Dr Moustapha DIOP
Ancien Interne des hôpitaux
Spécialiste des hôpitaux des armées
Définir un antibiotique
Citer 4 familles d’antibiotiques avec 3 molécules par famille
Citer 4 paramètres prédictifs de l’efficacité d’un antibiotique
Décrire les 4 modes d’action des antibiotiques
Décrire 4 mécanismes biochimiques de résistance bactérienne
Connaitre les 7 questions pour une bonne utilisation des antibiotiques et
un bon suivi d’une antibiothérapie
1. Introduction
1.1 Définition
1.2 Intérêt
2. Les Familles d’antibiotiques
3. Propriétés pharmacologiques
4. Modes d’action des antibiotiques
5. Résistance des bactéries aux antibiotiques
6. Modalités de prescription : 7 questions à poser avant de prescrire une
antibiothérapie curative
7. Bon usage des antibiotiques
8. Conclusion
1/INTRODUCTION
1.1 Définition
Les antibiotiques sont des substances
naturelles (ex : la pénicilline sécrétée par un champignon, Penicillium
notatum Sr Alexander Fleming 1928 ),
semi-synthétiques ou synthétiques (ex : sulfamides produits par
l’industrie chimique)
ayant le pouvoir de bloquer les activités vitales des bactéries et d’inhiber
leur croissance.
1.1 Définition
Antibiothérapie
Moyen thérapeutique pour venir à bout d'une infection en utilisant un ou plusieurs
médicaments anti-infectieux appartenant à la classe des antibiotiques (AB) contre
bactéries responsables
Curative :utilisation rationnelle un ou plusieurs AB capables de combattre une
infection bactérienne évidente ou non..
Préventive ou prophylactique:
prévenir surinfection bactérienne
éviter essaimage bactéries pathogènes à partir foyer sur geste chirurgical
prévu avec risque infection post opératoire connu.
1.2 Intérêt
Depuis plus 60 ans, sont de plus en plus utilisés
Evolution croissante de la résistance bactérienne aux
antibiotiques, préoccupation majeure de santé publique
Utilisation rationnelle devenue indispensable
Lutte multisectorielle : approche One Health
Contexte en Afrique
2/Familles
d’antibiotiques
a) Famille des bêta-lactamines :
LES PENEMES
Les Pénicillines et dérivées composés par :
- Péni G (Pénicilline G, extencilline): cocci, Bacilles Gram (+)
- Péni A (ampicilline, amoxicilline) : cocci et bacilles
- Péni M (oxacilline, méthicilline) : Gram (+)
- Péni V (oracilline)
- Carboxypénicillines (carbénicilline, ticarcilline): bacilles à Gram
(-): Pseudomonas, Proteus, et anaérobies
a)Famille des bêta-lactamines :
LES PENEMES
Les Pénicillines et dérivées composés par :
- Uréidopénicillines (pipéracilline, mezlocilline): : entérobactéries,
Pseudomonas, streptocoque
- Amidinopénicillines (pivmécillinam)
Méthoxy-pénames (Témocilline),
Oxapénames (acide clavulanique)
Carbapénames
a) Famille des bêta-lactamines :
LES CEPHEMES
Céphalosporines avec 4 générations
- C1G : céfalotine, céfazoline, cefalexine, céfradine, cefadroxil, cefatrizine, cefaclor
: Staphylocoque, Streptocoques et quelques BGN
- C2G : céfuroxime, céfamandole: Cocci gram (+), BGN
- C3G : céfotaxime, céftriaxone, céftazidime, céfixime: BGN, anaérobies,
Pseudomonas
- C4G : céfépime, céfpirome large spectre
a) Famille des bêta-lactamines :
LES CEPHEMES
Céphamycine : Céfoxitine
Oxacéphèmes : Lamoxactam
Carbacéphèmes
a)Famille des bêta-lactamines :
LES PENAMES
Les Carbapénèmes :
- Imipénème, méropénème, ertapénème
Les sulfopénèmes
Les oxapénèmes
Non actifs sur les germes intracellulaires
a)Famille des bêta-lactamines :
Monolactame
Les Monobactames : Aztréonam (BGN aérobie)
Aucune activité sur les Gram (+) et les anaérobie
Nocardicines,
Monophosphames,
Monocarbames,Monosulfactames
b) Famille des Macrolides et apparentés
•Macrolides vrais :
- Erythromycine, spiramycine, josamycine, clarithromycine,
roxythromycine : actifs sur les germes intra-cellulaires
- Azithromycine : large spectre avec de nombreuses résistances acquises
