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Etude Sur La Diaspora Burkinabe FR

Cette étude examine la diaspora burkinabè au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, en Italie et en France, en mettant l'accent sur son historique, ses associations et leur impact sur le développement. L'OIM soutient que des migrations ordonnées peuvent bénéficier à la fois aux migrants et à la société d'accueil. Le rapport final, rédigé par le professeur Ram Christophe Sawadogo, vise à alimenter des actions concrètes pour le développement du Burkina Faso et de sa diaspora.

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Etude Sur La Diaspora Burkinabe FR

Cette étude examine la diaspora burkinabè au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire, en Italie et en France, en mettant l'accent sur son historique, ses associations et leur impact sur le développement. L'OIM soutient que des migrations ordonnées peuvent bénéficier à la fois aux migrants et à la société d'accueil. Le rapport final, rédigé par le professeur Ram Christophe Sawadogo, vise à alimenter des actions concrètes pour le développement du Burkina Faso et de sa diaspora.

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ETUDE SUR LA

DIASPORA
BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire,
en Italie et en France
L’OIM croit fermement que les migrations ordonnées, s’effectuant dans des conditions
décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisme
intergouvernemental, l’OIM collabore avec ses partenaires de la communauté internationale en
vue de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions
de migration, d’encourager le développement économique et social grâce à la migration et de
promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien-être des migrants.

Les opinions et les analyses exprimées dans le présent ouvrage ne reflètent as nécessairement les
vues ou les politiques officielles de l’Organisation internationale pour les migrations ou celles de
ses Etats membres.

Editeur : Organisation internationale pour les migrations


Ouaga 2000,
Nouveau secteur 5, Zone A
01 BP 6067 Ouagadougou
Burkina Faso
Tel. : +226 50 37 69 58
Courrier électronique : [email protected]
Site web : www.iom.int

Couverture : Un monument situé à Ouagadougou. Son nom français est Bataille du rail mais en
Moore (langue locale) signifie “vous ne serez jamais perdu ici”.

Cette étude n’a pas été revue par les services d’édition de l’OIM.

© 2016 Organisation internationale pour les migrations (OIM)

Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle de la présente publication est interdite
sans autorisation écrite préalable de l’éditeur. Elle ne peut être, ni enregistrée dans un système
d’archives, ni transmise par voie électronique ou mécanique, par xérographie, par bande
magnétique ou autre.

39_16
ETUDE SUR LA
DIASPORA
BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire,
en Italie et en France

(Rapport final)

Représentation au Burkina Faso


Bureau de Ouagadougou
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
iii

Remerciements

La représentation de l’Organisation internationale pour les migrations du Burkina Faso


exprime sa gratitude à tous ceux dont la contribution technique a permis la réalisation
de cette étude.

Ses remerciements vont également à l’endroit des autorités burkinabè, au premier


chef desquels le Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération Régionale et des
Burkinabè de l’Extérieur, des autorités diplomatiques et consulaires des pays visités
(Côte d’Ivoire, Italie et France), leurs collaborateurs, leur personnel et toutes les
altruistes volontés qui, durant les recherches de terrain, ont apporté un appui fort utile
au consultant. Elle témoigne de sa gratitude à tous les responsables des associations de
la diaspora burkinabè qui ont sacrifié de leur temps précieux pour partager les données
sur leur cadre de vie, de travail et de solidarité, sans omettre les Chefs de Bureau de l'OIM
des Pays respectifs et leurs collaborateurs, les autorités politiques et administratives,
les services publics et privés attachés à la gestion des associations étrangères. La
représentation de l’OIM au Burkina Faso tient à étendre ses vifs remerciements au Fonds
de l’OIM pour le développement dont le financement et l’accompagnement technique
n’ont été que d’une utilité salutaire à la réalisation de la présente étude.

Enfin, en tant que première étude sur la diaspora burkinabè, le Bureau pays de l’OIM au
Burkina Faso formule le vœu que cette analyse puisse faire à la fois l’objet d’une mise à
jour, d’une extension à plusieurs autres pays et surtout que ces résultats alimentent des
actions concrètes en faveur du développement du Burkina Faso et de sa diaspora.

Cette étude a été réalisée par le professeur Ram Christophe Sawadogo, Consultant.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
v

Table des matières

Liste des tableaux............................................................................................................ vii


Listes des graphiques....................................................................................................... ix
Liste des cartes................................................................................................................. ix
Sigles et abréviations......................................................................................................... x
Glossaire des concepts de base........................................................................................ xi

1. Contexte, objectifs de l’étude et plan de l’ouvrage...................................................... 1

2. Problématique : cadre théorique et revue de la littérature......................................... 7


2.1. La problématique.................................................................................................. 9
2.2. Contribution de la littérature existante............................................................... 10

3. Méthodologie............................................................................................................ 15
3.1. L’échantillon de terrain.................................................................................... 17
3.2. Les techniques et les outils de collecte des données ..................................... 21
3.3. L’organisation du travail de terrain et les insuffisances des cadres
de référence ................................................................................................... 24
3.4. Le traitement des données ............................................................................. 25

4. Historique d’implantation de la diaspora et les associations


de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude................................. 27
4.1. L’historique d’implantation de la diaspora burkinabè dans
les trois pays d’accueil..................................................................................... 29
4.2. Les compilations de statistiques et caractéristiques socioéconomiques
de la diaspora burkinabè des trois pays d’accueil de l’étude.......................... 31

5. La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel........... 39


5.1. La création des associations : dates, envergure, dénomination,
sens de l’organisation...................................................................................... 41
5.2. Les raisons de création des associations, les objectifs
et les domaines d’activités.............................................................................. 44
5.3. Etat de reconnaissance et d’enregistrement des associations de la
diaspora burkinabè, leurs zones d’implantation et leur envergure................. 47
5.4. Le croisement des associations entre les pays d’implantation
et les objectifs................................................................................................. 51

6. Les associations de diaspora et leurs composantes internes..................................... 53


6.1. Place du genre et de la jeunesse dans les associations
de la diaspora burkinabè................................................................................. 55
6.2. Cas particuliers des élèves et des étudiants dans la situation
de la diaspora burkinabè................................................................................. 58
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
vi au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France

7. Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations...... 63


7.1. Relations avec la représentation diplomatique et consulaire
dans le pays d’accueil et appréciations des prestations de services................ 65
7.2. Relations avec les structures du pays d’origine, perception
de son développement.................................................................................... 67
7.3. Perceptions des rapports avec les structures des pays d’accueil..................... 73

8. La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain.................. 75


8.1. Les actions de solidarité et de soutien aux membres des associations........... 77
8.2. Les initiatives de développement simultanées pour les pays
d’accueil et d’origine........................................................................................ 79
8.3. La connaissance et les appréciations de mesures du pays d’accueil
pour faciliter l’investissement au Burkina Faso............................................... 82
8.4. Les transferts monétaires................................................................................ 83
8.5. Les perspectives de réseaux pour renforcer la contribution au
développement du Burkina Faso..................................................................... 84

9. Conclusions et recommandations : La diaspora burkinabè pour un


co-développement durable et partagé...................................................................... 87
9.1. Préliminaires.................................................................................................... 89
9.2. Constatations et recommandations................................................................ 89
9.3. Epilogue : Résultats de l’atelier de restitution des résultats
de la présente étude....................................................................................... 95

10. Références bibliographiques...................................................................................... 97

11. Annexes ................................................................................................................. 111


Annexe 1 : Historique de l’implantation des associations de
Burkinabè en Côte d’Ivoire.................................................................. 113
Annexe 2 : Historique de l’implantation des Burkinabè en Italie.......................... 115
Annexe 3 : Historique de l’implantation des associations de
Burkinabè en France............................................................................ 117
Annexe 4 : Motifs d’immigration des Burkinabè en Italie, sur la
période du 31 décembre 2007 au 31 décembre 2013......................... 120
Annexe 5 : Les transferts monétaires liés aux migrations...................................... 122
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
vii

Liste des tableaux

Tableau 1 : Effectifs d’entretiens réalisés par pays et par types


d’association de diaspora....................................................................... 22
Tableau 2 : Etat des fiches spécifiques de renseignements sur la base
de textes administratifs obtenus (statuts, règlement intérieur,
procès-verbal d’assemblée constitutive, récépissé)............................... 23
Tableau 3 : Flux d’immigrés burkinabè en Italie entre le 31 décembre 2007
et le 31 décembre 2013......................................................................... 32
Tableau 4 : Flux d’immigrés burkinabè en Italie en situation irrégulière,
entre 2007 et 2013................................................................................. 32
Tableau 5 : Flux d’entrée de Burkinabè en France, ayant bénéficié
de la carte de séjour, entre 2009 et 2012.............................................. 33
Tableau 6 : Admissions à la carte de séjour, en France, selon les
catégories de candidats, de 2009 à 2011............................................... 34
Tableau 7 : Motifs d’admission de Burkinabè en France à travers les
titres de séjour, entre 2009 et 2013....................................................... 35
Tableau 8 : Causes de départ et de retour des migrants burkinabè......................... 36
Tableau 9 : Etat du nombre d’associations de diaspora dans les
trois pays extérieurs de l’étude.............................................................. 41
Tableau 10 : Périodes de création des associations de la diaspora burkinabè........... 42
Tableau 11 : Niveau d’envergure des associations de la diaspora burkinabè............. 43
Tableau 12 : Principaux objectifs des associations de la diaspora burkinabè............. 45
Tableau 13 : Domaines d’intervention des actions de la diaspora burkinabè............ 47
Tableau 14 : Etat de reconnaissance des associations (possession et récépissé)....... 48
Tableau 15 : Etat d’enregistrement des associations de la diaspora burkinabè......... 49
Tableau 16 : Répartition des associations selon le milieu d’implantation.................. 50
Tableau 17 : Les croisements entre les pays d’implantation des associations
et leurs objectifs..................................................................................... 51
Tableau 18 : Les croisements entre les pays et les domaines d’intervention............. 52
Tableau 19 : Place des femmes dans les associations de la diaspora burkinabè........ 55
Tableau 20 : Place des jeunes dans les associations................................................... 57
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
viii au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France

Tableau 21 : Valorisation du pays d’origine par les associations................................ 60


Tableau 22 : Contribution de la formation au développement du Burkina Faso........ 61
Tableau 23 : Relations avec la représentation diplomatique
dans le pays d’accueil............................................................................. 66
Tableau 24 : Appréciation, par la diaspora, des prestations de services
des ambassades et des consulats dans les trois pays de l’étude............ 66
Tableau 25 : Relations des associations de la diaspora burkinabè avec
les structures administratives et associatives........................................ 68
Tableau 26 : Difficultés rencontrées par les associations et les migrants................... 70
Tableau 27 : Appréciation de l’implication de la diaspora au
développement du Burkina Faso........................................................... 71
Tableau 28 : Appréciation des rapports avec les structures des pays d’accueil.......... 74
Tableau 29 : Modalités d’accompagnement des membres des associations
de diaspora burkinabè dans l’investissement au Burkina Faso.............. 78
Tableau 30 : Activités organisées par les associations de migrants
dans le pays d’accueil............................................................................. 80
Tableau 31 : Actions menées pour le développement du Burkina Faso..................... 81
Tableau 32 : Autres réalisations de migrants individuels
et leur domaine d’investissement.......................................................... 81
Tableau 33 : Perspectives de mise en place de réseaux dans le pays d’accueil.......... 86
Tableau 34 : Perspectives de mise en place de réseaux dans le pays d’origine.......... 86
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
ix

Listes des graphiques

Graphique 1 : L’Etat des fiches spécifiques de renseignements sur la


base de textes administratifs obtenus................................................... 23
Graphique 2 : Périodes de création des associations de la diaspora burkinabè........... 42
Graphique 3 : Répartition des associations selon leur envergure................................ 43
Graphique 4 : Reconnaissance des associations (Possession de récépissé)................. 48
Graphique 5 : Etat d’enregistrement des associations de la diaspora burkinabè......... 49
Graphique 6 : Répartition des associations selon le milieu d’implantation................. 50
Graphique 7: Place des femmes dans les associations de la diaspora burkinabè....... 56
Graphique 8 : Valorisation du pays d’origine par les associations................................ 60
Graphique 9 : Relations des associations de la diaspora burkinabè avec
les structures administratives et associatives........................................ 69
Graphique 10 : Difficultés rencontrées par les associations et les migrants.................. 70
Graphique 11 : Implication de la diaspora dans les options de développement............ 71
Graphique 12 : Modalités d’accompagnement des membres dans
l’investissement au Burkina Faso........................................................... 78

Liste des cartes

Carte 1 : Localisation des associations de la diaspora burkinabè


rencontrées en Côte-d’Ivoire................................................................. 18
Carte 2 : Localisation des associations de la diaspora burkinabè
rencontrées en Italie.............................................................................. 19
Carte 3 : Localisation des associations de la diaspora burkinabè
rencontrées en France........................................................................... 20
Carte 4 : Localisation des associations de la diaspora burkinabè
rencontrées au Burkina.......................................................................... 21
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
x au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France

Sigles et abréviations

ADP Assemblée des députés du peuple (Burkina Faso)


BAD Banque africaine de développement
BCEAO Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CAP Comité d’action publique (France, Poitou-Charentes)
CEDEAO Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CEMAC Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
CSBE Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Etranger/vivant à l’Etranger
DGTCP Direction générale du trésor et de la comptabilité publique (Burkina Faso)
HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
IDH Indice du développement humain
INSD Institut national de la statistique et de la démographie
IRD Institut de recherche pour le développement
ISSP Institut supérieur des sciences de la population (Université de
Ouagadougou)
ISTA Institut italien de statistiques et de démographie
MIIIDA Mouvement international pour l’immigration et l’intégration de la diaspora
Africaine (Abidjan)
OCDE Organisation de coopération et de développement économiques
OIM Organisation internationale pour les migrations
ONG Organisation non-gouvernementale
ORSTOM Office de la recherche scientifique et technique d'outre-mer
OSIM Organisations de solidarité issues de l’immigration (France)
REMUAO Réseau migration et urbanisation en Afrique de l’Ouest
SCADD Stratégie de croissance accélérée pour le développement durable
SIAMO Syndicat inter-professionnel d’acheminement de la main-d’œuvre
SNC Semaine nationale de la culture (Burkina Faso)
TDR Termes de référence
UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
xi

Glossaire des concepts de base

Capital humain
La théorie micro-individuelle, basée sur la prise de décision, a dû, dans les déterminants,
prendre en compte les coûts et les bénéfices, donc les effets de la migration, dont le
« retour sur investissement ». La notion de capital humain, forgée pour contourner la
difficulté d’estimer correctement ces bénéfices, est ainsi justifiée : « il est particulièrement
utile d’employer le concept de capital humain et d’envisager les migrations, la formation
et l’expérience comme des investissements dans le facteur humain (...). Les migrations
ne peuvent être étudiées isolément, les investissements complémentaires dans le
facteur humain sont probablement aussi, sinon plus importants que le processus de
migration lui-même. » (Sjaastad, 1961, cité par Piché, 2013 : 20). C’est, au demeurant,
cette compréhension extensive qu’en donne Bernard Gazier pour qui « on peut définir
le capital humain comme l’ensemble des capacités productives d’un individu (ou d’un
groupe), incluant ses aptitudes opératoires au sens le plus large: connaissances générales
ou spécifiques, savoir-faire, expérience... » (Gazier, 1992 : 193).

Capital social
Les trajectoires migratoires qui peuvent intervenir dans le cheminement d’un candidat
à la migration (tant la décision sur son lieu de destination que celle pour l’itinéraire
géographique à suivre, l’identité des personnes qui vont assurer son accueil, les
conditions pour trouver les premiers emplois, ou encore les étapes migratoires à suivre)
sont fonction du réseau social du candidat, c’est-à-dire l’ensemble des personnes
connues de lui ou de ses proches et qui sont susceptibles de donner des avis utiles ou
de faire des contributions diverses pour le succès de sa migration. Quand il s’agit d’un
migrant déjà installé, les composantes de ce réseau social prennent en compte toutes les
relations humaines qu’il a pu ou su tisser autour de lui, de sorte que lorsqu’un évènement
important intervient dans sa vie, ces personnes sont en mesure d’en faciliter l’avènement
ou d’en modifier le cours. Ainsi assistée, soutenue et protégée, la personne a plus de
chances de réussir sa migration.

Capital migratoire
Alors que le capital humain et le capital social participent des moyens stratégiques
pour réussir une migration, le capital migratoire en est une résultante. Il comprend à la
fois l’épargne monétaire que le migrant a pu accumuler (déjà transféré dans son pays
d’origine ou en voie de l’être), l’ensemble des biens d’équipement qu’il a pu acquérir
et également les qualifications professionnelles et autres savoirs, savoir-faire et savoir-
être acquis durant le séjour de migration, le tout constituant l’ensemble des capacités
dont dispose le migrant (ayant réussi sa migration, les niveaux de cette réussite restant
à évaluer) et susceptibles d’être utiles à des initiatives d’actions de développement en
faveur de son pays d’accueil et surtout de son pays d’origine.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
xii au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France

Diaspora
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) définit la diaspora comme
étant composée « des personnes ou des réseaux, des associations et des communautés,
qui ont quitté leur pays d’origine et qui maintiennent des liens avec leurs patries. Ce
concept couvre les communautés d’expatriés bien installées, les travailleurs émigrés
temporairement, des expatriés avec la nationalité du pays d’accueil et des migrants de
seconde, voire de troisième génération » (Natali, 2014). La définition du Glossaire de
la migration (Perruchoud, 2007 : 20) précise davantage l’aspect de dispersion: « Etat
de dispersion d’un peuple ou d’un groupe ethnique à travers le monde. La notion de
diaspora est fréquemment utilisée dans le but de revendiquer une identité commune
malgré la dispersion du groupe ». Toutefois la dimension historique, les caractéristiques
et les spécificités d’une diaspora sont davantage précisées par d’autres auteurs (voir
appendice).

Pour le moment, prenons en compte les définitions d’autres organisations internationales


comme l’Union africaine (UA) et le Le Forum mondial sur la migration et le développement
(FMMD). Pour la première, ce sont « les personnes d’origine africaine vivant hors du
continent africain, qui sont désireuses de contribuer à son développement et à la
construction de l’Union africaine, quelles que soient leur citoyenneté et leur nationalité ».
Pour le second, c’est « un ensemble d’individus provenant d’un même pays, mais
vivant en dehors de ce pays et qui, quelle que soit leur nationalité, individuellement ou
collectivement, souhaitent ou pourraient souhaiter contribuer au développement de leur
pays d’origine ».

Ainsi, celles de l’UA et du FMMD, loin de contredire celle de l’OIM, la confortent


plutôt, même si chacune précise une préoccupation particulière. Toutefois, toutes ces
organisations travaillant de manière plutôt concertée qu’antagonique, ces trois approches
sont toutes, ici, recevables.

De nos jours, la définition prend également en compte trois aspects, à savoir :


• la conscience et le fait de revendiquer une identité ethnique ou nationale ;
• l’existence d’une organisation politique, religieuse ou culturelle, ou associative, du
groupe dispersé ;
• l’existence de contacts sous diverses formes, réelles ou imaginaires, avec le
territoire ou le pays d’origine (l’intégration d’un groupe diasporé ne signifie pas
l’assimilation dans le pays d’accueil).

Dans ce sens, ces trois aspects se recouvrent et une définition de synthèse serait que la
diaspora est la dispersion des membres d’un peuple1 à travers le monde, vivant au sein
d’un pays autre que celui de naissance ou d’origine des parents biologiques, ayant la
conscience de sa nationalité d’origine, organisée ou cherchant à le faire et entretenant

1
Dans cette proposition, j’ai soustrait la mention de « membres d’une communauté ethnique » (problème des Roms en
Europe), car la fixation d’une telle entité est contraire au projet de construction d’une nation qui anime tout peuple.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
xiii

des relations diverses avec ce pays d’origine. Cette proposition de définition admet
qu’un même pays d’origine a autant de diasporas qu’il a de pays de destination de ses
ressortissants. Au niveau de ce pays d’origine, le souci de maintenir entre ces diasporas
dispersées et lui, des rapports pour diverses raisons soutenues par diverses finalités,
peut conduire les autorités nationales à mettre en place une structure voire une autorité
de contact et de gestion de cette diaspora nationale.

Dans le cas du Burkina Faso, le fait même que la présente étude ait été conduite dans trois
des pays de destination des émigrés burkinabè, dans l’attente de pouvoir couvrir plus
tard d’autres pays de destination, est une illustration de cette pluralité de diaspora pour
un même pays. Par ailleurs, l’existence du Conseil Supérieur des Burkinabè de l’Etranger
(CSBE) illustre également cette volonté politique de conserver le lien avec cette diaspora
nationale et d’en valoriser tout le potentiel de contribution au développement du pays.

Association
Au Burkina Faso, la loi n° 10/92/ADP du 15 décembre 1992 définit l’association et en
précise les conditions de constitution et de reconnaissance. La définition est livrée
par l’article 1 qui stipule qu’« est Association, au sens de la présente loi, tout groupe
de personnes physiques ou morales, nationales ou étrangères, à vocation permanente,
à but non lucratif et ayant pour objet la réalisation d’objectifs communs, notamment
dans les domaines culturel, sportif, social, spirituel, religieux, scientifique, professionnel
ou socioéconomique ». Quelles personnes peuvent constituer une association et existe-
t-il des raisons de le faire ? Comment, par quelle procédure, auprès de quelle autorité
sont reconnues les associations ? L’article 2 énonce que « Les associations se forment
librement et sans autorisation administrative préalable ». Elles jouissent de la capacité
juridique, mais seulement« dans les conditions prévues par la présente loi ». L’article 3 du
chapitre 2 indique les formalités à accomplir, l’article 4 le délai de déclaration à respecter
(huit jours suivant la constitution de l’association), l’autorité auprès de laquelle elle est
recevable (ministère en charge des libertés publiques dans les cas de vocation nationale,
ou autorité administrative compétente dans le cas de compétence locale). L’article 5
précise les pièces constitutives du dossier de déclaration. Les articles 6 et 7 précisent
les délais accordés à l’autorité pour notifier au déclarant l’acceptation ou le refus de
reconnaissance et, à défaut du respect de ce délai, le fait qu’un mois après le dépôt du
dossier de déclaration, le silence de l’autorité est assimilé à un accord de reconnaissance.
Une fois le récépissé obtenu, le bénéficiaire est tenu, dans le délai d’un mois, d’en publier
un extrait dans le Journal officiel du Burkina Faso. Dès lors, l’accès à ses textes de base
(statuts et déclaration) est libre pour toute personne suivant le besoin.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
xiv au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France

Une association a la possibilité, selon ses ambitions et en accord avec le dynamisme


dont peuvent témoigner ses réalisations et ses activités, d’aspirer au statut d’association
d’utilité publique (article 2). Les conditions d’une telle reconnaissance sont précisées par
l’article 11. Cependant, un tel avantage n’est pas acquis pour de bon. Les avantages et les
obligations en sont précisés par les articles 15 et 16, mais l’article 13 affirme que cette
qualité peut être retirée dans les mêmes formes que celles de la reconnaissance.

Une ouverture intéressante de cette loi est celle faite pour ce qui est appelé association
étrangère. Elle peut être également reconnue d’utilité publique (article 18). Ce qui la
caractérise (article 17) est ainsi libellé :
• avoir son siège ou son principal établissement situé à l’extérieur du Burkina Faso ;
• avoir son organe dirigeant essentiellement constitué d’étrangers ;
• avoir 75 % au moins de ses membres fondateurs de nationalité étrangère.

Même si la précision n’est pas faite de savoir si les trois conditions sont cumulatives
ou indépendantes et suffisantes chacune en elle-même, l’on peut penser qu’un
réaménagement de la première condition pourrait ouvrir cette loi aux associations de
la diaspora burkinabè, lesquelles pourraient alors s’en réclamer et se faire reconnaître
comme telles (et même d’utilité publique) par les institutions du pays d’origine. Une telle
opportunité serait véritablement intéressante pour les perspectives de réseau qui seront
évoquées au chapitre 8 du présent rapport d’étude.

La version finale du présent rapport se présentant en mars 2016, mentionnons que


c’est désormais la loi n° 064-2015/CNT portant Liberté d’association au Burkina Faso,
du 20 octobre 2015 qui prévaut. Les préoccupations exprimées sur l’ancienne loi pour
l’ouverture aux associations de la diaspora demeurent et sont en cours d’examen.
1
Contexte, objectifs
de l’étude et plan
de l’ouvrage
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
3

Contexte, objectifs de l’étude et plan de


l’ouvrage

Réputé être un « réservoir abondant de main-d’œuvre » durant la période coloniale,


une « Terre des Hommes » pour sa contribution aux efforts de guerre de la Première et
de la Deuxième Guerre mondiales, le Burkina Faso (ancienne Haute-Volta) a fait l’objet
de très nombreuses études et recherches sur le fait migratoire2. Néanmoins, la présente
recherche, par son objet d’étude, par l’envergure de son terrain et par la diversité des
thèmes abordés, constitue une première du genre au Burkina Faso.

Cette présente recherche a été initiée par le Bureau-Pays de l’Organisation internationale


pour les migrations (OIM) de Ouagadougou, avec l’appui financier du Fonds de l’OIM
pour le développement, dans le cadre du projet de « recherche et de renforcement des
capacités pour une gestion stratégique des migrations au Burkina Faso et de la diaspora
burkinabè ».

Ce projet vise à renforcer les capacités du gouvernement du Burkina Faso pour une
meilleure gestion des migrations et de la diaspora burkinabè. Œuvre conjointe entre
l’OIM et le gouvernement burkinabè, il comporte plusieurs activités dont la réalisation
d’une étude sur la diaspora burkinabè au Burkina Faso et dans trois pays que sont la Côte
d’Ivoire, la France et l’Italie.

Aussi faut-il le rappeler, l’Afrique de l’Ouest est la première région d’accueil des migrants du
continent. Ainsi, les calculs réalisés à partir des recensements de la population montrent
que cette région abriterait 7,5 millions de migrants, originaires pour la plupart d’un autre
pays ouest-africain, soit près de 3 % de la population régionale. Ce taux, en hausse depuis
1990, est supérieur à la moyenne africaine (2 %) et surpasse largement celui de l’Union
européenne qui est de 0,5 % (OCDE, 2007). En fait, dès 1990 le Réseau de recherche
sur les migrations et l’urbanisation en Afrique de l’Ouest (REMUAO) a enregistré 22 000
migrations de l’Afrique de l’Ouest vers l’Union européenne contre 258 000 migrations
entre pays ouest-africains. Lessault et Beauchemin (2009) précisent même que « les flux
vers l’Europe ont été compensés par 6 600 migrations en sens inverse », et concluent
qu’« Autrement dit, un départ sur trois vers l’Europe a été compensé par un retour ».

2
En décembre 2009, Sawadogo recensait au moins 229 références spécifiques au pays et étalait sur plus de 140 pages de
très nombreuses références d'archives historiques y relatives (Sawadogo, 2009a, tome III).
1
4 Contexte, objectifs de l’étude et plan de l’ouvrage

Par ailleurs, les deux principaux organismes de développement sous-régionaux que


sont l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)3 et la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)4 ont inscrit dans leurs textes
fondamentaux (traités et protocoles) le principe de la libre circulation des personnes et
des biens, même si l’application de ces principes reste encore à conforter.

Dans cette perspective, un processus soutenu de volonté politique a abouti5, lors de la


33ème Session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la
CEDEAO tenue à Ouagadougou le 18 janvier 2008, à l’adoption de la Déclaration relative
à une « Approche commune de la migration ». Le plan d’action de cette Déclaration
s’exprime en termes de programmes d’aménagement de l’espace communautaire dont
les résultantes doivent valoriser les potentialités régionales et réduire encore davantage
le taux régional de l’émigration.

Dans le cadre de ce projet, les grandes attentes sont :


• identifier les mécanismes incitatifs de mobilisation et de valorisation des ressources
humaines et financières de la diaspora burkinabè ;
• fournir des éléments pour soutenir la lutte contre la pauvreté à travers la Stratégie
de croissance accélérée pour le développement durable (SCADD).

Ce faisant, la recherche devra ouvrir des voies pour impliquer la diaspora burkinabè dans
la réalisation des objectifs de la SCADD. L’éclairage sur les compétences qu’elle renferme,
les expertises dont elle est porteuse et les moyens financiers disponibles à son niveau
sont des composantes d’un capital migratoire susceptible de contribuer à la satisfaction
des besoins de développement exprimés par les institutions publiques et privées, à
travers leur mise en relation dynamique.

L’objectif général de la recherche est, ainsi, de voir dans quelle mesure des associations
de diasporas sont engagées ou souhaiteraient s’engager dans des actions de coopération
ou d’investissement dans leur pays d’origine, de déterminer leur historique de formation,
leurs modes de structuration, les types d’actions menées, leurs contraintes et attentes,
etc.

3
L’Union économique et monétaire ouest-africaine a succédé, le 1er janvier 1994, à la Communauté économique de
l’Afrique de l’Ouest (CEAO), créée le 17 avril 1973 à Abidjan. Son Accord cadre adopté le 27 octobre 1978 à Bamako,
garantissait le « libre exercice des activités économiques, professionnelles ou sociales » et la libre circulation des
personnes, à cette fin » (Sawadogo, 2002 : 617).
4
Le traité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a été signé à Lagos, le 28 mai 1975 et révisé à
Cotonou le 23 juillet 1993. Son protocole A/P1/5/79, adopté à Dakar le 29 mai 1979, dispose de la libre circulation des
personnes, le droit de résidence et d’établissement, et se donne trois étapes successives totalisant 15 ans pour sa mise
en œuvre progressive (droit d’entrée et abolition des visa, droit de résidence, droit d’établissement) (Sawadogo, 2002 :
617).
5
En effet, c’est dès 2006, lors du 30ème Sommet ordinaire de la CEDEAO, que les Chefs de Gouvernement ont mandaté
la Commission pour définir une approche commune des Etats membres sur la migration. Le Conseil de médiation et
de sécurité de la CEDEAO, réuni le 20 décembre 2006, a réaffirmé cette priorité en demandant au président de la
Commission de « poursuivre la réflexion en vue de la définition d’une approche commune sur la gestion de la migration
intra régionale et vers l’Europe dans toutes ses dimensions ».
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
5

Les objectifs spécifiques en sont :


i) identifier les associations de diasporas dans les pays cibles, engagées ou souhaitant
s’engager dans des actions de coopération avec leur pays d’origine (Burkina Faso) ;
ii) renseigner les actions de coopération des associations de diasporas au Burkina
Faso, y compris les succès, les échecs et leurs causes ;
iii) mettre en relation les associations de diasporas en tant qu’acteurs légitimes et
efficaces du développement ;
iv) favoriser la collaboration entre acteurs de la coopération « classique », ceux du
secteur privé, et les réseaux de diaspora et les institutions publiques et privées.

