Polguère Lexicographie
Polguère Lexicographie
Notions fondamen-
tales. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, (pp.225-243)
D E L A L E XI C OL O GI E À L A L E XIC O G RA PH IE
Nous allons maintenant porter notre attention sur la rédaction des dictionnaires, qui
sont en quelque sorte des «produits dérivés » de la lexicologie, comme les grammaires sont
des produits dérivés de l'étude de la syntaxe et de la morphologie des langues. La présenta-
tion des dictionnaires peut faire à elle seule l'objet de tout un ouvrage et notre but n'est pas
ici de tenter de condenser pareille entreprise en quelques pages. Le présent chapitre vise
plutôt à établir une connexion explicite entre les notions de lexicologie «pure» qui ont été
introduites jusqu'à présent et la problématique 'de la rédaction des dictionnaires.
Les dictionnaires sont, pour la plupart, des ouvrages écrits par des spécialistes de
la langue pour un public de non-spécialistes. De plus, le grand public perçoit les diction-
'
naires comme des symboles de la langue elle-même. S acheter un dictionnaire revient en
'
quelque sorte à s approprier la connaissance véritable de ce qu'est la langue. La foi dans
l'infaillibilité des dictionnaires est parfois totale; on perd de vue le fait que ces ouvrages sont
élaborés par des êtres humains, qui mangent, boivent, dorment, sont fatigués, font des
'
erreurs, font des omissions, ignorent certaines données.... Le mythe de l exhaustivité des
dictionnaires a la vie dure. Bien des personnes admettront que « tous les mots de la langue
» ne sont peut-être pas décrits dans leur dictionnaire favori, mais elles croiront dur comme
fer que la description d'un «mot» donné — ce que nous appelons un vocable — est, elle,
complète et juste.
C'est pourquoi nous avons ouvert ce chapitre par cette belle citation de Melville : en
tant que produits de l'activité humaine, les dictionnaires sont tous, d'une façon ou d'une
autre, incomplets et e r r onés. Cela n'enlève d'ailleurs rien au fait qu'ils sont d'irrempla-
çables outils. Ce chapitre vise ainsi autant à connecter la lexicologie à la lexicographie qu'à
démystifier les dictionnaires. Il ne s'agit nullement d'en faire une critique stérile, du haut
d'une «science» lexicologique qui donnerait tous les droits de critiquer sans participer soi-
même à la tâche, jamais complétée, de modélisation du lexique. La démystification des
dictionnaires doit au contraire les rendre plus proches du lecteur et les lui rendre plus com-
préhensibles. Elle doit susciter en lui l'envie d'approfondir sa connaissance de la lexicogra-
'
phie et, peut-être, de s engager lui-même dans cette discipline.
Ce chapitre se divise en trois parties. Tout d'abord, nous proposerons une introduc-
tion générale aux dictionnaires, en distinguant notamment les dictionnaires grand public et
les dictionnaires théoriques. Puis, nous introduirons la terminologie de base qui sert à dé-
crire la structure des dictionnaires. Finalement, nous montrerons comment l'information
lexicale, que nous nous sommes efforcé de caractériser tout au long des chapitres précé-
dents, est encodée dans les dictionnaires grand public.
Notions introduites Dictionnaire, lexicographie, dictionnaire grand public et dictionnaire
théorique, dictionnairique, dictionnaire de langue (monolingue), dictionnaire bilingue, dic-
tionnaire pédagogique ou d'apprentissage, dictionnaire d'encodage vs de décodage, ma-
crostructure, article (de dictionnaire), sous-article, mot-vedette, entrée, nomenclature, dic-
tionnaire papier vs électronique, microstructure, définition lexicographique.
Un dictionnaire d'une langue donnée est un répertoire du lexique de cette langue qui offre
une description de chaque lexie selon un patron relativement rigide. Les données fournies
'
sur chaque lexie varient d'un dictionnaire à l autre : prononciation, étymologie, définition,
exemples illustrant les emplois possibles de la lexie, etc.
Le terne dictionnaire est habituellement utilisé pour désigner les dictionnaires grand public
comme Le Petit Robert ou Le Petit Larousse, qui sont avant tout des produits destinés à la
1
vente . Rédiger de tels dictionnaires revient en quelque sorte à faire de la « lexicologie
appliquée ».
1
Les références bibliographiques de tous les dictionnaires mentionnés dans ce chapitre figurent dans la bibliographie en fin
d' ouvrage (« Dictionnaires cités » p. 254 et suivantes)
1
'
Il existe cependant aussi des dictionnaires théoriques, c est-à-dire des dictionnaires conçus
comme des outils de recherche en Linguistique, que l'on développe en vue d'étudier le
lexique des langues. Les dictionnaires théoriques peuvent servir de modèles expérimen-
taux pour améliorer la qualité (complétude, cohérence, etc.) des dictionnaires grand public.
Voici deux exemples de dictionnaires théoriques :
Mel'čuk, Igor et al. (1984; 1988; 1992; 1999). Dictionnaire explicatif et combinatoire du
français contemporain. Recherches lexico-sémantiques, vol. I à IV, Montréal, Les
Presses de l'Université de Montréal.