b) Famille des Macrolides et apparentés
•Les apparentés aux macrolides :
- Les lincosamides : lincomycine, clindamycine active sur les cocci
gram (+) et certains anaérobies
- Les Synergistines : Streptogramines (A et B), Pristinamycine (I et
II) : large spectre
- Les Kétolides
c) Famille des Glycopeptides
Vancomycine, teicoplanine
Bactéries à Gram positif (staphylocoque, entérocoque)
d) Famille des Polymyxines
Polymyxine B : Polymycine
Polymyxine E : Colymycine
Bacilles à Gram négatif (Pseudomonas, entérobactéries sauf Proteus)
e) Famille des Aminosides
Streptomycine (antituberculeux) , Nétilmycine,
Gentamicine, Kanamycine, Tobramycine
Entérobactéries, Pseudomonas,
Staphylocoque, Neisseria
f) Famille des Cyclines
Tétracycline, Minocycline, Doxycycline
Cocci à Gram positif et négatif,
Germes intracellulaires (mycoplasmes, Chlamydia)
f) Famille des Phénicolés
Chloramphénicol, Thiamphénicol,
Entérobactéries, streptocoque, Staphylocoque, Neisseria
h) Famille des Sulfamides + associé
Sulfadiazine, Cotrimoxazole (triméthoprime+ sulfamétoxazole)
Spectre large mais résistance + +
i) Famille des Quinolones
Quinolones : acide nalidixique
Fluoroquinolones :
1ère génération : Ciprofloxacine, Levofloxacine, Ofloxacine
- Bactéries à Gram négatif sauf Pseudomonas (ciprofloxacine seule)
2e génération : Moxifloxacine
--Bactéries à Gram négatif et positif (staphylo), Pseudomonas
k)Produits nitrés
*Oxyquinoléines : nitroxoline,
- Spectre large : infections urinaires, intestinales
*Nitrofuranes : Nitrofurantoïne infections urinaires, intestinales
*Nitro-imidazolés : Métronidazole, Anaérobies
l) Autres
Antituberculeux : Rifamycines, Isoniazide, Ethambutol
Gramicidine, Fosfomycine Novobiocine Acide fucidique
3/PROPRIETES
PHARMACOLOGIQU
ES
Pharmacocinétique
Absorption : biodisponibilité variable selon la voie
Diffusion : volume de distribution
Demi-vie sérique : détermine l’intervalle des doses
Elimination (Rein, biliaire) :
Sous forme active
Sous forme inactivée
ATB hydrophile ATB lipophile
Beta lactalmines Macrolides, Fluoroquinolones
Glycopeptides Chloramphenicol, Tetracyclines
Aminosides Rifampicine
• Volume de distribution limité • Large volume de distribution
• Pas de diffusion passive à travers la • Diffusion facile à travers la membrane
membrane plasmique plasmique de
• Inactive contre les bactéries • Active contre les bactéries
intracellulaires intracellulaires
• Elimination rénale sous forme inchangé • Elimination par métabolisme
hépatique
Paramètres prédictifs de l’efficacité
Concentration minimale inhibitrice (CMI) = plus faible
concentration d'antibiotique capable d'inhiber en 24h la croissance à
l’oeil nu de la bactérie in vitro
Paramètres prédictifs de l’efficacité
Concentration minimale bactericide (CMB) = plus faible
concentration d'antibiotique pour laquelle on observe moins de 0,01%
de survivants en 24h
Paramètres prédictifs de l’efficacité :
Types d’activité de l’ATB:
• Bactériostatique : arrête la croissance des bactéries
- CMB/CMI = 4-16
- Système immunitaire élimine les bactéries restantes
- Tétracyclines, phénicolés, sulfamides
• Bactéricide : tue les microbes
- CMB/CMI = 1-2
- bêtalactamines, aminosides, quinolones, vancomycine,
Paramètres prédictifs de l’efficacité :
Effet temps – dépendant: la bactéricidie est corrélée au temps de contact
entre l’antibiotique et la bactérie au-delà la CMI T>CMI
Effet concentration – dépendant: la bactéricidie concentration-dépendante
sera d’autant plus rapide et intense que la Cmax sera plus élevée que la CMI
(QI) = Cmax / CMI
Effet concentration et tps dépendant
Effet post-antibiotique (EPA): correspond au maintien du pouvoir
bactériostatique d’un antibiotique alors que sa concentration est inférieure au
seuil d’efficacité.
