Serneels Et Al 2018 (SLSA)
Serneels Et Al 2018 (SLSA)
Résumé
La seconde campagne dans le nord-est de Madagascar s’est déroulée en août 2018 avec
la participation de 25 personnes, étudiants et chercheurs de différentes universités
suisses et malgaches.
Le district de production primaire du fer de la région de Sambava a été exploré de
manière extensive. Un atelier a été fouillé près d’Amboronala (secteur MBR 140 ), ce
qui permet de caractériser la technique mise en œuvre et les matières premières. Des
prospections ont permis de localiser plus de 60 amas de scories. Ces sites sont beau-
coup plus nombreux que prévu, mais toujours petits (2 à 25 tonnes). La production ne
dépasse probablement pas les besoins régionaux. Sur la base de plus de 30 datations
14
C , on peut placer la période d’activité entre 1000 et 1400 AD. La production de fer
débute quelques siècles après l’installation des premiers établissements côtiers rasikajy.
A Département de Géosciences, Université de Elle cesse avant l’arrivée des Portugais.
Fribourg, Suisse La zone d’extraction du chloritoschiste, dans l’arrière-pays de Vohémar, a fait
B Université d’Antananarivo, Madagascar l’objet de prospections ciblées sur les carrières mentionnées dans la littérature archéo-
C AMA – Association Malgache d’Archéologie
logique. Une vingtaine de sites ont été visités dont plusieurs n’étaient pas connus.
D Institut für Geologie, Universität Bern,
Schweiz Sur certaines carrières, comme Amboaimohehy, Analafiana, Marobakely ou Bobalila,
E Département d’Histoire, Université de Toliara, l’ampleur des travaux d’extraction est considérable. Des milliers de mètres cubes ont
Madagascar été extraits. Les observations permettent de préciser les modes opératoires et l’organi-
sation de la production commence à apparaître. Les travaux de laboratoire se poursuivent
1 Le terme Rasikajy, nom donné après le
16 ème siècle, pourrait venir du swahili sikazy, pour caractériser les roches et lancer les études de provenance.
« pisatre », dérivé du portugais escudo. Il est Les travaux de terrain apportent aussi des nouvelles informations sur l’occupation
utilisé aujourd’hui par les populations locales du territoire par les Rasikajy qui s’avère nettement plus dense que prévu.
pour désigner les anciens occupants islamisés.
Il a été repris par les auteurs précédents dans
ce sens général (Gaudebout & Vernier 1941 ;
Vérin 1986 ). 1. Introduction
L’histoire du peuplement humain de l’île de Madagascar reste une question fortement
débattue (Beaujard 2007 ; Radimilahy & Crossland 2015). Dans le Nord-Est (fig. 1 et 2),
Fig. 1 Paysages malgaches
À gauche : Dans les environs de Sambava, les les « Rasikajy »1, une population islamisée, occupent des villages installés au bord de la
pairies sableuses et les bas-fonds marécageux mer et participent au grand commerce de l’océan Indien (Vérin 1975, 1986 ). Les établis-
de la zone littorale près d’Amboronala sements les plus anciens sont déjà occupés avant l’an mil et peut-être même dès le
À droite : Dans les environs de Milanoa, la
7ème siècle AD. Cette société est florissante encore aux 15ème et 16 ème siècles, comme
vallée de la rivière Antsahandrevo vue depuis
le sommet de la colline d’Amboaimohehy et en témoignent les découvertes spectaculaires de la nécropole de Vohémar (Gaudebout
les montagnes de l’arrière-pays & Vernier 1941b ; Vernier & Millot 1971 ; Vérin 1986 ; Rakotoarisoa & Allibert 2011).
313
48° E 50° E
Volcanites néogenes et quaternaires
Roches mésozoiques et tertiaires 12° S
Roches précambriennes
Etablissement Rasikajy Antisiranana
Ville moderne
Irodo
kia
2B
Lo
Daraina Fig. 2
Ambilobe
ilo ato A. Le nord-est de Madagascar dans le contexte
a mb Vohemar
n du grand commerce médiéval de l’océan Indien
Mahav
Ma
B. Carte de la zone de recherche dans le
Ambanja Milanoa
nord-est de Madagascar avec les principaux
avy
Ambariotelo Mahilaka
a ka établissements côtiers occupés par les Rasikajy
bana
Fanam Mahanara au 2ème millénnaire AD
Be
ma 14° S
rivo
Bemanevika
Sambava
Benavony
Amboronala
Lokoho
Andapa
Ank
ava
nan Antalaha
0 50 km a
2A
314
Fig. 3 L’équipe de recherche 2018 à Amboronala Entre le 8 août et le 16 septembre 2018, une équipe internationale de 25 personnes 8
a pris part aux recherches sur le terrain dans la région 9 (fig. 2 et 3 ). L’équipe principale
a poursuivi l’étude des sites de production primaire du fer entre Vohémar et Antalaha
(voir chap. 2). Plusieurs amas ont été localisés à proximité du village d’Amboronala, à
25 km au sud de Sambava (fig. 4 ). L’un de ces ateliers a fait l’objet d’une fouille étendue.
Des sondages de moindre envergure ont permis de dater les autres. Des prospections
ont permis d’en localiser ailleurs, au cœur même de la ville de Sambava ainsi que plus
au sud, du côté d’Antalaha, et plus au nord, en direction de Vohémar. Des sondages
ont été effectués sur quelques amas de scories repérés aux environs de l’habitat rasikajy
de Bemanevika, à 15 km au nord de Sambava (Vérin 1986 ). Enfin, la ville médiévale de
Mahilaka (Radimilahy 1998 ), sur la côte ouest de Madagascar, près de la ville moderne
d’Ambanja, a fait l’objet d’une reconnaissance pour évaluer les vestiges métallurgiques.
Un petit groupe mobile 10 a parcouru une bonne partie de la province de Vohémar,
en particulier les bassins des fleuves Fanambana et Manambery, à la recherche des
carrières de chloritoschiste (voir chap. 3 ). Une vingtaine de carrières a fait l’objet
d’observations directes, parfois après de longues marches d’approche à travers les
collines. Six nouveaux sites d’extraction qui ne sont pas mentionnés dans la littérature
ancienne ont été découverts. Systématiquement, les coordonnées ont été relevées, les
traces d’extraction ont été décrites, la présence de blocs travaillés a été documentée
et des échantillons pétrographiques ont été prélevés (fig. 5). Des fragments de vases
et autres objets en chloritoschiste ont été récoltés pendant les fouilles et les prospec-
tions sur les habitats rasikajy.
315
4 5
6 7
2.1 Sables noirs et latérites Fig. 4 Première visite sur les amas de scories de
Entre Vohémar et Antalaha, sur les plages blanches, on observe très souvent la présence fer du secteur MBR 140 près d’Amboronala
de sables noirs qui dessinent des taches ou des motifs sombres au gré des mouvements Fig. 5 Première visite sur la carrière de
chloritoschiste de Toamasina QV 10 près de
des vagues (fig. 6 ). Les sables des plages actuelles sont essentiellement constitués de
Vohémar
grains de quartz qui proviennent de l’érosion des granites et des gneiss du socle pré-
Fig. 6 Dépôts superficiels de sable noir (magné-
cambrien de l’arrière-pays. Les nombreux fleuves côtiers transportent les sédiments qui tite et ilménite) sur la plage d’Amboronala
se déposent le long du littoral et sont progressivement poussés vers le nord par les Fig. 7 Aspect des fines couches de sable noir
courants marins. À l’ère Quaternaire, les glaciations successives ont provoqué des varia- sur la plage de Benavony
tions importantes du niveau de la mer. Au cours de ces cycles de transgressions et
régressions marines, les sédiments sableux littoraux ont été remaniés de manière ré-
pétée. Progressivement, les grains les plus denses se sont concentrés dans les sites
topographiques favorables (Hou et al. 2017). La magnétite et l’ilménite s’accumulent
avec d’autres minéraux lourds tels que le zircon et la monazite notamment11. Locale-
ment, les minéraux lourds peuvent constituer 20 à 80% du sédiment. À l’échelle du
centimètre, ils se concentrent en fines couches enrichies (fig. 7). Dans les situations
topographiques favorables, celles-ci se superposent sur une épaisseur de quelques mètres
et forment des bandes de quelques centaines ou milliers de mètres de long. Ces
terrains très jeunes ne sont pratiquement pas consolidés et sont donc très faciles à
extraire et à laver. Un lavage à la battée permet de produire, rapidement et sans grand
effort, un concentré qui contient tous les minéraux lourds. Par contre, ce simple lavage
11 Magnétite (Fe 3 O 4 ) densité 5, 2 – Ilménite
ne permet pas de séparer les minéraux riches en fer des autres grains. Dans le concentré,
(FeTiO 3 ) densité 4,7 – Zircon (ZrSiO 4 ) densité
la magnétite est toujours abondante, mais elle est accompagnée par une proportion 4,7 – Monazite ((Ce, La, Y, Th) PO 4 ) densité 4,6
élevée d’autres minéraux. La teneur en fer du concentré est donc variable. à 5, 4 .
316
Fig. 8 Aspect du sable noir Les sables récoltés en 2017 sur les plages de Benavony et Sambava ont été lavés
En haut : sable noir de Benavony non lavé pour en extraire les minéraux lourds (fig. 8 ). Les analyses montrent que ces concentrés
En bas : concentré obtenu par lavage à la
contiennent une importante proportion d’oxyde de fer (Fe 2O3 : 42 à 57%) mais aussi
battée du sable noir de Benavony
Les grains noirs sont des magnétites et des de titane (TiO2 : 18 à 27%) ainsi que des teneurs élevées en éléments rares et typiques
ilménites. Les grains clairs sont des autres des sables noirs, en particulier le zirconium (Zr), le thorium (Th) et les éléments de la
minéraux lourds comme le zircon et la famille des terres rares (Ce, La, Y, etc.) (fig. 10 ). Ces éléments n’étant pas réductibles
monazite.
dans les conditions de l’opération de réduction du minerai de fer, ils devraient passer
Fig. 9 Grand bloc de cuirasse latéritique dans la
intégralement dans les scories. Les analyses des scories de Benavony et Matavy montrent
pente de la colline d’Antaimby, au nord-ouest
de Bemanevika correspondant à une zone des teneurs beaucoup trop basses et ne sont donc absolument pas compatibles avec
probable d’extraction de minerai de fer les sables noirs.
Fig. 10 Comparaison entre les compositions En 2017, à l’emplacement de l’amas de scories fouillé à Benavony, le substrat sableux
chimiques des minerais potentiels (sables noirs est riche en grains de magnétite et le site n’a livré que quelques fragments de concrétions
et latérites) et des scories de réduction
ferrugineuses latéritiques. Par contre, les sables qui forment le substrat du site de la
rivière Matavy sont pour leur part complètement dépourvus de magnétite et, pendant
les fouilles, de nombreuses concrétions latéritiques ont été observées. La prospection
a même permis de mettre en évidence une accumulation de petits grains pisolithiques
ferreux à proximité de l’amas principal de scories. Enfin, des concrétions ferrugineuses
ont été observées dans les collines qui surplombent le site de Matavy.
En 2018, la fouille du secteur MBR 140 à Amboronala a permis de faire des obser-
vations précises sur la nature du minerai et sa préparation (voir chap. 2.3 ). Dans ce cas,
il n’y a aucun doute, des concrétions latéritiques ont été utilisées. Près de Bemanevika,
un affleurement de latérite avec de gros blocs provenant d’une puissante cuirasse fer-
rugineuse a pu être localisé (fig. 9 ). Ce lieu a probablement fonctionné comme zone
d’extraction du minerai et plusieurs amas de scories se trouvent à proximité (voir
chap. 2.5).
Les analyses des concrétions ferrugineuses latéritiques de Matavy montrent des
compositions très riches elles aussi en fer, inhabituellement élevées pour des produits
latéritiques normaux (Fe2O3 : 75 – 85%). Pour les éléments mineurs (Al2O3, TiO2 ) et traces
(V, Cr), les teneurs dans les minerais latéritiques sont compatibles avec celles des
8
scories (fig. 10 ).
Contrairement à la supposition émise précédemment, on peut donc affirmer que
les sables noirs n’ont pas été utilisés pour la production du fer. Cette constatation est
un peu paradoxale dans la mesure où les sables noirs sont suffisamment riches pour
être utilisés, faciles d’accès, abondants et surtout bien visibles sur les plages. Il est donc
surprenant qu’ils n’aient pas été utilisés. On peut en déduire que les populations qui
s’installent sur la côte ignorent que ces sables sont une ressource potentielle. C’est un
argument important pour identifier l’origine de la technique de réduction. Au contraire,
les concrétions ferrugineuses latéritiques ont intéressé les métallurgistes rasikajy. On
peut donc penser qu’ils étaient familiers de ces minerais.
9
317
2.2 Du nord au sud : les traces de l’activité sidérurgique
La partie septentrionale de la zone d’étude, au nord de la ville de Vohémar, n’a pas
encore fait l’objet de prospections importantes12. Pour le moment, les seules indications
concernant les vestiges sidérurgiques proviennent des recherches antérieures. Au
contraire, les recherches en cours ont permis de renouveler complètement les connais-
sances dans la zone méridionale entre Vohémar et Antalaha. On peut maintenant
esquisser les limites du district de production primaire du fer (fig. 11, 12).
La localité d’Irodo, qui se trouve à 50 km au sud d’Antsiranana13, est le site le plus
septentrional à avoir livré du mobilier archéologique attribué à l’occupation par les
Rasikajy (fig. 2). On y signale la présence de scories éparses dans les niveaux contenant
de la céramique importée et des vases en chloritoschiste (Vérin 1986, p. 142–145).
Entre Irodo et Vohémar, la région est très mal connue du point de vue archéolo-
gique. Peu peuplée et difficile d’accès, elle semble ne pas avoir été parcourue par les
chercheurs au 20ème siècle, alors qu’elle renferme plusieurs sites topographiques favo-
rables à l’établissement d’habitat côtier et que des ressources naturelles significatives
sont présentes dans l’arrière-pays.
Lors de notre passage à Anjiabe pour visiter la carrière de Bobalila (voir chap. 3.5.4 ),
les informateurs locaux n’ont pas pu confirmer la présence d’amas de scories. Un site
naturel recelant des concrétions ferrugineuses d’origine pédogénétiques, présentes
dans des niveaux argilo-sableux superficiels, a pu être visité. Aucune trace d’exploita-
tion n’a été mise en évidence.
Paradoxalement, on ne signale pas de scories de fer aux environs de la ville de
Vohémar. Les connaissances sur l’occupation ancienne proviennent essentiellement de
la fouille de la grande nécropole (Gaudebout & Vernier 1941b ; Vernier 1986 ; Rakotoa-
risoa & Allibert 2011). L’habitat correspondant n’est pas localisé. Selon une hypothèse
notamment fondée sur une tradition orale précise, un établissement qui se trouvait
sur une langue de terre ou sur une île aurait été submergé au cours d’un événement
catastrophique (Schreurs & Rakotoarisoa 2011). Il est peu probable que l’habitat ancien
se trouve sous la ville moderne car, dans ce cas, les nombreux travaux de terrassement
auraient certainement mis au jour des vestiges qui auraient été signalés. Enfin, les
environs de la ville ont été parcourus intensément par différents chercheurs sans résul-
tat probant. Tant que l’habitat de Vohémar n’aura pas été retrouvé, on ne pourra pas
exclure la présence d’une industrie du fer dans ce secteur, mais il n’y en a aucune trace
pour le moment.
Le village de Ampanefena, à 50 km au sud de Vohémar, porte un nom évocateur
puisqu’il signifie « le lieu où l’on forge ». Ce toponyme est cependant d’origine très
récente selon la tradition orale14 . Des scories auraient été découvertes lors de la
construction de l’église anglicane, mais on n’en retrouve aucune trace aujourd’hui15.
Les anciennes recherches mentionnent l’existence d’un vieil établissement rasikajy
à l’embouchure du fleuve Manahara, mais pas la présence de scories (Vérin 1986, p. 261–
265). Les visites sur place n’ont pas permis de découvrir des vestiges sidérurgiques. Le 12 Il est prévu d’étudier cette zone en août
site semble avoir subi une forte érosion car il se trouve à l’embouchure du fleuve. Un 2019.
