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Burkina : Histoire de la statue funéraire
dans le royaume mossi
Publié le mardi 10 septembre 2024 à 19h00min
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mossi &body=Burkina : Histoire de la statue funéraire dans le royaume mossi .%0D%0A%0D%0AAu XVIe siècle,
après que les Nioniosé eurent appelé Naba Wubri pour les les protéger, ils réalisèrent une pierre tombale pour
le souverain Mossi à l’occasion de sa mort, en vue de lui témoigner leur reconnaissance. Jusqu’à la fin du
XVIIIe siècle, cette statue funéraire devient autant une coutume dans le royaume Mossi qu’en même temps un
véritable art de cour. La statue se distingue des autres par ses décorations et sa taille. Dans notre chronique,
nous reviendrons sur le contexte de la réalisation de cette statue funéraire du souverain Mossi et ses
évolutions.%0D%0A%0D%0Ahttps://lefaso.net/spip.php?article132781)
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© Bruno Mignot
Au XVIe siècle, après que les Nioniosé eurent appelé Naba
Wubri pour les les protéger, ils réalisèrent une pierre tombale
pour le souverain Mossi à l’occasion de sa mort, en vue de lui
témoigner leur reconnaissance. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle,
cette statue funéraire devient autant une coutume dans le
royaume Mossi qu’en même temps un véritable art de cour. La
statue se distingue des autres par ses décorations et sa taille.
Dans notre chronique, nous reviendrons sur le contexte de la
réalisation de cette statue funéraire du souverain Mossi et ses
évolutions.
Une pratique vivante avant l’arrivée de Moogho Naaba
Wubri
L’idée de la statue funéraire consiste à fixer sur un support
matériel, l’esprit et la mémoire du défunt souverain, des
personnes illustres et les héros. Cette pratique était vivante
chez les Nioniosé et les Kurumba avant la fondation du
royaume Wubritenga. Vers 1495, Wubri semble été appelé
par les Nioniosé de Guiloungou-Ziniaré pour des besoins de
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protection contre les exactions des populations Ninsi. Il y
établit
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Wubritenga et assura la protection
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des populations hôtes.
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Contexte
A la mort de Wubri vers 1517, les populations hôtes
réalisèrent une tombe décorative à son honneur. Quoi de
plus normal que d’offrir une sépulture digne de ce nom à
son protecteur ! Ce fut une pierre tombale (Yag-kugri en
mooré) à la surface décorée avec une taille des plus grandes
pour rendre hommage à Wubri, eu égard à son action
militaire et politique en faveur des Nioniosé.
Après Wubri, premier roi des Mossi, cette tradition va se
perpétuer mais connaîtra des évolutions jusqu’à Naaba
Saaga II, 32e roi du Moogho (1942-1957). Cette statuaire
mortuaire dans son évolution deviendra un véritable
garant des institutions royales et du maintien du royaume
lui-même. Ce sera aussi un véritable art de cour moaga
encore méconnu, qui se développe jusqu’au milieu du XXe
siècle dont la portée historique et esthétique est indéniable.
Description de la statue funéraire
C’est un ensemble de statuettes groupées formant un bloc
solidaire. Plusieurs personnages y sont représentés autour
du souverain moaga. Selon l’historien Oumarou Nao, la
statuette était composée de la manière suivante : une
première version indique que huit pièces étaient fondues
sur le même socle en une seule et unique scène. Elle
comprenait :
– Son épouse (favorite),
– Deux pages,
– Deux tambourineurs,
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– Un palefrenier tenant les brides du cheval,
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– Un esclave.
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Une deuxième version dit que l’ensemble se compose
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manière suivante :
– Le roi arrêté à côté de son cheval,
– Le palefrenier tenant les brides du cheval,
– L’épouse favorite derrière le chef des tam-tams (bend-
naaba),
– Le chef des tam-tams d’aisselles (loung-naaba),
– Deux pages,
– Trois esclaves.
Cela donne un total de dix personnes composant cette
scène. Professeur d’histoire de l’art africain, auteur de
plusieurs ouvrages sur l’art africain et spécialisé dans l’art
et la vie des peuples du Burkina Faso, Christopher Roy, qui
s’est intéressé à cette production artistique particulière
chez les Moose de Ouagadougou, note : « Chaque portrait
est un groupe d’une vingtaine de personnages. L’empereur
à cheval au centre, entouré de ses musiciens et de ses
serviteurs ».
Le Moogo-naba apparaît à un niveau supérieur que les
autres personnages représentés. La taille des différentes
composantes de l’ensemble se situe entre 15 et 20 cm. La
figure centrale mesure entre 18 et 20 cm de haut, les autres
étant plus petites. La volonté de confirmer la grandeur du
roi, même défunt, sur tous les autres membres du groupe y
était bien respectée. Sa majesté le roi apparaît grandement
par rapport aux autres personnages.
