Examen Des Propositions Damendement Des Annexes I Et II
Examen Des Propositions Damendement Des Annexes I Et II
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A. Proposition
Inscrire Guibourtia tessmannii à l’Annexe II de la CITES conformément à l’Article II, paragraphe 2 a), de la
Convention, et à la résolution Conf. 9.24 (Rev. CoP16), annexe 2 a, paragraphe B.
Inscrire Guibourtia pellegriniana à l’Annexe II de la CITES conformément à l’Article II, paragraphe 2 a), de
la Convention, et à la résolution Conf. 9.24 (Rev. CoP16), annexe 2 a, paragraphe B.
Inscrire Guibourtia demeusei à l’Annexe II de la CITES pour des raisons de ressemblance, conformément
à l’Article II, paragraphe 2 b), de la Convention, et à la résolution Conf. 9.24 (Rev. CoP16), annexe 2 b,
paragraphe A.
Annotation (1)
a) les graines (y compris les gousses d’Orchidaceae), les spores et le pollen (y compris les
pollinies). La dérogation ne s’applique ni aux graines de Cactaceae spp. exportées du
Mexique, ni aux graines de Beccariophoenix madagascariensis et de Neodypsis decaryi
exportées de Madagascar ;
d) les fruits, et leurs parties et produits, des plantes acclimatées ou reproduites artificiellement
du genre Vanilla (Orchidaceae) et de la famille Cactaceae ;
e) les tiges, les fleurs, et leurs parties et produits, des plantes acclimatées ou reproduites
artificiellement des genres Opuntia sous-genre Opuntia et Selenicereus (Cactaceae) ; et
f) les produits finis d’Euphorbia antisyphilitica emballés et prêts pour le commerce de détail.
B. Auteur de la proposition
2
Union européenne et Gabon .
CoP17 Prop. 56 – p. 1
C. Justificatif
1. Taxonomie
Spécificités nationales RD Congo Pas de présence recensée Pas de présence recensée Bubinga
dans l’aire de répartition (hors aire de répartition) (hors aire de répartition) Waka,
Waka na maï (Equateur),
Noms communs Kongo (Batetela),
Lusole (Tshiluba),
Noms commerciaux
Kasase-Sase (Kasai)
Noms locaux
2. Vue d'ensemble
La dénomination Bubinga concerne trois espèces distinctes appartenant au même genre Guibourtia
africain : G. tessmannii, G. pellegriniana et G. demeusei. L’appellation Kevazingo en usage au Gabon ne
concerne que les deux premières.
Parmi ces trois espèces, Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana se caractérisent par des
similitudes morphologiques remarquables qui compliquent singulièrement la différenciation des arbres des
deux espèces et de leurs bois respectifs. Leurs populations sont disséminées en densités relativement
CoP17 Prop. 56 – p. 2
faibles (généralement inférieures à 0,05 pieds / ha) dans des aires de répartition étroites se chevauchant à
travers trois pays d’Afrique centrale (Gabon, Cameroun (Sud, Centre et Est), Guinée équatoriale) (3).
Apprécié pour leurs qualités esthétiques, les bois de Bubinga / Kevazingo sont commercialisés sur les
ème
marchés internationaux des bois tropicaux depuis la première moitié du 20 siècle. Les exportations de
3
grumes, qui ont atteint des volumes annuels proches de 90.000 m au Gabon (2000), et des volumes de
3
l’ordre de 15.000 m au Cameroun (1998), ont significativement réduit les populations des espèces
concernées dans leurs aires de répartition respectives.
Au cours des quatre dernières années, la valeur du bois des espèces de Bubinga / Kevazingo s’est
fortement appréciée sur les marchés internationaux en raison de l’augmentation de la demande chinoise.
Les prix de ces bois précieux, qui comptaient déjà parmi les plus élevés, ont connu une appréciation
supplémentaire exponentielle, de l’ordre de 300 à 500% selon les qualités et spécifications. Le bois de
Bubinga / Kevazingo est aujourd’hui, de très loin, le bois le plus onéreux issu des forêts tropicales humides
d’Afrique centrale.
Cette envolée de la valeur du bois du Bubinga / Kevazingo a donné lieu au développement de filières
illégales de prélèvement et d’exportation des espèces concernées dans tous les pays des aires de
répartition. En ne respectant pas les exigences de durabilité des codes forestiers en vigueur dans ces
pays, ces filières fragilisent encore davantage les populations des espèces concernées et risquent de
conduire rapidement à des disparitions au niveau local.
Le présent document suggère que Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana satisfont à l’Annexe II
de la CITES conformément à l’Article II, paragraphe 2(a) de la Convention et à la Résolution Conf. 9.24
(Rev. CoP16), Annexe 2 (a), paragraphe B : Il est établi, ou il est possible de déduire ou de prévoir, qu'une
réglementation du commerce de l'espèce est nécessaire pour faire en sorte que le prélèvement de ses
spécimens dans la nature ne réduit pas la population sauvage à un niveau auquel sa survie pourrait être
menacée par la poursuite du prélèvement ou d'autres influences.
En bloquant les expéditions des volumes de bois récoltés et commercialisés illégalement à destination du
marché international, l’inscription des espèces de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia pellegriniana
(ainsi que celle de Guibourtia demeusei pour raisons de ressemblance) en annexe II de la CITES
permettra de réguler le commerce international des bois de ces espèces et de garantir que le
raffermissement récent de la demande internationale pour le bois de Bubinga / Kevazingo ne soit pas
préjudiciable à leur maintien dans l’ensemble de leur aire de répartition, non seulement au Gabon, mais
également dans les pays voisins où elles sont présentes.
3. Caractéristiques de l'espèce
En raison de la similitude de leur morphologie, les arbres des espèces Guibourtia tessmannii et Guibourtia
pellegriniana ne sont pas distingués dans les locutions locales. Ils sont indifféremment dénommés
Kevazingo au Gabon, Bubinga rose ou Essingang (ewondo) au Cameroun, et Oveng (fang) en Guinée
Équatoriale. Ces deux espèces sont en effet morphologiquement proches, mais se différencient sur la
structure de l’écorce et l’anatomie du bois (Bamford, 2005). Ces éléments de différentiation sont si discrets
que la distinction entre les deux espèces est assez difficile pour les opérateurs sur le terrain.
Les aires de répartition de G. tessmannii et G. pellegriniana, arbres des forêts denses humides
sempervirentes d’Afrique centrale, sont circonscrites à la région la plus occidentale de ces forêts.
CoP17 Prop. 56 – p. 3
Ces espèces sont présentes dans les forêts du Gabon, dans les régions Sud, Centre et Est du
3
Cameroun, ainsi que dans toute la Guinée Equatoriale ( ).
G. tessmannii se rencontre sur le terrain ferme depuis le Sud du Nigeria jusqu’au Sud du Mayombe à
travers le Cameroun, la Guinée Équatoriale et le Gabon (CTFT, 1977). La présence de l’espèce au
Sud du Nigéria est très vraisemblable (6), mais elle n’est confirmée par aucune source dans la partie
Sud du Mayombe au Congo et en République Démocratique du Congo.
L’aire de répartition de G. pellegriniana est plus limitée que celle de G. tessmannii. Selon Souane
(1985), cité par Tosso (2015a), G. pellegriniana est limitée aux forêts littorales du Cameroun et du
Gabon, et donc également aux forêts de la Guinée Equatoriale. Et, Meunier et al. (2015) confirment
que l’aire de répartition de cette espèce est restreinte aux forêts littorales. Toutefois, des récentes
études moléculaires indiquent que G. pellegriniana ne colonise pas uniquement les forêts côtières ;
elle pénètre plus à l’intérieur du continent et peut vivre en sympatrie, c’est-à-dire que son aire de
répartition chevauche celle de G. tesmanii, mais probablement en densité plus faible que cette
dernière (Doucet, communication personnelle).