13 Antsiranana est le nom malgache de la ville
peu plus au sud, dans le village de Ambatojoby, on observe à plusieurs endroits de
anciennement appelée de Diego-Suarez.
grands blocs de latérite. Un habitant de ce village est en possession de fragments de 14 Cette tradition a été recueillie de la bouche
scorie mais n’a pas révélé leur provenance exacte 16 . de Monsieur Be, Albert, habitant de Ampane -
Un autre établissement rasikajy se trouve près de l’actuel village de Bemanevika, fena. Le village aurait abrité le seul forgeron
venu d’Ambilobe qui aurait continué à pratiquer
à 12 km au nord de Sambava. Des vestiges de l’habitat ainsi qu’un amas de scories
son métier malgré l’interdiction faite en 1824,
avaient été repérés près de l’embouchure du fleuve Bemarivo (Vérin 1986, p. 264 – 267) 17. après la prise de contrôle de la région nord de
En 2018, malgré des conditions d’accès très difficiles, cette zone a été l’objet de plusieurs Madagascar par le roi Radama I .
visites et d’une brève campagne de sondages. En plus des vestiges déjà signalés (secteur
15 D’après Monsieur Andrianarison, Etienne,
instituteur et ancien maire.
BMK 400 ), d’autres concentrations de scories (secteurs BMK 100, 200 et 300 ) et un 16 Monsieur Betombo, Suprien.
affleurement de latérite probablement exploité (Antaimby) ont été repérés au nord du 17 Le site de Bemanevika avait été visité
village (voir chap. 2.5). brièvement en 2013.
318
Fig. 11 Carte de localisation des groupes Site Numéro GPS Type Volume Type Référence Nombre
d’amas de scories entre Vohémar et Antalaha d’amas X Y d’intervention amas d’assemblage datation
Fig. 12 Liste des amas de scories de réduction Bemanevika BMK110 39L405694 84 42228 Prospection Petit Culot 2018 § 2.5.1
BMK120 39L405700 84 42213 Prospection Petit Culot 2018 § 2.5.1
du minerai de fer identifiés sur le terrain entre
BMK130 39L405699 84 42204 Sondage Petit Culot 2018 § 2.5.1 1
Vohémar et Antalaha au cours des campagnes BMK140 39L405717 84 42174 Prospection Petit Culot 2018 § 2.5.1
de recherches 2017 et 2018 BMK210 39L40614 4 84 41236 Prospection Petit Culot 2018 § 2.5.2
BMK220 39L406149 84 41258 Prospection Petit Culot 2018 § 2.5.2
BMK230 39L406162 84 41341 Sondage Petit Culot 2018 § 2.5.2 1
BMK240 39L406184 84 41317 Prospection Petit Culot 2018 § 2.5.2
BMK250 39L406194 84 41299 Prospection Petit Culot 2018 § 2.5.2
BMK260 39L406087 84 41134 Prospection Petit Culot 2018 § 2.5.2
BMK410 39L408160 8437505 Prospection Petit Culot 2018 § 2.5.4
BMK420 39L408154 8437346 Sondage Petit Mixte 2018 § 2.5.4
Sambava ATB1 39L407968 8423790 Prospection Petit Mixte 2018 § 2.2
– Antaimby ATB2 39L407928 8423836 Prospection Petit Indéterminé 2018 § 2.2
ATB3 39L407892 8423884 Prospection Petit Indéterminé 2018 § 2.2
ATB4 39L407912 8423866 Prospection Petit Indéterminé 2018 § 2.2
ATB5 39L407921 8423840 Prospection Petit Mixte 2018 § 2.2
Matavy MT Y1 39L408905 8418349 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y2 39L408895 8418379 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y3 39L408890 8418334 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y4 39L408590 8417891 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y5 39L408675 8417780 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y6 39L408675 8417780 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y7 39L408864 8418168 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y8 39L408645 8417717 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y9 39L408663 8417690 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y10 39L408942 8418365 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y11 39L408877 8418304 Fouille Grand Mixte 2017 § 3.4 4
MT Y12 39L408881 8418324 Fouille Petit Culot 2017 § 3.3 1
MT Y13 39L408888 8418305 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y14 39L408853 8418289 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y15 39L408843 8418315 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y16 39L408833 8418324 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y17 39L408926 8418378 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y18 39L408930 8418357 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
MT Y19 39L408922 8418353 Prospection Petit Culot 2017 § 3.3
Benavony BNY410 39L410869 8406604 Fouille Grand Mixte 2017 § 2.3 3
BNY420 39L410801 8406725 Prospection Grand Mixte 2017 § 2.4
BNY430 39L410765 8406512 Sondage Grand Mixte 2017 § 2.4 3
BNY4 40 39L410919 8406657 Prospection Grand Mixte 2017 § 2.4
BNY450 39L410877 8406711 Prospection Grand Mixte 2017 § 2.4
Amboronala MBR110 39L410832 8398584 Sondage Petit Coulée 2018 § 2.4.1 1
Vohemar
Vohemar
NN MBR120 39L410836 8398624 Sondage Petit Culot 2018 § 2.4.1 1
MBR131 39L410856 8398609 Prospection Petit Culot 2018 § 2.4.1
MBR132 39L410856 8398609 Prospection Petit Coulée 2018 § 2.4.1
MBR141 39L410891 8398807 Fouille Petit Coulée 2018 § 2.3 3
MBR142 39L410891 8398807 Fouille Petit Coulée 2018 § 2.3
MBR143 39L410891 8398807 Fouille Petit Culot 2018 § 2.3 3
MBR210 39L410738 8399857 Sondage Petit Culot 2018 § 2.4.1 1
MBR220 39L410734 8399868 Sondage Grand Culot 2018 § 2.4.1 1
Ampanefena
Ampanefena MBR240 39L410740 8399854 Sondage Petit Culot 2018 § 2.4.1 1
MBR411 39L411516 8398162 Prospection Petit Culot 2018 § 2.4.1
MBR412 39L411516 8398162 Prospection Petit Coulée 2018 § 2.4.1
Manahara
Manahara Ambodimadiro DMD810 39L409849 8397868 Prospection Petit Coulée 2018 § 2.4.2
Ambatojoby
Ambatojoby DMD820 39L409874 8397865 Sondage Petit Coulée 2018 § 2.4.2 1
DMD830 39L409852 8397868 Prospection Petit Coulée 2018 § 2.4.2
Bemanevika
Bemanevika
DMD840 39L409863 8397868 Prospection Petit Culot 2018 § 2.4.2
Sambava
Sambava DMD850 39L409913 8397863 Sondage Petit Coulées 2018 § 2.4.2 1
DMD860 39L409928 8397858 Prospection Petit Culot 2018 § 2.4.2
Matavy
Matavy
DMD910 39L409807 8398073 Prospection Grand Mixte 2018 § 2.4.2
DMD920 39L409814 8398069 Prospection Grand Mixte 2018 § 2.4.2
Benavony
Benavony
DMD930 39L409868 8398075 Visite Petit Culot 2018 § 2.4.2
Amboronala
Amboronala
Ambodimadiro
Ambodimadiro DMD940 39L409886 8398103 Visite Petit Culot 2018 § 2.4.2
Ambodipont
AmbodipontLimite
Limite DMD950 39L409873 8398112 Visite Petit Coulée 2018 § 2.4.2
Ampanantova
Ampanantova DMD960 39L409866 8398114 Visite Petit Coulée 2018 § 2.4.2
DMD970 39L409859 8398112 Visite Petit Coulée 2018 § 2.4.2
DMD980 39L409884 8398117 Visite Petit Indéterminé 2018 § 2.4.2
Ambodipont APL100 39L410360 8390220 Visite Petit Indéterminé 2018 § 2.2
Limite APL200 39L409789 8390892 Visite Petit Indéterminé 2018 § 2.2
APL310 39L409417 8391198 Visite Petit Indéterminé 2018 § 2.2
Antalaha
Antalaha
APL320 39L409417 8391198 Visite Petit Indéterminé 2018 § 2.2
APL330 39L409417 8391198 Visite Petit Indéterminé 2018 § 2.2
Observation
Observationdirecte
directede
descories
scories
APL340 39L409417 8391198 Visite Petit Indéterminé 2018 § 2.2
Indication
Indicationindirecte
indirectede
descories
scories
APL400 39L406230 8390748 Visite Petit Indéterminé 2018 § 2.2
Absence
Absencede
descories
scories Ampanantova PT V110 39L409782 8385848 Prospection Petit Coulée 2018 § 2.2
Ville
Villemoderne
moderne PT V120 39L409781 8385854 Prospection Petit Coulée 2018 § 2.2
Fleuve
Fleuveactuel
actuel PT V130 39L409753 8385824 Prospection Petit Culot 2018 § 2.2
PT V140 39L409688 8385981 Prospection Petit Coulée 2018 § 2.2
50
50km
km PT V150 39L409722 8385981 Prospection Petit Coulée 2018 § 2.2
11 12
319
13 B
320
Fig. 15 Image satellite de la zone côtière au
nord du village d’Amboronala et localisation
des vestiges sidérurgiques
Fig. 16 Description et quantification des amas
de scories d’Amboronala : { 935 } est la valeur
moyenne de la masse de scories en fonction du
volume de sédiment (kg/m 3 ) calculée à partir
des mesures effectuées dans 6 sondages
(cubages)
15
depuis la route. Aucun des amas étudiés en 2018 ne correspond à cette description ;
il est donc probable qu’il s’agissait d’un site supplémentaire.
Dans la zone se situant au sud d’Amboronala, les prospections sont encore en
cours, mais la présence de nombreux sites apparaît clairement. Quelques amas ont été
localisés au cours des premières visites et des informations supplémentaires collectées 21.
21 Cette zone est en cours d’étude par Au hameau d’Ambodipont Limite, des scories éparses provenant des excavations pour
MM. Avonirina L., Jaony W., Razanamalala A. la construction d’une maison privée ont été observées. Le chantier se trouve à proxi-
et Totobemahefa H., étudiants au CURSA
mité de la route. Trois autres sites avec amas de scories sont signalés à l’ouest de la
d’Anta laha. Ils ont identifié des sites supplé -
mentaires. Il est prévu de confirmer ces route ainsi que des affleurements de latérite riche en concrétions ferrugineuses. Les
découvertes en 2019. habitants d’Ambodimanga sont en possession de fragments de vases en chloritoschiste
Dimensions
Longueur Largeur Épaisseur Volume kg scorie Tonnage
Amas Type d’intervention m m Maximum m3 /m 3 tonne Forme Assemblage Datation
MBR110 Sondage (1,5 × 1 m) 6.4 6.0 0.20 1.8 {935} 1.6 Elliptique Coulée x
MBR120 Sondage ( 2 × 2 m) 5.1 4.4 0.30 2.7 937 2.5 Circulaire Culot x
MBR130 Prospections 7.8 3.6 Croissant fin Mixte
MBR141 Fouille 6.1 5.4 0.26 3.4 808 2.7 Elliptique Coulée xx
MBR142 Fouille 4.2 3.9 0.20 1.3 {935} 1.2 Elliptique Coulée
MBR143 Fouille 2.6 1.7 0.35 0.6 630 0.4 Fosse Culot xx
MBR210 Sondage ( 3 × 1 m) 9.0 8.5 0.37 11.1 859 9.6 Circulaire Culot x
MBR220 Sondage ( 2,5 × 2,5 m) 4.7 4.5 0.17 1.4 1159 1.6 Circulaire Culot x
MBR240 Sondage ( 6 × 1 m) 4.8 4.2 0.40 2.8 913 2.6 Circulaire Culot x
MBR411 Prospections 6.0 3.0 Elliptique Coulée
MBR412 Prospections 5.0 4.0 Elliptique Culot
16
321
Fig. 17 Amas de scories près du village
d’Ampanantova, à mi-chemin entre Sambava
et Antalaha
Fig. 18 Vue générale du secteur MBR 140
d’Amoborolana : deux petits amas de scories
juxtaposés sur une butte sableuse entourée de
marécages
et en céramique qui ont été récoltés dans les champs et les rizières. Ils proviennent
certainement d’un habitat rasikajy qui n’a pas encore été signalé. Deux amas de
scories ont été identifiés au sud-ouest d’Ampagnantsaovagna 22.
Enfin, près d’Ampanantova, sur une colline sableuse appelée elle aussi Antaimby
– « le lieu des scories » – on observe 5 petites buttes de déchets métallurgiques (fig. 17).
Le site se trouve dans la zone de transition entre les sables et les altérites.
18
322
141
142
N 143
Scories
Minerai
Sédiment gris
Sédiment noir
0 5m
Bloc de pierre
19
Fig. 19 Plan général du secteur MBR 140 d’Amo- centré sur une grande fosse de travail (fig. 19 ). La structure de combustion, probable-
borolana : deux amas de scories ( MBR 141 et ment un foyer plutôt qu’un véritable fourneau, occupait la partie sud de cette fosse.
142 ), une grande fosse correspondant au foyer
Il était équipé d’une tuyère et de soufflets. L’accès au foyer se faisait par la partie nord,
et à son aire de travail et un bloc de pierre
pour le concassage du minerai (relevé et dessin située en contrebas pour faciliter l’écoulement des scories. Celles-ci étaient ensuite
M. Mauvilly) rejetées sur les deux amas situés à l’extérieur de l’aire de travail. Les scories en culot
Fig. 20 Vue générale du secteur MBR 140 à hémisphérique ont été utilisées pour renforcer les bords de la fosse de travail. La zone
Amoborolana : le nettoyage de la surface fait de préparation du minerai comporte un gros bloc de pierre pour le concassage. Les
apparaître les deux petits amas de scories et le
nombreux trous de piquet laissent penser que d’autres aménagements devaient exister,
bloc de pierre pour le concassage du minerai
mais les données sont trop lacunaires pour proposer une reconstitution.
Avant l’ouverture du chantier, une cérémonie traditionnelle a été organisée à
proximité du site. La végétation a été coupée et la couche de terre végétale et de racines
enlevée sur une surface 15 × 15 m, soit environ 200 m2. Ce premier décapage fait appa-
raître les deux monticules de scories reposant sur une couche de sable grisâtre (fig. 20 ).
MBR141
MBR142
20
323
Coupe B-B’
B B’
Coupe B-B’
B B’
Coupe A-A’
A A’
Coupe A-A’
A A A’
A
N
B
B
B
B
B B’
B B’
B’
B’
Traces de rubéfaction
Bloc de scorie
Traces de rubéfaction A’
Tuyère en pierre 0 0.10 0.50 1m
Bloc de scorie
324
MBR141
MBR143
22
MBR143 MBR142
23
24
Fig. 22 Vue de la fosse MBR 143 en direction Fig. 24 Vue de la fosse MBR 143 en direction
de l’est après démontage du comblement du nord. Le comblement, qui a été en partie
Fig. 23 Vue de la fosse MBR 143 en direction démonté, a fait apparaître les gros fragments
de l’ouest après démontage du comblement. de scorie qui renforcent le fond et les bords de
L’amas de scories MBR 142 est visible sur la la fosse dans la partie nord.
droite (au nord).
325
Fig. 25 Vue du secteur MBR 140. Au premier
plan, le gros bloc de pierre utilisé pour le
concassage du minerai
25
Au nord-est, l’amas de scories MBR 141 a été presque entièrement démonté. Les scories
du quart nord-est ont été systématiquement pesées. Une tranchée de 1 × 10 m a été
ouverte au sud de l’amas MBR 141 pour appréhender les épandages de petits fragments
de minerai. Autour de l’amas ouest, MBR 142, le sédiment, plus sombre, contient des
débris métallurgiques. Cette anomalie sableuse grisâtre, MBR 143, se développe en
direction du sud. Localement, le sédiment devient franchement noir et collant. Cette
sombre perturbation a été décapée sur une surface de 5 × 4 m, mettant en évidence
une grande fosse grossièrement elliptique portant des traces d’impact thermique dans
la partie sud. À l’extérieur de cette perturbation, au sud-ouest, se trouve un gros bloc
de pierre.
