La place des femmes dans la mode
[ 1 décembre 2022 ]
[ Sakina M'sa ]
L’histoire de la mode commence vraiment au milieu du 19eme siècle,
avec le créateur Charles-Frédéric Worth, pionnier de la haute couture, qui
fait défiler les premiers mannequins dans de prestigieux salons où se
rassemble une clientèle féminine aisée…
C’est au cours du 20ème siècle que les maisons de couture se multiplient.
Ce siècle est celui de la mode, autant que celui des lumières. On assistera
à la naissance du Lanvin de Jeanne Lanvin, aussi de la célèbre maison
Chanel créée par Gabrielle Chanel, ou même encore d’Yves Saint-Laurent.
À cette période, les premières féministes entament leur long combat pour
le droit des femmes !
Jeanne Lanvin, fille d’une famille nombreuse et pauvre pour l’époque,
devient employée dans une chapellerie avant de travailler comme
apprentie chez la modiste « Boni ». C’est là qu’elle développe son talent,
rare. La confection de modèles inédits de chapeaux à laquelle elle
s’applique conforte son goût de la création. Elle rejoint ensuite Suzanne
Noël (chirurgienne au service du féminisme) dans son club parisien
réservé aux femmes brillantes et professionnellement indépendantes, à
l’instar des Soroptimist existants aux Etats-Unis. Là-bas, aux côtés de
Jeanne Lanvin, on trouve des femmes de renoms telles Anna de Noailles
ou Lily Laskine.
Pourquoi Coco Chanel était une icône révolutionnaire pour les femmes de
l’époque ?
Gabrielle Chanel, icône de la mode, précurseur du monde de la couture et
de la création de vêtements, accomplit une véritable révolution
vestimentaire. Elle introduit dans le vestiaire féminin trois éléments
majeurs pour la libération de la femme: la jupe courte, sans marquage à la
taille, la suppression du corset qu’elle récupère de Madeleine Vionnet, et
la démocratisation du pantalon.
Coco Chanel s’inspire du vestiaire masculin pour ses créations, les
chapeaux se simplifient, s’épurent. Progressivement disparaissent les
plumes et autres ornements qui paraient la tête des femmes, mais les
encombraient tout autant.
Désormais, l’élégance devient simplicité, le confort s’impose jusqu’à
l’androgynie. L’objectif est de libérer et d’émanciper la femme de tous ces
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habits peu pratiques qui l’entravent. Gabrielle Chanel introduit dans ses
créations des matériaux rigides et solides comme le tweed mais, surtout,
elle impose, dans la garde-robe féminine, un pantalon qui n’y avait jamais
vraiment eu sa place avant elle ! Coco Chanel tient son grand symbole de
la liberté physique, mais aussi politique de la femme !
Chanel a participé à envoyer valser, les codes traditionnels de la féminité,
pour les rapprocher de modèles plus élégants et masculins.
L’après-guerre et le new-look.
À l’enthousiasme fantaisiste des années 30, succède la rigueur de la
guerre de 40 et ses vêtements utilitaires. Il faut en attendre la fin pour
voir Christian Dior remettre à l’honneur une féminité très “cliché”, avec un
New-Look renouant avec la tradition des tailles marquées et des jupes
corolles.
Ce règne d’une silhouette féminine, somme toute traditionnelle, perdure
encore une décennie.
C’est par l’Anglaise Mary Quant que viendra la révolution. Cette figure
emblématique du Swinging London, avec sa sulfureuse minijupe, va tout
changer. Immédiatement adoptée par les adolescentes et les jeunes
femmes, la version ultra-courte du vêtement bien connu est popularisée
dans le monde entier par André Courrèges qui lui dédie sa collection
printemps-été 1965. À la même époque, Yves Saint Laurent propose de
son côté une réinterprétation novatrice des pièces masculines les plus
emblématiques, revisitant au féminin le caban, le smoking et la
saharienne.
Dans les années 80, les créatrices de mode sont encore minoritaires, de
Vivienne Westwood à Donna Karan, en passant par Sonia Rykiel, Diane
Von Furstenberg ou Rei Kawabuko, elles se comptent encore sur les doigts
d’une main.
Les hommes créent mieux, paraît-il pour les femmes....
Avant de défendre les droits des femmes sur les podiums, l’industrie de la
mode est donc passée d’une ère masculine, où elle était décidée, pensée
et gérée par des hommes, à des directions artistiques féminines, ou bien
encore des marques toute entière imaginées par des femmes.
C’était un premier pas vers le féminisme !
En s’imposant comme femme chef d’entreprise à une époque hostile à
leur genre, Chanel, Elsa Schiaparelli ou encore Jeanne Lanvin ont ouvert
des portes.