La durée de l’EPA détermine l’intervalle d’administration optimal.
Paramètres ATB concernés Conduite à tenir
Bêtalactamines;
Temps dépendant Clindamycine; Optimiser la durée
Oxazolidinones; d’exposition
Macrolides
Concentration Aminosides Optimiser la
dépendant concentration
Glycopeptides; Optimiser la quantité et
Effet concentration et Azithromycine; la concentration
temps dépendant Cyclines;
Fluoroquinolones
Kétolides
Effets indésirables des AB
Effets indésirables Antibiotiques
Intolérances digestives Tous les antibiotiques
Réactions allergiques Bêtalactamines, Sulfamides
- immédiates : fièvre, oedèmes,
dyspnée, asthme, choc
anaphylactique
- retardées : rash maculopapuleux,
érythème polymorphe, prurit
Hématologiques : neutropénie, Sulfamides, Bêtalactamines, Tétracyclines, Rifampicine
thrombopénie, (anémie hémolytique)
Rénaux : tubulopathie, hématurie, Aminosides, Glycopeptides et AB à fortes doses
(Bêtalactamines, Fluoroquinolones, sulfamides)
Hépatiques : Macrolides (surtout antituberculeux), fluoroquinolone
Neurologiques : insomnie, céphalées, Bêtalactamines, Fluroquinolones, Minocyclines
convulisons…
Autres : Photosensibilisations Tétracyclines, Fluoroquinolones (+tentidinites)
4/MODE D’action des
antibiotiques
Destruction de la paroi bactérienne :
- Liaison aux PLP par phénomène de compétition (B-
lactamine)Empèche la synthèse de peptidoglycane
- Fixation sur substrat intermédiaire de synthèse de peptidoglycane
(Glycopéptides)
- Inhibition enzymatique (fosfomycine)
- Destruction de la paroi mycolique (antituberculeux)
Destruction de la membrane cytoplasmique
- Création de pores sur la membrane
- Fixation sur la membrane et dépolarisation
Inhibition de la synthèse de protéines
Inhibition de la synthèse ou du fonctionnement de l’ADN
(DHPS, ADN Gyrase, Topoisomérase)
Cibles d’action des ATB
5/Resistance bacterienne
Souche résistante : supporte une concentration plus élevée que
celle qui inhibe normalement l’espèce concernée
Bactéries multi résistantes
Entérobactéries sécrétrices de BLSE
Staphylocoque résistant à la méticilline SARM
Bactéries hautement résistantes émergentes
Entérobactéries résistantes aux carbapénèmes
Entérocoques résistantes au glycopeptides
Types de résistance
Résistance naturelle :
Caractéristique propre de l’ensemble des souches du genre ou de
l’espèce.
Portée par le chromosome
Transmissible à la descendance (Transmis. verticale)
Détermine les phénotypes sauvages des espèces bactériennes
Types de résistance
Résistance acquise :
Concerne une proportion de souches dans une espèce ou un genre
Liée à l’acquisition d’un ou de plusieurs mécanismes
Détermine les phénotypes de résistance, qui sont différents des
phénotypes sauvages
Transmission horizontale possible entre espèces différentes
Selon le mécanisme génétique d’acquisition
Chromosomique
Matériel génétique mobile
Plasmide
Troposon
Intégron
Acquisition par : transformation, conjugaison ou
transduction.
