Etude Sur La Diaspora Burkinabe FR
Etude Sur La Diaspora Burkinabe FR
DIASPORA
BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire,
en Italie et en France
L’OIM croit fermement que les migrations ordonnées, s’effectuant dans des conditions
décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisme
intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires de la communauté internationale en
vue de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions
de migration, d’encourager le développement économique et social grâce à la migration et de
promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants.
Les opinions et les analyses exprimées dans le présent ouvrage ne reflètent as nécessairement les
vues ou les politiques officielles de l’Organisation internationale pour les migrations ou celles de
ses Etats membres.
Couverture : Un monument situé à Ouagadougou. Son nom français est Bataille du rail mais en
Moore (langue locale) signifie “vous ne serez jamais perdu ici”.
Cette étude n’a pas été revue par les services d’édition de l’OIM.
Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle de la présente publication est interdite
sans autorisation écrite préalable de l’éditeur. Elle ne peut être, ni enregistrée dans un système
d’archives, ni transmise par voie électronique ou mécanique, par xérographie, par bande
magnétique ou autre.
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ETUDE SUR LA
DIASPORA
BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire,
en Italie et en France
(Rapport final)
Remerciements
Enfin, en tant que première étude sur la diaspora burkinabè, le Bureau pays de l’OIM au
Burkina Faso formule le vœu que cette analyse puisse faire à la fois l’objet d’une mise à
jour, d’une extension à plusieurs autres pays et surtout que ces résultats alimentent des
actions concrètes en faveur du développement du Burkina Faso et de sa diaspora.
Cette étude a été réalisée par le professeur Ram Christophe Sawadogo, Consultant.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
v
3. Méthodologie............................................................................................................ 15
3.1. L’échantillon de terrain.................................................................................... 17
3.2. Les techniques et les outils de collecte des données ..................................... 21
3.3. L’organisation du travail de terrain et les insuffisances des cadres
de référence ................................................................................................... 24
3.4. Le traitement des données ............................................................................. 25
Sigles et abréviations
Capital humain
La théorie micro-individuelle, basée sur la prise de décision, a dû, dans les déterminants,
prendre en compte les coûts et les bénéfices, donc les effets de la migration, dont le
« retour sur investissement ». La notion de capital humain, forgée pour contourner la
difficulté d’estimer correctement ces bénéfices, est ainsi justifiée : « il est particulièrement
utile d’employer le concept de capital humain et d’envisager les migrations, la formation
et l’expérience comme des investissements dans le facteur humain (...). Les migrations
ne peuvent être étudiées isolément, les investissements complémentaires dans le
facteur humain sont probablement aussi, sinon plus importants que le processus de
migration lui-même. » (Sjaastad, 1961, cité par Piché, 2013 : 20). C’est, au demeurant,
cette compréhension extensive qu’en donne Bernard Gazier pour qui « on peut définir
le capital humain comme l’ensemble des capacités productives d’un individu (ou d’un
groupe), incluant ses aptitudes opératoires au sens le plus large: connaissances générales
ou spécifiques, savoir-faire, expérience... » (Gazier, 1992 : 193).
Capital social
Les trajectoires migratoires qui peuvent intervenir dans le cheminement d’un candidat
à la migration (tant la décision sur son lieu de destination que celle pour l’itinéraire
géographique à suivre, l’identité des personnes qui vont assurer son accueil, les
conditions pour trouver les premiers emplois, ou encore les étapes migratoires à suivre)
sont fonction du réseau social du candidat, c’est-à-dire l’ensemble des personnes
connues de lui ou de ses proches et qui sont susceptibles de donner des avis utiles ou
de faire des contributions diverses pour le succès de sa migration. Quand il s’agit d’un
migrant déjà installé, les composantes de ce réseau social prennent en compte toutes les
relations humaines qu’il a pu ou su tisser autour de lui, de sorte que lorsqu’un évènement
important intervient dans sa vie, ces personnes sont en mesure d’en faciliter l’avènement
ou d’en modifier le cours. Ainsi assistée, soutenue et protégée, la personne a plus de
chances de réussir sa migration.
Capital migratoire
Alors que le capital humain et le capital social participent des moyens stratégiques
pour réussir une migration, le capital migratoire en est une résultante. Il comprend à la
fois l’épargne monétaire que le migrant a pu accumuler (déjà transféré dans son pays
d’origine ou en voie de l’être), l’ensemble des biens d’équipement qu’il a pu acquérir
et également les qualifications professionnelles et autres savoirs, savoir-faire et savoir-
être acquis durant le séjour de migration, le tout constituant l’ensemble des capacités
dont dispose le migrant (ayant réussi sa migration, les niveaux de cette réussite restant
à évaluer) et susceptibles d’être utiles à des initiatives d’actions de développement en
faveur de son pays d’accueil et surtout de son pays d’origine.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
xii au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
Diaspora
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) définit la diaspora comme
étant composée « des personnes ou des réseaux, des associations et des communautés,
qui ont quitté leur pays d’origine et qui maintiennent des liens avec leurs patries. Ce
concept couvre les communautés d’expatriés bien installées, les travailleurs émigrés
temporairement, des expatriés avec la nationalité du pays d’accueil et des migrants de
seconde, voire de troisième génération » (Natali, 2014). La définition du Glossaire de
la migration (Perruchoud, 2007 : 20) précise davantage l’aspect de dispersion: « Etat
de dispersion d’un peuple ou d’un groupe ethnique à travers le monde. La notion de
diaspora est fréquemment utilisée dans le but de revendiquer une identité commune
malgré la dispersion du groupe ». Toutefois la dimension historique, les caractéristiques
et les spécificités d’une diaspora sont davantage précisées par d’autres auteurs (voir
appendice).
Dans ce sens, ces trois aspects se recouvrent et une définition de synthèse serait que la
diaspora est la dispersion des membres d’un peuple1 à travers le monde, vivant au sein
d’un pays autre que celui de naissance ou d’origine des parents biologiques, ayant la
conscience de sa nationalité d’origine, organisée ou cherchant à le faire et entretenant
1
Dans cette proposition, j’ai soustrait la mention de « membres d’une communauté ethnique » (problème des Roms en
Europe), car la fixation d’une telle entité est contraire au projet de construction d’une nation qui anime tout peuple.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
xiii
des relations diverses avec ce pays d’origine. Cette proposition de définition admet
qu’un même pays d’origine a autant de diasporas qu’il a de pays de destination de ses
ressortissants. Au niveau de ce pays d’origine, le souci de maintenir entre ces diasporas
dispersées et lui, des rapports pour diverses raisons soutenues par diverses finalités,
peut conduire les autorités nationales à mettre en place une structure voire une autorité
de contact et de gestion de cette diaspora nationale.
Dans le cas du Burkina Faso, le fait même que la présente étude ait été conduite dans trois
des pays de destination des émigrés burkinabè, dans l’attente de pouvoir couvrir plus
tard d’autres pays de destination, est une illustration de cette pluralité de diaspora pour
un même pays. Par ailleurs, l’existence du Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Etranger
(CSBE) illustre également cette volonté politique de conserver le lien avec cette diaspora
nationale et d’en valoriser tout le potentiel de contribution au développement du pays.
Association
Au Burkina Faso, la loi n° 10/92/ADP du 15 décembre 1992 définit l’association et en
précise les conditions de constitution et de reconnaissance. La définition est livrée
par l’article 1 qui stipule qu’« est Association, au sens de la présente loi, tout groupe
de personnes physiques ou morales, nationales ou étrangères, à vocation permanente,
à but non lucratif et ayant pour objet la réalisation d’objectifs communs, notamment
dans les domaines culturel, sportif, social, spirituel, religieux, scientifique, professionnel
ou socioéconomique ». Quelles personnes peuvent constituer une association et existe-
t-il des raisons de le faire ? Comment, par quelle procédure, auprès de quelle autorité
sont reconnues les associations ? L’article 2 énonce que « Les associations se forment
librement et sans autorisation administrative préalable ». Elles jouissent de la capacité
juridique, mais seulement« dans les conditions prévues par la présente loi ». L’article 3 du
chapitre 2 indique les formalités à accomplir, l’article 4 le délai de déclaration à respecter
(huit jours suivant la constitution de l’association), l’autorité auprès de laquelle elle est
recevable (ministère en charge des libertés publiques dans les cas de vocation nationale,
ou autorité administrative compétente dans le cas de compétence locale). L’article 5
précise les pièces constitutives du dossier de déclaration. Les articles 6 et 7 précisent
les délais accordés à l’autorité pour notifier au déclarant l’acceptation ou le refus de
reconnaissance et, à défaut du respect de ce délai, le fait qu’un mois après le dépôt du
dossier de déclaration, le silence de l’autorité est assimilé à un accord de reconnaissance.
Une fois le récépissé obtenu, le bénéficiaire est tenu, dans le délai d’un mois, d’en publier
un extrait dans le Journal officiel du Burkina Faso. Dès lors, l’accès à ses textes de base
(statuts et déclaration) est libre pour toute personne suivant le besoin.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
xiv au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
Une ouverture intéressante de cette loi est celle faite pour ce qui est appelé association
étrangère. Elle peut être également reconnue d’utilité publique (article 18). Ce qui la
caractérise (article 17) est ainsi libellé :
• avoir son siège ou son principal établissement situé à l’extérieur du Burkina Faso ;
• avoir son organe dirigeant essentiellement constitué d’étrangers ;
• avoir 75 % au moins de ses membres fondateurs de nationalité étrangère.
Même si la précision n’est pas faite de savoir si les trois conditions sont cumulatives
ou indépendantes et suffisantes chacune en elle-même, l’on peut penser qu’un
réaménagement de la première condition pourrait ouvrir cette loi aux associations de
la diaspora burkinabè, lesquelles pourraient alors s’en réclamer et se faire reconnaître
comme telles (et même d’utilité publique) par les institutions du pays d’origine. Une telle
opportunité serait véritablement intéressante pour les perspectives de réseau qui seront
évoquées au chapitre 8 du présent rapport d’étude.
Ce projet vise à renforcer les capacités du gouvernement du Burkina Faso pour une
meilleure gestion des migrations et de la diaspora burkinabè. Œuvre conjointe entre
l’OIM et le gouvernement burkinabè, il comporte plusieurs activités dont la réalisation
d’une étude sur la diaspora burkinabè au Burkina Faso et dans trois pays que sont la Côte
d’Ivoire, la France et l’Italie.
Aussi faut-il le rappeler, l’Afrique de l’Ouest est la première région d’accueil des migrants du
continent. Ainsi, les calculs réalisés à partir des recensements de la population montrent
que cette région abriterait 7,5 millions de migrants, originaires pour la plupart d’un autre
pays ouest-africain, soit près de 3 % de la population régionale. Ce taux, en hausse depuis
1990, est supérieur à la moyenne africaine (2 %) et surpasse largement celui de l’Union
européenne qui est de 0,5 % (OCDE, 2007). En fait, dès 1990 le Réseau de recherche
sur les migrations et l’urbanisation en Afrique de l’Ouest (REMUAO) a enregistré 22 000
migrations de l’Afrique de l’Ouest vers l’Union européenne contre 258 000 migrations
entre pays ouest-africains. Lessault et Beauchemin (2009) précisent même que « les flux
vers l’Europe ont été compensés par 6 600 migrations en sens inverse », et concluent
qu’« Autrement dit, un départ sur trois vers l’Europe a été compensé par un retour ».
2
En décembre 2009, Sawadogo recensait au moins 229 références spécifiques au pays et étalait sur plus de 140 pages de
très nombreuses références d'archives historiques y relatives (Sawadogo, 2009a, tome III).
1
4 Contexte, objectifs de l’étude et plan de l’ouvrage
Ce faisant, la recherche devra ouvrir des voies pour impliquer la diaspora burkinabè dans
la réalisation des objectifs de la SCADD. L’éclairage sur les compétences qu’elle renferme,
les expertises dont elle est porteuse et les moyens financiers disponibles à son niveau
sont des composantes d’un capital migratoire susceptible de contribuer à la satisfaction
des besoins de développement exprimés par les institutions publiques et privées, à
travers leur mise en relation dynamique.
L’objectif général de la recherche est, ainsi, de voir dans quelle mesure des associations
de diasporas sont engagées ou souhaiteraient s’engager dans des actions de coopération
ou d’investissement dans leur pays d’origine, de déterminer leur historique de formation,
leurs modes de structuration, les types d’actions menées, leurs contraintes et attentes,
etc.
3
L’Union économique et monétaire ouest-africaine a succédé, le 1er janvier 1994, à la Communauté économique de
l’Afrique de l’Ouest (CEAO), créée le 17 avril 1973 à Abidjan. Son Accord cadre adopté le 27 octobre 1978 à Bamako,
garantissait le « libre exercice des activités économiques, professionnelles ou sociales » et la libre circulation des
personnes, à cette fin » (Sawadogo, 2002 : 617).
4
Le traité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a été signé à Lagos, le 28 mai 1975 et révisé à
Cotonou le 23 juillet 1993. Son protocole A/P1/5/79, adopté à Dakar le 29 mai 1979, dispose de la libre circulation des
personnes, le droit de résidence et d’établissement, et se donne trois étapes successives totalisant 15 ans pour sa mise
en œuvre progressive (droit d’entrée et abolition des visa, droit de résidence, droit d’établissement) (Sawadogo, 2002 :
617).
5
En effet, c’est dès 2006, lors du 30ème Sommet ordinaire de la CEDEAO, que les Chefs de Gouvernement ont mandaté
la Commission pour définir une approche commune des Etats membres sur la migration. Le Conseil de médiation et
de sécurité de la CEDEAO, réuni le 20 décembre 2006, a réaffirmé cette priorité en demandant au président de la
Commission de « poursuivre la réflexion en vue de la définition d’une approche commune sur la gestion de la migration
intra régionale et vers l’Europe dans toutes ses dimensions ».
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
5
2.1. La problématique
De nos jours, le transnationalisme constitue le modèle dominant dans l’étude des
migrations internationales. Selon ce modèle, l’intégration dans le contexte d’accueil
et le maintien des liens avec le pays d’origine, au lieu d’être incompatibles, se révèlent
complémentaires (Mazzucato, 2005 ; Stocchiero, 2007). Ce faisant, les modèles
classiques qui conçoivent que l’intégration des migrants coïncide nécessairement avec
un affaiblissement des liens avec le pays d’origine, sont remis en question (Alba et Nee,
1997). Avec le « tournant transnationaliste » (Basch, Glick-Schiller et Szanton Blanc,
1992 ; Levitt et Nyberg-Sorensen, 2004), les associations de migrants cessent d’être
envisagées comme de simples médiatrices du processus d’inclusion/intégration dans les
sociétés d’accueil (Cattacin, 2007) et d’établissement de « capital social »6 (Bourdieu,
1980). La diaspora7 et ses associations contribuent activement au développement
socioéconomique des contextes d’origine, dans des domaines tels que la santé,
l’éducation, le développement rural, les infrastructures et la création de petites et
moyennes entreprises (Orozco, 2003). Cet engagement en faveur du pays d’origine se
manifeste également au travers de transferts financiers (Ferro, 2011), sociaux et culturels
(Perrin et Martiniello, 2011), de compétences (Ionescu, Dia et Guissé, 2009), et par un
activisme politique transnational (Østergaard-Nielsen, 2001). Ces dernières années le
phénomène s’est particulièrement intensifié (de Haas, 2012). Par exemple, la Banque
mondiale estime, dans le cas de l’Afrique, que ces contributions sont jusqu’à sept fois
plus importantes que l’aide publique au développement8.
Malgré ce constat, les divers pays de départ se caractérisent par des degrés variables de
prise en compte effective de ce double rôle au niveau de leurs politiques nationales et
locales.
On pourrait donc en déduire que le problème essentiel et global est, à la fois, de pouvoir
mieux connaître le Burkinabè parti en migration dans ses motivations de départ, savoir
ce qu’il a pu obtenir comme emploi ou activité qui contribuent à satisfaire ses attentes
d’une part et, de l’autre, savoir s’il a toujours une pensée, une sensibilité, une volonté
de participer au développement de son pays d’origine et comment il l’entreprend et le
manifeste.
6
« Le capital social est un ensemble de ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à un réseau durable de relations
plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’inter-reconnaissance » (Bourdieu, 1980 : 2).
7
Le terme « diaspora » se réfère, dans la littérature contemporaine, aux groupes ethniques/nationaux transnationaux et
déterritorialisés qui s’engagent, à distance, dans des manifestations d’appartenance quelles que la production culturelle
et l’activation économique, politique et sociale (Sheffer, 2003). Ce terme est de plus en plus souvent utilisé pour indiquer
une communauté migrante manifestant des pratiques transnationales.
8
Migration and development Brief 17, World Bank. Remittance flows to developing countries exceed USD 350 billions in
2011, 14 décembre 2011.
2
10 Problématique : cadre théorique et revue de la littérature
On pourrait alors évoquer quelques cadres théoriques à travers lesquels les chercheurs
positionnent, expliquent et rendent compte de la dynamique migratoire dans son
ensemble.
Néanmoins, est ici partagée l’idée qu’une théorie migratoire doit essentiellement remplir
deux fonctions : cerner les causes des migrations d’une part, de l’autre, en appréhender les
effets ; autrement dit, il s’agit d’expliquer pourquoi les gens migrent et dans quelle mesure
la migration atteint ses objectifs (Piché, 2013). Dès lors, deux positions se dégagent : se
positionner du côté de l’individu pour cerner les raisons ou les motifs du départ, les
théories sont alors qualifiées de théories micro-individuelles, ou se centrer sur la société
pour identifier les facteurs sociaux et économiques de la migration, ce sont alors des
théories macro-structurelles. Du point de vue des théories micro-individuelles, la prise
de décision individuelle, en terme de confrontation des coûts et des bénéfices d’une
éventuelle migration, constitue l’élément explicatif majeur du phénomène migratoire.
