Université d’Alger 1 Benyoucef Benkhedda
Faculté des Sciences
Département des Science de la Nature et de la Vie
Spécialité Microbiologie
M1
TD
Bactériologie médicale
Coxiella burnetii
Dr GHALLACHE L
Année universitaire
2020/2021 1
Taxonomie
Coxiella burnetii est la bactérie responsable de la fièvre Q.
Considéré initialement comme une rickettsie, elle avait d'abord été
baptisée Rickettsia burnetii mais elle a été plus récemment exclue
de l'ordre des Rickettsiales.
Règne: Bacteria
Embranchement: Proteobacteria
Classe: Gamma Proteobacteria
Ordre: Legionelles
Famille: Coxiellaceae
Genre: Coxiella
Espèce : Coxiella burnetii Derrick, 1939; Philip, 1948
Caractéristiques
Bactérie intracellulaire a une paroi cellulaire similaire à celle des
bactéries à Gram négatif. Cependant, ce petit coccobacille (0,2 à 0,4
m de large et 0,4 à 1 m de long) n'est pas colorable avec la technique
Gram. La méthode de Giménez permet de colorer C. burnetii isolée
en culture ou directement dans des échantillons cliniques.
Le temps de doublement estimé de la bactérie est entre 20 et 45 h
en culture cellulaire in vitro
Epidémiologie
Identifiée pour la première fois en Australie en 1935, la fièvre Q a
depuis lors été observée dans toutes les régions du monde, exception
faite de la Nouvelle-Zélande.
Fièvre Q en Afrique depuis 1955 du Maroc à l'Afrique du Sud, une
séroprévalence de 15% en Algérie, en causant 1 à 3% des
endocardites infectieuses.
Réservoir de la bactérie les ruminants domestique, l’infection a été
constatée chez d’autres animaux domestiques, notamment des chiens,
des chats, des lapins, des chevaux, des porcs, des chameaux, des
buffles, des rongeurs et certains oiseaux, qui sont capables de
transmettre l’infection à l’homme sans présenter de signes de la
maladie.
Extrêmement infectieuse pour l’homme, la fièvre Q est une zoonose
importante qui constitue un risque pour les vétérinaires, le personnel
des laboratoires, les éleveurs et les personnes travaillant dans les
abattoirs.
Comment la maladie se transmet et se propage-t-elle ?
C. burnetii est excrété dans le lait, l’urine et les matières fécales mais
les bactéries sont surtout retrouvées en concentrations importantes
dans le liquide amniotique et le placenta au moment de la mise bas
(jusqu’à un milliard par centimètre cube).
Dans l’environnement, les bactéries se transforment en de pseudo-
spores denses, à longue durée de vie, capables de résister à la chaleur
et à la dessiccation. Elles peuvent se disséminer par le vent sur de
longues distances. Leur pouvoir infectieux est si grand que l’inhalation
d’une seule bactérie peut provoquer une forme clinique de la maladie
chez un animal ou un être humain.
La fièvre Q peut aussi être propagée par des tiques.
Enfin, il a été ont montré que C. burnetii est capable de se développer
dans les amibes, ce qui suggère une participation de ces hôtes dans la
persistance environnementale de la bactérie.
Voies d'infection humaine
Inhalation d'aérosols infectés de C. burnetii . L'infection peut
survenir après une exposition directe à des animaux infectés et à
leurs produits (placenta, produits d'avortement, peaux, laine, fumier,
etc.), en particulier au moment de la parturition ou de l'abattage.
Voie digestive après consommation du lait cru
Les tiques peuvent jouer un rôle dans la transmission de l'infection
à C. burnetii. Ceci est illustré par le détection de la co-infection par C.
burnetii avec d'autres agents pathogènes transmis par les
arthropodes chez les tiques en Italie,
Transmission interhumaine par aérosols infectés ont été signalés
après des autopsies considéré comme propagation nosocomiale.
Infection à C. burnetii par transfusion de sang prélevé des patients
atteints de fièvre Q avec bactériémie est possible.
Un seul cas de fièvre Q a également été rapportée après une greffe
de moelle osseuse
Transmission sexuelle possible.
