Copie de RÉVISIONS DROIT DES BIENS a finir
Copie de RÉVISIONS DROIT DES BIENS a finir
THÉORIE DU PATRIMOINE
Section 1 : La notion de bien
Le Code civil emploie le mot bien selon deux approches :
Certaines choses ne sont pas des biens : celles insusceptibles d’appropriation (air, mer,
lumière – choses communes, art. 714 C. civ)
Propriété intellectuelle :
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Régime juridique mixte : soumis aux règles des biens mais reconnaissent leur sensibilité
On peut avoir un droit réel sur un animal, ex : droit de propriété
Il comprend :
- L’actif : droits réels + créances (face active des droits personnels). - Le passif :
dettes (face passive des droits personnels).
Le patrimoine est une enveloppe contenant les biens et les dettes d’une personne, qui peut
être vide ou remplie.
Caractéristiques générales :
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§1. L’intérêt de la notion de patrimoine
A. Patrimoine et transmission à cause de mort
À la mort, la personnalité juridique cesse, et le patrimoine est transmis :
Base juridique : art. 2284 C. civ → Le débiteur répond de ses dettes sur tous ses biens
présents et à venir.
Exceptions à l’unicité :
- Biens immobiliers déclarés insaisissables
- Acceptation à concurrence de l’actif net
- Fiducie (loi du 19 fév. 2007)
- Entrepreneur individuel (EI)
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Exemple : Un entrepreneur peut affecter une partie de ses biens à son activité pro, laissant
le reste dans son patrimoine personnel.
Évolutions législatives :
- Loi du 11 juillet 1985 : Création des EURL/ EARL (patrimoine propre à la société).
- Loi du 15 juin 2010 : Création de l’EIRL (entrepreneur individuel à responsabilité
limitée) → création d’un patrimoine d’affectation sans personne morale.
Formalités : Déclaration dans un registre selon le statut (registre du commerce, des métiers,
greffe…).
Grande nouveauté : art. L. 526-27 C. com → l’entrepreneur peut céder, donner ou apporter
en société son patrimoine professionnel en totalité, ce qui est une rupture avec
l’insaisissabilité du patrimoine global.
Certaines choses n’ont pas de propriétaire mais sont appropriables : elles sont dites
res nullius ou res derelictae.
Immeubles sans maître : ils appartiennent à l’État ou à la commune (Art. 539 C. civ ;
Art. L. 1123-1 et -2 CGPPP).
Meubles sans maître : peuvent devenir appropriables par occupation, selon leur
nature.
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a) Res nullius (choses n’appartenant à personne)
Art. 714 C. civ : usage commun à tous, mais encadré par lois de police (ex : permis
de chasse/pêche).
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Régimes spéciaux pour épaves terrestres, maritimes, fluviales (Art. 717 C. civ).
d) Les trésors
Art. 716 C. civ : « Toute chose cachée ou enfouie sur laquelle personne ne peut
justifier sa propriété, et découverte par hasard. »
Conditions jurisprudentielles :
1. Meuble
2. Caché ou enfoui
e) Biens archéologiques
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2. Les choses communes
Définition : Choses insusceptibles d’appropriation dont l’usage profite à tous (article 714 C.
civ).
Évolution : Certaines peuvent être appropriées (ex : air liquéfié, eau minérale).
Caractéristiques : Pas besoin d’en être propriétaire pour les utiliser ; usage commun à tous.
- 1L de lait
- Voiture de série
- Argent
- Tableau de maître
- Cheval de course
Exception : Une chose non fongible peut devenir fongible si les parties le décident
contractuellement (ex : promo immobilière).
Remarque : La fongibilité dépend de la nature et de la volonté des parties (ex : code civil
2024 ayant appartenu à une personne célèbre = non fongible).
Exemples croisés :
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- Fongible sans être consomptible : voitures identiques
- Consomptible sans être fongible : bouteille de vin rare
Cas intermédiaires :
Exemples : terrain, bâtiment, arbres, récoltes non cueillies (Art. 518 à 520 C. civ)
Deux types :
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- Ex : tracteurs, pressoirs, fauteuil de dentiste
- Condition posée par la jurisprudence : indispensable à l’exploitation du fonds
Remarques :
Intérêt juridique : → Applique le régime des immeubles (saisie, compétence judiciaire, etc.)
Sont meubles par nature les biens pouvant être transportés d’un lieu à un autre.
- En langage courant, un meuble est ce qui sert à garnir un logement (table, chaise,
armoire…).
- En droit, un meuble = tout ce qui n’est pas immeuble. Le Code civil (art. 534) parle
alors de “meubles meublants” pour désigner les meubles destinés à l’usage ou à la
décoration des appartements.
Enjeux civils :
- Nécessité du consentement des deux époux pour disposer des meubles meublants
du logement familial (art. 215 C. civ).
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- Une vente ou un legs d’une maison “meublée” inclut uniquement les meubles
meublants (art. 535 al. 2 C. civ).
- En cas de décès, le conjoint survivant peut bénéficier d’un droit d’usage sur les
meubles meublants.
Enjeux fiscaux : Les meubles meublants sont évalués forfaitairement à 5 % dans le cadre
des droits de succession (art. 764 CGI).
Exemples : Blé vendu sur pied, Arbres destinés à être coupés, Matériaux à extraire d’une
carrière.
Régime juridique : Le contrat porte sur un meuble (donc soustrait aux règles de publicité
foncière). Les règles moins contraignantes des ventes mobilières s’appliquent (ex. : fiscalité
allégée).
Sont immeubles :
Autres exemples : Droit d’usage et d’habitation sur un logement (art. 625 C. civ).
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- Ex. : obligation de délivrance d’un bien immobilier après une vente. → Il
s’agit d’un droit personnel, mais à caractère immobilier.
