AGRONOMIE EN
POLYCULTURE-
ÉLEVAGE CAPRIN
Réseau d'Expérimentation
et de Développement Caprin
ALIMENTATION
A L'HERBE
AUTONOMIE
ALIMENTAIRE
CHANGEMENT
CLIMATIQUE
Les élevages caprins de l'Ouest de la France sont
majoritairement conduits en polyculture-élevage.Les
éleveurs et éleveuses produisent à la fois du lait, mais
aussi de l'herbe, des céréales et oléoprotéagineux.
Ces derniers seront consommés par les chèvres et/
ou vendus. Aborder avec les éleveurs et éleveuses de
chèvres des sujets agronomiques est donc important
pour améliorer la durabilité de leurs exploitations.
Comment proposer des rotations et itinérairies
techniques plus économes en intrant, tout en restant
productifs ?
L’objectif de cette plaquette est de proposer
des conseils agronomiques pour les éleveurs et
éleveuses de chèvres de Nouvelle-Aquitaine et
des Pays de la Loire, en favorisant l’autonomie
alimentaire et en limitant les intrants sur les
cultures. Les conséquences locales du changement
climatique sont également prises en compte.
Entre 2020 et 2023, dix ateliers de co-conception ont été organisés avec 28 éleveurs de chèvres et 10 conseillers
en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire, pour proposer des systèmes de culture répondant aux enjeux cités
en introduction. Chaque groupe a travaillé sur un contexte pédoclimatique et un système caprin spécifique. Ces
ateliers étaient animés par un binôme d’animateurs, spécialisé sur les systèmes de cultures et sur les systèmes
d’élevage caprin. Pour faciliter la conception participative, le jeu-sérieux Mission Ecophyt’Eau a été mobilisé. Il
permet de représenter sur un plateau de jeu les cultures, ainsi que les itinéraires techniques et les rendements.
Un atelier de conception durait en moyenne 2h30 pour proposer un schéma décisionnel de la rotation. Il se base
principalement sur les échanges agronomiques entre les agriculteurs.
En complément, une évaluation de la durabilité (économique, sociale et environnementale) de ces systèmes a été
réalisée, avec l’outil SYSTERRE® d’ARVALIS, qui permet le calcul d’un panel de 20 indicateurs à l’échelle de la
culture et du système de culture.
Méthode mise en place
Illustration d’un atelier de
co-conception avec le jeu-
sérieux Mission Ecophyt'Eau
2 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin
Une rotation est un enchainement de cultures,sur une même parcelle,de familles différentes qui permet de répondre
aux objectifs de l’agriculteur (« produire des fourrages, de la paille et des grains »), tout en respectant les contraintes
du milieu (climat, gestion des bio-agresseurs des cultures) et en optimisant le potentiel du sol. Elle présente plusieurs
intérêts :
PRODUIRE DES ALIMENTS POUR SES CHÈVRES À LA FERME :
IMPACTS SUR LA ROTATION ET INTÉRÊTS POUR L’ÉLEVEUR
€
Intérêts agronomiques Intérêts économiques Intérêts sociaux
- limiter la sélection de mauvaises
herbes, maladies ou ravageurs,
- ne pas épuiser le sol en
mobilisant toujours les mêmes
éléments chimiques dans les
mêmes compartiments du sol,
- gestion optimisée de la
fertilisation,
- maintenir la fertilité des sols
(impacts positifs de la prairie
multi-espèces ou luzerne).
- diversifier les cultures sur
l’exploitation : moins de risques
vis-à-vis des aléas économiques
ou climatiques,
- intensifier la production à
l’hectare.
- équilibrer la charge de travail sur
le temps : diversifier les dates de
semis et de récolte des cultures,
- limiter le recours aux produits
phytosanitaires et engrais,
- couverture du sol et image des
surfaces agricoles par rapport
aux citoyens.
Organisation schématique d’une rotation
Semis de la prairie possible sous couvert de la culture
1/ TÊTE DE ROTATION :
prairie avec légumineuses
de préférence
3/RELAI DE ROTATION :
protéagineux tels que pois,
féverole, lupin
4/FIN DE
ROTATION :
avoine, triticale,
seigle, méteil,
tournesol (cultures
moins exigeantes en
azote et éléments
chimiques, compétitives
au salissement et peu
sensibles aux maladies)
2/CORPS DE
ROTATION :
céréales telles que
maïs, blé, orge
(bénéficieront des
reliquats azotés de
la prairie riche en
légumineuses)
Dérobées possibles entre culture d’automne et de printemps
Délais de retour entre deux cultures conseillé pour
limiter les risques de maladies
Alterner cultures d’hiver et cultures de
printemps
2
ans
4
ans
3
ans
5
ans
Blé, orge d’hiver,
triticale, maïs
Colza
Pois protéagineux,
avoine
Luzerne,
tournesol
Culture de
printemps
Culture
d’automne
Culture
d’automne
Culture de
printemps
Une dérobée ou une
interculture possible
*
2 années max !
La prairie avec légumineuses, une chance pour les
rotations dans les systèmes d’élevages
- Enrichissement du sol en matière organique, restitutions
« azote » et éléments chimiques,
- nettoyage du sol pour les cultures suivantes,
- structuration et aération du sol,
- stimulation de l’activité biologique du sol.
La production d’aliments à la ferme (fourrage, grains) entraîne une diversification de la rotation permettant d’allier
la gestion agronomique des cultures, la diminution des intrants liés aux cultures et la recherche d’une autonomie
alimentaire et protéique du troupeau.
Les cultures, pouvant être consommées par les chèvres et produites sur l’exploitation sont :
• Céréales de printemps : maïs grain, maïs ensilage, sorgho
• Céréales à pailles d’automne : orge, épeautre, avoine, triticale, …
• Céréales à pailles de printemps : orge ou avoine de printemps
• Protéagineux : féverole, soja, lupin, pois, …
• Méteils grain ou fourrages (association céréales/ protéagineux)
• Oléagineux :Tournesol (grain, tourteau), colza (tourteau), …
• En tête de rotation : Luzerne,Trèfles, Prairies multi-espèces (fourrage en vert ou stock)
Il ne faudra pas non plus oublier les besoins en paille pour la litière, soit environ 300 kg/chèvre/an.
REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 3
QUELLES ROTATIONS
DANS LES SYSTÈMES CAPRINS DE L’OUEST ?
Les ateliers de co-conception pour développer des systèmes de culture favorisant l’autonomie alimentaire et en
limitant les intrants sur les cultures, tout en prenant en compte les conséquences locales du changement climatique,
amènent les évolutions suivantes dans les rotations des élevages caprins :
• Des rotations plus longues (8,8 années de cultures) ; avec notamment le délai de retour des
luzernes allongés pour diminuer le risque de développement de cuscute ;
• Augmentation de la part des prairies riches en légumineuses (59 % de la SAU),principalement
en mélanges (espèces et variétés) ;
• Une composition des couverts végétaux d’interculture plus complexes, avec des mélanges de
graminées, légumineuses et crucifères permettant d’améliorer les impacts positifs pour la rotation
ou l’augmentation de la surface fourragère
• Un développement des cultures annuelles consommables par les chèvres tels que les méteils
grain, l’orge et le tournesol ; une diminution du maïs et du blé tendre ;
• Le développement du semis des prairies sous couvert, de méteil ou de céréales (automne), de
tournesol ou d’orge (printemps) ; cette pratique est envisagée dans 60 % des rotations.
La totalité des systèmes de culture décrits utilise du labour occasionnel, souvent associé à des techniques culturales
simplifiées. Les rotations proposées sont déjà mises en place par certains éleveurs.
Principaux indicateurs évalués avec la méthode Systerre (moyenne 2017-2021)
Fertilisation
minérale
Émissions
totales GES
Charges
opérationnelle
(U N/ha) (kg éq CO2/ha) /produit brut
Moyenne REDCap –
conventionnel (n=7)
0,8 113 58 1350 6,6 20% 28%
Moyenne REDCap – AB
(n=3)
0 97 0 831 5,7 18% 44%
Grande culture* (n=335) 3,2 82 117 1687 5 29% 22%
Polyculture-élevage*
(n=529)
1,7 82 74 1381 4,6 22% 21%
Grande culture AB*
(n=72)
0 97 4,8 658 5,2 17% 30%
Polyculture-élevage AB*
(n=250)
0 68 0,8 465 4 9% 16%
* Références issues des fermes Dephy Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire
IFT
Conso.
Carburant
(l/ha)
Temps
de travail
(h/ha)
Charges de
mécanisation
/produit brut
Les légumineuses fourragères réduisent les besoins en azote à l’échelle de la rotation : leur fixation symbiotique couvre 45 %
des besoins des cultures et la fertilisation organique 34 %. Ceci permet une économie en azote minéral ; dans une conduite
conventionnelle REDCap, il y a deux fois moins d’azote acheté que dans les références DEPHY en grande culture. La durée
d’exploitation de ces prairies - 4,1 années en moyenne – induit une diminution nette des besoins en traitements phytosanitaires
sur les cultures suivantes (IFT divisé par 4 par rapport à DEPHY grande culture). La réduction de l’azote minéral et de l’IFT
diminuent les charges opérationnelles et les émissions de gaz à effet de serre (- 25 % comparé aux systèmes en grande culture).
62 % du temps de travail sur la sole agricole se déroule sur le 2ème
trimestre, pincipalement pendant la période des fauches. Le
temps de travail sur la surface agricole est plus élevé dans les systèmes en chèvrerie que pour les systèmes au pâturage (+ 1,6 h/
ha).Pour ces derniers,les chantiers de récolte sont toutefois encore bien présents.L’herbe pâturée ne représentant que 15 % de la
ration annuelle des chèvres, le stock fourrager reste encore important. Les systèmes caprins en agriculture biologique ont 1,7 h/ha
de travail au champ en plus, que les systèmes AB en polyculture élevage. Cet écart s’explique par la place du maïs ensilage. Les
consommations de carburant sont plus élevées (+ 27 %) dans les système REDCap, comme les charges de mécanisation. Ceci
est encore plus important pour les systèmes caprins en agriculture biologique.
Le tableau suivant compare les résultats obtenus par le réseau REDCap aux fermes suivies par le réseau
ECOPHYTO DEPHY FERME de Nouvelle-Aquitaine et des Pays de la Loire. Le dispositif DEPHY a pour
finalité d'éprouver, valoriser et déployer les techniques et systèmes agricoles réduisant l’usage des produits
phytosanitaires tout en promouvant des techniques économiques, environnementales et sociales performantes.
4 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin
Ce premier exemple,situé dans le Poitou méridionnal,
est caractérisée par un climat océanique altéré,avec une
température actuelle moyenne de 12,2 °C et 784 mm
de précipitation par an. Il est localisé dans une plaine
calcaire située au nord du Bassin aquitain, présente sur
le sud des Deux-Sèvres, de la Vienne et au nord de
la Charente et de le Charente-Maritime, sur des sols
limono-argileux caillouteux : des groies moyennement
profondes (75-100 mm). Ce sont des sols sains (pH =
7-8) avec une fertilité plutôt bonne et une réserve utile
(entre 40 à 80 mm).
Le schéma décisionnel 1 illustre une rotation longue
(12 années) et diversifiée (7 cultures), que l'on peut
retrouver dans des exploitations associant cultures de
vente et caprin. Elle se compose de 33 % de luzerne
fourragère (implantée sous-couvert d’un tournesol au
printemps). La fertilisation organique apporte 54 %
des besoins des cultures en phosphore et 28 % des
besoins en potassium. La fertilisation organique et les
légumineuses implantées couvrent 24 % des besoins
en azote. Les céréales (blé tendre, orge d'hiver, maïs
grain) bénéficient des reliquats d’azote libérés après
la destruction de la luzerne (environ 30-40 U/ha/an
pendant 3 ans), permettant de limiter les apports
en azote minéral sur ces 3 cultures. L’alternance de
cultures d’automne (blé tendre, orge), d'hiver (pois
protéagineux) et de printemps (maïs, tournesol) facilite
les interventions mécaniques et limite la sélection de la
flore adventice.Ceci permet de réguler les adventices et
de limiter le recours aux herbicides. La culture du pois
permet de limiter les besoins en azote minéral à l'échelle
de la rotation (pas de fertilisation azotée sur la culture,
reliquat ~20 U/ha pour la culture suivante). Le fumier
vieilli (ou compost) de chèvre est valorisé notamment
sur les cultures de printemps (tournesol, maïs) et la
luzerne. Afin d'assurer une bonne productivité de la
luzerne, des apports en phosphore, potassium et bore
sont réalisés.La moutarde blanche (dérobée entre blé et
orge) a été choisie pour sa capacité de développement
rapide et la production de biomasse intéressante (~2 à
3 t MS/ha en moyenne) pour une période d'interculture
courte (entre 2 céréales à paille). Cette espèce a aussi
l'intérêt de présenter des propriétés de biofumigation
qui permettent de réduire certaines maladies du sol des
céréales à paille (piétin).Avant le maïs grain,un mélange
de 3 espèces a été retenu (féverole, avoine fourragère,
moutarde blanche) et vise l'objectif "engrais vert". Ce
couvert végétal va permettre de piéger l'azote du sol
à l'automne (moutarde, avoine) pour limiter les risques
de transferts de nitrates vers les eaux, mais également
de capitaliser de l'azote et de le restituer à la culture
suivante (30-40 U/ha en moyenne) par la présence de
la féverole (légumineuse).
Le schéma décisionnel 2 est l’adaptation de la rotation
précédente, avec un objectif plus fort de produire des
aliments concentrés pour les chèvres et de diminuer les
intrants. Pour cela, nous avons remplacé 3 années de
cultures en pur par des méteils, qui seront moissonnés.
Les apports en azote minéral sont réduits de 38 % et
l'IFT de 50 % avec une perte minime de rendement.
Dans cette zone, les exploitations caprines bénéficient
de parcelles avec des sols séchants et une faible réserve
utile : 50-70 mm. Il s’agit de groies superficielles à
moyenne (30-50 cm de sol). Dans cette situation, la
culture de maïs peut être délicate en absence d’irrigation.
La culture du maïs grain en sec sera privilégiée dans les
fonds de vallée limono-argileux (souvent hydromorphes
l’hiver) ou les parcelles de marais tout en maintenant
une rotation avec une prairie multi-espèces de courte
durée à base de trèfles (schéma décisionnel 3).
EXEMPLES DE ROTATIONS ET SCHÉMAS DÉCISIONNELS
Dans cette partie, 3 rotations fictives co-construites avec des éleveurs, vous sont présentées. Elles se veulent réalistes
d'un point de vue technique dans la zone étudiée.