Comme résultat d’un travail de recherche et après la présentation du travail et de ses


objectifs, le plan de l’exposé se déploie à travers sept chapitres thématiques :
• La problématique et la revue de littérature ;
• La méthodologie : outils de collecte de données de terrain récoltées et de
traitement des données ;
• La diaspora et les associations de diaspora burkinabè: définition, historique
d’implantation dans les trois pays d’accueil de l’étude ;
• La diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude : cadre organisationnel,
• Les associations de diaspora et leurs composantes internes ;
• Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations ;
• La diaspora burkinabè pour un co-développement durable et partagé, les
conclusions et les recommandations.
2
Problématique :
cadre théorique
et revue de la
littérature
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
9

Problématique : cadre théorique et revue de la


littérature

2.1. La problématique
De nos jours, le transnationalisme constitue le modèle dominant dans l’étude des
migrations internationales. Selon ce modèle, l’intégration dans le contexte d’accueil
et le maintien des liens avec le pays d’origine, au lieu d’être incompatibles, se révèlent
complémentaires (Mazzucato, 2005 ; Stocchiero, 2007). Ce faisant, les modèles
classiques qui conçoivent que l’intégration des migrants coïncide nécessairement avec
un affaiblissement des liens avec le pays d’origine, sont remis en question (Alba et Nee,
1997). Avec le « tournant transnationaliste » (Basch, Glick-Schiller et Szanton Blanc,
1992 ; Levitt et Nyberg-Sorensen, 2004), les associations de migrants cessent d’être
envisagées comme de simples médiatrices du processus d’inclusion/intégration dans les
sociétés d’accueil (Cattacin, 2007) et d’établissement de « capital social »6 (Bourdieu,
1980). La diaspora7 et ses associations contribuent activement au développement
socioéconomique des contextes d’origine, dans des domaines tels que la santé,
l’éducation, le développement rural, les infrastructures et la création de petites et
moyennes entreprises (Orozco, 2003). Cet engagement en faveur du pays d’origine se
manifeste également au travers de transferts financiers (Ferro, 2011), sociaux et culturels
(Perrin et Martiniello, 2011), de compétences (Ionescu, Dia et Guissé, 2009), et par un
activisme politique transnational (Østergaard-Nielsen, 2001). Ces dernières années le
phénomène s’est particulièrement intensifié (de Haas, 2012). Par exemple, la Banque
mondiale estime, dans le cas de l’Afrique, que ces contributions sont jusqu’à sept fois
plus importantes que l’aide publique au développement8.

Malgré ce constat, les divers pays de départ se caractérisent par des degrés variables de
prise en compte effective de ce double rôle au niveau de leurs politiques nationales et
locales.

On pourrait donc en déduire que le problème essentiel et global est, à la fois, de pouvoir
mieux connaître le Burkinabè parti en migration dans ses motivations de départ, savoir
ce qu’il a pu obtenir comme emploi ou activité qui contribuent à satisfaire ses attentes
d’une part et, de l’autre, savoir s’il a toujours une pensée, une sensibilité, une volonté
de participer au développement de son pays d’origine et comment il l’entreprend et le
manifeste.

6
« Le capital social est un ensemble de ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à un réseau durable de relations
plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’inter-reconnaissance » (Bourdieu, 1980 : 2).
7
Le terme « diaspora » se réfère, dans la littérature contemporaine, aux groupes ethniques/nationaux transnationaux et
déterritorialisés qui s’engagent, à distance, dans des manifestations d’appartenance quelles que la production culturelle
et l’activation économique, politique et sociale (Sheffer, 2003). Ce terme est de plus en plus souvent utilisé pour indiquer
une communauté migrante manifestant des pratiques transnationales.
8
Migration and development Brief 17, World Bank. Remittance flows to developing countries exceed USD 350 billions in
2011, 14 décembre 2011.
2
10 Problématique : cadre théorique et revue de la littérature

On pourrait alors évoquer quelques cadres théoriques à travers lesquels les chercheurs
positionnent, expliquent et rendent compte de la dynamique migratoire dans son
ensemble.

2.2. Contribution de la littérature existante

Les cadres théoriques récents sur la migration


• La diversité des orientations théoriques des migrations et de leurs effets possibles
invite à éviter de se laisser inscrire dans une seule d’entre elles et, ainsi, permettre
que la collecte des données et leur exploitation se fassent de manière ouverte.

Néanmoins, est ici partagée l’idée qu’une théorie migratoire doit essentiellement remplir
deux fonctions : cerner les causes des migrations d’une part, de l’autre, en appréhender les
effets ; autrement dit, il s’agit d’expliquer pourquoi les gens migrent et dans quelle mesure
la migration atteint ses objectifs (Piché, 2013). Dès lors, deux positions se dégagent : se
positionner du côté de l’individu pour cerner les raisons ou les motifs du départ, les
théories sont alors qualifiées de théories micro-individuelles, ou se centrer sur la société
pour identifier les facteurs sociaux et économiques de la migration, ce sont alors des
théories macro-structurelles. Du point de vue des théories micro-individuelles, la prise
de décision individuelle, en terme de confrontation des coûts et des bénéfices d’une
éventuelle migration, constitue l’élément explicatif majeur du phénomène migratoire.
Les théories macro-structurelles changent de perspectives en se focalisant sur « les
contextes dans lesquels se prennent les décisions migratoires » (Piché, 2013 : 26). Dans
ce cas, on tient compte des éléments de l’environnement (économique, social, politique
et technologique) pouvant affecter les mouvements migratoires.

D’autres approches sont, soit centrées sur le genre, soit basées sur les réseaux sociaux, le
rôle des rapports de genre dans les décisions migratoires et leurs impacts sur la situation
des femmes migrantes, ainsi que la question des migrations féminines autonomes.

De l’analyse des migrations dans les pays en développement a émergé une autre approche
spécifique, celle des « réseaux migratoires » qui dépassent le simple dualisme individu/
société dans l’appréhension des causes des migrations, pour intégrer la famille et le
réseau de parenté, dans une logique où la migration se présente aussi comme « relevant
d’actions collectives et familiales qui relient des migrants et des non-migrants dans un
ensemble de relations qui captent les nouvelles analyses centrées sur les réseaux » (Piché,
2013 : 31). La migration est aussi présentée comme un mode de régulation naturelle
des déséquilibres internationaux. Selon cette approche, les régions les plus développées
absorbent les populations actives désœuvrées des régions les plus pauvres, contribuant
ainsi à les soulager de leur misère en compensant les faibles revenus de ces zones par
les mouvements de fonds (Piché, 2013 ; Guilmoto et Sandron, 2003). Ce mécanisme
s’opère à travers les facteurs répulsifs que l’on rencontre dans les pays de départ (crise,
chômage, faible productivité), et les facteurs attractifs (conditions de vie, salaire élevé,
sécurité sociale) qui caractérisent les pays d’accueil. Quant à la théorie démographique
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
11

elle présente la migration comme un mode d’ajustement de la forte croissance des pays
en développement au relatif déclin des pays industrialisés. Enfin un certain nombre de
théories jugées plus globalisantes s’appuient sur une gamme plus diversifiée de facteurs
pour expliquer le phénomène migratoire. Ces théories « procèdent d’une perspective
historique nourrie des théories de la dépendance, de l’économie-monde ou encore de
la ‘cité globale’ » (Guilmoto et Sandron, 2003 : 23). Ce courant explicatif présente le
phénomène migratoire comme « un des produits les plus manifestes de la violence
historique de la rencontre coloniale » (ibid.). Il considère que la pénétration coloniale
a déstructuré les sociétés et les économies rurales des pays tropicaux, les entrainant
avec brutalité dans le marché des échanges monétarisés, organisant ainsi une forme
de dépendance dans ces économies vis-à-vis de celles des pays industrialisés. Dans
cette logique, la migration est présentée comme une nouvelle forme d’exploitation
internationale des ressources des pays en développement à côté du pillage classique des
ressources naturelles. Face à la paupérisation croissante de ces populations, la migration
se présente comme une stratégie de survie. Un tel jeu, supposé naturel, peut cependant
être modifié par les politiques publiques en matière de migration.

La politique implicite et la politique explicite de migration : cas du Burkina Faso


Dans le contexte des deux premières conférences mondiales sur la population et le
développement (1974 et 1984), la direction régionale de Population Council a commandité
en 1989 une étude sur la politique de migration au Burkina Faso. Les résultats de cette
étude ont préféré attirer l’attention sur la double acception du concept de politique, à
savoir la politique implicite et la politique explicite de migration. La dernière devait, à
l’instar de la conception de l’UNESCO sur la politique de population, être un « ensemble
d’orientations et de mesures mises en œuvre, afin de canaliser et de contrôler directement
les phénomènes (migratoires) dans un État ou une région… » (UNESCO, 1986 : 186). La
première, tout en étant illustrée par des actes officiels, ne comporte pas cet aspect
d’une réflexion globale avec une cohérence interne attestée et des rapports logiques
opérationnels et programmatiques. A l’époque et jusqu’aujourd’hui, seule la première
existe au Burkina Faso ; la deuxième est en cours d’examen et d’adoption par les autorités
compétentes et a reçu la dénomination de « stratégie nationale de migration » du Burkina
Faso, du fait qu’il existe déjà une politique nationale de population, dont la migration en
est une composante.

Les logiques migratoires aujourd’hui dans le monde


Au-delà du contexte national, la gestion des migrations, surtout des migrations
internationales, est régie par un ensemble de textes législatifs et/ou règlementaires,
variables selon les choix politiques et opérationnels décidés par les parties prenantes.
L’observation générale laisse percevoir deux orientations opposées : les politiques
libérales ouvertes et celles de fermeture des frontières. Historiquement, la situation
a évolué de l’ouverture (période de reconstruction et/ou de croissance et recherche
d’une main-d’œuvre pour entretenir le boom industriel) vers la fermeture (période de
récession économique) et le tournant s’est effectué autour des années 1970. En 1976
en effet, « seuls 7 % des Etats, quasi exclusivement des pays développés, considèrent
2
12 Problématique : cadre théorique et revue de la littérature

que le nombre d’immigrés sur leur sol est trop important » (Guilmoto et Sandron, 2003 :
85). Aujourd’hui, ce taux est porté à 44 % des pays développés et 39 % des pays en
développement. Ici se trouve mis en exergue le caractère utilitaire de l’immigration, sans
en occulter les soucis sécuritaires soulevés. Ces orientations ont forgé les expressions de
« migration choisie » et de « migration clandestine » et autres « sans papiers ».

Dans une perspective de concertation et de recherche des meilleures formules pour les
parties prenantes, a pris naissance, en 2006 à Rabat, au Maroc, le « Dialogue Euro-
africain sur la migration et le développement », dénommé « Processus de Rabat ».

• De ce qui précède, l’approche conceptuelle du cadre d’appréhension de l’action du


migrant en matière de participation au développement de son pays d’origine ne se
limitera pas au concept de capital humain et/ou de capital social, mais s’élargira à
celui de capital migratoire.

• De même, la cible des associations de diaspora, privilégiée par les TDR, sera élargie
à l’ensemble des acteurs de la possible et souhaitable valorisation du capital
migratoire. Ceux-ci, outre les associations de migrants au plan global, devront faire
une part explicite aux associations de femmes, de jeunes, d’élèves et d’étudiants,
de la société civile9, aux personnes physiques individuelles et autonomes et enfin
aux structures d’appui aux actions de ces associations (le personnel diplomatique et
consulaire, dans un pays d’accueil, l’ensemble des ressortissants du pays d’origine,
les services administratifs et de recherche du pays d’accueil, les organisations
internationales impliquées dans la gestion de ces migrants, immigrants et réfugiés).

La relation entre la migration et le développement


• Migration et développement. Depuis les décennies 1960 et 1970, la Haute-Volta
survivait grâce aux fonds qui lui provenaient de sa population en situation de main-
d’œuvre dans les colonies ou anciennes colonies plus prospères, dont notamment
la Côte d’Ivoire. Selon les résultats des études de l’Office de la recherche
scientifique et technique outre-mer (ORSTOM), cette manne était évaluée à
environ 3 milliards de francs CFA à partir des recherches sur les migrations en pays
mossi et bissa, en 1972-1973. L’étude sur le secteur de la population, initiée en
1994 par le Burkina Faso et financée par la Banque africaine de développement
(BAD), fut mise à profit pour en actualiser les données. Elle fut ensuite complétée
par une exploitation rétrospective des rapports annuels de la Banque centrale des
Etats de l’Afrique de l’Ouest disponibles sur la période de 1975 à 1991 à l’agence
nationale de Ouagadougou. Sur les 17 années concernées, le solde moyen annuel
(différence entre les entrées et les sorties) était de 22,097 milliards de FCFA, les
chiffres extrêmes allant de 4,409 à 49,299 milliards pour les années 1975 et 1986
(Sawadogo, 1995).

9
Il s’agit ici des organisations de la société civile impliquées dans la défense des droits humains et de ceux des migrants
et des immigrants.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
13

• Sur la base des résultats de cette étude, la Lettre d’intention pour le développement
durable (1995), élaborée par le gouvernement du Burkina Faso, mentionne, pour la
première fois officiellement, les transferts monétaires liés aux migrations, comme
étant l’une des sources de financement des actions de développement du pays.
Des actualisations périodiques ont été successivement réalisées et les chiffres
sont disponibles, pour les années 1969 à 2012 (Sawadogo, 2009d ; BCEAO, 2011).
Le rapport, a priori positif, entre la migration et le développement, semble ainsi
établi pour le cas du Burkina Faso. L’idée d’une rentabilisation du fait migratoire
pour contribuer au développement économique et social demande à être prise en
compte tant pour les pays de départ que pour ceux d’accueil.

• Les migrations comportent d’autres aspects qui accompagnent ou questionnent


le développement. Par exemple, sous l’angle démographique, une étude de la
Banque Mondiale avait déjà établi que « la population de la Côte d’Ivoire, qui,
en 1950, ne représentait que 56 % de celle du Ghana, 75 % de celle du Burkina
Faso, 82 % de celle du Mali, avait, en 1975, augmenté de 69 % de la population du
Ghana, surpassé celle du Burkina et du Mali respectivement de 129 % et de 119 % :
selon les calculs du document de la Banque Mondiale, seule l’immigration a permis
à ce pays de croître de 128 % de plus que sa seule population de 1960 n’aurait pu le
faire » (Rapporté par Sawadogo, 1993). La proportion de la population étrangère,
issue des résultats du recensement général de la population de ce pays (26,03 %,
dont 56 % de Burkinabè), n’est pas étrangère aux crises sociales et politiques qu’il
a connues, depuis l’« année terrible 1999-2000 » jusqu’à la crise post-électorale
de 2010-2011, en passant par les années de la rébellion du 19 septembre 2002
(Le Pape et Vidal : 2002 ; Akindès : 2004). Même en restant sur la forme la plus en
vue actuellement de sa contribution au développement des pays d’origine, que
constituent les transferts monétaires, les débats restent toujours ouverts entre
leurs apports positifs et leurs effets pervers (OCDE, 2007 ; BCEAO, 2011).

Le « co-développement ». Le terme est né dans la sphère politique. Il est très présent dans
les débats sur les relations entre la migration et le développement et notamment dans
les conventions de gestion concertée des flux migratoires entre l’Europe et les pays dits
tiers. Sa définition le diffère de la thématique migration et développement. Elle se fonde
plutôt sur l’action positive des migrants sur le développement de leur pays d’origine. Des
modalités de cette relation sont spécifiées selon la position du migrant dans la relation
de co-développement. Ainsi parle-t-on de co-développement par les migrants pour
designer l’ensemble des pratiques spontanées des migrants en faveur de leurs régions
de départ, de co-développement pour les migrants, se référant au fait que les migrants
sont absents de ces dispositifs, sinon en tant que cible, et enfin de co-développement
avec les migrants pour signifier que les migrants sont souvent associés à leur mise en
œuvre, notamment par le biais de consultation en amont. Cette catégorisation a conduit
à nuancer les conceptions que l’on avait de la migration. Un mouvement intellectuel
s’est ainsi formé pour réclamer la nécessité de « repenser le co-développement », en
démarquant nettement le co-développement vu comme un instrument de contrôle
2
14 Problématique : cadre théorique et revue de la littérature

des flux migratoires, et le co-développement vu comme un cadre de développement,


d’intégration, d’initiatives très diversifiées des différentes communautés de diaspora
étrangères dans le pays d’accueil (cf. en France, l’existence et l’activité des 20 maisons de
diaspora, présentes dans chacun des 20 arrondissements de Paris, qui sont des centres
de rencontres accessibles à toutes les associations de diasporas, aux fins d’informations,
d’échanges, d’animations d’activités interculturelles, de recherches de financements
pour des projets à destination des pays ou des régions d’origine ; cf. en également en
Italie où existent des centres de rencontres des communautés étrangères du même
genre et qui disposent, parmi les responsables des associations de diasporas étrangères,
de conseillers appelés médiateurs culturels, qui sont en charge de toutes les actions
utiles et de communion intercommunautaire pour toutes les catégories de diasporas
étrangères; de même, au début des années 2000, les Nations Unies, souhaitant le
développement pour les pays de départ et d’accueil, soucieuses du respect des droits
et du vécu des migrants, ont promu le co-développement dans le cadre d’une stratégie
« gagnant/gagnant » (Win-Win) à travers les deux fora sur le Dialogue de haut niveau sur
les migrations et le développement et le Forum global sur les migration internationales
(GCIM, 2005).

Au total, cette revue de la littérature aura montré :


• la diversité des approches théoriques de la migration, de ses apports au
développement des pays d’origine et d’accueil, des limites éventuelles ;
• la pluralité des approches conceptuelles des capacités et des formes de participation
des migrants à ce développement.
3
Méthodologie
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
17

Méthodologie

Elle traitera des sujets ci-après :


• l’échantillon de l’étude de terrain ;
• les techniques et les outils de collecte des données ;
• l’organisation du travail de terrain et les insuffisances des cadres de référence ;
• le traitement des données.

3.1. L’échantillon de terrain


L’étude se veut exploratoire, conduite, non pas sur un échantillon statistiquement
représentatif, mais sur une base qualitative. Celle-ci se veut représentative de la diversité
des associations de la diaspora burkinabè dans leurs composantes constitutives au regard
des variables de sexe, de corps de métiers, de niveaux d’envergure clanique, régionale ou
nationale, de répartition et de concentration géographiques dans les pays d’accueil, selon
les spécificités des contextes sociaux, démographiques et socioéconomiques propres à
ces derniers, sans négliger la présence d’individualités physiques autonomes, également
actives dans la contribution de cette diaspora au développement du pays d’origine. Les
cartes élaborées en font les présentations, selon les unités administratives propres à
chaque pays.
3
18 Méthodologie

Carte 1 : Localisation des associations de la diaspora burkinabè rencontrées en Côte d’Ivoire

Source : Fd.carte C.I/geoatlas.fr, août 2014, Réalisation : S.A.M.A.


Carte 2 : Localisation des associations de la diaspora Burkinabè rencontrées en Italie
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
19

Carte 2 : Localisation des associations de la diaspora burkinabè rencontrées en Italie

Source : Fd.carte ITALIE, août 2014, Réalisation : S.A.M.A.

Page 20 sur 93
Carte 3 : Localisation des associations de la diaspora Burkinabè rencontrées en France
3
20 Méthodologie

Carte 3 : Localisation des associations de la diaspora burkinabè rencontrées en France

Source : Fd.carte FRANCE, août 2014, Réalisation : S.A.M.A.


ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
21

Carte 4 : Localisation des associations de la diaspora burkinabè rencontrées au Burkina


Carte 4 : Localisation des associations de la diaspora Burkinabè rencontrées au Burkina

Source : BNDT, août 2014, Réalisation : S.A.M.A.

3.2. Les techniques et les outils de collecte des données


3.2. Les techniques et les outils de collecte des données
Les sources de production des données de l'étude de base ont comporté les approches
Les sources
suivantes : de production des données de l’étude de base ont comporté les approches
suivantes :
 une recherche documentaire : elle a permis la collecte de données couvrant les aspects
• une: recherche documentaire : elle a permis la collecte de données couvrant les
suivants
- les aspects suivants : sociales, démographiques et économiques de la diaspora
caractéristiques
burkinabè dans le pays d’accueil
‚‚ les caractéristiques sociales, ;démographiques et économiques de la diaspora
- les organisations
burkinabè dans et structurations de la; diaspora : associations simples et faîtières ;
le pays d’accueil
- le‚‚dynamisme de ces réseaux dans
les organisations et structurations les pays
de lad’accueil
diasporaet: d’origine : promotion
associations de la
simples et
culture, alphabétisation,
faîtières ; soutien scolaire, droits des femmes, volumes et flux
d’épargne, projets etdeactivités
‚‚ le dynamisme de développement
ces réseaux dans les pays(envergure,
d’accueil eteffets, etc.): promotion
d’origine ;
- la mobilisation
de la culture,desalphabétisation,
réseaux de diaspora pour
soutien des projets
scolaire, droitsdedes
développement
femmes, volumesau Burkina
et
Fasoflux
: leur
d’épargne, projets et activités de développement (envergure, effets, etc.) ; le
intérêt pour ce type d’activités, les besoins d’orientation ou d’appui pour
développement
‚‚ la mobilisationde ces projets, de
des réseaux l’impact
diasporadespour
actions initiéesdepar
des projets les associations
développement au de
migrants, les obstacles rencontrés, etc.
Burkina Faso : leur intérêt pour ce type d’activités, les besoins d’orientation ou
d’appui pour le développement de ces projets, l’impact des actions initiées par
Les serviceslesdes ambassades
associations de et des consulats
migrants, généraux
les obstacles et/ou honoraires
rencontrés, etc. du Burkina Faso,
avec les services nationaux (services de démographie et/ou de statistiques sociales de santé,
d’éducation, de recherches, de suivi des étrangers dans les ministères de l’intérieur et/ou des
Les services des ambassades et des consulats généraux et/ou honoraires du Burkina
affaires étrangères, des universités), ceux des partenaires au développement (OIM, FAO,
Faso, avec les services nationaux (services de démographie et/ou de statistiques
PAM, HCR, etc.) ont été contactés pour obtenir les données utiles et complémentaires à celles
sociales de santé, d’éducation, de recherches, de suivi des étrangers dans les ministères
que livreraient les enquêtes directes. Toutefois, à l’exception de l’Italie, dans les autres pays,
de l’intérieur
l’accès et/ou récentes
à des données des affairesn’ontétrangères, des universités),
pas été possibles. En France, ceuxc’est
des grâce
partenaires au
aux services
consulaires que certaines données ont pu être produites.
3
22 Méthodologie

développement (OIM, FAO, PAM, HCR, etc.) ont été contactés pour obtenir les données
utiles et complémentaires à celles que livreraient les enquêtes directes. Toutefois, à
l’exception de l’Italie, dans les autres pays, l’accès à des données récentes n’ont pas été
possibles. En France, c’est grâce aux services consulaires que certaines données ont pu
être produites.
• la conduite d’entretiens avec des représentants de la diaspora dans les pays ciblés ;

Au total, 140 entretiens ont été réalisés dans les quatre pays. Le tableau 1 en donne
les détails pour chaque pays et les cartes, les lieux de résidence (localité et unité
administrative) des associations.

Dans leur présentation, les guides-entretiens ont concerné cinq groupes cibles : les
associations de la diaspora burkinabè des pays d’accueil, les migrants burkinabè non
membres d’une association de diaspora, les migrants de retour au Burkina Faso, les
élèves et étudiants des pays d’accueil, la société civile, les fiches de questionnaires. En
dehors de l’outil des migrants de retour, les autres outils ont une version spécifique pour
le Burkina Faso, pays de départ.

Le contenu comporte certes des sujets semblables (identité, localisation, nombre de


membres, nombre par sexe et par catégories d’âge, motifs de création de l’association,
ses activités, les rapports avec le pays d’accueil et le pays d’origine, etc.), mais aussi des
thèmes particuliers à chaque groupe cible.

Tableau 1 : Effectifs d’entretiens réalisés par pays et par types d’association de diaspora

Types d’associations
Personnes-ressources **
Unités additives Du pays

Personnel d’appui : Etat,


Personnes autonomes,

Total des rencontres


Unités additives BF

Corps de métiers

Ambas/Con,OIM
Élèves/Étudiants

Délégués CSBE
Consulaires
d’accueil
Femmes

Jeunes
Mixte

OSC*
Pays

Côte d’Ivoire 14 2 5 2 - 3 1 3 4 2 1 37
Italie 15 4 1 1 - 1 - 2 2 - 3 29
France 7 1 - 3 3 3 - 3 2 - 1 24
Burkina Faso 7 5 2 1 1 1 2 1 30 - 1 50
Total 43 12 8 7 4 8 3 9 38 2 6 140
Notes : * OSC – Organisation de la société civile.
** Dans le cas de la Côte d’Ivoire, cette catégorie comprend également une association des responsables
coutumiers et chefs traditionnels du Burkina Faso et une représentation de la Chambre de commerce, d’industrie
et d’artisanat de Ouagadougou.
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
23

• une fiche spécifique de renseignements10 sur les associations de diaspora,


prenant notamment en compte la composition des membres de leurs bureaux
en nombre d’hommes et de femmes. La fiche spécifique de renseignements
sur les associations de diaspora a livré des données quantifiables à partir des
documents administratifs des associations (statuts, règlement intérieur, procès-
verbal de l’assemblée générale constitutive, récépissé de reconnaissance délivré
par le service administratif compétent). Toutefois, sur 312 associations repérées et
vérifiées sur le terrain, 140 entretiens ont été réalisés, dont 94 pour les associations,
soit 30,12 % de l’effectif de base. Outre cette proportion somme toute honorable,
le tableau 2 en montre les détails de la diversité des groupes cibles rencontrés ainsi
que celle de leurs contextes régionaux, sociaux et économiques.

Tableau 2 : Etat des fiches spécifiques de renseignements sur la base de textes administratifs
obtenus (statuts, règlement intérieur, procès-verbal d’assemblée constitutive, récépissé)

Pays Nombre de fiches %


Tableau 2 : Etat des fiches spécifiques de renseignements sur la base de textes administratifs
Côte d’Ivoire
obtenus (statuts, règlement 48
intérieur, procès-verbal d'assemblée 51 % récépissé)
constitutive,
Burkina Faso 18 19 %
Pays Nombre de fiches %
Italie 16 17 %
Côte d’Ivoire 48 51%
Burkina Faso France 12 18 13 % 19%
Italie Total 94 16 100 % 17%
France
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
12 13%
Total 94 100%
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 1 : L’Etat des fiches spécifiques de renseignements
Graphique 1 : L'Etat sur
des lafiches
base de textes administratifs
spécifiques obtenussur la base de textes
de renseignements
administratifs obtenus

France
13 %

Italie
17 %

Côte d’Ivoire
51 %

Burkina Faso
19 %

3.3. L’organisation du travail de terrain et les insuffisances des cadres de référence

Sur le plan de son organisation, le travail de terrain comportait la programmation suivante :


10 Dates de séjours dans les pays :
Sur le terrain, ces fiches ont été dénommées "fiches de questionnaires", pour se conformer à la terminologie des TDR.
 Côte d’Ivoire : 20 novembre au 12 décembre 2013 ;
 Burkina Faso : 13 au 30 décembre 2013 ;
 Italie : 3 au 28 janvier 2014 ;
3
24 Méthodologie

3.3. L’organisation du travail de terrain et les insuffisances des cadres


de référence
Sur le plan de son organisation, le travail de terrain comportait la programmation
suivante :
Dates de séjours dans les pays :
• Côte d’Ivoire : 20 novembre au 12 décembre 2013 ;
• Burkina Faso : 13 au 30 décembre 2013 ;
• Italie : 3 au 28 janvier 2014 ;
• France : 29 janvier au 20 février 2014.

Le séjour dans les pays de l’étude a comporté globalement les séquences suivantes :
• Le temps des visites de courtoisie et de présentation auprès des ambassades,
consulats généraux ou honoraires du Burkina Faso, le bureau de l’OIM du pays ;
• Les séances travail pour le repérage des associations de la diaspora burkinabè dans
le pays d’accueil, en rapport avec les services de l’ambassade et, dans les cas où ils
existent, les consulats généraux ;
• La programmation des rencontres avec les différents groupes retenus. Plusieurs
niveaux d’insuffisances des cadres de référence ont été rencontrés ;
• Le recours à la fiche de « Questionnaire » faisait l’hypothèse que, les listes des
associations de diaspora trouvées dans les services du Ministère des Affaires
Etrangères reposait sur la présence, dans les ambassades et les consulats des
pays d’accueil, de documents administratifs de ces mêmes associations d’où le
consultant pouvait extraire les données ci-dessus précisées. Malheureusement,
les réalités de terrain ont été autres :
‚‚ Le Consulat général de l’Ambassade du Burkina Faso en Côte d’Ivoire a été la
seule structure à pouvoir présenter au consultant un nombre appréciable des
documents administratifs de base ci-dessus mentionnés, même pour la Côte
d’Ivoire, le Consulat de Bouaké et le consulat honoraire de Soufré n’ont pas pu
le faire.
‚‚ En Italie, l’Ambassade du Burkina Faso n’a reçu de consul général qu’à une
date toute récente et n’a pu fournir au consultant qu’un nombre très limité de
dossiers.
‚‚ En France, seul le Consulat général devait disposer de ces dossiers, mais
l’installation relativement récente des responsables n’en avait pas permis
toute l’efficacité attendue. Il convient cependant de relever une constante
disponibilité de cette structure à accompagner le consultant dans l’actualisation
des dossiers.
‚‚ Enfin, des quatre pays de l’étude, le Burkina Faso est celui où les associations de
diaspora étaient les moins nombreuses11 et ne disposait pas de tels documents.

11
Ceci explique également, pour le tableau 1, son effectif des migrants de retour individuels anormalement élevé, par
rapport aux autres pays.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
25

C’est la conjonction de tous ces facteurs qui explique l’effectif très réduit de ces fiches de
« questionnaire ».