Les théories macro-structurelles changent de perspectives en se focalisant sur « les
contextes dans lesquels se prennent les décisions migratoires » (Piché, 2013 : 26). Dans
ce cas, on tient compte des éléments de l’environnement (économique, social, politique
et technologique) pouvant affecter les mouvements migratoires.
D’autres approches sont, soit centrées sur le genre, soit basées sur les réseaux sociaux, le
rôle des rapports de genre dans les décisions migratoires et leurs impacts sur la situation
des femmes migrantes, ainsi que la question des migrations féminines autonomes.
De l’analyse des migrations dans les pays en développement a émergé une autre approche
spécifique, celle des « réseaux migratoires » qui dépassent le simple dualisme individu/
société dans l’appréhension des causes des migrations, pour intégrer la famille et le
réseau de parenté, dans une logique où la migration se présente aussi comme « relevant
d’actions collectives et familiales qui relient des migrants et des non-migrants dans un
ensemble de relations qui captent les nouvelles analyses centrées sur les réseaux » (Piché,
2013 : 31). La migration est aussi présentée comme un mode de régulation naturelle
des déséquilibres internationaux. Selon cette approche, les régions les plus développées
absorbent les populations actives désœuvrées des régions les plus pauvres, contribuant
ainsi à les soulager de leur misère en compensant les faibles revenus de ces zones par
les mouvements de fonds (Piché, 2013 ; Guilmoto et Sandron, 2003). Ce mécanisme
s’opère à travers les facteurs répulsifs que l’on rencontre dans les pays de départ (crise,
chômage, faible productivité), et les facteurs attractifs (conditions de vie, salaire élevé,
sécurité sociale) qui caractérisent les pays d’accueil. Quant à la théorie démographique
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
11
elle présente la migration comme un mode d’ajustement de la forte croissance des pays
en développement au relatif déclin des pays industrialisés. Enfin un certain nombre de
théories jugées plus globalisantes s’appuient sur une gamme plus diversifiée de facteurs
pour expliquer le phénomène migratoire. Ces théories « procèdent d’une perspective
historique nourrie des théories de la dépendance, de l’économie-monde ou encore de
la ‘cité globale’ » (Guilmoto et Sandron, 2003 : 23). Ce courant explicatif présente le
phénomène migratoire comme « un des produits les plus manifestes de la violence
historique de la rencontre coloniale » (ibid.). Il considère que la pénétration coloniale
a déstructuré les sociétés et les économies rurales des pays tropicaux, les entrainant
avec brutalité dans le marché des échanges monétarisés, organisant ainsi une forme
de dépendance dans ces économies vis-à-vis de celles des pays industrialisés. Dans
cette logique, la migration est présentée comme une nouvelle forme d’exploitation
internationale des ressources des pays en développement à côté du pillage classique des
ressources naturelles. Face à la paupérisation croissante de ces populations, la migration
se présente comme une stratégie de survie. Un tel jeu, supposé naturel, peut cependant
être modifié par les politiques publiques en matière de migration.
que le nombre d’immigrés sur leur sol est trop important » (Guilmoto et Sandron, 2003 :
85). Aujourd’hui, ce taux est porté à 44 % des pays développés et 39 % des pays en
développement. Ici se trouve mis en exergue le caractère utilitaire de l’immigration, sans
en occulter les soucis sécuritaires soulevés. Ces orientations ont forgé les expressions de
« migration choisie » et de « migration clandestine » et autres « sans papiers ».
Dans une perspective de concertation et de recherche des meilleures formules pour les
parties prenantes, a pris naissance, en 2006 à Rabat, au Maroc, le « Dialogue Euro-
africain sur la migration et le développement », dénommé « Processus de Rabat ».
• De même, la cible des associations de diaspora, privilégiée par les TDR, sera élargie
à l’ensemble des acteurs de la possible et souhaitable valorisation du capital
migratoire. Ceux-ci, outre les associations de migrants au plan global, devront faire
une part explicite aux associations de femmes, de jeunes, d’élèves et d’étudiants,
de la société civile9, aux personnes physiques individuelles et autonomes et enfin
aux structures d’appui aux actions de ces associations (le personnel diplomatique et
consulaire, dans un pays d’accueil, l’ensemble des ressortissants du pays d’origine,
les services administratifs et de recherche du pays d’accueil, les organisations
internationales impliquées dans la gestion de ces migrants, immigrants et réfugiés).
9
Il s’agit ici des organisations de la société civile impliquées dans la défense des droits humains et de ceux des migrants
et des immigrants.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
13
• Sur la base des résultats de cette étude, la Lettre d’intention pour le développement
durable (1995), élaborée par le gouvernement du Burkina Faso, mentionne, pour la
première fois officiellement, les transferts monétaires liés aux migrations, comme
étant l’une des sources de financement des actions de développement du pays.
Des actualisations périodiques ont été successivement réalisées et les chiffres
sont disponibles, pour les années 1969 à 2012 (Sawadogo, 2009d ; BCEAO, 2011).
Le rapport, a priori positif, entre la migration et le développement, semble ainsi
établi pour le cas du Burkina Faso. L’idée d’une rentabilisation du fait migratoire
pour contribuer au développement économique et social demande à être prise en
compte tant pour les pays de départ que pour ceux d’accueil.
Le « co-développement ». Le terme est né dans la sphère politique. Il est très présent dans
les débats sur les relations entre la migration et le développement et notamment dans
les conventions de gestion concertée des flux migratoires entre l’Europe et les pays dits
tiers. Sa définition le diffère de la thématique migration et développement. Elle se fonde
plutôt sur l’action positive des migrants sur le développement de leur pays d’origine. Des
modalités de cette relation sont spécifiées selon la position du migrant dans la relation
de co-développement. Ainsi parle-t-on de co-développement par les migrants pour
designer l’ensemble des pratiques spontanées des migrants en faveur de leurs régions
de départ, de co-développement pour les migrants, se référant au fait que les migrants
sont absents de ces dispositifs, sinon en tant que cible, et enfin de co-développement
avec les migrants pour signifier que les migrants sont souvent associés à leur mise en
œuvre, notamment par le biais de consultation en amont. Cette catégorisation a conduit
à nuancer les conceptions que l’on avait de la migration. Un mouvement intellectuel
s’est ainsi formé pour réclamer la nécessité de « repenser le co-développement », en
démarquant nettement le co-développement vu comme un instrument de contrôle
2
14 Problématique : cadre théorique et revue de la littérature
Méthodologie
Page 20 sur 93
Carte 3 : Localisation des associations de la diaspora Burkinabè rencontrées en France
3
20 Méthodologie
développement (OIM, FAO, PAM, HCR, etc.) ont été contactés pour obtenir les données
utiles et complémentaires à celles que livreraient les enquêtes directes. Toutefois, à
l’exception de l’Italie, dans les autres pays, l’accès à des données récentes n’ont pas été
possibles. En France, c’est grâce aux services consulaires que certaines données ont pu
être produites.
• la conduite d’entretiens avec des représentants de la diaspora dans les pays ciblés ;
Au total, 140 entretiens ont été réalisés dans les quatre pays. Le tableau 1 en donne
les détails pour chaque pays et les cartes, les lieux de résidence (localité et unité
administrative) des associations.
Dans leur présentation, les guides-entretiens ont concerné cinq groupes cibles : les
associations de la diaspora burkinabè des pays d’accueil, les migrants burkinabè non
membres d’une association de diaspora, les migrants de retour au Burkina Faso, les
élèves et étudiants des pays d’accueil, la société civile, les fiches de questionnaires. En
dehors de l’outil des migrants de retour, les autres outils ont une version spécifique pour
le Burkina Faso, pays de départ.
Tableau 1 : Effectifs d’entretiens réalisés par pays et par types d’association de diaspora
Types d’associations
Personnes-ressources **
Unités additives Du pays
Corps de métiers
Ambas/Con,OIM
Élèves/Étudiants
Délégués CSBE
Consulaires
d’accueil
Femmes
Jeunes
Mixte
OSC*
Pays
Côte d’Ivoire 14 2 5 2 - 3 1 3 4 2 1 37
Italie 15 4 1 1 - 1 - 2 2 - 3 29
France 7 1 - 3 3 3 - 3 2 - 1 24
Burkina Faso 7 5 2 1 1 1 2 1 30 - 1 50
Total 43 12 8 7 4 8 3 9 38 2 6 140
Notes : * OSC – Organisation de la société civile.
** Dans le cas de la Côte d’Ivoire, cette catégorie comprend également une association des responsables
coutumiers et chefs traditionnels du Burkina Faso et une représentation de la Chambre de commerce, d’industrie
et d’artisanat de Ouagadougou.
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
23
Tableau 2 : Etat des fiches spécifiques de renseignements sur la base de textes administratifs
obtenus (statuts, règlement intérieur, procès-verbal d’assemblée constitutive, récépissé)
France
13 %
Italie
17 %
Côte d’Ivoire
51 %
Burkina Faso
19 %
Le séjour dans les pays de l’étude a comporté globalement les séquences suivantes :
• Le temps des visites de courtoisie et de présentation auprès des ambassades,
consulats généraux ou honoraires du Burkina Faso, le bureau de l’OIM du pays ;
• Les séances travail pour le repérage des associations de la diaspora burkinabè dans
le pays d’accueil, en rapport avec les services de l’ambassade et, dans les cas où ils
existent, les consulats généraux ;
• La programmation des rencontres avec les différents groupes retenus. Plusieurs
niveaux d’insuffisances des cadres de référence ont été rencontrés ;
• Le recours à la fiche de « Questionnaire » faisait l’hypothèse que, les listes des
associations de diaspora trouvées dans les services du Ministère des Affaires
Etrangères reposait sur la présence, dans les ambassades et les consulats des
pays d’accueil, de documents administratifs de ces mêmes associations d’où le
consultant pouvait extraire les données ci-dessus précisées. Malheureusement,
les réalités de terrain ont été autres :
Le Consulat général de l’Ambassade du Burkina Faso en Côte d’Ivoire a été la
seule structure à pouvoir présenter au consultant un nombre appréciable des
documents administratifs de base ci-dessus mentionnés, même pour la Côte
d’Ivoire, le Consulat de Bouaké et le consulat honoraire de Soufré n’ont pas pu
le faire.
En Italie, l’Ambassade du Burkina Faso n’a reçu de consul général qu’à une
date toute récente et n’a pu fournir au consultant qu’un nombre très limité de
dossiers.
En France, seul le Consulat général devait disposer de ces dossiers, mais
l’installation relativement récente des responsables n’en avait pas permis
toute l’efficacité attendue. Il convient cependant de relever une constante
disponibilité de cette structure à accompagner le consultant dans l’actualisation
des dossiers.
Enfin, des quatre pays de l’étude, le Burkina Faso est celui où les associations de
diaspora étaient les moins nombreuses11 et ne disposait pas de tels documents.
11
Ceci explique également, pour le tableau 1, son effectif des migrants de retour individuels anormalement élevé, par
rapport aux autres pays.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
25
C’est la conjonction de tous ces facteurs qui explique l’effectif très réduit de ces fiches de
« questionnaire ».
C’est dire que dans la très grande majorité des situations, le consultant se trouvait
devoir demander à chaque responsable rencontré de bien vouloir lui faire accéder à
ces documents ; dans les cas de non disponibilité immédiate, les promesses de les faire
suivre sont souvent restées sans suite. Malgré ces multiples facteurs limitatifs, le chiffre
de 94 fiches de questionnaires qui ont été soumis à l’analyse autorise à dégager des
tendances crédibles au niveau de l’ensemble des quatre pays de l’étude.
Pour les entretiens, les transcriptions littérale, puis littéraire ont d’abord été assurées. Le
repérage des nœuds et des sous-nœuds a identifié au moins 99 thèmes et sous thèmes,
lesquels ont ensuite été regroupés selon la structure du format le plus complet des guides
d’entretiens, à savoir celui adressé aux associations de diaspora des pays d’accueil.
Les figures et analyses ici faites de la diaspora burkinabè émanent des données de terrain
enregistrées dans les seuls trois pays d’accueil que sont la Côte d’Ivoire, la France et
l’Italie. Toutefois, ces trois pays restent un échantillon bien limité au regard des 60 pays
de destination aujourd’hui inventoriés par le CSBE.
4
Historique
d’implantation de
la diaspora et les
associations de
diaspora burkinabè
dans les trois pays
d’accueil de l’étude
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
29
12
Il s’agit ici d’une sommation adressée le 7 mars 1919, par le Gouverneur général de l’AOF (Afrique occidentale française)
au lieutenant – gouverneur de la colonie du Haut-Sénégal-Niger, lui intimant l’ordre de livrer un contingent de plus de
400manœuvres demandé par un planteur de la colonie de Côte d’Ivoire. Pour sa part, Tokpa (202) rapporte que dès
1918, 1200 Mossi ont été recrutés par le commandant de cercle de Kong dont 500 pour le chemin de fer, 500 pour le
cala (?) des lagunes et 200 pour les wharfs.
13
Selon Claude Meillassoux (1964), 5 des 7 villages de colons et de manœuvres voltaïques ont été créés par l’administration
par un décret du 11 août 1933 et furent tous implantés en 1934 : 4 sont situés dans la sous-préfecture de Bouaflé, à
proximité du chef-lieu (Koudougou avec 718 habitants sur la route de Yamoussoukro, Garango avec 654 habitants,
route de Daloa, Koupéla avec 83 habitants, Tenkodogo avec 174 habitants sur la route de Zuénoula) ; 3 relèvent de la
sous-préfecture de Zuénoula, autour du chef-lieu (Koudougou, 309 habitants, sur laroute de Bouaké ; Ouagadougou, 38
habitants, sur la route de Ouagadougou et Kaya, 72 habitants, sur la route de Bouaflé).
4
30 Historique d’implantation de La diaspora et les associations de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude
explique également que le souci de leur organisation en association de diaspora date des
années d’avant les indépendances. C’est ce que confirment les déclarations de plusieurs
responsables de la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire, lors du séjour de terrain, en
novembre 2013. Ainsi, pour un premier intervenant, c’est depuis les années 1950 que la
première association a été formée avec et sous l’impulsion d’hommes politiques comme
Ouezzin Coulibaly14 (voir plus de détails à l’annexe 1).
Dans la même optique, savoir quel est l’état des associations par exemple de migrants
de retour au pays d’origine permettrait à la diaspora et aux structures soucieuses de leur
suivi, de savoir si oui ou non les structures extérieures peuvent bénéficier de répondants
internes.
14
Homme politique voltaïque et compagnon très lié à l’ancien président de Côte d’Ivoire, M. Félix Houphouët-Boigny,
dans les premières heures de leurs activités politiques.
15
Ainsi aiment se prénommer les Burkinabè qui ont séjourné en Italie. Il est vrai que l’obligation de s’intégrer au nouveau
milieu de vie et de travail les contraint à rapidement s’initier à la langue italienne. Et ils y réussissent.
16
Il est vrai qu’il n’est pas le seul à porter un tel titre. Une autre personne de Naples reçoit le même titre, sans que j’aie
pensé utile de vouloir chercher à savoir qui des deux est l’aîné réel ou le plus anciennement arrivé en Italie.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
31
Les demandes d’accès aux informations disponibles sur la migration et sur les migrants
burkinabè sont, dans leur ensemble, relativement modestes, sauf en Italie. Ainsi, en Côte
d’Ivoire, les seules données disponibles étant restées celles du recensement de 1998,
elles n’ont pas été exploitées en raison de leur vétusté.
Par contre, en Italie, les données obtenues à partir du ministère de l’Intérieur établissent
les répartitions des immigrés burkinabè par sexe, sur l’ensemble des 105 communes du
pays, pour la date du 31 octobre 201317.
Les hommes adultes y représentent 47,2 %, les femmes 24,1 %, les enfants de moins de
14 ans 28,2 %, dont 13, 2 % pour les garçons et 11,6 % pour les filles.
Au dernier recensement de 2006 au Burkina Faso, l’on constate dans le taux national des
émigrés de 2005, 16,9 % de femmes. Ici, leur proportion de 24,1 % explique la forte place
du motif familial dans les statistiques ci-dessus présentées.
17
Une annexe de deux pages et demie contenait ces données, mais a dû être supprimée, pour que le présent rapport reste
dans le volume attendu par le commanditaire.
4
32 Historique d’implantation de La diaspora et les associations de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude
A ces chiffres, il convient d’ajouter ceux du tableau suivant, qui concernent les entrées
irrégulières de Burkinabè en Italie, au nombre total de 433 personnes, dont 338 n’ont pas
été refoulées. On en déduit qu’entre les deux dates de référence, entre 60 810 et 61 243
Burkinabè sont entrés en Italie.
Les données des 105 communes pour l’année 2013 affichent un montant total de 16493
personnes et confirment également que leurs grands effectifs se retrouvent dans les
localités du Nord. Ainsi Rome, avec 407 Burkinabè, tient le treizième rang après une
majorité de localités situées pour la plupart d’entre elles dans le Nord.
Quant aux immigrés clandestins, les effectifs et les catégories internes sont les suivantes :
Tableau 4 : Flux d’immigrés burkinabè en Italie en situation irrégulière, entre 2007 et 2013
Situation des immigrés 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Trouvés en situation de séjour
134 98 87 99 53 42 24
irrégulier
Eloignés 17 23 10 16 16 13 4
Pas rapatriés 117 75 77 83 37 29 20
Eloignés 17 23 10 16 16 13 4
Repoussés à la frontière 6 4 5 3 7 4 2
Repoussés par les Préfets de Police - - - - - - -
Obtempérant à l'ordre du Préfet de
- - - 1 1 - -
Police
Obtempérant à l'intimation - - - 4 - 1 1
Expulsés et reconduits à la frontière 9 4 3 3 2 2 -
Expulsés conformément aux
1 1 - 1 3 3 -
dispositions de l'Autorité judiciaire
Réadmis dans les pays d'origine 1 14 2 4 3 3 1
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
33
Situation des immigrés 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Pas rapatriés 117 75 77 83 37 29 20
Pas obtempérant à l'ordre du Préfet
99 58 60 60 28 24 17
de Police à l’intimation
Pas obtempérant à l'ordre du Préfet
de Police et arrêtés (parce que
18 17 15 23 9 5 3
trouvés de nouveau sur le territoire
national) (jusqu'au 23 juin)
Pas obtempérant à l'ordre du
Préfet de Police et dénoncés avec
- - 2 - - - -
sanctions économiques (à partir du
24 juin)
Source : Ministère italien de l’Intérieur, janvier 2014, Mission de terrain, OIM, 2014.
