Ceser Aquitaine - rapport - la révolution numérique dans les secteurs d'activités économiques de l'aquitaine impacts, enjeux, valeur ajoutée - octobre 2015
Ceser Aquitaine - rapport - la révolution numérique dans les secteurs d'activités économiques de l'aquitaine impacts, enjeux, valeur ajoutée - octobre 2015
CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL
RÉGIONAL D'AQUITAINE
LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE
DANS LES SECTEURS D'ACTIVITÉS
ÉCONOMIQUES DE L'AQUITAINE :
IMPACTS, ENJEUX, VALEUR AJOUTÉE ?
Rapport présenté par M. SINGARAVELOU
Au nom de la Commission
« Développement économique et programmations »
Séance plénière du 15 octobre 2015
Ceser Aquitaine - rapport - la révolution numérique dans les secteurs d'activités économiques de l'aquitaine impacts, enjeux, valeur ajoutée - octobre 2015
LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE
DANS LES SECTEURS D'ACTIVITÉS
ÉCONOMIQUES DE L'AQUITAINE :
IMPACTS, ENJEUX, VALEUR AJOUTÉE ?
SOMMAIRE
- Avis du Conseil Économique Social et Environnemental Régional
d’Aquitaine adopté au cours de sa séance plénière du 15 octobre 2015,
sur proposition de la Commission « Développement économique et programmations »
Rapporteur : M. SINGARAVELOU.............................................................................................p.6
- Rapport de la Commission « Développement économique et programmations »
du Conseil Économique Social et Environnemental Régional d’Aquitaine ..............................p.12
- Interventions ..........................................................................................................................p.78
- Composition de la Commission « Développement économique et programmations »............p.90
Ceser Aquitaine - rapport - la révolution numérique dans les secteurs d'activités économiques de l'aquitaine impacts, enjeux, valeur ajoutée - octobre 2015
AVIS
DU CONSEIL ÉCONOMIQUE SOCIAL
ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL
D’AQUITAINE
CESER  aquitainE
6
La perception de la rapidité extrême et de l’ampleur mondiale de la révolution numérique
dans les activités économiques de l’Aquitaine, conduit à s’interroger sur les enjeux écono-
miques et sociétaux en cours et à venir, sur les ruptures provoquées, sources d’espoir ou
d’inquiétude.
L’accélération des progrès des technologies de l’information, au cours des dernières années,
a profondément modifié les paradigmes des différentes filières économiques. Le numérique
irrigue aujourd’hui toutes les activités des entreprises. Par l’ampleur et la profondeur de son
impact, il permet l’apparition de nouveaux modèles qui bouleversent des pans entiers des
économies existantes, mais aussi la définition du travail et les relations de travail au sein des
entreprises. Dans le secteur industriel, cette révolution numérique s’incarne dans le concept
d’usine du futur. Les emplois actuels, dans une proportion considérable, quoique variable
selon les secteurs économiques, sont amenés à changer ou à disparaître, mais des emplois
seront créés pour répondre à des besoins nouveaux.
C’est le rôle des pouvoirs publics de favoriser les opportunités que la transition rend possible
dans le domaine économique, pour les nouveaux emplois. Il leur incombe aussi, à l’échelle
nationale et territoriale, de l’accompagner en réduisant au minimum les impacts négatifs de
la révolution numérique.
Dans ce contexte, une première approche vise à mettre en évidence la dimension stratégique
et les implications de l’intégration du numérique dans les activités économiques de la région
Aquitaine. Le Conseil Économique Social et Environnemental Régional Aquitaine ne pouvait
être exhaustif, n’ayant ni le temps ni les moyens d’y prétendre. Quelques secteurs d’activités
économiques ont été privilégiés, ceux dont les enjeux régionaux sont particulièrement sensi-
bles et importants : l’industrie, l’agriculture, le bois, l’artisanat, le BTP etc. Dans un deuxième
temps, il s’est attaché aux enjeux et propositions pour l’Aquitaine à l’aube de la grande région.
I. Quels atouts/handicaps et opportunités/menaces
pour l’Aquitaine face à la révolution numérique ?
I Eléments contextuels
Le numérique nous interroge sur les problématiques globales de société à travers :
- la nécessaire pensée critique du rapport de l’homme aux changements induits par le numérique,
- la prise en compte des risques de fractures générationnelles, territoriales et culturelles avec
la participation des usagers à la création de nouvelles valeurs,
- l’enjeu de régulations organisées aux niveaux pertinents pour éviter des dérives mercantiles
et affirmer les valeurs morales individuelles et collectives humanistes,
- l’organisation des relations socio-professionnelles, l’accompagnement du changement des
métiers et des emplois, l’évolution des droits,
- l’organisation interne des entreprises et les rapports de responsabilité et d’engagement qui
s’y rattachent,
- l’innovation dans les chaînes de valeur pour saisir les opportunités et construire des stratégies
adaptées.
Les politiques européennes et nationales continuent d’évoluer afin de construire des régle-
mentations visant à donner des cadres juridiques et financiers au développement du
numérique dans les activités et la société, appelant une adaptation permanente face aux
évolutions rapides constatées. C’est au niveau national que se dessinent l’impulsion structurelle
et l’adaptation de la formation initiale.
L’intervention régionale se concentre sur l’accessibilité des territoires, la dynamisation écono-
mique, l’appui au développement de l’emploi notamment par la formation professionnelle.
I Dynamiques et freins de la révolution numérique
des activités en Aquitaine
De l’approche qualitative conduite par enquête et auditions, il ressort que les chefs d’entre-
prise ont perçu l’impact du numérique sur leurs activités sans en mesurer vraiment
l’importance. L’analyse se décline :
- par fonction, montrant la dimension stratégique du numérique à travers l’ensemble des
aspects organisationnels et culturels,
CESER  aquitainE
7
- par secteur, avec des niveaux d’appropriation qui varient à la fois sous l’impulsion des impé-
ratifs réglementaires, de l’organisation des marchés, des initiatives des donneurs d’ordre,
des usages par les clients,
- par une typologie de leur comportement allant du « perdu au novateur en passant par le
suiveur, le retardataire, et l'entrepreneur ».
En découlent des freins et des leviers à prendre en compte pour mettre en œuvre les actions
à conduire.
En appui à ces entreprises s’est développé un écosystème motivé pour l’intégration numérique
réunissant un large ensemble d’acteurs du numérique en évolution ainsi que des structures
d’appuis au développement économique.
II. Enjeux et propositions pour l’Aquitaine
à l’aube de la grande région
L’agilité, pivot de la révolution numérique, concerne l’individu comme les entreprises. L’enjeu
est de rendre les organisations plus fluides, plus disruptives, et d’aller vers des formes plus
agiles, plus transversales, plus connectées, plus centrées sur l’humain. C’est ce vers quoi
devrait tendre l’industrie du futur. Mais cela comporte des risques qu’il faut contenir par des
cadres juridiques et légaux plus adaptés.
I Pour le développement économique et l’emploi :
favoriser l’agilité et le partage
L’agilité réside dans la capacité d’anticipation des changements de modèles, la compréhension
de l’évolution des chaînes de valeur, la mise en place d’innovations disruptives. Or malgré la
mobilisation d’une grande partie de l’écosystème du développement économique, la majorité
des entreprises reste encore à l’écart de cette digitalisation de l’économie, ce qui appelle une
amplification des actions conduites, mais surtout, une mobilisation des acteurs les plus pertinents
et les plus proches. L’ampleur de la révolution à conduire est à la mesure des potentialités
ouvertes sur l’ensemble du territoire régional mais aussi des risques de disparition d’entreprises
et d’emplois.
Une action plus systématique, plus profonde associant toutes les organisations devrait être :
- impulsée par le Conseil régional qui va disposer de la compétence pilote en matière de
développement économique, et par la métropole ainsi que par les communautés de
communes avec lesquelles il devra articuler son action,
- et déclinée à plusieurs niveaux de sensibilisation, d’information ou de diagnostic et de suivi.
Toutes les entreprises présentes en Aquitaine sont concernées, tout particulièrement les PME-
TPE et les exploitations agricoles, réparties sur le territoire de la région actuelle, et demain
de la grande région.
La diffusion du numérique dans les TPE-PME nécessite des modes de communication adaptés
appelant un plan d’action comprenant :
- un changement d’échelle dans la mobilisation des appuis à la mutation,
- un volet information-formation substantiel,
- des incitations à la mutualisation,
- des accompagnements novateurs et agiles,
- l’identification des sources de valeur ajoutée pour chaque entreprise,
- la création d’un Fonds (ou le fléchage d’un Fonds), dédié aux entreprises s’engageant dans
une démarche stratégique de transformation de leurs modèles économiques, en veillant à
son évaluation en termes d’emplois et de territorialisation des activités.
I Innovations – disruptions
La Région doit s’adapter au fonctionnement du monde numérique « partage et projet » afin
de préparer les Aquitains à saisir les opportunités, en étant autonomes et responsables tant
individuellement que collectivement. Dans cet objectif, le Conseil régional qui a déjà concentré
sa politique de développement économique sur l’innovation pourrait la faire évoluer pour :
- initier un Forum permanent, connecté au reste du monde, travaillant en réseau avec les
« clubs de réflexion », les associations, les corps constitués, les fédérations, les universités
pour mieux appréhender cette révolution, expérimenter des micro réalisations sociétales,
proposer des modifications législatives, s’intéresser à l’impact humain,
CESER  aquitainE
8
- organiser l’appui aux entreprises sur une logique de travail en réseau pour renforcer les
synergies et les transversalités,
- renforcer les liens entre les entreprises et l’enseignement supérieur et la recherche afin d’aug-
menter l’ouverture aux compétences transdisciplinaires,
- diffuser le référentiel d’innovation auprès des PME et ETI avec l’appui de tous les acteurs de
l’innovation, en précisant les aspects financiers d’accompagnement éventuel,
- contribuer à la réalisation, à terme, pour l’innovation sociale et organisationnelle et à titre
d’expérimentation, d’une entreprise de co-construction et de co-innovation,
- renforcer et repenser, à tous les niveaux, de l’entreprise aux fédérations, le dialogue social
sur l’innovation liée au numérique,
- aider au développement de deux nouvelles filières, l’une pour l’impression 3D et l’autre
pour les objets connectés.
I Préparer la mutation vers l’industrie du futur
Il s’agit de donner au numérique une valeur stratégique dans l’organisation de l’industrie et
associer l’ensemble des acteurs, les salariés et leurs organisations syndicales à l’anticipation
des transitions :
- accélérer et amplifier l’accompagnement de la révision globale de l’organisation de la
production par des pré-diagnostics et des diagnostics spécifiques,
- définir un plan d’accompagnement des initiatives individuelles d’innovation,
- poursuivre et amplifier le soutien à l’investissement industriel technologique des entreprises,
notamment en robotique, par des accompagnements incitatifs et avec des évaluations,
- accentuer le développement des outils partagés et amener les entreprises à introduire ou
faire partager les outils numériques lourds,
- disposer d’une veille sur les produits/programmes ouverts,
- développer le crowdsourcing interne pour l’innovation, préparer les individus comme les
organisations aux innovations liées à la cobotique dans leurs implications humaines et
sociales.
I Faire de la révolution numérique une source de progrès
dans le monde du travail : par quelles voies et par
quels moyens ?
• Le numérique nécessite une conception du management qui intègre autonomie, expression
et créativité de chacun ainsi que la mise en place d’organisations du travail favorisant la
coopération, le partage, l’évaluation collective. La révolution numérique impose désormais
une évolution de la fonction managériale qui doit répondre aux nouvelles transformations en
maintenant une certaine perméabilité entre les différentes formes de management et se subs-
tituant à un management strictement vertical : management de proximité, management
participatif et management des travailleurs à distance. Il apparaît donc nécessaire :
- d’organiser à l’échelle régionale des stages et cycles de formation, à destination des chefs
d’entreprise, et renforcer celles existantes,
- d’inciter les expériences et formes de managements alternatifs qui permettent aux acteurs
de l’entreprise, autonomie et initiatives,
- d’inciter et accompagner des actions des fédérations professionnelles pour sensibiliser les
équipes de management aux modifications des organisations des entreprises, à l’acquisition
de méthodes agiles, par des séminaires et des formations, en partenariat avec l’écosystème
numérique.
• Renforcer l’éducation numérique par la formation initiale et continue doit permettre d'élever
les qualifications, d’améliorer la capacité des hommes à maîtriser leur destin, d’accompagner
la transformation numérique et ses transitions. Tous les acteurs doivent réévaluer leur niveau
d’investissement dans la formation pour répondre aux objectifs poursuivis : capacité à utiliser
les outils numériques, capacité à comprendre, de façon critique.
La formation professionnelle doit permettre de développer le potentiel individuel d’insertion
dans les nouvelles formes de travail plus transversales, plus coopératives, avec une véritable
culture numérique du travail en réseau. L’accent doit être mis sur l’autonomie plus que le
contrôle, sur l’agilité du processus par-delà la simple maîtrise des outils et des usages. Elle
doit également permettre la création de dispositifs de requalification des salariés marginalisés
par la transformation numérique, l’articulation harmonieuse de la vie professionnelle et de la
vie privée.
CESER  aquitainE
9
De nouveaux accompagnements valables pour la grande Région sont aussi à engager
notamment pour :
- favoriser la formation transversale et multidisciplinaire nécessaire aux entreprises pour aborder
le numérique,
- intégrer dans l’offre du Plan régional de développement des formations (PRDF), des actions
destinées à accompagner la mutation des entreprises vers le numérique,
- assurer la formation des formateurs,
- doter les organismes de formation de plateaux techniques disposant des équipements numé-
riques, nécessaires pour assurer une formation de qualité.
- mettre en œuvre des programmes d’accompagnement ciblé et de formation du management
intermédiaire,
- former les jeunes en formation qualifiante, et le personnel en formation continue, aux
nouveaux métiers et aux nouvelles compétences requises par le numérique.
I Mettre en place une politique d’anticipation,
de requalification et de reconversion
- Développer des études sur l’évolution des métiers et des organisations avec les fédérations
professionnelles pour identifier les attentes en termes de compétences, et les formations
à mettre en œuvre.
- Lancer des projets d’études prospectives sur de nouveaux usages possibles des objets, des
données, des équipements, en promouvoir les idées d’amélioration, d’innovations.
I La transformation numérique au service de la qualité
de vie au travail
La mise en place d’une régulation collective est nécessaire sur l’usage du numérique dans
l’entreprise, en associant systématiquement les acteurs, à travers des négociations sur le
contenu, la finalité, les règles d’utilisation des outils numériques et sur la mise en œuvre des
projets. Il faut également reconnaître le droit et le devoir de déconnexion.
Le développement des espaces de travail propices à la culture numérique, marqués par le
collaboratif, l’ouverture, la mobilité… passe par la reconfiguration des locaux de l’entreprise,
favorisant la convivialité et la modularité des espaces, et encourageant des moments de vie
et de partage collectifs, sans toutefois négliger les risques constatés de pertes de repères liées
aux postes de travail standardisés et impersonnels des espaces ouverts.
Il sera nécessaire de prévenir, d’évaluer les risques professionnels spécifiques à l’usage du
numérique, surtout dans le domaine psycho-social.
I Sécurité – régulations : adapter les cadres juridiques
et légaux
L’importance des changements en cours appelle des évolutions des réglementations-cadre
à différents niveaux (européen et national) dans les domaines juridiques et fiscaux. Il s’agit
en particulier :
- du droit du travail. Le développement de relations sociales nouvelles s’impose à tous les
niveaux. Face aux nouvelles formes de travail, il faudra assurer la sécurisation des parcours
professionnels, avec des droits attachés à la personne et transférables d’une entreprise et
d’un statut à l’autre, permettant les transitions et les mobilités professionnelles dans de
bonnes conditions,
- mais aussi des mesures de sécurisation concernant les entreprises, avec notamment des
démarches et expérimentations régionales ou locales plus spécifiques. Les événements qui
peuvent agir sur le système numérique, et par là même sur la vie de l’entreprise, sont les
plus divers : agression d’ordre externe ou interne, tels que le piratage, la fraude, le non-respect
des règles internes, l’ajout de nouvelles fonctionnalités, l’introduction de nouvelles techno-
logies, ou encore l’impact de nouvelles réglementations.
Le droit a évolué ces dernières années pour prendre en compte les nouvelles tendances
technologiques et pour encadrer les nouvelles pratiques au sein de l’entreprise. Des évolutions
apparaissent encore nécessaires dans tous les domaines.
En région, outre les critères d’aides aux entreprises mises en place par le Conseil régional,
les leviers d’animation portent essentiellement sur des mesures incitatives répondant aux
CESER  aquitainE
10
attentes des acteurs pour faire de l’Aquitaine un territoire d’expérimentations, d’évaluations
et de préconisations en valorisant les comportements d’entreprises exemplaires. Il s’agit de :
- diffuser la culture de la sécurité informatique,
- promouvoir des approches méthodologiques d’entreprise pour une prise en compte des
domaines modifiés par le numérique.
Conclusion
La révolution numérique impacte la région Aquitaine à deux niveaux.
Au sein de la région, elle doit contribuer au désenclavement des territoires ruraux, forestiers
et montagneux, par une meilleure accessibilité et pour une plus grande solidarité avec les
agglomérations urbaines mieux équipées. La transformation numérique devrait contribuer
à réduire la fracture territoriale.
La révolution numérique renforce par ailleurs les liens entre le local et le global. Elle favorisera
une meilleure insertion des entreprises de la Région élargie dans l’économie mondialisée.
Les PME et startups en particulier trouveront ainsi une ouverture tant souhaitée.
De manière générale, la transformation numérique ne peut se résumer à une simple captation
de valeur, elle est aussi un partage. Les gains de productivité et de valeur espérés doivent
contribuer au mieux-être, au progrès social et démocratique. Les relations entre économie
sociale et solidaire et numérique doivent être renforcées.
Le CESER tient à insister sur quelques propositions fortes abordées dans le rapport.
Au plan général :
- favoriser la construction de droits collectifs et individuels visant à la sécurisation des parcours
professionnels,
- faire de la qualité de vie au travail un des objectifs essentiels des transformations numériques
au travers de la régulation négociée des usages.
Pour l’Aquitaine, à travers :
- un Forum : lieu d’échanges, de partage, d’anticipation, de veille, de renforcement et d’élar-
gissement de la démocratie sociale,
- un Fonds dédié à la transformation numérique des entreprises, plus particulièrement des
PME-TPE.
La révolution numérique a ouvert une ère de défis. Déjà des citoyens et des entreprises
s’y sont engagés, mais cette transformation ne fait que commencer. Les individus, la société,
les entreprises, soutenus par les pouvoirs publics vont devoir relever ces défis pour assurer
un développement harmonieux pour l’Aquitaine, élargie, solidaire et ouverte au monde.
Avis adopté à l’unanimité Le Président,
Luc PABŒUF
RAPPORT
DU CONSEIL ÉCONOMIQUE SOCIAL
ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL
D’AQUITAINE
CESER  aquitainE
12
Sommaire
Introduction .................................................................................................................... 13
I. Quels atouts/handicaps et opportunités/menaces
pour l’Aquitaine face à la révolution numérique ? ............ 15
I-1 Eléments contextuels ................................................................................. 15
I-1.1 Pénétration du numérique .......................................................................... 15
I-1.2 Problématiques globales de société posées le numérique
dans les activités .......................................................................................... 23
I-1.3 Politiques européennes, nationales et régionales ..................................... 28
I-2 Dynamiques et freins du numérique des activités
en Aquitaine .................................................................................................... 32
I-2.1 Approche qualitative ................................................................................... 32
I-2.2 Un écosystème motivé pour l’intégration numérique :
un large ensemble d’acteurs en évolution ................................................. 36
II. Enjeux et propositions pour l’Aquitaine
à l’aube de la grande région ................................................................. 38
II-1 Pour le développement économique et l’emploi :
favoriser l’agilité et le partage ................................................. 38
II-1.1 Anticiper les changements de modèles : comprendre l’évolution
des chaînes de valeur, innovations et technologie, disruptions
et industries du futur ................................................................................ 38
II-1.2 Préparer la mutation vers l’industrie du futur ........................................ 45
II-2 Faire de la révolution numérique une source
de progrès dans le monde du travail :
par quelles voies et par quels moyens ? ................................... 47
II-2.1 Acculturer-adapter la formation, les évolutions managériales,
préparer et accompagner la transformation des métiers,
faire monter les compétences et qualifications ...................................... 47
II-2.2 Mise en place d’une politique ambitieuse d’anticipation,
de requalification et de reconversion pour les personnes .................... 50
II-2.3 La transformation numérique au service de la qualité de vie au travail .. 51
II-3 Sécurité - régulations .......................................................................... 52
II-3.1 Aspects réglementaires juridiques et fiscaux en débat
au niveau européen et national ............................................................... 52
II-3.2 Diffusion des bonnes pratiques et expérimentations en Aquitaine ...... 54
Conclusion........................................................................................................................... 55
Annexes ................................................................................................................................. 57
CESER  aquitainE
13
Introduction
Le Conseil économique, social et environnemental de la Région Aquitaine a décidé, dès
janvier 2014, en début de mandature, de lancer une autosaisine sur les changements apportés
par la révolution numérique dans les activités économiques de la région. Ce choix des conseillers
a été motivé par leur perception de la rapidité extrême et de l’ampleur mondiale de cette
nouvelle révolution, par les enjeux économiques et sociétaux en cours et à venir, par les
ruptures provoquées, sources d’espoir ou d’inquiétude, et par la parution récente de travaux
réalisés sur ces problèmes à l’échelle nationale et internationale.
L’accélération des progrès des technologies de l’information au cours des dernières années a
profondément modifié les paradigmes des différentes filières économiques. Le numérique
affecte aujourd’hui les différentes étapes de l’activité d’une entreprise – agricole, industrielle
ou de service – depuis la recherche/innovation jusqu’à la commercialisation en passant par
les diverses phases de la production/transformation afin d’en améliorer les processus et
la productivité. Mais par l’ampleur et la profondeur de son impact, le numérique favorise
l’apparition de nouveaux modèles qui bouleversent des pans entiers des économies existantes.
Nouvelles technologies et nouveaux usages contribuent à des bouleversements considérables
dans la définition du travail et dans les relations de travail au sein des entreprises. Dans le
domaine industriel, cette révolution numérique s’incarne dans le concept d’usine du futur.
Outre l’économie, la révolution numérique impacte fortement la société et la personne
humaine. Elle induit des problèmes moraux et éthiques nouveaux, ressentis de façon nouvelle
ou avec plus d’acuité, une nouvelle appréhension des relations sociales et sociétales. Une
telle rupture ou « disruption » ne va pas sans comporter de risques et susciter des inquiétudes
sinon des angoisses parmi les acteurs économiques. En particulier un nombre considérable,
quoique variable selon les secteurs économiques, des emplois actuels sont amenés à changer
ou à disparaître. Toutefois, parallèlement, de nombreux emplois seront créés dans des filières
nouvelles suscitées par le numérique. C’est le rôle des pouvoirs publics à l’échelle nationale
et territoriale d’assurer la transition en réduisant au minimum les impacts sociaux négatifs de
la révolution numérique. Il est aussi de leur rôle de favoriser les opportunités qu’elle rend
possible dans le domaine économique, pour les nouveaux emplois, ou plus largement dans
l’évolution des valeurs de notre civilisation.
OBJECTIF DE L’AUTOSAISINE
Dans ce contexte, la Commission souhaite mettre en évidence la dimension stratégique et
les implications de l’intégration du numérique dans les activités économiques de la région
Aquitaine pour les inciter à se préparer ou à poursuivre avec intensité les mutations structu-
relles et les pratiques quotidiennes de gestion. Elle essaie de préciser les niveaux de la
pénétration du numérique dans les différentes filières économiques de la région, d’identifier
les évolutions en cours et à venir, de prévoir les opportunités et les risques que comporte une
telle rupture, et enfin de présenter des propositions d’actions à tous les niveaux pour accom-
pagner ces changements.
CHAMP D’ÉTUDE
Un tel rapport ne pouvait être exhaustif. La commission n’avait ni le temps ni les moyens d’y
prétendre. Elle a choisi de privilégier quelques secteurs d’activités économiques, ceux dont
les enjeux régionaux sont particulièrement sensibles et importants : l’industrie, l’agriculture,
le bois, l’artisanat, le BTP etc. L’attention s’est portée plus particulièrement sur les entreprises
industrielles en mutation, associées à de nouvelles organisations structurelles ou/et à des inno-
vations technologiques, dans la perspective, entre autres, de l’émergence de l’usine du futur
et de nouvelles chaînes de valeur. Le rapport insiste également sur la place des TPME,
créatrices d’emplois, que ce soit des « jeunes pousses » technologiques avancées ou des entre-
prises des filières traditionnelles.
La commission n’a pu aborder des secteurs, pourtant impactés par le numérique, comme le
tourisme, le transport ou la grande distribution... Toutefois les études réalisées à l’échelle
nationale peuvent s’appliquer sans grande modification à la région Aquitaine.
Certes, le rapport porte sur l’impact du numérique sur les activités économiques en Aquitaine.
Mais à toutes les étapes de cette interaction, on doit faire face à des problèmes sociétaux et
culturels. Au sein des entreprises et à l’extérieur. Plus que jamais la personne humaine est en
cause. Le numérique démultiplie les capacités de l’homme, plus que tout autre outil ou
CESER  aquitainE
14
machine auparavant. Il peut réparer les déficiences humaines, en particulier dans le domaine
de la santé. Mais de l’homme « réparé » à l’homme « augmenté », avec ses possibles dérives,
il n’y a qu’un pas qu’il est tentant de franchir.
Par ailleurs la généralisation du numérique, son caractère omniprésent, entraînent une
nouvelle définition de la citoyenneté et de la vie démocratique, ou du moins leur réaffirma-
tion, à l’échelle territoriale, comme aux plans national et mondial.
Les risques et les opportunités qu’offre la révolution numérique dans ces domaines de
l’homme et de la société ne font pas partie de notre champ d’étude mais on ne peut faire
l’économie de nécessaires réflexions dans le cadre d’une contextualisation préalable et tout
au long de notre étude.
MÉTHODOLOGIE
Pour réaliser cette étude, la Commission s’est appuyée sur la littérature existante et sur les
travaux du CESER. Elle a auditionné des acteurs représentatifs des différents secteurs, des chefs
d’entreprises liées au numérique, des responsables d’organisations professionnelles, des
services de l’Etat et du Conseil régional (services et agences). Elle a également procédé à une
enquête sur échantillon et avec questionnaire et entretien, auprès des entreprises, avec le
soutien des fédérations professionnelles et des chambres consulaires. Compte tenu du temps
et des moyens impartis, la Commission a privilégié une approche qualitative plutôt que de
rechercher une impossible étude statistique exhaustive.
PLAN DU RAPPORT
La première partie sera consacrée à une approche des atouts/handicaps et opportunités/risques
que présente la révolution numérique pour les activités économiques aquitaines. On
commencera par la prise en compte des éléments contextuels : évolution historique de la
révolution numérique, problématiques globales sociétales, éthiques, culturelles et citoyennes,
politiques européenne, nationale, et régionale. Une analyse qualitative et sélective permettra
ensuite d’identifier les dynamiques et les freins liés au numérique dans les activités écono-
miques aquitaines ; on constatera l’existence d’un écosystème dynamique associant un
maximum d’acteurs désireux d’une meilleure intégration du numérique.
La deuxième partie abordera les enjeux et les propositions pour l’Aquitaine à l’aube de la
grande Région. Le concept d’agilité sera mis en avant pour favoriser le développement écono-
mique et l’emploi à travers les changements de modèles, notamment celui de l’économie du
partage, la mutation de l’usine du futur, l’adaptation de la formation, l’appui aux entreprises
et le travail en réseaux, tout en intégrant les cadres juridiques et légaux afin de se prémunir
contre les risques éventuels. A partir de ces constats et analyses, la Commission formulera
des propositions pour favoriser une meilleure intégration du numérique en vue d’un déve-
loppement économique durable en Aquitaine.
CESER  aquitainE
15
I. Quels atouts/handicaps
et opportunités/menaces
pour l’Aquitaine face
à la révolution numérique ?
Dans cette première partie, après s’être attachée à l’identification des éléments de contexte
indispensable à prendre en compte pour cette analyse, la Commission « Développement
économique et programmations » a recherché les dynamiques et les freins que rencontre le
numérique dans les activités en Aquitaine. Enfin elle s’est penchée sur les politiques euro-
péennes, nationales et régionales existantes.
I-1 Eléments contextuels
La révolution numérique en Aquitaine ne peut être isolée de son contexte national, européen
et mondial. Les espoirs qu’elle suscite, les craintes qu’elle inspire sont, à peu de chose près,
les mêmes que l’on trouve ailleurs dans les pays industrialisés. Abordons quelques éléments
contextuels qui permettront de mieux comprendre les problèmes aquitains.
I-1.1 Pénétration du numérique
Après la première révolution industrielle marquée par la machine à vapeur et la houille,
de 1750 à 1880, la deuxième caractérisée par l’électricité et le moteur utilisant le pétrole,
de 1880 à 1960, le monde connaît la troisième marquée par l’ordinateur et les technologies
de l’information. Des gros ordinateurs IBM des années 1960, aux ordinateurs portables
Macintosh d’Apple des années 80, on passe de l’informatisation de gestion des entreprises à
l’informatisation de la société, renforcée par la généralisation de l’internet. A cette phase
informatique succède depuis le début de ce siècle, avec une accélération depuis la crise
économique et financière de 2008, une nouvelle phase, celle de la révolution numérique.
Le choix du terme révolution numérique est bien justifié même si longtemps, on a été tenté
par le terme « transition numérique ». Plus le temps passe, plus on constate l’accélération du
changement, et sa radicalisation. Le numérique tend à s’imposer à toutes les composantes de
la vie économique, à toutes les circonstances de la vie quotidienne, sociale et culturelle. Cela
est dû à la conjonction de plusieurs phénomènes.
• Les avancées technologiques ne sont plus le fait de grandes entreprises ou de grandes orga-
nisations. Ce sont les personnes qui en sont les moteurs. Les termes numérique et digital
viennent de l’électronique grand public. Leur usage s’est rapidement généralisé avec la
montée en puissance des GAFA, la vulgarisation des smartphones (Apple, puis Samsung),
la généralisation du cloud et des open-datas. Le portable et les outils-applications sans cesse
plus perfectionnés qui l’accompagnent, permettent aux usagers de créer de nouvelles
manières de communiquer, de s’informer, de consommer, de se rencontrer, de s’associer,
de travailler, et de vivre. L’ère des objets connectés et des NBIC est déjà là.
• La transversalité des changements devient réelle ; les transformations concernent les
domaines les plus divers : industrie et agriculture, bâtiment et services, culture, tourisme et
santé etc.
• Déjà de nombreux emplois disparaissent ou se transforment. Mais en même temps de
nouveaux emplois se créent et de nouveaux métiers apparaissent. Les discordances sont
inévitables en termes de compétences et de capacité d’adaptation (agilité), ce qui entraîne
des souffrances individuelles. Mais on assiste à la transformation même de la notion d’em-
ploi. On peut tour à tour être étudiant, salarié, auto entrepreneur, expert, artisan, profession
libérale… et même cumuler plusieurs de ces statuts !
• L’impact de la technologie numérique sur l’économie se diversifie et devient plus complexe.
Une filière numérique puissante et ramifiée se met en place de manière structurée et adap-
tée aux besoins des usagers. A cela s’ajoutent plusieurs produits dérivés dont l’ampleur ne
fait que s’accroître. Les effets de l’automatisation, héritée de la période informatique, se
poursuivent avec un accroissement notoire de la productivité dans les domaines les plus
divers : travail, capital, énergie. A cela s’ajoutent les effets de la dématérialisation : substi-
tution d’internet aux réseaux d’agences, de guichets et de magasins ; baisse des coûts de
CESER  aquitainE
16
transactions et compétition accrue entre les entreprises, par exemple. Il faut y ajouter enfin
les effets d’intermédiation avec la place occupée désormais par les personnes, à la fois
producteurs, consommateurs et acteurs, avec l’enjeu de la donnée comme ressource pour
l’optimisation et la réinvention des métiers existants ainsi que pour la mise en place d’éco-
systèmes innovants. « A la croissance quantitative d’hier pilotée dans l’optique de création
de valeur pour l’actionnaire se substitue une croissance-transformation, à la recherche de
modèles de valeur partagée. 1 et 2
I INTERNET ET LES OBJETS CONNECTÉS
L’âge de l’internet a commencé avec le lancement des ordinateurs portables, l’évolution des
téléphones vers les smartphones, les tablettes et les logiciels afférents. Le Web s’est tissé à
l’échelle de la planète, avec une densité sans cesse plus grande, traversé par des réseaux
sociaux ou non, qui permettent l’interconnexion de centaines de millions de personnes à
travers le monde. C’est l’ère des plateformes numériques qui se multiplient avec des finalités
et des usages divers et qui sont devenues les nouvelles portes d’entrée de l’économie et de la
société numériques. Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), les organisations
chinoises (Alibaba…) et les autres de moindre importance comme Twitter, Instagram etc. sont
devenus des écosystèmes globaux dominants, souvent incontournables. Leur domination pose
de nombreuses questions sur l’ouverture à la concurrence, le respect des droits des individus,
des organisations, des Etats. Aujourd’hui internet envahit les objets du quotidien et la vie des
individus au jour le jour. Miniaturisés, les capteurs se glissent partout dans des fourchettes,
des brosses à dents, des cigarettes électroniques, des réfrigérateurs, des portes et fenêtres,
des voitures. Reliés au Web en Wi-Fi ou en Bluetooth, ils permettent de simplifier la vie quoti-
dienne et sont contrôlés par un smartphone ou un ordinateur ; ils partagent des informations
avec ces derniers. Les objets connectés donnent des informations pratiques sur la santé,
le fonctionnement de la maison ainsi que sa sécurité et sa surveillance mais aussi sur l’état
de fonctionnement des équipements, les risques de pannes... L’heure est à l’innovation tous
azimuts, pour les start-up, les marques patentées, les grands groupes mondiaux. De nombreux
produits apparaissent sur le marché. Certains, extravagants ou inadaptés, disparaissent ou sont
un échec commercial (ex Google Glass). D’autres sont appelés à un brillant avenir (ex H 20,
une sonde intelligente pour le suivi des pots de plante, et utilisable pour une irrigation maîtrisée).
Les innovations en matière de e-santé sont les plus spectaculaires.
Même si en ce moment, l’innovation de produits et de services précède l’usage, le fait est
que les débouchés sont là et que la demande peut surgir à tout moment. Pour réussir, indus-
triels et startup doivent bien cibler leur marché et saisir la bonne occasion pour
commercialiser leurs nouvelles créations. Parallèlement, dans le cadre de la transformation
numérique, l’usage tend à susciter l’innovation qui se crée dans certains cas en lien avec le
consommateur ou l’utilisateur qui définit lui-même ses besoins.
La France est bien placée dans ce domaine. Les objets connectés constituent une formi-
dable opportunité pour laquelle plusieurs sociétés françaises sont très en pointe comme
en témoignent les retours du CES 2015, le Salon de l’électronique de LasVegas. De même
le journal britannique, le Financial Times, loue dans son édition du 15 juillet 2015, la
réussite de la France, « partie de rien pour devenir la deuxième derrière les Etats-Unis ».
Les arguments avancés sont : les effets de la crise 2008 qui a conduit maints ingénieurs
des grandes écoles à préférer l’entreprenariat au salariat dans un grand groupe ; les aides
apportées par l’Etat à la création d’entreprise et les crédits d’impôts recherche ; les
nombreux clusters et tiers lieux apparus dans toutes les régions ; l’initiative FrenchTech
du gouvernement français.
En France, le nombre des objets connectés est estimé à 400 millions en 2015. Il dépasserait
les 2 milliards d’ici 20203. Avec l’inauguration de la Cité des objets connectés à Angers,
la France nourrit l’ambition de devenir un leader mondial dans ce domaine. Selon l’Institut
Gartner le nombre d’objets connectés serait environ 5 milliards dans le monde en 2015.
La multiplication des objets connectés engendre un nouveau besoin, celui de créer des inter-
actions entre ces objets, au-delà de leurs constructeurs ou secteurs d’activité, afin d’apporter
de nouveaux services. Les plates-formes de l’internet des objets (IoT) permettent de connecter
(1) La nouvelle grammaire du succès, La transformation numérique de l'économie française - Philippe Lemoine – Novembre 2014.
(2) La bibliographie sur le sujet est abondante ; la commission s’est principalement appuyée sur :
- le rapport du commissariat général à la stratégie à la prospective « la dynamique d’Internet - prospective 2030 » paru en 2013
- le rapport au Gouvernement de Philippe Lemoine « La nouvelle grammaire du succès - La transformation numérique de l'économie
française de novembre 2014.
(3) Etude de l’institut GFK.
CESER  aquitainE
17
ces appareils hétérogènes et de les faire communiquer entre eux. L’objectif est de pouvoir
automatiser certaines tâches de la vie quotidienne ou professionnelle par la programmation
d’interactions entre plusieurs objets. Outre la domotique, les secteurs de l’industrie, des trans-
ports, des télécoms ou de la santé vont en bénéficier.
A l’échelle mondiale plusieurs consortiums ont été mis en place pour trouver un langage
commun et permettre la communication entre les divers objets connectés. Par exemple,
AllSeen Alliance, avec Microsoft comme chef de file, présente un projet -AllJoyn-établissant
un langage commun pour les secteurs tels que les systèmes embarqués pour les automobiles,
les passerelles pour le haut débit, les téléviseurs connectés ou la domotique.
Par ailleurs, l’internet mobile est à la source de gains de productivité dans l’ensemble des
secteurs de l’économie bien au-delà des technologies de l’information et de la communication.
La plupart des maillons de la chaîne industrielle seront impactés ; conception, design,
simulation, programmation des chaînes de montage robotisées, organisation des sites de
production, assemblage, maintenance, stockage, commandes, expédition etc.
Ainsi, dans le domaine industriel, les évolutions sont également très importantes et si l’inser-
tion des premiers robots relevait plus de l’automatisation, les nouveaux robots intègrent des
fonctionnalités complexes et connectées.
I LA ROBOTIQUE
Selon l’étude « la robotique en France » publiée par le Xerfi, la France enregistre un retard
significatif en matière de robots industriels (bras robotisé pour le soudage, la peinture,
l’assemblage), sans que les perspectives d’implantation de nouveaux équipements paraissent
inverser cette tendance.
Nombre de robots industriels opérationnels en 2014 Nombre de robots pour 10 000 salariés de l’industrie en 2014
En revanche, selon la même étude, la robotique de services, qu’elle soit à destination des
professionnels (robots médicaux, drones, automatisation du transport…) en fort développe-
ment depuis la dernière décennie, devrait poursuivre sa croissance dans un certain nombre
de domaines.
Le positionnement des différentes catégories de robots sur la courbe de cycle de vie de la robotique de service
Source : Xerfi
CESER  aquitainE
18
I L’IMPRIMANTE 3D
Rupture technologique majeure dans les processus de production, l’impression tridimension-
nelle ou 3D permet de réaliser des objets ou pièces complexes par un procédé de fabrication
additive. Les technologies existantes s’appuient sur le dessin d’un objet par un opérateur sur
un écran, utilisant un outil de conception assistée par ordinateur (CAO). Le fichier 3D obtenu
est envoyé vers une imprimante spécifique qui le découpe en tranches et dépose ou solidifie
de la matière, couche par couche pour obtenir la pièce finale. C'est l'empilement de ces
couches qui crée un volume. La variété des matériaux utilisables s’élargit régulièrement. Les
applications apparaissent très variées, de l'industrie avec la production de voitures, d'avions,
de bâtiments, de biens de consommation, de médicaments et même récemment d’organes
humains… à la visualisation de projets, de vérification d'ergonomie pour l'architecture ou
les études de design. La démocratisation de l'impression tridimensionnelle remet en cause le
droit de la propriété intellectuelle par la reproductibilité qu’elle permet, notamment à travers
le modèle du logiciel libre/open source, facilitant les libertés d’usage, d’étude, d’amélioration
et de diffusion.
I DATA
- Open data
L’Open Data ou donnée ouverte, d’origine publique ou privée, produite par une collectivité,
un service public ou une entreprise, est diffusée de manière à garantir son libre accès et sa
réutilisation par tous sans restriction technique, juridique ou financière. Liberté d’accès
et liberté d’exploitation affirment que l’information publique relève du bien commun dont
la diffusion est d’intérêt général. Par exemple, le portail open data ouvert par Bordeaux
Métropole. L’Open Data s’inscrit dans une démarche de transparence et de participation des
citoyens et plus largement dans un mouvement de l’innovation ouverte. Il peut concerner les
données du secteur public avec les notions d’e-gouvernement ou d’e-démocratie. Les instituts
de recherche, publics ou privés ont développé des systèmes d’open sciences data ouverts aux
scientifiques en particulier, et tiré eux même bénéfice de données mises en ligne par des
privés ou par la collectivité (par exemple les données de terrain et satellitaire du portail
PYGMA). Wikipedia en est aussi un exemple grand public. En attendant une législation
adéquate, l’exposition de ces données publiques suscite en France un débat civique et pose
des problèmes juridiques et financiers, mais fournit déjà des services immenses à tout niveau.
De nouvelles activités, notamment de services, peuvent se développer avec le croisement des
données.
- Big Data
Chaque jour nous générons 2,5 trillions d’octets de données. Ces données proviennent de
partout : informations climatiques, messages sur les sites des réseaux sociaux, images numé-
riques et vidéos publiés en ligne, achats en ligne, signaux GPS des téléphones mobiles, par
exemple. La masse volumineuse de ces données s’appelle Big Data. Celui-ci couvre quatre
dimensions : volume, vélocité, variété, véracité.
Au sein de l’entreprise, la mise en place d’outils Big data répond à plusieurs objectifs : améliorer
l’expérience clients, optimiser les processus et les performances opérationnelles, renforcer
ou diversifier les business modèles. Avec la démocratisation croissante de ces outils liés aux
datas, le débat reste vif entre ceux qui sont prêts à partager leurs données, s’ils peuvent les
valoriser, et ceux qui s’inquiètent des risques liés à ces innovations. La problématique du
développement du Big Data comprend la modélisation des données, leur gestion et l’élabo-
ration des outils sans cesse plus puissants, permettant de mieux visualiser, analyser, cataloguer
les ensembles de données.
Et en règle générale, la notion de propriété intellectuelle est fortement requestionnée par les
capacités de démultiplication du numérique (de l’information, des produits, de la publicité
sur le produit) et par la difficulté à maîtriser la diffusion de l’idée (prix des brevets, coût de la
veille, coût des processus). Il semble qu’il soit dès lors plus habile de « faire avec » la diffusion
de l’idée sur les réseaux, avec un retour en termes de publicité (gratuite) sur le produit, même
si l’idée est copiée ailleurs. Le retour en termes de communication sera plus avantageux que
le déficit potentiel de se voir rogner des parts de marché par des imitateurs, parts de marchés
que l’on n’a pas pu encore capter soi-même.
I LE CLOUD COMPUTING
L’informatique en nuage est l’exploitation de calcul ou de stockage de serveurs informatiques
à distance par l’intermédiaire d’un réseau de télécommunications, généralement l’internet.
CESER  aquitainE
19
D’une très grande souplesse, le cloud computing représente un important changement de
paradigme des systèmes informatiques qui sont désormais délocalisés. Il offre des avantages
considérables, des gains de productivité, d’argent et de temps. Les ressources hétérogènes
(matériel, logiciel, trafic réseau) du cloud sont mises en libre-service, mutualisées, avec une
adaptation automatique à la demande. Le nuage peut être public, privé ou communautaire.
A l’échelle de l’Union européenne, 97% des entreprises comptant 10 employés ou plus béné-
ficient d’un accès à l’internet ; mais 19% seulement utilisaient des services de cloud
computing en 2014. Les entreprises du secteur de l’information et de la communication sont
les mieux pourvues (45%), suivies par celles du secteur des activités spécialisées, scientifiques
et techniques. Dans ces entreprises, l’utilisation du cloud concernait principalement le service
des courriels (66%) et le service de stockage des fichiers (53%). Pour les 81% des entreprises
n’utilisant pas le cloud, une connaissance et une maîtrise insuffisantes de ces outils informa-
tiques constituaient le premier facteur bloquant.4
En France, seulement 12% des sociétés employant plus de 10 personnes ont acheté des
services de cloud computing. Le pourcentage est de 36% pour les grandes sociétés d’au moins
250 employés. Les raisons limitatives invoquées pour une plus grande utilisation sont les
mêmes qu’au niveau européen mais avec une plus grande importance accordée aux coûts
élevés (37%) par rapport aux incertitudes liées à la sécurité (31%) ou à la localisation des
données (31%).5
Utilisation des services de cloud computing, 2014 (% d’entreprises) - Eurostat
Champ : sociétés d'au moins 10 personnes des secteurs principalement marchands hors secteurs agricole,
financier et d'assurance, implantées en France et dans l'UE à 28.
I LA DIGITALISATION
Tout produit, processus, ou service, une fois digitalisé, peut être transmis sur des réseaux,
stocké et traité. Ces représentations digitales du réel peuvent être ensuite reproduites, parta-
gées et enrichies par d’autres. Combinée avec des smartphones, des tablettes ou avec des
capteurs électroniques à la maison ou dans l’entreprise, la digitalisation engendre toujours
plus d’informations. La combinaison de plusieurs sources numériques génère de nouveaux
produits et services, et de nouvelles entreprises se créent pour de nouvelles innovations
(comme par exemple la simulation ou la réalité augmentée 3D).
I LA DÉMONÉTISATION
L’utilisation des inventions digitales à l’échelle planétaire grâce à l’internet et au mobile engendre
des revenus considérables qui sont accrus par le recours à la publicité. Ceux-ci viennent aussi
du passage du mode gratuit au mode hybride, gratuit-payant. Le numérique libère l’économie
de ses chaînes endémiques et génère des flux importants d’activité, sources d’emplois
nouveaux.
I LA DÉSINTERMÉDIATION
Grâce aux plateformes digitales, le numérique réduit ou élimine les intermédiaires en
stimulant la participation des particuliers comme nouveaux contributeurs. C’est le cas du
e-commerce, des uber-taxis, des locations de chambres d’hôtel ou d’échanges de logement.
La représentation numérique du monde s’impose de plus en plus. L’évolution rapide des outils
accélère le remplacement des intermédiations antérieures et change les responsabilités.
Les services rendus aisément disponibles depuis les smartphones sont traités à partir de plates-
formes mettant en relation directement les divers acteurs, transformant le rôle et la nature
des interlocuteurs.
(4) Cf source: Eurostat, article « Statistics explained. Cloud computing-Statistics on the use by enterprises ».
(5) Cf source INSEE première No 1545 avril 2015.
CESER  aquitainE
20
I LA DISRUPTION
L’irruption du numérique perturbe le jeu des acteurs en place ainsi que leur mode de vie et
de fonctionnement. Elle bouleverse la structure de l’économie et la nature de la concurrence.
Les entreprises, même les plus grandes sont soumises à de nouvelles menaces et face à de
nouvelles opportunités, qu’elles doivent saisir et exploiter sous peine de décliner ou de dispa-
raître. La vague numérique, exempte de tout héritage contraignant, tant technologique que
social, fait surgir de nouvelles entreprises, - des start-ups qui deviennent parfois rapidement
des géants - plus imprévus et plus agiles que les piliers de l’économie traditionnelle. Les règles
du jeu ne sont plus les mêmes, et les entreprises installées ont souvent des difficultés à gérer
l’héritage du passé et les difficultés du présent, et hésitent à s’engager dans un avenir incertain.
Les plus grandes d’entre elles affirment la dimension stratégique du numérique et le traduisent
par le recrutement d’un responsable numérique de haut niveau («chief digital executive»)
pour procéder à cette adaptation-mutation, et participant aux instances de direction. (Par
exemple ACCOR, TOTAL). En attendant le progrès et la croissance promis par la révolution
digitale, il faut s’attendre à une domination des nouveaux géants du numérique, brutale et
envahissante, et à des destructions ou changements massifs des emplois dans les secteurs
traditionnels de l’économie.
I LES PERSPECTIVES ET PROSPECTIVES A 2020 ET 2030
Dans un contexte d’évolution permanente des technologies et des usages mais aussi des
nouvelles possibilités de transversalités collaboratives qu’offrent le numérique, il est bien
difficile d’afficher des certitudes en matière de perspectives.
Les principales évolutions observées peuvent apporter quelques précisions :
- la forte augmentation des objets connectés : alors qu’en 2013, l’IDATE estimait à 15 milliards
le nombre de « trucs » connectés, en 2020 ce sont 50 à 80 milliards de choses qui seront
connectées dont 85 % d’objets et wearables (portables/mettables),
- le passage d’objets communicants à des machines connectées réelles ou virtuelles, de plus
en plus autonomes, intégrant la robotique avancée. L’innovation récurrente induite par cette
révolution globale porte à la fois sur les services, les industries, l’ensemble des activités et
des modes de vie. Le rôle de chacun des acteurs est multiple, évolutif. Certains travaux
débouchent aujourd’hui sur des perspectives d’interaction de système à système,
- le développement accéléré du transport de données en vitesse et en volume, assuré par les
réseaux THD (avec des utilisations pour la télémédecine,…), les réseaux TBD (pour la domo-
tique…), le NFC, Wifi… et plus récemment l’apparition de projets « d’essaim de satellites »,
- l’évolution exponentielle des « capteurs » : généralisation de la géolocalisation des biens et
des personnes, numérisation 3D en temps réel, caméras vidéo portable, montres capteurs
de santé,
- le développement des solutions hybrides (intelligence et capteurs), comme par exemple les
Smart Grids dans la gestion énergétique ou les voitures sans chauffeur dans la mobilité,
- la montée en puissance des stratégies d’open innovation et d’open source, largement faci-
litées par le numérique, qui touchent aujourd’hui l’ensemble des secteurs économiques,
- le stockage et l’accès aux données, réalisables par le cloud (dématérialisation des systèmes
d’information), des accès ubiquitaires (où je veux, quand je veux, sur n’importe quelle plate-
forme,…), par open data (transport multimodal,…) ou API (Google maps et sites
touristiques,…),
- le traitement comme pour le business intelligence (banques, assurance, magasins et agences
connectés, relation client continue…) ou l’analyse prédictive (prédiction de ventes, des
pannes…),
- l’impact écologique des moyens techniques, comme la consommation énergétique des data
centers ou la surconsommation des produits IT,
- l’apparition des « solutions de masse » : crowdsourcing, crowdworking, crowdfunding,
- et enfin les nouvelles applications issues des technologies : Nanotechnologie, Biotechnologie,
Information, Cognitique (NBIC) qui annoncent « l’humain augmenté », avec tous les aspects
philosophiques et humanistes que cela comporte.
I L’ACCÉLÉRATION DU CHANGEMENT
Les supports de communication changent aussi de manière rapide ; les mobiles, smartphones
et tablettes, aux capacités et vitesses accrues, devraient dominer les modes de communication.
CESER  aquitainE
21
Cette accélération
des changements
de la communication
peut être appréhendée
à travers la comparaison
du nombre d’années nécessaires
pour atteindre un grand nombre
d’usagers ou par la croissance
des échanges de données.
Fold Growth from the Beginning of 2010 to the end of 2020
Source : IDC's Digital Universe Study, sponsored by EMC, 2012
Dans ce contexte très dynamique, les questions auxquelles les acteurs des activités en
Aquitaine doivent répondre, sont nombreuses, concernent tous les secteurs, toutes les catégories
d’entreprises et toutes leurs fonctions.
L’accélération des mutations est très sensible bien que les différents secteurs soient à un niveau
d’intégration variable : le tourisme, les médias et la banque ont déjà largement modifié leur
modèle, alors que d’autres secteurs comme la construction et l’agriculture apparaissent beaucoup
moins avancés.
CESER  aquitainE
22
Source : CCM Benchmark Etudes 1
Pourcentage de personnes ayant utilisé la banque Source : McKinsey
et la Fevad en ligne/sur Internet au cours des 3 derniers mois
Chiffre d'affaires mondial de l'e-commerce BtoC
Source : Eurostat - enquête TIC 2014 - toutes les entreprises, Source : eMarketer, juin 2013
sauf secteur financier, 10 personnes employées ou plus.
La France présente un retard très sensible dans l’e-commerce concernant les entreprises alors
que les particuliers ont largement intégré ce mode d’achat.
En résumé :
- Si le développement des technologies numériques s’est réalisé aux cours des 40
dernières années, c’est pendant les vingt-cinq dernières que se sont produits les chan-
gements majeurs, marqués par la structuration en réseaux interconnectés et le
démarrage d’Internet. La diffusion généralisée et mondiale de ces modes de communi-
cations s’est accompagnée d’une évolution technologique et d’une montée en capacité
des réseaux permettant l’explosion de la circulation de données.
- Dès lors que la hausse des débits des réseaux Internet a permis le développement des
connexions entre les personnes, la dissémination des capteurs a facilité la connexion
d’objets, amplifiant l’explosion des données d’informations en circulation. L’accessibilité
de l’information a changé la demande des consommateurs et modifié les usages, appe-
lant et suscitant un élargissement de la production des contenus et du rôle de chacun
des intervenants. Les utilisateurs deviennent producteurs de données - crowdsourcing -
mais surtout l’insertion généralisée de capteurs produit des objets communicants, modifie
leur fonctionnement, transforme le système productif. La gestion de ces données suscite
le développement du big data, ensemble des technologies, infrastructures et services
permettant leurs transformations en informations et connaissances. Leur stockage dans
le cloud facilite leur accessibilité et l’interconnexion de ces clouds.
CESER  aquitainE
23
I-1.2 Problématiques globales de société posées
par le numérique dans les activités
La transformation numérique en cours et la révolution à venir ne concernent pas uniquement
les activités économiques. Elles impactent la société dans sa globalité et dans ses différentes
composantes. De nouveaux problèmes sociaux et sociétaux se posent ; l’éthique sociale et
personnelle est reconsidérée. Les conditions de travail dans les entreprises, les nouvelles créa-
tions de richesse, la réorganisation de la chaîne de valeur affectent les acteurs économiques.
La personne humaine elle-même est touchée ; une vision post-humaniste tend à s’imposer
avec l’avènement de l’homme augmenté. Ainsi une véritable culture numérique se diffuse à
travers la planète, en commençant par les pays riches et les agglomérations urbaines. Enfin la
révolution numérique finit par impacter le fonctionnement traditionnel de la vie démocratique
et contribue à redéfinir la citoyenneté moderne.
I POSITION PHILOSOPHIQUE : PENSÉE CRITIQUE DE LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE
Face à la place sans cesse plus prégnante qu’occupe le numérique dans notre vie économique
et sociale, il y a urgence de le penser en gardant une distance critique. La révolution numé-
rique, qu’elle soit célébrée ou stigmatisée, suscite parmi les analystes des réflexions allant du
scepticisme à l’exaltation. Le philosophe Eric Sadin nous propose de « ne pas envisager la
technique ou le numérique comme une unité ou une chose au sujet de laquelle on pourrait
parler en soi, mais comme un foisonnement de dispositifs et de protocoles contradictoires ou
convergents, dont il s’agit de dégager les dynamiques structurantes au-delà du bruit et de la
fureur des divergences idéologiques ». L’enjeu de notre époque est de se demander, ajoute-
t-il, « comment se comporter dans un monde traversé de flux se déplaçant, au propre comme
au figuré, à la vitesse de la lumière ». Ce qui doit être déconstruit et analysé, selon Eric Sadin,
c’est le modèle techno-cognitif qui actuellement s’exerce partout, et la capacité vertigineuse
des systèmes numériques diffus de piloter notre économie et notre société, bref notre existence
via les objets connectés. Que reste-t-il de notre subjectivité et de notre liberté à l’heure des
systèmes robotisés qui ordonnent notre vie quotidienne ? Il faudrait inventer d’autres modalités
temporelles, vivre à contretemps, « observer les faits à la distance critique nécessaire et se
démarquer d’un régime normatif dominant ». Il y a urgence à « soumettre la vie algorithmique
contemporaine à une critique en acte de la raison numérique ». Pour Eric Sadin, c’est un
« combat politique, éthique et civilisationnel majeur de notre temps ». Une théorie critique
de la raison numérique nous permettrait d’apprendre à mettre à distance les effets délétères
de la « nuée numérique »6 autant que ses vertus émancipatrices !
I ÉTHIQUE ET NUMÉRIQUE
L’essentiel des réflexions qui suivent est tiré de l’ouvrage d’Eric Sadin : « La vie algorithmique.
Critique de la raison numérique », dont l’analyse nous semble la plus pertinente et la plus à
jour. Nous entrons dans une nouvelle ère de la numérisation, celle d’un monde régi par les
données, marqué par un glissement de pouvoir des institutions étatiques vers une multitude
d’organismes publics ou privés, par un changement de civilisation amorcé sans véritable
leadership établi. Ces organismes à l’instar des GAFA, de la National Security Agency, figure
de proue de la surveillance massive aux Etats-Unis et dans le monde, ou de Walmart, géant
de la grande distribution, s’adonneraient à une collecte massive de données suivant une vision
sécuritaire et commerciale du monde. D’où la nécessité d’élaborer une théorie éthique du
numérique et de mettre en place des cadres juridiques et institutionnels pour délimiter le
pouvoir du numérique et en faire un outil au service du progrès humain.
Depuis le début, le numérique est considéré comme une formidable occasion historique
d’émancipation, d’assouplissement de la hiérarchie et d’horizontalisation des échanges ; son
projet actuel et à venir est de rationaliser l’ensemble des secteurs de la société, dans une pers-
pective d’optimisation et de maîtrise du cours des choses, et de quantifier intégralement la
vie. La concurrence acharnée entre organismes sans cesse plus puissants, la course à la perfor-
mance technologique, et les velléités de marchandisation accrue provoquent une dérive
inquiétante et dangereuse.
A ce titre, le big data constitue un champ d’action dans un spectre de domaines de plus en
plus large. Par le biais des recommandations et des suggestions sur les sites d’achats en ligne
ou les plateformes culturelles, il vise la prise en charge de l’individu dans les moindres recoins
de sa vie, publique et privée.
(6) Dans la nuée ; réflexions sur le numérique, Byung-Chul Han, 19 mars 2015.
CESER  aquitainE
24
Bien plus que les institutions étatiques, ce sont désormais les entreprises des technologies
numériques et de traitement des données qui déterminent la forme et le fonctionnement de
nos sociétés ainsi qu’une grande partie de la cognition et de l’activité humaines. Ces entre-
prises se sont arrogé un pouvoir d’intervention et d’orientation des actions de l’homme qui
autorise une maîtrise en temps réel du cours des choses. Face à cette puissance accrue du
techno pouvoir, l’Etat est fragilisé sauf à réduire la temporalité de l’action politique au risque
de nuire à la qualité de la prise de décision.
La révolution numérique dans sa phase récente a contribué à la convergence entre les quatre
grands secteurs des sciences et technologies connus sous l’acronyme NBIC : Nanotechnolo-
gies, Biotechnologies, Informatique, Cognitique. Cette synergie entre quatre disciplines
distinctes permet l’accroissement des capacités et des performances humaines. Nanorobots,
nanocapteurs, prothèses substitutives, exosquelettes, robots sociaux, machines intelligentes
etc., sont autant d’outils pour améliorer la santé ou la vie quotidienne des individus. L’homme
ainsi « augmenté » peut user de ces technologies, qu’elles soient embarquées ou parfois direc-
tement implantées. Un premier type de dispositifs concerne la simple augmentation des
capacités naturelles, spontanées, de l’homme. Un deuxième type de dispositifs propose un
changement profond des aptitudes naturelles et une augmentation de ses capacités globales.
Prothèses et exosquelettes sont les meilleurs exemples de l’augmentation et de la substitution
embarquées.
De l’homme « réparé » à l’homme « amélioré » ou « augmenté », la frontière est mince.
Le spectre du transhumanisme est là. Une définition large de ce courant de pensée englobe
l’ensemble des sciences et technologies qui peuvent modifier d’une façon ou d’une autre, le
corps et l’esprit humains. Les contraintes biologiques de la condition humaine qui vont de la
souffrance à la mort peuvent être combattues par les outils technologiques, convenablement
utilisés. De manière ultime on devrait pouvoir s’affranchir du corps et du cerveau pour que
l’esprit et la pensée, mus par une intelligence artificielle, naviguent dans un cyberespace, de
type Web ou internet, universel et quasi intemporel. Les règles de la biologie et du darwinisme
sont dépassés ; le génie génétique permet d’élaborer des clones transgéniques. Le transhu-
manisme recule les frontières du vivant et annonce l’existence d’un autre monde alliant le
vivant et le synthétique. Selon Milad Doueihi,7 : « Un des enjeux passionnants, pertinents du
discours transhumaniste, c’est celui du statut émergeant des êtres culturels, qui ne sont pas
exclusivement de l’ordre du vivant conventionnel, de l’humain ou de l’animal ». Quel sera
le statut de ces êtres culturels numériques ? La rupture transhumaniste, prédite pour le milieu
des années 2030, est fondée sur le concept de singularité qui, par-delà la normalité et les
limites humaines actuelles, repose sur la puissance envahissante de l’intelligence artificielle.
Elle envisage sérieusement l’hypothèse d’une ère post-humaine où l’homme ne serait plus
qu’un spectateur d’un monde régi par des intelligences artificielles ou hybrides. La science-
fiction d’hier deviendrait réalité ! Le temple du transhumanisme est actuellement la
« Singularity university », financée par Google qui, dans ce domaine du numérique comme
dans tant d’autres, joue le rôle de pionnier inventif 8. Sans tomber dans la théorie du complot,
y a-t-il une stratégie secrète pour transformer et contrôler l’homme et l’humanité, élaborée
par des gigantesques organisations comme Google alias Alphabet ?
Nul doute que la bonne vieille raison critique, la distanciation lucide et l’affirmation des
valeurs morales individuelles devraient permettre d’échapper aux dérives du numérique insi-
dieuses, sans être pour autant « techno-résistant » aveugle et primaire. Cependant, les risques
sont tels que la réponse ne peut être que d’ordre public. Il s’agit bien de tirer le meilleur parti
de cette transformation numérique pour construire le mieux-être de l’homme.
La solution c’est de remettre sans cesse l’humain et la relation à l’autre au centre et de
ré-interroger les valeurs qui nous lient tous, qui nous permettent de « faire société », le numé-
rique n’étant qu’un outil supplémentaire.
I FRACTURES NUMÉRIQUES, SOCIALES ET SOCIÉTALES
Le numérique a permis à tout un pan de population d’accéder à des ressources qui leur étaient
totalement inaccessibles précédemment et cela vaut autant à l’échelle d’un pays qu’à l’échelle
des rapports nord-sud. Cependant les plus favorisés sont aussi les plus connectés, et leur agilité
croissant avec les outils numériques, ils continuent à maintenir l’écart s’ils ne le creusent pas
un peu plus.
Le problème des fractures numériques ne concerne pas seulement les insuffisances de réseau,
mais aussi les fossés qui se creusent entre les générations, la révolution des usages et des
(7) Titulaire de la chaire d’humanisme numérique à l’Université Paris IV Sorbonne.
(8) L'homme augmenté : Néotechnologies pour un dépassement du corps et de la pensée, Bernard Claverie, décembre 2010.
CESER  aquitainE
25
modes de vie, et les nouvelles modalités des connaissances. Nous avons déjà constaté la
rapidité extrême de cette révolution numérique. Après internet, l’usage des smartphones tend
à se généraliser.
La première fracture est celle qui sépare les usagers du numérique des non-usagers. C’est
d’abord une inégalité sociale et générationnelle, entre ceux qui s’adaptent et ceux qui restent
à l’écart de la société numérique. Les jeunes, les personnes disposant des revenus élevés, les
cadres supérieurs, les habitants des grandes agglomérations dont Paris, sont plus équipés et
sont susceptibles d’utiliser plusieurs modes de connections simultanés. En 2013, 5% des plus
de 70 ans disposent d’un smartphone contre 75% des 18-24 ans. En France toujours, 55% de
la population pratiquait en moyenne le commerce en ligne ; ce chiffre grimpe à 79% pour
les 25-39 ans, et 82% pour les diplômés du supérieur. L’usage professionnel du numérique
est aussi très inégal : neuf cadres sur dix ont accès au réseau sur leur lieu de travail contre
deux ouvriers sur dix.Vie professionnelle et vie personnelle s’entrecroisent sur le numérique.
« L’économie numérique a un effet multiplicateur des inégalités, car ce sont les plus éduqués
et les plus informés qui en tirent le mieux profit »9.
Valérie Peugeot, Vice-Présidente du Conseil national du numérique, confirme cette analyse :
« les non-connectés, devenus minoritaires, sont également ceux qui sont par ailleurs victimes
de manipulation sociale, culturelle et économique ». Et elle ajoute « nous devons nous affran-
chir du concept de fracture numérique ». Selon elle, dès lors que plus de 80% de la population
est connectée, le véritable enjeu est l’adaptation permanente de toutes les générations aux
nouveaux outils et à l’usage de la masse de données vertigineuse qui surgissent en perma-
nence, et qui transforment nos manières de vivre au quotidien. Selon Valérie Peugeot, « nous
sommes entrés dans une phase permanente d’apprentissage collectif et de remise en cause
personnelle ». D’une façon générale, les jeunes sont les précurseurs et les prescripteurs de
l’ensemble des usages du numérique. Les entreprises globales du secteur l’ont bien compris.
Les usagers sont les acteurs principaux de l’évolution des outils et de l’innovation du
numérique. Dans tous les cas, le numérique dans l’entreprise ou dans la société oblige
à reconsidérer le système de valeurs qui nous unit.