Attention :
Ne pas confondre :
Plan général :
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Chapitre 1 : La notion de propriété
1. Origines historiques
2. Antiquité
3. Féodalité
Prééminence de la propriété foncière sur les biens meubles (considérés comme peu
précieux).
Deux types de propriété :
6. Consécration juridique
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Extension paradoxale : montée des limitations sociales
Malgré son caractère fondamental, le droit de propriété a subi de nombreuses restrictions,
notamment depuis la fin du XIXe siècle.
Article 544 du Code civil : « La propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la
manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou
règlements. »
Donc, ce droit n’est pas totalement absolu : il est limité par la loi.
Exemples :
Il peut interdire à un tiers d’en faire usage, sans avoir à prouver un préjudice.
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Exemple : Si je possède un vélo, je peux interdire à quelqu’un de l’utiliser, même si je ne
m’en sers pas.
Exemples :
- Droits d’auteur : durent toute la vie de l’auteur + 70 ans après sa mort (Article L123-1
CPI).
- Brevets : durent 20 ans à partir du dépôt (Article L611-2 CPI).
Exemple célèbre : Un héritier a pu récupérer des objets 38 ans après leur dépôt dans une
banque → la propriété n’avait pas disparu.
Théorie classique :
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- USUS : Droit d’user de la chose.
Exemple : Conduire sa voiture.
Démembrement de propriété :
Chapitre 2 : La possession
Section 1 : L’analyse du concept de possession
§1. Nature et objet de la possession
A. Nature de la possession
Article 2255 du Code civil : « La possession est la détention ou la jouissance d’une chose ou
d’un droit, exercée par soi-même ou par autrui en notre nom. »
B. Objet de la possession
Exemples :
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- Possession d’un usufruit = on agit comme un usufruitier.
- Possession d’une servitude ou d’un gage = on agit comme si on en était titulaire.
→ Deux formes :
Conclusion : Même la possession d’une chose corporelle donne l’apparence d’un droit (ex :
propriété).→ La possession = possession d’un droit (d’après doctrine critique).
A. Le corpus
Élément objectif : ensemble des comportements matériels qui donnent l’apparence du droit.
Exemples :
- Pour une maison : habiter, louer, percevoir les loyers, faire des travaux.
- Pour un usufruit : utiliser le bien, percevoir les fruits, faire des travaux. - Pour une
créance : percevoir les intérêts, agir en justice.
Remarque :
Limite : Les mêmes comportements peuvent être faits par un propriétaire ou un usufruitier →
ambiguïté.
B. L’animus
Élément subjectif : volonté de se comporter comme titulaire d’un droit, qu’on le soit ou non.
Deux formes :
Exemples :
- Une personne utilise, entretient et loue une maison → intention d’être propriétaire.
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- Possession d’un gage : détention d’un objet avec volonté de le vendre en cas de
non-paiement → comportement du créancier gagiste. - Usufruit : intention d’être
usufruitier.
Exemple :
Un voleur a :
Récapitulatif schématique :
Animus
Volonté d’être titulaire d’un Se vouloir propriétaire ou
droit usufruitier
Bonne foi
Croyance réelle d’être Achat d’un bien sans savoir
titulaire s’il est volé
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§3. L’apparition, la disparition et le maintien de la possession
A. L’apparition de la possession
Biens corporels mobiliers : le corpus naît dès que l’on emporte la chose, même si c’est un
vol.
Biens immobiliers : le corpus ne peut être appréhendé physiquement. Il se manifeste:
Principe : La possession disparaît dès que l’un des deux éléments (corpus ou animus) est
perdu.
Le corpus est partagé (ex : loyers encaissés par le bailleur, usage par le locataire) Ex :
gage → le débiteur garde la possession du droit de propriété, le créancier gagiste
possède un droit de gage. Deux possessions peuvent coexister sur des droits
différents.
Même sans actes matériels, la possession peut se maintenir par l’animus seul, à condition
qu’elle ait été initialement constituée avec corpus + animus.
Ex : propriétaire d’un champ qui n’en fait plus usage mais se veut toujours propriétaire.
Limite : la possession cesse si un tiers prend possession effective de l’immeuble. Cette
théorie ne s’applique pas aux meubles, car la maîtrise matérielle y est plus facile à
conserver.
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Intérêt : éviter la perte de possession en cas d’inactivité prolongée.
La détention ressemble à la possession mais elle s’en distingue par l’absence d’animus.
Exemples :
1. La présomption de possession
Article 2256 du Code civil : « On est toujours présumé posséder pour soi, et à titre de
propriétaire, s’il n’est prouvé qu’on a commencé à posséder pour un autre. »
Présomption de propriété : Si l’on ne sait pas quel droit est possédé (gage, usufruit,
propriété), on présume qu’il s’agit de la propriété.
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Conséquences :
Si la possession initiale était précaire (ex : locataire, prêt à usage), cette situation est
présumée se poursuivre.
L’adversaire n’a pas à prouver la précarité actuelle, seulement l’origine précaire.
Conséquences :
3. L’interversion de titre
Définition :
Changement de la nature de la possession :
- Détenteur → possesseur
- Possesseur → détenteur
A. Interversion contractuelle
1. Constitut possessoire : Le possesseur devient détenteur (ex : vend une chose qu’il
continue à garder pour le compte d’autrui).
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Mais :
b) Transmission héréditaire
Les héritiers d’un détenteur précaire héritent aussi de la précarité (article 2267 C. civ).
Même s’ils croient être propriétaires, leur possession n’est pas reconnue si les conditions de
l’article 2268 ne sont pas remplies.
Ce changement de titre est opposable au vrai propriétaire car il résulte d’un évènement
extérieur.
Deux conditions :
- Bonne foi : le possesseur ne savait pas que le vendeur n’était pas le vrai
propriétaire.
- Le corpus doit refléter la possession réelle (ex : cesser de payer les loyers).
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Mais seule la possession, et non la simple détention, permet de prescrire un droit.