3.2 Habitat
Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana sont des espèces forestières de sol ferme (CTFT,
1977) qui se rencontrent sur des sols bien drainés (Leemens et al., 2012). Une des principales
caractéristiques de ces deux espèces est leur dissémination diffuse dans leur aire de répartition.
Selon De Saint Aubin (1983), bien que le Kevazingo se rencontre dans tout le Gabon, il est
disséminé pied par pied dans la forêt primitive. Il serait cependant plus abondant dans les forêts
mixtes à Okoumé et à Ozouga. Cette abondance relative dans ce type de forêt a été établie pour la
première fois lors de la mission forestière coloniale (Bertin, 1929). Les espèces du genre Guibourtia
des forêts denses humides tropicales de terre ferme (7) sont généralement très disséminés avec des
densités faibles (Tosso, 2015a).
Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana sont des espèces semi-hélophiles, non grégaires
(Meunier et al., 2015). Au Gabon, la croissance annuelle en diamètre de G. tessmannii serait de
l’ordre 0,35 cm / an dans leur milieu naturel (Picard et Gourlet-Fleury, 2012). Pour l’administration
camerounaise, l’accroissement diamétrique annuel à prendre en considération pour l’aménagement
du Bubinga rose (G. tessmannii) est de 0,45 cm / an.
Les graines de ces espèces hermaphrodites sont dispersées par ouverture de la gousse (autochorie)
et probablement par les animaux qui sont attirés par l’arille qui entoure la graine (Meunier et al.,
2015). Parmi les disperseurs identifiés, on recense le rat d’émien (Crycetomis emini), la funisciure à
dos rayé (Funiciurus anerythrus), la pintade noire (Agelastes niger), le Mandril (Mandrillus sphynx), le
touraco géant (C. cristata), le grand calao à casque noir (Ceratogymna atrata) et le calo pygmée
(Toackis camurus). Selon Tosso et al. (2015b), la modification des densités relatives de ces espèces
au profit du rat d’émien entraînerait une « quasi-absence de régénération naturelle » de
G. tessmannii. Ces auteurs montrent ainsi que l’exploitation illégale et la prédation des graines par
les rats constituent une double pression sur l’espèce et pourrait à terme comprmettre sa résistance
dans son biotope.
(6) En raison de la présence avérée de Guibourtia tessmannii dans les UFA riveraines de la frontière entre l’Ouest du Cameroun et le
Sud du Nigéria. Voir carte en annexe 1.4.
(7) Les Guibourtia concernées sont Guibourtia tessmannii, Guibourtia pellegriniana et Guibourtia ehie. Cette troisième espèce, qui est
également appelée Bubinga au Cameroun, n’est pas considérée dans le cadre de la présente proposition car ses populations sont
moins menacées par le commerce international. Son bois brun facilement identifiable, qui ne peut en aucune manière être confondu
avec celui des autres espèces de Bubinga, est en effet moins valorisé sur les marchés.
CoP17 Prop. 56 – p. 4
3.4 Caractéristiques morphologiques(8)
Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana sont de très grands arbres atteignant 60 m de haut
et 2 m de diamètre, munis de grands contreforts sinueux (Meunier et al., 2015). Le pied est muni
d’accotements irréguliers se prolongeant parfois par des cannelures. La cime est largement
hémisphérique à branches dressées et étalées, le couvert apparaissant dense et foncé (Tailfer,
1989). Au Gabon et au Sud Cameroun, on a observé des spécimens de Kevazingo et de Bubinga
dont la base avait un diamètre largement supérieur à 200 cm (9).
Le fût de G. tessmannii est droit et cylindrique et dépourvu de branches sur 20 mètres. Il peut
atteindre 200 cm de diamètre et est souvent pourvu de grands contreforts minces atteignant 3 mètres
de haut. La cime de l’arbre est dense et arrondie (Leemens et al., 2012). Le fût de G. tessmannii
atteindrait des diamètres supérieurs à celui de G. pellegriniana (Doucet, communication personnelle).
G. tessmannii présente une écorce dont la surface est gris verdâtre à brun rougeâtre, écailleuse avec
de petites écailles arrondies laissant des dépressions orange à rouge. Son écorce interne est
cassante, rougeâtre à brune, et sécrète un exsudat gélatineux de couleur rougeâtre (Leemens et al.,
2012). G
La tranche de G. tessmannii est brun-rose et crème dans la partie intérieure, pouvant laisser
échapper une sorte de gomme rougeâtre. Celle de G. pellegriniana exsude une gomme jaune clair
(Meunier et al., 2015). La coupe est brun-rouge, mi épaisse, fibreuse dans la partie interne, exsudant
une gomme gélatineuse de couleur groseille (G. tessmannii) / de couleur jaune clair (G.
pellegriniana) (Tailfer, 1989).
Les feuilles de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia pellegriniana sont composées d’une seule
paire de folioles à base inégale (Meunier et al., 2015). Selon Tailfer (1989), les feuilles sont
composées pennées à une seule paire de folioles acuminées, légèrement arquées, sans
ponctuations translucides marquées.
Les fruits sont de petites gousses rondes, d’abord bombées puis aplaties, de surface fortement
plissée et striée chez G. tessmannii, couvertes de petits grains chez G. pellegriniana. Les graines
sont complètement entourées d’une arille rouge (Meunier et al., 2015). La gousse est plate,
suborbiculaire, de 2-3 cm, à valves coriaces, et contient une à deux graines arillées (Tailfer, 1989).
Celle de Guibourtia tessmannii est courtement pédicellée, à valves fortement striées et mucron
basilaire à peine marqué alors que celle de Guibourtia pellegriniana est longuement pédicellée, à
valves chagrinées et mucron basilaire latéral.
Les fleurs sont petites, apétales, contiennent 4 sépales et 10 étamines réunies en panicules. Chez
Guibourtia tessmannii, l’ovaire est subsessile et hirsute. Chez Guibourtia pellegriniana, l‘ovaire est
brièvement stipité et glabre (Tailfer, 1989).
Les bois de Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana sont difficiles à distinguer visuellement.
Pour chacune des deux espèces, le bois est dur et lourd (classe 4), de teinte rosée ou brun
rougeâtre, très finement veiné de rouge violacé. Quelques veines peuvent être plus foncées et tendre
vers le brun. Le fil de leur bois est parfois ondulé, mais le grain est en général plutôt fin. Ces
9
caractéristiques lui ont valu le nom de « bois de rose africain » dès le début de l’ère coloniale ( ).
Le cœur et l’aubier sont différenciés […]. L’aubier blanchâtre est assez épais sur les billes de faible
diamètre. Le bois est à grain moyennement fin, tantôt de fil, tantôt à fibres enchevêtrées (bois figuré)
CoP17 Prop. 56 – p. 5
(11). Les veines colorées, irrégulières et assez rapprochées, sont plus ou moins accusées suivant les
provenances. Il semble aussi que G. pellegriniana fournisse un bois à grain plus fin et à veines moins
accusées que G. tessmannii […]. La répartition des espèces productrices montre qu’on peut trouver
toute la gamme des veinages (Bayol et Borie, 2004).
L’Institut de Thünen (Allemagne), qui a développé un outil d’identification des bois sur base de leurs
caractéristiques microscopiques (http ://delta-intkey.com/wood/fr/index.htm), fournit une description
exhaustive des bois du genre Guibourtia, mais sans distinguer les caractéristiques spécifiques des
espèces G. pellegriniana, G. tessmannii (et G. demeusei). Dans le cadre de la présente inscription de
ces espèces en annexe II de la CITES, des échantillons seront analysés et caractérisés sur les plans
micro et macroscopique à l’aide de l’outil d’identification CITESwoodID.