C’est dire que dans la très grande majorité des situations, le consultant se trouvait
devoir demander à chaque responsable rencontré de bien vouloir lui faire accéder à
ces documents ; dans les cas de non disponibilité immédiate, les promesses de les faire
suivre sont souvent restées sans suite. Malgré ces multiples facteurs limitatifs, le chiffre
de 94 fiches de questionnaires qui ont été soumis à l’analyse autorise à dégager des
tendances crédibles au niveau de l’ensemble des quatre pays de l’étude.

3.4. Le traitement des données


Les données collectées pour l’étude ont été de nature à la fois quantitative et qualitative.
Le traitement a été à la fois manuel et informatique. Pour cette dernière option, les
logiciels qualitatifs d’analyse de données EPI-Info, N6/Nvivo et Sphinx ont été utilisés.
Pour les fiches de questionnaires, les réponses à plusieurs des questions étant également
sous forme littéraire, le traitement informatique a dû procéder successivement à la pré-
codification, la codification, la rédaction du masque de saisie, la saisie et la tabulation.

Pour les entretiens, les transcriptions littérale, puis littéraire ont d’abord été assurées. Le
repérage des nœuds et des sous-nœuds a identifié au moins 99 thèmes et sous thèmes,
lesquels ont ensuite été regroupés selon la structure du format le plus complet des guides
d’entretiens, à savoir celui adressé aux associations de diaspora des pays d’accueil.

Les figures et analyses ici faites de la diaspora burkinabè émanent des données de terrain
enregistrées dans les seuls trois pays d’accueil que sont la Côte d’Ivoire, la France et
l’Italie. Toutefois, ces trois pays restent un échantillon bien limité au regard des 60 pays
de destination aujourd’hui inventoriés par le CSBE.
4
Historique
d’implantation de
la diaspora et les
associations de
diaspora burkinabè
dans les trois pays
d’accueil de l’étude
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
29

Historique d’implantation de la diaspora et les


associations de diaspora burkinabè dans les
trois pays d’accueil de l’étude

Ce chapitre traite de deux domaines de résultats de l’étude, à savoir :


• l’historique de l’implantation de la diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil
de l’étude ;
• les compilations de statistiques et caractéristiques socioéconomiques de la
diaspora burkinabè des trois pays de l’étude.

4.1. L’historique d’implantation de la diaspora burkinabè dans les


trois pays d’accueil
La majorité des études et des recherches sur les migrations burkinabè conviennent que
la mobilité spatiale des populations burkinabè est antérieure à la période coloniale, mais
que c’est la colonisation qui lui a façonné le faciès et les caractéristiques majeurs actuels
de ses flux migratoires (Sawadogo, 1973/1974 et 1990 ; Coulibaly, 1978). L’historique de
l’implantation de la diaspora burkinabè y est donc également lié, au moins pour deux des
trois pays extérieurs de cette étude. En effet, en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, il est connu
que la Haute-Volta, constituée en colonie autonome le 1er mars 1919, fournissait déjà
des contingents de main-d’œuvre à la colonie de Côte d’Ivoire (Sawadogo, 1973/1974 ;
2013)12. À sa suppression en 1932, sept villages voltaïques ont été créés dans le nord de
cette colonie13 pour servir de relais aux travailleurs voltaïques qui devaient désormais
fournir les contingents nécessaires à l’exploitation agro-industrielle de la Côte d’Ivoire.
Dans cette optique, après la suppression du travail forcé en 1947, les planteurs ivoiriens
ont dû suppléer au risque d’un ravitaillement aléatoire et insuffisant de main-d’œuvre
pour leurs plantations en créant, dès 1952, le Syndicat autonome interprofessionnel
d’acheminement de la main-d’œuvre (SIAMO). La toute première et seule convention de
main-d’œuvre fut signée le 9 mars 1960 entre la Haute-Volta et la Côte d’Ivoire, avant
même les proclamations officielles de l’indépendance des deux pays (respectivement
les 5 et 7 août 1960). Cette forte présence de Voltaïques/Burkinabè en Côte d’Ivoire

12
Il s’agit ici d’une sommation adressée le 7 mars 1919, par le Gouverneur général de l’AOF (Afrique occidentale française)
au lieutenant – gouverneur de la colonie du Haut-Sénégal-Niger, lui intimant l’ordre de livrer un contingent de plus de
400manœuvres demandé par un planteur de la colonie de Côte d’Ivoire. Pour sa part, Tokpa (202) rapporte que dès
1918, 1200 Mossi ont été recrutés par le commandant de cercle de Kong dont 500 pour le chemin de fer, 500 pour le
cala (?) des lagunes et 200 pour les wharfs.
13
Selon Claude Meillassoux (1964), 5 des 7 villages de colons et de manœuvres voltaïques ont été créés par l’administration
par un décret du 11 août 1933 et furent tous implantés en 1934 : 4 sont situés dans la sous-préfecture de Bouaflé, à
proximité du chef-lieu (Koudougou avec 718 habitants sur la route de Yamoussoukro, Garango avec 654 habitants,
route de Daloa, Koupéla avec 83 habitants, Tenkodogo avec 174 habitants sur la route de Zuénoula) ; 3 relèvent de la
sous-préfecture de Zuénoula, autour du chef-lieu (Koudougou, 309 habitants, sur laroute de Bouaké ; Ouagadougou, 38
habitants, sur la route de Ouagadougou et Kaya, 72 habitants, sur la route de Bouaflé).
4
30 Historique d’implantation de La diaspora et les associations de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude

explique également que le souci de leur organisation en association de diaspora date des
années d’avant les indépendances. C’est ce que confirment les déclarations de plusieurs
responsables de la diaspora burkinabè en Côte d’Ivoire, lors du séjour de terrain, en
novembre 2013. Ainsi, pour un premier intervenant, c’est depuis les années 1950 que la
première association a été formée avec et sous l’impulsion d’hommes politiques comme
Ouezzin Coulibaly14 (voir plus de détails à l’annexe 1).

Dans le cas de l’Italie, l’implantation des Voltaïques/Burkinabè ne semble pas être


une implantation directement venue du pays d’origine. Effectivement, les résultats
des travaux de Blion (2005 : 19) concluent dans la même orientation: la prolongation
d’une trajectoire migratoire dont les premières étapes se situent en Côte d’Ivoire et/
ou au Gabon. Là aussi, les versions des Italianos15 ne démentent pas cette trajectoire
migratoire, ni à Rome, ni à Milan auprès du « doyen »16 (annexe 2). Cet historique précise
les raisons pour lesquelles la majorité des Burkinabè arrivant en Italie transitent d’abord
par la région de Naples en raison de leur statut de clandestin, avant de rejoindre la
région du Nord plus industrialisée et où les droits des travailleurs sont mieux garantis. Il
renseigne également sur le caractère très prononcé, en Italie, des types « échelonnés »
des associations de la diaspora burkinabè : d’abord de type familial (patronymique ou
clanique), puis du niveau des villages et des communes. Fort heureusement, les acteurs
de ces bases ont vite décidé d’élever le niveau des regroupements de la diaspora pour le
hisser au niveau régional et national. Ainsi ont pu voir le jour des titres de « Association
des Burkinabè unis de Naples (ABUN) », créée le 1er février 2009, « Association beog-
neere de Naples (ABNN) », et surtout la « Fédération des associations des Burkinabè de
l’Italie (FABI) », initialement « Union des associations des Burkinabè d’Italie (UABI) »,
créée depuis 2005 et qui vient de régulariser sa situation administrative en janvier 2014
par l’obtention de son récépissé de reconnaissance le 27 janvier 2014.

Au total, cet historique de l’implantation des associations de la diaspora burkinabè dans


les pays d’accueil a manifestement des répercussions sur certaines des caractéristiques
actuelles de la diaspora burkinabè, dont le niveau de leur dynamisme et les orientations
de leurs actions. Il en est de même pour les perspectives de leur prise en compte comme
facteur de développement du Burkina Faso.

Dans la même optique, savoir quel est l’état des associations par exemple de migrants
de retour au pays d’origine permettrait à la diaspora et aux structures soucieuses de leur
suivi, de savoir si oui ou non les structures extérieures peuvent bénéficier de répondants
internes.

14
Homme politique voltaïque et compagnon très lié à l’ancien président de Côte d’Ivoire, M. Félix Houphouët-Boigny,
dans les premières heures de leurs activités politiques.
15
Ainsi aiment se prénommer les Burkinabè qui ont séjourné en Italie. Il est vrai que l’obligation de s’intégrer au nouveau
milieu de vie et de travail les contraint à rapidement s’initier à la langue italienne. Et ils y réussissent.
16
Il est vrai qu’il n’est pas le seul à porter un tel titre. Une autre personne de Naples reçoit le même titre, sans que j’aie
pensé utile de vouloir chercher à savoir qui des deux est l’aîné réel ou le plus anciennement arrivé en Italie.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
31

Dans l’immédiat, la recherche documentaire auprès des structures étatiques qui en


auraient constitué les superviseurs directs (Ministère de l’Administration territoriale et
de la Sécurité, ministères techniques comme ceux en charge de l’agriculture, de l’élevage,
de l’action sociale et de la solidarité nationale, de la promotion de la femme et du genre,
des droits humains et de la promotion civique) n’a pas réussi à retrouver la moindre
archive en termes de dossiers administratifs de référence (récépissé de reconnaissance,
procès-verbaux d’assemblées générales constitutives, statuts, règlement intérieur).
Aussi, dans une perspective de meilleure valorisation de la contribution de la diaspora
au développement du Burkina Faso, conviendra-t-il d’envisager, ici, plusieurs niveaux
de mesures correctives, en termes d’incitation à une plus ample formalisation des
regroupements de migrants de retour, de meilleures conservations des archives et d’une
meilleure disponibilité pour leur communication à qui en a besoin.

4.2. Les compilations de statistiques et caractéristiques


socioéconomiques de la diaspora burkinabè des trois pays
d’accueil de l’étude
Ces compilations ont concerné notamment :
• L’importance des flux, les causes du départ, les différentes catégories de migrants
présents dans le pays d’accueil (travailleurs, réfugiés politiques, étudiants,
principales destinations des migrants, niveaux et domaines de qualifications).
• Le nombre d’habitants, les indicateurs de développement du pays d’accueil, ceux
du Burkina Faso, le nombre d’expatriés et les pays de destination.

4.2.1. Les caractéristiques socioéconomiques de la diaspora burkinabè

Les demandes d’accès aux informations disponibles sur la migration et sur les migrants
burkinabè sont, dans leur ensemble, relativement modestes, sauf en Italie. Ainsi, en Côte
d’Ivoire, les seules données disponibles étant restées celles du recensement de 1998,
elles n’ont pas été exploitées en raison de leur vétusté.

Par contre, en Italie, les données obtenues à partir du ministère de l’Intérieur établissent
les répartitions des immigrés burkinabè par sexe, sur l’ensemble des 105 communes du
pays, pour la date du 31 octobre 201317.

Les hommes adultes y représentent 47,2 %, les femmes 24,1 %, les enfants de moins de
14 ans 28,2 %, dont 13, 2 % pour les garçons et 11,6 % pour les filles.

Au dernier recensement de 2006 au Burkina Faso, l’on constate dans le taux national des
émigrés de 2005, 16,9 % de femmes. Ici, leur proportion de 24,1 % explique la forte place
du motif familial dans les statistiques ci-dessus présentées.

17
Une annexe de deux pages et demie contenait ces données, mais a dû être supprimée, pour que le présent rapport reste
dans le volume attendu par le commanditaire.
4
32 Historique d’implantation de La diaspora et les associations de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude

Des investigations complémentaires sur cette double dynamique (femmes et enfants),


pourraient instruire des stratégies appropriées pour leur gestion (alphabétisation et
formation des femmes, scolarisation des enfants). En attendant, d’autres données
statistiques, dénombrant les flux d’immigrés burkinabè en Italie sur la période du 31
décembre 2007 au 31 décembre 2013 affichent le total de 61 139 Burkinabè entrés en
Italie entre les deux dates, selon le rythme annuel suivant :

Tableau 3 : Flux d’immigrés burkinabè en Italie entre le


31 décembre 2007 et le 31 décembre 2013

Années 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Total


Total 5 178 5 328 7 506 9 062 11 233 10 983 11 520 60 810
Source : Ministère italien de l’Intérieur, janvier 2014, Mission de terrain, OIM, 2014.

A ces chiffres, il convient d’ajouter ceux du tableau suivant, qui concernent les entrées
irrégulières de Burkinabè en Italie, au nombre total de 433 personnes, dont 338 n’ont pas
été refoulées. On en déduit qu’entre les deux dates de référence, entre 60 810 et 61 243
Burkinabè sont entrés en Italie.

Les données des 105 communes pour l’année 2013 affichent un montant total de 16493
personnes et confirment également que leurs grands effectifs se retrouvent dans les
localités du Nord. Ainsi Rome, avec 407 Burkinabè, tient le treizième rang après une
majorité de localités situées pour la plupart d’entre elles dans le Nord.

Quant aux immigrés clandestins, les effectifs et les catégories internes sont les suivantes :

Tableau 4 : Flux d’immigrés burkinabè en Italie en situation irrégulière, entre 2007 et 2013

Situation des immigrés 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Trouvés en situation de séjour
134 98 87 99 53 42 24
irrégulier
Eloignés 17 23 10 16 16 13 4
Pas rapatriés 117 75 77 83 37 29 20
Eloignés 17 23 10 16 16 13 4
Repoussés à la frontière 6 4 5 3 7 4 2
Repoussés par les Préfets de Police - - - - - - -
Obtempérant à l'ordre du Préfet de
- - - 1 1 - -
Police
Obtempérant à l'intimation - - - 4 - 1 1
Expulsés et reconduits à la frontière 9 4 3 3 2 2 -
Expulsés conformément aux
1 1 - 1 3 3 -
dispositions de l'Autorité judiciaire
Réadmis dans les pays d'origine 1 14 2 4 3 3 1
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
33

Situation des immigrés 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Pas rapatriés 117 75 77 83 37 29 20
Pas obtempérant à l'ordre du Préfet
99 58 60 60 28 24 17
de Police à l’intimation
Pas obtempérant à l'ordre du Préfet
de Police et arrêtés (parce que
18 17 15 23 9 5 3
trouvés de nouveau sur le territoire
national) (jusqu'au 23 juin)
Pas obtempérant à l'ordre du
Préfet de Police et dénoncés avec
- - 2 - - - -
sanctions économiques (à partir du
24 juin)
Source : Ministère italien de l’Intérieur, janvier 2014, Mission de terrain, OIM, 2014.

L’on constate que, sur les 433 immigrants clandestins, seulement 95 ont été refoulés
et 336 ont été admis sur le territoire italien. Ces derniers travailleront « au noir » le
temps qu’il faut pour régulariser leur statut, puis probablement rejoindront le Nord où
les conditions de travail sont meilleures.

Pour la France, les statistiques obtenues auprès du Consulat général donnent l’effectif
de Burkinabè ayant pu bénéficier de l’octroi de la carte de séjour : les effectifs et les
catégories de personnes concernées sont présentés dans le tableau ci-après :

Tableau 5 : Flux d’entrée de Burkinabè en France,


ayant bénéficié de la carte de séjour, entre 2009 et 2012

Catégorie des candidats 2009 2010 2011 2012 2013 Total


Travailleurs temporaires 1 8 6 6 - 21
Travailleurs saisonniers - - - - - 0
Salariés en mission - 1 - 1 - 2
Professions artistiques et culturelles 5 6 3 4 - 18
Scientifiques - 6 4 7 - 17
Actifs non-salariés - 2 1 - - 3
Total 6 23 14 18 - 61
Admission exceptionnelle au séjour 28 33 26 43 39 169
Régularisation au titre du travail - 2 6 5 7 20
Régularisation au titre de la vie privée
- 26 18 27 13 84
et familiale
Admis pour des motifs exceptionnels à
2 5 - 2 10 19
titre humanitaire
Grand total 36 89 64 95 69 353
Source : OFII-DSFD, 2013, Ambassade du Burkina Faso en France, Mission de terrain, OIM, 2014.
4
34 Historique d’implantation de La diaspora et les associations de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude

Une première difficulté pour commenter ce tableau vient de l’existence d’autres


documents apparemment issus de la même source. Ce sont les comptes-rendus des
rencontres du comité de pilotage, qui livrent les statistiques suivantes :

Tableau 6 : Admissions à la carte de séjour, en France,


selon les catégories de candidats, de 2009 à 2011

Groupes 2009 2010 2011 Total


1. Admission au séjour pour les étudiants 249 349 1 114 1 712
2. Autorisation provisoire de séjour pour
6 13 17 36
master professionnel
3. Immigration pour motif professionnel 66 80 / 84* 75 221 / 225*
Sous-total 321 442 / 446* 1 206 1 969 / 1 973*
4. Réadmission de personne en situation
- - - -
irrégulière
5. Non-admissions 88 59 61 / 38* 208 / 185*
Mesures d’éloignement 83 108 130 321
Note : *Les chiffres dédoublés signifient qu’ils ont été retrouvés différents entre les deux sessions du comité de pilotage.
Sources : Comptes rendus des sessions du comité de pilotage de la convention du 10 janvier 2009 sur les flux migratoires
entre la France et le Burkina Faso : Paris 19 et 20 septembre 2011, Ouagadougou 17 et 18 septembre 2012,
Mission de terrain, OIM, 2014.

L’on constate que les deux tableaux ne contiennent pas les mêmes rubriques, ce qui réduit
les possibilités de comparaison. Toutefois, pour deux des rubriques communes (« mesures
d’éloignement » et « admissions pour motif professionnel »), il ressort que les effectifs
des premières sont supérieurs à ceux des secondes. Autrement dit, l’accord aurait alors
surtout permis à la France de recevoir moins de Burkinabè sur son sol que d’utiliser le
territoire du Burkina Faso pour reconduire des citoyens d’autres pays qu’elle ne tolère
plus sur son propre sol.

Abordons également les motifs de départ du pays d’origine qui ont été repérés dans les
deux séries de statistiques des immigrés burkinabè en Italie et en France.

Dans le premier pays, ces motifs ont été identifiés pour les 60 810 immigrés burkinabè
réguliers, sur les flux des 7 années soit 2007 à 2013.

Sur les trente motifs entre lesquels se répartissent les 60 810 immigrés burkinabè,
essentiellement sept d’entre eux tranchent nettement sur les autres : la recherche
du travail salarié pour la moitié des candidats, suivie de près par les raisons familiales
(23 036 immigrés), puis de très loin, par les raisons religieuses (895), la protection
subsidiaire (631), les raisons humanitaires (865), le travail autonome (800) et l’asile
(757)18. Par ailleurs, l’Italie semble plus tolérante en matière de séjour sur son territoire,

18
Le volume requis pour le présent document m’a fait supprimer le tableau comportant les détails des 30 motifs de
migration des Burkinabè en Italie.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
35

à l’égard d’une situation d’irrégularité au départ, qui l’est également dans le domaine du
regroupement familial.

Le détail de ces données se retrouve dans le tableau de l’annexe 4.

Quelle est la situation en France ?

Pour ce pays, une récente action concertée des 8 délégués du Conseil Supérieur des
Burkinabè vivant à l’Etranger a réussi une évaluation approximative des Burkinabè
résidant actuellement en France. Elle couvre les 6 grandes régions du pays. Bien qu’elle
demeure toute relative, sa révélation importante est que le chiffre total de Burkinabè
résidant actuellement en France, de 6 682 personnes, est au-delà des chiffres du
recensement de 2006 du Burkina Faso. Par ailleurs, dans le cadre du suivi de l’accord-
cadre ci-dessus rappelé, les chiffres des entrées de Burkinabè en France de 2009 à 2013
demeurent relativement, toutes catégories confondues, modestes, comme l’indique le
tableau 9. Y sont contenus également les motifs de ces entrées. Ici, contrairement au cas
italien, les effectifs les plus élevés de motifs concernent, de manière décroissante, les
étudiants, le regroupement familial, le motif économique et les visiteurs.

Tableau 7 : Motifs d’admission de Burkinabè en France


à travers les titres de séjour, entre 2009 et 2013

2013
Motif d’admission 2009 2010 2011 2012 (janvier à Total
octobre)*
Economiques 66 65 99 89 64 383
Familial 211 237 243 230 199 1 120
Asile 5 4 8 7 9 33
Etudiants 251 350 315 246 141 1 303
Visiteurs 51 59 68 55 39 272
Divers 5 6 8 10 19 48
Total 589 721 741 637 471 3 159
Source : Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII-DSFD), 2013, Ambassade du Burkina Faso en France,
Mission de terrain, OIM, 2014.

Sous ce dernier thème, la comparaison entre les deux pays des rangs des différents
motifs laisse penser que si le candidat burkinabè quitte le pays d’origine pour un motif
économique, son orientation sera d’abord celle de l’Italie. Probablement que le niveau de
rémunération des travailleurs étrangers traités à égalité avec les travailleurs nationaux,
lesquels perçoivent de ce fait un salaire plus élevé que dans les autres pays d’accueil,
exerce un attrait non négligeable. Par ailleurs, les conditions sociales de vie, notamment
l’obligation de la scolarisation des enfants, avec un contrôle de son effectivité exercé par
les autorités municipales, rassurent également mieux les communautés étrangères.
4
36 Historique d’implantation de La diaspora et les associations de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude

Au demeurant, voici les avis exprimés par les membres de la diaspora burkinabè des trois
pays d’accueil, sur les causes de départ :

Tableau 8 : Causes de départ et de retour des migrants burkinabè

Raisons de départ Nombre Raisons de retour Nombre


Recherche de vie meilleure 14 Crise sociopolitique 12
Manque et quête d’emploi 8 Dépouillement et racisme 5
La pauvreté 5 Rapatriement 4
Vouloir investir au pays 3 Maltraitance 3
Mariage 1 Poursuite des études 3
Découverte 1 Vieillesse et nostalgie 2
Maladies 1
Total 31 Total 30
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

L’on peut relever dans les causes de départ du pays d’origine, les effets conjugués de la
recherche d’une vie meilleure, le manque d’emploi et la pauvreté qui cumulent à eux
trois 27 des 32 réponses. Ces facteurs représentent la tendance forte de ces départs, ce
que les tableaux de l’Italie et de la France confirment. La crise politique mise en exergue
dans les causes de départ indique que les répondants sont surtout des Burkinabè de Côte
d’Ivoire, de même que semblent le faire les motifs de rapatriement, de dépouillement,
de maltraitance et de racisme (mais ce dernier est plus souvent évoqué dans le cas de la
France).

4.2.2. Cas particulier du contexte démographique et socioéconomique burkinabè


actuel de l’émigration

Le précédent tableau vient de livrer les motifs de départ et de retour au pays, du point
de vue des Burkinabè déjà en situation d’émigrés dans les trois pays d’accueil que sont
la Côte d’Ivoire, l’Italie et la France. Le souci dans le présent paragraphe est de montrer
l’incidence que le contexte national peut avoir, dans ses dominantes démographiques et
socioéconomiques, sur ces mêmes motifs d’émigration. L’essentiel de ces données vient
de faire l’objet d’une actualisation récente et crédible19. Certaines d’entre elles, extraites
de cette source, sont juste ici rappelées :
• Pays d’une superficie de 272 967 km2, la population totale du Burkina Faso était, en
2013 et 2014, respectivement de 17 322,8 et 17 880,3 millions d’habitants, dont,
respectivement 51,75 % d’hommes et 51,7 % de femmes, 73,83 % et 73,18 % de
ruraux. Les jeunes de moins de 20 ans constituent en 2006 57,2 % de la population
totale.

19
Organisation internationale pour les migrations (OIM), Bureau de Ouagadougou : Profil migratoire du Burkina Faso,
2014.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
37

• Les indicateurs de développement : les statistiques disponibles indiquent


une espérance de vie de 56 ans en 2014 (contre 58 ans en 2010), un taux
d’alphabétisation des adultes de 31,7 (contre 30 % en 2010), un taux brut
d’alphabétisation combinée de 74,8 % en 2010 et 77,6 % en 2011, un PIB par
habitant de 602 dollars E.-U. en 2014 (contre 593, 650 et 634 dollars E.-U. en
2010, 2011 et 2012), un IDH de 0,385 en 2014 (contre 0,329 et 0,343 en 2010 et
2012.
• L’investissement étranger direct se chiffre à 38,8, 42,3 et 40,1 millions de dollars
E.-U. en 2010, 2011 et 2012 ; l’aide publique au développement, à 1 062,3 et 995,7
millions de dollars E.-U. en 2010 et 2011.

Au total, la forte dominance du monde rural, les faibles performances de l’accès aux
services sociaux, les disparités climatiques et l’inégale répartition des potentialités
agricoles entre les régions du pays, la proportion importante des jeunes ne disposant pas
de possibilités conséquentes d’emploi, les écarts de développement économique entre
le Burkina Faso20 et le reste du monde sont les principaux déterminants des migrations
burkinabè.

• L’émigration est une forte donnée de la démographie burkinabè. En effet, bien


que pratiquée par la population du pays avant la pénétration coloniale, c’est
cette dernière qui amplifia et donna à la turbulence migratoire burkinabè son
ampleur et l’essentiel de ses caractéristiques sociodémographiques actuelles :
elle affecte surtout les hommes, les jeunes, les célibataires21 et des personnes en
grande majorité analphabètes et peu qualifiées, du fait d’une part du faible taux
de scolarisation de la population jusqu’aux années 1983 (taux de 5 % en 1960 et
de 16 % en 1983) et, d’autre part, du fait que c’est surtout le milieu rural qui en
fournit les contingents les plus élevés. Ces facteurs socioéconomiques actuels se
joignent donc à la forte incidence de l’histoire de l’émigration burkinabè (revoir le
paragraphe 4.2) pour la voir se poursuivre avec des flux importants (solde toujours
négatif au profit des pays destinataires et uniquement positif pour la période de
2002 à 2006).
• Suscitées par les situations de crise économique puis sociale (Tabou) et politique
(2002) dans le principal pays de destination qu’est la Côte d’Ivoire, la migration
de retour et l’immigration de non-nationaux burkinabè au Burkina ont pris une
certaine importance depuis la fin des années 1990 (689 055 Burkinabè ont fait
le retour au pays de leurs parents : Recensement général de la population et de
l’habitation (RGPH) 2006, thème 8, octobre 2009, tableau 4.20 : 87).

20
Le Burkina Faso est l’un des pays les plus pauvres du monde, au regard de son IDH.
21
C'est à la fonction assignée à la colonie de Haute-Volta de « réservoir abondant de main-d’œuvre » que répondent
ces spécifications d'hommes forts et de célibataires des ponctions diverses de main-d’œuvre et de deuxième portion
militaire : voir Morabito (2002) et Sawadogo (2013b).
4
38 Historique d’implantation de La diaspora et les associations de diaspora burkinabè dans les trois pays d’accueil de l’étude

• Toutefois le nombre de Burkinabè résidant toujours à l’étranger atteint, selon les


statistiques disponibles auprès du Secrétariat permanent du Conseil Supérieur
des Burkinabè vivant à l’Etranger (SP/CSBE), au mois de mai 2014, le chiffre de
10 517 156 à 11 076 643 personnes.
• En 2012 la Commission des Nations Unies pour les réfugiés a dénombré 1456
Burkinabè qui sont réfugiés dans divers pays à travers le monde dont 37,6 % aux
USA, 25,5 % en Italie et 135 % en Allemagne.
• Enfin, précision qu’au plan politique et institutionnel, une stratégie nationale
sur les migrations est en instance d’adoption. Sa vision des migrations est qu’« à
l’horizon 2025, le Burkina Faso assure la protection et la garantie effectives des
droits des migrants pour une contribution optimale à la réduction de la pauvreté, à
la consolidation de la paix et de la cohésion sociale, à la promotion de l’intégration
régionale et sous-régionale et de la coopération internationale ».

Sur les cinq axes stratégiques définis, deux concernent particulièrement la diaspora, à
savoir, l’optimisation de l’impact positif des migrations internationales dans la réduction
de la pauvreté (axe stratégique 3) et la consolidation des bases institutionnelles d’une
gestion concertée de la migration (axe stratégique 5). Plus spécifiquement, trois des
quatre objectifs spécifiques de l’axe 3 énoncent :
• Promouvoir les mécanismes de transferts des savoir-faire et des compétences de
la diaspora burkinabè ;
• Encourager les transferts de fonds des Burkinabè de l’étranger dans un cadre
sécurisé vers des créneaux porteurs pour l’économie nationale et locale ;
• Encourager l’investissement des capitaux étrangers dans les divers secteurs de
production.

Considérons à présent le cadre et le niveau organisationnel de la diaspora burkinabè


dans les quatre pays de l’étude.
5
La diaspora
burkinabè dans
les trois pays de
l’étude : cadre
organisationnel
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
41

La diaspora burkinabè dans les trois pays de


l’étude : cadre organisationnel

Les présentations de ce chapitre prennent en compte les données issues des fiches du
questionnaire et celles des entretiens. Elles concernent :
• la création des associations : dates, envergure, dénomination, sens de l’organisation ;
• les raisons de création des associations, les principaux objectifs et leurs domaines
d’activités ;
• les lieux d’enregistrement et les zones d’implantation ;
• le croisement des associations entre les pays d’implantation et leurs objectifs.

5.1. La création des associations : dates, envergure, dénomination,


sens de l’organisation
Lors des séjours de terrain, certaines des listes reçues du ministère en charge des Affaires
étrangères sur les associations de la diaspora burkinabè résidant dans les trois pays
d’accueil, se sont révélées incomplètes. Le réajustement opéré sur ces chiffres reçus
a permis de se faire une idée plus actuelle de l’effectif des associations de diaspora
burkinabè dans les trois pays, ainsi que l’indique le tableau suivant :

Tableau 9 : Etat du nombre d’associations de diaspora dans les trois pays extérieurs de l’étude
Nombre d’associations de
Délégués diaspora
Pays et régions Observations
CSBE Effectif
Effectif ajusté
officiel
Côte d’Ivoire Abidjan 9 108 - Pour le Consulat
Bouaké 7 52 - général du
Burkina Faso, la
Soubré 0 31 - Côte d’Ivoire est
divisée en trois
circonscriptions
juridictionnelles
Italie 3 49 58
France 8 47 63
Total 27 287 312*
Note : *Ce total prend en compte les chiffres inchangés de la colonne précédente.
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

De l’avis de plusieurs responsables des associations de la diaspora, les chiffres ici affichés,
même réajustés par le séjour de terrain du consultant, demeurent en deçà de la réalité
beaucoup plus importante.
5
42 La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel

Comme vont le montrer la série de tableaux et leurs représentations graphiques, la


majorité des associations sont de création relativement récente, soit plus de la moitié des
associations (61,7 % à partir de 2006 et plus d’un tiers sont nées après 2010). Cependant,
un nombre important de ces associations sont bien plus anciennes, comme l’ont
mentionné, lors des entretiens sur leur historique, plusieurs témoins de leur formation.