L’article 2261 du Code civil les énumère : « Pour pouvoir prescrire, il faut une possession
continue et non interrompue, paisible, publique, non équivoque, et à titre de propriétaire. »
Attention :
Exemples :
La violence comprend :
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Deux positions doctrinales :
Exemples :
→ Ce vice est relatif : seule la personne à qui on a caché la possession peut l’invoquer.
Exemples :
- Un héritier utilise un bien tout seul : il semble agir comme un coindivisaire, donc
possession ambiguë
- Un concubin prétend posséder un meuble chez lui, mais sans preuve : la possession
est équivoque car le corpus est partagé
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Faire présumer que le possesseur est titulaire du droit possédé= Cela se traduit par le fait
que si l’on agit en revendication contre le possesseur et qu’on se prétend propriétaire, on
doit prouver notre droit. La possession fournit une apparence de droit, le possesseur
bénéficie d’une sorte de présomption de titularité de ce droit, celui-ci peut être renversé par
la preuve contraire (contrat d’acquisition) → présomption quasi-légale ou jurisprudentielle
car elle ne découle pas de la loi. Autrement dit, le possesseur dont la possession n’est pas
viciée est en position de force, c’est à son adversaire de renverser sa position en prouvant
positivement son droit.
La possession non-viciée est de bonne foi et entraîne l’acquisition des fruits de la chose →
En principe, les fruits appartiennent au propriétaire de la chose = article 547 du CC : “Les
fruits naturels ou industriels de la terre, Les fruits civils, Le croît des animaux, appartiennent
au propriétaire par droit d’accession.” (= Mode d’acquisition d’un droit, en particulier de la
propriété, et qui s’applique par exemple au fait que l’on est propriétaire de l’agneau qui est
né de notre brebis).
→ Les fruits peuvent également être attribués à toute personne détenant un titre, un droit
quelconque sur ceux-ci :
- Locataire d’un immeuble qui comporte un jardin avec des arbres fruitiers
En principe, le simple possesseur n’a pas le droit aux fruits de la chose dont il est
possesseur, car ils appartiennent au propriétaire.
→ Il serait sévère d’exiger la restitution des fruits à chaque fois au propriétaire du bien de la
part d’un possesseur, car il arrive que le possesseur agisse en toute bonne foi, et les fruits
sont donc consommés par les possesseurs. Condamner le possesseur à restituer ses fruits
en valeur pourrait revenir à le ruiner. Cependant, il ne l’a pas mérité, car il était de bonne foi
et se croyait propriétaire.
C’est en distinguant les possesseurs de bonne foi et ceux de mauvaise foi que le droit
attribue un certain régime (art. 549 et 550).
Le possesseur de mauvaise foi doit restituer les fruits en valeur. De plus, il aura le droit à
une indemnité pour les frais qu’il aura engagés pour la perception des fruits. En effet,
parfois, pour percevoir les fruits, on doit dépenser de l’argent (par exemple, frais de récolte ;
lorsque l’on a mis en location un appartement, mais que le locataire a cessé de payer, et
quand on engage la procédure, ça coûte de l’argent, comme la saisine d’un huissier).
Cette solution pour le possesseur de mauvaise foi est admise par la jurisprudence qui
s’appuie sur l’article 548 du Code civil : “Les fruits produits par la chose n’appartiennent au
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propriétaire qu’à la charge de rembourser les frais des labours, travaux et semences faits
par des tiers et dont la valeur est estimée à la date du remboursement.”
→ Article 550 : Le possesseur est de bonne foi quand il possède comme propriétaire, en
vertu d’un titre translatif de propriété dont il ignore les vices.
→ Article 549 : Le simple possesseur ne fait les fruits siens que dans le cas où il possède de
bonne foi. Dans le cas contraire, il est tenu de restituer les produits avec la chose au
propriétaire qui la revendique ; si lesdits produits ne se retrouvent pas en nature, leur valeur
est estimée à la date du remboursement.
=> Cet article lui permet de s’approprier les fruits de la chose sans avoir à rembourser le
propriétaire = régime de faveur envers ce possesseur de bonne foi qui se croyait
propriétaire.
La définition à l’article 550 signifie que pour bénéficier de l’article 549, c’est-à-dire pour avoir
le droit de conserver les fruits sans avoir à les restituer, le possesseur doit avoir cru être
titulaire d’un
Acquisition des fruits de la chose pour un possesseur de bonne foi = En principe, les fruits
appartiennent au propriétaire de la chose (art. 547 du CC). Cependant, un possesseur de
bonne foi peut conserver les fruits consommés pendant sa possession.
- Possesseur de mauvaise foi = Doit restituer les fruits en valeur, mais peut
demander une indemnité pour les frais engagés dans leur perception (frais
de récolte, par exemple).
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(Article 548 du Code civil : le possesseur de mauvaise foi doit rembourser
les frais faits par des tiers).
- Possesseur de bonne foi = (Article 550 du Code civil) : Il est de bonne foi
lorsqu’il possède en croyant être le propriétaire, et peut conserver les fruits
de la chose qu’il perçoit, même s’il apprend plus tard qu’il n’en est pas le
véritable propriétaire. La bonne foi cesse lorsqu’il découvre qu’il n’a pas de
droit sur la chose.
Article 2278 du Code civil : La possession est protégée contre les troubles qui la touchent,
sans avoir à se poser la question de la titularité du droit sous-jacent.
Les actions possessoires permettent de faire cesser un trouble à la possession,
indépendamment de l’existence d’un droit sur la chose.
Actions possessoires
- Action en réintégration
- Complainte
- Renonciation de nouvel œuvre
Cependant, depuis 2015 et la loi du 16 février, ces actions ont été abrogées, car jugées
obsolètes. Elles ont été remplacées par des procédures plus simples et rapides, telles que
les référés.