L’on constate que, sur les 433 immigrants clandestins, seulement 95 ont été refoulés
et 336 ont été admis sur le territoire italien. Ces derniers travailleront « au noir » le
temps qu’il faut pour régulariser leur statut, puis probablement rejoindront le Nord où
les conditions de travail sont meilleures.
Pour la France, les statistiques obtenues auprès du Consulat général donnent l’effectif
de Burkinabè ayant pu bénéficier de l’octroi de la carte de séjour : les effectifs et les
catégories de personnes concernées sont présentés dans le tableau ci-après :
L’on constate que les deux tableaux ne contiennent pas les mêmes rubriques, ce qui réduit
les possibilités de comparaison. Toutefois, pour deux des rubriques communes (« mesures
d’éloignement » et « admissions pour motif professionnel »), il ressort que les effectifs
des premières sont supérieurs à ceux des secondes. Autrement dit, l’accord aurait alors
surtout permis à la France de recevoir moins de Burkinabè sur son sol que d’utiliser le
territoire du Burkina Faso pour reconduire des citoyens d’autres pays qu’elle ne tolère
plus sur son propre sol.
Abordons également les motifs de départ du pays d’origine qui ont été repérés dans les
deux séries de statistiques des immigrés burkinabè en Italie et en France.
Dans le premier pays, ces motifs ont été identifiés pour les 60 810 immigrés burkinabè
réguliers, sur les flux des 7 années soit 2007 à 2013.
Sur les trente motifs entre lesquels se répartissent les 60 810 immigrés burkinabè,
essentiellement sept d’entre eux tranchent nettement sur les autres : la recherche
du travail salarié pour la moitié des candidats, suivie de près par les raisons familiales
(23 036 immigrés), puis de très loin, par les raisons religieuses (895), la protection
subsidiaire (631), les raisons humanitaires (865), le travail autonome (800) et l’asile
(757)18. Par ailleurs, l’Italie semble plus tolérante en matière de séjour sur son territoire,
18
Le volume requis pour le présent document m’a fait supprimer le tableau comportant les détails des 30 motifs de
migration des Burkinabè en Italie.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
35
à l’égard d’une situation d’irrégularité au départ, qui l’est également dans le domaine du
regroupement familial.
Pour ce pays, une récente action concertée des 8 délégués du Conseil Supérieur des
Burkinabè vivant à l’Etranger a réussi une évaluation approximative des Burkinabè
résidant actuellement en France. Elle couvre les 6 grandes régions du pays. Bien qu’elle
demeure toute relative, sa révélation importante est que le chiffre total de Burkinabè
résidant actuellement en France, de 6 682 personnes, est au-delà des chiffres du
recensement de 2006 du Burkina Faso. Par ailleurs, dans le cadre du suivi de l’accord-
cadre ci-dessus rappelé, les chiffres des entrées de Burkinabè en France de 2009 à 2013
demeurent relativement, toutes catégories confondues, modestes, comme l’indique le
tableau 9. Y sont contenus également les motifs de ces entrées. Ici, contrairement au cas
italien, les effectifs les plus élevés de motifs concernent, de manière décroissante, les
étudiants, le regroupement familial, le motif économique et les visiteurs.
2013
Motif d’admission 2009 2010 2011 2012 (janvier à Total
octobre)*
Economiques 66 65 99 89 64 383
Familial 211 237 243 230 199 1 120
Asile 5 4 8 7 9 33
Etudiants 251 350 315 246 141 1 303
Visiteurs 51 59 68 55 39 272
Divers 5 6 8 10 19 48
Total 589 721 741 637 471 3 159
Source : Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII-DSFD), 2013, Ambassade du Burkina Faso en France,
Mission de terrain, OIM, 2014.
Sous ce dernier thème, la comparaison entre les deux pays des rangs des différents
motifs laisse penser que si le candidat burkinabè quitte le pays d’origine pour un motif
économique, son orientation sera d’abord celle de l’Italie. Probablement que le niveau de
rémunération des travailleurs étrangers traités à égalité avec les travailleurs nationaux,
lesquels perçoivent de ce fait un salaire plus élevé que dans les autres pays d’accueil,
exerce un attrait non négligeable. Par ailleurs, les conditions sociales de vie, notamment
l’obligation de la scolarisation des enfants, avec un contrôle de son effectivité exercé par
les autorités municipales, rassurent également mieux les communautés étrangères.
4
36 Historique d’implantation de La diaspora et les associations de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude
Au demeurant, voici les avis exprimés par les membres de la diaspora burkinabè des trois
pays d’accueil, sur les causes de départ :
L’on peut relever dans les causes de départ du pays d’origine, les effets conjugués de la
recherche d’une vie meilleure, le manque d’emploi et la pauvreté qui cumulent à eux
trois 27 des 32 réponses. Ces facteurs représentent la tendance forte de ces départs, ce
que les tableaux de l’Italie et de la France confirment. La crise politique mise en exergue
dans les causes de départ indique que les répondants sont surtout des Burkinabè de Côte
d’Ivoire, de même que semblent le faire les motifs de rapatriement, de dépouillement,
de maltraitance et de racisme (mais ce dernier est plus souvent évoqué dans le cas de la
France).
Le précédent tableau vient de livrer les motifs de départ et de retour au pays, du point
de vue des Burkinabè déjà en situation d’émigrés dans les trois pays d’accueil que sont
la Côte d’Ivoire, l’Italie et la France. Le souci dans le présent paragraphe est de montrer
l’incidence que le contexte national peut avoir, dans ses dominantes démographiques et
socioéconomiques, sur ces mêmes motifs d’émigration. L’essentiel de ces données vient
de faire l’objet d’une actualisation récente et crédible19. Certaines d’entre elles, extraites
de cette source, sont juste ici rappelées :
• Pays d’une superficie de 272 967 km2, la population totale du Burkina Faso était, en
2013 et 2014, respectivement de 17 322,8 et 17 880,3 millions d’habitants, dont,
respectivement 51,75 % d’hommes et 51,7 % de femmes, 73,83 % et 73,18 % de
ruraux. Les jeunes de moins de 20 ans constituent en 2006 57,2 % de la population
totale.
19
Organisation internationale pour les migrations (OIM), Bureau de Ouagadougou : Profil migratoire du Burkina Faso,
2014.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
37
Au total, la forte dominance du monde rural, les faibles performances de l’accès aux
services sociaux, les disparités climatiques et l’inégale répartition des potentialités
agricoles entre les régions du pays, la proportion importante des jeunes ne disposant pas
de possibilités conséquentes d’emploi, les écarts de développement économique entre
le Burkina Faso20 et le reste du monde sont les principaux déterminants des migrations
burkinabè.
20
Le Burkina Faso est l’un des pays les plus pauvres du monde, au regard de son IDH.
21
C'est à la fonction assignée à la colonie de Haute-Volta de « réservoir abondant de main-d’œuvre » que répondent
ces spécifications d'hommes forts et de célibataires des ponctions diverses de main-d’œuvre et de deuxième portion
militaire : voir Morabito (2002) et Sawadogo (2013b).
4
38 Historique d’implantation de La diaspora et les associations de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude
Sur les cinq axes stratégiques définis, deux concernent particulièrement la diaspora, à
savoir, l’optimisation de l’impact positif des migrations internationales dans la réduction
de la pauvreté (axe stratégique 3) et la consolidation des bases institutionnelles d’une
gestion concertée de la migration (axe stratégique 5). Plus spécifiquement, trois des
quatre objectifs spécifiques de l’axe 3 énoncent :
• Promouvoir les mécanismes de transferts des savoir-faire et des compétences de
la diaspora burkinabè ;
• Encourager les transferts de fonds des Burkinabè de l’étranger dans un cadre
sécurisé vers des créneaux porteurs pour l’économie nationale et locale ;
• Encourager l’investissement des capitaux étrangers dans les divers secteurs de
production.
Les présentations de ce chapitre prennent en compte les données issues des fiches du
questionnaire et celles des entretiens. Elles concernent :
• la création des associations : dates, envergure, dénomination, sens de l’organisation ;
• les raisons de création des associations, les principaux objectifs et leurs domaines
d’activités ;
• les lieux d’enregistrement et les zones d’implantation ;
• le croisement des associations entre les pays d’implantation et leurs objectifs.
Tableau 9 : Etat du nombre d’associations de diaspora dans les trois pays extérieurs de l’étude
Nombre d’associations de
Délégués diaspora
Pays et régions Observations
CSBE Effectif
Effectif ajusté
officiel
Côte d’Ivoire Abidjan 9 108 - Pour le Consulat
Bouaké 7 52 - général du
Burkina Faso, la
Soubré 0 31 - Côte d’Ivoire est
divisée en trois
circonscriptions
juridictionnelles
Italie 3 49 58
France 8 47 63
Total 27 287 312*
Note : *Ce total prend en compte les chiffres inchangés de la colonne précédente.
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
De l’avis de plusieurs responsables des associations de la diaspora, les chiffres ici affichés,
même réajustés par le séjour de terrain du consultant, demeurent en deçà de la réalité
beaucoup plus importante.
5
42 La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel
Trois observations méritent ici d’être mentionnées : le fait que d’une part, cette
mention de la date de création des associations n’a pas reçu de réponse dans 20 %
des 94 fiches de questionnaires exploitées et, d’autre part, les services diplomatiques
et consulaires, y compris les services administratifs et communaux du pays d’origine
accusent d’importantes lacunes dans la conservation de ces archives administratives de
la diaspora burkinabè, enfin le fait que dans le pays d’origine s’ajoutent des difficultés
d’accès aux archives existantes.
20 %
Non-réponse
36 %
5% Avant 2000
2000-2006
13 %
2006-2010
2010-2014
26 %
Du point
Du de vue de
point de leur
vueenvergure, les associations
de leur envergure, de diaspora burkinabè
les associations de diaspora sont,burkinabè
aujourd’hui,
sont,
en majorité d’envergure nationale (tableau 11 et graphique3). Il n’en a pas été toujours
aujourd’hui, en majorité d’envergure nationale (tableau 11 et graphique 3). Il n’en ainsi,
a pas
surtoutété
dans les débuts
toujours ainsi,de leur arrivée
surtout dans lesendébuts
Italie. de
Aujourd’hui
leur arrivéeencore, ellesAujourd’hui
en Italie. sont près de la
encore,
moitié elles
à se situer entre le niveau régional, provincial et villageois.
sont près de la moitié à se situer entre le niveau régional, provincial et villageois.
Tableau 11 : Niveau d'envergure des associations de la diaspora burkinabè
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
43
19 % 19 %
16 %
34 %
12 %
IciIciaussi,
aussi,lele score important des
score important non-réponses interpelle.
des non-réponses interpelle. Selon ce ceque
queleleterrain
terrainpermet
permet
d’observer,
d’observer, uneune
grande partiepartie
grande des associations de diaspora
des associations burkinabèburkinabè
de diaspora sont à basesont
familiale,
à basede
clan patronymique,
familiale, de clandepatronymique,
village d’origine, de région
de village d’origine,
d’origine, de du pays d’origine,
région de résidencedu ou encore
pays de
durésidence
pays d’accueil.
ou encore du pays d’accueil.
L’on comprend facilement que c’est donc d’abord à ces bas niveaux que les associations ont
pris
L’onnaissance,
comprend quefacilement
c’est là oùque
se manifestent le plus àintensément
c’est donc d’abord les actes
ces bas niveaux quedelessolidarité et de
associations
soutiens mutuels entre les membres concernés. Mieux, il n’est pas exclu qu’une
ont pris naissance, que c’est là où se manifestent le plus intensément les actes de solidarité association
née au niveau local, en Italie par exemple, ait une conscience nationale dans son approche
et de soutiens mutuels entre les membres concernés. Mieux, il n’est pas exclu qu’une
pour le Burkina Faso22.
association née au niveau local, en Italie par exemple, ait une conscience nationale dans
C’est à l’instar de ces bons exemples qu’il demeure souhaitable qu’une dynamique de
son approcheetpour
sensibilisation le Burkinasoit
d’information Fasoinstaurée
22
. dans ce sens, de manière que les membres de
toutes les associations de diaspora burkinabè se hissent à des niveaux plus élevés, où les
problèmes de développement de région ou de pays peuvent être plus facilement évoqués et
débattus, les énergies et les synergies se fédérer, pour plus d’efficacité dans les actions.
22
Une belle illustration en est donnée par l’Association des Burkinabè de Réggio-Emilia Romagna (ABREER), dirigée par
Quantdesaux
Bissa.dénominations
Elle a, d’une part, et à leurs
réussi sens, la intégration
une magnifique gamme est avectrès
son variée, les sens
milieu d’accueil contextuels
en initiant et
une coopérative
philosophiques également.
agricole qui a obtenu En voici
de la commune quelques
des parcelles illustrations
de cultures : une ferme de transformation et de vente de
maraîchères,
ses productions
- « sig-noghin » bio, une innovation
: nous sommesdebien technologie
arrivésagricole prometteuse
sur une (produire un riche engrais à partir de la bouse
terre prometteuse,
de vache enfermée dans une corne de bœuf) ; d’autre part, elle vient de signer avec la commune, le 25 janvier 2014,
- « lafi-la-bumbu
une convention qui»ambitionne
: la santéde(est)
créerlaun base de tout,
laboratoire de développement de l’horticulture et de la maraîchéculture au
- « Beog-néré » ; préparons-nous à de beaux jours, à des lendemains meilleurs,
Burkina Faso, probablement d’abord dans la zone du Passoré.
- « teeg-taaba » : cultivons la solidarité, unissons-nous,
- « union fraternelle du Yatenga »,
5
44 La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel
C’est à l’instar de ces bons exemples qu’il demeure souhaitable qu’une dynamique de
sensibilisation et d’information soit instaurée dans ce sens, de manière que les membres
de toutes les associations de diaspora burkinabè se hissent à des niveaux plus élevés,
où les problèmes de développement de région ou de pays peuvent être plus facilement
évoqués et débattus, les énergies et les synergies se fédérer, pour plus d’efficacité dans
les actions.
Quant aux dénominations et à leurs sens, la gamme est très variée, les sens contextuels
et philosophiques également. En voici quelques illustrations :
• « sig-noghin » : nous sommes bien arrivés sur une terre prometteuse ;
• « lafi-la-bumbu » : la santé (est) la base de tout ;
• « Beog-néré » ; préparons-nous à de beaux jours, à des lendemains meilleurs ;
• « teeg-taaba » : cultivons la solidarité, unissons-nous ;
• « union fraternelle du Yatenga » ;
• « union des hommes intègres du Burkina » ;
• « Association dagaratieta » (association de soutien entre Dagara), ;
• « amicale des super-leaders de l’abattoir » ;
• « woom-waodo» : hier a été dur, mais nous nous en sommes bien sortis ;
• « Association song-taaba »:Association de solidarité ;
• « Union de la jeunesse montante » ;
• « Association sugri-nooma » : association pour le pardon mutuel ;
• etc.
ou apporter un appui quelconque à ces enfants en difficultés. Donc, pourquoi ne pas créer
une association pour faire face à toutes ces situations et créer par exemple un centre. Une
fois le centre créé, rassembler ces enfants, les former et ceux qui ont abandonné l’école
par exemple à leur retour, pouvoir les insérer à travers la formation professionnelle.
C’était l’idée comme ça qui nous a amenés à créer l’association » (Bobo, 18 décembre
2013, S.O., 25 ans).
Quant aux objectifs des associations, ils sont certainement très variés. Toutefois, les
résultats des entretiens permettent de les résumer dans le tableau ci-après :
Ce tableau dégage trois grands objectifs partagés par la majorité des associations de la
diaspora burkinabè, auxquels s’ajoute un quatrième plus modeste, à savoir :
• l’entraide et la solidarité entre Burkinabè, pour un tiers des personnes rencontrées ;
• la défense des droits et des intérêts de la communauté burkinabè, pour 24,6 % ;
• le développement socioéconomique du Burkina Faso, pour 16,2 % ;
• l’amélioration des conditions de la femme, pour 9,7 %.
Selon ces résultats, il est heureux de constater que la diaspora burkinabè vivant hors
du pays, donc soustraite aux marques spontanées de la solidarité et de l’entraide dans
la chaleur des relations humaines au sein des milieux familiaux, a pu en reconstituer
5
46 La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel
l’armature. Dans le même sens, savoir assurer la défense des proches, fait partie également
des sursauts de conservation collective et les membres de la diaspora burkinabè en sont
conscients. Enfin, la question de l’amélioration des conditions de vie de la femme inscrite
dans les objectifs des associations de la diaspora burkinabè atténuera les effets d’une
marginalisation et d’une reconnaissance insuffisante de ses droits.
D.O., responsable d’une association féminine, Italie, janvier 2014 : « Parce qu’on a
une vision plus large de ce que j’ai dit. Vous allez voir dans le statut, c’est dégager les
besoins, développer des projets sociaux, développer d’autres actions liées à la promotion
de la femme, développer et renforcer les services à la personne, d’avoir un lobbying de
négociation pour le Burkina, et puis parrainer des projets de développement, améliorer
aussi les conditions de vie des populations défavorisées. Donc c’est tout ça qu’on a
regroupé sous le nom d’‘assistance globale’ »23.
23
Ici, comme dans la suite du document, les citations de verbatim, propos directs des acteurs de terrain, sont juste
sélectives et limitées : sinon, chacune des onze catégories d’acteurs, de chacun des quatre pays, aurait pu apparaître ici.
Seuls ont été retenus quelques cas illustratifs pour les quatre pays de l’étude.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
47
Les domaines les plus couverts par les objectifs des associations de la diaspora burkinabè
sont, respectivement :
• la promotion sociale, pour 41,8 % ;
• le droit et la justice, pour 25,9 % ;
• l’économie pour 14,7 % ; et
• la formation et la culture, pour 7,6 %.