Wierzbicka, Anna (1987). English Speech Act Verbs. A Semantic Dictionary, Sydney,
Academic Press.
La rédaction des dictionnaires théoriques, comme celle des dictionnaires grand public, exige
un travail considérable d'analyse, de traitement et de stockage des données lexicales. Ces
différentes tâches liées à l'analyse des données proprement dite ont pris de plus en plus
d'importance au fur et à mesure que le recours aux outils informatiques pénétrait les tech-
niques de travail lexicographique. Cela a amené certains à considérer que le travail de trai-
'
tement des données lexicales et celui de production de dictionnaires relevaient d activités
distinctes.
Pour ces raisons, le lexicographe Bernard Quemada a proposé de distinguer deux disci-
plines:
1. la lexicographie, caractérisée comme une activité de compilation et d'étude des données
lexicales ne débouchant pas nécessairement sur la seule production de dictionnaires;
2. la dictionnairique, discipline qui vise spécifiquement la production de dictionnaires.
Voici comment B. Quemada justifie cette distinction:
Pour moi, dont les recherches en lexicologie et lexicographie coïncident précisément avec cette
évolution radicale des formes de pensée et de pratiques [= le recours à l'analyse informatique des
données linguistiques (note de l’auteur], la définition de lexicographie ne peut être, pour la pé-
riode actuelle, que «le recensement et l'analyse des formes et des significations des unités lexi-
cales, observées dans leurs emplois et considérées dans leurs plus larges implications ».
Quemada, Bernard (1987). «Notes sur lexicographie et dictionnairique», Cahiers de lexicolo-
gie, vol.51, nº 2, p. 235.
' '
Résumons la situation. Ce qui est proposé ici, c est d utiliser un nouveau terme, dictionnai-
rique, pour désigner une activité déjà très ancienne et d'utiliser le terme servant traditionnel-
lement à désigner cette activité ancienne, lexicographie, pour désigner une activité ayant con-
nu un essor récent : l'analyse des données lexicales, faite notamment au moyen d'outils in-
formatiques et selon les méthodes de la lexicométrie (cf. Chapitre 5, p.112) . Cette façon de
.
procéder a sûrement sa propre logique. Il nous semble cependant préférable de continuer à
utiliser lexicographie pour désigner l'activité de rédaction des dictionnaires (c'est-à-dire l'activi-
té du lexicographe), quitte à proposer un nouveau terme pour le recensement et l'analyse
des données lexicales. Pourquoi pas lexicanalyse, par exemple ?
'
Les débats terminologiques ne présentent de l intérêt que dans la mesure où ils permettent de
mettre en évidence, préciser, rendre plus claires des notions fondamentales. Même si nous
'
n'adoptons pas ici l usage du terme dictionnairique, pour les motifs qui viennent d'être expo-
sés, il nous semble important de débattre de l'usage de ce terme dans la mesure où son in-
troduction répond à un véritable besoin de «redistribuer les cartes» dans un domaine d'activi-
té qui s'est considérablement transformé au cours des cinquante dernières années. Nous
avons beaucoup insisté au Chapitres (voir notamment « l'accès aux données linguistiques »,
p. 107 et suivantes) sur l'importance croissante du recours aux outils informatiques dans le
traitement des données lexicales et, plus généralement, des données linguistiques. Il est clair
que B. Quemada a mille fois raison en voulant donner à cette activité de collecte et d'analyse
des données un statut distinct. Seul le choix de lexicographie pour désigner cette activité
nous semble problématique. Nous recommandons cependant fortement au lecteur de lire en
entier le texte dont nous avons extrait ici un passage, pour avoir une juste idée de tous les
arguments qu'il présente.
Les dictionnaires grand public ne sont pas des ouvrages comme les autres, cela pour au
moins deux raisons.
Tout d'abord, ils ont une importance sociale considérable. En effet, en décrivant le lexique
d'une langue, le dictionnaire se présente comme un reflet de la société dans laquelle cette
langue est parlée. On peut donc ' affirmer l'existence même d'une société, d'une culture, en
entreprenant la rédaction d'un dictionnaire de sa langue. Les États sont souvent impliqués
'
dans la rédaction de dictionnaires (Dictionnaire de l'Académie française, etc.), qu ils peuvent
encourager, financer ou même, pourquoi pas, décourager pour des raisons politiques. Cela
est particulièrement évident dans le cas de dictionnaires décrivant une variante géographique
2
'
d une langue. Par exemple, un dictionnaire comme The Macquarie Dictionary (rédigé et pu-
blié à l'Université Macquarie de Sydney) ne fait pas que décrire une variante de l'anglais : il
est aussi l'affirmation de l'existence d'une culture proprement australienne.