Comme toute essence forestière, Guibourtia tessmannii et G. pellegriniana, jouent un rôle très
important dans l’écologie de la forêt, notamment dans la structure spatiale des communautés
végétales par l’attrait des prédateurs qui permettent leur dispersion et regénération.
4. Etat et tendances
La diminution graduelle de la superficie des forêts denses humides d’Afrique centrale est aujourd’hui
amplement documentée. Selon les estimations les plus récentes portant sur l’ensemble du massif
forestier sous-régional, la déforestation cumulée enregistrée entre 1999 et 2012 aurait atteint 4,6 %
du couvert forestier (forêt dense humide) restant en 2012 (de Wasseige, 2015).
(11) Cette caractéristique de bois figuré – couplée aux dimensions spectaculaires que peuvent atteindre les sciages en plots – constitue un
des principaux facteurs d’attraction pour le bois de Bubinga / Kevazingo sur les marchés internationaux. Non seulement sur les
marchés asiatiques (voir section 6 ci-dessous), mais également aux Etats-Unis.
(12) Voir la planche photographique en annexe 2a et le descriptif complet en annexe 2b.
CoP17 Prop. 56 – p. 6
La faible densité des différentes espèces de Bubinga présentes dans les forêts de sol ferme a été
notée par les exploitants forestiers dès le début de la valorisation des massifs africains à l’époque
coloniale. « Ces arbres sont en général très disséminés et très peu abondants les peuplements »
(Méniaud, 1931). Cette faible densité de la population est confirmée par les études les plus récentes
(Tosso et al., 2015a).
Au Gabon, plusieurs estimations du stock existant ont été proposées sur base d’extrapolation
d’inventaires locaux. Effectuées dans une logique de rendement soutenu de l’exploitation forestière,
ces estimations portent sur des volumes de matière ligneuse plutôt que sur les populations des
espèces considérées. En 1975, le Centre Technique des Forêts Tropicales a annoncé un stock
probable de Kevazingo (Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana) compris entre 3 et
3
7 millions de m pour l’ensemble du Gabon. En 1995, l’administration gabonaise en charge des
inventaires (DIARF) a sensiblement augmenté cette estimation, en la portant à une fourchette entre
3
7 et 13 millions de m . Il convient cependant de considérer ces estimations avec réserves. Après
avoir analysé les données des inventaires cités ci-dessus, Christy a noté en 2003 que « les réserves
en bois du Gabon ne sont pas connues d’une manière fiable » (Christy et al., 2003, pages 75 à 77).
Dans les deux autres pays de l’aire de distribution (Cameroun et Guinée Equatoriale), la taille des
populations des espèces n’a pas fait l’objet d’estimation au niveau national.
De bonnes estimations des populations existent cependant à l’échelle locale. En effet, dans le cadre
de l’aménagement durable des concessions forestières exploitées pour la production de bois
d’œuvre, les législations des pays de l’aire de répartition exigent depuis une quinzaine d’années que
des inventaires spécifiques soient conduits pour l’ensemble des espèces forestières exploitées.
Au Gabon, les inventaires d’aménagement conduits dans les concessions forestières sous
aménagement durable (CFAD) ont confirmé la présence en faibles densités de populations éparses
de Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana. Des informations sur les données
d’aménagement ont pu être obtenues pour 7 Concessions Forestières sous Aménagement Durables
(CFAD) totalisant une superficie de 1,6 million d’hectares. Ces données révèlent un volume
3 3
commercial en kevazingo compris entre 0,00009 m /ha et 0,0045 m /ha (voir annexe 6a).
Etant donné que ces données ne concernent pas toutes les classes de diamètre (et que les classes
considérées sont différentes entre les 7 CFAD), il n’est pas possible de déduire des données fournies
des densités de population établies en tiges/ha. Sur base des volumes commerciaux moyens, il
apparaît que ces densités de population sont extrêmement faibles. Il est vraisemblable que ces
densités soient plus importantes dans d’autres CFAD dont la gestion forestière est certifiée Forest
Stewardship Council (FSC) et dans lesquelles le Kevazingo est exploité sous aménagement durable.
Les données d’inventaires de ces CFAD certifiées, qui totalisent une superficie cumulée de plus
d’1,75 million d’hectares (voir annexe 6a), sont à même de fournir des informations plus détaillées sur
les populations de Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana.
Au Cameroun, Guibourtia tessmannii a été recensé dans une vingtaine de concessions aménagées
en vue de la production durable de bois d’œuvre, sur une superficie cumulée de près de 1,6 million
d’hectares. Les inventaires d’aménagement y ont tous révélé des densités extrêmement faibles,
comprises entre 0,0018 tige (>20 cm) / ha et 0,06 tige (>20 cm) / ha (voir annexe 6b). Dans 13 des
20 concessions considérées, cette représentation extrêmement faible a conduit à la décision
d’interdire l’exploitation de Guibourtia tessmannii dans le cadre de l’aménagement.
Au Gabon, les résultats d’inventaire et les plans d’aménagement des CFAD ne sont
malheureusement pas des documents publics. Or, c’est à partir des résultats d’inventaire
d’aménagement qu’il est possible de dresser des courbes de structures de population, en fonction
des effectifs inventoriés par classes diamétriques. Les structures de population reprises ci-dessous
sont issues des inventaires d’aménagement de deux CFAD seulement, et ne peuvent donc être
extrapolés pour toute l’aire de répartition au Gabon.
Dans le cas du Cameroun, les plans d’aménagement des concessions forestières sont publics.
Cependant, en raison des très faibles densités enregistrées dans toutes les concessions forestières
où Guibourtia tessmannii a été identifié lors des inventaires d’aménagement (voir annexe 6b), il n’est
pas pertinent d’y établir la structure de population de l’espèce. Ni au niveau des superficies
inventoriées, ni à fortiori au niveau national.
CoP17 Prop. 56 – p. 7
Malgré cette réserve, les structures de population de Guibourtia tessmannii ont été représentées en
courbes de distribution par classe diamétrique dans la plupart des plans d’aménagement des
concessions où l’espèce a été inventoriée au Cameroun. Ces courbes de distribution y sont
systématiquement défavorables (13). Dès 1998, le projet API Dimako en appui à l’aménagement
durable des forêts camerounaises avait averti que la décision d’exploiter des essences caractérisées
par de telles courbes défavorables pouvait entraîner une extinction locale (FORAFRI 1998,
page 112).
KEVAZINGO
0.025
Densité (tiges / ha)
0.020
0.015
0.010
0.005
0.000
100
120
140
20
40
60
80
Classes de diamètre
Les tendances des populations de Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana sont difficiles à
établir avec précision. D’une part, la taille de leurs populations n’est pas connue avec précision (voir
ci-dessus). D’autre part, l’influence des prélèvements sur les capacités de régénération de ces
populations n’ont pas fait l’objet d’évaluations suffisamment précises. Cela est en partie dû aux
connaissances encore lacunaires sur la dynamique des peuplements, la phénologie et les modes de
dispersion de ces espèces.
Il est cependant acquis que leur potentiel de régénération est limité, indépendamment de leur
exploitation pour la production de bois d’œuvre, notamment en raison de leurs faibles densités et de
la modification des populations des disperseurs de leurs graines. La régénération de ces espèces
apparaît très clairement déficitaire dans plusieurs régions de leur aire de répartition où leurs
populations et la dynamique de leurs peuplements ont pu être étudiées plus en détail (Precious
Woods 2014, Tosso et al., 2015a).
