INFECTIONS CUTANEES BACTERIENNES
ERYSIPELE
Dû au streptocoque β-hémolytique du groupe A, l’érysipèle est une dermohypodermite bactérienne
œdémateuse. La localisation au membre inférieur est plus fréquente
Toujours rechercher la porte d’entrée :
- souvent évidente : intertrigo fissuraire des orteils ou ulcère de jambe, éraflure, piqûre ou plaie minime
- parfois inapparente : piqûre ou plaies méconnue
Des facteurs locorégionaux peuvent favoriser sa survenue comme une insuffisance veineuse et/ou
lymphatique
DIAGNOSTIC POSITIF
TDD : Erysipèle de jambe :
Début brutal avec fièvre moyenne à élevée (38° à 40°C)
apparition rapide d’un œdème unilatéral d’un membre inférieur avec douleur intense et impotence
fonctionnelle marquée
Le tableau est celui d’une grosse jambe rouge aigue fébrile (grosse jambe inflammatoire)
L’examen révèle un plaquard oedémateux et inflammatoire avec une peau tendue rouge vif, luisante. Il
s’y associe des bulles ou des phlyctènes
une adénopathie inguinale est présente
D’autres localisations sont possibles selon la porte d’entrée. Un intertrigo du pli interfessier peut donner un
érysipèle des fesses.
Biologie :
o signes non spécifiques : VS augmentée
o signes spécifiques (signes d’une streptococcie) : ASLO supérieurs à 200 UI/ml
Diagnostic différentiel : phlébite, lymphangite
Comlipcations : Fasciite nécrosante+++, surinfection, septicémie
TRAITEMENT
NB : Ce qu’il ne faut pas faire : prise d’AINS. Peut aggraver le tableau et faciliter la survenue
d’une fasciite nécrosante.
Hospitaliser le patient. Au moins 3 à 5 jours pour un retour de la jambe à la normale.
Traitement symptomatique
Traitement local : soin de la porte d’entrée et de la zone ulcérée du placard
1
Traitement général : Antibiothérapie
Pénicilline en perfusion
Ampicilline 3g x 2 par jour en perfusion dans du SGI
Surveillance du traitement : contrôler la régression de l’œdème en comparaison avec le membre sain.
A la fin de l’hospitalisation faire de l’amoxicilline en traitement relais : 3 grammes par jour
Comme séquelle de l’érysipèle on peut avoir un lymphoedème (grosse jambe séquellaire)
Puis Antibioprophylaxie : Benzathylbenzyl pénicilline (EXTENCILLINE) 2 millions 400 mille unités tous
les 21 jours pendant au moins 6 mois
Ajouter des veinotoniques pour faire régresser l’œdème résiduel.
FASCIITES NECROSANTES
Il s’agit souvent d’une complication d’un érysipèle.
Physiopathologie : Dans les fasciites nécrosantes, il y a interaction entre la bactérie et l’hôte.
Les streptocoques A produisent des toxines et des enzymes qui ont une action locale et générale. Les
enzymes telles que la streptodornase B, la streptokinase, la hyaluronidase, la lécithine, la fibrinolysine
contribuent à la progression bactérienne à la destruction tissulaire et aggravent l’ischiémie locale.
Les entérotoxines staphylococciques B et C sont aussi dangereuses. De même, les bactéries anaérobies
produisent des enzymes et toxines létales et nécrosantes.
Circonstance de survenue
- Effraction cutanée (plaie traumatique ou chirurgicale), brûlure
- ulcération cutanée chronique (ulcère de jambe) ou occcasionnelle (varicelle)
Chez un patient se plaignant de douleur intense, croissante et présentant des facteurs de risque de survenue.
SIGNES CLINIQUES : Installation brutale
Signes généraux
Fièvre 39°C mais pas constante
Signes de sepsis sévère (fièvre, tachycardie, obnubilation, hypo TA) ou signes plus discrets tels que :
polypnée, confusion, agitation, tachycardie dissociée de la température, oligurie
Signes locaux
L’œdème est induré, diffus, dépassant les limites peu précises de l’érythème
bulles parfois hémorragiques
2
lésion de nécrose profonde avec aspect cyanique, bleus gris, mal limitées en carte de géographie
Hypoesthésie et aspect livedoïde parfois
crépitation à la palpation est inconstante
Des lésions apparemment simples peuvent cacher des nécroses étendues : les DHBN et les FN se propagent
selon le principe de l’iceberg
Diagnostic différentiel
Erysipèle
Gangrènes ischiémiques
Traitement : chirurgical
FOLLICULITES
Introduction
Témoignent d’une infection du follicule pilosébacé. Sont presque toujours d’origine staphylococcique,
mais Parfois le bacille pyocyanique peut être en cause. Surviennent chez l’adulte jeune au niveau des
régions pourvues de vrais poils. Il y a 3 types de folliculites.
o Folliculites superficielles: localisées à l’ostium folliculaire
o Folliculites profondes: intéresse le follicule pilosébacé de la glande à l’ostium folliculaire
o Furoncle: nécrose de l’appareil pilosébacé (effet des toxines staphylococciques)
Physiopathologie
• Favorisées par la macération et s’observent surtout chez les sujets ayant tendance à l’hypersudation
• Zones de prédilection: les zones de frottement et d’appui
• Partie supérieure du tronc, Fesses, cuisses (rôle des pantalons très serrés) jambes, barbe (rasage
répété favorisant la dissémination)
• Elles affectionnent les zones séborrhéiques du visage, la base des cils, le cuir chevelu
• Le diagnostic est clinique
Folliculite superficielle
• Petite papule périfolliculaire, érythémateuse et douloureuse
• Se recouvre d’une petite pustule centrée par un poil+++
• Sans fièvre
Folliculite profonde
Nodules inflammatoires rouges, fermes, douloureux, surmontés d’une pustule centrée par un poil
3
FOLLICULITES PROFONDES
SYCOSIS DE LA BARBE
Staphylococcique. Folliculite profonde de la barbe, d’évolution chronique récidivante, favorisée par le
rasage mécanique
Donne un placard inflammatoire, infiltré, tuméfié, parsemé de pustules folliculaires et de croûtes. La
pression laisse sourdre un peu de pus.