I RÉVOLUTION NUMÉRIQUE, EMPLOIS, ORGANISATION ET CONDITIONS DE TRAVAIL
L’organisation traditionnelle et les réglementations instituées pour une société industrielle
sont profondément modifiées par la transformation digitale. L’ambiguïté du digital vis-à-vis
du travail est réelle. L’ordinateur personnel et surtout les smartphones et autres tablettes,
à l’aide d’une simple connexion ou d’une application, permettent à chacun de travailler n’im-
porte où et n’importe quand, et modifient profondément les relations employeurs-salariés.
Cela est souvent une facilitation du travail indépendant et de la liberté, pour certains ; mais
aussi une remise en cause des droits sociaux et une généralisation de la précarité, pour d’au-
tres. Cela crée plus d’autonomie pour les salariés ce qui modifie considérablement le rapport
à la hiérarchie et la répartition des temps sociaux (réunion, temps de travail, temps privé…).
Une vigilance particulière doit s’exercer par conséquent sur l’organisation du travail (« droit
à la déconnexion », régulation réaffirmée des tâches, des temps de pause, place du dialogue
social…). Le numérique en effet accentue l’impact d’une modification de l’emploi salarié qui
se fait jour : individualisation du travail et des carrières avec les remises en cause afférentes
des droits sociaux et de la sécurité de l’emploi. Cette révolution ambiguë et déstabilisatrice
va vite se révéler inéluctable.
Un nombre croissant d’individus possèdent désormais des outils qui leur confèrent une
puissance de calcul, de stockage, d’informations, de contacts, de formation etc. Les plate-
formes d’intermédiation comme Amazon, Airbnb, etc., en mettant en relation des tâches avec
des travailleurs potentiels n’importe où et n’importe quand dans le monde, deviennent « un
mécanisme de coordination de travail ». On parle même d’uberisation du travail, en référence
au géant californien, devenu emblématique de cette tendance planétaire. Ces nouveaux
travailleurs se chargent de la mise en ligne, de la mise en valeur, de la relation avec le client
et de la transaction. Ce sont autant d’auto-entrepreneurs en puissance, soit dans les services,
soit dans l’industrie avec une simple imprimante 3D. Mais ne faut-il pas voir dans les racines
et l’essor de cette nouvelle économie, qui s’affranchit des réglementations fiscales et sociales,
au préjudice de l’intérêt général, les signes d’une évolution économique et sociale difficile ?
Ainsi pour les produits industriels les plus simples, il suffit d’une tablette, d’un logiciel de
CAO, une imprimante. Pour les plus complexes, la mise en commun de moyens lourds au
sein d’espaces collaboratifs (fablabs), permet la mise à disposition d’équipements spécifiques
pour de nombreuses entreprises. Ingénieurs et concepteurs deviennent ainsi de nouveaux
(9) La nouvelle fracture numérique, David Belliard et Marc Bertrand, Alternatives Economiques Hors-série n° 100 - février 2014.
CESER  aquitainE
26
créateurs d’innovation que les entreprises peuvent solliciter en fonction de leurs besoins à
travers les plateformes technologiques permanentes, ou des hackatons, événements collabo-
ratifs montés pour développer un projet informatique, comme un logiciel ou une application.
Par exemple, le constructeur automobile Local Motors confie le design et l’ingénierie de ses
modèles à une communauté open source en ligne. L’entreprise ne compte qu’une douzaine
de concepteurs, mais a fédéré quelques milliers de contributeurs permanents et peut mobiliser
des dizaines de milliers de contributeurs occasionnels. Ainsi les bureaux d’études, la concep-
tion, l’ingénierie sont éclatés dans le cloud, entre des personnes passionnées, compétentes
qui considèrent cela comme un « travail de loisir, de passion ».
Dans d’autres exemples comme celui de GE Electroménager, la conception et la réalisation
des prototypes relèvent de la communauté du cloud et non plus des salariés de l’entreprise.
Cette nouvelle façon de produire induit de nouvelles formes de recrutement, d’emploi,
de travail et de gestion des ressources humaines.
Les plateformes numériques diffusent largement le crowdsourcing (appel à la foule) qui permet
aux entreprises de mettre en concurrence une multitude de spécialistes sur un projet, et de
sélectionner quelques-uns qui seront rétribués. Des plateformes digitales mettent en relation
des entreprises qui ont des tâches simples comme rédiger des SMS personnalisés, des
commentaires, classer des contenus, mais non automatisables, avec des contributeurs prêts
à le faire. Mais les tarifs sont disparates : ainsi une entreprise française accorde des rémuné-
rations horaires comprises entre 10 et 15 euros, alors que des plateformes de travail en ligne
internationales proposent quelques centimes d’euros par tâche ! Le « digital labor » est la
manifestation la plus surprenante de la transformation du travail par les plateformes.
Pour l’entreprise, le numérique étend la sphère du travail non (ou peu) rémunéré. Pour certains
participants, c’est probablement le moyen d’accroître l’expérience et d’enrichir leurs compé-
tences. Mais dans l’ensemble, le système est discutable car la plupart des joueurs des
hackatons sont des jeunes diplômés en mal d’emplois.
Les comportements dans les relations entre salariés et gestionnaires sont un facteur essentiel
de l’image et de la réputation des entreprises. De plus en plus, les travailleurs indépendants
s’organisent dans des associations et collectifs numériques. Ainsi les clients, entreprises ou
particuliers, peuvent dénoncer les mauvaises conditions de travail de certains établissements.
Les réseaux sociaux et les média se font l’écho d’entreprises aux méthodes brutales de gestion
de leur personnel, notamment liées à l’utilisation des réseaux internes, de climats relationnels
et de conditions de travail dégradées.
Avec la révolution numérique, internet, et la mondialisation, les frontières entre l’entreprise
et le domicile sont devenues poreuses, sans qu’on puisse distinguer parfois ce qui relève des
exigences de l’employeur et ce qui correspond aux souhaits des salariés. Un nombre croissant
de ceux-ci, pour des raisons de commodité ou d’efficacité, préfèrent travailler à domicile. Un
certain nombre d’entre eux préfèrent travailler dans des espaces plus calmes de coworking
aux côtés des travailleurs indépendants. La réaction des entreprises est très variable à cette
nouvelle tendance. Certaines y sont farouchement opposées; d’autres préfèrent accompagner
ce mouvement.
Les méthodes de gestion des GAFA et de leurs émules de la Silicon Valley sont reprises
et adoptées par les entreprises traditionnelles issues de la deuxième révolution industrielle.
La structuration de l’espace de travail, l’amélioration de la qualité de vie, une organisation
hiérarchique non pesante, un fonctionnement quotidien plus agile sont autant de faits innovants
qu’elles ont intégrés.
Sous la pression du numérique, la nature du travail change. Le marché du travail se modifie
profondément sous nos yeux. Les emplois permanents tendent à diminuer en nombre. Les
contrats courts, le temps partiel, le travail intermittent ou indépendant, se multiplient à grande
vitesse. Cette mutation est due notamment à l'expansion du numérique dans les sphères
privées et publiques. Internet est devenu un gigantesque réservoir d'emplois à pourvoir : les
réseaux professionnels et les sites spécialisés fournissent les entreprises et les demandeurs
d'emploi pour leurs besoins. Une nouvelle transformation tend à s'instaurer favorisant la créa-
tion d’entreprises et provoquant la précarité de nombreux emplois dans le monde.
- Des millions d'emplois sont ou seront détruits dans un proche avenir. Comment assurer la
reconversion des personnes ? Formation, mobilité géographique, adaptation du temps de
travail ?
- Des millions d'emplois vont être créés mais dans des domaines nouveaux, dans des condi-
tions nouvelles et dans un laps de temps large et indéterminé. Comment assurer la formation
de ces futurs employés ?
CESER  aquitainE
27
- Enfin, dans les entreprises actuelles, des millions d'emplois vont évoluer dans toutes leurs
dimensions. Les salariés devront s'adapter et évoluer avec l’appui de formations adéquates.
Face à une telle mutation, la priorité est de préciser les modes de régulation qui permettront
d’assurer l'avenir des salariés et de préserver l'ensemble de leurs droits actuels ou à venir.
I RÉVOLUTION NUMÉRIQUE ET CHAÎNES DE VALEUR
La révolution numérique vient bouleverser les modèles d’affaires traditionnels et oblige les
acteurs de la « vieille économie » à se réinventer. 40 % des entreprises du CAC 40 se sont
dotées d’un Chief Digital Officer (DGO), d’un Monsieur ou Madame Digital, doté de pouvoirs
transversaux étendus, et généralement membre du Comité exécutif.
La désintégration des chaînes de valeur accélérée par la révolution numérique signifie que
les activités créatrices de valeur sont recomposées à l’intérieur de chaque entreprise et entre
les entreprises d’un même secteur.
Auparavant une même entreprise pouvait assurer seule toutes les étapes d’une chaîne de
valeur ; désormais, on passe dans un système où cette chaîne intégrée se dissout progressive-
ment, faisant apparaître de nombreux spécialistes de chacune des étapes de la chaîne de
valeur ajoutée. Tout l’enjeu pour les entreprises confrontées à ce défi est de penser leur
stratégie de manière à s’adapter à ce nouveau modèle déconstruit. Aussi, comme l’écrit
l’agence Boston Consulting Group: « aujourd’hui apparaît une nouvelle force qui accélère la
déconstruction des systèmes existants : cette force, c’est celle du consommateur, client ou
utilisateur qui ne se contente plus d’acheter un bien mais qui participe à son élaboration ».
A titre d’exemple, le secteur de l’immobilier connaît en ce moment une telle évolution.
Les nouvelles stratégies relationnelles entre aménageurs-architectes, promoteurs-investisseurs,
et habitants-utilisateurs témoignent de cette mutation lors de la mise en place de projets
immobiliers. Et les innovations permises par la révolution numérique créent de nouvelles
étapes dans les chaînes de valeur, qui constituent autant de portes d’entrée pour les acteurs
qui maîtrisent ces technologies numériques.
Ainsi dans le secteur d’avenir des voitures électriques, la fabrication des batteries et des maté-
riels de recharge constitue de nouveaux maillons de la chaîne de valeur qui permettent à des
acteurs nouveaux de se positionner et prétendre dans l’avenir à un pouvoir de contrôle sur le
marché en maîtrisant un chaînon.
Face à ces changements qui concernent la totalité des chaînes de valeurs, externes ou internes,
les interrogations doivent porter sur les modèles de demain, sur les opportunités, sur la percep-
tion et la représentation des risques, mais aussi sur l’ensemble des transformations inter-
relationnelles et transversales induites, sur la répartition de la valeur.
I RÉVOLUTION NUMÉRIQUE, CITOYENNETÉ ET DÉMOCRATIE
La transformation numérique fait-elle entrer dans un nouvel âge de la citoyenneté, allant
jusqu’à permettre l’apparition de citoyens nouveaux ? Favorise-t-elle un épanouissement de la
démocratie en instaurant une cyberdémocratie ? Ou n’y a-t-il rien de modifié, ni rien de nouveau
sur le fond, le décor seul ayant changé ? Ces questions se posent à l’avènement de toute inno-
vation majeure, de toute révolution technique (machine à vapeur, courant électrique …).
Quel est le contenu d’une future cyberdémocratie ?
Dès 1995-1996, les cités de Bologne (en Italie) et de Valence (en Espagne) se sont dotées de
services informatiques pour mieux servir les besoins de leurs citoyens. Dès la fin des années
1990, la ville de Parthenay (Deux-Sèvres) en France comptait 30 % des habitants reliés à inter-
net. Aujourd’hui toutes les sphères de la société française sont dotées d’outils numériques
(associations, syndicats, partis politiques, gouvernement).
Les travailleurs sont consultés ou informés par les syndicats ou par les dirigeants de leurs
entreprises. Le recours à la messagerie électronique modifie l’utilisation des canaux traditionnels
et hiérarchisés pour la circulation de l’information.
De même les citoyens peuvent être davantage associés au processus d’élaboration de la poli-
tique. Les expériences de vote électronique ont été réalisées dans certains pays comme
l’Union indienne mais ne manquent pas de poser des problèmes.
La démocratisation de la production et de la circulation de l’information à travers l’internet,
les réseaux sociaux, permet aux citoyens d’intervenir dans la vie de la cité, de débattre,
de donner leur avis. Encore faut-il qu’ils puissent se servir de tous ces outils nouveaux
et comprendre tous les enjeux sociétaux convoyés et interprétés par les omniprésents réseaux
sociaux comme Facebook, Twitter ou Google. Etre citoyen dans ce nouveau contexte
CESER  aquitainE
28
numérique suppose un bon niveau de culture générale, scientifique et technique, qui doit
s’acquérir au cours de la scolarité, et mis à jour tout au long de la vie.
Participer sereinement au débat citoyen, à armes égales, implique l’appropriation des connais-
sances numériques par tous. Sinon le risque est de créer des citoyens de seconde zone. C’est
un des visages de la fracture numérique. L’école doit renforcer et généraliser le processus
d’apprentissage des outils et de la culture numériques.
Les élèves doivent s’approprier les outils du numérique d’un point de vue technique (ordina-
teur et les réseaux locaux et à longue distance, les grandes familles de logiciels, les objets
connectés, les traitements, l’information, les bases de données et les systèmes documen-
taires,…) mais aussi développer une analyse critique et être en capacité de décrypter les
différentes informations et comportements, pour devenir des utilisateurs avertis et autonomes
du numérique, et par là même, des citoyens à part entière. L’initiation à l’informatique comme
outil pédagogique est déjà en cours. Mais ne devrait-elle pas devenir une discipline scolaire
transversale, en particulier dans les lycées ? Cette politique doit être mise en œuvre par l’Etat
à l’échelle nationale, les collectivités territoriales pouvant renforcer les conditions de son
application notamment dans le cadre de la formation professionnelle.10
En résumé
Les problématiques globales de sociétés posées par le numérique pour les activités sont
nombreuses et renvoient aux modèles de civilisation à travers :
- la nécessaire pensée critique du rapport de l’homme aux changements induits par le
numérique,
- la prise en compte des risques de fractures générationnelles, territoriales et culturelles
avec la participation des usagers à la création de nouvelles valeurs,
- l’enjeu de régulations organisées aux niveaux pertinents pour éviter des dérives mercantiles
et affirmer les valeurs humanistes, individuelles et collectives,
- l’organisation des relations socio-professionnelles, l’accompagnement du changement
des métiers et des emplois, l’évolution des droits,
- l’innovation dans les chaînes de valeur pour saisir les opportunités et construire des
stratégies adaptées.
I-1.3 Politiques européennes, nationales et régionales
A chaque niveau, l’ensemble des réglementations, incitations et mesures d’accompagnements
qui organisent les cadres d’actions et les appuis financiers établis lors des débuts du numé-
rique, doivent s’adapter aux nouveaux enjeux de ce domaine. En conséquence, elles sont en
cours d’évolution et toutes les modifications ne sont pas encore connues.
I LE NIVEAU EUROPÉEN
Consciente des évolutions en cours, la Commission européenne a présenté le 6 juin 2015
une communication intitulée « stratégie pour un marché unique numérique en Europe »
appuyée sur un document de travail intitulé « A digital single market strategy for Europe -
analysis et evidence ». La politique européenne y est déclinée en trois axes :
- améliorer l’accès aux biens et services numériques dans toute l’Europe pour les consom-
mateurs et les entreprises,
- mettre en place un environnement propice au développement des réseaux et services numériques,
- maximiser le potentiel de croissance de l’économie numérique européenne.
Cette communication sera suivie de différentes réglementations ; sont en préparation des
propositions législatives dont une feuille de route précise le calendrier. Les objectifs sont
notamment les suivants :
- conclure rapidement les négociations sur des règles européennes communes en matière de
protection des données,
- donner plus d'ambition à la réforme des règles en matière de télécommunications qui est
en cours,
- modifier, simplifier et clarifier les règles régissant les droits d'auteur afin de tenir compte
des nouvelles technologies,
- simplifier les règles de protection des consommateurs pour les achats en ligne,
- faciliter la création d'entreprise afin de favoriser l'innovation,
(10) EFFICACITÉ et DARWINISME pédagogiques, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Paris.
CESER  aquitainE
29
- renforcer l'apprentissage et les compétences dans le domaine du numérique,
- permettre l'accès aux mêmes services et contenus en ligne dans tous les pays de l'UE.
La Commission européenne a intégré l’économie numérique dans ses politiques depuis de
nombreuses années, tant dans les programmes régionaux ou interrégionaux mobilisant les
fonds régionaux FSE FEDER, que par différentes initiatives comme celles en faveur des startup
relevant du plan d’action Entrepreneurship 2020 Action Plan et du Small business Act for
Europe, et surtout des financements pour l’innovation (Horizon 2020, COSME and Erasmus+,
Research and innovation - Innovation, Digital Infrastructures, Emerging Technologies, Compo-
nents & Systems, Open Science, Robotics).
Vue d'ensemble du financement :
Financement numérique total Dont Haut débit
FSIE FEDER EUR 17.8 bn ERDF EUR 5.0 bn
FSE EUR 2.1 bn FEADER EUR 1.4 bn
FEADER EUR 1.5 bn
CEF CEF EUR 1.0 bn CEF/BB EUR 0.15 bn
Horizon 2020 and COSME H2020 EUR 12.7 bn331
COSME EUR 0.894 bn332
FESI Aucune allocation sectorielle
Autre BEI et FEI BEI EUR 16.1 bn333 BEI EUR 16.1 bn
FEI EUR 9.2 bn334
Total (2014-2020) Numérique/TIC EUR 61.3 bn Haut débit EUR 22.65 bn
I AU NIVEAU NATIONAL
La France avait jusqu’à juillet 2015 pour préciser sa transcription de la Directive 2013/37/UE
relative à l’ouverture des données publiques.
Dans l’attente du projet de loi du Secrétariat d’Etat au numérique, le Secrétariat d’État à la
réforme de l’État et à la Simplification, a présenté le 31 juillet 2015 en conseil des ministres,
un projet de loi relatif à la gratuité et aux modalités de réutilisation des informations du secteur
public. Ce projet pose le principe de gratuité des informations publiques (État et collectivités
territoriales), avec comme exceptions les autorités publiques tenues de dégager des ressources
propres et les opérations de numérisation des fonds culturels. Ce projet de loi vise aussi à
simplifier la réutilisation de données publiques dans le champ de la culture, de l’enseignement
supérieur et de la recherche, et à faciliter la numérisation des ressources culturelles, allégeant
les démarches des bibliothèques, des musées et des archives.
Le projet du Secrétariat d’Etat au numérique publié pour consultation publique en octobre
2015 intitulé Loi pour une République numérique comporte trois volets : l’ouverture des
données de l’administration au grand public ou open data, le renforcement de la protection
des données personnelles, le développement de l’accès à tous au numérique. Le ministère
de l’économie, de l’industrie et du numérique envisage de préparer le deuxième volet.
S’agissant de l’enjeu de normalisation des échanges, le Gouvernement a annoncé qu’il
s’articulerait avec l’initiative allemande 4.0 pour définir la norme commune.
Par ailleurs, la France soutient le développement des technologies d'impression 3D par un
appel à projets accompagnant 14 fablabs (ou laboratoires de fabrication additive).
Les principales mesures mises en place au cours de deux dernières années concernent
l’initiative French Tech et l’Usine du Futur.
- French Tech
L’objectif de l’initiative French Tech est de positionner la France sur la carte mondiale des
principales nations numériques en favorisant l’émergence d’entreprises de haut niveau, géné-
ratrices d’un grand nombre d’emplois. Ces acteurs du numérique se développent surtout dans
des métropoles qui en stimulent la création et le développement à partir d’écosystèmes qui
concentrent des communautés d’acteurs publics et privés très dynamiques. L’initiative vise
donc dans un premier temps, à identifier et valoriser les « Métropoles French Tech », à stimuler
la croissance interne de leurs entreprises (levier Accélération) et de renforcer leur attractivité
internationale (levier Attractivité). Le pilotage est assuré par la Mission French Tech au sein
du ministère délégué à l’Économie numérique. Les acteurs privés (entrepreneurs, entreprises,
CESER  aquitainE
30
investisseurs) s’investissant dans la croissance de leurs écosystèmes et dans l’accélération des
entreprises numériques en sont le moteur. Les moyens mobilisés s’inscrivent dans le
programme d’investissements d’avenir : 200 M€ pour l’accélération, investis dans des initia-
tives privées (opérateur Caisse des dépôts coordonnant les actions de Bpifrance), 15 M€ pour
l’attractivité internationale (opérateurs Ubifrance et l’Agence Française pour les Investisse-
ments Internationaux).
La labellisation se réalise sur la base d’un cahier des charges, caractérisant :
- un écosystème numérique présentant une taille critique et un fort dynamisme, associant en
particulier un ensemble important d’entreprises de croissance ;
- un réseau d’acteurs publics et privés coordonné, et fortement mobilisé pour les startups et
les entreprises de croissance du territoire ;
- un programme d’accélération d’entreprises numériques porté par les acteurs privés ;
- un environnement urbain favorable, lisible et attractif développé par les collectivités ;
- des espaces d’expérimentation et de démonstration.
Bordeaux Métropole a été labellisée French Tech en 2014.
- L’usine du Futur – industrie du futur
Issue de la démarche Nouvelle France Industrielle (34 plans) lancée en 2014, la seconde
phase a été recentrée le 14 avril 2015 sur neuf solutions industrielles, et une mobilisation
matrice, pour l’Industrie du Futur. Les 9 thématiques (nouvelles ressources, ville durable,
mobilité écologique, transports de demain, médecine du futur, économie des données, objets
intelligents, confiance numérique, alimentation intelligente) seront orientées vers 3 objectifs :
- s’adresser plus directement aux besoins des marchés prioritaires ;
- acquérir une dimension internationale grâce notamment à l’agence Business France ;
- piloter plus efficacement le dispositif via ce regroupement.
Outre la modernisation de l’outil de production, il s’agit d’accompagner les entreprises dans
la transformation de leurs modèles d’affaires, de leurs organisations, de leurs modes de
conception et de commercialisation, dans un monde où les outils numériques font tomber la
cloison entre industrie et services.
Le projet « industrie du futur » (qui prend le relais de l’usine du Futur) :
1- Développement de l’offre technologique pour l’industrie du futur : il s’agit d’accom-
pagner les projets structurants des entreprises sur les marchés où la France peut acquérir
d’ici 3 à 5 ans un leadership européen, voire mondial : fabrication additive comme les
imprimantes 3D, les objets connectés, la réalité augmentée...(Septembre 2015 : lance-
ment d’un premier appel à projets sur les technologies de l’Industrie du Futur, Janvier
2016 : installation d’une plateforme technologique de l’Industrie du Futur, ouverte aux
entreprises industrielles, pour tester et valider des technologies de production robotiques
et numériques de pointe).
2 - Accompagnement des entreprises vers l’industrie du futur : des diagnostics seront
proposés aux PME et aux ETI industrielles par les régions avec l’appui de l’association
« Alliance pour l’Industrie du Futur ».
Deux mesures exceptionnelles de soutien financier aux entreprises qui investiront dans
la modernisation de leurs capacités de production sont prévues : 2,5 milliards d'€ d’avan-
tage fiscal pour les entreprises investissant dans leur outil productif au cours des douze
prochains mois et 2,1 milliards d'€ de prêts de développement supplémentaires distribués
par Bpifrance aux PME et ETI au cours des deux prochaines années. (Juillet 2015 : publi-
cation de la plaquette présentant les dispositifs publics d’accompagnement, déclinés
au niveau régional ; dernier trimestre 2015 : publication d’un référentiel national de
l’industrie du futur à destination de toutes les PME industrielles, des décideurs et des
investisseurs internationaux).
3 - Formation des salariés : la montée en compétence des salariés de l’industrie et la
formation des prochaines générations aux nouveaux métiers constituent la première
condition du succès de l’industrie du futur. Elles accompagnent la présence accrue du
numérique et la robotisation dans l’usine, indispensables pour sa compétitivité dans de
nombreux secteurs, et donc in fine pour la création d’emplois en France. (Avant fin 2015 :
lancement d’une première chaire sur l’Industrie du Futur).
4 - Renforcement de la coopération européenne et internationale : l’objectif est de nouer
des partenariats stratégiques au niveau européen et international, en particulier avec
l’Allemagne. Le périmètre et la gouvernance du projet Industrie du futur ont été conçus
pour entrer en interface naturellement avec la plateforme « Industrie 4.0 » allemande.
CESER  aquitainE
31
Des projets communs, projets pilotes ou de développements technologiques seront
présentés dans le cadre du plan d’investissement européen. (Automne 2015 : lancement
d’un partenariat avec la plate-forme allemande « Industrie 4.0 » ; Février 2016 : publication
de la stratégie française de normalisation pour l’Industrie du futur).
Au sein du programme d’investissements d’avenir, 730 millions d'euros venant de fonds,
subventions, et avances remboursables pourront en partie soutenir cette ambition.
Les deux mesures exceptionnelles annoncées viennent renforcer ces fonds, s’ajoutant au
1,2 milliard d'euros déjà prévu dans les plans précédents.
I LA POLITIQUE RÉGIONALE
L'action numérique aquitaine s'organise autour de quatre objectifs généraux :
- aménager le territoire aquitain en favorisant l'égal accès de tous aux services, outils et usages
numériques,
- soutenir la créativité sociale et la compétitivité des filières traditionnelles et de la filière
numérique en faisant émerger les innovations numériques de demain (appels à projets),
- confirmer le rôle du numérique dans le développement de l'emploi,
- garantir une appropriation durable du numérique dans un écosystème et un territoire
équilibrés.
Elle se décline en différents dispositifs et systèmes d’aides articulés autour :
- de la couverture en très haut débit, opération engagée depuis de nombreuses années avec
les Conseils généraux pour assurer une coordination de l’action et des initiatives infrarégio-
nales avec la mise à disposition d’un ensemble d’outils et un accompagnement de
l’ingénierie des réseaux. En juin 2015, c’est dans une approche élargie à la future grande
Région ALPC que les trois Conseils régionaux ont défini les orientations par l’adoption de
la mise en place d’un dispositif régional unique pour étendre progressivement la couverture
du très haut débit,
- de l’innovation et du développement économique à travers :
• des AMI et appels à projets dans des domaines régionaux ciblés : numérisation et valori-
sation du patrimoine, TIC et santé, intégration de systèmes complexes (capteurs, soft,
puces…), applications mobiles sur tablettes, logiciels libres, M-commerce, géolocalisation
indoor, outils numériques régionaux au service de la formation (E-learning - Serious games
…), proto-types dans le secteur des logiciels libres, de la mobilité ou des "serious game",
• l’accompagnement de la pénétration du numérique dans les Petites et moyennes entre-
prises (PME), les Très petites entreprises (TPE), les entreprises agricoles et artisanales. Il fait
l’objet d’actions individuelles et collectives, notamment avec l’appui des fonds publics
nationaux et européens (Axe 3 FEDER TIC et CPER 2014-2020), comme par exemple
l’action PerfoLean pour les sous-traitants de l’ASD,
• des appels à projets pour la recherche, la consolidation des passerelles entre entreprises
et monde de la recherche expérimentale, le développement d’une filière (pôle numérique
aquitain),
- de l’installation et du développement d’unité de recherche comme l’INRIA ou le Labora-
toire des Usages, et le soutien au développement d’écoles d’ingénieurs spécialisées comme
l’ENSC (Ecole Nationale Supérieure de Cognitique), l’ENSEIRB ou le complexe de l’ESTIA
au Pays Basque,
- du développement de FabLabs comme Coh@bit à l’IUT de Bordeaux ou EirLab à l’ENSEIRB,
de plateformes de transfert de technologie comme CATIE, ou même la création de tiers
lieux de co-working,
- du développement d’un environnement dynamique avec le soutien aux différents clusters
ciblés sur le numérique : ADEISO, TIC santé, Aquinetic (logiciels libres), Bordeaux Games
(jeux vidéo), Topos (applications satellitaires), Aetos (drones), Aquitaine Robotics...et à ceux
développant des actions ou/et projets pour favoriser le numérique dans les activités de leur
thématique : Creahd (construction), Inno’vin (viti-viniculture), Sysolia (énergie solaire).
A cela s’ajoutent la création du pôle Digital Aquitaine, le soutien à la filière du numérique,
à la Cité numérique, aux espaces et lieux de la transformation numérique, la mise en place
d’un programme Aquitaine Start-Up horizon 2015-2020 et la participation à French Tech…
- de la formation professionnelle avec des actions comme Poppy Éducation, des opérations
pour des lycées numériques, une plateforme mutualisée de gestion de formations, le Portail
Aquimob, le Portail formation, et Aquitaine Cap métiers…
CESER  aquitainE
32
- de programmes d’e-administration au sein de la Région Aquitaine destinés aussi bien à ses
agents qu’à ses usagers, ses élus et à tous ses partenaires et ses services, tout particulièrement
dans des domaines comme la dématérialisation des achats publics, des relations avec les
lycées, le système d’information orienté usagers, la continuité numérique de l’usager à
l’agent…
Dans le domaine industriel, c’est le programme « Usine du Futur » qui concrétise l’action
régionale : une opération pilote a été lancée en 2014 et s’est traduite, après appel à manifes-
tation d’intérêt (AMI) et sélection des projets, par la réalisation d’un diagnostic de 100
entreprises dont 21 ETI. Au vu du bilan (cf 1 2), la région prévoit de poursuivre cette action
par un nouvel AMI.
En résumé
Les politiques européennes et nationales continuent d’évoluer afin de construire des
réglementations visant à donner des cadres juridiques et financiers au développement
du numérique dans la société et pour les activités, appelant une adaptation permanente
face aux évolutions rapides constatées. C’est au niveau national que se dessinent l’im-
pulsion structurelle et l’adaptation de la formation initiale.
Le niveau régional se concentre sur l’accessibilité des territoires, la dynamisation
économique, l’appui au développement de l’emploi notamment par la formation
professionnelle.
I-2 DYNAMIQUES ET FREINS DE LA REVOLUTION NUMERIQUE
DES ACTIVITES EN AQUITAINE
La connaissance du positionnement des entreprises aquitaines et de leur capacité à s’insérer
dans la révolution numérique est essentielle pour les perspectives du développement et de
l’action publique en région. Dans cet objectif, la commission a recherché les informations
disponibles. Les dernières enquêtes de l’AEC en 2012, ne peuvent plus traduire la situation
actuelle, vu la rapidité des évolutions, mais elles constituent des points de référence. Les diffé-
rentes organisations professionnelles concernées ne disposent pas de données, hormis
quelques éléments disponibles établis par des chambres consulaires pour leur circonscription
de référence.
I-2.1 Approche qualitative
Afin de mettre en lumière les stratégies des chefs d’entreprise quant au numérique, une
enquête qualitative 11 a été menée par le CESER Aquitaine du 24 août au 21 novembre 2014.
Réalisée au cours d’entretiens qualitatifs auprès d’entreprises repérées, sélectionnées et
sollicitées, en partenariat avec les fédérations professionnelles, elle a permis d’identifier,
pour toutes les fonctions de l'entreprise, les spécificités sectorielles, les opportunités, les
problématiques saillantes, les freins.
L’enquête a été réalisée en coopération avec :
- l’ARDIA pour l’agroalimentaire,
- les Chambres des métiers et de l’artisanat des départements pour les artisans,
- la CCI Aquitaine et la CGPME pour le commerce,
- la FIBA pour les industries du bois.
La pénétration du numérique est abordée par fonctions internes aux entreprises, et par secteurs
d’activité. Cette enquête qualitative a permis de dégager un certain nombre de facteurs de
dynamisme et de freins, et de réaliser une approche par typologie. La commission a complété
cette enquête par différentes analyses sectorielles ou thématiques qui sont également intégrées
de manière sectorielle ainsi que dans la typologie finale.
(11) Enquête qualitative : nombre d’entreprises restreint mais échantillon suffisamment large pour identifier les pratiques et stratégies
des chefs d’entreprises.
CESER  aquitainE
33
I-2.1.1 Approche par fonction
L’approche par fonction est développée en annexe 1 page 58.
La mise en relation de tous les éléments de la chaîne de valeur change la production de
la valeur.
L’approche par secteur permet de préciser les caractéristiques inhérentes aux natures des
produits.
CESER  aquitainE
34
I-2.1.2 Approche par secteur
A partir de l’enquête qualitative, une première approche des spécificités sectorielles incita-
trices ou bloquantes a été possible ; elle est complétée par les auditions conduites au cours
de cette réflexion. L’ensemble de ces approches est focalisé sur les PME et TPE.
Sont ainsi abordés le secteur agricole, l’agroalimentaire, les industries du bois, le bâtiment
et les travaux publics, le commerce de détail, le secteur métallurgique lié à l’aéronautique.
Par forme d’activité un point est fait sur l’artisanat.
L’approche par secteur est développée en annexe 1 page 60.
I-2.1.3 Approche par typologie
A partir de l’enquête qualitative menée auprès des chefs d’entreprise visant à montrer la diversité
de situations dans lesquels ceux-ci se trouvent face aux évolutions très rapides du numérique
ces dernières années, le constat des divergences d’intégration par les entreprises est manifeste.
On peut décrire 6 profils-types de chefs d’entreprises. Ces catégories permettent de mieux
connaître les actions conduites par les dirigeants pour appréhender leur positionnement par
rapport au numérique. C’est un outil d’investigation qui permet de définir un phénomène
social par ses caractères observables les plus généraux.
CESER  aquitainE
35
Typologie des chefs d’entreprise face au numérique
En complément de ces typologies, quelques éléments de dynamisme et freins génériques ont
été identifiés au cours de l’enquête :
Eléments de dynamisme
- Présence d’un service informatique dans l’entreprise : la taille de l’entreprise ainsi que le
produit fabriqué sont déterminants pour le recrutement de personnel travaillant spécifique-
ment dans les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication).
- Réglementation : les réglementations contraignantes comme par exemple la traçabilité du
produit obligent les entreprises à s’équiper.
- E-administration : en rendant obligatoires certaines formalités notamment fiscales, l’admi-
nistration conduit les entreprises au numérique.
- Demande des donneurs d’ordre (y compris les marchés publics) : pour rester présentes sur
les appels d’offres et les marchés accessibles par voie numérique, les entreprises doivent
également intégrer le numérique.
- Âge de l’entreprise : lors d’une création d’entreprise, toutes les solutions sont examinées
afin de trouver celle qui convient le mieux. Les solutions adoptées sont donc souvent inno-
vantes par rapport aux entreprises qui existent depuis longtemps.
Chef d’entreprise
Informatique
(matériel
et logiciels)
Machines
(automates,
machines avec
un poste
informatique, etc.)
Réflexion sur
le numérique
Personnel TIC
Complément
Le perdu
Utilisation
du numérique
au minimum
(comptabilité).
Pas de machines
reliées à un poste
informatique.
Aucune,
ce n’est pas une
préoccupation
Non
Majorité
d’artisans
Le suiveur
Utilisation
basique du numé-
rique, les logiciels
utilisés sont choisis
par un groupe
ou leur utilisation
est minime.
Si des machines
sont reliées à
un poste
informatique,
leurs données ne
sont pas exploitées
par l’entreprise
(mais peuvent
l’être au siège
du groupe).
Minime ou
c’est le groupe
Prestataire
externe ou au
siège du groupe
Le retardataire
Bonne utilisation
du numérique,
des efforts sont
parfois faits pour
utiliser des outils
innovants.
Certaines
machines sont
numériques mais
leurs données ne
peuvent pas être
extraites (nécessité
d’intervention
humaine
ou problème
technique) ou
elles vont l’être.
Commence
Prestataire
externe
L’entrepreneur
Les équipements
informatiques
sont récents, les
logiciels utilisés
sont adaptés et
parfois innovants.
Informatisation
de la production
entièrement
ou en partie :
les données
peuvent être
exploitées sur ERP.
Engagée
Prestataire
externe
Le novateur
Sans les outils
numériques
l’entreprise ne
pourrait pas
fonctionner en
interne, le site
internet est capital
pour les clients
en externe.
Informatisation
de la production
entièrement
ou en partie :
les données
peuvent être
exploitées sur ERP.
Permanente
Une ou plusieurs
personnes travail-
lent dans les TIC
Une partie
des services peut
fonctionner
à l’horizontale.
L’innovateur /
L’initiateur
Utilisation des
outils numériques
constante, entre-
prise connectée,
utilisation de
nouveaux outils,
l’entreprise est à
la pointe.
Informatisation
de la production
entièrement
ou en partie :
les données
peuvent être
exploitées sur ERP.
Avancée
Une ou plusieurs
personnes
travaillent dans
les TIC ou le chef
d’entreprise
lui-même
L’entreprise
entière ou une
partie des
services peut
fonctionner à
l’horizontale.
CESER  aquitainE
36
- Personnalité et génération du dirigeant : les jeunes chefs d’entreprise utilisent largement le
numérique. Cependant, la fracture générationnelle n’est pas toujours évidente, l’intérêt porté
au numérique est également un effet de personnalité.
- Réseau du dirigeant : l’accès à l’information est facilité par les conseils et avis que le chef
d’entreprise peut trouver auprès de ses relations et équivalents professionnels, quel que soit
leur secteur d’activité.
- Fonds publics : les subventions permettent d’aider les entreprises à investir pour s’équiper.
- Dynamisme de l’environnement socio-professionnel (fédérations, chambres, associations,
syndicats, agences…) : ces organisations permettent de faire circuler les informations au
sein d’une branche et accompagner l’accès aux formations.
- Logiciels libres : le développement de logiciels libres (gratuits) peut inciter les entreprises
à s’équiper de solutions techniques innovantes et adaptées à moindre coût.
Freins
- Âge du dirigeant et des salariés : un dirigeant proche du départ à la retraite peut ralentir
ou stopper une transition vers le numérique. De plus, même si ce n’est pas systématique,
un effet de génération agit sur la connaissance et l’aisance dans le rapport au numérique.
- Âge de l’entreprise : une entreprise qui existe depuis longtemps a des habitudes organisa-
tionnelles nécessitant des efforts importants pour réaliser des évolutions et se remettre en
question.
- Infrastructures et débit : selon la localisation de l’entreprise, les coûts de raccordement et
l’insuffisance du débit l’empêchent d’évoluer. Le prix des opérateurs est trop élevé, tant pour
disposer d’internet que pour un plus haut débit.
- Culture traditionnelle : dans certains secteurs où la notion de métier est forte (culture, tradi-
tions, valeurs attachées au métier, etc.), l’innovation peut être perçue comme dangereuse.
- L’administration : quand l’administration utilise et exige toujours des versions papier,
elle n’incite pas les entreprises à dématérialiser. De plus, une communication inadaptée
provenant des contrôles des impôts entraîne la conservation d’un archivage papier.
- Sécurité : la peur du piratage et de la perte des données freine la migration des entreprises
vers des solutions de stockage numérisées.
- Lenteur des syndicats, chambres, fédérations, unions, etc. : de nombreuses organisations
professionnelles ne sont pas assez informées, formées et équipées pour transmettre les infor-
mations sur les outils et les accompagnements numériques. Donc l’information ne circule
pas toujours bien entre les structures relais et les entreprises.
1-2.2 Un écosystème motivé pour l’intégration numérique :
un large ensemble d’acteurs en évolution
De nombreux organismes participent à l’écosystème numérique de l’Aquitaine : associations
professionnelles, agences de développement régionales ou locales, chambres consulaires…
Des sites spécifiques se voient également dédiés à l’animation de l’écosystème. La commis-
sion s’est plus particulièrement intéressée à certains d’entre eux au cours de ses auditions,
sans que cela présume de leur dynamique dans cet ensemble.
CESER  aquitainE
37
L’approche de l’écosystème du développement économique est développée en annexe 1 page 66.
Plus que le nombre d’organismes ou leur champ respectif d’intervention, c’est l’efficacité de
l’ensemble de cet écosystème sur le territoire régional et les interactions qui sont les enjeux
de l’appui aux activités. Sa capacité à assurer la couverture transversale de toutes les activités
potentielles, l’animation et l’accompagnement de chacune des filières, de chaque niveau de
développement des activités, sont déterminants pour la dynamisation globale du système.
Associations et organisations professionnelles, agences de développement, chambres consu-
laires, clusters et pôle de compétitivité, centres technologiques et plates-formes, technopoles,
tiers lieux, tous ont leur rôle à jouer dans leur créneau respectif de compétences.
ACTEURS DU
DÉVELOPPEMENT
ÉCONOMIQUE
URUURSACT DRR DDCTEA T DA RUACTEU S DU
ON
URU
É
C
O
M
T
D T
D
OP
NOM
P
D
M
RSR
DÉVEL
ÉCONOM QUEMIQIQUE
LO
OM
É
CON MÉC
DÉVEL
ÉCONNOMIQUÉCONOMIQUE
ELLO PEM NTENTDÉVELOPDÉDÉ E O MENTDÉVELOPPEMENT
URT RS DUACTEURSUR DUACTECTEURSACTEURUACTEURS DU
CESER  aquitainE
38
II. Enjeux et propositions
pour l’Aquitaine à l’aube
de la grande région
La première partie de ce rapport a insisté sur les ambiguïtés et contradictions de la transfor-
mation numérique qui reste un enjeu de démocratie dans toutes ses dimensions, et a permis
d’aborder la situation de l’Aquitaine.
Dans cette deuxième partie, l’analyse sera centrée sur l’Aquitaine avec pour, chaque sous-
partie, une approche des enjeux aquitains et des propositions d’actions à mettre en œuvre à
différents niveaux.
Sans prétendre aborder de manière exhaustive l’ensemble des enjeux liés à cette révolution
numérique, la commission a cherché à identifier certains d’entre eux qui lui paraissent de
nature à ouvrir le débat tant auprès des acteurs institutionnels qu’auprès des acteurs socio-
professionnels.
Ce chapitre s’organise de la manière suivante :
- Le premier point sera centré sur la manière de favoriser l’agilité pour le développement
économique et l’emploi.
- Le deuxième visera à faire de la révolution numérique une source de progrès dans le monde
du travail : par quelles voies et par quels moyens ?
- Le troisième portera sur la sécurité et les régulations : adapter les cadres juridiques et légaux.
II-1 Pour le développement économique et l’emploi :
favoriser l’agilité et le partage
L’agilité s'avère être le pivot de la révolution numérique. Elle concerne l’individu comme les
entreprises. La question est de savoir comment rendre les organisations plus fluides, plus
disruptives, et aller vers des formes plus agiles, plus transversales, plus connectées, plus
centrées sur l’humain. L’industrie du futur en est un exemple des plus probants. Mais cela
comporte des risques qu’il faut contenir par des cadres juridiques et légaux mieux adaptés.
Les quatre valeurs généralement admises12 qui forment le socle des méthodes agiles sont :
- l'équipe, en favorisant les talents individuels et leurs interactions, plus que les processus et
les outils,
- l'opérationnalité des réalisations plus qu'une documentation exhaustive (principe de prag-
matisme),
- la collaboration itérative et active entre les personnes et les acteurs, en particulier les clients,
comme moteur de co-construction dynamique et adaptative,
- l'acceptation du changement à travers le développement de comportements d'adaptation
permanente et progressive au changement plus que le suivi d'un plan. On parle aussi de
flexibilité ou d'empirisme itératif.
L'usage du numérique au quotidien, mais aussi les modifications profondes des modèles
économiques, sous-tendent les principes d'agilité tant dans la conception et l'innovation colla-
boratives que dans les outils qui permettent l’application de ces principes dans les
organisations et les entreprises. Il en est ainsi par exemple, et sans exhaustivité aucune, du
partage constructif de l'information, des collaborations spontanées de talents, des cultures de
solidarité opérationnelle sur les projets, de rythme de développement soutenable, de la simpli-
fication des processus et des tâches, voire même de principes d'auto organisation en
escouade.
II-1.1 Anticiper les changements de modèles : comprendre
l’évolution des chaînes de valeur, innovations,
disruptions, industries du futur
L’agilité réside dans la capacité d’anticipation des changements de modèles, dans la compré-
hension de l’évolution des chaînes de valeur, dans la mise en place d’innovations disruptives.
(12) Source : Wikipédia.
CESER  aquitainE
39
II-1.1.1 Quelles chaînes de valeurs et quels modèles économiques ?
Enjeux :
A travers les différents changements introduits par le numérique dans la circulation de l’in-
formation, c’est un bouleversement complet des valeurs internes et externes des entreprises
qui se dessine, s’agissant des perspectives, des organisations et de la production. Mais ce
bouleversement, ne peut se réduire à la simple captation de valeur. De façon générale, la
transformation numérique génère et va générer des gains immenses de productivité et de créa-
tion de valeur ajoutée. Leur utilisation et leur juste répartition sont un enjeu sociétal essentiel
pour que la transformation soit synonyme de mieux vivre, de progrès social et démocratique.
Dans les activités, la majorité des systèmes actuels est basée sur une hiérarchisation de l’accès
à l’information dont découle une organisation essentiellement descendante. Dès lors que
l’information devient accessible à tous, à tout moment et met sur un pied d’égalité les diffé-
rents niveaux d’acteurs, du client au producteur ou au décideur, ces organisations se trouvent
remises en cause. Les conditions de l’accès à l’information pour tous doivent bien évidemment
être réunies. Ainsi la rareté initiale de l’information qui en faisait une valeur clé disparaît ;
celle-ci devient abondante, foisonnante ; elle se démultiplie. C’est dorénavant son traitement
et la capacité à gérer la masse d’informations qui changent les perspectives et les rapports
entre les acteurs. C’est à ce niveau que doit se reconstruire la chaîne de valeur dans toutes
ses dimensions (économique, sociale, environnementale, d’usage…).
En conséquence une entreprise ou une exploitation devrait se reposer la question, à chaque
étape de son process, des modifications auxquelles conduit cette ouverture de l’information :
- c’est dans la relation client et dès les approvisionnements que les premières mutations s’opèrent,
- elles interviennent ensuite au cœur de l’activité des entreprises : processus de conception,
de production, de vente, de service après-vente, de maintenance et d’image qui en résultent,
- mais aussi dans l’usage du produit ou du service : l’usager n’est plus passif et peut-être
lui-même créateur de valeur.
L’accessibilité des données a suscité des lieux de stockage infinis, le cloud. Les logiques parti-
cipatives et collaboratives se développent par la mise en commun et l’enrichissement mutuel,
autour de fablabs, de plates-formes…
Ce changement culturel qui investit la société peine à entrer dans les entreprises où les orga-
nisations se sont structurées dans le temps, hiérarchisées, où les relations de travail ont été
négociées… La perception par les chefs d’entreprise des modifications induites dans leurs
activités et dans leur organisation par la transformation digitale reste trop faible.
Les nouvelles donnes auxquelles chaque entreprise ou activité doit être attentive concernent :
- La valeur d’usage qui prend le pas sur la valeur de possession. Les moyens alternatifs
à l’achat ont été pris en compte dans les réflexions des utilisateurs, suscitant des solutions
d’usage et le développement d’une économie collaborative.
- La dimension environnementale : la lutte contre la pollution, la diminution des consomma-
tions et la réduction des gaspillages accompagnent la recherche d’économies.
- L’apparition de communautés d’appartenance éphémères ou structurées, à de multiples
échelles, est de plus en plus nette dans un univers toujours plus individualiste.
- La recherche d’un financement moins dépendant des banques et plus autonome. L’essor des
e-bank, offrant des services accessibles en permanence, mais surtout la création des plate-
formes de crowdfunding (financement participatif) permet de capter des communautés,
valorise le projet, et progresse rapidement comme alternative ou complément aux moyens
classiques de financement.
- L’élargissement de la valeur collaborative à celles d’échanges et de partage qui se renforcent.
- L’évolution de la supply chain, qui doit prendre en compte les changements dans les appro-
visionnements et les flux de matières en lien avec ces nouveaux modes de production.
CESER  aquitainE
40
Tous ces éléments relèvent d’une vision stratégique de l’entreprise, intégrant tous les maillons
de l’exploitation ou de l’organisation. Il est donc fondamental que les chefs d’entreprise s’im-
pliquent dans une telle dimension stratégique.
Le développement de la valeur est de plus en plus important dans les startups qui répondent
à ces différentes caractéristiques et font preuve d’une forte agilité et créativité. Celles-ci
deviennent un enjeu pour les autres entreprises qui souhaitent bénéficier de leur agilité soit
par des partenariats à nouer soit par captation directe/acquisition (pouvant relever tant de
stratégies de positionnement des entreprises que d’excès de la financiarisation de l’économie).
I PROPOSITIONS
• Favoriser et renforcer la prise de conscience de toutes ces évolutions à tous les niveaux
par une communication-information adaptée, accroître l’efficacité de la mobilisation.
Des initiatives européennes et nationales sont prises régulièrement pour sensibiliser les
entreprises et l’ensemble des activités à la révolution en cours.
Des appels à projet ou appels à manifestation d’intérêt sont lancés dans de nombreux
domaines. Des fédérations professionnelles ou d’autres structures accompagnent la mobi-
lisation de secteurs (aéronautique, bâtiment, ferroviaire …). Au niveau régional, une
déclinaison équivalente est de nature à renforcer les mobilisations des acteurs profession-
nels. Dans cet objectif, une duplication ou transposition en région des actions nationales
apparaît indispensable.
En Aquitaine, les initiatives actuelles ont permis de sensibiliser un nombre déjà significatif
d’entreprises à partir de la mobilisation de l’écosystème du développement économique.
Désormais la majorité des organisations s’active pour accompagner les entreprises, pour les
sensibiliser au numérique, pour susciter leur participation aux événements de sensibilisation
développés précédemment.
- Les Chambres consulaires régionales et territoriales, à travers leurs missions d’appui au
développement économique, les associations d’entreprises qu’elles ont générées, ont réussi
à motiver un certain nombre de TPE PME et exploitants, et à les impliquer dans cette trans-
formation, notamment à travers des pré diagnostics et formations.
- Les organisations professionnelles ou interprofessionnelles ont engagé des actions de manière
plus inégale, tout en ayant conscience des enjeux pour leurs entreprises. Certaines organi-
sations professionnelles, orientées sur des logiques de branches, ont choisi de conduire
quelques opérations directes (métallurgie) ou en partenariat (ARDIA).
- Les agences de développement, les pôles de compétitivité, les centres technologiques, des
associations, organisent également des actions de sensibilisation et de pénétration vis-à-vis
de toutes les entreprises de leurs champs avec des modèles ciblés sur leurs domaines.
CESER  aquitainE
41
- Les associations d’entreprises du numérique comme l’ADEISO, Aquinum, eTIC 47… sont
actives à leur initiative ou en réponse aux demandes des organisations professionnelles,
des agences de développement ou des chambres consulaires, des pôles, pour sensibiliser
les entreprises de tous les secteurs. Elles organisent également des événements de diffusion
de la culture numérique
- Les entreprises prestataires du numérique et les constructeurs producteurs de matériel, mais
aussi les grandes entreprises s’engagent dans des sensibilisations des entreprises clientes en
valorisant les potentiels du numérique ainsi que leurs produits, ou encore en accompagnant
des start-ups.
Cependant la majorité des entreprises reste encore à l’écart de cette digitalisation de l’éco-
nomie, ce qui appelle une amplification des actions conduites, mais surtout un ciblage
à travers la mobilisation des acteurs les plus pertinents et les plus proches sur l’ensemble
du territoire régional. L’ampleur de la révolution à conduire est à la mesure des risques de
disparition d’entreprises et d’emplois sur l’ensemble du territoire régional.
Le nombre d’entreprises engagées dans une démarche de numérisation ou un diagnostic reste
donc insuffisant et devrait être considérablement augmenté.
Une action plus systématique, plus profonde associant toutes les organisations devrait être :
- impulsée par le Conseil régional qui va disposer de la compétence exclusive en matière
de développement économique et par la métropole et les communautés de communes
avec lesquelles il devra articuler son action,
- et déclinée à plusieurs niveaux de sensibilisation, d’information ou de diagnostic et de
suivi. Toutes les entreprises présentes en Aquitaine sont concernées, tout particulièrement
les PME et TPE et les exploitations agricoles réparties sur le territoire de la région actuelle
et demain de la grande région. L’ensemble des acteurs de l’écosystème du développement
économique doit être associé à ce mouvement, que ce soient ceux déjà mobilisés mais
aussi ceux qui ne font pas traditionnellement l’objet d’un accompagnement particulier du
Conseil régional.
La diffusion du numérique dans les TPE-PME appelle des modes de communication adaptés,
prenant en compte les typologies de chefs d’entreprise identifiées lors de l’enquête, nécessi-
tant un plan d’action comprenant :
- un changement d’échelle dans la mobilisation des appuis à la mutation de la part des
collectivités, en tout premier lieu du Conseil régional,
- un volet information-formation substantiel, valorisant les retours d’expérience de manière
à convaincre les chefs d’entreprise de la fiabilité de ces nouveaux outils,
- présentant les ouvertures de nouveaux marchés sur les domaines identifiés,
- valorisant les applications utiles facilitant les tâches des salariés, tout en diminuant la
pénibilité et les risques d’accidents,
- incitant à la mutualisation non seulement des moyens technologiques mais aussi des expé-
rimentations dans la conduite de cette adaptation/mutation/révolution numérique de plus
en plus complexe, au recours partagé à un « spécialiste numérique » pour accompagner
plusieurs PME/TPE,
- répondant aux besoins identifiés par les secteurs.
• Renforcer le dispositif d’accompagnement des PME-TPE pour réaliser un diagnostic /appui
au conseil
L’aide au conseil, appui mis en œuvre par le Conseil régional depuis longtemps, permet d’ac-
compagner les PME et TPE sur des diagnostics réalisés par des consultants dans différents
domaines. L’élargissement de son enveloppe budgétaire et un renforcement de la mobilisation
en faveur de son utilisation par les entreprises pour la transformation numérique (une centaine
d’entreprises par an actuellement) seront nécessaires pour accompagner l’effort de transition
à réaliser.
Le dispositif mis en place par le Conseil régional et l’Etat avec l’appui des fonds européens
du Feder sur la période 2015-2020 consistant en un Chèque TIC ou un Chèque Accélération
TransfoNum, vise à un diagnostic de l’entreprise revisitée sous l’angle des transformations
numériques. Cet appui stratégique apporté par des professionnels du numérique répond bien
aux besoins de nombre d’entreprises. Il mérite d’être élargi pour accroître sa diffusion. Le
potentiel de diagnostic initialement évalué à près de 300 entreprises aidées par ces fonds, en
lien avec l’enveloppe financière définie, paraît insuffisant au regard du nombre d’entreprises
CESER  aquitainE
42
du territoire régional. Pour faire face au volume de dossiers à instruire, une organisation
permettant une adaptation du système avec une mobilisation/délégation des acteurs les plus
concernés et les plus structurés devrait pouvoir être envisagée impliquant les structures appor-
tant le plus de dossiers, en préservant la visibilité de l’origine de l’appui financier. L’enveloppe
financière dédiée devra être adaptée aux besoins et mobilisée activement sur le début de la
période.
• Favoriser la création d’entreprises
La création d’entreprises nourrit et anime la pénétration du numérique dans les activités.
Les soutiens à la création d’entreprises et points d’appui sont organisés autour d’un écosys-
tème comprenant des acteurs intervenant aux différents niveaux : chambres consulaires pour
les préparations, inscriptions et formalités ; incubateurs pépinières et technopoles pour les
étapes successives du développement.
Le Conseil régional vient de lancer une démarche d’appui – Aquitaine Start-up – pour accom-
pagner la création d’entreprises numériques.
• Favoriser le financement : afin de répondre de manière précise et identifiée aux besoins de
financement que permettront de détecter les prédiagnostics réalisés, il serait essentiel qu’un
Fonds soit dédié au financement à des entreprises s’engageant dans une démarche straté-
gique de transformation de leur modèle économique. Qu’il s’agisse d’une création de fonds,
ou du fléchage d’un fonds existant, l’objectif sera d’obtenir un effet incitatif à travers la visibilité
qui lui sera donnée.
• Développer des plateformes collaboratives : l’ampleur des évolutions technologiques et
des besoins des entreprises, le niveau d’utilisation de chacun, d’apprentissage, de spécifi-
cation, appellent un appui opérationnel à la sensibilisation et la mise en pratique,
l’accompagnement des PME-TPE et exploitants. Ils peuvent trouver cette facilitation à travers
des moyens partagés notamment au sein de plates-formes collaboratives. Toutes les entre-
prises doivent pouvoir s’appuyer sur les plates-formes généralistes existantes, tout en
revisitant leurs champs et leur fonctionnement, mais aussi trouver des accompagnements
plus spécifiques pour la mise en commun de démarches de moyens technologiques parti-
culiers. Le soutien apporté à ses plates-formes doit être plus fortement lié à leur utilisation
par les entreprises. Pour les industries, les équipements mutualisés doivent permettre de
rattraper le retard qui se dessine pour des équipements comme les imprimantes 3D qui
constituent une priorité face aux accélérations de cette innovation technologique. A cet
égard, les dynamiques présentes autour de CompositAdour et de l’Estia, de l’Ensam - I2M,
ou de ENSERB - Eirlab et de l’IUT - Cohabit constituent des premiers points d’appui.
De plus, dans la perspective de la grande région, les compétences et centres existants en
Limousin (céramique et laser par exemple) ou en Poitou-Charentes (jeux vidéo et image
notamment) doivent être intégrés dès à présent dans l’offre potentielle pour répondre aux
attentes des entreprises.
II-1.1.2 Innovations – disruptions
Enjeux
L’agilité qu’introduit le numérique dans les activités favorise l’ouverture de l’innovation dans
toutes ses dimensions, correspondant à celles identifiées par la FING13 et la BPI France dans
leur référentiel14 :
- Innovation technologique : création, amélioration, intégration d’une nouvelle technologie,
de nouvelles machines, de process de qualité, d’économies d’énergie, de matières premières
et de réduction des déchets …
- Innovation de produit, de service, d’usage : création ou amélioration d’un produit ou service,
- Innovation de commercialisation : ciblée autour de la mise en vente, de la promotion, et du
développement d’une offre ou d’un produit, de la relation client, de la démarche marketing,
de la présentation…
- Innovation organisationnelle : organisation du travail au sein de l’entreprise (management,
méthode de travail, travail collaboratif, outsourcing), développement de la chaîne logistique,
- Innovation de modèle d’affaires (business model) : changement de la structure des gains de
l’entreprise, de la différenciation compétitive, des nouvelles sources de création de valeur,
de nouvelles relations avec l’écosystème de l’entreprise…
(13) FING : fondation Internet nouvelle génération ww.fing.org
(14) http://www.bpifrance.fr/Actualites-Bpifrance/Innovation-
Nouvelle-Generation-Bpifrance-en-partenariat-avec-la-FING-presente-unnouveau-referentiel-de-l-Innovation-pour-mieux-accompagner-
les-futures pépites françaises-
CESER  aquitainE
43
- Innovation sociale : réponse à un besoin social, aussi bien dans le produit considéré que
dans les méthodes de vente, par intégration des enjeux sociaux, économiques et environ-
nementaux ainsi que des dimensions territoriales (cohésion sociale, déplacement en
énergie…), prise en compte des aspects sociaux et sociétaux…
Ces innovations peuvent être introduites avec une intensité variable, impliquant pour certaines
un changement durable ou restant à un niveau plus modeste.
Pour faciliter l’entrée des entreprises dans le numérique, il s’agit de les amener à comprendre
et maîtriser les outils leur permettant :
- d’améliorer leur dimension commerciale : augmenter leur visibilité / communication/ s’ins-
crire dans l’e-commerce, élargir leur clientèle. Savoir gérer la communication par internet
est une problématique qui interpelle les chefs d’entreprise : faut-il utiliser un prestataire
externe ou embaucher une personne dédiée à cette tâche ou mobiliser un ou plusieurs colla-
borateurs ? Partager des emplois (co-employeurs) ;
- de connaître les outils de mobilité utilisables par eux-mêmes et par leurs salariés ;
- de participer aux Echanges de Données Informatisées (EDI) : celles qui imposent une norma-
lisation de la syntaxe, des données échangées pour être accessibles aux plus petites
entreprises ;
- d’accéder à des financements adaptés à leurs besoins.
Il existe aussi des enjeux sectoriels spécifiques appelant des mesures ciblées. Toutes les profes-
sions n’ont pas encore identifié ou ne se sont pas encore engagées dans l’analyse des effets
concernant leurs entreprises. La mobilisation des fédérations devra permettre d’aller plus loin
en ce sens.
Le dépôt de brevet, la propriété intellectuelle, la confidentialité des recherches sont des
marqueurs essentiels des entreprises actuelles. Dans les évolutions en cours, tout particuliè-
rement dans certaines entreprises numérisées, nombre des innovations sur les produits de
celles-ci proviennent du public et des usagers. Dans un tel contexte , la protection d’une
innovation peut être moins profitable que sa diffusion et son amélioration si le processus est
plus ouvert au public. Ainsi les entreprises pourront s’orienter vers un état d’innovation perma-
nente et de « captation des apports de la multitude15» . Cependant, toutes les données et
innovations ne peuvent être accessibles sans restriction pour que les entreprises conservent
le pilotage de leur cœur de métier. Par exemple, tous les domaines relatifs à des facteurs de
sécurité ou nécessitant des qualifications particulières ne peuvent être librement accessibles.
La Région doit s’adapter au fonctionnement du monde numérique : PARTAGE ET PROJET en
ayant pour objectif de préparer les Aquitains à saisir les opportunités, en étant autonomes et
responsables tant individuellement que collectivement.
Dans cet objectif, le Conseil régional qui a déjà engagé et concentré sa politique de déve-
loppement économique sur l’innovation pourrait la faire évoluer vers plus de transversalités.
I PROPOSITIONS
• Organiser l’appui aux entreprises, travailler en réseau, renforcer les synergies et les trans-
versalités
Le numérique pénétrant toutes les activités, la fertilisation croisée est une source fonda-
mentale d’élargissement des activités et des emplois, permettant d’élargir les compétences
et spécialisations régionales par filières (comme par exemple agriculture et drones, géolo-
calisation-cartographie…).
A l’image de l’interclustering initié par ADI ou des ouvertures engagées par certains pôles
de compétitivité, il s’agit de croiser les logiques sectorielles avec les indispensables
transversalités poussées par le numérique. il faut renforcer les coopérations entre les repré-
sentations sectorielles et les acteurs du numérique.
Si dans un certain nombre de domaines, les échanges se réalisent à un niveau de commu-
nication-information, ils doivent désormais atteindre une autre dimension et devraient faire
l’objet d’engagement de toutes les structures appuyées par le Conseil régional,
Cette intégration suppose une évolution de l’écosystème, conduisant à diffuser et créer des
passerelles, à sortir les organismes de leur centrage actuel.
• Renforcer les liens entre les entreprises et l’enseignement supérieur et la recherche pour
augmenter l’ouverture aux compétences transdisciplinaires.
(15) (Colin et Verdier. L’âge de la multitude 2013).
CESER  aquitainE
44
• Lancer des projets d’études prospectives sur de nouveaux usages possibles des objets, des
données, des équipements ; en promouvoir les idées d’amélioration, d’innovations, ouverts
à tous les Aquitains.
• Diffuser le référentiel d’innovation auprès des PME et ETI avec l’appui de tous les acteurs
de l’innovation en précisant les aspects financiers d’accompagnement éventuel.
• Soutenir des accompagnements novateurs et agiles comme :
- centrer l’appui sur l’innovation : il sera essentiel que les actions approfondissent avec les
entreprises l’identification de sources de valeur ajoutée pour chacune d’entre elles. Plus
globalement, l’appréhension de la multiplication des lieux de création de valeur devra
faire l’objet d’analyses et d’actions pour capter les opportunités de développement,
- encourager l’économie collaborative dont l’une des principales caractéristiques est de
favoriser l’accès à des biens mis à disposition par des particuliers contre rémunération.
Ces pratiques connaissent une ampleur inédite grâce à la révolution numérique. Ceci ne
peut se réaliser que dans le respect des règles juridiques et fiscales en vigueur,
- favoriser l’appui des jeunes (stages, apprentissage…) pour la mutation des entreprises.
• Contribuer à la réalisation, à terme, pour l’innovation sociale et organisationnelle et à titre
d’expérimentation, d’une entreprise de co-construction et de co-innovation. Il faudra inté-
grer de plus en plus les outils numériques au dialogue social, favoriser leur accessibilité
pour les partenaires sociaux (espace dédié, plate-forme, courriel) et poursuivre l’entreprise
pionnière, collaborative et participative, inventer de nouveaux lieux, de nouveaux moyens,
de nouveaux droits pour élargir la pratique démocratique à l’entreprise.
Les enjeux sociaux et économiques de la transformation numérique pourraient faire l’objet
d’un appel à projets prospectif du Conseil régional visant à :
- encourager la recherche transdisciplinaire associant les sciences humaines et sociales,
(comme la psychologie, la sociologie, le droit, la gestion) et les disciplines technologiques
aux différents centres de recherche du numérique de pointe comme le LABRI, l’INRIA
et l’ESC pour intégrer les mutations du travail. Ces travaux théoriques doivent s’ouvrir à
des expérimentations à l’échelle d’une entreprise, d’un secteur, d’un territoire comme
l’Aquitaine ;
- approfondir quelques exemples de questionnements dans le cadre de la transition numé-
rique de la société et du monde du travail (utilisation des smart data dans la gestion des
ressources humaines, statut des tâcherons numériques (crowdworkers) et construction du
dialogue social avec les travailleurs indépendants…).
Il s’agit de partager collectivement les enjeux, les risques et opportunités de la transformation
numérique et de co-construire les principes directeurs des nouvelles propositions-réponses.