Il est vraisemblable que les densités les plus faibles se rencontrent dans les régions forestières
situées en limite de l’aire de répartition. Dans le cas de cas de Guibourtia tessmannii et Guibourtia
pellegriniana, ces régions périphériques de l’aire de répartition sont le Sud du Nigéria, l’Est du
Cameroun, le Nord du Mayombe (Congo) et l’Est de la Sangha (Congo et République centrafricaine)
5. Menaces
Dans le cadre de la mise sous aménagement durable des grandes concessions forestières affectées à la
production de bois d’œuvre à partir du début des années 2000, les données d’inventaire collectées au
Cameroun et au Gabon ont clairement démontré que les niveaux de prélèvements devaient être gérés
avec précaution. Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana, plus particulièrement, se caractérisent
(13) A l’exception notable de l’UFA 09-024. Dans cette concession certifiée FSC, Guibourtia tessmannii est exploitée, mais à un diamètre
minimum ayant été porté de 80 cm (DME) à 110 cm (DMA) dans le cadre de l’aménagement durable de l’espèce.
CoP17 Prop. 56 – p. 8
par des densités de population relativement faibles. Ces faibles densités peuvent s’avérer d’autant plus
préjudiciables à leur maintien dans l’ensemble de leur aire de répartition que leur régénération est
localement affectée par la modification des populations relatives des prédateurs et disperseurs naturels de
le leurs graines (densification relative des populations de rats d’Emien (Crycetomis emini)) (Tosso et al.,
2015a).
Il est vraisemblable que les faibles densités enregistrées dans l’ensemble des zones où ces deux espèces
ont été inventoriées aient été négativement impactées par l’exploitation commerciale du Kevazingo et du
Bubinga depuis le début de l’ère coloniale (14), notamment par les niveaux de prélèvement plus élevés
enregistrés entre 1990 et 2010 (voir section 6 ci-dessous).
6. Utilisation et commerce
Les arbres de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia pellegriniana ont une importance socio
culturelle dans l’ensemble de leurs aires de répartition. Ils sont considérés comme sacrés dans les
traditions coutumières (Nke Ndih, 2014), et leurs écorces ont des propriétés médicinales largement
partagées par les pharmacopées locales (Tosso et al., 2015a). Les extraits fermentés de feuilles et
d’écorce de Bubinga sont également utilisés comme pesticides naturels pour lutter contre la
pourriture brune dans les plantations de Cacao dans la région centre du Cameroun (Sonwa, 2002).
Le bois de Bubinga / Kevazingo a toujours été très apprécié sur les marchés domestiques des pays
de son aire de répartition, où il est traditionnellement considéré comme un des bois les plus précieux
pour la menuiserie et l’ébénisterie (avec le Wenge, le Moabi, le Doussie et l’Assamela notamment).
C’est très clairement le cas dans le Sud du Cameroun (Betti, 2012). Sur les marchés informels du
3
bois au Cameroun, le prix du m de sciage de Bubinga varie aujourd’hui entre 84.000 FCFA (marché
de Yaoundé) et 355.000 FCFA (marché de Douala) (MINEPA,T 2014 ; Kana et al., 2015). Depuis
2012, il est cependant devenu très difficile de se procurer du bois de Bubinga pour usage domestique
au Cameroun, étant donné que les volumes prélevés sont préférentiellement orientés vers le marché
international beaucoup plus rémunérateur
Durant de nombreuses décennies, les forêts tropicales d’Afrique centrale ont été exploitées en
dehors de l’aménagement. Les seules contraintes réglementaires imposées aux exploitants étaient la
détention d’un titre valable et le respect de diamètres minima d’exploitation fixés sans références
3
scientifiques (15). Durant cette période, plusieurs centaines de milliers de m de Guibourtia tessmannii
et de Guibourtia pellegriniana ont été exportés sur les marchés internationaux, principalement à
destination de l’Europe (Tableau 2).
Depuis les années 2009-2010, la pression commerciale pour le bois du Kevazingo et du Bubinga
connaît un raffermissement spectaculaire intimement liée à la demande croissante des marchés
chinois pour les bois de rose valorisés en ébénisterie et en ameublement par la tradition socio
culturelle chinoise Hongmu (红木). Tout en étant en plein boom en raison du développement des
classes moyennes dans l’économie chinoise, l’industrie d’ameublement Hongmu est confrontée
depuis plusieurs années à la contraction de ses sources d’approvisionnement traditionnelles en Asie
du Sud Est, où plusieurs espèces locales de bois de rose surexploitées de longue date sont
menacées d’extinction et ont été inscrites en annexe II de la CITES. L’industrie de l’ameublement de
luxe a par ailleurs fait l’objet d’investissements spéculatifs au cours des dernières années, et les
responsables chinois du secteur déclaraient en 2014 s’attendre à une appréciation continue des prix
(14) L’hypothèse d’une surexploitation passée des essences de grande valeur commerciale a été formulée par de nombreux experts. Voir
notamment à cet égard certaines conclusions du projet Forêts et Terroirs au Cameroun (BFT 2004).
(15) Voir section 7 (instruments juridiques).
CoP17 Prop. 56 – p. 9
de l’ameublement de luxe et des matières premières d’approvisionnement du secteur dans les
prochaines années (Wang Man, 2014).
Les bois des différentes espèces de Bubinga, dont les qualités esthétiques sont proches des
espèces asiatiques de bois de rose les plus valorisées dans la tradition Hongmu ( 16), se sont
graduellement imposés comme des alternatives de premier choix pour cette industrie en
expansion (17). Au cours des cinq dernières années, l’expansion de cette « demande Hongmu » pour
l’approvisionnement des marchés chinois a entraîné un engouement sans précédent pour le Bubinga
dans les principaux pays producteurs de son aire de répartition, au Gabon et au Cameroun plus
particulièrement.
3
Tableau 2. Volumes de G. tessmannii et G. pellegriniana exportés par le Gabon et le Cameroun (m ) (*) (**)
Gabon Cameroun Gabon Cameroun
1987 20.487 (1) 2002 77.176 (4)
1990 22.519 (2) 4.537 (1) 2003 50.632 (4) 3.459 (4)
1991 22.809 (2) 2004 51.288 (4) 2.559 (4)
1992 37.233 (2) 2005 58.627 (4) 1.427 (4)
1993 43.023 (2) 2006 56.000 (5) 1.368 (4)
1994 41.653 (2) 2007 63.051 (4) 2.120 (4)
1995 70.037 (2) 11.200 (1) 2008 76.232 (4) 1.415 (4)
1996 42.490 (2) 14.100 (1) 2009 78.075 (4) 1.421 (4)
1997 55.719 (3) 13.443 (2) 2010 2.663 (4)
1998 79.514 (3) 14.734 (2) 2011 17.210 (6) 2.802 (4)
1999 75.526 (3) 3.847 (3) 2012 30.318 (6) 1.372 (5)
2000 87.395 (4) 1.160 (3) 2013 17.458 (6) 1.293 (5)
2001 86.431 (4) 2.589 (4) 2014 1.679 (6)
Sources Gabon : (1) UICN 1990, (2) DIARF 2000, (3) Christy 2003, (4) ATIBT, (5) MPRA 2009, (6) Mapaga 2015
Sources Cameroun : (1) RdB 1999, (2) Mimbimi Essono P., 2000 ; (3) BM 2010, (4) ATIBT, (5) T Mahonghol et al. 2015, (6)
CAMCOM 2015
(*) En italique : sciages. Pour obtenir les volumes en EBR (Equivalent Bois Ronds) comparables avec les autres données, il
faut tenir compte du rendement usine – de l’ordre de 30% à 40% – et donc multiplier les valeurs par 3.