La deuxième spécificité des dictionnaires grand public est leur très large diffusion. Tout le
monde ou presque, surtout dans les pays francophones, possède au moins un dictionnaire à
la maison ou au bureau, même s'il s'agit souvent d'un ouvrage plutôt aride, destiné à la con-
sultation. Un dictionnaire est un peu comme un annuaire téléphonique : un « gros livre » que
'
l on se doit de posséder au cas où. Les gens a « ordinaires » entretiennent donc une relation
'
un peu particulière avec leur dictionnaire. Parce qu ils en possèdent tous un, parce que le dic-
tionnaire se présente explicitement comme un outil destiné au grand public, ils pensent bien
connaître et comprendre l'information qu'il renferme. Or, rares sont ceux qui ont véritable-
ment pris le temps d'examiner quelles données spécifiques sur la langue contient leur dic-
tionnaire et la manière dont elles y sont présentées. On ouvre bien souvent un dictionnaire
'
uniquement pour vérifier l'orthographe d un mot ou, au mieux, pour trouver le sens d'un mot
rare ou technique que l'on a rencontré. Paradoxalement, une façon courante de se servir du
dictionnaire est justement de ne pas l'ouvrir, mais plutôt de l' « invoquer » pour éviter d'avoir
à répondre à une question embarrassante ou pour laquelle on n'a pas la réponse:
— Va voir dans le d i c t i o n n a i r e !
'
Il existe une grande variété de dictionnaires, selon le public et l utilisation visés. Examinons-
en brièvement trois types: les dictionnaires de langue (monolingues), les dictionnaires bi-
lingues et les dictionnaires pédagogiques (ou dictionnaires d'apprentissage).
Dictionnaires de langue (monolingues). Ces dictionnaires présentent les lexies de la langue
dans leur réalité linguistique : prononciation, partie du discours, sens, etc. Ils ne contiennent
généralement pas de noms propres. On les distingue des dictionnaires encyclopédiques, qui
sont en quelque sorte des ouvrages intermédiaires entre les dictionnaires de langue et les
encyclopédies. Les dictionnaires encyclopédiques contiennent généralement de nombreux
noms propres (noms de pays, de personnalités, etc.) et, surtout, ils fournissent p o u r chaque
unité décrite des informations non linguistiques sur les entités correspondantes. Ainsi, un
dictionnaire encyclopédique ne va pas seulement décrire la lexie VACHE, mais aussi l'animal
lui-même : ce que mange une vache, son poids moyen, la façon dont fonctionne son système
digestif, etc.
Certains dictionnaires de langue peuvent se focaliser sur un aspect particulière de la descrip-
tion lexicale : dictionnaires de synonymes, dictionnaires de collocations, etc. C'est un sujet
que nous aurons l'occasion d'aborder plus loin (voir « Encodage des propriétés des lexies
dans les dictionnaires », p. 238 et suivantes). .
'
Dictionnaires bilingues. Les dictionnaires bilingues décrivent les lexies d une langue (langue
source) en donnant leur traduction dans une autre langue (langue cible). La description d'une
lexie donnée peut relever d'un des deux cas de figure suivants :
1. Soit la lexie de la langue source possède un correspondant lexical direct dans la -
langue cible, comme en (la) ;
2. soit cet équivalent lexical n'existe pas et la traduction est équivalente à une véritable
définition formulée dans la langue cible, comme en (1b).
(1)
a. PAIN bread
b. TARTINE slice of bread spread with something like butter or jam
Bien entendu, cette façon de présenter les choses est très partielle puisqu'elle se borne à
considérer le problème de la description sémantique des lexies. La lexicographie bilingue,
comme toute lexicographie, doit aussi prendre en compte la caractérisation des autres pro-
priétés lexicales, et notamment la caractérisation de la combinatoire l o c a l e ; voir ce qui est dit
à ce propos dans la section « Description de la combinatoire des lexies » ( p . 2 4 1 et sui-
vantes).
'
Dictionnaires pédagogiques. Ces dictionnaires, aussi appelés dictionnaires d apprentissage,
'
sont conçus à l usage des personnes qui apprennent - activement la langue. Ils sont plus ou
moins riches (de quelques dizaines de vocables à plusieurs milliers) selon le niveau d'ensei-
'
gnement auquel ils s adressent. On notera que les dictionnaires destinés à un très jeune pu-
blic contiennent souvent beaucoup plus d'illustrations que les dictionnaires de langue cou-
2
rants , l'illustration pouvant jouer un rôle très variable (agrémenter les pages du volume ou
contribuer véritablement à la description).
Certains dictionnaires pédagogiques possèdent des structures très originales, où les vo-
cables ne sont pas présentés strictement dans l'ordre alphabétique. Ainsi, le Dictionnaire du
français usuel [ 2 0 0 2 ] a opté pour une organisation « en réseau » , qui fonctionne de la fa-
çon suivante.
2
Certains dictionnaires de langue, comme Le Petit Robert, ne contiennent aucune illustration
3
- On accède aux informations lexicales par l'intermédiaire d'un petit nombre de vocables ( 4 4 2
exactement) très fortement polysémiques et d'un usage fréquent. - Ces vocables, par l'intermé-
diaire de chacune de leurs acceptions, servent de clés d'accès à tout un réseau de lexies de la
langue sémantiquement reliées. Par exemple, le vocable FORT, avec toutes ses acceptions,
donne accès à la description de certaines lexies des vocables VIGOUREUX, ROBUSTE,
COSTAUD, VIGUEUR, VIGOUREUSEMENT, COLOSSE, COLOSSAL, GROS, FORTIFIANT…
- en tout, une quarantaine de lexies.