1. Un système de culture diversifié, pour produire du foin de luzerne et vendre des
cultures annuelles dans le Poitou méridional
REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 5
Schéma décisionnel 1 d'une rotation en Poitou méridionnal associant cultures de vente et pour nourrir les chèvres
Schéma décisionnel 2 d'une rotation en Poitou méridionnal favorisant les cultures pour nourrir les chèvres
Fertilisation
Travail du sol
Culture principale
Culture dérobée
Rendements
théoriques
traitements
Tournesol
+ luzerne
Luzerne x 3 luzerne
8t de MS/ha/an
2/3 coupes
20 qtx/ha
2 t de MS/ha
Semis 25/04
Luzerne : 22kg/ha
Tournesol : 75 000gr/ha
2 passages pour le semis
Moisson : fin septembre
Apport N :
30 kg/ha
1 passage herbicide : IFT = 1
1/10 : Outil à dents
Blé tendre
hiver
15/10 : labour
25/10 : vibroculteur
30/10 : semis en combiné
3 variétés : 280
-
330 gr/m2
Mars : herse étrille
Apport N : 130 kg/ha en
3 passages et soufre
1 passage herbicide : IFT = 1
1 passage fongicide : IFT = 0,5
Moutarde,
radis, vesce
commune
Semis à la volée : 6-8
kg/ha + Passage
rouleau
Méteil
grain
Méteil
grain
15/11 : semis en combiné
triticale : 250 gr/m2
Avoine : 50 gr/m2
Féverole : 10 gr/m2
Pois : 10 gr/m2
Outil à disques +
Outil à dents
15/11 : semis en combiné
triticale : 250 gr/m2
Avoine : 50 gr/m2
Féverole : 10 gr/m2
Pois : 10 gr/m2
Outil à disques +
Outil à dents
Moutarde,
radis, vesce
commune
Semis à la volée
Moutarde : 2kg/ha
Radis : 2 kg/ha
Vesce commune : 20kg/ha
Tournesol
Broyage + labour
Semis : avril
Semoir monograine
75 000 gr/m2
Apport N : 30 kg/ha
Binage
1 passage herbicide : IFT = 1
Méteil
grain
Blé
tendre
Outil à disques x2
+
Outil à dents
25/10 : semis en combiné
triticale : 250 gr/m2
Avoine : 50 gr/m2
Féverole : 10 gr/m2
Pois : 10 gr/m2
Outil à disques x 2
+
Outil à dents
Moutarde,
radis, vesce
commune
Semis à la volée
idem
70 qtx/ha
4 t de paille
85 qtx/ha 35 qtx/ha
2,5 t de paille
35 qtx/ha
2,5 t de paille
70 qtx/ha
4 t de paille
35 qtx/ha
2,5 t de paille
20 qtx/ha
Broyage +
labour
1 passage herbicide : IFT = 1
vibroculteur
vibroculteur
Apport compost :
10t/ha
Maïs
grain
Broyage
Semis :
15/04 +
rouleau
1 passages insecticide : IFT=1
1 passage herbicide : IFT = 1
(1 anti limace + 1 anti pyrale / sésamie (2
insecticides / biocontrôle))
Apport fumier :
10t/ha
Apport N :
120 kg/ha
2 passages
Bineuse
Outil à disque + à dents
Apport compost :
10t/ha
2 passages herbicide : IFT=1,5
1 passage insecticide : IFT=1
1passage fongicide : IFT=0,75
Apport N :
160 kg/ha
3 passages
Semis : 20/10
Apport fumier :
10t/ha
Apport P 30 kg
et 90 kg K
Apport P 50 kg et
150 kg K
Bore au besoin
Apport P 50 kg
et 150 kg K
Bore au besoin
50P 150 K
1 passage herbicide : IFT=1
Rendements
théoriques
Fertilisation
Travail du
sol
traitements
Luzerne
Tournesol
Luzerne X 3 Luzerne
Blé
tendre H
Orge H Pois prot
Moutarde
blanche
Féverole +
avoine +
moutarde
Féverole + avoine +
moutarde Moutarde
blanche
Maïs grain Blé
tendre H
Blé
tendre H
tournesol
Apport N :
80 kg/ha
Semis : 25/04
75 000 graines/ha
–
2 passages
+ rouleau
luzerne :
1 passage herbicide, IFT=1
1 passage herbicide : IFT=1
Outil à disque + à
dent + cultivateur
Apport fumier :
10t/ha
Apport P 30 kg et
90 kg K
Semis : 20/10
1 passage herbicide : IFT=1,5
1passage fongicide : IFT=0,75
70 qtx/ha
4t de paille/ha
20 qtx/ha
2 t de
paille/ha
Apport N :
130 kg/ha
2 passages
Outil à disques
Outil à disques
+à dents + herse
rotative
Semis : 25/10
2 passages herbicide : IFT=2
1 passage insecticide : IFT=1
2 passages fongicide : IFT=1
1 régulateur : IFT = 1
broyage
Labour + herse rotative
Semis : 05/01
70 qtx/ha
4t de paille/ha
30 qtx/ha
2 passages herbicide : IFT=1,5
1 passage insecticide : IFT=1
2 passages fongicide : IFT=1,5
Apport P :
50 kg/ha
Apport N :
160 kg/ha
3 passages
Outil à disque + à dents
Semis : 15/04 + rouleau
2 passages insecticide : IFT=2
1 passage herbicide : IFT = 1
Apport fumier :
10t/ha
Apport N :
120 kg/ha
2 passages
85 qtx/ha
Bineuse
labour +
herse rotative
Semis : 20/10
2 passages herbicide : IFT=1,5
1 passage insecticide : IFT=1
1passage fongicide : IFT=0,75
Apport N :
160 kg/ha
3 passages
Apport fumier :
10t/ha
70 qtx/ha
4t de paille/ha
Outil à dents
Broyage
labour +
vibroculteur
Semoir à soc : 15/04 +
rouleau
1 passages herbicide : IFT=1
Apport N :
30 kg/ha
1 passage
Bineuse
20 qtx/ha
Broyage résidus
+ outil à disques
2 passages herbicide : IFT=1,5
1 passage insecticide : IFT=1
1passage fongicide : IFT=0,75
Apport N :
160 kg/ha
3 passages
Semis : 20/10
70 qtx/ha
4t de paille/ha
Outil à disque
Apport fumier :
10t/ha
Labour +
herse
8t de MS/ha/an
Culture
principale
Culture
dérobée
Semis : 15/08
10kg/ha Semis : 15/08
10 kg/ha
Soufre 40 kg/ha
Apport P 50 kg et 150 kg K
Bore au besoin Apport P 50 kg et 150 kg K
Bore au besoin
50P 150 K
1 passage herbicide : IFT=1
Schéma décisionnel 3 d’une rotation pour produire du maïs grain sur une parcelle de fond de vallée
Fertilisation
Travail du
sol
Culture
principale
Culture
dérobée
traitements
Avoine +
PME
PME PME
8t de MS/ha/an
1ère coupe enrubannage
2ème et 3ème coupe foin
Semis 20/10-01/11
RGH : 8 kg/ha
TV :5 kg/ha
TB : 2kg/ha
T. Michelli : 3 kg/ha
FE : 7 kg/ha
Avoine : 250 gr/m2
Apport N : 30 kg/ha
1 passage herbicide : IFT = 1
1 passages insecticide : IFT = 1
Maïs grain
Semis 25/04
Indice 350-400
80 000-90 000 pieds/ha
Apport fumier :
10t/ha
labour
vibroculteur
binage
Apport N : 120 kg/ha
Féverole +
moutarde
Semis :
Féverole : 80 kg/ha
Moutarde : 4 kg/ha
broyage
Maïs grain
Outil à dent +
outil à disque
Semis : 15/04
Indice 250-300
80 000-90 000 pieds/ha
binage
1 passage herbicide : IFT = 1
1 passages insecticide : IFT = 1
Apport N : 120 kg/ha
90 qtx/ha 90 qtx/ha
6 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin
2. Un système de culture en agriculture biologique, en contexte hydromorphe l’hiver,
en nord Deux-Sèvres
Ce deuxième exemple est localisé dans le nord des
Deux-Sèvres (Haut-Bocage), qui se trouve à la limite
sud du massif armoricain, un socle primaire granitique.
Les sols sont limono-sableux superficiels, acides et à
tendance hydromorphe en hiver (non favorable à la
luzerne). En été, les sols sont très séchants et subissent
un déficit hydrique fort. Le climat est océanique altéré,
avec une température actuelle moyenne de 11,1 °C et
888 mm de précipitation par an
La rotation proposée (schéma décisionnel 4) permet
de répondre aux contraintes fortes du milieu telles
que des terrains acides, avec réserve utile faible, une
hydromorphie hivernale et une pluviométrie estivale
faible.
Ainsi, une rotation courte de six années, avec 50 %
de prairie composée de ray-grass hybride (RGH) et
de trèfles violet et hybrides est privilégiée. Elle est
complétée par un méteil grain (ou une céréale à paille
éventuellement). Une culture de printemps, composée
de lupin et d’avoine permettra la production d’un
aliment de qualité. Un colza fourrager couvrira le sol
entre le méteil et la culture de printemps et sera pâturé
ou affouragé à l’automne.
La prairie pourra être semée sous couvert d‘un méteil
simple (vesce-avoine) qui sera pâturé en sortie d’hiver.
Cela permettra de limiter le salissement, tout en
permettant une bonne implantation de la prairie et la
production d’un complément de fourrage. Le semis se
fera alors sur le mois d’octobre.
Schéma décisionnel 4 de la rotation du nord Deux-Sèvres (79)
objectifs
Fertilisation
Travail du sol
Apport MO :
15t/ha,
1 passage
Semis : 22 septembre
Semoir à disque +
rouleau :
RGH : 17 kg/ha
TH : 3 kg/ha
TV : 6 kg/ha
Labour + herse rotative
Semoir à disque
Toussaint
- Triticale : 235gr/m2
- Pois : 25gr/m2
-Avoine : 55gr/m2
-Féverole : 10gr/m2
25-35 qtx/ha
Paille :2 t/ha
25-35 qtx/ha
Paille : 2t/ha
Moisson : Juillet
Outil à disque
Apport MO :
Idem
Labour + herse rotative
Semoir à disque
Toussaint
- Triticale : 235gr/m2
- Pois : 25gr/m2
-Avoine : 55gr/m2
-Féverole : 10gr/m2
Moisson : Juillet
Semis : 6 kg/ha
Prairie
RGH/TV/TH
Prairie
RGH/TV/TH
Prairie
RGH/TV/TH
Méteil Méteil
15% pâturage
85% fauches
6,6 t de MS
15% pâturage
85% fauches
6,6 t de MS
15% pâturage
85% fauches
6,6 t de MS
Culture
principale
Culture
dérobée
Outil à disque
herse rotative
Mars : Labour + herse
rotative
Semis fin mars :
Lupin : 55 gr/m2
Avoine : 75gr/m2
Semoir à disque
Moisson (été ?)
Apport MO
Idem
Herse rotative
Outil à disque + outil à
dent
Semis prairie
Avoine P+
Lupin de P
Colza
Fourrager (IC)
20 qtx/ha
Complément de rotation possible
REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 7
Ce troisième exemple se situe en Dordogne, zone qui
est caractérisée par un climat océanique altéré, avec
une température actuelle moyenne de 12,4 °C et 957
mm de précipitation par an. Il s’agit d’un territoire situé
sur des terres de champagnes : des sols argileux assez
superficiels au pH basique.
Danscesystème pâturant en agriculture biologique,
deux rotations sont mises en place (schéma
décisionnel 5):
• une rotation de 8 ans pour produire le stock de
fourrages sur les parcelles éloignées de l’exploitation,
• une rotation de 7 ans à orientation « pâturage ».
La rotation pour produire le stock est diversifiée
(4 cultures différentes) et se compose de 50 % de
luzerne fourragère (implantée sous-couvert d’avoine
au printemps) qui permet de contrôler durablement
les adventices de l'azote. Les céréales (orge d'hiver et
méteil grain) bénéficient des reliquats d’azote libérés
après la destruction de la luzerne (environ 30-40
unités par an). Le fumier vieilli (ou compost) de chèvre
est valorisé notamment sur les luzernes (apports P,
K). Les quantités d’effluents produites par le troupeau
sont suffisantes pour couvrir les besoins des cultures
(schéma 5). La culture de méteil permet de limiter le
développement des maladies et adventices tout en
assurant un rendement convenable et la production
d’un aliment adapté à l’élevage caprin. Les adventices
peuvent également être maîtrisées par les interventions
mécaniques pendant la période d’interculture.
La succession de cultures fourragères de la rotation
« pâturage » permet de maintenir une ressource
pâturable toute l’année. La prairie multi-espèce (PME)
permet de maîtriser les adventices. Afin de prolonger
la période de pâture, un mélange « vesce-avoine
commune » est implanté fin août la dernière année
de la PME et pourra être pâturé à l’automne ou au
printemps. Le sorgho assurera le pâturage estival avec
la luzerne.
Schéma décisionnel 5 des rotations de Dordogne (24)
3. Un système de culture en agriculture biologique en Dordogne, avec une rotation
pour le pâturage et une pour le stock
Fertilisation
Travail du sol
Culture
principale
Culture
dérobée
Rendements
théoriques
Luzerne Luzerne Luzerne
Avoine P
+ luzerne méteil
Semis : 01/04
2 passages semoir + rouleau
Avoine : 70gr/m2
Luzerne : 20kg/ha
Orge
d’hiver
Apport de fumier selon disponibilité Apport compost :
25-30 t /ha
méteil
Moutarde
blanche
Apport compost :
25-30 t/ha
(outil à disque + outil à dent) x2
Semis à la volée début
août: 8 kg/ha
+ rouleau
Labour au 15/01
7,2 t de MS/ha/an
3 coupes
Orge :
30 qtx/ha
Paille : 2 t/ha
20 qtx/ha
Paille :
1,5 t/ha
20 qtx/ha
Paille :
1,5 t/ha
Fourrage avoine :
3t de MS/ha
méteil
(outil à disque + outil à dent ) x2
Herse rotative + semoir à soc
novembre
Triticale : 350-380 gr/m2
Pois fourrager : 15-20 gr/m2
Moisson : juillet
IDEM précédent
IDEM précédent
20 qtx/ha
Paille :
1,5 t/ha
Semoir à soc le 01/11
Blé tendre : 380-400gr/m2
Épeautre : 300-320 gr/m2
Triticale : 350-380 gr/m2
Moisson : juillet
Septembre : labour
Herse rotative
Rotation
«
stock
»
:
28
ha
Fertilisation
Travail du sol
Culture
principale
Culture
dérobée
Rendements
théoriques
Luzerne
OU
PME
Luzerne
OU
PME
Luzerne
OU
PME
Luzerne
OU
PME
Vesce
Avoine d’automne
Sorgho TV
TV
Vesce
Avoine d’automne
7,2 t de MS/ha/an
Pâturage 100%
Semis de printemps
20kg/ha
Apport fumier si
possible :
7t/ha
Apport fumier si
possible :
7t/ha
Apport fumier si
possible :
7t/ha
Apport fumier si
possible :
7t/ha
Semis automne
70 kg/ha avoine
90 de vesce
Semis 01/05-15/05
200 000 gr/ha
Sorgho fourrager
25 kg/ha
Semis automne :
20-25 kg/ha
Pâture
3t/ha
Pâture
3t/ha
Pâturage
Herse rotative
Semis automne
70 kg/ha avoine
90 de vesce
Déchaumage
rouleau
labour
rouleau
7,2 t de MS/ha/an
Pâturage
Apport fumier si
possible :
7t/ha
Déchaumage
rouleau
Déchaumage
Herse rotative
Rotation
«
pâture
»
:
12
ha
8 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin
La luzerne est une légumineuse très intéressante. Mais
il en existe d’autres : les trèfles (violet, blanc, hybride),
le lotier, le sainfoin. Le trèfle blanc présente l’intérêt
de fixer en direct l’azote atmosphérique pour
le rendre disponible dans le sol pour les autres
plantes. Les légumineuses fourragères valorisent l’azote
atmosphérique grâce à leurs nodosités. Cela rend
disponible de l’azote pour les cultures suivantes : 100
à 150 kg/ha après une luzerne et 50 à 100 kg/ha
après un trèfle, soit une économie potentielle de 20-
40 unités d’azote minérale à apporter sur les cultures
suivantes pendant 2-3 ans.
Pour favorsier l'implantation et la pérennité de la
luzerne, il ne faut pas faire l’impasse sur les apports en
Phosphore, Potassium et Magnésium (à ajuster selon le
type de sol, rendement visé...) : de 0 à 50 u P/an, de 0
à 150 u K/an, 20 u Mg/an.
La culture de protéagineux annuels (pois, féverole, soja,
lentille, …) permettra de diminuer les besoins en azote
aux cultures suivantes (20 à 30 kg/ha) et leur culture ne
nécessite pas l’apport d’azote minéral.
LEVIERS AGRONOMIQUES
POUR DIMINUER LES APPORTS D’AZOTE MINÉRAL
Pour se développer, les plantes ont besoin d’éléments nutritifs, d’eau et de soleil. Cela leur permet de mettre en
place la photosynthèse et la création de glucides. L’azote est un composant influençant fortement le rendement de
la culture. Cependant, il représente un coût économique et environnemental fort. Plusieurs leviers agronomiques
permettent de diminuer ces apports, sans dégrader les performances techniques. Citons par exemple :
• L’introduction de légumineuses en culture principale : cultures pluriannuelle s(luzerne, trèfle violet),
protéagineux annuels (pois, féverole, soja, lentille), en association (méteil, prairie multi-espèces).
• L’introduction de cultures de diversification, avec des besoins azotés moins élevés que les
cultures historiques, tels que le méteil grain, le tournesol, le sarrasin, le chanvre.
• L’implantation de couverts végétaux à base de légumineuses
• Le positionnement stratégique des cultures dans la rotation pour valoriser au mieux les reliquats
azotés laissés par le précédent cultural.
• Les apports de produits organiques, tels que le fumier et le compost
• Le pilotage et l’ajustement de l’azote en cours de campagne grâce à un outil d’aide à la décision.
En conventionnel, 25 % des besoins des cultures sont apportées par l'azote minéral (58 unités/ha). La
fixation symbiotique de l’azote atmosphérique par les légumineuses et la fertilisation organique contribuent
respectivement à hauteur de 45 % et 30 %.
Dans les exploitations en agriculture biologique, il n’y a pas d’apport d’azote minéral. L’azote provient des
légumineuses (46 %), de la fertilisation organique (36 %) et du pâturage (18 %).
1. Les légumineuses, pivot de nos rotations
Savoir
+
En
QUELLES PRAIRIES
MULTI-ESPÈCES
POUR LES CHÈVRES ?
2ème version
Produire davantage de protéine sur son exploitation, ne plus désherber ses prairies ou encore limiter les
traitements phytosanitaires dans la rotation culturale… sont des objectifs d’actualité.Cultiver plusieurs espèces
au sein d’une prairie ouvre des perspectives pouvant y répondre.
La prairie multi-espèces peut cependant être une source de complexité. Quel(s) mélange(s) prairial(aux) pour
des chèvres ? Comment un mélange évolue-t-il au fil des années ? Quelle(s) conduite(s) adopter au champ ?
Autant d’incertitudes techniques que le réseau REDCap s’est attaché à lever en entreprenant des essais en
élevages caprins en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire, depuis 2012.
C’est aujourd’hui le fruit de 12 années de travail entre éleveurs, structures de conseil, établissements
d’enseignement, chercheurs et semenciers qui est retranscrit et partagé au sein de ce document technique.
Il s’agit pour les éleveurs et leurs conseillers d’un outil d’aide à la conception, à la conduite et au suivi d’une
prairie multi-espèces pour les chèvres.
Il s’articulera autour de 4 points clés pour obtenir un bon fourrage
sur pied :
- Une définition de la prairie multi-espèces en système caprin et ses
intérêts
- La démarche de conception d’un mélange prairial
- Les pratiques d’implantation,d’entretien et d’exploitation à adopter
- Le suivi de sa prairie multi-espèces
Chiffres, photographies et retours d’expériences proviennent des suivis de 7 mélanges prairiaux réalisés dans
27 élevages entre 2012 et 2019, ainsi que de mélanges de légumineuses (mélanges d'espèces et de variétés)
menés chez 3 éleveurs. Nous bénéficions également des références acquises sur les prairies multi-espèces
conduites dans l'expérimentation-système Patuchev (INRAE)..Une description plus exhaustive de ces essais et
leurs résultats est disponible sur le site internet du REDCap.
Description des essais réalisés par
les éleveurs à retrouver ici :
https://redcap.
terredeschevres.fr/spip.
php?article258
La prairie multi-espèces Le fourrage La chèvre
- Appétent
- Equilibré et/ou riche en protéines
- En vert ou conservé
Azote de l’air
Azote du sol
Un assemblage cohérent pouvant permettre :
- autoproduction de protéines à partit de l'azote de l'air
- une meilleure couverture du sol
- un étalement de la production
- une souplesse d’utilisation (date et type d’exploitation)
- une pérennité élevée
- une meilleure résistance aux bioagresseurs (maladies, insectes)
UNE PRAIRIE MULTI-ESPÈCES, DE QUOI PARLE-T-ON ?
* et autres familles d’expèces non fixatrices d’azote de l’air
- Un comportement
d’ingestion stimulé
FAIRE DU BON FOIN_FAIRE DU BON FOIN POUR LES CHEVRES ! 28/08/2015 14:13 Page 8
FAIRE DU BON FOIN_FAIRE DU BON FOIN POUR LES CHEVRES ! 28/08/2015 14:13 Page 8
*
Un mélange cultivé d’au moins 3 espèces et 2 familles :
1. Des légumineuses
2. Des graminées
Une démarche itérative pour coconstruire des mélanges prairiaux
Le REDCap est un réseau d’éleveurs et de techniciens qui conduit des actions de recherche et de
développement sur l’alimentation à l’herbe des chèvres et l’autonomie alimentaire, en lien avec la plate-
forme expérimentale Patuchev de l’INRA Lusignan (86).