(**) Au Cameroun, les statistiques officielles n’ont pas fait la distinction entre le Bubinga rose (G. tessmannii / G. pellegriniana) et
le Bubinga rouge (G. demeusei) pour toutes les années listées dans le tableau.
Au cours des 4 dernières années, le volume officiel des exportations de sciages (exprimé en
3
Equivalent Bois Ronds) a varié entre 50.000 et 100.000 m au Gabon et entre 5.000 et 10.000 m3 au
Cameroun.
Tableau 3. Evolution des prix du Bubinga / Kevazingo sur les marchés internationaux
Prix (m3) Spécifications Source Comparaisons
Bubinga Grumes Doussie 457 €
2006 457 € ITTO Tropical Market Report
export Afrormrosia 391 €
Bubinga Grumes Padouk 305 €
2007 533 € ITTO Tropical Market Report
export Moabi 297 €
Bubinga Grumes Padouk 259 €
2008 533 € ITTO Tropical Market Report
export Moabi 259 €
CoP17 Prop. 56 – p. 10
Prix (m3) Spécifications Source Comparaisons
Bubinga Grumes Padouk 310 €
2009 500 € ITTO Tropical Market Report
export Moabi 270 €
Déc. Bubinga Grumes Padouk 380 €
790 € ITTO Tropical Market Report
2011 export Sciages Padouk 850 €
Grumes Bubinga ITTO Tropical Market Report
1.840 – 2.125 € Grumes Wenge 700 €
(dia+80) (Guangzhou Yuzhu Wholesale Prices)
1.910 – 2.235 € Sciages Bubinga ITTO Tropical Market Report (Shanghai African rosewood 920 €
Févr. Furen Wholesale Prices)
2015
Grumes Kevazingo ITTO Tropical Market Report Grumes Padouk 540 €
1.230 – 4.800 € (€ / tonne, toutes (Zhagijagang Timber Market Wholesale Grumes Wenge 710 €
qualités) Prices) Grumes Afro 920 €
Les exportations en containers de sciages bruts en plots, contenant encore l’aubier, sont très
courantes. Il n’y a actuellement aucune exportation sous forme de placages, déroulages ou
tranchages.
Au Cameroun, la multiplication des cas d’illégalité dans l’exploitation et le commerce du Bubinga est
avérée depuis plusieurs années (Betti, 2012 (pages 72-78) ; TRAFFIC 2015, (page 14)). Les cas
d’illégalité sont par ailleurs documentés par plusieurs sources officielles récentes. Voir notamment (i)
les rapports de l’observateur indépendant au contrôle forestier et au suivi des infractions forestières
(entre autres les rapports 61, 63, 65, 70, 71 publiés par AGRECO-CEW), (ii) le rapport 2013 du
gouvernement sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun (CONAC 2013), et (iii) le
sommier des infractions forestières mis à jour en septembre 2015 (qui identifie une quinzaine de
contentieux relatifs à l’exploitation et au commerce du Bubinga (MINFOF 2015)).
Au Gabon, les cas d’illégalité dans l’exploitation et le commerce du Kevazingo sont également avérés
depuis 2012. Mais c’est principalement à partir de 2015 que l’ampleur du phénomène a été révélée,
avec la mise à jour de plusieurs filières illégales impliquant une partie de l’administration forestière.
Les articles de presse évoquant les développements les plus récents sont disponibles sur le site de
l’ONG gabonaise conservation-justice (http ://www.conservation-justice.org/CJ/?lang=fr).
Bien que les statistiques nationales d’exportation des espèces concernées semblent indiquer une
3
baisse relative des prélèvements par rapport aux chiffres de la fin des années 1990 (17.458 m de
3
sciages de Kevazingo au Gabon en 2013, 1.679 m de sciages de Bubinga au Cameroun en 2014),
les volumes réellement exploités y sont en réalité largement supérieurs. Le fait est qu’une grande
part de ces volumes sont exploités en vue d’approvisionner des filières d’exportation informelles et
illégales, et ne sont donc pas officiellement déclarés, ni a fortiori enregistrés dans les statistiques
d’exportations.
CoP17 Prop. 56 – p. 11
6.5 Effets réels ou potentiels du commerce
Il est évident que si des mesures énergiques ne sont pas prises rapidement pour empêcher
l’approvisionnement du marché international par des filières de prélèvement illégales, les populations
de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia pellegriniana vont se raréfier davantage, et les espèces
vont disparaître des régions de leur aire de répartition où leur situation est actuellement la plus
précaire.
7. Instruments juridiques
A partir des années 2000, le cadre réglementaire a évolué dans les pays de l’aire de répartition. Il a
graduellement imposé l’aménagement durable dans les grandes concessions industrielles, lequel a
en partie conduit à une diminution des prélèvements de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia
pellegriniana dans les surfaces aménagées (19).
L’exploitation de ces espèces sous forme de grumes a été interdite au Cameroun (1999) ( 20) et au
Gabon (2010). Pour autant, l’exploitation de ces espèces reste autorisée dans les permis forestiers
du domaine rural (Gabon) / du domaine forestier non permanent (Cameroun) où l’aménagement
durable en vue de la préservation des ressources n’est pas une obligation légale.
Les diamètres minimum d’exploitation (DME) s’imposent normalement à tout exploitant, quel que soit
le titre d’exploitation considéré. Les diamètres en vigueur pour Guibourtia tessmannii, Guibourtia
pellegriniana et Guibourtia demeusei dans les principaux pays de leurs aires de répartition sont repris
ci-dessous.
Tableau 4. DME dans les pays de l’aire de répartition Gabon Cameroun Congo RCA RDC
Dans le cas du Kevazingo et du Bubinga, le respect des DME ne constitue cependant pas une
garantie scientifique à l’heure actuelle. « L’exploitation forestière en Afrique centrale et de l’Ouest est
sujette à une série de mesures légales censées assurer une gestion durable. Sur le plan technique,
l’une des contraintes imposées aux exploitants est la fixation d’un DME […]. Ces diamètres doivent
être revus à la hausse par les exploitants s’ils ne permettent pas une reconstitution suffisante après
une première rotation. Mais le principal défaut de ces valeurs est qu’elles ne sont généralement pas
établies sur une base scientifique. Il faudrait effectivement que les diamètres de fructification soient
pris en compte afin de garantir le maintien de semenciers. Malheureusement, de telles données font
défaut pour les espèces du genre Guibourtia » (Tosso et al., 2015a).
(18) Il n’est pas scientifiquement établi que les exigences légales de l’aménagement forestier, telles qu’elles sont actuellement formulées
et mises en œuvre dans les concessions forestières des pays de l’aire de répartition, garantissent effectivement le maintien des
populations des espèces d’arbre dont la densité est faible et la régénération problématique. Voir section 7.
(19) Au Cameroun, la faible densité de Guibourtia tessmannii dans 13 des 20 concessions inventoriées dans le cadre de l’aménagement durable y
a conduit à la décision d’interdire l’exploitation de l’espèce.
(20) Cette interdiction a été assouplie en 2001 avec l’adoption de quota d’exportation pour les exploitants. Les statistiques officielles n’ont
cependant plus renseigné d’exportation de Bubinga rose sous forme de grumes depuis cette date.
