0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
26 vues49 pages

Résumé Droit Des Affaires PARIE 1 Salima ZATIOUR

Le droit des affaires marocain régit les activités commerciales et les obligations des commerçants, en s'appuyant sur le Code de commerce et le Code des obligations et des contrats. Il définit les commerçants, les actes de commerce, et les obligations légales, tout en établissant des distinctions entre différents types d'actes commerciaux. Le fonds de commerce est également abordé, incluant ses éléments constitutifs, les formalités d'enregistrement, et les opérations liées à celui-ci.

Transféré par

Noura Bomazough
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
26 vues49 pages

Résumé Droit Des Affaires PARIE 1 Salima ZATIOUR

Le droit des affaires marocain régit les activités commerciales et les obligations des commerçants, en s'appuyant sur le Code de commerce et le Code des obligations et des contrats. Il définit les commerçants, les actes de commerce, et les obligations légales, tout en établissant des distinctions entre différents types d'actes commerciaux. Le fonds de commerce est également abordé, incluant ses éléments constitutifs, les formalités d'enregistrement, et les opérations liées à celui-ci.

Transféré par

Noura Bomazough
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 49

Résumé droit des affaires

SALIMA ZATIOUR
Le droit des affaires marocain est une branche du droit privé qui comporte un ensemble de
droits relatifs aux affaires des entreprises. Il repose sur les dispositions de droit civil
concernant les obligations et les contrats qui sont prévues au Code des obligations et des
contrats. Par ailleurs, il est régi par le Code de commerce, le contentieux commercial
relevant des juridictions de commerce.

Le droit commercial
C’est la partie du droit privé qu’est relative aux opérations juridiques faites par les
commerçants ; soit entre eux, soit avec leurs clients (les consommateurs), après cette
définition le droit de commerce a un double objet, en tant qu’il s’intéresse à la fois aux
personnes et à l’activité de celle-ci.
Alors après cette définition on résulte que le droit de commerce il s’intéresse à régir les
commerçants et leurs activités commerciales :

Chapitre I : Le commerçant
Le commerçant est une personne physique ou morale qui, en vue de réaliser un profit,
exerce à titre habituel ou professionnel l’une des activités énumérées par l’article 6 de la loi
marocaine. On a deux types de commerçants :

• Les commerçants personnes physiques : ce sont des personnes exercent des


activités de commerces, et on a trois catégories de commerçants personnes
physiques.
Les commerçants de droits : ce sont ceux qui exercent une activité commerciale en
respectant les obligations légales.
Les commerçants de faits : ce sont ceux qui exercent une activité commerciale sans tenir
compte des obligations légales.
Les artisans : c’est un individu qu’exploite une petite entreprise de transformation.

• Les commerçants personnes morales : Ce sont des sociétés


L’art 982 du D.O.C donne une définition de la société comme étant un contrat par lequel
deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail ou tous les deux
à la fois en vue de partager le bénéfice qui en résulte.

Chapitre II : LES ACTES DE COMMERCE


Est un acte juridique ou fait juridique soumis aux dispositions du droit commerciales du fait,
de sa nature, de sa forme. Il s’agit généralement des actes réalisés par une personne
physique ou une société dont l’activité repose sur des opérations commerciales. Il existe 3
types d’acte de commerce :

Section 1 : Les actes de commerce par nature


Ils sont énumérés par l’article 6 du code de commerce et 7 du nouveau code de commerce.
18 cas énumérés par l’A 6, parmi ses articles on cite :
l) l’achat de meuble corporel ou incorporel en vue de les vendre.
2) la location de meuble corporels ou incorporels en vue de leur sous- location.
3) le bâtiment et le travail public.
4) la fourniture de produit et services.
5) l’organisation des spectacles publique.
6) les opérations d’assurances à primes fixent.
7) les activités industrielles ou artisanales.
8) la banque, le crédit et les transactions financier.
9) la ventes aux enchères publiques.
10) les postes et télécommunications.
11) la distribution d’eau, électricité et de gaz.

Les types d’actes de commerce par nature on peut regrouper et distinguer l’activité
commerciale dans trois secteurs principaux à savoir :

A- L’activité de distribution : constitue une activité commerciale l’achat pour


revendre, ainsi lorsque les biens sont acquis dans la prescriptive de les invendues en
réalisant en bénéfice. L’achat pour revendre suppose 3 éléments : la revente, l’achat,
la spéculatif.
B- L’activité de production : il s’agit de l’industriel qui acheté des matières premières
et vend des produits finis ou semi-finis
C- L’activité de service : ce sont des activités extrêmes varie, on peut citer à titre
d’exemple les activités de transports, de location de dépôt et de garde, et les
activités financiers et les activités l’intermédiaires.

Section 2 : Les actes de commerce par accessoire


-Ce sont des activités qui ne sont pas de nature commerciale. Mais puis qu’elles ont été
accomplies par un commerçant en relation avec son commerce ces activités se voient
appliquer le régime des activités commerciales.
- Il faut toutes fois 2 conditions d’abord les activités doivent avoir été accomplis par un
commerçant et la 2éme c’est que ces actes doivent avoir un lien avec l’activité commerciale
du commerçant.
Section 3 : Les actes de commerce par la forme :
Il s’agit d’actes qui sont toujours de nature commerciale en raison de leur forme quel que
soit la personne qui les accomplit, ces actes relèvent du droit commercial il y a deux types
d’actes de commerce par la forme

• -les lettres de change visé par l’Art 9 du code de commerce

• -les actes accomplis par les sociétés commerciales dans le cadre de leur objet social
ces actes sont nécessairement commerciaux

Section 4 : Les actes mixtes


Sont des actes juridiques qui sont commerciaux pour l’une des parties et non commerciaux
pour l’autre (pour le commerçant = acte de commerce / pour le consommateur = acte civil).

Section 5 : l’exercice d’une activité commerciale


• Actes accomplis à titre de profession principal.
• Actes accomplis habituellement et régulière (répétition dans les actes).
• L’exercice à titre indépendant et personnelle.

Chapitre 3 : LE STATUT DE COMMERCANT


Section 1 : la liberté d’entreprendre
La loi a posé le principe « il sera libre à toute personne de faire tel négoce d’exercer telle
profession artisanale ou métier qu’elle trouvera bon »
Alors, le principe c’est L’exercice de commerce doit être libre mais il y’a des limitations à la
liberté d’entreprendre :

A- Les limitations légales :


a-Incapacité (Les mineurs) : le principe est simple, seul un majeur peut être un commerçant,
cela signifie que les mineurs et les majeurs incapables ne peuvent être commerçants. Cette
règle est fondée sur un souci de protection des tiers et de l’incapable lui-même. Parce que
l’activité commerciale crée des risques sérieux tant pour les commerçants que pour son
environnement. Mais on a une exception c’est le cas d’émancipation de mineur qui doit être
faite par un acte d’autorisation enregistré et affiché au TPI du domicile de mineur. Et dans ce
cas il sera possédé le droit d’exercer le commerce par leur parent ou par son tuteur.
La femme marie : selon la loi marocaine aujourd’hui la femme marocaine est considérée
complétement émancipée, elle peut donc exercer sa profession de commerce comme
l’homme sans autorisations de quelqu’un.
c- les incompatibilité : l’exercice du commerce est incompatible avec certaines professions
telles que celle :
➢Les membres des professions libérales, (Avocat, Médecins, Architecte, Commissaire aux
comptes, Conseils juridiques …).
➢Les officiers ministériels (Notaire, Huissiers).
➢Les fonctionnaires publics (fonctionnaires de l’administration, Magistrats, Militaires).
→Certaines activités commerciales ne peuvent être exercées par des personnes physiques
mais seulement par des sociétés, telles, par exemple les activités bancaires, les activités de
recherche et d'exploitation d'hydrocarbure, etc.
d-Les déchéances : (les condamnés pour crime ou pour certains délits)
La loi interdit à certains condamnés d'exercer le commerce. Il s'agit notamment des
personnes condamnées à des peines d'emprisonnement pour crime, vol, escroquerie, abus
de confiance....
Les personnes ayant subi une faillite judiciaire ne peuvent plus exercer une activité
commerciale.
e-les interdictions : (les étrangers, les associations, les syndicats)
Certains commerces sont interdits ou réglementés. Ainsi certaines activités requièrent un
titre ou une autorisation particulière. C'est le cas des pharmaciens, opticiens, laboratoires
d'analyses médicales mais aussi des banquiers, transporteurs, c'est-à-dire des commerces
dont l'activité peut se révéler dangereuse pour la santé ou pour le patrimoine du
consommateur.

Section 2 : les obligations des commerçants


L’entreprise commerciale exerce son activité de commerce dans un contexte économique et
social et pour protéger cette activité qui traite avec les tiers contre les risques du commerce,
la loi a prévu des protections légales qui créent pour l’entreprise commerciale des
obligations diverses.
A- Les obligations de publicité
a- L’immatriculation des commerçants au registre de commerce
Le registre du commerce est un service du greffe du tribunal de première instance qui
regroupe certains renseignements concernant les commerçants individuels et les sociétés.
> Les renseignements à four concernent :
●La situation juridique du futur commerçant son état civil, sa forme juridique, sa durée,
l'identité des dirigeants pour les sociétés ;
●L'adresse du lieu d'exploitation, du siège social, des succursales
●Le montant du capital ;
●La nature de l'activité.

→Un numéro d'immatriculation au RC est attribué à l'entreprise.


→ Toute modification, survenant dans les caractères de l'entreprise, doit donner lieu à une
déclaration modificative au RC.
Toute entreprise cessant son activité doit demander sa radiation du RC dans le mois qui
suit la cessation d'activité ou la liquidation.
b- Les obligations comptables :
L'entreprise commerciale doit tenir une comptabilité conformément aux règles énoncées
par la loi comptable. Cette loi impose la tenue de certains livres comptables et des
procédures d'enregistrement et de contrôle.
+ Les livres comptables obligatoires
→ Trois livres doivent obligatoirement être tenus par les commerçants : Les documents
comptables (sanctionnée)

Le livre journal sert à enregistrer toutes les opérations effectuées par l'entreprise au jour le
jour.
Le grand livre permet de classer méthodiquement dans des comptes écritures portées
chronologiquement au livre journal.
Le livre inventaire sur lequel on reporte chaque année l'inventaire, le bilan le compte de
résultat et l'annexe.
→Les documents de synthèse
À partir de ses livres comptables, l'entreprise doit établir des documents annuels à la fin de
son exercice. Ces documents comprennent le bilan, le comte de résultat et une annexe.
Le bilan : il décrit séparément les éléments actifs et passifs de l’entreprise, et fait apparaitre,
de façon distincte, les capitaux propres.
Le compte de résultat : il récapitule les produits et les charges de l’exercice et permet donc,
par différence, de déterminer le résultat de l’exercice.
L’annexe : elle complète et commente les informations fournies par le bilan et le compte de
résultat.
+ L’ouverture d’un compte bancaire ou postal
Le commerçant devra obligatoirement utiliser un compte-chèques pour recevoir ou
effectuer certains payements. En effet, les règlements importants ˃ 10 000 DH doivent
légalement être payés par chèque. Cela permet au fisc d’opérer un contrôle plus sûr que si
les règlements étaient réalisés en espèces.
Chapitre 4 : LE FOND DE COMMERCE
-Le fonds de commerce est un bien meuble incorporel constitué par l’ensemble de biens
mobiliers affectés à l’exercice d’une ou plusieurs activités commerciales.

I- Les éléments du fonds de commerce :


En vertu de l’article 80 du code de commerce marocain, le fonds de commerce comprend
obligatoirement, la clientèle et l'achalandage. De plus, il englobe tous autres biens
nécessaires à l'exploitation du fonds tels que le nom commercial, l'enseigne, le droit au bail,
le mobilier commercial, les marchandises, le matériel et l'outillage, les brevets d'invention,
les licences, les marques de fabrique, de commerce et de service, les dessins et modèles
industriels et, généralement, tous droits de propriété industrielle, littéraire ou artistique qui
y sont attachés.
➢Les éléments du fonds de commerce sont nombreux, la loi du 3 octobre 1996 (art 80)
donne une liste des éléments du fonds de commerce parmi ces éléments on cite :

Incorporelles
1) la clientèle : est l'ensemble de personnes ou de société qui prennent l'habitude de
s'approvisionner auprès de l'entreprise commerciale.
2) L’achalandage : au sens stricte la clientèle c’est le passé et le présent, l’achalandage
représente l’avenir du fonds, la clientèle possible et potentielle (les clients futurs du
commerçant).
3) Le nom commercial : C'est l'appellation sous laquelle le commerçant exerce son activité.
4) L’enseigne. C'est un signe extérieur qui permet d'individualiser l'établissement, le
magasin.
5) Le droit au bail : C'est la créance du locataire commerçant contre le propriétaire
immobilier c'est-à-dire le droit à la jouissance des lieux loués ou s'exerce le Commerce. Cette
catégorie peut inclure aussi les brevets d'invention, la marque de fabrique, de Commerce ou
de service, les dessins et modèles. Ce sont des biens de nature incorporelle qui procurent à
leurs titulaires un monopole d'exploitation.

