Résumé détaillé du cours : Introduction au droit canonique
Université Catholique du Congo (UCC) - L1 Droit
Année académique 2024–2025
1. Introduction générale au droit
Le droit est un ensemble de règles sociales, juridiques et morales établies pour régir la vie
en société. Il permet de garantir la paix sociale et de prévenir les conflits.
Il possède un double sens :
- Subjectif : désigne les prérogatives d’un individu, comme le droit de vote ou de propriété.
- Objectif : ensemble de normes posées par l'autorité publique pour réglementer la société.
Les éléments constitutifs du droit sont : le sujet titulaire du droit, l’objet du droit, et les
sanctions en cas de non-respect.
Les sources principales sont : la loi (édictée par le législateur), la coutume (pratique
constante et acceptée), la jurisprudence (interprétation des tribunaux), et la doctrine
(travaux des juristes).
2. Qu’est-ce que le droit canonique ?
Le droit canonique est le système juridique propre à l’Église catholique. Il régit la structure
interne, les rapports entre fidèles, la hiérarchie ecclésiastique, les sacrements, et la
discipline.
Issu du mot grec "kanôn" (règle), ce droit possède une triple nature :
- ius divinum (droit de Dieu, tiré de l’Écriture et la Tradition),
- ius humanum (droit établi par les hommes, sous l'autorité ecclésiastique),
- ius pontificium (droit venant directement du Pape).
Il vise la communion ecclésiale (communio) et l’organisation harmonieuse de l’Église en
tant que société spirituelle et humaine.
3. Caractéristiques du droit canonique
- C’est un droit religieux, orienté vers le salut des âmes.
- Il a une portée universelle : s’applique à tous les catholiques du monde entier.
- Il est autonome, bien qu’en interaction avec les droits civils (canonisation des lois civiles).
- Il intègre des éléments spirituels, moraux et théologiques.
- Il est structuré hiérarchiquement autour du pape.
- Il connaît des formes écrites et coutumières, marquant sa flexibilité.
- Il reconnaît une double hiérarchie dans l’Église : ordre (sacramentel) et juridiction
(gouvernementale).
4. Distinction des normes
Les normes canoniques peuvent être classées selon :
- Leur forme : écrites (canons, constitutions, décrets) ou non écrites (coutumes, traditions).
- Leur contenu : liturgiques, pénales, sacramentelles, administratives.
- Leur étendue : universelles ou locales.
- Leur sujet : générales (pour tous) ou spéciales (pour clercs, religieux, etc.).
- Leur ancienneté : droit antique, droit nouveau, droit récent.
- Leur rite : latin (occidental) ou oriental (Églises orientales unies à Rome).
5. Histoire du droit canonique
Dès les débuts de l’Église, des règles ont été établies (Actes des Apôtres). Ensuite, des
conciles locaux et œcuméniques fixèrent des normes (Concile de Nicée, 325).
Au Moyen Âge, Gratien publia son Décret (1140) pour harmoniser les textes. Cela mène à la
constitution du Corpus Iuris Canonici.
En 1917, le pape Benoît XV promulgue le premier Code de droit canonique moderne.
En 1983, Jean-Paul II promulgue un nouveau code, intégrant les apports du Concile Vatican
II.
6. Structure du Code de 1983
Le Code est composé de 7 livres :
1. Normes générales : principes fondamentaux du droit canonique.
2. Le Peuple de Dieu : hiérarchie ecclésiale, clergé, laïcs.
3. Fonction d’enseignement : magistère, catéchèse.
4. Fonction de sanctification : liturgie, sacrements.
5. Biens temporels de l’Église : gestion du patrimoine.
6. Sanctions dans l’Église : droit pénal.
7. Procès : procédures judiciaires canoniques.
Chaque livre regroupe des titres, articles, et canons (au total 1752 canons).
7. Notions clés
- La promulgation des lois ecclésiastiques se fait via l’Acta Apostolicae Sedis.
- La coutume acquiert force de loi après 30 ans, sauf opposition du droit divin.
- Le droit canonique reconnaît certaines lois civiles (canonisation) quand elles ne
s'opposent pas à la foi.
- Les lois ont des effets précis : impératives, prohibitives, permissives, irritantes (rendent un
acte nul), inhabilitantes (incapacité juridique).
8. Personnes dans l’Église
- Personnes physiques : tous les baptisés. Leur capacité juridique commence avec le
baptême.
- Statut juridique basé sur le domicile, l’âge (majeur à 18 ans), et l’usage de la raison.
- Personnes juridiques : entités (séminaires, diocèses, associations) pouvant agir en justice.
Elles sont publiques (représentant l’Église officiellement) ou privées (ayant des objectifs
conformes à la mission de l’Église).
9. Pouvoir de gouvernement
Le pouvoir de gouvernement ou de juridiction est exercé par ceux qui ont reçu l’ordre sacré
(prêtres, évêques).
Il comprend :
- Le pouvoir législatif : édicter les lois.
- Le pouvoir exécutif : faire appliquer les lois.
- Le pouvoir judiciaire : trancher les litiges.
Ce pouvoir peut être ordinaire (lié à une fonction) ou délégué (conféré temporairement).
10. Offices ecclésiastiques
Un office ecclésiastique est une fonction stable au sein de l’Église. Il peut être d’origine
divine (ex : ministère épiscopal) ou humaine (ex : fonctions administratives).
L’attribution se fait par provision canonique : nomination, élection ou présentation.
Il peut être perdu par :
- Limite d’âge.
- Renonciation (démission volontaire).
- Transfert (mutation).
- Révocation (sanction ou mesure disciplinaire).