Trois observations méritent ici d’être mentionnées : le fait que d’une part, cette
mention de la date de création des associations n’a pas reçu de réponse dans 20 %
des 94 fiches de questionnaires exploitées et, d’autre part, les services diplomatiques
et consulaires, y compris les services administratifs et communaux du pays d’origine
accusent d’importantes lacunes dans la conservation de ces archives administratives de
la diaspora burkinabè, enfin le fait que dans le pays d’origine s’ajoutent des difficultés
d’accès aux archives existantes.

De fortes recommandations seront formulées en fin de rapport à ce sujet.


dans la conservation de ces archives administratives de la diaspora burkinabè, enfin le fait que
dans le pays d’origine s’ajoutent des difficultés d’accès aux archives existantes.
Tableau 10 : Périodes de création des associations de la diaspora burkinabè
De fortes recommandations seront formulées en fin de rapport à ce sujet.

Année des associations deNombre


Tableau 10 : Périodes de création Fréquence %
la diaspora burkinabè
Année Non-réponse Nombre 19 Fréquence % 20
Non-réponse Avant 2000 19
5 5 20%
Avant 2000 2000-2006 12
5 13
5%
2000-2006 12 13%
2006-2010 24 26
2006-2010 24 26%
2010-2014 2010-2014 34
34 36 36%
Total Total 94
94 100 100%
Source :
Mission de terrain, Source
OIM, :2014.
Mission de terrain, OIM, 2014.

Graphique 2 : Périodes de création


Graphique desde
2 : Périodes associations deassociations
création des la diaspora de
burkinabè
la diaspora burkinabè

20 %
Non-réponse
36 %
5% Avant 2000
2000-2006
13 %
2006-2010
2010-2014
26 %

Du point
Du de vue de
point de leur
vueenvergure, les associations
de leur envergure, de diaspora burkinabè
les associations de diaspora sont,burkinabè
aujourd’hui,
sont,
en majorité d’envergure nationale (tableau 11 et graphique3). Il n’en a pas été toujours
aujourd’hui, en majorité d’envergure nationale (tableau 11 et graphique 3). Il n’en ainsi,
a pas
surtoutété
dans les débuts
toujours ainsi,de leur arrivée
surtout dans lesendébuts
Italie. de
Aujourd’hui
leur arrivéeencore, ellesAujourd’hui
en Italie. sont près de la
encore,
moitié elles
à se situer entre le niveau régional, provincial et villageois.
sont près de la moitié à se situer entre le niveau régional, provincial et villageois.
Tableau 11 : Niveau d'envergure des associations de la diaspora burkinabè
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
43

Tableau 11 : Niveau d’envergure des associations de la diaspora burkinabè

Niveau d’envergure Nombre d’associations Pourcentage


Non-réponse 18 19
Départementale 15 16
Régionale 11 12
Nationale 32 34
Internationale 18 19
Total 94 100
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Graphique 3 : Répartition des associations selon leur envergure

19 % 19 %

16 %

34 %
12 %

Non-réponse Départementale Régionale Nationale Internationale

IciIciaussi,
aussi,lele score important des
score important non-réponses interpelle.
des non-réponses interpelle. Selon ce ceque
queleleterrain
terrainpermet
permet
d’observer,
d’observer, uneune
grande partiepartie
grande des associations de diaspora
des associations burkinabèburkinabè
de diaspora sont à basesont
familiale,
à basede
clan patronymique,
familiale, de clandepatronymique,
village d’origine, de région
de village d’origine,
d’origine, de du pays d’origine,
région de résidencedu ou encore
pays de
durésidence
pays d’accueil.
ou encore du pays d’accueil.
L’on comprend facilement que c’est donc d’abord à ces bas niveaux que les associations ont
pris
L’onnaissance,
comprend quefacilement
c’est là oùque
se manifestent le plus àintensément
c’est donc d’abord les actes
ces bas niveaux quedelessolidarité et de
associations
soutiens mutuels entre les membres concernés. Mieux, il n’est pas exclu qu’une
ont pris naissance, que c’est là où se manifestent le plus intensément les actes de solidarité association
née au niveau local, en Italie par exemple, ait une conscience nationale dans son approche
et de soutiens mutuels entre les membres concernés. Mieux, il n’est pas exclu qu’une
pour le Burkina Faso22.
association née au niveau local, en Italie par exemple, ait une conscience nationale dans
C’est à l’instar de ces bons exemples qu’il demeure souhaitable qu’une dynamique de
son approcheetpour
sensibilisation le Burkinasoit
d’information Fasoinstaurée
22
. dans ce sens, de manière que les membres de
toutes les associations de diaspora burkinabè se hissent à des niveaux plus élevés, où les
problèmes de développement de région ou de pays peuvent être plus facilement évoqués et
débattus, les énergies et les synergies se fédérer, pour plus d’efficacité dans les actions.
22
Une belle illustration en est donnée par l’Association des Burkinabè de Réggio-Emilia Romagna (ABREER), dirigée par
Quantdesaux
Bissa.dénominations
Elle a, d’une part, et à leurs
réussi sens, la intégration
une magnifique gamme est avectrès
son variée, les sens
milieu d’accueil contextuels
en initiant et
une coopérative
philosophiques également.
agricole qui a obtenu En voici
de la commune quelques
des parcelles illustrations
de cultures : une ferme de transformation et de vente de
maraîchères,
ses productions
- « sig-noghin » bio, une innovation
: nous sommesdebien technologie
arrivésagricole prometteuse
sur une (produire un riche engrais à partir de la bouse
terre prometteuse,
de vache enfermée dans une corne de bœuf) ; d’autre part, elle vient de signer avec la commune, le 25 janvier 2014,
- « lafi-la-bumbu
une convention qui»ambitionne
: la santéde(est)
créerlaun base de tout,
laboratoire de développement de l’horticulture et de la maraîchéculture au
- « Beog-néré » ; préparons-nous à de beaux jours, à des lendemains meilleurs,
Burkina Faso, probablement d’abord dans la zone du Passoré.
- « teeg-taaba » : cultivons la solidarité, unissons-nous,
- « union fraternelle du Yatenga »,
5
44 La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel

C’est à l’instar de ces bons exemples qu’il demeure souhaitable qu’une dynamique de
sensibilisation et d’information soit instaurée dans ce sens, de manière que les membres
de toutes les associations de diaspora burkinabè se hissent à des niveaux plus élevés,
où les problèmes de développement de région ou de pays peuvent être plus facilement
évoqués et débattus, les énergies et les synergies se fédérer, pour plus d’efficacité dans
les actions.

Quant aux dénominations et à leurs sens, la gamme est très variée, les sens contextuels
et philosophiques également. En voici quelques illustrations :
• « sig-noghin » : nous sommes bien arrivés sur une terre prometteuse ;
• « lafi-la-bumbu » : la santé (est) la base de tout ;
• « Beog-néré » ; préparons-nous à de beaux jours, à des lendemains meilleurs ;
• « teeg-taaba » : cultivons la solidarité, unissons-nous ;
• « union fraternelle du Yatenga » ;
• « union des hommes intègres du Burkina » ;
• « Association dagaratieta » (association de soutien entre Dagara), ;
• « amicale des super-leaders de l’abattoir » ;
• « woom-waodo» : hier a été dur, mais nous nous en sommes bien sortis ;
• « Association song-taaba »:Association de solidarité ;
• « Union de la jeunesse montante » ;
• « Association sugri-nooma » : association pour le pardon mutuel ;
• etc.

5.2. Les raisons de création des associations, les objectifs et les


domaines d’activités
Les raisons de création des associations de diaspora sont multiples et découlent souvent
d’une situation de désarroi devant laquelle les personnes concernées se sentent
impuissantes tant qu’elles restent isolées. Les porte-paroles des premiers immigrés ont,
en illustration de ces situations difficiles, décrit le désarroi de ceux-ci lorsqu’ils se sont
retrouvés à l’étranger sans connaître personne dans le pays d’accueil, alors qu’ils sont
obligés de trouver une solution à leurs difficultés.

Des situations similaires peuvent être celles de dénuement individuel ou familial ou de


groupe social de jeunes, de personnes en chômage, de personnes âgées sans soutien,
etc. Ainsi, pour le cas des jeunes en situation difficile, un initiateur d’association s’exprime
ainsi : « Tout est parti d’abord d’un constat parce que nous-mêmes en tant que jeunes,
premièrement, on a vu qu’il y avait un problème de chômage. Les jeunes, chacun a ses
idées ; si on se retrouvait ensemble, on discutait, on se donnait la main, on rassemblait
ces idées-là pour créer une association. Que l’association accepte de venir en aide aux
enfants en difficulté ou bien lutter contre le chômage en créant des centres de formation
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
45

ou apporter un appui quelconque à ces enfants en difficultés. Donc, pourquoi ne pas créer
une association pour faire face à toutes ces situations et créer par exemple un centre. Une
fois le centre créé, rassembler ces enfants, les former et ceux qui ont abandonné l’école
par exemple à leur retour, pouvoir les insérer à travers la formation professionnelle.
C’était l’idée comme ça qui nous a amenés à créer l’association » (Bobo, 18 décembre
2013, S.O., 25 ans).

Naturellement, la mise en place des associations de diaspora soucieuses de convier les


compatriotes à une contribution au développement du pays a relevé le niveau de prise de
conscience que la construction nationale est et doit être perçue comme le souci de tous
les citoyens et, surtout, de la part de ceux qui ont réussi leur aventure migratoire, c’est-à-
dire ceux qui ont pu accéder à un niveau de revenu ou de capacités d’intervention, C’est
bien ce qui transparaît dans les propos du « Doyen » de Milan. Celui-ci a, en effet, invité
les compatriotes à dépasser le seul niveau patronymique ou familial ou villageois, pour
se hisser à celui du pays tout entier.

Quant aux objectifs des associations, ils sont certainement très variés. Toutefois, les
résultats des entretiens permettent de les résumer dans le tableau ci-après :

Tableau 12 : Principaux objectifs des associations de la diaspora burkinabè

Items Nombre de repondants Pourcentage


Non-réponse 8 5
Entraide et solidarité entre Burkinabè 57 37
Développement socioéconomique du Burkina Faso 25 16
Défense des droits et intérêts de la communauté 38 25
burkinabè
Promotion de la culture burkinabè 11 7
Amélioration des conditions de la femme 15 10
Défense des intérêts des rapatriés 1 1
Total 155 100
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Ce tableau dégage trois grands objectifs partagés par la majorité des associations de la
diaspora burkinabè, auxquels s’ajoute un quatrième plus modeste, à savoir :
• l’entraide et la solidarité entre Burkinabè, pour un tiers des personnes rencontrées ;
• la défense des droits et des intérêts de la communauté burkinabè, pour 24,6 % ;
• le développement socioéconomique du Burkina Faso, pour 16,2 % ;
• l’amélioration des conditions de la femme, pour 9,7 %.

Selon ces résultats, il est heureux de constater que la diaspora burkinabè vivant hors
du pays, donc soustraite aux marques spontanées de la solidarité et de l’entraide dans
la chaleur des relations humaines au sein des milieux familiaux, a pu en reconstituer
5
46 La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel

l’armature. Dans le même sens, savoir assurer la défense des proches, fait partie également
des sursauts de conservation collective et les membres de la diaspora burkinabè en sont
conscients. Enfin, la question de l’amélioration des conditions de vie de la femme inscrite
dans les objectifs des associations de la diaspora burkinabè atténuera les effets d’une
marginalisation et d’une reconnaissance insuffisante de ses droits.

Quelques propos illustratifs des acteurs :


• N.S., Responsable d’une association de corps de métier, Abidjan, décembre 2013 :
« En gros l’objectif de l’association c’était de recevoir nos frères qui sont là-bas
puisque nous sommes déjà arrivés et on a vu que nous avons été intégrés difficilement
malgré que nous avions de petits moyens. Quand ceux qui n’ont pas les moyens
vont venir, comment vont-ils se débrouiller ? Donc il faut créer cette association
pour pouvoir les recevoir, leur donner de quoi faire et après ils s’installent à leur
propre compte ou ils continuent à travailler avec d’autres personnes qui peuvent
mieux les payer que nous ».
• O.A. responsable d’association France, 2014 : « Puisque, quand je suis arrivé
ici depuis, j’ai fait un an et on évoquait le problème de pluies insuffisantes dans
nos villages. Quand je suis reparti dans le mien, c’était terrible : tous les puits
manquaient d’eau. Quand je suis revenu ici, j’ai décidé de faire des forages. Ça
coûtait cher. Et j’ai demandé à un organisme (eau vive), il m’a aidé, moi j’ai payé un
quart du coût pour la première réalisation de forage dans mon village. C’est ce qui
nous a motivés de donner ce nom Yatenga à l’association ».
• B.H., responsable d’association ; Naples, janvier 2014 :« L’association a pour
objectif principal de rassembler les frères Burkinabè de Naples et de sa région de
campagne. L’objectif principal c’est de trouver un centre de regroupement de tous
les frères Burkinabè pour pouvoir résoudre qu’en tant que Burkinabè immigrés en
Italie nous rencontrons. C’est aussi pour venir en aide à ceux des nôtres qui se
retrouvent dans des situations difficiles comme le cas de maladie ou de décès et
qu’il faut rapatrier le corps au Burkina. Dans les cas de ce genre, on ne peut pas
attendre que le problème se pose, commencer à faire le tour pour demander les
cotisations aux frères ».

D.O., responsable d’une association féminine, Italie, janvier 2014 : « Parce qu’on a
une vision plus large de ce que j’ai dit. Vous allez voir dans le statut, c’est dégager les
besoins, développer des projets sociaux, développer d’autres actions liées à la promotion
de la femme, développer et renforcer les services à la personne, d’avoir un lobbying de
négociation pour le Burkina, et puis parrainer des projets de développement, améliorer
aussi les conditions de vie des populations défavorisées. Donc c’est tout ça qu’on a
regroupé sous le nom d’‘assistance globale’ »23.

23
Ici, comme dans la suite du document, les citations de verbatim, propos directs des acteurs de terrain, sont juste
sélectives et limitées : sinon, chacune des onze catégories d’acteurs, de chacun des quatre pays, aurait pu apparaître ici.
Seuls ont été retenus quelques cas illustratifs pour les quatre pays de l’étude.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
47

A présent, synthétisons les domaines d’activités des associations de la diaspora burkinabè


dans le tableau suivant.

Tableau 13 : Domaines d’intervention des actions de la diaspora burkinabè

Domaine Nombre de répondants Pourcentage


Non-réponse 10 6
Promotion sociale 71 42
Droit et justice 44 26
Formation et culture 13 8
Economie 25 15
Agriculture 7 4
Total 170 100
Source : Mission OIM de terrain, 2014.

Les domaines les plus couverts par les objectifs des associations de la diaspora burkinabè
sont, respectivement :
• la promotion sociale, pour 41,8 % ;
• le droit et la justice, pour 25,9 % ;
• l’économie pour 14,7 % ; et
• la formation et la culture, pour 7,6 %.

5.3. Etat de reconnaissance et d’enregistrement des associations


de la diaspora burkinabè, leurs zones d’implantation et leur
envergure
De manière générale, la reconnaissance d’une association de diaspora se fait d’abord
dans les communes de résidence des personnes qui en font la déclaration, selon les lois
et règlements administratifs en vigueur dans le pays. Durant les séjours dans les différents
pays d’accueil, aucune difficulté administrative d’obstruction éventuelle à la délivrance de
tels documents n’a été portée à la connaissance du consultant, dès lors que la procédure
est suivie24. C’est après cette formalité auprès des services communaux et/ou nationaux
du pays d’accueil que les personnes concernées doivent en faire l’enregistrement auprès
des services diplomatiques et consulaires du Burkina Faso, présents dans les trois pays
extérieurs de la présente étude.

24
Signalons simplement qu’en Italie, les actes administratifs étant naturellement rédigés dans la langue officielle du pays
(l’italien), tous les immigrés doivent s’y conformer.
aucune difficulté administrative d’obstruction éventuelle à la délivrance de tels documents n’a
été portée à la connaissance du consultant, dès lors que la procédure est suivie24. C’est après
48 5La diaspora
cette formalité auprèsburkinabè
des services
dans les trois communaux et/ou
pays de l’étude : cadre nationaux du pays d’accueil que les
organisationnel
personnes concernées doivent en faire l’enregistrement auprès des services diplomatiques et
consulaires du Burkina Faso, présents dans les trois pays extérieurs de la présente étude.
Tableau 14 : Etat de reconnaissance des associations (possession et récépissé)
Tableau 14 : Etat de reconnaissance des associations (possession et récépissé)
Reconnaissance
Reconnaissance Nombre
Nombre Pourcentage
Pourcentage
Oui Oui 44
44 47
47 %
Non 50 53 %
Non 50 53
Total 94 100%
Total
Source : Mission de terrain, OIM, 2014. 94 100
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 4 : Reconnaissance des associations (Possession de récépissé)
Graphique 4 : Reconnaissance des associations (Possession de récépissé)

Oui
47 %
Non
53 %

24
Signalons simplement qu’en Italie, les actes administratifs étant naturellement rédigés dans la langue officielle
Ce tableau et ce graphique font constater que la majorité des associations de la diaspora
du pays (l’italien), tous les immigrés doivent s’y conformer.
burkinabè n’ont pas pu donner les références y relatives. Si cette absence de mention
correspond à leur situation réelle, elle signifie que cette majorité d’associations de la
Page 39 sur 93
diaspora burkinabè ne dispose pas de cette reconnaissance, donc est dans une absence
d’existence légale. Seulement 47 % des associations dont les fiches ont été réunies ont
cette existence légale, ce qui est faible.

Les propos des responsables des associations de diaspora, enregistrés lors des entretiens,
incriminent plusieurs facteurs explicatifs de ces situations :
• soit, de la part des responsables d’associations, une négligence, une insouciance de
l’importance d’avoir une existence légale, ou une ignorance du lieu de délivrance
(cas surtout en Côte d’Ivoire) ;
• soit les coûts d’obtention de ces enregistrements : temps de déplacements et
moyens financiers à y investir, surtout si les distances à parcourir sont importantes
(cas surtout en Italie) ;
• soit un manque d’organisation au niveau des membres du bureau de l’association
(situation observable partout).

Dans tous les cas, le grand risque est que l’une ou l’autre de ces associations se retrouve
un jour dans une situation difficile d’absence de reconnaissance officielle, avec toutes les
conséquences administratives éventuelles (refus d’accorder une audience sollicitée ou
une autorisation d’activité, refus de recevoir une requête de demande de crédit ou de
toute autre forme de soutien, refus d’accéder au bénéfice d’une opportunité, etc.).
financiers à y investir, surtout si les distances à parcourir sont importantes (cas surtout en
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
Italie), au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
49
- soit un manque d’organisation au niveau des membres du bureau de l’association (situation
observable partout),
Dans tous les cas,
Rappelons à cetleeffet
grand risque
qu’au est que
Burkina l’une
Faso, oulal’autre
c’est de ces associations
loi n° 064-2015/CNT du 20 seoctobre
retrouve2015
un
jour2 qui
dansestune situation utile.
la référence difficile d’absence de reconnaissance officielle, avec toutes les
conséquences administratives éventuelles (refus d'accorder une audience sollicitée ou une
autorisation d'activité, refus de recevoir une requête de demande de crédit ou de toute autre
Dans l’hypothèse où c’est l’ignorance des procédures et la non-identification des
forme de soutien, refus d'accéder au bénéfice d'une opportunité, etc.).
institutions compétentes qui en sont la cause, les services diplomatiques et consulaires
Rappelons à cet effet qu’au Burkina Faso, c’est la loi n° 064-2015/CNT du 20 octobre 2015 2
quidoivent prendreutile.
est la référence les initiatives d’information et de formation nécessaires.
Dans l’hypothèse où c’est l’ignorance des procédures et la non-identification des institutions
Le tableauqui
compétentes 16en ci-après
sont la acause,
consigné l’état d’enregistrement
les services diplomatiques et des associations
consulaires doivent deprendre
la diaspora
les
burkinabè dans les services diplomatiques
initiatives d’information et de formation nécessaires. et consulaires.
Le tableau 16 ci-après a consigné l’état d’enregistrement des associations de la diaspora
burkinabè dans les services
Tableau 15 : Etatdiplomatiques et consulaires.
d’enregistrement des associations de la diaspora burkinabè

Tableau 15 : Etat d'enregistrement


Reconnaissance des associations de la diaspora burkinabè
Nombre Pourcentage
Enregistrement Nombre Pourcentage
Non-réponse 49 52
Non-réponse 49 52 %
Oui 43 46
Oui 43 46 %
Non 2 2
Non 2 2%
Total 94 100
Total 94 100 %
Source
Source : Mission : MissionOIM,
de terrain, de terrain,
2014.OIM, 2014.

Graphique 5Graphique
: Etat d'enregistrement des associations
5 : Etat d’enregistrement de la diaspora
des associations de laburkinabè
diaspora burkinabè

Non
2%

Oui
46 % Non-résponse
52 %

Page 40 sur 93
Le tableau révèle que, pour plus de la moitié de nos 94 fiches de questionnaires (52,1 %),
les documents administratifs reçus n’ont pas permis de répondre positivement à cette
mention du questionnaire25. Ici, plusieurs questions se posent :
• Est-ce à dire que les associations de diaspora burkinabè, même quand elles ont
déjà obtenu la reconnaissance officielle des autorités du pays d’accueil, négligent
d’en faire la déclaration auprès de la représentation officielle de leur pays ? Et ne
s’y rendent qu’en cas de problème ?

25
Généralement, en effet, lorsque l’ambassade ou le consulat général reçoit la déclaration de constitution d’une
association déjà reconnue ou pas encore, il lui est délivré un accusé de réception. Si la reconnaissance officielle n’est
pas encore faite, conseil est donné aux responsables d’en initier les procédures.
5
50 La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel

Le tableau révèle que, pour plus de la moitié de nos 94 fiches de questionnaires (52,1 %), les
• Ou administratifs
documents encore ces reçus services
n’ontdiplomatiques et consulaires
pas permis de répondre n’accompagnent
positivement pasdu
à cette mention
suffisamment
25 leurs compatriotes
questionnaire . Ici, plusieurs questions se posent : en termes de conseils et d’invites non seulement
- Est-ceàà s’organiser
dire que lesenassociations
association,demais également
diaspora à enmême
burkinabè, faire les déclarations
quand selonobtenu
elles ont déjà les
procédures du pays d’accueil et à en déposer une copie à leur niveau
la reconnaissance officielle des autorités du pays d’accueil, négligent d’en faire la déclaration?
auprès de la représentation officielle de leur pays ? Et ne s’y rendent qu’en cas de problème ?
- Se
Ou posent
encore cesici une préoccupation
services diplomatiques importante du suivi
et consulaires des associations
n’accompagnent de la diaspora
pas suffisamment leurs
burkinabè eten
compatriotes celui de lade
termes conservation
conseils et des archives,
d’invites nondont les responsables
seulement à s’organiserdoivent pouvoir
en association,
mais
donnerégalement à en fairecrédibles.
des informations les déclarations selon les
En attendant, procédures
les propos du pays d’accueil
des membres et à en
de la diaspora
déposer
accusent uneuncopie à leur
certain niveaude
nombre ? problèmes qui requièrent une solution (ancienneté des
Selistes
posent
desici une préoccupation
associations, importante
insuffisance du suivi etc.).
de personnel, des associations
Quant aux de la diaspora
zones burkinabè
d’implantation,
etil celui de la conservation des archives, dont les responsables
s’agissait d’enregistrer le milieu de résidence, rural ou urbain. doivent pouvoir donner des
informations crédibles. En attendant, les propos des membres de la diaspora accusent un
certain nombreenregistrées
Les réponses de problèmes quidans
figurent requièrent
le tableauune16solution
ci-après :(ancienneté des listes des
associations, insuffisance de personnel, etc.). Quant aux zones d’implantation, il s’agissait
d’enregistrer le milieu16de: Répartition
Tableau résidence, des
ruralassociations
ou urbain. selon le milieu d’implantation
Les réponses enregistrées figurent dans le tableau 16 ci-après :
Reconnaissance
Tableau 16 : Répartition des associations selon Nombre Pourcentage
le milieu d'implantation
Rural
Milieu 12
Nombre 13
Pourcentage
Rural Urbain 12 64 68 13 %
Urbain Non-réponse 64 18 19 68 %
Non-réponseTotal 18 94 100 19 %
Total Source : Mission de terrain, OIM ,2014. 94 100 %
Source : Mission de terrain, OIM ,2014.
Graphique 6 : Répartition des associations selon le milieu d’implantation
Graphique 6 : Répartition des associations selon le milieu d'implantation

Non-réponse Rural
19 % 13 %

Urbain
68 %

LeLelieu
lieude
derésidence
résidencedominant
dominantestestlelemilieu
milieuurbain
urbain(68
(68%%des
des94
94fiches
fichesdedequestionnaires).
questionnaires).Par
rapport aux observations précédentes, ici, un cinquième des fiches,
Par rapport aux observations précédentes, ici, un cinquième des fiches, donc des donc
associations
des
concernées, n’avait pas de précision sur la question. Ceci rejoint directement le constat déjà
associations concernées, n’avait pas de précision sur la question. Ceci rejoint directement
fait (tableaudéjà
le constat 15) fait
que(tableau
près de 15)
47%queseulement
près de 47 des 94 associations
% seulement des 94 dont le consultant
associations dontalepu
25
consultant a pu disposer des documents administratifs ont une reconnaissance officielle
Généralement, en effet, lorsque l’ambassade ou le consulat général reçoit la déclaration de constitution d’une
association déjà reconnue ou pas encore, il lui est délivré un accusé de réception. Si la reconnaissance
officielle n’est pas encore faite, conseil est donné aux responsables d’en initier les procédures.
Page 41 sur 93
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
51

(récépissé au Burkina Faso et en France, acte constitutif en traduction du document


italien y correspondant) et corrobore la validité des hypothèses préalablement formulées.
Des investigations ultérieures devraient permettre de savoir quel est le poids relatif de
chacune d’elles.

5.4. Le croisement des associations entre les pays d’implantation et


les objectifs
Ce paragraphe situe les quatre pays de l’étude au regard de ce qui pourrait constituer le
label opérationnel et pragmatique pour mieux repérer les types dominants d’associations
existant dans chaque pays. Ce label est ici retenu au regard à la fois des objectifs et des
domaines d’actions des associations de diaspora.

La situation est la suivante par rapport aux objectifs déclarés.

Tableau 17 : Les croisements entre les pays d’implantation des associations et leurs objectifs

Total

Amélioration des conditions


intérêts de la communauté
Entraide et solidarité entre

Défense des intérêts des


Promotion de la culture
Défense des droits et
socioéconomique du

Principaux objectifs /
Développement

Pays d’implantation
Non-réponse

Burkina Faso

de la femme
Burkinabè

burkinabè

burkinabè

rapatriés

Nb

%
Non-réponse 0 0 1 1 0 1 0 3 2
Burkina Faso 1 6 10 3 0 3 1 24 15
Côte d’Ivoire 2 31 9 17 8 10 0 77 50
Italie 3 12 1 11 1 1 0 29 19
France 2 8 4 6 2 0 0 22 14
Total nombre 8 57 25 38 11 15 1 155 100
Total % 5% 37 % 16 % 25 % 7% 10 % 1% 100 % 100
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Les actions d’entraide et de solidarité, la défense des droits et des intérêts de la


communauté burkinabè ainsi que le souci de contribuer au développement du pays
d’origine sont les valeurs les mieux partagées par la diaspora burkinabè. La première
vient en tête avec plus de 36 % de fréquence, suivie de la seconde avec 24 % et de la
troisième avec 16 %. Pour cette première valeur, elle prévaut surtout en Côte d’Ivoire
avec 31 %, bien moins en Italie et encore moins en France. L’individualisme ambiant de
l’environnement européen aurait-il également envahi les Burkinabè de l’extérieur, vivant
en France et en Italie ? Au niveau des scores des pays, c’est encore la Côte d’Ivoire qui
5
52 La diaspora burkinabè dans les trois pays de l’étude : cadre organisationnel

affiche les scores les plus élevés (près de 50 %), suivie à distance par l’Italie (18,7 %),
le Burkina Faso (15,4 %) et la France (14,4 %). Le paradoxe que représente le rang du
pays d’origine viendrait-il de la pauvreté endémique ou d’une évolution régressive de la
valeur de référence ? Ou des deux à la fois ? Dans tous les cas, le constat étant fait, nous
y reviendrons dans les recommandations.

Au regard des domaines d’intervention, les pays se positionnent comme suit :

Tableau 18 : Les croisements entre les pays et les domaines d’intervention

Pays d’accueil / Non- Burkina Côte


Italie France Total
Domaine d’intervention réponse Faso d’Ivoire
Non-réponse - 1 5 2 2 10 6%
Promotion sociale 1 10 37 13 10 71 42 %
Droits et justice 1 4 23 11 5 44 26 %
Culture 0 1 9 2 1 13 8%
Economie 1 4 9 8 3 25 15 %
Agriculture 0 5 1 1 0 7 4%
Total Nombre 3 25 84 37 21 170 100 %
Total % 2% 15 % 49 % 22 % 12 % 100 % 100 %
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Sur le plan des domaines d’intervention, les associations de la diaspora burkinabè


sont très actives surtout pour la promotion sociale, à près de 42 %. Les autres
domaines retiennent leur attention dans l’ordre décroissant suivant : moins
de 30 % pour les droits et la justice, de 15 % pour l’économie, de 8 % pour la
formation et la culture et de 5 % pour l’agriculture.