L’implantation de prairies multi-espèces est un des leviers techniques pour renforcer l’autonomie
alimentaire et protéique des élevages caprins. Cela permet d’étaler la production dans le temps,
d’allonger la pérennité de la prairie, d’améliorer la valeur alimentaire des fourrages, de maintenir une
sécurité fourragère, et de diminuer les intrants. Il s’agit d’une alternative à la luzerne dans les terrains
moins favorables à celle-ci. Fort de ce constat, le réseau REDCap a décidé de suivre des mélanges
prairiaux, afin de mieux conseiller les éleveurs de chèvres sur leurs choix de prairies multi-espèces.
La prairie multi-espèces, un levier d’action pour plus d’autonomie alimentaire
A partir d’un cahier des charges établi
La mise en place des essais vise à proposer des mélanges prairiaux
« tout terrain ». Pour cela, ils doivent être performants dans une
diversité de conditions d’utilisation allant de la parcelle
d’implantation à la valorisation du fourrage par la chèvre.
La performance a été définie comme une production en quantité, en
qualité, et stable dans la durée.
Un second objectif opérationnel est de créer des parcelles de
démonstration pour lesquelles on dispose de références fiables et
d’informations techniques.
Ce cahier des charges répond aux attentes émises par les éleveurs
utilisateurs de la prairie multi-espèces.
PME 1 PME 2 PME 3
2012 2015 2017 Aujourd’hui
3 séries d’essais en élevages ont été entreprises de 2012 à aujourd’hui. Un mélange (PM1) a été coconstruit
par les différents acteurs du REDCap, puis affiné en 2015 (PME2) et 2017 (PME3). Ce document présente la
synthèse de nos travaux.
27
1
PERFORMANCE
Productif
Pérenne
Protéique
ADAPTATION
À l’alimentation des
chèvres
Aux systèmes fourragers
régionaux
Aux contextes
pédoclimatiques de
l’Ouest
Cahier des charges
A
TELIER 5
CONDUITE DE LA LUZERNE : VOUS PENSIEZ BIEN LA CONNAÎTRE,
ON VOUS PROPOSE DE LA REDÉCOUVRIR
Journée Technique caprin Cap’Vert - 13 octobre 2022
Création-réalisation
:
Valérie
LOCHON
-
Chambre
Régionale
d’Agriculture
Nouvelle-Aquitaine
-
Edition
octobre
2022-
Crédit
photo_
@bubu1664
Intervenants :
Patrice Pierre (Institut de l’Elevage), Bernadette Julier (INRAE),
Guillaume Métivier (Cerience), Anne-Laure Lemaitre (CIA 17-79),
Pauline Gauthier (CA 16)
Avec le soutien financier de :
UNION EUROPEENNE
Fonds Européen Agricole
pour le Développement Rural
L'Europe investit dans les
zones rurales
AssociaonNaonale Interprofessionnelle Caprine
UNION EUROPEENNE
Fonds Européen Agricole
pour le Développement Rural
L'Europe investit dans les
zones rurales
QUELLE PLACE DE LA LUZERNE EN FRANCE ?
• Excellente tête de rotation, capacité à restituer de l’azote aux
cultures suivantes (environ 20-40 unités pendant 3 ans après
4 années de luzerne)
• Bonne résistance à la sécheresse et aux fortes températures
(fixation symbiotique jusqu’à 30 °C – arrêt de croissance à 40°C)
et effet structurant sur le sol grâce à son système racinaire
pivotant puissant et très développé.
• Sécurisation du système fourrager (potentiel de rendement,
résistance sécheresse).
• Contribue au renforcement de l’autonomie protéique et
alimentaire de l’exploitation.
Surface cumulée de luzerne :
353 381 ha, soit 15,7 %
Flamande ou méditerranéenne ?
variété très dormante, repos végétatif
marqué en hiver, très grande résistance
au froid (-20°C), très productive
Indice de dormance
Source : RPG
AVANT LE SEMIS : COMMENT CHOISIR SA VARIÉTÉ ?
Choisir ses variétés = un élément clé de réussite (souvent « subi »)
• Le rendement et sa répartition : il existe des différences de l’ordre de 6 à 9 % sur la production totale annuelle.
• La teneur en MAT : il existe des différences de 6 à 8 % de teneur en protéines entre les variétés.
• La résistance à la verse : la verse de la luzerne s’accompagne d’une perte de feuilles et donc de valeur alimentaire.
• La résistance à la verticilliose, aux nématodes.
• La finesse des tiges : les luzernes à tige fine sont plus faciles à consommer par les animaux. Elles limitent le risque de
perçage des bâches d’enrubannage.
Mélanges d’espèces/variétés ?
1
12
→ 2 à 5 : nord et est de la France
→ 4 à 6 : ouest atlantique et sud ouest
→ 5 à 7 : sud méditerranéen
variété non dormante, pas d’arrêt de
végétation en hiver, très sensible aux
basses températures, résistance au sec
Luzerne
Trèfle
violet
Sainfoin
Lotier
Luzerne
Trèfle
violet
Trèfle
blanc
Luzerne
Trèfle
violet
Trèfle
blanc
Fétuque
élevée
Croissance
Flamande
Méditerranéenne
Printemps Hiver
Distribution annuelle de la vitesse
croissance des populations de types
méditéranéen et tempéré
https://www.herbe-book.org/
Exemples de composition au semis
Vous faites quoi ,
2. Dites MERCI à vos couverts végétaux
Les couverts végétaux d’interculture apportent
de nombreux bénéfices agronomiques et
environnementaux à court, moyen et long terme.
Un mélange adapté d’espèces et de variétés, une
implantation et une destruction optimisées,permettent
de maximiser et cumuler ces bénéfices, parmi lesquels :
la réduction de la lixiviation du nitrate (effet «
CIPAN »), la restitution d’azote (effet « engrais
vert »), le stockage de carbone et d’azote dans
les sols, la protection du sol vis-à-vis de la battance
et de l’érosion, l’amélioration de la structure du
sol, le contrôle des adventices et des maladies et
ravageurs, la stimulation de l’activité biologique du
sol, la fourniture de ressources aux auxiliaires.
En piégeant l’azote disponible dans les sols avant l’hiver
puis en le libérant progressivement au printemps, les
couverts permettent de réduire les pertes hivernales de
nitrate par lixiviation. Il faut privilégier à l’automne des
couverts avec peu de légumineuses. Les engrais verts,
après leur destruction avant une culture de printemps,
REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 9
restituent progressivement l’azote accumulé au cours
de leur croissance. La quantité d’azote disponible
pour la culture suivante (effet fertilisant) dépend de
l’azote accumulé par le couvert et de la dynamique de
minéralisation du couvert après sa destruction qui est
principalement fonction de son ratio C/N.
Quelques recommandations :
• Mettre des légumineuses dans le couvert permet
d’introduire dans le sol de l’azote capté dans l’air grâce
à la fixation symbiotique et de restituer rapidement
l’azote à la culture suivante (rapport C/N faible).
• En cas de culture de féverole dans la rotation,
privilégier la vesce commune pour les couverts
• Lorsque le rapport C/N est supérieur à 20-25
(graminées, phacélie ou crucifères en fleurs), le délai
entre la destruction du couvert et la disponibilité en
azote pour la culture suivante est plus long.Il faut alors
détruire le couvert plus précocement ou favoriser
des mélanges avec des légumineuses pour diminuer
le rapport C/N du couvert.
L’outil MERCI permet d’estimer les restitutions d’azote
à la culture suivante (https://methode-merci.fr).
Ci-dessous un exemple d'un mélange phacélie
+ féverole détruite mi-mars :
7,2 205
81
45 200 20 25
0,85 160 1 655
1,0 1,7
Rendement
Valeurs
agronomiques
Valeurs
alimentaires
Le compost est un engrais de fond, issu de la
dégradation en milieu aérobie du fumier.Le compostage
permet de produire, par des effets mécaniques
(retournement et broyage) et par la fermentation, de
la matière organique émiettée, homogène, sans odeur
et stable avec peu d'effets directs de l'azote en première
année.Si la température du compost dépasse les 50°C,
les bactéries pathogènes,certaines graines d’adventices,
mais surtout les larves et œufs de parasites gastro-
intestinaux sont éliminées. Par rapport à du fumier
de chèvre, le compost de chèvres est deux fois plus
riche en azote, similaire en phosphore et quatre fois
plus élevé en potassium. En moyenne, il se compose
de 12 kg d’azote par tonne de compost, 7 kg de
phosphore et 29 kg de potassium par tonne de
matière brute. Sa teneur plus importante en soufre
offre également un atout particulier pour maintenir
un équilibre adéquat des éléments minéraux dans
le sol, favoriser le développement des légumineuses
(développement des nodosités), éviter les carences et
assurer le rendement.
3. Fumier et compost : l’or noir de nos élevages
Comment faire un bon
compost et le valoriser ?
Savoir
+
En
12
(± 3)
6
12
8
7
(± 3)
5 5
8
29 (± 9)
7
15
14
0
5
10
15
20
25
30
35
Compost de chèvre
(36 % MS)*
Fumier de chèvre
(38 % MS)**
Fumier vieilli de chèvre
(32 % MS)***
Compost de
fumier de vache**
en
kg/t
MB
Azote total Phosphore Potassium
Valeurs en azote total, phosphore et potassium d’engrais de ferme Création-réalisation
:
Valérie
LOCHON
-
Chambre
Régionale
d’Agriculture
Nouvelle-Aquitaine
-
Edition
septembre
2019
A
TELIER D :
« FUMIER ET COMPOST : DES TAS D’AVANTAGES »
Intervenants :
Manon Proust (Copavenir), Sylvain Foray (Institut de l’Elevage),
Etienne Guibert (Chambre d’Agriculture Pays-de-la-Loire)
et Thierry Peloquin (Chambre d’Agriculture 79).
Journée Technique Cap’Vert - 26 septembre 2019
Avec le soutien financier de :
avec la contribution financière
du compte d’affectation spéciale
«Développement agricole et rural»
MINISTÈRE
DE L’AGRICULTURE
ET DE
L’ALIMENTATION
UNION EUROPEENNE
Fonds Européen Agricole
pour le Développement Rural
L'Europe investit dans les
zones rurales
La Nouvelle-Aquitaine et L’Europe
agissent ensemble pour votre Territoire
Les sources de fertilisation dans les systèmes caprins
Azote Action lente et riche en matière organique : fumier, fumier vieilli et composté
Légumineuses et fixation symbiotique du N2 atmosphérique
Action rapide et riche en matière minérale : lisier, fiente, engrais minéraux
Luzerne Trèfle blanc RGA
250 kg/ha
d’azote restitué
100 à 150 kg/ha
d’azote restitué
Maïs avec précédent
prairie de légumineuses
= + 15 à 20 % de rendement
(Source : station expérimentale de Trévarez)
Source : fourrages 223 (2015)
Les
légumineuses
Les
engrais
de
ferme
12
(± 3)
6
12
8
7
(± 3)
5 5
8
29 (± 9)
7
15
14
0
5
10
15
20
25
30
35
Compost de chèvre
(36 % MS)*
Fumier de chèvre
(38 % MS)**
Fumier vieilli de chèvre
(32 % MS)***
Compost de
fumier de vache**
en
kg/t
MB
Azote total Phosphore Potassium
* Patuchev, 122 données de 2015 à 2017 - ** Biblio - *** Réf. CA 85, 4 données
Valeurs en azote total, phosphore et potassium d’engrais de ferme
Phosphore
et potasse Action rapide si compostés
100 % assimilables en engrais de ferme
Quelles valeurs de ces sources de fertilisation ?
Maïs
Comment faire un bon compost au champ ?
Une durée de maturation
de 4 à 5 semaines après
le 2ème
retournement
Un tas
maintenu
humide
04
Une montée en température à
55°C pendant 15 jours ou
50°C pendant 6 semaines
02 03
Dans l’idéal, 2
retournements à au moins
20 jours d’intervalle
01
10 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin
5. Des cultures annuelles autonomes en azote ou à besoins modérés
Les mélanges céréales-protéagineux (communément
appelés méteils) sont des cultures annuelles associant une
ou plusieurs céréale(s) et protéagineux. La récolte peut être
effectuée en fourrage ou en grain.Les complémentarités entre
céréales et protéagineux ont des intérêts à la fois d’ordre
agronomique (rendements plus réguliers,bonne compétitivité
aux adventices, meilleure valorisation de l’azote, tolérance
accrue aux maladies et à la verse) et zootechnique (aliment
équilibré,gain d’autonomie protéique).Des recommandations
techniques ont été acquises sur les mélanges à implanter,
pour obtenir un aliment à plus de 16 % de protéines brutes
et 1 UFL, avec un rendement supérieur à 35 qx/ha. Nous
conseillons de mélange entre 3 et 5 espèces, dont au moins
deux protéagineux (féverole : 10-15 graines/m² et pois
fourrager :15-20 graines/m²).La céréale,souvent du triticale,
sera semée à 200-250 graines/m². L’objectif est de semer
environ 10-15 % de graines/m² de protéagineux.
4. Le méteil pour réduire les besoins en intrants
Remplacer le blé par du méteil (25 % de méteil dans la rotation) diminue les besoins en fertilisation minérale
azotée de 38 % et les traitements phytosanitaires de 50 % à l'échelle de la rotation.
Retrouvez plus
d’informations
dans la plaquette
« Quels méteils grains
pour les chèvres ? »
Savoir
+
En
Réseau d'Expérimentation
et de Développement Caprin
ALIMENTATION
A L'HERBE
AUTONOMIE
ALIMENTAIRE
CHANGEMENT
CLIMATIQUE
QUELS MÉTEILS GRAIN
POUR LES CHÈVRES ?
2ème édition
De l’itinéraire technique
à la valorisation par l’animal
Les mélanges céréales-protéagineux (communément appelés méteils) sont des cultures annuelles
associant une ou plusieurs céréale(s) et protéagineux. La récolte peut être effectuée en fourrage ou en
grain.Les complémentarités entre céréales et protéagineux ont des intérêts majeurs d’ordre agronomique
(rendements plus réguliers,bonne compétitivité aux adventices,meilleure valorisation de l’azote,tolérance
accrue aux maladies et à la verse) et zootechnique (aliment équilibré et bien consommé par les chèvres).
Les méteils sont une solution technique intéressante pour répondre aux enjeux des éleveurs de chèvres et
de durabilité de la filière : recherche d’autonomie alimentaire et protéique, cultures bas-intrants
et vertueuses dans la rotation.
Pour accompagner les éleveurs caprins expérimentés et novices,le Réseau REDCap (Réseau d'Expérimentation
et de Développement Caprin) a mis en place un dispositif d’acquisition de références en ferme.Entre 2016
et 2021, 220 méteils récoltés en grain par les éleveurs de chèvres en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la
Loire ont été étudiés.Pour chaque échantillon,les espèces semées et la dose de semis,ainsi que l’itinéraire
technique et le rendement ont été relevés avec les éleveurs.Le mélange récolté a été trié pour déterminer
sa composition puis analysé afin de déterminer la valeur alimentaire.
Cette plaquette s’appuie sur ces résultats pour décrire les pratiques et apporter des recommandations.
Il s'agit d'une mise à jour de la 1ère édition publiée en 2019. Dans cette version, nous avons mis à jour les
connaissances acquises sur l'intérêt des méteils dans le système de culture pour réduire les intrants et sur
leur valorisation dans la ration des chèvres.
(en matière
brute)
Chiffres-clefs des méteils répondant à nos objectifs :
42 méteils dont le rendement est supérieur à 35 qx/ha
et la valeur protéique à plus de 16 %)
Énergie : 0,99 UFL/kg
Protéines brutes : 17,9 %
Digestibilité : 87 % de dMO
Quantité distribuée par an : 110 kg/chèvre
* charges opérationnelle + coût de mécanisation hors main d'oeuvre
(semences au prix de cession à la ferme - références 2020)
Rendement : 40 qx/ha
Rendement protéique : 745 kg/ha
Coût de production*
: 387 €/ha
Différents protéagineux peuvent être implantés et
permettent de ne pas apporter d’azote sur la culture,diminuer
ces apports en azote sur la culture suivante et produire un
aliment pour le troupeau. Il peut s’agir de cultures en pur de
pois, féverole, lupin ou soja.
D’autres cultures possèdent des besoins faibles en fertilisation
azotée. C’est le cas du tournesol (bien valorisé par les
chèvres), sarrasin ou de chanvre par exemple.
Retrouvez des conseils
techniques sur leur
conduite dans la
plaquette suivante :
« Construire des
rotations dans les
systèmes caprins en
polyculture-élevage ? »
Savoir
+
En
CONSTRUIRE DES
ROTATIONS DANS LES
SYSTÈMES CAPRINS EN
POLYCULTURE-ÉLEVAGE
Une rotation, c’est quoi ?
C’est un enchainement de cultures, sur une même parcelle, de familles différentes permettant de :
- répondre aux objectifs de l’agriculteur : « produire des fourrages et des grains »,
- tout en « respectant » les contraintes du milieu (climat, gestion des bio-agresseurs des cultures) et en optimisant
le potentiel du sol.
Intérêts agronomiques
- limiter la sélection de mauvaises herbes, de maladies
ou ravageurs,
- améliorer la fertilité des sols (impacts positifs de la
prairie),
- ne pas épuiser le sol en mobilisant toujours les
mêmes éléments chimiques dans les mêmes
compartiments du sol,
- gestion optimisée de la fertilisation.
Intérêts économiques
- diversifier les cultures sur l’exploitation : moins
de risques vis-à-vis des aléas économiques ou
climatiques,
- intensifier la production à l’hectare.
Intérêts sociaux
- équilibrer la charge de travail sur le temps :
diversifier les dates de semis et de récolte des
cultures,
- couverture du sol et image des surfaces agricoles
par rapport aux cytoyens.