Référés
Procédure rapide et provisoire : Par exemple, si quelqu’un construit un mur devant votre
porte empêchant l’accès à votre propriété, vous pouvez demander, en référé, la destruction
du mur. Le juge ordonnera la remise en état sans avoir à se prononcer sur la titularité du
droit.
Article 835, alinéa 1er du Code de procédure civile : Ce texte permet de demander, même
en présence d’une contestation sérieuse, des mesures conservatoires en référé pour
protéger la possession.
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Titre 2 : La portée du droit de propriété : les limites aux
caractères absolu et exclusif du droit de propriété
1. Les servitudes : limite au caractère exclusif
Définition : Droit réel qui profite à un fonds dominant au détriment d’un fonds servant
(voisin).
Le fonds servant est grevé d’une servitude : le propriétaire n’en a pas l’usage exclusif.
Exemples de servitudes :
- Valable si : (1) Temporaire et (2) Justifiée par un intérêt sérieux et légitime (Art. 900-1
Code civil).
3 types d’intérêt :
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- Préemption locataire : logement loué (loi 6 juillet 1989, art. 15).
Même sans faute, un trouble anormal (ex : bruit excessif) engage la responsabilité.
→ Base juridique : Article 1240 du Code civil = « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause
à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. » Sanctions
possibles : Dommages-intérêts. Cessation du trouble.
Elle se rapproche de la théorie de l’abus de droit, mais s’en distingue par son domaine
d’application, ses conditions et ses effets juridiques.
- Bruit, même si l’auteur prend toutes les précautions (ex : activité bruyante par
nature).
- Poussières, fumées, odeurs, vibrations, etc.
- Autres exemples reconnus par la jurisprudence :
Privation de lumière due à une construction conforme aux règles.
Chute massive de feuilles d’un arbre.
Dépréciation d’un bien à cause de la proximité d’un ancien bordel légal (avant 1946).
Caractéristiques :
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Elle est liée à l’usage ou à la présence d’un immeuble.
Elle relève à la fois du droit des biens (immobilier) et du droit de la responsabilité.
Exemples jurisprudentiels :
Cass. 2001 : immeuble de 72 logements remplaçant des vignes = trouble anormal car la vue
d’un voisin est gâchée.
Cass. 2001 : transformation d’une maison individuelle en 7 logements loués = trouble du
voisinage (perte d’harmonie et de tranquillité).
Les locataires peuvent aussi être responsables.
Exemple important : Cass. 3e civ., 16 mars 2022 : un acquéreur d’immeuble a été jugé
responsable d’un trouble causé avant son achat. → C’est donc la propriété elle-même qui
fonde la responsabilité.
B. Le seuil d’anormalité
Tous les troubles ne sont pas condamnables : seuls ceux qui dépassent les inconvénients
normaux du voisinage.
Les juges apprécient souverainement l’anormalité, en fonction :
Exemples :
- Une usine bruyante est plus tolérable dans une zone industrielle que dans une zone
résidentielle.
- Les odeurs de lisier sont normales à la campagne, moins en ville.
C. L’incidence de la préoccupation
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Article L.113-8 du Code de la construction et de l’habitation : Pas de réparation si le permis
de construire, l’achat ou le bail est postérieur à l’activité en cause, et que celle-ci respecte la
loi.
Exemple : Si un lotissement est construit après une piste de karting, les riverains ne peuvent
pas se plaindre sauf si l’activité a changé (ex : ouverture étendue).
- Dommages-intérêts
- Réparation en nature (ex : abattage d’un arbre, réduction d’activité, isolation
phonique…)
→ Aujourd’hui, les juges privilégient de plus en plus les réparations en nature, parfois
Mode dérivé : transfert du droit de propriété entre vifs (donation, échange) ou à cause de
mort (succession, testament).
Mode originaire : création d’un nouveau droit de propriété dans un patrimoine, sans transfert
d’un précédent propriétaire. Exemples : occupation, possession, prescription acquisitive
(usucapion), accession.
Définition : s’approprier une chose sans maître (res nullius ou res derelicta).
Exemples :
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- Article 2260 C. civ. : les biens hors du commerce juridique sont
imprescriptibles (ex : cocaïne, armes de guerre, biens publics).
Conditions :
- Non violente
- Publique
- Univoque
- Continue
Exclusion :
- Actes de pure faculté : exercice normal d’un droit (ex : percer un jour dans un
mur privatif).
- Actes de tolérance : usage permis par le véritable propriétaire (ex :
entreposer des outils dans un appentis prêté par un voisin).
- Ces actes ne constituent pas une possession utile à la prescription.
1. Prescription trentenaire
Article 2272 al. 1 C. civ. : 30 ans de possession non viciée pour acquérir la propriété
(meuble ou immeuble).
Attention à ne pas confondre avec la prescription extinctive (5 ans pour une créance,
art. 2224).
Certaines servitudes se perdent aussi après 30 ans de non-usage (art. 2227).
Article 2272 al. 2 C. civ. : Prescription possible après 10 ans si trois conditions sont
réunies :
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2. La computation (le calcul) des délais
A. Règles générales
Article 2228 C. civ : La prescription se compte en jours, pas en heures.
Le premier jour ne compte pas.
Article 2229 C. civ : La prescription est acquise lorsque le dernier jour est accompli (expire à
minuit).
Exemple : Possession d’un terrain débutée le 1er juillet 2010 à 15h → prescription abrégée
de 10 ans
→ le délai commence le 2 juillet 2010 à 00h, expire le 1er juillet 2020 à minuit.
Article 2265 C. civ : On peut joindre à sa possession celle de son auteur (héritage, vente,
etc.).
Exemple : Vendeur A a possédé 2 ans, son vendeur B 4 ans → moi 0 an → je dois posséder
4 ans pour compléter 10 ans.
Cas spécifiques :
Synthèse :
b) L’interruption de la prescription
Interruption civile :
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- Article 2241 C. civ : Une demande en justice interrompt la prescription (même si la
juridiction est incompétente ou la procédure annulée).