FURONCLE
Folliculite aigue profonde avec un nodule inflammatoire (érythémateux, induré, chaud et sensible) d’un
cm de diamètre surmonté d’une pustule centrée par un poil.
Il s’ensuit une nécrose du follicule pileux (le bourbillon) initialement adhérent, s’élimine spontanément pour
laisser place à une dépression (cicatrice déprimée définitive).
Pas de fièvre dans les formes non compliquées
diagnostic différentiel : Acné nodulaire inflammatoire, hydrosadénite : infection chronique des glandes
sudoripares apocrines au niveau des aisselles caractérisées par des nodules inflammatoires évoluant vers la
fistulisation
AUTRES FOLLICULITES BACTERIENNES
Folliculite à Pseudomonas aéruginosa : épidémies sélectives, surinfection des acnés au niveau jambes en
cas d’épilation présence de papulo pustules, fébricule, malaise, ADP
conjonctivite, otite parfois
ANTHRAX
Agglomération de plusieurs furoncles. (terrain immunodéprimé)
volumineuse tuméfaction douloureuse, rouge, chaude, parsemée de pustules (aspect cratériforme)
une fois rompu, élimination du pus relativement abondant avant l’élimination des bourbillons
complications (rares) : Lymphangite septicémie
FURONCLES DISSEMINES
Apparition de furoncles multiples, extensifs chez les immunodéprimés
STAPHYLOCOCCIE MALIGNE DE LA FACE
La porte d’entrée est un furoncle. Le germe est véhiculé par voie veineuse.
Œdème du visage, état septicémique, thromboses, risque d’atteinte méningée
altération de l’état général, troubles de la conscience, coma agité et fébrile
Prévention ; éviter la manipulation des lésions de la face
Traitement : antibiothérapie, anticoagulants
4
FURONCULOSE
Répétition des furoncles
facteurs favorisants : obésité, diabète, hygiène défectueuse, déficit immunitaire, carence en fer
IMPETIGO
L’impétigo est une dermatose infectieuse non immunisante due au streptocoque béta hémolytique du
groupe A et/ou au staphylocoque doré.
affection fréquente surtout chez l’enfant, contagieuse, autoinoculable à l’origine d’épidémies scolaires ou
familiales.
la transmission se fait à partir d’un sujet symptomatique (lésion d’impétigo) ou apparemment sain (portage
nasal asymptomatique)
la recherche de dermatose sous-jacente est systématique chez l’adulte et en cas de lésions non périorificielles
chez l’enfant
Le diagnostic de l’impétigo est avant tout clinique
TDD : Impétigo bulleux
réalise des bulles à contenu clair entourées d’une aréole inflammatoire. Rapidement le contenu se trouble, le
toit des bulles se rompt laissant place à un exulcération ourlée puis recouverte d’une croute mélicérique. Puis
se constituent des placards circinés et crouteux évocateurs
Adénopathies satellites fréquentes
Chez l’enfant la localisation la plus évocatrice est le pourtour des orifices naturels
Forme clinique : Impétigo pustuleux : semi de pustules microbiennes
COMPLICATIONS DE L’IMPETIGO : (enfant d’âge scolaire)
Infections locorégionales : pyodermites végétantes, lymphangites
infections générales (rares) : fièvre, septicémie (rare) sauf si traitement tardif ou inadapté
Glomérulonéphrite aigue post streptococcique : recherche de protéinurie
syndrome toxique de l’enfant ébouillanté (Staphylococcal, scalded, skin syndrom SSSS)
TRAITEMENT
Détruire le germes responsables
supprimer les gîtes muqueux à l’origine des récidives
prévenir les complications locales et générales
Soins locaux
antibiotiques
Mesures épidémiologiques : éviction scolaire 48 heures si antibiothérapie
Mesures d’hygiène soins des ongles coupés court linge
5
Examen de l’entourage pour dépister et traiter les sujets atteints
LYMPHANGITE
Inflammation aigue des vaisseaux lymphatiques sous cutanés due le plus souvent au streptocoque béta
hémolytique plus rarement au staphylocoque doré
Siège de prédilection : les membres
PE : plaie septique (blessure, cathéter intra veineux)
dermatose surinfectée (ulcère de jambe, eczéma, intertrigo inter orteil)
Diagnostic :
Cordon rouge, chaud, douloureux, sinueux, infiltré le long des trajets lymphatiques depuis la porte d’entrée
jusqu’aux ganglions (de drainage)
ADP locorégionale douloureuse
fièvre supérieure à 38°5 et altération de l’EG sont fréquentes
Diagnostic différentiel :
Erysipèle
thrombose veineuse profonde
phlébite superficielle : cordon inflammatoire en regard d’un trajet veineux superficiel
pas d’ADP locorégionale ni fièvre élevé
Lymphangite carcinomateuse
Traitement :
- antibiothérapie
- traitement de la PE