Organisation schématique d’une rotation
Semis de la prairie possible sous couvert de la culture
1/ TÊTE DE ROTATION :
prairie avec légumineuses
de préférence
3/RELAI DE ROTATION :
protéagineux tels que pois,
féverole, lupin
4/FIN DE
ROTATION :
avoine, triticale,
seigle, méteil,
tournesol (cultures
moins exigeantes en
azote et éléments
chimiques, compétitives
au salissement et peu
sensibles aux maladies)
2/CORPS DE
ROTATION :
céréales telles que
maïs, blé, orge
(bénéficieront des
reliquats azotés de
la prairie riche en
légumineuses)
Dérobées possibles entre culture d’automne et de printemps
Rappel de quelques éléments techniques…
Délais de retour entre deux cultures conseillé
pour limiter les risques de maladies
Alterner cultures d’hiver et cultures de
printemps
Un exemple de rotation classique de céréales**
2
ans
4
ans
3
ans
5
ans
Blé, orge d’hiver,
triticale, maïs
Colza
Pois protéagineux,
avoine
Luzerne,
tournesol
Culture de
printemps
Culture
d’automne
Culture
d’automne
Culture de
printemps
Une dérobée ou une
interculture possible
*
2 années max !
Maïs Blé Orge
**permet de limiter la pression des maladies
Un pouvoir « nettoyant » des crucifères
Les crucifères (colza, moutarde, chou, navet, navette)
sont riches en souffre, qui a un pouvoir désinfectant
sur le sol.
La prairie avec légumineuses, une chance pour
les rotations dans les systèmes d’élevages
- Enrichissement du sol en MO, restitutions « azote »
et éléments chimiques,
- nettoyage du sol pour les cultures
suivantes,
- structuration et aération du sol,
- stimulation de l’activité biologique du sol.
LEVIERS AGRONOMIQUES
POUR GÉRER LES BIOAGRESSEURS AFIN DE LIMITER OU
SUPPRIMER LE RECOURS AUX PRODUITS PHYTOSANITAIRES
Les produits phytosanitaires ont un coût et des conséquences sur la santé humaine et la préservation de la biodiversité.
Limiter (ou arrêter) leur utilisation est donc intéressante. Différents leviers agronomiques sont mobilisables :
• Diminuer la pression en bioagresseurs, via des cultures peu sensibles (méteil, tournesol, sarrasin),
l’allongement des rotations avec des prairies de moyenne et longue durée, l’alternance de
cultures annuelles de printemps et d’automne pour ne pas sélectionner des adventices et
l’utilisation de mélanges variétaux pour diversifier la résistance des plantes.
• Hygiéniser la matière organique, avec le compostage.
• Sortir le tracteur pour pratiquer au besoin un déchaumage (pendant l’interculture),un désherbage
mécanique (en cours de culture) ou un labour agronomique.
0,8, c'est l’indice de fréquence des traitements phytosanitaires (IFT) moyen pour les systèmes de culture
conventionnels co-construits.Ces moyennes cachent de la variabilité en fonction des années (météo et pression
en bioagresseurs variables). En comparaison avec la moyenne du réseau DEPHY Ecophyto, l’IFT est 4 fois plus
élevé dans les fermes en grandes cultures et 2 fois plus élevé dans les fermes en polyculture-élevage du réseau
DEPHY Ecophyto.
REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 11
La diversification des cultures implantées (nombre d’espèces
différentes,association d’espèces comme les méteils ou les prairies multi-
espèces) et l’alternance de cultures d’automne (méteil, céréales à
paille) et de printemps (tournesol, orge de printemps, maïs) limiteront
les besoins en traitements phytosanitaires.Il est aussi possible d’implanter
des cultures nécessitant moins d’intrants tels que le tournesol,le sarrasin.
La diversité variétale diminuera également la pression en bioagresseurs
(mélanges de variétés en blé tendre par exemple).
1. Diversifier ses cultures pour diminuer la pression en bio-agresseurs
La prairie de moyenne durée permet de diminuer le stock grainier
d’adventices et de réduire par exemple les chardons,grâce à la concurrence
des fourragères semées et au rythme des coupes. Un mélange prairial
sera plus agressif qu’une prairie mono-espèce.
Pour les luzernes,il est possible de diminuer la pression en adventices,par
un sur-semis de méteil en décembre (qui sera affouragé ou enrubanné
en mars-avril) ou par le passage en 2ème
ou 3ème
année d’exploitation
d’une herse rotative ou d’un vibroculteur en surface (action mécanique
de désherbage, action d’aération du sol souvent bénéfique à la luzerne).
Le semis de prairies sous-couvert de culture annuelle limitera aussi
le développement des adventices.
2. Allonger les rotations avec des prairies de moyenne durée
Des essais menés par Arvalis montrent qu’il est possible
de diminuer de 60 à 70 % l’usage d’herbicide sur
une rotation, en compensant par la réalisation de 2
désherbages mécaniques supplémentaires.
Par exemple : retarder la date de semis d’un blé tendre
de 15 jours à l’automne et en profiter pour pratiquer
1 ou 2 faux semis permet de diminuer efficacement
la pression des graminées sur cette culture. Cette
technique peut limiter également l’utilisation d’herbicide
à l’automne, période souvent sensible à des transferts
par ruissellement vers les eaux de surface.
Le désherbage mécanique en période d’interculture
(déchaumage), avant ou après le couvert végétal,
limitera également le recours aux herbicides. En
présence d’adventices à stolon (chiendent) ou rhizome
(chardons), il faudra éviter les déchaumeurs à disques
et privilégier les déchaumeurs à dents permettant de
« tirer » et mettre en surface les racines des adventices.
Le labour a des conséquences négatives sur l’érosion
des sols et la vie lombricienne. Il est donc de plus en
plus fréquent d’en limiter,voire de supprimer son usage.
Néanmoins, au besoin, un labour agronomique peu
profond (15-20 cm maximun), maintiendra les graines
en profondeur et favorisera leur dégradation (ex. le
brome et le pâturin ont un taux annuel de dégradation
des graines de l’ordre de 90-100 %). Le labour permet
également de retarder la levée des adventices ce qui
limite la concurrence et favorise la croissance des
plantes semées. Dans des situations de développement
de graminées envahissantes (et résistantes aux
herbicides),le labour permettra de diminuer fortement
la pression (la quasi-totalité des graines d’adventices ne
germent pas au-delà de 10-15 cm de profondeur, seule
exception : la folle avoine). Le retournement de la terre
brise également le cycle de développement de certaines
maladies fongiques.
Un labour agronomique (15 cm de profondeur),
réalisé occasionnellement et selon les besoins, est
intéressant pour gérer de nombreux bioagresseurs sans
occasionner une déstructuration du sol.
Avec la diminution des solutions chimiques et
l'apparition de résistances sur certaines adventices,
des solutions de désherbage mécanique en cours
de culture se développent actuellement. Elle privilégie,
par exemple, l'utilisation de la herse étrille à dents
indépendantes en combinaison avec des herbicides.
Cet outil polyvalent peut être utilisé sur de nombreuses
cultures (céréales à pailles,maïs,tournesol) à des stades
physiologiques allant du semis/post semis (utilisation
appelée à l'aveugle) à des stades plus avancés des
cultures (tallage des céréales, 5-8 feuilles du tournesol).
En conventionnel, cette combinaison mécanique/
chimique permet de limiter l'apparition de résistances,
d'avoir des débits de chantiers importants et de limiter
le recours aux herbicides.
Si la température du compost dépasse les 50°C, les bactéries pathogènes, certaines graines d’adventices, les larves
et œufs de parasites gastro-intestinaux sont éliminées en grande partie.
3. Le compost pour « hygiéniser » son fumier
4. Sortir au besoin le tracteur
Partenaires techniques
Avec le soutien financier de
Février 2025
Document édité par l’institut de l’elevage - ISBN : 978-2-7148-0172-2 - PUB IE : 00 25 312 017
Crédit
photos
:
REDCap,
Réseau
d’Elevage
Caprin
NA
-
Création-Réalisation
:
Valérie
Lochon
(CRA
NA)
Membres du
Cofinancé par l’Union européenne
Rédaction et coordination : Jérémie Jost (Institut de l’Elevage) et Sébastien Minette (Chambre d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine)
Equipe de rédaction : Manon Bourasseau (Civam du Haut Bocage), Alizée Breton (Chambre d'agriculture de laVienne), Marie-Gabrielle Garnier
(Eilyps), Philippe Desmaison (Bio Nouvelle-Aquitaine), Anne-Laure Lemaitre (Chambre interdépartementale d’agriculture Charente-Maritime/Deux-
Sèvres), Romain Lesne (Ardepal), Sébastien Minette (Chambre régionale d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine), Manon Proust (Innoval),Valentin Py
(Chambre d'agriculture de la Dordogne), Benoît Ranger (Inrae), Caroline Sauvageot (Institut de l'Elevage), Olivier Subileau (GAB 72),Virginie Tardif et
Théophane Soulard (Seenovia), Mathilde Lebas (Chambre d'agriculture des Pays de la Loire), Juliette Bothorel (Chambre d'agriculture de Bretagne).
Merci aux éleveurs et aux conseillers du réseau REDCap pour leur implication dans ce travail.
C
ap’Clima
t
La Cuscute (Cuscuta campestris  C.spp) est une
plante annuelle sans chlorophylle qui parasite les
plantes en se fixant sur les tiges. Elle prélève la sève
directement des vaisseaux conducteurs des plantes. En
se développant rapidement, elle épuise sa plante hôte
et accentue ses besoins en eau. La pénétration des
suçoirs dans les tissus hôtes favorise la transmission et
l’installation de maladies.
La lutte est complexe, la surveillance et les mesures
de gestion prophylactique sont indispensables. Pour
que vos prairies en légumineuses restent indemnes de
cuscute, il faut éviter les parcelles ayant eu la cuscute
dans le passé ; vérifier sa présence aux abords des
champs,des chemins,des routes et visiter régulièrement
la parcelle à partir de début avril pour détecter les
« ronds de cuscute » ;utiliser uniquement des semences
certifiées ou issues de parcelles indemnes (si semences
fermières) ; veiller à la propreté des machines utilisées
(travail du sol, fauche, …).
En cas de présence, délimiter la zone d’infestation
élargie de 1 m et détruire cette zone le plus rapidement
possible (avant fructification).La destruction mécanique
(coupe ou arrachage) favorise la dissémination de la
cuscute ! Le brûlage thermique, avec de la paille sur les
ronds infestés,reste la seule solution (après autorisation
des services concernées).Il ne faut surtout pas récolter
ni faire pâturer les zones contaminées,et à la suite de la
destruction thermique,enfouir les graines par un labour
plus profond que le labour habituel.Enfin,on évitera de
réimplanter les 10 années suivantes une culture hôte
sensible (luzerne, et trèfles notamment).
LE RISQUE DE LA CUSCUTE
DANS LES ROTATIONS CAPRINES AVEC LUZERNE
Les filaments orange sont de la cuscute, début juillet, dans une
parcelle de légumineuses fourragères avec quelques graminées.
aller
+
Pour
loin
10 fiches témoignages sur les systèmes
de culture développés dans 10 zones de
Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire
sont à retrouver sur le site internet
du réseau REDCap : https://redcap.
terredeschevres.fr/spip.php?rubrique103
1
Adaptation des systèmes caprins de la zone de Melle
(79) au changement climatique
Partenaires
techniques
Merci aux éleveurs ayant participé
aux différents échanges : Samuel
Charles, Marion Estrade,
Stéphane
Faidy, Armand Durand, Quentin
Benoit, Stéphane
Berneau, Mickaël
Brunet, Valérie Faucher
et à
Laurène Robin et Mathilde
Lebas (Eilyps) ayant animé le groupe.
Les éleveurs de chèvres de Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire ont engagé une réflexion sur l’adaptation de leurs
systèmes d’élevage face au changement climatique. Dix groupes d’éleveurs, un groupe d’apprenants et leurs
conseillers-animateurs ont remis en question entre 2019 et 2023 la conduite du système fourrager, des cultures et du
troupeau , afin de s’adapter à ce challenge. Durant 4 années (avec une pause durant le 1er confinement de la crise
Covid), des collectifs de 4 à 8 éleveurs se sont réunis localement pour définir sur le système d’élevage typique de la
zone et mettre en avant les spécificités des contextes pédoclimatiques. Ensuite, nous avons travaillé sur les
projections climatiques de la zone, avec des indicateurs climatiques, agroclimatiques et de croissance de l’herbe. Ces
données ont permis de proposer des leviers d’adaptation des différentes composantes du système d’élevage, qui se
veulent adaptés au contexte local et opérationnels.
Le changement climatique est indéniable. Entre 1980
et 2000, le constat est flagrant : + 0,5°C à l’échelle
terrestre, + 1°C en France, - 30 % de calotte arctique,
+ 3,3 mm d’augmentation du niveau de la mer,
acidification des océans et perte de biodiversité.
6 journées de groupe pour co-construire les solutions
L’élevage caprin est confronté au changement
climatique :
• Comment le climat va-t-il évoluer ?
PEI Résilience
des systèmes
caprins de NA
• Avec quelles conséquences sur les cultures, sur les animaux et les fourrages ?
• Comment s’adapter à ces évolutions ?
5
L
Le
ev
vi
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ge
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r
Leviers « simples » d’adaptation (à l’installation) :
• Diminuer le chargement (de 10 chèvres / ha de SFP à 8 à 8,5 chèvres/ha) et/ou avoir la trésorerie pour de
l’achat ponctuel de fourrages (foin de luzerne ou luzerne déshydratée) ou la contractualisation. Faire au moins
un bilan fourrager par an.
• Valoriser l’herbe de début de printemps en enrubannage ou en vert. L’enrubannage peut être réalisé avec une
CUMA ou un ETA local (maîtrise technique de la chaîne de récolte et limitation des investissements matériels).Il
faudra être vigilant à avoir un enrubannage de bonne qualité sanitaire. Anticiper la méthode de distribution de
l’enrubannage ou du vert.
• Avoir 4-6 mois de stock d’avance
• Avoir une maîtrise technique des luzernes : implantation, stratégie de fertilisation, récolte.
En adaptant la méthode du Rami fourrager, nous avons pu simuler un
système fourrager équilibré dans le présent (les besoins du troupeau en
fourrages sont couverts par la production de fourrages). Ensuite, à partir
de l’évolution de la croissance de l’herbe, nous avons pu vérifier
l’équilibre du bilan fourrager et le groupe a proposé des leviers
d’adaptation.
Évolution du bilan fourrager dans le futur proche, avec une ration fourragère 100 % foin ou foin (60 %) + enrubannage (40 %)
Avec une ration uniquement FOIN Avec une ration FOIN + ENRUBANNAGE
Leviers à mobiliser « en routine » :
• Gestion des printemps pluvieux (3,4 années/10) : comment faire une 1ère coupe de qualité ?
Il faudra avoir une réflexion pour diversifier son mode de récolte, avec de l’enrubannage, du séchage en grange ou
du séchage en botte, du vert.
• Gestion des printemps avec des pousses de l’herbe plus fortes (+ 22 %) : gestion des chantiers de récolte
Il faudra les moyens matériel et humain pour répondre aux débits de chantiers importants du futur. Il est essentiel
d’avoir une partie du matériel de fenaison en propriété, afin d’être réactif au moment de la récolte. L’appui d’une
CUMA ou d’un ETA peut être intéressant.
• Sécheresses estivales plus précoces (15-30 j) et plus longues (pas d’herbe d’automne 2,8 années/10) :
comment sécuriser son rendement fourrager ?
La luzerne est une espèce fourragère bien adaptée aux températures chaudes (en début d’été). L’irrigation peut
sécuriser le système fourrager (cf p 7). La maîtrise de l’itinéraire technique de la luzerne est essentielle pour la
valoriser au mieux (période de semis au printemps, semis sous-couvert, fertilisation). Les mélanges de variétés de
luzerne et/ou de légumineuses sont à privilégier.
• Gestion d’un report de stock plus important et d’une trésorerie fourragère variable
Il faut prévoir un hangar de stockage de fourrage suffisamment grand et à organiser (trier par coupe/qualité). Le
bilan fourrager (2 fois par an) permettra de projeter l’utilisation du fourrage dans la ration. Limiter les refus à
l’auge se fera en distribuant un foin de luzerne appétant et riche. Limiter les chèvres improductives.
8
Durabilité
environnementale
/ ha
IFT Total moyen
(Dont herbicides
Dont fongicide
Dont insecticide)
1,1
1
0,05
0,05
Consommation
Carburant (l)
96
Fertilisation minérale (U
N/ha)
40
Part apportée par la
fertilisation organique et les
légumineuses N : 34 %
P : 62 %
K : 39 %
Bilan de fertilisation (kg/ha) N : -12
P : - 15
K : - 17
Émissions
totales GES (kg éq
CO
2/ha)
1 072
(soit 4 927km
en voitur
e ou 4 662 km en
avion
ou 721 litres
de lait de vache
*)
Durabilité
économique
€ / ha
Produit brut
926
Charges opérationnelles
250
Dont charges semences
116
Dont charges engrais
85
Dont charges phytos
50
Charges de mécanisation
419
Marge directe hors aides =
marge semi-nette
257
Durabilité
sociale
/ ha
Temps de travail (h/ha)
6
(43 % du temps
est lié à la récolte
de la prairie
)
Nombre de passages
tracteur
12
(52 % est lié à la condu
ite des
prairie
s)
Évalu
ation
de la durabilité
de la rotation co-construite sur une année normale (moyenne
des prix 2016-20)
Le système de culture étudié est un système en
polyculture-élevage, avec
une
partie des
cultures vendue et une autre
autoconsommée
par le troupeau.
Le bilan
de fertilisation est légèrement
négatif, il faudra prévoir de compenser
légèrement cela.
Le temps de travail de la rotation
est
notamment lié à la récolte des fourrages.
(€/ha)
Années
norm
ales Évolution
comparée à la
référence « année
norm
ale »
Produit
926
0%
Charges totales
896
+ 34 %
→
→ Charge
s opérat
ionnell
es
250
+ 78 %
→
→ Charge
s de mécan
isation
419
+ 8 %
Marge nette hors aides
265
- 88 %
É
Év
va
al
lu
ua
at
ti
io
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n d
de
e l
la
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du
ur
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ab
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du
u
s
sy
ys
st
tè
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me
e d
de
e c
cu
ul
lt
tu
ur
re
e
La rotation co-construite avec les éleveurs a été évaluée selon
les 3 piliers de la durabilité
avec l’outil SYSTERRE®.
Cela permet de mettre en avant des indicateurs d’évaluation économique, sociale et environnementale. Seule la
rotation sur sol de groie
a été évaluée.