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Historiquement, les créateurs « hommes » ont été ceux qui ont poussé le
plus loin l’image d’une femme hyper-féminine, fantasme idéalisé, à des
années-lumière de la réalité.
L’époque est aujourd’hui, et sans conteste, plus propice à l’émergence de
talents féminins. Preuve en sont les concours mis en place par des
groupes de luxe, des structures placées sous l’égide du ministère de la
Culture ou bien encore des marques mainstream.
En 2016, ces prix ont tous été remportés par des femmes : la Française
Johanna Senyk, fondatrice de Wanda Nylon, a décroché le prix de l’Andam,
la Londonienne Grace Wales Bonner s’est attiré les faveurs du prix LVMH.
En novembre dernier, le groupe Kering remettait une flopée de
récompenses dans le cadre de sa collaboration avec le London College of
Fashion pour une mode éthique et écologique, parrainée par Stella
McCartney et la maison Brioni. Quatre des cinq prix furent gagnés par des
étudiantes, et non des étudiants.
Le combat continue avec Sakina M’Sa.
Sakina M’Sa se bat tous les jours pour défendre la mode responsable,
mais pas seulement ! Elle propose aux femmes, avec sa mode
« éclairée », des pièces fortes, à messages engagés.
Ces messages sont devenus son combat. L’objectif est de concevoir la
femme comme un tout, avec ces différences et pour volonté qu’en
pensant la femme plurielle, Sakina pense à toutes les femmes sans n’en
laisser aucune sur le bord du chemin de sa mode pour toutes.
Créatrice, elle défend aussi une certaine idée de l’appréhension du
monde, une idée qu’elle développe à travers ses conférences,
ses collections, avec des mots forts jetés sur le vêtement, comme un
manifeste à porter, des mots comme « Save the planet » ou « Earth » qui
alertent sur la nécessité de protéger l'environnement, mais aussi
« Wonderwomanist » ou « Girl gang », rappels de la force intérieure et
véritable des femmes. Des mots pour créer une unité, une solidarité entre
elles.
Sakina a, entre autre, fait défiler des femmes des prisons, femmes
auxquelles elle a régulièrement rendu visite afin de préparer son défilé.
Permettre à ces femmes de se réapproprier leur féminité reste l’une des
plus belles réussites personnelles et professionnelles de la créatrice.
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Mode & émancipation : comment la Mode a
libéré les Femmes
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L'histoire de la Mode est une
saga d'émancipation.
Le XXe siècle a été un tournant
déterminant : l'image de la femme
n'a jamais autant changé
auparavant ni depuis. Découvrez
les moments clés de cette
révolution stylistique !
1906 : la lutte contre le corset
En 1900, la silhouette en sablier règne
en maître dans le monde de la Mode :
poitrine généreuse, taille fine,
hanches prononcées - voilà le
standard de beauté féminine de
l'époque. Pour suivre cette tendance,
les femmes se serrent dans des corsets.
Bien que cela affine le centre du
corps, malheureusement, cela laisse
peu de place à la respiration et à la liberté de mouvement. En somme,
cette Mode ne fait que refléter trop fidèlement la condition sociale des
femmes de cette époque.
Tout change en 1906 lorsque le couturier Paul Poiret, inspiré par les
danseuses nues Isadora Duncan et Mata Hari, révolutionne la Mode avec
sa création "La Vague" : une robe dont la jupe commence juste sous la
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poitrine, descend doucement jusqu'au sol, sans taille serrée et visiblement
sans corset. Cette innovation vestimentaire, loin des contraintes du passé,
est accueillie avec enthousiasme par les femmes du monde entier. Enfin,
elles peuvent respirer à pleins poumons, manger en toute décontraction
et s'asseoir confortablement. Même si Paul Poiret a conçu cette nouvelle
silhouette principalement pour sa propre esthétique, et moins pour le
bien-être des dames, il est considéré comme le premier libérateur des
femmes, marquant ainsi le début de l'émancipation dans le monde de la
mode.
Les voix du temps
"J'ai déclaré la guerre au corset". (Paul Poiret)
"La robe doit suivre les lignes du corps, et si la femme qui la porte sourit,
la robe doit sourire avec elle". (Madeleine Vionnet, inventeur de la coupe
en biais et maître du drapé)
Les grandes étapes politiques et sociales
1907 : Les femmes mariées en France peuvent ouvrir un compte bancaire
sans l'autorisation de leur mari.
19 mars 1911 : Célébration de la première Journée Internationale de la
Femme (aujourd'hui le 8 mars).
1913 : La loi sur la protection de la maternité est adoptée.