Au niveau des pays, c’est la Côte d’Ivoire qui tient l’étendard à près de 50 % des
réponses, suivie par l’Italie à près de 22 %, le Burkina Faso vient en troisième
position avec moins de 15 % des scores, la France restant autour de 12 %.
Assurément, la Côte d’Ivoire est le pays d’accueil qui se révèle être le porte-
étendard des valeurs de référence de la diaspora burkinabè sous le double label
de potentiel de ces valeurs et de base pragmatique de capacités d’effets induits
par ces valeurs.

Quels sont, dans la diaspora burkinabè, les acteurs de ce potentiel porté par les
associations ?
6
Les associations
de diaspora et
leurs composantes
internes
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
55

Les associations de diaspora et leurs


composantes internes

Le présent chapitre, prenant en compte le fait qu’au moins deux tiers des 312 associations
de diaspora présentes dans les quatre pays de l’étude (revoir le tableau 2) sont dirigés par
les adultes hommes, traite ici spécifiquement de trois composantes de cette diaspora, à
savoir : les femmes, les jeunes et les étudiants.

Ici, le souci est de scruter plus en profondeur cette présence de la catégorie concernée
dans les effectifs des membres des associations et d’identifier les formes spécifiques de la
participation de la catégorie à la vie de l’association et à la contribution au développement
du Burkina Faso.

6.1. Place du genre et de la jeunesse dans les associations de la


diaspora burkinabè
6.1.1. Femmes

Sans entrer ici dans le détail de la définition du concept de « Genre », mentionnons


que cette approche des sociétés humaines se soucie de la place réelle tenue par chaque
composante sexuée et retient, comme indicateur, l’existence ou non de situations
d’inégalités dans les différents aspects de cette vie sociétale. Ici, le souci a été de cibler
un certain nombre d’aspects de cette vie associative pour évaluer le niveau de présence
et de participation réelle de la femme à la vie des associations de la diaspora burkinabè.
Le tableau 20 ci-après en livre les principales modalités retrouvées.

Tableau 19 : Place des femmes dans les associations de la diaspora burkinabè

Associations
Pays d’accueil /
Non- Burkina Côte Italie
Place de la femme dans l’association
réponse Faso d’Ivoire
Présence de femmes dans l’Association 7 2 3 12
Présence de femmes dans le bureau 7 2 3 12
Femmes présidentes d’association ou vice-présidente 2 - - 2
Proportion égale d’hommes et de femmes dans le bureau - - 1 1
Nombre de femmes > Nombre d’hommes dans le bureau 2 - - 2
Participation des femmes aux activités 5 - - 5
Total 23 4 7 34
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
2 - - 2
dans le bureau
56 6Les associations
Participation des femmes aux activités
de diaspora et leurs composantes internes
5 - - 5
Total 23 4 7 34
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 7: Place des femmes dans les associations de la diaspora burkinabè
Graphique 7: Place des femmes dans les associations de la diaspora burkinabè
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Présence de Présence de Femmes Proportion
Proportion égale Nombre de Participation
Participation des
femmes dans
Femmes femmes dans lele présidentes d’hommes
d’hommes et de femmes > Nombre des femmes
femmes auxaux
l’Association bureau d’association ou femmes
femmes dans le d’hommes dans le activités
activités
vice-présidente
vice-présidente bureau
bureau bureau

Coted’Ivoire
Côte d’Ivoire Italie
Italie France
France

Selon les données de ce tableau et de son graphique, les deux indicateurs dominants
Selon les données de ce tableau et de son graphique, les deux indicateurs dominants sont
sont constitués par la présence de femmes comme membres des associations, mais
constitués par la présence de femmes comme membres des associations, mais aussi dans le
aussi dans
bureau des leassociations.
bureau desSouvent,
associations. Souvent,
les postes les postes
occupés par les occupés
femmes par
ont les
été femmes
précisés ont
(en
été précisés (en dehors des cas d’associations uniquement de femmes,
dehors des cas d’associations uniquement de femmes, les femmes se retrouvent les femmes se
dans des
retrouvent dans des
postes importants postesceux
comme importants comme ceux de
de Vice-présidente, de secrétaire,
Vice-présidente,
ou de de secrétaire,
trésorière et,
ou de trésorière
naturellement, deset, naturellement,
« chargées des «féminines
aux affaires chargées»,aux affaires féminines », etc.).
etc.).
Le troisième indicateur notable est la participation des femmes aux activités des associations.
Le troisième indicateur notable est la participation des femmes aux activités des
Naturellement, dans le cas des associations féminines, elles sont, à quelques exceptions près,
associations.
elles-mêmes Naturellement, dans leou,
leurs seules actrices casau
desmoins,
associations féminines,
les plus elles sont,
nombreuses dans àlequelques
bureau.
exceptions près, elles-mêmes leurs seules actrices ou, au moins, les plus
Mentionnons également que 30 % des 140 associations rencontrées lors des entretiens nombreusessont
dans
mixtesle et
bureau. Mentionnons
ne veulent également
pas de distinction que 30
d’hommes et %
dedes 140 associations
femmes rencontrées lors
parmi leurs membres.
des entretiens sont mixtes et ne veulent pas de distinction d’hommes et de femmes
Les propos
parmi leursci-après
membres. rapportés illustrent certains de ces aspects.

Les propos ci-après rapportés illustrent certains de ces aspects. Page 44 sur 93
• A.S. « Dans notre association, il y a vingt (20) hommes et puis quatorze (14) femmes.
Au niveau du bureau on est quinze et on a six femmes sur les quinze » ;
• A.F.Y., janvier 2014. « Il n’y a pas de femmes dans notre bureau, tout simplement
parce que nos rencontres se tiennent les soirs et finissent tard la nuit (…). Donc
pour éviter les scènes de ménage à répétition, on a jugé nécessaire de ne pas les
inclure dans le bureau »26 ;
• A.B.C. « Non, nous on n’a pas voulu une association de femmes ou de jeunes à part.
Nous avons voulu toujours rester ensemble et gérer tous les problèmes qui nous
concernent, car si c’est bon, c’est pour nous tous ; si c’est mauvais, c’est pour nous
tous. Donc, tout le monde, on est ensemble ».

26
Un tel souci laisse penser que la faible présence des femmes dans les organes dirigeants des associations n’est pas
toujours imputable à une discrimination négative, mais répond à une préoccupation pratique de préserver la cohésion
des ménages.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
57

6.1.2. Jeunesse et étudiants

Au-delà du terme générique de la jeunesse, l’étude a préféré spécifier également le cas


des élèves et des étudiants, pour au moins deux raisons :
• la première est que, dans le cas spécifique de la Côte d’Ivoire, c’est depuis la crise
économique et sociale de 1988, puis avec la crise sociopolitique des années 1999-
2000 et 2002 que les jeunes élèves et étudiants burkinabè dans ce pays se sont
organisés pour d’abord venir composer les épreuves du baccalauréat au Burkina
Faso et, ensuite, pour informer et rassembler les dossiers de nouveaux bacheliers,
afin de poursuivre et de mieux réussir leurs inscriptions dans les universités du
Burkina Faso ;
• la deuxième raison est que, au Burkina Faso et particulièrement dans la région des
Bissa, l’émigration en Italie a contribué à créer un gros problème de désaffection
de l’école.

Partant de ces bases, le guide d’entretien dédié à ce groupe-cible a effectivement permis


de cerner un certain nombre de problèmes des jeunes et des étudiants. Les résultats
s’expriment d’abord en termes généraux de la présence des jeunes et des étudiants dans
les associations de la diaspora, mais ensuite des formes spécifiques (contribution au
développement du pays d’origine à travers leurs filières de formation, positionnement
relativement à la question du retour au pays, autres problèmes spécifiques évoqués
surtout au paragraphe 6.2).

Présence des jeunes dans les associations de la diaspora burkinabè

La place des jeunes dans les associations de la diaspora burkinabè s’exprime à travers les
modalités suivantes du tableau 20.

Tableau 20 : Place des jeunes dans les associations

Associations
Pays d’accueil /
Côte Total
Indicateur de présence Italie France
d’Ivoire
Présence des étudiants dans l’Association 4 1 - 5
Présence d’étudiants dans le bureau 4 1 - 5
Proportion égale d’étudiants dans le bureau - - - 0
Nombre d’étudiants > dans le bureau 1 - - 1
Participation des étudiants aux activités 3 1 - 4
Adéquation filières de formation 4 1 2 7
Présence de conseillers pour réorienter le choix des élèves et
3 2 5
des étudiants
Total 19 4 4 27
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
6
58 Les associations de diaspora et leurs composantes internes

Le premier constat à faire est que sur les 27 entretiens qui les ont concernés, 19 ont été
obtenus en Côte d’Ivoire, ce qui traduit l’intérêt soutenu par les évènements ci-dessus
évoqués. Le deuxième constat est que, comme les femmes, leur présence physique
est attestée et ils participent également aux bureaux des associations de diaspora.
Cependant, il convient de noter que, à l’instar du cas des femmes, certains responsables
d’associations évitent d’associer les élèves et les étudiants dans leurs bureaux, en arguant
le souci de ne pas les perturber dans leurs études. Ici également, la participation aux
activités des associations est confirmée, tout comme ils bénéficient souvent de conseils
pour, si nécessaire, réorienter leurs formations, ou mieux se concentrer sur leurs cycles
d’études et de formations.

6.2. Cas particuliers des élèves et des étudiants dans la situation de


la diaspora burkinabè
Le séjour de terrain dans la région Bissa en décembre 2013 a confirmé les propos véhiculés
par l’opinion publique sur les effets pervers de l’émigration des Bissa vers l’Italie sur le
système scolaire de la région, à savoir :
• une déperdition des effectifs des classes entre un début et une fin d’année ;
• la défiance faite à l’école comme n’étant pas capable de procurer du travail en fin
de cycle, en tout cas pas un travail à rémunération immédiate et élevée ;
• les attitudes désabusées des élèves à l’encontre de leurs enseignants (attitudes
d’indiscipline durant les séances de cours, des actes de défiance dans l’habillement,
dans les moyens de locomotion et dans l’exhibition de sommes importantes, etc.).

Lors d’un entretien avec le responsable du service des statistiques et de la carte éducative
de la circonscription de base de Niaogho, en décembre 2013, les statistiques scolaires
livrées font constater effectivement :
• Un taux d’abandon de l’école qui a passé de 1,35 en 2004-2005 à un intervalle de
4,13 à 4,91, durant les années 2005-2006 à 2010-2011, avec un score en 2010-
2011, de 5,09.
• Des niveaux importants de déperditions scolaires : durant l’année scolaire 2013-
2014, Niaogho passe à un effectif de 72 au CM1, mais de 52 au CM2. Quant à
Niaogho catholique, les effectifs décroissent de 40 au CP1 à 26 au CP2, 52 au CMI
à 33 au CM2, etc. (CEB, statistiques scolaires du 24 octobre 2013).

Durant le même séjour, un responsable d’association de la diaspora bissa en Italie,


venu pour des vacances, confiait au consultant qu’il venait d’arriver d’Italie, mais devait
avoir une séance d’explication avec son enfant: celui-ci venait d’abandonner l’école et
l’attendait pour repartir en Italie avec lui.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
59

Lors des entretiens avec les responsables d’associations de diaspora en Italie, nombreuses
furent les séances durant lesquelles ont été évoquées les situations difficiles suivantes :
• les jeunes arrivent en Italie avec l’espoir de trouver facilement du travail et une
rémunération consistante. Malheureusement, ils oublient que les pays européens,
dont l’Italie, ont connu une crise économique et les nouveaux emplois deviennent
difficiles à trouver ;
• ceux qui, effectivement, n’en trouvent pas, prennent souvent la voie de facilité de
la drogue, versent dans la délinquance et sont souvent enfermés par la police ;
• ceux d’entre eux qui, par chance, arrivent à s’en trouver, se laissent enivrer par
leur nouveau revenu financier, prennent de la distance avec la famille soit disant
pour gérer seuls leur autonomie financière27 et, malheureusement, adoptent des
modes de vie peu recommandables.

Au-delà de ces situations, l’Italie est un pays d’une culture autre que celle francophone
avec un système éducatif teinté de la culture du pays, à commencer par la langue
d’apprentissage, d’enseignement, de travail et de vie : l’italien. C’est là relever tout le
problème de l’intégration, pour le « bien-vivre-ensemble » avec l’Italie et les Italiens,
mais aussi s’exposer aux risques de perte d’identité, de personnalité nationale, de non-
formation des enfants et des jeunes par rapport aux valeurs de leur société d’origine.

En somme, l’émigration bissa, malgré ses aspects positifs, est également, aujourd’hui,
une source de préoccupations diverses pour un nombre important de jeunes Bissa.

De celles-ci ont découlé une série de thèmes des entretiens, parmi lesquels figurent :
• l’esprit des jeunes et la contribution au développement du pays d’origine ;
• l’idée de retour au pays d’origine, une fois les études terminées ;
• les jeunes et la valorisation des images et de la culture du pays d’origine.

Pour ce dernier thème, des responsables d’associations de la diaspora, notamment en Côte


d’Ivoire et en Italie, ont déjà pris des initiatives tendant à maintenir leurs liens culturels
avec le pays d’origine. Des « Burkinabo-Ivoiriens » participent assez régulièrement aux
grandes manifestations culturelles et sportives au Burkina Faso (SIAO, SNC, grands tournois
de football ou de boxe, etc.). De leur côté, des responsables d’associations de la diaspora
burkinabè d’Italie sont des « médiateurs culturels » auprès de maisons communautaires
de leurs communes de résidence, de même que sont organisées des « Journées du Burkina
Faso » et des « Journées de l’enfant burkinabè », sans omettre les « soirées de musique
burkinabè » (Como, Lecco, Bergamo, Pordenone, Reggio-Emilia28, etc.).

27
Les jeunes, eux, s’en défendent en affirmant que c’est parce les parents, dont certains n’ont plus leurs anciens revenus,
répercutent toutes les charges du ménage sur eux.
28
Lors des entretiens, les responsables des associations de la diaspora burkinabè de ces localités ont assuré le consultant
qu'ils en organisent régulièrement, souvent en invitant les associations des régions voisines et même S.E. Monsieur
l’Ambassadeur du Burkina Faso à Rome, avec la participation d’une vedette de la chanson burkinabè. Des CD de reportage
m’ont même été présentés. A Reggio-Emilia, mon entretien au Centre multiculturel international de la commune a dû,
à un moment, céder la place précisément à une séance de retrouvailles de jeunes de plusieurs pays et de plusieurs
nationalités, pour des activités de détentes partagées.
6
60 Les associations de diaspora et leurs composantes internes

De telles initiatives doivent se développer, en y incluant les colonies de vacances et autres


rencontres d’enfants et de jeunes du même genre.

Le tableau et le graphique qui suivent évoquent ce dernier thème à travers les résultats
des entretiens :

Tableau 21 : Valorisation du pays d’origine par les associations

Associations
Pays d’accueil /
Côte Total
Valorisation
dans du pays d’origine dans le pays d’accueil
le pays d’accueil Italie France
d’Ivoire
Activités culturelles - 1 1 2
Activitésdes
Promotion culturelles
produits burkinabè à l’extérieur 1- 1 - 1 - 2 1
Promotion des
Préservation des valeurs
produitsd’intégrité
Burkinabè à l’extérieur 1 2 1- -2 1 5
Total 3 2 3 8
Préservation des valeurs d’intégrité 2 1 2 5
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Total 3 2 3 8
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 8 : Valorisation du pays d’origine par les associations
Graphique 8 : Valorisation du pays d'origine par les associations
2.5

2
Activités culturelles
1.5
Promotion des produits
1 Burkinabè à l’extérieur

0.5 Préservation des valeurs


d’intégrité
0
Cote
Côte d’Ivoire
d’Ivoire Italie
Italie France
France

Pour ce ce
Pour quiqui
concerne
concernelalavolonté
volonté et la disponibilité
et la disponibilitéà retourner
à retourner au Burkina
au Burkina Faso Faso unelafois
une fois
la formation terminée,
formation terminée, la grande
la grande question
question des «jeunes
des jeunes « Italianos
Italianos » est celle»deest celleà de
l’accès l’accès à
l’emploi.
À cela As’ajoute
l’emploi. la conviction,
cela s’ajoute très partagée,
la conviction, trèsque ce n’est que
partagée, malheureusement pas uniquement lepas
ce n’est malheureusement
mérite et lalecompétence
uniquement mérite et qui semblent prévaloir
la compétence au Burkinaprévaloir
qui semblent Faso de 2013-2014
au BurkinadansFaso l’accès à
de 2013-
l’emploi.
2014 dans l’accès à l’emploi.
Les quelques propos ci-après en sont les illustrations des avis des uns et des autres, y compris
Les certains
quelques propos divergents
propos : en sont les illustrations des avis des uns et des autres, y
ci-après
- C.N.B.
compris C.I. Abidjan,
certains propos décembre
divergents : : « On leur donne des conseils pour qu’après leurs
2013
études, ils puissent rentrer ou trouver du travail ici. Mais en tout cas, on a quelques étudiants
•qui C.N.B.C.I.,
sont dans cesAbidjan, décembre
dispositions 2013
d’esprit, « On
mais: ils leur pas
ne sont donne des conseils
nombreux. pour
C’est une qu’après
minorité,
maisleurs études,déjà
la majorité ils puissent rentrer ou
lorsqu’ils finissent trouver
le BAC, dutraverse
ce qui travail leur
ici. Mais
esprit, en tout
c’est cas, on a
de rentrer
au Burkina.
quelquesC’est pourquoiqui
étudiants voussont
voyezdans
l’affluence des bacheliers
ces dispositions de diaspora
d’esprit, maisquiilsrentrent
ne sont». pas
- A.B.K. Abidjan, décembre 2013 : « Cela dépend de leurs parents. Si on
nombreux. C’est une minorité, mais la majorité déjà lorsqu’ils finissent le BAC,décide d’envoyer
nos enfants là-bas, ils vont partir. Moi j’en ai qui sont à Bobo et ailleurs. Ceux qui sont ici là
cesiqui
aussi traversejeleur
ça marche, esprit,
vais les fairec’est
partirde
». rentrer au Burkina. C’est pourquoi vous voyez
l’affluence
- A.P.J., des
Abidjan, bacheliers
décembre 2013:de« diaspora qui rentrent
Oui les enfants ». réclament le retour au pays,
à un moment
car ils veulent aller savoir et voir comment est leur pays. Nous encourageons nos frères à
dire aux enfants de rentrer chez nous souvent ».
« En tout cas dans notre localité, les gens n’ont pas ce problème et il arrive même que des
enfants se fâchent contre leurs parents pour le fait qu’ils ne connaissent pas leurs villages. Et
nous les accompagnons ».
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
61

• A.B.K., Abidjan, décembre 2013 : « Cela dépend de leurs parents. Si on décide


d’envoyer nos enfants là-bas, ils vont partir. Moi j’en ai qui sont à Bobo et ailleurs.
Ceux qui sont ici là aussi si ça marche, je vais les faire partir ».
• A.P.J., Abidjan, décembre 2013 : « Oui les enfants à un moment réclament le
retour au pays, car ils veulent aller savoir et voir comment est leur pays. Nous
encourageons nos frères à dire aux enfants de rentrer chez nous souvent ».
• « En tout cas dans notre localité, les gens n’ont pas ce problème et il arrive même
que des enfants se fâchent contre leurs parents pour le fait qu’ils ne connaissent
pas leurs villages. Et nous les accompagnons ».
• A.B.F.K. Abidjan, décembre 2013 « Ici, il y a des difficultés, mais si au Burkina Faso,
il y a des métiers, des formations, on peut partir à l’école là-bas, il n’y a pas de
problème. S’ils peuvent trouver du travail, on préfère qu’ils rentrent au pays ».
• S.A. Abidjan, novembre 2013 : « Nos enfants et nos frères qui sont ici, à chaque
vacance nous les faisons rentrer au pays. C’est pour les inciter à connaitre d’où ils
viennent et mieux apprendre leur culture. Cela leur permettra de savoir que même
s’ils vivent ici en Côte d’Ivoire, leurs ancêtres sont au Burkina, leur racine est au
Burkina ».

« Pour ceux qui montrent des réticences, nous procédons de différentes manières : d’abord
nous cherchons à approcher ces personnes. Une fois que le contact est noué, on procède
ensuite à des questions pour connaitre de quelle région du Burkina elles viennent. Il y a
certains qui vous disent qu’en réalité ils veulent rentrer, mais ils n’ont pas les moyens.
Alors nous leur disons, si c’est le cas, quand ils seront prêts à partir, qu’ils nous le signifient,
nous allons les faire déposer au pays ».

Le tableau 22 qui suit donne les appréciations issues des entretiens sur la contribution
des filières de formations suivies par les étudiants au développement du Burkina Faso.

Tableau 22 : Contribution de la formation au développement du Burkina Faso

Pays d’accueil Côte d’Ivoire France Italie Burkina Faso


/ Filière Appréciations livrées par les responsables d'associations de diaspora Total
de formation Positif Négatif Positif Négatif Positif Négatif Positif Négatif
Médecine - - - - 2 - - - 2(+)
Physique - - - - 2 - - - 2(+)
Economie
- - - - 3 - - - 3(+)
agricole
Electricité - - - - 2 - - - 2(+)
Mécanique
- - - - 4 - - - 4(+)
auto
Mécanique
- - - - - 2 - - 2(-)
industrielle
Comptabilité 3 - - - - - - - 3(+)
6
62 Les associations de diaspora et leurs composantes internes

Pays d’accueil Côte d’Ivoire France Italie Burkina Faso


/ Filière Appréciations livrées par les responsables d'associations de diaspora Total
de formation Positif Négatif Positif Négatif Positif Négatif Positif Négatif
Sociologie 1 - - - - - - - 1(+)
Gestion
2 - - - - - - - 2(+)
commerciale
BTS 2 - - - - - - - 2(+)
Allemand 1 - - - - - - - 1(+)
Espagnol - 2 - - - - - - 2(-)
Total 9 2 - - 13 2 - - 22(+) / 4(-)
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Le constat rassurant est que les avis positifs l’emportent de loin sur ceux négatifs (22 sur
26). Il n’y a pas eu de réaction sur le sujet ni en France, ni au Burkina Faso.
7
Les associations
de diaspora
burkinabè et leurs
différents niveaux
de relations
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
65

Les associations de diaspora burkinabè et


leurs différents niveaux de relations

Les associations de la diaspora burkinabè sont, comme le commande le contenu du


concept, des cadres de vie constitués pour donner de l’animation à un regroupement
de personnes physiques et morales qui ont des aspirations dont elles souhaitent, par ce
biais, des facilités de réalisation et avec des partenaires présumés. Les développements
qui suivent tentent de spécifier les relations entretenues par les associations de diaspora
burkinabè avec différents groupes de partenaires.

7.1. Relations avec la représentation diplomatique et consulaire dans


le pays d’accueil et appréciations des prestations de services
Ces relations sont certainement très diversifiées. Cependant, pour les besoins de
synthèses, elles ont été regroupées dans les quatre principales rubriques que sont :
• la quête et la réception d’informations de la part des services diplomatiques et
consulaires ;
• la participation aux activités organisées à ce niveau (par ou/et à) ;
• la participation à l’accueil d’autorités ;
• les réponses faites aux problèmes soumis.

Sur un total de 89 associations de diaspora entendues sur le sujet, la grande majorité


d’entre elles (64, soit plus de 71 %) entretiennent toutes ces relations.

Parmi ces relations, les plus fréquentes sont respectivement la quête et la réception
d’informations (29, soit 45 %), puis viennent les réponses aux problèmes soumis et,
conjointement, la participation aux activités initiées par les ambassades et par les
consulats, ainsi que les soutiens apportés aux activités des associations.

Sur les trois pays d’accueil de la diaspora burkinabè visités, les services diplomatiques et
consulaires de la Côte d’Ivoire sont les plus fréquentés, suivis par ceux de la France, puis
de l’Italie. C’est la synthèse que présente le tableau 23 ci-dessous.
7
66 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations

Tableau 23 : Relations avec la représentation diplomatique dans le pays d’accueil

Pays / Côte d’Ivoire Burkina Faso France Italie Total


Relations Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non
Réception
10 2 5 3 3 1 3 2 21 8
d’information
Participation
10 2 2 1 0 0 0 12 3
aux activités
Accueil des
4 0 0 0 1 0 0 0 5 0
autorités
Réponses aux
4 2 5 6 3 0 2 1 14 9
problèmes
Soutiens aux
activités de 5 0 3 2 4 1 0 0 12 3
l’association
Total 33 6 15 12 11 2 5 3 64 23
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

L’appréciation sur la qualité de ces relations (ici résumées sous le terme de prestations de
services), reste très discrète : seulement 17 des 64 groupes de responsables rencontrés
ont accepté de se prononcer. Cette appréciation de la qualité des relations entretenues
est positive dans la majorité de ceux qui ont accepté de s’exprimer. Toutefois, le faible
taux de réponses à la question traduit peut-être également une réponse négative
(diplomatiquement) retenue29. Le tableau ci-après en rend compte.

Tableau 24 : Appréciation, par la diaspora, des prestations de services


des ambassades et des consulats dans les trois pays de l’étude

Appréciation Côte d’Ivoire Burkina Faso France Italie Total


des
prestations Positif Négatif Positif Négatif Positif Négatif Positif Négatif Positif Négatif
de service
13 4
5 3 2 1 4 - 2 -
7
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

29
Le chercheur peut toujours accepter sa part de qualité d’approche sur des sujets délicats de ce genre, mais le contexte
de la période de présence du consultant sur les trois terrains n’était pas des plus propices, des plus calmes : le temps
de séjour en Côte d’Ivoire a coïncidé avec celle de l’enrôlement/inscription des ressortissants burkinabè pour la carte
biométrique consulaire, dont l’opération a été lancée dans la perspective des élections présidentielles de 2015 au Burkina
Faso. C’est pendant les séjours en Italie et en France, qu’est intervenue au Burkina Faso, la démission spectaculaire des
69 membres du parti majoritaire au pouvoir au Burkina Faso, le CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès), dont les
incidences interpellent et renouvèlent l’échiquier politique national.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
67

7.2. Relations avec les structures du pays d’origine, perception de


son développement
Ces relations sont abordées sous quatre aspects :
• les relations avec les différentes structures ;
• la perception du niveau de développement du pays d’origine ;
• les difficultés rencontrées ;
• les sentiments de la diaspora sur son niveau d’implication dans les options de
développement et les prises de décisions du pays d’origine.

7.2.1. Les relations avec les différentes structures


Les relations entretenues par la diaspora burkinabè prises en compte ici sont uniquement
celles se situant dans le cadre des actions de développement, les relations de niveau
interpersonnel et familial ayant été présentées dans d’autres études30. Précisons que
les acteurs au compte de la diaspora sont les associations de diaspora, les personnes
individuelles autonomes et les services diplomatiques et consulaires qui, en tant
qu’administrations, servent souvent d’intermédiaires. Au niveau du pays d’origine, les
structures administratives centrales comme décentralisées jouent un rôle similaire
d’intermédiaire et de facilitateur des mises en contact.

Ces relations s’entretiennent avec les différents partenaires des diasporas extérieures
que sont notamment :
• les associations des migrants de retour ;
• les organisations de la société civile ;
• les structures administratives décentralisées et les communes ;
• l’administration centrale du Burkina Faso ;
• les organismes de développement ;
• les autres associations de la diaspora.

Le tableau 25 ci-après présente une vue croisée entre d’une part les principaux acteurs
de la diaspora burkinabè de chaque pays de l’étude (associations, services diplomatiques
et consulaires, migrants individuels autonomes) et de l’autre, les différents niveaux et les
types de relations entretenues.

Sur les 96 relations répertoriées, les trois quarts (75 %) relèvent des associations, 19,2 %
des personnes physiques individuelles autonomes, 5,8 % des services diplomatiques et
consulaires. Au niveau des associations, la plus grande intensité des contacts revient
à l’administration centrale au Burkina Faso, laquelle est suivie de très près par leurs

30
Des résultats de recherches et d’études existent sur le sujet : cf. étude du REMUAO de 1999. Malgré leur ancienneté,
je n'ai pas connaissance d'études ou de recherches ayant leur envergure, qui soient plus récentes et qui en auraient
invalidé les résultats.
7
68 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations

consœurs des pays d’accueil (sous-totaux non mentionnés dans le tableau, de 17 et


16). Parmi les pays d’accueil de cette diaspora burkinabè, c’est en Côte d’Ivoire que se
manifestent le plus de contacts, suivie successivement par la France et par l’Italie.

Comment comprendre ces différents ordres de classements des contacts entre le monde
des migrants (diaspora de l’extérieur et migrants de retour de l’intérieur) et l’ensemble
de leurs partenaires de développement, y compris l’Etat et ses structures, détenteurs de
l’autorité et souvent intermédiaires obligés ? Quels facteurs en sont à la base ?

Il me semble que ceux ci-après formulés en sont les plus plausibles: le souci de l’efficacité
des actions initiées, le facteur de la proximité géographique, de la similarité des besoins,
de la convergence des intérêts (autres associations de diaspora résidant dans le même
pays d’accueil), sans omettre l’attente de la qualité des rapports (accueil et marque
d’intérêt de la personne qui vous reçoit).