La grande fosse, MBR 143, est le cœur de l’atelier (fig. 21– 24 ). Elle mesure 2,5 m
de long du nord au sud et 1,8 m de large. Elle est creusée dans le substratum sableux.
Dans la partie nord, plus profonde, le creusement atteint 35 cm au-dessous du niveau
du sol actuel. Au nord et à l’est, les bords de la fosse sont quasiment verticaux. Ils sont
renforcés par un empilement de gros fragments de scorie. Les pièces sont jointives,
pratiquement encastrées les unes contre les autres. Des culots hémisphériques ont
presque uniquement été utilisés. Les pièces les plus grosses tapissent la partie nord-est.
Au centre, sur le fond, les débris sont plus petits et disposés de manière moins compacte.
Du côté ouest, le bord de la fosse remonte en pente douce et les scories sont moins
abondantes et moins grosses.
La partie sud de la fosse MBR 143 forme une dépression moins profonde, de forme
trapézoïdale, qui est accolée à la partie nord. Le niveau du fond est surélevé d’une dizaine
de centimètres. À l’est comme à l’ouest, la paroi s’infléchit pour ne laisser qu’un passage
étroit entre les deux parties de la fosse. Une cuvette peu marquée occupe le centre de
la partie sud. C’est dans et autour d’elle que les traces d’impact thermique sont les plus
marquées. Le sable a subi une rubéfaction significative, mais il est à peine induré. Les
zones colorées dessinent vaguement une couronne autour de la cuvette mais les limites
sont indistinctes.
Le comblement de l’ensemble est constitué d’un sédiment noir, parfois collant,
très riche en matière organique et contenant de très nombreux débris métallurgiques
disposés de manière désordonnée (fig. 24 ). Dans la partie supérieure, le sédiment du
comblement est plus sableux et grisâtre.
326
Ces vestiges sont assez mal conservés et peu parlants. Cependant, on interprète
la partie sud de la fosse présentant les impacts thermiques comme l’emplacement d’une
structure de combustion pour le traitement du minerai. Cette structure était proba-
blement légère puisqu’on ne trouve pas de paroi construite et elle était sans doute
fréquemment réaménagée, peut-être même après chaque opération. Les impacts de
chaleur étant un peu plus marqués au sud, c’est dans cette position, en périphérie de
la fosse, que l’on restitue l’emplacement de la soufflerie. La partie nord de la fosse
est sans doute un espace de travail donnant accès au fourneau. C’est par là que l’on
évacue les déchets, scories coulées en cours d’opération et bloc de fond de four à la
fin de celle-ci.
26
Au sud-ouest de la fosse MBR 143, à une distance de 2,5 m, se trouvait un gros
bloc de grès quadrangulaire ( 35 × 40 × 20 m) (fig. 25 ). Dans l’environnement sableux
modelé par le vent du site d’Amboronala, il n’y a aucun doute que cette grosse pierre
a été apportée par l’homme. Sur les deux faces principales, le bloc porte des traces
très nettes de percussions et plusieurs gros éclats ont été détachés sur les bords (fig. 26 ).
Tout autour, dans un rayon de plus de 50 cm, le sol est jonché de petits morceaux de
concrétions ferrugineuses. Ces petits fragments de minerai sont mêlés au sable orangé
sur une épaisseur d’environ 5 cm. La pierre a donc clairement servi pour le concassage
du minerai 24 . Elle a été utilisée sur deux faces et la couche de fragments de minerai
passait en-dessous du bloc. Sa position a donc sans doute été modifiée à plusieurs
reprises pendant son utilisation.
À l’ouest du bloc, à faible distance, deux perturbations circulaires noires sont
apparues dans le sédiment sableux orange (fig. 27). Il s’agit de deux grands trous de
poteau (diamètre 30 cm, profondeur 70 cm). De gros fragments de scorie ayant proba-
27
blement servi au calage des poteaux ont été trouvés au fond de ces trous.
À l’est/sud-est de la fosse MBR 143, à une distance d’un peu plus de 5 m, on observe
Fig. 26 Vue de détail du bloc utilisé pour le en surface des épandages discontinus de morceaux de minerai. Ils sont particulièrement
concassage du minerai (secteur MBR 140 ). La nombreux au pied de l’amas de scories 141. Les fragments sont pluricentimétriques,
face visible comporte de nombreuses traces
nettement plus gros que ceux qui environnent le bloc de concassage. Ils sont visibles
d’impacts et on voit les éclatements latéraux.
Au moment de sa découverte, le bloc était en surface et présents dans les 5 premiers centimètres de la couche de sable 25. Un autre
retourné. trou de piquet, de dimensions moins importantes (diamètre 10 cm, profondeur 20 cm)
Fig. 27 Vue de détail du grand trou de poteau a été repéré lors du creusement de la tranchée au sud de l’amas 141. Le remplissage
à l’ouest du bloc utilisé pour le concassage du contenait aussi un élément de calage.
minerai (secteur MBR 140 )
Au nord de la fosse MBR 143 se trouvent les deux amas de scories (fig. 19 ). L’amas
Fig. 28 Vue de l’amas de scories MBR 142 en
MBR 142 est tout proche la fosse. Il est circulaire, d’un diamètre de 4 m et d’une
direction de l’ouest
épaisseur d’à peine 20 cm. Il a seulement été décapé en surface, mais pas fouillé (fig. 28 ).
Il est constitué exclusivement de petits fragments pluricentimétriques de scorie coulée.
L’amas MBR 141 se trouve à 8 m de distance de la fosse en direction du nord-est.
Il est un peu plus volumineux (diamètre de 6 m et épaisseur de 30 cm). Il a été fouillé
presque complètement (fig. 29 ). Il est constitué en grande majorité par des scories
327
Fig. 29 Vue de la fouille de l’amas de scories
MBR 141, en direction de l’ouest. La couche de
scories atteint une épaisseur de 25 cm.
Fig. 30 Vue des trous de piquet à la périphérie
nord-ouest de l’amas de scories MBR 142
Fig. 31 Vue de l’amas de scories coulées MBR
110, situé sur le sommet de la grande dune au
sud-ouest du secteur MBR 140. Vue en
direction de l’ouest depuis le pied de la dune.
29
30
31
328
coulées, mais il contient aussi quelques fragments de tuyère, des morceaux informes
sableux rubéfiés faiblement indurés et des éléments en argile blanche plastique. Quelques
fragments de culot hémisphérique ont été observés mais ils ne forment qu’une pro-
portion négligeable de l’assemblage.
Au nord-ouest de l’amas MBR 141, le décapage de la couche de sable stérile a mis
en évidence la présence d’une quinzaine de perturbations noires plus ou moins circu-
laires, disposées de manière désordonnée sur une surface d’environ 4 m2 (fig. 30 ). Les
diamètres sont variables, allant de 5 à 30 cm, de même que les profondeurs (2 à 25 cm).
Certaines perturbations sont plus étendues et de formes irrégulières. Des fragments
32
de scories ont été récoltés dans les remplissages. Ces structures correspondent sans
doute à des trous de piquets se rapportant à des aménagements contemporains de
Fig. 32 Vue du sondage sur l’amas de scories l’activité métallurgique. Il est difficile de restituer une organisation.
en culot hémisphérique MBR 120, situé sur le La fouille de l’ensemble du secteur MBR 140 n’a livré absolument aucun tesson de
cordon dunaire au sud-ouest du secteur MBR
céramique.
140. Vue en direction du nord. Le secteur MBR
140 se trouve à l’arrière-plan sur la droite. Les déchets métallurgiques provenant du quart nord-ouest de l’amas MBR 141 ont
Fig. 33 Vue générale du secteur MBR 200, en été pesés. La masse totale est de 681 kg. On peut donc estimer que l’amas est constitué
direction du nord depuis le cordon dunaire. dans son ensemble de 2700 kg de scories et de quelques dizaines de kilos de débris de
Le secteur MBR 200 occupe la bande herbeuse tuyère. Le volume 26 de cet amas est estimé à 3,4 m3. La masse de scories est donc de
au-delà du gué, au centre de la photo.
l’ordre de 800 kg par m3. Pour l’amas MBR 142, le volume calculé est de 1,3 m3 et la
masse totale des scories atteint donc 1200 kg. Les scories provenant de la fosse MBR
143 n’ont pas été pesées directement mais on peut estimer la masse globale à environ
400 kg 27. L’estimation de la masse totale de scories présentes sur le site MBR 140 se
situe entre 4 et 4,5 tonnes.
329
Fig. 34 Plan des trois amas de scories du secteur
MBR 200 (relevé et dessin M. Mauvilly)
N
220
210
240
0 5m
34
Un groupe de petits amas de scories (zone MBR 200 ), très proches les uns des autres,
a été étudié (fig. 34, 35). Deux concentrations, MBR 210 et 220, formaient de petits
monticules visibles en surface. Une troisième concentration, MBR 240, a été découverte
lors des sondages. Les amas sont circulaires, petits ( 5 m de diamètre) et peu épais (20
à 40 cm). Ils sont constitués essentiellement de scories en culot hémisphérique. Il n’a
pas été possible de localiser les vestiges d’un fourneau.
Ces amas de scories ont livré un peu de mobilier archéologique constitué essen-
tiellement par de la céramique locale fine et grossière, environ 500 fragments, ainsi
que 5 morceaux de vase en chloritoschiste. Du mobilier a également été découvert en
330
35
Fig. 35 Vue générale du secteur MBR 200, en surface, dans les excavations et les déblais des charbonnières disséminées alentours.
direction du sud. L’amas MBR 220 se trouve Pour cette raison, 5 petits sondages ( MBR 231 à 235) ont été implantés sur l’étendue
au premier plan. L’amas MBR 210 se trouve au
herbeuse à proximité des découvertes de surface. Sous la couche humifère d’une
second plan. L’amas MBR 240 n’a été détecté
que lors du creusement de la tranchée au sud épaisseur d’une dizaine de centimètres se trouve une couche de sable grisâtre conte-
de MBR 210. nant du mobilier archéologique dispersé. Une vingtaine de centimètres plus bas, on
atteint le sable clair stérile. Tous les sondages ont donné de petites quantités de céra-
mique, des fragments de scorie et quelques morceaux de roche informes. Le sondage
no 4 a recoupé une fosse. Un gros fragment de chloritoschiste a été retrouvé en surface28 .
Tous ces éléments laissent penser qu’un habitat ancien doit se trouver à proximité, mais
les recherches n’ont pas permis de le localiser avec plus de précision.
Pour finir, une concentration de scories ( MBR 400 ) a été identifiée à 500 m au
sud- est du secteur MBR 140, à la lisière de la zone boisée qui borde la mer. Dans la
piste, on observe des fragments de scorie coulée et de culots. Il pourrait y avoir deux
petits amas juxtaposés. Il n’y a pas eu de sondage sur ce site.
331
Fig. 36 Plan de localisation des amas de scories
Route principale
dans les secteurs DMD 800 et 900, lieu-dit
Sambava
N Piste sableuse Ambodimadiro près d’Amboronala
960 950
980
910 970 Fig. 37 Vue du sondage sur l’amas de scories
940
Bas-fonds marécageux
930 DMD 820, lieu-dit Ambodimadiro près
920
Concentration d’Amboronala. La couche de scories coulées
de minerai
atteint une épaisseur de 30 cm.
830 840 850 Concentration
Fig. 38 Vue du sondage sur l’amas de scories
de scories
810 820 DMD 850, lieu-dit Ambodimadiro près
860
100 m
36
sont de petites dimensions. Les uns contiennent des scories en culot hémisphérique, les
autres des scories coulées. Deux sondages ont été effectués pour prélever des échan-
tillons et des charbons dans deux amas différents ( DMD 820 (fig. 37) : scories coulées et
quelques culots ; DMD 850 (fig. 38 ) : scories en culot et quelques coulées).
Dans la partie basse, située à l’ouest de la colline sud, on observe la présence de
concrétions ferrugineuses dans le sol argileux rouge.
37 38
332
Fig. 39 Image satellite de la zone côtière au
nord de Bemanevika et localisation des vestiges
sidérurgiques
Fig. 40 Description et quantification des amas
de scories de Bemanevika ayant fait l’objet
d’un sondage ; { 935 } est la valeur moyenne de
la masse de scories en fonction du volume de
sédiment (kg/m 3 ) calculée à partir des mesures
effectuées dans 6 sondages (cubages) à
Amboronala
39
Dimensions
Longueur Largeur Épaisseur Volume kg scorie Tonnage
Amas Type d’intervention m m Maximum m3 / m3 tonne Forme Assemblage Datation
BMK130 Sondage 1 × 2 m 7.0 5.0 0.30 4.2 { 935 } 4.0 Elliptique Culot x
BMK230 Sondage 1 × 2 m 4.6 4.0 0.20 1.4 { 935 } 1.3 Elliptique Culot x
BMK420 Sondage 1 × 2 m 10.5 4.5 0.40 8.1 { 935 } 7.5 Elliptique Culot x
40
333
41 42
maximum de ce niveau est de 28 cm. De nombreux charbons de taille centimétrique Fig. 41 Vue du sondage sur l’amas de scories
ont été prélevés, notamment à la base de cette couche. Elle repose sur un niveau de BMK 130, lieu-dit Tsaratanana au nord-ouest
de Bemanevika
sable gris qui ne contient aucun mobilier archéologique. La fouille a montré que l’amas
Fig. 42 Vue du sondage sur l’amas de scories
est approximativement deux fois plus étendu qu’il n’y paraissait. Les scories sont très
BMK 230, lieu-dit Tanambao Lex au nord-ouest
majoritairement des culots hémisphériques. Quelques tessons de poterie locale ont été de Bemanevika
ramassés ainsi que de rares fragments de tuyères.
334
Fig. 43 Vue du sondage sur l’amas de scories 2.5.4 La zone BMK 400 : les vestiges métallurgiques à proximité des traces
BMK 420 à l’est de Bemanevika, à proximité de l’habitat ancien
des traces d’occupation ancienne
La localisation de l’amas de scories BMK 420 correspond à la carte publiée par Vérin
(1986, p. 264 ) et la description est cohérente34 . La présence de tessons de céramique
atteste de la position de l’habitat. Il s’agit certainement du même site.
L’amas est situé sur la frange ouest du cordon sableux qui domine les bas-fonds
marécageux. Les scories recouvrent la crête du cordon sableux et s’étalent dans la pente
en contrebas, du côté de la rizière. Le couvert végétal est dense et la visibilité limitée.
La zone est occupée par des plantations de vanille et il n’a été possible que de nettoyer
la surface minimale. Grâce à l’utilisation d’une barre de fer plantée dans le sol, la surface
recouverte par les scories a pu être estimée. L’amas est orienté nord-sud et possède
une forme allongée avec une longueur de 11 m pour une largeur de 4,5 m.
Une tranchée de 1 × 2 m, orientée est-ouest, a été fouillée jusqu’au terrain sableux
vierge (fig. 43 ). La couche humifère parcourue par les racines et contenant des scories
très fragmentaires a une dizaine de centimètres d’épaisseur. Elle recouvre une couche
de sédiment brun sombre contenant les scories. La quantité de scories augmente vers
le bas. Dans la partie supérieure, les scories sont plus fragmentées alors qu’en profon-
deur, les culots sont souvent complets. La base du niveau a livré plus de charbon et de
tessons de céramique que la partie supérieure. L’épaisseur maximum de la couche de
scories au milieu de l’amas est de 40 cm. Elle recouvre un niveau stérile de sable gris
orangé. L’assemblage de déchets est constitué presque uniquement de scories en forme
de culot hémisphérique.
Les prospections dans les alentours n’ont pas révélé de nouvelle concentration de
scories. Seuls quelques fragments épars ont été observés à 150 mètres plus au nord, en
bordure de la rizière (secteur BMK 410 ). Du côté du sud, les habitants indiquent une
dépression dans les déblais de laquelle on observe des tessons de céramique locale.
L’emplacement peut correspondre à la mention de fouilles anciennes qui figure sur la
carte de Vérin et pourrait être le résultat de travaux qu’il a effectués au début du 20 ème
siècle.