Le but d'une telle structuration est de stimuler l'acquisition des connaissances lexicales en
s'appuyant sur le « phénomène naturel » de la polysémie et en recourant à une navigation
sémantique dans le réseau lexical de la langue.
Le travail par réseaux aboutit à rendre compte de la polysémie du mot pris pour point de
. départ, qui n'est pas un fâcheux accident, mais un caractère fondamental du langage humain
et de la cohérence sémantique interne du réseau qu'il commande. C'est le propre d'une con-
ception linguistique de l'étude du lexique.
Picoche, Jacqueline et Jean-Claude Rolland (2002). Dictionnaire du français usuel, Bruxelles,
De Boecic-Duculot, p. 12.
Il existe d'autres façons originales de structurer l'information dans les dictionnaires pédago-
giques. Par exemple, le dictionnaire anglais Longman Language Activator propose des re-
groupements par concepts, c'est-à-dire qu'il utilise des sens très généraux comme clés d'ac-
cès aux unités lexicales et à leur description. Une telle organisation est censée encourager un
usage n actif» du dictionnaire, qui fonctionne alors véritablement comme un outil permettant
d'encoder linguistiquement sa pensée (d'où le nom de language activator).
Cette dernière remarque nous permet de mettre en évidence deux approches de la structura-
tion de l'information dans les dictionnaires. Les dictionnaires pédagogiques sont, dans leur
grande majorité, des dictionnaires d'encodage : ils présentent l'information lexicale comme une
ressource permettant d'encoder linguistiquement sa pensée. Au contraire, la plupart des dic-
tionnaires plus traditionnels sont avant tout des dictionnaires de décodage: ils sont conçus
’ '
comme des aides permettant d interpréter le contenu lexical d énoncés linguistiques. Le cas
'
le plus typique d utilisation des dictionnaires standard est la recherche d'un « mot inconnu ou
difficile » trouvé dans un texte; et lorsque de tels dictionnaires sont utilisés dans un contexte
' '
d'encodage, c'est essentiellement pour y trouver l'orthographe d un terme que l on veut em-
'
ployer à l écrit.
On le voit, il existe une variété considérable de dictionnaires. Comme notre but n'est pas
d'entamer un parcours complet de la discipline lexicographique, mais plutôt de la présenter
'
sous l angle de ses connexions avec les notions de base de lexicologie, nous nous concentre-
rons dans ce qui suit sur le cas le plus standard : les dictionnaires de langue monolingues.
Nous nous permettrons toutefois de mentionner de façon ponctuelle les dictionnaires bi-
lingues et pédagogiques lorsque cela sera utile pour notre exposé.
Les dictionnaires de langue courants possèdent une organisation interne particulière, qui se
décrit en termes de macrostructure et microstructure.
'
La macrostructure d un dictionnaire est son ossature générale. Elle s'organise autour d'une
succession de descriptions de vocables, ordonnées alphabétiquement. Comme chacun sait,
on utilise normalement la forme canonique pour nommer un vocable dans un dictionnaire —
c'est-à-dire la variante flexionnelle de base lorsque le vocable appartient à une partie du dis-
'
cours admettant la flexion. Dans les dictionnaires du français, il s agit de l'infinitif pour les
verbes, du singulier pour les noms et du masculin singulier pour les adjectifs. Cependant,
chaque tradition lexicographique peut avoir développé sa propre façon de faire, en fonction
des particularités formelles de la langue traitée, comme l'illustrent les trois cas suivants :
- Les verbes sont positionnés dans la macrostructure des dictionnaires du latin en fonction de leur
forme de la première personne du singulier du présent de l'indicatif; par exemple, il faut chercher
( ' ) ( )
dans un dictionnaire du latin amo j aime et non amare aimer .
Dans les dictionnaires de l'arabe, on accède aux vocables par leur «racine consonantique »,
'
c est-à-dire par les trois consonnes fondamentales qui constituent l'ossature des mots-formes.
'
- Dans les dictionnaires du chinois mandarin — dont l'écriture n est pas alphabétique —, on uti-
lise diverses méthodes d'accès, parfois combinées: par la partie graphique générique» des
caractères (appelée clé), par des codes numériques identifiant les configurations de traits des
caractères (méthode dite des quatre coins), etc.