Selon la famille d’antibiotique
Résistance croisée : Résistante à tous les antibiotiques de la
même famille
Ex : SARM
Résistance associée : Résistante à deux ou plusieurs famille
d’antibiotique
Ex : entérobactéries BLSE
Mécanismes biochimiques (enzymatique ou chromosomique)
Perte ou diminution de perméabilité :
• BGN : Obturation ou disparition des porines
• Pseudomonas et imipenème
Phénomène d’efflux :
• Lié à des protéines particulières : pompes à efflux
Modification de la cible
• Perte d’affinité entre l’ATB et sa cible, voire absence de cible
• Pneumocoque et Beta lactamines, staph et meticilline
Changement de voie métabolique
• Action sur l’antibiotique par blocage de voies métaboliques
Inactivation enzymatique entraînant :
Soit une destruction de l’antibiotique (Beta lactamase : Pénicillinases, b-
lactamases à spectre élargi),
Soit une modification de la molécule ( Phosphotransférases : aminosides,
MLS)
Surproduction de leurre
Facteurs de protection associés
Mécanismes biochimiques
6/SEPT QUESTIONS
A SE POSER AVANT
DE PRESCRIRE UN
AB
Justifiée quand elle apporte un bénéfice
Strictement limitée aux infections bactériennes
L’antibiothérapie curative est dite :
–«Probabiliste», «Présomptive» ou «Empirique»
–«Documentée» : Preuve bactériologique
Nécessaire
• Infections sévères
• Bactéries à sensibilité aux AB inconstante
Superflu
• Diagnostic clinique aisée : tétanos, impétigo, scarlatine, érysipèle,
premier épisode cystite…
• Sensibilité des bactéries aux AB avérée et documentée par des
études épidémiologiques récentes
Est en fonction de :
La bactérie
Le foyer de l’infection (obtenir C° efficaces)
Le terrain et interactions médicamenteuses
le Coût écologique : A activité comparable choisir AB dont impact su
flore est le plus faible)
Le coût économique : le moins cher
Raisons
• Prévention émergence de BMR
• Synergie d’action par Bactéricidie accrue
• Elargissement spectre activité
Indications
• Bactéries particulières : S. aureus, Brucella, Mycobacterium tuberculosis,
Pseudomonas sp…
• Sites ou gravité de l’infection
• Terrain : Etat critique, neutropénique, infection nosocomiale,
immunodépression (SIDA)
Posologie, rythme d’administration
Dose unitaire
Dose forte initiale ou de charge
Rythme fonction de la ½ vie de l’AB
Voie administration
Orale
Veineuse, IM
Sous cutanée déconseillée
Locale, indications très limitées: otite, conjonctivite…
Durée : variable selon l’infection bactérienne
Devant toute
Suppurations localisées
Ponction évacuatrice guidée
Drainage chirurgical
Infections canalaires
Levée d’obstacle
Dans tous les cas doit être couplée à une AB efficace
Surveillance de l’efficacité du traitement
Amélioration clinique rapide (disparition fièvre et signes)
Stérilisation des prélèvements bactériens
Normalisation des anomalies biologiques (NFS, CRP..)
Disparition des anomalies d’imageries médicales
Surveillance de la tolérance d’une antibiothérapie
Surveillance de la fonction rénale (aminoside, vancomycine)
Surveillance de la fonction hépatique
Oculaire, cochléo vestibulaire
Hématologique
En cas d’efficacité du traitement : procéder à une désescalade en
modifiant AB par un autre AB à spectre étroit
7/BON USAGE DES
ATB
Bonnes pratiques d’antibiothérapie
Les 10 commandements
1. Limiter les durées d’antibiothérapie
2. Eviter les associations
3. Mentionner clairement, par écrit, l’indication et la durée
prévue pour l’ATB
4. Privilégier les pénicillines
5. Eviter les fluoroquinolones et les C3G
Bonnes pratiques d’antibiothérapie
10 commandements (suite & fin)
6. Dans le doute, s’abstenir
7. Proscrire les prélèvements d’interprétation douteuse
8. Respecter les non-indications
9. Privilégier la prévention
10. Evaluer régulièrement (réunions multi disciplinaires pluri-
annuelles)
3 leviers pour réduire l’émergence des résistances
bactériennes
CONCLUSION
L’utilisation inappropriée antibiotiques constitut une menace de
santé publique
La préservation efficacité antibiotiques est « l’affaire de tous » et
donc relève de la responsabilité de chacun. Ce qui permettra de
prévenir l’émergence des BMR
Une approche « One Health » est nécessaire pour une bonne gestion
des antibiotiques disponible
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