Tableau 25 : Relations des associations de la diaspora burkinabè


avec les structures administratives et associatives

Associations, Services diplomatiques


Associations Migrants individuels
Migrants et consulaires
individuels, Total
Pays / Types de RCI Italie France BF RCI Italie France BF RCI Italie FRCE BF
relations
Relations avec
les structures 5 2 4 - 1 1 1 - 3 3 - - 20
administratives
Relations avec
les associations
6 2 1 2 - - 1 - - - - - 12
de la société
civile
Relations avec
les autres
6 3 4 3 - - - - 3 - - - 19
associations de
la diaspora
Relations
avec les
organismes de 2 2 5 4 - - - - - - - 13
développement
au Burkina Faso
Relations avec
l'administration
2 - 2 13 - - 1 - - - - - 18
centrale au
Burkina Faso
Relations avec
1 1 - 2 - - - - 4 3 - 3 14
les migrants
22 10 16 24 1 1 3 0 10 6 0 3
Total 96
72 (75 %) 5 (5,2 %) 19 (19,8 %)
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
69

Graphique 9 : Relations des associations de la diaspora burkinabè


Graphique 9 : Relations avec des associations
les structures de la diaspora
administratives burkinabè avec les structures
et associatives
administratives et associatives

14 Relations avec les structures


administratives
12
Relations avec les associations
10 de la société civile

8 Relations avec les autres


associations de la diaspora
6
Relations avec les organismes
de développement au Burkina
4 Faso
Relations avec l'administration
2 centrale au Burkina Faso

0 Relations avec les migrants


RCI Italie France BF RCI Italie France BF RCI Italie FRCE BF

7.2.2. La perception du niveau de développement du pays d’origine


7.2.2. La perception du niveau de développement du pays d’origine
Pour mieux cadrer les actions qu’elles initient pour contribuer au développement du pays
Pour mieux cadrer les actions qu’elles initient pour contribuer au développement du pays
d’origine, les associations de la diaspora burkinabè ont été invitées à faire connaître l’état
d’origine, les associations de la diaspora burkinabè ont été invitées à faire connaître l’état de
de leur
leur connaissance
connaissance du niveau
du niveau de développement
de développement du Burkinadu Burkina
Faso. Faso.
Les principaux résultats montrent dans leur ensemble que les appréciations positives sont de
Les plus
loin principaux résultats
nombreuses montrent
que celles dans(42
négatives leur ensemble
contre 12, soitque 77,8les
%)appréciations
31
. positives
sontlede
Sur loindes
plan plus nombreuses
appréciations queles
selon celles négatives
pays, (42 contre
la Côte d’Ivoire 12, soitle77,8
concentre plus%)d’avis
31
. positifs
(64 %), suivie par le Burkina Faso (21 %), la France (9,5 %) et l’Italie (4,7 %). Ce pays est,
du
Surreste, celui
le plan desoù les appréciations
appréciations selonnégatives
les pays, dépassent celles concentre
la Côte d’Ivoire positives (4lecontre 2). positifs
plus d’avis
Voici
(64 %),quelques expressions
suivie par le Burkina de Faso
ces appréciations
(21 %), la France: (9,5 %) et l’Italie (4,7 %). Ce pays est,
-du
S.T. Soubré,
reste, celuidécembre 2013 : « Aujourd’hui
où les appréciations négativestellement
dépassent je celles
suis content
positives du (4
développement
contre 2). de
mon pays, je suis resté Burkinabè. Je vous
Voici quelques expressions de ces appréciations : le dis. Beaucoup, comme moi, qui sont nés ici ont
pris des pièces ivoiriennes pour devenir définitivement ivoiriens et ne viennent plus à nos
• S.T.,
réunions Soubré,
d’ici. Nous on décembre même: si« tuAujourd’hui
2013
leur dit que as une pièce tellement
ivoirienne, je celasuis content du
ne t’empêche pas
de participer aux rencontres, car on n’en sait jamais. Il ne faut jamais oublier ton Beaucoup,
développement de mon pays, je suis resté Burkinabè. Je vous le dis. pays ».
- O.N. comme moi, 2014
Nice, février qui :sont nés icique
« Je trouve ontc’est
pristrèsdes pièces
évolué, ivoiriennes
mais je me posepour devenirde
la question
savoir définitivement
comment les gens ivoiriens et ne
font pour viennent
gagner autantplus à nos
alors réunions
qu’ils n’ont pasd’ici.assez
Nousdeon leur dit
rentes. Par
exemple que même
pour si tu asqui
quelqu’un une pièce100
touche ivoirienne,
000 f/moiscela(etnequi)
t’empêche
parvientpas de participer
à construire une aux
belle
villa alors que ceuxcar
rencontres, quiontouchent plus
n’en sait que ça
jamais. n’arrivent
Il ne faut jamaispas àoublier
le faire.
tonDoncpaysje».ne sais pas…
Je me pose les mille questions. Sinon le pays a évolué et c’est bien ».
• O.N., Nice, février 2014 : « Je trouve que c’est très évolué, mais je me pose la
- D.U., Milan, janvier 2014 : « Pour parler de cela, c’est un peu relatif. Développement côté
question de savoir comment les gens font pour gagner autant alors qu’ils n’ont
construction ? Derrière, il y a quelque chose qui se cache. Il y a une couche de la population
à qui lepas assez de rentes.
développement Par exemple
ne profite pour quelqu’unc’est
pas. Le développement, qui touche
toujours100 000 f/moisalors
Ouagadougou (et
qui) parvient à construire une belle villa alors que ceux qui
que le Burkina ne se résume pas seulement à Ouaga. Si on va à la périphérie pour apprécier touchent plus que ça
ce développement, je ne sais pas ce que ça va donner dans la balance. »
31
Le tableau y relatif n’a pas pu être ici reproduit, en raison du volume limité du présent document.

31
Le tableau y relatif n’a pas pu être ici reproduit, en raison du volume limité du présent document.
7
70 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations

n’arrivent pas à le faire. Donc je ne sais pas… Je me pose les mille questions. Sinon
le pays a évolué et c’est bien ».
• D.U., Milan, janvier 2014 : « Pour parler de cela, c’est un peu relatif. Développement
côté construction ? Derrière, il y a quelque chose qui se cache. Il y a une couche
de la population à qui le développement ne profite pas. Le développement, c’est
toujours Ouagadougou alors que le Burkina ne se résume pas seulement à Ouaga.
Si on va à la périphérie pour apprécier ce développement, je ne sais pas ce que ça
va donner dans la balance. »

7.2.3. Les difficultés rencontrées par les associations de diaspora

Les relations entre les hommes, en individuels ou en groupes, ne sont jamais, dans le
temps ou dans l’espace, stables, homogènes, sans que n’intervienne un certain nombre
de difficultés que les uns et les autres rencontrent et sans des contraintes qu’ils doivent
surmonter. Dans le cas des relations entre les associations de diaspora et leurs différents
7.2.3. Les difficultés rencontrées par les associations de diaspora
partenaires et notamment avec les représentations diplomatiques et consulaires, leurs
premiers partenaires sur le terrain des pays d’accueil, ces difficultés et ces contraintes se
Les relations entre les hommes, en individuels ou en groupes, ne sont jamais, dans le temps
présentent comme stables,
ou dans l’espace, l’indiquent le tableau
homogènes, et len’intervienne
sans que graphique ci-après.
un certain nombre de difficultés
que les uns et les autres rencontrent et sans des contraintes qu’ils doivent surmonter. Dans le
Tableauentre
cas des relations 26 : les
Difficultés rencontrées
associations paretlesleurs
de diaspora associations
différentset les migrants
partenaires et notamment
avec les représentations diplomatiques et consulaires, leurs premiers partenaires sur le terrain
des pays d’accueil, ces difficultés et ces contraintes se présentent comme l’indiquent le
Types de difficultés Fréquence
tableau et le graphique ci-après.
Mauvaise diffusion de l’information par l’ambassade et le consulat 7
Tableau 26 : Difficultés
Méconnaissance du CSBErencontrées par les associations et les migrants
et de ses attributions 4
Types de difficultés Fréquence
Manque de ressources financières suffisantes
Mauvaise diffusion de l’information par l’ambassade et le consulat
5 7
Difficulté à trouver
Méconnaissance du des
CSBE intermédiaires fiables au pays
et de ses attributions 5 4
Manque de ressources financières suffisantes
Les dossiers d’achat de parcelles et de logements sociaux sont restés sans suite 7 5
Difficulté à trouver des intermédiaires fiables au pays 5
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Les dossiers d’achat de parcelles et de logements sociaux sont restés sans suite 7
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 10 : Difficultés rencontrées par les associations et les migrants
Graphique 10 : Difficultés rencontrées par les associations et les migrants

7
6
5
4
3
2
1
0
Mauvaise Méconnaissance Manque de Difficulté à Les dossiers
diffusion de du CSBE et de ses ressources trouver des d’achat de
l’information par attributions financières intermédiaires parcelles et de
l’ambassade et le suffisantes fiables au pays logements
consulat sociaux sont
restés sans suite

7.2.4. Sentiments de la diaspora sur son niveau d’implication dans les options de
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
71

7.2.4. Sentiments de la diaspora sur son niveau d’implication dans les options de
développement et les prises de décisions du Burkina Faso

En dehors des associations du pays d’origine, celles de tous les trois pays d’accueil
estiment ne pas être assez associées aux prises de décisions sur les grandes options
de développement du pays et en ont une appréciation très négative sur leur niveau
d’implication dans les processus de décisions y relatives. Dans leur ensemble, elles sont
17 contre 8 à partager cet avis. Au niveau des pays, la Côte d’Ivoire vient en tête avec 9
avis sur 17, suivie par la France (3 sur les 17) et l’Italie (3 sur les 17).

Tableau 27 : Appréciation de l’implication de la diaspora au développement du Burkina Faso

Associations /
Côte d’Ivoire Italie France Burkina Faso Total
Tableau 27 : Appréciation de l'implication de la diaspora au développement du Burkina Faso
Appréciations
Associations
Appréciations Côte
+ – + – +Burkina
– + – + –
Italie France Total
Appréciations
Effectifs D’Ivoire
4 9 2 3 –Faso 3 2 2 8 17
Appréciations + - + - + - + - + -
Notes: (+) : Positive, (–) : Négative
Effectifs 4 9 2 3 - 3 2 2 8 17
(+) : Positive(-)
Source : Mission de : Négative
terrain, OIM, 2014.
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
Graphique 11 : Implication de la diaspora dans les options de développement
Graphique 11 : Implication de la diaspora dans les options de développement
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Positive Négative Positive Négative Positive Négative Positive Négative
D’Ivoire Faso
Côte d’Ivoire Italie France Burkina Faso
Côte Italie France Burkina

Les propos des personnes rencontrées qui soutiennent ces positions sont assez illustratifs et
révélateurs d’un gros sentiment de frustrations multiples32.
- C.N.C.I. Abidjan, novembre 2013 : « Notre prise en compte dans les décisions du
gouvernement du Burkina Faso ? Là, je dis non. Je dis non et je suis même fâché. Au niveau
de la structure dont je suis le président, jamais on ne pense à nous. Pourtant nous participons
à tout. Mais jamais on a eu quelque chose en retour ou bien quelque chose qui nous
encourage à poursuivre. Je n’ai eu aucune facilité par rapport à ce que je fais là-bas. Alors
que nous qui sommes ici, nous travaillons bénévolement pour le développement de la culture
burkinabè. »
- AEB, Bouaké, décembre 2013 : « Bon c’est de faire un Burkina Faso ouvert à tout le monde
et pas de discrimination. Aujourd’hui beaucoup de diaspora pensent investir au Burkina
Faso. Avec la crise en Côte d’Ivoire, beaucoup ont vraiment vu l’importance de tourner le
visage vers le pays de naissance. Hormis ça, y avait pas beaucoup qui ont pensé investir au
7
72 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations

Les propos des personnes rencontrées qui soutiennent ces positions sont assez illustratifs
et révélateurs d’un gros sentiment de frustrations multiples32 :

• C.N.C.I., Abidjan, novembre 2013 : « Notre prise en compte dans les décisions du
gouvernement du Burkina Faso ? Là, je dis non. Je dis non et je suis même fâché.
Au niveau de la structure dont je suis le président, jamais on ne pense à nous.
Pourtant nous participons à tout. Mais jamais on a eu quelque chose en retour
ou bien quelque chose qui nous encourage à poursuivre. Je n’ai eu aucune facilité
par rapport à ce que je fais là-bas. Alors que nous qui sommes ici, nous travaillons
bénévolement pour le développement de la culture burkinabè. »
• AEB, Bouaké, décembre 2013 : « Bon c’est de faire un Burkina Faso ouvert à tout
le monde et pas de discrimination. Aujourd’hui beaucoup de diaspora pensent
investir au Burkina Faso. Avec la crise en Côte d’Ivoire, beaucoup ont vraiment vu
l’importance de tourner le visage vers le pays de naissance. Hormis ça, y avait pas
beaucoup qui ont pensé investir au Burkina Faso... La crise a ouvert les yeux de
certains qui pensent investir dans le pays de naissance. »
• ONG A.V.S.F., Abidjan, novembre 2013 : « Y a pas d’action concrète. En ma
connaissance en tout cas je n’ai pas vu. Si le Burkina souhaite impliquer la
diaspora au développement, il doit y avoir une politique d’encouragement. Il doit
communiquer sur les opportunités qui sont au Burkina, afin que ceux de l’extérieur
soient imprégnés. Ceux qui sont ici et qui veulent investir au Burkina ne savent pas
dans quoi ils peuvent investir. Il n’y a pas de mécanisme pour aider par exemple
ceux qui désirent investir dans l’immobilier. Il faut une sensibilisation, une réelle
implication de nos autorités diplomatiques ».
• ONG CDP, Paris, février 2014 : « En tant que diaspora je pense que nous ne sommes
pas pris en compte. Pourquoi je le dis ? Aujourd’hui quand je vais au Burkina je
n’ai pas un endroit pour aller et dire que je suis de la diaspora et que je veux poser
mes problèmes (...). Déjà au niveau du pays, ils peuvent avoir la lecture des flux
financiers qui viennent de l’extérieur vers le pays. Ils doivent savoir aussi que, quel
que soit le pays, il y a un certain nombre de leurs ressortissants qui ont certains
moyens financiers. Je me dis pour que ça soit un partenariat gagnant/gagnant entre
la diaspora et les institutions au moins, c’est créer ces structures pour permettre à
la diaspora d’envoyer leur argent dans des domaines structurés. »
• O.A., Lyon, février 2014 : « Y a certains aspects où nous sommes consultés, mais
dans beaucoup non (…). Prenons le cas des votes à l’extérieur : il n’y a jamais eu
de vote de Burkinabè à l’étranger. Autre exemple : nous n’avons pas été consultés
avant la signature de la convention que le Burkina a signée avec la France sur la
régulation du flux migratoire (…) Au niveau du pays : moi personnellement, j’ai
demandé à ce que notre pays nous aide, nous de la diaspora, à ce qu’on ait des

32
Au-delà des propos ici relatés, il y en a eu au niveau collectif comme à celui individuel : collectif : suite à la crise
sociopolitique de la Côte d’Ivoire et à la grande insécurité qui planait sur les Burkinabè, une requête collective de
parcelles pour construire des habitations et éviter de se retrouver dans la rue, adressée à une autorité municipale de
Ouagadougou n’a pas eu de suite depuis ce temps ; individuel : un élève d’une grande ville de Côte d’Ivoire, a obtenu le
score de 145 points au BEPC et méritait une récompense : il ne l’a jamais reçu, parce que Burkinabè.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
73

crédits maisons à partir du Burkina. On a nos banques en France, on a nos impôts


et nos fiches de paie en France, mais on ne nous accepte pas au Burkina de faire un
crédit pour acheter ».

Les citations de propos pourraient se poursuivre. Mais ceux déjà présents ici peuvent
nous permettre de formuler quelques bonnes questions, susceptibles d’orienter les
échanges utiles à réaliser sur le sujet :
• En attendant que le document officiel émerge, le Burkina Faso n’a pas encore
de politique explicite de sa migration. Néanmoins et en s’aidant des grands axes
contenus dans le projet de stratégie et de plan d’actions prioritaires, comment
inscrire le problème de cette prise en compte de la diaspora, pour l’aider à mieux
faire face à ses propres problèmes, à mieux canaliser ses potentialités importantes
de contribution au développement du Burkina Faso, dans toutes les dimensions du
concept de capital migratoire ?
• Dans cette stratégie, quelles seront les parts respectives des différents acteurs
(Etat, diaspora, partenaires civils et bi- et multilatéraux ?)
• Pour éviter que les résultats des concertations entre ces acteurs ne meublent
seulement les tiroirs, peut-on en esquisser un plan d’exploitation avec des
échéances précisées ?

En attendant, poursuivons l’examen des relations de la diaspora burkinabè avec les


structures des pays d’accueil et de leurs perceptions.

7.3. Perceptions des rapports avec les structures des pays d’accueil
Dans tous les trois pays d’accueil, les associations de la diaspora burkinabè ont pu et su
développer des relations du « bien-vivre-ensemble » à travers des formes multiples, dont
certaines ont déjà été évoquées :
• les maisons des associations de Paris où le président de l’Union des associations
burkinabè en France (UABF) est membre du Conseil d’administration, où l’UABF
figure dans le recueil des OSIM (Organisations de solidarité internationale issues
de l’immigration) du FORIM (Forum des organisations de solidarité internationale
issues de l’immigration) avec une vingtaine d’associations membres ;
• les centres culturels intercommunautaires de l’Italie dans lesquels plusieurs
responsables des associations de la diaspora burkinabè sont des « médiateurs
culturels ». Le cas d’une intégration particulièrement réussie par le fait que des
membres des associations de la diaspora burkinabè ont su initier et réussir à réaliser
une coopérative agricole de maraîcheculture, dont l’envergure de production, de
transformation et d’invention technologique a déjà été présentée ;
• en Côte d’Ivoire, l’intégration de l’importante population historique des Burkinabè
date des années de la colonisation et aujourd’hui produit des brassages culturels
importants, dont les partages des manifestations culturelles et sportives annuelles.
7
74 Les associations de diaspora burkinabè et leurs différents niveaux de relations

Au-delà de ces faits déjà établis, l’étude de terrain rapporte d’abord, à travers le
tableau 28 ci-après, l’appréciation majoritairement positive des relations entretenues
avec les structures administratives et associatives des pays d’accueil et les organismes
de développement :

Tableau 28 : Appréciation des rapports avec les structures des pays d’accueil

Services diplomatiques et
Associations Migrants individuels
Pays / consulaires
Appréciation Côte Côte Côte
Italie France Italie France Italie France
d’Ivoire d’Ivoire d’Ivoire
Bons 4 - 1 - 1 - 3 - -
Mauvais 1 - - - - - - - -
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

De plus, cette étude de terrain rapporte ci-après trois propos confirmatifs des acteurs de
terrain :
• O.Z., Abidjan, novembre 2013 : « En Côte d’Ivoire ici, notre association collabore
avec d’autres associations qui visent le même objectif. D’abord dans un premier
temps, si tu es dans un quartier, il faut te faire connaitre dans ton quartier, parce
qu’il y a de petites associations dans chaque quartier et il faut y militer. Si tu es
connu dans ton quartier et qu’un étranger arrive chez toi un jour, grâce à toi cet
étranger-là sera protégé. Si au contraire, tu n’as pas bonne presse dans le quartier
et puis tu as un étranger, on le verra d’un mauvais œil. Donc ici dans les communes
on a demandé ça à nos compatriotes »…
• D.N., Poitou-Charente, janvier 2014 : « Le Comité d’action publique (CAP) est
composé des différentes associations des communautés étrangères. Il existe
à Poitiers depuis plusieurs années (...). Il a acquis un local où les rencontres se
déroulent périodiquement. Il intervient quand il y a un problème. Comme c’est une
structure beaucoup plus grande avec des personnes qui ont des accès multiples
avec divers niveaux de responsabilité, quand il y a un problème, on essaie au mieux
de profiter de leur carnet d’adresses qui est bien fourni. L’actuel président est un
Béninois ».
• AJCV, Association des jumelages de la commune de Vienne : « En leur sein, il y a
toutes les associations qui collaborent avec le Burkina Faso. C’est le cas de Faso
Biiga : chaque enfant reçoit un cartable (…). Il y a beaucoup de structures comme
ça, dans lesquelles nous collaborons ».
8
La diaspora
burkinabè :
expériences d’un
co-développement
de terrain
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
77

La diaspora burkinabè : expériences d’un co-


développement de terrain

La diaspora burkinabè témoigne de multiples actions de développement qui, a priori,


interpellent le concept de co-développement, en ce que ces actions ont concerné autant
le pays d’accueil que le pays d’origine.

Pour le moment, relatons les quatre axes qui les présentent :


• les actions de solidarité et de soutien aux membres des associations de diaspora
burkinabè ;
• les initiatives de développement simultanées vers le pays d’accueil et le pays
d’origine ;
• la connaissance et les appréciations de mesures du pays d’accueil pour faciliter
l’investissement au Burkina Faso ;
• les transferts monétaires ;
• les perspectives de réseaux pour renforcer la contribution au développement du
Burkina Faso.

8.1. Les actions de solidarité et de soutien aux membres des


associations
Trois acteurs conjuguent leurs efforts, afin d’accompagner les membres des associations
de la diaspora burkinabè dans leur volonté d’investissement pour le développement
du pays d’origine : ce sont les associations elles-mêmes d’une part et, de l’autre, les
autorités diplomatiques et consulaires, puis, derrière eux, les autorités nationales et
leurs partenaires au développement.

Les modalités d’accompagnement des membres de la diaspora burkinabè par leurs


associations se traduisent par les trois composantes représentées dans le tableau 29 et
son graphique ci-après.

L’observation générale est qu’elles sont assez communément partagées par les
associations des trois pays d’accueil. Pour l’Italie, ont déjà été cités d’une part, la ferme
agricole de Reggio-Emilia, d’autre part, la présence d’un certain nombre de responsables
d’associations dans les fonctions de médiateurs interculturels, qui participent à
l’information et à la sensibilisation de plusieurs communautés nationales, sur des thèmes
variés d’un vivre-ensemble harmonieux et participatif : ce sont là, les meilleurs scores
dans les dynamiques de ces modalités d’accompagnement des diasporas.
8
78 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain

De même, la France, à travers les rencontres dans les 20 maisons des associations de la
ville de Paris, soutenues dans leurs actions par le FORIM des OSIM, est particulièrement
active dans l’accompagnement pour la recherche et pour l’obtention de microcrédits en
vue du financement des projets au bénéfice des pays d’origine.

Tableau 29 : Modalités d’accompagnement des membres


des associations de diaspora burkinabè dans l’investissement au Burkina Faso

Services diplomatiques et
Associations
consulaires
Total
Pays / Activités Côte Côte
Italie France Italie France
d’Ivoire d’Ivoire
2 5 2 2 1 1 13
Sensibilisation 2 5 2 2 1 1 13
Formations - 1 1 1 1 4
Assistance à la recherche de
- 1 1 - - - 2
financement
Total 4 12 6 5 3 2 32
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Graphique
Graphique 12 : Modalités 12 : Modalités d’accompagnement
d'accompagnement des membres dansdes membres
l'investissement au Burkina
Faso dans l’investissement au Burkina Faso

6
Information,
conseil
5
Sensibilisation
4

3 Formations

2
Assistance à la
recherche de
1
financement
0
Côte Italie France Côte Italie France
d’Ivoire d’Ivoire

Quant
Quant aux soutiens des
aux soutiens des missions
missionsdiplomatiques
diplomatiquesetetconsulaires,
consulaires,mandataires
mandatairesdes desautorités
autorités
gouvernementales et de leurs partenaires au développement, leur assistance
gouvernementales et de leurs partenaires au développement, leur assistance consiste consiste
également
également à apporter toutes les informations utiles sur un projet existant ou en cours dede
à apporter toutes les informations utiles sur un projet existant ou en cours
lancement
lancementetetdedeproposer
proposer lesles
conditions à suivre
conditions pour
à suivre y prendre
pour y prendrepart (cas(cas
part desdes
visites et et
visites des
séances de travail sur BagréPôle, de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), des
des séances de travail sur BagréPôle, de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS),
banques, etc.). Dans l’ensemble des différentes modalités d’accompagnement de la diaspora,
des banques, etc.). Dans l’ensemble des différentes modalités d’accompagnement de la
les services diplomatiques et consulaires de la Côte d’Ivoire se révèlent plus actifs.
diaspora, les
Toutefois, uneservices diplomatiques
observation importanteetà consulaires de la Côte
ce sujet, relayée d’Ivoire sederévèlent
par beaucoup plus
responsables
actifs.
d’associations de la diaspora, porte sur la sincérité dans la finalité de certaines informations
livrées pendant les rencontres parrainées par ces services : dans le cas du pôle de croissance
33
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
79

Toutefois, une observation importante à ce sujet, relayée par beaucoup de responsables


d’associations de la diaspora, porte sur la sincérité dans la finalité de certaines
informations livrées pendant les rencontres parrainées par ces services : dans le cas
du pôle de croissance de Bagré33, le niveau d’investissement exigé est si élevé que les
membres de la diaspora se demandent si le projet est conçu pour que des Burkinabè
aux revenus relativement modestes, puissent, même en se mettant en groupement, y
accéder ? Ou alors ; il est fait uniquement pour de grosses fortunes extérieures. Quel
serait alors, dans ce cas, le statut des Burkinabè ?

8.2. Les initiatives de développement simultanées pour les pays


d’accueil et d’origine
Le souci de voir les membres de la diaspora burkinabè s’investir dans la réalisation de
projets bénéfiques à la fois au pays d’accueil et au pays d’origine trouve des illustrations
précises dans les trois pays d’accueil.

Pour la France, l’accord de gestion des flux migratoires, signé en 2009 avec le Burkina,
rappelle la coopération antérieure entre les deux pays et, surtout, trace les nouveaux
axes pour un partenariat de co-développement durable et partagé34. Pour la Côte
d’Ivoire, même si les ambitions politiques de certains fils ivoiriens ont tenté de le faire
oublier, l’histoire sait que le fameux « miracle ivoirien » des années 1960 à 1970 n’aurait
pas été réalisé sans le concours, à l’époque, des bras valides des Voltaïques et des
Maliens (cf. SIAMO et convention de main-d’œuvre du 9 mars 1960). Aujourd’hui encore,
les accords de coopération entre la République de Côte d’Ivoire et le Burkina Faso,
signés sous le régime de Laurent Gbagbo, confirmés et consolidés sous celui d’Alassane
Dramane Ouattara, sont censés concourir à la réalisation de projets dont les intérêts sont
communément partagés.

Les cas d’illustration pour l’Italie viennent d’être rappelés et vont certainement se
renforcer encore davantage, au regard des projets en cours vers/dans la province du
Passoré au Burkina Faso, en attendant celui du pôle de croissance de Bagré35.

33
Le « Pôle de croissance de Bagré » (Bagrépôle) est un projet agro-hydro-industriel situé sur le cours du fleuve Nakanbé,
qui ambitionne d'aménager 3 380 hectares. Sur ces superficies, 3 000 ha seront exploités en mode paysannat et 300 ha
le seront en mode entreprenariat agricole (Nouvelles de Bagrépôle, avril-mai-juin 2014).
34
L'Accord entre le Burkina Faso et la France, relatif à la gestion concertée des flux migratoires et au développement
solidaire, signé à Ouagadougou le 10 janvier 2009, comporte les axes suivants: octroi de visas, admission au séjour
(étudiants et immigration pour motif professionnel), développement solidaire (financement de projets locaux, de
diaspora burkinabè, soutien et formation de PME/PMI) et aide au retour et à la réinsertion (de la diaspora et des
étudiants en fin de formation),coopération policière, réadmission des personnes en situation irrégulière, observatoire
de flux migratoires dans la sous-région.
35
Sans être en mesure, au moment de finaliser le présent document, de confirmer l'état d'évolution du projet, le
consultant a été informé, durant son séjour en Italie en janvier 2014, du « Projet Bagrépôle » initié par l'Association des
ressortissants de Reggio-Emilia et de Émilia-Romagna (ABREER), pour réaliser, à Bagré, une « coopérative agricole de
production, de travail, de consommation et de l'industrie ».
8
80 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain

8.2.1. Les initiatives de développement vers le pays d’accueil

Les membres de la diaspora burkinabè en Italie, associations et membres individuels,


affirment avoir été des acteurs dans les réalisations listées dans ce tableau 30 ci-après.

Tableau 30 : Activités organisées par les associations de migrants dans le pays d’accueil

Statut des acteurs / Activités Migrants indépendants Association Total


Main-d’œuvre 6 - 6
Agricole 5 - 5
Commerciale 5 1 6
Mobilisation et sensibilisation 1 1 2
Tournoi de foot et reboisement - 2 2
Sortie d’étude et partenariat - 1 1
Formation et soutien aux malades - 1 1
Total 17 6 23
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Mentions également, pour la Côte d’Ivoire, au moins les deux cadres suivants de
réalisations multiformes dont les présentations sont faites à la fin du paragraphe 8.5.

8.2.2. Actions menées pour le développement du Burkina Faso

Les tableaux 31 et 32 sont encore plus fournis. Ils listent respectivement 29 et 23


réalisations qui ont été faites par les diasporas des trois pays d’accueil.

Bien que, probablement, d’autres réalisations faites n’ont pas été prises en compte ici36,
les réalisations ici présentées suffisent amplement à faire la preuve que les diasporas ont
été capables d’initier et de réaliser des actions qui participent au développement de leur
pays d’origine et qu’ils ouvrent, par ces cas concrets, des perspectives de réflexions pour
une valorisation encore plus grande et plus efficiente.

Certains des témoignages recensés montrent que les actions ont également été
initiées en direction de la Côte d’Ivoire, étape de la trajectoire migratoire de beaucoup
d’« Italianos ».

36
Le temps de séjour dans les pays et les conditions d’accès aux personnes utiles à l’enquête ne permettaient pas de
disposer de toutes les données disponibles sur un sujet donné.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
81

Tableau 31 : Actions menées pour le développement du Burkina Faso

Associations
Pays / Domaines d’intervention Total
Côte d’Ivoire Italie France
Actions d’amélioration de la sécurité
2 - - 2
alimentaire
Rapatriement des bénéfices d’exploitation
1 3 - 4
au Burkina
Amélioration de la qualité des services
2 3 1 6
sanitaires
Soutien à des œuvres sociales au pays - 1 2 3
Ouverture de comptes bancaires au pays - 1 - 1
Appui à la réalisation de projets divers 2 1 1 4
Appui à la construction d’un Centre
1 1
d'enseignement général
Accompagnement des femmes dans la
- 1 2 3
mobilisation des fonds
Participation à la construction de mosquées
- 2 - 2
et d’églises
Projet d’approvisionnement en eau et
- 1 2 3
assainissement
Total 7 14 8 29
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Les présentations antérieures ont montré que dans les actions de développement
réalisées par la diaspora, il convient de distinguer celles des associations de celles des
personnes individuelles autonomes. Le tableau suivant apporte des réalisations faites
par ces derniers.

Tableau 32 : Autres réalisations de migrants individuels et leur domaine d’investissement

Migrants individuels
Pays / Domaines d’intervention Total
Côte d’Ivoire Italie France
Construction de maisons 4 2 1 7
Investissement dans l’élevage 1 1 2 4
Acquisition de terrain 1 2 2 5
Investissement dans le transport 1 3 1 5
Création d’une entreprise de BTP 1 1 - 2
Total 8 9 6 23
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.
8
82 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain

Au-delà de ces tableaux statistiques, qu’en témoignent les acteurs directs ?