Corporelles
1) le matériel et l’outillage : C’est l'ensemble des biens mobiliers corporels qui servent
durablement à l'exploitation et qui de ce fait présentent une stabilité réelle : outillage
industriel, matériel d'équipement, meuble de bureau.
2) Les marchandises : ce sont les matières premières destinées à être transformées ou les
produits et les biens destinés à la vente. En raison de leur instabilité elles ne sont pas
comprises dans le nantissement du FONDS DE COMMERCE

II- Le prix de vente :


Des prix distincts sont établis pour les éléments incorporels du fonds de commerce (art. 91),
le matériel et les marchandises.
Cependant, le montant de la vente doit être déposé auprès d'une instance dûment habilitée
à conserver les dépôts.

III- Les formalités d'enregistrement et de publicité :


Il y a lieu de rappeler ces formalités, il s’agit : du dépôt au secrétariat-greffe du tribunal :
Après enregistrement auprès des services d'enregistrement et de timbres, l'acheteur doit
procéder au dépôt d'un exemplaire de l'acte sous seing privé, dans les 15 jours de sa date,
au secrétariat -greffe du tribunal dans le ressort duquel est exploité le fonds ou le principal
établissement du fonds si la vente comprend des succursales.
De l’inscription au registre de commerce.
Un extrait de l'acte de vente doit être enregistré au registre de commerce. Cet extrait doit
contenir les informations suivantes :
●la date de l'acte, noms, prénoms et domiciles de l'ancien et du nouveau propriétaire ;
● la nature et le siège du fonds de commerce ;
●l'indication et siège des succursales s'il y en ;
●le prix de vente stipulé ;
● L'indication du délai pour les oppositions ;
●et l'élection de domicile dans le ressort du tribunal.
Et de la publication au bulletin officiel et au Journal d'Annonce Légal (J.A.L) L'extrait inscrit
au registre de commerce est publié en entier et sans délai par les soins du secrétaire-
greffier, aux frais des parties, au Bulletin Officiel et dans un J.A.L.
Cette publication est renouvelée à la diligence de l'acquéreur entre le huitième et le
quinzième jour après la première insertion.

IV- Les opérations portant sur fonds de commerce


• La vente d’un fonds de commerce est une convention (consensuelle) par laquelle le
vendeur s’oblige moyennant un prix qui est une somme d’argent à livrer à l’acheteur un bien
ayant la qualification juridique de fonds de commerce suivant les règles générales établies
par le législateur à cet effet.

• Le nantissement du fonds de commerce : le nantissement d’une chose mobilière


s’appelle gage. Le mot nantissement a prévalu dans l’usage pour désigner la mise en gage du
fonds de commerce. En droit commercial le gage nécessite le dessaisissement du débiteur,
une telle situation n’est pas concevable pour le propriétaire d’un fonds de commerce qui ne
peut s’en dessaisir sans mettre en péril l’acquittement de sa dette.

• La location gérance du fonds : le propriétaire du fonds (qu’il ne faut pas confondre


avec le propriétaire des mures) peut mettre l’exploitation en location gérance. La gérance
libre résulte d’une convention par laquelle un commerçant concède la location de son fonds
à un gérant qui l’exploite à ses risques et périls.

Chapitre 5 : Les effets de commerce


➢Les commerçants dans leurs transactions commerciales ont besoins des instruments de
paiement et de crédit capable pour assurer les opérations commerciales.
●Les instruments de paiement et de crédit sont des moyens par lesquels les créanciers
recouvrent leurs créances. Ce sont généralement la lettre de change, le billet à ordre et le
chèque qu'on appelle classiquement les effets de commerce. Aujourd'hui on a d'autres
instruments modernes s'imposent avec puissance dans ce domaine comme les cartes
bancaires.
●La doctrine tend généralement à exclure le chèque des effets de commerce parce que le
chèque n'est pas un instrument de crédit, mais ce dernier s'impose de plus en plus de nos
jours parmi les effets de commerce. D'ailleurs, le législateur marocain a fini par intégrer la
législation du chèque dans le code de commerce de 1996 parmi les effets de commerce.
➢Bien que le chèque soit le seul moyen tiré obligatoirement sur une banque, actuellement
tous les effets de commerce sont généralement encaissés sur les banques.

1. Section - LA LETTRE DE CHANGE


La lettre de change (ou traite) est un écrit par lequel une personne (tireur) donne l’ordre
à l’un de ses débiteurs (tiré) de payer une certaine somme à une date donnée à une
troisième personne (bénéficiaire) ou à son ordre (c'est-à-dire à une personne qu’elle
désignera ultérieurement).
À l’origine, la lettre de change était un moyen de change, c’est-à-dire un instrument de
transport d’argent dans le commerce international
●Contrairement au chèque et au billet à ordre, la lettre de change est un acte de commerce
par la forme, c’est-à-dire qu’elle est commerciale quelles que soient les personnes qui
l’utilisent (commerçants ou non) et quel que soit l’objet de la créance pour laquelle elle a été
émise (civile ou commerciale).
La lettre de change est actuellement réglementée par les articles 159 à 231 du code de
commerce de 1996.

A. Émission de la lettre de change :


Pour émettre une lettre de change, il faut respecter ses conditions de validité qui sont
soumises à des sanctions.
§ 1 - LA CAPACITE :
●Tout signataire de la lettre de change doit avoir la capacité de faire le commerce car, en
vertu de l’article 9 du code de commerce, la lettre de change est toujours un acte de
commerce.
●L’article 164 du code de commerce prévoit que «la lettre de change souscrite par un
mineur non commerçant est nulle à son égard, sauf les droits des parties conformément au
droit commun », c’est-à-dire le droit de le poursuivre civilement dans la mesure où il reste
tenu de son enrichissement.
●Mais la signature du mineur sur une lettre de change ne porte pas atteinte à la validité des
autres signatures en raison du principe de l’indépendance des signatures.
§ 2 – LES MENTIONS OBLIGATOIRES :
➢La lettre de change n’est valable comme telle que si elle contient un certain nombre de
mentions obligatoires :
1- La dénomination « lettre de change » insérée dans le texte,
2- Le mandat pur et simple de payer une somme d’argent : « Payez »,
3- L’indication de la date et du lieu où la lettre est créée,
4- La signature du tireur,
5 - Le montant à payer,
6 - L'échéance,
7- Le nom du tiré,
8- Le lieu de paiement,
9 - et le nom du bénéficiaire.
À défaut de contenir les mentions obligatoires, le titre est nul (article 160) et ne vaut que
comme un engagement ordinaire. Et Le porteur de bonne foi perd ainsi toutes ses garanties
cambiaires de paiement.
➢ La domiciliation n’est qu’une mention facultative qui rend la traite payable au domicile
d’un tiers et qui permet de faire effectuer le paiement des échéances d’un prêt, d’un achat à
crédit ou même les factures périodiques par la banque.

B. L’ACCEPTATION :
➢L’acceptation est l’engagement du tiré donné sur la lettre par signature de payer son
montant à l’échéance à la personne qui en sera le porteur légitime auquel il ne pourra
opposer aucune exception (par exemple défaut de provision, compensation à l’égard du
tireur ou d’un précédent porteur, etc.).
➢FORMES ET MODALITES
L’acceptation est exprimée par le mot « acceptée » et la signature du tiré au recto, mais
souvent elle résulte de sa simple signature.
La présentation de la lettre de change à l’acceptation n’est pas obligatoire sauf lorsqu’elle
est tirée à un certain délai de vue ; cependant, une lettre sans acceptation est difficilement
négociable car le tiré pourrait refuser de payer.
Le tiré peut refuser d’accepter en dépit de la provision présumée exister. Dans ce cas, le
porteur peut faire dresser un protêt faute d’acceptation. Il doit alors en aviser dans les 6
jours son endosseur, lequel avise son propre endosseur, et ainsi de suite jusqu’au tireur. Le
protêt faute d’acceptation permet au porteur qui l’a fait dresser d’exercer un recours contre
chacun des signataires avant l’échéance de la lettre de change.
Cependant, l’acceptation est obligatoire entre commerçants, c'est-à-dire que le tiré,
commerçant, ne peut refuser de donner son acceptation à condition :
- que la lettre soit créée en exécution d’un contrat de fourniture de marchandises ;
- et que le tireur ait satisfait à ses obligations (a fourni la marchandise).
➢CONSEQUENCES DE L’ACCEPTATION
A - Provision et valeur fournie

La provision
➢La création de la lettre de change suppose à l’origine une créance du tireur sur le tiré.
C’est parce que le fournisseur doit se faire payer (créancier-tireur) la marchandise livrée qu’il
émet une lettre de change et l’envoie au commerçant (débiteur-tiré) qui l’accepte pour
payer sa dette.
➢La créance du tireur sur le tiré s’appelle la provision. La provision est une créance en
somme d’argent ou en marchandises que le tireur détient sur le tiré. Celui-ci est débiteur de
la provision dès son acceptation (sa signature).
➢L’absence de provision ne frappe pas le titre de nullité, mais le rend inopérant. Dans la
pratique, c’est l’existence de la provision qui détermine l’acceptation du tiré.
La remise du titre par le tireur au porteur confère à ce dernier la propriété de la provision,
laquelle peut être à nouveau transmise par endossement à un nouveau bénéficiaire, et ainsi
de suite, jusqu’à présentation de l’effet pour escompte ou encaissement.

➢La créance est donc incorporée au titre et de ce fait se transmet de façon pure et simple
avec la circulation du titre. Par conséquent, la possession de la traite (sous réserve d’une
transmission légitime) vaut propriété de la provision.

La valeur fournie
●Si le tireur a émis la traite au profit du bénéficiaire, c’est que ce dernier a une créance chez
le premier ; autrement dit, le tireur est débiteur du bénéficiaire, celui-ci a dû lui fournir une
valeur en échange de laquelle le tireur lui a remis la traite. Cette créance s’appelle « la valeur
fournie ».

Inopposabilité des exceptions du tiré au porteur


→Le tiré accepteur ne peut pas opposer au porteur les exceptions que lui-même aurait pu
opposer au tireur ou aux porteurs précédents (article 171).
Exemples :
➢ L’exception de compensation à l’égard du tireur ou d’un porteur antérieur,
➢ L’exception basée sur le dol du tireur ou sur une cause illicite (exception de jeu),
➢ L’exception basée sur l’absence de cause (inexécution de l’obligation du tireur), etc.

∆Dans tous les cas, le porteur ne peut se prévaloir de l’inopposabilité des exceptions que si
le tiré a accepté la traite.

Les exceptions opposables au porteur


La règle de l’inopposabilité a des exceptions, il existe des exceptions que le tiré peut opposer
au porteur. Tels sont les cas lorsque :
- le tiré a une exception personnelle contre le porteur (compensation par exemple) ;
- le tiré prouve que le porteur à son détriment ; par exemple, sachant que le tiré lui
opposerait une exception de compensation, le tireur, en connivence avec un tiers, endosse
la traite au profit de ce dernier, ce nouveau porteur serait de mauvaise foi, car il aurait agi
sciemment au détriment du tiré ;
- le tiré prouve que le porteur est au courant du tirage de complaisance ;
- le tiré découvre des exceptions résultant du droit cambiaire (défaut d'une mention
obligatoire, une incapacité, etc.).
B-LES GARANTIES DE PAIEMENT DE LA LETTRE DE CHANGE
➢Pour une efficacité nécessaire au paiement du titre, le législateur prévoit des mesures de
garantie qui font tout l’intérêt de la lettre de change ; il s’agit du principe du transfert de la
propriété de la provision, de la solidarité et de l’aval.

1 - LE TRANSFERT DE LA PROPIETE DE LA PROVISION


L’article 166 alinéa 4 dispose que « La propriété de la provision est transmise de droit aux
porteurs successifs de la lettre de change »
→Qu’une fois la lettre émise, le tiré (qui en a connaissance par l’acceptation) ne peut plus
valablement payer le tireur (son créancier) ; sinon, il sera tenu à l’échéance de payer, une
seconde fois, le porteur.
En outre, en vertu de ce principe par exemple le décès ou l’incapacité du tireur après
l’émission sont sans influence sur le droit du porteur sur la propriété de la provision .
2 - LA SOLIDARITE
C’est un principe général du droit commercial qui s’applique à la garantie de paiement de la
lettre de change. Tous ceux qui ont tiré, accepté, endossé ou avalisé une lettre de change,
c'est-à-dire tous les signataires, sont solidairement tenus de son paiement envers le dernier
porteur qui, suivant ce principe légal, peut réclamer à l’un ou plusieurs d’entre eux son
montant total.

3 - L’AVAL
Le donneur d’aval (avaliseur ou avaliste) est celui qui se porte caution de la créance. Il
garantit personnellement le paiement de tout ou partie de la lettre de change. Il peut être
un tiers ou même un des signataires de la traite.

➢L’aval est donné sur la lettre avec la mention « bon pour aval » et la signature ; il peut
être donné aussi sur une allonge ou par un acte séparé.

➢L’avaliseur est la caution solidaire du signataire en faveur duquel il s’est engagé (l’avalisé).
→Il doit préciser pour quel signataire il s’engage, à défaut il est réputé donné au tireur
(article 180). S’il a payé pour l’avaliser défaillant, il a un droit de recours non seulement
contre lui, mais contre tout autre signataire de la lettre en vertu du principe cambiaire de la
solidarité.
C-LA CIRCULATION DE LA LETTRE DE CHANGE
La lettre de change est un effet destiné à circuler en permettant la circulation de capitaux
sans risque. Cette circulation s’opère par la technique de l’endossement, c'est-à-dire par une
mention écrite portée au dos du titre et la signature.
Mais l’endossement ne permet pas seulement de transférer la propriété de la lettre, il peut
servir aussi pour donner la traite en garantie ou la remettre pour encaissement par
procuration.