• Initier un Forum permanent et indépendant, connecté au reste du monde, travaillant en
réseau avec les « clubs de réflexion », les associations, les corps constitués, les fédérations,
les universités pour mieux appréhender cette révolution, expérimenter des micro-
réalisations sociétales, proposer des modifications législatives, s’intéresser à l’impact
humain. Le principe de Forum, par sa souplesse et sa fluidité, est préférable à la création
d’une structure qui, par définition, figée, est vite dépassée.
• Renforcer et repenser, à tous les niveaux, de l’entreprise aux fédérations, le dialogue social
sur l’innovation liée au numérique. Sa mobilisation et son accompagnement des processus
de mutation dans les entreprises sont essentiels pour permettre au tissu économique et aux
salariés de s’appuyer sur leurs démarches.
Le rapport Ambition numérique propose « d’adapter le dialogue social et la gouvernance
des entreprises aux enjeux numériques. La transformation numérique des entreprises intro-
duit de nouvelles opportunités et de nouvelles contraintes à la modernisation du dialogue
social. D’un côté, elle offre de nouveaux outils de travail et de participation des salariés à
la vie de l’entreprise (réseaux sociaux d’entreprise, consultation, outils de communication
interne) et favorise ainsi l’innovation sociale. De l’autre, les projets de transformation numé-
rique des entreprises peuvent inquiéter les salariés, du fait de leurs impacts potentiels en
matière d’emplois, d’environnement de travail, de bien être, etc. La modernisation du
dialogue social implique une plus forte imprégnation des enjeux numériques au sein des
instances de représentation du personnel, notamment par la formation des élus, la valori-
sation des pratiques collaboratives et une gouvernance plus ouverte au sein des enceintes
de décision. Au-delà, le développement d’un dialogue social numérique au niveau national
renforcera la prise en compte de ces enjeux sur le long terme ».
CESER  aquitainE
45
En conséquence, il est nécessaire d’assurer la formation au numérique des représentants
des salariés.
En Aquitaine, des actions spécifiques pourraient être conduites dans cet objectif avec le
soutien des financements publics et privés.
• Valoriser l’économie circulaire, la réduction et la gestion des déchets. Face à l’accroisse-
ment des déchets du numérique qui sont pour le moment peu recyclés, le développement
d’innovations pour leur recyclage et leur valorisation ainsi que le dépôt de brevet sont à
promouvoir. Des innovations dans ce domaine sont d'autant plus importantes qu'elles
montrent que ces déchets numériques ont de la valeur dans un contexte d'affaiblissement
des ressources et terres rares. Les innovations doivent porter sur des procédés visant la
collecte des produits, leur démantèlement, le tri des matériaux, leur réutilisation…
Un appel à manifestation d’intérêt pourrait être lancé en s’inspirant des initiatives déjà
engagées dans différents pays pour faire émerger des projets tels que : des automates de
récupération d’e-produits, des petits recycleurs d’extraction des métaux précieux des
e-déchets, de réemploi des déchets électroniques pour fabriquer des imprimantes 3D
à faible coût afin de permettre le développement de fabLabs, de réutilisation de produits
en fin de vie…
• Intégrer le partenariat d’innovation dans les marchés publics des collectivités régionales
pour favoriser l’acquisition de solutions innovantes, permettant d’introduire des approches
spécifiques pour l’amélioration, l’efficacité et la qualité de ces marchés publics.
II-1.2 Préparer la mutation vers l’industrie
du futur
Le développement de l’industrie du futur – dont l’usine du futur est un des fleurons – nécessite
une agilité permanente afin de reconstruire une organisation en constante adaptation en mobi-
lisant les technologies et les ressources humaines. Cela nécessite de s’appuyer sur le potentiel
industriel existant dans les territoires. L’objectif est de moderniser et construire une industrie
performante, créatrice d’emplois, en travaillant son ancrage territorial.
Ce concept recouvre l'ensemble des mutations technologiques et organisationnelles qui vont
impacter les entreprises industrielles à court et moyen terme: robotisation, automatisation,
fabrication additive, intégration de la chaîne numérique, nouveaux matériaux, cobotique,
exosquelette… Ces mutations viennent transformer en profondeur l'ingénierie, les process
industriels, les investissements mais également les compétences, le mangement et les condi-
tions et qualité de travail. Elles constituent donc un enjeu fondamental et concret à moyen
terme pour les PME/ETI de la Région.
Enjeux
Le principe de l’industrie du futur est d’intégrer des procédés de fabrication avancés dans les
domaines suivants :
- systèmes industriels adaptatifs et intelligents,
- usines numériques, virtuelles et économes en ressources,
- entreprises collaboratives et mobiles,
- fabrication centrée sur l’homme,
- fabrication orientée clients.
Pour chacun de ces domaines, des transformations sont nécessaires.
• Chaque entreprise de production doit revisiter l’ensemble de l’organisation de son processus
industriel, intégrer le développement des communications issues des objets connectés, le
changement des organisations productives, commerciales, de l’organisation de sa supply
chain, pour garder ou retrouver une position dynamique sur le marché. Il s’agit de s’inscrire
dans la fabrication des produits de l'avenir pour répondre aux besoins en constante
évolution de la société et offrant la possibilité d'ouvrir de nouveaux marchés ; la viabilité
économique de la fabrication combine haute performance et qualité avec une productivité
coût-efficacité, des usines reconfigurables, adaptatives et évolutives, capables de production
à petite échelle d'une manière économiquement viable.
• A l’inverse des mutations industrielles antérieures, l’industrie du futur engage le changement
fondamental de la place de l’homme dans le process. En ce sens, la durabilité sociale de
la fabrication doit intégrer les compétences humaines en même temps que la technologie,
et centrer l’organisation sur l’homme.
CESER  aquitainE
46
• La durabilité de l'environnement de la fabrication commande de réduire la consommation
des ressources et la production de déchets.
• L’imprimante 3D constitue un outil industriel majeur pour ces prochaines années, une des
technologies les plus disruptives. Elle :
- impacte déjà de nombreux secteurs,
- concurrence directement les chaînes de montage de production en série qui n’ont pas
l’agilité requise pour traiter des petites séries ou de nombreuses variantes d’un même
article, conséquence d’une évolution liée à la digitalisation de la demande.
- incite à se réapproprier l’innovation des produits par leur singularité, leur créativité et leur
originalité,
- permet de rapprocher des productions, de les relocaliser au plus près,
- suscite la réinternalisation de fonctions sous-traitées auprès des PME, ce qui va impacter
le tissu industriel régional,
- amène à s’interroger sur les logiciels/programmes ouverts disponibles pour ces produc-
tions (objets téléchargeables…), sur les résines et matériaux réels constituant des produits,
sur les lasers…
• Quelques petites imprimantes 3D sont déjà à la portée du grand public et accessibles dans
des tiers-lieux, mais les imprimantes de prototypage rapide de type industriel sont encore
peu nombreuses en Aquitaine.
• L’interopérabilité et les objets connectés. La communication intra-objet donne la possibilité
à tout objet d’échanger des informations avec d’autres et donc de consolider les informa-
tions et données à des fins d’analyse statistique et prédictive. La première vague d’objets
connectés peut essentiellement dialoguer avec des objets issus d’un même constructeur au
sein d’une interface commune. Il existe désormais des solutions permettant aux objets de
communiquer entre eux à travers des technologies open source et la mise en place de proto-
coles adaptés et des méthodes de transmission (wi-fi, 3G/4G, Zigbee etc.). Pour assurer
leurs développements, les fournisseurs de solutions intègrent ces composantes ouvrant
l’interopérabilité. La croissance du marché sera cependant conditionnée à la mise en place
de mesures de sécurité drastiques à tous les niveaux de la chaîne et vers une ouverture plus
grande aux autres fournisseurs.
• Le système d’appui et de soutien financier doit lui aussi apporter des réponses adaptées à un
accompagnement efficace des entreprises à travers la souplesse et la réactivité nécessaires.
I PROPOSITIONS
• Donner au numérique une valeur stratégique dans l’organisation de l’industrie. Associer
l’ensemble des acteurs, les salariés et leurs organisations syndicales à la préparation des
choix d’investissements et à l’anticipation des transitions. Pour que le virage numérique
soit réussi, il faudrait que les dirigeants portent cette nouvelle approche, qu’il y ait au sein
des organisations des acteurs clés, des responsables chargés du déploiement de cette
digitalisation et que l’entreprise anticipe les besoins en compétences nouvelles.
• Accompagner la révision globale de l’organisation de la production par des pré-diagnostics
puis des diagnostics spécifiques : dossiers d’aides-diagnostic pour tous. Les deux premières
séries de pré-diagnostics ne concernent que près de deux cents entreprises. Au vu de la rapidité
de la mutation, le nombre d’entreprises amenées à penser leur organisation est insuffisant,
et une accélération du processus doit être engagée. La volonté d’amener les entreprises
sur une démarche de qualité doit donc s’accompagner d’un recours à d’autres prestataires.
• Mettre en œuvre les propositions issues de la synthèse des diagnostics réalisés dans le
cadre de la démarche Usine du Futur du CRA : du travail de diagnostic et d’accompagne-
ment des entreprises sont ressorties des actions à court terme avec des programmes de
formation du management intermédiaire, d’accompagnement ciblé (conseil), de soutien à
l’investissement industriel immédiat : capacitaire, CDTs, efficacité…mais aussi, des actions
à moyen terme de sensibilisation aux nouvelles technologies et aux axes novateurs : MES,
internet des objets, impression 3D…
• Définir un plan d’accompagnement des initiatives individuelles d’innovation avec l’appui
des acteurs de l’innovation et du transfert technologique.
• Poursuivre et amplifier le soutien à l’investissement technologique des entreprises
en matière de robotique, ERP (système informatisé de coordination des activités d’appro-
visionnement, de production, de marketing/vente et de gestion des ressources humaines),
MES pour favoriser l’équipement des entreprises.
CESER  aquitainE
47
• Y associer systématiquement la formation des collaborateurs y compris ceux travaillant
en amont et aval de ces équipements.
• Aider au développement de deux filières, l’une liée à l’impression 3D et l’autre pour les
objets connectés. Pour une filière imprimante 3D, il s’agit de valoriser les compétences
existantes en matière de matériaux, procédés (réunies autour de CompositAdour-Estia, de
Canoë, des céramiques en Limousin…) et d’élargir les compétences sur les puissances
lasers, en articulation avec les dynamiques poussées par les grandes entreprises sur les terri-
toires. Ces nouveaux outils industriels sont basés sur des technologies et des produits qui
vont se diversifier mais pour lesquels les positions acquises par leur maîtrise constituent
un avantage de structuration important. Il est essentiel de concrétiser rapidement les projets
préparés par les centres technologiques pour répondre aux besoins des industriels et de
développer les formations correspondantes.
• Accentuer le développement des outils partagés dans les process de production, en plate-
formes collaboratives ou par partage entre entreprises des outils numériques lourds tels
que les imprimantes 3D (donneurs d’ordre, plateformes, sous-traitants).
• Accélérer la diffusion de la robotique dans les industries régionales par des accompagne-
ments incitatifs mais aussi par un plan de mobilisation des acteurs de l’appui.
• Disposer d’une veille sur les produits/programmes ouverts. Dans cette mutation, le rôle
de la veille devient prioritaire pour accompagner les acteurs dans leur choix d’orientation
et de stratégie.
• Anticiper sur les organisations, établir des appuis à l’organisation, préparer la participation
à l’amélioration des process par les collaborateurs.
• Développer le crowdsourcing interne pour l’innovation, le développement de réseaux
internes de collaboration, préparer les innovations amenées par la cobotique avec leurs
implications humaines et sociales.
• Inciter la BPI à accentuer sa participation par des outils financiers adaptés à l’accompa-
gnement des investissements matériels et immatériels des entreprises.
II-2 Faire de la révolution numérique une source
de progrès dans le monde du travail :
par quelles voies et par quels moyens ?
II-2.1 Acculturer-adapter la formation et les évolutions
managériales, préparer et accompagner
la transformation des métiers, faire monter
les compétences et qualifications
L’accélération des temps induite par le numérique influe sur le rythme des décisions qui
guident le changement des organisations. Cependant la persistance des systèmes actuels et
les orientations amenées par le numérique imposent de regarder avec lucidité les situations
présentes et les perspectives, tout en tenant compte des contradictions qu’il faudra dépasser.
Il s’agit ici de développer une véritable culture numérique au sein de l’entreprise à tous les
échelons et au sein de la société. L’agilité et la mobilité doivent être présentes à tous les
niveaux, en particulier des décideurs et des managers. L’éducation numérique doit être renfor-
cée par la formation initiale et continue professionnelle. Elle doit être complétée par une
politique adaptée de requalification et de reconversion permanentes. Pour éviter les dérives
possibles de cette dynamique de mobilité, il faut prévoir un cadre juridique et légal incitatif
et protecteur, assurant la sécurité des personnes et des données. Enfin les mesures doivent
être prises pour favoriser les réseaux et les transversalités dans le monde économique.
II-2.1.1 Transformations numériques et évolutions de la fonction
managériale
Enjeux
La réussite du changement dépend de la participation de l’ensemble des acteurs dirigeants
et salariés de l’entreprise. Le pilotage du changement relève de la responsabilité du chef
d’entreprise et de ses adjoints. Le chef d’entreprise a un rôle clé pour la compréhension des
enjeux des évolutions à conduire ; sa culture, sa formation et son accompagnement sont
fondamentaux pour la définition des organisations à adopter.
CESER  aquitainE
48
Les transformations en cours ont déjà bouleversé le rapport au travail et les formes d’organi-
sations. Le rôle et la place des cadres et managers sont déterminants. A un moment où
management par objectifs, benchmarking, évaluation quantitative, évaluation individualisée,
lean management… tendent à cadrer et normer l’activité quotidienne des salariés, le numé-
rique nécessite une conception du management qui intègre autonomie, expression et
créativité de chacun ainsi que la mise en place d’organisations du travail favorisant la coopé-
ration, le partage, l’évaluation collective. La révolution numérique impose désormais une
évolution de la fonction managériale qui doit répondre aux nouvelles transformations en
maintenant une certaine perméabilité entre les différentes formes de management et se subs-
tituant à un management strictement vertical : management de proximité, management
participatif et management des travailleurs à distance.
Management de proximité
• Le management est devenu le point focal de plusieurs processus cruciaux :
- capacité individuelle à faire adhérer à la stratégie, piloter son équipe, soutenir le collectif,
être attentif au développement de ses collaborateurs, conduire le changement ;
- orientation « résultats », business modèle, vision stratégique.
• Les managers ont dû évoluer déjà avec le management par projet. Ils relaient la demande
croissante de reporting. Ils doivent gérer des prestataires de services, en plus de leurs propres
équipes, et également des collectifs temporaires amenés à se dissoudre à moyen terme
(équipe projet).
• Le manager de proximité doit résoudre la contradiction inhérente entre autonomie et
contrôle. Entre :
- la demande croissante d’autonomie, de liberté correspondant aux valeurs pionnières du
numérique (autonomie, liberté, fin du travail en silo et des hiérarchies, horizontalité,
évaluation par les pairs, « empowerment » du salarié), ainsi qu’à la culture des jeunes
générations,
- et l’exigence, par sa hiérarchie, de contrôle et de reporting des activités des membres de
son équipe.
• Le fonctionnement parfois résolument collaboratif, comme dans les entreprises « digital
natives », requiert un savoir-faire délicat pour lequel le manager de proximité n’est pas
toujours préparé.
• Le nombre de salariés ou managers en travail à distance est en progression.
• Le manager doit gérer une diversité accrue de ressources internes et externes, avec :
- un nombre croissant de sous-traitants, qui induisent des fonctionnements particuliers pour
les projets en collaboration avec les startups innovantes. Toutefois, il faut se prémunir contre
toute opération de fausse sous-traitance, qui maintient un lien de subordination vis-à-vis de
l’entreprise donneur d’ordre,
- des logiques d’innovation ouverte qui tendent à se diffuser dans les secteurs autres que le
numérique, et suscitant des tensions vives et croissantes avec les composantes de l’entreprise
traditionnelle, enfermée dans des logiques de confidentialité.
Management plus collaboratif
Les modes de management sont divers et leur cohabitation complexe.
Dans les coordinations hiérarchiques, le manager fixe les objectifs et évalue ensuite les résultats
grâce à son expertise technique. Dans la coordination par projet, il alloue les ressources pour
le projet dont l’évaluation est réalisée par un comité d’experts extérieurs. Dans la coordination
en réseau, le manager peut difficilement définir une activité ou un projet, mais on s’oriente
vers des modes relationnels plus directs impliquant collaboration, autonomie et coaching.
La formation numérique du manager doit le préparer aux évolutions de son rôle :
- développer sa capacité à animer des communautés, à maîtriser les réseaux sociaux dans
l’animation d’une équipe (digital leadership). Hier le leadership était notamment fondé sur
la détention de l’information : aujourd’hui c’est sur la capacité à exploiter l’information et
faire naître un consensus sur les motivations et les finalités,
- prendre en compte la vitesse des échanges dans le management,
- cadrer l’autonomie,
- renforcer le rôle de manager dans l’accompagnement des transformations,
- trouver un bon équilibre entre management hiérarchique, vertical, et management transversal,
horizontal et le coaching éventuel.
CESER  aquitainE
49
Management des travailleurs à distance
Ce management est encore plus complexe car les salariés sont dans des situations de travail
et de distance très variées : lieu de travail, temps passé, équipement, contenu de l’activité,
type d’interaction…
Le manager doit :
- maintenir un bon équilibre, de présence/distance avec les salariés éloignés,
- être attentif à l’équilibre de la charge et de la durée de travail de ces salariés, renforcer les
efforts pour maintenir la communication et la cohésion au sein d’une équipe mixte ou
composite.
I PROPOSITIONS
• Accompagner le chef d’entreprise et organiser à l’échelle régionale des stages et cycles
de formation, à l’image de ce qui est réalisé à Paris en partenariat par le CIGREF et le CNAM
par exemple, ou aux côtés des formations déjà existantes à destination des patrons de TPE
et PME par les organismes proches du terrain.
• Soutenir le management de proximité, pour être efficace, par la direction générale qui
définit la ligne stratégique de l’entreprise et alloue les moyens aux différentes directions.
Elle va contribuer à la définition d’une culture d’entreprise tournée vers le numérique.
• Inciter les expériences et formes de management alternatif qui permettent aux acteurs de
l’entreprise, autonomie et initiatives.
• Favoriser la formation transversale et multidisciplinaire nécessaire aux entreprises pour
aborder le numérique, notamment dans le cadre de projets comme celui de l’institut de la
transformation numérique des entreprises porté par l’Ecole Supérieure de Cognitique.
• Adapter les programmes de la formation supérieure initiale pour intégrer ces enjeux
(cf § suivant).
• Intégrer dans l’offre du Plan Régional de Développement des Formations (PRDF) des
formations adaptées aux principes et enjeux définis précédemment pour accompagner la
mutation des entreprises, tout particulièrement des industries engagées dans des processus
de transformation numérique.
• Inciter et accompagner des actions des fédérations professionnelles pour sensibiliser les
équipes de management aux modifications des organisations des entreprises, à l’acquisition
de méthodes agiles (séminaires, formations…).
• Favoriser et inciter les relations entre l’éco-système numérique et les fédérations profes-
sionnelles.
• Développer des études sur l’évolution des organisations.
• Encourager une démarche collaborative en vue d’un lean management « intelligent » et
responsable.
• Permettre une liberté d’expression aux collectifs de travail, éviter la compétition exacerbée
entre salariés ou groupes d’individus (reconnue comme source de souffrance au travail).
II-2.1.2 Renforcer l’éducation numérique par la formation initiale
et continue
La formation initiale et continue est un enjeu majeur d'avenir. Elle doit permettre l'élévation
des qualifications, améliorer la capacité des hommes à maîtriser leur destin, accompagner la
transformation numérique et ses transitions.
C’est non seulement un outil d'émancipation des individus, mais aussi un investissement
productif d'avenir. Il est nécessaire d’accroître l’effort de formation à tous les niveaux dans
l’entreprise, et à travers les politiques publiques.
Enjeux
Ils relèvent de trois constats :
- Le niveau de formation à l’usage du numérique reste insuffisant.
- Seuls 23 % des actifs concernés considèrent que la formation continue les a très bien préparés
à l’utilisation des technologies informatiques pour leur travail.
- Une transformation numérique rapide et agile est susceptible de créer de nombreux emplois
nouveaux,
d’où la nécessité d’une formation initiale et continue, récurrente et durable.
CESER  aquitainE
50
I PROPOSITIONS
Les propositions suivantes qui concernent tant la formation initiale que la formation continue,
doivent être mises en œuvre par l’Etat, les collectivités territoriales, les établissements
d’enseignement général et technique, les centres de formation d’apprentis, les entreprises,
les organismes de formation continue pour répondre aux objectifs poursuivis. Tous les acteurs
doivent réévaluer leur niveau d’investissement dans la formation.
• Le numérique doit être intégré dans l’enseignement, du primaire à l’université.
La culture numérique s’appuie sur trois piliers : la capacité à utiliser les outils numériques,
la capacité à comprendre, de façon critique le contenu numérique, la capacité à pouvoir
produire et exploiter des contenus grâce aux outils numériques.
Pour faire face aux défis de demain, il faut intégrer l’enseignement de l’informatique et la
culture numérique dans l’éducation, à tous les niveaux.
L’individu doit devenir un acteur ou contributeur capable de décrypter les enjeux techniques,
économiques et sociétaux, d’une société numérique, d’apprendre à produire, coproduire,
et diffuser l’information, et ainsi de comprendre les fondamentaux du monde numérique et
de participer au dialogue au sein de l’entreprise.
• La formation professionnelle
- L’installation de la culture du numérique au cœur de l’entreprise. Il s’agit de développer une
véritable culture numérique du travail en réseau, de l’autonomie plus que du contrôle,
de l’agilité du processus par-delà la simple maîtrise des outils et des usages ;
- La formation aux nouvelles formes de travail plus transversales, plus coopératives dans le
cadre d’une nouvelle entreprise agile ;
- Le développement d’une culture managériale adaptée aux outils du numérique qui encourage
l'expression des individus et les savoirs collaboratifs ;
- L’éducation aux usages des outils numériques permettant d’articuler harmonieusement vie
professionnelle et vie privée ;
- La mise en place d’une structure permanente d’accompagnement numérique des salariés
dans les entreprises ;
- La création de dispositifs de requalification des salariés marginalisés par la transformation
numérique.
Si en Aquitaine, existent déjà un certain nombre d’appuis dans ces domaines, il reste à déve-
lopper ceux pertinents pour la grande Région.
Aussi bien pour les lycées techniques que les centres de formation d'apprentis que les
organismes de formation continue, il s'agira notamment de :
- assurer la formation des formateurs,
- doter les organismes de formation de plateaux techniques disposant d’équipements numé-
riques, d’objets connectés, de robots, de systèmes informatisés de gestion du processus de
production…nécessaires pour assurer une formation de qualité,
- donner aux jeunes une formation qualifiante, et au personnel en formation continue,
un apprentissage des nouveaux métiers et des nouvelles compétences requises par le
numérique,
- réduire la fracture intergénérationnelle dans la maîtrise des outils numériques,
- ouvrir et adapter le système de la formation professionnelle aux enjeux du numérique par
les négociations au sein des organismes paritaires. Tout en préservant la qualité, il s’agit de
donner de la transversalité aux formations, pour apporter des réponses adaptées aux TPE-
PME. Pour porter cette démarche, des expérimentations pourraient être envisagées avec des
organisations professionnelles impliquées dans l’animation numérique, afin de favoriser des
approches transversales.
II-2.2 Mise en place d’une politique ambitieuse
d’anticipation, de requalification
et de reconversion pour les personnes
Enjeux
L’objectif est le développement professionnel des salariés, le maintien ou la création d’emplois
et le renforcement de la compétitivité des entreprises. Les personnes à faibles niveaux de
qualification sont celles dont la reconversion demande le plus d’attention et d’accompagnement.
Le numérique qui peut être pour elles un facteur de déstabilisation, peut aussi leur offrir des
opportunités. Il faut éviter d’accroître la fracture numérique au sein de l’entreprise, notamment
CESER  aquitainE
51
grâce à une formation adéquate liée à une anticipation des obsolescences de compétences
et des nouveaux besoins dans l’entreprise.
I PROPOSITIONS
Pour cela, il faut une formation des formateurs adaptée aux spécificités de la culture numé-
rique.
• Développer des études sur l’évolution des métiers. Ces études devraient être élaborées dans
le cadre des contrats d’objectifs avec les fédérations professionnelles pour identifier les
attentes en termes de compétences et les formations à mettre en œuvre et intégrées dans
le programme à réaliser par Aquitaine Cap métiers.
• Systématiser et valoriser dans l’enseignement supérieur et la recherche, des formations
à l’innovation ouverte et coopérative.
• Les salariés, les dirigeants de l’économie numérique doivent adopter de nouvelles pratiques
de coopération d’innovation ouverte, d’innovation distribuée, de valorisation des résultats
sous des licences libres. Cela suppose que les formations qu’ils ont reçues les aient préparés
à ces nouveaux modes de fonctionnement. Si d’un point de vue pédagogique, les formations
initiales sont en cours d’évolution, il apparaît indispensable de développer et renforcer ces
modes agiles y compris dans la recherche. Les appels à projets lancés par le Conseil régional
proposent de s’inscrire dans ces approches transdisciplinaires en intégrant les usages aux
projets technologiques. Il apparaît nécessaire de donner à ce critère une dimension priori-
taire et de renforcer la prise en compte des impacts des technologies. De même, il sera
important que les compétences en modélisation et en simulation pénètrent les pme qui
devront utiliser de grandes quantités de données.
II-2.3 La transformation numérique au service
de la qualité de vie au travail
Cette transformation doit s'accompagner de nouveaux droits et nouvelles garanties collectives
au regard des transitions professionnelles, de l'évolution des métiers et des types d'emplois
qu’elle induit. Il faut éviter qu'elle se traduise par de l'insécurité sociale, par une progression
des inégalités. Les évolutions du temps de travail doivent être posées à l’aune des mutations
technologiques en cours.
Enjeux
- La bonne articulation entre vie professionnelle et vie privée est une condition essentielle
de réussite de la transformation numérique. Seul « le droit à la déconnexion » des outils
de communication peut permettre de garantir le respect des périodes de repos, de protéger
la vie personnelle, la vie familiale et la santé des salariés.
- Avec l’accès à l’information partout et tout le temps, pour tous, le risque de surcharge cogni-
tive et émotionnelle est réel, accompagné de fatigue et d’excitation. Les temps de la
réflexion, de la décision et de l’action se mélangent. La multiplicité des activités simultanées
se traduit par une hyperactivité comportant des risques psycho-sociaux avec des consé-
quences sur la santé au travail, les risques d'épuisement, et à terme, une diminution de
la qualité du travail. Savoir se déconnecter est aussi une compétence et un droit qui
s’acquièrent.
- Le travail à distance ou télétravail permet une amélioration de la qualité de vie, d’adopter
des pratiques respectueuses de l’intégrité des personnes. Son développement est un enjeu
pour la réussite de la transformation numérique.
- Les nouvelles technologies offrent à l’employeur de nouveaux moyens de contrôle et de
surveillance des salariés, avec les risques d’abus et de dérives.
I PROPOSITIONS
• Reconnaître le droit et le devoir de déconnexion dans le cadre des différents accords possibles
(branches, entreprise…) ainsi que le prévoient déjà de nombreux accords d’entreprise .
• Inciter la mise en place d’indicateurs QVT (Qualité de Vie au Travail) prescriptifs.
• La mise en place d’une régulation collective au sein de l’entreprise est nécessaire, en asso-
ciant systématiquement les utilisateurs, sur le contenu, la finalité et les règles d’utilisation
des outils numériques et sur leur mise en œuvre dans les projets. Ainsi on renforce le collectif
qui risque d’être ébranlé avec le travail à distance et la multiplication des intervenants
occasionnels extérieurs.
CESER  aquitainE
52
• Il faudra également développer des espaces de travail propices à la culture numérique.
Celle-ci, marquée par le collaboratif, l’ouverture, la mobilité… passe par la reconfiguration
des locaux de l’entreprise, en faveur de la convivialité et la modularité des espaces, et en
encourageant des moments de vie et de partage collectifs, sans toutefois négliger les risques
constatés de perte de repères liés aux postes de travail standardisés et impersonnels des
espaces ouverts (open spaces).
• Il faudra évaluer la charge de travail dans les entreprises de l’économie numérique, via le
dialogue social qui devra compléter la notion de durée du travail.
• Il sera nécessaire de prévenir, d’évaluer les risques professionnels spécifiques à l’usage du
numérique, surtout dans le domaine psycho-social. La santé des salariés (temps de travail,
charge de travail,…) relève de la responsabilité du chef d’entreprise, même si sa gestion au
quotidien relève du manager de proximité.
• La notion de performance individuelle (rendement ou productivité) doit être incluse dans
une évaluation du collectif, au sein d’espace de discussion et à travers l’élaboration collec-
tive d’objectifs. Les instances représentatives du personnel sont parties prenantes des critères
de cette évaluation.
• Le télétravail dans l’entreprise doit faire l’objet d’une réflexion préalable et concertée afin
d’en évaluer l’impact, notamment en termes de qualité de vie, de santé, et d’organisation
du travail du salarié, avant son instauration par voie d’accord collectif. Il doit reposer sur le
volontariat.
Quelques mesures à adopter à titre d’exemple :
- Fixer des conditions du travail claires,
- Fixer une période initiale d’adaptation,
- Fixer les modalités avec :
• quelques jours collectifs obligatoires de présence physique par semaine,
• les formes de coordination et les outils d’interaction à distance. Une première phase de
travail en présentiel, déléguer une certaine autonomie ou renoncer à une partie du
contrôle,
• les modes de contrôle du bon investissement du salarié : l’encadrement ne doit pas être
vécu comme intrusif, contrôle déclaratif, reporting et feedback, contrôle des résultats.
- Partager les informations entre membres de l’équipe pour que télétravailleurs et travailleurs
sur site soient au même niveau d’information
- Réaliser une évaluation régulière.
• Multiplier les tiers lieux pour accueillir les nouvelles formes de travail :
- Le rôle majeur des collectivités territoriales, rurales et urbaines, au plus près des domiciles
des travailleurs, est l’aménagement du territoire pour retenir les travailleurs dans les bassins
d’emploi.
- Les tiers lieux ouverts permettent aux grandes entreprises de participer à travers « les filières
solidaires ».
• La reconnaissance des compétences et des qualifications numériques passe par la mise en
place de dispositifs de validation des acquis et des expériences (VAE) et doit être intégrée
dans la politique de rémunération de l’entreprise.
II-3 Sécurité – régulations
L’importance des changements en cours appelle des évolutions des réglementations-cadre à
différents niveaux (européen et national), dans les domaines juridiques et fiscaux, s’agissant
tout particulièrement du droit du travail, mais aussi des mesures de sécurisation concernant
les entreprises, avec notamment des démarches et expérimentations régionales ou locales
plus spécifiques.
II-3.1 Aspects réglementaires juridiques et fiscaux
en débat au niveau européen et national
Le numérique devient le système nerveux pour la quasi-totalité des entreprises quels que
soient leur taille et leurs secteurs d’activité, leurs configuration et développement. Les événe-
ments qui peuvent agir sur le système numérique et sur la vie de l’entreprise sont les plus
divers : agression d’ordre externe ou interne, tels que le piratage, la fraude, le non-respect
des règles internes, l’ajout de nouvelles fonctionnalités, l’introduction de nouvelles techno-
logies, ou encore l’impact de nouvelles réglementations.
CESER  aquitainE
53
Les mesures de protection du système numérique sont plus efficaces quand les utilisations
dans l’entreprise sont clarifiées et précises.
Des relations sociales nouvelles sont à développer à tous les niveaux : face aux nouvelles
formes de travail, avoir des statuts des travailleurs permettant de prendre en compte les chan-
gements de formes de l’emploi ou du salariat.
Le droit a évolué ces dernières années pour prendre en compte les nouvelles tendances tech-
nologiques et pour encadrer les nouvelles pratiques au sein de l’entreprise. Des évolutions
apparaissent encore nécessaires dans tous les domaines, et notamment pour prendre en consi-
dération les enjeux tels que :
- le développement de nouvelles pratiques dans l’entreprise induites par la transformation
numérique qui bouleverse les conditions de travail en interne et les relations de l’entreprise
avec les parties prenantes (clients, fournisseurs et autres partenaires),
- l’évolution des formes de travail : une personne employée sur dix effectue son activité de
manière indépendante. Cette proportion progresse avec l’impact de la transformation numé-
rique. Selon le Boston Consulting Group, le nombre de « free-lance » a augmenté de 85 %
en France, de 2004 à 2013. La porosité entre ces nouvelles formes de travail et l’activité
salariée classique ne cesse de s’accroître : alternance de statuts ou parfois cumul. Selon une
enquête de l’INSEE, parue en février 2015, un auto-entrepreneur (devenant en 2016 entre-
prise micro-sociale) sur trois exerce également une activité salariée. Cette réalité appelle
une analyse approfondie des motivations et des conditions d’exercice de telles formes
d’activité. Selon qu’il s’agit d’un choix de vie, d’une politique d’entreprise visant à
l’externalisation ou d’une nécessité due à la crise, les conclusions à en tirer seront fonda-
mentalement différentes,
- le travail autonome ou indépendant peut être un choix ou résulter d’une forme d’externa-
lisation du travail par les entreprises. Dans ce cas, à la subordination par le contrat de travail
relevant du droit social, se substitue une subordination financière relevant du droit commer-
cial, la question de la valeur du travail restant entière,
- la réalité des modes de travail des salariés connectés à distance et autonomes dans l’orga-
nisation de leur travail quotidien afin de réduire les déséquilibres observés entre les
travailleurs du numérique, notamment concernant les temps de repos.
- les masses de données de plus en plus importantes (big data) dont disposent les entreprises
tant sur leurs clients que sur leurs salariés et sur les candidats à l’embauche. L’utilisation de
ces données peut apporter des progrès (relations personnalisées pour les salariés, amélioration
des processus internes, valorisation financière) mais comporte des risques importants
(contrôle intrusif, non-respect de la vie personnelle).
Dans ce contexte, pour faire des TIC une source de progrès aussi bien pour le salarié que pour
l’entreprise, les débats concernent la nécessité d’aborder de nouvelles protections collectives
et individuelles aux niveaux européen et national portant sur :
- la lutte contre l’espionnage industriel,
- la protection des données, les mesures et directives organisant la libre circulation des
données, la liberté des droits des individus, tout en préservant la sécurité pour les entreprises
et les personnes (intérêts vitaux, données personnelles, effacement des traces sur internet,
droit à l’oubli …),
- l’homogénéisation et l’harmonisation des règles européennes en matière d’innovation,
d’appui, de fiscalité notamment pour valoriser les aspects non technologiques, comme le
préconise le rapport du Conseil national du numérique, par exemple, pour favoriser le statut
des entreprises innovantes, leur accès aux marchés publics et le financement de projets,
- la standardisation indispensable des éléments d’interopérabilité entre les équipements pour
rendre plus accessibles les logiciels à toutes les tailles d’entreprises,
- les encadrements du droit de connaissance et du droit d’utilisation des données par l’em-
ployeur facilitant les régulations au sein de l’entreprise, en y associant les organisations
syndicales, et confirmant en particulier le droit individuel des salariés à accéder aux données
les concernant,
- les mesures de régulation et de contrôle pour les plates-formes de type UBER qui brassent
des moyens financiers considérables et font appel à des multitudes de « collaborateurs »
sans statut et sans droit, mais également pour les utilisateurs de plates-formes de services,
et précisant la nature de toutes les informations nécessaires à transmettre pour l’établisse-
ment des droits fiscaux et sociaux,
CESER  aquitainE
54
- des évaluations concrètes, notamment en termes de nature des emplois et de risques de
suppressions, déterminantes pour préparer toute évolution d’ordre réglementaire. Le caractère
transversal des sujets à aborder ne peut s’inscrire au plan national, que dans un engagement
interministériel et un travail en profondeur avec les instances interprofessionnelles. C’est
aussi à cette échelle que doit être mieux défini le statut du travailleur indépendant et celui
de l’employé salarié,
- la construction d’un cadre juridique répondant aux évolutions du numérique qui nécessitent
de nouveaux droits garantissant la sécurisation des parcours professionnels des salariés, attachés
à la personne et transférables d’une entreprise et d’un statut à l’autre, favorisant les transitions
et les mobilités professionnelles17. Le rapport Mettling sur le numérique préconise des
mesures en ce sens.
II-3.2 Diffusion des bonnes pratiques et expérimentations
en Aquitaine
En région, outre les critères d’aides aux entreprises mises en place par le Conseil régional,
les leviers d’animation dans ce domaine portent essentiellement sur des mesures incitatives
répondant aux attentes des acteurs, comme :
- Diffuser l’appui apporté par le CLUSIR Aquitaine, antenne sud-ouest du CLUSIF à travers
les actions de sensibilisation-information et de formation proposées autour de la sécurité
informatique ;
- Faire de l’Aquitaine un territoire d’expérimentations et de préconisations en valorisant les
comportements d’entreprises exemplaires, en accompagnant les initiatives des acteurs en
matière de tiers lieux… ;
- Favoriser une culture de la négociation entre les partenaires sociaux pour que les branches
s’approprient les enjeux d’évolution des métiers et que les entreprises s’engagent dans des
accords ;
- Promouvoir des approches méthodologiques d’entreprise pour une prise en compte des
domaines modifiés par le numérique tels que :
• les délégations de pouvoirs,
• les contrats avec les fournisseurs et prestataires,
• la dématérialisation des documents et des échanges,
• le droit des logiciels et des bases de données,
• la protection du patrimoine informationnel,
• les outils de travail collaboratifs,
• le cloud computing,
• la continuité des activités,
• le développement durable et systèmes d’information…
Les multiples problèmes qui se posent au quotidien dans l’usage du numérique impliquent
de tenir compte de l’ensemble de ces facteurs et de prendre les mesures organisationnelles
nécessaires à une véritable gouvernance de la transformation numérique.
(17) A l’exemple des droits à la formation, transférables, attachés à la personne cf accord national interprofessionnel.
CESER  aquitainE
55
Conclusion
Il faut souligner le rôle du numérique dans l’organisation de l’espace à deux niveaux. Au sein
de la région Aquitaine, le numérique doit compléter l’actuelle concentration urbaine par un
désenclavement des territoires périphériques et ruraux. Par ailleurs, le numérique est égale-
ment l’outil incontournable de l’ouverture de l’Aquitaine, d’abord aux deux régions voisines
du Limousin et de Poitou-Charentes (dans le cadre de la future grande région) et vers l’espace
national, l’Europe et le monde.
• La concentration des entreprises numérisées, dans les agglomérations urbaines, et en parti-
culier dans l’agglomération bordelaise, est un fait d’évidence. Ce phénomène historique
est également porteur d’une dynamique d’avenir. De vastes espaces ruraux, forestiers,
montagneux, sous-peuplés et à faible dynamisme économique sont à l’heure actuelle en
marge de cette transformation numérique. Les risques de fractures territoriales renforcées
par la fracture numérique sont grands.
Le meilleur moyen de réduire ces fractures sociales et économiques est de développer des
réseaux adaptés aux besoins des divers territoires. Les réponses techniques peuvent être
variées : le très haut débit est nécessaire pour des activités brassant des masses considérables
de données concernant les activités commerciales, cartographiques ou technologiques. Des
infrastructures plus légères et plus souples pourraient suffire à des besoins plus modestes et
à des communications entre objets connectés.
Il s’agit donc d’améliorer l’efficience des réseaux existants, tant urbains que ruraux, d’étendre
ces réseaux à l’ensemble du territoire, de manière modulée et adaptée aux besoins et aux
écosystèmes locaux.
Il faudra également donner les moyens aux populations locales d’accéder à ces réseaux
numériques. L’accessibilité physique et économique à ceux-ci est une condition essentielle
de la solidarité territoriale au sein de la région, et du bon exercice de la citoyenneté
moderne.
Les expériences tentées par La Poste dans les territoires ruraux en voie de désertification,
et la multiplication des tiers lieux (70 en Aquitaine), qui ne devraient pas se limiter aux zones
urbaines, constituent des initiatives à suivre avec attention.
L’importance d’obtenir une couverture du territoire en très haut débit fait l’objet d’une mobi-
lisation de l’Aquitaine qui commence à se concrétiser en termes de réalisations.
A l’échelle de la grande région, les orientations définies ensemble par les trois Conseils
régionaux pour les actions à conduire et le rapprochement des structures opérationnelles
constituent une première étape. Il restera à faire évoluer les enveloppes initialement prévues
pour éviter que les fractures territoriales ne s’accroissent sur ce territoire élargi.
Par ailleurs, l’intérêt de zones blanches en termes de couverture numérique, mériterait
qu’une réflexion soit conduite à l’échelle de la grande région et ne peut relever que de
choix stratégiques de territoires, ces zones devant être voulues localement et décidées après
concertation.
• La révolution numérique se doit de renforcer aussi les liens entre le local et le global, dans
le cadre de la mondialisation qui ne cesse de progresser.
Tout d’abord, l’élargissement de la Région nécessite un développement des réseaux et de
dynamique du numérique pour devenir un atout de son développement futur, avec le même
souci de solidarité et d’efficience. Il s’agit là, en préalable, de disposer des infrastructures
mais également d’encourager les acteurs locaux pour favoriser la création de startups.
Celles-ci ont vocation à rayonner à l’échelle nationale et mondiale. De même, des plates-
formes valorisant les productions régionales doivent être créées et soutenues : ainsi
l’agriculture et l’agroalimentaire, le tourisme et le patrimoine, l’aéronautique et le spatial…
peuvent rayonner à l’échelle mondiale, en mobilisant grandes entreprises et PME, en
articulant sites et plates-formes numériques.
En conclusion, la révolution numérique, comme le montre ce rapport, appliquée aux activités
humaines et économiques du monde du 21e siècle, et plus particulièrement dans la région
Aquitaine, entraîne la société et l’économie dans une phase de mutations et de turbulences,
de restructuration et de recomposition, d’espoirs et de déceptions, de destructions et de créa-
tions d’emplois. Nul ne sait la durée de cette phase de recomposition ; elle est certainement
variable selon les pays et les régions. Les hommes, les sociétés, les économies en sortiront
probablement modifiés.
CESER  aquitainE
56
Le rôle des citoyens, des acteurs économiques et sociaux, des pouvoirs publics, des politiques
responsables est de comprendre, d’expliquer, de réguler, de veiller au respect des valeurs
essentielles de l’humanisme, de la démocratie sociale et du bien-vivre.
La Commission Développement économique et programmations tient à insister sur quelques
propositions fortes abordées dans le rapport.
Au plan général :
- favoriser la construction de droits collectifs et individuels visant à la sécurisation des parcours
professionnels,
- faire de la qualité de vie au travail un des objectifs essentiels des transformations numériques
au travers de la régulation négociée des usages.
Pour l’Aquitaine, à travers :
- un Forum : lieu d’échanges, de partage, d’anticipation, de veille, de renforcement et d’élar-
gissement de la démocratie sociale,
- un Fonds dédié à la transformation numérique des entreprises, plus particulièrement des
PME-TPE.
La transformation numérique, inéluctable, reste un atout dont il faut maîtriser et réguler
les retombées sociales, économiques et humaines. Les collectivités territoriales ont leur rôle
à jouer dans cette phase cruciale.
CESER  aquitainE
57
Annexes
1. Le numérique dans les activités : approche par fonction, par secteur,
et présentation de l’écosystème
2. Auditions, contributions et rencontres
3. Liste des sigles
4. Glossaire
5. Bibliographies et sites
6. Composition de la commission
CESER  aquitainE
58
1. Le numérique dans les activités : par fonction,
par secteur, et présentation de l’écosystème
1.2.1.1 Approche par fonction
LES FONCTIONS SUPPORT
• Les fonctions commerciales sont une des entrées les plus fréquentes pour la pénétration
du numérique dans une entreprise. Elles se décomposent en :
- Relations avec la clientèle : celles-ci ont évolué puisque les e-mails sont de plus en plus
nombreux, se substituant notamment aux fax, et l’échange de données informatiques (EDI)
est de plus en plus pratiqué (plans, cahiers des charges, spécifications techniques et
qualité, normes, …). Cependant, le papier est conservé pour plusieurs raisons : constituer
les dossiers clients, archivage, contrôles des impôts, dimension symbolique du papier
(importance plus grande du document que sa version numérique). Les principaux points
à retenir dans cette relation avec la clientèle concernent :
• La différence entre les entreprises en « B to C » et en « B to B » : les particuliers ont
moins besoin des factures que les entreprises, donc celles qui travaillent entre entreprises
dématérialisent moins que celles qui travaillent avec les particuliers ;
• L’effet déterminant des grandes entreprises qui ont dématérialisé leurs documents et
exigent aujourd’hui que leurs fournisseurs en fassent autant, sous peine de pénalités.
Or, le système pour mettre en place des factures numériques est encore souvent trop
onéreux, les entreprises préfèrent donc payer cette majoration et envoyer des factures
papier ;
• La persistance, selon le produit vendu et le secteur, du contact par téléphone ou en face-
à-face avec le client, notamment pour les objets sur mesure, les services, les objets
artistiques ;
• La mise en place de hotlines pour le service après-vente, avec une assistance au client
et du dépannage à distance en temps réel.
- Relations avec les fournisseurs : moins numérisée qu’avec les clients, la situation apparaît
similaire à celle rencontrée au niveau national (comme en témoignent différents rapports).
Cependant, la part des mails échangés pour commander augmente : le fax et le courrier
sont abandonnés au profit des e-mails qui permettent également de garder une trace écrite
de la commande nécessaire pour la comptabilité. Mais les factures sont imprimées. Pour
la recherche de nouveaux fournisseurs, internet est encore peu utilisé ; les chefs d’entre-
prise préfèrent les salons, les foires ou leur réseau, ce qui montre l’importance du contact
personnel dans les relations de commerce entre professionnels. Le peu de présence des
entreprises « B to B » sur internet appuie cette analyse malgré la dématérialisation souvent
imposée par les donneurs d’ordre.
- Les services commerciaux : le numérique facilite la mobilité des commerciaux avec les
outils disponibles (un matériel adapté à la mobilité et connectable aux données de
l’entreprise, une géolocalisation permettant le suivi).
- E-commerce : les techniques de prospection telles que le mailing numérique se développe.
Les sites de e-commerce (livraison ou drive) permettent d’élargir la clientèle à moindres
frais pour les entreprises disposant de sites physiques. En effet, c’est une passerelle pratique
pour le client qui achète sans se déplacer, ou en gagnant du temps par drive ; c’est d’autant
plus pratique lorsqu’il y a peu de boutiques sur un territoire. Les sites de e-commerce
permettent également de minimiser les stocks et de rentabiliser les chutes (=restes). Enfin,
l’ouverture sur l’international est facilitée par la présence sur internet car les sites internet
peuvent être en plusieurs langues, touchant une clientèle plus large. De plus, internet
permet une communication internationale à moindre coût (e-mails ou visioconférences).
- Communication : les sites internet constituent une première vitrine de l’entreprise pour
celles travaillant en « B to C ». Deux formes de présence sur internet sont possibles pour
la communication : un site classique/blog, et/ou une page sur un ou des réseaux sociaux.
• Ressources humaines : dans ce domaine ce sont essentiellement la formation et l’informa-
tion des salariés qui sont concernées. La plupart des formations aux logiciels utilisés par
l’entreprise (ERP) se font en interne de manière informelle. Cela a pour conséquence des
formations plutôt incomplètes, où seulement une partie du logiciel est connue. Les forma-
tions proposées en informatique dépendent des organisations professionnelles dont le
niveau d’offre est variable, selon la taille de l’entreprise (plans de formation beaucoup moins
fréquents dans le PME-TPE) et le secteur d’activité. L’appel au numérique reste très limité
pour les autres formations de même que pour la communication interne de l’entreprise.
CESER  aquitainE
59
Toutefois l’utilisation du numérique est beaucoup plus importante dans les PME et ETI
de grande taille et opérant à l’international. Alors que les rapports nationaux révèlent une
fracture générationnelle conséquente quant à l’aisance des chefs d’entreprise face au numé-
rique, cet effet de génération est compensé par la motivation /personnalité, approche
confirmée au cours de l’enquête.
• Sécurité et systèmes : la sécurité est une préoccupation importante des chefs d’entreprises,
et l’espionnage industriel concerne surtout les sociétés présentes à l’international. Le pira-
tage des données existe et engendre une crainte : c’est la principale raison pour laquelle
les chefs d’entreprises ne veulent pas stocker leurs données sur des clouds et préfèrent les
serveurs. Mais alors que les piratages sont plus fréquents via des e-mails frauduleux que
directement sur les serveurs, les mesures de sensibilisation vis-à-vis de ces e-mails ne sont
pas courantes. De plus, le changement des mots de passe de manière régulière n’est appli-
qué que dans peu d’entreprises, celles qui sont les plus à la pointe au niveau informatique.
En revanche, en-dehors des vols de données, le fait de réaliser de manière régulière des
sauvegardes est un réflexe connu et acquis.
• Gestion : les ERP (« enterprise resource planning » ou PGI en français « progiciel de gestion
intégré ») sont utilisés dans une grande majorité des entreprises, mais ce sont les plus petites
qui n’en ont pas, faute de moyens ou de nécessité. Les nouvelles solutions gratuites permises
par les logiciels libres pourraient pallier ce manque dans les TPE, et permettre aussi aux
PME d’évoluer vers des outils perfectionnés de gestion, sans pour autant avoir à réaliser des
investissements lourds. Il faut cependant remarquer que la mise en place d’ERP entraîne,
par le mode d’affectation des charges retenu, une rigidification de l’organisation interne de
l’entreprise, appelant des outils d'évaluation et d'amélioration continue.
• Fonctionnement de l’entreprise : le fonctionnement de l’entreprise n’a pas radicalement
changé depuis une quinzaine d’années malgré l’évolution des outils numériques.
Le nouveau modèle de management horizontal permis par le numérique n’est, d’une
manière générale que très rarement appliqué dans les PME. Si les chefs d’entreprise, recon-
naissent tous que le numérique permet un gain de temps et une meilleure visibilité sur
l’entreprise, ils ne mettent pas toujours en place les outils efficaces et appropriés par
manque d’information. Le plus souvent, ils ne connaissent pas les procédés et la technique
en lien avec le numérique même si celui-ci est présent dans certains de leurs services,
de la comptabilité à la production.
Les entreprises qui sont les mieux équipées numériquement présentent certaines conditions/
caractéristiques. Ce sont :
- des entreprises récemment créées dotées d’équipements neufs,
- des entreprises en restructuration complète, devant évoluer ou pour lesquelles une
réflexion stratégique a été engagée,
- des entreprises suffisamment grandes pour affecter au moins une personne au suivi des
outils numériques et informatiques, ce qui permet une réflexion constante et un suivi des
outils disponibles,
- des entreprises qui créent des objets dont la fabrication nécessite des outils ou un métier
du numérique,
- des entreprises pour lesquelles, les donneurs d’ordres ou les clients exigent l’échange de
données par informatique ou le co-ingeniering dans les relations avec leurs fournisseurs.
LES FONCTIONS DE PRODUCTION
• Chaîne numérique complète : de la conception à la fabrication
- Concevoir et dimensionner les pièces en prenant en compte les contraintes de fabrication,
- Garder une traçabilité numérique de tout le processus d’élaboration,
- Faciliter la gestion de configuration et la gestion des modifications,
- Réduire les plans d’expérience dans les phases de développement de nouveaux produits
(réduction des délais et coûts de développement),
- Faciliter la mise à disposition des données de production en atelier.
• Automatisation des procédés
- Besoins de procédés capables de grandes cadences,
- Gain de productivité,
- Garantir la répétabilité et la stabilité des procédés de fabrication.
CESER  aquitainE
60
• Utilisation de robots industriels pour l’automatisation des processus
- Moyens flexibles capables de plusieurs processus, dimensions et géométries de pièces,
- Moyens fiables, utilisés depuis plus de 25 ans dans l’industrie automobile,
- Moyen "facile" à intégrer et à maintenir en opération,
- Pas de génie civil particulier,
- Coût d’investissement faible,
- Répétabilité,
- Précision pour les tâches « en effort ».
C’est l’ensemble des fonctions et des métiers qui est concerné par les changements apportés
par le numérique : la conception des produits, la numérisation du processus en totalité notam-
ment à partir de la conception assistée par ordinateur (CAO) en trois dimensions, la
modélisation du produit dans son environnement, pour son utilisation… Les systèmes de plus
en plus complexes deviennent accessibles. L’enrichissement des modèles mathématiques,
l’utilisation des données conduisent à une généralisation du numérique à toutes les phases :
FAO, plans, robotique, qualité. C’est aussi le co-engineering, la configuration autour du
produit, l’évolution du produit dans sa vie qui sont modifiées, de même que la supervision
de la production. La supply chain est tout aussi impactée sur l’ensemble de ses maillons (des
approvisionnements-fournisseurs aux livraisons-clients en passant par les stockages), le numé-
rique ayant déjà largement investi l’ensemble de ces fonctions. La veille technologique prend
une dimension de plus en plus stratégique.
1.2.1.2 Approche par secteur
A partir de l’enquête qualitative, une première approche des spécificités sectorielles incita-
trices ou bloquantes a été possible ; elle est complétée par les auditions conduites au cours
de cette réflexion. L’ensemble de ces approches est focalisé sur les PME et TPE.
Seront ainsi abordés le secteur agricole, l’agroalimentaire, les industries du bois, le bâtiment
et les travaux publics, le commerce de détail, le secteur métallurgique lié à l’aéronautique.
Par forme d’activité un point sera fait sur l’artisanat.
LE SECTEUR AGRICOLE
Dans ce secteur, les différentes filières rentrent de manière progressive dans l’ère du numé-
rique : les TIC sont présentes dans les exploitations agricoles depuis les années 80 à travers
les logiciels de gestion comptable et technique, l’accès aux prévisions météo, la gestion clima-
tique et l’irrigation sous serres, la régulation de la température de cuves de vinification, la
distribution automatique de concentrés (DAC)…L’agriculture considère qu’elle est face à un
changement de paradigme passant de l’agriculture traditionnelle qui correspond à un pilotage
approximatif, appuyé sur les méthodes du bilan (engrais, irrigation,…) dont les résultats ne
correspondent pas aux attentes, à une agriculture mesurée, permettant un pilotage de préci-
sion. C’est maintenant sur le triptyque mesure/décision/action intégrant la variabilité
spatio-temporelle, les contrôles du climat, de la ferti-irrigation, de performances qui s’appli-
quent aux différentes filières (horticulture, élevage, agriculture, arboriculture, viticulture,…)
qu’est conduit le pilotage de l’agriculture.
Ce changement permis par les TIC induit des évolutions structurelles (place du conseil, rôle
des acteurs, formation, recherche,…) et de nouveaux besoins :
- Mesures f capteurs (climat, sol, plantes, machines,…), géolocalisation des mesures
(GNSS),…Proxidétection/télédétection/réseaux de capteurs,…
- Analyse/Décision f stockage, présentation, analyse et partage des données géolocalisées :
SIG, modélisation, OAD et internet,…
- Actions/modulation f électronique embarquée (ISOBUS), géolocalisation des actions
(GNSS)… Robotique.
- Traçabilité et retour d’expérience f bases et entrepôts de données, datamining et internet.
Face à cette demande, de nombreuses innovations sont introduites dans le machinisme qui
améliore ainsi la conception des matériels, la précision, la sécurité et les fonctions numériques
GPS, informatique embarquée, internet et informatique nomade. Alors que le machinisme
agricole était orienté vers le gigantisme des équipements, la robotique constitue une alternative
avec l’apparition de petits robots très mobiles et autonomes.
Les domaines de présence et d’expansion de la robotisation sont le semis, le désherbage,
la cueillette - récolte, le tri / calibrage, la traite, la conduite de troupeaux et la nourriture
des animaux, le déplacement des clôtures, le collecteur de limaces et le robot d’observation
(sol ou drones).
CESER  aquitainE
61
L’accompagnement très important des agriculteurs par la profession - chambres d’agriculture
et centres techniques en premier lieu - et l’organisation en coopératives permettent à ce
secteur de réagir et d’évoluer rapidement. Cependant pour cela un certain nombre de condi-
tions doivent être réunies, notamment la capacité à investir. Les innovations clés (proches ou
en cours d’assimilation) qui apportent des solutions sont :
- la multiplication des capteurs communicants,
- la généralisation de la cartographie des données,
- les solutions de plus en plus « mobiles »,
- l’accentuation des échanges de données,
- l’informatisation des différentes machines et outils.
Les principaux leviers évoqués par les professionnels pour favoriser le développement du
numérique dans l’agriculture sont :
- pour l’exploitant : le confort de travail (gain et redéploiement de temps, intervention facilitée,
sécurité dans les travaux agricoles…), les économies financières (gain de temps, diminution
des intrants, de l’énergie), le raisonnement et la traçabilité,
- l’évolution des acteurs agricoles : par exemple les coopératives, entreprises de travaux
agricoles et CUMA qui envisagent le « service » comme un élément clé de leur activité,
- le besoin de renouvellement des agriculteurs et la nécessité de faciliter ce renouvellement,
- les possibilités de redéployer des technologies d’autres secteurs, et proposer des solutions
à des coûts adaptés,
- la réglementation et l’attente des consommateurs en termes de pratiques et de traçabilité,
- les évolutions de la PAC (verdissement), de la valeur des matières premières…,
- les outils d’aide à la décision : des outils de diagnostic et d’évaluation du risque avec une
approche climat, plante, bio-agresseur…, ou encore santé des animaux et performance,
- des outils d’aide au raisonnement : grilles de risques intégrant des règles de décision avec
non seulement des modèles d’évaluation et de prévision du risque, mais aussi les variables
agronomiques ou zootechniques, et parfois une approche économique.
Les agriculteurs souhaitent disposer d’une information regroupée et synthétisée, adaptée au
contexte et à la stratégie de conduite de l’exploitation mais leur laissant le pouvoir de décision
finale. Les freins potentiels perçus sont les problèmes techniques comme une perte de signal
ou les zones blanches, le coût et l’amortissement financier, le risque de ne plus être maître
de la décision, les limites technologiques (harmonisation et standardisation des équipements),
une meilleure facilité de communication entre les instruments, des coûts d’équipement élevés.
Si selon les régions et les orientations de production, les niveaux de maturité apparaissent
différents, il semble évident que le numérique va impacter fortement l’activité agricole. Il
permettra en outre à chaque producteur d’être directement ou indirectement son propre acteur
pour la vente de ses productions tant sur un marché de proximité élargi que sur un marché
international très volatile qui demande une stratégie et une réactivité importantes.
L’AGRO-ALIMENTAIRE
En raison de la réglementation concernant les normes sanitaires européennes et l’étiquetage,
les entreprises sont obligées de s’équiper en logiciels et en machines permettant d’assurer
CESER  aquitainE
62
la traçabilité des produits. Les machines informatisées dans la partie production deviennent
de plus en plus fréquentes, même si elles ne sont pas exploitées dans toutes leurs capacités :
le relevé de données n’est pas toujours possible ou effectué.
La grande distribution pousse ses fournisseurs à intégrer le numérique à travers la passation
des commandes par EDI et par les factures numériques. Elle dématérialise de plus en plus, et
contraint les entreprises à rentrer dans ce processus sous contrainte de pénalités. Mais les
logiciels pour assurer cette dématérialisation des documents sont onéreux (signature numé-
rique, etc.). Ce sont donc les petites et moyennes entreprises qui sont les plus touchées, car
elles ne peuvent pas toutes s’équiper et doivent acquitter les pénalités.
Le e-commerce est une ressource connue et reconnue dans ce secteur, pour les entreprises
qui vendent aux particuliers, que ce soit sous forme de livraisons pour les conserves ou de
drive pour les produits de la chaîne du froid.
Les adhérents de l’ARDIA bénéficient des appuis de leur organisation ; ainsi les informations
sur les équipements numériques leur sont plus facilement accessibles. Les coopérateurs quant
à eux disposent aussi des appuis de leurs structures.
Il existe toujours des entreprises, surtout fournisseurs de matières premières, qui ne sont pas du
tout numérisées. Les entreprises artisanales de l’agroalimentaire ont une démarche beaucoup
plus proche des formes de numérisation de l’artisanat que des grandes entreprises de leur secteur.
LES INDUSTRIES DU BOIS
C’est un secteur fermé où le réseau relationnel prend une place primordiale notamment au
niveau de l’achat du bois (propriétaires forestiers). C’est le secteur où internet est le moins
utilisé avec les clients et surtout les fournisseurs.
Une minorité d’entreprises a des machines en production dont l’exploitation des données est
possible et effectuée.
L’apport des sites internet n’est pas toujours considéré comme un appui car ce secteur
est surtout concerné par le commerce « B to B ». Les sites de e-commerce ne paraissent pas
réalisables ou pertinents du fait du produit : encombrant à livrer et à transporter (ex : planches
de bois) et des besoins de visuel pour le choix du bois.
Il existe un manque d’information certain sur les possibilités de numériser la production et
de rendre le travail humain moins pénible dans ce secteur.
LE SECTEUR DU BÂTIMENT
De la conception à la réalisation, la chaîne de valeur évolue : traditionnellement deux
catégories d’acteurs interviennent dans la chaîne de valeur du secteur de la construction :
- pour l’étude, la conception des projets implique les maîtres d’ouvrage, les promoteurs,
les bureaux d’études et les architectes, les entreprises de construction (pour la phase de
consultations),
- pour la réalisation et l’exploitation sont concernés essentiellement les maîtres d’œuvre,
les différents corps de métiers de la construction ainsi que les fournisseurs de matériaux et
équipements, intervenant pendant la phase de réalisation et pour la maintenance.
L’évolution de la chaîne de valeur avec le numérique et plus particulièrement le développement
des maquettes numériques (BIM-Building Information Modeling), améliore la communication
entre les différents intervenants ; par exemple, les acteurs de la maintenance sont de plus
en plus associés à la phase de conception. L’amont doit prendre en compte de plus en
plus l’évolution de la demande des clients, notamment pour avoir des logements connectés
et intelligents, économes en fonctionnement. Inversement, les acteurs de la construction
interviennent dès l’élaboration des maquettes numériques, ce qui permet de réduire leurs
coûts et gagner en efficacité. La réglementation joue un rôle déterminant pour faciliter ces
évolutions.
La phase de conception devient essentielle : la réalisation de la maquette numérique qui
permet un partage entre les différents acteurs sur un projet, la visualisation en trois dimensions
mais aussi en quatre dimensions en incluant la durée de la construction, les implications
financières, la gestion du cycle de vie du produit.
Les relations entre tous ces acteurs et la nature de leurs interventions sont modifiées. Par exemple,
entre architectes et bureaux d’études, les missions apparaissent moins différenciées.
La structure du secteur composé de grandes entreprises, de PME et d’une multitude de TPE,
conduit à une appropriation très hétérogène du numérique. Les deux entrées des entreprises
CESER  aquitainE
63
les plus fréquemment constatées concernent d’une part la gestion et d’autre part la réponse
aux contraintes imposées par les donneurs d’ordre.
La majorité des entreprises de toute taille a intégré la gestion de l’activité (salaires, résultats…),
la réalisation des devis en utilisant des logiciels simplifiés, notamment avec l’appui des orga-
nisations professionnelles comme la Fédération Française du Bâtiment qui a mis en place un
portail accessible à la carte.
Les grandes entreprises ou ETI, donneurs d’ordre, ont développé une maquette numérique
permettant de réaliser la gestion de projets opérationnels en articulant les différents corps
mobilisés pour la construction. Ils appellent leurs sous-traitants à intégrer ce processus
et réalisent leurs appels d’offres sous forme numérisée. Il en est de même de la part des
collectivités et établissements publics qui sont entrés dans des processus de dématérialisation
de leurs appels d’offres.
Pour les PME et TPE, l’intégration de la maquette numérique est onéreuse et complexe, néces-
sitant des compétences dont peu disposent. Les architectes et les bureaux d’études s’inscrivent
dans ce processus de numérisation depuis peu mais ils en ont intégré les avantages, en
particulier la facilité de communication.
Certaines entreprises commencent à entrevoir les potentialités offertes par les nouvelles tech-
nologies numériques et se les approprient avec des projets dans la domotique, dans la silver
économie, pour les déchets, en géolocalisation, ou en relevés de toute nature.
La géolocalisation des camions et matériels de chantier se développe y compris dans les pme,
facilitant ainsi la gestion des parcs de ces entreprises.
Aux côtés de la FFB Aquitaine, le pôle CREADH et le centre NOBATEK accompagnent ces
projets et participent à la diffusion, l’information et la communication auprès des TPE PME.
LES TRAVAUX PUBLICS (TP)
Le numérique se généralise et conduit à une interopérabilité globale, de l’idée jusqu’à la
destruction de l’objet, en passant par la conception, la réalisation, l’exploitation et la décons-
truction ; la filière saisit les opportunités du numérique dans de multiples domaines :
Commercial - gestion :
Marchés : la réponse aux appels d’offres (dématérialisation) est de plus en plus courante
pour les TP. La sécurisation du système, notamment la signature électronique, permet
aux entreprises de l’utiliser en confiance.
Gestion : la circulation des factures est également dématérialisée et les paiements effec-
tués par la même voie (en principe, amélioration des délais de paiement et réduction des
délais masqués). Comptabilité informatisée : les entreprises qui tiennent leur comptabilité
au moyen de systèmes informatiques sont tenues (sous peine de pénalité) de présenter leurs
données comptables sous forme dématérialisée (gestion des redevances d’exploitation).
Demande de travaux (DT)/Déclaration d’intention de commencer les travaux (DICT) : les
demandes de renseignements sur la localisation des réseaux existants (préalable aux
travaux) sont dématérialisées.
