MENINGITES NON PURULENTES
1
Dr BAWE Lidaw, FSS – Université de Lomé
Objectifs
-Définir la méningite lymphocytaire
-Poser le diagnostic positif d’une méningite tuberculeuse
sur des arguments cliniques, biologiques et radiologiques
-Citer 4 étiologies des ML en fonction des différents
micro-organismes
2
Définition
Méningites non purulentes = méningites à
liquide clair = méningites lymphocytaires
Inflammation aiguë des méninges
caractérisée par un LCR clair, eau de roche
ou opalescent et riche en lymphocytes.
3
Intérêt
-Epidémiologique : fréquentes chez l’enfant dans leur forme aiguë, d’évolution plus
souvent bénigne. Regain d’intérêt avec l’avènement du VIH/SIDA.
-Diagnostique : repose sur la ponction lombaire dont l'aspect macroscopique clair est
fortement évocateur des méningites non purulentes.
-Thérapeutique : Urgence thérapeutique. Traitement fonction de l’étiologie qui est
multiple.
-Pronostique : Urgence médicale pouvant mettre en jeu le pronostic vital.
Gravité surtout liée à la possibilité d’une atteinte viscérale ou encéphalique.
4
Pathogénie
Mécanisme de propagation de l’infection
méningée:
- voie hématogène ;
- par contiguïté d’une infection de voisinage ;
- par traumatisme ou par inoculation directe.
5
Facteurs favorisants
-Absence de vaccination contre certaines maladies ;
-Notion de baignade en rivière ou en étang (leptospirose) ;
-Notion de contage ;
-Ambiance épidémique ;
-Immunodépression ;
-Antécédents infectieux (primo-infection tuberculeuse ou tuberculose évolutive) ;
-Séquelles radiologiques de tuberculose pulmonaire;
-Tests tuberculiniques positifs ;
-Transplantation.
6
Signes
TDD : La méningite tuberculeuse
Signes cliniques
Phase prodromique : passe souvent inaperçue.
- Troubles
. du caractère ;
- Altération de l’état général ;
- Etat subfébrile ;
-Crise convulsive isolée.
7
Début
-Habituellement net ;
-Accentuation des signes de la phase prodromique (20%) ;
-Début est progressif (80%) mais on peut avoir un début
brusque.
8
Période d’état
Signes fonctionnels
- Fièvre : signe constant, >38°C et irrégulière.
- Céphalées : continues ou intermittentes, frontales ou occipitales; très vives, aggravées/lumière
(photophobie); accompagnées rachialgies.
- Vomissements : faciles, en jet ou fusée, non précédés de nausées et fréquents ;
- Constipation parfois remplacée par une diarrhée.
- Anorexie, amaigrissement ;
- Troubles du caractère : somnolence diurne ou torpeur avec insomnie nocturne;
- Troubles neurologiques : crises convulsives localisées ou généralisées sont inconstantes ;
- Parfois on note un strabisme et plus rarement un ptosis.
9
Signes physiques
- Raideur de la nuque ;
- Signes de KERNIG et de BRUDZINSKI;
- Hyperesthésie cutanée ;
- Hypotonie de la nuque (enfant+++);
- Fontanelle bombée, tendue ou déprimée (nouveau-né et/ou
nourrisson) ;
Ponction lombaire : LCR hypertendu, clair ou légèrement opalescent ou
xanthochromique.
10
Examens complémentaires
Examen du LCR
Cytochimie :
- Hypercytose modérée à prédominance lymphocytaire ou
panachée : 20 à 400 éléments/mm3
- Albuminorachie augmentée souvent >2g/l
- Hypoglycorachie : 0,40 à 0,20 g/l
- Diminution des chlorures. 11
Bactériologie
-Examen direct : recherche BK ou BAAR pratiquement toujours négative
dans le LCR.
-Culture : sur milieu de LOWEINSTEIN qui demande 3 semaines environ
pour la mise en évidence des BAAR (+ antibiogramme).
-Biologie moléculaire ou GENEXPERT : recherche génome (ADN) du BK.
12
Radiographie pulmonaire : foyer tuberculeux initial ou miliaire
radiographique.
Examen du fond d’œil : tubercules choroïdiens de BOUCHUT
(dissémination BK dans le territoire carotidien).
Hémogramme normal ou anémie inflammatoire.
Ionogramme sanguin : hyponatrémie fréquente.
13
EvolutionElé
ment de Surveillance
Clinique : constantes, examen neurologique , signes méningés
(évolution lente+++).
Paraclinique : PL moins pratiquée ; radiographie pulmonaire ;
fond d’œil ;…
14
Complications
- Complications médullaires ou cérébrales : hémiplégie, monoplégie,
paralysies des nerfs crâniens et atteintes sensorielles.
- Complications ophtalmologiques : diminution acuité visuelle, hémianopsie,
cécité.
- Hypertension intracrânienne, hydrocéphalie.
- Séquelles neurologiques : encéphalopathie, surdité.
- Troubles psychiques, de la mémoire, de l’attention et du comportement.