24
Signalons simplement qu’en Italie, les actes administratifs étant naturellement rédigés dans la langue officielle du pays
(l’italien), tous les immigrés doivent s’y conformer.
aucune difficulté administrative d’obstruction éventuelle à la délivrance de tels documents n’a
été portée à la connaissance du consultant, dès lors que la procédure est suivie24. C’est après
48 5La diaspora
cette formalité auprèsburkinabè
des services
dans les trois communaux et/ou
pays de l’étude : cadre nationaux du pays d’accueil que les
organisationnel
personnes concernées doivent en faire l’enregistrement auprès des services diplomatiques et
consulaires du Burkina Faso, présents dans les trois pays extérieurs de la présente étude.
Tableau 14 : Etat de reconnaissance des associations (possession et récépissé)
Tableau 14 : Etat de reconnaissance des associations (possession et récépissé)
Reconnaissance
Reconnaissance Nombre
Nombre Pourcentage
Pourcentage
Oui Oui 44
44 47
47 %
Non 50 53 %
Non 50 53
Total 94 100%
Total
Source : Mission de terrain, OIM, 2014. 94 100
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 4 : Reconnaissance des associations (Possession de récépissé)
Graphique 4 : Reconnaissance des associations (Possession de récépissé)
Oui
47 %
Non
53 %
24
Signalons simplement qu’en Italie, les actes administratifs étant naturellement rédigés dans la langue officielle
Ce tableau et ce graphique font constater que la majorité des associations de la diaspora
du pays (l’italien), tous les immigrés doivent s’y conformer.
burkinabè n’ont pas pu donner les références y relatives. Si cette absence de mention
correspond à leur situation réelle, elle signifie que cette majorité d’associations de la
Page 39 sur 93
diaspora burkinabè ne dispose pas de cette reconnaissance, donc est dans une absence
d’existence légale. Seulement 47 % des associations dont les fiches ont été réunies ont
cette existence légale, ce qui est faible.
Les propos des responsables des associations de diaspora, enregistrés lors des entretiens,
incriminent plusieurs facteurs explicatifs de ces situations :
• soit, de la part des responsables d’associations, une négligence, une insouciance de
l’importance d’avoir une existence légale, ou une ignorance du lieu de délivrance
(cas surtout en Côte d’Ivoire) ;
• soit les coûts d’obtention de ces enregistrements : temps de déplacements et
moyens financiers à y investir, surtout si les distances à parcourir sont importantes
(cas surtout en Italie) ;
• soit un manque d’organisation au niveau des membres du bureau de l’association
(situation observable partout).
Dans tous les cas, le grand risque est que l’une ou l’autre de ces associations se retrouve
un jour dans une situation difficile d’absence de reconnaissance officielle, avec toutes les
conséquences administratives éventuelles (refus d’accorder une audience sollicitée ou
une autorisation d’activité, refus de recevoir une requête de demande de crédit ou de
toute autre forme de soutien, refus d’accéder au bénéfice d’une opportunité, etc.).
financiers à y investir, surtout si les distances à parcourir sont importantes (cas surtout en
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
Italie), au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
49
- soit un manque d’organisation au niveau des membres du bureau de l’association (situation
observable partout),
Dans tous les cas,
Rappelons à cetleeffet
grand risque
qu’au est que
Burkina l’une
Faso, oulal’autre
c’est de ces associations
loi n° 064-2015/CNT du 20 seoctobre
retrouve2015
un
jour2 qui
dansestune situation utile.
la référence difficile d’absence de reconnaissance officielle, avec toutes les
conséquences administratives éventuelles (refus d'accorder une audience sollicitée ou une
autorisation d'activité, refus de recevoir une requête de demande de crédit ou de toute autre
Dans l’hypothèse où c’est l’ignorance des procédures et la non-identification des
forme de soutien, refus d'accéder au bénéfice d'une opportunité, etc.).
institutions compétentes qui en sont la cause, les services diplomatiques et consulaires
Rappelons à cet effet qu’au Burkina Faso, c’est la loi n° 064-2015/CNT du 20 octobre 2015 2
quidoivent prendreutile.
est la référence les initiatives d’information et de formation nécessaires.
Dans l’hypothèse où c’est l’ignorance des procédures et la non-identification des institutions
Le tableauqui
compétentes 16en ci-après
sont la acause,
consigné l’état d’enregistrement
les services diplomatiques et des associations
consulaires doivent deprendre
la diaspora
les
burkinabè dans les services diplomatiques
initiatives d’information et de formation nécessaires. et consulaires.
Le tableau 16 ci-après a consigné l’état d’enregistrement des associations de la diaspora
burkinabè dans les services
Tableau 15 : Etatdiplomatiques et consulaires.
d’enregistrement des associations de la diaspora burkinabè
Graphique 5Graphique
: Etat d'enregistrement des associations
5 : Etat d’enregistrement de la diaspora
des associations de laburkinabè
diaspora burkinabè
Non
2%
Oui
46 % Non-résponse
52 %
Page 40 sur 93
Le tableau révèle que, pour plus de la moitié de nos 94 fiches de questionnaires (52,1 %),
les documents administratifs reçus n’ont pas permis de répondre positivement à cette
mention du questionnaire25. Ici, plusieurs questions se posent :
• Est-ce à dire que les associations de diaspora burkinabè, même quand elles ont
déjà obtenu la reconnaissance officielle des autorités du pays d’accueil, négligent
d’en faire la déclaration auprès de la représentation officielle de leur pays ? Et ne
s’y rendent qu’en cas de problème ?
25
Généralement, en effet, lorsque l’ambassade ou le consulat général reçoit la déclaration de constitution d’une
association déjà reconnue ou pas encore, il lui est délivré un accusé de réception. Si la reconnaissance officielle n’est
pas encore faite, conseil est donné aux responsables d’en initier les procédures.
5
50 La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel
Le tableau révèle que, pour plus de la moitié de nos 94 fiches de questionnaires (52,1 %), les
• Ou administratifs
documents encore ces reçus services
n’ontdiplomatiques et consulaires
pas permis de répondre n’accompagnent
positivement pasdu
à cette mention
suffisamment
25 leurs compatriotes
questionnaire . Ici, plusieurs questions se posent : en termes de conseils et d’invites non seulement
- Est-ceàà s’organiser
dire que lesenassociations
association,demais également
diaspora à enmême
burkinabè, faire les déclarations
quand selonobtenu
elles ont déjà les
procédures du pays d’accueil et à en déposer une copie à leur niveau
la reconnaissance officielle des autorités du pays d’accueil, négligent d’en faire la déclaration?
auprès de la représentation officielle de leur pays ? Et ne s’y rendent qu’en cas de problème ?
- Se
Ou posent
encore cesici une préoccupation
services diplomatiques importante du suivi
et consulaires des associations
n’accompagnent de la diaspora
pas suffisamment leurs
burkinabè eten
compatriotes celui de lade
termes conservation
conseils et des archives,
d’invites nondont les responsables
seulement à s’organiserdoivent pouvoir
en association,
mais
donnerégalement à en fairecrédibles.
des informations les déclarations selon les
En attendant, procédures
les propos du pays d’accueil
des membres et à en
de la diaspora
déposer
accusent uneuncopie à leur
certain niveaude
nombre ? problèmes qui requièrent une solution (ancienneté des
Selistes
posent
desici une préoccupation
associations, importante
insuffisance du suivi etc.).
de personnel, des associations
Quant aux de la diaspora
zones burkinabè
d’implantation,
etil celui de la conservation des archives, dont les responsables
s’agissait d’enregistrer le milieu de résidence, rural ou urbain. doivent pouvoir donner des
informations crédibles. En attendant, les propos des membres de la diaspora accusent un
certain nombreenregistrées
Les réponses de problèmes quidans
figurent requièrent
le tableauune16solution
ci-après :(ancienneté des listes des
associations, insuffisance de personnel, etc.). Quant aux zones d’implantation, il s’agissait
d’enregistrer le milieu16de: Répartition
Tableau résidence, des
ruralassociations
ou urbain. selon le milieu d’implantation
Les réponses enregistrées figurent dans le tableau 16 ci-après :
Reconnaissance
Tableau 16 : Répartition des associations selon Nombre Pourcentage
le milieu d'implantation
Rural
Milieu 12
Nombre 13
Pourcentage
Rural Urbain 12 64 68 13 %
Urbain Non-réponse 64 18 19 68 %
Non-réponseTotal 18 94 100 19 %
Total Source : Mission de terrain, OIM ,2014. 94 100 %
Source : Mission de terrain, OIM ,2014.
Graphique 6 : Répartition des associations selon le milieu d’implantation
Graphique 6 : Répartition des associations selon le milieu d'implantation
Non-réponse Rural
19 % 13 %
Urbain
68 %
LeLelieu
lieude
derésidence
résidencedominant
dominantestestlelemilieu
milieuurbain
urbain(68
(68%%des
des94
94fiches
fichesdedequestionnaires).
questionnaires).Par
rapport aux observations précédentes, ici, un cinquième des fiches,
Par rapport aux observations précédentes, ici, un cinquième des fiches, donc des donc
associations
des
concernées, n’avait pas de précision sur la question. Ceci rejoint directement le constat déjà
associations concernées, n’avait pas de précision sur la question. Ceci rejoint directement
fait (tableaudéjà
le constat 15) fait
que(tableau
près de 15)
47%queseulement
près de 47 des 94 associations
% seulement des 94 dont le consultant
associations dontalepu
25
consultant a pu disposer des documents administratifs ont une reconnaissance officielle
Généralement, en effet, lorsque l’ambassade ou le consulat général reçoit la déclaration de constitution d’une
association déjà reconnue ou pas encore, il lui est délivré un accusé de réception. Si la reconnaissance
officielle n’est pas encore faite, conseil est donné aux responsables d’en initier les procédures.
Page 41 sur 93
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
51
Tableau 17 : Les croisements entre les pays d’implantation des associations et leurs objectifs
Total
Principaux objectifs /
Développement
Pays d’implantation
Non-réponse
Burkina Faso
de la femme
Burkinabè
burkinabè
burkinabè
rapatriés
Nb
%
Non-réponse 0 0 1 1 0 1 0 3 2
Burkina Faso 1 6 10 3 0 3 1 24 15
Côte d’Ivoire 2 31 9 17 8 10 0 77 50
Italie 3 12 1 11 1 1 0 29 19
France 2 8 4 6 2 0 0 22 14
Total nombre 8 57 25 38 11 15 1 155 100
Total % 5% 37 % 16 % 25 % 7% 10 % 1% 100 % 100
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
affiche les scores les plus élevés (près de 50 %), suivie à distance par l’Italie (18,7 %),
le Burkina Faso (15,4 %) et la France (14,4 %). Le paradoxe que représente le rang du
pays d’origine viendrait-il de la pauvreté endémique ou d’une évolution régressive de la
valeur de référence ? Ou des deux à la fois ? Dans tous les cas, le constat étant fait, nous
y reviendrons dans les recommandations.
Au niveau des pays, c’est la Côte d’Ivoire qui tient l’étendard à près de 50 % des
réponses, suivie par l’Italie à près de 22 %, le Burkina Faso vient en troisième
position avec moins de 15 % des scores, la France restant autour de 12 %.
Assurément, la Côte d’Ivoire est le pays d’accueil qui se révèle être le porte-
étendard des valeurs de référence de la diaspora burkinabè sous le double label
de potentiel de ces valeurs et de base pragmatique de capacités d’effets induits
par ces valeurs.
Quels sont, dans la diaspora burkinabè, les acteurs de ce potentiel porté par les
associations ?
6
Les associations
de diaspora et
leurs composantes
internes
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
55
Le présent chapitre, prenant en compte le fait qu’au moins deux tiers des 312 associations
de diaspora présentes dans les quatre pays de l’étude (revoir le tableau 2) sont dirigés par
les adultes hommes, traite ici spécifiquement de trois composantes de cette diaspora, à
savoir : les femmes, les jeunes et les étudiants.
Ici, le souci est de scruter plus en profondeur cette présence de la catégorie concernée
dans les effectifs des membres des associations et d’identifier les formes spécifiques de la
participation de la catégorie à la vie de l’association et à la contribution au développement
du Burkina Faso.
Associations
Pays d’accueil /
Non- Burkina Côte Italie
Place de la femme dans l’association
réponse Faso d’Ivoire
Présence de femmes dans l’Association 7 2 3 12
Présence de femmes dans le bureau 7 2 3 12
Femmes présidentes d’association ou vice-présidente 2 - - 2
Proportion égale d’hommes et de femmes dans le bureau - - 1 1
Nombre de femmes > Nombre d’hommes dans le bureau 2 - - 2
Participation des femmes aux activités 5 - - 5
Total 23 4 7 34
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
2 - - 2
dans le bureau
56 6Les associations
Participation des femmes aux activités
de diaspora et leurs composantes internes
5 - - 5
Total 23 4 7 34
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 7: Place des femmes dans les associations de la diaspora burkinabè
Graphique 7: Place des femmes dans les associations de la diaspora burkinabè
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Présence de Présence de Femmes Proportion
Proportion égale Nombre de Participation
Participation des
femmes dans
Femmes femmes dans lele présidentes d’hommes
d’hommes et de femmes > Nombre des femmes
femmes auxaux
l’Association bureau d’association ou femmes
femmes dans le d’hommes dans le activités
activités
vice-présidente
vice-présidente bureau
bureau bureau
Coted’Ivoire
Côte d’Ivoire Italie
Italie France
France
Selon les données de ce tableau et de son graphique, les deux indicateurs dominants
Selon les données de ce tableau et de son graphique, les deux indicateurs dominants sont
sont constitués par la présence de femmes comme membres des associations, mais
constitués par la présence de femmes comme membres des associations, mais aussi dans le
aussi dans
bureau des leassociations.
bureau desSouvent,
associations. Souvent,
les postes les postes
occupés par les occupés
femmes par
ont les
été femmes
précisés ont
(en
été précisés (en dehors des cas d’associations uniquement de femmes,
dehors des cas d’associations uniquement de femmes, les femmes se retrouvent les femmes se
dans des
retrouvent dans des
postes importants postesceux
comme importants comme ceux de
de Vice-présidente, de secrétaire,
Vice-présidente,
ou de de secrétaire,
trésorière et,
ou de trésorière
naturellement, deset, naturellement,
« chargées des «féminines
aux affaires chargées»,aux affaires féminines », etc.).
etc.).
Le troisième indicateur notable est la participation des femmes aux activités des associations.
Le troisième indicateur notable est la participation des femmes aux activités des
Naturellement, dans le cas des associations féminines, elles sont, à quelques exceptions près,
associations.
elles-mêmes Naturellement, dans leou,
leurs seules actrices casau
desmoins,
associations féminines,
les plus elles sont,
nombreuses dans àlequelques
bureau.
exceptions près, elles-mêmes leurs seules actrices ou, au moins, les plus
Mentionnons également que 30 % des 140 associations rencontrées lors des entretiens nombreusessont
dans
mixtesle et
bureau. Mentionnons
ne veulent également
pas de distinction que 30
d’hommes et %
dedes 140 associations
femmes rencontrées lors
parmi leurs membres.
des entretiens sont mixtes et ne veulent pas de distinction d’hommes et de femmes
Les propos
parmi leursci-après
membres. rapportés illustrent certains de ces aspects.
Les propos ci-après rapportés illustrent certains de ces aspects. Page 44 sur 93
• A.S. « Dans notre association, il y a vingt (20) hommes et puis quatorze (14) femmes.
Au niveau du bureau on est quinze et on a six femmes sur les quinze » ;
• A.F.Y., janvier 2014. « Il n’y a pas de femmes dans notre bureau, tout simplement
parce que nos rencontres se tiennent les soirs et finissent tard la nuit (…). Donc
pour éviter les scènes de ménage à répétition, on a jugé nécessaire de ne pas les
inclure dans le bureau »26 ;
• A.B.C. « Non, nous on n’a pas voulu une association de femmes ou de jeunes à part.
Nous avons voulu toujours rester ensemble et gérer tous les problèmes qui nous
concernent, car si c’est bon, c’est pour nous tous ; si c’est mauvais, c’est pour nous
tous. Donc, tout le monde, on est ensemble ».
26
Un tel souci laisse penser que la faible présence des femmes dans les organes dirigeants des associations n’est pas
toujours imputable à une discrimination négative, mais répond à une préoccupation pratique de préserver la cohésion
des ménages.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
57
La place des jeunes dans les associations de la diaspora burkinabè s’exprime à travers les
modalités suivantes du tableau 20.
Associations
Pays d’accueil /
Côte Total
Indicateur de présence Italie France
d’Ivoire
Présence des étudiants dans l’Association 4 1 - 5
Présence d’étudiants dans le bureau 4 1 - 5
Proportion égale d’étudiants dans le bureau - - - 0
Nombre d’étudiants > dans le bureau 1 - - 1
Participation des étudiants aux activités 3 1 - 4
Adéquation filières de formation 4 1 2 7
Présence de conseillers pour réorienter le choix des élèves et
3 2 5
des étudiants
Total 19 4 4 27
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
6
58 Les associations de diaspora et leurs composantes internes
Le premier constat à faire est que sur les 27 entretiens qui les ont concernés, 19 ont été
obtenus en Côte d’Ivoire, ce qui traduit l’intérêt soutenu par les évènements ci-dessus
évoqués. Le deuxième constat est que, comme les femmes, leur présence physique
est attestée et ils participent également aux bureaux des associations de diaspora.
Cependant, il convient de noter que, à l’instar du cas des femmes, certains responsables
d’associations évitent d’associer les élèves et les étudiants dans leurs bureaux, en arguant
le souci de ne pas les perturber dans leurs études. Ici également, la participation aux
activités des associations est confirmée, tout comme ils bénéficient souvent de conseils
pour, si nécessaire, réorienter leurs formations, ou mieux se concentrer sur leurs cycles
d’études et de formations.