Numérisation des plans et gestion de ceux-ci (data des communes sous leur responsabi-
lité) : elle facilite les réponses et raccourcit leurs délais.
Conception des projets : sont déjà réalisables la conception des ouvrages (maquettes
numériques - en développement pour les ouvrages d’art), la simulation en 3D de l’ou-
vrage, son architecture et son intégration dans le paysage, l’aide au calcul des structures
et à l’évaluation des quantités (évaluation des coûts).
Réalisation des chantiers, organisation et gestion du chantier en continu : le responsable
du chantier fait du reporting en direct sur tablette. La gestion est assurée en liaison avec
le siège de l’entreprise. La capitalisation des données journalières et les tâches réalisables
facilement avec l’appui du numérique : la comptabilisation des matériaux livrés sur
chantier (puces RFID), la consommation des fournitures, la commande des approvision-
nements, le suivi du personnel employé, le suivi des transports en temps réel
(géo-localisation des camions et optimisation des parcours), la recherche de matériel en
fonction des besoins du chantier en temps réel (base de données de l’entreprise et
fournisseurs extérieurs), l’aide à la réalisation des chantiers (guidage des machines en 3 D -
ex : matériels de terrassements, forages guidés, travaux sans tranchées, tunneliers…).
CESER  aquitainE
64
Santé/sécurité : il est possible d’équiper le personnel soumis à des mesures d’exposition
en continu (atmosphères confinées, poussières …).
Réalisation et détection de réseaux enterrés à distance : les canalisations sont équipées
d’un fil traceur avant enfouissement (connexion à des bornes en surface).
Réalisation : l’enregistrement vidéo des phases de construction (ex nouveau stade de
Bordeaux) permet la vérification de la conformité aux méthodes, les retours d’expé-
rience…
Tous les matériels deviennent « des objets communicants.
Ouvrages exécutés : les étapes de l’exploitation, de la maintenance (surveillance, exper-
tise préventive…) bénéficient aussi du numérique pour : le suivi des ouvrages en temps
réel (les mouvements sont enregistrés en permanence et l’exploitant peut prendre des
décisions adaptées). Le suivi se développe pour les consommations (gaz, électricité etc.)
afin de connaître les zones énergétivores, les fuites des canalisations d’eau potable (plus
de 30% de l’eau potable est perdue en raison de fuites sur le réseau), la gestion automa-
tisée des trafics (comptage des véhicules, régulation, organisation de la sécurité, la route
« intelligente » qui « communique » avec l’exploitant ou l’usager – état de la surface,
présence de verglas, limitations de vitesse, zones à risque… –) est en développement.
Création et développement de logiciels : éco-comparateurs (pour choisir les solutions
techniques ayant le moins d’impact environnemental)…
Les entreprises considèrent néanmoins que ces possibilités de développement numérique
rencontrent des difficultés à être mises en œuvre en raison :
- des problèmes de communication car les systèmes sont conçus par des opérateurs
différents,
- des réticences de la part des maîtres d’ouvrage à prendre en compte les coûts induits
(recherche de l’ouvrage le moins cher).
En outre, si les avancées sont adaptées aux grandes entreprises, les PME ne sont toujours pas
insérées dans le processus numérique.
Mais surtout, la maquette numérique constitue un saut technologique supplémentaire pour
la construction, c’est une évolution très importante qui se heurte à la culture des entreprises
du bâtiment, réfractaire aux innovations car elles ne sont que rarement couvertes par les assu-
rances et garanties obligatoires pour toutes ces activités.
LE COMMERCE DE DÉTAIL
Bien que l’enquête ait prévu d’aborder l’insertion du numérique dans le commerce de détail,
la faiblesse des réponses n’a pas permis d’avoir une approche significative actualisant les
données régionales. L’AEC rappelait (sources : Observatoire des Usages Internet - Janvier-
Mars 2012 - Médiamétrie et Diagnostic 2012 de l’Aquitaine numérique) :
- qu’1 cyberacheteur sur 2 partage son acte d’achat,
- que 85 % des « e-shoppeurs » se servent des réseaux sociaux pour communiquer et partager,
- que 9 internautes sur 10 se disent influencés par les avis qu’ils lisent sur Internet et seulement
14 % font confiance à la publicité,
- que 67 % des internautes dépensent plus sur internet suite à une recommandation,
- enfin, que le partage et les avis génèrent en moyenne 3,2 visites supplémentaires sur les
sites de e-commerce.
Mais seules 12 % des PME aquitaines ont une présence sur les réseaux sociaux et 2 % d’entre
elles pratiques du e-commerce.
Il ne semble pas que des évolutions majeures aient été initiées par les petits commerçants
pour réaliser de l’e-commerce même si leur présence à travers des sites a sensiblement
augmenté. La sensibilisation réalisée par les chambres de commerce et les chambres de
métiers a permis une première avancée qu’il faudra poursuivre.
INDUSTRIES
Au-delà des industries agroalimentaires et des industries du bois déjà évoquées, l’étude et les
auditions se sont particulièrement attachées à la démarche d’usine du futur engagée par un
certain nombre d’entreprises, relevant surtout de la métallurgie-aéronautique, sans que ce
secteur soit exclusif.
CESER  aquitainE
65
La présentation du cas remarquable de TURBOMECA permet de comprendre l’étendue et
l’évolution des champs envisageables et leurs conséquences sur l’organisation industrielle.
Pour les exemples étudiés de PME du secteur, le numérique a déjà pénétré la majorité des
domaines, en commençant par la conception, la gestion et la production, notamment avec
l’introduction déjà ancienne et répandue de robots.
• Dans le secteur aéronautique, sous la pression des donneurs d’ordre, les PME sous-traitantes
ou ayant des produits propres ont dû numériser leurs relations avec leurs clients, et selon
leur rang dans la chaîne de sous-traitance, s’inscrire dans les maquettes numériques. Les
EDI sont très développés dans cette industrie. Depuis plusieurs années, la contraction de la
sous-traitance et sa structuration en niveaux ont contraint les petites entreprises qui ne
s’insèrent pas dans les critères requis pour rester des partenaires principaux, et tout parti-
culièrement celles ne disposant pas de moyens numérisés développés, à reculer dans cette
chaîne. De ce fait leur intégration numérique n’a souvent pas été développée.
Quant aux appels d’offres de la Défense qui sont devenus numériques sur le portail spéci-
fique Xarm, les PME qui n’ont pas su ou pu faire l’effort de passer à cette forme de
commerce sont exclues de ces projets.
Pour s’adapter aux évolutions du secteur, certains chefs d’entreprises ont conduit des
réflexions stratégiques visant soit à se positionner sur des produits propres soit à aller sur
de nouveaux marchés. Ces démarches les ont conduits à revoir leur relation au numérique
par les possibilités ouvertes pour la réalisation de ces produits ou pour l’accès aux systèmes
commerciaux des autres marchés.
• A l’initiative du Conseil régional, l’expérience des entreprises ayant souhaité bénéficier d’un
diagnostic et d’un accompagnement pour entrer dans ce processus permet de comprendre
les domaines de changement, les modes d’accompagnement et la nature des appuis néces-
saires.
Pour chaque entreprise, un projet usine du futur est lié à son histoire, ses compétences et
ses spécificités. Un tel projet peut concerner toute l’entreprise dans toutes ses activités ou
se limiter à un domaine existant ou nouveau.
Le bilan des diagnostics du CRA :
Le diagnostic a porté sur 100 entreprises dont 21 ETI. Trois domaines ont été principale-
ment abordés :
- Qualité de vie au travail
- Management opérationnel
- Technique et numérique.
Le constat débouche sur :
- une carence de management opérationnel et d’utilisation des méthodes visuelles de
pilotage participatif associée à la nécessité de déployer au plus vite les outils du mana-
gement visuel de la performance. Les améliorations nécessaires sont importantes pour
créer les conditions favorables à l’introduction du numérique dans les entreprises,
- la qualité de vie au travail et l’environnement,
• pour la sécurité qui reste insuffisamment préparée, il faut développer une culture sécu-
rité par le management visuel et accentuer le respect du port des équipements de
protection individuelle,
• un renforcement nécessaire des actions participatives et d’investissement pour améliorer
l’ergonomie (aménagements de postes, étude des risques de TMS et port de charges
lourdes, niveau sonore et température des ateliers),
• une véritable sensibilisation à la gestion des ressources et aux économies d’énergie
en matière d’environnement.
- Technique et numérique
• une concentration des besoins technologiques sur des aspects très pragmatiques et à
court terme : capacité, productivité et contrôle non destructifs. Pour améliorer la
compétitivité, les priorités attendues concernent le soutien à l’investissement court
terme et la sensibilisation/veille pour les axes de compétitivité positionnés à moyen
terme.
• l’utilisation de l’outil ERP (Progiciels de Gestion Intégrés (PGI) ; le système d'infor-
mation de coordination de l'ensemble des activités d'une entreprise (production,
approvisionnement, marketing, forces de vente, gestion des ressources humaines…)
CESER  aquitainE
66
est très perfectible : complétude des données, méconnaissance de certains modules,
manque de formation de certains utilisateurs…
• la nécessité d’amener beaucoup plus d’entreprises industrielles dans une organisation
en flux tirés afin d’améliorer les temps de production, la qualification du personnel,
la qualité, les stocks, la fiabilité des équipements et des fournisseurs… et d’obtenir
une réduction du BFR.
• Le Domaine d’Activités technologiques Stratégiques (DAS) Usine du Futur du pôle AERO-
SPACE VALLEY a pour objectif de faire émerger de nouveaux projets innovants et
collaboratifs pour la production des systèmes aéronautiques et spatiaux, de faciliter le
déploiement de ces projets. Tous les deux ans il prévoit d’organiser un appel à idées autour
de cinq axes de la feuille de route : usine intelligente, usine connectée et pilotée, usine
numérique, usine humaine, usine verte. Il cible les thèmes de ces axes sur des projets inté-
ressant particulièrement AIRBUS, intégrant des aspects technologiques, la réalité augmentée
et la gestion intelligente de moyens industriels y compris la robotisation. Les projets retenus
sont accompagnés à tous les niveaux. Les pme adhérentes au pôle sont appelées à participer
à ces projets.
1.2.1.3 Approche par forme d’activité : l’artisanat
L’artisanat présente un certain nombre de spécificités étudiées lors de l’enquête et complétées
au cours des auditions. Comme il regroupe des TPE de différents secteurs, l’artisanat cumule
les freins sectoriels et ceux liés à la taille et aux capacités de ses entreprises.
De manière générale, les artisans sont encore en retard dans l’appropriation des outils numé-
riques mais nombre d’entre eux sont aussi en éveil ; certains artisans utilisent toujours
du papier pour les comptes et les stocks ; très peu ont des machines connectées à un poste
informatique.
En effet, ces structures très petites ne peuvent souvent pas supporter les coûts des investisse-
ments nécessaires.
L’utilisation d’internet est en essor car elle est poussée par la Chambre des Métiers et de
l’Artisanat (CMA) qui propose des formations (utilisation de logiciels, création de sites internet,
animation des pages sur les réseaux sociaux, etc.) ou des rencontres avec des conseillers pour
améliorer les sites internet, évoluer vers des sites de e-commerce, etc. La présence de la CMA
est très importante dans le développement des outils numériques chez les artisans.
Par ailleurs, l’Aquitaine dispose d’un certain nombre d’artisans d’art pour lesquels la notion
de métier est fondamentale, valorisant la tradition de la technique. Ces métiers très absorbants
ne laissent guère de place à l’apprentissage de l’utilisation de l’informatique. Les artisans d’art
sont confrontés à un autre problème : les produits uniques et/ou sur mesure qu’ils fabriquent
se prêtent peu à l’ouverture de sites de e-commerce car ils ne peuvent pas être faits en série.
1.2.2 Un écosystème motivé pour l’intégration
numérique : un large ensemble d’acteurs
en évolution
De nombreux organismes participent à l’écosystème numérique de l’Aquitaine : associations
professionnelles, agences de développement régionales ou locales, chambres consulaires…
Des sites spécifiques se voient également dédiés à l’animation de l’écosystème. La commis-
sion s’est plus particulièrement intéressée à certains d’entre eux au cours de ses auditions,
sans que cela présume de leur dynamique dans cet ensemble.
Toutefois la nature d’intervention de beaucoup de ces organismes est présentée ci-après, sans
être exhaustive. Elle permet de situer leur rôle dans l’écosystème. Ces organisations comme
l’ensemble du domaine sont évolutives, avec des rapprochements, des créations récentes.
ADEISO
Association de chefs d'entreprises depuis 1981, l'ADEISO fédère les entreprises, écoles, labo-
ratoires, décideurs du numérique, collectivités, œuvrant pour le développement des
entreprises de la filière numérique et électronique en Aquitaine. Sa mission qui est de
« promouvoir et développer la filière", s'applique notamment à 4 domaines : les systèmes
énergétiques du futur, la santé et le bien-être, la valorisation par l'usage du numérique du
patrimoine et des connaissances, la mobilité et les services numériques urbains. Elle vise à
CESER  aquitainE
67
favoriser le développement du business et la croissance des entreprises, à accompagner
les entrepreneurs dans leur activité, de la création à l'internationalisation. Enfin, elle favorise
le déploiement d'un écosystème favorable à travers ses liens et actions avec la formation,
les centres de transferts technologiques, les infrastructures d'hébergement de données, le
financement du développement des start-ups...
AEC
Créée en 1996, l’agence a pour mission :
- d’accompagner l’émergence et le développement des entreprises du numérique,
- d’accélérer la prise en compte du rôle transformateur du numérique,
- de favoriser la convergence des actions publiques et collectives
Au cours des ans, l’agence a développé ses compétences en veille technologique et sociétale
(intelligence économique, prospective), accompagnement des mutations, diagnostic numé-
rique territorial, animation de la concertation régionale.
AQUITAINE DÉVELOPPEMENT INNOVATION ADI
ADI intervient en accompagnement sur des projets individuels ou collectifs d’entreprises des
autres secteurs, visant à améliorer la compétitivité industrielle. Dans le domaine numérique,
elle intervient notamment sur l‘ERP Bois, des systèmes informatiques de santé (action collec-
tive « Dispositif médical et TIC », dossiers médicaux communicants, étude ROI, réflexion
living lab Sant /lien Silver éco…), les projets Lean, l’accompagnement du Cluster Aquitaine
Robotics et l’Initiative Robot Start Pme, les appels à projet Usine du Futur du CRA. Elle anime
le Réseau « Innover en Aquitaine » et la démarche d’interclustering ainsi que l’incubateur
Design et numérique. Elle participe aux actions des filières pour la transformation numérique,
comme la maintenance prédictive, l’exploitation et valorisation des données collectées,
les applications multiples de la réalité augmentée.
ADI accompagne un écosystème e-commerce notamment avec l’ouverture de Cdiscount
à l’écosystème local, la mise en place du pôle numérique Digital Aquitaine et l’écosystème
d’innovation,
CLUSTER TIC SANTÉ
Cette association, créée en 2011, intervient notamment dans l’accompagnement des entre-
prises sur le marché de la e-santé. Ce cluster participe à l’identification des usages, au partage
d’expériences des entreprises de la filière pour le déploiement de services nouveaux et l’appui
au développement technologique ainsi qu’au montage de projets collaboratifs. Il structure
l’écosystème régional des acteurs de la santé et appuie le développement de services
et produits innovants dédiés à la santé, à la médecine, et utiles au maintien des patients à
domicile.
AETOS (DRONES)
Le cluster, créé en 2010, rassemble des acteurs aquitains de la filière avec pour objectif de :
- développer et promouvoir les compétences régionales, et faire de l’Aquitaine le leader national
des drones et systèmes de drones civils,
- faciliter l’accès au marché national et à l’export pour les industriels aquitains, grâce à une
dynamique de cluster (coordination des actions, offre globale et contact centralisé pour les
clients d’ensembles et de sous-ensembles),
- faire émerger des projets collaboratifs de Recherche & Développement.
Portée par ADI, cette association bénéficie de la dynamique locale du « Grand Sud-Ouest
avec des collaborations nationale et internationale.
AQUITAINE ROBOTICS
Le cluster a pour mission de structurer la filière robotique régionale, d’accompagner les projets
collaboratifs de R&D, et développe des compétences en recherche scientifique et formation.
Il rassemble les acteurs aquitains de la robotique manufacturière et logistique, de service, et
en milieu ouvert (agricole, forestière, viticole, de sécurité, …). Créé en juillet 2013, il regroupe
essentiellement des entreprises, des organismes de recherche et formation, et des utilisateurs.
Aquitaine Robotics est soutenu dans son fonctionnement par Aquitaine Développement Inno-
vation et Bordeaux INP (Institut National Polytechnique) co-fondateurs du cluster, avec l’appui
financier du Conseil régional d’Aquitaine.
CESER  aquitainE
68
AQUINETIC (LOGICIELS LIBRES)
Ce cluster vise l’émergence, le portage, la reconnaissance, la promotion et le développement
d’un pôle régional de compétences scientifiques, techniques et industrielles pour l’innovation
ouverte et libre et pour les technologies libres. Il participe à l’animation, à la valorisation et
à la diffusion des activités du logiciel libre en Aquitaine ; il gère les plates-formes PILA dans
le domaine de la formation.
BORDEAUX GAMES (JEUX VIDÉO)
Une économie spécifique du jeu vidéo s’est ancrée depuis 25 ans à Bordeaux que Bordeaux
Games prolonge depuis 2007 et participe à la dynamique des acteurs bordelais du jeu.
Bordeaux Games se décline en trois pôles : le pôle Gaming, spécifique aux acteurs du jeu
(PC, smartphones, tablettes, consoles), le pôle Serious Gaming, jeu à but pédagogique, de
formation, idéologique… le pôle Gamification, concernant les mécaniques et théorie du jeu
pour tous les secteurs d’activités. Son objectif est de soutenir la filière en Aquitaine par un
ensemble d’appuis et d’animations, de développer sa représentativité sur les salons nationaux
et à l’international, de favoriser les réponses collectives aux appels à projets. Il est porté par
la CCI de Bordeaux.
TOPOS (APPLICATIONS SATELLITAIRES)
Créé en 2006 à l’initiative du Conseil Régional d’Aquitaine, labellisée par la DATAR « Grappe
d’entreprises d’excellence » depuis janvier 2011, l’association TOPOS Aquitaine regroupe
plus de trente membres actifs ayant des compétences en matière de navigation et de locali-
sation par système de satellites, et par extension, en systèmes de transport intelligent.
Le programme Galileo de la Commission européenne, système de géolocalisation, va
révolutionner la navigation par satellite en créant de nouvelles applications, et en ouvrant de
nouveaux marchés.
CLUSTER MACHINISME AGRICOLE
Créée en 2013, cette association s’est donnée pour objectif de favoriser l’innovation par
la recherche, le transfert de technologies et l’appui technique aux agro-équipementiers.
Elle mène depuis plusieurs mois divers projets collaboratifs, dans des filières de l’agriculture
du Sud-ouest, traditionnelles ou plus innovantes. Son objectif est l’intégration des objets
connectés et l’informatique dans les équipements agricoles.
CLUSTER INNOVIN
Cette association créée en 2007 a pour objectif principal la compétitivité de la filière vitivi-
nicole à travers les missions d’ingénierie de projets et d’animation du réseau d’entreprises.
Dans ses domaines d’activité, elle travaille à l’adaptation des processus et des technologies
pour le secteur, et développe des actions de sensibilisation-information, d’appui aux acteurs,
l’organisation de présentations, de démonstrations et de rencontres sur ce sujet.
DIGITAL AQUITAINE
Le pôle numérique aquitain du numérique qui vient d’être créé, a pour mission d'accueillir,
de promouvoir et d'animer le développement de la filière numérique régionale. Soutenu par
la Région, Bordeaux Métropole et la CCI de Bordeaux, mais aussi de grands groupes (La Poste,
CDiscount), son objectif est d’accueillir des projets innovants, en particulier dans trois
domaines : le commerce connecté, la santé et la mobilité. L’enjeu du développement de
projets collaboratifs vise à donner une visibilité aux acteurs aquitains à tous les niveaux.
L’ADEISO et Digital Aquitaine ont décidé officiellement de fusionner en 2015. Ensemble, ils
ont vocation à jouer le rôle d'un pôle de compétitivité régional et à donner une autre dimen-
sion au numérique aquitain.
LA CITÉ NUMÉRIQUE
La Cité Numérique, projet qui doit favoriser les interactions entre les sphères économique,
créative, sociale, citoyenne et institutionnelle, a vocation à devenir un pôle d’excellence
économique, culturelle et sociétale fondé sur les usages numériques. Le concept s’appuie sur
un système productif local qui fédère les énergies régionales. Tête de réseau, la Cité doit
apporter aux divers acteurs du numérique les moyens matériels et immatériels de leur déve-
loppement par des équipements et des services technologiques mutualisés. Elle s’inscrit en
complémentarité avec d’autres pôles d’excellence davantage tournés vers les technologies
CESER  aquitainE
69
(Campus). La Cité est conçue comme un accélérateur de projets en leur offrant les moyens
de suivre un parcours (incubation -> développement -> maturation), en plaçant l’Homme et
ses usages au cœur de ses préoccupations. Il accueille Digital Aquitaine.
LES CHAMBRES CONSULAIRES
Les Chambres de commerce et d’industrie d’Aquitaine se sont mobilisées depuis longtemps
pour accompagner la création et le développement d’entreprises du numérique à travers
l’appui de leurs équipes de conseillers. Elles ont notamment développé des actions dans
les domaines suivants :
- veille sur les usages et pratiques innovantes (Observatoire aquitain de l’économie numérique),
- sensibilisation collective à travers des ateliers et manifestations en partenariat avec les experts
numériques (consultants, associations…) à la fois par thématique, par niveau et par secteur
d’activité (industrie, tourisme, commerce, vin),
- accompagnement individuel d’entreprises dans leur projet numérique à travers la réalisation
de pré-diagnostics intégrant des préconisations sur les actions à mettre en œuvre,
- offre de solutions numériques (comme les certificats de signature électronique - Chambers),
- services de proximité, formation aux usagers, suivi client ou à travers un service d’assistance
en ligne dédié,
- relais territorial et partenariat dans les programmes numériques nationaux et internationaux.
Les CCI sont également en appui ou à l’origine de la création de clubs ou associations
d’entreprises pour favoriser le numérique (ADEISO, eCCi47, NTIC24…).
Le réseau des Chambres de Métiers de l’Artisanat d’Aquitaine a également engagé différentes
actions vis-à-vis de ses ressortissants pour intégrer de nombreuses applications numériques :
- stage préalable à l’installation d’entreprises et formalités de création en ligne dématérialisées,
- modules de formation continue en ligne (amélioration de site internet, usages de réseaux
sociaux, usages du numérique),
- sécurisation des échanges, signature électronique (Certimétiers),
- annuaire d’artisans en ligne, site de métiers d’art, site de déchet Aquitaine,
- plate-forme d’annonces en ligne, de cession et reprise d’entreprises,
- rapprochement avec des opérateurs spécialisés pour lesquels des actions sont en cours sur
des projets de market place, fidélisation de clients.
Les Chambres d’Agriculture
La recherche et l’innovation sont au centre des préoccupations des chambres et le numérique
investit tous les domaines de l’agriculture :
- pour la gestion des exploitations (comptes, opérations courantes, enregistrement)
- pour les productions végétales (agriculture de précision, GPS, systèmes connectés)
- pour les productions animales (gestion individualisée des troupeaux, traite, conduite des
animaux).
Le réseau des Chambres d’agriculture s’appuie notamment sur une coopération avec les
constructeurs de matériel et les concessionnaires pour présenter aux exploitants les innova-
tions et technologies numériques. Les objectifs des Chambres d’agriculture sont actuellement
de structurer les besoins, de vulgariser les techniques, avec l’appui des fonds européens
notamment du Feder dans le cadre de la démarche du réseau régional innovation associant
aussi la DRAF, l’INRA et le Conseil régional.
Dans ce cadre, elles proposent des thèmes transversaux déclinés ensuite par filière, des journées
de démonstration (Innov’action), et sont en lien étroit avec les lycées pour la formation.
CESER  aquitainE
70
2. Liste des auditions
• 29 janvier 2014 : AEC
Jean-François LAPLUME, Directeur général
Antoine CHOTARD, Responsable veille et prospective
• 29 janvier 2014 : CCI Bordeaux
Jean TALLA, Directeur adjoint appui aux entreprises, département innovation industrielle,
services.
• 10 février 2014 : DIRECCTE
Thomas MÉTIVIER, Chargé de Mission auprès du Préfet de Région / Référent Unique
pour les Investissements
• 18 mars 2014 : Fédération des Travaux Publics d'Aquitaine
Christian SURGET, Président
Dominique IRASTORZA, Délégué Général
• 26 mars 2014 :
- Agence Aquitaine Développement Innovation (ADI)
Jean-Georges MICOL, Directeur Général ADI
- ADEISO
Jacques PEYRONDET, Président
• 30 avril 2014 :
- Fédération des travaux publics (Paris)
M. DUCHATEAU, Service Informatique et Statistique
- Fédération Française du Bâtiment d’Aquitaine
Catherine LAURENT, Chargée de mission
- Ordre des architectes
Eric WIRTH / Président du conseil de l’ordre
- SYNTEC
Sébastien PLICHON, EGIS BATIMENT SUD-OUEST
- CREAHD
Vincent SEPPELIADES, Directeur CREAHD
- NOBATEK
Frédéric BETBEDER, Responsable Pôle Construction & Aménagement Durables
- Gascogne menuiserie
Jean Bernard MARON, Gérant Gascogne menuiserie
- EGERIS
Vincent SCHMIDT, Gérant EGERIS CONSTRUCTION
- L’Atelier d’agencement
Marc BRIHAYE, Président l’Atelier d’agencement
- DOMOLANDES
Roméo SANCHEZ, Directeur
• 27 mai 2014 : Conseil Régional Aquitaine
- Pascal BLEHS, Directeur, Direction de l’industrie
- François PELLERIN, Directeur du projet Usine du Futur
- François Gilbert, Délégué Régional, Délégation aux TIC du Conseil Régional.
• 26/06/2014 :
- SCEA Mélusine,
François GUILLOMON, Agriculteur
- Ovalie innovation
Thierry VERONESE / Directeur Scientifique
- Bordeaux Science Agro
Gilbert GRENIER / Professeur d’Automatique et Génie des Equipements.
• 05/11/2014 et 28/01/2015 : Ecole Supérieure de Cognitique
Bernard CLAVERIE / Directeur
CESER  aquitainE
71
• 18/11/2014 : Aquinétic
François PELLEGRINI, Président
Jean-Christophe ÉLINEAU, Directeur.
• 07/01/2015 : AEC
Jean-François LAPLUME
• 05/02/2015 : La Poste
Mme GRANGÉ, Directrice régionale La Poste
• 26/03/2015 : ASTF
Yannick DUFAU, PDG de ASTF, Président de l’UIMM.
• 26/03/2015 : Thomas GIBERTIE, chercheur
• 01/04/2015 :
- CATIE
Bertrand CASTAGNET, Directeur
- SunnaDesign
Raphael BAILLOT, Directeur R&D
• 22/04/2015 :
- ESTIA
Olivier LARRE : professeur et responsable des partenariats industriels.
- CCI Bayonne Pays Basque
Frédéric PERES, responsable « mission numérique performance »,
- Compositadour – ESTIA
Francis SEDEILHAN
- Aerodrone
Hubert FORGEOT
- Sysveo
Clément ALLAGUILLAUME
- ANTIC Pays Basque
Martine DUCASSE, Vice-Présidente,
Emmanuel ARRECHEA, chargé de mission,
- To the fit
Alain SANCHEZ, Chef d’entreprise.
• 07/05/2015 :
- Entreprise LARCEBAU
Christophe LARCEBAU, Gérant
- TURBOMECA - SAFRAN
Bettina FREY, Directrice de la communication
F. BONNET
Eric SEINTURIER, Chef de programme R&T
Florence BORDES, adjoint au chef de projet R&D TURBOMECA, production technique.
• 27/05/2015 :
- Orange
Eric ARDUIN, Délégué Régional Orange
- Conseil Régional
François GILBERT, Délégué Régional aux TIC du Conseil Régional
Liste des contributions écrites
• Confédération Générale du Travail
• Force Ouvrière
• Chambre de métiers et de l’artisanat de Région Aquitaine
CESER  aquitainE
72
Liste des entreprises consultées dans le cadre
de l’enquête sur le numérique
ACTUEL BURO .........................................Commerce
AFF ...........................................................Agroalimentaire
AQUITAINE ELECTRONIQUE ...................Industrie
ARANO MENDI........................................Artisanat
ARKATZA..................................................Artisanat
AROM.......................................................Agroalimentaire
ATELIER VERRE ET COULEURS .................Artisanat
AUDY........................................................Bois
BEAUTE D'ESSENCES................................Artisanat
BIOLANDES..............................................Industrie
BLASON D'OR .........................................Agroalimentaire
CALLEDE BOIS..........................................Bois
CASTAGNET DUMEOU ............................Bois
CECA SA ...................................................Bois
CHARCUTERIE BORDELAISE....................Agroalimentaire
DECAPTOU...............................................Artisanat
DOISY MAQUETTISTE..............................Artisanat
ESPACE BIEN ETRE....................................Artisanat
ESPACE FORÊT..........................................Bois
ETS HOSTEIN & LAVAL.............................Bois
ETS JEAN SEBY & FILS...............................Commerce
ETS LAMARQUE .......................................Bois
F.P. BOIS ...................................................Bois
FERBOS.....................................................Bois
LABESQUE VEHICULES INDUSTRIELS .....Commerce
LE CHAT QUI BRODE...............................Artisanat
LES ARTS D'OC.........................................Artisanat
MADEMOISELLE DE MARGAUX ..............Agroalimentaire
MAISON BOIS VALERY ............................Artisanat
MAISON BORDAS....................................Artisanat
MAISON PIERRE OTEIZA..........................Agroalimentaire
MAZE........................................................Bois
NATURE ET BEAUTE.................................Artisanat
PARMENTINE............................................Agroalimentaire
RIBEYRE SATB...........................................Bois
SAFT .........................................................Industrie
SCIERIE BEDORA & CIE ............................Bois
SCIERIE DE CORGNAC.............................Bois
SCOPUS OMNIBADGES...........................Commerce
SEBSO.......................................................Bois
SERVI FLEX................................................Artisanat
SOLEAL.....................................................Agroalimentaire
STURGEON - STURIA...............................Agroalimentaire
TETE NOIRE..............................................Agroalimentaire
TRANS-LANDES........................................Bois
VITAMONT...............................................Agroalimentaire
YOOJI ......................................................Agroalimentaire
CESER  aquitainE
73
3. Liste des sigles
AEC Aquitaine Europe Communication
ADEISO Association de Développement Electronique et Informatique Sud-Ouest
ADI Aquitaine Développement Innovation
ALPC Aquitaine /Limousin/Poitou-Charentes
AMI Appel à manifestation d'intérêt
API Application Programming Interface
ADI Aquitaine Développement Innovation
ARDIA Association Régionale pour le Développement des Industries Alimentaires
d'Aquitaine
BEI Banque Européenne d'Investissement
BFR Besoin en Fonds de Roulement
BTP Bâtiment Travaux Public
CAC 40 Cotation Assistée en Continu (regroupant les 40 plus importantes capitalisations
boursières françaises cotées à la bourse de Paris)
CAO Conception Assistée par Ordinateur
CATIE Centre Aquitain des Technologies de l’Information et Électroniques
CCI Chambre de Commerce et d'Industrie
CEF Connecting Europe Facility
CESER Conseil Economique Social et Environnemental Régional
CGPME Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises
CIGREF Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises
CLUSIF Club de la Sécurité de l’Information Français
CLUSIR Clubs de la Sécurité de l'Information Régionaux
CMA Chambre des Métiers et de l’Artisanat
CNAM Conservatoire National des Arts et Métiers
CRA Conseil Régional Aquitaine
CREAHd Construction Ressources Environnement Aménagement et Habitat durables
CRM Customer Relationship Management
CUMA Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole
DAC Distribution Automatique de Concentrés
DAS Domaine d’Activités technologiques Stratégiques
DATAR Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité
Régionale
DGO Digital Government Officer
DICT Déclaration d’Intention de Commencer les Travaux
DIRECCTE Directions Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation,
du Travail et de l'Emploi
DT Demande de Travaux
EDF Electricité de France
EDI Échange de Données Informatisé
EIF European Investment Fund ou FEI
ENSERB École Nationale Supérieure d'Électronique et de Radiocommunications
de Bordeaux
EPI Équipement de Protection Individuelle
ERDF Électricité Réseau Distribution France
ERP Enterprise resource planning
CESER  aquitainE
74
ETI Entreprises de Taille Intermédiaire
FEADER Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural
FEDER Fonds Européen de Développement Régional
FEIS Fonds européen pour les investissements stratégiques
FESI Fonds structurels et d'investissement européens
FFB Fédération Française du Bâtiment
FIBA Fédération des Industries du Bois d'Aquitaine
FING Fondation Internet Nouvelle Génération
FSE Fonds Social Européen
GAFA Google, Amazon, Facebook, Apple
GED Gestion Electronique des Documents
GMAO Gestion de Maintenance Assistée par Ordinateur
GNSS Global Navigation Satellite System
GPG GNU Privacy Guard
IDATE Institut De l'Audiovisuel et Des Télécommunications en Europe
IHM Interaction Humain-Machine
IHS Intégration Homme-Système
INP Institut National Polytechnique
INRIA Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique
INSEE Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
IUT Institut Universitaire de Technologie
LaBRI Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique
loT Internet of Thing ou internet des objets
MES Manufacturing Execution Systems
NBIC Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, Cognitique
NFC Near Field Communication (Communication dans un champ proche)
NTIC Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication
PAC Politique Agricole Commune
PGI Progiciel de Gestion Intégré
PME Petites et Moyennes Entreprises
PNA Pole Numérique Aquitain
PRDF Plan Régional de Développement des Formations
QVT Qualité de Vie au Travail
RFID Radio-identification
SIG Système d'Information Géographique
SMS Short Message Service
TBD Tableaux de Bord Domestiques
THD Très Haut Débit
TIC Technologies de l'Information et de la Communication
TMS Troubles Musculo-Squelettiques
TP Travaux publics
TPE Très Petites Entreprises
UE Union Européenne
VAE Validation des Acquis de l'Expérience
Wi-Fi Wireless Fidelity
CESER  aquitainE
75
4. Sources documentaires
RAPPORTS ET ÉTUDES
The sharing economy, consumer intelligence series, pwc.com, 2015.
Ambition numérique - Pour une politique française et européenne
de la transition numérique, Conseil national du numérique, juin 2015.
A Digital Single Market Strategy for Europe - Analysis and Evidence Accompanying
the document Communication from the Commission to the European Parliament,
the Council, the European Economic and Social Committee and the Committee of the Regions
A Digital Single Market Strategy for Europe, European Commission, 6 mai 2015.
Dans la nuée ; réflexions sur le numérique, Byung-Chul Han, 19 mars 2015.
L’impact d’internet sur le fonctionnement du marché du travail,
Conseil d’orientation pour l’emploi, 3 mars 2015.
Cisco Visual Networking Index: Global Mobile Data Traffic Forecast Update, 2014–2019,
CISCO, février 2015.
La Vie algorithmique. Critique de la raison numérique, Éric Sadin, L'Échappée,
coll. « Pour en finir avec », 2015.
Mission Numérique Bâtiment, Rapport, Bertrand DELCAMBRE, Décembre 2014
La nouvelle grammaire du succès, La transformation numérique de l'économie française -
Philippe Lemoine, novembre 2014.
Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance
et de compétitivité pour la France, McKinsey France, McKinsey&Company, septembre 2014.
Observatoire aquitain de l’économie numérique, CCI Bordeaux, Avril 2014.
Rapport d’activité du Conseil national du numérique 2013-2014,
Conseil national du numérique, mars 2014.
The five behaviors that accelerate value from digital investments,
6th Annual Digital IQ Survey, PWC, mars 2014.
Industrie 2.0 - Jouer la rupture pour une Renaissance de l’industrie française,
McKinsey France, novembre 2013.
Citoyens d’une société numérique, Rapport à la Ministre déléguée chargée des petites
et moyennes entreprises, de l’Innovation et de l’Économie numérique,
Centre national du numérique, Octobre 2013.
Chiffres clés 2013, Observatoire du numérique, Juillet 2013.
La dynamique d'internet. Prospective 2030, Commissariat Général à la stratégie
et à la prospective, 2013.
The digital universe in 2020: Big Data, Bigger Digital Shadows, and Biggest Growth
in the Far East, I D C, december 2012.
Schéma directeur territorial d’aménagement numérique de la Dordogne, rapport final,
Syndicat départemental d’énergie, février 2012.
L'homme augmenté : Néotechnologies pour un dépassement du corps et de la pensée,
Bernard Claverie, décembre 2010.
EFFICACITÉ et DARWINISME pédagogiques, Centre Régional de Documentation
Pédagogique de Paris.
CESER  aquitainE
76
LIENS
www.coe gouv.fr
www.dgcis.gouv.fr
www.direccte.gouv.fr
http://www.strategie.gouv.fr
http://www.sitl.eu
www.cnnumerique.fr
http://www.aquieco.com/
http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/collection.asp?id=1
www.internetactu.net/
http://www.pwc.fr/
http://www.latribune.fr/
http://www.journaldunet.com/
www.ccmbenchmark.com
www.entreprises-et-cultures-numeriques.org/focus-sur-le-cercle-cybersecurite-cigref/
www.wk-transport-logistique.fr
http://objectifaquitaine.latribune.fr/
www.zdnet.fr
http://www.usinenouvelle.com/
http://www.usine-digitale.fr/
http://www.sudouest.fr/
http://supplychainmagazine.fr/NL/2014/1762/
http://www.liberation.fr/
http://www.atelier.net/
http://www.lesechos.fr
http://uimm.fr/nos-publications
https://polenumerique33
http://www.aquitaine-developpement-innovation.com/
www.aecom.org/
www.aquitaine-developpement-innovation.com
www.frenchtechbordeaux.com.
www.bayonne.cci.fr
www. pau.cci.fr
www.polenumerique33
www.antic-paysbasque.com/fr
www.nobatek.com
www.creahd.com
www.transition-numerique47.fr
www.laposte.fr
www.estia.fr
www.tp-aquitaine.org
http://www.menuiserie-c2r.fr/
www.bpifrance.fr
www.innovin.fr
www.aquitainagri.fr
www.agrimetier.fr
INTERVENTIONS EN SÉANCE PLÉNIÈRE
DU CONSEIL ÉCONOMIQUE SOCIAL,
ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL
D’AQUITAINE
CESER  aquitainE
78
LISTE DES INTERVENANTS EN SÉANCE
Intervention introductive :
M. Luc PABŒUF, Président du CESER d’Aquitaine.
M. Patrick de STAMPA, Président de la Commission « Développement Économique
et Programmations ».
M. SINGARAVELOU, Rapporteur Général de la Commission « Développement Économique
et Programmations ».
Interventions des conseillers :
M. Julien RUIZ (CGT)
M. Benjamin ROSOOR (Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprises)
M. Jean-Bernard MARON (MEDEF/ Fédération Française du Bâtiment)
M. Alain REILLER (FSU)
Mme Jacqueline BRET (CGT/FO)
M. Eric ROUX (Fédération des Éditeurs et Producteurs Phonogrammes
indépendants/RAMA)
M. Elie PÉDRON (Fédération Hospitalière de France/ Union Régionale Interfédérale
des Œuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux)
CESER  aquitainE
79
Intervention de Luc PABŒUF,
Président du CESER d’Aquitaine
Compte tenu de l’importance de ses implications aux plans économique, social et culturel,
mais également du fait de ses enjeux éthique et démocratique, l’essor du numérique, par ses
effets protéiformes sur toutes les pratiques sociales, constitue bien une question de civilisation.
Parce qu’il affecte la société tout entière par son omniprésence dans tous les registres de la
vie humaine, l’expression « révolution numérique », retenue par la commission, n’est pas
excessive.
De ce fait, chacun comprendra aisément que notre CESER ne prétend pas avoir épuisé le sujet
après avoir traité, à l’aune de l’examen de la situation régionale, les traits les plus saillants de
l’impact de cette « révolution » sur les secteurs d’activité économique de l’Aquitaine. Les
membres de la commission Développement économique et programmation – et parmi eux,
en premier chef, son rapporteur – en ont même éprouvé une certaine frustration face au
sentiment d’avoir livré un travail qui aurait encore mérité bien des approfondissements
et développements.
La raison de cette frustration, outre l’ampleur du phénomène auquel ils se sont attaqués et
l’étendue de ses enjeux, tient aussi au fait que nos collègues ont dû mener leurs travaux dans
le contexte particulier généré par la fusion de notre région avec Limousin et Poitou-Charentes.
Ils ont donc été tributaires d’un calendrier très contraint qu’aucun d’entre nous n’avait imaginé
lorsque, en début de mandature, nous avons décidé de nous engager dans un plan de travail
ambitieux. Chacune de nos commissions s’est donc efforcée de concilier son agenda avec
celui de la réforme territoriale qui a inscrit à la date du 31 décembre la fin de notre région
dans son périmètre actuel.
C’est ce qui nous a obligés à rapprocher l’échéance de nos travaux, privant ainsi la commis-
sion Développement économique et programmations de la possibilité, d’une part, d’affiner
son état des lieux de la « transition numérique » des entreprises régionales et, d’autre part, de
formuler des préconisations plus précises en direction de tous les acteurs concernés.
Malgré cela, je ne doute pas que ce rapport contribuera à une meilleure appréhension de
l’ampleur et de la résonance de cette révolution numérique pour de nombreux secteurs d’activité.
Le travail accompli a mis en évidence une situation contrastée, caractérisée par des réalisa-
tions concrètes qui positionnent pleinement certains acteurs aquitains dans l’« ère numérique
», tandis que d’autres peinent encore à en saisir les enjeux et à en anticiper les effets.
Sans doute que les situations que connaissent en la matière les deux régions que nous allons
bientôt rejoindre ne sont pas très différentes du point de vue des contrastes. On peut donc
imaginer que l’approche aquitaine de la question pourrait être utilement prolongée – et du
même coup approfondie – par son élargissement aux territoires du Limousin et de Poitou-
Charentes. Ce prolongement de l’étude à l’échelle du futur périmètre régional permettrait
d’approfondir l’analyse mais aussi de préciser les suggestions formulées en intégrant le
nouveau cadre territorial que constituera la région fusionnée. Ceci apparaît d’autant plus judi-
cieux que la loi NOTRe stipule que « la région est la collectivité territoriale responsable, sur
son territoire, de la définition des orientations en matière de développement économique ».
Je veux en tout état de cause saluer l’effort de la Commission et de ses collaborateurs et adresser
un remerciement tout particulier à notre ami le Professeur SINGARAVELOU. Dans le même
temps où il tenait la plume en qualité de rapporteur de la Commission Développement écono-
mique et programmation pour rédiger, dans des délais très contraints, ce rapport, il a accepté
notre sollicitation pour être « l’homme de la synthèse » des travaux menés conjointement par
les trois CESER des régions appelées à fusionner. Il s’est acquitté de cette double tâche avec
beaucoup de pertinence et d’efficacité, et je tenais à l’en remercier doublement. Je savais
qu’il était un fin géographe des territoires physiques, mais il s’est également révélé être un fin
éclaireur des territoires numériques.
Ce n’est sûrement pas un hasard, car la géographie est avant tout l’étude des espaces au sein
desquels s’opèrent les interactions humaines. Certes, le numérique a doté ceux-ci d’une
nouvelle dimension constitutive de ce que nous appelons aujourd’hui le « cyberespace ».
Et c’est donc dans un espace « enrichi » que se nouent désormais les relations sociales. Mais
la prise en compte de la dimension numérique de cet espace ne doit pas nous faire oublier
ses dimensions géographiques si nous voulons éviter de penser le devenir de notre humanité
au prisme d’une vision « hors sol ».
Je pense que ce travail est une invitation à tourner les yeux vers le cloud tout en gardant les
pieds sur terre…
CESER  aquitainE
80
Intervention de Patrick de Stampa
Président de la Commission « Développement Economique et Programmations »
Lorsque la Commission « Développement économique et programmations » avait choisi
"la révolution numérique dans les secteurs d’activité économiques de l’Aquitaine : impacts,
enjeux, valeur ajoutée", ce sujet avait été retenu après des débats intenses entre nous. Le sujet
a suscité au fur et à mesure des auditions de nombreuses questions et interrogations, et des
débats ce qui nous a fait mesurer l’intérêt du sujet.
D’abord, nous n’avions pas mesuré l’ampleur de ce dossier, je crois que c’est un point qui
est important à noter parce qu’en lien avec la progression de nos auditions, nous nous sommes
aperçus que l’on était véritablement face à une révolution – et comme ce mot a souvent une
consonance négative –, au-delà d’une révolution, c’est une remise en cause de nos organisa-
tions, d’un futur stratégique qu’il faut anticiper. Au fil de l’eau, les auditions ont apporté une
base de réflexion très riche ainsi qu’une prise de conscience progressive de l’impact du numé-
rique pour le futur.
Autre point à noter sur ce dossier, présenté ce jour : il ne doit pas être considéré comme un
dossier FINI. Il sera enrichi en permanence et apparaîtront vraisemblablement des évolutions
encore inconnues à ce jour.
Il faut positiver ce rapport. Le numérique est une révolution qui engendre des craintes mais
en revanche, il apparaît que l’évolution du numérique est une très belle opportunité pour
tous. A nous de faire passer le message de cette prise de conscience positive et de créer les
conditions d’une capacité de rebond par la mise en place des formations pertinentes et adap-
tées au présent et au futur. La formation continue a tout son sens sur ce terrain du numérique.
Je voudrais surtout remercier en premier lieu tous les intervenants qui sont venus devant la
Commission ou qui nous ont accueillis dans leurs locaux et ont ainsi permis de construire
cette réflexion par leurs apports et l’effort qu’ils ont fait pour nous faire partager leurs
réflexions. Mes remerciements s’adressent aussi à tous mes collègues de la Commission 1
pour la qualité des débats, débats très riches, qui ont vu la Commission travailler dans la
recherche de la synthèse et de l’optimisation.
Je voulais faire un remerciement particulier à Martine, pour son appui tout au long des auditions
et de son travail de finalisation.
Pour terminer, je voudrais faire un petit clin d’œil à notre ami Monsieur SINGARAVELOU
qui s’est révélé être au fil de l’eau un Rapporteur génial. C’est ce que je voulais dire parce
que ce n’est jamais facile sur des sujets comme ceux-là de savoir faire le point et la synthèse
sur toutes ces auditions.
Merci de votre écoute.
CESER  aquitainE
81
Intervention de M. SINGARAVELOU
Rapporteur général de la Commission Développement Economique
et Programmations
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, chers collègues,
Avant de lire cet avis, je voudrais dire deux mots, sans m’appesantir mais je me dois de
le faire. D’abord remercier tous ceux qui ont contribué à élaborer ce rapport et cet avis.
En vérité, il résulte d’une coproduction, avec un temps de travail significatif, appuyé par des
auditions, des visites de terrain, de lecture d’ouvrages, d’articles et d’échanges extrêmement
fructueux.
Ces remerciements vont d’une part à Martine CHAILLAT, notre chargée de mission, qui est la
cheville ouvrière de notre Commission, mais également aux membres de la Commission qui,
en permanence, étaient présents, ont échangé, ont contribué oralement, par écrit, et discuté
sérieusement tout ce qui a été produit, au fur et à mesure des différentes séances qui se sont
succédé, et bien sûr, compte tenu des circonstances qui ont été évoquées à plusieurs reprises.
Ces séances se sont succédé, se sont multipliées ces dernières semaines.
A ce niveau-là, je voudrais souligner le climat exceptionnellement courtois, cordial, amical,
qui a régné dans cette Commission à l’égard de ce sujet, comme j’aurai l’occasion de le préciser
rapidement. Echanges basés sur la lucidité, la sincérité, et en même temps, sur la fermeté
dans le langage et dans les concepts. Ce sont des réunions desquelles j'ai personnellement
tiré le meilleur parti, parce que comme vous le savez tous, je ne suis pas un spécialiste de la
question. C’est aussi la formule adoptée de longue date au sein de la commission de ne pas
confier aux spécialistes la rédaction d’un rapport d’auto-saisine.
Ceci est d’autant plus important que le sujet est grave, vous aurez l’occasion de vous en aper-
cevoir ; c’est une thématique qui nous envahit, nous sommes déjà installés là-dedans. Elle
est mystérieuse et en même temps inquiétante, parce qu’on ne sait pas l’avenir qu’il nous
réserve. Il y a là un réel problème qui, à travers cette ambivalence du numérique, met l’accent
sur les risques que cela comporte, inévitables, qu’il faut analyser, contenir, maîtriser, risques
sociaux et sociétaux pour l’essentiel. Mais d’autre part elle présente un trésor d’opportunités,
dont certaines sont connues, d’autres insoupçonnables, qu’il faudra aussi saisir, exploiter,
maîtriser et ceci pour le plus grand bien et le mieux-être des sociétés concernées.
Merci de votre patience et de votre écoute.
CESER  aquitainE
82
Intervention du groupe CGT
Chers collègues,
La révolution numérique est là et s’accélère. Elle impacte tous les aspects de nos vies,
en particulier au travail.
Comme tout progrès technologique il n’y a aucune neutralité dans son utilisation. Elle relève
d’un choix de société, de choix politique. Pour la CGT, le numérique est donc avant tout un
immense enjeu de démocratie, citoyenne et sociale.
Si elle est conçue et conduite au service du monde du travail et de l’intérêt général, la révo-
lution numérique peut contribuer à l’émergence d’un nouveau modèle collaboratif et d’une
économie de partage, décarbonée, permettant d’ouvrir un nouveau cycle de progrès social,
économique, démocratique et environnemental. Il n’y a dans cela aucun déterminisme, mais
à l’évidence un véritable combat de civilisation.
Déjà, dans de nombreux secteurs nous constatons que beaucoup veulent faire du numérique
un nouveau moyen pour « capturer » toujours plus la sueur, le temps de cerveau disponible,
la créativité des salariés; pour supprimer massivement des emplois, pour déréguler les droits
du travail, exacerber les concurrences, pour capter et accumuler de la valeur financière a court
terme. Seuil.
La grève des chauffeurs ubers, les mobilisations dans certaines secteurs de haute technologie,
le mal-être de salariés de l’encadrement sont révélateurs de cette tension sur le sens et les
finalités du numérique.
Il ne s’agit donc d’être ni e-beats, ni e-septiques, mais lucide sur la nécessité d’agir pour éviter,
ce qu’un économiste décrit comme le risque d’une « l’automatisation barbare » et faire en
sorte, comme le propose l’avis que le numérique soit d’abord un partage, que les gains de
productivité et de valeur contribuent au mieux-être, au progrès social et démocratique. ».
Nous voulons rappeler quelques propositions importantes que nous avons formulées en ce
sens et reprises en partie dans le rapport, la question de l’emploi et du travail restant centrale
à nos yeux.
Investir massivement dans la formation et réduire le temps de travail :
D’ici 15 ans ce sont 45 % de métiers sont potentiellement robotisables ou automatisables.
Des millions d’emplois sont menacés. Pour renouer avec les créations d’emplois, il n’est d’autre
choix que d’affecter une partie les gains de productivité à la réduction du temps de travail
hebdomadaire et tout au long de la vie. Et d’autre part d’investir massivement dans la formation
initiale et continue, pour anticiper les transitions professionnelles, et répondre a la nécessité
d’élévation des qualifications liées aux emplois de demain.
Sécuriser les parcours professionnels avec des droits transférables attachés à la personne.
Les formes atypiques d’emplois se multiplient en particulier chez les jeunes qualifiés. Cela
correspond parfois à une aspiration à l’autonomie, le + souvent à une stratégie des entreprises
d’externaliser des activités pour contourner le financement de la protection sociale. Le lien
de subordination liée au contrat de travail, se substituant ici à une subordination financière,
très précaire. (Voir les actions de groupe des chauffeurs Uber aux USA). Il s’agit donc de sécu-
riser les salariés dans les transitions professionnelles, d’assurer au niveau interprofessionnel
à la fois leurs droits et protection sociale, de reconnaître et protéger leur autonomie.
Mettre le numérique au service de la qualité au travail :
A l’inverse de la conception verticale et normative de l’organisation du travail (le « Lean »
par exemple), le numérique nécessite une vision du travail, du management qui conjugue
l’autonomie, l’expression et la créativité de chacun, avec des organisations du travail qui favo-
rise la coopération, le partage, l’évaluation collective.
D’autre part la porosité entre vie privée et professionnelle liée au numérique, l’explosion du
temps et de la charge de travail en particulier des cadres nécessite de nouvelles protections.
Nous militons donc pour un droit effectif à la déconnexion, et pour une négociation obliga-
toire dans les entreprises pour réguler et encadrer tous les usages du numérique au travail.
Enfin il faut garantir les libertés.
Nous savons le numérique est utilisé comme outil de surveillance aussi bien par les Etats
(écoutes de la NSA) que par les entreprises. L’utilisation des données (les datas) par les entre-
prises doit être débattue et strictement encadrée ; le droit à l’oubli doit être effectif pour
garantir notamment la non-discrimination à l’embauche.
Pour terminer concernant les propositions de mise en place d’un fonds dédié aux entreprises,
nous proposons qu’il soit destiné exclusivement aux TPE-PME et soit l’objet de contreparties,
et d’une évaluation en termes d’emplois et de territorialisation des activités.
Le groupe a présenté quelques amendements dans ce sens et votera l’avis.
CESER  aquitainE
83
Intervention de M. Benjamin Rosoor
pour le Centre des Jeunes dirigeants d’entreprises
Mes chers collègues,
Au-delà du contenu de ce rapport et de cet avis, il me semble que l'important sur ce sujet a
été le travail de maïeutique de la commission. Cette révolution, ces différents changements
de paradigme interrogent. Nombreux ont pointé les risques, d'autres les opportunités de cette
transition (pardon, révolution) numérique. Comme l'écrit Stevenson, l'important c'est le
chemin, pas la destination.
On pourrait pourtant s'étonner que collectivement, nous en soyons encore en 2015, à décou-
vrir cette "révolution numérique". Il ne s'agit pas d'une spécificité régionale mais bien
nationale… Comme si nous étions restés stupéfaits par l'arrivée du numérique.
Google, je vous le rappelle a fêté ses 17 ans le mois dernier. Quasiment une génération est
déjà passée…
Alors pour que nous sortions réellement de notre stupeur, que nous ne laissions pas passer le
prochain train du numérique ou autre, je me permets d'insister sur la proposition qui apparaît
en toute fin de cette avis et qui est particulièrement originale, sur la nécessité d'organiser une
réflexion permanente, d'échange et de partage sur ces sujets au sein de la société civile orga-
nisée. Et peut-être, que le CESER (nouveau, grand) est le lieu idéal pour animer cette agora
sur la transition numérique.
CESER  aquitainE
84
Intervention de M. Jean-Bernard Maron
pour MEDEF / Fédération Française du Bâtiment
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Ce remarquable rapport décrit avec précision et pertinence les enjeux autour du numérique.
Nous devons effectivement s’adapter rapidement à ces évolutions numériques afin que toutes
nos entreprises anticipent sur tous les modes de fonctionnement et d’innovation. Je dis bien
toutes nos entreprises afin que nous puissions tous saisir cette opportunité et permettre à notre
économie régionale de garder voir améliorer son rang au niveau National et s’offrir d’autres
opportunités sur les marchés internationaux.
Je m’exprime aujourd’hui au nom de la FFB que je représente au sein de cette assemblée,
J’espère toutefois, que tous mes collègues du bâtiment peu importe leur affiliation, me suivront
dans cette déclaration.
« Le secteur du Bâtiment est en pleine mutation. L'état, les collectivités et les particuliers
exigent beaucoup des entreprises et des artisans de notre secteur d’activité. Il y a 3 ans, les
bâtiments neufs consommaient 2 à 4 fois plus. En 1 an, le nombre d'entreprise disposant
d'une certification RGE a été multiplié par 3. Nous nous sommes soumis aux nombreuses
formations imposées par les nouvelles réglementations au niveau national et même Européen,
concernant la sécurité, l’hygiène, l’environnement, les certifications... Le tout sur fond de
crise avec une diminution de 17 % de l'activité et de 10 % de nos effectifs soit plus de 7 000
emplois en moins (En Aquitaine) sans oublier les changements de politique et l'instabilité
fiscale que nous avons connus.
Le secteur ne s'est jamais mobilisé pour lui-même mais plutôt pour ses clients. Aujourd'hui,
avec la transition numérique, le secteur devra passer un nouveau cap qu'il ne peut passer
tout seul et sans moyen.
Il faut savoir que les entreprises du bâtiment ne sont jamais subventionnées par la région
d’Aquitaine.
Alors quand le rapport préconise la création d’un fond dédié aux entreprises s’engagent dans
une démarche, innovante et stratégique, nous souhaitons que le secteur du bâtiment ne soit
pas exclu de ces dispositifs sollicités.
La maquette numérique constitue un saut technologique sans précédent, une évolution très
importante non seulement pour les applications Architecturales, techniques, mais aussi pour
toute la procédure administrative d’un dossier, (appel d’offres, suivie de chantier, situation de
travaux, dossier d’ouvrage d’exécution…).
Près de 90% des entreprises adhérentes à la FFB sont des structures de moins de 10 salariés.
Nous devons les initier rapidement à ces nouveaux dispositifs de travail et s’engager pour que
petites ou grandes, toutes les sociétés de notre secteur soient soutenues.
J’espère que mon appel sera entendu et compris par nos élus.
Je vous remercie pour votre écoute ».
CESER  aquitainE
85
Intervention de M. Alain Reiller
au nom de la Fédération Syndicale Unitaire
M. le Président, chères et chers collègues,
« Nous vivons une époque formidable : j’adore appuyer sur ce bouton et apparaître à la télé ! ».
Il ne faudrait pas qu’avec le numérique il se passe la même chose qu’avec la voiture : hier, la
voiture était l’enjeu de la liberté, de la productivité, de l’ouverture sur le monde. Le tout
voiture a maintenant débouché sur une asphyxie de notre planète, à en faire monter la mer.
Le numérique nous procure une connaissance immense, une ouverture sur le monde encore
incroyable il y a 20 ans. Les révolutions se font avec ; peut-être la paix prochainement ? On
sait tout sur comment aider les migrants ou retirer sa chemise… et le temps nous manque
encore plus pour découvrir les derniers jeux en ligne, les nouveautés d’un Iphone ou du
dernier moteur de VW.
C’est une vraie économie qui invente de nouvelles envies, mais fait augmenter les dépenses
pour les familles et diminue relativement le pouvoir d’achat… alors qu’il faudrait repenser
nos consommations.
Aujourd’hui le monde se transforme : jamais il n’y a eu autant de réformes. Jamais les citoyens
n’ont été autant écartés de la vie publique ! L’emploi, la formation, l’apprentissage, la loi
NOTRe, le dialogue social… où est le pouvoir ?
En fait, le numérique aujourd’hui est en train de nous paralyser aussi. Et nos charges de travail
augmentent en même temps que les capacités de nos pc, tout comme les pressions subies
par les mails et l’énorme amoncellement de documents virtuels en tout genre, tous aussi
importants les uns que les autres…
Nous vivons un monde de plus en plus virtuel, qui s’éloigne de la réalité, et de plus en plus
dopé.
Une vraie prise de conscience doit se faire. Il faut repenser nos modes de fonctionnement et
arrêter de penser qu’il suffit d’envoyer un tweet pour faire de l’information, avoir la bonne
appli pour bien consommer ou d’envoyer un mail à minuit moins 5 pour se dire que le boulot
est fait. A en voir le vote de la nouvelle secrétaire de bureau du CESER, le net n’est pas si
nettement démocratique !
D’ailleurs un bilan sur l’utilisation des TIC et notamment des tableaux numériques dans les
établissements scolaires et universitaires pourrait être fait. Pas au niveau économique, mais
pédagogique !
Il n’y a pas encore longtemps, les séances du CESER se déroulaient sur la demi-journée.
Aujourd’hui, un bon nombre d’entre nous s’est excusé pour ne pas avoir eu le temps de faire
un amendement, une contribution, un rapport…
L’avis exprime une crainte sur la dimension démocratique du tout numérique tout en prônant
le développement de ses utilisations et de son système économie : tout reste à faire…
CESER  aquitainE
86
Intervention du groupe Force Ouvrière
En menant son auto-saisine sur les impacts, les enjeux et la valeur ajoutée de la révolution
numérique dans les secteurs économiques de l’Aquitaine, la Commission ne pouvait manquer
d’aborder également les sujets de réflexion que suscite l’invasion du numérique dans la
société.
Diagnostiquée comme irréversible, cette révolution suscite de nombreuses interrogations sur
les enjeux mais aussi sur les risques qu’elle engendre à bien des égards. On ne peut minimiser,
par exemple, les dérives en germe dans la multitude d’informations détenue par les GAFA et
autres multinationales de l’internet en vertu du principe selon lequel « qui détient les données
détient le pouvoir ». Sont ainsi posées des questions primordiales en termes de sécurité mais
également de libertés et de droits.
Pour Force Ouvrière, il ne s’agit pas de nier l’avancée à marche forcée du numérique mais de
mesurer ses conséquences organisationnelles, économiques et humaines, d’appréhender à
la fois ses incontestables potentialités et ses excès avérés et prévisibles, afin d’anticiper et de
mettre en place les moyens indispensables à sa régulation.
Certes, ce qu’il est convenu d’appeler « la vieille économie » doit prendre conscience et
mener à bien à bref délai les évolutions et adaptations liées au numérique sans perdre son
âme et sans être inéluctablement avalée par ce qu’il est, aussi, convenu d’appeler « la nouvelle
économie ». D’ailleurs c’est l’avenir qui dira si le citoyen, même celui des générations Y / Z,
sera le bénéficiaire final des multiples plateformes dites « collaboratives » s’affranchissant
jusqu’ici des réglementations fiscales et sociales. Ce qui est avéré, c’est que ces plateformes
géantes bénéficient d’une très forte valorisation avec un minimum d’effectif. Bnb vaut 13 Mds
de dollars comme le groupe Accor mais avec 300 fois moins de personnel. Selon les évalua-
tions du Cabinet Roland Berger, ce type d’économie appliqué à toute une série de services
pourrait entraîner la suppression de 3 millions d’emplois d’ici 2025.
D’une manière générale, les technologies numériques se substituent au travail humain à un
niveau jamais vu auparavant, la tendance polarisant l’emploi entre les emplois très qualifiés
et très peu qualifiés avec une disparition progressive des emplois intermédiaires. Même si des
créations d’emplois sont à attendre pour répondre à des besoins nouveaux, il est urgent d’an-
ticiper les moyens à mettre en œuvre pour faire face à la période de transition qui s’annonce
longue et difficile, en tout premier lieu en matière d’éducation, de formation aux métiers du
numérique et de mesures de reconversion.
Pour le salarié, la révolution numérique pose la question de la relation qui le lie à son
employeur et de sa place dans les changements organisationnels. Des analyses récentes de
la DARES sur l’organisation du temps de travail ont fait apparaître une reprise de « l’intensi-
fication du travail »ainsi que « des contraintes de rythme de travail accrues ». Pour Force
Ouvrière, l’utilisation des NTIC ne saurait être un instrument au service de la déréglementa-
tion. Il est donc indispensable d’en définir les règles dans le cadre de la négociation collective.
L’ensemble des questions liées à la pénétration du numérique se retrouve en Aquitaine comme
ailleurs. L’étude menée par la Commission les a prises en compte, en a mesuré les impacts et
les enjeux pour les secteurs de l’économie régionale et a formulé des propositions lui parais-
sant de nature à répondre à la fois aux évolutions liées au numérique, notamment en matière
d’innovation, mais aussi à celles relevant de l’indispensable régulation, tout particulièrement
en matière de droits collectifs des salariés.
Notre syndicat entend juger avec réalisme l’impact du numérique sur le travail et a pour
objectif d’en saisir l’opportunité pour en faire un facteur d’amélioration des conditions de
travail, de réduction de la pénibilité, de sécurisation des parcours professionnels et de création
d’emplois.
CESER  aquitainE
87
Intervention d’Éric Roux
pour la Fédération des Editeurs et Producteurs Phonogrammes
Indépendants/RAMA
Je représente au CESER Aquitaine les Musiques Actuelles, à travers le RAMA et la FEPPIA,
le RAMA c'est le spectacle vivant et la FEPPIA la musique enregistrée.
Je regrette que le président de la FEPPIA au niveau régional et de la FELIN au niveau national,
Philippe Couderc n'est pas été entendu par la commission en charge du rapport sur la
révolution numérique car comme l'a dit Benjamin ROSOOR, la révolution numérique
a commencé depuis longtemps et elle n'a pas manqué d'impacter les Musiques actuelles,
notamment la musique enregistrée à travers les plateformes de téléchargement qui se soucient
plus mais surtout moins de ce qu'il revient à l'artiste alors que c'est lui qui crée cette musique
le modèle économique qui prévalait est remis en cause fondamentalement et pour l'heure
aucune solution valable n'a été trouvée je vous recommande la lecture du livre de Dominique
Cardon "à quoi rêvent les algorithmes" publié au Seuil.
CESER  aquitainE
88
Intervention d’Élie Pédron
Pour la Fédération Hospitalière de France / Union régionale interfédérale
des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux
Pour conforter les propos du Président Luc PABŒUF, le rapport bien qu’il aurait pu indiquer
davantage de données techniques, les NTIC qui permettent le transfert de données concernant
la santé individuelle et la mise en place de posologie à partir de ces moyens peuvent nous
interroger, Il convient donc de faire preuve de vigilance sur le suivi de telles pratiques.