1 - l’endossement translatif de propriété


Cet endossement a pour effet de transférer la propriété de la lettre de change de
l’endosseur à l’endossataire (créancier de l’endosseur). Il se fait par simple signature au dos.
L’endossement peut être :

- nominatif : il porte la mention « payez à l’ordre de X », le nom du bénéficiaire est alors


précisé ;

- ou en blanc : il résulte de la simple signature au dos du titre, sans indication du


bénéficiaire et permet le transfert par tradition manuelle, c'est-à-dire par simple remise
matérielle du titre. Le porteur peut remplir le blanc en y inscrivant son propre nom ou celui
d’un nouveau bénéficiaire (souvent le banquier) ;
- ou encore au porteur : il vaut comme un endossement en blanc.
-Cependant, il convient de préciser que le tireur a la possibilité d’exprimer sa volonté de ne
pas transmettre la lettre ; il lui suffit d’insérer dans la traite les mots : « non à ordre » ou «
non endossable », auquel cas le titre ne peut se transmettre que par cession de créance
selon l’article 195 DOC, il sera alors dépourvu des effets du droit cambiaire.
-Comme l’endosseur est aussi garant de l’acceptation et du paiement, il peut également
interdire un nouvel endossement.
2 - L’ENDOSSEMENT PAR PROCURATION
Il résulte de l’endossement accompagné de la mention « valeur en recouvrement » ou «
pour encaissement » ou « par procuration ». Il donne mandat à l’endossataire, qui est le
plus souvent un banquier, de recouvrer le montant de l’effet. Il laisse subsister les
exceptions opposables à l’endosseur.
→Il faut bien distinguer l’encaissement de l’escompte. À l’encaissement, la banque ne paie
le porteur qu’après avoir encaissé l’effet, alors qu’à l’escompte la banque crédite le porteur
avant échéance du titre. Dans le premier cas, il s’agit d’un encaissement sans risque pour le
banquier et dans le second cas, il s’agit d’un crédit qu’il consent au bénéficiaire.

3 - L’ENDOSSEMENT PIGNORATIF
On le reconnaît à la mention « valeur en garantie » ou « en gage » suivie de la signature.

➢Il permet de donner la lettre au porteur, à titre de gage, c'est-à-dire en garantie de la


créance. L’endossataire n’est que le possesseur du titre, il ne peut l’endosser car il n’en a
pas la propriété, et s’il le fait, il ne sera considéré que comme un endossement à titre de
procuration (article 172 al. 4).
➢D’un autre côté, selon l’article 172, l’endossataire peut exercer tous les droits dérivant de
la lettre de change, ce qui veut dire que si son débiteur (l’endosseur) ne lui règle pas la dette
à son terme, il peut présenter la lettre au tiré à l’échéance pour se faire payer de sa créance.
●Le tiré ne peut lui opposer les exceptions de l’endosseur.

D- PAIEMENT DE LA LETTRE DE CHANGE


§1- l’échéance
●L’échéance est la date de paiement de la lettre de change.
→ Celle-ci peut être tirée :
- « à vue » ou sans indication d’échéance : la traite est payable à la présentation, c'est-à-
dire dès le jour de son émission ; dans ce cas, elle doit être présentée au paiement dans le
délai d’un an à partir de sa date, le tireur peut abréger ce délai ou en stipuler un plus long,
quant aux endosseurs, ils ne peuvent que l’abréger (article 182).
- A un délai de vue : elle est payable après un délai préfixé qui court de l’acceptation, par
exemple : dans 5 jours, 2 semaines, 2 mois, etc. de l’acceptation par le tiré.
- A un délai de date : le délai court de la date d’émission de l’effet, par exemple : payez dans
20 jours.
- A jour fixe : elle est payable à la date indiquée. Le juge ne peut accorder de délais de grâce
(article 231).
§2 - la présentation au paiement
La présentation doit être effectuée au lieu désigné, au jour de l’échéance ou l’un des 5 jours
ouvrables qui suivent. Sans mention particulière de lieu, c’est le domicile du tiré qui
détermine le lieu de paiement.

➢La mention de domiciliation, très fréquente, permet de fixer le lieu de paiement à un


endroit convenu, autre que celui du tiré.
Dans tous les cas, le porteur ne peut être contraint de recevoir un paiement anticipé et
inversement il ne peut l’exiger avant l’échéance, sauf refus d’acceptation ou faillite du tiré.

E- LES OBSTACLES AU PAIEMENT DE LA LETTRE DE CHANGE


§1 - L’OPPOSITION AU PAIEMENT
➢La loi interdit l’opposition, sauf dans trois cas : perte ou vol de la traite et la situation de
règlement judiciaire du porteur (article 189).
1- sur autorisation du président du tribunal,
2 - après avoir fait opposition aux mains du tiré,
3 - donné caution,
4- et justifié de sa propriété de la lettre de change (article 192).
→Dans le deuxième cas, le syndic du porteur en règlement judiciaire pourra faire opposition
au tiré et se faire payer à lui-même pour intégrer la créance dans l’actif de la procédure
collective.

§2 -LE REFUS DE PAIEMENT


En cas de refus de paiement du tiré, le porteur qui bénéficie de garanties étendues peut
exercer un recours contre tous les signataires de la lettre de change tenus à en garantir le
paiement. Il doit faire dresser un protêt « faute de paiement ».

A - Le protêt.
➢C’est un acte authentique dressé par un agent du greffe du tribunal qui constate
officiellement le refus de paiement et les motifs du refus. Qu’il doit contenir la transcription
littérale de la lettre de change, de l’acceptation, des endossements et des recommandations
qui y sont indiquées, la sommation de payer le montant de la lettre, les motifs du refus de
paiement et indiquer la présence ou l’absence de celui qui doit payer.
●Les agents du greffe du tribunal sont tenus, sous leur responsabilité personnelle, de laisser
copier exacte des protêts et de les inscrire en entier, jour par jour et par ordre de date, dans
un registre spécial coté, paraphé et vérifié par le juge (article 212).

Ⴕ Celui qui a fait dresser protêt avise également son endosseur dans les 6 jours, lequel
avise à son tour son endosseur dans les 3 jours et ainsi de suite jusqu’au tireur. Aucun
formalisme n’est requis pour l’avis. De son côté, l’agent notificateur doit, dans les 3 jours
qui suivent le protêt, prévenir le tireur par la poste et par lettre recommandée.

● le porteur ne peut refuser un paiement partiel, ce qui n’exclut pas le protêt pour la
somme restant due. À défaut de présentation à l’échéance, le tiré a la faculté d’en
consigner le montant au secrétariat-greffe du tribunal de son domicile aux frais, risques et
périls du porteur (article 188).

B - Le cas de dispense du protêt


→ Si la lettre porte la mention « retour sans frais » ou « sans protêt », le porteur est
dispensé de la procédure du protêt. Cette clause évite au porteur les lenteurs et les coûts
non négligeables de cette procédure.

F- LES RECOURS
*Il convient de distinguer le porteur diligent du porteur négligent. Le premier est celui qui
présente la lettre de change dans les délais légaux et fait dresser à temps un protêt en cas de
non-paiement ; le second est celui qui n’a pas observé ces prescriptions.
§1 - LES RECOURS DU PORTEUR DILIGENT
À l’échéance, le porteur diligent, qui a présenté la traite et fait dresser protêt, peut obtenir
remboursement du montant de la lettre, des intérêts, des frais de protêt et des avis
- en actionnant les signataires ou l’un d’eux devant le tribunal ; le même droit de recours
appartient à tout signataire qui a remboursé le porteur ;

- en procédant, avec autorisation du président du tribunal, à une saisie conservatoire sur les
biens du tireur, de l’accepteur et des endosseurs (article 208) ;

- en recourant à la procédure d’injonction de payer prévue par l’article 158 code de


procédure civile.

*Aucun délai de grâce ne peut être accordé et les intérêts courent de plein droit au taux
légal. Cependant, il convient de signaler que le porteur, sans attendre l’échéance, peut
exercer ses droits contre le tiré lorsqu’il est en règlement judiciaire.
2 - LES DECHEANCES DU PORTEUR NEGLIGENT
Le porteur négligent perd tous les recours cambiaires contre tous les signataires de la traite
(article 206), sauf :
- contre le tireur qui n’a pas fourni provision : la déchéance à son égard n’aura lieu que s’il
justifie avoir constitué provision ;
- contre le tiré accepteur car, ayant reçu provision, il ne peut se dérober de son engagement
sous prétexte de la négligence du porteur ;

- enfin, contre l’avaliste qui a donné aval pour le compte du tiré car, sans cette précision, il
est censé l’avoir donné pour le compte du tireur.

§3 - LES PRESCRIPTIONS DES RECOURS


Ce sont des délais très brefs fixés par le législateur en dehors desquels aucune action
cambiaire ne peut plus être exercée ; on dit qu’elle est prescrite.
En matière de lettre de change :
●L’action cambiaire contre le tiré accepteur se prescrit par 3 ans à compter de l’échéance,
●celle du porteur contre les endosseurs et contre le tireur par 1 an à dater du protêt,
● enfin les actions des endosseurs entre eux et contre le tireur se prescrivent par 6 mois à
dater du jour du paiement de la lettre.

Section II- le chèque


●Le chèque est un effet par lequel le tireur dispose de ses fonds déposés chez le tiré (qui est
obligatoirement une banque), en effectuant des retraits à vue, soit à l’ordre de lui-même,
soit à l’ordre du bénéficiaire.
Cette définition mérite quelques remarques :
1 - Le tiré doit obligatoirement être une banque (art 241 al.1).
●La banqus inscrite sur la liste de Bank Al-Maghrib et tout organisme légalement habilité à
tenir des comptes sur lesquels des chèques peuvent être tirés (Bank Al-Maghrib, la
Trésorerie Générale du Royaume, Al Barid Bank, etc.)
2 - Contrairement à la lettre de change, il n’est pas commercial par la forme :

-Il est commercial ou civil suivant la nature de l’opération en exécution de laquelle il a été
émis.

§ I- LES CONDITIONS DE FORME :


En pratique, le chèque est une formule imprimée détachée d’un carnet à souches (appelé
carnet de chèques ou chéquier) délivré par la banque. Par conséquent, le problème du
défaut de mentions ne se posera que pour celles que doit produire le tireur lors de la
création.
→le chèque, comme tous les effets de commerce, est un écrit soumis au formalisme du droit
cambiaire relatif aux mentions qu’il doit porter
●Certaines mentions doivent obligatoirement être portées sur le chèque, alors que d’autres
sont facultatives.

A- les mentions obligatoires


-Ces mentions sont énumérées par l’art 239 du c. com. :
1°/ La dénomination « CHEQUE » : Elle doit être insérée dans le texte même du titre et
exprimée dans la langue employée pour la rédaction du titre. La formule employée
généralement : « Payez contre ce chèque ».
2°/ Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée :
- Un mandat de payer : veut dire que le tireur donne ordre au tiré de payer à sa place le
porteur. C'est la formule : "Payez…"
- Une somme déterminée en chiffres et en lettres : Généralement, la somme est indiquée
en chiffres dans le coin supérieur à droite et en lettres dans le corps du titre. En principe, s’il
y a une différence entre les deux, l’indication en lettres prévaut ; mais dans la pratique, de
tels chèques sont tout simplement rejetés par les banques.
3°/ Le nom du tiré : Le tiré doit obligatoirement être une banque. Le chèque doit
obligatoirement porter le nom de la banque tirée. Celui qui tire un chèque sur une
personne autre qu’un établissement de crédit est passible d’une amende de 6% du montant
du chèque. (Art 307).
4°/ Le lieu de paiement : Il s’agit de l’adresse de l’agence bancaire où le tireur tient son
compte. À défaut, le lieu de paiement est celui de l’établissement principal (c'est-à-dire le
siège central de la banque).
- Le lieu de création est obligatoire dans la mesure où il détermine le tribunal compétent en
matière cambiaire. Néanmoins, le tireur qui omet de mentionner le lieu de création est
passible d’une amende de 6 % du montant du chèque.
- La date de création est très importante, elle sert à calculer les délais de présentation au
paiement et des recours et d’apprécier, le cas échéant, la capacité du tireur.
→Le tireur qui ne porte pas de date sur le chèque ou qui le postdate reste passible d’une
amende de 6% du montant du chèque.
6°/ Le nom et la signature du tireur : La signature doit obligatoirement être mentionnée sur
le chèque dans la mesure où elle exprime la volonté du tireur d’émettre le chèque ; à défaut
de signature, le titre n’aura aucune valeur juridique.
B- LES MENTIONS FACULTATIVES
Ce sont les mentions que les parties demeurent libres de porter sur le chèque :
1°/ Le nom du bénéficiaire : Contrairement à la lettre de change, il n’est pas obligé de
mentionner le nom du bénéficiaire sur le chèque (art 243), car :
- le chèque peut être émis au porteur, c.à.d. sans indication du nom du bénéficiaire ;
- ou en blanc, sans aucune indication, il est alors considéré émis au porteur ;
- il peut aussi être stipulé payable à personne dénommée ou à son ordre (chèque
nominatif),
Dans ce cas le bénéficiaire ne peut le transmettre que par endossement :

+ Soit par endossement translatif : dans ce cas il a le choix de l’endosser au porteur, à blanc
(auxquels cas il peut circuler par tradition), ou même nominatif ;

+ Soit par endossement à titre de procuration exactement comme la lettre de change.