335
La surface inférieure est très souvent parsemée de grains de sable qui sont pris dans Fig. 44 Aspect des scories en culot hémisphé-
la scorie. Il est fréquent que le sable forme une véritable croûte sur la surface inférieure rique : vues de la surface supérieure, de la
coupe sciée et de la surface inférieure
pouvant atteindre une épaisseur de plusieurs millimètres. Souvent, on observe des
Fig. 45 Histogramme des poids des scories en
particules de minerai partiellement fondu collées sur la surface inférieure, globalement
culot hémisphérique entières provenant des
convexe et régulière, qui moule le fond du fourneau. Normalement, l’artisan a aménagé différents sites étudiés en 2018. Le poids normal
le fond en lui donnant une forme concave régulière. Parfois, il rajoute un détail parti- se situe entre 1,5 et 2,5 kg.
culier, comme une petite dépression centrale de 2 ou 3 cm de diamètre pour 1 ou 2 cm
de profondeur qui apparaîtra sur la pièce comme une petite protubérance. Parfois, la
courbure du fond est irrégulière. On a même observé quelques traces anguleuses qui
auraient pu être faites par un outil.
Les pièces qui montrent des structures d’écoulement horizontal sont presque
toujours fracturées en petits morceaux de quelques centimètres d’arête. De rares pièces
très grosses ont été retrouvées, la plus lourde pesant 5,4 kg (environ 20 × 20 × 10 cm).
La surface supérieure, gris sombre et lisse, est refroidie au contact de l’air et montre des
formes en cordon de taille centimétrique. La surface inférieure se refroidit au contact
du substratum sableux ; elle est plutôt brunâtre, souvent rugueuse avec des grains de
sable collés. Ces pièces sont pratiquement toujours écoulées plus ou moins horizonta-
lement ou avec une faible pente. La grande majorité des pièces proviennent d’écoule-
ments de petite section correspondant à des cordons isolés (1– 2 cm de largeur) ou à
quelques cordons superposés (3 – 5 cm de largeur). Les plus grosses pièces présentent
souvent un profil en V ou en U résultant de leur écoulement dans un canal étroit
creusé dans le sable (fig. 46 ), dont la largeur se situe entre 4 et 6 cm. Certaines pièces
de scorie en canal peuvent avoir 20 cm de long. On observe rarement le débordement
de la scorie qui se répand en dehors du canal. Parfois, l’écoulement forme une véritable
plaque dont la largeur peut atteindre 20 cm dans certains cas.
Quelques pièces permettent d’observer directement une liaison entre les deux
groupes morphologiques décrits ci-dessus. Ce sont des culots hémisphériques à
partir desquels s’est développé un écoulement rectiligne (fig. 47). Ces pièces sont rares
et la grande majorité des culots ne montre pas de départ de coulure. Plusieurs exem-
plaires ont été observés lors de la fouille de l’amas 11 du site de la rivière Matavy, en
2017. En 2018, d’autres pièces similaires sont apparues pendant la fouille du secteur
MBR 140 d’Amboronala et lors des sondages à Ambodimadiro ( DMD 800 et 900 ).
Il est frappant de constater que la proportion entre les scories en culot hémisphé-
rique et les scories coulées varie très fortement d’un amas à l’autre. En 2017, au cours 44
20
10
0
0 1000 2000 3000 4000
45
336
Fig. 46 Aspect des scories en coulure en canal : d’Amboronala étudié en détail en 2018, les deux amas sont quasiment constitués par
vues de la surface supérieure, de la coupe sciée 100% de scories coulées. Au contraire, la fosse de travail contenait une très forte pro-
et de la surface inférieure
portion de culots. À l’échelle du site, la proportion des scories coulées est estimée à
Fig. 47 Schéma illustrant les relations entre les
80% . Dans le secteur MBR 200, les amas étaient presque uniquement constitués par
scories en culot hémisphérique et les scories
coulées en canal des culots. Dans l’état actuel des connaissances, ces différences ne font pas encore
l’objet d’une explication satisfaisante.
A A’
4 - 5 cm
B B’
A’
B B’
9 - 16 cm
10 - 20 cm
46 47
Par contre, les matériaux utilisés montrent une grande variabilité. Plusieurs sortes
de roches ont été utilisées pour fabriquer des tuyères : des chloritoschistes, des schistes
et des argilites. Les blocs de roches sont taillés, soit en forme de cylindre trapu, soit de
35 À Amboronala MBR 140, on a ramassé un parallélépipède. Le conduit est ensuite percé à travers le bloc. Dans certains cas, on
morceau de tuyère en pierre qui semble avoir utilise une tarière, c’est-à-dire un outil rotatif qui laisse des traces d’abrasion circulaires
deux conduits parallèles, mais il est probable sur la parois du conduit. Dans d’autres cas, on pourrait avoir travaillé avec un burin et
que l’un d’eux n’ait pas été fonctionnel.
un marteau. Le conduit est parfois ouvert en entonnoir vers le soufflet.
36 L’estimation de la longueur de la tuyère est
toujours délicate car l’extrémité, en contact avec D’autres tuyères sont fabriquées avec des matériaux argileux. Il peut s’agir d’argile
le feu, subit une ablation par fusion partielle. plastique assez pure ou au contraire d’une pâte céramique riche en grains de quartz.
De plus, pour les tuyères en argile qui n’ont Les formes sont cylindriques et allongées. Dans ce cas, le conduit est modelé et non
pas été cuites au préalable, l’autre extrémité
pas foré. En général, la paroi est moins épaisse pour les pièces en céramique que pour
qui est en contact avec le soufflet ne subit pas
de cuisson et se préserve donc très mal. les tuyères en pierre. Les tuyères en céramique ne semblent pas avoir été cuites au
37 Des blocs informes d’argile blanche crue ont préalable.
été observés au cours de la fouille de l’amas En général, sur un site donné, la majorité des tuyères sont fabriquées avec un
de scories MBR 141. Il s’agissait probablement
matériau, mais quelques pièces le sont autrement. À Amboronala, les tuyères sont
d’une réserve de matière pour la fabrication des
tuyères. Cette argile blanche a dû être apportée majoritairement façonnées avec une argile blanche assez pure 37. Plusieurs fragments
sur le site. de tuyère en schiste et en argilite ont également été découverts. À Bemanevika, c’est
337
Fig. 48 Schéma des deux principales catégories
de tuyères observées sur les différents sites
sidérurgiques étudiés
En haut : tuyère cylindrique courte en chlori -
toschiste avec perforation en forme d’entonnoir
En bas : tuyère cylindrique longue en argile
cuite avec conduit interne cylindrique
Fig. 49 Tuyère en argile blanche avec un
grand fragment de paroi en sable scorifiée
(Amboronala, amas 141)
48
une argile orangée qui semble avoir été la matière première préférée, mais des fragments
en pierre sont présents. À Benavony, la majorité des tuyères étaient faites avec du
chloritoschiste, mais quelques-unes sont en argilite et d’autres en céramique.
Les tuyères présentent souvent de très fortes traces d’impact thermique. Certaines
sont scorifiées sur la surface tournée vers le feu. Les tuyères en céramique ont souvent
subi une fusion partielle.
Dans quelques cas, l’impact thermique a été suffisamment important pour pro-
voquer l’induration de la paroi dans laquelle la tuyère était insérée. Quelques pièces
présentant des traces de la paroi ont été retrouvées à Amoborolana MBR 140 et à
Ambodimadiro DMD 800 et 90038 . Un fragment particulièrement bien conservé provient
de l’amas MBR 141 (fig. 49 ). Tout autour de l’orifice de la tuyère, la paroi est conservée
sur une distance de 10 cm environ. Le matériau utilisé est le sable du substratum, sans
trace de revêtement interne. 49
338
Fig. 50 Schéma de reconstitution du foyer
utilisé pour la réduction du minerai de fer chez
les Rasikajy (d’après les vestiges matériels de
Matavy, de Benavony et d’Amboronala ainsi
que l’observation des scories, tuyères et
fragments de paroi)
50
blocs de pierre en arc de cercle autour d’une zone à un fort impact de chaleur semble
indiquer que la paroi entoure la cuve plus ou moins complètement. La cuvette rubéfiée
de Benavony est plutôt elliptique. Il n’y a pas d’argument sur ce site pour restituer la
paroi. À l’opposé de la tuyère, l’artisan peut creuser dans le sol sableux un petit canal
pour évacuer le trop plein de scories. Cette observation laisse penser que la paroi n’est
pas continue. On restitue donc un appareil très simple, plutôt un foyer qu’un véritable
fourneau (fig. 50 ).
La structure de réduction prend place en périphérie d’une fosse de 2 à 3 m de
diamètre qui sert d’aire de travail. Les zones de rejet des déchets et de préparation du
minerai se trouvent à l’extérieur.
339
14
C Âge Âge calibré 2 sigma
N° Terrain Site Position stratigraphique N° Labo BP cal AD
MBRD01 Amborolana MBR 110 couche scories ETH-95007 838 1164 1253
MBRD02 Amborolana MBR 120 couche scories ETH-95008 699 1269 1382
MBRD03 Amborolana MBR 140 Amas 141, - 20 cm ETH-95009 900 1042 1207
MBRD04 Amborolana MBR 140 Amas 141, - 20 cm ETH-95010 918 1035 1165
MBRD05 Amborolana MBR 140 Tranché Est, piquet, - 3 cm ETH-95011 988 994 1151
MBRD06 Amborolana MBR 140 Fosse 143, remplissage, - 20 cm ETH-95012 957 1022 1155
MBRD07 Amborolana MBR 140 Fosse 143, brandon, - 25 cm ETH-95013 995 992 1149
MBRD08 Amborolana MBR 140 Sondage 4, poteau, - 40 cm ETH-95014 885 1046 1218
MBRD09 Amborolana MBR 210 couche scories ETH-95015 736 1251 1292
MBRD10 Amborolana MBR 220 couche scories ETH-95016 689 1271 1386
MBRD11 Amborolana MBR 230 couche scories ETH-95017 791 1216 1274
MBRD12 Amborolana MBR 240 sondage 4, perturbation ETH-95018 866 1051 1225
DMDD01 Ambodimadiro DMD 820 couche scories, - 30 cm ETH-95019 865 1051 1225
DMDD02 Ambodimadiro DMD 850 couche scories ETH-95020 957 1022 1155
BMKD01 Bemanevika BMK 130 couche scories, - 30 cm ETH-95021 779 1221 1276
BMKD02 Bemanevika BMK 230 couche scories ETH-95022 862 1054 1225
BMKD03 Bemanevika BMK 420 couche scories, - 20 cm ETH-95023 662 1281 1390
BNV10 Benavony (2017) BNV 430 Amas 430, - 28 cm ETH-95024 594 1303 1409
BNV11 Benavony (2017) BNV 430 Amas 430, - 28 cm ETH-95025 1049 908 1025
51
a servi de foyer. L’autre fragment a été prélevé dans le trou de piquet mis en évidence Fig. 51 Tableau des datations 14
C obtenues en
dans la tranchée est, au niveau des épandages de minerai. Les 4 autres dates sont lé- 2018 pour les amas de scories aux environs
d’Amboronala ( MBR ) et de Bemanevika ( BMK ).
gèrement plus jeunes, entre 1020 et 1220 AD.
Les deux datations supplémentaires ont été
La masse de scories étant relativement modeste, environ 4,5 tonnes, on ne peut faites sur des charbons récoltés durant la fouille
pas exclure à priori que la durée de l’occupation soit très brève. Comme il est presque du secteur BNV 430 en 2017 à Benavony.
impossible que tous les charbons datés soient contemporains, l’activité a dû se prolonger
au moins pendant quelques décennies. La fouille a mis en évidence des remaniements
de l’espace de travail qui confirment une occupation d’une certaine durée.
Les charbons prélevés dans les amas MBR 110 et MBR 120 sont un peu plus tardifs.
L’amas MBR 110 est le plus vieux des deux, daté entre 1160 et 1250 AD. L’amas MBR 120
donne un intervalle entre 1268 et 1381 AD, mais la forte probabilité ne se situe qu’entre
1270 et 1300 AD.
Quatre charbons proviennent du secteur MBR 200. L’intervalle s’étend de 1050 à
1385 AD. L’amas MBR 240 est le plus ancien, mais la probabilité qu’il soit antérieur à
1150 est très faible. La date obtenue confirme la relation stratigraphique observée lors
de la fouille. L’amas MBR 220 est le plus récent et la probabilité la plus forte se situe
entre 1270 et 1306 AD. La date associée au sondage 234 dans l’habitat est intermédiaire.
Enfin, les deux sondages sur les amas d’Ambodimadiro ( DMD 820 et 850 ) couvrent
la période entre 1020 et 1225 AD. Les deux amas pourraient se succéder dans le temps,
mais une seule datation par amas ne suffit pas pour le démontrer.
Des charbons provenant des trois sondages de Bemanevika ont été datés. Ils couvrent
eux aussi le même intervalle entre 1050 et 1390 AD. L’amas BMK 230 est le plus vieux, 40 La mort du bois peut être un peu plus
mais la probabilité qu’il soit antérieur à 1150 est très faible. L’amas BMK 420, proche ancienne que son utilisation comme
de l’habitat, a donné la datation la plus récente. La dernière, effectuée sur un charbon combustible. C’est l’effet du « vieux bois ».
Cependant, dans le climat humide de la région
récolté à BMK 230, est intermédiaire.
de Sambava, la putréfaction du bois mort est
Il faut rappeler qu’il n’est pas possible de dater un amas de scories, même de petite rapide ; il y a donc peu de chance que des
taille, avec la mesure d’un seul charbon. Celle-ci permet de définir un intervalle de temps arbres morts depuis longtemps aient pu être
correspondant à la mort du bois 40. L’intervalle ne définit absolument pas la durée de utilisés. Même si, avec des outils à main, il est
certainement beaucoup plus facile de couper
fonctionnement de l’atelier qui peut être plus longue ou plus courte. On peut seulement
des arbres jeunes avec des troncs de faible
affirmer qu’il y a une bonne probabilité que l’atelier était actif à un certain moment diamètre, il est par contre imaginable que des
situé dans l’intervalle. vieux arbres aient pu être utilisés.
340
Fig. 52 Représentation schématique des phases Dans le cas de l’atelier d’Amboronala MBR 140, qui est de petite dimension et pour
d’occupation dans les différents sites de la côte lequel six charbons ont été datés, on peut penser que la durée de l’activité est de l’ordre
entre Vohémar et Antalaha
de quelques décennies et se place entre 1000 et 1200 AD. Si l’on considère toutes les
En gris clair : l’habitat de Benavony est occupé
de manière précoce (avant 1000 AD ) dates ensemble, on peut affirmer que la production de fer a débuté autour de 1000 AD
En gris sombre : les différents sites de production et ne s’est pas prolongée au-delà de 1400 AD.
du fer sont tous actifs entre 1000 et 1400 AD
Les voyages de Zheng He (Chine) dans l’océan
2.8 Bilan des connaissances sur le district sidérurgique
Indien prennent place entre 1410 et 1425 ;
les Portugais contournent l’Afrique en 1490 du nord-est de Madagascar
et explorent Madagascar dans les premières Les recherches en cours ont permis de préciser l’importance et l’étendue du district de
décennies du 16 ème siècle (A. et F. de production primaire de fer dans le nord-est de Madagascar.
Albuquerque) ; E. de Flacourt (France) publie
Les visites sur le terrain entre Vohémar et Antalaha ont permis de localiser une
la description de Madagascar en 1658
quinzaine de complexes métallurgiques comptant plus de 60 amas de scories (fig. 11
et 12). Il y a de bonnes raisons de penser que cet inventaire est incomplet et va encore
s’enrichir avec l’intensification des prospections. La limite nord de la zone se trouve à
la hauteur de l’estuaire de la Manahara et la limite sud un peu avant la ville d’Antalaha.
Tous les sites se trouvent à faible distance de la côte, mais on distingue deux groupes
du point de vue de la localisation. Dans le premier groupe, on classe les amas de
scories qui se trouvent tout près de la mer, à proximité immédiate des habitats rasikajy.