Impact de la volatilité du prix des intrants sur les résultats économiques (x3 fertilis
ation
et x 1,5 phyto,
x 1,5 GNR,
comm
e
en 2022)
Le système de culture est
fortement impacté par les
hausses de ces intrants.
0,00
0,50
1,00
1,50
2,00
Temp
s
de
trava
il
(h/ha
)
Temps de travail
*Sourc
e : https:
//data
gir.ad
eme.fr
/apps/
impac
t-co2/
Fauches
Mise
s-ba
s
Mise
s-ba
s
6
U
Un
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so
ol
l
Le groupe a également mené une réflexion sur la co-construction d’une rotation et d’un itinéraire technique qui
permettent de répondre aux enjeux du changement climatique, tout en limitant les intrants sur les cultures et en
favorisant l’autonomie alimentaire. Le schéma décisionnel est résumé ci-dessous.
La rotation étudiée est en système sans irrigation. Rendements et itinéraires techniques reflètent les pratiques
actuelles des éleveurs. Certaines modifications techniques ont été discutées et sont mis en place par les éleveurs.
Schéma décisionnel des rotations co-constuites
Groies
séchantes
-
80
ha
Parcelles
fond
de
vallée
(hydromorphe)
-
20
ha
Paysage de polyculture-élevage dans la zone de Melle
*
* Culture nécessitant de l’irrigation pour atteindre ce rendement
(sinon, variabilité annuelle de 20 à 75 qx/ha). Remplacer par une
orge de printemps.

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Atelier 1 : Quelles prairies mettre en place pour assurer une autonomie fourr...
Conférence CAPVERT : 10 ans de recherches pour accompagner la transition agro...
Changement climatique : elles mangeront quoi nos chèvres demain ?
Des chèvres et des éleveurs locavores avec le réseau REDCap ?
Quelles prairies multi-espèces pour les chèvres ? - 2ème édition
Faire du bon foin pour les chèvres - 4ème édition
REDCap : dix années de travail collectif pour promouvoir et accompagner les é...
Choix variétés PmE
Suivi des prairies
Recommandation s PME
Témoignages
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Conduite prairie
Prairie REDCap 3
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Agronomie en polyculture-élevage caprin.

  • 1. AGRONOMIE EN POLYCULTURE- ÉLEVAGE CAPRIN Réseau d'Expérimentation et de Développement Caprin ALIMENTATION A L'HERBE AUTONOMIE ALIMENTAIRE CHANGEMENT CLIMATIQUE Les élevages caprins de l'Ouest de la France sont majoritairement conduits en polyculture-élevage.Les éleveurs et éleveuses produisent à la fois du lait, mais aussi de l'herbe, des céréales et oléoprotéagineux. Ces derniers seront consommés par les chèvres et/ ou vendus. Aborder avec les éleveurs et éleveuses de chèvres des sujets agronomiques est donc important pour améliorer la durabilité de leurs exploitations. Comment proposer des rotations et itinérairies techniques plus économes en intrant, tout en restant productifs ? L’objectif de cette plaquette est de proposer des conseils agronomiques pour les éleveurs et éleveuses de chèvres de Nouvelle-Aquitaine et des Pays de la Loire, en favorisant l’autonomie alimentaire et en limitant les intrants sur les cultures. Les conséquences locales du changement climatique sont également prises en compte. Entre 2020 et 2023, dix ateliers de co-conception ont été organisés avec 28 éleveurs de chèvres et 10 conseillers en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire, pour proposer des systèmes de culture répondant aux enjeux cités en introduction. Chaque groupe a travaillé sur un contexte pédoclimatique et un système caprin spécifique. Ces ateliers étaient animés par un binôme d’animateurs, spécialisé sur les systèmes de cultures et sur les systèmes d’élevage caprin. Pour faciliter la conception participative, le jeu-sérieux Mission Ecophyt’Eau a été mobilisé. Il permet de représenter sur un plateau de jeu les cultures, ainsi que les itinéraires techniques et les rendements. Un atelier de conception durait en moyenne 2h30 pour proposer un schéma décisionnel de la rotation. Il se base principalement sur les échanges agronomiques entre les agriculteurs. En complément, une évaluation de la durabilité (économique, sociale et environnementale) de ces systèmes a été réalisée, avec l’outil SYSTERRE® d’ARVALIS, qui permet le calcul d’un panel de 20 indicateurs à l’échelle de la culture et du système de culture. Méthode mise en place Illustration d’un atelier de co-conception avec le jeu- sérieux Mission Ecophyt'Eau
  • 2. 2 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin Une rotation est un enchainement de cultures,sur une même parcelle,de familles différentes qui permet de répondre aux objectifs de l’agriculteur (« produire des fourrages, de la paille et des grains »), tout en respectant les contraintes du milieu (climat, gestion des bio-agresseurs des cultures) et en optimisant le potentiel du sol. Elle présente plusieurs intérêts : PRODUIRE DES ALIMENTS POUR SES CHÈVRES À LA FERME : IMPACTS SUR LA ROTATION ET INTÉRÊTS POUR L’ÉLEVEUR € Intérêts agronomiques Intérêts économiques Intérêts sociaux - limiter la sélection de mauvaises herbes, maladies ou ravageurs, - ne pas épuiser le sol en mobilisant toujours les mêmes éléments chimiques dans les mêmes compartiments du sol, - gestion optimisée de la fertilisation, - maintenir la fertilité des sols (impacts positifs de la prairie multi-espèces ou luzerne). - diversifier les cultures sur l’exploitation : moins de risques vis-à-vis des aléas économiques ou climatiques, - intensifier la production à l’hectare. - équilibrer la charge de travail sur le temps : diversifier les dates de semis et de récolte des cultures, - limiter le recours aux produits phytosanitaires et engrais, - couverture du sol et image des surfaces agricoles par rapport aux citoyens. Organisation schématique d’une rotation Semis de la prairie possible sous couvert de la culture 1/ TÊTE DE ROTATION : prairie avec légumineuses de préférence 3/RELAI DE ROTATION : protéagineux tels que pois, féverole, lupin 4/FIN DE ROTATION : avoine, triticale, seigle, méteil, tournesol (cultures moins exigeantes en azote et éléments chimiques, compétitives au salissement et peu sensibles aux maladies) 2/CORPS DE ROTATION : céréales telles que maïs, blé, orge (bénéficieront des reliquats azotés de la prairie riche en légumineuses) Dérobées possibles entre culture d’automne et de printemps Délais de retour entre deux cultures conseillé pour limiter les risques de maladies Alterner cultures d’hiver et cultures de printemps 2 ans 4 ans 3 ans 5 ans Blé, orge d’hiver, triticale, maïs Colza Pois protéagineux, avoine Luzerne, tournesol Culture de printemps Culture d’automne Culture d’automne Culture de printemps Une dérobée ou une interculture possible * 2 années max ! La prairie avec légumineuses, une chance pour les rotations dans les systèmes d’élevages - Enrichissement du sol en matière organique, restitutions « azote » et éléments chimiques, - nettoyage du sol pour les cultures suivantes, - structuration et aération du sol, - stimulation de l’activité biologique du sol. La production d’aliments à la ferme (fourrage, grains) entraîne une diversification de la rotation permettant d’allier la gestion agronomique des cultures, la diminution des intrants liés aux cultures et la recherche d’une autonomie alimentaire et protéique du troupeau. Les cultures, pouvant être consommées par les chèvres et produites sur l’exploitation sont : • Céréales de printemps : maïs grain, maïs ensilage, sorgho • Céréales à pailles d’automne : orge, épeautre, avoine, triticale, … • Céréales à pailles de printemps : orge ou avoine de printemps • Protéagineux : féverole, soja, lupin, pois, … • Méteils grain ou fourrages (association céréales/ protéagineux) • Oléagineux :Tournesol (grain, tourteau), colza (tourteau), … • En tête de rotation : Luzerne,Trèfles, Prairies multi-espèces (fourrage en vert ou stock) Il ne faudra pas non plus oublier les besoins en paille pour la litière, soit environ 300 kg/chèvre/an.
  • 3. REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 3 QUELLES ROTATIONS DANS LES SYSTÈMES CAPRINS DE L’OUEST ? Les ateliers de co-conception pour développer des systèmes de culture favorisant l’autonomie alimentaire et en limitant les intrants sur les cultures, tout en prenant en compte les conséquences locales du changement climatique, amènent les évolutions suivantes dans les rotations des élevages caprins : • Des rotations plus longues (8,8 années de cultures) ; avec notamment le délai de retour des luzernes allongés pour diminuer le risque de développement de cuscute ; • Augmentation de la part des prairies riches en légumineuses (59 % de la SAU),principalement en mélanges (espèces et variétés) ; • Une composition des couverts végétaux d’interculture plus complexes, avec des mélanges de graminées, légumineuses et crucifères permettant d’améliorer les impacts positifs pour la rotation ou l’augmentation de la surface fourragère • Un développement des cultures annuelles consommables par les chèvres tels que les méteils grain, l’orge et le tournesol ; une diminution du maïs et du blé tendre ; • Le développement du semis des prairies sous couvert, de méteil ou de céréales (automne), de tournesol ou d’orge (printemps) ; cette pratique est envisagée dans 60 % des rotations. La totalité des systèmes de culture décrits utilise du labour occasionnel, souvent associé à des techniques culturales simplifiées. Les rotations proposées sont déjà mises en place par certains éleveurs. Principaux indicateurs évalués avec la méthode Systerre (moyenne 2017-2021) Fertilisation minérale Émissions totales GES Charges opérationnelle (U N/ha) (kg éq CO2/ha) /produit brut Moyenne REDCap – conventionnel (n=7) 0,8 113 58 1350 6,6 20% 28% Moyenne REDCap – AB (n=3) 0 97 0 831 5,7 18% 44% Grande culture* (n=335) 3,2 82 117 1687 5 29% 22% Polyculture-élevage* (n=529) 1,7 82 74 1381 4,6 22% 21% Grande culture AB* (n=72) 0 97 4,8 658 5,2 17% 30% Polyculture-élevage AB* (n=250) 0 68 0,8 465 4 9% 16% * Références issues des fermes Dephy Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire IFT Conso. Carburant (l/ha) Temps de travail (h/ha) Charges de mécanisation /produit brut Les légumineuses fourragères réduisent les besoins en azote à l’échelle de la rotation : leur fixation symbiotique couvre 45 % des besoins des cultures et la fertilisation organique 34 %. Ceci permet une économie en azote minéral ; dans une conduite conventionnelle REDCap, il y a deux fois moins d’azote acheté que dans les références DEPHY en grande culture. La durée d’exploitation de ces prairies - 4,1 années en moyenne – induit une diminution nette des besoins en traitements phytosanitaires sur les cultures suivantes (IFT divisé par 4 par rapport à DEPHY grande culture). La réduction de l’azote minéral et de l’IFT diminuent les charges opérationnelles et les émissions de gaz à effet de serre (- 25 % comparé aux systèmes en grande culture). 62 % du temps de travail sur la sole agricole se déroule sur le 2ème trimestre, pincipalement pendant la période des fauches. Le temps de travail sur la surface agricole est plus élevé dans les systèmes en chèvrerie que pour les systèmes au pâturage (+ 1,6 h/ ha).Pour ces derniers,les chantiers de récolte sont toutefois encore bien présents.L’herbe pâturée ne représentant que 15 % de la ration annuelle des chèvres, le stock fourrager reste encore important. Les systèmes caprins en agriculture biologique ont 1,7 h/ha de travail au champ en plus, que les systèmes AB en polyculture élevage. Cet écart s’explique par la place du maïs ensilage. Les consommations de carburant sont plus élevées (+ 27 %) dans les système REDCap, comme les charges de mécanisation. Ceci est encore plus important pour les systèmes caprins en agriculture biologique. Le tableau suivant compare les résultats obtenus par le réseau REDCap aux fermes suivies par le réseau ECOPHYTO DEPHY FERME de Nouvelle-Aquitaine et des Pays de la Loire. Le dispositif DEPHY a pour finalité d'éprouver, valoriser et déployer les techniques et systèmes agricoles réduisant l’usage des produits phytosanitaires tout en promouvant des techniques économiques, environnementales et sociales performantes.
  • 4. 4 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin Ce premier exemple,situé dans le Poitou méridionnal, est caractérisée par un climat océanique altéré,avec une température actuelle moyenne de 12,2 °C et 784 mm de précipitation par an. Il est localisé dans une plaine calcaire située au nord du Bassin aquitain, présente sur le sud des Deux-Sèvres, de la Vienne et au nord de la Charente et de le Charente-Maritime, sur des sols limono-argileux caillouteux : des groies moyennement profondes (75-100 mm). Ce sont des sols sains (pH = 7-8) avec une fertilité plutôt bonne et une réserve utile (entre 40 à 80 mm). Le schéma décisionnel 1 illustre une rotation longue (12 années) et diversifiée (7 cultures), que l'on peut retrouver dans des exploitations associant cultures de vente et caprin. Elle se compose de 33 % de luzerne fourragère (implantée sous-couvert d’un tournesol au printemps). La fertilisation organique apporte 54 % des besoins des cultures en phosphore et 28 % des besoins en potassium. La fertilisation organique et les légumineuses implantées couvrent 24 % des besoins en azote. Les céréales (blé tendre, orge d'hiver, maïs grain) bénéficient des reliquats d’azote libérés après la destruction de la luzerne (environ 30-40 U/ha/an pendant 3 ans), permettant de limiter les apports en azote minéral sur ces 3 cultures. L’alternance de cultures d’automne (blé tendre, orge), d'hiver (pois protéagineux) et de printemps (maïs, tournesol) facilite les interventions mécaniques et limite la sélection de la flore adventice.Ceci permet de réguler les adventices et de limiter le recours aux herbicides. La culture du pois permet de limiter les besoins en azote minéral à l'échelle de la rotation (pas de fertilisation azotée sur la culture, reliquat ~20 U/ha pour la culture suivante). Le fumier vieilli (ou compost) de chèvre est valorisé notamment sur les cultures de printemps (tournesol, maïs) et la luzerne. Afin d'assurer une bonne productivité de la luzerne, des apports en phosphore, potassium et bore sont réalisés.La moutarde blanche (dérobée entre blé et orge) a été choisie pour sa capacité de développement rapide et la production de biomasse intéressante (~2 à 3 t MS/ha en moyenne) pour une période d'interculture courte (entre 2 céréales à paille). Cette espèce a aussi l'intérêt de présenter des propriétés de biofumigation qui permettent de réduire certaines maladies du sol des céréales à paille (piétin).Avant le maïs grain,un mélange de 3 espèces a été retenu (féverole, avoine fourragère, moutarde blanche) et vise l'objectif "engrais vert". Ce couvert végétal va permettre de piéger l'azote du sol à l'automne (moutarde, avoine) pour limiter les risques de transferts de nitrates vers les eaux, mais également de capitaliser de l'azote et de le restituer à la culture suivante (30-40 U/ha en moyenne) par la présence de la féverole (légumineuse). Le schéma décisionnel 2 est l’adaptation de la rotation précédente, avec un objectif plus fort de produire des aliments concentrés pour les chèvres et de diminuer les intrants. Pour cela, nous avons remplacé 3 années de cultures en pur par des méteils, qui seront moissonnés. Les apports en azote minéral sont réduits de 38 % et l'IFT de 50 % avec une perte minime de rendement. Dans cette zone, les exploitations caprines bénéficient de parcelles avec des sols séchants et une faible réserve utile : 50-70 mm. Il s’agit de groies superficielles à moyenne (30-50 cm de sol). Dans cette situation, la culture de maïs peut être délicate en absence d’irrigation. La culture du maïs grain en sec sera privilégiée dans les fonds de vallée limono-argileux (souvent hydromorphes l’hiver) ou les parcelles de marais tout en maintenant une rotation avec une prairie multi-espèces de courte durée à base de trèfles (schéma décisionnel 3). EXEMPLES DE ROTATIONS ET SCHÉMAS DÉCISIONNELS Dans cette partie, 3 rotations fictives co-construites avec des éleveurs, vous sont présentées. Elles se veulent réalistes d'un point de vue technique dans la zone étudiée. 1. Un système de culture diversifié, pour produire du foin de luzerne et vendre des cultures annuelles dans le Poitou méridional