Traditionnellement, on appelle article de dictionnaire le bloc de texte décrivant un vocable don-
né. Chaque article se divise en sous-articles, dont chacun décrit une acception (une lexie) par-
ticulière du vocable en question. Cette terminologie pose un problème théorique. Elle semble
impliquer que l'unité de base de la description lexicographique est le vocable et que la des-
cription de la lexie n'est qu'une sous-partie de la description du vocable (cf sous-article). Or, on
sait que chaque lexie forme un tout, avec notamment un sens eu une combinatoire caracté-
ristiques. Cela a amené les lexicographes travaillant sur les dictionnaires théoriques du type
Dictionnaire explicatif et combinatoire (cf. p . 227) à nommer article la description de la lexie et
'
superarticle le regroupement de toutes les descriptions des lexies d un vocable. Cette
term inologie est cependant elle aussi problématique, pour au moins deux raisons : d'une
4
part, on l'utilise de façon très marginale dans la littérature lexicographique ; d'autre part, le
terme superarticle semble un peu étrange en raison du sens qu'on associe habituellement au
( ) ( s)
préfixe super-( degré extrême ou supériorité ). Pour simplifier, il nous semble qu'il serait
préférable de n'utiliser que le terme article, en spécifiant, lorsque c'est nécessaire, s'il s'agit
d'un article de vocable (l'article au sens traditionnel) ou d'un article de lexie (le sous-article
dans la terminologie traditionnelle). Le tableau ci-dessous résume comment on peut ré-
soudre cet imbroglio terminologique.
Nous utiliserons la terminologie proposée dans la colonne de droite du tableau qui précède.
Elle est compatible avec la terminologie traditionnelle et évite en même temps de rétrograder
la lexie au rang de « sous-vocable ».
La lexie est l'unité constitutive du lexique sa description est donc l'unité de description du
lexique.
Il nous reste à exposer encore quelques termes relevant de la macrostructure des diction-
naires. Le vocable d'un article est appelé mot-vedette ou entrée, et la liste de tous les mots-
vedettes d'un dictionnaire est appelée nomenclature du dictionnaire. Comme nous l'avons
vu plus haut, certains dictionnaires, notamment les dictionnaires pédagogiques, ne structu-
rent pas leur nomenclature strictement en fonction de l'ordonnancement alphabétique des
mots-vedettes. De plus, la lexicographie évolue énormément du fait du passage progressif
des dictionnaires papier aux dictionnaires électroniques, disponibles sur CD/DVD-ROM ou sur
Internet. Le stockage informatique rend beaucoup plus facile la navigation non linéaire
dans la nomenclature et, plus généralement, dans l'ensemble des informations contenues
'
dans le dictionnaire. On peut s attendre à ce que les dictionnaires électroniques proposent
de plus en plus fréquemment des outils permettant d'accéder aux données lexicales à l'aide
de clés sémantiques, grammaticales, etc. Une caractéristique importante de ces diction-
naires est qu'ils peuvent s'intégrer à des logiciels, en tant que composantes de ces der-
3
niers. Ainsi, le logiciel commercial Antidote est la réunion d'un correcteur orthographique
du français, d'une série de dictionnaires électroniques intégrés (dictionnaire « standard », de
'
synonymes, d antonymes, des cooccurrences, de locutions, etc.) et de guides linguistiques
(grammatical, stylistique, etc.). La conception traditionnelle de ce qu'est un dictionnaire est
complètement remise en question dans ce type d'environnement informatique. En réalité,
' '
lorsque l on observe l évolution des dictionnaires électroniques depuis que ceux-ci ont com-
mencé à apparaître, on s'aperçoit que, très graduellement, le dictionnaire subit une méta-
morphose: d'un livre à la structure linéaire, il devient progressivement un véritable modèle
multidimensionnel du lexique, fait pour se connecter aux autres composantes de la des-
cription linguistique.
Il convient de souligner que cette transition n'est pas due à l'outil informatique lui-même. Elle
a été préparée de longue date par l'évolution de la lexicographie qui, notamment durant la
e
seconde moitié du xx siècle, a massivement intégré les acquis de la linguistique moderne.
En un sens, la nouvelle lexicographie se trouvait à l'étroit, bridée dans son format papier : la
transition vers le support informatique va lui permettre de se révéler entièrement au public
et de se développer.
Mentionnons, pour conclure sur la notion de macrostructure, que certains dictionnaires ont
une nomenclature spécialisée, dédiée à certains types de lexies. Citons par exemple le Dic-
tionnaire des onomatopées, paru en 2003, dont la finalité est de pallier le manque de descrip-
tion systématique des lexies onomatopéiques dans la plupart des dictionnaires de langue.
'
Nous allons maintenant examiner, pour illustrer les notions d article de vocable et de lexie
'
(et introduire celle de microstructure), la reproduction de l entrée CATASTROPHE dans Le
Nouveau Petit Robert [2007].
3
Antidote est conçu par Druide informatique inc., Montréal.
5
6
Comme on le voit, chaque lexie (acception) d'un vocable est généralement numérotée à l'inté-
'
rieur de l'article du vocable. Le patron d organisation interne des articles de vocables est appe-
lé microstructure du dictionnaire. Ce patron se caractérise par la façon de présenter la struc-
'
turé polysémique et, pour chaque acception, par l ordonnancement des informations sur la
lexie; étymologie, marque d'usage, définition, exemples, etc.
' '
Il faut bien comprendre qu il n existe pas une façon unique de décrire les vocables de la langue
dans un dictionnaire. Les dictionnaires diffèrent énormément, non seulement par le mode de
'
présentation qu ils adoptent, mais aussi par l'information même qu'ils procurent sur les vo-
cables. Comparons, par exemple, l'article cité ci-dessus avec celui donné, pour le même vo-
4
cable, dans Le Lexis. Larousse de la langue française [2 0 0 2 ] .