Mais l’endossement du chèque ne peut jamais être fait en garantie (à titre pignoratif).
- enfin, le chèque peut être émis au nom du tireur lui-même (le chèque de retrait) en y
portant la mention « à l’ordre de moi-même ».
2°/ La clause non endossable ou non à ordre : Cette clause ne peut être utile que lorsque le
chèque est nominatif ; puisque le chèque au porteur ou à blanc est transmissible par simple
tradition. Le chèque qui porte la mention non endossable ne peut être transmis que comme
un titre civil.
3°/ Le barrement : (le chèque barré) [art. 280 à 282] Il consiste à tracer sur le recto du
chèque deux barres parallèles, il ne sera alors payé qu’à un banquier ou à un client du
banquier.
-Comme il ne peut être payé qu’à une banque, le chèque barré a été conçu pour éviter les
risques de perte ou de vol des chèques ; mais l’effet de cette technique reste limité puisqu’il
est possible d’endosser le chèque barré au profit d’un bénéficiaire de bonne foi. Par
conséquent, la meilleure mention pour éviter la perte ou le vol du chèque est d'ajouter la
mention "non endossable".
Il existe deux sortes de barrements :
- Le barrement général : ne comporte aucune mention entre les deux lignes ; dans ce cas la
banque tirée ne peut payer le chèque qu’à une banque.
- Le barrement spécial : porte le nom d’une banque entre les deux barres ; dans ce cas, le
chèque ne peut être payé qu’à la banque désignée entre les deux barres.
-Que le barrement soit général ou spécial, la banque tirée peut en payer le porteur lorsqu’il
est son client.
-Le barrement général peut être transformé en barrement spécial, mais le contraire ne peut
se faire car le biffage du nom de la banque désignée est réputé non avenu.
4°/ La certification : (le chèque certifié) [art. 242]
La certification est faite par la banque tirée qui porte au recto du chèque la mention «
certifié » et sa signature. Elle doit alors bloquer la provision correspondant au montant du
chèque au profit du porteur, mais seulement jusqu’au terme du délai de présentation qui est
de 20 jours suivant l’art 268 du nouveau code.
La création du chèque, comme tout autre effet de commerce, doit respecter non seulement
des conditions de forme, mais aussi des conditions de fond.

§ II- LES CONDITIONS DE FONDS

1- La provision du cheque
→La provision est une somme d’argent mise à la disposition du tireur chez le tiré au
moment de la création du chèque.
-Cette définition qui résulte de l’esprit de l’art 241 mérite des observations relatives au
contenu de la provision, au moment de son existence et à la question de son transfert.
2- LE MOMENT DE L’EXISTENCE DE LA PROVISION :
l’art.241 il est prévu que les fonds doivent être à la disposition du tireur dès le moment de la
création du titre.
-Cette disposition exigeant l’existence de la provision au moment de la création du chèque
se trouve être, sinon en contradiction, du moins dépassée par la nouvelle tendance de la
politique pénale du même code de commerce qui ne requiert la constitution de la provision
qu’au moment de la présentation du chèque au paiement (art.316). Par conséquent, la loi
n’exige plus une provision préalable à l’émission du chèque.
➢La provision n’est pas une condition de validité du chèque ; un chèque sans provision n’est
pas nul, il est bien un chèque, mais l’absence ou l’insuffisance de la provision au moment de
la présentation du chèque au paiement donne lieu à des sanctions pénales.
3-LE TRANSFERT DE LA PROPRIETE DE LA PROVISION :
L’émission du chèque a pour effet de transférer la propriété de la provision détenue par le
banquier au bénéficiaire du chèque. Cette propriété passera ensuite à tout nouveau porteur
du chèque, que ce soit par tradition ou par endossement.
-Ce transfert de la propriété de la provision du tireur au porteur a, sur le plan juridique, des
conséquences d’une grande importance :
- ainsi, ni le décès du tireur, ni son incapacité survenue après l’émission du chèque ne
peuvent affecter le droit du porteur ;
- de même, le redressement ou la liquidation judiciaire du tireur ne peuvent empêcher le
paiement du chèque ;
- en outre, les créanciers du tireur ne peuvent pratiquer une saisie-arrêt sur la provision du
chèque, à condition pour le porteur de prouver qu’il a acquis le chèque avant la saisie.

III- JUSTIFICATION D’IDENTITE


●L’article 251 a consacré officiellement l’obligation pour toute personne qui "remet" un
chèque en paiement de justifier de son identité au moyen d’un document officiel portant sa
photographie.

4 - LA CIRCULATION DU CHÈQUE
Rappelons que le chèque au porteur ou à blanc se transmet par tradition. S’il est nominatif, il
convient de distinguer :

+ s’il est non à ordre ou non endossable, il ne peut se transmettre que par cession de
créance ;

+ s’il est à ordre, il est transmissible par endossement :


- soit par endossement translatif de propriété : dans ce cas l’endosseur a le choix de
l’endosser au porteur ou à blanc (auquel cas il peut circuler par tradition) ou même
nominatif.
- soit par endossement à titre de procuration, exactement comme pour la lettre de change
(en pratique, en cas de remise à l’encaissement par la banque). Mais l’endossement du
chèque ne peut jamais être fait en garantie (à titre pignoratif).

●Telles sont les conditions de création du chèque qui bénéficie, comme les autres effets de
commerce, des avantages du droit cambiaire ; mais le législateur ne s’est pas contenté de ce
système cambiaire pour protéger le chèque, il a instauré d’autres systèmes de protection
spécifiques au chèque.
5- LES SYSTEMES DE PROTECTIONDU CHEQUE
Le chèque bénéficie naturellement de la protection du système cambiaire.

A- LE SYSTEME CAMBIAIRE
Comme les autres effets de commerce, le chèque, qu’il soit civil ou commercial, est
également soumis au droit cambiaire.

a- La présentation au paiement :
Elle peut se faire dès le jour de l’émission puisque le chèque est payable à vue. Le porteur
dispose néanmoins d’un certain délai pendant lequel il doit présenter le chèque au paiement
sous peine de perdre son droit au recours cambiaire.
Les délais sont actuellement de 20 jours de l’émission pour les chèques émis au Maroc, et
de 60 jours pour les chèques émis à l’étranger (article 268). Ces délais courent du jour porté
sur le chèque comme date d’émission, et la présentation à la compensation vaut
présentation au paiement.
- Après l’expiration du délai de présentation, "Le tiré doit payer même après l'expiration du
délai de présentation». L’art.319 du code a prévu une amende de 5000 à 50 000 dh contre
le banquier qui refuse de payer un chèque dont le délai de présentation a expiré.
●Les peines étant délictuelles, la prescription d'une telle infraction est donc de 5 ans.
-Si la provision est insuffisante, le tiré a une obligation de proposer au porteur le paiement
jusqu’à concurrence de la provision disponible ; dans ce cas, ce dernier ne peut pas refuser
ce paiement et doit délivrer une quittance au tiré et mention de ce paiement partiel doit
être faite sur le chèque (art.273).
Le porteur est alors tenu de faire protester le chèque pour le surplus, exactement comme
pour le défaut total de paiement du chèque.
-Il faut dire qu’actuellement dans la pratique, les banques refusent tout paiement même s’il
ne s’agit que d’une insuffisance dérisoire. Et comme cette obligation, à la différence de la
précédente, est dépourvue de sanction, elle n'a pas beaucoup de chance d'être appliquée.

B- le protêt :
À défaut de paiement, le porteur doit faire dresser protêt pour pouvoir exercer son recours
cambiaire.
-Le protêt doit être fait avant l’expiration du délai de présentation ; et si celle-ci a lieu le
dernier jour du délai, il peut être établi le premier jour ouvrable suivant.

* Les avis
-Le porteur a ensuite un délai de 8 jour ouvrable qui suivent le jour du protêt pour donner
avis du défaut de paiement à son endosseur et au tireur. En cas de clause de retour sans
protêt, ce délai court du jour de la présentation.
- le secrétariat greffe du tribunal est tenu de prévenir le tireur des motifs du refus de
paiement par lettre recommandée dans les 4 jours du protêt, à condition, dit le texte, que le
chèque contienne le nom et l’adresse du tireur.
-Chaque endosseur doit aviser son endosseur dans les 4 jours ouvrables qui suivent la
réception de l’avis en remontant jusqu’au tireur.
-Les avis peuvent être donnés sous n’importe quelle forme, notamment par lettre missive
(art.285, al.6).
-Celui qui ne donne pas l’avis dans le délai n’encourt pas de déchéance, mais devient
responsable du préjudice causé par la négligence (paiement de dommages-intérêts sans
qu’ils puissent dépasser le montant du chèque).
-Si la mention retour sans protêt figure sur le chèque, le porteur est dispensé de faire
dresser protêt pour exercer ses recours, mais ceci ne le dispense pas de donner les avis
nécessaires sous peine de se voir condamné à des dommages-intérêts.

* La saisie conservatoire :
-Toutefois, on ne peut ne pas évoquer cette importante innovation apportée par l’art.301 du
code qui a donné à la notification du protêt faite au tireur la valeur d’un commandement de
payer.
-C’est à dire que, par la notification du protêt, le tireur est invité à payer sous peine de faire
l’objet d’une saisie ; le commandement de payer constitue le préambule d’une saisie.
-Après l’établissement du protêt et sa notification au tireur par le greffe du tribunal par
lettre recommandée, le porteur peut solliciter du président du tribunal de rendre une
ordonnance sur requête l’autorisant à procéder à toute saisie conservatoire contre les
signataires du chèque ; c’est à dire de mettre sous le contrôle de la justice tous leurs biens,
quelle que soit leur nature (meubles ou immeubles).
-Après l’expiration d’un délai de 30 jours qui suivent la saisie conservatoire, si le porteur
n’est pas payé, il peut faire procéder à la vente des objets saisis.
-Cependant, malgré le respect par le porteur de ses obligations de vigilance, s’il néglige
d’exercer ses recours cambiaires avant l’expiration des délais de prescription, il peut être
déchu de son droit.

C- les délais de prescription :


-Il s’agit de la prescription des recours cambiaires qui est une prescription extinctive ou
libératoire, c’est à dire qui éteint l’action cambiaire qui résulte de l’engagement par chèque.
-Ainsi, le porteur, même diligent (c’est à dire qui a présenté le chèque dans les délais et fait
dresser protêt), s’il n’a pas poursuivi le recouvrement du chèque pendant les délais qui lui
sont impartis par la loi, perd son droit au recours cambiaire. Les signataires du chèque ne
peuvent en effet rester éternellement menacés par des recours aussi solides.
L’art.295 a prévu trois délais de prescription en fonction des parties en présence :

● Pour les actions du porteur contre les endosseurs, le tireur et les autres obligés la
prescription est de 6 mois à partir de l’expiration du délai de présentation.

●Pour les actions des divers obligés les uns contre les autres la prescription est également
de 6 mois à partir du jour où l’obligé a remboursé (à l’amiable) ou du jour où il a lui-même
été actionné en justice.
- Enfin, pour l’action du porteur contre le tiré le délai de prescription est devenu d’un un (au
lieu de trois ans précédemment prévus par le dah.39) à partir de l’expiration du délai de
présentation.
D- LES RECOURS CAMBIAIRES :
-Lorsque le tireur aura accompli ses obligations de vigilance, il peut alors exercer ses recours
cambiaires contre toutes les personnes obligées en vertu du chèque. Celles-ci sont en effet
tenues solidairement envers le porteur (art.287). Ce dernier peut agir contre ces signataires
individuellement (séparément) ou collectivement et sans avoir à respecter l’ordre dans
lequel ils se sont obligés.
-Il peut leur réclamer le montant du chèque non payé, les intérêts à partir du jour de la
présentation, les frais du protêt et des avis.
-Celui qui aura remboursé le chèque et ces frais, aura alors les mêmes droits que le porteur
(recours contre les autres signataires avec solidarité).
-en cas de prescription ou en cas de déchéance, le porteur négligent ne perd pas tous ses
droits, il conserve :

- une action de droit commun contre les différents obligés pour enrichissement sans cause
(normalement le porteur devra intenter son action contre celui qui lui a remis directement le
chèque car, comme on le sait, la remise du chèque n’emporte pas novation, c’est à dire
qu’elle ne se substitue pas à l’obligation originaire ; l’extinction de celle-ci ne s’opère que par
le paiement du chèque).
- une action contre le tiré qui a provision (art.295, al.3) ;
- une action cambiaire contre le tireur qui n’a pas fait provision (art.241, al.4). Or, celui-ci
reste passible du pénal. Mais il convient de signaler que ces règles ne s’appliquent que pour
l’exercice de l’action cambiaire car, pour l’exercice de l’action pénale :
* le porteur n’a pas besoin de faire dresser protêt ;
* et l’action publique ne s’éteint pas par les délais de prescription de l’action cambiaire.
Étant donné que nous sommes dans le domaine délictuel, l’infraction ne s’éteindra que par
la prescription correctionnelle de 5 ans.

