire des procédures de contrôle et d’assurance de la qualité sur le plan
local. Si l’on prend, par exemple, les paramètres "performances et acquis des élèves",
l’obligation de définir des objectifs mesurables amène les écoles à définir et à évaluer des
objectifs faciles à atteindre - souvent fragmentés et triviaux - et à exclure les objectifs de
haut niveau taxonomique d’apprentissage, ceux qui permettront aux élèves de trouver leur
place dans la vie professionnelle et sociale future.
Les effets pervers de cette démarche sont multiples et bien connus. Du côté de la classe,
la majorité des enseignants est obligée d’investir beaucoup de temps pour préparer leurs
élèves aux examens portant sur des contenus pointus car, en tant qu’enseignants, ils ne
peuvent prendre le risque de les voir échouer et d’être considérés comme des
incompétents. Du côté de l’établissement, on peut s’attendre à des effets semblables. Il
existe bien un savoir partagé en ce qui concerne les stratégies d’enseignement et
d’apprentissage efficaces et pointues, mais le succès dépend de bien d’autres facteurs dont
la configuration varie d’un établissement à l’autre. Les configurations des établissements
"efficaces" - qui se caractérisent par leur capacité d’améliorer sans cesse le niveau
d’apprentissage tant des enseignants que des élèves - témoignent d’une grande flexibilité ;
elles sont continuellement adaptées au contexte et aux spécificités socioculturelles
locales . En général, elles sont fondées sur des concepts-clés comme la confiance,
l’apprentissage, l’évolution et la coopération. Les acteurs sont centrés sur des processus
de développement, à partir desquels ils tentent de dégager les éléments nécessaires pour
mieux savoir comment atteindre la situation visée (qui a été longuement négociée). Il
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Conclusion
Le souci de qualité n’est pas un thème nouveau pour le système éducatif, il se trouve au
centre même de ses préoccupations. Sans renier les apports possibles du "management
par la qualité", il convient d’être critique et vigilant face aux tentatives de transposer sans
aménagements - et sans ménagements - un modèle de gestion de l’entreprise ou de
l’administration publique au système scolaire qui a ses dynamiques propres de
fonctionnement et de changement. Les principaux acteurs concernés - enseignants,
directeurs, inspecteurs et formateurs - ne sont pas insensibles à la mise en place de
nouvelles approches permettant d’atteindre de meilleurs résultats auprès des élèves. La
difficulté essentielle consiste à identifier et à développer des procédures et des outils qui
favoriseront l’émergence d’une véritable culture de l’évaluation et du feed-back,
permettant de combiner un centrage efficace sur l’analyse des besoins, les processus de
prise de décision et une auto-évaluation constante au service des apprentissages des
élèves.
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