CoP17 Prop. 56 – p. 12
Au début des années 2000, la communauté scientifique avait recommandé que les administrations
forestières des pays d’Afrique centrale fixent des conditions d’exploitation restrictives pour
l’aménagement des espèces convoitées sur le marché international mais dont les densités,
structures de populations et taux de régénération sont défavorables (critères auxquels répondent
Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana). Les recommandations suivantes avaient
notamment été émises :
2
- fixer un seuil de densité minimal d’arbres au km , en dessous duquel l’exploitation de
l’essence considérée est interdite pour la durée de l’aménagement ; ce seuil pourrait être de
2
5 tiges/km ;
- faire en sorte que toute essence exploitée doive être aménagée, c’est-à-dire qu’elle fasse
l’objet d’un calcul de reconstitution après exploitation, pour une éventuelle remontée de son
diamètre minimal d’exploitabilité (BFT 281 (2000)).
Ces recommandations n’ont pas été traduites en exigences légales dans les pays de l’aire de
répartition du Bubinga / Kevazingo. Elles sont toutefois mises en œuvre dans certaines concessions
certifiées FSC (21).
8. Gestion de l'espèce
Sans objet
Aucune des trois espèces considérées dans la présente proposition (G. tessmannii,
G. pellegriniana, G. demeusei) n’a à ce jour fait l’objet d’une évaluation pour la liste rouge
UICN des espèces menacées
Ces mesures ont cependant surtout pris la forme d’obligation de disposer d’autorisations
supplémentaires en vue de l’exploitation ou du commerce des espèces concernées, ainsi que
de régulations additionnelles des systèmes de vente aux enchères pour la libération des bois
saisis (MINFOF (2011), MINFOF (2012a), MINFOF (2012b), MFEPRN (2014). Elles n’ont eu
qu’un effet limité sur l’intensité des trafics des bois de Bubinga et de Kevazingo.
Face à cette situation de plus en plus préoccupante, le gouvernement gabonais s’est résolu à
agir avec fermeté. Le 24 novembre 2015, la Ministre de la protection de l’environnement et
(21) Notamment dans l’UFA 09-024 au Cameroun, où Guibourtia tessmannii est exploité à un diamètre minimum remonté de 30 cm par
rapport au DME administratif (soit 110 cm en lieu et place de 80 cm).
CoP17 Prop. 56 – p. 13
des ressources naturelles a adopté un arrêté suspendant toute exploitation du Kevazingo sur
l’ensemble du territoire national (MPERNFM (2015).
Cet arrêté a été pris à titre conservatoire. Une stratégie nationale de contrôle
multidisciplinaire est actuellement mise en place par le gouvernement Gabonais en vue
d’assurer que les conditions d’une exploitation légale et non préjudiciable au renouvellement
de la ressource soient formellement réunies avant que l’exploitation et le commerce
international du Kevazingo soit à nouveau autorisés.
Lors du Conseil des Ministres du 12 février 2016, Son Excellence Omar Bongo, Président de
la République Gabonaise a renforcé ces dispositions en annonçant l’ « interdiction d’exporter
le Kevazingo, le Moabi et le Douka afin que ces essences fassent l’objet exclusivement d’une
troisième transformation en produits finis au Gabon ». Il a également annoncé le
« renforcement du contrôle des exportations du bois ». Le souhait de la République
Gabonaise d’inscrire les espèces commercialisées sous le nom de Kevazingo (Guibourtia
tessmannii et Guibourtia pellegriniana) en annexe II de la CITES au titre de l’Article II,
paragraphe 2 a) de la convention s’inscrit dans cette stratégie nationale de rigueur et de
fermeté. L’inscription de ces espèces en annexe II de la CITES permettra en effet d’améliorer
les perspectives de leur maintien dans leur aire de répartition en renforçant drastiquement le
contrôle des exportations de leur bois, et ce dans le cadre d’une convention internationale
s’imposant à l’ensemble des pays importateurs.
Les données disponibles concernent principalement les aires protégées du Cameroun et du Gabon.
Au Cameroun, « on retrouve Guibourtia tessmannii dans quatre aires protégées dans la région du
Littoral : Le parc national d’Ebo, la réserve forestière de Douala Edéa, la réserve forestière du mont
Lonako et la réserve forestière de Nkongsamba. Guibourtia tessmannii est également présent dans
les parcs nationaux de Campo Ma’an (région Sud) et de Lobeke (Région Est) » (TRAFFIC 2015).
L’inventaire de la réserve forestière de So’o lala, d’une superficie de 39.728 ha à la limite des
provinces Centre, Sud et Est du Cameroun, renseigne une très faible densité de Bubinga rose
(Guibourtia tessmannii), inférieure à 0,01 tiges / ha (ANAFOR 2008).
Au Gabon, l’inventaire d’aménagement de la réserve de Minkebe conduit en 1998 par la DIARF dans
le cadre d’un financement de l’OIBT (2.439.150 hectares à un taux de reconnaissance de 0,2%) a
renseigné une densité de l’ordre de 0,05 tiges / ha (DIARF 2000).
Sans objet
Il est important de tenir compte de la ressemblance marquée entre les bois de Guibourtia tessmannii
et de Guibourtia pellegriniana (Kevazingo, Bubinga rose) d’une part, et le bois de Guibourtia
5
demeusei (Ebana, Bubinga rouge) d’autre part ( ). Bien que les densités des populations de cette
troisième espèce semblent moins préoccupantes et que son aire de répartition soit plus étendue que
celles de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia pellegriniana, elle est également sous pression du
CoP17 Prop. 56 – p. 14
fait de l’affermissement de la demande sur le marché international ; principalement en raison de
l’engouement chinois pour les bois de classe Hongmu.
La similitude marquée de son bois avec celui de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia pellegriniana,
leur dénominations communes au Cameroun et sur les marchés internationaux, ainsi que la
superposition de leurs aires de répartition constituent par ailleurs d’importants facteurs de confusion
sur les marchés du bois. Cette confusion pourrait permettre un maintien déguisé des filières illégales
de commercialisation de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia pellegriniana en dépit de leur
inscription à l’annexe II de la CITES.
En conséquence, il est hautement souhaitable que l’espèce Guibourtia demeusei soit inscrite en
annexe II de la CITES en même temps que les espèces de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia
pellegriniana, et ce en application du titre de l’Article II, paragraphe 2 b) de la convention (raison de
ressemblance).
Les populations de Guibourtia demeusei sont présentes dans les forêts inondées qui longent les
cours d’eau importants. Leur aire de répartition est plus étendue que celles de Guibourtia tessmannii
et de Guibourtia pellegriniana, et couvre également le Nord de la République du Congo, le sud de la
République centrafricaine, ainsi que les provinces du Bandundu, de l’Equateur et du Kasaï en RD
Congo.
Les populations de Guibourtia demeusei sont disséminées – en densités pouvant être localement
élevées – dans les forêts inondées qui longent les courts d’eau importants. Leur aire de répartition,
plus étendue que celles de Guibourtia tessmannii et de Guibourtia pellegriniana, couvre également
l’Est du Cameroun, le Nord de la République du Congo, le sud de la République centrafricaine, ainsi
que les provinces du Bandundu, de l’Equateur et du Kasaï en RD Congo (22). L’espèce est
localement connue sous les noms de Paka en République du Congo et en République centrafricaine,
et sous celui de Waka en RD Congo (23).
Guibourtia demeusei est une espèce typique des forêts périodiquement inondées, des forêts
marécageuses et des galeries forestières. Particulièrement abondante dans la cuvette congolaise où
elle peut former de véritables peuplements, elle s’étend sporadiquement au Gabon et au Cameroun
en suivant les cours d’eau (BAYOL ET BORIE, 2004).