B - LE SYSTEME BANCAIRE :
A- LES OBLIGATIONS DES BANQUES
Les obligations des banques se répartissent sur deux étapes :

➢Lors de l'ouverture des comptes aux clients et lors des incidents de paiement.
a- Lors de l’ouverture des comptes :
-L’art.448 oblige en effet les banques, préalablement à l’ouverture des comptes de vérifier :
* En ce qui concerne les personnes physiques : le domicile et l’identité du postulant par le
moyen de : - la carte d’identité nationale pour les nationaux ;
- le passeport pour les étrangers ou la carte de séjour pour les étrangers résidant au Maroc.
* En ce qui concerne les personnes morales : de vérifier leur forme, leur dénomination, leur
siège social, le numéro de l’impôt sur les sociétés ou le numéro du registre de commerce ou
le numéro de la patente, l’identité et les pouvoirs des personnes physiques habilitées à
effectuer des opérations sur le compte à ouvrir.
-Une fois le postulant contrôlé par le biais de ces documents, il doit faire l’objet d’une
enquête bancaire.
-L’établissement bancaire doit en effet, à l’occasion de toute ouverture de compte et
préalablement à la délivrance du premier chéquier, consulter Bank Al-Maghrib (B.M.) sur les
antécédents bancaires du postulant (les incidents de paiement et leurs suites).
b - Lors des incidents de paiement :
-En cas d’incident de paiement, c’est-à-dire de refus de paiement d’un chèque pour défaut
de provision suffisante, la banque tirée doit adresser une lettre d’injonction au tireur (son
client) par laquelle, elle l’invite :
- à lui restituer, ainsi qu’à toutes les banques dont il est le client, les formules de chèques en
sa possession et en celle de ses mandataires ;
- et de ne plus émettre pendant 10 ans des chèques autres que les chèques de retrait et les
chèques certifiés.
-La banque doit aussi en informer les mandataires du titulaire du compte et, s’il s’agit d’un
compte collectif, les autres titulaires du compte ; car ces derniers subissent aussi, de plein
droit -dit le texte, les mêmes mesures tant en ce qui concerne le compte objet de l’incident
qu’en ce qui concerne les autres comptes collectifs (art.315).
-Bank Al-Maghrib qui assure le contrôle de ce système, exerce son rôle par une sorte de «
casier bancaire » (à l’instar du casier judiciaire) détenu par le Service Central des Incidents
de Paiement (le S.C.I.P.). Car, en vertu de l’article 322, les banques sont tenues par ailleurs
de déclarer à BAM tous les incidents de paiement survenus dans leurs agences. Il en est de
même pour les tribunaux lorsqu’ils prononcent une interdiction d’émettre des chèques.
-Ce service détient d’ailleurs aussi tous les renseignements sur les violations par les banques
de leurs obligations de contrôle et de leurs obligations de sanction.
-La banque tirée, de même que les autres banques lorsqu’elles sont informées de l’incident
par B.M. ne doivent plus délivrer de chéquier pendant 10 ans au titulaire du compte objet de
l’incident ou à son mandataire tant que l’incident n’a pas été régularisé. Le compte reste
donc ouvert, mais son titulaire ne pourra disposer de ses fonds que par le biais des chèques
de retrait et, le cas échéant, par des chèques certifiés.
-Il est enfin important de signaler que l’auteur de l’incident de paiement n’a droit à aucun
recours contre la décision d’interdiction bancaire, serait-elle arbitraire ; ceci sachant que la
banque pourrait être en même temps juge et partie en cas de conflit concernant la
provision. Le code est resté, en tout cas, muet sur la question. La seule solution qui lui reste
pour recouvrer la faculté d’émission c'est de réparer l'incident
c – la réparation de l'incident
La loi permet au titulaire du compte qui reçoit l’injonction de retrouver la faculté
d’émission des chèques à condition de régulariser l’incident et de payer une amende
forfaitaire.

Chapitre 6 : la création de la société


Une société est commerciale soit parce qu'elle a pour objet l'accomplissement d'actes de
commerce, soit parce qu'elle revêt une forme qui lui confère le caractère commercial.

I- Les règles communes à toutes les sociétés


L'article 982 du DOC dispose que « la société est un contrat par lequel deux ou plusieurs
personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail ou tous les deux à la fois, en vue de
partager le bénéfice qui pourra en résulter ».

-À côté des conditions communes à tous les contrats, le contrat de société est soumis à des
conditions spécifiques.

A- Les conditions communes à tous les contrats :

➢Les conditions de validité d'un contrat sont au nombre de quatre : le consentement, la


capacité, l'objet et la cause.

-Le consentement : les associés doivent donner leur consentement exempt des vices (erreur,
dol et violence).
-La capacité : l'exigence de la capacité est variable selon les sociétés. C'est ainsi que le mineur
peut être associé dans une SARL ou dans une SA car la qualité de commerçant n'est pas requise
dans ces deux formes juridiques.

Par contre, les mineurs ne peuvent pas être associés dans une société en nom collectif, ou
associés commandités dans une société en commandite simple ou une société en commandite
par actions, car dans ces différentes situations, l'associé acquiert la qualité de commerçant.
Or, le mineur ne peut être commerçant.

L'objet : l'objet du contrat doit être licite et moral. Toute activité contraire à l'ordre public et
aux bonnes mœurs ne peut être exercée par une société.

La cause : c'est l'objectif poursuivi par les associés lors de la création de la société. La cause
doit, elle aussi, être licite et morale. Dans le cas contraire, la société est frappée de nullité
absolue.

II- Les conditions spécifiques au contrat de société


Paragraphe 1 : Les conditions de fond
Quatre éléments sont nécessaires à la formation du contrat de société :
1-La réunion de deux ou plusieurs personnes
2-La mise en commun de biens ou de services ou des deux à la fois
3-La réalisation et le partage de bénéfices et la contribution aux pertes
4-L'affectio societatis.

A- Les associés
Selon l'article 982 du DOC, la constitution d'une société est possible à partir de deux associés.
La seule exception concerne la SARL qui peut être constituée par une seule personne (SARL à
associé unique).

B- Les apports
L'apport est le bien qu'un associé s'engage à mettre à la disposition de la société en vue d'une
exploitation commune. On distingue généralement trois types d'apports : Les apports en
numéraire, Les apports en nature, Les apports en industrie.

C- Participation aux bénéfices et contribution aux pertes


-Les associés se partagent les bénéfices et contribuent aux pertes proportionnellement à leurs
droits dans le capital social sauf clause contraire des statuts.
-Les statuts peuvent en effet définir une répartition différente, sans toutefois pouvoir
attribuer la totalité des bénéfices ou des pertes à un seul associé (clause léonine réputée nulle,
article 1034 du DOC).
D- l'affectio societatis
●C'est une condition supplémentaire introduite par la jurisprudence. Elle reflète l'élément
moral du contrat de société, c'est-à-dire l'intention de s'associer, d'agir ensemble dans un
but commun qui est la réalisation et le partage du bénéfice.
●La présence ou l'absence de l'affectio societatis s'apprécie généralement par rapport aux
comportements des associés, à leur investissement dans la vie de l'entreprise et sa gestion

Paragraphe 2 : Les conditions de forme


-La constitution d'une société est matérialisée par la rédaction d'un écrit qu'on appelle « les
statuts ». La rédaction des statuts permet d'une part, d'établir la preuve de l'existence d'une
société, et d'autre part de faire la publicité nécessaire pour l'acquisition de la personnalité
morale.
●En général, les statuts indiquent la nature de la société, le nom de la société, le siège social,
la durée de la société, le montant du capital social, sa répartition, le mode de gestion, le nom
des associés et des tiers qui ont le pouvoir de diriger ou de gérer la société, la réglementation
des décisions des associés, l'organisation du contrôle des comptes de la société et certaines
clauses concernant la dissolution de la société, sa liquidation, sa transformation en un autre
type.
L'engagement dans la structure sociétaire n'est effectif qu'après la signature des statuts par
tous les associés ou les actionnaires.

Paragraphe 3 : Les conditions de publicité


La publicité consiste dans l'accomplissement des formalités suivantes :

➢Le dépôt au greffe du tribunal du lieu où est situé le siège social de la société d'une copie
des statuts. Ce dépôt va permettre à toute personne qui le désire de prendre connaissance ou
de se faire délivrer une copie des statuts.

➢La publication d'un extrait des statuts dans un journal d'annonces légales et au bulletin
officiel.

➢L'immatriculation au registre du commerce. Il s’agit d’une formalité très importante puisque


les sociétés commerciales n'acquièrent la personnalité morale qu’à la date de leur
immatriculation au registre du commerce.

III : La société est une personne morale


→L'immatriculation de la société au registre de commerce donne naissance à une personne
juridique nouvelle, autonome, distincte de celle des associés qui la composent : une personne
morale.

A- Les manifestations de la personnalité morale


●A l'instar des personnes physiques, la société personne morale a un nom, un domicile, une
nationalité et un patrimoine.

Paragraphe 1 : Dénomination sociale


Les sociétés commerciales sont désignées par une dénomination sociale qui peut être choisie
selon l'une des trois formules suivantes : dénomination tirée de l'objet de l'entreprise ;
dénomination comportant le nom d'un associé ; dénomination de fantaisie.

→Pour éviter tout risque de confusion, la dénomination sociale est protégée par l'inscription
au registre central.

●Les associés doivent consulter les services du registre central pour se procurer un certificat
négatif qui prouve la non utilisation du même nom par une société.

Paragraphe 2 : Le siège social


●Il s'agit du domicile de la société. C'est le lieu où la société a son principal établissement,
celui où se trouvent les organes de direction et les services administratifs.

Paragraphe 3 : La nationalité
A l'instar des personnes physiques, la société est juridiquement rattachée à un État. Pour
déterminer la nationalité d'une société, on se base généralement sur deux critères : soit sur
le critère du siège social, soit sur le critère du contrôle.

→Selon le premier critère, une société a la nationalité du pays où se trouve situé son siège
social effectif.

→Suivant le critère du contrôle, la nationalité des sociétés s'apprécie en tenant compte non
pas du lieu du siège social, mais de la nationalité de ceux qui contrôlent la société, c'est-à-dire
la nationalité des associés qui dirigent effectivement la société.

➢Au Maroc, une société est marocaine dès lors qu'elle a son siège social effectif au Maroc,
même si elle est contrôlée entièrement par des capitaux étrangers.

Paragraphe 4 : Le patrimoine
La personne morale a, dès son immatriculation, un patrimoine. Ce dernier se définit comme
l'ensemble des biens apportés par les associés à la constitution de la société (actif social) et
des obligations qui naissent en échange des apports : remise des titres aux associés avec
toutes les conséquences qui en découlent comme la répartition du bénéfice ou encore
remboursement de l'apport en cas de dissolution de la société (passif social).

VI-Dissolution et liquidation des sociétés


Paragraphe 1 : Les causes de dissolution
Plusieurs causes peuvent être à l'origine de la dissolution d'une société. Une fois dissoute, elle
subit la liquidation.
➢Il existe plusieurs causes de dissolution. On peut citer :
-L'expiration du temps pour lequel la société a été constituée sauf prorogation décidée par les
associés.
-La réalisation de l'objet en vue duquel la société a été constituée ou l'impossibilité de le
réaliser.
-La réunion des parts sociales entre les mains d'un seul associé, à moins qu'il n'y ait
transformation de la société en une SARL à associé unique.
-La dissolution anticipée décidée par les associés. Il s'agit ici de la rupture du contrat de
société.
-La dissolution judiciaire pour juste motif, notamment en cas de mésentente grave entre
associés paralysant le fonctionnement de la société.

Paragraphe 2 : La liquidation
La dissolution d'une société entraîne sa mise en liquidation mais pas sa disparition. Autrement
dit, après la dissolution, la personne morale survit pour les besoins de la liquidation.

 Pour ce faire, on désigne un liquidateur. Cette désignation peut être faite dans les statuts
(liquidateur statutaire), ou après la constitution de la société par une assemblée générale
extraordinaire, ou par le tribunal si les associés n'arrivent pas à s'entendre sur le choix d'un
liquidateur.
Le liquidateur est chargé des opérations de liquidation qui sont au nombre de trois :
 - La réalisation de l'actif
-Le liquidateur doit réaliser l'actif social, c'est-à-dire le transformer en argent liquide. Pour
cela, il doit vendre les biens de la société et recouvrer ses créances.
 - Remboursement aux associés de leurs apports
Une fois les créanciers de la société totalement désintéressés, le législateur doit rembourser
aux associés leurs apports. Ces derniers ne seront donc désintéressés que si l'actif social n'a
pas été entièrement utilisé pour payer les créanciers.
 - Partage du boni de liquidation
Après le paiement des créanciers sociaux et le remboursement des apports, s'il reste encore
des fonds (boni de liquidation), ils doivent être partagés entre associés proportionnellement
au montant de leur apport. Mais, cette règle peut être écartée par une clause contraire des
statuts.
Dès que la liquidation est close, on assiste à la disparition de la société en tant que personne
morale, c’est-à-dire en tant que sujet de droit
7-LES DIFFERENTES FORMES JURIDIQUES D’UNE ENTREPRISE
On peut décliner ces types d’entreprises en deux catégories :

Des sociétés de personnes où le facteur personnel est prédominant à l’instar des sociétés
en commandite simple, des sociétés en nom collectif ou encore des sociétés en
participation.

Des sociétés de capitaux comme les sociétés anonymes (SA), les sociétés à Responsabilité
limitée (SARL) et les sociétés en commandite par actions.

A- Les sociétés de capitaux : cas de la société anonyme


1 : Les caractéristiques de la SA
-La SA est régie par le dahir n°1-96-124 du 30 aout 1996 portant promulgation de la loi n° 17-
95, modifiée et complétée par la loi 20-05, la loi 78-12 et la loi 20-19.
 La société anonyme est une société dans laquelle les associés, dénommés actionnaires en
raison d’un droit représenté par un titre négociable ou action, ne supportent les dettes
sociales qu’à concurrence de leurs apports.