Lors d’un entretien avec le responsable du service des statistiques et de la carte éducative
de la circonscription de base de Niaogho, en décembre 2013, les statistiques scolaires
livrées font constater effectivement :
• Un taux d’abandon de l’école qui a passé de 1,35 en 2004-2005 à un intervalle de
4,13 à 4,91, durant les années 2005-2006 à 2010-2011, avec un score en 2010-
2011, de 5,09.
• Des niveaux importants de déperditions scolaires : durant l’année scolaire 2013-
2014, Niaogho passe à un effectif de 72 au CM1, mais de 52 au CM2. Quant à
Niaogho catholique, les effectifs décroissent de 40 au CP1 à 26 au CP2, 52 au CMI
à 33 au CM2, etc. (CEB, statistiques scolaires du 24 octobre 2013).
Lors des entretiens avec les responsables d’associations de diaspora en Italie, nombreuses
furent les séances durant lesquelles ont été évoquées les situations difficiles suivantes :
• les jeunes arrivent en Italie avec l’espoir de trouver facilement du travail et une
rémunération consistante. Malheureusement, ils oublient que les pays européens,
dont l’Italie, ont connu une crise économique et les nouveaux emplois deviennent
difficiles à trouver ;
• ceux qui, effectivement, n’en trouvent pas, prennent souvent la voie de facilité de
la drogue, versent dans la délinquance et sont souvent enfermés par la police ;
• ceux d’entre eux qui, par chance, arrivent à s’en trouver, se laissent enivrer par
leur nouveau revenu financier, prennent de la distance avec la famille soit disant
pour gérer seuls leur autonomie financière27 et, malheureusement, adoptent des
modes de vie peu recommandables.
Au-delà de ces situations, l’Italie est un pays d’une culture autre que celle francophone
avec un système éducatif teinté de la culture du pays, à commencer par la langue
d’apprentissage, d’enseignement, de travail et de vie : l’italien. C’est là relever tout le
problème de l’intégration, pour le « bien-vivre-ensemble » avec l’Italie et les Italiens,
mais aussi s’exposer aux risques de perte d’identité, de personnalité nationale, de non-
formation des enfants et des jeunes par rapport aux valeurs de leur société d’origine.
En somme, l’émigration bissa, malgré ses aspects positifs, est également, aujourd’hui,
une source de préoccupations diverses pour un nombre important de jeunes Bissa.
De celles-ci ont découlé une série de thèmes des entretiens, parmi lesquels figurent :
• l’esprit des jeunes et la contribution au développement du pays d’origine ;
• l’idée de retour au pays d’origine, une fois les études terminées ;
• les jeunes et la valorisation des images et de la culture du pays d’origine.
27
Les jeunes, eux, s’en défendent en affirmant que c’est parce les parents, dont certains n’ont plus leurs anciens revenus,
répercutent toutes les charges du ménage sur eux.
28
Lors des entretiens, les responsables des associations de la diaspora burkinabè de ces localités ont assuré le consultant
qu'ils en organisent régulièrement, souvent en invitant les associations des régions voisines et même S.E. Monsieur
l’Ambassadeur du Burkina Faso à Rome, avec la participation d’une vedette de la chanson burkinabè. Des CD de reportage
m’ont même été présentés. A Reggio-Emilia, mon entretien au Centre multiculturel international de la commune a dû,
à un moment, céder la place précisément à une séance de retrouvailles de jeunes de plusieurs pays et de plusieurs
nationalités, pour des activités de détentes partagées.
6
60 Les associations de diaspora et leurs composantes internes
Le tableau et le graphique qui suivent évoquent ce dernier thème à travers les résultats
des entretiens :
Associations
Pays d’accueil /
Côte Total
Valorisation
dans du pays d’origine dans le pays d’accueil
le pays d’accueil Italie France
d’Ivoire
Activités culturelles - 1 1 2
Activitésdes
Promotion culturelles
produits burkinabè à l’extérieur 1- 1 - 1 - 2 1
Promotion des
Préservation des valeurs
produitsd’intégrité
Burkinabè à l’extérieur 1 2 1- -2 1 5
Total 3 2 3 8
Préservation des valeurs d’intégrité 2 1 2 5
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Total 3 2 3 8
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 8 : Valorisation du pays d’origine par les associations
Graphique 8 : Valorisation du pays d'origine par les associations
2.5
2
Activités culturelles
1.5
Promotion des produits
1 Burkinabè à l’extérieur
Pour ce ce
Pour quiqui
concerne
concernelalavolonté
volonté et la disponibilité
et la disponibilitéà retourner
à retourner au Burkina
au Burkina Faso Faso unelafois
une fois
la formation terminée,
formation terminée, la grande
la grande question
question des «jeunes
des jeunes « Italianos
Italianos » est celle»deest celleà de
l’accès l’accès à
l’emploi.
À cela As’ajoute
l’emploi. la conviction,
cela s’ajoute très partagée,
la conviction, trèsque ce n’est que
partagée, malheureusement pas uniquement lepas
ce n’est malheureusement
mérite et lalecompétence
uniquement mérite et qui semblent prévaloir
la compétence au Burkinaprévaloir
qui semblent Faso de 2013-2014
au BurkinadansFaso l’accès à
de 2013-
l’emploi.
2014 dans l’accès à l’emploi.
Les quelques propos ci-après en sont les illustrations des avis des uns et des autres, y compris
Les certains
quelques propos divergents
propos : en sont les illustrations des avis des uns et des autres, y
ci-après
- C.N.B.
compris C.I. Abidjan,
certains propos décembre
divergents : : « On leur donne des conseils pour qu’après leurs
2013
études, ils puissent rentrer ou trouver du travail ici. Mais en tout cas, on a quelques étudiants
•qui C.N.B.C.I.,
sont dans cesAbidjan, décembre
dispositions 2013
d’esprit, « On
mais: ils leur pas
ne sont donne des conseils
nombreux. pour
C’est une qu’après
minorité,
maisleurs études,déjà
la majorité ils puissent rentrer ou
lorsqu’ils finissent trouver
le BAC, dutraverse
ce qui travail leur
ici. Mais
esprit, en tout
c’est cas, on a
de rentrer
au Burkina.
quelquesC’est pourquoiqui
étudiants voussont
voyezdans
l’affluence des bacheliers
ces dispositions de diaspora
d’esprit, maisquiilsrentrent
ne sont». pas
- A.B.K. Abidjan, décembre 2013 : « Cela dépend de leurs parents. Si on
nombreux. C’est une minorité, mais la majorité déjà lorsqu’ils finissent le BAC,décide d’envoyer
nos enfants là-bas, ils vont partir. Moi j’en ai qui sont à Bobo et ailleurs. Ceux qui sont ici là
cesiqui
aussi traversejeleur
ça marche, esprit,
vais les fairec’est
partirde
». rentrer au Burkina. C’est pourquoi vous voyez
l’affluence
- A.P.J., des
Abidjan, bacheliers
décembre 2013:de« diaspora qui rentrent
Oui les enfants ». réclament le retour au pays,
à un moment
car ils veulent aller savoir et voir comment est leur pays. Nous encourageons nos frères à
dire aux enfants de rentrer chez nous souvent ».
« En tout cas dans notre localité, les gens n’ont pas ce problème et il arrive même que des
enfants se fâchent contre leurs parents pour le fait qu’ils ne connaissent pas leurs villages. Et
nous les accompagnons ».
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
61
« Pour ceux qui montrent des réticences, nous procédons de différentes manières : d’abord
nous cherchons à approcher ces personnes. Une fois que le contact est noué, on procède
ensuite à des questions pour connaitre de quelle région du Burkina elles viennent. Il y a
certains qui vous disent qu’en réalité ils veulent rentrer, mais ils n’ont pas les moyens.
Alors nous leur disons, si c’est le cas, quand ils seront prêts à partir, qu’ils nous le signifient,
nous allons les faire déposer au pays ».
Le tableau 22 qui suit donne les appréciations issues des entretiens sur la contribution
des filières de formations suivies par les étudiants au développement du Burkina Faso.
Le constat rassurant est que les avis positifs l’emportent de loin sur ceux négatifs (22 sur
26). Il n’y a pas eu de réaction sur le sujet ni en France, ni au Burkina Faso.
7
Les associations
de diaspora
burkinabè et leurs
différents niveaux
de relations
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
65
Parmi ces relations, les plus fréquentes sont respectivement la quête et la réception
d’informations (29, soit 45 %), puis viennent les réponses aux problèmes soumis et,
conjointement, la participation aux activités initiées par les ambassades et par les
consulats, ainsi que les soutiens apportés aux activités des associations.
Sur les trois pays d’accueil de la diaspora burkinabè visités, les services diplomatiques et
consulaires de la Côte d’Ivoire sont les plus fréquentés, suivis par ceux de la France, puis
de l’Italie. C’est la synthèse que présente le tableau 23 ci-dessous.
7
66 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations
L’appréciation sur la qualité de ces relations (ici résumées sous le terme de prestations de
services), reste très discrète : seulement 17 des 64 groupes de responsables rencontrés
ont accepté de se prononcer. Cette appréciation de la qualité des relations entretenues
est positive dans la majorité de ceux qui ont accepté de s’exprimer. Toutefois, le faible
taux de réponses à la question traduit peut-être également une réponse négative
(diplomatiquement) retenue29. Le tableau ci-après en rend compte.
29
Le chercheur peut toujours accepter sa part de qualité d’approche sur des sujets délicats de ce genre, mais le contexte
de la période de présence du consultant sur les trois terrains n’était pas des plus propices, des plus calmes : le temps
de séjour en Côte d’Ivoire a coïncidé avec celle de l’enrôlement/inscription des ressortissants burkinabè pour la carte
biométrique consulaire, dont l’opération a été lancée dans la perspective des élections présidentielles de 2015 au Burkina
Faso. C’est pendant les séjours en Italie et en France, qu’est intervenue au Burkina Faso, la démission spectaculaire des
69 membres du parti majoritaire au pouvoir au Burkina Faso, le CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès), dont les
incidences interpellent et renouvèlent l’échiquier politique national.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
67
Ces relations s’entretiennent avec les différents partenaires des diasporas extérieures
que sont notamment :
• les associations des migrants de retour ;
• les organisations de la société civile ;
• les structures administratives décentralisées et les communes ;
• l’administration centrale du Burkina Faso ;
• les organismes de développement ;
• les autres associations de la diaspora.
Le tableau 25 ci-après présente une vue croisée entre d’une part les principaux acteurs
de la diaspora burkinabè de chaque pays de l’étude (associations, services diplomatiques
et consulaires, migrants individuels autonomes) et de l’autre, les différents niveaux et les
types de relations entretenues.
Sur les 96 relations répertoriées, les trois quarts (75 %) relèvent des associations, 19,2 %
des personnes physiques individuelles autonomes, 5,8 % des services diplomatiques et
consulaires. Au niveau des associations, la plus grande intensité des contacts revient
à l’administration centrale au Burkina Faso, laquelle est suivie de très près par leurs
30
Des résultats de recherches et d’études existent sur le sujet : cf. étude du REMUAO de 1999. Malgré leur ancienneté,
je n'ai pas connaissance d'études ou de recherches ayant leur envergure, qui soient plus récentes et qui en auraient
invalidé les résultats.
7
68 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations
Comment comprendre ces différents ordres de classements des contacts entre le monde
des migrants (diaspora de l’extérieur et migrants de retour de l’intérieur) et l’ensemble
de leurs partenaires de développement, y compris l’Etat et ses structures, détenteurs de
l’autorité et souvent intermédiaires obligés ? Quels facteurs en sont à la base ?
Il me semble que ceux ci-après formulés en sont les plus plausibles: le souci de l’efficacité
des actions initiées, le facteur de la proximité géographique, de la similarité des besoins,
de la convergence des intérêts (autres associations de diaspora résidant dans le même
pays d’accueil), sans omettre l’attente de la qualité des rapports (accueil et marque
d’intérêt de la personne qui vous reçoit).
31
Le tableau y relatif n’a pas pu être ici reproduit, en raison du volume limité du présent document.
7
70 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations
n’arrivent pas à le faire. Donc je ne sais pas… Je me pose les mille questions. Sinon
le pays a évolué et c’est bien ».
• D.U., Milan, janvier 2014 : « Pour parler de cela, c’est un peu relatif. Développement
côté construction ? Derrière, il y a quelque chose qui se cache. Il y a une couche
de la population à qui le développement ne profite pas. Le développement, c’est
toujours Ouagadougou alors que le Burkina ne se résume pas seulement à Ouaga.
Si on va à la périphérie pour apprécier ce développement, je ne sais pas ce que ça
va donner dans la balance. »
Les relations entre les hommes, en individuels ou en groupes, ne sont jamais, dans le
temps ou dans l’espace, stables, homogènes, sans que n’intervienne un certain nombre
de difficultés que les uns et les autres rencontrent et sans des contraintes qu’ils doivent
surmonter. Dans le cas des relations entre les associations de diaspora et leurs différents
7.2.3. Les difficultés rencontrées par les associations de diaspora
partenaires et notamment avec les représentations diplomatiques et consulaires, leurs
premiers partenaires sur le terrain des pays d’accueil, ces difficultés et ces contraintes se
Les relations entre les hommes, en individuels ou en groupes, ne sont jamais, dans le temps
présentent comme stables,
ou dans l’espace, l’indiquent le tableau
homogènes, et len’intervienne
sans que graphique ci-après.
un certain nombre de difficultés
que les uns et les autres rencontrent et sans des contraintes qu’ils doivent surmonter. Dans le
Tableauentre
cas des relations 26 : les
Difficultés rencontrées
associations paretlesleurs
de diaspora associations
différentset les migrants
partenaires et notamment
avec les représentations diplomatiques et consulaires, leurs premiers partenaires sur le terrain
des pays d’accueil, ces difficultés et ces contraintes se présentent comme l’indiquent le
Types de difficultés Fréquence
tableau et le graphique ci-après.
Mauvaise diffusion de l’information par l’ambassade et le consulat 7
Tableau 26 : Difficultés
Méconnaissance du CSBErencontrées par les associations et les migrants
et de ses attributions 4
Types de difficultés Fréquence
Manque de ressources financières suffisantes
Mauvaise diffusion de l’information par l’ambassade et le consulat
5 7
Difficulté à trouver
Méconnaissance du des
CSBE intermédiaires fiables au pays
et de ses attributions 5 4
Manque de ressources financières suffisantes
Les dossiers d’achat de parcelles et de logements sociaux sont restés sans suite 7 5
Difficulté à trouver des intermédiaires fiables au pays 5
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Les dossiers d’achat de parcelles et de logements sociaux sont restés sans suite 7
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 10 : Difficultés rencontrées par les associations et les migrants
Graphique 10 : Difficultés rencontrées par les associations et les migrants
7
6
5
4
3
2
1
0
Mauvaise Méconnaissance Manque de Difficulté à Les dossiers
diffusion de du CSBE et de ses ressources trouver des d’achat de
l’information par attributions financières intermédiaires parcelles et de
l’ambassade et le suffisantes fiables au pays logements
consulat sociaux sont
restés sans suite
7.2.4. Sentiments de la diaspora sur son niveau d’implication dans les options de
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
71
7.2.4. Sentiments de la diaspora sur son niveau d’implication dans les options de
développement et les prises de décisions du Burkina Faso
En dehors des associations du pays d’origine, celles de tous les trois pays d’accueil
estiment ne pas être assez associées aux prises de décisions sur les grandes options
de développement du pays et en ont une appréciation très négative sur leur niveau
d’implication dans les processus de décisions y relatives. Dans leur ensemble, elles sont
17 contre 8 à partager cet avis. Au niveau des pays, la Côte d’Ivoire vient en tête avec 9
avis sur 17, suivie par la France (3 sur les 17) et l’Italie (3 sur les 17).
Associations /
Côte d’Ivoire Italie France Burkina Faso Total
Tableau 27 : Appréciation de l'implication de la diaspora au développement du Burkina Faso
Appréciations
Associations
Appréciations Côte
+ – + – +Burkina
– + – + –
Italie France Total
Appréciations
Effectifs D’Ivoire
4 9 2 3 –Faso 3 2 2 8 17
Appréciations + - + - + - + - + -
Notes: (+) : Positive, (–) : Négative
Effectifs 4 9 2 3 - 3 2 2 8 17
(+) : Positive(-)
Source : Mission de : Négative
terrain, OIM, 2014.
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 11 : Implication de la diaspora dans les options de développement
Graphique 11 : Implication de la diaspora dans les options de développement
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Positive Négative Positive Négative Positive Négative Positive Négative
D’Ivoire Faso
Côte d’Ivoire Italie France Burkina Faso
Côte Italie France Burkina
Les propos des personnes rencontrées qui soutiennent ces positions sont assez illustratifs et
révélateurs d’un gros sentiment de frustrations multiples32.
- C.N.C.I. Abidjan, novembre 2013 : « Notre prise en compte dans les décisions du
gouvernement du Burkina Faso ? Là, je dis non. Je dis non et je suis même fâché. Au niveau
de la structure dont je suis le président, jamais on ne pense à nous. Pourtant nous participons
à tout. Mais jamais on a eu quelque chose en retour ou bien quelque chose qui nous
encourage à poursuivre. Je n’ai eu aucune facilité par rapport à ce que je fais là-bas. Alors
que nous qui sommes ici, nous travaillons bénévolement pour le développement de la culture
burkinabè. »
- AEB, Bouaké, décembre 2013 : « Bon c’est de faire un Burkina Faso ouvert à tout le monde
et pas de discrimination. Aujourd’hui beaucoup de diaspora pensent investir au Burkina
Faso. Avec la crise en Côte d’Ivoire, beaucoup ont vraiment vu l’importance de tourner le
visage vers le pays de naissance. Hormis ça, y avait pas beaucoup qui ont pensé investir au
7
72 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations
Les propos des personnes rencontrées qui soutiennent ces positions sont assez illustratifs
et révélateurs d’un gros sentiment de frustrations multiples32 :
• C.N.C.I., Abidjan, novembre 2013 : « Notre prise en compte dans les décisions du
gouvernement du Burkina Faso ? Là, je dis non. Je dis non et je suis même fâché.