Un véritable art de cour
Toujours selon l’historien Oumarou Nao, cette pratique a
évolué pour
devenir un art particulier dans la cour du roi
confié à des personnages différents. Ainsi note-t-il, « le
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travail de réalisation de cette scène est confié à un groupe
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d’artisans, portant le patronyme
Dossiers (/spip.php?rubrique9) Touré. Ce sont des
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professionnels joailliers intégrés à la cour princière de
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Ouagadougou. IIs ont leur résidence dans un quartier de la
cité du nom de Gnogsin (quartier du gnoaka, le joaillier).
Les Touré, artistes de la cour de Ouagadougou, soutiennent
qu’ils sont venus de Gambaga (nord du Ghana actuel) aux
côtés de l’ancêtre de Naaba Wubri, Ouédraogo. Leur
principale occupation est la fabrication de bijoux,
d’équipements pour les chevaux et autres besoins de la
cour en métaux. Leur principale fonction est la fonte des
effigies funéraires des rois défunts.
D’autres artistes fondeurs se sont installés au Moogo (pays
des Moose) plus tardivement, autour de la fin du XVIe
siècle, début XVIIe siècle : ce sont les fondeurs de
patronyme Dermé. Ceux-ci avaient pour tâche de fabriquer
également des bijoux, des équipements pour les chevaux et
les armes dont le royaume avait besoin pour ses différentes
campagnes. A la différence de leurs collègues de patronyme
Touré, ils ne fondaient pas les effigies mortuaires des rois
mais étaient plus sollicités pour les armes (lances surtout)
et les fers des chevaux. Les artistes fondeurs de patronyme
Touré avaient cependant une préséance sur les Dermé du
fait qu’ils avaient accès à la cour à tout moment, chargés
qu’ils étaient d’exécuter l’ensemble des figurines qui
commémorent les rois défunts. Ils fréquentaient la cour
tant qu’ils le désiraient, avec pour dessein d’observer
suffisamment dans tous ses détails le souverain régnant,
pour que le moment venu, conformément à la règle établie,
ils puissent le reproduire avec le plus de précision de
détails possible. C’est donc à des artistes confirmés que la
cour royale affecte la charge de réaliser les statuettes qui
gardent le souvenir des souverains défunts. En effet, au
décès d’un roi, on fait appel à un artiste Touré pour lui
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faire des recommandations sur la fabrication des
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figurines »
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La statue funéraire inspirée des Nioniosé et des (/spip.php?article64819)
Contactez-nous Kurumba
est devenu au fil du siècle dans le royaume Mossi une
tradition royale réservée à des artistes particuliers à la
mort du chef. Cet art funéraire ressemble à celui de l’Égypte
antique, où au moment du décès du pharaon, ses épouses,
ses fonctionnaires, ses esclaves, ses objets de valeur, de la
nourriture, de la boisson et tout ce qui était nécessaire
devaient l’accompagner dans son long voyage. L’idée
derrière ces soins pour la sépulture du chef (idée très
répandue dans la culture négro-africaine) est qu’il y a une
vie après la mort, la mort n’étant pas une fatalité mais un
voyage et tout doit être préparé pour le voyage du chef dans
l’autre monde.
Bibliographie
Oumarou Nao,1996, in Burkina Faso : cent ans d’histoire
1895-1995, éditions Karthala P.U.O, Tome2
– DELOBSOM Dim AA, « Le Morho Naba et sa cour » Bulletin
du comité d’études historiques et scientifiques de l’Afrique
occidentale française, 1928, pp. 287-417.
– GUIOMAR Michel, Principes d’une esthétique de la mort,
Paris, Ed. José Corti, 1988.
– ZARD Michel, « Introduction à l’histoire des royaumes
Mossi », Tome 1, Recherche Voltaïque 12 et 13, Paris –
Ouagadougou, CNRS-CVRS, 1970.
– Cheikh Anta Diop, Nations nègres et Culture, Présence
Africaine,1995,
Wendkouni Bertrand Ouédraogo
Lefaso.net
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siècle, après queles Nioniosé eurent appelé Naba Wubri pour les les protéger, ils réalisèrent une pierre
tombale pour le souverain Mossi à l’occasion de sa mort, en vue de lui témoigner leur reconnaissance.
Jusqu’à la fin(/spip.php#top_une)
À la Une du XVIIIe siècle, cette statue funéraire
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qu’en même temps un véritable art de cour. La statue se distingue des autres par ses décorations et sa taille.
Dans notre chronique, nous reviendronsRecevez
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