C’est une situation que l’on retrouve à Bemanevika ( BMK 400 ), à Sambava ( SBV 100 ),
à Benavony ( BNV 400 ) et à Amboronala ( MBR 100, 200 et 400 ). La liaison avec l’occu-
pation est évidente. D’autres sites ont été repérés dans une position différente : ils se
trouvent à la limite entre les terrains sableux littoraux et les collines couvertes par les
sols d’altérations rouges qui renferment des concrétions ferrugineuses. Ils se trouvent
à quelques kilomètres de distance des habitats connus et ne montrent pas de traces
d’activités domestiques. C’est le cas des gisements de la vallée de l’Antaimby, près de
Bemanevika ( BMK 100, 200 et 300 ), de la rivière Matavy près de Sambava ( MT Y 100 )
et d’Ambodimadiro près d’Amboronala ( DMD 800 et 900 ). On peut penser que c’est
pour se rapprocher des sources de minerai que ces ateliers ont été installés là. Pour le
moment, on n’a pas identifié de site métallurgique à plus de 5 km à l’intérieur des terres 41.
Il est possible que la nature du terrain joue aussi un rôle dans le choix de l’emplacement
NORD BMK3
BMK1
BMK2 Bemanevika
MTV2
MTV5
MTV3
MTV4
MTV1 Matavy
BNV3
BNV10
BNV6
BNV5
BNV6
BNV11 Benavony
BNV1 Scories
BNV4
BNV9
BNV2
BNV8
Benavony
MBR10
Occupation ancienne MBR9
MBR11
MBR12
MBR8
MBR3
MBR4
Albuquerque
MBR6 Amboronala
MBR5
Zheng He
Flacourt
MBR7
MBR2
MBR1
41 Les prospections pour les carrières de
chloritoschiste qui se déroulent à l’intérieur des DMD1
SUD DMD2
terres n’ont pas donné de résultat concernant
les scories. 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
52
341
de l’atelier de réduction. En tous cas, on constate que les amas de scories sont toujours
installés sur des terrains sableux, ce qui pourrait être en lien avec le mode de construc-
tion ou de creusement du fourneau.
Les amas de scories sont de dimensions restreintes et correspondent à des tonnages
limités. Les plus gros amas, comme ceux de BNY 410 (Benavony), MT V 111 (rivière
Matavy), BMK 420 (Bemanevika) et peut-être DMD 910 et 920 (Ambodimadiro), ren-
ferment des tonnages de l’ordre de 30 à 40 tonnes. Les petits amas, comme ceux des
secteurs 100 et 200 d’Amboronala ne contiennent que quelques tonnes. Les plus petites
concentrations identifiées sur le site de la rivière Matavy ne représentent que quelques
centaines de kilos. Même si de nombreux amas venaient encore à être découverts, le
tonnage global n’augmenterait que modérément. La zone de production regroupe
probablement plus de 100 tonnes de scories, mais pas plus de 1000 tonnes. Les études
de laboratoire en cours permettront à l’avenir de faire une estimation de la masse de
fer produite mais, en tout état de cause, cette quantité restera elle-aussi limitée.
Le district de production de fer du nord-est de Madagascar apparaît donc comme
une zone de production mineure par rapport aux grands districts connus dans différentes
parties de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe 42. Elle ne peut pas avoir jouer un rôle signi-
ficatif au niveau du grand commerce de l’océan Indien. Par contre, les données doivent
être affinées pour pouvoir évaluer son importance régionale, c’est-à-dire son rôle dans
l’approvisionnement des habitats rasikajy et son implication éventuelle dans des échanges
avec les sites swahilis aux Comores et sur la côte tanzanienne. Jusqu’à maintenant, on
sait peu de choses sur l’organisation de l’approvisionnement en fer de ces sites ( Kusimba
1996 ; Kusimba et al. 1994 ; Kusimba & Killick 2003 ).
Les amas de scories sont tantôt presque uniquement constitués de scories en forme
de culot hémisphérique, tantôt de scories coulées. Dans certains cas, les assemblages
sont mixtes et les proportions entre les deux groupes morphologiques sont variables.
Il semble que les deux groupes de scories sont à mettre en relation avec des activités
de réduction du minerai de fer. Le contexte général et les premières analyses archéo-
métallurgiques vont dans cette direction. De plus, on observe très fréquemment des
particules de minerai incomplètement fondues prises dans les scories. Jusqu’à main-
tenant, le travail de forgeage n’est pas identifié clairement, mais c’est probablement
parce que les habitats n’ont fait l’objet que de quelques petits sondages.
La technologie de la réduction montre une certaine variabilité dont témoigne en
particulier la variation du rapport entre les différentes catégories de scories dans les
assemblages. Les fourneaux ou plutôt les foyers, étaient des structures petites et légères ;
leurs vestiges sont très peu spectaculaires. On note systématiquement la présence de
tuyères avec un conduit de faible diamètre qui indiquent l’utilisation de soufflets. Les
tuyères montrent d’importantes variations tant du point de vue des matériaux utilisés
(roches diverses, céramiques) que du mode de fabrication (conduit modelé ou foré).
Curieusement, les sables noirs, faciles d’accès, ne semblent pas avoir été employés
comme minerai, mais les artisans ont préféré les concrétions d’oxydes de fer d’origine 42 De nombreux districts métallurgiques ont
latéritique. laissé des traces qui démontrent une production
de très grande ampleur. C’est avant tout le
Sur la base des 33 datations obtenues dans le cadre du projet, on peut affirmer
tonnage de scories qui reflète ce phénomène.
que la production de fer est active pendant une période de 300 ou 400 ans, entre le On peut parler de grand district métallurgique
début du 11ème et la fin du 14 ème siècle AD. Les charbons les plus anciens associés aux lorsque la masse de scories est de l’ordre de
vestiges métallurgiques ne peuvent pas être postérieurs à 1050 et les plus jeunes pas 100 000 tonnes ou plus. En Afrique, on peut
notamment mentionner la région de Bassar au
antérieurs à 1320.
Togo (De Barros 1986 ), le Sanmatenga au
Six datations précoces ont été obtenues sur les anciens niveaux d’occupation de Burkina Faso (Serneels 2016 ), le Pays dogon au
l’habitat de Benavony. Elles se placent dans l’intervalle entre 700 et 1000 AD. Elles sont Mali (Robion-Brunner 2010 ) ou la région de
associées à du mobilier archéologique qui comporte des céramiques « sgaffiato » im- Méroé au Soudan (Humphris & Rehren 2014 ).
En Europe, pour l’époque romaine, on peut
portées du Moyen-Orient.
citer entre autres l’île d’Elbe en Italie (Pistolesi
Les recherches archéologiques antérieures dans le nord-est de Madagascar avaient 2006 ) ou la région autour des Martys en France
déjà mis en évidence cet horizon ancien, en particulier avec les travaux entrepris à Irodo (Decombeix et al. 2000 ).
342
(Vérin 1986, p. 142 –145 ; Battistini & Vérin 1967). L’horizon « Dembéni »43, première phase
d’occupation aux Comores, est daté de la période 750 –1000 AD (Wright 1984, 2018 ).
Lors de la fouille de l’amas de scories BNV 410, ces niveaux anciens ont été clairement
identifiés au-dessous de la couche de scories de fer. Dans l’état actuel des connaissances,
il n’y a pas d’argument positif pour démontrer l’existence d’une production de fer au
cours de cette phase d’occupation précoce. On peut supposer que pendant cette période,
l’approvisionnement en fer était assuré par des importations. Ce n’est que dans une
seconde phase que les Rasikajy ont mis cette ressource en valeur. Il reste à comprendre
les raisons de ce changement.
On constate ainsi qu’il n’y a pas de vestige daté qui soit plus jeune que 1400 AD.
La production de fer semble s’arrêter à l’aube du 15ème siècle, à un moment où le nord-
est de Madagascar participe encore très activement au grand commerce de l’océan
Indien comme en témoignent les céramiques importées de Chine trouvées à Vohémar
(Zhao 2011). C’est aussi pendant le premier quart du 15ème siècle que se placent les
grandes expéditions de l’amiral Zheng He pour le compte de l’empereur de Chine.
On ne peut pas évoquer l’épuisement des mines ou des forêts comme raison de
l’abandon de cette production. Même localement, les volumes exploités n’ont pas pu
être suffisants pour épuiser les mines ni les vastes forêts rasées. On ne peut pas non
plus invoquer l’arrivée des Portugais qui a bel et bien provoqué des désordres impor-
tants, mais qui ne s’est produite que dans les premières décennies du 16 ème siècle, soit
43 Le site de Dembéni, successivement fouillé une centaine d’années au moins après l’arrêt de la production de fer.
par différentes équipes (Wright, Allibert et
Pradines), a fourni un mobilier archéologique
important avec des céramiques importées
datables de la période 750 –1000 AD (Pradines 3. Les carrières de chloritoschiste dans la région de Vohémar
& Herviaux 2015 ). Le même assemblage est 3.1 Déroulement des prospections 2018
présent sur différents sites de l’archipel. L’extraction et la mise en forme des objets en chloritoschiste 44 sont un aspect specta-
44 Du point de vue pétrographique, le terme
culaire et original de production artisanale chez les Rasikajy. Les pionniers de l’archéolo-
« chloritoschiste », comme le remarque déjà
H. de la Roche (1956 ), est impropre, mais son gie malgache s’y sont déjà intéressés au cours du 20ème siècle 45. Dans la région nord-est,
utilisation est fermement ancrée dans la ils ont repéré une vingtaine de carrières dans l’arrière-pays 46 . Cependant, la localisation
littérature archéologique. La roche est massive exacte de la plupart d’entre elles reste incertaine. Plusieurs sites n’ont jamais été visités
et non schisteuse. Le plus souvent, les
par les chercheurs qui ne les ont mentionnés que sur la base renseignements oraux.
amphiboles sont les minéraux les plus
abondants, accompagnés par des chlorites et Les cartes géologiques récentes fournissent aussi d’importants renseignements pour
du talc. Les roches malgaches correspondent à localiser les zones susceptibles de renfermer des chloritoschistes ( BGS - USGS - GLW, 2008 ).
la définition donnée pour les Hösbachites En outre, il faut mentionner que de jeunes chercheurs malgaches s’intéressent aussi aux
(Matthes & Krämer 1955 ; Matthes et al. 1995 ).
chloritoschistes 47.
45 Le chapitre sur ce sujet de la thèse de P. Vérin
(1975 ) présente un état des connaissances La campagne 2018 doit en grande partie son succès à la contribution de M. Sylvain
complet. Ce texte a récemment fait l’objet d’une Velomora, qui a accompagné l’équipe tout au long de son séjour et mis son expérience
nouvelle publication (Vérin 2011). Les principales du terrain à disposition. Les prospections ont été menées en prenant bien soin d’infor-
publications sont : Mouren & Rouaix 1913 ;
mer les autorités locales et les habitants afin d’obtenir leur accord. Il est essentiel de
Gaudebout & Vernier 1941 ; Lods 1955 ; Vernier
1952 et 1956 ; Vérin 1975 et 1986. respecter le système ancestral de croyances auquel la population est profondément
46 D’autres carrières exploitées anciennement attachée. Les anciennes carrières jouent un rôle important dans ce domaine (fig. 53 ).
sont également connues dans d’autres régions Les sites ont toujours été visités en compagnie de représentants des communautés
de Madagascar (Griffin 2011).
locales 48 .
47 En 2014, N.F. Ravo a présenté un mémoire
de Maîtrise (Département d’Études Culturelles, Les coordonnées GPS de tous les sites ont été enregistrées. Cependant, conformé-
Université d’Antananarivo) sur la collection ment aux souhaits des chercheurs malgaches et des habitants de la région, ces données
d’objets en chloritoschiste du Musée d’Art et ne seront pas publiées 49. En agissant de cette manière, le but est de respecter le droit
d’Archéologie d’Antananarivo. En 2017, S. Velo -
des communautés locales de contrôler l’accès à ces sites remarquables qui font partie
mora a présenté un mémoire de Maîtrise
(Département d’Histoire, Université de Toliara) de leur patrimoine et d’éviter que les dégradations et le pillage des objets mobiliers
sur l’exploitation des chloritoschistes dans ne s’amplifient.
l’arrière-pays de Vohémar. En 2018, il a été possible de visiter 19 sites d’extraction du chloritoschiste dans la
48 Une brochure d’information expliquant le
région SAVA (acronyme pour Sambava, Antalaha, Vohémar et Andapa), auxquels
projet de recherches leur a été distribuée.
49 Les coordonnées seront fournies sur demande s’ajoutent les deux emplacements visités en 2017 (fig. 58 et 59 ). La majorité des sites
à tous les chercheurs travaillant dans le domaine. ont été localisés grâce aux données de la littérature ancienne, mais six autres sites ont
343
Fig. 53 Ensemble de fragments d’ébauche
de couvercle et de récipient formant un autel
à proximité de la carrière (Ambohimirahavavy
– QV 19 )
Fig. 54 Traces d’extraction verticales de blocs
cylindriques. La surface supérieure du rocher
montre les cercles tracés au compas. Les
cannelures verticales sont des marques de
ciseau. (Marobakoly – QV 04 )
53
54
été ajoutés à la liste. Le plus souvent, ils ont été révélés par les enquêtes auprès des
populations locales. Des renseignements concernant une dizaine d’autres carrières ont
été collectés et ces emplacements feront l’objet de visites en 2019. Des fragments
d’objet en chloritoschistes ont été récoltés lors des fouilles et des prospections 50.
344
Fig. 55 Grande fosse d’extraction ( 25 × 30 m)
bordée d’accumulations de déblais (Analafiana
Nord – QV 20 )
Fig. 56 Petit front de taille pour l’extraction de
cylindres dont la forme évoque un siège. En
Malgache, ces blocs typiques sont dénommés
« antsezavato », ce qui signifie « chaise de
pierre ». (Amboaimohehy – QV 06 )
Fig. 57 Accumulation d’éclats de taille pluricenti-
métriques témoignant de la mise en forme des
ébauches à partir des blocs de carrière (Bobalila
– QV 12 )
55
56
57
nation des habitants de la région qui y voient des sièges taillés dans le rocher (fig. 56 ).