Fièvre Q
La fièvre Q est une maladie répandue imputable à une bactérie,
Coxiella burnetii, capable d’infecter les mammifères, les oiseaux,
les reptiles et les arthropodes. Elle donne lieu à une forme
atténuée chez les ruminants mais peut provoquer des
avortements et une mortalité néonatale chez les bovins, les ovins
et les caprins. Il s’agit d’une zoonose
Physiopathologie
Endocardite infectieuse
60% Asymptomatique ( valve aortique )
Entre 1-5 %
Infection des
Incubation infections Forme
par
15-21jrs évoluent chronique
C.burnetii
vers
(patients à
risque)
40% symptomatique Complication
Syndrome pseudo grippal obstétricales(fausse
Hépatite couches spontanées mort
Pneumopathie fœtale accouchement
Méningo-encéphalite prématurés
Symptomatologie
Incubation 15-21 jours
typiquement, une fièvre d'origine inconnue
Syndrome pseudo-grippal
Fièvre – sueurs- toux sèche- céphalées intenses – myalgies
Symptomatologie digestive
Nausées- vomissement- diarrhée- bilan hépatique perturbé
Forme chronique (Dans un faible pourcentage de cas, sans fièvre)
Endocardite infectieuse ( valve aortique )
Les personnes immunodéprimées ou souffrant d’une valvulopathie
préexistante risquent cette complication qui est souvent mortelle. Il
existe aussi un syndrome de fatigue chronique postérieur à l’infection.
chez les animaux, il s’agit d’une maladie peu sévère, touchant
principalement les bovins, les ovins et les caprins. Sa conséquence la
plus lourde se traduit par des avortements en fin de gestation.
Diagnostic
Contexte épidémiologique
évocateur
Profession (vétérinaire, éleveur, personnel d’abattoir..)
Consommation de lait non pasteurisé
Présentation clinique
Tableau clinique peu spécifique syndrome pseudo
grippal, symptomatologie digestive, complication
cardiaque …
Coloration par la méthode de Giménez
La coloration par la méthode de Giménez est
pratiquée comme suit: Au lieu de la fuchsine
alcoolique, nous utilisons la fuchsine basique, en
solution a 0,25 % dans l'eau distillée phosphate.
Les temps sont les suivants:
Coloration des frottis pendant 5 min avec la solution
aqueuse de fuchsine basique/ décoloration à l'acide
citrique à 0,5 % 2 min, puis a l'acide chlorhydrique a
1% 1 min, suivie d'un lavage à l'eau. /Coloration
pendant 30 sec avec la solution aqueuse de vert de
malachite à 0,8 %/ Lavage à l'eau/Recoloration au
vert de malachite pendant 30 sec/Lavage a l'eau/
Séchage/Examen.
Les inclusions apparaissent toutes colorées en rouge
vif, coloration qui persiste même après plusieurs
mois.
Culture
C. burnetii est une bactérie intracellulaire stricte. Récemment, un
milieu axénique, nommé ACCM 2 a été développé, et permet la
culture de cette bactérie en atmosphère micro-aérophile. Nous avons
testé si l’ajout d’acide urique dans le milieu de culture pouvait
permettre une culture en milieu aérobie. Nous avons observé une
croissance de C. burnetii incubée en conditions aérobies dans le
milieu ACCM2 enrichi en acide urique.
Ce milieu a permis une croissance substantielle d'environ 3 logs de C.
burnetii après 7 jours d'incubation. Des micro-colonies de C. burnetii
ont été observées sur des solides plaques d'agar . Ce milieu a ensuite
été amélioré par l'ajout de méthyl-cyclodextrine. Une croissance
accrue de 4 à 5 logs a été obtenue au jour 7
Sérologie
• La sérologie reste le principal outil de diagnostic de l'infection à C.
burnetii. Les IgG et IgM sont généralement détectés dans les 6
semaines suivant l'apparition des symptômes et est estimé positif
chez 90% des cas 3 semaines après les premiers symptômes.
• Test d'immunofluorescence indirecte (test d'immunofluorescence,
IFA), la fixation du complément, l'ELISA et la microagglutination
sont les techniques les plus utilisées pour diagnostiquer la fièvre Q,
L'IFA reste la méthode de référence en raison de sa simplicité et de sa
précision
L'immunohistochimie est une réaction spécifique basée sur une
réaction antigène-anticorps avec une affinité marquée pour les
anticorps contre C. burnetii. Elle est utilisée pour la détection in situ
de C. burnetii et a une faible sensibilité comme limite majeure
PCR
Le premier génome de C.burnetii a été séquencé en 2003
La réaction en chaîne par
polymérase (PCR) a été utilisée
pour détecter l'ADN ou l'ARN de
C.burnetii sur différents
échantillons, c'est-à-dire du sang,
du sérum et des tissus frais.
Traitement
• Le traitement repose sur une antibiothérapie de longue
durée( 14j).
• La doxycycline est le médicament le plus efficace contre C. burnetii
• le traitement par oxytétracycline (20 mg / kg) au cours des derniers
mois de la gestation a été proposé pour réduire les taux
d'avortement et l'excrétion de C. burnetii chez les femelles
gestantes.
Prophylaxie
Réservoir animal,
• La vaccination est utilisée dans des zones géographiques où les
infections sont fréquentes pour réduire les taux d'avortement.
• D’une manière générale la propagation de la maladie dans
l'environnement et entre les animaux s’évite par des mesures
sanitaires standards visant à éliminer les liquides fœtaux et
placentaires et à nettoyer et désinfecter les zones où les
animaux ont mi-bas.