  • 5. REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 5 Schéma décisionnel 1 d'une rotation en Poitou méridionnal associant cultures de vente et pour nourrir les chèvres Schéma décisionnel 2 d'une rotation en Poitou méridionnal favorisant les cultures pour nourrir les chèvres Fertilisation Travail du sol Culture principale Culture dérobée Rendements théoriques traitements Tournesol + luzerne Luzerne x 3 luzerne 8t de MS/ha/an 2/3 coupes 20 qtx/ha 2 t de MS/ha Semis 25/04 Luzerne : 22kg/ha Tournesol : 75 000gr/ha 2 passages pour le semis Moisson : fin septembre Apport N : 30 kg/ha 1 passage herbicide : IFT = 1 1/10 : Outil à dents Blé tendre hiver 15/10 : labour 25/10 : vibroculteur 30/10 : semis en combiné 3 variétés : 280 - 330 gr/m2 Mars : herse étrille Apport N : 130 kg/ha en 3 passages et soufre 1 passage herbicide : IFT = 1 1 passage fongicide : IFT = 0,5 Moutarde, radis, vesce commune Semis à la volée : 6-8 kg/ha + Passage rouleau Méteil grain Méteil grain 15/11 : semis en combiné triticale : 250 gr/m2 Avoine : 50 gr/m2 Féverole : 10 gr/m2 Pois : 10 gr/m2 Outil à disques + Outil à dents 15/11 : semis en combiné triticale : 250 gr/m2 Avoine : 50 gr/m2 Féverole : 10 gr/m2 Pois : 10 gr/m2 Outil à disques + Outil à dents Moutarde, radis, vesce commune Semis à la volée Moutarde : 2kg/ha Radis : 2 kg/ha Vesce commune : 20kg/ha Tournesol Broyage + labour Semis : avril Semoir monograine 75 000 gr/m2 Apport N : 30 kg/ha Binage 1 passage herbicide : IFT = 1 Méteil grain Blé tendre Outil à disques x2 + Outil à dents 25/10 : semis en combiné triticale : 250 gr/m2 Avoine : 50 gr/m2 Féverole : 10 gr/m2 Pois : 10 gr/m2 Outil à disques x 2 + Outil à dents Moutarde, radis, vesce commune Semis à la volée idem 70 qtx/ha 4 t de paille 85 qtx/ha 35 qtx/ha 2,5 t de paille 35 qtx/ha 2,5 t de paille 70 qtx/ha 4 t de paille 35 qtx/ha 2,5 t de paille 20 qtx/ha Broyage + labour 1 passage herbicide : IFT = 1 vibroculteur vibroculteur Apport compost : 10t/ha Maïs grain Broyage Semis : 15/04 + rouleau 1 passages insecticide : IFT=1 1 passage herbicide : IFT = 1 (1 anti limace + 1 anti pyrale / sésamie (2 insecticides / biocontrôle)) Apport fumier : 10t/ha Apport N : 120 kg/ha 2 passages Bineuse Outil à disque + à dents Apport compost : 10t/ha 2 passages herbicide : IFT=1,5 1 passage insecticide : IFT=1 1passage fongicide : IFT=0,75 Apport N : 160 kg/ha 3 passages Semis : 20/10 Apport fumier : 10t/ha Apport P 30 kg et 90 kg K Apport P 50 kg et 150 kg K Bore au besoin Apport P 50 kg et 150 kg K Bore au besoin 50P 150 K 1 passage herbicide : IFT=1 Rendements théoriques Fertilisation Travail du sol traitements Luzerne Tournesol Luzerne X 3 Luzerne Blé tendre H Orge H Pois prot Moutarde blanche Féverole + avoine + moutarde Féverole + avoine + moutarde Moutarde blanche Maïs grain Blé tendre H Blé tendre H tournesol Apport N : 80 kg/ha Semis : 25/04 75 000 graines/ha – 2 passages + rouleau luzerne : 1 passage herbicide, IFT=1 1 passage herbicide : IFT=1 Outil à disque + à dent + cultivateur Apport fumier : 10t/ha Apport P 30 kg et 90 kg K Semis : 20/10 1 passage herbicide : IFT=1,5 1passage fongicide : IFT=0,75 70 qtx/ha 4t de paille/ha 20 qtx/ha 2 t de paille/ha Apport N : 130 kg/ha 2 passages Outil à disques Outil à disques +à dents + herse rotative Semis : 25/10 2 passages herbicide : IFT=2 1 passage insecticide : IFT=1 2 passages fongicide : IFT=1 1 régulateur : IFT = 1 broyage Labour + herse rotative Semis : 05/01 70 qtx/ha 4t de paille/ha 30 qtx/ha 2 passages herbicide : IFT=1,5 1 passage insecticide : IFT=1 2 passages fongicide : IFT=1,5 Apport P : 50 kg/ha Apport N : 160 kg/ha 3 passages Outil à disque + à dents Semis : 15/04 + rouleau 2 passages insecticide : IFT=2 1 passage herbicide : IFT = 1 Apport fumier : 10t/ha Apport N : 120 kg/ha 2 passages 85 qtx/ha Bineuse labour + herse rotative Semis : 20/10 2 passages herbicide : IFT=1,5 1 passage insecticide : IFT=1 1passage fongicide : IFT=0,75 Apport N : 160 kg/ha 3 passages Apport fumier : 10t/ha 70 qtx/ha 4t de paille/ha Outil à dents Broyage labour + vibroculteur Semoir à soc : 15/04 + rouleau 1 passages herbicide : IFT=1 Apport N : 30 kg/ha 1 passage Bineuse 20 qtx/ha Broyage résidus + outil à disques 2 passages herbicide : IFT=1,5 1 passage insecticide : IFT=1 1passage fongicide : IFT=0,75 Apport N : 160 kg/ha 3 passages Semis : 20/10 70 qtx/ha 4t de paille/ha Outil à disque Apport fumier : 10t/ha Labour + herse 8t de MS/ha/an Culture principale Culture dérobée Semis : 15/08 10kg/ha Semis : 15/08 10 kg/ha Soufre 40 kg/ha Apport P 50 kg et 150 kg K Bore au besoin Apport P 50 kg et 150 kg K Bore au besoin 50P 150 K 1 passage herbicide : IFT=1 Schéma décisionnel 3 d’une rotation pour produire du maïs grain sur une parcelle de fond de vallée Fertilisation Travail du sol Culture principale Culture dérobée traitements Avoine + PME PME PME 8t de MS/ha/an 1ère coupe enrubannage 2ème et 3ème coupe foin Semis 20/10-01/11 RGH : 8 kg/ha TV :5 kg/ha TB : 2kg/ha T. Michelli : 3 kg/ha FE : 7 kg/ha Avoine : 250 gr/m2 Apport N : 30 kg/ha 1 passage herbicide : IFT = 1 1 passages insecticide : IFT = 1 Maïs grain Semis 25/04 Indice 350-400 80 000-90 000 pieds/ha Apport fumier : 10t/ha labour vibroculteur binage Apport N : 120 kg/ha Féverole + moutarde Semis : Féverole : 80 kg/ha Moutarde : 4 kg/ha broyage Maïs grain Outil à dent + outil à disque Semis : 15/04 Indice 250-300 80 000-90 000 pieds/ha binage 1 passage herbicide : IFT = 1 1 passages insecticide : IFT = 1 Apport N : 120 kg/ha 90 qtx/ha 90 qtx/ha
  • 6. 6 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 2. Un système de culture en agriculture biologique, en contexte hydromorphe l’hiver, en nord Deux-Sèvres Ce deuxième exemple est localisé dans le nord des Deux-Sèvres (Haut-Bocage), qui se trouve à la limite sud du massif armoricain, un socle primaire granitique. Les sols sont limono-sableux superficiels, acides et à tendance hydromorphe en hiver (non favorable à la luzerne). En été, les sols sont très séchants et subissent un déficit hydrique fort. Le climat est océanique altéré, avec une température actuelle moyenne de 11,1 °C et 888 mm de précipitation par an La rotation proposée (schéma décisionnel 4) permet de répondre aux contraintes fortes du milieu telles que des terrains acides, avec réserve utile faible, une hydromorphie hivernale et une pluviométrie estivale faible. Ainsi, une rotation courte de six années, avec 50 % de prairie composée de ray-grass hybride (RGH) et de trèfles violet et hybrides est privilégiée. Elle est complétée par un méteil grain (ou une céréale à paille éventuellement). Une culture de printemps, composée de lupin et d’avoine permettra la production d’un aliment de qualité. Un colza fourrager couvrira le sol entre le méteil et la culture de printemps et sera pâturé ou affouragé à l’automne. La prairie pourra être semée sous couvert d‘un méteil simple (vesce-avoine) qui sera pâturé en sortie d’hiver. Cela permettra de limiter le salissement, tout en permettant une bonne implantation de la prairie et la production d’un complément de fourrage. Le semis se fera alors sur le mois d’octobre. Schéma décisionnel 4 de la rotation du nord Deux-Sèvres (79) objectifs Fertilisation Travail du sol Apport MO : 15t/ha, 1 passage Semis : 22 septembre Semoir à disque + rouleau : RGH : 17 kg/ha TH : 3 kg/ha TV : 6 kg/ha Labour + herse rotative Semoir à disque Toussaint - Triticale : 235gr/m2 - Pois : 25gr/m2 -Avoine : 55gr/m2 -Féverole : 10gr/m2 25-35 qtx/ha Paille :2 t/ha 25-35 qtx/ha Paille : 2t/ha Moisson : Juillet Outil à disque Apport MO : Idem Labour + herse rotative Semoir à disque Toussaint - Triticale : 235gr/m2 - Pois : 25gr/m2 -Avoine : 55gr/m2 -Féverole : 10gr/m2 Moisson : Juillet Semis : 6 kg/ha Prairie RGH/TV/TH Prairie RGH/TV/TH Prairie RGH/TV/TH Méteil Méteil 15% pâturage 85% fauches 6,6 t de MS 15% pâturage 85% fauches 6,6 t de MS 15% pâturage 85% fauches 6,6 t de MS Culture principale Culture dérobée Outil à disque herse rotative Mars : Labour + herse rotative Semis fin mars : Lupin : 55 gr/m2 Avoine : 75gr/m2 Semoir à disque Moisson (été ?) Apport MO Idem Herse rotative Outil à disque + outil à dent Semis prairie Avoine P+ Lupin de P Colza Fourrager (IC) 20 qtx/ha Complément de rotation possible
  • 7. REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 7 Ce troisième exemple se situe en Dordogne, zone qui est caractérisée par un climat océanique altéré, avec une température actuelle moyenne de 12,4 °C et 957 mm de précipitation par an. Il s’agit d’un territoire situé sur des terres de champagnes : des sols argileux assez superficiels au pH basique. Danscesystème pâturant en agriculture biologique, deux rotations sont mises en place (schéma décisionnel 5): • une rotation de 8 ans pour produire le stock de fourrages sur les parcelles éloignées de l’exploitation, • une rotation de 7 ans à orientation « pâturage ». La rotation pour produire le stock est diversifiée (4 cultures différentes) et se compose de 50 % de luzerne fourragère (implantée sous-couvert d’avoine au printemps) qui permet de contrôler durablement les adventices de l'azote. Les céréales (orge d'hiver et méteil grain) bénéficient des reliquats d’azote libérés après la destruction de la luzerne (environ 30-40 unités par an). Le fumier vieilli (ou compost) de chèvre est valorisé notamment sur les luzernes (apports P, K). Les quantités d’effluents produites par le troupeau sont suffisantes pour couvrir les besoins des cultures (schéma 5). La culture de méteil permet de limiter le développement des maladies et adventices tout en assurant un rendement convenable et la production d’un aliment adapté à l’élevage caprin. Les adventices peuvent également être maîtrisées par les interventions mécaniques pendant la période d’interculture. La succession de cultures fourragères de la rotation « pâturage » permet de maintenir une ressource pâturable toute l’année. La prairie multi-espèce (PME) permet de maîtriser les adventices. Afin de prolonger la période de pâture, un mélange « vesce-avoine commune » est implanté fin août la dernière année de la PME et pourra être pâturé à l’automne ou au printemps. Le sorgho assurera le pâturage estival avec la luzerne. Schéma décisionnel 5 des rotations de Dordogne (24) 3. Un système de culture en agriculture biologique en Dordogne, avec une rotation pour le pâturage et une pour le stock Fertilisation Travail du sol Culture principale Culture dérobée Rendements théoriques Luzerne Luzerne Luzerne Avoine P + luzerne méteil Semis : 01/04 2 passages semoir + rouleau Avoine : 70gr/m2 Luzerne : 20kg/ha Orge d’hiver Apport de fumier selon disponibilité Apport compost : 25-30 t /ha méteil Moutarde blanche Apport compost : 25-30 t/ha (outil à disque + outil à dent) x2 Semis à la volée début août: 8 kg/ha + rouleau Labour au 15/01 7,2 t de MS/ha/an 3 coupes Orge : 30 qtx/ha Paille : 2 t/ha 20 qtx/ha Paille : 1,5 t/ha 20 qtx/ha Paille : 1,5 t/ha Fourrage avoine : 3t de MS/ha méteil (outil à disque + outil à dent ) x2 Herse rotative + semoir à soc novembre Triticale : 350-380 gr/m2 Pois fourrager : 15-20 gr/m2 Moisson : juillet IDEM précédent IDEM précédent 20 qtx/ha Paille : 1,5 t/ha Semoir à soc le 01/11 Blé tendre : 380-400gr/m2 Épeautre : 300-320 gr/m2 Triticale : 350-380 gr/m2 Moisson : juillet Septembre : labour Herse rotative Rotation « stock » : 28 ha Fertilisation Travail du sol Culture principale Culture dérobée Rendements théoriques Luzerne OU PME Luzerne OU PME Luzerne OU PME Luzerne OU PME Vesce Avoine d’automne Sorgho TV TV Vesce Avoine d’automne 7,2 t de MS/ha/an Pâturage 100% Semis de printemps 20kg/ha Apport fumier si possible : 7t/ha Apport fumier si possible : 7t/ha Apport fumier si possible : 7t/ha Apport fumier si possible : 7t/ha Semis automne 70 kg/ha avoine 90 de vesce Semis 01/05-15/05 200 000 gr/ha Sorgho fourrager 25 kg/ha Semis automne : 20-25 kg/ha Pâture 3t/ha Pâture 3t/ha Pâturage Herse rotative Semis automne 70 kg/ha avoine 90 de vesce Déchaumage rouleau labour rouleau 7,2 t de MS/ha/an Pâturage Apport fumier si possible : 7t/ha Déchaumage rouleau Déchaumage Herse rotative Rotation « pâture » : 12 ha
  • 8. 8 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin La luzerne est une légumineuse très intéressante. Mais il en existe d’autres : les trèfles (violet, blanc, hybride), le lotier, le sainfoin. Le trèfle blanc présente l’intérêt de fixer en direct l’azote atmosphérique pour le rendre disponible dans le sol pour les autres plantes. Les légumineuses fourragères valorisent l’azote atmosphérique grâce à leurs nodosités. Cela rend disponible de l’azote pour les cultures suivantes : 100 à 150 kg/ha après une luzerne et 50 à 100 kg/ha après un trèfle, soit une économie potentielle de 20- 40 unités d’azote minérale à apporter sur les cultures suivantes pendant 2-3 ans. Pour favorsier l'implantation et la pérennité de la luzerne, il ne faut pas faire l’impasse sur les apports en Phosphore, Potassium et Magnésium (à ajuster selon le type de sol, rendement visé...) : de 0 à 50 u P/an, de 0 à 150 u K/an, 20 u Mg/an. La culture de protéagineux annuels (pois, féverole, soja, lentille, …) permettra de diminuer les besoins en azote aux cultures suivantes (20 à 30 kg/ha) et leur culture ne nécessite pas l’apport d’azote minéral. LEVIERS AGRONOMIQUES POUR DIMINUER LES APPORTS D’AZOTE MINÉRAL Pour se développer, les plantes ont besoin d’éléments nutritifs, d’eau et de soleil. Cela leur permet de mettre en place la photosynthèse et la création de glucides. L’azote est un composant influençant fortement le rendement de la culture. Cependant, il représente un coût économique et environnemental fort. Plusieurs leviers agronomiques permettent de diminuer ces apports, sans dégrader les performances techniques. Citons par exemple : • L’introduction de légumineuses en culture principale : cultures pluriannuelle s(luzerne, trèfle violet), protéagineux annuels (pois, féverole, soja, lentille), en association (méteil, prairie multi-espèces). • L’introduction de cultures de diversification, avec des besoins azotés moins élevés que les cultures historiques, tels que le méteil grain, le tournesol, le sarrasin, le chanvre. • L’implantation de couverts végétaux à base de légumineuses • Le positionnement stratégique des cultures dans la rotation pour valoriser au mieux les reliquats azotés laissés par le précédent cultural. • Les apports de produits organiques, tels que le fumier et le compost • Le pilotage et l’ajustement de l’azote en cours de campagne grâce à un outil d’aide à la décision. En conventionnel, 25 % des besoins des cultures sont apportées par l'azote minéral (58 unités/ha). La fixation symbiotique de l’azote atmosphérique par les légumineuses et la fertilisation organique contribuent respectivement à hauteur de 45 % et 30 %. Dans les exploitations en agriculture biologique, il n’y a pas d’apport d’azote minéral. L’azote provient des légumineuses (46 %), de la fertilisation organique (36 %) et du pâturage (18 %). 1. Les légumineuses, pivot de nos rotations Savoir + En QUELLES PRAIRIES MULTI-ESPÈCES POUR LES CHÈVRES ? 2ème version Produire davantage de protéine sur son exploitation, ne plus désherber ses prairies ou encore limiter les traitements phytosanitaires dans la rotation culturale… sont des objectifs d’actualité.Cultiver plusieurs espèces au sein d’une prairie ouvre des perspectives pouvant y répondre. La prairie multi-espèces peut cependant être une source de complexité. Quel(s) mélange(s) prairial(aux) pour des chèvres ? Comment un mélange évolue-t-il au fil des années ? Quelle(s) conduite(s) adopter au champ ? Autant d’incertitudes techniques que le réseau REDCap s’est attaché à lever en entreprenant des essais en élevages caprins en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire, depuis 2012. C’est aujourd’hui le fruit de 12 années de travail entre éleveurs, structures de conseil, établissements d’enseignement, chercheurs et semenciers qui est retranscrit et partagé au sein de ce document technique. Il s’agit pour les éleveurs et leurs conseillers d’un outil d’aide à la conception, à la conduite et au suivi d’une prairie multi-espèces pour les chèvres. Il s’articulera autour de 4 points clés pour obtenir un bon fourrage sur pied : - Une définition de la prairie multi-espèces en système caprin et ses intérêts - La démarche de conception d’un mélange prairial - Les pratiques d’implantation,d’entretien et d’exploitation à adopter - Le suivi de sa prairie multi-espèces Chiffres, photographies et retours d’expériences proviennent des suivis de 7 mélanges prairiaux réalisés dans 27 élevages entre 2012 et 2019, ainsi que de mélanges de légumineuses (mélanges d'espèces et de variétés) menés chez 3 éleveurs. Nous bénéficions également des références acquises sur les prairies multi-espèces conduites dans l'expérimentation-système Patuchev (INRAE)..Une description plus exhaustive de ces essais et leurs résultats est disponible sur le site internet du REDCap. Description des essais réalisés par les éleveurs à retrouver ici : https://redcap. terredeschevres.fr/spip. php?article258 La prairie multi-espèces Le fourrage La chèvre - Appétent - Equilibré et/ou riche en protéines - En vert ou conservé Azote de l’air Azote du sol Un assemblage cohérent pouvant permettre : - autoproduction de protéines à partit de l'azote de l'air - une meilleure couverture du sol - un étalement de la production - une souplesse d’utilisation (date et type d’exploitation) - une pérennité élevée - une meilleure résistance aux bioagresseurs (maladies, insectes) UNE PRAIRIE MULTI-ESPÈCES, DE QUOI PARLE-T-ON ? * et autres familles d’expèces non fixatrices d’azote de l’air - Un comportement d’ingestion stimulé FAIRE DU BON FOIN_FAIRE DU BON FOIN POUR LES CHEVRES ! 28/08/2015 14:13 Page 8 FAIRE DU BON FOIN_FAIRE DU BON FOIN POUR LES CHEVRES ! 28/08/2015 14:13 Page 8 * Un mélange cultivé d’au moins 3 espèces et 2 familles : 1. Des légumineuses 2. Des graminées Une démarche itérative pour coconstruire des mélanges prairiaux Le REDCap est un réseau d’éleveurs et de techniciens qui conduit des actions de recherche et de développement sur l’alimentation à l’herbe des chèvres et l’autonomie alimentaire, en lien avec la plate- forme expérimentale Patuchev de l’INRA Lusignan (86). L’implantation de prairies multi-espèces est un des leviers techniques pour renforcer l’autonomie alimentaire et protéique des élevages caprins. Cela permet d’étaler la production dans le temps, d’allonger la pérennité de la prairie, d’améliorer la valeur alimentaire des fourrages, de maintenir une sécurité fourragère, et de diminuer les intrants. Il s’agit d’une alternative à la luzerne dans les terrains moins favorables à celle-ci. Fort de ce constat, le réseau REDCap a décidé de suivre des mélanges prairiaux, afin de mieux conseiller les éleveurs de chèvres sur leurs choix de prairies multi-espèces. La prairie multi-espèces, un levier d’action pour plus d’autonomie alimentaire A partir d’un cahier des charges établi La mise en place des essais vise à proposer des mélanges prairiaux « tout terrain ». Pour cela, ils doivent être performants dans une diversité de conditions d’utilisation allant de la parcelle d’implantation à la valorisation du fourrage par la chèvre. La performance a été définie comme une production en quantité, en qualité, et stable dans la durée. Un second objectif opérationnel est de créer des parcelles de démonstration pour lesquelles on dispose de références fiables et d’informations techniques. Ce cahier des charges répond aux attentes émises par les éleveurs utilisateurs de la prairie multi-espèces. PME 1 PME 2 PME 3 2012 2015 2017 Aujourd’hui 3 séries d’essais en élevages ont été entreprises de 2012 à aujourd’hui. Un mélange (PM1) a été coconstruit par les différents acteurs du REDCap, puis affiné en 2015 (PME2) et 2017 (PME3). Ce document présente la synthèse de nos travaux. 