• A.G., Italie, janvier 2014 : « Nous avons réglé des litiges fonciers. Nous avons
aussi réglé beaucoup de litiges professionnels entre des chefs d’entreprise et leurs
employés (...) et nous avons aidé des jeunes à rentrer au Burkina Faso. Nous avons
aidé des familles dont les enfants ont eu le BAC et qui voulaient rester en Côte
d’Ivoire parce qu’ils n’avaient plus d’attache au Burkina Faso. Nous avons aidé 3
ou 4 jeunes à avoir des bourses pour fréquenter. C’est aussi l’association qui a mis
en place DIASPORA FINANCE qui est la première institution étrangère de micro-
finance en Côte d’Ivoire. Nous avons organisé une collecte de fond pour aider le
Burkina Faso à faire face à une crise de méningite. Cette somme a été remise au
ministre des Affaires étrangères. »
• T.F., Elève, Reggio-Emilia, janvier 2014 : « Comme activités nous continuons d’avoir
des sorties pour promouvoir notre culture et nous allons faire une sortie sur le
Burkina pour connaitre notre pays d’origine et nous avons décidé aussi d’organiser
une journée d’excellence pour récompenser tous les meilleurs élèves ».
• O.A., Tenkodogo, décembre 2013 : « Moi je peux dire que j’ai investi, investir ce
n’est pas dans le commerce. Essayer de venir aider ma famille pour le moment
est la première des choses, comme je vous avais dit auparavant puisque ça fait
longtemps que je ne suis pas rentré au pays. Maintenant je suis rentré, j’ai les
yeux ouverts parce qu’on dit que quand tu es toujours à l’extérieur tu es comme un
aveugle. C’est pourquoi j’ai tenu vraiment à rester longtemps pour découvrir mon
village, pour comprendre. Avant je n’avais pas tout ça, maintenant je sais ce que je
dois faire, quand je vais retourner37 ».

8.3. La connaissance et les appréciations de mesures du pays


d’accueil pour faciliter l’investissement au Burkina Faso
La perspective d’une valorisation du capital migratoire suppose une connaissance du
contexte juridique et règlementaire qui régit, dans l’espace concerné, les opérations liées
à cette valorisation, c’est-à-dire à la circulation et aux échanges de biens et services, y
compris la mobilité des personnes.

Dans le cas présent, les lignes qui suivent présentent cinq38 mesures en vigueur dans les
trois pays d’accueil de la diaspora burkinabè :
• Mesure de facilitation des transferts de fonds ;
• Mesure d’insertion socioprofessionnelle de la diaspora ;
• Libre circulation des immigrés et de leurs biens ;

37
Le propos de ce migrant en visite, relaté sous le présent thème s’illustre par l’importance de l’investissement qu’il est
en train de réaliser (un grand complexe hôtelier) en tant que migrant individuel autonome. Il a aussi sa pertinence pour
d’autres thèmes tels ceux des migrants qui ont délaissé leur pays d’origine depuis longtemps ou qui ne pensaient pas
utile d’investir dans ce pays d’origine.
38
L’énoncé de ces 5 mesures ressort des résultats de l’enquête de terrain. Elles ne sont pas exclusives.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
83

• Autorisation pour mener des activités ;


• Couverture des étudiants étrangers par l’assurance maladie.

Les appréciations faites par la diaspora sur ces cinq mesures semblent laisser celles-ci
ambiguës dans leur globalité, dans la mesure où toutes les mesures ont, pratiquement, à
l’exception d’une seule, été jugées à la fois favorables et défavorables. En fait, il convient
de noter d’une part, que les appréciations positives et négatives ont été exprimées par
des acteurs différents, chacun ayant son argumentaire, d’autre part, que les appréciations
favorables sont près de deux fois plus élevées que celles négatives (13 contre 7), enfin,
qu’un pays comme l’Italie les a toutes positives.

8.4. Les transferts monétaires


Cette retombée des émigrations est aujourd’hui l’une des données qui se sont imposées
au monde financier international, tant ses volumes sont importants. Ainsi, le montant
serait aujourd’hui de 400 milliards de dollars E.-U. (source) et les comparaisons
l’établissent largement au-dessus de l’aide publique au développement. Dans le cas de
la présente étude, les informations y relatives ont été, sur le terrain, assez fastidieuses
à obtenir. Toutefois l’expérience de Quick cash, découverte à Abidjan en Côte d’Ivoire, a
semblé constituer une innovation majeure pour ses coûts de constitution des comptes
des personnes, mais surtout pour sa pédagogie et son groupe cible privilégié. Ce dernier
est constitué précisément des migrants anonymes, « blottis » dans les fonds reculés des
campagnes des pays d’accueil39, qui osent à peine se rendre dans les centres urbains et
encore moins dans les structures financières (bancaires et autres). Ce qui signifie qu’ils
thésaurisent dans leur domicile ou même enfouissent dans des endroits des champs,
choisis par eux, leurs revenus. La stratégie conçue a été de retrouver ce genre de migrants
chez eux, de les convaincre des dangers de leurs comportements antérieurs et de les
décider à accepter une autre forme de « bancarisation ». Quickcash semble avoir réussi
son innovation et la dynamique évolutive semble prometteuse40.

Au Burkina Faso également, une innovation a été la décision des autorités du Ministère de
l’Economie et des Finances (MEF) d’accepter de s’impliquer dans le suivi des opérateurs
informels de transferts d’argent. Le résultat en est que c’est à ce niveau que le consultant
a pu obtenir l’état, en fin 2013, des transferts monétaires liés aux migrations, pour le
Burkina Faso. Les données chiffrées de l’état des comptes de Quickcash et celles obtenues
du MEF par le biais des opérateurs informels de transferts monétaires sont présentées à
l’annexe 4.

39
Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Gabon, Guinée équatoriale, etc.
40
L’entreprise vient d’être honorée de trois prix : celui de la compétition « CGECI ACADEMY BUSINESS COMPETITION » :
Quickcash est la 1ère de 436 chefs d’entreprises et porteurs de projets et une présélection de 30 demi-finalistes, 26
avril 2014 au Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire (10 millions FCFA) ; puis celui de « du capital intelligent » du Cabinet
ESPARTNERS, le même jour (1 million); enfin, lors du salon International des Métiers d’Abidjan (SIMA), le « prix spécial
du Premier ministre ivoirien pour sa contribution à la création d’emplois » (en moins de 3 ans 52 emplois directs et plus
de 150 emplois indirects) d’une valeur de 1 250 000 FCFA.
8
84 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain

Cette composante importante du capital migratoire, tel que déjà défini, doit retenir
toute l’attention requise pour la meilleure organisation et le meilleur suivi de son
opérationnalisation, pour les activités de recherche sur les destinataires et les formes
d’utilisations actuelles et celles à envisager pour une meilleure efficience de sa
capitalisation. Très probablement, cette donnée s’imposera de plus en plus comme
source importante de financement des actions de développement du Burkina Faso.

C’est également le lieu d’évoquer deux autres initiatives fort utiles pour la consolidation
des éléments constitutifs du capital migratoire burkinabè : la première est celle de M. le
Consul honoraire de Soubré en Côte d’Ivoire ; celui-ci, parce que soucieux lui-même de
connaître qui sont les Burkinabè de son ressort territorial, a fait réaliser une collecte de
données de terrain qui, non seulement a fait le dénombrement physique des personnes,
mais a consigné également tout le patrimoine physique et financier des chefs de famille.
Toutefois, jusqu’à la date de passage du consultant dans sa circonscription (décembre
2013), ces données de terrain n’avaient pas encore été exploitées.

La deuxième rencontre également fort utile a été celle avec le responsable de l’opération
de la Chambre de commerce de Ouagadougou, en vue de recenser tous les opérateurs
économiques burkinabè de la Côte d’Ivoire : ses résultats seront également une source
de repérage du capital migratoire burkinabè disponible en Côte d’Ivoire.

8.5. Les perspectives de réseaux pour renforcer la contribution au


développement du Burkina Faso
Il s’agit, à mon sens, de réfléchir à l’organisation et à la structuration de la diaspora :
existence de structures identifiables (réseaux, associations, entreprises, etc.),
dispositifs institutionnels à mettre en place. Cet aspect revêt un caractère opérationnel
incontournable qui conditionne l’efficacité des actions de la diaspora burkinabè dans ses
intentions de participer au développement du pays d’origine.

Dans les trois pays d’accueil de la diaspora burkinabè, un nombre important d’au moins
312 associations de la diaspora existent déjà, souvent même avec une impression de
pléthore. Bien que la répartition pour chacun des trois pays soit connue, ce chiffre reste
finalement approximatif. Ces listes ont néanmoins servi de base pour l’estimation des
effectifs souhaitables des entretiens de l’étude. Sur le terrain, leur réalité s’est confirmée,
souvent avec d’autres listes complémentaires ou alors avec des actualisations au niveau
des bureaux et des adresses. Dans tous les cas, la vitalité de ces associations peut être
attestée par les rencontres effectives et périodiques qu’elles tiennent avec leurs membres
et dont le consultant a été témoin dans certaines localités d’Italie et de France (Como en
Italie et Marseille en France).

Dans cette perspective, il convient de rappeler que, comme déjà dit, ces associations ont
souvent d’abord des bases ethniques, claniques, voire familiales et de village. Toutefois,
il est heureux et salutaire de constater qu’elles témoignent de plus en plus d’un élément
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
85

actuel important : leur souci de coordination et leur volonté de s’élever au niveau de


la totalité du pays d’origine. Ce souci et cette volonté sont attestés par l’existence de
structures faitières dans chacun des trois pays d’accueil : Conseil national des associations
de Burkinabè en Côte d’Ivoire, Fédération des associations de Burkinabè en Italie et
Union nationale des Burkinabè de France.

Dans la pratique et sur le terrain, ces associations de diaspora burkinabè disposent


d’un réseau de partenariats dont certains se sont révélés efficaces. Ainsi, certaines
de ces associations de la diaspora burkinabè ont déjà créé des cadres de coopération
et d’exploitation des potentiels de développement entre immigrants burkinabè et
population du pays d’accueil :
• C’est le cas des exploitants de café et de cacao burkinabè, dont certains disposent
d’usines de transformations qui ont décidé, en union avec leurs pairs ivoiriens,
de mettre en place l’Union fraternelle des coopératives ivoiro-burkinabè (UFCIB),
créée en 2009 et disposant d’un arrêté de reconnaissance officielle depuis 2012.
Les activités de cette union portent sur l’amélioration des techniques de travail,
l’accroissement des ressources financières et celle des conditions de vie des
adhérents, notamment par l’apport des intrants et autres facteurs de production,
la collecte, le stockage, la transformation et la commercialisation des produits,
l’achat d’équipements collectifs.
• C’est également le cas de l’orphelinat Compassion Esther de Soubré, créé par une
Burkinabè, qui accueille essentiellement des orphelins et des enfants en difficulté,
quelle que soit la nationalité de leurs parents biologiques. De simple maison
d’accueil à ses débuts, c’est aujourd’hui un centre qui bénéficia d’un terrain donné
par la maire de la ville. Les dons et autres formes d’assistance reçues ont permis
aujourd’hui de construire plusieurs bâtiments dans la cour et d’ouvrir un cycle de
maternelle et d’école primaire.
• Dans le même sens, d’autres associations de diaspora burkinabè se sont constituées
en véritables agents porteurs d’actions d’innovations technologiques et travaillent
à pouvoir en faire le transfert du pays d’accueil au pays d’origine. C’est ainsi que
des membres de l’association de la diaspora de Reggio-Emilia se sont investis
depuis au moins cinq ans dans l’acquisition, auprès de leur maire, de parcelles
de cultures maraichères, ainsi que vu ci-dessus. La coopérative réalise également
la conservation et la transformation de ses productions agricoles en produits de
consommation directe (jus, confitures, fromages, etc.). L’équipe dispose déjà
d’un projet de valorisation de leur invention, dont ils voudraient intéresser des
producteurs du pays d’origine et éventuellement dans le pôle de croissance de
Bagré41.
• Enfin, des associations initiées par la diaspora burkinabè se sont déjà projetées dans
la sphère du partenariat et de l’intégration régionale : c’est le cas du Mouvement
international immigration et intégration de la diaspora africaine (OiNG/MIIIDA),
créé le 31 octobre 2001, disposant d’une reconnaissance officielle au niveau des

41
Revoir la note de bas de page 47.
8
86 La diaspora burkinabè : expériences d’un co-développement de terrain

ministères ivoiriens en charge de l’Intérieur et des Affaires étrangères (2001 et


2002) et d’un arrêté de 2012 portant autorisation et fonctionnement. Il a soumis,
en 2010, une convention de partenariat entre le Mouvement (exécutant), le
consulat général du Burkina Faso en Côte d’Ivoire (utilisateur) et les ressortissants
burkinabè en Côte d’Ivoire (bénéficiaires).

Au total, dans l’immédiat, les entretiens de terrain nous fournissent des bases d’actions
exploitables, à savoir les avis déjà disponibles des acteurs principaux, les membres de
la diaspora et leurs associations. Ces avis ont été fournis pour le pays d’accueil et pour
le pays d’origine. Les tableaux 33 et 35 présentent successivement les vues pour le pays
d’accueil et pour le pays d’origine.

Tableau 33 : Perspectives de mise en place de réseaux dans le pays d’accueil

Services diplomatiques Migrants


Associations
Pays / Dans et consulaires individuels
le pays
Burkina
d’Ivoire

d’Ivoire

d’Ivoire
France

France

France
d’accueil
Italie

Italie

Italie
Côte

Côte

Côte
Faso

Favorable 8 - 4 6 1 - 6 5 - 1
Défavorable 3 1 - - - - - 1 - -
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Tableau 34 : Perspectives de mise en place de réseaux dans le pays d’origine

Services diplomatiques Migrants


Associations
Pays / Dans et consulaires individuels
le pays
Burkina
d’Ivoire

d’Ivoire

d’Ivoire
France

France

France

d’origine
Italie

Italie

Italie
Côte

Côte

Côte
Faso

Favorable 14 1 4 1 1 - 6 1 1 -
Défavorable 3 - - - - - - 1 - -
Source : Mission de terrain, OIM, 2014.

Les avis favorables sont au nombre de 29 contre 4 défavorables dans le pays d’origine,
et de 31 favorables contre 5 défavorables dans le pays d’accueil. Autrement dit, la quasi-
totalité des principaux acteurs est favorable à la constitution de réseaux entre la diaspora
burkinabè et les pays d’accueil et d’origine. Il reste donc à concevoir d’abord les éléments
constitutifs des réseaux et ensuite toute leur stratégie de mise en place.
9
Conclusions et
recommandations :
La diaspora
burkinabè pour un
co-développement
durable et partagé
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
89

Conclusions et recommandations : La diaspora


burkinabè pour un co-développement durable
et partagé

9.1. Préliminaires
Afin, à la fois, de rendre les recommandations plus consistantes et plus opérationnalisables,
celles-ci sont soutenues par les constatations des situations observées sur le terrain,
avant la formulation de la ou des recommandations y relative(s).

La prise en compte des considérations théoriques et méthodologiques n’est pas pour


autant écartée : des suites et des réponses devaient être apportées à des observations et
réserves formulées dans la partie « revue de littérature ».

Dans le même souci de recommandations concrètes, ces recommandations ont été


regroupées par thèmes et les acteurs les plus attendus pour leur mise en œuvre ciblés,
ce qui n’exclue pas la recherche de concertations et de synergies, dès lors que celles-ci se
révèlent utiles sinon nécessaires.

Les conclusions des analyses précédemment menées s’expriment à travers les


constatations ici retenues.

9.2. Constatations et recommandations


9.2.1. Contributions à des débats théoriques et stratégiques

a) Les diasporas burkinabè seraient-elles de « vraies » ou de « fausses » diasporas ?

Selon les formules de Denise Helly (2006), une autre formulation de la même question
serait de savoir si les émigrés burkinabè des trois pays d’accueil de l’étude sont de simples
migrants ou forment la diaspora burkinabè. Pour l’auteur, le critère déterminant est celui
des ressources capables de leur permettre de disposer de manifestations concrètes d’une
diaspora (réseaux de liens, réalisations d’activités, existence institutionnelle reconnue,
etc.).

A mon sens, les présentations faites respectivement au paragraphe 5.3, aux chapitres 7 et
8 en apportent suffisamment d’attestations pour justifier une réponse positive, à savoir
que les émigrés burkinabè des trois pays d’accueil sont non seulement des migrants,
mais aussi qu’ils forment véritablement des diasporas authentiques42.

42
Tout en restant ici dans les limites de volume souhaitées par le commanditaire de l’étude, des contributions aux
réflexions théoriques plus soutenues seront probablement initiées plus tard.
9
90 Conclusions et recommandations : La diaspora burkinabè pour un co-développement durable et partagé

b) Aspects de méthodologie et de logistiques de recherche

Les contraintes de moyens disponibles pour la réalisation de la présente étude ont


limité son terrain aux seuls trois pays d’accueil que sont la Côte d’Ivoire, l’Italie et la
France. De même, sur le terrain, l’outil utilisé de manière directe avec les membres de
la diaspora a été le seul guide-entretien avec les groupes cibles précisés au tableau 2.
Par ailleurs, l’impossibilité faite au consultant de ne pas pouvoir faire prendre en charge
par le budget de l’étude une quelconque assistance en ressources humaines (enquêteur,
point focal local ou superviseur d’une équipe d’enquêteurs, assistant de recherche pour
des prestations de services sur des points techniques pointus tels que la cartographie,
ou encore le recours à certains logiciels de traitement et d’analyse de données: nvivo et
sphinx) a considérablement réduit les initiatives du consultant sur plusieurs étapes du
travail: élargir les outils de collecte de données par exemple à la MARP (Méthode active
de recherche et de planification participative), à la toile d’araignée ou la méthode SEPO
(succès, échec, potentialités et obstacles). De tels outils sont plus pertinents pour évaluer
les niveaux de performance des structures dirigeantes des associations de diaspora et
l’état de réalisation de leurs activités. De même, l’effectif de pays couvert par l’étude est
certes important et indicatif. Toutefois, un état estimatif du nombre de Burkinabè vivant
à l’étranger, de mai 2014, émis par le Conseil Supérieur des Burkinabè vivant à l’étranger,
montre que ceux-ci se répartissent dans 60 pays. Enfin, l’objectif majeur de l’étude a été
de recueillir un grand nombre d’informations sur la diaspora dans ces trois pays cibles,
en vue de mieux canaliser sa contribution au développement du pays d’origine, sans se
soucier du niveau d’efficacité et de performance de leurs équipes dirigeantes.

Dans une perspective de reconduite de l’étude de base de la présente publication,


fortement souhaitée et recommandée par les participants à l’atelier de restitution et de
validation des résultats (tenu à Koudougou du 25 au 27 juin 2014), plusieurs niveaux de
consolidation devraient y être apportés. Ainsi, l’envergure de l’étude devrait d’une part,
couvrir d’autres pays d’accueil sélectionnés sur la base de critères précis et, d’autre part
aller au-delà des seuls responsables pour inclure les membres de ces associations. De
même, les outils de collecte de données devraient s’élargir à ceux susceptibles de livrer
les données plus conformes aux attentes des objectifs.

c) Orientation théorique et stratégique : la diaspora burkinabè pour un


co-développement durable et partagé

La revue de littérature a présenté les différentes approches en cours sur la relation entre
le fait migratoire et le développement. De ces approches, celle qui émerge et est la mieux
partagée est celle de co-développement, dont des insuffisances relevées ont conduit à
la formule de « repenser le co-développement ». Dans ce sens, les échanges à l’ONU,
du Dialogue de haut niveau sur les migrations et le développement (DHNMD) et ceux
du Forum global sur les migrations internationales (FGMI) aboutissent à la formule,
acceptable par tous les acteurs de la migration, de « gagnant/gagnant », en lieu et
place des formules à finalité unilatérale comme celles exclusivement sécuritaire ou de
« migration choisie » des pays d’accueil.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
91

Une bonne gestion des migrations internationales, dont les diasporas sont les acteurs
clés, également porteuses de réelles potentialités de développement à travers des
concepts fédérateurs comme celui de capital migratoire, au bénéfice de tous les acteurs
concernés - émigrés, pays d’accueil et pays d’origine, ne saurait promouvoir une telle
orientation (“migration choisie”).

Cette récusation vaut surtout pour les pays de départ, dont on sait qu’ils sont, dans leur
majorité, des pays en voie de développement, qui sont, dans le cas africain, d’anciennes
colonies aujourd’hui sous les rampes de la mondialisation monopolistique et asphyxiante.
La présente étude a concerné le Burkina Faso, pays pauvre certes (cf. indices de l’IDH, de
la pauvreté, des inégalités de revenus, etc.), mais disposant d’un capital humain physique
(chiffre de population et importance des flux migratoires) et qualitatif (peuple travailleur,
bonus démographique en émergence, dynamique d’organisation de la diaspora et les
témoignages actuels de sa volonté de contribuer au développement du pays d’origine)
important. L’option stratégique qui s’impose est celle d’un co-développement durable
et partagé, pour lui et pour tous les acteurs de la chaine migratoire: migrants, entités
d’origine, de destination.

Elle est possible et réalisable, non seulement en fonction des facteurs tantôt énumérés,
mais également de ceux ci-après: des bases institutionnelles disponibles (stratégie de
migration dont l’élaboration est en cours d’adoption, série récentes d’études sur la
migration (profil migratoire, guide d’utilisation des données migratoires, interactions
entre politiques publiques, migration et développement), une volonté politique présente
et partagée (partis politiques et société civile actuellement engagée dans une refondation
des bases de gestion du pays pour un développement mieux partagé), des antécédents
sérieux déjà disponibles dans les pratiques actuelles de notre diaspora et sa volonté
également de tirer un meilleur avantage de cette émigration. Une telle orientation rend
également bénéficiaires les pays d’accueil de notre diaspora.

La formule s’exprime comme un autre co-développement avec et pour la diaspora


tout comme pour le pays de départ et le pays d’accueil, dans un cadre de conception,
de stratégie et de finalités durables et partagées entre les parties prenantes (pays de
départ, pays d’accueil, diaspora). En cela, le dialogue de haut niveau de l’ONU est une des
références d’accompagnement attendues.

De nouvelles conventions de gestion mieux partagée des flux migratoires burkinabè sont
à négocier avec les pays destinataires de notre capital humain physique et qualitatif.

L’ancrage institutionnel de mise en œuvre et de suivi sera une autorité crédible non
contestable et disposant de moyens de la nouvelle stratégie migratoire.
9
92 Conclusions et recommandations : La diaspora burkinabè pour un co-développement durable et partagé

9.2.2. Recommandations à destination des acteurs opérationnels

a) Institutions gouvernementales burkinabè

1. Absence dans les administrations du pays d’origine (services centraux et


communaux), de documents de déclaration d’existence légale des associations de
diaspora/migrants de retour: dans les perspectives d’une implication de l’autorité
administrative et politique pour une reconnaissance et une meilleure valorisation
de la contribution de la diaspora nationale au développement du pays, il est
impérieux de remédier urgemment à cette situation. Dans le cas des migrants de
retour au Burkina Faso, c’est même d’abord la dynamique de leur organisation
qu’il faudra lancer.

2. Les associations de la diaspora burkinabè sont toutes actuellement inéligibles


dans les dispositifs de la loi n° 10/92/ADP du 15 décembre 1992, qui régit le
cadre associatif au Burkina Faso. Dans la perspective des réseaux à constituer
et du renforcement de leur participation au développement du pays, un
réaménagement de l’article 17 (surtout son premier alinéa) devrait permettre
aux associations de la diaspora burkinabè de s’en constituer des membres, voire
des membres d’utilité publique (article 18), afin d’avoir toute latitude utile et de
bénéficier de toutes les mesures d’accompagnement nécessaires.

3. L’accès à des documents disponibles tels que les répertoires des associations dans
les ministères et dans les communes, souvent déjà sur fichiers électroniques, a été
rendu difficile dans certains services. A l’heure actuelle où le phénomène migratoire
bénéficie d’une attention bienveillante au niveau national, international et où des
dynamiques de sa valorisation s’élaborent, il est vivement demandé à toutes les
sources de données d’avoir une disponibilité et un esprit de communication et de
partage de ces données.

4. La conservation des dossiers administratifs des associations de diaspora par les


services diplomatiques et consulaires est défectueuse dans beaucoup de cas. Elle
doit être corrigée et la fluidité de leur accès améliorée.

5. L’effort initié par le Burkina Faso pour un meilleur suivi des opérateurs informels
de transfert d’argent est salutaire et mérite d’être encouragé. Des initiatives de
nouvelles recherches doivent en permettre une meilleure rentabilisation.

6. La suggestion de réaliser l’exploitation des données collectées et disponibles à


Soubré doit retenir l’attention du CSBE et des partenaires au développement. Il
en est de même pour le recensement en cours sur les opérateurs économiques
burkinabè en Côte d’Ivoire, qui offre a priori une opportunité d’opérationnalisation
possible du projet MIDA du Burkina Faso.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
93

7. Les responsables des associations de diaspora burkinabè, soucieux des risques


de perte de l’identité nationale pour eux-mêmes et surtout pour leurs enfants,
ont déjà pris des initiatives de ressourcement culturel (voyages d’étude, colonies,
journées culturelles du Burkina Faso, journées de l’enfant burkinabè, etc.), il
importe que les autorités nationales compétentes dans les domaines concernés,
leur apportent un soutien actif43.

8. Le lancement d’une opération de prix aux meilleurs membres de la diaspora


burkinabè dans leurs initiatives de développement du pays d’origine constituerait
un puissant encouragement à la connaissance de ces initiatives, à leur suivi et à
leur promotion (orphelinat de Soubré, ferme agricole de Reggio-Emilia, forum de
l’association de Lyon, association des jeunes cadres et étudiants avancés de Paris,
Quickcash de Côte d’Ivoire, etc.).

9. Manque important des archives administratives des associations de diaspora et des


migrants de retour: une synergie d’initiatives entre les structures administratives
(MATDS), celles de recherche (INSD, ISSP), de police (aéroport) et de police des
frontières doit pouvoir y suppléer.

b) Institutions gouvernementales des pays d’accueil

c) Représentations diplomatiques et consulaires dans les pays d’accueil

10. Il y a un déséquilibre entre le nombre de délégués CSBE et l’effectif de la diaspora


burkinabè entre la France et l’Italie : la première compte moins de 7 000 Burkinabè
et a 8 délégués CSBE, tandis que la seconde, avec plus de 50 000 Burkinabè, n’en
compte que 3. Une telle situation doit être corrigée.

11. Dans le même ordre d’idée, l’effectif du personnel et l’espace des locaux de la
représentation diplomatique du Burkina Faso en Italie est en déphasage avec le
nombre de la diaspora dans le pays : la situation doit être revue.

12. Les rapports entre les délégués consulaires et les délégués CSBE se sont révélés,
durant le séjour de terrain du consultant, ambigus et souvent conflictuels : les
rôles respectifs doivent être clarifiés et portés à la connaissance de la communauté
burkinabè concernée. Les autorités des pays d’accueil doivent également en
recevoir une information officielle, au moins pour les délégués CSBE (agents du
service public), par les services diplomatiques et consulaires (cf. travaux de la
récente conférence nationale des ambassadeurs et des délégués consulaires de
2014).

43
La version finale du présent document s'élaborant en ce mois de novembre 2015, cette recommandation reçoit un écho
fort dans le souci d'un partage, avec toutes les composantes de la diaspora burkinabè, des valeurs cardinales de vie
individuelle et sociétale à reconquérir, exprimées par les manifestations de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre
2014 et leur refus de la tentative de coup d'Etat des 16 et 17 septembre 2015.
9
94 Conclusions et recommandations : La diaspora burkinabè pour un co-développement durable et partagé

13. Les rapports entre les associations de diaspora et les services diplomatiques et
consulaires doivent être améliorés dans le sens d’une plus grande diligence des
contacts, de confiance, de transparence et d’équité entre les diverses associations
(entre ces associations et entre elles et les services diplomatiques).

d) OIM et autres partenaires techniques et financiers

14. Les hypothèses multiples sur la situation de non-enregistrement des associations


de la diaspora burkinabè devraient être vérifiées par des investigations ultérieures.

e) Membres et associations de la diaspora burkinabè

15. Niveau peu élevé des cadres de création de la majorité des associations de la
diaspora, très souvent clanique, familial, villageois, d’où le besoin d’une dynamique
de sensibilisation et d’information à instaurer dans ce sens pour élever le niveau à
une dimension régionale ou nationale dans l’optique de permettre une meilleure
saisie des problèmes et une meilleure efficacité de la recherche de leur solution.

16. Faible proportion d’associations disposant d’une reconnaissance officielle. Il


importe, en conséquence, d’ores et déjà, que les membres de la diaspora burkinabè
se convainquent de la nécessité, non seulement de s’organiser et de se structurer,
mais aussi, une fois l’association créée, de la déclarer pour une reconnaissance
auprès des services compétents et des institutions du pays d’accueil. Qu’ils en
fassent également l’enregistrement dans les services diplomatiques et consulaires
de leur pays et insistent auprès de leurs autorités de référence pour que les
documents administratifs de leur existence légale soient bien conservés.

f) Recommandations interpellant plusieurs acteurs

17. La régression des valeurs de référence de la vie collective à l’étranger (entraide et


solidarité, défense des droits et intérêts de la communauté burkinabè, promotion
de la culture nationale, etc.) interpelle tous les acteurs de la vie nationale. Il
est suggéré que chaque acteur (diaspora burkinabè, autorités du Burkina Faso)
en prenne conscience et initie les actions correctives et de promotion les plus
idoines.

18. L’émigration bissa, si elle a eu et a toujours ses aspects positifs, voire très positifs,
est également, aujourd’hui, une source de préoccupations diverses pour une
bonne partie de la jeunesse bisa. Même s’il est vrai qu’aujourd’hui, au Burkina
Faso, le désir de l’émigration n’est pas le seul attrait qui perturbe la fréquentation
scolaire (sites miniers), quelles dispositions peuvent être prises au niveau de tous
les acteurs et à tous les lieux concernés ?
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
95

9.3. Epilogue : Résultats de l’atelier de restitution des résultats de la


présente étude
Le Bureau de l’OIM de Ouagadougou, commanditaire de la présente étude, a organisé
l’atelier de restitution des résultats à travers une « retraite gouvernementale sur la
migration, le développement et la diaspora burkinabè », les 25, 26 et 27 juin 2014 à
Koudougou.