COMPOSITION DE LA COMMISSION
« DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
ET PROGRAMMATIONS »
DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL
ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL
D’AQUITAINE
CESER  aquitainE
90
COMPOSITION DE LA COMMISSION
« DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET PROGRAMMATIONS »
Président : Patrick DE STAMPA
Vice-Présidente : Jacqueline BRET
Rapporteur Général : SINGARAVELOU
Rapporteur Général Adjoint : Gabriel MEYER
Rapporteur de ce dossier : SINGARAVELOU
COLLEGE I COLLEGE II COLLEGE III COLLEGE IV
Philippe BAZZOLI
Jean-Louis BLOUIN
Camille BONNEAU
Patrick DE STAMPA
Dominique GRACIET
Jean-René JECKO
Gabriel MEYER
Christian SURGET
Michel TISSINIER
Isabelle VISENTIN
VICE-PRÉSIDENTS ET SECRÉTAIRES DU BUREAU INVITÉS :
Bertrand DEMIER
Éliane FOSSÉ
Rémi GARUZ
Didier GOURAUD
Dominique GOURSOLLE-NOUHAUD
Jacques LOUGE
Chargée de Mission : Martine CHAILLAT
Assistante : Emilie DECAP
Documentation : Béatrice GAMIN
Enquête numérique : Laélia BRIAND MADRID
Alyssa DAOUD
Pierre DAVANT
Jean-Michel GAUTHERON
Françoise LECLERC
François-Xavier LEURET
Serge REY
Benjamin ROSOOR
Serge SIBUET LA FOURMI
SINGARAVELOU
Jean-François AGOSTINI
Jacqueline BRET
Isabelle CHAMPION
Lionel CHAUTRU
Jean-Baptiste ETCHETO
Véronique LELIBON
Roselyne MORILHAT
Jacques PAULIAT
Julien RUIZ
Olivier SORCE
Terangi HENRIO
Jean-Louis BOST
Patrick DEBAERE
Philippe DESPUJOLS
Marc FERNANDES
Michel FOURCADE
Agnès GRANGÉ
Patricia MILLEPIED
Alain REILLER
Olivia WALLIG-NEGRÉ
Julie BRONER
Manuel DIAS VAZ
Houria FALL-ABBEST
Annie HÔTE CHALBOS
Patrick HUDE
Jacques PERE
Éric ROUX
Ceser Aquitaine - rapport - la révolution numérique dans les secteurs d'activités économiques de l'aquitaine impacts, enjeux, valeur ajoutée - octobre 2015
Conseil Economique, Social et Environnemental Régional d’Aquitaine
Hôtel de Région
14, rue François de Sourdis
33077 BORDEAUX CEDEX
Tél. 05 57 57 80 80 - Télécopie 05 56 99 21 67
Site Internet : ceser-aquitaine.fr
Edition : PG Edition
Illustration : Kymzo Design
Dépôt légal : Novembre 2015 - ISBN : N° 978-2-11-141190-6
Ceser Aquitaine - rapport - la révolution numérique dans les secteurs d'activités économiques de l'aquitaine impacts, enjeux, valeur ajoutée - octobre 2015
Ceser Aquitaine - rapport - la révolution numérique dans les secteurs d'activités économiques de l'aquitaine impacts, enjeux, valeur ajoutée - octobre 2015

Contenu connexe

PDF
Rapport 2009 Observatoire Aquitain de l'Economie Numérique
PDF
Rapport observatoire tic aquitaine 2010
PDF
Dossier APEC Référence métiers internet
PDF
Conference numeriglobe 2009 Observatoire Aquitain Economie Numérique
PPTX
Syrpin competences numeriques 2020 04122012
PDF
Apec 2013 Métiers en emergence
PDF
Infographie Nouveaux visages de l'entreprise Numérique Etude IDC Microsoft
PDF
Dossier de candidature French Tech Rennes
Rapport 2009 Observatoire Aquitain de l'Economie Numérique
Rapport observatoire tic aquitaine 2010
Dossier APEC Référence métiers internet
Conference numeriglobe 2009 Observatoire Aquitain Economie Numérique
Syrpin competences numeriques 2020 04122012
Apec 2013 Métiers en emergence
Infographie Nouveaux visages de l'entreprise Numérique Etude IDC Microsoft
Dossier de candidature French Tech Rennes

Tendances (20)

PDF
Datagency iab capsules_20150211_versiontechdays_vf
PDF
Dossier de candidature French Tech Rennes v2
PDF
Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...
PDF
Economie numérique : où en sommes-nous ?
PPTX
Economie numérique et développement local
PDF
Economie numérique : Le digital, une opportunité pour les PME françaises - De...
PDF
Observatoire Aquitain de l'économie numérique 2014
PDF
Newsletter n°11
PDF
Programme Numerique NS2012 par N.Princen
PDF
Profil de l’industrie des TIC dans le Grand Montréal (Québec / Canada)
PDF
L’Economie numérique : Les TIC dans les PME marocaines et leurs impacts
PDF
Excellence Québec - Québec chef de file en TIC
PDF
Inria - Extrait du catalogue logiciels smart cities
PPTX
les metiers issus des nouvelles technologies
PDF
Bpifrance le lab - le numerique deroutant
PDF
PDF
Note sectorielle - CCI Française au Canada - TIC Canada (2014)
PDF
Industrie Canada - Secteur canadien des tic - ict profile - Octobre 2014
PDF
Linkedin ey-revolution-des-metiers-fr-fr
PDF
Le bâtiment s'empare du Numérique
Datagency iab capsules_20150211_versiontechdays_vf
Dossier de candidature French Tech Rennes v2
Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...
Economie numérique : où en sommes-nous ?
Economie numérique et développement local
Economie numérique : Le digital, une opportunité pour les PME françaises - De...
Observatoire Aquitain de l'économie numérique 2014
Newsletter n°11
Programme Numerique NS2012 par N.Princen
Profil de l’industrie des TIC dans le Grand Montréal (Québec / Canada)
L’Economie numérique : Les TIC dans les PME marocaines et leurs impacts
Excellence Québec - Québec chef de file en TIC
Inria - Extrait du catalogue logiciels smart cities
les metiers issus des nouvelles technologies
Bpifrance le lab - le numerique deroutant
Note sectorielle - CCI Française au Canada - TIC Canada (2014)
Industrie Canada - Secteur canadien des tic - ict profile - Octobre 2014
Linkedin ey-revolution-des-metiers-fr-fr
Le bâtiment s'empare du Numérique
Publicité

En vedette (12)

PDF
Infographie chiffres clés Observatoire Aquitain Economie Numérique 2014 Frenc...
PDF
Numeriglobe 2009 enquete conjoncture-tic-mai-2009
PDF
Révolution des métiers Nouveaux métiers, nouvelles compétences : quels enjeux...
PDF
Métiers et compétences de la transition numérique en marketing / communicatio...
PDF
Observatoire des Métiers de la Communication en Aquitaine 2013 APACOM – Conse...
PDF
Le Growth Hacking est-il réservé aux startups US ?
PPTX
Démarquez-vous par l'image
PDF
20 fiches Bonnes Pratiques TIC pour PME de la construction
PPTX
Les clés du référencement naturel
PDF
Le paysage commercial du Grand Paris en pleine mutation
PDF
Etude CCM Benchmark / Webloyalty rentabilite des sites ecommerce 2014
PDF
Présentation Yaskawa - automatisation et robotique pour l'industrie - cci bor...
Infographie chiffres clés Observatoire Aquitain Economie Numérique 2014 Frenc...
Numeriglobe 2009 enquete conjoncture-tic-mai-2009
Révolution des métiers Nouveaux métiers, nouvelles compétences : quels enjeux...
Métiers et compétences de la transition numérique en marketing / communicatio...
Observatoire des Métiers de la Communication en Aquitaine 2013 APACOM – Conse...
Le Growth Hacking est-il réservé aux startups US ?
Démarquez-vous par l'image
20 fiches Bonnes Pratiques TIC pour PME de la construction
Les clés du référencement naturel
Le paysage commercial du Grand Paris en pleine mutation
Etude CCM Benchmark / Webloyalty rentabilite des sites ecommerce 2014
Présentation Yaskawa - automatisation et robotique pour l'industrie - cci bor...
Publicité

Similaire à Ceser Aquitaine - rapport - la révolution numérique dans les secteurs d'activités économiques de l'aquitaine impacts, enjeux, valeur ajoutée - octobre 2015 (20)

PDF
CR Aquitaine AMI Numérique aquitain 2015
PDF
Le nouveau monde des usages
PDF
Plaquette ADI Nouvelle-Aquitaine
PDF
Contrat du Comité stratégique de filière numérique 2 juillet 2013
PDF
Guide pôles de compétitivité et clusters aquitains 2014
PDF
Plateforme de propositions de la Médiation numérique - Régionales 2015 -
PDF
Etude Filière nuémrique-CCIM-Oct2017.pdf
PPTX
Numérique passer a usage
PDF
Les 10 propositions de syntec numérique
PDF
Rapport adi 2012
PDF
Discours Carole Delga - Forum FIER
PPT
Fing 2010 - Les missions - Les programmes d'actions
PDF
FEDER - Rapport final d'évaluation TIC 2015 (phase 2)
PDF
Programme usine du futur en Nouvelle Aquitaine
PDF
Rapport "Observatoire Aquitain de l’économie numérique 2014"
PDF
Les Territoires de l’économie en Aquitaine
PPTX
Numérique projet industriel et emploi 2016
PDF
Vision prospective partagée des emplois et des compétences - La filière numér...
PDF
Texte orientation-27eregion-mars2012
PDF
Travail, Emploi, Numérique : les nouvelles trajectoires
CR Aquitaine AMI Numérique aquitain 2015
Le nouveau monde des usages
Plaquette ADI Nouvelle-Aquitaine
Contrat du Comité stratégique de filière numérique 2 juillet 2013
Guide pôles de compétitivité et clusters aquitains 2014
Plateforme de propositions de la Médiation numérique - Régionales 2015 -
Etude Filière nuémrique-CCIM-Oct2017.pdf
Numérique passer a usage
Les 10 propositions de syntec numérique
Rapport adi 2012
Discours Carole Delga - Forum FIER
Fing 2010 - Les missions - Les programmes d'actions
FEDER - Rapport final d'évaluation TIC 2015 (phase 2)
Programme usine du futur en Nouvelle Aquitaine
Rapport "Observatoire Aquitain de l’économie numérique 2014"
Les Territoires de l’économie en Aquitaine
Numérique projet industriel et emploi 2016
Vision prospective partagée des emplois et des compétences - La filière numér...
Texte orientation-27eregion-mars2012
Travail, Emploi, Numérique : les nouvelles trajectoires

Plus de polenumerique33 (20)

PDF
Guide pratique de sensibilisation au RGPD pour les TPE&PME
PDF
Les influenceurs, acteurs de l'e-réputation des entreprises -3
PPTX
Les influenceurs, acteurs de l'e-réputation des entreprises -2
PPTX
Les influenceurs, acteurs de l'e-réputation des entreprises -1
PPTX
E-réputation et gestion des avis clients
PDF
Linked In et Twitter, duo gagnant de la communication B2B
PDF
Cci France enquete nationale economie circulaire dec 2017
PDF
Fiche pratique CCI France Règlement Général sur la Protection des Données RGPD
PDF
ADEME TPE PME gagnantes sur tous les coûts - codes naf + critères éligibilité
PDF
ADEME - TPE PME GAGNANTES SUR TOUS LES COUTS
PPTX
Mon commerce Numérique
PDF
Linkedin, Twitter : le duo gagnant de votre visibilité BtoB
PDF
Programme Compétitivité énergétique Région Nouvelle Aquitaine - Club Industri...
PDF
Draaf NA soutiens à la filière Industrie Agro-Alimentaire - Club Industrie Pe...
PDF
ADEME - Performance Énergétique et Hydrique - Club Industrie 23 11 2017 - CCI...
PDF
Cci Aquitaine Programme d'actions 2018-2020 transition énergétique et écologi...
PDF
Linkedin, Twitter : le duo gagnant de votre visibilité BtoB
PDF
Aquassay - Club Industrie Performance Energetique et Hydrique - 23 11 2017
PDF
Lycée Horticole Farzanis de Tonneins - projet SOLAH - Club Industrie "Perform...
PDF
Worldcast systems - Club Industrie "Performance Énergétique et Hydrique" - 23...
Guide pratique de sensibilisation au RGPD pour les TPE&PME
Les influenceurs, acteurs de l'e-réputation des entreprises -3
Les influenceurs, acteurs de l'e-réputation des entreprises -2
Les influenceurs, acteurs de l'e-réputation des entreprises -1
E-réputation et gestion des avis clients
Linked In et Twitter, duo gagnant de la communication B2B
Cci France enquete nationale economie circulaire dec 2017
Fiche pratique CCI France Règlement Général sur la Protection des Données RGPD
ADEME TPE PME gagnantes sur tous les coûts - codes naf + critères éligibilité
ADEME - TPE PME GAGNANTES SUR TOUS LES COUTS
Mon commerce Numérique
Linkedin, Twitter : le duo gagnant de votre visibilité BtoB
Programme Compétitivité énergétique Région Nouvelle Aquitaine - Club Industri...
Draaf NA soutiens à la filière Industrie Agro-Alimentaire - Club Industrie Pe...
ADEME - Performance Énergétique et Hydrique - Club Industrie 23 11 2017 - CCI...
Cci Aquitaine Programme d'actions 2018-2020 transition énergétique et écologi...
Linkedin, Twitter : le duo gagnant de votre visibilité BtoB
Aquassay - Club Industrie Performance Energetique et Hydrique - 23 11 2017
Lycée Horticole Farzanis de Tonneins - projet SOLAH - Club Industrie "Perform...
Worldcast systems - Club Industrie "Performance Énergétique et Hydrique" - 23...

Dernier (7)

PDF
Démystification des QR codes - histoire - utilisations - techniques
PDF
Analyse technique approfondie pour la gestion des transports dans SAP S/4HANA...
PPT
Pratiques des systèmes d'information ppt
PPTX
Projet de Fin d’Études – Plateforme FMS pour la Gestion des FCPR
PPTX
test pour la présentation foire de Chalôns V1
PDF
Frais et décompte dans SAP S/4HANA Transportation Management, S4TM3 Col26
PDF
IPTV Meilleur - Le Meilleur Abonnement IPTV en France pour 2025
Démystification des QR codes - histoire - utilisations - techniques
Analyse technique approfondie pour la gestion des transports dans SAP S/4HANA...
Pratiques des systèmes d'information ppt
Projet de Fin d’Études – Plateforme FMS pour la Gestion des FCPR
test pour la présentation foire de Chalôns V1
Frais et décompte dans SAP S/4HANA Transportation Management, S4TM3 Col26
IPTV Meilleur - Le Meilleur Abonnement IPTV en France pour 2025

Ceser Aquitaine - rapport - la révolution numérique dans les secteurs d'activités économiques de l'aquitaine impacts, enjeux, valeur ajoutée - octobre 2015

  • 3. CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL D'AQUITAINE LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE DANS LES SECTEURS D'ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES DE L'AQUITAINE : IMPACTS, ENJEUX, VALEUR AJOUTÉE ? Rapport présenté par M. SINGARAVELOU Au nom de la Commission « Développement économique et programmations » Séance plénière du 15 octobre 2015
  • 5. LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE DANS LES SECTEURS D'ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES DE L'AQUITAINE : IMPACTS, ENJEUX, VALEUR AJOUTÉE ? SOMMAIRE - Avis du Conseil Économique Social et Environnemental Régional d’Aquitaine adopté au cours de sa séance plénière du 15 octobre 2015, sur proposition de la Commission « Développement économique et programmations » Rapporteur : M. SINGARAVELOU.............................................................................................p.6 - Rapport de la Commission « Développement économique et programmations » du Conseil Économique Social et Environnemental Régional d’Aquitaine ..............................p.12 - Interventions ..........................................................................................................................p.78 - Composition de la Commission « Développement économique et programmations »............p.90
  • 7. AVIS DU CONSEIL ÉCONOMIQUE SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL D’AQUITAINE
  • 8. CESER  aquitainE 6 La perception de la rapidité extrême et de l’ampleur mondiale de la révolution numérique dans les activités économiques de l’Aquitaine, conduit à s’interroger sur les enjeux écono- miques et sociétaux en cours et à venir, sur les ruptures provoquées, sources d’espoir ou d’inquiétude. L’accélération des progrès des technologies de l’information, au cours des dernières années, a profondément modifié les paradigmes des différentes filières économiques. Le numérique irrigue aujourd’hui toutes les activités des entreprises. Par l’ampleur et la profondeur de son impact, il permet l’apparition de nouveaux modèles qui bouleversent des pans entiers des économies existantes, mais aussi la définition du travail et les relations de travail au sein des entreprises. Dans le secteur industriel, cette révolution numérique s’incarne dans le concept d’usine du futur. Les emplois actuels, dans une proportion considérable, quoique variable selon les secteurs économiques, sont amenés à changer ou à disparaître, mais des emplois seront créés pour répondre à des besoins nouveaux. C’est le rôle des pouvoirs publics de favoriser les opportunités que la transition rend possible dans le domaine économique, pour les nouveaux emplois. Il leur incombe aussi, à l’échelle nationale et territoriale, de l’accompagner en réduisant au minimum les impacts négatifs de la révolution numérique. Dans ce contexte, une première approche vise à mettre en évidence la dimension stratégique et les implications de l’intégration du numérique dans les activités économiques de la région Aquitaine. Le Conseil Économique Social et Environnemental Régional Aquitaine ne pouvait être exhaustif, n’ayant ni le temps ni les moyens d’y prétendre. Quelques secteurs d’activités économiques ont été privilégiés, ceux dont les enjeux régionaux sont particulièrement sensi- bles et importants : l’industrie, l’agriculture, le bois, l’artisanat, le BTP etc. Dans un deuxième temps, il s’est attaché aux enjeux et propositions pour l’Aquitaine à l’aube de la grande région. I. Quels atouts/handicaps et opportunités/menaces pour l’Aquitaine face à la révolution numérique ? I Eléments contextuels Le numérique nous interroge sur les problématiques globales de société à travers : - la nécessaire pensée critique du rapport de l’homme aux changements induits par le numérique, - la prise en compte des risques de fractures générationnelles, territoriales et culturelles avec la participation des usagers à la création de nouvelles valeurs, - l’enjeu de régulations organisées aux niveaux pertinents pour éviter des dérives mercantiles et affirmer les valeurs morales individuelles et collectives humanistes, - l’organisation des relations socio-professionnelles, l’accompagnement du changement des métiers et des emplois, l’évolution des droits, - l’organisation interne des entreprises et les rapports de responsabilité et d’engagement qui s’y rattachent, - l’innovation dans les chaînes de valeur pour saisir les opportunités et construire des stratégies adaptées. Les politiques européennes et nationales continuent d’évoluer afin de construire des régle- mentations visant à donner des cadres juridiques et financiers au développement du numérique dans les activités et la société, appelant une adaptation permanente face aux évolutions rapides constatées. C’est au niveau national que se dessinent l’impulsion structurelle et l’adaptation de la formation initiale. L’intervention régionale se concentre sur l’accessibilité des territoires, la dynamisation écono- mique, l’appui au développement de l’emploi notamment par la formation professionnelle. I Dynamiques et freins de la révolution numérique des activités en Aquitaine De l’approche qualitative conduite par enquête et auditions, il ressort que les chefs d’entre- prise ont perçu l’impact du numérique sur leurs activités sans en mesurer vraiment l’importance. L’analyse se décline : - par fonction, montrant la dimension stratégique du numérique à travers l’ensemble des aspects organisationnels et culturels,
  • 9. CESER  aquitainE 7 - par secteur, avec des niveaux d’appropriation qui varient à la fois sous l’impulsion des impé- ratifs réglementaires, de l’organisation des marchés, des initiatives des donneurs d’ordre, des usages par les clients, - par une typologie de leur comportement allant du « perdu au novateur en passant par le suiveur, le retardataire, et l'entrepreneur ». En découlent des freins et des leviers à prendre en compte pour mettre en œuvre les actions à conduire. En appui à ces entreprises s’est développé un écosystème motivé pour l’intégration numérique réunissant un large ensemble d’acteurs du numérique en évolution ainsi que des structures d’appuis au développement économique. II. Enjeux et propositions pour l’Aquitaine à l’aube de la grande région L’agilité, pivot de la révolution numérique, concerne l’individu comme les entreprises. L’enjeu est de rendre les organisations plus fluides, plus disruptives, et d’aller vers des formes plus agiles, plus transversales, plus connectées, plus centrées sur l’humain. C’est ce vers quoi devrait tendre l’industrie du futur. Mais cela comporte des risques qu’il faut contenir par des cadres juridiques et légaux plus adaptés. I Pour le développement économique et l’emploi : favoriser l’agilité et le partage L’agilité réside dans la capacité d’anticipation des changements de modèles, la compréhension de l’évolution des chaînes de valeur, la mise en place d’innovations disruptives. Or malgré la mobilisation d’une grande partie de l’écosystème du développement économique, la majorité des entreprises reste encore à l’écart de cette digitalisation de l’économie, ce qui appelle une amplification des actions conduites, mais surtout, une mobilisation des acteurs les plus pertinents et les plus proches. L’ampleur de la révolution à conduire est à la mesure des potentialités ouvertes sur l’ensemble du territoire régional mais aussi des risques de disparition d’entreprises et d’emplois. Une action plus systématique, plus profonde associant toutes les organisations devrait être : - impulsée par le Conseil régional qui va disposer de la compétence pilote en matière de développement économique, et par la métropole ainsi que par les communautés de communes avec lesquelles il devra articuler son action, - et déclinée à plusieurs niveaux de sensibilisation, d’information ou de diagnostic et de suivi. Toutes les entreprises présentes en Aquitaine sont concernées, tout particulièrement les PME- TPE et les exploitations agricoles, réparties sur le territoire de la région actuelle, et demain de la grande région. La diffusion du numérique dans les TPE-PME nécessite des modes de communication adaptés appelant un plan d’action comprenant : - un changement d’échelle dans la mobilisation des appuis à la mutation, - un volet information-formation substantiel, - des incitations à la mutualisation, - des accompagnements novateurs et agiles, - l’identification des sources de valeur ajoutée pour chaque entreprise, - la création d’un Fonds (ou le fléchage d’un Fonds), dédié aux entreprises s’engageant dans une démarche stratégique de transformation de leurs modèles économiques, en veillant à son évaluation en termes d’emplois et de territorialisation des activités. I Innovations – disruptions La Région doit s’adapter au fonctionnement du monde numérique « partage et projet » afin de préparer les Aquitains à saisir les opportunités, en étant autonomes et responsables tant individuellement que collectivement. Dans cet objectif, le Conseil régional qui a déjà concentré sa politique de développement économique sur l’innovation pourrait la faire évoluer pour : - initier un Forum permanent, connecté au reste du monde, travaillant en réseau avec les « clubs de réflexion », les associations, les corps constitués, les fédérations, les universités pour mieux appréhender cette révolution, expérimenter des micro réalisations sociétales, proposer des modifications législatives, s’intéresser à l’impact humain,
  • 10. CESER  aquitainE 8 - organiser l’appui aux entreprises sur une logique de travail en réseau pour renforcer les synergies et les transversalités, - renforcer les liens entre les entreprises et l’enseignement supérieur et la recherche afin d’aug- menter l’ouverture aux compétences transdisciplinaires, - diffuser le référentiel d’innovation auprès des PME et ETI avec l’appui de tous les acteurs de l’innovation, en précisant les aspects financiers d’accompagnement éventuel, - contribuer à la réalisation, à terme, pour l’innovation sociale et organisationnelle et à titre d’expérimentation, d’une entreprise de co-construction et de co-innovation, - renforcer et repenser, à tous les niveaux, de l’entreprise aux fédérations, le dialogue social sur l’innovation liée au numérique, - aider au développement de deux nouvelles filières, l’une pour l’impression 3D et l’autre pour les objets connectés. I Préparer la mutation vers l’industrie du futur Il s’agit de donner au numérique une valeur stratégique dans l’organisation de l’industrie et associer l’ensemble des acteurs, les salariés et leurs organisations syndicales à l’anticipation des transitions : - accélérer et amplifier l’accompagnement de la révision globale de l’organisation de la production par des pré-diagnostics et des diagnostics spécifiques, - définir un plan d’accompagnement des initiatives individuelles d’innovation, - poursuivre et amplifier le soutien à l’investissement industriel technologique des entreprises, notamment en robotique, par des accompagnements incitatifs et avec des évaluations, - accentuer le développement des outils partagés et amener les entreprises à introduire ou faire partager les outils numériques lourds, - disposer d’une veille sur les produits/programmes ouverts, - développer le crowdsourcing interne pour l’innovation, préparer les individus comme les organisations aux innovations liées à la cobotique dans leurs implications humaines et sociales. I Faire de la révolution numérique une source de progrès dans le monde du travail : par quelles voies et par quels moyens ? • Le numérique nécessite une conception du management qui intègre autonomie, expression et créativité de chacun ainsi que la mise en place d’organisations du travail favorisant la coopération, le partage, l’évaluation collective. La révolution numérique impose désormais une évolution de la fonction managériale qui doit répondre aux nouvelles transformations en maintenant une certaine perméabilité entre les différentes formes de management et se subs- tituant à un management strictement vertical : management de proximité, management participatif et management des travailleurs à distance. Il apparaît donc nécessaire : - d’organiser à l’échelle régionale des stages et cycles de formation, à destination des chefs d’entreprise, et renforcer celles existantes, - d’inciter les expériences et formes de managements alternatifs qui permettent aux acteurs de l’entreprise, autonomie et initiatives, - d’inciter et accompagner des actions des fédérations professionnelles pour sensibiliser les équipes de management aux modifications des organisations des entreprises, à l’acquisition de méthodes agiles, par des séminaires et des formations, en partenariat avec l’écosystème numérique. • Renforcer l’éducation numérique par la formation initiale et continue doit permettre d'élever les qualifications, d’améliorer la capacité des hommes à maîtriser leur destin, d’accompagner la transformation numérique et ses transitions. Tous les acteurs doivent réévaluer leur niveau d’investissement dans la formation pour répondre aux objectifs poursuivis : capacité à utiliser les outils numériques, capacité à comprendre, de façon critique. La formation professionnelle doit permettre de développer le potentiel individuel d’insertion dans les nouvelles formes de travail plus transversales, plus coopératives, avec une véritable culture numérique du travail en réseau. L’accent doit être mis sur l’autonomie plus que le contrôle, sur l’agilité du processus par-delà la simple maîtrise des outils et des usages. Elle doit également permettre la création de dispositifs de requalification des salariés marginalisés par la transformation numérique, l’articulation harmonieuse de la vie professionnelle et de la vie privée.
  • 11. CESER  aquitainE 9 De nouveaux accompagnements valables pour la grande Région sont aussi à engager notamment pour : - favoriser la formation transversale et multidisciplinaire nécessaire aux entreprises pour aborder le numérique, - intégrer dans l’offre du Plan régional de développement des formations (PRDF), des actions destinées à accompagner la mutation des entreprises vers le numérique, - assurer la formation des formateurs, - doter les organismes de formation de plateaux techniques disposant des équipements numé- riques, nécessaires pour assurer une formation de qualité. - mettre en œuvre des programmes d’accompagnement ciblé et de formation du management intermédiaire, - former les jeunes en formation qualifiante, et le personnel en formation continue, aux nouveaux métiers et aux nouvelles compétences requises par le numérique. I Mettre en place une politique d’anticipation, de requalification et de reconversion - Développer des études sur l’évolution des métiers et des organisations avec les fédérations professionnelles pour identifier les attentes en termes de compétences, et les formations à mettre en œuvre. - Lancer des projets d’études prospectives sur de nouveaux usages possibles des objets, des données, des équipements, en promouvoir les idées d’amélioration, d’innovations. I La transformation numérique au service de la qualité de vie au travail La mise en place d’une régulation collective est nécessaire sur l’usage du numérique dans l’entreprise, en associant systématiquement les acteurs, à travers des négociations sur le contenu, la finalité, les règles d’utilisation des outils numériques et sur la mise en œuvre des projets. Il faut également reconnaître le droit et le devoir de déconnexion. Le développement des espaces de travail propices à la culture numérique, marqués par le collaboratif, l’ouverture, la mobilité… passe par la reconfiguration des locaux de l’entreprise, favorisant la convivialité et la modularité des espaces, et encourageant des moments de vie et de partage collectifs, sans toutefois négliger les risques constatés de pertes de repères liées aux postes de travail standardisés et impersonnels des espaces ouverts. Il sera nécessaire de prévenir, d’évaluer les risques professionnels spécifiques à l’usage du numérique, surtout dans le domaine psycho-social. I Sécurité – régulations : adapter les cadres juridiques et légaux L’importance des changements en cours appelle des évolutions des réglementations-cadre à différents niveaux (européen et national) dans les domaines juridiques et fiscaux. Il s’agit en particulier : - du droit du travail. Le développement de relations sociales nouvelles s’impose à tous les niveaux. Face aux nouvelles formes de travail, il faudra assurer la sécurisation des parcours professionnels, avec des droits attachés à la personne et transférables d’une entreprise et d’un statut à l’autre, permettant les transitions et les mobilités professionnelles dans de bonnes conditions, - mais aussi des mesures de sécurisation concernant les entreprises, avec notamment des démarches et expérimentations régionales ou locales plus spécifiques. Les événements qui peuvent agir sur le système numérique, et par là même sur la vie de l’entreprise, sont les plus divers : agression d’ordre externe ou interne, tels que le piratage, la fraude, le non-respect des règles internes, l’ajout de nouvelles fonctionnalités, l’introduction de nouvelles techno- logies, ou encore l’impact de nouvelles réglementations. Le droit a évolué ces dernières années pour prendre en compte les nouvelles tendances technologiques et pour encadrer les nouvelles pratiques au sein de l’entreprise. Des évolutions apparaissent encore nécessaires dans tous les domaines. En région, outre les critères d’aides aux entreprises mises en place par le Conseil régional, les leviers d’animation portent essentiellement sur des mesures incitatives répondant aux
  • 12. CESER  aquitainE 10 attentes des acteurs pour faire de l’Aquitaine un territoire d’expérimentations, d’évaluations et de préconisations en valorisant les comportements d’entreprises exemplaires. Il s’agit de : - diffuser la culture de la sécurité informatique, - promouvoir des approches méthodologiques d’entreprise pour une prise en compte des domaines modifiés par le numérique. Conclusion La révolution numérique impacte la région Aquitaine à deux niveaux. Au sein de la région, elle doit contribuer au désenclavement des territoires ruraux, forestiers et montagneux, par une meilleure accessibilité et pour une plus grande solidarité avec les agglomérations urbaines mieux équipées. La transformation numérique devrait contribuer à réduire la fracture territoriale. La révolution numérique renforce par ailleurs les liens entre le local et le global. Elle favorisera une meilleure insertion des entreprises de la Région élargie dans l’économie mondialisée. Les PME et startups en particulier trouveront ainsi une ouverture tant souhaitée. De manière générale, la transformation numérique ne peut se résumer à une simple captation de valeur, elle est aussi un partage. Les gains de productivité et de valeur espérés doivent contribuer au mieux-être, au progrès social et démocratique. Les relations entre économie sociale et solidaire et numérique doivent être renforcées. Le CESER tient à insister sur quelques propositions fortes abordées dans le rapport. Au plan général : - favoriser la construction de droits collectifs et individuels visant à la sécurisation des parcours professionnels, - faire de la qualité de vie au travail un des objectifs essentiels des transformations numériques au travers de la régulation négociée des usages. Pour l’Aquitaine, à travers : - un Forum : lieu d’échanges, de partage, d’anticipation, de veille, de renforcement et d’élar- gissement de la démocratie sociale, - un Fonds dédié à la transformation numérique des entreprises, plus particulièrement des PME-TPE. La révolution numérique a ouvert une ère de défis. Déjà des citoyens et des entreprises s’y sont engagés, mais cette transformation ne fait que commencer. Les individus, la société, les entreprises, soutenus par les pouvoirs publics vont devoir relever ces défis pour assurer un développement harmonieux pour l’Aquitaine, élargie, solidaire et ouverte au monde. Avis adopté à l’unanimité Le Président, Luc PABŒUF
  • 13. RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL D’AQUITAINE
  • 14. CESER  aquitainE 12 Sommaire Introduction .................................................................................................................... 13 I. Quels atouts/handicaps et opportunités/menaces pour l’Aquitaine face à la révolution numérique ? ............ 15 I-1 Eléments contextuels ................................................................................. 15 I-1.1 Pénétration du numérique .......................................................................... 15 I-1.2 Problématiques globales de société posées le numérique dans les activités .......................................................................................... 23 I-1.3 Politiques européennes, nationales et régionales ..................................... 28 I-2 Dynamiques et freins du numérique des activités en Aquitaine .................................................................................................... 32 I-2.1 Approche qualitative ................................................................................... 32 I-2.2 Un écosystème motivé pour l’intégration numérique : un large ensemble d’acteurs en évolution ................................................. 36 II. Enjeux et propositions pour l’Aquitaine à l’aube de la grande région ................................................................. 38 II-1 Pour le développement économique et l’emploi : favoriser l’agilité et le partage ................................................. 38 II-1.1 Anticiper les changements de modèles : comprendre l’évolution des chaînes de valeur, innovations et technologie, disruptions et industries du futur ................................................................................ 38 II-1.2 Préparer la mutation vers l’industrie du futur ........................................ 45 II-2 Faire de la révolution numérique une source de progrès dans le monde du travail : par quelles voies et par quels moyens ? ................................... 47 II-2.1 Acculturer-adapter la formation, les évolutions managériales, préparer et accompagner la transformation des métiers, faire monter les compétences et qualifications ...................................... 47 II-2.2 Mise en place d’une politique ambitieuse d’anticipation, de requalification et de reconversion pour les personnes .................... 50 II-2.3 La transformation numérique au service de la qualité de vie au travail .. 51 II-3 Sécurité - régulations .......................................................................... 52 II-3.1 Aspects réglementaires juridiques et fiscaux en débat au niveau européen et national ............................................................... 52 II-3.2 Diffusion des bonnes pratiques et expérimentations en Aquitaine ...... 54 Conclusion........................................................................................................................... 55 Annexes ................................................................................................................................. 57
  • 15. CESER  aquitainE 13 Introduction Le Conseil économique, social et environnemental de la Région Aquitaine a décidé, dès janvier 2014, en début de mandature, de lancer une autosaisine sur les changements apportés par la révolution numérique dans les activités économiques de la région. Ce choix des conseillers a été motivé par leur perception de la rapidité extrême et de l’ampleur mondiale de cette nouvelle révolution, par les enjeux économiques et sociétaux en cours et à venir, par les ruptures provoquées, sources d’espoir ou d’inquiétude, et par la parution récente de travaux réalisés sur ces problèmes à l’échelle nationale et internationale. L’accélération des progrès des technologies de l’information au cours des dernières années a profondément modifié les paradigmes des différentes filières économiques. Le numérique affecte aujourd’hui les différentes étapes de l’activité d’une entreprise – agricole, industrielle ou de service – depuis la recherche/innovation jusqu’à la commercialisation en passant par les diverses phases de la production/transformation afin d’en améliorer les processus et la productivité. Mais par l’ampleur et la profondeur de son impact, le numérique favorise l’apparition de nouveaux modèles qui bouleversent des pans entiers des économies existantes. Nouvelles technologies et nouveaux usages contribuent à des bouleversements considérables dans la définition du travail et dans les relations de travail au sein des entreprises. Dans le domaine industriel, cette révolution numérique s’incarne dans le concept d’usine du futur. Outre l’économie, la révolution numérique impacte fortement la société et la personne humaine. Elle induit des problèmes moraux et éthiques nouveaux, ressentis de façon nouvelle ou avec plus d’acuité, une nouvelle appréhension des relations sociales et sociétales. Une telle rupture ou « disruption » ne va pas sans comporter de risques et susciter des inquiétudes sinon des angoisses parmi les acteurs économiques. En particulier un nombre considérable, quoique variable selon les secteurs économiques, des emplois actuels sont amenés à changer ou à disparaître. Toutefois, parallèlement, de nombreux emplois seront créés dans des filières nouvelles suscitées par le numérique. C’est le rôle des pouvoirs publics à l’échelle nationale et territoriale d’assurer la transition en réduisant au minimum les impacts sociaux négatifs de la révolution numérique. Il est aussi de leur rôle de favoriser les opportunités qu’elle rend possible dans le domaine économique, pour les nouveaux emplois, ou plus largement dans l’évolution des valeurs de notre civilisation. OBJECTIF DE L’AUTOSAISINE Dans ce contexte, la Commission souhaite mettre en évidence la dimension stratégique et les implications de l’intégration du numérique dans les activités économiques de la région Aquitaine pour les inciter à se préparer ou à poursuivre avec intensité les mutations structu- relles et les pratiques quotidiennes de gestion. Elle essaie de préciser les niveaux de la pénétration du numérique dans les différentes filières économiques de la région, d’identifier les évolutions en cours et à venir, de prévoir les opportunités et les risques que comporte une telle rupture, et enfin de présenter des propositions d’actions à tous les niveaux pour accom- pagner ces changements. CHAMP D’ÉTUDE Un tel rapport ne pouvait être exhaustif. La commission n’avait ni le temps ni les moyens d’y prétendre. Elle a choisi de privilégier quelques secteurs d’activités économiques, ceux dont les enjeux régionaux sont particulièrement sensibles et importants : l’industrie, l’agriculture, le bois, l’artisanat, le BTP etc. L’attention s’est portée plus particulièrement sur les entreprises industrielles en mutation, associées à de nouvelles organisations structurelles ou/et à des inno- vations technologiques, dans la perspective, entre autres, de l’émergence de l’usine du futur et de nouvelles chaînes de valeur. Le rapport insiste également sur la place des TPME, créatrices d’emplois, que ce soit des « jeunes pousses » technologiques avancées ou des entre- prises des filières traditionnelles. La commission n’a pu aborder des secteurs, pourtant impactés par le numérique, comme le tourisme, le transport ou la grande distribution... Toutefois les études réalisées à l’échelle nationale peuvent s’appliquer sans grande modification à la région Aquitaine. Certes, le rapport porte sur l’impact du numérique sur les activités économiques en Aquitaine. Mais à toutes les étapes de cette interaction, on doit faire face à des problèmes sociétaux et culturels. Au sein des entreprises et à l’extérieur. Plus que jamais la personne humaine est en cause. Le numérique démultiplie les capacités de l’homme, plus que tout autre outil ou
  • 16. CESER  aquitainE 14 machine auparavant. Il peut réparer les déficiences humaines, en particulier dans le domaine de la santé. Mais de l’homme « réparé » à l’homme « augmenté », avec ses possibles dérives, il n’y a qu’un pas qu’il est tentant de franchir. Par ailleurs la généralisation du numérique, son caractère omniprésent, entraînent une nouvelle définition de la citoyenneté et de la vie démocratique, ou du moins leur réaffirma- tion, à l’échelle territoriale, comme aux plans national et mondial. Les risques et les opportunités qu’offre la révolution numérique dans ces domaines de l’homme et de la société ne font pas partie de notre champ d’étude mais on ne peut faire l’économie de nécessaires réflexions dans le cadre d’une contextualisation préalable et tout au long de notre étude. MÉTHODOLOGIE Pour réaliser cette étude, la Commission s’est appuyée sur la littérature existante et sur les travaux du CESER. Elle a auditionné des acteurs représentatifs des différents secteurs, des chefs d’entreprises liées au numérique, des responsables d’organisations professionnelles, des services de l’Etat et du Conseil régional (services et agences). Elle a également procédé à une enquête sur échantillon et avec questionnaire et entretien, auprès des entreprises, avec le soutien des fédérations professionnelles et des chambres consulaires. Compte tenu du temps et des moyens impartis, la Commission a privilégié une approche qualitative plutôt que de rechercher une impossible étude statistique exhaustive. PLAN DU RAPPORT La première partie sera consacrée à une approche des atouts/handicaps et opportunités/risques que présente la révolution numérique pour les activités économiques aquitaines. On commencera par la prise en compte des éléments contextuels : évolution historique de la révolution numérique, problématiques globales sociétales, éthiques, culturelles et citoyennes, politiques européenne, nationale, et régionale. Une analyse qualitative et sélective permettra ensuite d’identifier les dynamiques et les freins liés au numérique dans les activités écono- miques aquitaines ; on constatera l’existence d’un écosystème dynamique associant un maximum d’acteurs désireux d’une meilleure intégration du numérique. La deuxième partie abordera les enjeux et les propositions pour l’Aquitaine à l’aube de la grande Région. Le concept d’agilité sera mis en avant pour favoriser le développement écono- mique et l’emploi à travers les changements de modèles, notamment celui de l’économie du partage, la mutation de l’usine du futur, l’adaptation de la formation, l’appui aux entreprises et le travail en réseaux, tout en intégrant les cadres juridiques et légaux afin de se prémunir contre les risques éventuels. A partir de ces constats et analyses, la Commission formulera des propositions pour favoriser une meilleure intégration du numérique en vue d’un déve- loppement économique durable en Aquitaine.
  • 17. CESER  aquitainE 15 I. Quels atouts/handicaps et opportunités/menaces pour l’Aquitaine face à la révolution numérique ? Dans cette première partie, après s’être attachée à l’identification des éléments de contexte indispensable à prendre en compte pour cette analyse, la Commission « Développement économique et programmations » a recherché les dynamiques et les freins que rencontre le numérique dans les activités en Aquitaine. Enfin elle s’est penchée sur les politiques euro- péennes, nationales et régionales existantes. I-1 Eléments contextuels La révolution numérique en Aquitaine ne peut être isolée de son contexte national, européen et mondial. Les espoirs qu’elle suscite, les craintes qu’elle inspire sont, à peu de chose près, les mêmes que l’on trouve ailleurs dans les pays industrialisés. Abordons quelques éléments contextuels qui permettront de mieux comprendre les problèmes aquitains. I-1.1 Pénétration du numérique Après la première révolution industrielle marquée par la machine à vapeur et la houille, de 1750 à 1880, la deuxième caractérisée par l’électricité et le moteur utilisant le pétrole, de 1880 à 1960, le monde connaît la troisième marquée par l’ordinateur et les technologies de l’information. Des gros ordinateurs IBM des années 1960, aux ordinateurs portables Macintosh d’Apple des années 80, on passe de l’informatisation de gestion des entreprises à l’informatisation de la société, renforcée par la généralisation de l’internet. A cette phase informatique succède depuis le début de ce siècle, avec une accélération depuis la crise économique et financière de 2008, une nouvelle phase, celle de la révolution numérique. Le choix du terme révolution numérique est bien justifié même si longtemps, on a été tenté par le terme « transition numérique ». Plus le temps passe, plus on constate l’accélération du changement, et sa radicalisation. Le numérique tend à s’imposer à toutes les composantes de la vie économique, à toutes les circonstances de la vie quotidienne, sociale et culturelle. Cela est dû à la conjonction de plusieurs phénomènes. • Les avancées technologiques ne sont plus le fait de grandes entreprises ou de grandes orga- nisations. Ce sont les personnes qui en sont les moteurs. Les termes numérique et digital viennent de l’électronique grand public. Leur usage s’est rapidement généralisé avec la montée en puissance des GAFA, la vulgarisation des smartphones (Apple, puis Samsung), la généralisation du cloud et des open-datas. Le portable et les outils-applications sans cesse plus perfectionnés qui l’accompagnent, permettent aux usagers de créer de nouvelles manières de communiquer, de s’informer, de consommer, de se rencontrer, de s’associer, de travailler, et de vivre. L’ère des objets connectés et des NBIC est déjà là. • La transversalité des changements devient réelle ; les transformations concernent les domaines les plus divers : industrie et agriculture, bâtiment et services, culture, tourisme et santé etc. • Déjà de nombreux emplois disparaissent ou se transforment. Mais en même temps de nouveaux emplois se créent et de nouveaux métiers apparaissent. Les discordances sont inévitables en termes de compétences et de capacité d’adaptation (agilité), ce qui entraîne des souffrances individuelles. Mais on assiste à la transformation même de la notion d’em- ploi. On peut tour à tour être étudiant, salarié, auto entrepreneur, expert, artisan, profession libérale… et même cumuler plusieurs de ces statuts ! • L’impact de la technologie numérique sur l’économie se diversifie et devient plus complexe. Une filière numérique puissante et ramifiée se met en place de manière structurée et adap- tée aux besoins des usagers. A cela s’ajoutent plusieurs produits dérivés dont l’ampleur ne fait que s’accroître. Les effets de l’automatisation, héritée de la période informatique, se poursuivent avec un accroissement notoire de la productivité dans les domaines les plus divers : travail, capital, énergie. A cela s’ajoutent les effets de la dématérialisation : substi- tution d’internet aux réseaux d’agences, de guichets et de magasins ; baisse des coûts de
  • 18. CESER  aquitainE 16 transactions et compétition accrue entre les entreprises, par exemple. Il faut y ajouter enfin les effets d’intermédiation avec la place occupée désormais par les personnes, à la fois producteurs, consommateurs et acteurs, avec l’enjeu de la donnée comme ressource pour l’optimisation et la réinvention des métiers existants ainsi que pour la mise en place d’éco- systèmes innovants. « A la croissance quantitative d’hier pilotée dans l’optique de création de valeur pour l’actionnaire se substitue une croissance-transformation, à la recherche de modèles de valeur partagée. 1 et 2 I INTERNET ET LES OBJETS CONNECTÉS L’âge de l’internet a commencé avec le lancement des ordinateurs portables, l’évolution des téléphones vers les smartphones, les tablettes et les logiciels afférents. Le Web s’est tissé à l’échelle de la planète, avec une densité sans cesse plus grande, traversé par des réseaux sociaux ou non, qui permettent l’interconnexion de centaines de millions de personnes à travers le monde. C’est l’ère des plateformes numériques qui se multiplient avec des finalités et des usages divers et qui sont devenues les nouvelles portes d’entrée de l’économie et de la société numériques. Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), les organisations chinoises (Alibaba…) et les autres de moindre importance comme Twitter, Instagram etc. sont devenus des écosystèmes globaux dominants, souvent incontournables. Leur domination pose de nombreuses questions sur l’ouverture à la concurrence, le respect des droits des individus, des organisations, des Etats. Aujourd’hui internet envahit les objets du quotidien et la vie des individus au jour le jour. Miniaturisés, les capteurs se glissent partout dans des fourchettes, des brosses à dents, des cigarettes électroniques, des réfrigérateurs, des portes et fenêtres, des voitures. Reliés au Web en Wi-Fi ou en Bluetooth, ils permettent de simplifier la vie quoti- dienne et sont contrôlés par un smartphone ou un ordinateur ; ils partagent des informations avec ces derniers. Les objets connectés donnent des informations pratiques sur la santé, le fonctionnement de la maison ainsi que sa sécurité et sa surveillance mais aussi sur l’état de fonctionnement des équipements, les risques de pannes... L’heure est à l’innovation tous azimuts, pour les start-up, les marques patentées, les grands groupes mondiaux. De nombreux produits apparaissent sur le marché. Certains, extravagants ou inadaptés, disparaissent ou sont un échec commercial (ex Google Glass). D’autres sont appelés à un brillant avenir (ex H 20, une sonde intelligente pour le suivi des pots de plante, et utilisable pour une irrigation maîtrisée). Les innovations en matière de e-santé sont les plus spectaculaires. Même si en ce moment, l’innovation de produits et de services précède l’usage, le fait est que les débouchés sont là et que la demande peut surgir à tout moment. Pour réussir, indus- triels et startup doivent bien cibler leur marché et saisir la bonne occasion pour commercialiser leurs nouvelles créations. Parallèlement, dans le cadre de la transformation numérique, l’usage tend à susciter l’innovation qui se crée dans certains cas en lien avec le consommateur ou l’utilisateur qui définit lui-même ses besoins. La France est bien placée dans ce domaine. Les objets connectés constituent une formi- dable opportunité pour laquelle plusieurs sociétés françaises sont très en pointe comme en témoignent les retours du CES 2015, le Salon de l’électronique de LasVegas. De même le journal britannique, le Financial Times, loue dans son édition du 15 juillet 2015, la réussite de la France, « partie de rien pour devenir la deuxième derrière les Etats-Unis ». Les arguments avancés sont : les effets de la crise 2008 qui a conduit maints ingénieurs des grandes écoles à préférer l’entreprenariat au salariat dans un grand groupe ; les aides apportées par l’Etat à la création d’entreprise et les crédits d’impôts recherche ; les nombreux clusters et tiers lieux apparus dans toutes les régions ; l’initiative FrenchTech du gouvernement français. En France, le nombre des objets connectés est estimé à 400 millions en 2015. Il dépasserait les 2 milliards d’ici 20203. Avec l’inauguration de la Cité des objets connectés à Angers, la France nourrit l’ambition de devenir un leader mondial dans ce domaine. Selon l’Institut Gartner le nombre d’objets connectés serait environ 5 milliards dans le monde en 2015. La multiplication des objets connectés engendre un nouveau besoin, celui de créer des inter- actions entre ces objets, au-delà de leurs constructeurs ou secteurs d’activité, afin d’apporter de nouveaux services. Les plates-formes de l’internet des objets (IoT) permettent de connecter (1) La nouvelle grammaire du succès, La transformation numérique de l'économie française - Philippe Lemoine – Novembre 2014. (2) La bibliographie sur le sujet est abondante ; la commission s’est principalement appuyée sur : - le rapport du commissariat général à la stratégie à la prospective « la dynamique d’Internet - prospective 2030 » paru en 2013 - le rapport au Gouvernement de Philippe Lemoine « La nouvelle grammaire du succès - La transformation numérique de l'économie française de novembre 2014. (3) Etude de l’institut GFK.
  • 19. CESER  aquitainE 17 ces appareils hétérogènes et de les faire communiquer entre eux. L’objectif est de pouvoir automatiser certaines tâches de la vie quotidienne ou professionnelle par la programmation d’interactions entre plusieurs objets. Outre la domotique, les secteurs de l’industrie, des trans- ports, des télécoms ou de la santé vont en bénéficier. A l’échelle mondiale plusieurs consortiums ont été mis en place pour trouver un langage commun et permettre la communication entre les divers objets connectés. Par exemple, AllSeen Alliance, avec Microsoft comme chef de file, présente un projet -AllJoyn-établissant un langage commun pour les secteurs tels que les systèmes embarqués pour les automobiles, les passerelles pour le haut débit, les téléviseurs connectés ou la domotique. Par ailleurs, l’internet mobile est à la source de gains de productivité dans l’ensemble des secteurs de l’économie bien au-delà des technologies de l’information et de la communication. La plupart des maillons de la chaîne industrielle seront impactés ; conception, design, simulation, programmation des chaînes de montage robotisées, organisation des sites de production, assemblage, maintenance, stockage, commandes, expédition etc. Ainsi, dans le domaine industriel, les évolutions sont également très importantes et si l’inser- tion des premiers robots relevait plus de l’automatisation, les nouveaux robots intègrent des fonctionnalités complexes et connectées. I LA ROBOTIQUE Selon l’étude « la robotique en France » publiée par le Xerfi, la France enregistre un retard significatif en matière de robots industriels (bras robotisé pour le soudage, la peinture, l’assemblage), sans que les perspectives d’implantation de nouveaux équipements paraissent inverser cette tendance. Nombre de robots industriels opérationnels en 2014 Nombre de robots pour 10 000 salariés de l’industrie en 2014 En revanche, selon la même étude, la robotique de services, qu’elle soit à destination des professionnels (robots médicaux, drones, automatisation du transport…) en fort développe- ment depuis la dernière décennie, devrait poursuivre sa croissance dans un certain nombre de domaines. Le positionnement des différentes catégories de robots sur la courbe de cycle de vie de la robotique de service Source : Xerfi
  • 20. CESER  aquitainE 18 I L’IMPRIMANTE 3D Rupture technologique majeure dans les processus de production, l’impression tridimension- nelle ou 3D permet de réaliser des objets ou pièces complexes par un procédé de fabrication additive. Les technologies existantes s’appuient sur le dessin d’un objet par un opérateur sur un écran, utilisant un outil de conception assistée par ordinateur (CAO). Le fichier 3D obtenu est envoyé vers une imprimante spécifique qui le découpe en tranches et dépose ou solidifie de la matière, couche par couche pour obtenir la pièce finale. C'est l'empilement de ces couches qui crée un volume. La variété des matériaux utilisables s’élargit régulièrement. Les applications apparaissent très variées, de l'industrie avec la production de voitures, d'avions, de bâtiments, de biens de consommation, de médicaments et même récemment d’organes humains… à la visualisation de projets, de vérification d'ergonomie pour l'architecture ou les études de design. La démocratisation de l'impression tridimensionnelle remet en cause le droit de la propriété intellectuelle par la reproductibilité qu’elle permet, notamment à travers le modèle du logiciel libre/open source, facilitant les libertés d’usage, d’étude, d’amélioration et de diffusion. I DATA - Open data L’Open Data ou donnée ouverte, d’origine publique ou privée, produite par une collectivité, un service public ou une entreprise, est diffusée de manière à garantir son libre accès et sa réutilisation par tous sans restriction technique, juridique ou financière. Liberté d’accès et liberté d’exploitation affirment que l’information publique relève du bien commun dont la diffusion est d’intérêt général. Par exemple, le portail open data ouvert par Bordeaux Métropole. L’Open Data s’inscrit dans une démarche de transparence et de participation des citoyens et plus largement dans un mouvement de l’innovation ouverte. Il peut concerner les données du secteur public avec les notions d’e-gouvernement ou d’e-démocratie. Les instituts de recherche, publics ou privés ont développé des systèmes d’open sciences data ouverts aux scientifiques en particulier, et tiré eux même bénéfice de données mises en ligne par des privés ou par la collectivité (par exemple les données de terrain et satellitaire du portail PYGMA). Wikipedia en est aussi un exemple grand public. En attendant une législation adéquate, l’exposition de ces données publiques suscite en France un débat civique et pose des problèmes juridiques et financiers, mais fournit déjà des services immenses à tout niveau. De nouvelles activités, notamment de services, peuvent se développer avec le croisement des données. - Big Data Chaque jour nous générons 2,5 trillions d’octets de données. Ces données proviennent de partout : informations climatiques, messages sur les sites des réseaux sociaux, images numé- riques et vidéos publiés en ligne, achats en ligne, signaux GPS des téléphones mobiles, par exemple. La masse volumineuse de ces données s’appelle Big Data. Celui-ci couvre quatre dimensions : volume, vélocité, variété, véracité. Au sein de l’entreprise, la mise en place d’outils Big data répond à plusieurs objectifs : améliorer l’expérience clients, optimiser les processus et les performances opérationnelles, renforcer ou diversifier les business modèles. Avec la démocratisation croissante de ces outils liés aux datas, le débat reste vif entre ceux qui sont prêts à partager leurs données, s’ils peuvent les valoriser, et ceux qui s’inquiètent des risques liés à ces innovations. La problématique du développement du Big Data comprend la modélisation des données, leur gestion et l’élabo- ration des outils sans cesse plus puissants, permettant de mieux visualiser, analyser, cataloguer les ensembles de données. Et en règle générale, la notion de propriété intellectuelle est fortement requestionnée par les capacités de démultiplication du numérique (de l’information, des produits, de la publicité sur le produit) et par la difficulté à maîtriser la diffusion de l’idée (prix des brevets, coût de la veille, coût des processus). Il semble qu’il soit dès lors plus habile de « faire avec » la diffusion de l’idée sur les réseaux, avec un retour en termes de publicité (gratuite) sur le produit, même si l’idée est copiée ailleurs. Le retour en termes de communication sera plus avantageux que le déficit potentiel de se voir rogner des parts de marché par des imitateurs, parts de marchés que l’on n’a pas pu encore capter soi-même. I LE CLOUD COMPUTING L’informatique en nuage est l’exploitation de calcul ou de stockage de serveurs informatiques à distance par l’intermédiaire d’un réseau de télécommunications, généralement l’internet.
  • 21. CESER  aquitainE 19 D’une très grande souplesse, le cloud computing représente un important changement de paradigme des systèmes informatiques qui sont désormais délocalisés. Il offre des avantages considérables, des gains de productivité, d’argent et de temps. Les ressources hétérogènes (matériel, logiciel, trafic réseau) du cloud sont mises en libre-service, mutualisées, avec une adaptation automatique à la demande. Le nuage peut être public, privé ou communautaire. A l’échelle de l’Union européenne, 97% des entreprises comptant 10 employés ou plus béné- ficient d’un accès à l’internet ; mais 19% seulement utilisaient des services de cloud computing en 2014. Les entreprises du secteur de l’information et de la communication sont les mieux pourvues (45%), suivies par celles du secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques. Dans ces entreprises, l’utilisation du cloud concernait principalement le service des courriels (66%) et le service de stockage des fichiers (53%). Pour les 81% des entreprises n’utilisant pas le cloud, une connaissance et une maîtrise insuffisantes de ces outils informa- tiques constituaient le premier facteur bloquant.4 En France, seulement 12% des sociétés employant plus de 10 personnes ont acheté des services de cloud computing. Le pourcentage est de 36% pour les grandes sociétés d’au moins 250 employés. Les raisons limitatives invoquées pour une plus grande utilisation sont les mêmes qu’au niveau européen mais avec une plus grande importance accordée aux coûts élevés (37%) par rapport aux incertitudes liées à la sécurité (31%) ou à la localisation des données (31%).5 Utilisation des services de cloud computing, 2014 (% d’entreprises) - Eurostat Champ : sociétés d'au moins 10 personnes des secteurs principalement marchands hors secteurs agricole, financier et d'assurance, implantées en France et dans l'UE à 28. I LA DIGITALISATION Tout produit, processus, ou service, une fois digitalisé, peut être transmis sur des réseaux, stocké et traité. Ces représentations digitales du réel peuvent être ensuite reproduites, parta- gées et enrichies par d’autres. Combinée avec des smartphones, des tablettes ou avec des capteurs électroniques à la maison ou dans l’entreprise, la digitalisation engendre toujours plus d’informations. La combinaison de plusieurs sources numériques génère de nouveaux produits et services, et de nouvelles entreprises se créent pour de nouvelles innovations (comme par exemple la simulation ou la réalité augmentée 3D). I LA DÉMONÉTISATION L’utilisation des inventions digitales à l’échelle planétaire grâce à l’internet et au mobile engendre des revenus considérables qui sont accrus par le recours à la publicité. Ceux-ci viennent aussi du passage du mode gratuit au mode hybride, gratuit-payant. Le numérique libère l’économie de ses chaînes endémiques et génère des flux importants d’activité, sources d’emplois nouveaux. I LA DÉSINTERMÉDIATION Grâce aux plateformes digitales, le numérique réduit ou élimine les intermédiaires en stimulant la participation des particuliers comme nouveaux contributeurs. C’est le cas du e-commerce, des uber-taxis, des locations de chambres d’hôtel ou d’échanges de logement. La représentation numérique du monde s’impose de plus en plus. L’évolution rapide des outils accélère le remplacement des intermédiations antérieures et change les responsabilités. Les services rendus aisément disponibles depuis les smartphones sont traités à partir de plates- formes mettant en relation directement les divers acteurs, transformant le rôle et la nature des interlocuteurs. (4) Cf source: Eurostat, article « Statistics explained. Cloud computing-Statistics on the use by enterprises ». (5) Cf source INSEE première No 1545 avril 2015.
  • 22. CESER  aquitainE 20 I LA DISRUPTION L’irruption du numérique perturbe le jeu des acteurs en place ainsi que leur mode de vie et de fonctionnement. Elle bouleverse la structure de l’économie et la nature de la concurrence. Les entreprises, même les plus grandes sont soumises à de nouvelles menaces et face à de nouvelles opportunités, qu’elles doivent saisir et exploiter sous peine de décliner ou de dispa- raître. La vague numérique, exempte de tout héritage contraignant, tant technologique que social, fait surgir de nouvelles entreprises, - des start-ups qui deviennent parfois rapidement des géants - plus imprévus et plus agiles que les piliers de l’économie traditionnelle. Les règles du jeu ne sont plus les mêmes, et les entreprises installées ont souvent des difficultés à gérer l’héritage du passé et les difficultés du présent, et hésitent à s’engager dans un avenir incertain. Les plus grandes d’entre elles affirment la dimension stratégique du numérique et le traduisent par le recrutement d’un responsable numérique de haut niveau («chief digital executive») pour procéder à cette adaptation-mutation, et participant aux instances de direction. (Par exemple ACCOR, TOTAL). En attendant le progrès et la croissance promis par la révolution digitale, il faut s’attendre à une domination des nouveaux géants du numérique, brutale et envahissante, et à des destructions ou changements massifs des emplois dans les secteurs traditionnels de l’économie. I LES PERSPECTIVES ET PROSPECTIVES A 2020 ET 2030 Dans un contexte d’évolution permanente des technologies et des usages mais aussi des nouvelles possibilités de transversalités collaboratives qu’offrent le numérique, il est bien difficile d’afficher des certitudes en matière de perspectives. Les principales évolutions observées peuvent apporter quelques précisions : - la forte augmentation des objets connectés : alors qu’en 2013, l’IDATE estimait à 15 milliards le nombre de « trucs » connectés, en 2020 ce sont 50 à 80 milliards de choses qui seront connectées dont 85 % d’objets et wearables (portables/mettables), - le passage d’objets communicants à des machines connectées réelles ou virtuelles, de plus en plus autonomes, intégrant la robotique avancée. L’innovation récurrente induite par cette révolution globale porte à la fois sur les services, les industries, l’ensemble des activités et des modes de vie. Le rôle de chacun des acteurs est multiple, évolutif. Certains travaux débouchent aujourd’hui sur des perspectives d’interaction de système à système, - le développement accéléré du transport de données en vitesse et en volume, assuré par les réseaux THD (avec des utilisations pour la télémédecine,…), les réseaux TBD (pour la domo- tique…), le NFC, Wifi… et plus récemment l’apparition de projets « d’essaim de satellites », - l’évolution exponentielle des « capteurs » : généralisation de la géolocalisation des biens et des personnes, numérisation 3D en temps réel, caméras vidéo portable, montres capteurs de santé, - le développement des solutions hybrides (intelligence et capteurs), comme par exemple les Smart Grids dans la gestion énergétique ou les voitures sans chauffeur dans la mobilité, - la montée en puissance des stratégies d’open innovation et d’open source, largement faci- litées par le numérique, qui touchent aujourd’hui l’ensemble des secteurs économiques, - le stockage et l’accès aux données, réalisables par le cloud (dématérialisation des systèmes d’information), des accès ubiquitaires (où je veux, quand je veux, sur n’importe quelle plate- forme,…), par open data (transport multimodal,…) ou API (Google maps et sites touristiques,…), - le traitement comme pour le business intelligence (banques, assurance, magasins et agences connectés, relation client continue…) ou l’analyse prédictive (prédiction de ventes, des pannes…), - l’impact écologique des moyens techniques, comme la consommation énergétique des data centers ou la surconsommation des produits IT, - l’apparition des « solutions de masse » : crowdsourcing, crowdworking, crowdfunding, - et enfin les nouvelles applications issues des technologies : Nanotechnologie, Biotechnologie, Information, Cognitique (NBIC) qui annoncent « l’humain augmenté », avec tous les aspects philosophiques et humanistes que cela comporte. I L’ACCÉLÉRATION DU CHANGEMENT Les supports de communication changent aussi de manière rapide ; les mobiles, smartphones et tablettes, aux capacités et vitesses accrues, devraient dominer les modes de communication.
  • 23. CESER  aquitainE 21 Cette accélération des changements de la communication peut être appréhendée à travers la comparaison du nombre d’années nécessaires pour atteindre un grand nombre d’usagers ou par la croissance des échanges de données. Fold Growth from the Beginning of 2010 to the end of 2020 Source : IDC's Digital Universe Study, sponsored by EMC, 2012 Dans ce contexte très dynamique, les questions auxquelles les acteurs des activités en Aquitaine doivent répondre, sont nombreuses, concernent tous les secteurs, toutes les catégories d’entreprises et toutes leurs fonctions. L’accélération des mutations est très sensible bien que les différents secteurs soient à un niveau d’intégration variable : le tourisme, les médias et la banque ont déjà largement modifié leur modèle, alors que d’autres secteurs comme la construction et l’agriculture apparaissent beaucoup moins avancés.
  • 24. CESER  aquitainE 22 Source : CCM Benchmark Etudes 1 Pourcentage de personnes ayant utilisé la banque Source : McKinsey et la Fevad en ligne/sur Internet au cours des 3 derniers mois Chiffre d'affaires mondial de l'e-commerce BtoC Source : Eurostat - enquête TIC 2014 - toutes les entreprises, Source : eMarketer, juin 2013 sauf secteur financier, 10 personnes employées ou plus. La France présente un retard très sensible dans l’e-commerce concernant les entreprises alors que les particuliers ont largement intégré ce mode d’achat. En résumé : - Si le développement des technologies numériques s’est réalisé aux cours des 40 dernières années, c’est pendant les vingt-cinq dernières que se sont produits les chan- gements majeurs, marqués par la structuration en réseaux interconnectés et le démarrage d’Internet. La diffusion généralisée et mondiale de ces modes de communi- cations s’est accompagnée d’une évolution technologique et d’une montée en capacité des réseaux permettant l’explosion de la circulation de données. - Dès lors que la hausse des débits des réseaux Internet a permis le développement des connexions entre les personnes, la dissémination des capteurs a facilité la connexion d’objets, amplifiant l’explosion des données d’informations en circulation. L’accessibilité de l’information a changé la demande des consommateurs et modifié les usages, appe- lant et suscitant un élargissement de la production des contenus et du rôle de chacun des intervenants. Les utilisateurs deviennent producteurs de données - crowdsourcing - mais surtout l’insertion généralisée de capteurs produit des objets communicants, modifie leur fonctionnement, transforme le système productif. La gestion de ces données suscite le développement du big data, ensemble des technologies, infrastructures et services permettant leurs transformations en informations et connaissances. Leur stockage dans le cloud facilite leur accessibilité et l’interconnexion de ces clouds.