- Article 2240 C. civ : La reconnaissance du droit du propriétaire par le possesseur
interrompt également la prescription (et fait perdre l’animus).
c) La suspension de la prescription
Causes de suspension :
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Exemple : Une personne possède un immeuble pendant 30 ans. À la fin de ce délai, elle
devient propriétaire, mais rétroactivement, elle est censée l’être depuis le premier jour de
possession.
Justification de cette rétroactivité : Elle vise à protéger les tiers qui ont contracté avec le
possesseur avant que le délai soit écoulé.
En revanche, les actes passés par l’ancien propriétaire peuvent être remis en cause s’il
s’avère rétroactivement qu’il ne l’était plus à la date de l’acte.
1ère limite (Art. 2250) : On ne peut renoncer à l’avance à une prescription non encore
acquise.
Principe issu du droit des obligations : on ne peut renoncer à un droit que lorsqu’on l’a déjà
acquis.
2ème limite (Art. 2252) : Celui qui ne peut exercer lui-même ses droits (ex : mineur,
incapable) ne peut renoncer seul à la prescription acquise.
Car renoncer à la prescription revient à aliéner un droit, il faut donc avoir la capacité
juridique d’aliéner.
3ème limite (Art. 2253) : Les créanciers ou toute personne ayant intérêt à ce que la
prescription soit acquise peuvent s’y opposer.
Même si le possesseur renonce, un créancier peut invoquer la prescription à sa place.
Exemple : Un débiteur usucape un bien. Son créancier peut s’opposer à la renonciation, car
cela préserverait le bien dans le patrimoine du débiteur, et donc le gage du créancier.
Ces caractéristiques expliquent pourquoi le risque d’acquisition à non domino est plus élevé
avec les meubles.
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C’est pourquoi, l’article 2276 al.1 du Code civil pose un principe fondamental : « En fait
de meubles, possession vaut titre » Cela a deux effets :
1. L’effet acquisitif
La possession d’un meuble permet au possesseur de devenir immédiatement propriétaire,
même si le bien provient d’un non-propriétaire (sous conditions).
2. L’effet probatoire
Cela concerne les conflits entre le possesseur et son auteur (ou ses héritiers), lorsqu’aucun
des deux n’a de preuve écrite (ex : vente ou prêt oral).
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But : Éviter la pluralité de régimes juridiques pour des choses liées.
Cette théorie fonde la théorie de l’accession.
Théorie de l’accession
Article 546 Code civil : Le droit d’accession permet au propriétaire d’une chose de devenir
aussi propriétaire de tout ce qui s’y unit ou en provient, naturellement ou artificiellement.
Deux formes :
Article 549 Code civil : Le possesseur de bonne foi peut garder les fruits. Le possesseur
de mauvaise foi doit les restituer. Limites au droit d’accession :
2. Les produits
Non mentionnés par le texte, mais admis dans la pratique.
Exemple : Pierres extraites d’une carrière = appartiennent au propriétaire de la carrière.
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Le mélange : Fusion de matières rendant la séparation difficile.
Ex : Métaux fondus pour former du bronze ; peinture sur une voiture.
Conflits de propriété :
En pratique : Les contrats ou article 2276 (possession vaut titre) règlent souvent les litiges.
Attention : Accession mobilière = uniquement pour meubles corporels.
B. L’incorporation à un immeuble
Article 552 al. 1 : « La propriété du sol emporte celle du dessus et du dessous ».
Tout ce qui est ajouté ou intégré à un immeuble appartient au propriétaire du sol.
Ex : Bâtiments construits sur un terrain ; cave creusée sous un terrain.
Articles applicables : 556 à 564 Code civil + codes environnement, rural, pêche maritime,
CGPPP.
Attention : Pas toujours une vraie accession (ex : propriétaires déjà titulaires de la moitié
d’une rivière).
2. L’accession artificielle
Définition générale
L’accession artificielle intervient en matière immobilière lorsqu’une construction ou plantation
est réalisée sur un immeuble.
Principe : la chose construite ou plantée devient automatiquement la propriété du
propriétaire du sol, sans qu’il ait à accomplir un acte.
Adage : Superficies solo cedit → la superficie (ce qui est construit) cède au sol.
Principes fondamentaux
Accessibilité automatique et immédiate : aucune formalité n’est requise.
Exemples jurisprudentiels concernent souvent des constructions sur le terrain d’autrui.
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Exception : Locataire constructeur
En cas de bail immobilier, la construction reste propriété du locataire jusqu’à l’expiration du
bail.
À ce moment-là, l’accession joue et le bailleur devient propriétaire.
Contrats dérogatoires
Il est possible de contractualiser des règles différentes de celles prévues par la loi :
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- Exiger la démolition, aux frais du tiers (aucune indemnité si mauvaise foi).
Si le constructeur est de bonne foi, il doit être indemnisé et ne peut être forcé à démolir.
3 types d’impenses :
a) Impenses nécessaires
b) Impenses utiles
c) Impenses somptuaires/voluptuaires
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Titre 4 : Les règles spécifiques à la propriété
immobilière
Chapitre 1 : L’étendue de la propriété immobilière
La propriété immobilière concerne non seulement le sol, mais aussi l’espace au-dessus et
en dessous du terrain.
Article 646 C. civ. : Tout propriétaire peut obliger son voisin à borner les terrains contigus. Le
bornage est réalisé par un géomètre, qui pose des bornes physiques et établit un procès-
verbal.
Ce droit est important en cas de litige de limite entre voisins.
Articles 647 et 648 C. civ. + Code rural : Tout propriétaire peut clôturer son terrain (mur, haie,
grillage…).
Exception : Article 682 → interdiction de se clore si une servitude de passage est imposée
(accès à la voie publique).