Au niveau de la structure dont je suis le président, jamais on ne pense à nous.
Pourtant nous participons à tout. Mais jamais on a eu quelque chose en retour
ou bien quelque chose qui nous encourage à poursuivre. Je n’ai eu aucune facilité
par rapport à ce que je fais là-bas. Alors que nous qui sommes ici, nous travaillons
bénévolement pour le développement de la culture burkinabè. »
• AEB, Bouaké, décembre 2013 : « Bon c’est de faire un Burkina Faso ouvert à tout
le monde et pas de discrimination. Aujourd’hui beaucoup de diaspora pensent
investir au Burkina Faso. Avec la crise en Côte d’Ivoire, beaucoup ont vraiment vu
l’importance de tourner le visage vers le pays de naissance. Hormis ça, y avait pas
beaucoup qui ont pensé investir au Burkina Faso... La crise a ouvert les yeux de
certains qui pensent investir dans le pays de naissance. »
• ONG A.V.S.F., Abidjan, novembre 2013 : « Y a pas d’action concrète. En ma
connaissance en tout cas je n’ai pas vu. Si le Burkina souhaite impliquer la
diaspora au développement, il doit y avoir une politique d’encouragement. Il doit
communiquer sur les opportunités qui sont au Burkina, afin que ceux de l’extérieur
soient imprégnés. Ceux qui sont ici et qui veulent investir au Burkina ne savent pas
dans quoi ils peuvent investir. Il n’y a pas de mécanisme pour aider par exemple
ceux qui désirent investir dans l’immobilier. Il faut une sensibilisation, une réelle
implication de nos autorités diplomatiques ».
• ONG CDP, Paris, février 2014 : « En tant que diaspora je pense que nous ne sommes
pas pris en compte. Pourquoi je le dis ? Aujourd’hui quand je vais au Burkina je
n’ai pas un endroit pour aller et dire que je suis de la diaspora et que je veux poser
mes problèmes (...). Déjà au niveau du pays, ils peuvent avoir la lecture des flux
financiers qui viennent de l’extérieur vers le pays. Ils doivent savoir aussi que, quel
que soit le pays, il y a un certain nombre de leurs ressortissants qui ont certains
moyens financiers. Je me dis pour que ça soit un partenariat gagnant/gagnant entre
la diaspora et les institutions au moins, c’est créer ces structures pour permettre à
la diaspora d’envoyer leur argent dans des domaines structurés. »
• O.A., Lyon, février 2014 : « Y a certains aspects où nous sommes consultés, mais
dans beaucoup non (…). Prenons le cas des votes à l’extérieur : il n’y a jamais eu
de vote de Burkinabè à l’étranger. Autre exemple : nous n’avons pas été consultés
avant la signature de la convention que le Burkina a signée avec la France sur la
régulation du flux migratoire (…) Au niveau du pays : moi personnellement, j’ai
demandé à ce que notre pays nous aide, nous de la diaspora, à ce qu’on ait des
32
Au-delà des propos ici relatés, il y en a eu au niveau collectif comme à celui individuel : collectif : suite à la crise
sociopolitique de la Côte d’Ivoire et à la grande insécurité qui planait sur les Burkinabè, une requête collective de
parcelles pour construire des habitations et éviter de se retrouver dans la rue, adressée à une autorité municipale de
Ouagadougou n’a pas eu de suite depuis ce temps ; individuel : un élève d’une grande ville de Côte d’Ivoire, a obtenu le
score de 145 points au BEPC et méritait une récompense : il ne l’a jamais reçu, parce que Burkinabè.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
73
Les citations de propos pourraient se poursuivre. Mais ceux déjà présents ici peuvent
nous permettre de formuler quelques bonnes questions, susceptibles d’orienter les
échanges utiles à réaliser sur le sujet :
• En attendant que le document officiel émerge, le Burkina Faso n’a pas encore
de politique explicite de sa migration. Néanmoins et en s’aidant des grands axes
contenus dans le projet de stratégie et de plan d’actions prioritaires, comment
inscrire le problème de cette prise en compte de la diaspora, pour l’aider à mieux
faire face à ses propres problèmes, à mieux canaliser ses potentialités importantes
de contribution au développement du Burkina Faso, dans toutes les dimensions du
concept de capital migratoire ?
• Dans cette stratégie, quelles seront les parts respectives des différents acteurs
(Etat, diaspora, partenaires civils et bi- et multilatéraux ?)
• Pour éviter que les résultats des concertations entre ces acteurs ne meublent
seulement les tiroirs, peut-on en esquisser un plan d’exploitation avec des
échéances précisées ?
7.3. Perceptions des rapports avec les structures des pays d’accueil
Dans tous les trois pays d’accueil, les associations de la diaspora burkinabè ont pu et su
développer des relations du « bien-vivre-ensemble » à travers des formes multiples, dont
certaines ont déjà été évoquées :
• les maisons des associations de Paris où le président de l’Union des associations
burkinabè en France (UABF) est membre du Conseil d’administration, où l’UABF
figure dans le recueil des OSIM (Organisations de solidarité internationale issues
de l’immigration) du FORIM (Forum des organisations de solidarité internationale
issues de l’immigration) avec une vingtaine d’associations membres ;
• les centres culturels intercommunautaires de l’Italie dans lesquels plusieurs
responsables des associations de la diaspora burkinabè sont des « médiateurs
culturels ». Le cas d’une intégration particulièrement réussie par le fait que des
membres des associations de la diaspora burkinabè ont su initier et réussir à réaliser
une coopérative agricole de maraîcheculture, dont l’envergure de production, de
transformation et d’invention technologique a déjà été présentée ;
• en Côte d’Ivoire, l’intégration de l’importante population historique des Burkinabè
date des années de la colonisation et aujourd’hui produit des brassages culturels
importants, dont les partages des manifestations culturelles et sportives annuelles.
7
74 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations
Au-delà de ces faits déjà établis, l’étude de terrain rapporte d’abord, à travers le
tableau 28 ci-après, l’appréciation majoritairement positive des relations entretenues
avec les structures administratives et associatives des pays d’accueil et les organismes
de développement :
Tableau 28 : Appréciation des rapports avec les structures des pays d’accueil
Services diplomatiques et
Associations Migrants individuels
Pays / consulaires
Appréciation Côte Côte Côte
Italie France Italie France Italie France
d’Ivoire d’Ivoire d’Ivoire
Bons 4 - 1 - 1 - 3 - -
Mauvais 1 - - - - - - - -
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
De plus, cette étude de terrain rapporte ci-après trois propos confirmatifs des acteurs de
terrain :
• O.Z., Abidjan, novembre 2013 : « En Côte d’Ivoire ici, notre association collabore
avec d’autres associations qui visent le même objectif. D’abord dans un premier
temps, si tu es dans un quartier, il faut te faire connaitre dans ton quartier, parce
qu’il y a de petites associations dans chaque quartier et il faut y militer. Si tu es
connu dans ton quartier et qu’un étranger arrive chez toi un jour, grâce à toi cet
étranger-là sera protégé. Si au contraire, tu n’as pas bonne presse dans le quartier
et puis tu as un étranger, on le verra d’un mauvais œil. Donc ici dans les communes
on a demandé ça à nos compatriotes »…
• D.N., Poitou-Charente, janvier 2014 : « Le Comité d’action publique (CAP) est
composé des différentes associations des communautés étrangères. Il existe
à Poitiers depuis plusieurs années (...). Il a acquis un local où les rencontres se
déroulent périodiquement. Il intervient quand il y a un problème. Comme c’est une
structure beaucoup plus grande avec des personnes qui ont des accès multiples
avec divers niveaux de responsabilité, quand il y a un problème, on essaie au mieux
de profiter de leur carnet d’adresses qui est bien fourni. L’actuel président est un
Béninois ».
• AJCV, Association des jumelages de la commune de Vienne : « En leur sein, il y a
toutes les associations qui collaborent avec le Burkina Faso. C’est le cas de Faso
Biiga : chaque enfant reçoit un cartable (…). Il y a beaucoup de structures comme
ça, dans lesquelles nous collaborons ».
8
La diaspora
burkinabè :
expériences d’un
co-développement
de terrain
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
77
L’observation générale est qu’elles sont assez communément partagées par les
associations des trois pays d’accueil. Pour l’Italie, ont déjà été cités d’une part, la ferme
agricole de Reggio-Emilia, d’autre part, la présence d’un certain nombre de responsables
d’associations dans les fonctions de médiateurs interculturels, qui participent à
l’information et à la sensibilisation de plusieurs communautés nationales, sur des thèmes
variés d’un vivre-ensemble harmonieux et participatif : ce sont là, les meilleurs scores
dans les dynamiques de ces modalités d’accompagnement des diasporas.
8
78 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain
De même, la France, à travers les rencontres dans les 20 maisons des associations de la
ville de Paris, soutenues dans leurs actions par le FORIM des OSIM, est particulièrement
active dans l’accompagnement pour la recherche et pour l’obtention de microcrédits en
vue du financement des projets au bénéfice des pays d’origine.
Services diplomatiques et
Associations
consulaires
Total
Pays / Activités Côte Côte
Italie France Italie France
d’Ivoire d’Ivoire
2 5 2 2 1 1 13
Sensibilisation 2 5 2 2 1 1 13
Formations - 1 1 1 1 4
Assistance à la recherche de
- 1 1 - - - 2
financement
Total 4 12 6 5 3 2 32
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique
Graphique 12 : Modalités 12 : Modalités d’accompagnement
d'accompagnement des membres dansdes membres
l'investissement au Burkina
Faso dans l’investissement au Burkina Faso
6
Information,
conseil
5
Sensibilisation
4
3 Formations
2
Assistance à la
recherche de
1
financement
0
Côte Italie France Côte Italie France
d’Ivoire d’Ivoire
Quant
Quant aux soutiens des
aux soutiens des missions
missionsdiplomatiques
diplomatiquesetetconsulaires,
consulaires,mandataires
mandatairesdes desautorités
autorités
gouvernementales et de leurs partenaires au développement, leur assistance
gouvernementales et de leurs partenaires au développement, leur assistance consiste consiste
également
également à apporter toutes les informations utiles sur un projet existant ou en cours dede
à apporter toutes les informations utiles sur un projet existant ou en cours
lancement
lancementetetdedeproposer
proposer lesles
conditions à suivre
conditions pour
à suivre y prendre
pour y prendrepart (cas(cas
part desdes
visites et et
visites des
séances de travail sur BagréPôle, de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), des
des séances de travail sur BagréPôle, de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS),
banques, etc.). Dans l’ensemble des différentes modalités d’accompagnement de la diaspora,
des banques, etc.). Dans l’ensemble des différentes modalités d’accompagnement de la
les services diplomatiques et consulaires de la Côte d’Ivoire se révèlent plus actifs.
diaspora, les
Toutefois, uneservices diplomatiques
observation importanteetà consulaires de la Côte
ce sujet, relayée d’Ivoire sederévèlent
par beaucoup plus
responsables
actifs.
d’associations de la diaspora, porte sur la sincérité dans la finalité de certaines informations
livrées pendant les rencontres parrainées par ces services : dans le cas du pôle de croissance
33
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
79
Pour la France, l’accord de gestion des flux migratoires, signé en 2009 avec le Burkina,
rappelle la coopération antérieure entre les deux pays et, surtout, trace les nouveaux
axes pour un partenariat de co-développement durable et partagé34. Pour la Côte
d’Ivoire, même si les ambitions politiques de certains fils ivoiriens ont tenté de le faire
oublier, l’histoire sait que le fameux « miracle ivoirien » des années 1960 à 1970 n’aurait
pas été réalisé sans le concours, à l’époque, des bras valides des Voltaïques et des
Maliens (cf. SIAMO et convention de main-d’œuvre du 9 mars 1960). Aujourd’hui encore,
les accords de coopération entre la République de Côte d’Ivoire et le Burkina Faso,
signés sous le régime de Laurent Gbagbo, confirmés et consolidés sous celui d’Alassane
Dramane Ouattara, sont censés concourir à la réalisation de projets dont les intérêts sont
communément partagés.
Les cas d’illustration pour l’Italie viennent d’être rappelés et vont certainement se
renforcer encore davantage, au regard des projets en cours vers/dans la province du
Passoré au Burkina Faso, en attendant celui du pôle de croissance de Bagré35.
33
Le « Pôle de croissance de Bagré » (Bagrépôle) est un projet agro-hydro-industriel situé sur le cours du fleuve Nakanbé,
qui ambitionne d'aménager 3 380 hectares. Sur ces superficies, 3 000 ha seront exploités en mode paysannat et 300 ha
le seront en mode entreprenariat agricole (Nouvelles de Bagrépôle, avril-mai-juin 2014).
34
L'Accord entre le Burkina Faso et la France, relatif à la gestion concertée des flux migratoires et au développement
solidaire, signé à Ouagadougou le 10 janvier 2009, comporte les axes suivants: octroi de visas, admission au séjour
(étudiants et immigration pour motif professionnel), développement solidaire (financement de projets locaux, de
diaspora burkinabè, soutien et formation de PME/PMI) et aide au retour et à la réinsertion (de la diaspora et des
étudiants en fin de formation),coopération policière, réadmission des personnes en situation irrégulière, observatoire
de flux migratoires dans la sous-région.
35
Sans être en mesure, au moment de finaliser le présent document, de confirmer l'état d'évolution du projet, le
consultant a été informé, durant son séjour en Italie en janvier 2014, du « Projet Bagrépôle » initié par l'Association des
ressortissants de Reggio-Emilia et de Émilia-Romagna (ABREER), pour réaliser, à Bagré, une « coopérative agricole de
production, de travail, de consommation et de l'industrie ».
8
80 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain
Tableau 30 : Activités organisées par les associations de migrants dans le pays d’accueil
Mentions également, pour la Côte d’Ivoire, au moins les deux cadres suivants de
réalisations multiformes dont les présentations sont faites à la fin du paragraphe 8.5.
Bien que, probablement, d’autres réalisations faites n’ont pas été prises en compte ici36,
les réalisations ici présentées suffisent amplement à faire la preuve que les diasporas ont
été capables d’initier et de réaliser des actions qui participent au développement de leur
pays d’origine et qu’ils ouvrent, par ces cas concrets, des perspectives de réflexions pour
une valorisation encore plus grande et plus efficiente.
Certains des témoignages recensés montrent que les actions ont également été
initiées en direction de la Côte d’Ivoire, étape de la trajectoire migratoire de beaucoup
d’« Italianos ».
36
Le temps de séjour dans les pays et les conditions d’accès aux personnes utiles à l’enquête ne permettaient pas de
disposer de toutes les données disponibles sur un sujet donné.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
81
Associations
Pays / Domaines d’intervention Total
Côte d’Ivoire Italie France
Actions d’amélioration de la sécurité
2 - - 2
alimentaire
Rapatriement des bénéfices d’exploitation
1 3 - 4
au Burkina
Amélioration de la qualité des services
2 3 1 6
sanitaires
Soutien à des œuvres sociales au pays - 1 2 3
Ouverture de comptes bancaires au pays - 1 - 1
Appui à la réalisation de projets divers 2 1 1 4
Appui à la construction d’un Centre
1 1
d'enseignement général
Accompagnement des femmes dans la
- 1 2 3
mobilisation des fonds
Participation à la construction de mosquées
- 2 - 2
et d’églises
Projet d’approvisionnement en eau et
- 1 2 3
assainissement
Total 7 14 8 29
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Les présentations antérieures ont montré que dans les actions de développement
réalisées par la diaspora, il convient de distinguer celles des associations de celles des
personnes individuelles autonomes. Le tableau suivant apporte des réalisations faites
par ces derniers.
Migrants individuels
Pays / Domaines d’intervention Total
Côte d’Ivoire Italie France
Construction de maisons 4 2 1 7
Investissement dans l’élevage 1 1 2 4
Acquisition de terrain 1 2 2 5
Investissement dans le transport 1 3 1 5
Création d’une entreprise de BTP 1 1 - 2
Total 8 9 6 23
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
8
82 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain
• A.G., Italie, janvier 2014 : « Nous avons réglé des litiges fonciers. Nous avons
aussi réglé beaucoup de litiges professionnels entre des chefs d’entreprise et leurs
employés (...) et nous avons aidé des jeunes à rentrer au Burkina Faso. Nous avons
aidé des familles dont les enfants ont eu le BAC et qui voulaient rester en Côte
d’Ivoire parce qu’ils n’avaient plus d’attache au Burkina Faso. Nous avons aidé 3
ou 4 jeunes à avoir des bourses pour fréquenter. C’est aussi l’association qui a mis
en place DIASPORA FINANCE qui est la première institution étrangère de micro-
finance en Côte d’Ivoire. Nous avons organisé une collecte de fond pour aider le
Burkina Faso à faire face à une crise de méningite. Cette somme a été remise au
ministre des Affaires étrangères. »
• T.F., Elève, Reggio-Emilia, janvier 2014 : « Comme activités nous continuons d’avoir
des sorties pour promouvoir notre culture et nous allons faire une sortie sur le
Burkina pour connaitre notre pays d’origine et nous avons décidé aussi d’organiser
une journée d’excellence pour récompenser tous les meilleurs élèves ».
• O.A., Tenkodogo, décembre 2013 : « Moi je peux dire que j’ai investi, investir ce
n’est pas dans le commerce. Essayer de venir aider ma famille pour le moment
est la première des choses, comme je vous avais dit auparavant puisque ça fait
longtemps que je ne suis pas rentré au pays. Maintenant je suis rentré, j’ai les
yeux ouverts parce qu’on dit que quand tu es toujours à l’extérieur tu es comme un
aveugle. C’est pourquoi j’ai tenu vraiment à rester longtemps pour découvrir mon
village, pour comprendre. Avant je n’avais pas tout ça, maintenant je sais ce que je
dois faire, quand je vais retourner37 ».