  • 25. CESER  aquitainE 23 I-1.2 Problématiques globales de société posées par le numérique dans les activités La transformation numérique en cours et la révolution à venir ne concernent pas uniquement les activités économiques. Elles impactent la société dans sa globalité et dans ses différentes composantes. De nouveaux problèmes sociaux et sociétaux se posent ; l’éthique sociale et personnelle est reconsidérée. Les conditions de travail dans les entreprises, les nouvelles créa- tions de richesse, la réorganisation de la chaîne de valeur affectent les acteurs économiques. La personne humaine elle-même est touchée ; une vision post-humaniste tend à s’imposer avec l’avènement de l’homme augmenté. Ainsi une véritable culture numérique se diffuse à travers la planète, en commençant par les pays riches et les agglomérations urbaines. Enfin la révolution numérique finit par impacter le fonctionnement traditionnel de la vie démocratique et contribue à redéfinir la citoyenneté moderne. I POSITION PHILOSOPHIQUE : PENSÉE CRITIQUE DE LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE Face à la place sans cesse plus prégnante qu’occupe le numérique dans notre vie économique et sociale, il y a urgence de le penser en gardant une distance critique. La révolution numé- rique, qu’elle soit célébrée ou stigmatisée, suscite parmi les analystes des réflexions allant du scepticisme à l’exaltation. Le philosophe Eric Sadin nous propose de « ne pas envisager la technique ou le numérique comme une unité ou une chose au sujet de laquelle on pourrait parler en soi, mais comme un foisonnement de dispositifs et de protocoles contradictoires ou convergents, dont il s’agit de dégager les dynamiques structurantes au-delà du bruit et de la fureur des divergences idéologiques ». L’enjeu de notre époque est de se demander, ajoute- t-il, « comment se comporter dans un monde traversé de flux se déplaçant, au propre comme au figuré, à la vitesse de la lumière ». Ce qui doit être déconstruit et analysé, selon Eric Sadin, c’est le modèle techno-cognitif qui actuellement s’exerce partout, et la capacité vertigineuse des systèmes numériques diffus de piloter notre économie et notre société, bref notre existence via les objets connectés. Que reste-t-il de notre subjectivité et de notre liberté à l’heure des systèmes robotisés qui ordonnent notre vie quotidienne ? Il faudrait inventer d’autres modalités temporelles, vivre à contretemps, « observer les faits à la distance critique nécessaire et se démarquer d’un régime normatif dominant ». Il y a urgence à « soumettre la vie algorithmique contemporaine à une critique en acte de la raison numérique ». Pour Eric Sadin, c’est un « combat politique, éthique et civilisationnel majeur de notre temps ». Une théorie critique de la raison numérique nous permettrait d’apprendre à mettre à distance les effets délétères de la « nuée numérique »6 autant que ses vertus émancipatrices ! I ÉTHIQUE ET NUMÉRIQUE L’essentiel des réflexions qui suivent est tiré de l’ouvrage d’Eric Sadin : « La vie algorithmique. Critique de la raison numérique », dont l’analyse nous semble la plus pertinente et la plus à jour. Nous entrons dans une nouvelle ère de la numérisation, celle d’un monde régi par les données, marqué par un glissement de pouvoir des institutions étatiques vers une multitude d’organismes publics ou privés, par un changement de civilisation amorcé sans véritable leadership établi. Ces organismes à l’instar des GAFA, de la National Security Agency, figure de proue de la surveillance massive aux Etats-Unis et dans le monde, ou de Walmart, géant de la grande distribution, s’adonneraient à une collecte massive de données suivant une vision sécuritaire et commerciale du monde. D’où la nécessité d’élaborer une théorie éthique du numérique et de mettre en place des cadres juridiques et institutionnels pour délimiter le pouvoir du numérique et en faire un outil au service du progrès humain. Depuis le début, le numérique est considéré comme une formidable occasion historique d’émancipation, d’assouplissement de la hiérarchie et d’horizontalisation des échanges ; son projet actuel et à venir est de rationaliser l’ensemble des secteurs de la société, dans une pers- pective d’optimisation et de maîtrise du cours des choses, et de quantifier intégralement la vie. La concurrence acharnée entre organismes sans cesse plus puissants, la course à la perfor- mance technologique, et les velléités de marchandisation accrue provoquent une dérive inquiétante et dangereuse. A ce titre, le big data constitue un champ d’action dans un spectre de domaines de plus en plus large. Par le biais des recommandations et des suggestions sur les sites d’achats en ligne ou les plateformes culturelles, il vise la prise en charge de l’individu dans les moindres recoins de sa vie, publique et privée. (6) Dans la nuée ; réflexions sur le numérique, Byung-Chul Han, 19 mars 2015.
  • 26. CESER  aquitainE 24 Bien plus que les institutions étatiques, ce sont désormais les entreprises des technologies numériques et de traitement des données qui déterminent la forme et le fonctionnement de nos sociétés ainsi qu’une grande partie de la cognition et de l’activité humaines. Ces entre- prises se sont arrogé un pouvoir d’intervention et d’orientation des actions de l’homme qui autorise une maîtrise en temps réel du cours des choses. Face à cette puissance accrue du techno pouvoir, l’Etat est fragilisé sauf à réduire la temporalité de l’action politique au risque de nuire à la qualité de la prise de décision. La révolution numérique dans sa phase récente a contribué à la convergence entre les quatre grands secteurs des sciences et technologies connus sous l’acronyme NBIC : Nanotechnolo- gies, Biotechnologies, Informatique, Cognitique. Cette synergie entre quatre disciplines distinctes permet l’accroissement des capacités et des performances humaines. Nanorobots, nanocapteurs, prothèses substitutives, exosquelettes, robots sociaux, machines intelligentes etc., sont autant d’outils pour améliorer la santé ou la vie quotidienne des individus. L’homme ainsi « augmenté » peut user de ces technologies, qu’elles soient embarquées ou parfois direc- tement implantées. Un premier type de dispositifs concerne la simple augmentation des capacités naturelles, spontanées, de l’homme. Un deuxième type de dispositifs propose un changement profond des aptitudes naturelles et une augmentation de ses capacités globales. Prothèses et exosquelettes sont les meilleurs exemples de l’augmentation et de la substitution embarquées. De l’homme « réparé » à l’homme « amélioré » ou « augmenté », la frontière est mince. Le spectre du transhumanisme est là. Une définition large de ce courant de pensée englobe l’ensemble des sciences et technologies qui peuvent modifier d’une façon ou d’une autre, le corps et l’esprit humains. Les contraintes biologiques de la condition humaine qui vont de la souffrance à la mort peuvent être combattues par les outils technologiques, convenablement utilisés. De manière ultime on devrait pouvoir s’affranchir du corps et du cerveau pour que l’esprit et la pensée, mus par une intelligence artificielle, naviguent dans un cyberespace, de type Web ou internet, universel et quasi intemporel. Les règles de la biologie et du darwinisme sont dépassés ; le génie génétique permet d’élaborer des clones transgéniques. Le transhu- manisme recule les frontières du vivant et annonce l’existence d’un autre monde alliant le vivant et le synthétique. Selon Milad Doueihi,7 : « Un des enjeux passionnants, pertinents du discours transhumaniste, c’est celui du statut émergeant des êtres culturels, qui ne sont pas exclusivement de l’ordre du vivant conventionnel, de l’humain ou de l’animal ». Quel sera le statut de ces êtres culturels numériques ? La rupture transhumaniste, prédite pour le milieu des années 2030, est fondée sur le concept de singularité qui, par-delà la normalité et les limites humaines actuelles, repose sur la puissance envahissante de l’intelligence artificielle. Elle envisage sérieusement l’hypothèse d’une ère post-humaine où l’homme ne serait plus qu’un spectateur d’un monde régi par des intelligences artificielles ou hybrides. La science- fiction d’hier deviendrait réalité ! Le temple du transhumanisme est actuellement la « Singularity university », financée par Google qui, dans ce domaine du numérique comme dans tant d’autres, joue le rôle de pionnier inventif 8. Sans tomber dans la théorie du complot, y a-t-il une stratégie secrète pour transformer et contrôler l’homme et l’humanité, élaborée par des gigantesques organisations comme Google alias Alphabet ? Nul doute que la bonne vieille raison critique, la distanciation lucide et l’affirmation des valeurs morales individuelles devraient permettre d’échapper aux dérives du numérique insi- dieuses, sans être pour autant « techno-résistant » aveugle et primaire. Cependant, les risques sont tels que la réponse ne peut être que d’ordre public. Il s’agit bien de tirer le meilleur parti de cette transformation numérique pour construire le mieux-être de l’homme. La solution c’est de remettre sans cesse l’humain et la relation à l’autre au centre et de ré-interroger les valeurs qui nous lient tous, qui nous permettent de « faire société », le numé- rique n’étant qu’un outil supplémentaire. I FRACTURES NUMÉRIQUES, SOCIALES ET SOCIÉTALES Le numérique a permis à tout un pan de population d’accéder à des ressources qui leur étaient totalement inaccessibles précédemment et cela vaut autant à l’échelle d’un pays qu’à l’échelle des rapports nord-sud. Cependant les plus favorisés sont aussi les plus connectés, et leur agilité croissant avec les outils numériques, ils continuent à maintenir l’écart s’ils ne le creusent pas un peu plus. Le problème des fractures numériques ne concerne pas seulement les insuffisances de réseau, mais aussi les fossés qui se creusent entre les générations, la révolution des usages et des (7) Titulaire de la chaire d’humanisme numérique à l’Université Paris IV Sorbonne. (8) L'homme augmenté : Néotechnologies pour un dépassement du corps et de la pensée, Bernard Claverie, décembre 2010.
  • 27. CESER  aquitainE 25 modes de vie, et les nouvelles modalités des connaissances. Nous avons déjà constaté la rapidité extrême de cette révolution numérique. Après internet, l’usage des smartphones tend à se généraliser. La première fracture est celle qui sépare les usagers du numérique des non-usagers. C’est d’abord une inégalité sociale et générationnelle, entre ceux qui s’adaptent et ceux qui restent à l’écart de la société numérique. Les jeunes, les personnes disposant des revenus élevés, les cadres supérieurs, les habitants des grandes agglomérations dont Paris, sont plus équipés et sont susceptibles d’utiliser plusieurs modes de connections simultanés. En 2013, 5% des plus de 70 ans disposent d’un smartphone contre 75% des 18-24 ans. En France toujours, 55% de la population pratiquait en moyenne le commerce en ligne ; ce chiffre grimpe à 79% pour les 25-39 ans, et 82% pour les diplômés du supérieur. L’usage professionnel du numérique est aussi très inégal : neuf cadres sur dix ont accès au réseau sur leur lieu de travail contre deux ouvriers sur dix.Vie professionnelle et vie personnelle s’entrecroisent sur le numérique. « L’économie numérique a un effet multiplicateur des inégalités, car ce sont les plus éduqués et les plus informés qui en tirent le mieux profit »9. Valérie Peugeot, Vice-Présidente du Conseil national du numérique, confirme cette analyse : « les non-connectés, devenus minoritaires, sont également ceux qui sont par ailleurs victimes de manipulation sociale, culturelle et économique ». Et elle ajoute « nous devons nous affran- chir du concept de fracture numérique ». Selon elle, dès lors que plus de 80% de la population est connectée, le véritable enjeu est l’adaptation permanente de toutes les générations aux nouveaux outils et à l’usage de la masse de données vertigineuse qui surgissent en perma- nence, et qui transforment nos manières de vivre au quotidien. Selon Valérie Peugeot, « nous sommes entrés dans une phase permanente d’apprentissage collectif et de remise en cause personnelle ». D’une façon générale, les jeunes sont les précurseurs et les prescripteurs de l’ensemble des usages du numérique. Les entreprises globales du secteur l’ont bien compris. Les usagers sont les acteurs principaux de l’évolution des outils et de l’innovation du numérique. Dans tous les cas, le numérique dans l’entreprise ou dans la société oblige à reconsidérer le système de valeurs qui nous unit. I RÉVOLUTION NUMÉRIQUE, EMPLOIS, ORGANISATION ET CONDITIONS DE TRAVAIL L’organisation traditionnelle et les réglementations instituées pour une société industrielle sont profondément modifiées par la transformation digitale. L’ambiguïté du digital vis-à-vis du travail est réelle. L’ordinateur personnel et surtout les smartphones et autres tablettes, à l’aide d’une simple connexion ou d’une application, permettent à chacun de travailler n’im- porte où et n’importe quand, et modifient profondément les relations employeurs-salariés. Cela est souvent une facilitation du travail indépendant et de la liberté, pour certains ; mais aussi une remise en cause des droits sociaux et une généralisation de la précarité, pour d’au- tres. Cela crée plus d’autonomie pour les salariés ce qui modifie considérablement le rapport à la hiérarchie et la répartition des temps sociaux (réunion, temps de travail, temps privé…). Une vigilance particulière doit s’exercer par conséquent sur l’organisation du travail (« droit à la déconnexion », régulation réaffirmée des tâches, des temps de pause, place du dialogue social…). Le numérique en effet accentue l’impact d’une modification de l’emploi salarié qui se fait jour : individualisation du travail et des carrières avec les remises en cause afférentes des droits sociaux et de la sécurité de l’emploi. Cette révolution ambiguë et déstabilisatrice va vite se révéler inéluctable. Un nombre croissant d’individus possèdent désormais des outils qui leur confèrent une puissance de calcul, de stockage, d’informations, de contacts, de formation etc. Les plate- formes d’intermédiation comme Amazon, Airbnb, etc., en mettant en relation des tâches avec des travailleurs potentiels n’importe où et n’importe quand dans le monde, deviennent « un mécanisme de coordination de travail ». On parle même d’uberisation du travail, en référence au géant californien, devenu emblématique de cette tendance planétaire. Ces nouveaux travailleurs se chargent de la mise en ligne, de la mise en valeur, de la relation avec le client et de la transaction. Ce sont autant d’auto-entrepreneurs en puissance, soit dans les services, soit dans l’industrie avec une simple imprimante 3D. Mais ne faut-il pas voir dans les racines et l’essor de cette nouvelle économie, qui s’affranchit des réglementations fiscales et sociales, au préjudice de l’intérêt général, les signes d’une évolution économique et sociale difficile ? Ainsi pour les produits industriels les plus simples, il suffit d’une tablette, d’un logiciel de CAO, une imprimante. Pour les plus complexes, la mise en commun de moyens lourds au sein d’espaces collaboratifs (fablabs), permet la mise à disposition d’équipements spécifiques pour de nombreuses entreprises. Ingénieurs et concepteurs deviennent ainsi de nouveaux (9) La nouvelle fracture numérique, David Belliard et Marc Bertrand, Alternatives Economiques Hors-série n° 100 - février 2014.
  • 28. CESER  aquitainE 26 créateurs d’innovation que les entreprises peuvent solliciter en fonction de leurs besoins à travers les plateformes technologiques permanentes, ou des hackatons, événements collabo- ratifs montés pour développer un projet informatique, comme un logiciel ou une application. Par exemple, le constructeur automobile Local Motors confie le design et l’ingénierie de ses modèles à une communauté open source en ligne. L’entreprise ne compte qu’une douzaine de concepteurs, mais a fédéré quelques milliers de contributeurs permanents et peut mobiliser des dizaines de milliers de contributeurs occasionnels. Ainsi les bureaux d’études, la concep- tion, l’ingénierie sont éclatés dans le cloud, entre des personnes passionnées, compétentes qui considèrent cela comme un « travail de loisir, de passion ». Dans d’autres exemples comme celui de GE Electroménager, la conception et la réalisation des prototypes relèvent de la communauté du cloud et non plus des salariés de l’entreprise. Cette nouvelle façon de produire induit de nouvelles formes de recrutement, d’emploi, de travail et de gestion des ressources humaines. Les plateformes numériques diffusent largement le crowdsourcing (appel à la foule) qui permet aux entreprises de mettre en concurrence une multitude de spécialistes sur un projet, et de sélectionner quelques-uns qui seront rétribués. Des plateformes digitales mettent en relation des entreprises qui ont des tâches simples comme rédiger des SMS personnalisés, des commentaires, classer des contenus, mais non automatisables, avec des contributeurs prêts à le faire. Mais les tarifs sont disparates : ainsi une entreprise française accorde des rémuné- rations horaires comprises entre 10 et 15 euros, alors que des plateformes de travail en ligne internationales proposent quelques centimes d’euros par tâche ! Le « digital labor » est la manifestation la plus surprenante de la transformation du travail par les plateformes. Pour l’entreprise, le numérique étend la sphère du travail non (ou peu) rémunéré. Pour certains participants, c’est probablement le moyen d’accroître l’expérience et d’enrichir leurs compé- tences. Mais dans l’ensemble, le système est discutable car la plupart des joueurs des hackatons sont des jeunes diplômés en mal d’emplois. Les comportements dans les relations entre salariés et gestionnaires sont un facteur essentiel de l’image et de la réputation des entreprises. De plus en plus, les travailleurs indépendants s’organisent dans des associations et collectifs numériques. Ainsi les clients, entreprises ou particuliers, peuvent dénoncer les mauvaises conditions de travail de certains établissements. Les réseaux sociaux et les média se font l’écho d’entreprises aux méthodes brutales de gestion de leur personnel, notamment liées à l’utilisation des réseaux internes, de climats relationnels et de conditions de travail dégradées. Avec la révolution numérique, internet, et la mondialisation, les frontières entre l’entreprise et le domicile sont devenues poreuses, sans qu’on puisse distinguer parfois ce qui relève des exigences de l’employeur et ce qui correspond aux souhaits des salariés. Un nombre croissant de ceux-ci, pour des raisons de commodité ou d’efficacité, préfèrent travailler à domicile. Un certain nombre d’entre eux préfèrent travailler dans des espaces plus calmes de coworking aux côtés des travailleurs indépendants. La réaction des entreprises est très variable à cette nouvelle tendance. Certaines y sont farouchement opposées; d’autres préfèrent accompagner ce mouvement. Les méthodes de gestion des GAFA et de leurs émules de la Silicon Valley sont reprises et adoptées par les entreprises traditionnelles issues de la deuxième révolution industrielle. La structuration de l’espace de travail, l’amélioration de la qualité de vie, une organisation hiérarchique non pesante, un fonctionnement quotidien plus agile sont autant de faits innovants qu’elles ont intégrés. Sous la pression du numérique, la nature du travail change. Le marché du travail se modifie profondément sous nos yeux. Les emplois permanents tendent à diminuer en nombre. Les contrats courts, le temps partiel, le travail intermittent ou indépendant, se multiplient à grande vitesse. Cette mutation est due notamment à l'expansion du numérique dans les sphères privées et publiques. Internet est devenu un gigantesque réservoir d'emplois à pourvoir : les réseaux professionnels et les sites spécialisés fournissent les entreprises et les demandeurs d'emploi pour leurs besoins. Une nouvelle transformation tend à s'instaurer favorisant la créa- tion d’entreprises et provoquant la précarité de nombreux emplois dans le monde. - Des millions d'emplois sont ou seront détruits dans un proche avenir. Comment assurer la reconversion des personnes ? Formation, mobilité géographique, adaptation du temps de travail ? - Des millions d'emplois vont être créés mais dans des domaines nouveaux, dans des condi- tions nouvelles et dans un laps de temps large et indéterminé. Comment assurer la formation de ces futurs employés ?
  • 29. CESER  aquitainE 27 - Enfin, dans les entreprises actuelles, des millions d'emplois vont évoluer dans toutes leurs dimensions. Les salariés devront s'adapter et évoluer avec l’appui de formations adéquates. Face à une telle mutation, la priorité est de préciser les modes de régulation qui permettront d’assurer l'avenir des salariés et de préserver l'ensemble de leurs droits actuels ou à venir. I RÉVOLUTION NUMÉRIQUE ET CHAÎNES DE VALEUR La révolution numérique vient bouleverser les modèles d’affaires traditionnels et oblige les acteurs de la « vieille économie » à se réinventer. 40 % des entreprises du CAC 40 se sont dotées d’un Chief Digital Officer (DGO), d’un Monsieur ou Madame Digital, doté de pouvoirs transversaux étendus, et généralement membre du Comité exécutif. La désintégration des chaînes de valeur accélérée par la révolution numérique signifie que les activités créatrices de valeur sont recomposées à l’intérieur de chaque entreprise et entre les entreprises d’un même secteur. Auparavant une même entreprise pouvait assurer seule toutes les étapes d’une chaîne de valeur ; désormais, on passe dans un système où cette chaîne intégrée se dissout progressive- ment, faisant apparaître de nombreux spécialistes de chacune des étapes de la chaîne de valeur ajoutée. Tout l’enjeu pour les entreprises confrontées à ce défi est de penser leur stratégie de manière à s’adapter à ce nouveau modèle déconstruit. Aussi, comme l’écrit l’agence Boston Consulting Group: « aujourd’hui apparaît une nouvelle force qui accélère la déconstruction des systèmes existants : cette force, c’est celle du consommateur, client ou utilisateur qui ne se contente plus d’acheter un bien mais qui participe à son élaboration ». A titre d’exemple, le secteur de l’immobilier connaît en ce moment une telle évolution. Les nouvelles stratégies relationnelles entre aménageurs-architectes, promoteurs-investisseurs, et habitants-utilisateurs témoignent de cette mutation lors de la mise en place de projets immobiliers. Et les innovations permises par la révolution numérique créent de nouvelles étapes dans les chaînes de valeur, qui constituent autant de portes d’entrée pour les acteurs qui maîtrisent ces technologies numériques. Ainsi dans le secteur d’avenir des voitures électriques, la fabrication des batteries et des maté- riels de recharge constitue de nouveaux maillons de la chaîne de valeur qui permettent à des acteurs nouveaux de se positionner et prétendre dans l’avenir à un pouvoir de contrôle sur le marché en maîtrisant un chaînon. Face à ces changements qui concernent la totalité des chaînes de valeurs, externes ou internes, les interrogations doivent porter sur les modèles de demain, sur les opportunités, sur la percep- tion et la représentation des risques, mais aussi sur l’ensemble des transformations inter- relationnelles et transversales induites, sur la répartition de la valeur. I RÉVOLUTION NUMÉRIQUE, CITOYENNETÉ ET DÉMOCRATIE La transformation numérique fait-elle entrer dans un nouvel âge de la citoyenneté, allant jusqu’à permettre l’apparition de citoyens nouveaux ? Favorise-t-elle un épanouissement de la démocratie en instaurant une cyberdémocratie ? Ou n’y a-t-il rien de modifié, ni rien de nouveau sur le fond, le décor seul ayant changé ? Ces questions se posent à l’avènement de toute inno- vation majeure, de toute révolution technique (machine à vapeur, courant électrique …). Quel est le contenu d’une future cyberdémocratie ? Dès 1995-1996, les cités de Bologne (en Italie) et de Valence (en Espagne) se sont dotées de services informatiques pour mieux servir les besoins de leurs citoyens. Dès la fin des années 1990, la ville de Parthenay (Deux-Sèvres) en France comptait 30 % des habitants reliés à inter- net. Aujourd’hui toutes les sphères de la société française sont dotées d’outils numériques (associations, syndicats, partis politiques, gouvernement). Les travailleurs sont consultés ou informés par les syndicats ou par les dirigeants de leurs entreprises. Le recours à la messagerie électronique modifie l’utilisation des canaux traditionnels et hiérarchisés pour la circulation de l’information. De même les citoyens peuvent être davantage associés au processus d’élaboration de la poli- tique. Les expériences de vote électronique ont été réalisées dans certains pays comme l’Union indienne mais ne manquent pas de poser des problèmes. La démocratisation de la production et de la circulation de l’information à travers l’internet, les réseaux sociaux, permet aux citoyens d’intervenir dans la vie de la cité, de débattre, de donner leur avis. Encore faut-il qu’ils puissent se servir de tous ces outils nouveaux et comprendre tous les enjeux sociétaux convoyés et interprétés par les omniprésents réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou Google. Etre citoyen dans ce nouveau contexte
  • 30. CESER  aquitainE 28 numérique suppose un bon niveau de culture générale, scientifique et technique, qui doit s’acquérir au cours de la scolarité, et mis à jour tout au long de la vie. Participer sereinement au débat citoyen, à armes égales, implique l’appropriation des connais- sances numériques par tous. Sinon le risque est de créer des citoyens de seconde zone. C’est un des visages de la fracture numérique. L’école doit renforcer et généraliser le processus d’apprentissage des outils et de la culture numériques. Les élèves doivent s’approprier les outils du numérique d’un point de vue technique (ordina- teur et les réseaux locaux et à longue distance, les grandes familles de logiciels, les objets connectés, les traitements, l’information, les bases de données et les systèmes documen- taires,…) mais aussi développer une analyse critique et être en capacité de décrypter les différentes informations et comportements, pour devenir des utilisateurs avertis et autonomes du numérique, et par là même, des citoyens à part entière. L’initiation à l’informatique comme outil pédagogique est déjà en cours. Mais ne devrait-elle pas devenir une discipline scolaire transversale, en particulier dans les lycées ? Cette politique doit être mise en œuvre par l’Etat à l’échelle nationale, les collectivités territoriales pouvant renforcer les conditions de son application notamment dans le cadre de la formation professionnelle.10 En résumé Les problématiques globales de sociétés posées par le numérique pour les activités sont nombreuses et renvoient aux modèles de civilisation à travers : - la nécessaire pensée critique du rapport de l’homme aux changements induits par le numérique, - la prise en compte des risques de fractures générationnelles, territoriales et culturelles avec la participation des usagers à la création de nouvelles valeurs, - l’enjeu de régulations organisées aux niveaux pertinents pour éviter des dérives mercantiles et affirmer les valeurs humanistes, individuelles et collectives, - l’organisation des relations socio-professionnelles, l’accompagnement du changement des métiers et des emplois, l’évolution des droits, - l’innovation dans les chaînes de valeur pour saisir les opportunités et construire des stratégies adaptées. I-1.3 Politiques européennes, nationales et régionales A chaque niveau, l’ensemble des réglementations, incitations et mesures d’accompagnements qui organisent les cadres d’actions et les appuis financiers établis lors des débuts du numé- rique, doivent s’adapter aux nouveaux enjeux de ce domaine. En conséquence, elles sont en cours d’évolution et toutes les modifications ne sont pas encore connues. I LE NIVEAU EUROPÉEN Consciente des évolutions en cours, la Commission européenne a présenté le 6 juin 2015 une communication intitulée « stratégie pour un marché unique numérique en Europe » appuyée sur un document de travail intitulé « A digital single market strategy for Europe - analysis et evidence ». La politique européenne y est déclinée en trois axes : - améliorer l’accès aux biens et services numériques dans toute l’Europe pour les consom- mateurs et les entreprises, - mettre en place un environnement propice au développement des réseaux et services numériques, - maximiser le potentiel de croissance de l’économie numérique européenne. Cette communication sera suivie de différentes réglementations ; sont en préparation des propositions législatives dont une feuille de route précise le calendrier. Les objectifs sont notamment les suivants : - conclure rapidement les négociations sur des règles européennes communes en matière de protection des données, - donner plus d'ambition à la réforme des règles en matière de télécommunications qui est en cours, - modifier, simplifier et clarifier les règles régissant les droits d'auteur afin de tenir compte des nouvelles technologies, - simplifier les règles de protection des consommateurs pour les achats en ligne, - faciliter la création d'entreprise afin de favoriser l'innovation, (10) EFFICACITÉ et DARWINISME pédagogiques, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Paris.
  • 31. CESER  aquitainE 29 - renforcer l'apprentissage et les compétences dans le domaine du numérique, - permettre l'accès aux mêmes services et contenus en ligne dans tous les pays de l'UE. La Commission européenne a intégré l’économie numérique dans ses politiques depuis de nombreuses années, tant dans les programmes régionaux ou interrégionaux mobilisant les fonds régionaux FSE FEDER, que par différentes initiatives comme celles en faveur des startup relevant du plan d’action Entrepreneurship 2020 Action Plan et du Small business Act for Europe, et surtout des financements pour l’innovation (Horizon 2020, COSME and Erasmus+, Research and innovation - Innovation, Digital Infrastructures, Emerging Technologies, Compo- nents & Systems, Open Science, Robotics). Vue d'ensemble du financement : Financement numérique total Dont Haut débit FSIE FEDER EUR 17.8 bn ERDF EUR 5.0 bn FSE EUR 2.1 bn FEADER EUR 1.4 bn FEADER EUR 1.5 bn CEF CEF EUR 1.0 bn CEF/BB EUR 0.15 bn Horizon 2020 and COSME H2020 EUR 12.7 bn331 COSME EUR 0.894 bn332 FESI Aucune allocation sectorielle Autre BEI et FEI BEI EUR 16.1 bn333 BEI EUR 16.1 bn FEI EUR 9.2 bn334 Total (2014-2020) Numérique/TIC EUR 61.3 bn Haut débit EUR 22.65 bn I AU NIVEAU NATIONAL La France avait jusqu’à juillet 2015 pour préciser sa transcription de la Directive 2013/37/UE relative à l’ouverture des données publiques. Dans l’attente du projet de loi du Secrétariat d’Etat au numérique, le Secrétariat d’État à la réforme de l’État et à la Simplification, a présenté le 31 juillet 2015 en conseil des ministres, un projet de loi relatif à la gratuité et aux modalités de réutilisation des informations du secteur public. Ce projet pose le principe de gratuité des informations publiques (État et collectivités territoriales), avec comme exceptions les autorités publiques tenues de dégager des ressources propres et les opérations de numérisation des fonds culturels. Ce projet de loi vise aussi à simplifier la réutilisation de données publiques dans le champ de la culture, de l’enseignement supérieur et de la recherche, et à faciliter la numérisation des ressources culturelles, allégeant les démarches des bibliothèques, des musées et des archives. Le projet du Secrétariat d’Etat au numérique publié pour consultation publique en octobre 2015 intitulé Loi pour une République numérique comporte trois volets : l’ouverture des données de l’administration au grand public ou open data, le renforcement de la protection des données personnelles, le développement de l’accès à tous au numérique. Le ministère de l’économie, de l’industrie et du numérique envisage de préparer le deuxième volet. S’agissant de l’enjeu de normalisation des échanges, le Gouvernement a annoncé qu’il s’articulerait avec l’initiative allemande 4.0 pour définir la norme commune. Par ailleurs, la France soutient le développement des technologies d'impression 3D par un appel à projets accompagnant 14 fablabs (ou laboratoires de fabrication additive). Les principales mesures mises en place au cours de deux dernières années concernent l’initiative French Tech et l’Usine du Futur. - French Tech L’objectif de l’initiative French Tech est de positionner la France sur la carte mondiale des principales nations numériques en favorisant l’émergence d’entreprises de haut niveau, géné- ratrices d’un grand nombre d’emplois. Ces acteurs du numérique se développent surtout dans des métropoles qui en stimulent la création et le développement à partir d’écosystèmes qui concentrent des communautés d’acteurs publics et privés très dynamiques. L’initiative vise donc dans un premier temps, à identifier et valoriser les « Métropoles French Tech », à stimuler la croissance interne de leurs entreprises (levier Accélération) et de renforcer leur attractivité internationale (levier Attractivité). Le pilotage est assuré par la Mission French Tech au sein du ministère délégué à l’Économie numérique. Les acteurs privés (entrepreneurs, entreprises,
  • 32. CESER  aquitainE 30 investisseurs) s’investissant dans la croissance de leurs écosystèmes et dans l’accélération des entreprises numériques en sont le moteur. Les moyens mobilisés s’inscrivent dans le programme d’investissements d’avenir : 200 M€ pour l’accélération, investis dans des initia- tives privées (opérateur Caisse des dépôts coordonnant les actions de Bpifrance), 15 M€ pour l’attractivité internationale (opérateurs Ubifrance et l’Agence Française pour les Investisse- ments Internationaux). La labellisation se réalise sur la base d’un cahier des charges, caractérisant : - un écosystème numérique présentant une taille critique et un fort dynamisme, associant en particulier un ensemble important d’entreprises de croissance ; - un réseau d’acteurs publics et privés coordonné, et fortement mobilisé pour les startups et les entreprises de croissance du territoire ; - un programme d’accélération d’entreprises numériques porté par les acteurs privés ; - un environnement urbain favorable, lisible et attractif développé par les collectivités ; - des espaces d’expérimentation et de démonstration. Bordeaux Métropole a été labellisée French Tech en 2014. - L’usine du Futur – industrie du futur Issue de la démarche Nouvelle France Industrielle (34 plans) lancée en 2014, la seconde phase a été recentrée le 14 avril 2015 sur neuf solutions industrielles, et une mobilisation matrice, pour l’Industrie du Futur. Les 9 thématiques (nouvelles ressources, ville durable, mobilité écologique, transports de demain, médecine du futur, économie des données, objets intelligents, confiance numérique, alimentation intelligente) seront orientées vers 3 objectifs : - s’adresser plus directement aux besoins des marchés prioritaires ; - acquérir une dimension internationale grâce notamment à l’agence Business France ; - piloter plus efficacement le dispositif via ce regroupement. Outre la modernisation de l’outil de production, il s’agit d’accompagner les entreprises dans la transformation de leurs modèles d’affaires, de leurs organisations, de leurs modes de conception et de commercialisation, dans un monde où les outils numériques font tomber la cloison entre industrie et services. Le projet « industrie du futur » (qui prend le relais de l’usine du Futur) : 1- Développement de l’offre technologique pour l’industrie du futur : il s’agit d’accom- pagner les projets structurants des entreprises sur les marchés où la France peut acquérir d’ici 3 à 5 ans un leadership européen, voire mondial : fabrication additive comme les imprimantes 3D, les objets connectés, la réalité augmentée...(Septembre 2015 : lance- ment d’un premier appel à projets sur les technologies de l’Industrie du Futur, Janvier 2016 : installation d’une plateforme technologique de l’Industrie du Futur, ouverte aux entreprises industrielles, pour tester et valider des technologies de production robotiques et numériques de pointe). 2 - Accompagnement des entreprises vers l’industrie du futur : des diagnostics seront proposés aux PME et aux ETI industrielles par les régions avec l’appui de l’association « Alliance pour l’Industrie du Futur ». Deux mesures exceptionnelles de soutien financier aux entreprises qui investiront dans la modernisation de leurs capacités de production sont prévues : 2,5 milliards d'€ d’avan- tage fiscal pour les entreprises investissant dans leur outil productif au cours des douze prochains mois et 2,1 milliards d'€ de prêts de développement supplémentaires distribués par Bpifrance aux PME et ETI au cours des deux prochaines années. (Juillet 2015 : publi- cation de la plaquette présentant les dispositifs publics d’accompagnement, déclinés au niveau régional ; dernier trimestre 2015 : publication d’un référentiel national de l’industrie du futur à destination de toutes les PME industrielles, des décideurs et des investisseurs internationaux). 3 - Formation des salariés : la montée en compétence des salariés de l’industrie et la formation des prochaines générations aux nouveaux métiers constituent la première condition du succès de l’industrie du futur. Elles accompagnent la présence accrue du numérique et la robotisation dans l’usine, indispensables pour sa compétitivité dans de nombreux secteurs, et donc in fine pour la création d’emplois en France. (Avant fin 2015 : lancement d’une première chaire sur l’Industrie du Futur). 4 - Renforcement de la coopération européenne et internationale : l’objectif est de nouer des partenariats stratégiques au niveau européen et international, en particulier avec l’Allemagne. Le périmètre et la gouvernance du projet Industrie du futur ont été conçus pour entrer en interface naturellement avec la plateforme « Industrie 4.0 » allemande.
  • 33. CESER  aquitainE 31 Des projets communs, projets pilotes ou de développements technologiques seront présentés dans le cadre du plan d’investissement européen. (Automne 2015 : lancement d’un partenariat avec la plate-forme allemande « Industrie 4.0 » ; Février 2016 : publication de la stratégie française de normalisation pour l’Industrie du futur). Au sein du programme d’investissements d’avenir, 730 millions d'euros venant de fonds, subventions, et avances remboursables pourront en partie soutenir cette ambition. Les deux mesures exceptionnelles annoncées viennent renforcer ces fonds, s’ajoutant au 1,2 milliard d'euros déjà prévu dans les plans précédents. I LA POLITIQUE RÉGIONALE L'action numérique aquitaine s'organise autour de quatre objectifs généraux : - aménager le territoire aquitain en favorisant l'égal accès de tous aux services, outils et usages numériques, - soutenir la créativité sociale et la compétitivité des filières traditionnelles et de la filière numérique en faisant émerger les innovations numériques de demain (appels à projets), - confirmer le rôle du numérique dans le développement de l'emploi, - garantir une appropriation durable du numérique dans un écosystème et un territoire équilibrés. Elle se décline en différents dispositifs et systèmes d’aides articulés autour : - de la couverture en très haut débit, opération engagée depuis de nombreuses années avec les Conseils généraux pour assurer une coordination de l’action et des initiatives infrarégio- nales avec la mise à disposition d’un ensemble d’outils et un accompagnement de l’ingénierie des réseaux. En juin 2015, c’est dans une approche élargie à la future grande Région ALPC que les trois Conseils régionaux ont défini les orientations par l’adoption de la mise en place d’un dispositif régional unique pour étendre progressivement la couverture du très haut débit, - de l’innovation et du développement économique à travers : • des AMI et appels à projets dans des domaines régionaux ciblés : numérisation et valori- sation du patrimoine, TIC et santé, intégration de systèmes complexes (capteurs, soft, puces…), applications mobiles sur tablettes, logiciels libres, M-commerce, géolocalisation indoor, outils numériques régionaux au service de la formation (E-learning - Serious games …), proto-types dans le secteur des logiciels libres, de la mobilité ou des "serious game", • l’accompagnement de la pénétration du numérique dans les Petites et moyennes entre- prises (PME), les Très petites entreprises (TPE), les entreprises agricoles et artisanales. Il fait l’objet d’actions individuelles et collectives, notamment avec l’appui des fonds publics nationaux et européens (Axe 3 FEDER TIC et CPER 2014-2020), comme par exemple l’action PerfoLean pour les sous-traitants de l’ASD, • des appels à projets pour la recherche, la consolidation des passerelles entre entreprises et monde de la recherche expérimentale, le développement d’une filière (pôle numérique aquitain), - de l’installation et du développement d’unité de recherche comme l’INRIA ou le Labora- toire des Usages, et le soutien au développement d’écoles d’ingénieurs spécialisées comme l’ENSC (Ecole Nationale Supérieure de Cognitique), l’ENSEIRB ou le complexe de l’ESTIA au Pays Basque, - du développement de FabLabs comme Coh@bit à l’IUT de Bordeaux ou EirLab à l’ENSEIRB, de plateformes de transfert de technologie comme CATIE, ou même la création de tiers lieux de co-working, - du développement d’un environnement dynamique avec le soutien aux différents clusters ciblés sur le numérique : ADEISO, TIC santé, Aquinetic (logiciels libres), Bordeaux Games (jeux vidéo), Topos (applications satellitaires), Aetos (drones), Aquitaine Robotics...et à ceux développant des actions ou/et projets pour favoriser le numérique dans les activités de leur thématique : Creahd (construction), Inno’vin (viti-viniculture), Sysolia (énergie solaire). A cela s’ajoutent la création du pôle Digital Aquitaine, le soutien à la filière du numérique, à la Cité numérique, aux espaces et lieux de la transformation numérique, la mise en place d’un programme Aquitaine Start-Up horizon 2015-2020 et la participation à French Tech… - de la formation professionnelle avec des actions comme Poppy Éducation, des opérations pour des lycées numériques, une plateforme mutualisée de gestion de formations, le Portail Aquimob, le Portail formation, et Aquitaine Cap métiers…
  • 34. CESER  aquitainE 32 - de programmes d’e-administration au sein de la Région Aquitaine destinés aussi bien à ses agents qu’à ses usagers, ses élus et à tous ses partenaires et ses services, tout particulièrement dans des domaines comme la dématérialisation des achats publics, des relations avec les lycées, le système d’information orienté usagers, la continuité numérique de l’usager à l’agent… Dans le domaine industriel, c’est le programme « Usine du Futur » qui concrétise l’action régionale : une opération pilote a été lancée en 2014 et s’est traduite, après appel à manifes- tation d’intérêt (AMI) et sélection des projets, par la réalisation d’un diagnostic de 100 entreprises dont 21 ETI. Au vu du bilan (cf 1 2), la région prévoit de poursuivre cette action par un nouvel AMI. En résumé Les politiques européennes et nationales continuent d’évoluer afin de construire des réglementations visant à donner des cadres juridiques et financiers au développement du numérique dans la société et pour les activités, appelant une adaptation permanente face aux évolutions rapides constatées. C’est au niveau national que se dessinent l’im- pulsion structurelle et l’adaptation de la formation initiale. Le niveau régional se concentre sur l’accessibilité des territoires, la dynamisation économique, l’appui au développement de l’emploi notamment par la formation professionnelle. I-2 DYNAMIQUES ET FREINS DE LA REVOLUTION NUMERIQUE DES ACTIVITES EN AQUITAINE La connaissance du positionnement des entreprises aquitaines et de leur capacité à s’insérer dans la révolution numérique est essentielle pour les perspectives du développement et de l’action publique en région. Dans cet objectif, la commission a recherché les informations disponibles. Les dernières enquêtes de l’AEC en 2012, ne peuvent plus traduire la situation actuelle, vu la rapidité des évolutions, mais elles constituent des points de référence. Les diffé- rentes organisations professionnelles concernées ne disposent pas de données, hormis quelques éléments disponibles établis par des chambres consulaires pour leur circonscription de référence. I-2.1 Approche qualitative Afin de mettre en lumière les stratégies des chefs d’entreprise quant au numérique, une enquête qualitative 11 a été menée par le CESER Aquitaine du 24 août au 21 novembre 2014. Réalisée au cours d’entretiens qualitatifs auprès d’entreprises repérées, sélectionnées et sollicitées, en partenariat avec les fédérations professionnelles, elle a permis d’identifier, pour toutes les fonctions de l'entreprise, les spécificités sectorielles, les opportunités, les problématiques saillantes, les freins. L’enquête a été réalisée en coopération avec : - l’ARDIA pour l’agroalimentaire, - les Chambres des métiers et de l’artisanat des départements pour les artisans, - la CCI Aquitaine et la CGPME pour le commerce, - la FIBA pour les industries du bois. La pénétration du numérique est abordée par fonctions internes aux entreprises, et par secteurs d’activité. Cette enquête qualitative a permis de dégager un certain nombre de facteurs de dynamisme et de freins, et de réaliser une approche par typologie. La commission a complété cette enquête par différentes analyses sectorielles ou thématiques qui sont également intégrées de manière sectorielle ainsi que dans la typologie finale. (11) Enquête qualitative : nombre d’entreprises restreint mais échantillon suffisamment large pour identifier les pratiques et stratégies des chefs d’entreprises.
  • 35. CESER  aquitainE 33 I-2.1.1 Approche par fonction L’approche par fonction est développée en annexe 1 page 58. La mise en relation de tous les éléments de la chaîne de valeur change la production de la valeur. L’approche par secteur permet de préciser les caractéristiques inhérentes aux natures des produits.
  • 36. CESER  aquitainE 34 I-2.1.2 Approche par secteur A partir de l’enquête qualitative, une première approche des spécificités sectorielles incita- trices ou bloquantes a été possible ; elle est complétée par les auditions conduites au cours de cette réflexion. L’ensemble de ces approches est focalisé sur les PME et TPE. Sont ainsi abordés le secteur agricole, l’agroalimentaire, les industries du bois, le bâtiment et les travaux publics, le commerce de détail, le secteur métallurgique lié à l’aéronautique. Par forme d’activité un point est fait sur l’artisanat. L’approche par secteur est développée en annexe 1 page 60. I-2.1.3 Approche par typologie A partir de l’enquête qualitative menée auprès des chefs d’entreprise visant à montrer la diversité de situations dans lesquels ceux-ci se trouvent face aux évolutions très rapides du numérique ces dernières années, le constat des divergences d’intégration par les entreprises est manifeste. On peut décrire 6 profils-types de chefs d’entreprises. Ces catégories permettent de mieux connaître les actions conduites par les dirigeants pour appréhender leur positionnement par rapport au numérique. C’est un outil d’investigation qui permet de définir un phénomène social par ses caractères observables les plus généraux.
  • 37. CESER  aquitainE 35 Typologie des chefs d’entreprise face au numérique En complément de ces typologies, quelques éléments de dynamisme et freins génériques ont été identifiés au cours de l’enquête : Eléments de dynamisme - Présence d’un service informatique dans l’entreprise : la taille de l’entreprise ainsi que le produit fabriqué sont déterminants pour le recrutement de personnel travaillant spécifique- ment dans les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). - Réglementation : les réglementations contraignantes comme par exemple la traçabilité du produit obligent les entreprises à s’équiper. - E-administration : en rendant obligatoires certaines formalités notamment fiscales, l’admi- nistration conduit les entreprises au numérique. - Demande des donneurs d’ordre (y compris les marchés publics) : pour rester présentes sur les appels d’offres et les marchés accessibles par voie numérique, les entreprises doivent également intégrer le numérique. - Âge de l’entreprise : lors d’une création d’entreprise, toutes les solutions sont examinées afin de trouver celle qui convient le mieux. Les solutions adoptées sont donc souvent inno- vantes par rapport aux entreprises qui existent depuis longtemps. Chef d’entreprise Informatique (matériel et logiciels) Machines (automates, machines avec un poste informatique, etc.) Réflexion sur le numérique Personnel TIC Complément Le perdu Utilisation du numérique au minimum (comptabilité). Pas de machines reliées à un poste informatique. Aucune, ce n’est pas une préoccupation Non Majorité d’artisans Le suiveur Utilisation basique du numé- rique, les logiciels utilisés sont choisis par un groupe ou leur utilisation est minime. Si des machines sont reliées à un poste informatique, leurs données ne sont pas exploitées par l’entreprise (mais peuvent l’être au siège du groupe). Minime ou c’est le groupe Prestataire externe ou au siège du groupe Le retardataire Bonne utilisation du numérique, des efforts sont parfois faits pour utiliser des outils innovants. Certaines machines sont numériques mais leurs données ne peuvent pas être extraites (nécessité d’intervention humaine ou problème technique) ou elles vont l’être. Commence Prestataire externe L’entrepreneur Les équipements informatiques sont récents, les logiciels utilisés sont adaptés et parfois innovants. Informatisation de la production entièrement ou en partie : les données peuvent être exploitées sur ERP. Engagée Prestataire externe Le novateur Sans les outils numériques l’entreprise ne pourrait pas fonctionner en interne, le site internet est capital pour les clients en externe. Informatisation de la production entièrement ou en partie : les données peuvent être exploitées sur ERP. Permanente Une ou plusieurs personnes travail- lent dans les TIC Une partie des services peut fonctionner à l’horizontale. L’innovateur / L’initiateur Utilisation des outils numériques constante, entre- prise connectée, utilisation de nouveaux outils, l’entreprise est à la pointe. Informatisation de la production entièrement ou en partie : les données peuvent être exploitées sur ERP. Avancée Une ou plusieurs personnes travaillent dans les TIC ou le chef d’entreprise lui-même L’entreprise entière ou une partie des services peut fonctionner à l’horizontale.
  • 38. CESER  aquitainE 36 - Personnalité et génération du dirigeant : les jeunes chefs d’entreprise utilisent largement le numérique. Cependant, la fracture générationnelle n’est pas toujours évidente, l’intérêt porté au numérique est également un effet de personnalité. - Réseau du dirigeant : l’accès à l’information est facilité par les conseils et avis que le chef d’entreprise peut trouver auprès de ses relations et équivalents professionnels, quel que soit leur secteur d’activité. - Fonds publics : les subventions permettent d’aider les entreprises à investir pour s’équiper. - Dynamisme de l’environnement socio-professionnel (fédérations, chambres, associations, syndicats, agences…) : ces organisations permettent de faire circuler les informations au sein d’une branche et accompagner l’accès aux formations. - Logiciels libres : le développement de logiciels libres (gratuits) peut inciter les entreprises à s’équiper de solutions techniques innovantes et adaptées à moindre coût. Freins - Âge du dirigeant et des salariés : un dirigeant proche du départ à la retraite peut ralentir ou stopper une transition vers le numérique. De plus, même si ce n’est pas systématique, un effet de génération agit sur la connaissance et l’aisance dans le rapport au numérique. - Âge de l’entreprise : une entreprise qui existe depuis longtemps a des habitudes organisa- tionnelles nécessitant des efforts importants pour réaliser des évolutions et se remettre en question. - Infrastructures et débit : selon la localisation de l’entreprise, les coûts de raccordement et l’insuffisance du débit l’empêchent d’évoluer. Le prix des opérateurs est trop élevé, tant pour disposer d’internet que pour un plus haut débit. - Culture traditionnelle : dans certains secteurs où la notion de métier est forte (culture, tradi- tions, valeurs attachées au métier, etc.), l’innovation peut être perçue comme dangereuse. - L’administration : quand l’administration utilise et exige toujours des versions papier, elle n’incite pas les entreprises à dématérialiser. De plus, une communication inadaptée provenant des contrôles des impôts entraîne la conservation d’un archivage papier. - Sécurité : la peur du piratage et de la perte des données freine la migration des entreprises vers des solutions de stockage numérisées. - Lenteur des syndicats, chambres, fédérations, unions, etc. : de nombreuses organisations professionnelles ne sont pas assez informées, formées et équipées pour transmettre les infor- mations sur les outils et les accompagnements numériques. Donc l’information ne circule pas toujours bien entre les structures relais et les entreprises. 1-2.2 Un écosystème motivé pour l’intégration numérique : un large ensemble d’acteurs en évolution De nombreux organismes participent à l’écosystème numérique de l’Aquitaine : associations professionnelles, agences de développement régionales ou locales, chambres consulaires… Des sites spécifiques se voient également dédiés à l’animation de l’écosystème. La commis- sion s’est plus particulièrement intéressée à certains d’entre eux au cours de ses auditions, sans que cela présume de leur dynamique dans cet ensemble.
  • 39. CESER  aquitainE 37 L’approche de l’écosystème du développement économique est développée en annexe 1 page 66. Plus que le nombre d’organismes ou leur champ respectif d’intervention, c’est l’efficacité de l’ensemble de cet écosystème sur le territoire régional et les interactions qui sont les enjeux de l’appui aux activités. Sa capacité à assurer la couverture transversale de toutes les activités potentielles, l’animation et l’accompagnement de chacune des filières, de chaque niveau de développement des activités, sont déterminants pour la dynamisation globale du système. Associations et organisations professionnelles, agences de développement, chambres consu- laires, clusters et pôle de compétitivité, centres technologiques et plates-formes, technopoles, tiers lieux, tous ont leur rôle à jouer dans leur créneau respectif de compétences. ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE URUURSACT DRR DDCTEA T DA RUACTEU S DU ON URU É C O M T D T D OP NOM P D M RSR DÉVEL ÉCONOM QUEMIQIQUE LO OM É CON MÉC DÉVEL ÉCONNOMIQUÉCONOMIQUE ELLO PEM NTENTDÉVELOPDÉDÉ E O MENTDÉVELOPPEMENT URT RS DUACTEURSUR DUACTECTEURSACTEURUACTEURS DU
  • 40. CESER  aquitainE 38 II. Enjeux et propositions pour l’Aquitaine à l’aube de la grande région La première partie de ce rapport a insisté sur les ambiguïtés et contradictions de la transfor- mation numérique qui reste un enjeu de démocratie dans toutes ses dimensions, et a permis d’aborder la situation de l’Aquitaine. Dans cette deuxième partie, l’analyse sera centrée sur l’Aquitaine avec pour, chaque sous- partie, une approche des enjeux aquitains et des propositions d’actions à mettre en œuvre à différents niveaux. Sans prétendre aborder de manière exhaustive l’ensemble des enjeux liés à cette révolution numérique, la commission a cherché à identifier certains d’entre eux qui lui paraissent de nature à ouvrir le débat tant auprès des acteurs institutionnels qu’auprès des acteurs socio- professionnels. Ce chapitre s’organise de la manière suivante : - Le premier point sera centré sur la manière de favoriser l’agilité pour le développement économique et l’emploi. - Le deuxième visera à faire de la révolution numérique une source de progrès dans le monde du travail : par quelles voies et par quels moyens ? - Le troisième portera sur la sécurité et les régulations : adapter les cadres juridiques et légaux. II-1 Pour le développement économique et l’emploi : favoriser l’agilité et le partage L’agilité s'avère être le pivot de la révolution numérique. Elle concerne l’individu comme les entreprises. La question est de savoir comment rendre les organisations plus fluides, plus disruptives, et aller vers des formes plus agiles, plus transversales, plus connectées, plus centrées sur l’humain. L’industrie du futur en est un exemple des plus probants. Mais cela comporte des risques qu’il faut contenir par des cadres juridiques et légaux mieux adaptés. Les quatre valeurs généralement admises12 qui forment le socle des méthodes agiles sont : - l'équipe, en favorisant les talents individuels et leurs interactions, plus que les processus et les outils, - l'opérationnalité des réalisations plus qu'une documentation exhaustive (principe de prag- matisme), - la collaboration itérative et active entre les personnes et les acteurs, en particulier les clients, comme moteur de co-construction dynamique et adaptative, - l'acceptation du changement à travers le développement de comportements d'adaptation permanente et progressive au changement plus que le suivi d'un plan. On parle aussi de flexibilité ou d'empirisme itératif. L'usage du numérique au quotidien, mais aussi les modifications profondes des modèles économiques, sous-tendent les principes d'agilité tant dans la conception et l'innovation colla- boratives que dans les outils qui permettent l’application de ces principes dans les organisations et les entreprises. Il en est ainsi par exemple, et sans exhaustivité aucune, du partage constructif de l'information, des collaborations spontanées de talents, des cultures de solidarité opérationnelle sur les projets, de rythme de développement soutenable, de la simpli- fication des processus et des tâches, voire même de principes d'auto organisation en escouade. II-1.1 Anticiper les changements de modèles : comprendre l’évolution des chaînes de valeur, innovations, disruptions, industries du futur L’agilité réside dans la capacité d’anticipation des changements de modèles, dans la compré- hension de l’évolution des chaînes de valeur, dans la mise en place d’innovations disruptives. (12) Source : Wikipédia.
  • 41. CESER  aquitainE 39 II-1.1.1 Quelles chaînes de valeurs et quels modèles économiques ? Enjeux : A travers les différents changements introduits par le numérique dans la circulation de l’in- formation, c’est un bouleversement complet des valeurs internes et externes des entreprises qui se dessine, s’agissant des perspectives, des organisations et de la production. Mais ce bouleversement, ne peut se réduire à la simple captation de valeur. De façon générale, la transformation numérique génère et va générer des gains immenses de productivité et de créa- tion de valeur ajoutée. Leur utilisation et leur juste répartition sont un enjeu sociétal essentiel pour que la transformation soit synonyme de mieux vivre, de progrès social et démocratique. Dans les activités, la majorité des systèmes actuels est basée sur une hiérarchisation de l’accès à l’information dont découle une organisation essentiellement descendante. Dès lors que l’information devient accessible à tous, à tout moment et met sur un pied d’égalité les diffé- rents niveaux d’acteurs, du client au producteur ou au décideur, ces organisations se trouvent remises en cause. Les conditions de l’accès à l’information pour tous doivent bien évidemment être réunies. Ainsi la rareté initiale de l’information qui en faisait une valeur clé disparaît ; celle-ci devient abondante, foisonnante ; elle se démultiplie. C’est dorénavant son traitement et la capacité à gérer la masse d’informations qui changent les perspectives et les rapports entre les acteurs. C’est à ce niveau que doit se reconstruire la chaîne de valeur dans toutes ses dimensions (économique, sociale, environnementale, d’usage…). En conséquence une entreprise ou une exploitation devrait se reposer la question, à chaque étape de son process, des modifications auxquelles conduit cette ouverture de l’information : - c’est dans la relation client et dès les approvisionnements que les premières mutations s’opèrent, - elles interviennent ensuite au cœur de l’activité des entreprises : processus de conception, de production, de vente, de service après-vente, de maintenance et d’image qui en résultent, - mais aussi dans l’usage du produit ou du service : l’usager n’est plus passif et peut-être lui-même créateur de valeur. L’accessibilité des données a suscité des lieux de stockage infinis, le cloud. Les logiques parti- cipatives et collaboratives se développent par la mise en commun et l’enrichissement mutuel, autour de fablabs, de plates-formes… Ce changement culturel qui investit la société peine à entrer dans les entreprises où les orga- nisations se sont structurées dans le temps, hiérarchisées, où les relations de travail ont été négociées… La perception par les chefs d’entreprise des modifications induites dans leurs activités et dans leur organisation par la transformation digitale reste trop faible. Les nouvelles donnes auxquelles chaque entreprise ou activité doit être attentive concernent : - La valeur d’usage qui prend le pas sur la valeur de possession. Les moyens alternatifs à l’achat ont été pris en compte dans les réflexions des utilisateurs, suscitant des solutions d’usage et le développement d’une économie collaborative. - La dimension environnementale : la lutte contre la pollution, la diminution des consomma- tions et la réduction des gaspillages accompagnent la recherche d’économies. - L’apparition de communautés d’appartenance éphémères ou structurées, à de multiples échelles, est de plus en plus nette dans un univers toujours plus individualiste. - La recherche d’un financement moins dépendant des banques et plus autonome. L’essor des e-bank, offrant des services accessibles en permanence, mais surtout la création des plate- formes de crowdfunding (financement participatif) permet de capter des communautés, valorise le projet, et progresse rapidement comme alternative ou complément aux moyens classiques de financement. - L’élargissement de la valeur collaborative à celles d’échanges et de partage qui se renforcent. - L’évolution de la supply chain, qui doit prendre en compte les changements dans les appro- visionnements et les flux de matières en lien avec ces nouveaux modes de production.
  • 42. CESER  aquitainE 40 Tous ces éléments relèvent d’une vision stratégique de l’entreprise, intégrant tous les maillons de l’exploitation ou de l’organisation. Il est donc fondamental que les chefs d’entreprise s’im- pliquent dans une telle dimension stratégique. Le développement de la valeur est de plus en plus important dans les startups qui répondent à ces différentes caractéristiques et font preuve d’une forte agilité et créativité. Celles-ci deviennent un enjeu pour les autres entreprises qui souhaitent bénéficier de leur agilité soit par des partenariats à nouer soit par captation directe/acquisition (pouvant relever tant de stratégies de positionnement des entreprises que d’excès de la financiarisation de l’économie). I PROPOSITIONS • Favoriser et renforcer la prise de conscience de toutes ces évolutions à tous les niveaux par une communication-information adaptée, accroître l’efficacité de la mobilisation. Des initiatives européennes et nationales sont prises régulièrement pour sensibiliser les entreprises et l’ensemble des activités à la révolution en cours. Des appels à projet ou appels à manifestation d’intérêt sont lancés dans de nombreux domaines. Des fédérations professionnelles ou d’autres structures accompagnent la mobi- lisation de secteurs (aéronautique, bâtiment, ferroviaire …). Au niveau régional, une déclinaison équivalente est de nature à renforcer les mobilisations des acteurs profession- nels. Dans cet objectif, une duplication ou transposition en région des actions nationales apparaît indispensable. En Aquitaine, les initiatives actuelles ont permis de sensibiliser un nombre déjà significatif d’entreprises à partir de la mobilisation de l’écosystème du développement économique. Désormais la majorité des organisations s’active pour accompagner les entreprises, pour les sensibiliser au numérique, pour susciter leur participation aux événements de sensibilisation développés précédemment. - Les Chambres consulaires régionales et territoriales, à travers leurs missions d’appui au développement économique, les associations d’entreprises qu’elles ont générées, ont réussi à motiver un certain nombre de TPE PME et exploitants, et à les impliquer dans cette trans- formation, notamment à travers des pré diagnostics et formations. - Les organisations professionnelles ou interprofessionnelles ont engagé des actions de manière plus inégale, tout en ayant conscience des enjeux pour leurs entreprises. Certaines organi- sations professionnelles, orientées sur des logiques de branches, ont choisi de conduire quelques opérations directes (métallurgie) ou en partenariat (ARDIA). - Les agences de développement, les pôles de compétitivité, les centres technologiques, des associations, organisent également des actions de sensibilisation et de pénétration vis-à-vis de toutes les entreprises de leurs champs avec des modèles ciblés sur leurs domaines.