Conséquences du droit de clôture :
Article 663 C. civ. : Obligation de se clore en ville ou faubourg. Si deux terrains sont bâtis,
les voisins peuvent être contraints de participer à la construction d’un mur mitoyen (hauteur
réglementée).
Jurisprudence : S’applique uniquement si les terrains sont bâtis (habitation, cour, jardin).
Type de clôture imposable : uniquement un mur, pas un grillage.
Hauteur : Selon les usages locaux ou article 663 (ex. : 3,2 m dans les villes > 50 000
habitants).
La propriété du sol emporte celle du dessus et du dessous (présomption légale, sauf preuve
contraire).
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- Règlements d’urbanisme.
- Servitudes (ex. : interdiction de construire, limitation de hauteur). - Passage
d’installations (ex. : câbles, avions, etc.).
Article 552 al. 2 C. civ. : Le propriétaire peut construire/planter, sauf servitude contraire.
Article 673 C. civ. : Il peut couper les racines ou branches empiétant sur son terrain.
Le droit de propriété peut être divisé en volumes (ex. : droit de superficie).
Article 1359 C. civ. impose un écrit pour les actes juridiques > 1500 €, mais insuffisant pour
prouver la propriété.
Un acte de vente ne prouve pas à lui seul que le vendeur était propriétaire.
→ Nécessité de prouver l’origine du droit (chaîne des propriétaires).
- Possession prolongée.
- Paiement de taxe foncière. - Nom dans le cadastre.
- Si deux personnes achètent le même bien d’un même vendeur, le premier qui publie
gagne.
- Même si l’autre a acheté avant, la publication prime.
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Conclusion générale :
Le droit de propriété est très complet (sol, dessus, dessous).
Il est limité par des textes, des servitudes, ou l’intérêt général.
La preuve de propriété est libre, mais repose souvent sur la probabilité et l’appréciation du
juge.
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Sources légales : Articles 815 à 815-18 du Code civil
Trois types d’indivision :
Facultative mais utile pour organiser la gestion : usage, nomination d’un gérant, règles
d’occupation, etc.
- Chaque indivisaire peut user du bien dans le respect des droits des autres.
- En cas de jouissance exclusive, une indemnité de jouissance est due, même sans
occupation effective.
Si désaccord → le juge peut attribuer une jouissance privative à l’un des indivisaires
(provisoirement).
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Exemple : mise en location d’un appartement indivis.
Procédure :
Conclusion
Le législateur a prévu plusieurs mécanismes pour fluidifier l’indivision et éviter les blocages :
- Mesures urgentes,
- Autorisations judiciaires en cas de refus injustifié, -
Procédures spécifiques pour vendre un bien.
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§3. Cessation de l’indivision
Article 815 du Code Civil : L’indivision peut être cessée à tout moment par un partage, sauf
en cas de sursis par jugement ou convention. Le partage est l’acte qui met fin à l’indivision
en attribuant à chaque indivisaire une portion concrète des biens.
1. Définition du partage
Le partage est une opération où les copropriétaires attribuent une portion privative de biens.
Il peut être total (tous les biens partagés) ou partiel (seuls certains biens partagés,
l’indivision restant sur d’autres).
2. Types de partage
Amiable : Par accord entre les indivisaires. Exemple : dans une indivision successorale, on
partage une maison, une voiture et un appartement entre les héritiers.
Notarié : Nécessaire pour des biens immobiliers afin de procéder à la publicité foncière.
Privé : Pour des biens meubles, signé entre indivisaires.
Judiciaire : Lorsque l’accord amiable échoue, un indivisaire peut saisir le juge pour ordonner
le partage.
3. Le principe de partage :
Nature du partage : En principe, les biens sont partagés en nature, mais parfois, cela n’est
pas possible (ex : vente d’un bien immobilier).
Vente : Si un bien ne peut pas être partagé en nature (ex : une maison), le juge peut
ordonner sa vente, et les fonds sont répartis entre les indivisaires.
4. Le droit au partage
Article 815 : Chaque indivisaire a le droit de demander un partage. Il s’agit d’un droit de
l’ordre public qu’on ne peut renoncer à l’avance.
Droit constitutionnel : Le Conseil constitutionnel a reconnu ce droit comme étant
constitutionnel en 1999.
Le partage peut être différé par jugement (article 820, délai de 2 ans maximum) ou par
convention entre indivisaires.
5. Le sursis au partage
Sursis judiciaire (Article 820) : Le juge peut reporter le partage pendant 2 ans si un partage
immédiat pourrait nuire à la valeur des biens.
Convention : Les indivisaires peuvent aussi convenir de rester en indivision pour une durée
indéterminée ou déterminée, mais la durée déterminée ne peut excéder 5 ans (articles 1210
et 1211).
Créanciers des biens indivis : Les créanciers ayant une créance antérieure peuvent saisir
les biens indivis avant le partage pour récupérer leur dû (article 815-17).Créanciers
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personnels des indivisaires : Ils ne peuvent pas saisir la quote-part d’un indivisaire tant que
l’indivision perdure, mais peuvent intervenir dans le partage (article 815-17).
Durée déterminée : Les conventions peuvent fixer une durée déterminée (max. 5 ans),
renouvelable.
Indivision à durée indéterminée : Chaque indivisaire peut demander le partage à tout
moment, sauf s’il agit de mauvaise foi ou à contretemps (article 1873-3).
Droit de préemption : Les coïndivisaires ont un droit de préemption sur la quote-part d’un
indivisaire qui souhaite vendre, mais ce droit ne s’applique pas en cas de saisie judiciaire.
Saisie d’une quote-part : En cas de saisie par un créancier, ce dernier peut parfois
provoquer le partage ou se substituer à l’acheteur lors d’une vente aux enchères (droit de
substitution).
9. Conclusion
L’indivision a vocation à être temporaire, et peut être dissoute à tout moment par partage
amiable, judiciaire ou par convention entre indivisaires. Les créanciers ont des droits
spécifiques, notamment en cas de créances antérieures à l’indivision.