51 Depuis le début du 20 ème siècle, ces ébauches Ils les désignent par le terme « antsezavato », littéralement « la chaise de pierre ». Ce
et ratés ont fait l’objet de ramassages. Les sites
nom, généralement utilisé pour désigner les anciennes carrières, revient fréquemment
les plus faciles d’accès ont été complètement
pillés. Malheureusement, rares sont les pièces dans la toponymie et renvoie par ailleurs aux croyances ancestrales.
qui ont été préservées dans des collections Dans les carrières ou leur immédiate proximité, on trouve des pièces en cours de
publiques, que se soit à Madagascar ou à travail : marmites tripodes, bols ou couvercles 51. Ils ont été abandonnés à tous les stades
l’étranger. On ne peut que déplorer cette perte
d’avancement du travail de façonnage, sans doute lors de l’apparition d’un défaut ou
définitive pour le patrimoine malgache et
inciter les visiteurs potentiels à ne pas céder à d’une cassure (fig. 53 ). Ces ébauches montrent clairement que les pièces étaient
la tentation. soumises à un travail de mise en forme à proximité du site d’extraction. Si les dimensions
345
Référence biblio. Nb Cratère Volume Renvoi
N° Nom 1 2 3 4 5 6 7 8 Date visite Surface [m 2 ] d’extraction estimé texte
QS 01 Fotsialanana x 16.08.17 2400 2 xx
QV 01 Betsiriry x 20.08.17 3200 3 xx
QV 02 Milanoa Previously unknown 11.08.18 300 - x § 3.3.1
QV 03 Tsarahiaka Previously unknown 12.08.18 4000 1 xx § 3.4.5
QV 04 Marobakoly x x 12.08.18 20 000 - xx § 3.4.6
QV 05 Ampijoroana x 13.08.18 400 - x § 3.3.3
QV 06 Amboaimohehy x x x x 14.08.18 80 000 3 xxx § 3.3.4
QV 07 Ambodimangabe Previously unknown 16.08.18 600 1 x § 3.3.5
QV 08 Analafiana Sud x x 17.08.18 3900 12 xxx § 3.4.2
QV 09 Ambanimanasy x x 19.08.18 20 1 x § 3.5.2
QV 10 Toamasina x 20.08.18 9000 2 xxx § 3.5.3
QV 11 Manjavila x 21.08.18 800 1 xx § 3.5.1
QV 12 Bobalila x x x x 26.08.18 60 000 - xxx § 3.5.4
QV 13 Andrafialava Previously unknown 30.08.18 2500 - x § 3.3.6
QV 14 Maradava x 30.08.18 100 - x § 3.3.2
QV 15 Antsohihy x 31.08.18 4200 - xx § 3.3.7
QV 16 Antsampanela Previously unknown 01.09.18 < 100 1 x § 3.4.4
QV 17 Antsiatrabe Previously unknown 01.09.18 250 1 x § 3.4.4
QV 18 Andilamena x x 02.09.18 15 000 2 xxx § 3.4.1
QV 19 Ambohimirahavavy x 05.09.18 40 000 - xxx § 3.5.5
QV 20 Analafiana Nord x 17.08.18 5000 4 xx § 3.4.3
1 : Mouren & Rouaix, 1913 5 : de la Roche, 1956 Volume Estimé m3
2 : Gaudebout & Vernier, 1941 6 : Vernier & Millot, 1971 Petit x < 100
3 : Vernier, 1952 7 : Vérin, 1975 Moyen xx 100 –1000
4 : Vernier, 1956 8 : Vérin, 1986 Grand xxx > 1000
58
et les formes des objets sont variables, les ébauches montrent toujours les mêmes types Fig. 58 Liste des carrières de chloritoschiste
de traces de travail : les surfaces sont parcourues de cannelures parallèles grossières, visitées en 2017 et 2018 dans la région SAVA
au nord-est de Madagascar
tracées à l’aide d’un simple ciseau pointu et d’une masse . Des amoncellements d’éclats
52
346
Fig. 59 Carte de la région SAVA dans le nord-est
de Madagascar centrée sur la localisation des Quarry
21 carrières de chloritoschiste visitées en 2017
< 100 m3
et 2018. Les sites qui ne sont pas mentionnés
dans la littérature ancienne sont marqués d’un
< 1000 m3
Fig. 91
trait gras. Les trois zones d’étude sont présentées > 1000 m3
plus en détail aux figures 60, 75 et 91. 20 km
Artefacts
Fig. 60 Carte de localisation des carrières au
sud-ouest de Milanoa : vallées de la Fanambana
et de l’Antsahandrevo. Les sites qui ne sont pas
mentionnés dans la littérature ancienne sont Vohémar
marqués d’un trait gras.
Fig. 75
Milanoa
Mahilaka Fig. 60
Mahanara
Sambava
Benavony
Andapa
Amborolana
Antalaha
200 km
59
Milanoa - Fanambana
2 km Milanoa
QV02
Ampandilo
EVO
ANTSAHANDR
Anjavibe
QV06
Ampijoroana QV05 Ambodimanga
A
N
BA
QV14 AM
QV13 FA
N
Maradava
Antsahafotsy
QV15
Ankiakabe
Antsohihy Andrama
QV07
60
347
Fig. 61 Débris d’extraction présentant des
traces de ciseau (Milanoa – QV 02 )
Fig. 62 Bloc « antsezavato » avec trois cylindres
(Maradava – QV 14 )
Fig. 63 Bloc avec des traces de ciseau et une
perforation permettant d’attacher une corde
pour faciliter le transport (Ampijoroana –
QV 05 )
65
66
67 68
348
se trouve un peu au sud, à la hauteur de la vallée de la Fanambana qui se jette dans
l’océan Indien à une vingtaine de kilomètres au sud de Vohémar.
Au total, 7 carrières ont été localisées entre Milanoa et la rivière Fanambana, dont
trois n’étaient pas connues précédemment (fig. 60, 58 ).
3.3.1 Milanoa – QV 02
Une bande de roches ultramafiques métamorphiques de 1500 m de long et 200 m de
69
large, orientée sud-ouest – nord-est, s’étend près de Milanoa ( BGS - USGS - GLW, 2008 ).
En reconnaissance le long d’un chemin quittant la ville en direction du sud-ouest, nous
avons découvert deux ensembles de vestiges liés à l’extraction du chloritoschiste
( QV 02). Le premier, situé à la sortie de la ville, est une zone de 20 × 20 m couverte par
une végétation dense où l’on peut voir un rocher en place et plusieurs blocs portant
des marques de ciseau et des trous pour la traction (fig. 61). À une centaine de mètres
de là, vers l’intérieur de la ville, une autre concentration de blocs présentant des traces
de travail est visible dans une arrière-cour sur une surface de 5 × 5 m. Les conditions
d’observation ne permettent pas de faire une description plus complète de ces deux
sites. Jusqu’à maintenant, la présence de vestiges à Milanoa même n’est mentionnée
nulle part.
3.3.2 Maradava – QV 14
Ce site est décrit en détail dans Gaudebout & Vernier (1941), sous le nom de « antseza-
vato » / « la chaise de pierre »55. Il comporte un beau bloc (2,5 × 1 m) dans lequel sont
taillés 3 grands cylindres et un quatrième plus petit (fig. 62). Un cinquième cylindre est
décrit par Gaudebout et Vernier (1941), mais il a disparu. La base des cylindres corres-
pond à une fracture dans la roche.
Le grand bloc « antsezavato » se trouve sur le flanc d’une colline, à proximité d’un
ruisseau saisonnier. Sur les berges, on observe la présence de trois ébauches de vases
tripodes ainsi que des déchets de production de couvercles. Selon le guide, ce ruisseau
atteint un débit assez important pendant la saison des pluies.
3.3.3 Ampijoroana – QV 05
Nous avons identifié une carrière près d’Ampijoroana 56 , village situé au sud-ouest de
Milanoa sur la rive nord de la rivière Antsahandrevo. Le site se trouve à 1 km au nord-
est, juste avant Anjavibe. Il fait partie d’une petite lentille de chloritoschiste orientée
est-ouest (100 × 10 m). La zone d’extraction, qui mesure 30 × 5 m, se trouve au centre
de la lentille, là où la roche est moins déformée et de meilleure qualité. Contrairement
à la plupart des autres gisements, la roche d’Ampijoroana est schisteuse et présente
de nombreuses fentes et fissures. La qualité semble médiocre. On a observé des traces
de ciseau, des trous de traction et le négatif de l’extraction d’un couvercle (fig. 63, 69 ).
Gaudebout et Vernier (1941) ont observé des tracés circulaires avec marque centrale,
faits avec un compas, mais nous ne les avons pas retrouvés.
3.3.4 Amboaimohehy – QV 06
La carrière de chloritoschiste d’Amboaimohehy est la plus grande et la mieux connue de
55 Pour éviter les confusions entre les Madagascar. Le site est déjà mentionné dans une lettre de 1917 adressée par R. Dubosc
nombreux endroits appelés « antsezavato », et des descriptions en sont données par Gaudebout & Vernier (1941), de la Roche (1956 ),
nous avons choisi d’utiliser le nom du village
Vernier & Millot (1971) et Vérin (1975, 1986 ) 57. Outre les traces d’extraction des habituels
voisin pour désigner les carrières.
56 Ce site a été visité par Gaudebout & Vernier cylindres de pierre pour la fabrication des marmites et autres vases, on observe à Am-
(1941) qui le mentionne sous le nom de boaimohehy des vestiges différents qui montrent que la carrière a fourni des blocs pour
Ambatompijoroana. Vérin (1975 ) reprend cette des usages plus variés. Il y voit notamment des traces d’extraction correspondant à des
information. Le nom actuel du village est
pièces de très grande taille.
légèrement différent.
57 Le site a été visité lors de nos prospections Le site se trouve sur la rive nord de la rivière Antsahandrevo, à 10 km au sud-ouest
en 2013 (Serneels et al. 2018, p. 150 ). de Milanoa. Il est facilement accessible par la piste entre Ampijoroana et Milanoa. La
349
colline d’Amboaimohehy s’élève à plus d’une centaine de mètres au-dessus des eaux
de la rivière. Vue du sud, la colline possède deux sommets séparés par une crevasse
creusée par l’érosion dans les gneiss latéritiques et les amphibolites (fig. 65). Le sommet
oriental est constitué de quartzite, alors de la carrière de chloritoschiste se situe au
centre du sommet occidental. Deux cratères d’extraction circulaires s’y trouvent. À
l’intérieur de l’un d’eux, on voit une niche d’arrachement quadrangulaire, ce qui est
une situation plutôt inhabituelle (fig. 64 ). En descendant du sommet vers le sud, on
observe plusieurs terrasses et des fronts de taille superposés. Près du sommet, le front
de taille le plus impressionnant mesure 40 m de long et 7 m de haut. La terrasse qui
s’étend devant lui a une largeur de 10 m (fig. 66 ). Sur le flanc sud, on retrouve des traces
70
d’extraction jusqu’au bas de la pente, mais il est parfois difficile de distinguer les ter-
rassements liés à l’extraction qui sont masqués par les reliefs provoqués par la circulation
des bovins à flanc de montagne.
Sur les flancs ouest et nord de la colline d’Amboaimohehy, on n’observe pas de
terrasse ou de cratère d’extraction, mais par contre de nombreux blocs travaillés pré-
sentant des traces d’extraction de cylindres. On trouve toutes les traces caractéristiques
des activités d’extraction des Rasikajy : un bloc « antsezavato » (fig. 56 ), de nombreux
blocs marqués de tracés circulaires au compas, une quantité de débris de tripodes et
71
de couvercles. C’est là que se trouve le fameux bassin monolithique de 1,43 × 0,94 × 0,48 m
abandonné en cours de fabrication 58 (fig. 67). Un bassin similaire a été signalé aux
Comores dans la ville de Sima, sur l’île d’Anjouan (Barreaux 1959 ). Il semble malheu- Fig. 70 Ébauche d’une grande marmite tripode.
reusement avoir été détruit. La fonction de ces bassins reste un sujet de discussion ; Le volume interne a été partiellement dégagé
en laissant un moignon central destiné au
ils pourraient être en relation avec le culte musulman. L’objet est impressionnant par
tournage. (Ambodimangabe – QV 07)
sa taille et son poids. Son déplacement aurait été un travail difficile nécessitant une
Fig. 71 Vue du rebord du cratère d’extraction
main d’œuvre importante et une organisation particulière. Un autre vestige inhabituel et de l’accumulation de débris périphérique
est un très grand cylindre de 1,3 m de diamètre et son tracé préliminaire partiellement (Ambodimangabe – QV 07)
dégagé (fig. 68 ). Enfin, il y a une série remarquable d’une vingtaine de pictogrammes 59.
La gneiss latéritique marque la limite de la carrière à l’est. Sur le second sommet,
constitué de quartzites, on peut voir quelques débris qui ont dû être transportés là.
Le site d’Amboaimohehy est très étendu et présente une topographie complexe.
Il est donc difficile d’établir une estimation précise du volume de roche extraite. En
ne tenant compte que des fronts de taille et des terrasses les plus évidentes, on calcule
un volume qui dépasse certainement les 2000 m3.
3.3.5 Ambodimangabe – QV 07
Le site d’Ambodimangabe est situé dans les montagnes, entre Ampijoroana au nord
et Ambalasatrana au sud. Ce site n’est pas mentionné dans la littérature.
Deux carrières s’y trouvent à 200 m l’une de l’autre. La limite sud du site est un
petit ruisseau au bord duquel une ébauche de grand vase tripode (fig. 70 ) a été décou-
verte. Le premier cratère d’excavation (diamètre 8 m, profondeur 0,5 m) se trouve à
une centaine de mètres de là. Il est couvert d’une végétation dense. À l’intérieur du
cratère, on peut voir des blocs en place présentant des traces de cylindres. À proximité,
des débris épars couvrent une surface de 15 × 15 m. On y trouve de nombreux fragments
de cylindre, de tripodes et de couvercles ainsi que de blocs de quartz 60 qui ont du être
apportés là par les carriers (fig. 71). 58 Un dessin du bassin d’Amboaimohehy est
En direction du nord, un petit sentier se dirige vers la seconde carrière qui occupe présenté dans Vérin 1975, p. 758 et un schéma
coté dans Gaudebout & Vernier 1941, p. 93.
le sommet d’une petite colline. La roche affleure sur une surface de 20 × 10 m. On ne 59 Quelques pictogrammes d’Amboaimohehy
voit pas de creusement, mais des ébauches et des blocs de toutes tailles portant des sont représentés dans Vérin 1975, p. 754 et
marques de ciseau sont dispersés alentour. Gaudebout & Vernier 1941, p. 94.
60 Le quartz ou cristal de roche est aussi une
matière première minérale qui a été exploitée
3.3.6 Andrafialava – QV 13
par les Rasikajy et exportée dans le cadre du
Une autre carrière, inconnue précédemment, a été découverte au sud du massif du grand commerce de l’océan Indien (Pradines
Rangovato, dans une lentille de roches ultramafiques indiquée sur la carte géologique 2013 ; Horton et al. 2017).
350
Fig. 72 Bloc « antsezavato » avec les traces
d’extraction de cylindres (Andrafialava – QV 13 )
Fig. 73 Bloc avec une large rainure pour le
découpage (Antsohihy – QV 15 )
Fig. 74 Pictogramme en forme de fer à cheval
(Antsohihy – QV 15 )
72
3.3.7 Antsohihy – QV 15
Sur le cours supérieur de la Fanambana, Gaudebout & Vernier (1941) mentionnent un
site qu’ils n’ont pas pu visiter près d’« Ankijahely, à l’est du Rangovato ». Il y a bien un
village d’Ankijahely à 6 km au sud du massif du Rangovato. Une importante lentille de
roche ultramafique est portée sur la carte géologique, mais il s’est avéré que la roche
est très dure, probablement inutilisable.
Cependant, avec l’aide du guide local, nous avons atteint une carrière située à
3 km au nord d’Ankijahely, près du hameau d’Antsohihy. La carrière couvre une surface
de 200 × 200 m au sommet d’une petite colline. Il s’agit d’une exploitation des blocs
métriques affleurant en surface (fig. 73 ). Deux de ces blocs portent des pictogrammes
en forme de fer à cheval (fig. 74 ). Le reste de la colline est constitué de gabbros et de
cumulats gabbroïques qui entourent un petit noyau de roches tendres. Les conditions
d’affleurement permettent d’observer la transition entre la roche mère et la roche
transformée par le métamorphisme.
La carrière d’Antsohihy est, elle aussi, bordée par un ruisseau. Le long de la berge,
sur une surface de 20 × 5 m, de nombreuses ébauches de tripodes, de couvercles et
de pots ont été découvertes. Ces débris ont pu être rassemblés à cet endroit pour les
73
travaux agricoles, mais pourraient aussi indiquer une utilisation de l’eau dans le pro-
cessus de production.
351
M
AN
Salafaina
AM
QV18 QV20
BE
RY
Bobakindro
QV08
Maro-
makotra
Ankorimpa
QV17
Andampy
Masoro
NELA
ANTSAMPA QV16
QV01
Ampizamatana
Ampombobe
QV03 Andrafialava
Marobakoly
Ankaramy
QV04
Ambodisatrana
Ambodisakoa
Milanoa - Analfiana 2 km
75
âgés a mentionné l’existence d’une carrière à Ambibonara, au nord-est, mais personne Fig. 75 Carte de localisation des carrières entre
352
Fig. 77 Grand épandage de débris autour de 3.4.1 Andilamena – QV 18
la zone d’extraction principale (Analfiana Sud Dans la forêt d’Analafiana, la carrière d’Andilamena est le site qui se trouve le plus au
– QV 08 )
nord. Il correspond à la localité « Ankorimpa Nord » de Gaudebout et Vernier (1941).