CATASTROPHE [katastr ɔ f] n. f. (lat. catastropha, gr. katastrophê, bouleversement; 1546).
'
Événement subit qui cause un bouleversement, des destructions, des victimes : Un avion s est
écrasé au sol; c'est la troisième catastrophe de ce genre en un mois (syn. ACCIDENT). Le
« c a p t a i n » Lyttelton ne désirait manifestement pas commencer sa mission par une catas-
'
trophe (de Gaulle). L'incendie prend les proportions d une catastrophe (syn. CALAMITÉ,
DISASTRE). Son échec à cet examen est pour lui une vraie catastrophe (syn. MALHEUR). En
catastrophe, se dit d'un avion qui atterrit dans des conditions particulièrement difficiles pour
éviter un accident : Le pilote a atterri en catastrophe ; se dit d'une action qui est faite d'urgence
et au dernier moment : Un mariage en catastrophe. ♦ catastrophique […] ♦ catastropher
[...] ♦ catastrophisme [...]
• CLASS. Et LITT catastrophe n. f. I. Dénouement d'une tragédie, d'un récit: Qu'on se figure
une salle de spectacle vide, après la catastrophe d'une tragédie (Chateaubriand). — 2. Is-
sue malheureuse d'un événement : La catastrophe de ce fracas fut la perte de deux che-
vaux (La Fontaine).
La grande variation qui existe quant au contenu et à la structuration des dictionnaires de langue fait
que l'on peut être amené à réévaluer la distinction même entre macro- et microstructure. Ainsi, nous
avons vu (p.234) que ce sont uniquement les articles de lexies que l'on appelle article dans le
Dictionnaire explicatif et combinatoire. En conséquence, on considère que la microstructure d'un tel
dictionnaire est la structure interne des articles de lexies, et non celle des articles de vocables.
Si l'on omet les informations sur la diachronie — les données sur l'étymologie de chaque lexie —,
'
trois types principaux d informations sont susceptibles d'être encodés dans les articles de lexies des
dictionnaires :
1. le sens lexical;
2. les liens paradigmatiques
3. les propriétés de combinatoire restreinte, notamment les liens syntagmatiques entre lexies.
Nous avons étudié en détail, au Chapitre 8, la manière de décrire les sens lexicaux au moyen de
définitions analytiques. Le plat de résistance, dans un article de dictionnaire, est bien évidemment la
définition, dite définition lexicographique. En théorie, une «bonne» définition lexicographique ne
'
peut qu être, en même temps, une définition analytique. Pourtant, il peut arriver que les dictionnaires
utilisent, de façon ponctuelle ou quasi systématique, une description sémantique des lexies basée
sur une liste de synonymes approximatifs. Contrastons (2a) et (2b) qui, par leur structure, sont des
équivalents monolingues des exemples ( 1a) et (1b) donnés plus haut à propos des dictionnaires
5
bilingues (p. 232) :
(2)
a. RÉPULSION aversion, dégoût, haine, répugnance
' '
b. RÉPULSION répugnance physique ou morale a l égard d'une chose ou d un être
qu'on repousse
4
Pour gagner de la place, nous avons supprimé de cet article la description des vocables enchâssés : CATASTROPHIQUE,
CATASTROPHER et CATASTROPHISME. Le Lexis incorpore en effet les articles de vocables morphologiquement liés dans
l'article de chaque mot-vedette. Par exemple, la description de ÉLOIGNEMENT se trouve dans l 'article de Loin.
5
La définition (2b) est empruntée au Nouveau Petit Robert [2007] sens 2.
7
'
Une liste d'un ou plusieurs synonymes comme (2a) peut suffire, dans certains contextes d utilisa-
tion, comme moyen de cerner approximativement le sémantisme d'une lexie. Mais une telle liste ne
'
devrait pas être appelée définition, dans la mesure où, justement, elle ne définit pas. L usage de ce
type de liste est tout à fait justifié dans le cas de dictionnaires bilingues — dans lesquels on cherche
généralement une traduction plutôt qu'une définition — mais reflète nécessairement une faiblesse
dans le cas des dictionnaires de langue monolingues, à moins qu'il s'agisse justement de diction-
'
naires de synonymes. Pour que le dictionnaire de langue soit vraiment utilisé comme un outil d ac-
'
quisition de nouvelles connaissances sémantiques, il faut qu il ait recours aux définitions analy-
tiques. On considérera donc que, parmi les deux « descriptions » sémantiques données ci-dessus,
seule (2b) est une définition lexicographique véritable.
La seule contrainte applicable aux définitions analytiques que l'on peut assouplir, dans le cas des
dictionnaires grand public, est celle voulant que la définition soit une paraphrase de la lexie définie.
Pour des motifs pédagogiques, certains dictionnaires préféreront utiliser des définitions aux allures
plus « digestes ». Examinons, par exemple, la définition donnée pour le verbe anglais INCITE 1 [The
( )
media incited them to strike. Les médias les ont incités à faire la grève ] dans le Collins Cobuild
English Language Dictionary [1987] :
(3) incit e [.. .] 1 If you incite someone to do something, you encourage them to do it by making
them excited or angry [...]