Principe de la copropriété : La copropriété repose sur une personne morale (le syndic) qui
gère le syndicat. Le syndicat n’est pas propriétaire mais a pour objet la gestion de
l’immeuble, en particulier les parties communes.
Propriétaires : Ce sont les membres de l’assemblée générale. Chaque copropriétaire
possède une partie privative (ex. appartement) et une quote-part des parties communes (ex.
escalier).
Parties privatives et communes : Les parties privatives sont la propriété exclusive de chaque
copropriétaire. Les parties communes sont en indivision entre les copropriétaires, sans
possibilité de partage ou licitation (article 815 alinéa 1 du Code civil).
La copropriété n’est pas une indivision : La copropriété porte sur l’immeuble divisé en lots,
chaque lot comportant une partie privative et une quote-part des parties communes. Les
parts de copropriété sont exprimées en millièmes, en fonction de la valeur relative des lots
(superficie, consistance, etc.).
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Définition : La mitoyenneté est une indivision forcée concernant les clôtures séparatives
(murs, haies, fossés). Elle concerne deux voisins et implique une copropriété commune.
Types de clôtures :
Presomptions de mitoyenneté : Le mur est présumé non mitoyen si un côté présente un plan
incliné pour l’écoulement de l’eau de pluie (article 654 du Code civil).
Cession forcée de mitoyenneté (article 661 C. civ.) : Un propriétaire peut rendre mitoyen un
mur privatif, en remboursant une part des dépenses engagées pour la construction du mur.
Obligation de se clore (article 663 C. civ.) : Le voisin peut contraindre l’autre à participer à la
construction ou réparation d’une clôture.
Articles 657 et 662 : Ces articles précisent les droits d’utiliser un mur mitoyen pour des
constructions, mais si cela nuit au voisin, un accord ou une décision d’expert est nécessaire.
Exemples de copropriété : Chemins et cours communes. Un chemin peut être partagé entre
plusieurs agriculteurs, et une cour peut être partagée entre voisins.
Distinction avec la servitude : La cour commune n’est pas une servitude, elle est partagée
entre propriétaires.
Textes applicables aux chemins : L’article L. 162-1 du Code rural précise que les chemins
d’exploitation sont présumés être en propriété collective des propriétaires riverains. L’usage
de ces chemins est commun à tous, mais la propriété est partagée individuellement (droit de
passage pour tous).
Démembrement au sens strict : Le droit de propriété est scindé en trois droits réels : l’usus
(droit d’utilisation), le fructus (droit de percevoir les fruits) et l’abusus (droit de disposer du
bien). Exemple : vente de la nue-propriété avec réserve d’usufruit.
Démembrement au sens large : Ne casse pas le droit de propriété en morceaux mais porte
atteinte à un aspect de celui-ci, comme l’exclusivité. Exemple : un droit de passage.
Certains contrats, qualifiés de baux, entraînent des droits réels pour le preneur :
l’emphytéose (bail emphytéotique), le bail à construction, etc. Exemple : le droit de
superficie dans le cas d’un bail à construction.
Section 1 : L’usufruit
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Articles 578 à 624 du Code civil
Définition : L’usufruit est le droit de jouir d’une chose dont quelqu’un d’autre a la propriété,
tout en conservant la substance du bien (Article 578 C. civ.). L’usufruitier a l’usus et le
fructus, mais pas l’abusus, qui appartient au nue-propriétaire.
Types de biens concernés : L’usufruit peut porter sur des biens corporels ou incorporels,
meubles ou immeubles (par exemple, parts de société).
Usufruit légale : Exemple : droit d’usufruit du conjoint survivant sur les biens d’une
succession (Article 757 C. civ.).
- Par la loi : Exemples : usufruit légal du conjoint survivant ou des parents sur les
biens des enfants mineurs (Article 386-1 C. civ.).
- Par la volonté humaine : Souvent dans un testament ou par donation.
- Par prescription : Rarement, mais possible si l’usufruit est acquis par la possession
prolongée.
Droits de l’usufruitier :
- Fruits : L’usufruitier a droit aux fruits naturels, industriels ou civils (Article 582 C. civ.).
- Exemple de fruits : Mûres sur un terrain (naturels), loyers (civils), produits
agricoles (industriels).
Quasi-usufruit : Lorsque l’usufruit porte sur des biens consomptibles (ex. nourriture, argent),
le régime est particulier (Article 587 C. civ.).
L’usufruitier doit effectuer un inventaire contradictoire des biens objets de l’usufruit, auquel le
nu-propriétaire doit être invité. Cet inventaire permet de prouver la consistance et la qualité
des biens, évitant ainsi des reproches pour dégradation qui n’aurait pas eu lieu.
L’usufruitier doit fournir une caution (une personne, pas d’argent), garantissant la bonne
exécution de ses obligations. Si l’usufruitier ne trouve pas de caution, il peut se tourner vers
le juge pour faire un serment (caution juratoire) de restituer les biens.
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Article 603 – Caution juratoire
Si l’usufruitier ne trouve pas de caution, il peut faire un serment devant un juge de restituer
les biens. Le juge peut accepter ou refuser ce serment.
L’usufruitier peut être déchu de son usufruit en cas de manque d’entretien (Article 618).
Article 608 : L’usufruitier est responsable des charges annuelles (ex : impôts, taxe foncière).
Article 611 : L’usufruitier n’est pas tenu des dettes hypothécaires, mais peut les payer et se
retourner contre le nu-propriétaire.
En cas d’usufruit universel, l’usufruitier doit contribuer aux dettes (Article 612).
- La mort de l’usufruitier.
- L’expiration du terme.
- La consolidation (réunion des qualités d’usufruitier et de propriétaire).
- Le non-usage pendant 30 ans. - La perte totale de la chose.