Fig. 78 Ébauche de marmite tripode. Le volume
La carrière se trouve à seulement 50 m de la piste entre Ankorimpa et Ampondra.
interne a été partiellement dégagé en laissant
un moignon central pour le tournage. Les déblais forment un anneau de 40 m de diamètre et de 5 m de haut qui entoure
(Analafiana Sud – QV 08 ) une zone d’extraction dont le diamètre est d’une vingtaine de mètres et la profondeur
de 5 m 61. À l’intérieur de l’exploitation, on peut voir un beau « antsezavato » (fig. 76 ).
Il y a beaucoup de blocs informes présentant des marques, mais nous n’avons trouvé
que deux fragments de couvercle. Le site étant facile d’accès, on peut penser que les
pièces les plus spectaculaires ont été emportées par des visiteurs. À l’intérieur de la
grande fosse d’extraction, on peut voir un amas de petits éclats de débitage corres-
pondant à un atelier de mise en forme.
Une seconde fosse de 5 m de diamètre de et de 0,5 m de profondeur se trouve à
une distance de 75 m en direction du sud-ouest.
77
353
Fig. 79 Vue générale de la zone d’extraction
d’Analafiana Nord ( QV 20 ) avec des cratères
jointifs et des accumulations de débris
Fig. 80 Petit cylindre ( 20 × 20 cm). Toutes les
surfaces ont été soigneusement régularisées
au ciseau. (Analafiana Nord – QV 20 )
Fig. 81 Petit cylindre ( 20 × 20 cm). Une partie
des surfaces sont été soigneusement
régularisées au ciseau, mais le travail est
inachevé. (Analafiana Nord – QV 20 )
Fig. 82 Ébauche de couvercle (Analafiana Nord
– QV 20 )
Fig. 83 Bloc avec un tracé circulaire au compas
(Antsampanela – QV 16 )
79
80 81
82 83
et de couvercles, parfois avec des trous pour la traction, des cylindres, un fragment avec
deux tripodes imbriqués et un bloc « antsezavato » présentant la trace d’un cylindre et
deux marques circulaires.
Les informations fournies par Gaudebout et Vernier (1941) sont contradictoires. Ils
indiquent la position du site correctement par rapport à la montagne Manipirano, mais
la description des vestiges ne correspond pas.
354
Fig. 84 Cratère d’extraction (diamètre 8 m, pro- les blocs étaient destinés à un autre usage que la production de marmites, peut-être
fondeur 1 m) et déblais (Antisatrabe – QV 17) s’agit-il de tambours de colonne. De nombreux autres objets découverts dans les déblais
Fig. 85 Bloc portant des marques irrégulières sont similaires à ceux d’Analafiana Sud (fig. 82).
de ciseau (Tsarahiaka – QV 03 )
Pour ce site également, il est impossible d’affirmer que les vestiges observés sont
Fig. 86 La colline de Tsarahiaka ( QV 03 ) et
bien ceux décrits par Gaudebout et Vernier (1941).
l’épandage de blocs portant des marques de
travail
Fig. 87 Grand bloc dépassant au-dessus du sol 3.4.4 Antsampanela – QV 16 et Antsiatrabe – QV 17
coupé par une large rainure. Deux cylindres ont Ces deux sites se trouvent le long de la route entre Andrafialava et Bobakindro, au sud
été partiellement dégagés. La surface supérieure du Manambery. Compte tenu de leurs très petites dimensions, ils ne sont pas mentionnés
porte des tracés circulaires de différents dia-
dans la littérature.
mètres qui se recoupent. (Marobakoly – QV 04 )
QV 16 se trouve à 300 m au nord d’Antananivo, un village situé sur la rive nord de
la rivière Antsampanela. Il a été découvert par hasard lors de l’épierrement d’un champ.
Une concentration de blocs montrant des traces de travail a été observée (fig. 83 ).
Le site d’Antsiatrabe ( QV 17) est à 4 km au nord-ouest du précédent, juste avant
le village d’Ampanakana. Il y a un cratère circulaire de 8 m de diamètre et 1 m de pro-
fondeur, entouré d’un anneau de déblais (fig. 84 ). Les habitants indiquent qu’il y avait
là de nombreuses ébauches, mais elles ont probablement été emportées.
84 85
86
87
355
3.4.5 Tsarahiaka – QV 03
La carrière de Tsarahiaka a été découverte par hasard en se rendant à Marobakoly. Le
village se trouve sur la rive sud de la Antsampanela. À 400 m à l’est, il y a un affleurement
de chloritoschiste long de 200 m. Il forme une petite colline couverte de végétation.
De nombreux blocs travaillés gisent alentour (fig. 86 ). Dans sa partie est, l’extraction
est faite en surface, mais en direction du sud-est, il y a une paroi de 8 m de haut dont
88
l’origine est incertaine. Il pourrait s’agir d’un véritable front de taille ou bien d’une
structure d’origine naturelle. Des marques d’extraction ont été observées sur des blocs
mais la végétation est trop importante pour avoir une vue d’ensemble (fig. 85).
3.4.6 Marobakoly – QV 04
À 2 km au sud de Tsarahiaka se trouve la colline de Marobakoly. Les travaux anciens
sont localisés sur le flanc est. Avec une surface couvrant 34 000 m 2 environ, c’est le
troisième des plus grands sites connus. Il est mentionné par Vérin (1975), mais n’avait
89
pas été visité.
On accède à la carrière en suivant le chemin allant de Tsarahiaka vers le sud. Il
débouche sur une plaine herbeuse en pente douce vers le sud où s’écoule un petit
ruisseau. Trois grands blocs de pierre de 3 × 2 × 1 m émergent de la plaine. Ils ont été
découpés par des rainures de 10 cm de large (fig. 87). Trois cylindres sont encore en
place dans le bloc central qui porte aussi des tracés circulaires faits au compas (fig. 88,
54 ). Les tracés de différents diamètres se recoupent, reflétant ainsi sans doute les
hésitations des carriers (fig. 89 ). Trois blocs portent aussi des pictogrammes pouvant
correspondre à des lettres et à un dessin de tortue. En plus des blocs principaux bien
visibles, de nombreux autres vestiges sont partiellement couverts par le sédiment et
la végétation. L’un d’eux, en direction du ruisseau, montre un disque attaché à son
soubassement correspondant à l’enlèvement d’un grand cylindre. La pièce a été dé-
90
tachée en attaquant la base dans deux directions jusqu’à ce que la partie centrale se
brise (fig. 90 ).
Au nord-ouest, le flanc de la colline est couvert de débris jusqu’au sommet sur Fig. 88 Grand bloc dépassant au-dessus du
une surface de 200 × 120 m. On voit des cylindres, des marmites tripodes et des cou- sol avec trois cylindres partiellement dégagés
(Marobakoly – QV 04 )
vercles ainsi que d’autres pictogrammes.
Fig. 89 Tracés circulaires faits au compas à la
surface d’un bloc. Les tracés se recoupent et
3.5 Les carrières au nord et à l’ouest de Vohémar sont de dimensions différentes. (Marobakoly
Six carrières sont mentionnées dans la grande zone qui s’entend de Vohémar à Ambi- – QV 04 )
lobe à l’ouest, et cinq d’entre elles ont été visitées en 2018 (fig. 91, 58 ). Fig. 90 Base d’un cylindre de grand diamètre
Alors que le climat, le paysage et la végétation ne changent pas significativement ( 46 cm) (Marobakoly – QV 04 )
356
Fig. 91 Carte de localisation des carrières au 3.5.1 Manjavila – QV 11
nord et à l’ouest de Vohémar, dans les vallées La carrière de Manjavila est située aux portes de Vohémar, à quelque 8 km de distance
du Manambato, du Manankolana et du Lokia
seulement. Mouren et Rouaix (1913 ) sont les premiers à indiquer son existence. Ils
décrivent deux zones d’extraction distantes de 500 m à l’extrémité nord du massif de
Manjavila, près du village d’Ampasirabe. Gaudebout et Vernier (1941) confirment la
présence d’un cratère, mais n’ont pas trouvé de trace du second site.
Nous avons retrouvé le cratère qui mesure 15 m de diamètre et est profond de 2 m.
Sur les bords, les déblais contiennent des ébauches de couvercle et de pot. Un objet
particulier est un cylindre présentant des traces de ciseau perpendiculaires à l’allon-
gement, ce qui n’a jamais été observé ailleurs (fig. 92).
3.5.2 Ambanimanasy – QV 09
La carrière d’Ambanimanasy se trouve à 4 km au sud-est de Mahasoa, à 1 km au nord
de la route principale, sur les berges de la petite rivière qui porte le même nom. Elle
est facilement accessible à pied, comme l’indique Vérin (1975). On y trouve un cratère
d’extraction avec un bloc « antsezavato » (fig. 93 ). Les déblais contiennent des blocs
portant des traces de ciseau, mais nous n’avons pas découvert d’ébauche. Le proprié-
taire du terrain se souvient qu’il y en avait dans le passé.
3.5.3 Toamasina – QV 10
Toamasina est un autre site signalé par Vérin (1975 ), mais qu’il n’a pas visité. Nous
l’avons découvert à 7 km au nord-ouest d’Ambanja, localité la plus proche accessible
en 4 × 4. Il se trouve entre la limite septentrionale du massif d’Ankolamena et le village
de Toamasina.
La carrière occupe le sommet d’une colline de 20 m de haut et de 200 m de long.
Au sommet, il y a 2 cratères adjacents de 10 × 10 × 4 m et 15 × 15 × 7 m (fig. 94 ). À l’inté-
rieur, on observe 4 blocs en place marqués par des traces d’extraction de cylindre et
des tracés au compas (fig. 95 ). Un bloc détaché est percé d’un trou central, vraisem-
Ambararatamisakana
KY
Manambato
LO
Maromakotra 5 km
QV19
Bemanevika
Andimaka
QV12
MAN
Befarafara Anjiabe
ANK
Manakana
OLA
Maronjolava
NA
Ampombobe
Antsoha
Andrafiabe
Nosibe
Beraja
RN5
Ankarafa
Daraina Antsahampano
ATO
AMB
MAN
Ankijabe QV09
Sambatioka Lalangy
Berondro
Maintialoka
QV10 Toamasina Vohémar
Ambodimontana
Ambanja QV11
91
357
Fig. 92 Petit bloc cylindrique portant
des marques de ciseau perpendiculaires
à l’allongement (Manjavila – QV 11)
Fig. 93 Bloc « antsezavato » avec traces
d’extraction de cylindres (Ambanimanasy
– QV 09 )
Fig. 94 La colline de Toamasina ( QV 10 )
94
95 96
blablement pour y fixer une corde pour pouvoir le traîner plus facilement. À l’extérieur,
les pentes sont couvertes d’une grande quantité de débris. Il y a de nombreux cylindres
partiellement creusés et soigneusement tracés au compas (fig. 96 ). Un bloc cylindrique
porte des marques correspondant à une marmite tripode.
3.5.4 Bobalila – QV 12
Bobalila est sans aucun doute la carrière de chloritoschiste la plus spectaculaire dans
le nord de Madagascar. Le site est mentionné par Gaudebout et Vernier (1941) et a été
visité par Vernier (1956 ). Il est situé à 2 km au nord-ouest d’Anjiabe, un village relié à
la RN5. Après avoir traversé une plaine d’inondation saisonnière, on arrive au pied de
la colline de Bobalila, couverte de forêts. Tout en bas, dans une zone parcourue par
plusieurs petits chéneaux de ruissellement, on trouve des ébauches de couvercle et
de marmite tripode. En remontant la pente sur 20 m, on rencontre des débris portant
des marques de ciseau et des épandages d’éclats de taille. Un peu plus loin, on atteint
la partie la plus spectaculaire de la carrière. Deux grands blocs décamétriques émergent
358
Fig. 97 Vue générale du front de taille du grand du sol. Ils portent des traces superposées de plusieurs rangées de cylindres. Le bloc
bloc de Bobalila ( QV 12 ). Les cylindres ont au amont est le moins élevé ; il mesure 10 × 5 × 1 m. Le second, de forme trapézoïdale,
moins été extraits sur 5 rangées superposées.
mesure 8 × 8 × 5 m. Sur les deux rochers, l’est de la face est couverte de traces d’extrac-
Une aire de travail se trouve sous le surplomb.
tion de cylindres allongés de diamètres variables (fig. 97, 98 ).
Fig. 98 Vue générale des deux grands blocs de
Bobalila ( QV 12 ) avec leur fronts de taille Autour des blocs et dans la pente en amont jusqu’au sommet de la colline, on
Fig. 99 Vue de l’aire de travail sous le surplomb observe encore de nombreux indices de travail : plusieurs blocs « antsezavato », de
du grand bloc dans la carrière de Bobalila ( QV 12) nombreux cylindres et des ébauches. La zone d’extraction s’étend sur une surface
Fig. 100 Traces d’usure inhabituelles sous le d’environ 300 × 200 m. Au moins trois grands amas d’éclats de taille sont visibles sous
surplomb du grand bloc de la carrière de la végétation forestière (fig. 57). À l’aval du bloc le plus grand, un espace d’une dizaine
Bobalila ( QV 12 )
97
98 99
de mètres carrés est protégé par la roche en surplomb. Tout autour, les éclats de taille
et les débris d’objets indiquent que l’emplacement a été utilisé comme aire de travail
(fig. 99 ). Des marques inhabituelles sur la paroi en surplomb pourraient avoir été
laissées par l’aiguisage des outils en fer (fig. 100 ).
Dans la partie basse de la carrière, l’exploitation se fait sur des gros blocs éboulés
dans la pente. Il est probable que le chloritoschiste affleure dans la partie supérieure.
Bobalila est une carrière de grande ampleur. Elle présente des vestiges spectacu-
laires et variés, illustrant les différentes étapes de la chaîne opératoire. Dans l’ensemble,
l’état de conservation paraît excellent. Les traces techniques sont bien visibles. Pour
toutes ces raisons, il est prévu d’approfondir l’étude de ce site exemplaire au cours
d’une campagne de relevé et de sondage en 2019. Il est aussi intéressant de développer
la compréhension du contexte archéologique général de ce site. Jusqu’à maintenant,
la région comprise entre Vohémar au sud et Irodo au nord, très peu peuplée et difficile
d’accès, a été très peu étudiée par les archéologues. Elle pourrait receler des sites
d’intérêt majeur pour la compréhension de la civilisation rasikajy.
100
359
101
Ambohimirahavy est la carrière la plus orientale que nous avons explorée. Elle se trouve (Ambohimirahavavy – QV 19 )
à 40 km à l’intérieur des terres en venant de l’est. La ville la plus proche est Maromakotra
sur la RN5. Le site a été visité et photographié par Vérin (1975).
Depuis la RN5, on accède au site en empruntant le lit asséché d’un cours d’eau
saisonnier. Le climat est aride, la topographie est à peine ondulée et la végétation
constituée de buissons secs. La partie centrale du site occupe une aire de 150 × 50 m
où les blocs de chloritoschiste sont nombreux. Ils ont été exploités en surface (fig. 101).
Seuls les blocs de plus de 1 m de long montrent des traces d’outil. Sur l’un d’entre eux,
il y a un négatif de cylindre et un tracé circulaire au compas (fig. 102). Plusieurs ébauches
ont été rassemblées sur un autel que nous n’avons pas été autorisés à toucher. L’assem-
blage comporte des ébauches de marmites tripodes, de bols et de couvercles (fig. 53 ).
Entre les rochers, deux amas d’éclats de taille sont visibles.
La lentille de chloritoschiste est entourée par d’autres concentrations de blocs
formant de petites éminences dans la plaine. Il s’agit principalement de roches gab-
broïques, inutilisables pour la production de récipients. Une seconde concentration
de chloritoschiste se trouve à 150 m au nord de la première. Trois autres accumulations
de débris de taille, de 2 ou 3 m de diamètre chacune, se trouvent à moins de 200 m de
la zone d’extraction (fig. 103 ). Des fragments d’ébauches sont dispersés alentour.
À Ambohimirahavavy, les marques de ciseau sont plus grossières que dans les
autres localités plus au sud. Il est difficile d’affirmer s’il s’agit d’une particularité technique
locale ou si c’est le résultat d’une altération plus forte dans un paysage plus ouvert.