Dans le cas présent, les lignes qui suivent présentent cinq38 mesures en vigueur dans les
trois pays d’accueil de la diaspora burkinabè :
• Mesure de facilitation des transferts de fonds ;
• Mesure d’insertion socioprofessionnelle de la diaspora ;
• Libre circulation des immigrés et de leurs biens ;
37
Le propos de ce migrant en visite, relaté sous le présent thème s’illustre par l’importance de l’investissement qu’il est
en train de réaliser (un grand complexe hôtelier) en tant que migrant individuel autonome. Il a aussi sa pertinence pour
d’autres thèmes tels ceux des migrants qui ont délaissé leur pays d’origine depuis longtemps ou qui ne pensaient pas
utile d’investir dans ce pays d’origine.
38
L’énoncé de ces 5 mesures ressort des résultats de l’enquête de terrain. Elles ne sont pas exclusives.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
83
Les appréciations faites par la diaspora sur ces cinq mesures semblent laisser celles-ci
ambiguës dans leur globalité, dans la mesure où toutes les mesures ont, pratiquement, à
l’exception d’une seule, été jugées à la fois favorables et défavorables. En fait, il convient
de noter d’une part, que les appréciations positives et négatives ont été exprimées par
des acteurs différents, chacun ayant son argumentaire, d’autre part, que les appréciations
favorables sont près de deux fois plus élevées que celles négatives (13 contre 7), enfin,
qu’un pays comme l’Italie les a toutes positives.
Au Burkina Faso également, une innovation a été la décision des autorités du Ministère de
l’Economie et des Finances (MEF) d’accepter de s’impliquer dans le suivi des opérateurs
informels de transferts d’argent. Le résultat en est que c’est à ce niveau que le consultant
a pu obtenir l’état, en fin 2013, des transferts monétaires liés aux migrations, pour le
Burkina Faso. Les données chiffrées de l’état des comptes de Quickcash et celles obtenues
du MEF par le biais des opérateurs informels de transferts monétaires sont présentées à
l’annexe 4.
39
Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Gabon, Guinée équatoriale, etc.
40
L’entreprise vient d’être honorée de trois prix : celui de la compétition « CGECI ACADEMY BUSINESS COMPETITION » :
Quickcash est la 1ère de 436 chefs d’entreprises et porteurs de projets et une présélection de 30 demi-finalistes, 26
avril 2014 au Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire (10 millions FCFA) ; puis celui de « du capital intelligent » du Cabinet
ESPARTNERS, le même jour (1 million); enfin, lors du salon International des Métiers d’Abidjan (SIMA), le « prix spécial
du Premier ministre ivoirien pour sa contribution à la création d’emplois » (en moins de 3 ans 52 emplois directs et plus
de 150 emplois indirects) d’une valeur de 1 250 000 FCFA.
8
84 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain
Cette composante importante du capital migratoire, tel que déjà défini, doit retenir
toute l’attention requise pour la meilleure organisation et le meilleur suivi de son
opérationnalisation, pour les activités de recherche sur les destinataires et les formes
d’utilisations actuelles et celles à envisager pour une meilleure efficience de sa
capitalisation. Très probablement, cette donnée s’imposera de plus en plus comme
source importante de financement des actions de développement du Burkina Faso.
C’est également le lieu d’évoquer deux autres initiatives fort utiles pour la consolidation
des éléments constitutifs du capital migratoire burkinabè : la première est celle de M. le
Consul honoraire de Soubré en Côte d’Ivoire ; celui-ci, parce que soucieux lui-même de
connaître qui sont les Burkinabè de son ressort territorial, a fait réaliser une collecte de
données de terrain qui, non seulement a fait le dénombrement physique des personnes,
mais a consigné également tout le patrimoine physique et financier des chefs de famille.
Toutefois, jusqu’à la date de passage du consultant dans sa circonscription (décembre
2013), ces données de terrain n’avaient pas encore été exploitées.
La deuxième rencontre également fort utile a été celle avec le responsable de l’opération
de la Chambre de commerce de Ouagadougou, en vue de recenser tous les opérateurs
économiques burkinabè de la Côte d’Ivoire : ses résultats seront également une source
de repérage du capital migratoire burkinabè disponible en Côte d’Ivoire.
Dans les trois pays d’accueil de la diaspora burkinabè, un nombre important d’au moins
312 associations de la diaspora existent déjà, souvent même avec une impression de
pléthore. Bien que la répartition pour chacun des trois pays soit connue, ce chiffre reste
finalement approximatif. Ces listes ont néanmoins servi de base pour l’estimation des
effectifs souhaitables des entretiens de l’étude. Sur le terrain, leur réalité s’est confirmée,
souvent avec d’autres listes complémentaires ou alors avec des actualisations au niveau
des bureaux et des adresses. Dans tous les cas, la vitalité de ces associations peut être
attestée par les rencontres effectives et périodiques qu’elles tiennent avec leurs membres
et dont le consultant a été témoin dans certaines localités d’Italie et de France (Como en
Italie et Marseille en France).
Dans cette perspective, il convient de rappeler que, comme déjà dit, ces associations ont
souvent d’abord des bases ethniques, claniques, voire familiales et de village. Toutefois,
il est heureux et salutaire de constater qu’elles témoignent de plus en plus d’un élément
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
85
41
Revoir la note de bas de page 47.
8
86 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain
Au total, dans l’immédiat, les entretiens de terrain nous fournissent des bases d’actions
exploitables, à savoir les avis déjà disponibles des acteurs principaux, les membres de
la diaspora et leurs associations. Ces avis ont été fournis pour le pays d’accueil et pour
le pays d’origine. Les tableaux 33 et 35 présentent successivement les vues pour le pays
d’accueil et pour le pays d’origine.
d’Ivoire
d’Ivoire
France
France
France
d’accueil
Italie
Italie
Italie
Côte
Côte
Côte
Faso
Favorable 8 - 4 6 1 - 6 5 - 1
Défavorable 3 1 - - - - - 1 - -
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
d’Ivoire
d’Ivoire
France
France
France
d’origine
Italie
Italie
Italie
Côte
Côte
Côte
Faso
Favorable 14 1 4 1 1 - 6 1 1 -
Défavorable 3 - - - - - - 1 - -
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Les avis favorables sont au nombre de 29 contre 4 défavorables dans le pays d’origine,
et de 31 favorables contre 5 défavorables dans le pays d’accueil. Autrement dit, la quasi-
totalité des principaux acteurs est favorable à la constitution de réseaux entre la diaspora
burkinabè et les pays d’accueil et d’origine. Il reste donc à concevoir d’abord les éléments
constitutifs des réseaux et ensuite toute leur stratégie de mise en place.
9
Conclusions et
recommandations :
La diaspora
burkinabè pour un
co-développement
durable et partagé
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
89
9.1. Préliminaires
Afin, à la fois, de rendre les recommandations plus consistantes et plus opérationnalisables,
celles-ci sont soutenues par les constatations des situations observées sur le terrain,
avant la formulation de la ou des recommandations y relative(s).
Selon les formules de Denise Helly (2006), une autre formulation de la même question
serait de savoir si les émigrés burkinabè des trois pays d’accueil de l’étude sont de simples
migrants ou forment la diaspora burkinabè. Pour l’auteur, le critère déterminant est celui
des ressources capables de leur permettre de disposer de manifestations concrètes d’une
diaspora (réseaux de liens, réalisations d’activités, existence institutionnelle reconnue,
etc.).
A mon sens, les présentations faites respectivement au paragraphe 5.3, aux chapitres 7 et
8 en apportent suffisamment d’attestations pour justifier une réponse positive, à savoir
que les émigrés burkinabè des trois pays d’accueil sont non seulement des migrants,
mais aussi qu’ils forment véritablement des diasporas authentiques42.
42
Tout en restant ici dans les limites de volume souhaitées par le commanditaire de l’étude, des contributions aux
réflexions théoriques plus soutenues seront probablement initiées plus tard.
9
90 Conclusions et recommandations : La diaspora burkinabè pour un co-développement durable et partagé
La revue de littérature a présenté les différentes approches en cours sur la relation entre
le fait migratoire et le développement. De ces approches, celle qui émerge et est la mieux
partagée est celle de co-développement, dont des insuffisances relevées ont conduit à
la formule de « repenser le co-développement ». Dans ce sens, les échanges à l’ONU,
du Dialogue de haut niveau sur les migrations et le développement (DHNMD) et ceux
du Forum global sur les migrations internationales (FGMI) aboutissent à la formule,
acceptable par tous les acteurs de la migration, de « gagnant/gagnant », en lieu et
place des formules à finalité unilatérale comme celles exclusivement sécuritaire ou de
« migration choisie » des pays d’accueil.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
91
Une bonne gestion des migrations internationales, dont les diasporas sont les acteurs
clés, également porteuses de réelles potentialités de développement à travers des
concepts fédérateurs comme celui de capital migratoire, au bénéfice de tous les acteurs
concernés - émigrés, pays d’accueil et pays d’origine, ne saurait promouvoir une telle
orientation (“migration choisie”).
Cette récusation vaut surtout pour les pays de départ, dont on sait qu’ils sont, dans leur
majorité, des pays en voie de développement, qui sont, dans le cas africain, d’anciennes
colonies aujourd’hui sous les rampes de la mondialisation monopolistique et asphyxiante.
La présente étude a concerné le Burkina Faso, pays pauvre certes (cf. indices de l’IDH, de
la pauvreté, des inégalités de revenus, etc.), mais disposant d’un capital humain physique
(chiffre de population et importance des flux migratoires) et qualitatif (peuple travailleur,
bonus démographique en émergence, dynamique d’organisation de la diaspora et les
témoignages actuels de sa volonté de contribuer au développement du pays d’origine)
important. L’option stratégique qui s’impose est celle d’un co-développement durable
et partagé, pour lui et pour tous les acteurs de la chaine migratoire: migrants, entités
d’origine, de destination.
Elle est possible et réalisable, non seulement en fonction des facteurs tantôt énumérés,
mais également de ceux ci-après: des bases institutionnelles disponibles (stratégie de
migration dont l’élaboration est en cours d’adoption, série récentes d’études sur la
migration (profil migratoire, guide d’utilisation des données migratoires, interactions
entre politiques publiques, migration et développement), une volonté politique présente
et partagée (partis politiques et société civile actuellement engagée dans une refondation
des bases de gestion du pays pour un développement mieux partagé), des antécédents
sérieux déjà disponibles dans les pratiques actuelles de notre diaspora et sa volonté
également de tirer un meilleur avantage de cette émigration. Une telle orientation rend
également bénéficiaires les pays d’accueil de notre diaspora.
De nouvelles conventions de gestion mieux partagée des flux migratoires burkinabè sont
à négocier avec les pays destinataires de notre capital humain physique et qualitatif.
L’ancrage institutionnel de mise en œuvre et de suivi sera une autorité crédible non
contestable et disposant de moyens de la nouvelle stratégie migratoire.
9
92 Conclusions et recommandations : La diaspora burkinabè pour un co-développement durable et partagé
3. L’accès à des documents disponibles tels que les répertoires des associations dans
les ministères et dans les communes, souvent déjà sur fichiers électroniques, a été
rendu difficile dans certains services. A l’heure actuelle où le phénomène migratoire
bénéficie d’une attention bienveillante au niveau national, international et où des
dynamiques de sa valorisation s’élaborent, il est vivement demandé à toutes les
sources de données d’avoir une disponibilité et un esprit de communication et de
partage de ces données.
5. L’effort initié par le Burkina Faso pour un meilleur suivi des opérateurs informels
de transfert d’argent est salutaire et mérite d’être encouragé. Des initiatives de
nouvelles recherches doivent en permettre une meilleure rentabilisation.
11. Dans le même ordre d’idée, l’effectif du personnel et l’espace des locaux de la
représentation diplomatique du Burkina Faso en Italie est en déphasage avec le
nombre de la diaspora dans le pays : la situation doit être revue.
12. Les rapports entre les délégués consulaires et les délégués CSBE se sont révélés,
durant le séjour de terrain du consultant, ambigus et souvent conflictuels : les
rôles respectifs doivent être clarifiés et portés à la connaissance de la communauté
burkinabè concernée. Les autorités des pays d’accueil doivent également en
recevoir une information officielle, au moins pour les délégués CSBE (agents du
service public), par les services diplomatiques et consulaires (cf. travaux de la
récente conférence nationale des ambassadeurs et des délégués consulaires de
2014).
43
La version finale du présent document s'élaborant en ce mois de novembre 2015, cette recommandation reçoit un écho
fort dans le souci d'un partage, avec toutes les composantes de la diaspora burkinabè, des valeurs cardinales de vie
individuelle et sociétale à reconquérir, exprimées par les manifestations de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre
2014 et leur refus de la tentative de coup d'Etat des 16 et 17 septembre 2015.
9
94 Conclusions et recommandations : La diaspora burkinabè pour un co-développement durable et partagé
13. Les rapports entre les associations de diaspora et les services diplomatiques et
consulaires doivent être améliorés dans le sens d’une plus grande diligence des
contacts, de confiance, de transparence et d’équité entre les diverses associations
(entre ces associations et entre elles et les services diplomatiques).
15. Niveau peu élevé des cadres de création de la majorité des associations de la
diaspora, très souvent clanique, familial, villageois, d’où le besoin d’une dynamique
de sensibilisation et d’information à instaurer dans ce sens pour élever le niveau à
une dimension régionale ou nationale dans l’optique de permettre une meilleure
saisie des problèmes et une meilleure efficacité de la recherche de leur solution.
18. L’émigration bissa, si elle a eu et a toujours ses aspects positifs, voire très positifs,
est également, aujourd’hui, une source de préoccupations diverses pour une
bonne partie de la jeunesse bisa. Même s’il est vrai qu’aujourd’hui, au Burkina
Faso, le désir de l’émigration n’est pas le seul attrait qui perturbe la fréquentation
scolaire (sites miniers), quelles dispositions peuvent être prises au niveau de tous
les acteurs et à tous les lieux concernés ?
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
95
La présentation des résultats de l’étude a été précédée par l’audition de six communications
qui ont énormément enrichi plusieurs des thèmes abordés par l’étude. Les thèmes traités
ont été les suivants :
• Introduction générale sur migration et développement ;
• Diaspora et développement : rôles et étapes pour son engagement ;
• La stratégie nationale de la migration du Burkina Faso ;
• Le projet Migration pour le développement en Afrique (MIDA) et sa mise en œuvre
au Burkina Faso (phases 1 et 2) ;
• La réinsertion socioprofessionnelle des migrants de retour au Burkina Faso :
capacités des migrants et conditions d’accueil ;
• L’impact des transferts de fonds sur le développement économique : cas du
Burkina Faso.
Les travaux de groupes organisés après les communications et la restitution ont été
centrés sur les stratégies de mobilisation de la diaspora autour du développement du
Burkina Faso. Ils ont abouti aux recommandations pertinentes présentées en détail dans
un rapport général de l’atelier, rédigé par le Bureau de l’OIM de Ouagadougou.
Dans leur contenu, les recommandations issues de cet atelier confortent, complètent,
explicitent et rendent opérationnalisables un bon nombre des recommandations ici
proposées. Sans vouloir ici verser dans la redondance, mais plutôt s’obliger au respect du
principe de paternité des idées et des initiatives, mais aussi, apporter aux recommandations
ci-dessus formulées les enrichissements et les compléments pertinents de cet atelier,
sont rappelées ici les principales recommandations. Au demeurant, les acteurs ciblés au
paragraphe 9.2. sont invités à opérer les synthèses et les harmonisations utiles :
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11
Annexes
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
113
Annexes
D’abord je voudrais saluer mon ami, chef de l’Union des chefs et notables burkinabè.
J’étais le premier responsable de l’Union fraternelle des ressortissants burkinabè de Côte
d’Ivoire qui a été créée au temps colonial. C’est la première association même qui a été
officiellement créée en Côte d’Ivoire par Ouézzin Coulibaly (...). C’est dans les années 53
puisque, je suis arrivé en Côte d’Ivoire dans les années cinquante, mais le suis reparti au
pays et suis revenu ici en 1952.
Les raisons de la création de la structure: nous avons senti que nos frères qui venaient
n’avaient pas de structure pour les accueillir. Les Ouézzin ont dit pourquoi ne pas en
créer pour qu’on puisse recevoir ceux qui viennent et leur donner des conseils. Surtout,
à l’époque, dans certaines régions comme Daloa comment nos parents étaient très
maltraités là-bas, je ne veux (pas) parler d’esclavage, mais ce n’était pas loin de cela…
Les archives de l’association: Moi, j’en avais vraiment une pile de beaucoup de documents
d’archives très intéressantes. Au moment où je suis reparti à Ouagadougou en cinquante,
je les avais confiés à un ami (...). Je suis revenu, je n’ai pas trouvé la valise. C’était des
documents très intéressants parce ce qu’à l’époque j’étais avec les Ouézzin Coulibaly qui
étaient à Adjamé. Houphouët était un député et moi je le suivais jusqu’à ce qu’il est
devenu président de la République. Si j’avais ça aujourd’hui là ! Ça, c’est un trésor44.
Vraiment j’ai pleuré hein !
44
Néanmoins, le consultant a pu voir un récépissé de déclaration d’association de l’Union fraternelle des originaires de la
Haute-Volta, siège social Treichville, Abidjan, daté du5 octobre 1952 et signé du Gouverneur Grivot. Cette association
est devenue Union fraternelle des originaires du Burkina Faso en Côte d’Ivoire, dont le consultant a vu le règlement
intérieur daté du 18 avril 1986.
45
Revoir la note de bas de page relative à la création des 7 villages voltaïques.