Ce dictionnaire, qui se veut avant tout un outil pédagogique, a pris le parti de s'adresser directe-
ment à son usager, plutôt que d'utiliser une définition paraphrastique créant plus de distanciation.
Ce mode de définition présente aussi l'avantage de montrer à l'utilisateur du dictionnaire comment
la lexie définie fonctionne dans la phrase et, notamment, quelles structures syntaxiques elle contrôle.
En fait, si l'on analyse bien le contenu de (3), on voit que c'est véritablement la valence du prédicat
sémantique qui y est présentée :
If you [=x] incite s o m e o n e [=y] t o d o s o m e t h i n g [=z]...
'
Certains dictionnaires peuvent être très explicites quand il s agit de décrire la nature prédicative
d'une lexie. Ainsi, le Dictionnaire du français usuel [2002], déjà mentionné plus haut (p.231),
introduit explicitement cette information. Par exemple, voici comment débute, dans ce dictionnaire,
la description du sémantisme de FIER [Elle est fière de son succès.] ; les variables numérotées A1
et A2 désignent les deux actants de cette lexie.
II est possible de trouver la description de certains liens paradigmatiques dans les dictionnaires de
langue. La plupart d'entre eux encodent explicitement les liens de synonymie, notamment à l'aide
de renvois fléchés. Les articles du Petit Robert et du Lexis cités ci-dessus fournissent de nom-
breux exemples de renvois de ce type. On trouve moins fréquemment l'indication de liens d'antony-
mie, sans doute parce que cette relation sémantique est à la fois moins facile à identifier et moins
riche que la synonymie.
Pour ce qui est des autres liens paradigmatiques, qui correspondent notamment aux fonctions lexi-
cales paradigmatiques présentées au Chapitre 7, les renvois sont beaucoup moins systématiques et
explicites. Les lexicographes utilisent fréquemment les exemples d'emploi donnés dans un article de
lexie pour faire mention des dérivés sémantiques jugés les plus pertinents. Un dictionnaire pourrait
(
ainsi donner la série d'exemples suivante dans l'article du verbe ENSEIGNER, dont la valence est X
)
enseigne Y à Z :
(5) L e p r o f e s s e ur [ = S 1 ] e n s e i g n e à une grosse classe( =S3],à 40 élèves[=S 3]. Quelles
sont les matières [= S2] qu'il e ns e ig n e ?
Nous introduisons explicitement en (5) la mention des fonctions lexicales paradigmatiques impli-
quées, pour bien montrer au lecteur la nature de l'information transmise de façon implicite dans
cette série d'exemples.
Il serait possible d'aller bien au-delà de l'examen de ces quelques dérivations sémantiques pour voir
toute la gamme des liens paradigmatiques que les dictionnaires de langue présentent de façon plus
ou moins explicite. Prenons, par exemple, le cas de la fonction lexicale Mult, qui ne fait pas partie
des fonctions lexicales paradigmatiques introduites au Chapitre 7.
(
Appliquée à une lexie L, Mult donne l'ensemble des lexies ou expressions signifiant ensemble de
)
L . En voici deux illustrations :
Mult (injure) = bordée, chapelet, flot, torrent [d'injures]
Mult (loup) = bande, horde, meute [de loups]
Il est clair que la plupart des dictionnaires de langue chercheront à introduire dans les articles de IN-
JURE et LOUP au moins une partie des valeurs de Mult énumérées ci-dessus. Nous suggérons au
'
lecteur d aller voir comment les liens paradigmatiques contrôlés par INJURE et LOUP sont présen-
tés dans les articles correspondants de son dictionnaire.
Toutes les remarques qui ont été faites à propos des liens paradigmatiques s'appliquent à l'encodage
de la combinatoire lexicale. Très conscients de la difficulté que représente la bonne maîtrise des phé-
nomènes collocatifs, les rédacteurs d'articles de dictionnaires grand public veillent généralement à
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introduire dans ces articles les collocations les plus significatives parmi celles contrôlées par les
' '
lexies décrites. Prenons, à titre d exemple, l article de la lexie CATASTROPHE 2 du Nouveau Petit
Robert [2007], cité plus haut (p. 236): On remarque immédiatement au moins trois collocations
dans la série suivante :
Les dictionnaires standard n'encodent pas explicitement les liens base-collocatifs et n'élucident pas
leur valeur sémantique. Il est cependant intéressant de noter que certains dictionnaires se dédient
entièrement à l'énumération des collocations ou, plus généralement, des cooccurrents fréquents des
lexies. Tel est le cas, par exemple, du Dictionnaires des c o o c c u r rences [2001], dont voici une
entrée :
II existe en fait un assez grand nombre de dictionnaires qui énumèrent les collocations du
français. Certains, comme Trouver le mot juste [1997] ou le Dictionnaire des mots et des idées
[1947], présentent même simultanément les liens paradigmatiques et syntagmatiques. Mais
c'est peut-être en lexicographie anglaise que les collocations ont été le plus décrites, avec
notamment le fameux BBl Dictionary of English Word Combinations [1997], dont la première
édition remonte à 1986.