La présentation des résultats de l’étude a été précédée par l’audition de six communications
qui ont énormément enrichi plusieurs des thèmes abordés par l’étude. Les thèmes traités
ont été les suivants :
• Introduction générale sur migration et développement ;
• Diaspora et développement : rôles et étapes pour son engagement ;
• La stratégie nationale de la migration du Burkina Faso ;
• Le projet Migration pour le développement en Afrique (MIDA) et sa mise en œuvre
au Burkina Faso (phases 1 et 2) ;
• La réinsertion socioprofessionnelle des migrants de retour au Burkina Faso :
capacités des migrants et conditions d’accueil ;
• L’impact des transferts de fonds sur le développement économique : cas du
Burkina Faso.

Les travaux de groupes organisés après les communications et la restitution ont été
centrés sur les stratégies de mobilisation de la diaspora autour du développement du
Burkina Faso. Ils ont abouti aux recommandations pertinentes présentées en détail dans
un rapport général de l’atelier, rédigé par le Bureau de l’OIM de Ouagadougou.

Dans leur contenu, les recommandations issues de cet atelier confortent, complètent,
explicitent et rendent opérationnalisables un bon nombre des recommandations ici
proposées. Sans vouloir ici verser dans la redondance, mais plutôt s’obliger au respect du
principe de paternité des idées et des initiatives, mais aussi, apporter aux recommandations
ci-dessus formulées les enrichissements et les compléments pertinents de cet atelier,
sont rappelées ici les principales recommandations. Au demeurant, les acteurs ciblés au
paragraphe 9.2. sont invités à opérer les synthèses et les harmonisations utiles :

9.3.1. Implication de la diaspora dans le processus de développement du Burkina Faso


• Accélérer l’adoption en Conseil des ministres de la SNMig et son plan d’action ;
• Mettre en œuvre la SNMig ;
• Mettre en place un mécanisme de suivi des accords sur les flux migratoires, avec
des représentants qualifiés de la diaspora burkinabè du pays d’accueil concerné ;
• Rapprocher et créer des synergies de collaboration entre les coopératives de la
diaspora et celles locales à travers la mutualisation (appui de la diaspora à travers
les transferts de fonds et de savoirs) : exemple des Burkinabè de l’Italie sur la
9
96 Conclusions et recommandations : La diaspora burkinabè pour un co-développement durable et partagé

production de la tomate, de l’Union fraternelle des coopératives ivoiro-burkinabè


(UFCIB), créée en 2009 et officiellement reconnue depuis 2012, etc. ;
• Drainer l’économie de la diaspora dans les programmes de développement de
l’Etat (Pôles de croissance tels Bagré pool et pool du Sahel en gestation, logements
sociaux, etc.).

9.3.2. Transferts de fonds dans le développement national : Comment utiliser les


fonds transférés dans le développement ?
• Création des produits financiers adaptés aux besoins de la diaspora tels que les
emprunts obligataires et les émissions des titres financiers ;
• Fonds d’appui à l’investissement des Burkinabè de l’extérieur (recenser les projets
prioritaires définis par l’Etat, les partager avec la diaspora et proposer, pour chaque
projet, une parité de contribution de 20 % pour la diaspora et 80 % pour l’Etat) ;
• Bibancarisation pour permettre aux banques d’avoir les fonds pour financer les
projets nationaux (épargnes).

9.3.3. Gestion de données liées à la diaspora


• Mettre en place un système de collecte et de gestion de données sur les Burkinabè
de l’extérieur au SP/CSBE en partenariat avec l’INSD et l’ISSP ;
• Étudier les voies de collaboration, d’exploitation et de valorisation de données
relatives à la diaspora burkinabè déjà collectées par d’autres instances (cas de
données sur les opérateurs économiques en Côte d’Ivoire collectées par la Chambre
de commerce et d’industrie du Burkina Faso, de données démographiques et
économiques sur les Burkinabè de Soubré, réalisées par le Consulat honoraire de
Soubré).

9.3.4. Projet MIDA


• Faire connaître le MIDA (information, sensibilisation, missions diplomatiques,
formation des personnes ressources, produire une documentation notamment les
success stories, y compris les objectifs et les intentions) ;
• Accélérer la mise en œuvre de l’étude de faisabilité du projet MIDA au Burkina
Faso ;
• Etudier les modalités d’inscription des activités des associations des Burkinabè de
l’étranger dans le projet.

Ouagadougou, le 22 mars 2016


10
Références
bibliographiques
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
99

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11
Annexes
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
113

Annexes

Annexe 1 : Historique de l’implantation des associations de


Burkinabè en Côte d’Ivoire
Première version, donnée à Abidjan le 29 novembre 2013, par un témoin des faits, en
la présence d’un « Chef central des chefs coutumiers du Burkina Faso en Côte d’Ivoire »

Le chef passe la parole à son frère :

D’abord je voudrais saluer mon ami, chef de l’Union des chefs et notables burkinabè.
J’étais le premier responsable de l’Union fraternelle des ressortissants burkinabè de Côte
d’Ivoire qui a été créée au temps colonial. C’est la première association même qui a été
officiellement créée en Côte d’Ivoire par Ouézzin Coulibaly (...). C’est dans les années 53
puisque, je suis arrivé en Côte d’Ivoire dans les années cinquante, mais le suis reparti au
pays et suis revenu ici en 1952.

Les raisons de la création de la structure: nous avons senti que nos frères qui venaient
n’avaient pas de structure pour les accueillir. Les Ouézzin ont dit pourquoi ne pas en
créer pour qu’on puisse recevoir ceux qui viennent et leur donner des conseils. Surtout,
à l’époque, dans certaines régions comme Daloa comment nos parents étaient très
maltraités là-bas, je ne veux (pas) parler d’esclavage, mais ce n’était pas loin de cela…

Les archives de l’association: Moi, j’en avais vraiment une pile de beaucoup de documents
d’archives très intéressantes. Au moment où je suis reparti à Ouagadougou en cinquante,
je les avais confiés à un ami (...). Je suis revenu, je n’ai pas trouvé la valise. C’était des
documents très intéressants parce ce qu’à l’époque j’étais avec les Ouézzin Coulibaly qui
étaient à Adjamé. Houphouët était un député et moi je le suivais jusqu’à ce qu’il est
devenu président de la République. Si j’avais ça aujourd’hui là ! Ça, c’est un trésor44.
Vraiment j’ai pleuré hein !

Quand Houphouët a eu l’idée avec Maurice Yaméogo de créer le Conseil de l’Entente, il


dit qu’il y a les autres pays, mais que la Haute-Volta et la Côte d’Ivoire, c’est le même pays
(...) Et, avec les indépendances, pourquoi ne pas créer le système de double nationalité,
mais ce sont les autres Ivoiriens qui ont verrouillé (...). Mais c’est après ça, ceux de Bouaké
ont manifesté. On a créé des villages45, alors ils sont des Ivoiriens à part entière (...).

44
Néanmoins, le consultant a pu voir un récépissé de déclaration d’association de l’Union fraternelle des originaires de la
Haute-Volta, siège social Treichville, Abidjan, daté du5 octobre 1952 et signé du Gouverneur Grivot. Cette association
est devenue Union fraternelle des originaires du Burkina Faso en Côte d’Ivoire, dont le consultant a vu le règlement
intérieur daté du 18 avril 1986.
45
Revoir la note de bas de page relative à la création des 7 villages voltaïques.
11
114 Annexes

Deuxième version de l’historique des Burkinabè de Côte d’Ivoire, à Abidjan, le 29


novembre 2013, avec le président du Conseil national des Burkinabè de Côte d’Ivoire

• Voilà, je suis donc le président du conseil national des Burkinabè de Côte d’Ivoire. Le
conseil national existait même avant les indépendances. Nos parents, les premiers
Voltaïques à l’époque qui sont arrivés là, je peux citer des noms comme Boniface
Ouédraogo ancien maire de Koumassi, Ablassé Ouédraogo ancien ministre46, donc
ces hautes personnalités de la communauté burkinabè avaient déjà à l’époque
créée une association qu’on appelait UFVOCI (Union fraternelle des Voltaïques de
Côte d’Ivoire) qui représentait en tout cas tous les Voltaïques de l’époque. Et c’est
au fur des générations qu’on a changé de dénomination parce qu’on s’est rendu
compte qu’il y avait le Conseil malien, il y avait le Conseil togolais, il y avait le
Conseil sénégalais, etc. Il fallait qu’on trouve aussi, qu’on change de nom. Et c’est
ainsi qu’on a donné le nom de Conseil national des Burkinabè de Côte d’Ivoire, que
je préside aujourd’hui.

• Date de création ? Je ne la connais pas (…). Mais je peux vous dire que le premier
président du Conseil national des Burkinabè de Côte d’Ivoire, c’est Aladji (El Hadj)
Gougnan décédé l’année dernière en 2012. Donc le 12 octobre dernier nous avons
tenu une assemblée générale c’est là que j’ai été porté à la tête de ce Conseil
national des Burkinabè de Côte d’Ivoire.

• Donc, nous pouvons dire que tous les documents sont déposés, déjà on a un
récépissé qui nous permet de fonctionner en attendant qu’on ait vraiment
l’agrément. C’est donc une association qui est reconnue par le ministère de
l’Intérieur.

46
Correction par le consultant: ces deux personnes ne sont pas les premiers Voltaïques en Côte d'Ivoire ; ce sont les noms
donnés par la première version qui sont justes.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
115

Annexe 2 : Historique de l’implantation des Burkinabè en Italie


Entretien réalisé à Milan, le 11 janvier 2014, avec le « doyen », le président de
l’Association des Burkinabè de Milan et de sa Province, le vice-président et délégué
CSBE.

Doyen : Je suis arrivé ici en 1990, mais il y avait déjà des Burkinabè ici, 10 ans avant moi.
Nous avons créé l’association, car les gens devenaient de plus en plus nombreux. Un jour,
on a échangé sur l’idée de créer un cadre où nous pouvons nous retrouver ensemble, car
ce serait mieux pour tout le monde. Tout le monde a approuvé l’idée, mais il a fallu que
l’on se retrouve au moins trois fois à la station à côté. La rencontre s’est tenue dans cet
espace public et a réuni au moins une vingtaine de personnes et le principe a été arrêté.
Mais nous avons dû attendre entre 6 mois et un an avant d’avoir un président. Moi, je
me disais juste le doyen. Le jour de cette rencontre décisive, nous étions autour de cent
personnes. On a mis tous les postes du bureau en place et il restait celui de président.
Les gens ont fini par me proposer président d’honneur, j’ai accepté. Notre association
avait pour nom Union des Burkinabè de Milan et de sa Province. C’était en 2004. Mais
l’existence informelle remontait à plus d’un an auparavant. J’ai fait trois mandats et j’ai
demandé de me remplacer, ce qui fut fait.

En fait, je suis arrivé à Rome en 1986. Burkinabè, nous étions alors huit, tous Bissa, dont
quatre Bansé et quatre Bara. Nous avions, dès ce moment, voulu créer une association
et l’avons fait, en deux groupes séparés, les Bansé et les Bara.

Pour la première association créée à Milan, je n’ai pas voulu que ce soit une affaire de
groupe ethnique de Bissa. A l’époque étaient déjà à Milan, des Mossé, des Samos, des
Dafing, des Bobos47, etc., mais en des nombres beaucoup plus petits (2, ou 3, ou 4).
C’était évident que chacun de ces groupes ne pouvait pas créer une association à part.
Et comme nous sommes tous des Burkinabè, il fallait que l’association regroupe tous
les Burkinabè présents à Milan comme dans les autres communes de la Province. Voilà
d’ailleurs pourquoi nous avons donné le nom en englobant la province. Par ailleurs, les
missions du pays qui commençaient à venir ici venaient pour tous les Burkinabè, comme
ce fut le cas de la visite du Chef de l’Etat le 30 septembre 2004.

Le doyen, président en exercice, précise que lui a d’abord vécu à Naples et est arrivé à
Milan en 2000. Il a vite été d’accord pour la création de l’association, parce que vivant à
l’étranger et venu du même pays ou de la même région et ne pas se connaître et pouvoir
se rechercher, ce n’est bon pour personne. Et comme les gens devenaient de plus en plus
nombreux, il fallait vraiment créer cette association. Et elle regroupe tous les Burkinabè
de la Province quels que soient l’âge, le sexe, la religion, etc., donc tous les hommes,
toutes les femmes, tous les jeunes, tous les vieux.

47
Groupes sociaux (ethnies) du Burkina Faso.
11
116 Annexes

Le délégué CSBE, vice-président, est arrivé à Milan depuis 1991. Il explique pourquoi dans
la majorité des cas, les gens font d’abord le séjour de Naples. La majorité des Burkinabè
arrivent en Italie dans le statut de clandestins, sans les documents règlementaires. À
Naples, ils peuvent, dans ce statut, trouver facilement du travail comme manœuvres
dans les usines, les ateliers, les champs de tomates, tout en recherchant les papiers
qui permettent de régulariser leur situation. Et dès que ces documents sont obtenus,
tous décident de rejoindre le Nord du pays, plus industrialisé et où tous les droits du
travailleur sont respectés : ils ont le même niveau de rémunération que l’Italien de la
même catégorie, ils peuvent « monter » en ancienneté et en grade selon leur niveau de
compétence et de sérieux au travail. Voilà pourquoi les gens vous citent souvent d’abord
le séjour dans la région de Naples, mais sont plus nombreux dans le Nord parce que c’est
là que tout le monde veut venir.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
117

Annexe 3 : Historique de l’implantation des associations de


Burkinabè en France
Première restitution : Entretien avec M. K.T. président de l’Association pour le
développement du Burkina Faso Association Mixte, réalisé le 6 février 2014 à Paris.

Je suis le président de l’Association pour le développement du Burkina Faso (ADB) qui a été
créée depuis 1974. Il y avait une seule association nommée« Association des travailleurs
burkinabè (ATB) ». Mais, celle-ci ne répondait plus à notre attente. Cette association était
celle qui regroupait tous les Burkinabè. Elle a connu des séquences dramatiques. Malgré
cela, nous n’avons pas voulu nous laisser disperser et avons créé une association qui
puisse nous aider à nous en sortir. Cette association que nous avons créée, c’est pour
répondre à nos besoins ici : s’insérer dans la société et pouvoir retourner et faire ce
qu’on peut au pays. Depuis sa création, je suis le 2e président. On a pu faire des soirées
pour regrouper les Burkinabè comme les Africains pour des fêtes, pour récolter l’argent
et pouvoir faire quelque chose. On a trouvé qu’en faisant des soirées, il y a beaucoup de
dépenses d’énergie on ne fait pas de grandes choses pour aider les gens du pays. Donc
maintenant on essaye de voir d’autres organismes pour qu’ils puissent nous financer
pour qu’on aide notre pays.

Les rapports avec les autres ? Tout le monde essaie de travailler pour le Burkina, mais
ce n’est pas dans les mêmes endroits. Il y a beaucoup d’associations. Tout le monde a
des projets, mais tout le monde n’a pas de compétences à faire des projets. L’Union
des associations des Burkinabè les accompagne pour réaliser leurs projets. Les autres
associations sont comme la mienne ; on a beaucoup de projets, mais on n’a pas
de compétences. Mais on avait des projets avec l’UABF qui est venue renforcer les
associations.

Deuxième restitution de l’historique, par le président de l’Union des associations de


Burkinabè en France (UABF), entretien du 6 février 2014 à la Maison des Associations du
12e Arrondissement de Paris.

L’Union des associations de Burkinabè en France (UABF) a été créée en 2004 dans le cadre
du programme du ministère de la Coopération de l’époque. Il a fait faire au préalable
un travail de sensibilisation pour permettre à la diaspora africaine de pouvoir participer
au développement de leur pays d’origine. Donc ils ont estimé qu’il était souhaitable de
regrouper tout ce qui est structure de base qu’elles aient une fédération nationale. C’est
pour cela que nous avons initié les concertations au niveau de la diaspora burkinabè pour
qu’on puisse s’entendre puisque ça existe pour la plupart des pays (Mali, Sénégal, etc.).
D’ailleurs quand vous regardez le logo de l’UABF vous y voyez une abeille, parce qu’une
seule abeille ne peut pas faire du miel. Donc on a mis un an pour mettre cette structure
ensemble et par ma modeste personne qui a été mise à la tête de ça.
11
118 Annexes

Alors ceux qui sont en province sont tous dans cette plaquette (FORIM). La spécificité de
l’UABF est que les associations qui sont en province y sont, avec toute leur autonomie.
Elles ont toutes leur indépendance, elles travaillent comme elles l’entendent, mais on
se concerte quand même. Si elles ont des évènements, elles nous informent (…). On se
met à travailler pour accompagner les porteurs de projets. A la création, nous étions 23
membres adhérents. Aujourd’hui, nous avons 3 ou 4 qui sont entrain de nous rejoindre.

A l’époque, le ministère des Affaires étrangères aussi a créé le FORIM et pour en être
membre, les structures associatives de base ne peuvent pas adhérer directement, mais
plutôt les associations fédératives nationales. Donc c’est à travers l’UABF qui représente
le Burkina au sein du FORIM et nous en sommes d’ailleurs administrateur.

Egalement l’UABF a bénéficié de ce FORIM, en raison du dispositif du ministère des


Affaires étrangères qui donnait certaines mesures pour accompagner la diaspora et les
aider à avoir des micro-projets pour leur pays d’origine.

Note : Le FORIM (Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations) est une plateforme nationale
française regroupant des réseaux, fédérations et collectifs d’Organisations de solidarité internationale (OSIM),
identifiées sous des noms de FOSIM et COSIM dans un répertoire officiel contenant, pour sa deuxième édition de
2012, 353 associations regroupées par nationalité, de tous les continents. L’ATBP du Burkina Faso y a listé au moins
21 associations purement nationales, mais figure dans 4 autres associations comportant d’autres pays. L’éditeur
de cette brochure précise qu’elle présente des OSIM « engagées en faveur du mieux-vivre ensemble, ici en France,
ainsi que pour le développement des pays d’origine. Il propose de mieux vous faire connaître les associations et de
partager la diversité de leurs pratiques et encourager ainsi les coopérations entre les OSIM et les autres acteurs et
actrices du développement national et international » (FORIM, 2012, page de couverture).

Dans sa préface, le président du FORIM exprime l’espoir que l’édition constituera « un


pas supplémentaire vers plus de lisibilité, de connaissance, de reconnaissance des OSIM
et de plus de synergies entre elles, dans un contexte national difficile où elles rencontrent
de plus en plus de difficultés à trouver des financements pour leurs projets » (FORIM,
2012 : 3).

Il convient de signaler que la Mairie de Paris a également créé « La Maison des Associations »
dans chacun des 20 arrondissements. Véritables carrefours des associations parisiennes
et centres de ressources, ces 20 maisons ont inscrit plus de 7000 associations, pour les
« accueillir », les « informer », « faciliter la vie quotidienne et leur engagement », les
« conseiller et les accompagner ».

Troisième restitution, par le Secrétaire général de l’Association des travailleurs


Burkinabè de Paris (ATBP), entretien du 14 février 2014 au Centre international de
séjours de Paris

Je représente l’ATBP, l’association des travailleurs burkinabè à Paris et j’ai la responsabilité


du secrétariat général de l’ATBP. Le bureau est composé de cinq membres : le président, le
secrétaire général, la trésorière, un chargé des affaires sociales et un chargé des affaires
culturelles.
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
119

L’ATBP a été créée le 5 mars 1982 et c’est la première association des travailleurs
burkinabè en France puisqu’avant ça, il n’y avait pas d’association des travailleurs. Des
associations estudiantines existent depuis les années 50 sous l’appellation de l’association
des étudiants voltaïques en France (AEVF). Je ne parle pas de cette migration, mais
plutôt des travailleurs qui ont commencé à arriver ici depuis les années 60, après les
indépendances, et beaucoup sont arrivés de la Côte d’Ivoire essentiellement par bateau.
A l’époque, la carte d’identité suffisait pour débarquer ici. Il faut dire que les premiers
Burkinabè à arriver ici ont vu la construction de l’ambassade ; et ils sont toujours là, mais
à la retraite. Cette association réunit tous les Burkinabè qui souhaitaient se regrouper.
Elle est née à la suite du décès d’un Burkinabè qui a fini à la fausse commune. Cela a été
un choc au niveau de la communauté. Les gens se fréquentaient par petits groupes ; il
n’y avait pas de structure fédérative. C’est quand il y a eu ce décès qu’ils se sont dits: : “Il
faut faire quelque chose, il faut se regrouper, il faut créer une association” et c’est ainsi
qu’est née l’association. Ainsi donc, les associations se sont créées par-ci, par-là, mais
essentiellement régionales (association de Kadiogo, du Yatenga, etc.).

La région parisienne compte aujourd’hui une quinzaine d’associations et la particularité


est que certaines sont allées créer leur association régionale, tout en restant membres
de la grande association ; donc vous allez trouver des gens qui sont dans trois
associations différentes. Après Paris, avec l’arrivée des bateaux sur la côte, il y a eu un
fort regroupement des Burkinabè à Marseille et tout ce qui est de la Côte d’Azur. Il y
a eu l’Aquitaine, Bordeaux, Lille et maintenant Lyon, et le grand Ouest. Au total il y a
une trentaine d’associations plus ou moins actives sur l’ensemble du territoire français.
Etant membre de l’union qui regroupe toutes les structures associatives, j’ai une vue
d’ensemble et je relève une particularité des associations en île de France par rapport
à la province. En île de France, les associations sont essentiellement dirigées par les
ouvriers qui sont analphabètes, qui ont appris le français ici et qui sont fortement
attachés au pays, contrairement aux associations de province qui sont des associations
d’intellectuels composés d’anciens étudiants qui, après les études, sont restés ici. Mais
en région parisienne, ce sont des associations d’ouvriers. Notre président est à la retraite
aujourd’hui, il a les cheveux très blancs. Il y a un journal qui s’est intéressé à ces premiers
migrants ; ils sont venus, ils ont fait un témoignage, et ils ont même une vidéo pour ça et
vous avez rencontré un d’eux qui est K.T. Il y a un documentaire sur eux.

Les listes dépassées ? C’est normal. Pour tout vous dire, la liste que l’ambassade a envoyée
au pays n’est pas à jour. C’est moi qui vous le dis. C’est une liste qui a été établie depuis
le temps de l’ambassadeur P.-S. C’est vrai qu’il y a eu un certain temps, on n’avait pas
d’ambassadeur jusqu’à l’arrivée de l’actuel premier ministre. Mais la liste est restée telle
quelle. Après lui est arrivé l’ambassadeur J.P. et lui n’a même pas eu le temps de travailler.

Note : La différence de date entre 1974 et 1982 pour la création de l’ATBP pourrait simplement représenter respectivement
les phases informelle et officielle de son existence.
11
120 Annexes

Annexe 4 : Motifs d’immigration des Burkinabè en Italie, sur la


période du 31 décembre 2007 au 31 décembre 2013

Années /
Motifs de 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Total
l’immigration
Adoption 2 1 1 1 1 1 1 8
Garde 3 5 9 12 21 21 12 83
Asile politique 22 34 39 76 84 93 100 448
Assistance
mineurs
1 2 1 2 6 6 18
(dl 8.1.07 n.5
art.2 c6)
Chercheur
- - 2 8 4 6 20
d’emploi
Activité sportive - - 1 - - - - 1
Soins 5 6 5 4 5 3 2 30
Emploi, cas
particuliers (art. - - - - 1 1 1 3
27 t.u.i.)
Emploi salarié 2 860 2 746 3 664 4 696 5 638 5 448 5 434 30 486
Emploi stagiaire - - 79 1 - - - 80
Emploi salarié/
24 30 117 77 196 206 346 996
Cherche emploi
Mineurs (art. 28
1 4 6 3 20 5 4 43
dpr. 394/99
Mission - - 1 - - - - 1
Famille Mineur
- 14 66 70 61 79 - 290
Age 14/18
Travail
82 36 + 79 74 92 112 132 193 685
autonome
Raison de
3 1 2 1 1 2 1 11
justice
Raisons d’étude 15 23 37 58 69 57 54 313
Raisons
2 018 2 145 2 896 3 463 4 045 4 091 4 378 23 036
familiales
Raisons
79 76 109 123 148 180 180 895
religieuses
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
121

Années /
Motifs de 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Total
l’immigration
Raisons
humanitaires
(art. 11 lett. - 43 65 97 128 313 219 865
c-ter d.p.r.
394/99)
Raisons
humanitaires
55 - - 1 20 13 - 89
(art.5 C6d.l.VO
286/98
Raisons
humanitaires
1 5 2 - 1 - 8 17
(art.18 d.l.
286/98)
Raisons
humanitaires
- - - - 20 - 146 166
(art.32, c3 d.l.vo
25/08
Raisons
humanitaires
- - - - - 58 226 284
Provenance
Afrique du Nord
Raisons
humanitaires (l.
- 1 - - 4 4 2 11
31/7/2005 nr.
155)
Protection
subsidiaire 138 +
- 41 128 162 129 171 631
(art.17 d.l.vo 101
251/07
Résidence - 2 3 5 - 4 4 18
Demande asile 6 108 61 28 280 30 - 513
Demande
asile attitiva-
1 41 140 88 241 225 21 757
lavorativa art ?
11 d.l
Exploitation
- - - - - 7 5 12
dans l’emploi
Total 5 178 5 328 7 506 9 062 11 233 10 983 11 520 60 810
Source : Ministère italien de l’Intérieur, janvier 2014, Mission de terrain, OIM 2014.
11
122 Annexes

Annexe 5 : Les transferts monétaires liés aux migrations


4.1. Montants des transferts d’argent au Burkina Faso, entre 2006 et 2012

Années 2006 2007 2008 2009


Trans ferts reçus 2 281 622 867 11 504 162 896 16 088 487 236 16 255 216 842
Transferts émis 741 498 394 5 319 297 326 10 361 871 865 12 040 292 190
Soldes 1 540 124 473 6 184 865 570 5 726 615 371 4 214 924 452

Années 2010 2011 2012


Trans ferts reçus - 43 046 026 555 61 242 956 976
Transferts émis - 29 879 648 845 37 159 789 641
Soldes - 13 166 377 711 24 083 167 336
Source : DGTCP, août 2013, annexe 10, page 36. Mission OIM, 2013.

4.2. Zones géographiques des transferts reçus et émis, au Burkina Faso,


en 2012 et parts des trois pays d’accueil, de la présente étude

Transferts
Zones % Transferts émis % Soldes
reçus
Total UEMOA 21 123 793 586 35 581 14 854 212 802 43 020 6 269 580 784
Don Côte 14 714 406 748 24 785 6 072 108 180 17 586 8 642 298 567
d’Ivoire
Total CEDEAO 1 527 575 757 2 573 1 982 659 333 5 742 -455 083 576
hors UEMOA
CEMAC 5 938 143 595 10 002 702 308 713 2 034 5 235 834 873
MAGHREB 1 224 551 628 2 063 805 949 624 2 334 418 602 004
Autres pays 1 770 909 0 003 6 148 635 0 018 -4 377 726
d’Afrique
Total pays 29 953 277 054 50 454 18 419 137 653 53 344 11 534 139 401
d’Afrique
Total pays 14 576 469 740 24 553 5 937 597 724 17 196 8 638 872 017
d’Europe
Don total zone 14 112 211 878 23 771 5 799 471 654 16 796 8 312 740 224
euro
ETUDE SUR LA DIASPORA BURKINABE
au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Italie et en France
123

Transferts
Zones % Transferts émis % Soldes
reçus
Don France 7 166 574 122 12 071 2 511 128 845 7 273 4 655 445 276
Don Italie 4 208 212 580 7 088 826 153 396 2 393 3 382 059 184
Total Amérique 3 724 186 176 6 273 1 629 315 257 4 719 2 094 870 919
Total Asie 6 011 878 885 10 126 3 219 010 376 9 323 2 792 868 510
Autres 5 102 185 145 8 594 5 323 897 338 15 419 -221 712 193
Total général 59 367 997 001 100 000 34 528 958 346 100 000 24 839 038 654
Source : DGTCP, août 2013, annexe 10, page 36, août 2013, annexe 10, page 34. Mission OIM, 2013.
Note sur les tableaux 4.1 et 4.2 :
C’est lors d’une rencontre entre les services techniques de la DGTCP et ceux de la BCEAO en juin 2013 que des
recommandations de rencontres faites depuis 2006 ont été actualisées, en attendant d’être avalisées par les instances de
la BCEAO et régir l’exercice du métier de transfert d’argent. Trois niveaux d’acteurs :
- les banques intermédiaires agréées en leur qualité d’intermédiaires chargés d’exécuter les opérations financières avec
l’extérieur, au nombre de 12 en 2012, mais dont 5 ont déclaré ne pas avoir de sous-agents ;
- les opérateurs spécialisés offrant des plateformes de réseaux : 2 (Western Union : 2012 : 82 % des transferts reçus,
73 % des transferts émis) et Money Gram 2012 :18 % des transferts reçus, 27 % des transferts émis) ;
- les sous-agents des banques intermédiaires agréées : 217 en 2012, dont 47 % ont communiqué les résultats de leurs
activités, bases des présents chiffres livrés.
124
11

4.3. Tableau des volumes et des valeurs des transferts effectués par Quickcash pour le Burkina Faso, entre 2011 et 2013
Annexes

Volume des transferts effectués à destination du Burkina Faso

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Décembre

2011 637 1 660 2 280 3 942 6 338 6 697


2012 5 846 5 005 4 510 5 090 6 381 6 251 5 535 5 795 7 621 11 662 11 580 12 923
2013 12 255 9 698 8 564 9 737 10 805 10 346 11 489 9 098 13 783 23 813 21 289
Source : Statistiques et évolution de l’activité de Quickcash, Abidjan, décembre 2013.

Volume des transferts effectués à destination du Burkina Faso

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Décembre

2011 74 345 030 155 600 300 249 084 718 509 184 480 962 037 100 1 065 551 960

2012 981 153 203 737 394 920 484 272 940 482 594 190 652 918 880 604 096 665 486 868 280 480 587 660 730 647 210 1 149 064 020 1 513 575 920 1 890 176 930

2013 1 963 530 810 1 359 837 050 946 908 940 887 331 090 940 069 984 934 551 838 927 778 027 646 475 578 1 142 402 954 2 434 719 349 3 107 471 508

Source : Statistiques et évolution de l’activité de Quickcash, Abidjan, décembre 2013. Mission OIM, 2013.

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