360
Fig. 102 Bloc avec des tracés circulaires au confusions et les observations de terrain ne confirment que partiellement les données
compas (Ambohimirahavavy – QV 19 ) anciennes. Des travaux supplémentaires doivent être menés à bien pour préciser la
Fig. 103 Amas d’éclats de taille à proximité de localisation et l’importance de tous les vestiges.
la zone d’extraction (Ambohimirahavavy
D’autres sites sont moins bien connus. Ils n’ont fait l’objet que d’une seule visite,
– QV 19 )
plus ou moins bien documentée, souvent ancienne. Les nouvelles prospections per-
mettent de localiser ces sites avec précision, de compléter les descriptions et d’échan-
tillonner les roches.
Dans d’autres cas, les seules données disponibles sont des vagues mentions indiquant
le nom d’un village ou d’une région. Elles sont basées seulement sur des renseignements
fournis oralement par des informateurs. Les nouvelles prospections mènent dans ce cas
à la découverte de sites, parfois spectaculaires comme à Bobalila QV 12.
Certaines carrières qui sont indiquées dans la littérature n’ont pas pu être localisées
lors des visites. Des travaux supplémentaires sont nécessaires.
Enfin, les prospections de la campagne 2018 ont permis de découvrir des sites
inédits, soit au hasard des déplacements, soit grâce aux guides locaux et aux informateurs
rencontrés dans les villages.
Globalement, les informations anciennes apparaissent fiables en ce qui concerne
les localisations : dans la plupart des cas, les sites mentionnés existent vraiment et les
observations nouvelles confirment les descriptions anciennes. De nouveaux sites ont
par contre été découverts, ce qui démontre que l’inventaire est loin d’être complet.
Sur le plan de l’évaluation de l’importance des travaux d’extraction, les renseignements
anciens sont souvent peu précis, mais de simples visites sur le terrain ne permettent
pas de faire toutes les observations nécessaires pour une quantification précise des
volumes extraits. Il sera nécessaire, à l’avenir, de mettre en place une méthodologie
plus sophistiquée pour atteindre ce but. Il est prévu, en 2019, de procéder à l’étude
approfondie d’un site d’extraction avec une équipe plus nombreuse (voir chap. 4 ). Les
observations effectuées lors des visites pourront alors être utilisées pour établir une
quantification plus précise.
Il apparaît d’ores et déjà que certains sites correspondent à des carrières très
importantes où des volumes considérables ont été extraits (fig. 58 ). De manière très
préliminaire, on peut estimer que chacun de ces grands sites a fourni au moins 1000 m3
de roche. Pour le moment, 6 sites ont été classés dans cette catégorie. Ils sont répartis
sur l’ensemble du territoire prospecté. À l’opposé, il existe des carrières qui ont exploité
des volumes très petits de moins de 100 m3. On compte 8 sites dans cette catégorie
dont 3 étaient déjà mentionnés dans la littérature, mais les nouvelles recherches ont
permis d’en découvrir encore 5 autres dans la région de Milanoa, qui a été prospectée
plus en détail. Il est probable que les petits sites de ce genre sont en fait beaucoup plus
nombreux mais difficiles à localiser et qu’ils n’ont pas été mentionnés dans la littérature
ancienne. Il est pour le moment difficile de comprendre leur rôle économique par
rapport aux grandes carrières et à la production dans son ensemble. Enfin, 7 carrières
ont été classées dans la catégorie intermédiaire, entre 100 et 1000 m3.
On peut déjà conclure que plusieurs milliers de mètres cubes de roche ont été
extraits dans le nord-est de Madagascar. Il s’agit donc clairement d’une production à
grande échelle qui implique la fabrication de dizaines de milliers de pièces et l’emploi
d’une main-d’œuvre considérable. En l’état actuel, les recherches sont encore insuf-
102
fisantes pour aller plus loin : il n’est pas encore possible de faire une évaluation plus
précise du volume total extrait ni même de dénombrer les sites d’extraction. Il faut plus
de données et d’observations pour établir le rapport entre le volume extrait et le nombre
d’objets finis.
Au sud-ouest de Vohémar, autour de Milanoa, les carrières sont nombreuses et
certaines très importantes. Au nord et au nord-ouest de Vohémar, plusieurs grands sites
d’extraction semblent isolés, mais les prospections n’ont en réalité pas été suffisantes
pour confirmer cette situation. Enfin, au sud, on appréhende encore très mal la situation
103
361
dans l’arrière-pays de Sambava, mais il est probable que l’exploitation du chloritoschiste
y était peu importante.
En l’état actuel des connaissances, la chronologie de la production est encore très
mal définie. En surface, les sites d’extraction ne livrent pas de mobilier archéologique
datable 62. Pour le moment, il n’y a pas de relation clairement établie entre les carrières
et d’éventuels habitats installés à proximité. En fait, aucun site d’habitat n’est signalé
dans l’arrière-pays. Les seuls indices chronologiques proviennent des trouvailles d’objets
finis en chloritoschiste dans les sites d’habitat côtiers ou dans les nécropoles associées.
À Benavony, des fragments de chloritoschiste proviennent des niveaux de la phase
d’occupation ancienne datée avant l’an mil 63 (fig. 52, Serneels et al. 2018 ). Des morceaux
de vases et des tuyères en pierre ont été découverts dans les amas de scories datés
entre 1000 et 1400 AD. Sur la côte ouest de Madagascar, le chloritoschiste est présent
à Mahilaka, site urbain dont l’occupation est attestée entre le 10 ème et le 15 ème siècle AD
(Radimilahy 1998, 2018 ). Enfin, le mobilier de la vaste nécropole de Vohémar comporte
de nombreux objets en chloritoschiste, mais il est difficile d’attribuer une date précise
aux différents objets (Gaudebout & Vernier 1941a ; Vernier & Millot 1971 ; Rakotoarisoa
& Allibert 2011). On peut penser au moins qu’une partie d’entre eux étaient encore en
usage aux 15 ème et 16 ème siècles, c’est-à-dire au cours de la phase tardive de la civili-
sation rasikajy.
Les vestiges observables dans les carrières attestent pratiquement toujours de la
production de récipients 64. Les marmites tripodes sont fréquentes, mais il y a aussi des
vases dépourvus de pied. Les couvercles sont aussi présents presque partout. Il y a des
ébauches pour d’autres types de récipients, mais elles sont nettement moins nom-
breuses. Les autres catégories d’objets ne sont que rarement clairement attestées. Sur
le site d’Amboaimohéhy QV 06, de très grandes pièces ont été fabriquées, en particulier
des bassins rectangulaires (fig. 67). Parmi les sites visités, c’est le seul où cette situation
est évidente, mais on ne peut pas toujours exclure cette possibilité sur d’autres sites
car on observe parfois des blocs inhabituels 65. On n’a pas encore identifié de carrière
avec des ébauches ou des traces d’extraction correspondant aux buses de cuvelage
de puits telles que celles qui sont visibles à Angolovato près de l’embouchure de la
Mahanara (Vérin 1986, p. 265 ; Serneels et al. 2018, p. 152–153 ) 66. La question de l’utili-
sation du chloritoschiste pour la construction se pose également 67.
Les carrières fournissent de nombreuses informations pour appréhender la tech-
nique de l’extraction du chloritoschiste. Les tracés préliminaires indiquent un souci
d’organisation et d’anticipation. Souvent, les carriers prennent soin d’obtenir des blocs 62 Nous espérons que des sondages permettent
de formes régulières et de dimensions définies, en particulier des cylindres permettant de retrouver des charbons de bois en relation
de produire des pièces basses (diamètre > hauteur), des marmites tripodes (diamètre avec les activités d’extraction.
= hauteur) et des doubles tripodes (diamètre = ½ hauteur). Mais il y a aussi des blocs
63 On signale aussi la présence de fragments
de chloritoschiste à Irodo dans un contexte
de formes quelconques qui sont plus difficiles à interpréter. Certaines pièces sont
précoce (Battistini & Vérin 1967), ainsi que sur
percées d’un trou de quelques centimètres de diamètre qui a pu servir à fixer une corde les sites de la phase précoce « Dembéni » à
pour déplacer le bloc par traction. Mayotte et aux Comores (Wright 1984, 2016 ).
À proximité immédiate des carrières, mais pas directement sur les fronts de taille,
64 De nombreuses mesures observations ont
été réalisées sur les ébauches (formes,
des amas d’éclats centimétriques entassés pourraient correspondre à des débris résultant
dimensions, etc.) Les données sont en cours
de la mise en forme des ébauches à partir des blocs extraits. Cette étape de travail se d’élaboration pour décrire la gamme des
déroule certainement dans le périmètre des carrières, comme en témoignent les très récipients produits.
nombreux fragments d’ébauches. Sur plusieurs sites, les prospections ont mis en
65 Par exemple les blocs d’Analafiana Nord
QV 20, voir fig. 80 et 81.
évidence des concentrations d’ébauches localisées à proximité de petits cours d’eau 66 Ce sont des pièces monolithes cylindriques
proches des zones d’extraction. Une raison technique pourrait expliquer cette orga- de 84 cm de diamètre et 124 cm de long. Un
nisation spatiale. Il est possible que l’on utilise de l’eau à une étape de la production. autre puits en chloritoschiste est mentionné à
En l’absence constatée de trace de tournage sur les ébauches des carrières, aucun bon Bemanevika (Vérin 1986, p. 266 ), mais il n’est
plus visible actuellement.
argument ne permet d’invoquer l’utilisation d’un tour hydraulique pour la finition des 67 Des traditions orales rapportent l’existence
surfaces à proximité des carrières. Par contre, les observations permettant de situer de pont en chloritoschiste, mais les éléments
spatialement les opérations de tournage manquent toujours. Il est possible qu’elles matériels manquent pour étayer ces histoires.
362
aient eu lieu au sein des habitats côtiers, mais cela n’est pas prouvé. À travers les
pictogrammes et les tracés préparatoires, on pressent des formes d’organisation de la
production.
Les premiers résultats des recherches permettent de reposer des questions sur
l’organisation sociale de la production du chloritoschiste. Il est clairement confirmé
qu’il s’agit d’une activité à grande échelle qui se poursuit pendant plusieurs siècles,
c’est-à-dire à long terme. Les volumes extraits sont considérables. La main-d’œuvre
nécessaire pour l’extraction, la mise en forme et le transport des produits dépassent
certainement le cadre d’une production domestique. Les sites d’habitat côtiers et les
populations qui y habitent jouent certainement un rôle dans l’organisation de la pro-
duction. Mais il y a bien peu d’éléments pour décrire ce rôle de manière précise.
4. Synthèse et perspective
Les deux premières campagnes de recherches sur le terrain dans le nord-est de Mada-
gascar se sont déroulées dans de bonnes conditions. Elles ont permis de collecter un
grand nombre de données scientifiques. De bonnes relations ont été tissées entre les
partenaires scientifiques et avec les autorités locales.
Les fouilles des ateliers métallurgiques apportent de nombreuses informations sur
les aspects techniques, même si les vestiges découverts sont relativement peu spec-
taculaires (voir chap. 2.8 ). Les données récoltées permettent d’ores et déjà de définir
la matière première et la technique de réduction. Les datations 14 C fixent un cadre
chronologique. Les prospections montrent que la zone de production est relativement
étendue et comporte plusieurs dizaines d’ateliers. Ces données sont en cours d’élabo-
ration et seront confrontées aux résultats des analyses de laboratoire. Elles permettent
de renouveler complètement les connaissances sur le district de production du fer du
nord- est de Madagascar.
Dans la région sud, autour de Sambava, nous espérons pouvoir continuer à den-
sifier les prospections pour approcher une meilleure quantification de la production.
À cet égard, il s’avère très efficace de susciter la collaboration de jeunes chercheurs
locaux et de les intégrer au projet. S’ils ont reçu la formation de base qui leur permette
de reconnaître et décrire les vestiges métallurgiques, ils peuvent recueillir beaucoup
plus efficacement les informations auprès des populations locales. Hormis les sites de
réduction qui laissent des vestiges caractéristiques, les amas de scories, facilement
identifiables, on ne dispose que de très peu d’informations sur les sites et les méthodes
d’extraction du minerai. De même, en ce qui concerne les activités de forgeage, les
recherches n’ont pas encore donné de résultat. Pour le moment, il n’y a pas d’indication
sur la présence de site métallurgique dans l’arrière-pays, mais peut-être que n’est-ce
là que le reflet de l’état de la recherche.
Pour bien comprendre le district de Sambava, il est aussi indispensable d’évaluer
la situation dans la région nord. Pour le moment, aucun site de réduction du minerai
de fer n’y a été identifié. Si cette situation reflète effectivement la réalité et non seule-
ment l’état de la recherche, il apparaîtra alors que le district de Sambava est le seul à
avoir approvisionné la population rasikajy. Les relations d’interdépendance entre les
différents terroirs et l’intégration économique à l’échelle régionale pourront dès lors
être discutées.
Les recherches sur les carrières de chloritoschiste n’ont vraiment débuté qu’en 2018
et la campagne de prospection a donné des résultats très satisfaisants (voir chap. 3.6 ).
Les visites sur le terrain permettent d’évaluer la documentation ancienne et de l’intégrer.
La collection d’échantillons pétrographiques de référence est mise en place et les analyses
de laboratoire sont lancées pour développer un outil pour les études de provenance.
L’interprétation des observations de terrain reste délicate car on ne dispose pas
encore d’une étude de site approfondie. Pour cette raison, la campagne de recherches
363
2019 sera principalement orientée vers l’étude détaillée d’une grande carrière de
chloritoschiste. À l’aide d’un relevé topographique d’ensemble, de sondages stratigra-
phiques et de l’étude systématique des traces de travail, on espère développer une
grille d’interprétation technique et quantitative utilisable pour évaluer les autres sites
explorés en prospection. Le site de Bobalila QV 12 (voir chap. 3.5.4 ), offre des conditions
idéales pour cette approche. Le site a été très peu fréquenté et semble intact. Il est
passablement étendu et présente une belle variété de vestiges, en particulier des aires
de taille et les amas d’éclats associés ainsi que de superbes fronts de taille. Il se trouve
dans une région très mal connue sur le plan archéologique, mais possédant un fort
potentiel. L’étude du contexte régional permettra de mieux comprendre l’occupation
du sol par les populations rasikajy.
Remerciements
Notre séjour s’est déroulé dans de bonnes conditions grâce au concours et à la parti-
cipation des autorités et responsables administratifs :
— Le Ministère de la Culture, de la Promotion de l’Artisanat et de la Sauvegarde du
Patrimoine représenté par Monsieur le Ministre, le Directeur Général de la Culture,
le Directeur du Patrimoine, le Représentant du Ministère de la Culture au niveau
de la région SAVA (Sambava – Antalaha – Vohémar – Andapa) ;
— Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique représenté
par le Secrétaire Général, le Directeur Général de la Recherche Scientifique ;
— Le Chef de la Région SAVA représenté par le Secrétaire Général de la Région ;
— Les Maires et les Adjoints au Maire de Farahalana, Bemanevika, Milanoa, Vohémar
et Anjiabe ;
— Le Directeur du Centre Universitaire Régional de la SAVA ( CURSA ) à Antalaha, le
Docteur Benitsiafantoka Joseph.
Les personnalités suivantes nous ont apporté leur appui tant sur le plan matériel que
scientifique :
— Le Professeur Rafolo Andrianaivoarivony de l’Université d’Antananarivo ;
— Le Professeur Jean Omer Beriziky ;
— Monsieur Georges Radebason de l’Université d’Antsiranana.
Les autorités traditionnelles et les populations locales nous ont toujours fait bon accueil,
en particulier dans les localités où nous avons séjourné et travaillé plusieurs jours :
Amborolana, Bemanevika, Milanoa et Anjiabe. Nous remercions aussi les propriétaires
des terrains d’Amboronala, Ambodimadiro et Bemanevika sur lesquels les travaux de
recherches archéologiques ont été effectués et qui nous ont honorés de leur hospita-
lité et de leur accueil. Nous remercions également les nombreux guides et informateurs
locaux qui ont répondu à nos questions.
364
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