-Il n'est pas nécessaire que les actionnaires d'une SA aient la capacité requise pour être
commerçants. Un mineur peut donc devenir actionnaire par l'intermédiaire de son représentant
légal.

-La SA peut faire publiquement appel à l'épargne et réunir ainsi de nombreux associés et
d’importants capitaux.

-La responsabilité des associés est limitée à concurrence de leurs apports.


-la cession des titres est libre.
➢Pour analyser la SA, nous étudierons les règles relatives à la constitution, au
fonctionnement et au contrôle.

2 : La constitution
La SA obéit aux règles générales de constitution des sociétés, mais présente certaines
particularités :
- Le nombre d'actionnaires
La SA ne peut être constituée que si elle réunit au départ cinq personnes. Cette exigence n'est
pas universelle : le droit français exige 7 actionnaires pour les sociétés cotées et 2 seulement
pour les sociétés non cotées (ordonnance du 10 septembre 2015), et 1 seulement en droit
suisse.
- Le capital social
Il est constitué pas des apports effectués soit en nature, soit en numéraire, mais non en
industrie. Ces derniers ne peuvent conférer la qualité d'actionnaire dans une SA.
Le capital social est fixé à 300 000 DH (3 millions de dhs si la société fait appel public à
l'épargne). Il est divisé en actions émises aux souscripteurs en contrepartie de leurs apports.
La valeur nominale des actions a été ramenée par la loi 20-05 de 100 à 50 dhs au minimum.
De même, la loi 20-05 a permis aux sociétés dont les titres sont inscrits à la côte de la bourse
de fixer le montant nominal à 10 dhs au moins (art 246 al 3).
Le capital social doit être intégralement souscrit : il faut que les actionnaires qui doivent être
au nombre 5 puissent couvrir totalité des actions émises par la société (art 21 al 1).
Concernant la libération des actions, la loi exige une libération des apports en numéraire du
quart au moins de leur valeur nominale lors de la souscription. La libération du surplus peut
intervenir en une ou plusieurs fois dans un délai qui ne peut excéder trois ans à compter de
l'immatriculation de la société au registre du commerce (art 21 al 2).
➢Pour les apports en nature, les actions qui les représentent doivent être libérées
intégralement lors de leur émission (art 21 al 3). Ils ne peuvent faire l’objet de libération
successive.

-La souscription est constatée par un bulletin de souscription signé par les souscripteurs.
Les fonds provenant de la souscription doivent être déposés dans un compte bancaire
ouvert au nom de la société en formation. Ces fonds ne peuvent être retirés qu'après la
constitution définitive de la société (art 22).

3 : Le fonctionnement de la société
 Les organes qui concourent au fonctionnement de la SA sont au nombre de trois : les
assemblées générales, le conseil d'administration ou le directoire et le conseil de surveillance,
et les organes de contrôle.
A-L ‘assemblée générale des actionnaires
Dans une SA, les actionnaires participent au fonctionnement et à la vie sociale grâce aux
assemblées générales.
L’assemblée générale est convoquée par le conseil d’administration ou le directoire selon le
cas, et en cas d’urgence elle peut également être convoquée par (art 116) :
Le ou les commissaires aux comptes ;
Un mandataire désigné par le président du tribunal statuant en référé à la demande, soit de
tout intéressé en cas d’urgence, soit d’un ou plusieurs actionnaires réunissant au moins le
dixième du capital social ;
Les liquidateurs ;
Les actionnaires majoritaires en capital ou en droit de vote après une offre publique d’achat
ou d’échange ou après une cession d’un bloc de titres modifiant le contrôle de la société ;
Le conseil de surveillance dans les sociétés avec directoire.

On distingue deux types d’assemblées :


-LES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES ORDINAIRES (AGO)
Elles ont les pouvoirs qui ne sont pas attribués exclusivement aux assemblées générales
extraordinaires.

Une AGO doit se réunir au moins chaque année dans les six mois de la clôture des comptes de
l'exercice pour l'approbation des comptes annuels.
Les AGO doivent également être réunies pour tout fait important intéressant la vie sociale,
comme la désignation des membres du conseil d’administration ou du conseil de surveillance,
ou encore la nomination des commissaires aux comptes.
La validité des délibérations de l’AGO est subordonnée au respect des conditions de quorum
et de majorité.
Pour le quorum, sur première convocation, l’AGO doit réunir un nombre d’actionnaires
représentant le quart des actions ayant le droit de vote. Si ce quorum n’est pas atteint, une
deuxième convocation est adressée aux actionnaires dans un délai de 8 jours. Elle délibère
quel que soit la portion du capital représenté. Autrement dit, sur deuxième convocation,
aucun quorum n’est requis (art 111 al 2).
Concernant la majorité, l’AGO statue à la majorité de Concernant la majorité, l’AGO statue à
la majorité des voix dont dispose les actionnaires présents ou représentés (la moitié des voix
plus une). Il s’agit néanmoins d’un minimum légal qui peut être augmenté par les statuts. (art
111 al 3).
- L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXTRAORDINAIRE (AGE)
Elle est seule habilitée à modifier les statuts. Toute clause contraire est réputée non écrite.
Les décisions modificatives des statuts peuvent porter sur :

• La modification de l’objet social


• Modification de la durée de la société
• La modification du capital social

• Le transfert du siège social

• La dissolution ou la transformation de la société


L’AGE ne délibère valablement que si les actionnaires présents ou représentés possèdent au
moins sur première convocation la moitié, et sur deuxième convocation le quart des actions
ayant droit de vote. A défaut de ce dernier quorum, la deuxième assemblée peut être prorogée
à une date ultérieure de 2 mois au plus de la date à laquelle elle avait été convoquée (art 110
al 2).
L’AGE statue à la majorité des voix des actionnaires présents ou représentés (art 110 al 3).

B-la gestion
La loi 17-95 prévoit, quant à l’organisation des organes de direction des SA, deux catégories :
la première communément utilisée est dite moniste. Il s’agit de la SA à conseil
d’administration.
 La seconde d’inspiration allemande est qualifiée de dualiste. C’est la SA à directoire et à
conseil de surveillance. Les deux formules ne sont pas cumulatives, il faut adopter l’une ou
l’autre.
A- La SA à conseil d’administration
La SA à conseil d’administration est la forme de société anonyme la plus courante.
La direction de cette structure se compose du conseil d’administration, du président du
conseil d’administration, du directeur général. La loi 20-05 offre la possibilité de dissocier les
fonctions de président et de directeur général.
a) Le conseil d’administration
C’est un organe collégial composé de trois membres au moins et de 12 au plus. Ce nombre est
porté à 15 si la société est cotée à la bourse des valeurs.
1. Nomination et durée des fonctions des administrateurs :
Les premiers administrateurs sont généralement désignés dans les statuts ou dans un acte
séparé faisant corps avec les statuts. Au cours de la vie sociale, les administrateurs sont
nommés par l’assemblée générale ordinaire.
Une personne morale peut être nommée administrateur au sein d’une société anonyme au
même titre qu’une personne physique. La condition exigée pour la personne morale est de
désigner un représentant permanent qui agit en son nom, comme s’il était administrateur à
son propre titre en tenant compte de la responsabilité solidaire qui le lie à sa société.
La durée des fonctions des administrateurs est déterminée par les statuts sans pouvoir
excéder six ans en cas de nomination par l’assemblée générale, et trois ans en cas de
nomination par les statuts. Les administrateurs sont rééligibles sauf stipulation contraire des
statuts.
Concernant la rémunération, les fonctions des administrateurs peuvent être gratuites. Mais
le plus souvent, leur mandat est rémunéré par des jetons de présence (art 55 al 1) constitués
par une somme fixe annuelle allouée globalement au conseil d’administration par l’assemblée
générale ordinaire qui détermine librement le montant. Le conseil d’administration répartit
les jetons de présence entre ses membres dans les proportions qu’il juge convenables.
A ces jetons de présence peuvent s’ajouter des rémunérations exceptionnelles pour les
missions ou mandats qui leur sont confiés à titre spécial et temporaire, le remboursement des
frais de voyage, de déplacement et des dépenses engagées dans l’intérêt de la société (art 55
al 3).
Si l’administrateur est en même temps président ou directeur général de la société, il recevra
une rémunération supplémentaire.
Divers événements peuvent écourter le mandat des administrateurs tels la dissolution de la
société, le décès, la démission, la transformation de la société, l’adoption de l’organisation
dualiste. De même, les administrateurs peuvent être révoqués à tout moment (ad nutum) de
manière discrétionnaire par l’assemblée générale même si la révocation n’est pas inscrite à
l’ordre du jour (art 118).
2. Fonctionnement du conseil d’administration :
Convocation des administrateurs : le conseil est convoqué par le président (art 73 al 1). En
cas d’urgence ou de défaillance du président, le commissaire aux comptes a la possibilité de
le convoquer (73 al 3).
Les convocations doivent être accompagnées de l’ordre du jour et des informations
nécessaires aux administrateurs pour leur permettre de délibérer objectivement.

Réunions du conseil : une réunion du conseil d’administration est obligatoire pour


l’examen des comptes annuels et l’adoption du rapport de gestion à présenter aux
actionnaires. A la clôture de chaque exercice, il dresse un inventaire de l’actif et du passif social
existant à cette date, et établit les états de synthèses annuels, conformément à la législation
en vigueur. Le conseil se réunit également chaque fois que la bonne marche des affaires
sociales le nécessite.

Les délibérations : le conseil d’administration ne délibère valablement que si la moitié au


moins de ses membres sont effectivement présents (art 50 al 1). Les administrateurs
représentés n’entrent pas en ligne de compte pour le calcul du quorum.

Les décisions du conseil d’administration sont prises à la majorité des membres


présents ou représentés. Les statuts peuvent prévoir une majorité plus forte, mais ne peuvent
en aucun cas la réduire (art 50 al 5). En cas de partage égal de voix, celle du président est
prépondérante. Cependant, les statuts peuvent écarter cette prépondérance.

Les délibérations du conseil sont constatées par des procès- verbaux établis par le
secrétaire du conseil sous l’autorité du président et signés par ce dernier et par au moins un
administrateur. En cas d’empêchement du président, le PV est signé par deux administrateurs
au moins (art 52 al 1).

Les PV sont consignés sur un registre spécial tenu au siège social, côté et paraphé par le
greffier du tribunal du lieu du siège de la société (art 53 al 1).

3. Pouvoirs du conseil d’administration :


Les missions du conseil d’administration sont déterminées par l’article 69 de la loi 20-05 qui
prévoit que « le conseil d’administration détermine les orientations de l’activité de la société
et veille à leur mise en œuvre. Sous réserve des pouvoirs expressément attribués aux
assemblées d’actionnaires et dans la limite de l’objet social, il se saisit de toute question
intéressant la bonne marche de la société et règle par ses délibérations les affaires qui la
concernent. Le conseil d’administration procède aux contrôles et vérifications qu’il juge
opportuns ».
Partant de cet article, la loi confère au conseil d’administration trois prérogatives :
-il détermine les orientations de l’activité de la société et veille à leur mise en œuvre. Il se voit
donc reconnaitre le droit de participer à l’élaboration de la stratégie de la société, ses plans
d’action, sa politique de risques, ses budgets annuels et programmes d’activité, et de s’assurer
qu’ils seront suivis par la direction générale.
-il se saisit de toute question intéressant la bonne marche de la société et règle par ses
délibérations les affaires qui la concernent. Le conseil d’administration a donc le devoir de
s’intéresser de près à l’activité quotidienne de l’entreprise.
Dans cet axe, le conseil d’administration sera chargé de recruter les principaux dirigeants, de
déterminer leurs rémunérations et veiller à ce qu’elles soient adaptées et transparentes en
vue d’être admissibles et acceptées par les actionnaires, suivre leurs activités et leurs
performances et, le cas échéant, les remplacer et préparer les plans de succession.
-le conseil d’administration procède aux contrôles et vérifications. Dans ce cadre, il est tenu
de vérifier la transparence de la gestion, les performances de l’entreprise, l’intégrité de ses
systèmes de comptabilité…
Pour l’accomplissement de ces différentes tâches, le conseil d’administration a le droit de
s’informer par lui-même et peut demander à tout moment, s’il l’estime nécessaire, des
informations complémentaires même en dehors des conseils. Ce droit à l’information du
conseil porte non seulement sur les points prévus à l’ordre du jour, mais aussi sur l’ensemble
des informations permettant d’apprécier la situation de l’entreprise.
4. Responsabilité :

Responsabilité civile :
Les administrateurs sont responsables individuellement ou solidairement envers la société ou
envers les tiers (art 352 al 1) dans les cas suivants :
-Infractions aux dispositions législatives ou réglementaires applicables aux SA (défaut de
convocation des assemblées, non- respect des règles de quorum et de majorité, non
établissement de l’inventaire, du bilan…) ;
-Violation des statuts (dépassement de l’objet social, non- respect des limitations de
pouvoirs) ;
-Fautes commises dans la gestion (utilisation abusive des biens sociaux, présentation de
comptes inexacts…).
L’action en responsabilité civile relève de la compétence du tribunal de commerce. Elle est
prescrite par cinq ans à compter du fait dommageable ou s’il a été dissimulé de sa révélation.
Elle permet d’obtenir le versement de dommages-intérêts par les administrateurs.