  • 43. CESER  aquitainE 41 - Les associations d’entreprises du numérique comme l’ADEISO, Aquinum, eTIC 47… sont actives à leur initiative ou en réponse aux demandes des organisations professionnelles, des agences de développement ou des chambres consulaires, des pôles, pour sensibiliser les entreprises de tous les secteurs. Elles organisent également des événements de diffusion de la culture numérique - Les entreprises prestataires du numérique et les constructeurs producteurs de matériel, mais aussi les grandes entreprises s’engagent dans des sensibilisations des entreprises clientes en valorisant les potentiels du numérique ainsi que leurs produits, ou encore en accompagnant des start-ups. Cependant la majorité des entreprises reste encore à l’écart de cette digitalisation de l’éco- nomie, ce qui appelle une amplification des actions conduites, mais surtout un ciblage à travers la mobilisation des acteurs les plus pertinents et les plus proches sur l’ensemble du territoire régional. L’ampleur de la révolution à conduire est à la mesure des risques de disparition d’entreprises et d’emplois sur l’ensemble du territoire régional. Le nombre d’entreprises engagées dans une démarche de numérisation ou un diagnostic reste donc insuffisant et devrait être considérablement augmenté. Une action plus systématique, plus profonde associant toutes les organisations devrait être : - impulsée par le Conseil régional qui va disposer de la compétence exclusive en matière de développement économique et par la métropole et les communautés de communes avec lesquelles il devra articuler son action, - et déclinée à plusieurs niveaux de sensibilisation, d’information ou de diagnostic et de suivi. Toutes les entreprises présentes en Aquitaine sont concernées, tout particulièrement les PME et TPE et les exploitations agricoles réparties sur le territoire de la région actuelle et demain de la grande région. L’ensemble des acteurs de l’écosystème du développement économique doit être associé à ce mouvement, que ce soient ceux déjà mobilisés mais aussi ceux qui ne font pas traditionnellement l’objet d’un accompagnement particulier du Conseil régional. La diffusion du numérique dans les TPE-PME appelle des modes de communication adaptés, prenant en compte les typologies de chefs d’entreprise identifiées lors de l’enquête, nécessi- tant un plan d’action comprenant : - un changement d’échelle dans la mobilisation des appuis à la mutation de la part des collectivités, en tout premier lieu du Conseil régional, - un volet information-formation substantiel, valorisant les retours d’expérience de manière à convaincre les chefs d’entreprise de la fiabilité de ces nouveaux outils, - présentant les ouvertures de nouveaux marchés sur les domaines identifiés, - valorisant les applications utiles facilitant les tâches des salariés, tout en diminuant la pénibilité et les risques d’accidents, - incitant à la mutualisation non seulement des moyens technologiques mais aussi des expé- rimentations dans la conduite de cette adaptation/mutation/révolution numérique de plus en plus complexe, au recours partagé à un « spécialiste numérique » pour accompagner plusieurs PME/TPE, - répondant aux besoins identifiés par les secteurs. • Renforcer le dispositif d’accompagnement des PME-TPE pour réaliser un diagnostic /appui au conseil L’aide au conseil, appui mis en œuvre par le Conseil régional depuis longtemps, permet d’ac- compagner les PME et TPE sur des diagnostics réalisés par des consultants dans différents domaines. L’élargissement de son enveloppe budgétaire et un renforcement de la mobilisation en faveur de son utilisation par les entreprises pour la transformation numérique (une centaine d’entreprises par an actuellement) seront nécessaires pour accompagner l’effort de transition à réaliser. Le dispositif mis en place par le Conseil régional et l’Etat avec l’appui des fonds européens du Feder sur la période 2015-2020 consistant en un Chèque TIC ou un Chèque Accélération TransfoNum, vise à un diagnostic de l’entreprise revisitée sous l’angle des transformations numériques. Cet appui stratégique apporté par des professionnels du numérique répond bien aux besoins de nombre d’entreprises. Il mérite d’être élargi pour accroître sa diffusion. Le potentiel de diagnostic initialement évalué à près de 300 entreprises aidées par ces fonds, en lien avec l’enveloppe financière définie, paraît insuffisant au regard du nombre d’entreprises
  • 44. CESER  aquitainE 42 du territoire régional. Pour faire face au volume de dossiers à instruire, une organisation permettant une adaptation du système avec une mobilisation/délégation des acteurs les plus concernés et les plus structurés devrait pouvoir être envisagée impliquant les structures appor- tant le plus de dossiers, en préservant la visibilité de l’origine de l’appui financier. L’enveloppe financière dédiée devra être adaptée aux besoins et mobilisée activement sur le début de la période. • Favoriser la création d’entreprises La création d’entreprises nourrit et anime la pénétration du numérique dans les activités. Les soutiens à la création d’entreprises et points d’appui sont organisés autour d’un écosys- tème comprenant des acteurs intervenant aux différents niveaux : chambres consulaires pour les préparations, inscriptions et formalités ; incubateurs pépinières et technopoles pour les étapes successives du développement. Le Conseil régional vient de lancer une démarche d’appui – Aquitaine Start-up – pour accom- pagner la création d’entreprises numériques. • Favoriser le financement : afin de répondre de manière précise et identifiée aux besoins de financement que permettront de détecter les prédiagnostics réalisés, il serait essentiel qu’un Fonds soit dédié au financement à des entreprises s’engageant dans une démarche straté- gique de transformation de leur modèle économique. Qu’il s’agisse d’une création de fonds, ou du fléchage d’un fonds existant, l’objectif sera d’obtenir un effet incitatif à travers la visibilité qui lui sera donnée. • Développer des plateformes collaboratives : l’ampleur des évolutions technologiques et des besoins des entreprises, le niveau d’utilisation de chacun, d’apprentissage, de spécifi- cation, appellent un appui opérationnel à la sensibilisation et la mise en pratique, l’accompagnement des PME-TPE et exploitants. Ils peuvent trouver cette facilitation à travers des moyens partagés notamment au sein de plates-formes collaboratives. Toutes les entre- prises doivent pouvoir s’appuyer sur les plates-formes généralistes existantes, tout en revisitant leurs champs et leur fonctionnement, mais aussi trouver des accompagnements plus spécifiques pour la mise en commun de démarches de moyens technologiques parti- culiers. Le soutien apporté à ses plates-formes doit être plus fortement lié à leur utilisation par les entreprises. Pour les industries, les équipements mutualisés doivent permettre de rattraper le retard qui se dessine pour des équipements comme les imprimantes 3D qui constituent une priorité face aux accélérations de cette innovation technologique. A cet égard, les dynamiques présentes autour de CompositAdour et de l’Estia, de l’Ensam - I2M, ou de ENSERB - Eirlab et de l’IUT - Cohabit constituent des premiers points d’appui. De plus, dans la perspective de la grande région, les compétences et centres existants en Limousin (céramique et laser par exemple) ou en Poitou-Charentes (jeux vidéo et image notamment) doivent être intégrés dès à présent dans l’offre potentielle pour répondre aux attentes des entreprises. II-1.1.2 Innovations – disruptions Enjeux L’agilité qu’introduit le numérique dans les activités favorise l’ouverture de l’innovation dans toutes ses dimensions, correspondant à celles identifiées par la FING13 et la BPI France dans leur référentiel14 : - Innovation technologique : création, amélioration, intégration d’une nouvelle technologie, de nouvelles machines, de process de qualité, d’économies d’énergie, de matières premières et de réduction des déchets … - Innovation de produit, de service, d’usage : création ou amélioration d’un produit ou service, - Innovation de commercialisation : ciblée autour de la mise en vente, de la promotion, et du développement d’une offre ou d’un produit, de la relation client, de la démarche marketing, de la présentation… - Innovation organisationnelle : organisation du travail au sein de l’entreprise (management, méthode de travail, travail collaboratif, outsourcing), développement de la chaîne logistique, - Innovation de modèle d’affaires (business model) : changement de la structure des gains de l’entreprise, de la différenciation compétitive, des nouvelles sources de création de valeur, de nouvelles relations avec l’écosystème de l’entreprise… (13) FING : fondation Internet nouvelle génération ww.fing.org (14) http://www.bpifrance.fr/Actualites-Bpifrance/Innovation- Nouvelle-Generation-Bpifrance-en-partenariat-avec-la-FING-presente-unnouveau-referentiel-de-l-Innovation-pour-mieux-accompagner- les-futures pépites françaises-
  • 45. CESER  aquitainE 43 - Innovation sociale : réponse à un besoin social, aussi bien dans le produit considéré que dans les méthodes de vente, par intégration des enjeux sociaux, économiques et environ- nementaux ainsi que des dimensions territoriales (cohésion sociale, déplacement en énergie…), prise en compte des aspects sociaux et sociétaux… Ces innovations peuvent être introduites avec une intensité variable, impliquant pour certaines un changement durable ou restant à un niveau plus modeste. Pour faciliter l’entrée des entreprises dans le numérique, il s’agit de les amener à comprendre et maîtriser les outils leur permettant : - d’améliorer leur dimension commerciale : augmenter leur visibilité / communication/ s’ins- crire dans l’e-commerce, élargir leur clientèle. Savoir gérer la communication par internet est une problématique qui interpelle les chefs d’entreprise : faut-il utiliser un prestataire externe ou embaucher une personne dédiée à cette tâche ou mobiliser un ou plusieurs colla- borateurs ? Partager des emplois (co-employeurs) ; - de connaître les outils de mobilité utilisables par eux-mêmes et par leurs salariés ; - de participer aux Echanges de Données Informatisées (EDI) : celles qui imposent une norma- lisation de la syntaxe, des données échangées pour être accessibles aux plus petites entreprises ; - d’accéder à des financements adaptés à leurs besoins. Il existe aussi des enjeux sectoriels spécifiques appelant des mesures ciblées. Toutes les profes- sions n’ont pas encore identifié ou ne se sont pas encore engagées dans l’analyse des effets concernant leurs entreprises. La mobilisation des fédérations devra permettre d’aller plus loin en ce sens. Le dépôt de brevet, la propriété intellectuelle, la confidentialité des recherches sont des marqueurs essentiels des entreprises actuelles. Dans les évolutions en cours, tout particuliè- rement dans certaines entreprises numérisées, nombre des innovations sur les produits de celles-ci proviennent du public et des usagers. Dans un tel contexte , la protection d’une innovation peut être moins profitable que sa diffusion et son amélioration si le processus est plus ouvert au public. Ainsi les entreprises pourront s’orienter vers un état d’innovation perma- nente et de « captation des apports de la multitude15» . Cependant, toutes les données et innovations ne peuvent être accessibles sans restriction pour que les entreprises conservent le pilotage de leur cœur de métier. Par exemple, tous les domaines relatifs à des facteurs de sécurité ou nécessitant des qualifications particulières ne peuvent être librement accessibles. La Région doit s’adapter au fonctionnement du monde numérique : PARTAGE ET PROJET en ayant pour objectif de préparer les Aquitains à saisir les opportunités, en étant autonomes et responsables tant individuellement que collectivement. Dans cet objectif, le Conseil régional qui a déjà engagé et concentré sa politique de déve- loppement économique sur l’innovation pourrait la faire évoluer vers plus de transversalités. I PROPOSITIONS • Organiser l’appui aux entreprises, travailler en réseau, renforcer les synergies et les trans- versalités Le numérique pénétrant toutes les activités, la fertilisation croisée est une source fonda- mentale d’élargissement des activités et des emplois, permettant d’élargir les compétences et spécialisations régionales par filières (comme par exemple agriculture et drones, géolo- calisation-cartographie…). A l’image de l’interclustering initié par ADI ou des ouvertures engagées par certains pôles de compétitivité, il s’agit de croiser les logiques sectorielles avec les indispensables transversalités poussées par le numérique. il faut renforcer les coopérations entre les repré- sentations sectorielles et les acteurs du numérique. Si dans un certain nombre de domaines, les échanges se réalisent à un niveau de commu- nication-information, ils doivent désormais atteindre une autre dimension et devraient faire l’objet d’engagement de toutes les structures appuyées par le Conseil régional, Cette intégration suppose une évolution de l’écosystème, conduisant à diffuser et créer des passerelles, à sortir les organismes de leur centrage actuel. • Renforcer les liens entre les entreprises et l’enseignement supérieur et la recherche pour augmenter l’ouverture aux compétences transdisciplinaires. (15) (Colin et Verdier. L’âge de la multitude 2013).
  • 46. CESER  aquitainE 44 • Lancer des projets d’études prospectives sur de nouveaux usages possibles des objets, des données, des équipements ; en promouvoir les idées d’amélioration, d’innovations, ouverts à tous les Aquitains. • Diffuser le référentiel d’innovation auprès des PME et ETI avec l’appui de tous les acteurs de l’innovation en précisant les aspects financiers d’accompagnement éventuel. • Soutenir des accompagnements novateurs et agiles comme : - centrer l’appui sur l’innovation : il sera essentiel que les actions approfondissent avec les entreprises l’identification de sources de valeur ajoutée pour chacune d’entre elles. Plus globalement, l’appréhension de la multiplication des lieux de création de valeur devra faire l’objet d’analyses et d’actions pour capter les opportunités de développement, - encourager l’économie collaborative dont l’une des principales caractéristiques est de favoriser l’accès à des biens mis à disposition par des particuliers contre rémunération. Ces pratiques connaissent une ampleur inédite grâce à la révolution numérique. Ceci ne peut se réaliser que dans le respect des règles juridiques et fiscales en vigueur, - favoriser l’appui des jeunes (stages, apprentissage…) pour la mutation des entreprises. • Contribuer à la réalisation, à terme, pour l’innovation sociale et organisationnelle et à titre d’expérimentation, d’une entreprise de co-construction et de co-innovation. Il faudra inté- grer de plus en plus les outils numériques au dialogue social, favoriser leur accessibilité pour les partenaires sociaux (espace dédié, plate-forme, courriel) et poursuivre l’entreprise pionnière, collaborative et participative, inventer de nouveaux lieux, de nouveaux moyens, de nouveaux droits pour élargir la pratique démocratique à l’entreprise. Les enjeux sociaux et économiques de la transformation numérique pourraient faire l’objet d’un appel à projets prospectif du Conseil régional visant à : - encourager la recherche transdisciplinaire associant les sciences humaines et sociales, (comme la psychologie, la sociologie, le droit, la gestion) et les disciplines technologiques aux différents centres de recherche du numérique de pointe comme le LABRI, l’INRIA et l’ESC pour intégrer les mutations du travail. Ces travaux théoriques doivent s’ouvrir à des expérimentations à l’échelle d’une entreprise, d’un secteur, d’un territoire comme l’Aquitaine ; - approfondir quelques exemples de questionnements dans le cadre de la transition numé- rique de la société et du monde du travail (utilisation des smart data dans la gestion des ressources humaines, statut des tâcherons numériques (crowdworkers) et construction du dialogue social avec les travailleurs indépendants…). Il s’agit de partager collectivement les enjeux, les risques et opportunités de la transformation numérique et de co-construire les principes directeurs des nouvelles propositions-réponses. • Initier un Forum permanent et indépendant, connecté au reste du monde, travaillant en réseau avec les « clubs de réflexion », les associations, les corps constitués, les fédérations, les universités pour mieux appréhender cette révolution, expérimenter des micro- réalisations sociétales, proposer des modifications législatives, s’intéresser à l’impact humain. Le principe de Forum, par sa souplesse et sa fluidité, est préférable à la création d’une structure qui, par définition, figée, est vite dépassée. • Renforcer et repenser, à tous les niveaux, de l’entreprise aux fédérations, le dialogue social sur l’innovation liée au numérique. Sa mobilisation et son accompagnement des processus de mutation dans les entreprises sont essentiels pour permettre au tissu économique et aux salariés de s’appuyer sur leurs démarches. Le rapport Ambition numérique propose « d’adapter le dialogue social et la gouvernance des entreprises aux enjeux numériques. La transformation numérique des entreprises intro- duit de nouvelles opportunités et de nouvelles contraintes à la modernisation du dialogue social. D’un côté, elle offre de nouveaux outils de travail et de participation des salariés à la vie de l’entreprise (réseaux sociaux d’entreprise, consultation, outils de communication interne) et favorise ainsi l’innovation sociale. De l’autre, les projets de transformation numé- rique des entreprises peuvent inquiéter les salariés, du fait de leurs impacts potentiels en matière d’emplois, d’environnement de travail, de bien être, etc. La modernisation du dialogue social implique une plus forte imprégnation des enjeux numériques au sein des instances de représentation du personnel, notamment par la formation des élus, la valori- sation des pratiques collaboratives et une gouvernance plus ouverte au sein des enceintes de décision. Au-delà, le développement d’un dialogue social numérique au niveau national renforcera la prise en compte de ces enjeux sur le long terme ».
  • 47. CESER  aquitainE 45 En conséquence, il est nécessaire d’assurer la formation au numérique des représentants des salariés. En Aquitaine, des actions spécifiques pourraient être conduites dans cet objectif avec le soutien des financements publics et privés. • Valoriser l’économie circulaire, la réduction et la gestion des déchets. Face à l’accroisse- ment des déchets du numérique qui sont pour le moment peu recyclés, le développement d’innovations pour leur recyclage et leur valorisation ainsi que le dépôt de brevet sont à promouvoir. Des innovations dans ce domaine sont d'autant plus importantes qu'elles montrent que ces déchets numériques ont de la valeur dans un contexte d'affaiblissement des ressources et terres rares. Les innovations doivent porter sur des procédés visant la collecte des produits, leur démantèlement, le tri des matériaux, leur réutilisation… Un appel à manifestation d’intérêt pourrait être lancé en s’inspirant des initiatives déjà engagées dans différents pays pour faire émerger des projets tels que : des automates de récupération d’e-produits, des petits recycleurs d’extraction des métaux précieux des e-déchets, de réemploi des déchets électroniques pour fabriquer des imprimantes 3D à faible coût afin de permettre le développement de fabLabs, de réutilisation de produits en fin de vie… • Intégrer le partenariat d’innovation dans les marchés publics des collectivités régionales pour favoriser l’acquisition de solutions innovantes, permettant d’introduire des approches spécifiques pour l’amélioration, l’efficacité et la qualité de ces marchés publics. II-1.2 Préparer la mutation vers l’industrie du futur Le développement de l’industrie du futur – dont l’usine du futur est un des fleurons – nécessite une agilité permanente afin de reconstruire une organisation en constante adaptation en mobi- lisant les technologies et les ressources humaines. Cela nécessite de s’appuyer sur le potentiel industriel existant dans les territoires. L’objectif est de moderniser et construire une industrie performante, créatrice d’emplois, en travaillant son ancrage territorial. Ce concept recouvre l'ensemble des mutations technologiques et organisationnelles qui vont impacter les entreprises industrielles à court et moyen terme: robotisation, automatisation, fabrication additive, intégration de la chaîne numérique, nouveaux matériaux, cobotique, exosquelette… Ces mutations viennent transformer en profondeur l'ingénierie, les process industriels, les investissements mais également les compétences, le mangement et les condi- tions et qualité de travail. Elles constituent donc un enjeu fondamental et concret à moyen terme pour les PME/ETI de la Région. Enjeux Le principe de l’industrie du futur est d’intégrer des procédés de fabrication avancés dans les domaines suivants : - systèmes industriels adaptatifs et intelligents, - usines numériques, virtuelles et économes en ressources, - entreprises collaboratives et mobiles, - fabrication centrée sur l’homme, - fabrication orientée clients. Pour chacun de ces domaines, des transformations sont nécessaires. • Chaque entreprise de production doit revisiter l’ensemble de l’organisation de son processus industriel, intégrer le développement des communications issues des objets connectés, le changement des organisations productives, commerciales, de l’organisation de sa supply chain, pour garder ou retrouver une position dynamique sur le marché. Il s’agit de s’inscrire dans la fabrication des produits de l'avenir pour répondre aux besoins en constante évolution de la société et offrant la possibilité d'ouvrir de nouveaux marchés ; la viabilité économique de la fabrication combine haute performance et qualité avec une productivité coût-efficacité, des usines reconfigurables, adaptatives et évolutives, capables de production à petite échelle d'une manière économiquement viable. • A l’inverse des mutations industrielles antérieures, l’industrie du futur engage le changement fondamental de la place de l’homme dans le process. En ce sens, la durabilité sociale de la fabrication doit intégrer les compétences humaines en même temps que la technologie, et centrer l’organisation sur l’homme.
  • 48. CESER  aquitainE 46 • La durabilité de l'environnement de la fabrication commande de réduire la consommation des ressources et la production de déchets. • L’imprimante 3D constitue un outil industriel majeur pour ces prochaines années, une des technologies les plus disruptives. Elle : - impacte déjà de nombreux secteurs, - concurrence directement les chaînes de montage de production en série qui n’ont pas l’agilité requise pour traiter des petites séries ou de nombreuses variantes d’un même article, conséquence d’une évolution liée à la digitalisation de la demande. - incite à se réapproprier l’innovation des produits par leur singularité, leur créativité et leur originalité, - permet de rapprocher des productions, de les relocaliser au plus près, - suscite la réinternalisation de fonctions sous-traitées auprès des PME, ce qui va impacter le tissu industriel régional, - amène à s’interroger sur les logiciels/programmes ouverts disponibles pour ces produc- tions (objets téléchargeables…), sur les résines et matériaux réels constituant des produits, sur les lasers… • Quelques petites imprimantes 3D sont déjà à la portée du grand public et accessibles dans des tiers-lieux, mais les imprimantes de prototypage rapide de type industriel sont encore peu nombreuses en Aquitaine. • L’interopérabilité et les objets connectés. La communication intra-objet donne la possibilité à tout objet d’échanger des informations avec d’autres et donc de consolider les informa- tions et données à des fins d’analyse statistique et prédictive. La première vague d’objets connectés peut essentiellement dialoguer avec des objets issus d’un même constructeur au sein d’une interface commune. Il existe désormais des solutions permettant aux objets de communiquer entre eux à travers des technologies open source et la mise en place de proto- coles adaptés et des méthodes de transmission (wi-fi, 3G/4G, Zigbee etc.). Pour assurer leurs développements, les fournisseurs de solutions intègrent ces composantes ouvrant l’interopérabilité. La croissance du marché sera cependant conditionnée à la mise en place de mesures de sécurité drastiques à tous les niveaux de la chaîne et vers une ouverture plus grande aux autres fournisseurs. • Le système d’appui et de soutien financier doit lui aussi apporter des réponses adaptées à un accompagnement efficace des entreprises à travers la souplesse et la réactivité nécessaires. I PROPOSITIONS • Donner au numérique une valeur stratégique dans l’organisation de l’industrie. Associer l’ensemble des acteurs, les salariés et leurs organisations syndicales à la préparation des choix d’investissements et à l’anticipation des transitions. Pour que le virage numérique soit réussi, il faudrait que les dirigeants portent cette nouvelle approche, qu’il y ait au sein des organisations des acteurs clés, des responsables chargés du déploiement de cette digitalisation et que l’entreprise anticipe les besoins en compétences nouvelles. • Accompagner la révision globale de l’organisation de la production par des pré-diagnostics puis des diagnostics spécifiques : dossiers d’aides-diagnostic pour tous. Les deux premières séries de pré-diagnostics ne concernent que près de deux cents entreprises. Au vu de la rapidité de la mutation, le nombre d’entreprises amenées à penser leur organisation est insuffisant, et une accélération du processus doit être engagée. La volonté d’amener les entreprises sur une démarche de qualité doit donc s’accompagner d’un recours à d’autres prestataires. • Mettre en œuvre les propositions issues de la synthèse des diagnostics réalisés dans le cadre de la démarche Usine du Futur du CRA : du travail de diagnostic et d’accompagne- ment des entreprises sont ressorties des actions à court terme avec des programmes de formation du management intermédiaire, d’accompagnement ciblé (conseil), de soutien à l’investissement industriel immédiat : capacitaire, CDTs, efficacité…mais aussi, des actions à moyen terme de sensibilisation aux nouvelles technologies et aux axes novateurs : MES, internet des objets, impression 3D… • Définir un plan d’accompagnement des initiatives individuelles d’innovation avec l’appui des acteurs de l’innovation et du transfert technologique. • Poursuivre et amplifier le soutien à l’investissement technologique des entreprises en matière de robotique, ERP (système informatisé de coordination des activités d’appro- visionnement, de production, de marketing/vente et de gestion des ressources humaines), MES pour favoriser l’équipement des entreprises.
  • 49. CESER  aquitainE 47 • Y associer systématiquement la formation des collaborateurs y compris ceux travaillant en amont et aval de ces équipements. • Aider au développement de deux filières, l’une liée à l’impression 3D et l’autre pour les objets connectés. Pour une filière imprimante 3D, il s’agit de valoriser les compétences existantes en matière de matériaux, procédés (réunies autour de CompositAdour-Estia, de Canoë, des céramiques en Limousin…) et d’élargir les compétences sur les puissances lasers, en articulation avec les dynamiques poussées par les grandes entreprises sur les terri- toires. Ces nouveaux outils industriels sont basés sur des technologies et des produits qui vont se diversifier mais pour lesquels les positions acquises par leur maîtrise constituent un avantage de structuration important. Il est essentiel de concrétiser rapidement les projets préparés par les centres technologiques pour répondre aux besoins des industriels et de développer les formations correspondantes. • Accentuer le développement des outils partagés dans les process de production, en plate- formes collaboratives ou par partage entre entreprises des outils numériques lourds tels que les imprimantes 3D (donneurs d’ordre, plateformes, sous-traitants). • Accélérer la diffusion de la robotique dans les industries régionales par des accompagne- ments incitatifs mais aussi par un plan de mobilisation des acteurs de l’appui. • Disposer d’une veille sur les produits/programmes ouverts. Dans cette mutation, le rôle de la veille devient prioritaire pour accompagner les acteurs dans leur choix d’orientation et de stratégie. • Anticiper sur les organisations, établir des appuis à l’organisation, préparer la participation à l’amélioration des process par les collaborateurs. • Développer le crowdsourcing interne pour l’innovation, le développement de réseaux internes de collaboration, préparer les innovations amenées par la cobotique avec leurs implications humaines et sociales. • Inciter la BPI à accentuer sa participation par des outils financiers adaptés à l’accompa- gnement des investissements matériels et immatériels des entreprises. II-2 Faire de la révolution numérique une source de progrès dans le monde du travail : par quelles voies et par quels moyens ? II-2.1 Acculturer-adapter la formation et les évolutions managériales, préparer et accompagner la transformation des métiers, faire monter les compétences et qualifications L’accélération des temps induite par le numérique influe sur le rythme des décisions qui guident le changement des organisations. Cependant la persistance des systèmes actuels et les orientations amenées par le numérique imposent de regarder avec lucidité les situations présentes et les perspectives, tout en tenant compte des contradictions qu’il faudra dépasser. Il s’agit ici de développer une véritable culture numérique au sein de l’entreprise à tous les échelons et au sein de la société. L’agilité et la mobilité doivent être présentes à tous les niveaux, en particulier des décideurs et des managers. L’éducation numérique doit être renfor- cée par la formation initiale et continue professionnelle. Elle doit être complétée par une politique adaptée de requalification et de reconversion permanentes. Pour éviter les dérives possibles de cette dynamique de mobilité, il faut prévoir un cadre juridique et légal incitatif et protecteur, assurant la sécurité des personnes et des données. Enfin les mesures doivent être prises pour favoriser les réseaux et les transversalités dans le monde économique. II-2.1.1 Transformations numériques et évolutions de la fonction managériale Enjeux La réussite du changement dépend de la participation de l’ensemble des acteurs dirigeants et salariés de l’entreprise. Le pilotage du changement relève de la responsabilité du chef d’entreprise et de ses adjoints. Le chef d’entreprise a un rôle clé pour la compréhension des enjeux des évolutions à conduire ; sa culture, sa formation et son accompagnement sont fondamentaux pour la définition des organisations à adopter.
  • 50. CESER  aquitainE 48 Les transformations en cours ont déjà bouleversé le rapport au travail et les formes d’organi- sations. Le rôle et la place des cadres et managers sont déterminants. A un moment où management par objectifs, benchmarking, évaluation quantitative, évaluation individualisée, lean management… tendent à cadrer et normer l’activité quotidienne des salariés, le numé- rique nécessite une conception du management qui intègre autonomie, expression et créativité de chacun ainsi que la mise en place d’organisations du travail favorisant la coopé- ration, le partage, l’évaluation collective. La révolution numérique impose désormais une évolution de la fonction managériale qui doit répondre aux nouvelles transformations en maintenant une certaine perméabilité entre les différentes formes de management et se subs- tituant à un management strictement vertical : management de proximité, management participatif et management des travailleurs à distance. Management de proximité • Le management est devenu le point focal de plusieurs processus cruciaux : - capacité individuelle à faire adhérer à la stratégie, piloter son équipe, soutenir le collectif, être attentif au développement de ses collaborateurs, conduire le changement ; - orientation « résultats », business modèle, vision stratégique. • Les managers ont dû évoluer déjà avec le management par projet. Ils relaient la demande croissante de reporting. Ils doivent gérer des prestataires de services, en plus de leurs propres équipes, et également des collectifs temporaires amenés à se dissoudre à moyen terme (équipe projet). • Le manager de proximité doit résoudre la contradiction inhérente entre autonomie et contrôle. Entre : - la demande croissante d’autonomie, de liberté correspondant aux valeurs pionnières du numérique (autonomie, liberté, fin du travail en silo et des hiérarchies, horizontalité, évaluation par les pairs, « empowerment » du salarié), ainsi qu’à la culture des jeunes générations, - et l’exigence, par sa hiérarchie, de contrôle et de reporting des activités des membres de son équipe. • Le fonctionnement parfois résolument collaboratif, comme dans les entreprises « digital natives », requiert un savoir-faire délicat pour lequel le manager de proximité n’est pas toujours préparé. • Le nombre de salariés ou managers en travail à distance est en progression. • Le manager doit gérer une diversité accrue de ressources internes et externes, avec : - un nombre croissant de sous-traitants, qui induisent des fonctionnements particuliers pour les projets en collaboration avec les startups innovantes. Toutefois, il faut se prémunir contre toute opération de fausse sous-traitance, qui maintient un lien de subordination vis-à-vis de l’entreprise donneur d’ordre, - des logiques d’innovation ouverte qui tendent à se diffuser dans les secteurs autres que le numérique, et suscitant des tensions vives et croissantes avec les composantes de l’entreprise traditionnelle, enfermée dans des logiques de confidentialité. Management plus collaboratif Les modes de management sont divers et leur cohabitation complexe. Dans les coordinations hiérarchiques, le manager fixe les objectifs et évalue ensuite les résultats grâce à son expertise technique. Dans la coordination par projet, il alloue les ressources pour le projet dont l’évaluation est réalisée par un comité d’experts extérieurs. Dans la coordination en réseau, le manager peut difficilement définir une activité ou un projet, mais on s’oriente vers des modes relationnels plus directs impliquant collaboration, autonomie et coaching. La formation numérique du manager doit le préparer aux évolutions de son rôle : - développer sa capacité à animer des communautés, à maîtriser les réseaux sociaux dans l’animation d’une équipe (digital leadership). Hier le leadership était notamment fondé sur la détention de l’information : aujourd’hui c’est sur la capacité à exploiter l’information et faire naître un consensus sur les motivations et les finalités, - prendre en compte la vitesse des échanges dans le management, - cadrer l’autonomie, - renforcer le rôle de manager dans l’accompagnement des transformations, - trouver un bon équilibre entre management hiérarchique, vertical, et management transversal, horizontal et le coaching éventuel.
  • 51. CESER  aquitainE 49 Management des travailleurs à distance Ce management est encore plus complexe car les salariés sont dans des situations de travail et de distance très variées : lieu de travail, temps passé, équipement, contenu de l’activité, type d’interaction… Le manager doit : - maintenir un bon équilibre, de présence/distance avec les salariés éloignés, - être attentif à l’équilibre de la charge et de la durée de travail de ces salariés, renforcer les efforts pour maintenir la communication et la cohésion au sein d’une équipe mixte ou composite. I PROPOSITIONS • Accompagner le chef d’entreprise et organiser à l’échelle régionale des stages et cycles de formation, à l’image de ce qui est réalisé à Paris en partenariat par le CIGREF et le CNAM par exemple, ou aux côtés des formations déjà existantes à destination des patrons de TPE et PME par les organismes proches du terrain. • Soutenir le management de proximité, pour être efficace, par la direction générale qui définit la ligne stratégique de l’entreprise et alloue les moyens aux différentes directions. Elle va contribuer à la définition d’une culture d’entreprise tournée vers le numérique. • Inciter les expériences et formes de management alternatif qui permettent aux acteurs de l’entreprise, autonomie et initiatives. • Favoriser la formation transversale et multidisciplinaire nécessaire aux entreprises pour aborder le numérique, notamment dans le cadre de projets comme celui de l’institut de la transformation numérique des entreprises porté par l’Ecole Supérieure de Cognitique. • Adapter les programmes de la formation supérieure initiale pour intégrer ces enjeux (cf § suivant). • Intégrer dans l’offre du Plan Régional de Développement des Formations (PRDF) des formations adaptées aux principes et enjeux définis précédemment pour accompagner la mutation des entreprises, tout particulièrement des industries engagées dans des processus de transformation numérique. • Inciter et accompagner des actions des fédérations professionnelles pour sensibiliser les équipes de management aux modifications des organisations des entreprises, à l’acquisition de méthodes agiles (séminaires, formations…). • Favoriser et inciter les relations entre l’éco-système numérique et les fédérations profes- sionnelles. • Développer des études sur l’évolution des organisations. • Encourager une démarche collaborative en vue d’un lean management « intelligent » et responsable. • Permettre une liberté d’expression aux collectifs de travail, éviter la compétition exacerbée entre salariés ou groupes d’individus (reconnue comme source de souffrance au travail). II-2.1.2 Renforcer l’éducation numérique par la formation initiale et continue La formation initiale et continue est un enjeu majeur d'avenir. Elle doit permettre l'élévation des qualifications, améliorer la capacité des hommes à maîtriser leur destin, accompagner la transformation numérique et ses transitions. C’est non seulement un outil d'émancipation des individus, mais aussi un investissement productif d'avenir. Il est nécessaire d’accroître l’effort de formation à tous les niveaux dans l’entreprise, et à travers les politiques publiques. Enjeux Ils relèvent de trois constats : - Le niveau de formation à l’usage du numérique reste insuffisant. - Seuls 23 % des actifs concernés considèrent que la formation continue les a très bien préparés à l’utilisation des technologies informatiques pour leur travail. - Une transformation numérique rapide et agile est susceptible de créer de nombreux emplois nouveaux, d’où la nécessité d’une formation initiale et continue, récurrente et durable.
  • 52. CESER  aquitainE 50 I PROPOSITIONS Les propositions suivantes qui concernent tant la formation initiale que la formation continue, doivent être mises en œuvre par l’Etat, les collectivités territoriales, les établissements d’enseignement général et technique, les centres de formation d’apprentis, les entreprises, les organismes de formation continue pour répondre aux objectifs poursuivis. Tous les acteurs doivent réévaluer leur niveau d’investissement dans la formation. • Le numérique doit être intégré dans l’enseignement, du primaire à l’université. La culture numérique s’appuie sur trois piliers : la capacité à utiliser les outils numériques, la capacité à comprendre, de façon critique le contenu numérique, la capacité à pouvoir produire et exploiter des contenus grâce aux outils numériques. Pour faire face aux défis de demain, il faut intégrer l’enseignement de l’informatique et la culture numérique dans l’éducation, à tous les niveaux. L’individu doit devenir un acteur ou contributeur capable de décrypter les enjeux techniques, économiques et sociétaux, d’une société numérique, d’apprendre à produire, coproduire, et diffuser l’information, et ainsi de comprendre les fondamentaux du monde numérique et de participer au dialogue au sein de l’entreprise. • La formation professionnelle - L’installation de la culture du numérique au cœur de l’entreprise. Il s’agit de développer une véritable culture numérique du travail en réseau, de l’autonomie plus que du contrôle, de l’agilité du processus par-delà la simple maîtrise des outils et des usages ; - La formation aux nouvelles formes de travail plus transversales, plus coopératives dans le cadre d’une nouvelle entreprise agile ; - Le développement d’une culture managériale adaptée aux outils du numérique qui encourage l'expression des individus et les savoirs collaboratifs ; - L’éducation aux usages des outils numériques permettant d’articuler harmonieusement vie professionnelle et vie privée ; - La mise en place d’une structure permanente d’accompagnement numérique des salariés dans les entreprises ; - La création de dispositifs de requalification des salariés marginalisés par la transformation numérique. Si en Aquitaine, existent déjà un certain nombre d’appuis dans ces domaines, il reste à déve- lopper ceux pertinents pour la grande Région. Aussi bien pour les lycées techniques que les centres de formation d'apprentis que les organismes de formation continue, il s'agira notamment de : - assurer la formation des formateurs, - doter les organismes de formation de plateaux techniques disposant d’équipements numé- riques, d’objets connectés, de robots, de systèmes informatisés de gestion du processus de production…nécessaires pour assurer une formation de qualité, - donner aux jeunes une formation qualifiante, et au personnel en formation continue, un apprentissage des nouveaux métiers et des nouvelles compétences requises par le numérique, - réduire la fracture intergénérationnelle dans la maîtrise des outils numériques, - ouvrir et adapter le système de la formation professionnelle aux enjeux du numérique par les négociations au sein des organismes paritaires. Tout en préservant la qualité, il s’agit de donner de la transversalité aux formations, pour apporter des réponses adaptées aux TPE- PME. Pour porter cette démarche, des expérimentations pourraient être envisagées avec des organisations professionnelles impliquées dans l’animation numérique, afin de favoriser des approches transversales. II-2.2 Mise en place d’une politique ambitieuse d’anticipation, de requalification et de reconversion pour les personnes Enjeux L’objectif est le développement professionnel des salariés, le maintien ou la création d’emplois et le renforcement de la compétitivité des entreprises. Les personnes à faibles niveaux de qualification sont celles dont la reconversion demande le plus d’attention et d’accompagnement. Le numérique qui peut être pour elles un facteur de déstabilisation, peut aussi leur offrir des opportunités. Il faut éviter d’accroître la fracture numérique au sein de l’entreprise, notamment
  • 53. CESER  aquitainE 51 grâce à une formation adéquate liée à une anticipation des obsolescences de compétences et des nouveaux besoins dans l’entreprise. I PROPOSITIONS Pour cela, il faut une formation des formateurs adaptée aux spécificités de la culture numé- rique. • Développer des études sur l’évolution des métiers. Ces études devraient être élaborées dans le cadre des contrats d’objectifs avec les fédérations professionnelles pour identifier les attentes en termes de compétences et les formations à mettre en œuvre et intégrées dans le programme à réaliser par Aquitaine Cap métiers. • Systématiser et valoriser dans l’enseignement supérieur et la recherche, des formations à l’innovation ouverte et coopérative. • Les salariés, les dirigeants de l’économie numérique doivent adopter de nouvelles pratiques de coopération d’innovation ouverte, d’innovation distribuée, de valorisation des résultats sous des licences libres. Cela suppose que les formations qu’ils ont reçues les aient préparés à ces nouveaux modes de fonctionnement. Si d’un point de vue pédagogique, les formations initiales sont en cours d’évolution, il apparaît indispensable de développer et renforcer ces modes agiles y compris dans la recherche. Les appels à projets lancés par le Conseil régional proposent de s’inscrire dans ces approches transdisciplinaires en intégrant les usages aux projets technologiques. Il apparaît nécessaire de donner à ce critère une dimension priori- taire et de renforcer la prise en compte des impacts des technologies. De même, il sera important que les compétences en modélisation et en simulation pénètrent les pme qui devront utiliser de grandes quantités de données. II-2.3 La transformation numérique au service de la qualité de vie au travail Cette transformation doit s'accompagner de nouveaux droits et nouvelles garanties collectives au regard des transitions professionnelles, de l'évolution des métiers et des types d'emplois qu’elle induit. Il faut éviter qu'elle se traduise par de l'insécurité sociale, par une progression des inégalités. Les évolutions du temps de travail doivent être posées à l’aune des mutations technologiques en cours. Enjeux - La bonne articulation entre vie professionnelle et vie privée est une condition essentielle de réussite de la transformation numérique. Seul « le droit à la déconnexion » des outils de communication peut permettre de garantir le respect des périodes de repos, de protéger la vie personnelle, la vie familiale et la santé des salariés. - Avec l’accès à l’information partout et tout le temps, pour tous, le risque de surcharge cogni- tive et émotionnelle est réel, accompagné de fatigue et d’excitation. Les temps de la réflexion, de la décision et de l’action se mélangent. La multiplicité des activités simultanées se traduit par une hyperactivité comportant des risques psycho-sociaux avec des consé- quences sur la santé au travail, les risques d'épuisement, et à terme, une diminution de la qualité du travail. Savoir se déconnecter est aussi une compétence et un droit qui s’acquièrent. - Le travail à distance ou télétravail permet une amélioration de la qualité de vie, d’adopter des pratiques respectueuses de l’intégrité des personnes. Son développement est un enjeu pour la réussite de la transformation numérique. - Les nouvelles technologies offrent à l’employeur de nouveaux moyens de contrôle et de surveillance des salariés, avec les risques d’abus et de dérives. I PROPOSITIONS • Reconnaître le droit et le devoir de déconnexion dans le cadre des différents accords possibles (branches, entreprise…) ainsi que le prévoient déjà de nombreux accords d’entreprise . • Inciter la mise en place d’indicateurs QVT (Qualité de Vie au Travail) prescriptifs. • La mise en place d’une régulation collective au sein de l’entreprise est nécessaire, en asso- ciant systématiquement les utilisateurs, sur le contenu, la finalité et les règles d’utilisation des outils numériques et sur leur mise en œuvre dans les projets. Ainsi on renforce le collectif qui risque d’être ébranlé avec le travail à distance et la multiplication des intervenants occasionnels extérieurs.
  • 54. CESER  aquitainE 52 • Il faudra également développer des espaces de travail propices à la culture numérique. Celle-ci, marquée par le collaboratif, l’ouverture, la mobilité… passe par la reconfiguration des locaux de l’entreprise, en faveur de la convivialité et la modularité des espaces, et en encourageant des moments de vie et de partage collectifs, sans toutefois négliger les risques constatés de perte de repères liés aux postes de travail standardisés et impersonnels des espaces ouverts (open spaces). • Il faudra évaluer la charge de travail dans les entreprises de l’économie numérique, via le dialogue social qui devra compléter la notion de durée du travail. • Il sera nécessaire de prévenir, d’évaluer les risques professionnels spécifiques à l’usage du numérique, surtout dans le domaine psycho-social. La santé des salariés (temps de travail, charge de travail,…) relève de la responsabilité du chef d’entreprise, même si sa gestion au quotidien relève du manager de proximité. • La notion de performance individuelle (rendement ou productivité) doit être incluse dans une évaluation du collectif, au sein d’espace de discussion et à travers l’élaboration collec- tive d’objectifs. Les instances représentatives du personnel sont parties prenantes des critères de cette évaluation. • Le télétravail dans l’entreprise doit faire l’objet d’une réflexion préalable et concertée afin d’en évaluer l’impact, notamment en termes de qualité de vie, de santé, et d’organisation du travail du salarié, avant son instauration par voie d’accord collectif. Il doit reposer sur le volontariat. Quelques mesures à adopter à titre d’exemple : - Fixer des conditions du travail claires, - Fixer une période initiale d’adaptation, - Fixer les modalités avec : • quelques jours collectifs obligatoires de présence physique par semaine, • les formes de coordination et les outils d’interaction à distance. Une première phase de travail en présentiel, déléguer une certaine autonomie ou renoncer à une partie du contrôle, • les modes de contrôle du bon investissement du salarié : l’encadrement ne doit pas être vécu comme intrusif, contrôle déclaratif, reporting et feedback, contrôle des résultats. - Partager les informations entre membres de l’équipe pour que télétravailleurs et travailleurs sur site soient au même niveau d’information - Réaliser une évaluation régulière. • Multiplier les tiers lieux pour accueillir les nouvelles formes de travail : - Le rôle majeur des collectivités territoriales, rurales et urbaines, au plus près des domiciles des travailleurs, est l’aménagement du territoire pour retenir les travailleurs dans les bassins d’emploi. - Les tiers lieux ouverts permettent aux grandes entreprises de participer à travers « les filières solidaires ». • La reconnaissance des compétences et des qualifications numériques passe par la mise en place de dispositifs de validation des acquis et des expériences (VAE) et doit être intégrée dans la politique de rémunération de l’entreprise. II-3 Sécurité – régulations L’importance des changements en cours appelle des évolutions des réglementations-cadre à différents niveaux (européen et national), dans les domaines juridiques et fiscaux, s’agissant tout particulièrement du droit du travail, mais aussi des mesures de sécurisation concernant les entreprises, avec notamment des démarches et expérimentations régionales ou locales plus spécifiques. II-3.1 Aspects réglementaires juridiques et fiscaux en débat au niveau européen et national Le numérique devient le système nerveux pour la quasi-totalité des entreprises quels que soient leur taille et leurs secteurs d’activité, leurs configuration et développement. Les événe- ments qui peuvent agir sur le système numérique et sur la vie de l’entreprise sont les plus divers : agression d’ordre externe ou interne, tels que le piratage, la fraude, le non-respect des règles internes, l’ajout de nouvelles fonctionnalités, l’introduction de nouvelles techno- logies, ou encore l’impact de nouvelles réglementations.
  • 55. CESER  aquitainE 53 Les mesures de protection du système numérique sont plus efficaces quand les utilisations dans l’entreprise sont clarifiées et précises. Des relations sociales nouvelles sont à développer à tous les niveaux : face aux nouvelles formes de travail, avoir des statuts des travailleurs permettant de prendre en compte les chan- gements de formes de l’emploi ou du salariat. Le droit a évolué ces dernières années pour prendre en compte les nouvelles tendances tech- nologiques et pour encadrer les nouvelles pratiques au sein de l’entreprise. Des évolutions apparaissent encore nécessaires dans tous les domaines, et notamment pour prendre en consi- dération les enjeux tels que : - le développement de nouvelles pratiques dans l’entreprise induites par la transformation numérique qui bouleverse les conditions de travail en interne et les relations de l’entreprise avec les parties prenantes (clients, fournisseurs et autres partenaires), - l’évolution des formes de travail : une personne employée sur dix effectue son activité de manière indépendante. Cette proportion progresse avec l’impact de la transformation numé- rique. Selon le Boston Consulting Group, le nombre de « free-lance » a augmenté de 85 % en France, de 2004 à 2013. La porosité entre ces nouvelles formes de travail et l’activité salariée classique ne cesse de s’accroître : alternance de statuts ou parfois cumul. Selon une enquête de l’INSEE, parue en février 2015, un auto-entrepreneur (devenant en 2016 entre- prise micro-sociale) sur trois exerce également une activité salariée. Cette réalité appelle une analyse approfondie des motivations et des conditions d’exercice de telles formes d’activité. Selon qu’il s’agit d’un choix de vie, d’une politique d’entreprise visant à l’externalisation ou d’une nécessité due à la crise, les conclusions à en tirer seront fonda- mentalement différentes, - le travail autonome ou indépendant peut être un choix ou résulter d’une forme d’externa- lisation du travail par les entreprises. Dans ce cas, à la subordination par le contrat de travail relevant du droit social, se substitue une subordination financière relevant du droit commer- cial, la question de la valeur du travail restant entière, - la réalité des modes de travail des salariés connectés à distance et autonomes dans l’orga- nisation de leur travail quotidien afin de réduire les déséquilibres observés entre les travailleurs du numérique, notamment concernant les temps de repos. - les masses de données de plus en plus importantes (big data) dont disposent les entreprises tant sur leurs clients que sur leurs salariés et sur les candidats à l’embauche. L’utilisation de ces données peut apporter des progrès (relations personnalisées pour les salariés, amélioration des processus internes, valorisation financière) mais comporte des risques importants (contrôle intrusif, non-respect de la vie personnelle). Dans ce contexte, pour faire des TIC une source de progrès aussi bien pour le salarié que pour l’entreprise, les débats concernent la nécessité d’aborder de nouvelles protections collectives et individuelles aux niveaux européen et national portant sur : - la lutte contre l’espionnage industriel, - la protection des données, les mesures et directives organisant la libre circulation des données, la liberté des droits des individus, tout en préservant la sécurité pour les entreprises et les personnes (intérêts vitaux, données personnelles, effacement des traces sur internet, droit à l’oubli …), - l’homogénéisation et l’harmonisation des règles européennes en matière d’innovation, d’appui, de fiscalité notamment pour valoriser les aspects non technologiques, comme le préconise le rapport du Conseil national du numérique, par exemple, pour favoriser le statut des entreprises innovantes, leur accès aux marchés publics et le financement de projets, - la standardisation indispensable des éléments d’interopérabilité entre les équipements pour rendre plus accessibles les logiciels à toutes les tailles d’entreprises, - les encadrements du droit de connaissance et du droit d’utilisation des données par l’em- ployeur facilitant les régulations au sein de l’entreprise, en y associant les organisations syndicales, et confirmant en particulier le droit individuel des salariés à accéder aux données les concernant, - les mesures de régulation et de contrôle pour les plates-formes de type UBER qui brassent des moyens financiers considérables et font appel à des multitudes de « collaborateurs » sans statut et sans droit, mais également pour les utilisateurs de plates-formes de services, et précisant la nature de toutes les informations nécessaires à transmettre pour l’établisse- ment des droits fiscaux et sociaux,
  • 56. CESER  aquitainE 54 - des évaluations concrètes, notamment en termes de nature des emplois et de risques de suppressions, déterminantes pour préparer toute évolution d’ordre réglementaire. Le caractère transversal des sujets à aborder ne peut s’inscrire au plan national, que dans un engagement interministériel et un travail en profondeur avec les instances interprofessionnelles. C’est aussi à cette échelle que doit être mieux défini le statut du travailleur indépendant et celui de l’employé salarié, - la construction d’un cadre juridique répondant aux évolutions du numérique qui nécessitent de nouveaux droits garantissant la sécurisation des parcours professionnels des salariés, attachés à la personne et transférables d’une entreprise et d’un statut à l’autre, favorisant les transitions et les mobilités professionnelles17. Le rapport Mettling sur le numérique préconise des mesures en ce sens. II-3.2 Diffusion des bonnes pratiques et expérimentations en Aquitaine En région, outre les critères d’aides aux entreprises mises en place par le Conseil régional, les leviers d’animation dans ce domaine portent essentiellement sur des mesures incitatives répondant aux attentes des acteurs, comme : - Diffuser l’appui apporté par le CLUSIR Aquitaine, antenne sud-ouest du CLUSIF à travers les actions de sensibilisation-information et de formation proposées autour de la sécurité informatique ; - Faire de l’Aquitaine un territoire d’expérimentations et de préconisations en valorisant les comportements d’entreprises exemplaires, en accompagnant les initiatives des acteurs en matière de tiers lieux… ; - Favoriser une culture de la négociation entre les partenaires sociaux pour que les branches s’approprient les enjeux d’évolution des métiers et que les entreprises s’engagent dans des accords ; - Promouvoir des approches méthodologiques d’entreprise pour une prise en compte des domaines modifiés par le numérique tels que : • les délégations de pouvoirs, • les contrats avec les fournisseurs et prestataires, • la dématérialisation des documents et des échanges, • le droit des logiciels et des bases de données, • la protection du patrimoine informationnel, • les outils de travail collaboratifs, • le cloud computing, • la continuité des activités, • le développement durable et systèmes d’information… Les multiples problèmes qui se posent au quotidien dans l’usage du numérique impliquent de tenir compte de l’ensemble de ces facteurs et de prendre les mesures organisationnelles nécessaires à une véritable gouvernance de la transformation numérique. (17) A l’exemple des droits à la formation, transférables, attachés à la personne cf accord national interprofessionnel.
  • 57. CESER  aquitainE 55 Conclusion Il faut souligner le rôle du numérique dans l’organisation de l’espace à deux niveaux. Au sein de la région Aquitaine, le numérique doit compléter l’actuelle concentration urbaine par un désenclavement des territoires périphériques et ruraux. Par ailleurs, le numérique est égale- ment l’outil incontournable de l’ouverture de l’Aquitaine, d’abord aux deux régions voisines du Limousin et de Poitou-Charentes (dans le cadre de la future grande région) et vers l’espace national, l’Europe et le monde. • La concentration des entreprises numérisées, dans les agglomérations urbaines, et en parti- culier dans l’agglomération bordelaise, est un fait d’évidence. Ce phénomène historique est également porteur d’une dynamique d’avenir. De vastes espaces ruraux, forestiers, montagneux, sous-peuplés et à faible dynamisme économique sont à l’heure actuelle en marge de cette transformation numérique. Les risques de fractures territoriales renforcées par la fracture numérique sont grands. Le meilleur moyen de réduire ces fractures sociales et économiques est de développer des réseaux adaptés aux besoins des divers territoires. Les réponses techniques peuvent être variées : le très haut débit est nécessaire pour des activités brassant des masses considérables de données concernant les activités commerciales, cartographiques ou technologiques. Des infrastructures plus légères et plus souples pourraient suffire à des besoins plus modestes et à des communications entre objets connectés. Il s’agit donc d’améliorer l’efficience des réseaux existants, tant urbains que ruraux, d’étendre ces réseaux à l’ensemble du territoire, de manière modulée et adaptée aux besoins et aux écosystèmes locaux. Il faudra également donner les moyens aux populations locales d’accéder à ces réseaux numériques. L’accessibilité physique et économique à ceux-ci est une condition essentielle de la solidarité territoriale au sein de la région, et du bon exercice de la citoyenneté moderne. Les expériences tentées par La Poste dans les territoires ruraux en voie de désertification, et la multiplication des tiers lieux (70 en Aquitaine), qui ne devraient pas se limiter aux zones urbaines, constituent des initiatives à suivre avec attention. L’importance d’obtenir une couverture du territoire en très haut débit fait l’objet d’une mobi- lisation de l’Aquitaine qui commence à se concrétiser en termes de réalisations. A l’échelle de la grande région, les orientations définies ensemble par les trois Conseils régionaux pour les actions à conduire et le rapprochement des structures opérationnelles constituent une première étape. Il restera à faire évoluer les enveloppes initialement prévues pour éviter que les fractures territoriales ne s’accroissent sur ce territoire élargi. Par ailleurs, l’intérêt de zones blanches en termes de couverture numérique, mériterait qu’une réflexion soit conduite à l’échelle de la grande région et ne peut relever que de choix stratégiques de territoires, ces zones devant être voulues localement et décidées après concertation. • La révolution numérique se doit de renforcer aussi les liens entre le local et le global, dans le cadre de la mondialisation qui ne cesse de progresser. Tout d’abord, l’élargissement de la Région nécessite un développement des réseaux et de dynamique du numérique pour devenir un atout de son développement futur, avec le même souci de solidarité et d’efficience. Il s’agit là, en préalable, de disposer des infrastructures mais également d’encourager les acteurs locaux pour favoriser la création de startups. Celles-ci ont vocation à rayonner à l’échelle nationale et mondiale. De même, des plates- formes valorisant les productions régionales doivent être créées et soutenues : ainsi l’agriculture et l’agroalimentaire, le tourisme et le patrimoine, l’aéronautique et le spatial… peuvent rayonner à l’échelle mondiale, en mobilisant grandes entreprises et PME, en articulant sites et plates-formes numériques. En conclusion, la révolution numérique, comme le montre ce rapport, appliquée aux activités humaines et économiques du monde du 21e siècle, et plus particulièrement dans la région Aquitaine, entraîne la société et l’économie dans une phase de mutations et de turbulences, de restructuration et de recomposition, d’espoirs et de déceptions, de destructions et de créa- tions d’emplois. Nul ne sait la durée de cette phase de recomposition ; elle est certainement variable selon les pays et les régions. Les hommes, les sociétés, les économies en sortiront probablement modifiés.
  • 58. CESER  aquitainE 56 Le rôle des citoyens, des acteurs économiques et sociaux, des pouvoirs publics, des politiques responsables est de comprendre, d’expliquer, de réguler, de veiller au respect des valeurs essentielles de l’humanisme, de la démocratie sociale et du bien-vivre. La Commission Développement économique et programmations tient à insister sur quelques propositions fortes abordées dans le rapport. Au plan général : - favoriser la construction de droits collectifs et individuels visant à la sécurisation des parcours professionnels, - faire de la qualité de vie au travail un des objectifs essentiels des transformations numériques au travers de la régulation négociée des usages. Pour l’Aquitaine, à travers : - un Forum : lieu d’échanges, de partage, d’anticipation, de veille, de renforcement et d’élar- gissement de la démocratie sociale, - un Fonds dédié à la transformation numérique des entreprises, plus particulièrement des PME-TPE. La transformation numérique, inéluctable, reste un atout dont il faut maîtriser et réguler les retombées sociales, économiques et humaines. Les collectivités territoriales ont leur rôle à jouer dans cette phase cruciale.
  • 59. CESER  aquitainE 57 Annexes 1. Le numérique dans les activités : approche par fonction, par secteur, et présentation de l’écosystème 2. Auditions, contributions et rencontres 3. Liste des sigles 4. Glossaire 5. Bibliographies et sites 6. Composition de la commission
  • 60. CESER  aquitainE 58 1. Le numérique dans les activités : par fonction, par secteur, et présentation de l’écosystème 1.2.1.1 Approche par fonction LES FONCTIONS SUPPORT • Les fonctions commerciales sont une des entrées les plus fréquentes pour la pénétration du numérique dans une entreprise. Elles se décomposent en : - Relations avec la clientèle : celles-ci ont évolué puisque les e-mails sont de plus en plus nombreux, se substituant notamment aux fax, et l’échange de données informatiques (EDI) est de plus en plus pratiqué (plans, cahiers des charges, spécifications techniques et qualité, normes, …). Cependant, le papier est conservé pour plusieurs raisons : constituer les dossiers clients, archivage, contrôles des impôts, dimension symbolique du papier (importance plus grande du document que sa version numérique). Les principaux points à retenir dans cette relation avec la clientèle concernent : • La différence entre les entreprises en « B to C » et en « B to B » : les particuliers ont moins besoin des factures que les entreprises, donc celles qui travaillent entre entreprises dématérialisent moins que celles qui travaillent avec les particuliers ; • L’effet déterminant des grandes entreprises qui ont dématérialisé leurs documents et exigent aujourd’hui que leurs fournisseurs en fassent autant, sous peine de pénalités. Or, le système pour mettre en place des factures numériques est encore souvent trop onéreux, les entreprises préfèrent donc payer cette majoration et envoyer des factures papier ; • La persistance, selon le produit vendu et le secteur, du contact par téléphone ou en face- à-face avec le client, notamment pour les objets sur mesure, les services, les objets artistiques ; • La mise en place de hotlines pour le service après-vente, avec une assistance au client et du dépannage à distance en temps réel. - Relations avec les fournisseurs : moins numérisée qu’avec les clients, la situation apparaît similaire à celle rencontrée au niveau national (comme en témoignent différents rapports). Cependant, la part des mails échangés pour commander augmente : le fax et le courrier sont abandonnés au profit des e-mails qui permettent également de garder une trace écrite de la commande nécessaire pour la comptabilité. Mais les factures sont imprimées. Pour la recherche de nouveaux fournisseurs, internet est encore peu utilisé ; les chefs d’entre- prise préfèrent les salons, les foires ou leur réseau, ce qui montre l’importance du contact personnel dans les relations de commerce entre professionnels. Le peu de présence des entreprises « B to B » sur internet appuie cette analyse malgré la dématérialisation souvent imposée par les donneurs d’ordre. - Les services commerciaux : le numérique facilite la mobilité des commerciaux avec les outils disponibles (un matériel adapté à la mobilité et connectable aux données de l’entreprise, une géolocalisation permettant le suivi). - E-commerce : les techniques de prospection telles que le mailing numérique se développe. Les sites de e-commerce (livraison ou drive) permettent d’élargir la clientèle à moindres frais pour les entreprises disposant de sites physiques. En effet, c’est une passerelle pratique pour le client qui achète sans se déplacer, ou en gagnant du temps par drive ; c’est d’autant plus pratique lorsqu’il y a peu de boutiques sur un territoire. Les sites de e-commerce permettent également de minimiser les stocks et de rentabiliser les chutes (=restes). Enfin, l’ouverture sur l’international est facilitée par la présence sur internet car les sites internet peuvent être en plusieurs langues, touchant une clientèle plus large. De plus, internet permet une communication internationale à moindre coût (e-mails ou visioconférences). - Communication : les sites internet constituent une première vitrine de l’entreprise pour celles travaillant en « B to C ». Deux formes de présence sur internet sont possibles pour la communication : un site classique/blog, et/ou une page sur un ou des réseaux sociaux. • Ressources humaines : dans ce domaine ce sont essentiellement la formation et l’informa- tion des salariés qui sont concernées. La plupart des formations aux logiciels utilisés par l’entreprise (ERP) se font en interne de manière informelle. Cela a pour conséquence des formations plutôt incomplètes, où seulement une partie du logiciel est connue. Les forma- tions proposées en informatique dépendent des organisations professionnelles dont le niveau d’offre est variable, selon la taille de l’entreprise (plans de formation beaucoup moins fréquents dans le PME-TPE) et le secteur d’activité. L’appel au numérique reste très limité pour les autres formations de même que pour la communication interne de l’entreprise.
  • 61. CESER  aquitainE 59 Toutefois l’utilisation du numérique est beaucoup plus importante dans les PME et ETI de grande taille et opérant à l’international. Alors que les rapports nationaux révèlent une fracture générationnelle conséquente quant à l’aisance des chefs d’entreprise face au numé- rique, cet effet de génération est compensé par la motivation /personnalité, approche confirmée au cours de l’enquête. • Sécurité et systèmes : la sécurité est une préoccupation importante des chefs d’entreprises, et l’espionnage industriel concerne surtout les sociétés présentes à l’international. Le pira- tage des données existe et engendre une crainte : c’est la principale raison pour laquelle les chefs d’entreprises ne veulent pas stocker leurs données sur des clouds et préfèrent les serveurs. Mais alors que les piratages sont plus fréquents via des e-mails frauduleux que directement sur les serveurs, les mesures de sensibilisation vis-à-vis de ces e-mails ne sont pas courantes. De plus, le changement des mots de passe de manière régulière n’est appli- qué que dans peu d’entreprises, celles qui sont les plus à la pointe au niveau informatique. En revanche, en-dehors des vols de données, le fait de réaliser de manière régulière des sauvegardes est un réflexe connu et acquis. • Gestion : les ERP (« enterprise resource planning » ou PGI en français « progiciel de gestion intégré ») sont utilisés dans une grande majorité des entreprises, mais ce sont les plus petites qui n’en ont pas, faute de moyens ou de nécessité. Les nouvelles solutions gratuites permises par les logiciels libres pourraient pallier ce manque dans les TPE, et permettre aussi aux PME d’évoluer vers des outils perfectionnés de gestion, sans pour autant avoir à réaliser des investissements lourds. Il faut cependant remarquer que la mise en place d’ERP entraîne, par le mode d’affectation des charges retenu, une rigidification de l’organisation interne de l’entreprise, appelant des outils d'évaluation et d'amélioration continue. • Fonctionnement de l’entreprise : le fonctionnement de l’entreprise n’a pas radicalement changé depuis une quinzaine d’années malgré l’évolution des outils numériques. Le nouveau modèle de management horizontal permis par le numérique n’est, d’une manière générale que très rarement appliqué dans les PME. Si les chefs d’entreprise, recon- naissent tous que le numérique permet un gain de temps et une meilleure visibilité sur l’entreprise, ils ne mettent pas toujours en place les outils efficaces et appropriés par manque d’information. Le plus souvent, ils ne connaissent pas les procédés et la technique en lien avec le numérique même si celui-ci est présent dans certains de leurs services, de la comptabilité à la production. Les entreprises qui sont les mieux équipées numériquement présentent certaines conditions/ caractéristiques. Ce sont : - des entreprises récemment créées dotées d’équipements neufs, - des entreprises en restructuration complète, devant évoluer ou pour lesquelles une réflexion stratégique a été engagée, - des entreprises suffisamment grandes pour affecter au moins une personne au suivi des outils numériques et informatiques, ce qui permet une réflexion constante et un suivi des outils disponibles, - des entreprises qui créent des objets dont la fabrication nécessite des outils ou un métier du numérique, - des entreprises pour lesquelles, les donneurs d’ordres ou les clients exigent l’échange de données par informatique ou le co-ingeniering dans les relations avec leurs fournisseurs. LES FONCTIONS DE PRODUCTION • Chaîne numérique complète : de la conception à la fabrication - Concevoir et dimensionner les pièces en prenant en compte les contraintes de fabrication, - Garder une traçabilité numérique de tout le processus d’élaboration, - Faciliter la gestion de configuration et la gestion des modifications, - Réduire les plans d’expérience dans les phases de développement de nouveaux produits (réduction des délais et coûts de développement), - Faciliter la mise à disposition des données de production en atelier. • Automatisation des procédés - Besoins de procédés capables de grandes cadences, - Gain de productivité, - Garantir la répétabilité et la stabilité des procédés de fabrication.
  • 62. CESER  aquitainE 60 • Utilisation de robots industriels pour l’automatisation des processus - Moyens flexibles capables de plusieurs processus, dimensions et géométries de pièces, - Moyens fiables, utilisés depuis plus de 25 ans dans l’industrie automobile, - Moyen "facile" à intégrer et à maintenir en opération, - Pas de génie civil particulier, - Coût d’investissement faible, - Répétabilité, - Précision pour les tâches « en effort ». C’est l’ensemble des fonctions et des métiers qui est concerné par les changements apportés par le numérique : la conception des produits, la numérisation du processus en totalité notam- ment à partir de la conception assistée par ordinateur (CAO) en trois dimensions, la modélisation du produit dans son environnement, pour son utilisation… Les systèmes de plus en plus complexes deviennent accessibles. L’enrichissement des modèles mathématiques, l’utilisation des données conduisent à une généralisation du numérique à toutes les phases : FAO, plans, robotique, qualité. C’est aussi le co-engineering, la configuration autour du produit, l’évolution du produit dans sa vie qui sont modifiées, de même que la supervision de la production. La supply chain est tout aussi impactée sur l’ensemble de ses maillons (des approvisionnements-fournisseurs aux livraisons-clients en passant par les stockages), le numé- rique ayant déjà largement investi l’ensemble de ces fonctions. La veille technologique prend une dimension de plus en plus stratégique. 1.2.1.2 Approche par secteur A partir de l’enquête qualitative, une première approche des spécificités sectorielles incita- trices ou bloquantes a été possible ; elle est complétée par les auditions conduites au cours de cette réflexion. L’ensemble de ces approches est focalisé sur les PME et TPE. Seront ainsi abordés le secteur agricole, l’agroalimentaire, les industries du bois, le bâtiment et les travaux publics, le commerce de détail, le secteur métallurgique lié à l’aéronautique. Par forme d’activité un point sera fait sur l’artisanat. LE SECTEUR AGRICOLE Dans ce secteur, les différentes filières rentrent de manière progressive dans l’ère du numé- rique : les TIC sont présentes dans les exploitations agricoles depuis les années 80 à travers les logiciels de gestion comptable et technique, l’accès aux prévisions météo, la gestion clima- tique et l’irrigation sous serres, la régulation de la température de cuves de vinification, la distribution automatique de concentrés (DAC)…L’agriculture considère qu’elle est face à un changement de paradigme passant de l’agriculture traditionnelle qui correspond à un pilotage approximatif, appuyé sur les méthodes du bilan (engrais, irrigation,…) dont les résultats ne correspondent pas aux attentes, à une agriculture mesurée, permettant un pilotage de préci- sion. C’est maintenant sur le triptyque mesure/décision/action intégrant la variabilité spatio-temporelle, les contrôles du climat, de la ferti-irrigation, de performances qui s’appli- quent aux différentes filières (horticulture, élevage, agriculture, arboriculture, viticulture,…) qu’est conduit le pilotage de l’agriculture. Ce changement permis par les TIC induit des évolutions structurelles (place du conseil, rôle des acteurs, formation, recherche,…) et de nouveaux besoins : - Mesures f capteurs (climat, sol, plantes, machines,…), géolocalisation des mesures (GNSS),…Proxidétection/télédétection/réseaux de capteurs,… - Analyse/Décision f stockage, présentation, analyse et partage des données géolocalisées : SIG, modélisation, OAD et internet,… - Actions/modulation f électronique embarquée (ISOBUS), géolocalisation des actions (GNSS)… Robotique. - Traçabilité et retour d’expérience f bases et entrepôts de données, datamining et internet. Face à cette demande, de nombreuses innovations sont introduites dans le machinisme qui améliore ainsi la conception des matériels, la précision, la sécurité et les fonctions numériques GPS, informatique embarquée, internet et informatique nomade. Alors que le machinisme agricole était orienté vers le gigantisme des équipements, la robotique constitue une alternative avec l’apparition de petits robots très mobiles et autonomes. Les domaines de présence et d’expansion de la robotisation sont le semis, le désherbage, la cueillette - récolte, le tri / calibrage, la traite, la conduite de troupeaux et la nourriture des animaux, le déplacement des clôtures, le collecteur de limaces et le robot d’observation (sol ou drones).