15
Formes cliniques
Formes symptomatiques
Formes atténuées : symptomatologie discrète, syndrome infectieux peu
sévère, nuque légèrement raide. La PL confirme le diagnostic.
Formes foudroyantes : syndrome méningé d’installation brutale,
survenue rapide d’un coma avec crises convulsives généralisées.
16
Formes étiologiques
Méningites lymphocytaires d’origine bactérienne
Méningite bactérienne au début ;
Méningite bactérienne décapitée par une antibiothérapie ;
Fièvre typhoïde au 2e septénaire.
Méningite syphilitique : survenue aux différents stades de la syphilis avec
séquelles neuropsychiques.
Autres étiologies : Leptospirose ; Listériose.
17
Méningites lymphocytaires d’origine virale
Méningo-encéphalite herpétique :
Primo-infection ou une réactivation du virus Herpes simplex, le plus
souvent de type 1 (HSV1), dans la substance grise cérébrale.
Autres étiologies
-Virus oreillons, virus rougeole, rubéole ;
-Infection à Entérovirus: poliovirus; coxsackie virus ;
-Virus Varicelle Zona ;
18
Méningites lymphocytaires d’origine parasitaire
Méningite lymphocytaire de la trypanosomiase
africaine : signes d’encéphalite relativement fréquents que
signes méningés.
Méningite lymphocytaire dans la toxoplasmose
Autres étiologies
-Plasmodium falciparum (Neuropaludisme);
-Amibiase (Coloration á l’hématine éosine);
-Helminthiases (hyperéosinophilie), 19
Méningites lymphocytaires d’origine mycosique
Méningite lymphocytaire à Cryptococcus néoformans ou
cryptococcose neuroméningée
Forte recrudescence avec l’infection à VIH.
Autres étiologies
-Candida Albicans : coloration à l’encre de chine, culture LCR et
hémoculture sur milieu de Sabouraud.
-Autres mycoses : aspergillose, histoplasmose,…
20
Diagnostic différentiel
-Méningites purulentes
-Hémorragies méningées
-Méningites carcinomateuses
-Abcès du cerveau.
21
Traitement
Traitement curatif
But
- Stériliser le foyer infectieux
- Prévenir les complications
22
Moyens
Moyens médicaux
Antibiotiques
-Ampicilline : 200mg/kg/j
-Gentalline: 3mg/kg/j en IM
-Antituberculeux (Isoniaside 5mg/kg/j - Ethambutol 20mg/kg/j - Rifampicine 10mg/kg/j -
Pyrazinamide 30mg/kg/j).
-Extencilline : 2 400 000 à 4 800 000 U.
-Erythromycine : 2 g/j pendant 15 jours.
-Doxycycline : 300 mg/j pendant 15 jours
23
Antiviraux
Aciclovir : 10mg/kg/8heures en perfusion pendant 15 à 21 jours.
Antimycosiques
-Amphotéricine B : 0,5 à 1mg/kg/j pendant 15 jours.
-Fluconazole : 1200mg/j PO pendant 2 semaines puis 800mg/j pendant 8 à
10 semaines.
24
Antiparasitaires
-Trimethoprime + sulfamethoxazole (Bactrim*) ;
-Pentamidine : 4 mg/kg par voie IV en 1 ou 3 cures à une semaine
d’intervalle.
-Malarsoprol : 3,6 mg/kg/j tous les 2 jours.
-Antihelminthiques.
25
Moyens adjuvants
-Anticonvulsivants : Diazépam : 0,5 – 1mg/kg/j en IV.
-Corticothérapie : 0,5mg/kg/j.
-Anti-œdémateux : Glycérotone ou Mannitol 500ml/j
-Antipyrétiques : paracétamol 40mg/kg/j toutes les 6h.
-Mesures de réanimation : solution de remplissage, sonde urinaire,
oxygénothérapie.
26
Indications
- Méningite tuberculeuse : quadrithérapie antituberculeuse
pendant 9 mois ; corticothérapie dans formes avec troubles
neurovégétatifs
- Méningite syphilitique : Extencilline ; Erythromycine ;
Doxycycline
- Méningite herpétique : Aciclovir IV
27
- Méningite à cryptococcoque : Fluconazole
- Méningite de la trypanosomiase : Pentamidine ;
- Méningite toxoplasmique : Trimethoprime +
Sulfaméthoxazole
28
Traitement Préventif
-Vaccination par le BCG ;
-Traitement systématique de la primo-infection tuberculeuse ;
-Vaccination contre divers agents étiologiques (poliomyélite,
oreillons leptospirose, etc.) ;
-Elimination des facteurs favorisants ;
-Bonne observance au TARV chez ID au VIH.
29
Conclusion
-Méningites à liquide clair caractérisées par leur polymorphisme clinique (étiologies
multiples).
-Véritables urgences médicales.
-La ponction lombaire permet de poser un diagnostic précoce, condition de succès.
-Dominées par la méningite tuberculeuse et la cryptococcose neuroméningée chez le
sujet ID au VIH.
30