Responsabilité pénale :
Les articles 384 à 386 de la loi 17-95 sanctionnent diverses infractions pénales commises par
les dirigeants de la SA lors des diverses étapes de sa vie. A titre d’exemple, sont sanctionnées
les infractions suivantes :
-La répartition de dividendes fictifs. La sanction est l’emprisonnement de un à six mois et/ou
d’une amende de 100 000 à 1 000 000 de dhs (art 384 al 1) ;
-La publication ou la présentation aux actionnaires de comptes annuels ne donnant pas pour
chaque exercice une image fidèle. La sanction est la même que le cas précédent (art 384 al
2) ;
-L’absence de constatation des délibérations du conseil d’administration des procès- verbaux
formant un registre spécial tenu au siège de la société. La sanction consiste en une amende
de 3 000 à 15 000 dhs à l’encontre du président de séance (art 385) ;
-Le fait pour les dirigeants de ne pas avoir, pour chaque exercice, dressé l’inventaire, établi les
comptes annuels et un rapport de gestion. On applique dans ce cas une amende de 20 000 à
200 000 dhs (art 386).
b) Le président du conseil d’administration
Le conseil d’administration élit en son sein un président, qui est nécessairement une personne
physique.
Les fonctions du président prennent fin par l’expiration de son mandat d’administrateur, par
le décès, par la perte de la qualité d’administrateur, par la démission. Il peut également être
révoqué par le conseil d’administration à tout moment et sans précision de motif. Toute
disposition contraire est réputée non écrite (art 63 al 3).
Le président du conseil d’administration a deux prérogatives (art 74 bis) :
-Il représente le conseil d’administration et organise et dirige les travaux de celui-ci.
Concrètement, cela signifie que le président fixe l’ordre du jour des conseils et les dates de
convocation, coordonne le travail du conseil avec les autres organes de gestion et de contrôle
(direction générale, commissaires aux comptes, salariés …), rend compte aux assemblées des
travaux du conseil.
-Il veille au bon de fonctionnement des organes de la société. Le conseil d’administration est
le garant du bon fonctionnement des différents organes de gestion et de contrôle.
Il s’assure que les administrateurs sont en mesure de remplir leur mission. Le président doit
donc s’assurer que les administrations sont en mesure de remplir leur mission. Il doit s’assurer
que les administrateurs sont suffisamment disponibles et compétents et doit surtout veiller à
ce qu’ils disposent de toutes les informations nécessaires pour remplir efficacement leur
mission.
Concernant la responsabilité du président du conseil d’administration, elle est double : étant
administrateur, il a les mêmes responsabilités pénale et civile que les autres administrateurs.
En outre, il encourt une responsabilité à raison des attributions légales spécifiques qui lui sont
dévolues, en particulier en cas de manquement à son obligation d’information à l’égard des
administrateurs et des actionnaires.
c) Le directeur général

Le DG est obligatoirement une personne physique nommée par le conseil d’administration


(art 67 al 1). Il peut être choisi parmi les administrateurs ou en dehors d’eux.
La durée de ses fonctions peut être déterminée par les statuts ou par le conseil, mais ne peut
excéder celle de son mandat lorsqu’il est administrateur (art 67 al 5).

Le DG est révocable à tout moment par le conseil d’administration. Si sa révocation est


décidée sans juste motif, elle donne lieu à des dommages-intérêts sauf lorsque le DG assume
les fonctions de président du conseil d’administration (art 67 ter al 1).
La rémunération du DG est fixée par le conseil d’administration (art 67 bis al 2). Elle peut être
fixe ou proportionnelle aux bénéfices ou même au chiffre d’affaires.
Concernant les attributions, le directeur général assure d’abord la direction générale. Dans
ce cadre, il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au nom
de la société (art 74 al 1).
Ces pouvoirs englobent les actes de gestion et les actes de disposition. Le DG est le vrai
patron : c’est lui qui dirige opérationnellement l’entreprise et s’assure de son fonctionnement
régulier. À ce titre, il a un droit de regard sur l’ensemble des services de la société.
Mais, il doit exercer ses pouvoirs dans la limite de l’objet social et sous réserve de ceux que la
loi attribue expressément aux assemblées d’actionnaires et au conseil d’administration.
A côté de cette mission de direction générale, le DG représente la société dans ses rapports
avec les tiers (74 al 2). Ce pouvoir lui permet d’agir au nom de la société en toutes
circonstances. C’est lui par exemple qui passe les commandes aux fournisseurs, signe les
contrats passés par la société, signe les chèques et les ordres de virement, représente la
société en justice et auprès des administrations publiques.
d) Le directeur général délégué
Le directeur général a la faculté de se faire assister par un ou plusieurs directeurs généraux
délégués.
Ces derniers tirent leur mandat du conseil d’administration sur proposition du DG. Leur
révocation suit la même procédure : le conseil ne peut révoquer le directeur général délégué
sans l’accord du DG.

Le directeur général délégué est donc appelé à exercer auprès du directeur général une
mission d’assistance. Ses pouvoirs sont fixés par le conseil d’administration en accord avec le
directeur général (art 75 al 5).

Le DG et les directeurs généraux délégués encourent les mêmes responsabilités civile


(art 352) et pénale (art 373) que les administrateurs.

B- La SA à directoire et à conseil de surveillance


Les articles 17 et suivants de la loi 17-95 permettent aux fondateurs de SA d’adopter dans
leurs statuts lors de la constitution de la société ou au cours de la vie sociale, par décision de
l’assemblée générale extraordinaire, un nouveau régime de gestion inspiré du droit français,
lui-même inspiré du droit allemand.
Ce choix s’effectue à partir du constat d’une certaine défaillance de l’organisation classique.
D’une part, le conseil d’administration ne joue que rarement un rôle actif de décision, c’est le
directeur général qui impose sa stratégie. D’autre part, le contrôle des actionnaires sur les
dirigeants est souvent illusoire.

L’organisation à directoire parait plus rationnelle. Elle distingue mieux la gestion, c'est-à-
dire la prise de décision, de la surveillance, c'est-à-dire le contrôle des grandes orientations et
l’appréciation des résultats.
a) Le directoire

Le directoire est composé de cinq membres au plus nommés par le conseil de surveillance
qui confère à l’un d’eux la qualité de président (art79). Aucune disposition des statuts ne peut
limiter le pouvoir de nomination du conseil de surveillance.

Les membres du directoire doivent être obligatoirement des personnes physiques mais
ne sont pas forcément des actionnaires. Un membre du directoire ne peut être membre du
conseil de surveillance.

La durée des fonctions du directoire est déterminée par les statuts dans les limites
compris entre deux et six ans. À défaut de dispositions statutaires, la durée du mandat est de
quatre ans renouvelables (art 81).
Les membres du directoire peuvent être révoqués par l’assemblée générale ordinaire ou
par le conseil de surveillance si les statuts le prévoient. Si la révocation est décidée sans juste
motif, elle peut donner lieu à des dommages-intérêts (art 80 al 1).

La rémunération de chacun des membres du directoire est fixée dans l’acte de nomination
(art 82).

Le directoire dispose d’une liberté au niveau de l’organisation et du fonctionnement. La


seule exigence légale est que le directoire doit avoir un président nommé par le conseil de
surveillance. Pour le reste, les statuts sont libres de déterminer les modalités de
fonctionnement du directoire : fréquence, convocation, quorum, majorité…
Concernant les attributions du directoire, comme le directeur général pour la SA à conseil
d’administration, il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance
au nom de la société. A ce titre, il a le pouvoir d’effectuer les actes de gestion et de disposition
nécessaires à la vie sociale. Il est responsable de la marche de la société.
Il exerce ces pouvoirs dans la limite de l’objet social et sous réserve de ceux qui sont
expressément attribués par la loi au conseil de surveillance et aux assemblées d’actionnaires.
Vis à vis des tiers, la société est engagée même par les actes du directoire qui ne relèvent pas
de l’objet social. Pour infirmer sa responsabilité, elle doit prouver que le tiers savait que l’acte
dépassait cet objet, ou ne pouvait pas l’ignorer compte tenu des circonstances.

b) Le conseil de surveillance
Statut des membres du conseil de surveillance :

Le conseil de surveillance est composé de trois membres au moins et de douze au plus.


Ce nombre est porté à 15 si la société fait appel public à l’épargne (art 83 al 1).
Chaque membre doit être propriétaire d’un nombre d’actions de la société déterminé par les
statuts.

Les membres du conseil de surveillance sont nommés par les statuts et au cours de la
vie sociale par l’assemblée générale ordinaire.

La durée de leurs fonctions ne peut excéder 3 ans lorsqu’ils sont nommés dans les statuts
et 6 ans lorsqu’ils sont nommés par l’assemblée (art 82 al 1).

Les membres du conseil de surveillance peuvent être révoqués à tout moment et de


manière discrétionnaire par l’assemblée générale ordinaire (art 82 al 3) dans les mêmes
conditions que les administrateurs.

Concernant la rémunération, les membres du conseil de surveillance peuvent recevoir


des jetons de présence dont le montant global est déterminé par l’assemblée générale. Ils
peuvent également percevoir des rémunérations exceptionnelles suite à des missions
spéciales.
Organisation et fonctionnement du conseil de surveillance :
Le conseil de surveillance doit élire en son sein un président et un vice- président qui sont
obligatoirement des personnes physiques. Ils exercent leurs fonctions pendant la durée du
mandat du conseil de surveillance. Ils sont chargés de convoquer le conseil, d’en diriger les
débats et de certifier les copies ou extraits des procès- verbaux de délibérations.

Le conseil de surveillance doit normalement se réunir au moins 4 fois par an pour


examiner le rapport trimestriel que le directoire doit lui soumettre (art 104 al 8), et le cas
échéant une cinquième fois pour vérifier et contrôler les documents qui lui sont présentés par
le directoire dans les 3 mois de la clôture de l’exercice et qui seront soumis à l’assemblée
générale ordinaire annuelle (art 104 al 9), et également pour prendre connaissance du rapport
du commissaire aux comptes (art 169).

Le conseil de surveillance ne délibère valablement que si la moitié de ses membres sont


effectivement présents (art 50al 1). Il n’est pas tenu compte des membres représentés.

Le vote se fait à la majorité des membres présents ou représentés, sauf si les statuts ont
prévu une majorité plus forte. En cas de partage des voix, celle du président de séance est
prépondérante.
Les attributions du conseil de surveillance :
Conformément à l’article 104, le conseil de surveillance exerce le contrôle permanent de la
gestion de la société par le directoire. Il faut entendre par là, non seulement le contrôle de la
régularité des décisions du directoire par rapport à la loi ou aux dispositions statutaires, mais
aussi un contrôle d’opportunité. Cette tâche amène les contrôleurs à examiner l’utilisation
faite des données fournies par une étude du marché, la pertinence des achats et des ventes
réalisés par la société en raison de la conjoncture, l’efficacité d’une action publicitaire…
A côté de ce pouvoir de contrôle, certaines dispositions de la loi permettent au conseil de
surveillance de participer activement au fonctionnement de la société : nommer les
membres du directoire, fixer leur rémunération, les révoquer si les statuts le permettent,
désigner le président du directoire et les directeurs généraux, coopter de nouveaux membres
en cas de vacance d’un ou de plusieurs sièges au sein du conseil.
Par ailleurs, le conseil peut convoquer les assemblées générales à défaut de convocation par
le directoire. Il présente à l’assemblée générale ordinaire annuelle ses observations sur le
rapport du directoire ainsi que sur les comptes de l’exercice.

Le conseil de surveillance dispose de plusieurs moyens pour mener à bien son pouvoir de
contrôle. C’est ainsi qu’il peut opérer à toute époque de l’année les vérifications et contrôles
qu’il juge opportun, et se faire communiquer les documents qu’il estime utiles à
l’accomplissement de sa mission.

Le directoire doit remettre périodiquement au conseil de surveillance deux sortes de


documents : son rapport et les comptes principaux de la société.

Par ailleurs, les commissaires aux comptes lui font connaître en même temps qu’au
directoire, les contrôles auxquels ils ont procédé et leurs résultats.
Paragraphe 3 : le commissariat aux comptes

Le commissariat aux comptes est régi par les articles 159 à 181 de la loi 17-95. Ces
dispositions déterminent le statut, les missions et la responsabilité du commissaire aux
comptes.
La désignation d’un ou deux commissaires aux comptes est obligatoire dans toute société
anonyme. Le nombre varie suivant les types de société anonyme. C’est ainsi que deux
commissaires aux comptes sont requis dans les sociétés faisant appel public à l’épargne, les
sociétés de banque, de crédit, d’assurance, de capitalisation et d’épargne. Pour le reste des
sociétés, un seul commissaire est exigé.

La fonction de commissaire aux comptes est réservée aux personnes inscrites au


tableau de l’ordre des experts comptables (art 160). Il s’agit d’une exigence de compétence
qui garantit la qualité du contrôle.

Concernant la nomination des commissaires aux comptes, les premiers sont nommés
dans les statuts ou par acte séparé faisant corps avec les statuts, et au cours de la vie sociale
par l’assemblée générale ordinaire.

Le commissaire aux comptes a deux missions principales. D’une part la vérification


des documents comptables notamment les livres et les valeurs ainsi que la conformité de la
comptabilité aux règles en vigueur. D’autre part, la vérification de la sincérité des informations
données aux actionnaires.