Les Années 20-50 : l'émancipation de la Mode par
Chanel
Alors que Poiret libérait simplement le corps
féminin du corset, Coco Chanel, quant à elle,
redonne aux femmes une liberté de mouvement
inédite. Dans sa Mode, on ne trouve ni tissus
rigides ni coupes contraignantes. Pionnière dès
1913, elle expérimente le jersey pour créer des
vêtements de sport confortables, des pantalons
de loisirs, et enfin des tailleurs, tous
confectionnés dans cette matière douce et souple. Depuis lors, le jersey
est devenu incontournable dans le monde de la Mode. Les coupes
reflètent le look androgyne des années 20, avec des silhouettes fluides et
des jupes à la longueur du genou permettant de courir, sauter et danser.
En 1926, la grande dame couronne ce look avec la petite robe noire.
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Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, l'émancipation de la Mode
connaît un coup d'arrêt, la silhouette retrouvant sa forme de sablier, en
grande partie grâce à Christian Dior. Le couturier impose aux femmes un
retour au corset à la fin des années 40 avec son "New Look" - une
proposition audacieuse, mais qui, étonnamment, séduit les femmes de
l'époque. Après des années de privations durant la guerre, elles aspirent
simplement à la féminité, à l'insouciance, et à un soupçon de luxe.
Coco Chanel, pour sa part, peine à accepter ce retour en arrière dans
l'émancipation de la Mode. En 1954, elle réagit en créant le célèbre
tailleur Chanel en tweed léger, composé d'une jupe au genou et d'une
veste décontractée. Ainsi, elle lance à nouveau une tendance de Mode qui
réussit à concilier féminité et confort.
Les voix du temps
"La mode n'est pas quelque chose qui n'existe seulement dans les robes.
La mode est dans l'air, portée par le vent. On la devine. La mode a à voir
avec les idées, avec la façon dont nous vivons, avec ce qui se passe
autour de nous." (Coco Chanel)
"Je libère les femmes de la nature". (Christian Dior)
Les grandes étapes politiques et sociales
1924 : Les femmes obtiennent le droit de vote aux élections municipales
en France.
1944 : Les femmes françaises obtiennent le droit de vote aux élections
nationales.
1946 : L'égalité des droits entre les hommes et les femmes est inscrite
dans la Constitution française, renforçant la protection des droits
fondamentaux liés à l'égalité des sexes en France.
Les Années 30-60 : le pantalon
triomphe
Pendant longtemps, le pantalon a
été considéré comme un tabou
absolu pour les femmes, ne
correspondant pas aux idées
morales de la société et de l'Église.
Certes, durant la Première Guerre
mondiale, le pantalon a été adopté
comme vêtement de travail par les
femmes dans les usines et
l'agriculture. Il était également toléré
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dans des contextes tels que le sport, l'équitation, ou en tant que vêtement
de plage. Toutefois, ce n'est qu'à partir des années 1930 que des
créatrices de mode telles que Coco Chanel et des stars du cinéma comme
Katherine Hepburn ont réussi à rendre le pantalon socialement
acceptable. Marlene Dietrich a même créé un look emblématique autour
du smoking masculin avec un haut-de-forme.
Malgré une certaine stagnation de la mode en termes d'émancipation
après 1945, le pantalon n'a jamais complètement disparu de la scène.
Audrey Hepburn est devenue une icône du corsaire dans "Drôle de
frimousse" (1957), et le couturier Yves Saint Laurent a définitivement
élevé l'ensemble pantalon pour femme au rang de must-have de la mode
des années 1960. C'est au plus tard avec le triomphe du jean en 1971 que
le pantalon est devenu incontournable dans la garde-robe féminine,
marquant ainsi sa place dans l'histoire de la mode.
Les voix du temps
"Mettre une fille en salopette, c'est comme la faire travailler en collants,
surtout si une fille sait les porter correctement". (Marilyn Monroe)
"Coco Chanel a donné la liberté aux femmes, Saint Laurent leur a donné la
puissance". (Pierre Bergé, compagnon d'Yves Saint Laurent)
Les grandes étapes politiques et sociales
1952 : La loi Marie-Claude Vaillant-Couturier rend obligatoire le congé
maternité et interdit le licenciement d'une femme enceinte.
1957 : Suppression du devoir d'obéissance dans le mariage.
1959 : Les femmes peuvent passer leur permis de conduire sans
l'autorisation de leur mari.
Les Années 60 : la mini devient à la mode
Le plus grand bouleversement de l'histoire de la
Mode a eu lieu dans les années 60. Le
mouvement de la jeunesse, rebelle contre les
contraintes et les normes imposées par la
génération précédente, a laissé son empreinte
sur la mode. La street fashion a fait son entrée
dans le monde de la haute couture, et Yves
Saint Laurent a été le précurseur en présentant,
dès 1960, des pulls noirs à col roulé et des blousons en cuir sur les
podiums, reflétant ainsi le style urbain des jeunes.