27 1 PERFORMANCE Productif Pérenne Protéique ADAPTATION À l’alimentation des chèvres Aux systèmes fourragers régionaux Aux contextes pédoclimatiques de l’Ouest Cahier des charges A TELIER 5 CONDUITE DE LA LUZERNE : VOUS PENSIEZ BIEN LA CONNAÎTRE, ON VOUS PROPOSE DE LA REDÉCOUVRIR Journée Technique caprin Cap’Vert - 13 octobre 2022 Création-réalisation : Valérie LOCHON - Chambre Régionale d’Agriculture Nouvelle-Aquitaine - Edition octobre 2022- Crédit photo_ @bubu1664 Intervenants : Patrice Pierre (Institut de l’Elevage), Bernadette Julier (INRAE), Guillaume Métivier (Cerience), Anne-Laure Lemaitre (CIA 17-79), Pauline Gauthier (CA 16) Avec le soutien financier de : UNION EUROPEENNE Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural L'Europe investit dans les zones rurales AssociaonNaonale Interprofessionnelle Caprine UNION EUROPEENNE Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural L'Europe investit dans les zones rurales QUELLE PLACE DE LA LUZERNE EN FRANCE ? • Excellente tête de rotation, capacité à restituer de l’azote aux cultures suivantes (environ 20-40 unités pendant 3 ans après 4 années de luzerne) • Bonne résistance à la sécheresse et aux fortes températures (fixation symbiotique jusqu’à 30 °C – arrêt de croissance à 40°C) et effet structurant sur le sol grâce à son système racinaire pivotant puissant et très développé. • Sécurisation du système fourrager (potentiel de rendement, résistance sécheresse). • Contribue au renforcement de l’autonomie protéique et alimentaire de l’exploitation. Surface cumulée de luzerne : 353 381 ha, soit 15,7 % Flamande ou méditerranéenne ? variété très dormante, repos végétatif marqué en hiver, très grande résistance au froid (-20°C), très productive Indice de dormance Source : RPG AVANT LE SEMIS : COMMENT CHOISIR SA VARIÉTÉ ? Choisir ses variétés = un élément clé de réussite (souvent « subi ») • Le rendement et sa répartition : il existe des différences de l’ordre de 6 à 9 % sur la production totale annuelle. • La teneur en MAT : il existe des différences de 6 à 8 % de teneur en protéines entre les variétés. • La résistance à la verse : la verse de la luzerne s’accompagne d’une perte de feuilles et donc de valeur alimentaire. • La résistance à la verticilliose, aux nématodes. • La finesse des tiges : les luzernes à tige fine sont plus faciles à consommer par les animaux. Elles limitent le risque de perçage des bâches d’enrubannage. Mélanges d’espèces/variétés ? 1 12 → 2 à 5 : nord et est de la France → 4 à 6 : ouest atlantique et sud ouest → 5 à 7 : sud méditerranéen variété non dormante, pas d’arrêt de végétation en hiver, très sensible aux basses températures, résistance au sec Luzerne Trèfle violet Sainfoin Lotier Luzerne Trèfle violet Trèfle blanc Luzerne Trèfle violet Trèfle blanc Fétuque élevée Croissance Flamande Méditerranéenne Printemps Hiver Distribution annuelle de la vitesse croissance des populations de types méditéranéen et tempéré https://www.herbe-book.org/ Exemples de composition au semis Vous faites quoi , 2. Dites MERCI à vos couverts végétaux Les couverts végétaux d’interculture apportent de nombreux bénéfices agronomiques et environnementaux à court, moyen et long terme. Un mélange adapté d’espèces et de variétés, une implantation et une destruction optimisées,permettent de maximiser et cumuler ces bénéfices, parmi lesquels : la réduction de la lixiviation du nitrate (effet « CIPAN »), la restitution d’azote (effet « engrais vert »), le stockage de carbone et d’azote dans les sols, la protection du sol vis-à-vis de la battance et de l’érosion, l’amélioration de la structure du sol, le contrôle des adventices et des maladies et ravageurs, la stimulation de l’activité biologique du sol, la fourniture de ressources aux auxiliaires. En piégeant l’azote disponible dans les sols avant l’hiver puis en le libérant progressivement au printemps, les couverts permettent de réduire les pertes hivernales de nitrate par lixiviation. Il faut privilégier à l’automne des couverts avec peu de légumineuses. Les engrais verts, après leur destruction avant une culture de printemps,
  • 9. REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 9 restituent progressivement l’azote accumulé au cours de leur croissance. La quantité d’azote disponible pour la culture suivante (effet fertilisant) dépend de l’azote accumulé par le couvert et de la dynamique de minéralisation du couvert après sa destruction qui est principalement fonction de son ratio C/N. Quelques recommandations : • Mettre des légumineuses dans le couvert permet d’introduire dans le sol de l’azote capté dans l’air grâce à la fixation symbiotique et de restituer rapidement l’azote à la culture suivante (rapport C/N faible). • En cas de culture de féverole dans la rotation, privilégier la vesce commune pour les couverts • Lorsque le rapport C/N est supérieur à 20-25 (graminées, phacélie ou crucifères en fleurs), le délai entre la destruction du couvert et la disponibilité en azote pour la culture suivante est plus long.Il faut alors détruire le couvert plus précocement ou favoriser des mélanges avec des légumineuses pour diminuer le rapport C/N du couvert. L’outil MERCI permet d’estimer les restitutions d’azote à la culture suivante (https://methode-merci.fr). Ci-dessous un exemple d'un mélange phacélie + féverole détruite mi-mars : 7,2 205 81 45 200 20 25 0,85 160 1 655 1,0 1,7 Rendement Valeurs agronomiques Valeurs alimentaires Le compost est un engrais de fond, issu de la dégradation en milieu aérobie du fumier.Le compostage permet de produire, par des effets mécaniques (retournement et broyage) et par la fermentation, de la matière organique émiettée, homogène, sans odeur et stable avec peu d'effets directs de l'azote en première année.Si la température du compost dépasse les 50°C, les bactéries pathogènes,certaines graines d’adventices, mais surtout les larves et œufs de parasites gastro- intestinaux sont éliminées. Par rapport à du fumier de chèvre, le compost de chèvres est deux fois plus riche en azote, similaire en phosphore et quatre fois plus élevé en potassium. En moyenne, il se compose de 12 kg d’azote par tonne de compost, 7 kg de phosphore et 29 kg de potassium par tonne de matière brute. Sa teneur plus importante en soufre offre également un atout particulier pour maintenir un équilibre adéquat des éléments minéraux dans le sol, favoriser le développement des légumineuses (développement des nodosités), éviter les carences et assurer le rendement. 3. Fumier et compost : l’or noir de nos élevages Comment faire un bon compost et le valoriser ? Savoir + En 12 (± 3) 6 12 8 7 (± 3) 5 5 8 29 (± 9) 7 15 14 0 5 10 15 20 25 30 35 Compost de chèvre (36 % MS)* Fumier de chèvre (38 % MS)** Fumier vieilli de chèvre (32 % MS)*** Compost de fumier de vache** en kg/t MB Azote total Phosphore Potassium Valeurs en azote total, phosphore et potassium d’engrais de ferme Création-réalisation : Valérie LOCHON - Chambre Régionale d’Agriculture Nouvelle-Aquitaine - Edition septembre 2019 A TELIER D : « FUMIER ET COMPOST : DES TAS D’AVANTAGES » Intervenants : Manon Proust (Copavenir), Sylvain Foray (Institut de l’Elevage), Etienne Guibert (Chambre d’Agriculture Pays-de-la-Loire) et Thierry Peloquin (Chambre d’Agriculture 79). Journée Technique Cap’Vert - 26 septembre 2019 Avec le soutien financier de : avec la contribution financière du compte d’affectation spéciale «Développement agricole et rural» MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION UNION EUROPEENNE Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural L'Europe investit dans les zones rurales La Nouvelle-Aquitaine et L’Europe agissent ensemble pour votre Territoire Les sources de fertilisation dans les systèmes caprins Azote Action lente et riche en matière organique : fumier, fumier vieilli et composté Légumineuses et fixation symbiotique du N2 atmosphérique Action rapide et riche en matière minérale : lisier, fiente, engrais minéraux Luzerne Trèfle blanc RGA 250 kg/ha d’azote restitué 100 à 150 kg/ha d’azote restitué Maïs avec précédent prairie de légumineuses = + 15 à 20 % de rendement (Source : station expérimentale de Trévarez) Source : fourrages 223 (2015) Les légumineuses Les engrais de ferme 12 (± 3) 6 12 8 7 (± 3) 5 5 8 29 (± 9) 7 15 14 0 5 10 15 20 25 30 35 Compost de chèvre (36 % MS)* Fumier de chèvre (38 % MS)** Fumier vieilli de chèvre (32 % MS)*** Compost de fumier de vache** en kg/t MB Azote total Phosphore Potassium * Patuchev, 122 données de 2015 à 2017 - ** Biblio - *** Réf. CA 85, 4 données Valeurs en azote total, phosphore et potassium d’engrais de ferme Phosphore et potasse Action rapide si compostés 100 % assimilables en engrais de ferme Quelles valeurs de ces sources de fertilisation ? Maïs Comment faire un bon compost au champ ? Une durée de maturation de 4 à 5 semaines après le 2ème retournement Un tas maintenu humide 04 Une montée en température à 55°C pendant 15 jours ou 50°C pendant 6 semaines 02 03 Dans l’idéal, 2 retournements à au moins 20 jours d’intervalle 01
  • 10. 10 REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 5. Des cultures annuelles autonomes en azote ou à besoins modérés Les mélanges céréales-protéagineux (communément appelés méteils) sont des cultures annuelles associant une ou plusieurs céréale(s) et protéagineux. La récolte peut être effectuée en fourrage ou en grain.Les complémentarités entre céréales et protéagineux ont des intérêts à la fois d’ordre agronomique (rendements plus réguliers,bonne compétitivité aux adventices, meilleure valorisation de l’azote, tolérance accrue aux maladies et à la verse) et zootechnique (aliment équilibré,gain d’autonomie protéique).Des recommandations techniques ont été acquises sur les mélanges à implanter, pour obtenir un aliment à plus de 16 % de protéines brutes et 1 UFL, avec un rendement supérieur à 35 qx/ha. Nous conseillons de mélange entre 3 et 5 espèces, dont au moins deux protéagineux (féverole : 10-15 graines/m² et pois fourrager :15-20 graines/m²).La céréale,souvent du triticale, sera semée à 200-250 graines/m². L’objectif est de semer environ 10-15 % de graines/m² de protéagineux. 4. Le méteil pour réduire les besoins en intrants Remplacer le blé par du méteil (25 % de méteil dans la rotation) diminue les besoins en fertilisation minérale azotée de 38 % et les traitements phytosanitaires de 50 % à l'échelle de la rotation. Retrouvez plus d’informations dans la plaquette « Quels méteils grains pour les chèvres ? » Savoir + En Réseau d'Expérimentation et de Développement Caprin ALIMENTATION A L'HERBE AUTONOMIE ALIMENTAIRE CHANGEMENT CLIMATIQUE QUELS MÉTEILS GRAIN POUR LES CHÈVRES ? 2ème édition De l’itinéraire technique à la valorisation par l’animal Les mélanges céréales-protéagineux (communément appelés méteils) sont des cultures annuelles associant une ou plusieurs céréale(s) et protéagineux. La récolte peut être effectuée en fourrage ou en grain.Les complémentarités entre céréales et protéagineux ont des intérêts majeurs d’ordre agronomique (rendements plus réguliers,bonne compétitivité aux adventices,meilleure valorisation de l’azote,tolérance accrue aux maladies et à la verse) et zootechnique (aliment équilibré et bien consommé par les chèvres). Les méteils sont une solution technique intéressante pour répondre aux enjeux des éleveurs de chèvres et de durabilité de la filière : recherche d’autonomie alimentaire et protéique, cultures bas-intrants et vertueuses dans la rotation. Pour accompagner les éleveurs caprins expérimentés et novices,le Réseau REDCap (Réseau d'Expérimentation et de Développement Caprin) a mis en place un dispositif d’acquisition de références en ferme.Entre 2016 et 2021, 220 méteils récoltés en grain par les éleveurs de chèvres en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire ont été étudiés.Pour chaque échantillon,les espèces semées et la dose de semis,ainsi que l’itinéraire technique et le rendement ont été relevés avec les éleveurs.Le mélange récolté a été trié pour déterminer sa composition puis analysé afin de déterminer la valeur alimentaire. Cette plaquette s’appuie sur ces résultats pour décrire les pratiques et apporter des recommandations. Il s'agit d'une mise à jour de la 1ère édition publiée en 2019. Dans cette version, nous avons mis à jour les connaissances acquises sur l'intérêt des méteils dans le système de culture pour réduire les intrants et sur leur valorisation dans la ration des chèvres. (en matière brute) Chiffres-clefs des méteils répondant à nos objectifs : 42 méteils dont le rendement est supérieur à 35 qx/ha et la valeur protéique à plus de 16 %) Énergie : 0,99 UFL/kg Protéines brutes : 17,9 % Digestibilité : 87 % de dMO Quantité distribuée par an : 110 kg/chèvre * charges opérationnelle + coût de mécanisation hors main d'oeuvre (semences au prix de cession à la ferme - références 2020) Rendement : 40 qx/ha Rendement protéique : 745 kg/ha Coût de production* : 387 €/ha Différents protéagineux peuvent être implantés et permettent de ne pas apporter d’azote sur la culture,diminuer ces apports en azote sur la culture suivante et produire un aliment pour le troupeau. Il peut s’agir de cultures en pur de pois, féverole, lupin ou soja. D’autres cultures possèdent des besoins faibles en fertilisation azotée. C’est le cas du tournesol (bien valorisé par les chèvres), sarrasin ou de chanvre par exemple. Retrouvez des conseils techniques sur leur conduite dans la plaquette suivante : « Construire des rotations dans les systèmes caprins en polyculture-élevage ? » Savoir + En CONSTRUIRE DES ROTATIONS DANS LES SYSTÈMES CAPRINS EN POLYCULTURE-ÉLEVAGE Une rotation, c’est quoi ? C’est un enchainement de cultures, sur une même parcelle, de familles différentes permettant de : - répondre aux objectifs de l’agriculteur : « produire des fourrages et des grains », - tout en « respectant » les contraintes du milieu (climat, gestion des bio-agresseurs des cultures) et en optimisant le potentiel du sol. Intérêts agronomiques - limiter la sélection de mauvaises herbes, de maladies ou ravageurs, - améliorer la fertilité des sols (impacts positifs de la prairie), - ne pas épuiser le sol en mobilisant toujours les mêmes éléments chimiques dans les mêmes compartiments du sol, - gestion optimisée de la fertilisation. Intérêts économiques - diversifier les cultures sur l’exploitation : moins de risques vis-à-vis des aléas économiques ou climatiques, - intensifier la production à l’hectare. Intérêts sociaux - équilibrer la charge de travail sur le temps : diversifier les dates de semis et de récolte des cultures, - couverture du sol et image des surfaces agricoles par rapport aux cytoyens. Organisation schématique d’une rotation Semis de la prairie possible sous couvert de la culture 1/ TÊTE DE ROTATION : prairie avec légumineuses de préférence 3/RELAI DE ROTATION : protéagineux tels que pois, féverole, lupin 4/FIN DE ROTATION : avoine, triticale, seigle, méteil, tournesol (cultures moins exigeantes en azote et éléments chimiques, compétitives au salissement et peu sensibles aux maladies) 2/CORPS DE ROTATION : céréales telles que maïs, blé, orge (bénéficieront des reliquats azotés de la prairie riche en légumineuses) Dérobées possibles entre culture d’automne et de printemps Rappel de quelques éléments techniques… Délais de retour entre deux cultures conseillé pour limiter les risques de maladies Alterner cultures d’hiver et cultures de printemps Un exemple de rotation classique de céréales** 2 ans 4 ans 3 ans 5 ans Blé, orge d’hiver, triticale, maïs Colza Pois protéagineux, avoine Luzerne, tournesol Culture de printemps Culture d’automne Culture d’automne Culture de printemps Une dérobée ou une interculture possible * 2 années max ! Maïs Blé Orge **permet de limiter la pression des maladies Un pouvoir « nettoyant » des crucifères Les crucifères (colza, moutarde, chou, navet, navette) sont riches en souffre, qui a un pouvoir désinfectant sur le sol. La prairie avec légumineuses, une chance pour les rotations dans les systèmes d’élevages - Enrichissement du sol en MO, restitutions « azote » et éléments chimiques, - nettoyage du sol pour les cultures suivantes, - structuration et aération du sol, - stimulation de l’activité biologique du sol. LEVIERS AGRONOMIQUES POUR GÉRER LES BIOAGRESSEURS AFIN DE LIMITER OU SUPPRIMER LE RECOURS AUX PRODUITS PHYTOSANITAIRES Les produits phytosanitaires ont un coût et des conséquences sur la santé humaine et la préservation de la biodiversité. Limiter (ou arrêter) leur utilisation est donc intéressante. Différents leviers agronomiques sont mobilisables : • Diminuer la pression en bioagresseurs, via des cultures peu sensibles (méteil, tournesol, sarrasin), l’allongement des rotations avec des prairies de moyenne et longue durée, l’alternance de cultures annuelles de printemps et d’automne pour ne pas sélectionner des adventices et l’utilisation de mélanges variétaux pour diversifier la résistance des plantes. • Hygiéniser la matière organique, avec le compostage. • Sortir le tracteur pour pratiquer au besoin un déchaumage (pendant l’interculture),un désherbage mécanique (en cours de culture) ou un labour agronomique. 0,8, c'est l’indice de fréquence des traitements phytosanitaires (IFT) moyen pour les systèmes de culture conventionnels co-construits.Ces moyennes cachent de la variabilité en fonction des années (météo et pression en bioagresseurs variables). En comparaison avec la moyenne du réseau DEPHY Ecophyto, l’IFT est 4 fois plus élevé dans les fermes en grandes cultures et 2 fois plus élevé dans les fermes en polyculture-élevage du réseau DEPHY Ecophyto.