Quelle qu'en soit la raison, la description lexicographique des collocations connaît depuis
quelque temps un développement véritablement remarquable. Citons, pour illustrer ce fait,
quelques-uns des titres les plus récemment parus :
- pour le français: Dictionnaire des combinaisons de mots. Les synonymes en contexte
[2007] et Lexique actif du français [2007];
- pour l'anglais : Oxford Collocations Dictionary for Stridents of English [2002] pour l'espa-
gnol : REDES. Diccionario combinatoiro del espaflot contemporàneo [2004].
On doit ici mentionner la lexicographie bilingue comme un domaine où la modélisation de la
combinatoire, et notamment des phénomènes collocationnels, a toujours joué un rôle impor-
tant. Parce que les dictionnaires bilingues sont presque nécessairement conçus comme des
ouvrages d'apprentissage, leurs rédacteurs sont plus souvent sensibles à la nécessité d'enco-
der explicitement les propriétés de combinatoire propres à chaque lexie. Prenons le cas de
l'article suivant, extrait de l'entrée SOUPIR du Robert & Collins [1995]
Lectures complémentaires
-
Winchester, Simon (1998). The Professor and the Madman: A Tale of Murder Insanity, and the
Making of the Oxford English Dictionary, Londres/New York, HarperCollins.
Nous recommandons la lecture de ce livre (aussi disponible en français : Le Fou et le Profes-
seur. Le Livre de Poche - 2000 - 320 pages - ISBN 9782253150824) pour l'aperçu qu'il donne
de la «part d'humain » qu'il y a dans la rédaction d'un dictionnaire. Il ne s'agit pas d'un ouvrage
à caractère scientifique, mais, en racontant la petite histoire derrière la rédaction du monu-
'
mental Oxford English Dictionary, il parvient parfaitement à démontrer à quel point l entreprise
lexicographique est une aventure humaine remplie d'incertitudes, d'erreurs, de surprises et,
parfois, de folies.
Un roman historique passionnant. La mise en place du plus fameux dictionnaire au monde: l'Ox-
ford English Dictionary. Le livre de Simon Winchester a été la "surprise" éditoriale de 1999 aux
9
U.S.A. et en Angleterre. Il s'agit de l'histoire vraie qui a accompagné l'élaboration de la plus
grande œuvre lexicographique anglaise, l'Oxford English Dictionary. En 1890, James Murray, le
rédacteur en chef de cette gigantesque entreprise, décide d'aller voir son correspondant le plus
étonnant. Depuis vingt ans, le Docteur Minor lui adresse des dossiers d'une infinie précision sur
l'évolution du sens de mots de la langue anglaise à travers des citations judicieusement choisies.
Murray découvre que Minor vit dans un asile, qu'il était l'un des plus brillants chirurgiens améri-
cains, et qu'il a été obligé de quitter son pays trop taraudé par ses obsessions morbides et
sexuelles. C'est un meurtre, dans un quartier louche de Londres, qui a provoqué son interne-
ment. Va naître une fantastique histoire d'amitié et d'amour entre le chirurgien fou, le linguiste
génial et la veuve de la victime de Londres. Régulièrement, tous les trois vont déambuler dans
les allées de l'asile et se raconter des histoires de mots, de guerres, de dieu, de passion... jus-
qu'à la fin tragique du Docteur Minor. Une histoire d'une puissante originalité où se mêlent la
langue, la folie, la fraternité, et dont Luc Besson prépare l'adaptation cinématographique.
Pruvost, Jean (2002). Les dictionnaires de langue française, collection e Que sais-je ? », nº
3622, Paris, Presses universitaires de France.
Petit ouvrage fort utile à consulter pour une présentation de la lexicographie française. II com-
porte notamment de nombreux pointeurs bibliographiques sur la lexicographie traditionnelle —
les dictionnaires papier— ainsi que sur les dictionnaires électroniques.
Béjoint, Henri ( 2 0 0 0 ) . Modern Lexicography: an Introduction, Oxford, Oxford University
Press.
'
Ce livre complète très bien le précédent, puisqu'il fait une présentation de la lexicographie de
langue anglaise, en se concentrant sur la période moderne (à partir des années 1960)
Picoche, Jacqueline (1977). «La définition », dans Précis de lexicologie française, Paris, Na-
than, p.133-148.
Ce texte complète la notion de définition. Notez que les définitions analytiques sont appelées ici
définitions substantielles.
Rey-Debove, Josette et Alain Rey (2007). Introduction pour Le Nouveau Petit Robert 1, Paris,
Le Robert.
On ne lit jamais les introductions des dictionnaires et c'est un tort...
Wierzbidca, Anna (1996). « Semantics and Lexicography », dans Semantics. Primes and Uni-
versals, Oxford/New York, Oxford University Press, p.258-286.
Un texte de réflexion qui explicite les rapports entre la sémantique/lexicologie et la lexicographie,
notamment la lexicographie visant la construction de dictionnaires théoriques.
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