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Cependant, la tendance la plus marquante des années 60 a été
incontestablement la minijupe. En 1960, la créatrice britannique Mary
Quant a fait remonter l'ourlet de ses jupes bien au-dessus du genou,
suscitant l'indignation chez la génération précédente et l'enthousiasme
chez leurs filles. Associé à des collants et des bottes colorées, ce look
correspondait parfaitement aux idées de liberté des jeunes, rompant avec
l'élégance traditionnelle. La révolution de la jeunesse a marqué l'histoire
de la mode, mettant fin aux règles strictes de la haute couture pour les
femmes du monde. Pour toujours.
Les voix du temps
"J'ai toujours voulu me mettre au service des femmes. Être à leur service.
J'ai voulu les accompagner dans leur grand mouvement de libération qui a
marqué le siècle dernier". (Yves Saint Laurent)
"Seules les bottes à talons plats permettent de rester en contact avec la
terre et la réalité". (André Courrèges, inventeur de la combinaison :
minijupe, collants, bottes)
Les grandes étapes politiques et sociales
1967 : La pilule contraceptive est autorisée en France.
Les Années 70 à aujourd'hui : tout
ce qui plaît est permis
La Mode contemporaine se caractérise
par une individualité sans précédent,
trouvant ses racines dans les années
70. Des pantalons bouffants aux hot
pants, du punk au business, du ventre
nu au sans soutien-gorge, les tabous de
la Mode tombent les uns après les autres au fil des décennies. Les
femmes gagnent en autonomie et s'habillent comme elles le souhaitent,
bénéficiant d'une liberté totale, du moins sur le plan vestimentaire. Les
attributs traditionnellement masculins tels que les jeans, les baskets et les
coupes oversize font désormais partie intégrante de l'histoire de la Mode.
L'émancipation de la Mode illustre la difficulté et la longueur du chemin
des femmes vers l'autodétermination, car la Mode et la société sont
étroitement liées. Même si l'égalité sociale demeure un objectif à
atteindre, dans le domaine de la Mode, le mot d'ordre résonne plus fort
que jamais : portez ce qui vous plaît ! Chaque femme a la possibilité de
développer son propre style, de choisir ce qui lui convient et de refléter ce
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qu'elle représente. C'est une conquête que nous devrions célébrer.
Chaque jour !
Les voix du temps
"La mode n'a jamais été aussi excitante qu'aujourd'hui". (Donatella
Versace)
"On n'échappe pas à la mode. Car même si la mode se démode, c'est déjà
de la mode". (Karl Lagerfeld)
"Les vêtements ne changeront pas le monde, les femmes qui les portent
le feront". (Anne Klein)
Jalons politiques
1972 : Création du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) en
France, qui a contribué à sensibiliser l'opinion publique aux questions
féministes et à promouvoir l'égalité des sexes.
1974 : Adoption de la loi Veil, dépénalisant l'interruption volontaire de
grossesse (IVG) en France, un progrès majeur pour les droits des femmes.
1977 : Abolition du "mariage de la femme au foyer" - la femme n'est plus
légalement tenue de s'occuper du ménage. Le mari ne peut pas mettre fin
à l'emploi de son épouse.
1983 : Instauration d'un congé parental en France, permettant aux deux
parents de prendre un congé pour s'occuper de leur enfant. Cela a
contribué à une répartition plus équitable des responsabilités familiales
entre les sexes.
1994 : L'État français est tenu de promouvoir l'égalité des droits entre les
hommes et les femmes.
1997 : Le viol conjugal devient une infraction pénale en France.
1999 : Loi sur la parité en politique, imposant une représentation
équilibrée des femmes et des hommes sur les listes électorales pour
certaines élections.
Résumé de tous les points :
En 1906, le couturier Paul Poiret crée pour la première fois une robe
sans corset : La Vague.
Coco Chanel révolutionne la haute couture en proposant des
modèles confortables en jersey, offrant aux femmes une alternative
élégante et pratique.
Bien que le pantalon pour femme fasse sensation dans les années
30, il ne devient un élément incontournable de la garde-robe
féminine qu'au cours des années 70.
En 1957, le célèbre tailleur Chanel en tweed, privilégiant le confort,
contraste avec la ligne restrictive "New Look" de Christian Dior.
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En 1960, l'Anglaise Mary Quant invente la mini-jupe.
Le mouvement de la jeunesse des années 60 renverse les normes
de la haute couture, marquant une révolution dans la mode.
Tout ce qui plaît est permis : l'émancipation de la mode donne aux
femmes la liberté de développer leur propre style et de s'habiller
selon leurs préférences.
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