L’espèce est également présente dans ce même type d’environnement au Sud de la République
centrafricaine et au Nord de la République du Congo Dans ce dernier pays, Hecketsweiler évoque
« la forêt inondable à Guibourtia demeusei (copalier) en peuplements purs ou presque, de faible
étendue, localisés uniquement sur les parties les plus hautes, périodiquement inondées, bordant les
rivières dans le Nord de la cuvette congolaise – régions d’Enyéllé et Ipdendja (UICN, 1990).
En République centrafricaine, l’inventaire du PARN conduit en 1996 a estimé que le potentiel sur pied
en Guibourtia demeusei (dma à 60 cm) était de l’ordre de 300.000 m3 (Yele et al., 2011). Au Nord-
Congo, le plan d’aménagement de l’UFA Kabo (267.048 ha) renseigne pour Guibourtia demeusei un
3
volume brut moyen de 0,01 m /ha (avec de fortes variations locales) et une structure de population
favorable (CIB 2006).
L’habitat particulier de Guibourtia demeusei, situé dans les forêts inondables en bordures des grands
cours d’eau, constitue un élément spécifique qui permet de le distinguer de Guibourtia tessmannii et
de Guibourtia pellegriniana lors des inventaires d’aménagement. Le diamètre de son fût ne dépasse
par ailleurs pas 100 cm, ce qui constitue également un élément d’identification notable vis-à-vis des
autres espèces de Bubinga des forêts d’Afrique centrale.
Les caractéristiques visuelles propres à Guibourtia demeusei sont illustrées en annexe 8. Un tableau
récapitulatif des spécificités botaniques permettant de distinguer les spécimens des espèces de
CoP17 Prop. 56 – p. 15
Guibourtia tessmannii, Guibourtia pellegriniana et Guibourtia demeusei sont résumées dans un
tableau fourni par Tosso (Tosso 2014, pages 87-88).
La couleur du bois de Guibourtia demeusei est d’un rouge violet plus vif que celui des bois de
Guibourtia tessmannii et Guibourtia pellegriniana (d’où au Cameroun, son appellation de Bubinga
rouge plutôt que de Bubinga rose). Son grain est comme celui de Guibourtia pellegriniana un peu
plus fin que le grain du bois de Guibourtia tessmannii (Bayol et Borie, 2004) (24).
Il est à cet égard très symptomatique que le standard industriel chinois QB/T 2385-2008, qui est sans
doute en partie responsable de l’engouement récent pour le Bubinga sur le marché chinois de
l’ameublement de luxe Hongmu (Jiang, 2011 / Forests Trends 2014), entretienne une confusion
« officielle » entre les trois essences (voir tableau 5 ci-dessous).
Tableau 5. Confusions entre G. tessmannii, G. pellegriniana et G. demeusei dans le standard QB/T 2385-2008
表 A.2
树种名称
序号 木材名称 商品名 科别
中文名 拉丁名
Erythrophleum suaveolens
1 格木 非洲格木 Tali
Erythrophleum ivorense
2 缅茄 Afzelia xylocarpa Lingue
Afzelia africana
缅茄木 Afzelia bella 苏木科
3 非洲缅茄 Doussie Caesalpiniaceae
Afzelia bipindensis
Afzelia pachyloba
4 越南摘亚木 Dialium cochinchinense Nyamut
5 摘亚木 印度摘亚木 Dialium indum Dialium
6 阔萼摘亚木 Dialium platysepalum Mpepete
7 阿诺古夷苏木 Guibourtia arnoldiana Benge
8 爱里古夷苏木 Guibourtia ehie Ovengkol 苏木科
9 古夷苏木 德米古夷苏木 Guibourtia demeusei Bubinga Caesalpiniaceae
(24) Pour la distinction des bois de Guibourtia demeusei et de Guibourtia tessmannii, voir également l’annexe 3 (différences visuelles) et
les annexes 2a et 2b (différences des tissus).
(25) Les ventes de coupe constituent des permis d’exploitation sans obligation d’aménagement forestier. Elles sont attribuées par
l’administration sur une superficie maximale de 2.500 ha, pour une durée de deux ans, dans le domaine forestier non permanent.
CoP17 Prop. 56 – p. 16
De telles différences ne sont en tout cas pas apparentes dans les résultats d’inventaires
d’aménagement dans les concessions forestières situées dans les régions où ces ventes de coupes
ont été accordées.
En République Démocratique du Congo, des lots de grumes de Guibourtia demeusei sont mis sur le
marché en tant que Kevazingo (annexes 11a et 11b). Aux Etats-Unis, des compagnies spécialisées
dans la vente de produits en bois tropicaux commercialisent des bois renseignés comme Guibourtia
demeusei sous les noms communs de Bubinga, Kevazingo et Essingang (annexe 12c).
10. Consultations
Le statut de conservation des espèces commercialisées sous le nom de Bubinga et de Kevazingo ont fait
l’objet de deux ateliers régionaux en juin 2012 (Douala) et en juillet 2015 (Yaoundé). La pertinence d’une
inscription de ces espèces en annexe II de la CITES y a été discutée par les participants.
Enfin, en avril 2015, le Cameroun, le Congo, la Guinée Equatoriale et la République du Congo ont été
consultés par écrit en avril 2015 en tant qu’états de l’aire de répartition de l’espèce. Aucune réponse n’a
été reçue au moment de la soumission.
12. Références
CoP17 Prop. 56 – p. 17
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Cameroun en 2013, Présidence de la République du Cameroun, Yaoundé, 2014, 204 pages.
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permanentes, Projet d’Aménagement de Petits Permis Gabonais, rapport technique, mars – avril,
Référence RT 1201 NP&SGF, 52 pages.
Precious Woods. 2014. Bilan de suivi dans la CFAD Precious Woods Gabon-CEB, Année 2013, version
4, Février 2014, 39 pages.
QB/T 2385-2008, Light Industry Standard of the Republic of China (luxurious dark hardwood furniture),
2008, 20 pages.
Sonwa D.J. 2002. Etude de cas d’aménagement forestier exemplaire en Afrique centrale : les systèmes
agro-forestiers cacaoyers au Cameroun, FAO (Département des Forêts), Rome, octobre 2002, 41
pages.
Tailfer. 1989. La forêt dense d’Afrique centrale, Tome II, Identification pratique des principaux arbres, CTA,
Wageningen, 1990, 1270 pages.
Tchatchou, B., Sonwa, D. J., Ifo, S., & Tiani, A. M. 2015. Déforestation et dégradation des forêts dans le
Bassin du Congo: État des lieux, causes actuelles et perspectives (Vol. 120). CIFOR.
Tosso F, Cherchye G., Lognay G., Doucet J.-L. 2015b. Etude des disperseurs et prédateurs de Guibourtia
tessmannii : Quelle influence sur le potentiel de régénération de l’espèce ? Poster de présentation
d’une recherche en cours, Gembloux
Tosso F., Daïnou K., Hardy OJ., Sinsi B., Doucet JL. 2015 a. Le genre Guibourtia Benn., un taxon à haute
valeur commerciale et sociétale (synthèse bibliographique). Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 19(1),
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UICN. 1990. La conservation des Ecosystèmes forestiers du Gabon. Basé sur le travail de C. Wilks, UICN,
Gland, Suisse et Cambridge, Royaume-Uni, xiv + 215 pp, illustré.
Wang Man. 2014. Hongmu Market in China : Development State and Future Trend, document présenté à
l’atelier « Promoting Legal and Sustainable Trade and Investment of Forest Products », Shanghai, 2014.
Yele R., Doko P., Mazido A. 2011. Les défis de la Centrafrique, Gouvernance et stabilisation du système
économique, CODESRIA, Dakar, 2011, 272 pages.