Clause de réversibilité : L’usufruit peut être reporté sur une autre personne après la mort de
l’usufruitier.
Article 619 : L’usufruit accordé à une personne morale est limité à 30 ans.
Prescription extinctive : L’usufruit peut s’éteindre par non-usage pendant 30 ans.
Perte totale du bien : L’usufruit s’éteint si le bien disparaît.
Déchéance judiciaire : En cas de mauvaise gestion ou de dégradation par l’usufruitier
(Article 618).
Renonciation de l’usufruit : L’usufruitier peut renoncer à son droit (Article 622), sous réserve
des créanciers.
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Vente simultanée de l’usufruit et de la nue-propriété (Article 621) : Le prix de la vente se
répartit entre la valeur de l’usufruit et celle de la nue-propriété.
- Intuitus personae : Ces droits sont constitués pour une personne déterminée
(l’usager) et sa famille immédiate (conjoints et enfants). Ils ne peuvent pas être
transférés ou cédés.
- Caractère alimentaire : Ces droits visent à garantir les conditions de vie minimales
de l’usager, incluant la nourriture et le logement.
Le droit d’usage :
- Le droit d’usage englobe l’usus et le fructus, mais est limité aux besoins de l’usager
et de sa famille immédiate (articles 630 et 631).
- L’usager ne peut louer la chose ni céder son droit.
- Si la chose est frugifère, l’usager peut en tirer des fruits uniquement pour ses
besoins immédiats et ceux de sa famille. - Ce droit est incessible et insaisissable.
Le droit d’habitation :
- Plus restrictif que le droit d’usage, il ne permet que l’usus d’habitation sur un
logement, limité à la famille de l’usager.
- Ce droit est également incessible et insaisissable (article 634).
Modifications contractuelles et débat théorique : Les règles des articles 625 à 636 sont en
grande partie supplétives, ce qui permet de les modifier par contrat. Toutefois, une
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modification substantielle peut remettre en cause le caractère du droit (par exemple, si un
droit est accordé à une personne morale qui n’a pas de besoin alimentaire ni d’habitation).
- Les droits d’usufruit, d’usage et d’habitation sont des droits de jouissance générale,
privant le propriétaire de l’ensemble de l’utilisation d’un bien.
- Les droits réels de jouissance spéciale (DRJS) sont plus limités et ne privent le
propriétaire que d’une partie de l’utilité du bien.
Controverse doctrinale sur la liste des droits réels : L’article 543 du Code civil ne précise pas
si la liste des droits réels est limitative. Certains auteurs soutiennent l’existence d’un
numerus clausus, tandis que d’autres admettent la liberté de création de nouveaux droits
réels.
La jurisprudence a confirmé, notamment dans l’arrêt “Caquelard” du 13 février 1834, qu’il n’y
a pas de numerus clausus pour les droits réels.
Évolution de la jurisprudence :
Durée des DRJS : La durée des DRJS peut être perpétuelle ou limitée à 30 ans dans
certaines situations, notamment pour les personnes morales.
Définition : Une servitude est un droit réel qui impose une charge sur un immeuble (le fonds
servant) pour l’usage et l’utilité d’un autre immeuble (le fonds dominant), appartenant à un
autre propriétaire. Elle est régie par l’article 637 du Code civil.
Caractéristiques :
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- Elles sont liées au droit de propriété : charge pour le fonds servant, utilité pour le
fonds dominant.
- Elles sont perpétuelles sauf mention contraire (par exemple, servitude de passage
pour 2 ans dans un contrat).
- Elles sont transmissibles avec les fonds concernés, tant activement qu’implicitement.
Exemple : Si un jardin est grevé d’une servitude de passage, le propriétaire du fonds servant
ne pourra pas utiliser le chemin comme bon lui semble (pas de construction ni plantation).
Types de servitudes :
Les vues et les jours : définis par les articles 675 à 680.
- Jour : ouverture dans un mur non mitoyen sans permettre de voir chez le voisin.
- Vue : ouverture permettant de voir chez le voisin.
Vue droite : doit respecter une distance de 1,90 m (article 678).
Vue oblique : à 60 cm minimum.
- Les vues peuvent devenir des servitudes après 30 ans d’usucapion si non
contestées.
Autres servitudes : Il existe des servitudes spécifiques dans le domaine public, comme
celles liées à EDF ou à des aménagements militaires.
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- Non apparentes : non visibles, comme une servitude de passage sans indication
externe.
Article 639 du Code civil : Les servitudes peuvent dériver de trois sources principales :
Les propriétaires peuvent établir des servitudes sur leurs terrains à condition que cela ne
porte pas atteinte à l’ordre public.
Exemples :
- Servitude de vue
- Servitude de passage
- Servitude d’écoulement des eaux usées
Les servitudes continues et apparentes peuvent être acquises par prescription (30 ans
d’usage sans opposition).
Prescription trentenaire : Pour qu’une servitude soit acquise, il faut une possession non
viciée et non clandestine.
Lorsqu’un seul propriétaire divise son terrain, les installations destinées à servir l’autre fond
sont présumées être des servitudes.
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Article 696 : Certaines servitudes peuvent impliquer d’autres servitudes (ex : servitude de
puisage qui inclut la servitude de passage).
Article 697 : Le propriétaire du fonds dominant peut réaliser les travaux nécessaires à
l’exercice de la servitude, aux frais de celui-ci.
Articles 701 et 702 : Les propriétaires ne doivent rien faire qui puisse aggraver la situation
de l’autre partie.
Exemples de beaux :
- Emphytéose : Droit réel d’usage et de jouissance d’un bien pendant une longue
durée, avec obligation d’améliorer le bien.
- Bail à construction : Permet au locataire de construire sur un terrain pendant une
certaine durée.
- Bail réel immobilier : Donne au preneur un droit réel pour exploiter un bien
immobilier.
- Bail réel solidaire : Une forme de bail impliquant des obligations réciproques.
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