  • 11. REDCAP - Agronomie en polyculture-élevage caprin 11 La diversification des cultures implantées (nombre d’espèces différentes,association d’espèces comme les méteils ou les prairies multi- espèces) et l’alternance de cultures d’automne (méteil, céréales à paille) et de printemps (tournesol, orge de printemps, maïs) limiteront les besoins en traitements phytosanitaires.Il est aussi possible d’implanter des cultures nécessitant moins d’intrants tels que le tournesol,le sarrasin. La diversité variétale diminuera également la pression en bioagresseurs (mélanges de variétés en blé tendre par exemple). 1. Diversifier ses cultures pour diminuer la pression en bio-agresseurs La prairie de moyenne durée permet de diminuer le stock grainier d’adventices et de réduire par exemple les chardons,grâce à la concurrence des fourragères semées et au rythme des coupes. Un mélange prairial sera plus agressif qu’une prairie mono-espèce. Pour les luzernes,il est possible de diminuer la pression en adventices,par un sur-semis de méteil en décembre (qui sera affouragé ou enrubanné en mars-avril) ou par le passage en 2ème ou 3ème année d’exploitation d’une herse rotative ou d’un vibroculteur en surface (action mécanique de désherbage, action d’aération du sol souvent bénéfique à la luzerne). Le semis de prairies sous-couvert de culture annuelle limitera aussi le développement des adventices. 2. Allonger les rotations avec des prairies de moyenne durée Des essais menés par Arvalis montrent qu’il est possible de diminuer de 60 à 70 % l’usage d’herbicide sur une rotation, en compensant par la réalisation de 2 désherbages mécaniques supplémentaires. Par exemple : retarder la date de semis d’un blé tendre de 15 jours à l’automne et en profiter pour pratiquer 1 ou 2 faux semis permet de diminuer efficacement la pression des graminées sur cette culture. Cette technique peut limiter également l’utilisation d’herbicide à l’automne, période souvent sensible à des transferts par ruissellement vers les eaux de surface. Le désherbage mécanique en période d’interculture (déchaumage), avant ou après le couvert végétal, limitera également le recours aux herbicides. En présence d’adventices à stolon (chiendent) ou rhizome (chardons), il faudra éviter les déchaumeurs à disques et privilégier les déchaumeurs à dents permettant de « tirer » et mettre en surface les racines des adventices. Le labour a des conséquences négatives sur l’érosion des sols et la vie lombricienne. Il est donc de plus en plus fréquent d’en limiter,voire de supprimer son usage. Néanmoins, au besoin, un labour agronomique peu profond (15-20 cm maximun), maintiendra les graines en profondeur et favorisera leur dégradation (ex. le brome et le pâturin ont un taux annuel de dégradation des graines de l’ordre de 90-100 %). Le labour permet également de retarder la levée des adventices ce qui limite la concurrence et favorise la croissance des plantes semées. Dans des situations de développement de graminées envahissantes (et résistantes aux herbicides),le labour permettra de diminuer fortement la pression (la quasi-totalité des graines d’adventices ne germent pas au-delà de 10-15 cm de profondeur, seule exception : la folle avoine). Le retournement de la terre brise également le cycle de développement de certaines maladies fongiques. Un labour agronomique (15 cm de profondeur), réalisé occasionnellement et selon les besoins, est intéressant pour gérer de nombreux bioagresseurs sans occasionner une déstructuration du sol. Avec la diminution des solutions chimiques et l'apparition de résistances sur certaines adventices, des solutions de désherbage mécanique en cours de culture se développent actuellement. Elle privilégie, par exemple, l'utilisation de la herse étrille à dents indépendantes en combinaison avec des herbicides. Cet outil polyvalent peut être utilisé sur de nombreuses cultures (céréales à pailles,maïs,tournesol) à des stades physiologiques allant du semis/post semis (utilisation appelée à l'aveugle) à des stades plus avancés des cultures (tallage des céréales, 5-8 feuilles du tournesol). En conventionnel, cette combinaison mécanique/ chimique permet de limiter l'apparition de résistances, d'avoir des débits de chantiers importants et de limiter le recours aux herbicides. Si la température du compost dépasse les 50°C, les bactéries pathogènes, certaines graines d’adventices, les larves et œufs de parasites gastro-intestinaux sont éliminées en grande partie. 3. Le compost pour « hygiéniser » son fumier 4. Sortir au besoin le tracteur
  • 12. Partenaires techniques Avec le soutien financier de Février 2025 Document édité par l’institut de l’elevage - ISBN : 978-2-7148-0172-2 - PUB IE : 00 25 312 017 Crédit photos : REDCap, Réseau d’Elevage Caprin NA - Création-Réalisation : Valérie Lochon (CRA NA) Membres du Cofinancé par l’Union européenne Rédaction et coordination : Jérémie Jost (Institut de l’Elevage) et Sébastien Minette (Chambre d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine) Equipe de rédaction : Manon Bourasseau (Civam du Haut Bocage), Alizée Breton (Chambre d'agriculture de laVienne), Marie-Gabrielle Garnier (Eilyps), Philippe Desmaison (Bio Nouvelle-Aquitaine), Anne-Laure Lemaitre (Chambre interdépartementale d’agriculture Charente-Maritime/Deux- Sèvres), Romain Lesne (Ardepal), Sébastien Minette (Chambre régionale d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine), Manon Proust (Innoval),Valentin Py (Chambre d'agriculture de la Dordogne), Benoît Ranger (Inrae), Caroline Sauvageot (Institut de l'Elevage), Olivier Subileau (GAB 72),Virginie Tardif et Théophane Soulard (Seenovia), Mathilde Lebas (Chambre d'agriculture des Pays de la Loire), Juliette Bothorel (Chambre d'agriculture de Bretagne). Merci aux éleveurs et aux conseillers du réseau REDCap pour leur implication dans ce travail. C ap’Clima t La Cuscute (Cuscuta campestris C.spp) est une plante annuelle sans chlorophylle qui parasite les plantes en se fixant sur les tiges. Elle prélève la sève directement des vaisseaux conducteurs des plantes. En se développant rapidement, elle épuise sa plante hôte et accentue ses besoins en eau. La pénétration des suçoirs dans les tissus hôtes favorise la transmission et l’installation de maladies. La lutte est complexe, la surveillance et les mesures de gestion prophylactique sont indispensables. Pour que vos prairies en légumineuses restent indemnes de cuscute, il faut éviter les parcelles ayant eu la cuscute dans le passé ; vérifier sa présence aux abords des champs,des chemins,des routes et visiter régulièrement la parcelle à partir de début avril pour détecter les « ronds de cuscute » ;utiliser uniquement des semences certifiées ou issues de parcelles indemnes (si semences fermières) ; veiller à la propreté des machines utilisées (travail du sol, fauche, …). En cas de présence, délimiter la zone d’infestation élargie de 1 m et détruire cette zone le plus rapidement possible (avant fructification).La destruction mécanique (coupe ou arrachage) favorise la dissémination de la cuscute ! Le brûlage thermique, avec de la paille sur les ronds infestés,reste la seule solution (après autorisation des services concernées).Il ne faut surtout pas récolter ni faire pâturer les zones contaminées,et à la suite de la destruction thermique,enfouir les graines par un labour plus profond que le labour habituel.Enfin,on évitera de réimplanter les 10 années suivantes une culture hôte sensible (luzerne, et trèfles notamment). LE RISQUE DE LA CUSCUTE DANS LES ROTATIONS CAPRINES AVEC LUZERNE Les filaments orange sont de la cuscute, début juillet, dans une parcelle de légumineuses fourragères avec quelques graminées. aller + Pour loin 10 fiches témoignages sur les systèmes de culture développés dans 10 zones de Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire sont à retrouver sur le site internet du réseau REDCap : https://redcap. terredeschevres.fr/spip.php?rubrique103 1 Adaptation des systèmes caprins de la zone de Melle (79) au changement climatique Partenaires techniques Merci aux éleveurs ayant participé aux différents échanges : Samuel Charles, Marion Estrade, Stéphane Faidy, Armand Durand, Quentin Benoit, Stéphane Berneau, Mickaël Brunet, Valérie Faucher et à Laurène Robin et Mathilde Lebas (Eilyps) ayant animé le groupe. Les éleveurs de chèvres de Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire ont engagé une réflexion sur l’adaptation de leurs systèmes d’élevage face au changement climatique. Dix groupes d’éleveurs, un groupe d’apprenants et leurs conseillers-animateurs ont remis en question entre 2019 et 2023 la conduite du système fourrager, des cultures et du troupeau , afin de s’adapter à ce challenge. Durant 4 années (avec une pause durant le 1er confinement de la crise Covid), des collectifs de 4 à 8 éleveurs se sont réunis localement pour définir sur le système d’élevage typique de la zone et mettre en avant les spécificités des contextes pédoclimatiques. Ensuite, nous avons travaillé sur les projections climatiques de la zone, avec des indicateurs climatiques, agroclimatiques et de croissance de l’herbe. Ces données ont permis de proposer des leviers d’adaptation des différentes composantes du système d’élevage, qui se veulent adaptés au contexte local et opérationnels. Le changement climatique est indéniable. Entre 1980 et 2000, le constat est flagrant : + 0,5°C à l’échelle terrestre, + 1°C en France, - 30 % de calotte arctique, + 3,3 mm d’augmentation du niveau de la mer, acidification des océans et perte de biodiversité. 6 journées de groupe pour co-construire les solutions L’élevage caprin est confronté au changement climatique : • Comment le climat va-t-il évoluer ? PEI Résilience des systèmes caprins de NA • Avec quelles conséquences sur les cultures, sur les animaux et les fourrages ? • Comment s’adapter à ces évolutions ? 5 L Le ev vi ie er rs s d d’ ’a ad da ap pt ta at ti io on n d du u s sy ys st tè èm me e f fo ou ur rr ra ag ge er r Leviers « simples » d’adaptation (à l’installation) : • Diminuer le chargement (de 10 chèvres / ha de SFP à 8 à 8,5 chèvres/ha) et/ou avoir la trésorerie pour de l’achat ponctuel de fourrages (foin de luzerne ou luzerne déshydratée) ou la contractualisation. Faire au moins un bilan fourrager par an. • Valoriser l’herbe de début de printemps en enrubannage ou en vert. L’enrubannage peut être réalisé avec une CUMA ou un ETA local (maîtrise technique de la chaîne de récolte et limitation des investissements matériels).Il faudra être vigilant à avoir un enrubannage de bonne qualité sanitaire. Anticiper la méthode de distribution de l’enrubannage ou du vert. • Avoir 4-6 mois de stock d’avance • Avoir une maîtrise technique des luzernes : implantation, stratégie de fertilisation, récolte. En adaptant la méthode du Rami fourrager, nous avons pu simuler un système fourrager équilibré dans le présent (les besoins du troupeau en fourrages sont couverts par la production de fourrages). Ensuite, à partir de l’évolution de la croissance de l’herbe, nous avons pu vérifier l’équilibre du bilan fourrager et le groupe a proposé des leviers d’adaptation. Évolution du bilan fourrager dans le futur proche, avec une ration fourragère 100 % foin ou foin (60 %) + enrubannage (40 %) Avec une ration uniquement FOIN Avec une ration FOIN + ENRUBANNAGE Leviers à mobiliser « en routine » : • Gestion des printemps pluvieux (3,4 années/10) : comment faire une 1ère coupe de qualité ? Il faudra avoir une réflexion pour diversifier son mode de récolte, avec de l’enrubannage, du séchage en grange ou du séchage en botte, du vert. • Gestion des printemps avec des pousses de l’herbe plus fortes (+ 22 %) : gestion des chantiers de récolte Il faudra les moyens matériel et humain pour répondre aux débits de chantiers importants du futur. Il est essentiel d’avoir une partie du matériel de fenaison en propriété, afin d’être réactif au moment de la récolte. L’appui d’une CUMA ou d’un ETA peut être intéressant. • Sécheresses estivales plus précoces (15-30 j) et plus longues (pas d’herbe d’automne 2,8 années/10) : comment sécuriser son rendement fourrager ? La luzerne est une espèce fourragère bien adaptée aux températures chaudes (en début d’été). L’irrigation peut sécuriser le système fourrager (cf p 7). La maîtrise de l’itinéraire technique de la luzerne est essentielle pour la valoriser au mieux (période de semis au printemps, semis sous-couvert, fertilisation). Les mélanges de variétés de luzerne et/ou de légumineuses sont à privilégier. • Gestion d’un report de stock plus important et d’une trésorerie fourragère variable Il faut prévoir un hangar de stockage de fourrage suffisamment grand et à organiser (trier par coupe/qualité). Le bilan fourrager (2 fois par an) permettra de projeter l’utilisation du fourrage dans la ration. Limiter les refus à l’auge se fera en distribuant un foin de luzerne appétant et riche. Limiter les chèvres improductives. 8 Durabilité environnementale / ha IFT Total moyen (Dont herbicides Dont fongicide Dont insecticide) 1,1 1 0,05 0,05 Consommation Carburant (l) 96 Fertilisation minérale (U N/ha) 40 Part apportée par la fertilisation organique et les légumineuses N : 34 % P : 62 % K : 39 % Bilan de fertilisation (kg/ha) N : -12 P : - 15 K : - 17 Émissions totales GES (kg éq CO 2/ha) 1 072 (soit 4 927km en voitur e ou 4 662 km en avion ou 721 litres de lait de vache *) Durabilité économique € / ha Produit brut 926 Charges opérationnelles 250 Dont charges semences 116 Dont charges engrais 85 Dont charges phytos 50 Charges de mécanisation 419 Marge directe hors aides = marge semi-nette 257 Durabilité sociale / ha Temps de travail (h/ha) 6 (43 % du temps est lié à la récolte de la prairie ) Nombre de passages tracteur 12 (52 % est lié à la condu ite des prairie s) Évalu ation de la durabilité de la rotation co-construite sur une année normale (moyenne des prix 2016-20) Le système de culture étudié est un système en polyculture-élevage, avec une partie des cultures vendue et une autre autoconsommée par le troupeau. Le bilan de fertilisation est légèrement négatif, il faudra prévoir de compenser légèrement cela. Le temps de travail de la rotation est notamment lié à la récolte des fourrages. (€/ha) Années norm ales Évolution comparée à la référence « année norm ale » Produit 926 0% Charges totales 896 + 34 % → → Charge s opérat ionnell es 250 + 78 % → → Charge s de mécan isation 419 + 8 % Marge nette hors aides 265 - 88 % É Év va al lu ua at ti io on n d de e l la a d du ur ra ab bi il li it té é d du u s sy ys st tè èm me e d de e c cu ul lt tu ur re e La rotation co-construite avec les éleveurs a été évaluée selon les 3 piliers de la durabilité avec l’outil SYSTERRE®. Cela permet de mettre en avant des indicateurs d’évaluation économique, sociale et environnementale. Seule la rotation sur sol de groie a été évaluée. Impact de la volatilité du prix des intrants sur les résultats économiques (x3 fertilis ation et x 1,5 phyto, x 1,5 GNR, comm e en 2022) Le système de culture est fortement impacté par les hausses de ces intrants. 0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 Temp s de trava il (h/ha ) Temps de travail *Sourc e : https: //data gir.ad eme.fr /apps/ impac t-co2/ Fauches Mise s-ba s Mise s-ba s 6 U Un n s sy ys st tè èm me e d de e c cu ul lt tu ur re e a av ve ec c 2 2 r ro ot ta at ti io on ns s p po ou ur r s s’ ’a ad da ap pt te er r a au u s so ol l Le groupe a également mené une réflexion sur la co-construction d’une rotation et d’un itinéraire technique qui permettent de répondre aux enjeux du changement climatique, tout en limitant les intrants sur les cultures et en favorisant l’autonomie alimentaire. Le schéma décisionnel est résumé ci-dessous. La rotation étudiée est en système sans irrigation. Rendements et itinéraires techniques reflètent les pratiques actuelles des éleveurs. Certaines modifications techniques ont été discutées et sont mis en place par les éleveurs. Schéma décisionnel des rotations co-constuites Groies séchantes - 80 ha Parcelles fond de vallée (hydromorphe) - 20 ha Paysage de polyculture-élevage dans la zone de Melle * * Culture nécessitant de l’irrigation pour atteindre ce rendement (sinon, variabilité annuelle de 20 à 75 qx/ha). Remplacer par une orge de printemps.