13. Annexes
Annexe 1.3. Gabon : concessions forestières dans lesquelles Guibourtia tessmannii / Guibourtia
pellegriniana est exploité
Annexe 1.4. Cameroun : concessions forestières dont les inventaires d’aménagement indiquent la
présence de Guibourtia tessmannii
Annexe 2a. Identification microscopique des bois de Guibourtia tessmannii (Bubinga rose / Kevazingo) et
de Guibourtia demeusei (Bubinga rouge / Ebana)
Annexe 2b. Identification par description microscopique des bois de Guibourtia tessmannii, Guibourtia
pellegriniana et Guibourtia demeusei
CoP17 Prop. 56 – p. 19
Annexe 3. Comparaison visuelle des bois de Guibourtia tessmannii, Guibourtia demeusei et Dalbergia
Cochinchinensis
Annexe 4. Exemple de promotion commerciale Hongmu pour les bois de Kevazingo / Bubinga
Annexe 6a. Densités de Guibourtia tessmannii / Guibourtia pellegriniana dans des concessions
forestières sous aménagement durable au Gabon
Annexe 6b. Densités de Guibourtia tessmannii (Bubinga rose) dans 20 Concessions forestières sous
aménagement durable au Cameroun
Annexe 9 Intérêt pour le Kevazingo dès les premières années de la colonisation (1914)
Annexe 10 Grumes de Kevazingo (origine annoncée : Gabon) en vente sur le marché international
Annexe 11a Confusion entre Guibourtia tessmannii et Guibourtia demeusei sur le marché international
(Guibourtia demeusei de République Démocratique du Congo vendu comme Kevazingo)
Annexe 11b Confusion entre Guibourtia pellegriniana et Guibourtia demeusei sur le marché international
(Guibourtia demeusei de République Démocratique du Congo vendu comme Kevazingo)
Annexe 11c Confusion entre Guibourtia tessmannii et Guibourtia demeusei sur le marché international
(Guibourtia demeusei vendu comme Kevazingo / Essingang aux Etats-Unis
CoP17 Prop. 56 – p. 20
Annexe 1.1. Aire de répartition de Guibourtia tessmannii (source : http://www.ville-ge.ch, conservatoire et jardin botaniques de Genève)
Les concessions forestières colorées en rose sont celles dont les résultats d’inventaire d’aménagement
sont analysés aux sections 4 et 5 et en annexe 6a.
Caractères générales. Limites de cernes distinctes. Marquées par du parenchyme marginal et par une légère
variation du nombre des vaisseaux. Bois de coeur brun, rouge, violacé; avec veines (brun rouge sombre à
violacé). Couleur de l'aubier différente du bois de coeur. Densité 0.72–0.76–0.88 g/cm3.
Vaisseaux. Bois à pores disséminés. Vaisseaux accolés, accolements radiaux de 2–3. Diamètre tangentiel
moyen des vaisseaux: 60–140–220 µm. Nombre moyen de vaisseaux par mm2: 1–3–5. Perforations simples.
Ponctuations intervasculaires en quinquonce, diamètre moyen (vertical) 7–9 µm, ornées. Ponctuations
radiovasculaires distinctement aréolées, identiques aux intervasculaires. Épaississements spiralés absents.
Thylles absents. Autres dépôts dans les vaisseaux du bois de coeur présents (brun rouge clair à sombre).
Trachéides et fibres. Fibres de parois d'épaisseur moyenne à de parois très épaisses. Longueur moyenne des
fibres: 1630–1780–1860 µm. Ponctuations des fibres généralement sur les parois radiales, ponctuation des fibres
simples ou étroitment aréolées. Fibres non cloisonnées. Ponctuations des fibres grosses et bien visibles.
Parenchym axial. Parenchyme axial en lignes et non en lignes. Lignes marginales (ou semblant marginales).
Lignes fines. Parenchyme axial apotrachéal, ou paratrachéal. Parenchyme apotrachéal de cellules isolées
disséminées, ou en chaînettes (files cristallifères, avec celules des parois épaisses, parfois scléreuses;
adjacentes aux rayons). Parenchyme paratrachéal en manchon, aliforme, et anastomosé. Parenchyme aliforme:
en losange. Cellules de parenchyme axial en files. Nombre moyen de cellules par file: (2–) 4–8.
Rayons. Nombre de rayons par mm: 4–8, rayons multisériés, (1–) 2–5(–6) seriés. Hauteur des grandes rayons
jusqu'à 500 µm, ou communément entre 500 et 1000 µm. Rayons composés de cellules du même type
(homocellulaires); cellules des rayons homocellulaires couchées.
Tissues de sécrétion. Canaux intercellulaires présents (peu fréquents) ou absents, d'origine traumatique,
d'orientation axiale, axiaux en lignes tangentielles courtes.
Dépôts minérales. Cristaux présents, rhombohédriques (prismes), situés dans: cellules du parenchyme axial.
Cellules cristallifères du parenchyme axial recloisonnées (cellules/loges souvent à parois épaisses). Nombre de
cristaux par loges: un seul. Cellules/loges souvent à parois épaisses. Silice non observée.
Caractères physiques et chimiques. Bois de cœur non fluorescent. Extrait aqueux non fluorescent; couleur de
l'extrait aqueux rouge. Extrait alcoolique fluorescent (jaune). Couleur de l'extrait alcoolique incolore à brun. Test
de mousse positif. Résidus de combustion d'un éclat partiellement en cendres. Cendres blanc brillant.
Guibourtia pellegriniana
Références
et crédits photographiques
1. Aubréville (phyto-afri)
2. CIRAD 1977
3. Xiaoxue Weng 2014
4. JL Doucet
5. Meunier 2015
6. Meunier 2015
7. JL Doucet
8. Meunier 2015
9. JL Doucet
Diamètres
Volume brut Volume commercial
Titre forestier Superficie considérés 3 3 Source
(m ) moyen (m /ha)
(cm)
TRAFFIC 2015
CIPLAC 197.669 ha 70-125 226 0,00068537
(Sylvafrica 2014)
TRAFFIC 2015
SUNLY Sud 209.152 ha 70-125 1.585 0,00454711
(Sylvafrica 2014)
BORDAMUR
TRAFFIC 2015
Rimbunan 264.595 ha 63-125 508 0,00115136
(Sylvafrica 2014)
Hijau
TRAFFIC 2015
TBNI 283.908 ha 62-125 1483 0,00313471
(Sylvafrica 2014)
1.581.752 ha
Rougier
288.626 ha FSC
Haut Abanga
Rougier
282.030 ha FSC
Ogooué Ivindo
Precious
616.700 ha FSC / Mapaga 2015
Woods
1.755.899 ha
Densité
Titre forestier Superficie (selon données Décision d’aménagement Source
inventaire d’aménagement)
Plan d’aménagement
Essence aménagée 2006
UFA 09-024 75.625 ha 0,06 tige / ha
(DMA relevé à 110 cm) Rapport d’audit FSC
BV-FM/COC-051201
Essence interdite
à l’exploitation Plan d’aménagement
UFA 09-016 66.646 ha 0,004 tige (>20 cm) / ha
3 2005
(1.107 m exploités en CP)
Rapport OIBT
UFA 09-019 38.247 ha 0,002 tige (>20 cm) / ha ?
2012
? Plan d’aménagement
UFA 09-004b 76.975 ha 0,0018 tige (>20 cm) / ha 3
(4.513 m exploités en CP) 2004
1.598.070 ha
Références
et crédits photographiques
1. Aubréville (phyto-afri)
2. Tailfer 1989
3. Meunier 2015
4. Boika 2006
5. Meunier 2015
6. N. Bourland
7. Meunier 2015
8. Meunier 2015
9. Engler & Drude (PROTA)