Le commissaire aux comptes a également des missions spéciales. C’est ainsi qu’il
contrôle la régularité des modifications statutaires (réduction du capital, augmentation du
capital, transformation, fusion…) et le déroulement régulier de la vie sociale (convocation de
l’assemblée générale en cas de carence des organes sociaux, contrôle du respect de l’égalité
entre les actionnaires, contrôle des conventions entre la société et ses dirigeants).
De même, il a une mission de prévention des difficultés de l’entreprise (art 547 du code de
commerce). L’alerte doit être déclenchée lorsqu’à l’occasion de l’exercice de sa mission, le
commissaire a connaissance de faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation
de l’entreprise.
Dans l’exercice des différentes missions, le commissaire aux comptes ne doit pas s’immiscer
dans la gestion et doit respecter le secret professionnel. Sinon, il risque d’engager sa
responsabilité.
Section 4 : la dissolution de la SA
A côté des causes de dissolutions communes a toutes sociétés, la SA peut être dissoute pour
des causes spécifiques. C’est le cas lorsque le nombre d’actionnaires est demeuré inférieur
au minimum légal de cinq actionnaires depuis plus d’un an, ou encore si le capital social a
été maintenu depuis plus d’un an à un montant inférieur au minimum légal. Il en est de
même en cas de perte de plus des trois quarts du capital.

Section 3- la société à responsabilité limitée :


1 : les caractères de la SARL :
La SARL est toujours commerciale quel que soit son objet. Elle n’est ni tout à fait une société
de personnes, ni tout à fait une société de capitaux. C’est un type original de société dont les
règles de constitution et de fonctionnement sont inspirées tantôt des premiers tantôts des
secondes.
-les caractères empruntés aux sociétés de personnes sont les suivants :
. La SARL est généralement composée d’un petit nombre d’associés qui se connaissent et se
font confiance. Elle ne peut regrouper plus de 50 associés.
. La session des parts sociales obéit à un régime qui limite la liberté des personnes en la
matière (les parts sociales ne peuvent être cédées à des tiers qu’avec le consentement de la
majorité des associés représentant au moins les trois quarts des parts sociales. Toute clause
contraire est réputée non écrite).
.La gestion est assurée par une gérance comme dans la SNC.
-Les caractères empruntés à la société de capitaux :
. Les associés ne sont pas des commerçants.
. La responsabilité des associés est limitée au montant des apports faits par eux pour la
formation du capital social.
La SARL est régie par les articles 44 à 87 et 113 à 117 de la loi 15-96.

2 : la constitution de la SARL
La SARL obéit aux règles générales de constitution de toute société, avec quelques
particularités :

- Les associés :
La SARL peut ne comporter qu’un associé (c’est la seule exception prévue à la règle de pluralité
des associés). Mais, elle ne peut comprendre plus de 50 associés. Au-delà de ce nombre, elle
doit se transformer en SA. Elle a un délai de 2ans pour procéder à la transformation.

- Apports et capital social


Le capital social est librement fixé par les associés dans les statuts (art 46 de la loi 5-96).
Les apports peuvent être en numéraire, en nature et exceptionnellement en industrie (art 53
al 3).
Les apports en nature sont évalués sous la responsabilité d’un commissaire aux apports. Cette
évaluation doit obligatoirement figurer dans les statuts. Le rapport d’évaluation est annexé
aux statuts.

- Dénomination sociale
Elle peut contenir le nom d’un ou plusieurs associés. Elle doit être précédée ou suivie de la
mention société à responsabilité limitée, ou par les initiales « SARL ».
3 : le fonctionnement de la SARL
Paragraphe 1 : La gérance
A- Statut de gérant

Il peut être désigné un ou plusieurs gérants soit parmi les associés, soit parmi les tiers, à
condition que ce soit des personnes physiques (art 62). Les statuts peuvent exiger la qualité
d’associé pour être gérant.

Les gérants sont nommés dans les statuts ou par acte postérieur (art 62 al 2), et dans ce
dernier cas, la décision doit être prise par les associés représentant au moins les ¾ du capital
social. Toute clause exigeant une majorité plus élevée est réputée non écrite (art 75 al 2).

La durée des fonctions du gérant peut être limitée ou illimitée. En l’absence de


dispositions statutaires sur la durée des fonctions du gérant, ce dernier, qu’il soit associé ou
non, est nommé pour une durée de 3 ans (art 62 al 3).

La loi ne prévoit aucune disposition relative à la rémunération du gérant. Mais, en


général, ce sont soit les statuts soit les associés réunis en assemblée générale ordinaire qui
décident la rémunération du gérant dans une SARL. Dans ce dernier cas, le gérant associé peut
prendre part au vote.

Le gérant de la SARL a la possibilité de cumuler ses fonctions avec un contrat de travail au


sein de la même société, à condition d’exercer un emploi effectif et d’être placé dans un état
de subordination à l’égard de la société.

Le gérant peut être révoqué par les associés représentant les trois quarts des parts sociales.
La révocation peut donner lieu à des dommages-intérêts si elle n’est pas fondée sur de justes
motifs. Il ne s’agit donc pas d’une révocation ad-nutum.

Le gérant peut démissionner. Mais sa démission ne doit pas être faite de façon
préjudiciable à la société. Dans ce cas, la société est en droit de réclamer des dommages-
intérêts au gérant démissionnaire à concurrence du préjudice que lui cause la démission.
A- Les pouvoirs de gérant :

Comme pour la SNC, la loi fait la distinction entre les rapports du gérant avec les associés et
ses rapports avec les tiers.
Dans les rapports avec les tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir
en toute circonstance au nom de la société, sous réserve des pouvoirs que la loi attribue
expressément aux associés. Le gérant ne peut à titre d’exemple approuver seul les comptes
de la société, ni modifier les statuts car ce sont des pouvoirs que la loi attribue aux associés.
Vis-à-vis des tiers, le gérant est le représentant légal de la société. À ce titre, il engage la
société par sa signature.
La société est engagée même par les actes du gérant qui ne relèvent pas de l'objet social à
moins qu’elle ne prouve que le tiers sût que l'acte dépassait cet objet ou qu'il ne pouvait
l'ignorer compte tenu des circonstances, étant exclu que la seule publication des statuts
suffise à constituer cette preuve (art 63 al 3). Exemple : un gérant réserve un billet d'avion
pour un déplacement personnel. Il le paye avec le chéquier de la société. Cet acte ne relève
pas de l'objet social. La société est obligée de payer le billet d'avion car le tiers ne pouvait
savoir que l'acte dépassait l'objet social. Les clauses statutaires limitant les pouvoirs des
gérants sont Inopposables aux tiers.
Dans les rapports entre associés, les pouvoirs des gérants sont déterminés par les statuts, et
dans le silence de ceux-ci, la loi autorise chaque gérant à accomplir tout acte de gestion dans
l'intérêt de la société (art 63 al 1).
B- La responsabilité du gérant :
Le gérant peut engager sa responsabilité civile et pénale.

Responsabilité civile :
Les gérants sont responsables individuellement ou solidairement selon les cas envers la
société ou envers les tiers :
-des infractions aux dispositions légales (inobservation des formalités de constitution de
société ou de modification des statuts, convocation irrégulière des assemblées, refus des
documents sociaux aux associés…)
-de la violation des statuts (dépassement des limites statutaires)
-des fautes commises dans leur gestion (imprudence, négligence, fraude…)
La mise en œuvre de cette responsabilité se base sur les trois conditions classiques : faute,
dommage et lien de causalité entre la faute et le dommage. Elle peut donner lieu à l’exercice
de deux actions :
1-L’action individuelle en réparation du préjudice personnel subi par un associé ou par un
tiers ;
2-L’action sociale pour obtenir réparation du préjudice subi par la société (art 67).

Responsabilité pénale :
Plusieurs infractions peuvent être retenues à l’encontre du gérant (art 104 à 117) : répartition
de dividendes fictifs, présentation de comptes annuels qui ne sont pas le reflet de l’image
fidèle, abus de biens sociaux, le défaut de convocation de l’assemblée…
Les peines varient pour l’emprisonnement d’un mois à deux ans, et pour l’amende de 2000 à
100 000 dhs. Les deux peines peuvent être cumulatives ou alternatives. Ces sanctions sont
portées au double en cas de récidive.
Paragraphe 2 : les associés
A- Le pouvoir de décision
Le pouvoir de décision des associés s’exerce soit dans le cadre des assemblées générales, soit
à travers la consultation écrite.
1- Assemblées générales :
Les associés sont appelés à prendre deux catégories de décisions :

-Ordinaires : elles concernent en particulier l’approbation du rapport de gestion,


l’inventaire et les états de synthèse établis par les gérants dans les six mois de la clôture de
l’exercice (art 70 al 1) ; la rémunération du gérant ; les autorisations à donner au gérant pour
les actes qui excèdent ses pouvoirs ; la nomination du commissaire aux comptes s’il y’a lieu et
l’approbation des conventions réglementées.
Les décisions sur première convocation doivent être prises à la majorité absolue (plus de la
moitié des parts sociales émises par la société).
Si cette majorité n’est pas obtenue, une nouvelle délibération aura lieu sur deuxième
convocation, et la majorité relative des votes suffira, quel que soit le nombre des votants, sauf
disposition contraire des statuts (art 74 al 2).

-Extraordinaires : elles ont pour objet les modifications statutaires : augmentation ou


réduction du capital ; transfert du siège social ; changement ou modification de l’objet ou de
la dénomination ; changement de forme juridique. En principe, elles sont prises par les
associés représentant au moins les trois quarts des parts sociales et toute clause exigeant une
majorité plus élevée est réputée non écrite (art 75 al 2).
Qu’elle soit ordinaire ou extraordinaire, l’assemblée est convoquée par le gérant ou à défaut
par le commissaire aux comptes, le cas échéant (art 71 al 2). Elle peut également être
convoquée à la demande d’un ou de plusieurs associés détenant la moitié des parts sociales
ou représentant à la fois le quart des parts sociales et le quart en nombre des associés (art 74
al 4), ou encore à la demande de tout associé qui, après avoir vainement demandé au gérant
de convoquer l’assemblée, saisit le président du tribunal statuant en référé, pour voir désigner
un mandataire de justice chargé de convoquer l’assemblée et de fixer son ordre du jour (art
71 al 5).
2- La consultation écrite :
Sauf dans les deux cas où la tenue d’une assemblée est obligatoire (approbation du rapport
de gestion, l’inventaire et les états de synthèse (art 70 al 1)), toutes les décisions ou certaines
d’entre elles peuvent être prises par consultation écrite des associés (art 71 al 1).
Dans ce cas, les statuts déterminent la procédure et les délais de cette consultation.
Cette dernière est à l’initiative du gérant, à l’exclusion du commissaire aux comptes ou d’un
mandataire de justice.
B- Le pouvoir de contrôle et de surveillance
Les associés disposent de plusieurs droits qui leur permettent de contrôler la marche de la
société.
1- Droit à l’information :
Pour permettre aux associés d’être éclairés, la loi leur a donné un droit d’information.
C’est ainsi que tout associé, avec l’assistance éventuelle d’un conseiller (art 70 al 6), peut
obtenir au siège social communication des livres, de l’inventaire, des états de synthèse, du
rapport des gérants, du rapport du commissaire aux comptes s’il y’a lieu et des procès-
verbaux des assemblées concernant les trois derniers exercices (art 70 al 4). À la demande de
l’associé, des photocopies de ces documents (à l’exception de l’inventaire) doivent lui être
fournies (art 70 al 5).
Par ailleurs, certains documents sont envoyés d’office aux associés 15 jours au moins avant la
date de l’assemblée annuelle. Il s’agit du rapport de gestion, les états de synthèse, le texte des
projets de résolution et s’il y’a lieu le rapport du commissaire aux comptes.
2- Droit de poser des questions écrites :
Tout associé non gérant peut deux fois par exercice, poser des questions écrites au gérant sur
tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. La réponse du gérant est
communiquée au commissaire aux comptes s’il en existe (art 81).
3- Droit de demander la désignation d’un expert de gestion
Un ou plusieurs associés représentant au moins le quart du capital peuvent, soit
individuellement, soit en se groupant sous quelque forme que ce soit, demander au président
du tribunal statuant en référé, la désignation d’un ou plusieurs experts chargés de présenter
un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion (art 80 al 1).
Le rapport est adressé au demandeur, au gérant, au commissaire aux comptes s’il en existe et
sera annexé au rapport du commissaire aux comptes en vue de la prochaine assemblée
générale (art 82 al 3).
4- Nomination d’un ou plusieurs commissaires aux comptes :
En principe, l'assemblée générale peut nommer un ou plusieurs commissaires aux comptes.
Mais, cette nomination devient obligatoire si le chiffre d'affaires à la clôture d'un exercice
social dépasse le montant de cinquante millions de dirhams hors taxes (art 80 al 2).
Même si ce seuil n’est pas atteint, la nomination d’un ou plusieurs commissaires aux comptes
peut être demandée au président du tribunal par un ou plusieurs associés représentant au
moins le quart du capital social (art 80 al 3).
4 : la dissolution de la société
Outre les règles communes, la SARL obéit à des règles spéciales de dissolution. On peut citer :
- l’augmentation du nombre des associés au-delà de cinquante. Dans ce cas, la société doit se
transformer en SA dans un délai de deux ans à moins que le nombre ne soit réduit à 50. À
défaut, elle est automatiquement dissoute sans qu’il soit nécessaire de demander en justice
la dissolution de la société.
-lorsque la société a pour associer unique une autre SARL composée elle-même d’une seule
personne. Dans ce cas, tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la société.
-Si du fait des pertes constatées dans les états de synthèse, la situation nette de la société
devient inférieure au quart du capital social.

Vous aimerez peut-être aussi