11
114 Annexes
• Voilà, je suis donc le président du conseil national des Burkinabè de Côte d’Ivoire. Le
conseil national existait même avant les indépendances. Nos parents, les premiers
Voltaïques à l’époque qui sont arrivés là, je peux citer des noms comme Boniface
Ouédraogo ancien maire de Koumassi, Ablassé Ouédraogo ancien ministre46, donc
ces hautes personnalités de la communauté burkinabè avaient déjà à l’époque
créée une association qu’on appelait UFVOCI (Union fraternelle des Voltaïques de
Côte d’Ivoire) qui représentait en tout cas tous les Voltaïques de l’époque. Et c’est
au fur des générations qu’on a changé de dénomination parce qu’on s’est rendu
compte qu’il y avait le Conseil malien, il y avait le Conseil togolais, il y avait le
Conseil sénégalais, etc. Il fallait qu’on trouve aussi, qu’on change de nom. Et c’est
ainsi qu’on a donné le nom de Conseil national des Burkinabè de Côte d’Ivoire, que
je préside aujourd’hui.
• Date de création ? Je ne la connais pas (…). Mais je peux vous dire que le premier
président du Conseil national des Burkinabè de Côte d’Ivoire, c’est Aladji (El Hadj)
Gougnan décédé l’année dernière en 2012. Donc le 12 octobre dernier nous avons
tenu une assemblée générale c’est là que j’ai été porté à la tête de ce Conseil
national des Burkinabè de Côte d’Ivoire.
• Donc, nous pouvons dire que tous les documents sont déposés, déjà on a un
récépissé qui nous permet de fonctionner en attendant qu’on ait vraiment
l’agrément. C’est donc une association qui est reconnue par le ministère de
l’Intérieur.
46
Correction par le consultant: ces deux personnes ne sont pas les premiers Voltaïques en Côte d'Ivoire ; ce sont les noms
donnés par la première version qui sont justes.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
115
Doyen : Je suis arrivé ici en 1990, mais il y avait déjà des Burkinabè ici, 10 ans avant moi.
Nous avons créé l’association, car les gens devenaient de plus en plus nombreux. Un jour,
on a échangé sur l’idée de créer un cadre où nous pouvons nous retrouver ensemble, car
ce serait mieux pour tout le monde. Tout le monde a approuvé l’idée, mais il a fallu que
l’on se retrouve au moins trois fois à la station à côté. La rencontre s’est tenue dans cet
espace public et a réuni au moins une vingtaine de personnes et le principe a été arrêté.
Mais nous avons dû attendre entre 6 mois et un an avant d’avoir un président. Moi, je
me disais juste le doyen. Le jour de cette rencontre décisive, nous étions autour de cent
personnes. On a mis tous les postes du bureau en place et il restait celui de président.
Les gens ont fini par me proposer président d’honneur, j’ai accepté. Notre association
avait pour nom Union des Burkinabè de Milan et de sa Province. C’était en 2004. Mais
l’existence informelle remontait à plus d’un an auparavant. J’ai fait trois mandats et j’ai
demandé de me remplacer, ce qui fut fait.
En fait, je suis arrivé à Rome en 1986. Burkinabè, nous étions alors huit, tous Bissa, dont
quatre Bansé et quatre Bara. Nous avions, dès ce moment, voulu créer une association
et l’avons fait, en deux groupes séparés, les Bansé et les Bara.
Pour la première association créée à Milan, je n’ai pas voulu que ce soit une affaire de
groupe ethnique de Bissa. A l’époque étaient déjà à Milan, des Mossé, des Samos, des
Dafing, des Bobos47, etc., mais en des nombres beaucoup plus petits (2, ou 3, ou 4).
C’était évident que chacun de ces groupes ne pouvait pas créer une association à part.
Et comme nous sommes tous des Burkinabè, il fallait que l’association regroupe tous
les Burkinabè présents à Milan comme dans les autres communes de la Province. Voilà
d’ailleurs pourquoi nous avons donné le nom en englobant la province. Par ailleurs, les
missions du pays qui commençaient à venir ici venaient pour tous les Burkinabè, comme
ce fut le cas de la visite du Chef de l’Etat le 30 septembre 2004.
Le doyen, président en exercice, précise que lui a d’abord vécu à Naples et est arrivé à
Milan en 2000. Il a vite été d’accord pour la création de l’association, parce que vivant à
l’étranger et venu du même pays ou de la même région et ne pas se connaître et pouvoir
se rechercher, ce n’est bon pour personne. Et comme les gens devenaient de plus en plus
nombreux, il fallait vraiment créer cette association. Et elle regroupe tous les Burkinabè
de la Province quels que soient l’âge, le sexe, la religion, etc., donc tous les hommes,
toutes les femmes, tous les jeunes, tous les vieux.
47
Groupes sociaux (ethnies) du Burkina Faso.
11
116 Annexes
Le délégué CSBE, vice-président, est arrivé à Milan depuis 1991. Il explique pourquoi dans
la majorité des cas, les gens font d’abord le séjour de Naples. La majorité des Burkinabè
arrivent en Italie dans le statut de clandestins, sans les documents règlementaires. À
Naples, ils peuvent, dans ce statut, trouver facilement du travail comme manœuvres
dans les usines, les ateliers, les champs de tomates, tout en recherchant les papiers
qui permettent de régulariser leur situation. Et dès que ces documents sont obtenus,
tous décident de rejoindre le Nord du pays, plus industrialisé et où tous les droits du
travailleur sont respectés : ils ont le même niveau de rémunération que l’Italien de la
même catégorie, ils peuvent « monter » en ancienneté et en grade selon leur niveau de
compétence et de sérieux au travail. Voilà pourquoi les gens vous citent souvent d’abord
le séjour dans la région de Naples, mais sont plus nombreux dans le Nord parce que c’est
là que tout le monde veut venir.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
117
Je suis le président de l’Association pour le développement du Burkina Faso (ADB) qui a été
créée depuis 1974. Il y avait une seule association nommée« Association des travailleurs
burkinabè (ATB) ». Mais, celle-ci ne répondait plus à notre attente. Cette association était
celle qui regroupait tous les Burkinabè. Elle a connu des séquences dramatiques. Malgré
cela, nous n’avons pas voulu nous laisser disperser et avons créé une association qui
puisse nous aider à nous en sortir. Cette association que nous avons créée, c’est pour
répondre à nos besoins ici : s’insérer dans la société et pouvoir retourner et faire ce
qu’on peut au pays. Depuis sa création, je suis le 2e président. On a pu faire des soirées
pour regrouper les Burkinabè comme les Africains pour des fêtes, pour récolter l’argent
et pouvoir faire quelque chose. On a trouvé qu’en faisant des soirées, il y a beaucoup de
dépenses d’énergie on ne fait pas de grandes choses pour aider les gens du pays. Donc
maintenant on essaye de voir d’autres organismes pour qu’ils puissent nous financer
pour qu’on aide notre pays.
Les rapports avec les autres ? Tout le monde essaie de travailler pour le Burkina, mais
ce n’est pas dans les mêmes endroits. Il y a beaucoup d’associations. Tout le monde a
des projets, mais tout le monde n’a pas de compétences à faire des projets. L’Union
des associations des Burkinabè les accompagne pour réaliser leurs projets. Les autres
associations sont comme la mienne ; on a beaucoup de projets, mais on n’a pas
de compétences. Mais on avait des projets avec l’UABF qui est venue renforcer les
associations.
L’Union des associations de Burkinabè en France (UABF) a été créée en 2004 dans le cadre
du programme du ministère de la Coopération de l’époque. Il a fait faire au préalable
un travail de sensibilisation pour permettre à la diaspora africaine de pouvoir participer
au développement de leur pays d’origine. Donc ils ont estimé qu’il était souhaitable de
regrouper tout ce qui est structure de base qu’elles aient une fédération nationale. C’est
pour cela que nous avons initié les concertations au niveau de la diaspora burkinabè pour
qu’on puisse s’entendre puisque ça existe pour la plupart des pays (Mali, Sénégal, etc.).
D’ailleurs quand vous regardez le logo de l’UABF vous y voyez une abeille, parce qu’une
seule abeille ne peut pas faire du miel. Donc on a mis un an pour mettre cette structure
ensemble et par ma modeste personne qui a été mise à la tête de ça.
11
118 Annexes
Alors ceux qui sont en province sont tous dans cette plaquette (FORIM). La spécificité de
l’UABF est que les associations qui sont en province y sont, avec toute leur autonomie.
Elles ont toutes leur indépendance, elles travaillent comme elles l’entendent, mais on
se concerte quand même. Si elles ont des évènements, elles nous informent (…). On se
met à travailler pour accompagner les porteurs de projets. A la création, nous étions 23
membres adhérents. Aujourd’hui, nous avons 3 ou 4 qui sont entrain de nous rejoindre.
A l’époque, le ministère des Affaires étrangères aussi a créé le FORIM et pour en être
membre, les structures associatives de base ne peuvent pas adhérer directement, mais
plutôt les associations fédératives nationales. Donc c’est à travers l’UABF qui représente
le Burkina au sein du FORIM et nous en sommes d’ailleurs administrateur.
Note : Le FORIM (Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations) est une plateforme nationale
française regroupant des réseaux, fédérations et collectifs d’Organisations de solidarité internationale (OSIM),
identifiées sous des noms de FOSIM et COSIM dans un répertoire officiel contenant, pour sa deuxième édition de
2012, 353 associations regroupées par nationalité, de tous les continents. L’ATBP du Burkina Faso y a listé au moins
21 associations purement nationales, mais figure dans 4 autres associations comportant d’autres pays. L’éditeur
de cette brochure précise qu’elle présente des OSIM « engagées en faveur du mieux-vivre ensemble, ici en France,
ainsi que pour le développement des pays d’origine. Il propose de mieux vous faire connaître les associations et de
partager la diversité de leurs pratiques et encourager ainsi les coopérations entre les OSIM et les autres acteurs et
actrices du développement national et international » (FORIM, 2012, page de couverture).
Il convient de signaler que la Mairie de Paris a également créé « La Maison des Associations »
dans chacun des 20 arrondissements. Véritables carrefours des associations parisiennes
et centres de ressources, ces 20 maisons ont inscrit plus de 7000 associations, pour les
« accueillir », les « informer », « faciliter la vie quotidienne et leur engagement », les
« conseiller et les accompagner ».
L’ATBP a été créée le 5 mars 1982 et c’est la première association des travailleurs
burkinabè en France puisqu’avant ça, il n’y avait pas d’association des travailleurs. Des
associations estudiantines existent depuis les années 50 sous l’appellation de l’association
des étudiants voltaïques en France (AEVF). Je ne parle pas de cette migration, mais
plutôt des travailleurs qui ont commencé à arriver ici depuis les années 60, après les
indépendances, et beaucoup sont arrivés de la Côte d’Ivoire essentiellement par bateau.
A l’époque, la carte d’identité suffisait pour débarquer ici. Il faut dire que les premiers
Burkinabè à arriver ici ont vu la construction de l’ambassade ; et ils sont toujours là, mais
à la retraite. Cette association réunit tous les Burkinabè qui souhaitaient se regrouper.
Elle est née à la suite du décès d’un Burkinabè qui a fini à la fausse commune. Cela a été
un choc au niveau de la communauté. Les gens se fréquentaient par petits groupes ; il
n’y avait pas de structure fédérative. C’est quand il y a eu ce décès qu’ils se sont dits: : “Il
faut faire quelque chose, il faut se regrouper, il faut créer une association” et c’est ainsi
qu’est née l’association. Ainsi donc, les associations se sont créées par-ci, par-là, mais
essentiellement régionales (association de Kadiogo, du Yatenga, etc.).
Les listes dépassées ? C’est normal. Pour tout vous dire, la liste que l’ambassade a envoyée
au pays n’est pas à jour. C’est moi qui vous le dis. C’est une liste qui a été établie depuis
le temps de l’ambassadeur P.-S. C’est vrai qu’il y a eu un certain temps, on n’avait pas
d’ambassadeur jusqu’à l’arrivée de l’actuel premier ministre. Mais la liste est restée telle
quelle. Après lui est arrivé l’ambassadeur J.P. et lui n’a même pas eu le temps de travailler.
Note : La différence de date entre 1974 et 1982 pour la création de l’ATBP pourrait simplement représenter respectivement
les phases informelle et officielle de son existence.
11
120 Annexes
Années /
Motifs de 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Total
l’immigration
Adoption 2 1 1 1 1 1 1 8
Garde 3 5 9 12 21 21 12 83
Asile politique 22 34 39 76 84 93 100 448
Assistance
mineurs
1 2 1 2 6 6 18
(dl 8.1.07 n.5
art.2 c6)
Chercheur
- - 2 8 4 6 20
d’emploi
Activité sportive - - 1 - - - - 1
Soins 5 6 5 4 5 3 2 30
Emploi, cas
particuliers (art. - - - - 1 1 1 3
27 t.u.i.)
Emploi salarié 2 860 2 746 3 664 4 696 5 638 5 448 5 434 30 486
Emploi stagiaire - - 79 1 - - - 80
Emploi salarié/
24 30 117 77 196 206 346 996
Cherche emploi
Mineurs (art. 28
1 4 6 3 20 5 4 43
dpr. 394/99
Mission - - 1 - - - - 1
Famille Mineur
- 14 66 70 61 79 - 290
Age 14/18
Travail
82 36 + 79 74 92 112 132 193 685
autonome
Raison de
3 1 2 1 1 2 1 11
justice
Raisons d’étude 15 23 37 58 69 57 54 313
Raisons
2 018 2 145 2 896 3 463 4 045 4 091 4 378 23 036
familiales
Raisons
79 76 109 123 148 180 180 895
religieuses
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
121
Années /
Motifs de 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Total
l’immigration
Raisons
humanitaires
(art. 11 lett. - 43 65 97 128 313 219 865
c-ter d.p.r.
394/99)
Raisons
humanitaires
55 - - 1 20 13 - 89
(art.5 C6d.l.VO
286/98
Raisons
humanitaires
1 5 2 - 1 - 8 17
(art.18 d.l.
286/98)
Raisons
humanitaires
- - - - 20 - 146 166
(art.32, c3 d.l.vo
25/08
Raisons
humanitaires
- - - - - 58 226 284
Provenance
Afrique du Nord
Raisons
humanitaires (l.
- 1 - - 4 4 2 11
31/7/2005 nr.
155)
Protection
subsidiaire 138 +
- 41 128 162 129 171 631
(art.17 d.l.vo 101
251/07
Résidence - 2 3 5 - 4 4 18
Demande asile 6 108 61 28 280 30 - 513
Demande
asile attitiva-
1 41 140 88 241 225 21 757
lavorativa art ?
11 d.l
Exploitation
- - - - - 7 5 12
dans l’emploi
Total 5 178 5 328 7 506 9 062 11 233 10 983 11 520 60 810
Source : Ministère italien de l’Intérieur, janvier 2014, Mission de terrain, OIM 2014.
11
122 Annexes
Transferts
Zones % Transferts émis % Soldes
reçus
Total UEMOA 21 123 793 586 35 581 14 854 212 802 43 020 6 269 580 784
Don Côte 14 714 406 748 24 785 6 072 108 180 17 586 8 642 298 567
d’Ivoire
Total CEDEAO 1 527 575 757 2 573 1 982 659 333 5 742 -455 083 576
hors UEMOA
CEMAC 5 938 143 595 10 002 702 308 713 2 034 5 235 834 873
MAGHREB 1 224 551 628 2 063 805 949 624 2 334 418 602 004
Autres pays 1 770 909 0 003 6 148 635 0 018 -4 377 726
d’Afrique
Total pays 29 953 277 054 50 454 18 419 137 653 53 344 11 534 139 401
d’Afrique
Total pays 14 576 469 740 24 553 5 937 597 724 17 196 8 638 872 017
d’Europe
Don total zone 14 112 211 878 23 771 5 799 471 654 16 796 8 312 740 224
euro
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
123
Transferts
Zones % Transferts émis % Soldes
reçus
Don France 7 166 574 122 12 071 2 511 128 845 7 273 4 655 445 276
Don Italie 4 208 212 580 7 088 826 153 396 2 393 3 382 059 184
Total Amérique 3 724 186 176 6 273 1 629 315 257 4 719 2 094 870 919
Total Asie 6 011 878 885 10 126 3 219 010 376 9 323 2 792 868 510
Autres 5 102 185 145 8 594 5 323 897 338 15 419 -221 712 193
Total général 59 367 997 001 100 000 34 528 958 346 100 000 24 839 038 654
Source : DGTCP, août 2013, annexe 10, page 36, août 2013, annexe 10, page 34. Mission OIM, 2013.
Note sur les tableaux 4.1 et 4.2 :
C’est lors d’une rencontre entre les services techniques de la DGTCP et ceux de la BCEAO en juin 2013 que des
recommandations de rencontres faites depuis 2006 ont été actualisées, en attendant d’être avalisées par les instances de
la BCEAO et régir l’exercice du métier de transfert d’argent. Trois niveaux d’acteurs :
- les banques intermédiaires agréées en leur qualité d’intermédiaires chargés d’exécuter les opérations financières avec
l’extérieur, au nombre de 12 en 2012, mais dont 5 ont déclaré ne pas avoir de sous-agents ;
- les opérateurs spécialisés offrant des plateformes de réseaux : 2 (Western Union : 2012 : 82 % des transferts reçus,
73 % des transferts émis) et Money Gram 2012 :18 % des transferts reçus, 27 % des transferts émis) ;
- les sous-agents des banques intermédiaires agréées : 217 en 2012, dont 47 % ont communiqué les résultats de leurs
activités, bases des présents chiffres livrés.
124
11
4.3. Tableau des volumes et des valeurs des transferts effectués par Quickcash pour le Burkina Faso, entre 2011 et 2013
Annexes
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Décembre
Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Décembre
2011 74 345 030 155 600 300 249 084 718 509 184 480 962 037 100 1 065 551 960
2012 981 153 203 737 394 920 484 272 940 482 594 190 652 918 880 604 096 665 486 868 280 480 587 660 730 647 210 1 149 064 020 1 513 575 920 1 890 176 930
2013 1 963 530 810 1 359 837 050 946 908 940 887 331 090 940 069 984 934 551 838 927 778 027 646 475 578 1 142 402 954 2 434 719 349 3 107 471 508
Source : Statistiques et évolution de l’activité de Quickcash, Abidjan, décembre 2013. Mission OIM, 2013.