  • 63. CESER  aquitainE 61 L’accompagnement très important des agriculteurs par la profession - chambres d’agriculture et centres techniques en premier lieu - et l’organisation en coopératives permettent à ce secteur de réagir et d’évoluer rapidement. Cependant pour cela un certain nombre de condi- tions doivent être réunies, notamment la capacité à investir. Les innovations clés (proches ou en cours d’assimilation) qui apportent des solutions sont : - la multiplication des capteurs communicants, - la généralisation de la cartographie des données, - les solutions de plus en plus « mobiles », - l’accentuation des échanges de données, - l’informatisation des différentes machines et outils. Les principaux leviers évoqués par les professionnels pour favoriser le développement du numérique dans l’agriculture sont : - pour l’exploitant : le confort de travail (gain et redéploiement de temps, intervention facilitée, sécurité dans les travaux agricoles…), les économies financières (gain de temps, diminution des intrants, de l’énergie), le raisonnement et la traçabilité, - l’évolution des acteurs agricoles : par exemple les coopératives, entreprises de travaux agricoles et CUMA qui envisagent le « service » comme un élément clé de leur activité, - le besoin de renouvellement des agriculteurs et la nécessité de faciliter ce renouvellement, - les possibilités de redéployer des technologies d’autres secteurs, et proposer des solutions à des coûts adaptés, - la réglementation et l’attente des consommateurs en termes de pratiques et de traçabilité, - les évolutions de la PAC (verdissement), de la valeur des matières premières…, - les outils d’aide à la décision : des outils de diagnostic et d’évaluation du risque avec une approche climat, plante, bio-agresseur…, ou encore santé des animaux et performance, - des outils d’aide au raisonnement : grilles de risques intégrant des règles de décision avec non seulement des modèles d’évaluation et de prévision du risque, mais aussi les variables agronomiques ou zootechniques, et parfois une approche économique. Les agriculteurs souhaitent disposer d’une information regroupée et synthétisée, adaptée au contexte et à la stratégie de conduite de l’exploitation mais leur laissant le pouvoir de décision finale. Les freins potentiels perçus sont les problèmes techniques comme une perte de signal ou les zones blanches, le coût et l’amortissement financier, le risque de ne plus être maître de la décision, les limites technologiques (harmonisation et standardisation des équipements), une meilleure facilité de communication entre les instruments, des coûts d’équipement élevés. Si selon les régions et les orientations de production, les niveaux de maturité apparaissent différents, il semble évident que le numérique va impacter fortement l’activité agricole. Il permettra en outre à chaque producteur d’être directement ou indirectement son propre acteur pour la vente de ses productions tant sur un marché de proximité élargi que sur un marché international très volatile qui demande une stratégie et une réactivité importantes. L’AGRO-ALIMENTAIRE En raison de la réglementation concernant les normes sanitaires européennes et l’étiquetage, les entreprises sont obligées de s’équiper en logiciels et en machines permettant d’assurer
  • 64. CESER  aquitainE 62 la traçabilité des produits. Les machines informatisées dans la partie production deviennent de plus en plus fréquentes, même si elles ne sont pas exploitées dans toutes leurs capacités : le relevé de données n’est pas toujours possible ou effectué. La grande distribution pousse ses fournisseurs à intégrer le numérique à travers la passation des commandes par EDI et par les factures numériques. Elle dématérialise de plus en plus, et contraint les entreprises à rentrer dans ce processus sous contrainte de pénalités. Mais les logiciels pour assurer cette dématérialisation des documents sont onéreux (signature numé- rique, etc.). Ce sont donc les petites et moyennes entreprises qui sont les plus touchées, car elles ne peuvent pas toutes s’équiper et doivent acquitter les pénalités. Le e-commerce est une ressource connue et reconnue dans ce secteur, pour les entreprises qui vendent aux particuliers, que ce soit sous forme de livraisons pour les conserves ou de drive pour les produits de la chaîne du froid. Les adhérents de l’ARDIA bénéficient des appuis de leur organisation ; ainsi les informations sur les équipements numériques leur sont plus facilement accessibles. Les coopérateurs quant à eux disposent aussi des appuis de leurs structures. Il existe toujours des entreprises, surtout fournisseurs de matières premières, qui ne sont pas du tout numérisées. Les entreprises artisanales de l’agroalimentaire ont une démarche beaucoup plus proche des formes de numérisation de l’artisanat que des grandes entreprises de leur secteur. LES INDUSTRIES DU BOIS C’est un secteur fermé où le réseau relationnel prend une place primordiale notamment au niveau de l’achat du bois (propriétaires forestiers). C’est le secteur où internet est le moins utilisé avec les clients et surtout les fournisseurs. Une minorité d’entreprises a des machines en production dont l’exploitation des données est possible et effectuée. L’apport des sites internet n’est pas toujours considéré comme un appui car ce secteur est surtout concerné par le commerce « B to B ». Les sites de e-commerce ne paraissent pas réalisables ou pertinents du fait du produit : encombrant à livrer et à transporter (ex : planches de bois) et des besoins de visuel pour le choix du bois. Il existe un manque d’information certain sur les possibilités de numériser la production et de rendre le travail humain moins pénible dans ce secteur. LE SECTEUR DU BÂTIMENT De la conception à la réalisation, la chaîne de valeur évolue : traditionnellement deux catégories d’acteurs interviennent dans la chaîne de valeur du secteur de la construction : - pour l’étude, la conception des projets implique les maîtres d’ouvrage, les promoteurs, les bureaux d’études et les architectes, les entreprises de construction (pour la phase de consultations), - pour la réalisation et l’exploitation sont concernés essentiellement les maîtres d’œuvre, les différents corps de métiers de la construction ainsi que les fournisseurs de matériaux et équipements, intervenant pendant la phase de réalisation et pour la maintenance. L’évolution de la chaîne de valeur avec le numérique et plus particulièrement le développement des maquettes numériques (BIM-Building Information Modeling), améliore la communication entre les différents intervenants ; par exemple, les acteurs de la maintenance sont de plus en plus associés à la phase de conception. L’amont doit prendre en compte de plus en plus l’évolution de la demande des clients, notamment pour avoir des logements connectés et intelligents, économes en fonctionnement. Inversement, les acteurs de la construction interviennent dès l’élaboration des maquettes numériques, ce qui permet de réduire leurs coûts et gagner en efficacité. La réglementation joue un rôle déterminant pour faciliter ces évolutions. La phase de conception devient essentielle : la réalisation de la maquette numérique qui permet un partage entre les différents acteurs sur un projet, la visualisation en trois dimensions mais aussi en quatre dimensions en incluant la durée de la construction, les implications financières, la gestion du cycle de vie du produit. Les relations entre tous ces acteurs et la nature de leurs interventions sont modifiées. Par exemple, entre architectes et bureaux d’études, les missions apparaissent moins différenciées. La structure du secteur composé de grandes entreprises, de PME et d’une multitude de TPE, conduit à une appropriation très hétérogène du numérique. Les deux entrées des entreprises
  • 65. CESER  aquitainE 63 les plus fréquemment constatées concernent d’une part la gestion et d’autre part la réponse aux contraintes imposées par les donneurs d’ordre. La majorité des entreprises de toute taille a intégré la gestion de l’activité (salaires, résultats…), la réalisation des devis en utilisant des logiciels simplifiés, notamment avec l’appui des orga- nisations professionnelles comme la Fédération Française du Bâtiment qui a mis en place un portail accessible à la carte. Les grandes entreprises ou ETI, donneurs d’ordre, ont développé une maquette numérique permettant de réaliser la gestion de projets opérationnels en articulant les différents corps mobilisés pour la construction. Ils appellent leurs sous-traitants à intégrer ce processus et réalisent leurs appels d’offres sous forme numérisée. Il en est de même de la part des collectivités et établissements publics qui sont entrés dans des processus de dématérialisation de leurs appels d’offres. Pour les PME et TPE, l’intégration de la maquette numérique est onéreuse et complexe, néces- sitant des compétences dont peu disposent. Les architectes et les bureaux d’études s’inscrivent dans ce processus de numérisation depuis peu mais ils en ont intégré les avantages, en particulier la facilité de communication. Certaines entreprises commencent à entrevoir les potentialités offertes par les nouvelles tech- nologies numériques et se les approprient avec des projets dans la domotique, dans la silver économie, pour les déchets, en géolocalisation, ou en relevés de toute nature. La géolocalisation des camions et matériels de chantier se développe y compris dans les pme, facilitant ainsi la gestion des parcs de ces entreprises. Aux côtés de la FFB Aquitaine, le pôle CREADH et le centre NOBATEK accompagnent ces projets et participent à la diffusion, l’information et la communication auprès des TPE PME. LES TRAVAUX PUBLICS (TP) Le numérique se généralise et conduit à une interopérabilité globale, de l’idée jusqu’à la destruction de l’objet, en passant par la conception, la réalisation, l’exploitation et la décons- truction ; la filière saisit les opportunités du numérique dans de multiples domaines : Commercial - gestion : Marchés : la réponse aux appels d’offres (dématérialisation) est de plus en plus courante pour les TP. La sécurisation du système, notamment la signature électronique, permet aux entreprises de l’utiliser en confiance. Gestion : la circulation des factures est également dématérialisée et les paiements effec- tués par la même voie (en principe, amélioration des délais de paiement et réduction des délais masqués). Comptabilité informatisée : les entreprises qui tiennent leur comptabilité au moyen de systèmes informatiques sont tenues (sous peine de pénalité) de présenter leurs données comptables sous forme dématérialisée (gestion des redevances d’exploitation). Demande de travaux (DT)/Déclaration d’intention de commencer les travaux (DICT) : les demandes de renseignements sur la localisation des réseaux existants (préalable aux travaux) sont dématérialisées. Numérisation des plans et gestion de ceux-ci (data des communes sous leur responsabi- lité) : elle facilite les réponses et raccourcit leurs délais. Conception des projets : sont déjà réalisables la conception des ouvrages (maquettes numériques - en développement pour les ouvrages d’art), la simulation en 3D de l’ou- vrage, son architecture et son intégration dans le paysage, l’aide au calcul des structures et à l’évaluation des quantités (évaluation des coûts). Réalisation des chantiers, organisation et gestion du chantier en continu : le responsable du chantier fait du reporting en direct sur tablette. La gestion est assurée en liaison avec le siège de l’entreprise. La capitalisation des données journalières et les tâches réalisables facilement avec l’appui du numérique : la comptabilisation des matériaux livrés sur chantier (puces RFID), la consommation des fournitures, la commande des approvision- nements, le suivi du personnel employé, le suivi des transports en temps réel (géo-localisation des camions et optimisation des parcours), la recherche de matériel en fonction des besoins du chantier en temps réel (base de données de l’entreprise et fournisseurs extérieurs), l’aide à la réalisation des chantiers (guidage des machines en 3 D - ex : matériels de terrassements, forages guidés, travaux sans tranchées, tunneliers…).
  • 66. CESER  aquitainE 64 Santé/sécurité : il est possible d’équiper le personnel soumis à des mesures d’exposition en continu (atmosphères confinées, poussières …). Réalisation et détection de réseaux enterrés à distance : les canalisations sont équipées d’un fil traceur avant enfouissement (connexion à des bornes en surface). Réalisation : l’enregistrement vidéo des phases de construction (ex nouveau stade de Bordeaux) permet la vérification de la conformité aux méthodes, les retours d’expé- rience… Tous les matériels deviennent « des objets communicants. Ouvrages exécutés : les étapes de l’exploitation, de la maintenance (surveillance, exper- tise préventive…) bénéficient aussi du numérique pour : le suivi des ouvrages en temps réel (les mouvements sont enregistrés en permanence et l’exploitant peut prendre des décisions adaptées). Le suivi se développe pour les consommations (gaz, électricité etc.) afin de connaître les zones énergétivores, les fuites des canalisations d’eau potable (plus de 30% de l’eau potable est perdue en raison de fuites sur le réseau), la gestion automa- tisée des trafics (comptage des véhicules, régulation, organisation de la sécurité, la route « intelligente » qui « communique » avec l’exploitant ou l’usager – état de la surface, présence de verglas, limitations de vitesse, zones à risque… –) est en développement. Création et développement de logiciels : éco-comparateurs (pour choisir les solutions techniques ayant le moins d’impact environnemental)… Les entreprises considèrent néanmoins que ces possibilités de développement numérique rencontrent des difficultés à être mises en œuvre en raison : - des problèmes de communication car les systèmes sont conçus par des opérateurs différents, - des réticences de la part des maîtres d’ouvrage à prendre en compte les coûts induits (recherche de l’ouvrage le moins cher). En outre, si les avancées sont adaptées aux grandes entreprises, les PME ne sont toujours pas insérées dans le processus numérique. Mais surtout, la maquette numérique constitue un saut technologique supplémentaire pour la construction, c’est une évolution très importante qui se heurte à la culture des entreprises du bâtiment, réfractaire aux innovations car elles ne sont que rarement couvertes par les assu- rances et garanties obligatoires pour toutes ces activités. LE COMMERCE DE DÉTAIL Bien que l’enquête ait prévu d’aborder l’insertion du numérique dans le commerce de détail, la faiblesse des réponses n’a pas permis d’avoir une approche significative actualisant les données régionales. L’AEC rappelait (sources : Observatoire des Usages Internet - Janvier- Mars 2012 - Médiamétrie et Diagnostic 2012 de l’Aquitaine numérique) : - qu’1 cyberacheteur sur 2 partage son acte d’achat, - que 85 % des « e-shoppeurs » se servent des réseaux sociaux pour communiquer et partager, - que 9 internautes sur 10 se disent influencés par les avis qu’ils lisent sur Internet et seulement 14 % font confiance à la publicité, - que 67 % des internautes dépensent plus sur internet suite à une recommandation, - enfin, que le partage et les avis génèrent en moyenne 3,2 visites supplémentaires sur les sites de e-commerce. Mais seules 12 % des PME aquitaines ont une présence sur les réseaux sociaux et 2 % d’entre elles pratiques du e-commerce. Il ne semble pas que des évolutions majeures aient été initiées par les petits commerçants pour réaliser de l’e-commerce même si leur présence à travers des sites a sensiblement augmenté. La sensibilisation réalisée par les chambres de commerce et les chambres de métiers a permis une première avancée qu’il faudra poursuivre. INDUSTRIES Au-delà des industries agroalimentaires et des industries du bois déjà évoquées, l’étude et les auditions se sont particulièrement attachées à la démarche d’usine du futur engagée par un certain nombre d’entreprises, relevant surtout de la métallurgie-aéronautique, sans que ce secteur soit exclusif.
  • 67. CESER  aquitainE 65 La présentation du cas remarquable de TURBOMECA permet de comprendre l’étendue et l’évolution des champs envisageables et leurs conséquences sur l’organisation industrielle. Pour les exemples étudiés de PME du secteur, le numérique a déjà pénétré la majorité des domaines, en commençant par la conception, la gestion et la production, notamment avec l’introduction déjà ancienne et répandue de robots. • Dans le secteur aéronautique, sous la pression des donneurs d’ordre, les PME sous-traitantes ou ayant des produits propres ont dû numériser leurs relations avec leurs clients, et selon leur rang dans la chaîne de sous-traitance, s’inscrire dans les maquettes numériques. Les EDI sont très développés dans cette industrie. Depuis plusieurs années, la contraction de la sous-traitance et sa structuration en niveaux ont contraint les petites entreprises qui ne s’insèrent pas dans les critères requis pour rester des partenaires principaux, et tout parti- culièrement celles ne disposant pas de moyens numérisés développés, à reculer dans cette chaîne. De ce fait leur intégration numérique n’a souvent pas été développée. Quant aux appels d’offres de la Défense qui sont devenus numériques sur le portail spéci- fique Xarm, les PME qui n’ont pas su ou pu faire l’effort de passer à cette forme de commerce sont exclues de ces projets. Pour s’adapter aux évolutions du secteur, certains chefs d’entreprises ont conduit des réflexions stratégiques visant soit à se positionner sur des produits propres soit à aller sur de nouveaux marchés. Ces démarches les ont conduits à revoir leur relation au numérique par les possibilités ouvertes pour la réalisation de ces produits ou pour l’accès aux systèmes commerciaux des autres marchés. • A l’initiative du Conseil régional, l’expérience des entreprises ayant souhaité bénéficier d’un diagnostic et d’un accompagnement pour entrer dans ce processus permet de comprendre les domaines de changement, les modes d’accompagnement et la nature des appuis néces- saires. Pour chaque entreprise, un projet usine du futur est lié à son histoire, ses compétences et ses spécificités. Un tel projet peut concerner toute l’entreprise dans toutes ses activités ou se limiter à un domaine existant ou nouveau. Le bilan des diagnostics du CRA : Le diagnostic a porté sur 100 entreprises dont 21 ETI. Trois domaines ont été principale- ment abordés : - Qualité de vie au travail - Management opérationnel - Technique et numérique. Le constat débouche sur : - une carence de management opérationnel et d’utilisation des méthodes visuelles de pilotage participatif associée à la nécessité de déployer au plus vite les outils du mana- gement visuel de la performance. Les améliorations nécessaires sont importantes pour créer les conditions favorables à l’introduction du numérique dans les entreprises, - la qualité de vie au travail et l’environnement, • pour la sécurité qui reste insuffisamment préparée, il faut développer une culture sécu- rité par le management visuel et accentuer le respect du port des équipements de protection individuelle, • un renforcement nécessaire des actions participatives et d’investissement pour améliorer l’ergonomie (aménagements de postes, étude des risques de TMS et port de charges lourdes, niveau sonore et température des ateliers), • une véritable sensibilisation à la gestion des ressources et aux économies d’énergie en matière d’environnement. - Technique et numérique • une concentration des besoins technologiques sur des aspects très pragmatiques et à court terme : capacité, productivité et contrôle non destructifs. Pour améliorer la compétitivité, les priorités attendues concernent le soutien à l’investissement court terme et la sensibilisation/veille pour les axes de compétitivité positionnés à moyen terme. • l’utilisation de l’outil ERP (Progiciels de Gestion Intégrés (PGI) ; le système d'infor- mation de coordination de l'ensemble des activités d'une entreprise (production, approvisionnement, marketing, forces de vente, gestion des ressources humaines…)
  • 68. CESER  aquitainE 66 est très perfectible : complétude des données, méconnaissance de certains modules, manque de formation de certains utilisateurs… • la nécessité d’amener beaucoup plus d’entreprises industrielles dans une organisation en flux tirés afin d’améliorer les temps de production, la qualification du personnel, la qualité, les stocks, la fiabilité des équipements et des fournisseurs… et d’obtenir une réduction du BFR. • Le Domaine d’Activités technologiques Stratégiques (DAS) Usine du Futur du pôle AERO- SPACE VALLEY a pour objectif de faire émerger de nouveaux projets innovants et collaboratifs pour la production des systèmes aéronautiques et spatiaux, de faciliter le déploiement de ces projets. Tous les deux ans il prévoit d’organiser un appel à idées autour de cinq axes de la feuille de route : usine intelligente, usine connectée et pilotée, usine numérique, usine humaine, usine verte. Il cible les thèmes de ces axes sur des projets inté- ressant particulièrement AIRBUS, intégrant des aspects technologiques, la réalité augmentée et la gestion intelligente de moyens industriels y compris la robotisation. Les projets retenus sont accompagnés à tous les niveaux. Les pme adhérentes au pôle sont appelées à participer à ces projets. 1.2.1.3 Approche par forme d’activité : l’artisanat L’artisanat présente un certain nombre de spécificités étudiées lors de l’enquête et complétées au cours des auditions. Comme il regroupe des TPE de différents secteurs, l’artisanat cumule les freins sectoriels et ceux liés à la taille et aux capacités de ses entreprises. De manière générale, les artisans sont encore en retard dans l’appropriation des outils numé- riques mais nombre d’entre eux sont aussi en éveil ; certains artisans utilisent toujours du papier pour les comptes et les stocks ; très peu ont des machines connectées à un poste informatique. En effet, ces structures très petites ne peuvent souvent pas supporter les coûts des investisse- ments nécessaires. L’utilisation d’internet est en essor car elle est poussée par la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) qui propose des formations (utilisation de logiciels, création de sites internet, animation des pages sur les réseaux sociaux, etc.) ou des rencontres avec des conseillers pour améliorer les sites internet, évoluer vers des sites de e-commerce, etc. La présence de la CMA est très importante dans le développement des outils numériques chez les artisans. Par ailleurs, l’Aquitaine dispose d’un certain nombre d’artisans d’art pour lesquels la notion de métier est fondamentale, valorisant la tradition de la technique. Ces métiers très absorbants ne laissent guère de place à l’apprentissage de l’utilisation de l’informatique. Les artisans d’art sont confrontés à un autre problème : les produits uniques et/ou sur mesure qu’ils fabriquent se prêtent peu à l’ouverture de sites de e-commerce car ils ne peuvent pas être faits en série. 1.2.2 Un écosystème motivé pour l’intégration numérique : un large ensemble d’acteurs en évolution De nombreux organismes participent à l’écosystème numérique de l’Aquitaine : associations professionnelles, agences de développement régionales ou locales, chambres consulaires… Des sites spécifiques se voient également dédiés à l’animation de l’écosystème. La commis- sion s’est plus particulièrement intéressée à certains d’entre eux au cours de ses auditions, sans que cela présume de leur dynamique dans cet ensemble. Toutefois la nature d’intervention de beaucoup de ces organismes est présentée ci-après, sans être exhaustive. Elle permet de situer leur rôle dans l’écosystème. Ces organisations comme l’ensemble du domaine sont évolutives, avec des rapprochements, des créations récentes. ADEISO Association de chefs d'entreprises depuis 1981, l'ADEISO fédère les entreprises, écoles, labo- ratoires, décideurs du numérique, collectivités, œuvrant pour le développement des entreprises de la filière numérique et électronique en Aquitaine. Sa mission qui est de « promouvoir et développer la filière", s'applique notamment à 4 domaines : les systèmes énergétiques du futur, la santé et le bien-être, la valorisation par l'usage du numérique du patrimoine et des connaissances, la mobilité et les services numériques urbains. Elle vise à
  • 69. CESER  aquitainE 67 favoriser le développement du business et la croissance des entreprises, à accompagner les entrepreneurs dans leur activité, de la création à l'internationalisation. Enfin, elle favorise le déploiement d'un écosystème favorable à travers ses liens et actions avec la formation, les centres de transferts technologiques, les infrastructures d'hébergement de données, le financement du développement des start-ups... AEC Créée en 1996, l’agence a pour mission : - d’accompagner l’émergence et le développement des entreprises du numérique, - d’accélérer la prise en compte du rôle transformateur du numérique, - de favoriser la convergence des actions publiques et collectives Au cours des ans, l’agence a développé ses compétences en veille technologique et sociétale (intelligence économique, prospective), accompagnement des mutations, diagnostic numé- rique territorial, animation de la concertation régionale. AQUITAINE DÉVELOPPEMENT INNOVATION ADI ADI intervient en accompagnement sur des projets individuels ou collectifs d’entreprises des autres secteurs, visant à améliorer la compétitivité industrielle. Dans le domaine numérique, elle intervient notamment sur l‘ERP Bois, des systèmes informatiques de santé (action collec- tive « Dispositif médical et TIC », dossiers médicaux communicants, étude ROI, réflexion living lab Sant /lien Silver éco…), les projets Lean, l’accompagnement du Cluster Aquitaine Robotics et l’Initiative Robot Start Pme, les appels à projet Usine du Futur du CRA. Elle anime le Réseau « Innover en Aquitaine » et la démarche d’interclustering ainsi que l’incubateur Design et numérique. Elle participe aux actions des filières pour la transformation numérique, comme la maintenance prédictive, l’exploitation et valorisation des données collectées, les applications multiples de la réalité augmentée. ADI accompagne un écosystème e-commerce notamment avec l’ouverture de Cdiscount à l’écosystème local, la mise en place du pôle numérique Digital Aquitaine et l’écosystème d’innovation, CLUSTER TIC SANTÉ Cette association, créée en 2011, intervient notamment dans l’accompagnement des entre- prises sur le marché de la e-santé. Ce cluster participe à l’identification des usages, au partage d’expériences des entreprises de la filière pour le déploiement de services nouveaux et l’appui au développement technologique ainsi qu’au montage de projets collaboratifs. Il structure l’écosystème régional des acteurs de la santé et appuie le développement de services et produits innovants dédiés à la santé, à la médecine, et utiles au maintien des patients à domicile. AETOS (DRONES) Le cluster, créé en 2010, rassemble des acteurs aquitains de la filière avec pour objectif de : - développer et promouvoir les compétences régionales, et faire de l’Aquitaine le leader national des drones et systèmes de drones civils, - faciliter l’accès au marché national et à l’export pour les industriels aquitains, grâce à une dynamique de cluster (coordination des actions, offre globale et contact centralisé pour les clients d’ensembles et de sous-ensembles), - faire émerger des projets collaboratifs de Recherche & Développement. Portée par ADI, cette association bénéficie de la dynamique locale du « Grand Sud-Ouest avec des collaborations nationale et internationale. AQUITAINE ROBOTICS Le cluster a pour mission de structurer la filière robotique régionale, d’accompagner les projets collaboratifs de R&D, et développe des compétences en recherche scientifique et formation. Il rassemble les acteurs aquitains de la robotique manufacturière et logistique, de service, et en milieu ouvert (agricole, forestière, viticole, de sécurité, …). Créé en juillet 2013, il regroupe essentiellement des entreprises, des organismes de recherche et formation, et des utilisateurs. Aquitaine Robotics est soutenu dans son fonctionnement par Aquitaine Développement Inno- vation et Bordeaux INP (Institut National Polytechnique) co-fondateurs du cluster, avec l’appui financier du Conseil régional d’Aquitaine.
  • 70. CESER  aquitainE 68 AQUINETIC (LOGICIELS LIBRES) Ce cluster vise l’émergence, le portage, la reconnaissance, la promotion et le développement d’un pôle régional de compétences scientifiques, techniques et industrielles pour l’innovation ouverte et libre et pour les technologies libres. Il participe à l’animation, à la valorisation et à la diffusion des activités du logiciel libre en Aquitaine ; il gère les plates-formes PILA dans le domaine de la formation. BORDEAUX GAMES (JEUX VIDÉO) Une économie spécifique du jeu vidéo s’est ancrée depuis 25 ans à Bordeaux que Bordeaux Games prolonge depuis 2007 et participe à la dynamique des acteurs bordelais du jeu. Bordeaux Games se décline en trois pôles : le pôle Gaming, spécifique aux acteurs du jeu (PC, smartphones, tablettes, consoles), le pôle Serious Gaming, jeu à but pédagogique, de formation, idéologique… le pôle Gamification, concernant les mécaniques et théorie du jeu pour tous les secteurs d’activités. Son objectif est de soutenir la filière en Aquitaine par un ensemble d’appuis et d’animations, de développer sa représentativité sur les salons nationaux et à l’international, de favoriser les réponses collectives aux appels à projets. Il est porté par la CCI de Bordeaux. TOPOS (APPLICATIONS SATELLITAIRES) Créé en 2006 à l’initiative du Conseil Régional d’Aquitaine, labellisée par la DATAR « Grappe d’entreprises d’excellence » depuis janvier 2011, l’association TOPOS Aquitaine regroupe plus de trente membres actifs ayant des compétences en matière de navigation et de locali- sation par système de satellites, et par extension, en systèmes de transport intelligent. Le programme Galileo de la Commission européenne, système de géolocalisation, va révolutionner la navigation par satellite en créant de nouvelles applications, et en ouvrant de nouveaux marchés. CLUSTER MACHINISME AGRICOLE Créée en 2013, cette association s’est donnée pour objectif de favoriser l’innovation par la recherche, le transfert de technologies et l’appui technique aux agro-équipementiers. Elle mène depuis plusieurs mois divers projets collaboratifs, dans des filières de l’agriculture du Sud-ouest, traditionnelles ou plus innovantes. Son objectif est l’intégration des objets connectés et l’informatique dans les équipements agricoles. CLUSTER INNOVIN Cette association créée en 2007 a pour objectif principal la compétitivité de la filière vitivi- nicole à travers les missions d’ingénierie de projets et d’animation du réseau d’entreprises. Dans ses domaines d’activité, elle travaille à l’adaptation des processus et des technologies pour le secteur, et développe des actions de sensibilisation-information, d’appui aux acteurs, l’organisation de présentations, de démonstrations et de rencontres sur ce sujet. DIGITAL AQUITAINE Le pôle numérique aquitain du numérique qui vient d’être créé, a pour mission d'accueillir, de promouvoir et d'animer le développement de la filière numérique régionale. Soutenu par la Région, Bordeaux Métropole et la CCI de Bordeaux, mais aussi de grands groupes (La Poste, CDiscount), son objectif est d’accueillir des projets innovants, en particulier dans trois domaines : le commerce connecté, la santé et la mobilité. L’enjeu du développement de projets collaboratifs vise à donner une visibilité aux acteurs aquitains à tous les niveaux. L’ADEISO et Digital Aquitaine ont décidé officiellement de fusionner en 2015. Ensemble, ils ont vocation à jouer le rôle d'un pôle de compétitivité régional et à donner une autre dimen- sion au numérique aquitain. LA CITÉ NUMÉRIQUE La Cité Numérique, projet qui doit favoriser les interactions entre les sphères économique, créative, sociale, citoyenne et institutionnelle, a vocation à devenir un pôle d’excellence économique, culturelle et sociétale fondé sur les usages numériques. Le concept s’appuie sur un système productif local qui fédère les énergies régionales. Tête de réseau, la Cité doit apporter aux divers acteurs du numérique les moyens matériels et immatériels de leur déve- loppement par des équipements et des services technologiques mutualisés. Elle s’inscrit en complémentarité avec d’autres pôles d’excellence davantage tournés vers les technologies
  • 71. CESER  aquitainE 69 (Campus). La Cité est conçue comme un accélérateur de projets en leur offrant les moyens de suivre un parcours (incubation -> développement -> maturation), en plaçant l’Homme et ses usages au cœur de ses préoccupations. Il accueille Digital Aquitaine. LES CHAMBRES CONSULAIRES Les Chambres de commerce et d’industrie d’Aquitaine se sont mobilisées depuis longtemps pour accompagner la création et le développement d’entreprises du numérique à travers l’appui de leurs équipes de conseillers. Elles ont notamment développé des actions dans les domaines suivants : - veille sur les usages et pratiques innovantes (Observatoire aquitain de l’économie numérique), - sensibilisation collective à travers des ateliers et manifestations en partenariat avec les experts numériques (consultants, associations…) à la fois par thématique, par niveau et par secteur d’activité (industrie, tourisme, commerce, vin), - accompagnement individuel d’entreprises dans leur projet numérique à travers la réalisation de pré-diagnostics intégrant des préconisations sur les actions à mettre en œuvre, - offre de solutions numériques (comme les certificats de signature électronique - Chambers), - services de proximité, formation aux usagers, suivi client ou à travers un service d’assistance en ligne dédié, - relais territorial et partenariat dans les programmes numériques nationaux et internationaux. Les CCI sont également en appui ou à l’origine de la création de clubs ou associations d’entreprises pour favoriser le numérique (ADEISO, eCCi47, NTIC24…). Le réseau des Chambres de Métiers de l’Artisanat d’Aquitaine a également engagé différentes actions vis-à-vis de ses ressortissants pour intégrer de nombreuses applications numériques : - stage préalable à l’installation d’entreprises et formalités de création en ligne dématérialisées, - modules de formation continue en ligne (amélioration de site internet, usages de réseaux sociaux, usages du numérique), - sécurisation des échanges, signature électronique (Certimétiers), - annuaire d’artisans en ligne, site de métiers d’art, site de déchet Aquitaine, - plate-forme d’annonces en ligne, de cession et reprise d’entreprises, - rapprochement avec des opérateurs spécialisés pour lesquels des actions sont en cours sur des projets de market place, fidélisation de clients. Les Chambres d’Agriculture La recherche et l’innovation sont au centre des préoccupations des chambres et le numérique investit tous les domaines de l’agriculture : - pour la gestion des exploitations (comptes, opérations courantes, enregistrement) - pour les productions végétales (agriculture de précision, GPS, systèmes connectés) - pour les productions animales (gestion individualisée des troupeaux, traite, conduite des animaux). Le réseau des Chambres d’agriculture s’appuie notamment sur une coopération avec les constructeurs de matériel et les concessionnaires pour présenter aux exploitants les innova- tions et technologies numériques. Les objectifs des Chambres d’agriculture sont actuellement de structurer les besoins, de vulgariser les techniques, avec l’appui des fonds européens notamment du Feder dans le cadre de la démarche du réseau régional innovation associant aussi la DRAF, l’INRA et le Conseil régional. Dans ce cadre, elles proposent des thèmes transversaux déclinés ensuite par filière, des journées de démonstration (Innov’action), et sont en lien étroit avec les lycées pour la formation.
  • 72. CESER  aquitainE 70 2. Liste des auditions • 29 janvier 2014 : AEC Jean-François LAPLUME, Directeur général Antoine CHOTARD, Responsable veille et prospective • 29 janvier 2014 : CCI Bordeaux Jean TALLA, Directeur adjoint appui aux entreprises, département innovation industrielle, services. • 10 février 2014 : DIRECCTE Thomas MÉTIVIER, Chargé de Mission auprès du Préfet de Région / Référent Unique pour les Investissements • 18 mars 2014 : Fédération des Travaux Publics d'Aquitaine Christian SURGET, Président Dominique IRASTORZA, Délégué Général • 26 mars 2014 : - Agence Aquitaine Développement Innovation (ADI) Jean-Georges MICOL, Directeur Général ADI - ADEISO Jacques PEYRONDET, Président • 30 avril 2014 : - Fédération des travaux publics (Paris) M. DUCHATEAU, Service Informatique et Statistique - Fédération Française du Bâtiment d’Aquitaine Catherine LAURENT, Chargée de mission - Ordre des architectes Eric WIRTH / Président du conseil de l’ordre - SYNTEC Sébastien PLICHON, EGIS BATIMENT SUD-OUEST - CREAHD Vincent SEPPELIADES, Directeur CREAHD - NOBATEK Frédéric BETBEDER, Responsable Pôle Construction & Aménagement Durables - Gascogne menuiserie Jean Bernard MARON, Gérant Gascogne menuiserie - EGERIS Vincent SCHMIDT, Gérant EGERIS CONSTRUCTION - L’Atelier d’agencement Marc BRIHAYE, Président l’Atelier d’agencement - DOMOLANDES Roméo SANCHEZ, Directeur • 27 mai 2014 : Conseil Régional Aquitaine - Pascal BLEHS, Directeur, Direction de l’industrie - François PELLERIN, Directeur du projet Usine du Futur - François Gilbert, Délégué Régional, Délégation aux TIC du Conseil Régional. • 26/06/2014 : - SCEA Mélusine, François GUILLOMON, Agriculteur - Ovalie innovation Thierry VERONESE / Directeur Scientifique - Bordeaux Science Agro Gilbert GRENIER / Professeur d’Automatique et Génie des Equipements. • 05/11/2014 et 28/01/2015 : Ecole Supérieure de Cognitique Bernard CLAVERIE / Directeur
  • 73. CESER  aquitainE 71 • 18/11/2014 : Aquinétic François PELLEGRINI, Président Jean-Christophe ÉLINEAU, Directeur. • 07/01/2015 : AEC Jean-François LAPLUME • 05/02/2015 : La Poste Mme GRANGÉ, Directrice régionale La Poste • 26/03/2015 : ASTF Yannick DUFAU, PDG de ASTF, Président de l’UIMM. • 26/03/2015 : Thomas GIBERTIE, chercheur • 01/04/2015 : - CATIE Bertrand CASTAGNET, Directeur - SunnaDesign Raphael BAILLOT, Directeur R&D • 22/04/2015 : - ESTIA Olivier LARRE : professeur et responsable des partenariats industriels. - CCI Bayonne Pays Basque Frédéric PERES, responsable « mission numérique performance », - Compositadour – ESTIA Francis SEDEILHAN - Aerodrone Hubert FORGEOT - Sysveo Clément ALLAGUILLAUME - ANTIC Pays Basque Martine DUCASSE, Vice-Présidente, Emmanuel ARRECHEA, chargé de mission, - To the fit Alain SANCHEZ, Chef d’entreprise. • 07/05/2015 : - Entreprise LARCEBAU Christophe LARCEBAU, Gérant - TURBOMECA - SAFRAN Bettina FREY, Directrice de la communication F. BONNET Eric SEINTURIER, Chef de programme R&T Florence BORDES, adjoint au chef de projet R&D TURBOMECA, production technique. • 27/05/2015 : - Orange Eric ARDUIN, Délégué Régional Orange - Conseil Régional François GILBERT, Délégué Régional aux TIC du Conseil Régional Liste des contributions écrites • Confédération Générale du Travail • Force Ouvrière • Chambre de métiers et de l’artisanat de Région Aquitaine
  • 74. CESER  aquitainE 72 Liste des entreprises consultées dans le cadre de l’enquête sur le numérique ACTUEL BURO .........................................Commerce AFF ...........................................................Agroalimentaire AQUITAINE ELECTRONIQUE ...................Industrie ARANO MENDI........................................Artisanat ARKATZA..................................................Artisanat AROM.......................................................Agroalimentaire ATELIER VERRE ET COULEURS .................Artisanat AUDY........................................................Bois BEAUTE D'ESSENCES................................Artisanat BIOLANDES..............................................Industrie BLASON D'OR .........................................Agroalimentaire CALLEDE BOIS..........................................Bois CASTAGNET DUMEOU ............................Bois CECA SA ...................................................Bois CHARCUTERIE BORDELAISE....................Agroalimentaire DECAPTOU...............................................Artisanat DOISY MAQUETTISTE..............................Artisanat ESPACE BIEN ETRE....................................Artisanat ESPACE FORÊT..........................................Bois ETS HOSTEIN & LAVAL.............................Bois ETS JEAN SEBY & FILS...............................Commerce ETS LAMARQUE .......................................Bois F.P. BOIS ...................................................Bois FERBOS.....................................................Bois LABESQUE VEHICULES INDUSTRIELS .....Commerce LE CHAT QUI BRODE...............................Artisanat LES ARTS D'OC.........................................Artisanat MADEMOISELLE DE MARGAUX ..............Agroalimentaire MAISON BOIS VALERY ............................Artisanat MAISON BORDAS....................................Artisanat MAISON PIERRE OTEIZA..........................Agroalimentaire MAZE........................................................Bois NATURE ET BEAUTE.................................Artisanat PARMENTINE............................................Agroalimentaire RIBEYRE SATB...........................................Bois SAFT .........................................................Industrie SCIERIE BEDORA & CIE ............................Bois SCIERIE DE CORGNAC.............................Bois SCOPUS OMNIBADGES...........................Commerce SEBSO.......................................................Bois SERVI FLEX................................................Artisanat SOLEAL.....................................................Agroalimentaire STURGEON - STURIA...............................Agroalimentaire TETE NOIRE..............................................Agroalimentaire TRANS-LANDES........................................Bois VITAMONT...............................................Agroalimentaire YOOJI ......................................................Agroalimentaire
  • 75. CESER  aquitainE 73 3. Liste des sigles AEC Aquitaine Europe Communication ADEISO Association de Développement Electronique et Informatique Sud-Ouest ADI Aquitaine Développement Innovation ALPC Aquitaine /Limousin/Poitou-Charentes AMI Appel à manifestation d'intérêt API Application Programming Interface ADI Aquitaine Développement Innovation ARDIA Association Régionale pour le Développement des Industries Alimentaires d'Aquitaine BEI Banque Européenne d'Investissement BFR Besoin en Fonds de Roulement BTP Bâtiment Travaux Public CAC 40 Cotation Assistée en Continu (regroupant les 40 plus importantes capitalisations boursières françaises cotées à la bourse de Paris) CAO Conception Assistée par Ordinateur CATIE Centre Aquitain des Technologies de l’Information et Électroniques CCI Chambre de Commerce et d'Industrie CEF Connecting Europe Facility CESER Conseil Economique Social et Environnemental Régional CGPME Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises CIGREF Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises CLUSIF Club de la Sécurité de l’Information Français CLUSIR Clubs de la Sécurité de l'Information Régionaux CMA Chambre des Métiers et de l’Artisanat CNAM Conservatoire National des Arts et Métiers CRA Conseil Régional Aquitaine CREAHd Construction Ressources Environnement Aménagement et Habitat durables CRM Customer Relationship Management CUMA Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole DAC Distribution Automatique de Concentrés DAS Domaine d’Activités technologiques Stratégiques DATAR Délégation interministérielle à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale DGO Digital Government Officer DICT Déclaration d’Intention de Commencer les Travaux DIRECCTE Directions Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi DT Demande de Travaux EDF Electricité de France EDI Échange de Données Informatisé EIF European Investment Fund ou FEI ENSERB École Nationale Supérieure d'Électronique et de Radiocommunications de Bordeaux EPI Équipement de Protection Individuelle ERDF Électricité Réseau Distribution France ERP Enterprise resource planning
  • 76. CESER  aquitainE 74 ETI Entreprises de Taille Intermédiaire FEADER Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural FEDER Fonds Européen de Développement Régional FEIS Fonds européen pour les investissements stratégiques FESI Fonds structurels et d'investissement européens FFB Fédération Française du Bâtiment FIBA Fédération des Industries du Bois d'Aquitaine FING Fondation Internet Nouvelle Génération FSE Fonds Social Européen GAFA Google, Amazon, Facebook, Apple GED Gestion Electronique des Documents GMAO Gestion de Maintenance Assistée par Ordinateur GNSS Global Navigation Satellite System GPG GNU Privacy Guard IDATE Institut De l'Audiovisuel et Des Télécommunications en Europe IHM Interaction Humain-Machine IHS Intégration Homme-Système INP Institut National Polytechnique INRIA Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique INSEE Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques IUT Institut Universitaire de Technologie LaBRI Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique loT Internet of Thing ou internet des objets MES Manufacturing Execution Systems NBIC Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, Cognitique NFC Near Field Communication (Communication dans un champ proche) NTIC Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication PAC Politique Agricole Commune PGI Progiciel de Gestion Intégré PME Petites et Moyennes Entreprises PNA Pole Numérique Aquitain PRDF Plan Régional de Développement des Formations QVT Qualité de Vie au Travail RFID Radio-identification SIG Système d'Information Géographique SMS Short Message Service TBD Tableaux de Bord Domestiques THD Très Haut Débit TIC Technologies de l'Information et de la Communication TMS Troubles Musculo-Squelettiques TP Travaux publics TPE Très Petites Entreprises UE Union Européenne VAE Validation des Acquis de l'Expérience Wi-Fi Wireless Fidelity
  • 77. CESER  aquitainE 75 4. Sources documentaires RAPPORTS ET ÉTUDES The sharing economy, consumer intelligence series, pwc.com, 2015. Ambition numérique - Pour une politique française et européenne de la transition numérique, Conseil national du numérique, juin 2015. A Digital Single Market Strategy for Europe - Analysis and Evidence Accompanying the document Communication from the Commission to the European Parliament, the Council, the European Economic and Social Committee and the Committee of the Regions A Digital Single Market Strategy for Europe, European Commission, 6 mai 2015. Dans la nuée ; réflexions sur le numérique, Byung-Chul Han, 19 mars 2015. L’impact d’internet sur le fonctionnement du marché du travail, Conseil d’orientation pour l’emploi, 3 mars 2015. Cisco Visual Networking Index: Global Mobile Data Traffic Forecast Update, 2014–2019, CISCO, février 2015. La Vie algorithmique. Critique de la raison numérique, Éric Sadin, L'Échappée, coll. « Pour en finir avec », 2015. Mission Numérique Bâtiment, Rapport, Bertrand DELCAMBRE, Décembre 2014 La nouvelle grammaire du succès, La transformation numérique de l'économie française - Philippe Lemoine, novembre 2014. Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et de compétitivité pour la France, McKinsey France, McKinsey&Company, septembre 2014. Observatoire aquitain de l’économie numérique, CCI Bordeaux, Avril 2014. Rapport d’activité du Conseil national du numérique 2013-2014, Conseil national du numérique, mars 2014. The five behaviors that accelerate value from digital investments, 6th Annual Digital IQ Survey, PWC, mars 2014. Industrie 2.0 - Jouer la rupture pour une Renaissance de l’industrie française, McKinsey France, novembre 2013. Citoyens d’une société numérique, Rapport à la Ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l’Innovation et de l’Économie numérique, Centre national du numérique, Octobre 2013. Chiffres clés 2013, Observatoire du numérique, Juillet 2013. La dynamique d'internet. Prospective 2030, Commissariat Général à la stratégie et à la prospective, 2013. The digital universe in 2020: Big Data, Bigger Digital Shadows, and Biggest Growth in the Far East, I D C, december 2012. Schéma directeur territorial d’aménagement numérique de la Dordogne, rapport final, Syndicat départemental d’énergie, février 2012. L'homme augmenté : Néotechnologies pour un dépassement du corps et de la pensée, Bernard Claverie, décembre 2010. EFFICACITÉ et DARWINISME pédagogiques, Centre Régional de Documentation Pédagogique de Paris.
  • 78. CESER  aquitainE 76 LIENS www.coe gouv.fr www.dgcis.gouv.fr www.direccte.gouv.fr http://www.strategie.gouv.fr http://www.sitl.eu www.cnnumerique.fr http://www.aquieco.com/ http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/collection.asp?id=1 www.internetactu.net/ http://www.pwc.fr/ http://www.latribune.fr/ http://www.journaldunet.com/ www.ccmbenchmark.com www.entreprises-et-cultures-numeriques.org/focus-sur-le-cercle-cybersecurite-cigref/ www.wk-transport-logistique.fr http://objectifaquitaine.latribune.fr/ www.zdnet.fr http://www.usinenouvelle.com/ http://www.usine-digitale.fr/ http://www.sudouest.fr/ http://supplychainmagazine.fr/NL/2014/1762/ http://www.liberation.fr/ http://www.atelier.net/ http://www.lesechos.fr http://uimm.fr/nos-publications https://polenumerique33 http://www.aquitaine-developpement-innovation.com/ www.aecom.org/ www.aquitaine-developpement-innovation.com www.frenchtechbordeaux.com. www.bayonne.cci.fr www. pau.cci.fr www.polenumerique33 www.antic-paysbasque.com/fr www.nobatek.com www.creahd.com www.transition-numerique47.fr www.laposte.fr www.estia.fr www.tp-aquitaine.org http://www.menuiserie-c2r.fr/ www.bpifrance.fr www.innovin.fr www.aquitainagri.fr www.agrimetier.fr
  • 79. INTERVENTIONS EN SÉANCE PLÉNIÈRE DU CONSEIL ÉCONOMIQUE SOCIAL, ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL D’AQUITAINE
  • 80. CESER  aquitainE 78 LISTE DES INTERVENANTS EN SÉANCE Intervention introductive : M. Luc PABŒUF, Président du CESER d’Aquitaine. M. Patrick de STAMPA, Président de la Commission « Développement Économique et Programmations ». M. SINGARAVELOU, Rapporteur Général de la Commission « Développement Économique et Programmations ». Interventions des conseillers : M. Julien RUIZ (CGT) M. Benjamin ROSOOR (Centre des Jeunes Dirigeants d’Entreprises) M. Jean-Bernard MARON (MEDEF/ Fédération Française du Bâtiment) M. Alain REILLER (FSU) Mme Jacqueline BRET (CGT/FO) M. Eric ROUX (Fédération des Éditeurs et Producteurs Phonogrammes indépendants/RAMA) M. Elie PÉDRON (Fédération Hospitalière de France/ Union Régionale Interfédérale des Œuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux)
  • 81. CESER  aquitainE 79 Intervention de Luc PABŒUF, Président du CESER d’Aquitaine Compte tenu de l’importance de ses implications aux plans économique, social et culturel, mais également du fait de ses enjeux éthique et démocratique, l’essor du numérique, par ses effets protéiformes sur toutes les pratiques sociales, constitue bien une question de civilisation. Parce qu’il affecte la société tout entière par son omniprésence dans tous les registres de la vie humaine, l’expression « révolution numérique », retenue par la commission, n’est pas excessive. De ce fait, chacun comprendra aisément que notre CESER ne prétend pas avoir épuisé le sujet après avoir traité, à l’aune de l’examen de la situation régionale, les traits les plus saillants de l’impact de cette « révolution » sur les secteurs d’activité économique de l’Aquitaine. Les membres de la commission Développement économique et programmation – et parmi eux, en premier chef, son rapporteur – en ont même éprouvé une certaine frustration face au sentiment d’avoir livré un travail qui aurait encore mérité bien des approfondissements et développements. La raison de cette frustration, outre l’ampleur du phénomène auquel ils se sont attaqués et l’étendue de ses enjeux, tient aussi au fait que nos collègues ont dû mener leurs travaux dans le contexte particulier généré par la fusion de notre région avec Limousin et Poitou-Charentes. Ils ont donc été tributaires d’un calendrier très contraint qu’aucun d’entre nous n’avait imaginé lorsque, en début de mandature, nous avons décidé de nous engager dans un plan de travail ambitieux. Chacune de nos commissions s’est donc efforcée de concilier son agenda avec celui de la réforme territoriale qui a inscrit à la date du 31 décembre la fin de notre région dans son périmètre actuel. C’est ce qui nous a obligés à rapprocher l’échéance de nos travaux, privant ainsi la commis- sion Développement économique et programmations de la possibilité, d’une part, d’affiner son état des lieux de la « transition numérique » des entreprises régionales et, d’autre part, de formuler des préconisations plus précises en direction de tous les acteurs concernés. Malgré cela, je ne doute pas que ce rapport contribuera à une meilleure appréhension de l’ampleur et de la résonance de cette révolution numérique pour de nombreux secteurs d’activité. Le travail accompli a mis en évidence une situation contrastée, caractérisée par des réalisa- tions concrètes qui positionnent pleinement certains acteurs aquitains dans l’« ère numérique », tandis que d’autres peinent encore à en saisir les enjeux et à en anticiper les effets. Sans doute que les situations que connaissent en la matière les deux régions que nous allons bientôt rejoindre ne sont pas très différentes du point de vue des contrastes. On peut donc imaginer que l’approche aquitaine de la question pourrait être utilement prolongée – et du même coup approfondie – par son élargissement aux territoires du Limousin et de Poitou- Charentes. Ce prolongement de l’étude à l’échelle du futur périmètre régional permettrait d’approfondir l’analyse mais aussi de préciser les suggestions formulées en intégrant le nouveau cadre territorial que constituera la région fusionnée. Ceci apparaît d’autant plus judi- cieux que la loi NOTRe stipule que « la région est la collectivité territoriale responsable, sur son territoire, de la définition des orientations en matière de développement économique ». Je veux en tout état de cause saluer l’effort de la Commission et de ses collaborateurs et adresser un remerciement tout particulier à notre ami le Professeur SINGARAVELOU. Dans le même temps où il tenait la plume en qualité de rapporteur de la Commission Développement écono- mique et programmation pour rédiger, dans des délais très contraints, ce rapport, il a accepté notre sollicitation pour être « l’homme de la synthèse » des travaux menés conjointement par les trois CESER des régions appelées à fusionner. Il s’est acquitté de cette double tâche avec beaucoup de pertinence et d’efficacité, et je tenais à l’en remercier doublement. Je savais qu’il était un fin géographe des territoires physiques, mais il s’est également révélé être un fin éclaireur des territoires numériques. Ce n’est sûrement pas un hasard, car la géographie est avant tout l’étude des espaces au sein desquels s’opèrent les interactions humaines. Certes, le numérique a doté ceux-ci d’une nouvelle dimension constitutive de ce que nous appelons aujourd’hui le « cyberespace ». Et c’est donc dans un espace « enrichi » que se nouent désormais les relations sociales. Mais la prise en compte de la dimension numérique de cet espace ne doit pas nous faire oublier ses dimensions géographiques si nous voulons éviter de penser le devenir de notre humanité au prisme d’une vision « hors sol ». Je pense que ce travail est une invitation à tourner les yeux vers le cloud tout en gardant les pieds sur terre…
  • 82. CESER  aquitainE 80 Intervention de Patrick de Stampa Président de la Commission « Développement Economique et Programmations » Lorsque la Commission « Développement économique et programmations » avait choisi "la révolution numérique dans les secteurs d’activité économiques de l’Aquitaine : impacts, enjeux, valeur ajoutée", ce sujet avait été retenu après des débats intenses entre nous. Le sujet a suscité au fur et à mesure des auditions de nombreuses questions et interrogations, et des débats ce qui nous a fait mesurer l’intérêt du sujet. D’abord, nous n’avions pas mesuré l’ampleur de ce dossier, je crois que c’est un point qui est important à noter parce qu’en lien avec la progression de nos auditions, nous nous sommes aperçus que l’on était véritablement face à une révolution – et comme ce mot a souvent une consonance négative –, au-delà d’une révolution, c’est une remise en cause de nos organisa- tions, d’un futur stratégique qu’il faut anticiper. Au fil de l’eau, les auditions ont apporté une base de réflexion très riche ainsi qu’une prise de conscience progressive de l’impact du numé- rique pour le futur. Autre point à noter sur ce dossier, présenté ce jour : il ne doit pas être considéré comme un dossier FINI. Il sera enrichi en permanence et apparaîtront vraisemblablement des évolutions encore inconnues à ce jour. Il faut positiver ce rapport. Le numérique est une révolution qui engendre des craintes mais en revanche, il apparaît que l’évolution du numérique est une très belle opportunité pour tous. A nous de faire passer le message de cette prise de conscience positive et de créer les conditions d’une capacité de rebond par la mise en place des formations pertinentes et adap- tées au présent et au futur. La formation continue a tout son sens sur ce terrain du numérique. Je voudrais surtout remercier en premier lieu tous les intervenants qui sont venus devant la Commission ou qui nous ont accueillis dans leurs locaux et ont ainsi permis de construire cette réflexion par leurs apports et l’effort qu’ils ont fait pour nous faire partager leurs réflexions. Mes remerciements s’adressent aussi à tous mes collègues de la Commission 1 pour la qualité des débats, débats très riches, qui ont vu la Commission travailler dans la recherche de la synthèse et de l’optimisation. Je voulais faire un remerciement particulier à Martine, pour son appui tout au long des auditions et de son travail de finalisation. Pour terminer, je voudrais faire un petit clin d’œil à notre ami Monsieur SINGARAVELOU qui s’est révélé être au fil de l’eau un Rapporteur génial. C’est ce que je voulais dire parce que ce n’est jamais facile sur des sujets comme ceux-là de savoir faire le point et la synthèse sur toutes ces auditions. Merci de votre écoute.
  • 83. CESER  aquitainE 81 Intervention de M. SINGARAVELOU Rapporteur général de la Commission Développement Economique et Programmations Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, chers collègues, Avant de lire cet avis, je voudrais dire deux mots, sans m’appesantir mais je me dois de le faire. D’abord remercier tous ceux qui ont contribué à élaborer ce rapport et cet avis. En vérité, il résulte d’une coproduction, avec un temps de travail significatif, appuyé par des auditions, des visites de terrain, de lecture d’ouvrages, d’articles et d’échanges extrêmement fructueux. Ces remerciements vont d’une part à Martine CHAILLAT, notre chargée de mission, qui est la cheville ouvrière de notre Commission, mais également aux membres de la Commission qui, en permanence, étaient présents, ont échangé, ont contribué oralement, par écrit, et discuté sérieusement tout ce qui a été produit, au fur et à mesure des différentes séances qui se sont succédé, et bien sûr, compte tenu des circonstances qui ont été évoquées à plusieurs reprises. Ces séances se sont succédé, se sont multipliées ces dernières semaines. A ce niveau-là, je voudrais souligner le climat exceptionnellement courtois, cordial, amical, qui a régné dans cette Commission à l’égard de ce sujet, comme j’aurai l’occasion de le préciser rapidement. Echanges basés sur la lucidité, la sincérité, et en même temps, sur la fermeté dans le langage et dans les concepts. Ce sont des réunions desquelles j'ai personnellement tiré le meilleur parti, parce que comme vous le savez tous, je ne suis pas un spécialiste de la question. C’est aussi la formule adoptée de longue date au sein de la commission de ne pas confier aux spécialistes la rédaction d’un rapport d’auto-saisine. Ceci est d’autant plus important que le sujet est grave, vous aurez l’occasion de vous en aper- cevoir ; c’est une thématique qui nous envahit, nous sommes déjà installés là-dedans. Elle est mystérieuse et en même temps inquiétante, parce qu’on ne sait pas l’avenir qu’il nous réserve. Il y a là un réel problème qui, à travers cette ambivalence du numérique, met l’accent sur les risques que cela comporte, inévitables, qu’il faut analyser, contenir, maîtriser, risques sociaux et sociétaux pour l’essentiel. Mais d’autre part elle présente un trésor d’opportunités, dont certaines sont connues, d’autres insoupçonnables, qu’il faudra aussi saisir, exploiter, maîtriser et ceci pour le plus grand bien et le mieux-être des sociétés concernées. Merci de votre patience et de votre écoute.
  • 84. CESER  aquitainE 82 Intervention du groupe CGT Chers collègues, La révolution numérique est là et s’accélère. Elle impacte tous les aspects de nos vies, en particulier au travail. Comme tout progrès technologique il n’y a aucune neutralité dans son utilisation. Elle relève d’un choix de société, de choix politique. Pour la CGT, le numérique est donc avant tout un immense enjeu de démocratie, citoyenne et sociale. Si elle est conçue et conduite au service du monde du travail et de l’intérêt général, la révo- lution numérique peut contribuer à l’émergence d’un nouveau modèle collaboratif et d’une économie de partage, décarbonée, permettant d’ouvrir un nouveau cycle de progrès social, économique, démocratique et environnemental. Il n’y a dans cela aucun déterminisme, mais à l’évidence un véritable combat de civilisation. Déjà, dans de nombreux secteurs nous constatons que beaucoup veulent faire du numérique un nouveau moyen pour « capturer » toujours plus la sueur, le temps de cerveau disponible, la créativité des salariés; pour supprimer massivement des emplois, pour déréguler les droits du travail, exacerber les concurrences, pour capter et accumuler de la valeur financière a court terme. Seuil. La grève des chauffeurs ubers, les mobilisations dans certaines secteurs de haute technologie, le mal-être de salariés de l’encadrement sont révélateurs de cette tension sur le sens et les finalités du numérique. Il ne s’agit donc d’être ni e-beats, ni e-septiques, mais lucide sur la nécessité d’agir pour éviter, ce qu’un économiste décrit comme le risque d’une « l’automatisation barbare » et faire en sorte, comme le propose l’avis que le numérique soit d’abord un partage, que les gains de productivité et de valeur contribuent au mieux-être, au progrès social et démocratique. ». Nous voulons rappeler quelques propositions importantes que nous avons formulées en ce sens et reprises en partie dans le rapport, la question de l’emploi et du travail restant centrale à nos yeux. Investir massivement dans la formation et réduire le temps de travail : D’ici 15 ans ce sont 45 % de métiers sont potentiellement robotisables ou automatisables. Des millions d’emplois sont menacés. Pour renouer avec les créations d’emplois, il n’est d’autre choix que d’affecter une partie les gains de productivité à la réduction du temps de travail hebdomadaire et tout au long de la vie. Et d’autre part d’investir massivement dans la formation initiale et continue, pour anticiper les transitions professionnelles, et répondre a la nécessité d’élévation des qualifications liées aux emplois de demain. Sécuriser les parcours professionnels avec des droits transférables attachés à la personne. Les formes atypiques d’emplois se multiplient en particulier chez les jeunes qualifiés. Cela correspond parfois à une aspiration à l’autonomie, le + souvent à une stratégie des entreprises d’externaliser des activités pour contourner le financement de la protection sociale. Le lien de subordination liée au contrat de travail, se substituant ici à une subordination financière, très précaire. (Voir les actions de groupe des chauffeurs Uber aux USA). Il s’agit donc de sécu- riser les salariés dans les transitions professionnelles, d’assurer au niveau interprofessionnel à la fois leurs droits et protection sociale, de reconnaître et protéger leur autonomie. Mettre le numérique au service de la qualité au travail : A l’inverse de la conception verticale et normative de l’organisation du travail (le « Lean » par exemple), le numérique nécessite une vision du travail, du management qui conjugue l’autonomie, l’expression et la créativité de chacun, avec des organisations du travail qui favo- rise la coopération, le partage, l’évaluation collective. D’autre part la porosité entre vie privée et professionnelle liée au numérique, l’explosion du temps et de la charge de travail en particulier des cadres nécessite de nouvelles protections. Nous militons donc pour un droit effectif à la déconnexion, et pour une négociation obliga- toire dans les entreprises pour réguler et encadrer tous les usages du numérique au travail. Enfin il faut garantir les libertés. Nous savons le numérique est utilisé comme outil de surveillance aussi bien par les Etats (écoutes de la NSA) que par les entreprises. L’utilisation des données (les datas) par les entre- prises doit être débattue et strictement encadrée ; le droit à l’oubli doit être effectif pour garantir notamment la non-discrimination à l’embauche. Pour terminer concernant les propositions de mise en place d’un fonds dédié aux entreprises, nous proposons qu’il soit destiné exclusivement aux TPE-PME et soit l’objet de contreparties, et d’une évaluation en termes d’emplois et de territorialisation des activités. Le groupe a présenté quelques amendements dans ce sens et votera l’avis.
  • 85. CESER  aquitainE 83 Intervention de M. Benjamin Rosoor pour le Centre des Jeunes dirigeants d’entreprises Mes chers collègues, Au-delà du contenu de ce rapport et de cet avis, il me semble que l'important sur ce sujet a été le travail de maïeutique de la commission. Cette révolution, ces différents changements de paradigme interrogent. Nombreux ont pointé les risques, d'autres les opportunités de cette transition (pardon, révolution) numérique. Comme l'écrit Stevenson, l'important c'est le chemin, pas la destination. On pourrait pourtant s'étonner que collectivement, nous en soyons encore en 2015, à décou- vrir cette "révolution numérique". Il ne s'agit pas d'une spécificité régionale mais bien nationale… Comme si nous étions restés stupéfaits par l'arrivée du numérique. Google, je vous le rappelle a fêté ses 17 ans le mois dernier. Quasiment une génération est déjà passée… Alors pour que nous sortions réellement de notre stupeur, que nous ne laissions pas passer le prochain train du numérique ou autre, je me permets d'insister sur la proposition qui apparaît en toute fin de cette avis et qui est particulièrement originale, sur la nécessité d'organiser une réflexion permanente, d'échange et de partage sur ces sujets au sein de la société civile orga- nisée. Et peut-être, que le CESER (nouveau, grand) est le lieu idéal pour animer cette agora sur la transition numérique.
  • 86. CESER  aquitainE 84 Intervention de M. Jean-Bernard Maron pour MEDEF / Fédération Française du Bâtiment Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, Ce remarquable rapport décrit avec précision et pertinence les enjeux autour du numérique. Nous devons effectivement s’adapter rapidement à ces évolutions numériques afin que toutes nos entreprises anticipent sur tous les modes de fonctionnement et d’innovation. Je dis bien toutes nos entreprises afin que nous puissions tous saisir cette opportunité et permettre à notre économie régionale de garder voir améliorer son rang au niveau National et s’offrir d’autres opportunités sur les marchés internationaux. Je m’exprime aujourd’hui au nom de la FFB que je représente au sein de cette assemblée, J’espère toutefois, que tous mes collègues du bâtiment peu importe leur affiliation, me suivront dans cette déclaration. « Le secteur du Bâtiment est en pleine mutation. L'état, les collectivités et les particuliers exigent beaucoup des entreprises et des artisans de notre secteur d’activité. Il y a 3 ans, les bâtiments neufs consommaient 2 à 4 fois plus. En 1 an, le nombre d'entreprise disposant d'une certification RGE a été multiplié par 3. Nous nous sommes soumis aux nombreuses formations imposées par les nouvelles réglementations au niveau national et même Européen, concernant la sécurité, l’hygiène, l’environnement, les certifications... Le tout sur fond de crise avec une diminution de 17 % de l'activité et de 10 % de nos effectifs soit plus de 7 000 emplois en moins (En Aquitaine) sans oublier les changements de politique et l'instabilité fiscale que nous avons connus. Le secteur ne s'est jamais mobilisé pour lui-même mais plutôt pour ses clients. Aujourd'hui, avec la transition numérique, le secteur devra passer un nouveau cap qu'il ne peut passer tout seul et sans moyen. Il faut savoir que les entreprises du bâtiment ne sont jamais subventionnées par la région d’Aquitaine. Alors quand le rapport préconise la création d’un fond dédié aux entreprises s’engagent dans une démarche, innovante et stratégique, nous souhaitons que le secteur du bâtiment ne soit pas exclu de ces dispositifs sollicités. La maquette numérique constitue un saut technologique sans précédent, une évolution très importante non seulement pour les applications Architecturales, techniques, mais aussi pour toute la procédure administrative d’un dossier, (appel d’offres, suivie de chantier, situation de travaux, dossier d’ouvrage d’exécution…). Près de 90% des entreprises adhérentes à la FFB sont des structures de moins de 10 salariés. Nous devons les initier rapidement à ces nouveaux dispositifs de travail et s’engager pour que petites ou grandes, toutes les sociétés de notre secteur soient soutenues. J’espère que mon appel sera entendu et compris par nos élus. Je vous remercie pour votre écoute ».
  • 87. CESER  aquitainE 85 Intervention de M. Alain Reiller au nom de la Fédération Syndicale Unitaire M. le Président, chères et chers collègues, « Nous vivons une époque formidable : j’adore appuyer sur ce bouton et apparaître à la télé ! ». Il ne faudrait pas qu’avec le numérique il se passe la même chose qu’avec la voiture : hier, la voiture était l’enjeu de la liberté, de la productivité, de l’ouverture sur le monde. Le tout voiture a maintenant débouché sur une asphyxie de notre planète, à en faire monter la mer. Le numérique nous procure une connaissance immense, une ouverture sur le monde encore incroyable il y a 20 ans. Les révolutions se font avec ; peut-être la paix prochainement ? On sait tout sur comment aider les migrants ou retirer sa chemise… et le temps nous manque encore plus pour découvrir les derniers jeux en ligne, les nouveautés d’un Iphone ou du dernier moteur de VW. C’est une vraie économie qui invente de nouvelles envies, mais fait augmenter les dépenses pour les familles et diminue relativement le pouvoir d’achat… alors qu’il faudrait repenser nos consommations. Aujourd’hui le monde se transforme : jamais il n’y a eu autant de réformes. Jamais les citoyens n’ont été autant écartés de la vie publique ! L’emploi, la formation, l’apprentissage, la loi NOTRe, le dialogue social… où est le pouvoir ? En fait, le numérique aujourd’hui est en train de nous paralyser aussi. Et nos charges de travail augmentent en même temps que les capacités de nos pc, tout comme les pressions subies par les mails et l’énorme amoncellement de documents virtuels en tout genre, tous aussi importants les uns que les autres… Nous vivons un monde de plus en plus virtuel, qui s’éloigne de la réalité, et de plus en plus dopé. Une vraie prise de conscience doit se faire. Il faut repenser nos modes de fonctionnement et arrêter de penser qu’il suffit d’envoyer un tweet pour faire de l’information, avoir la bonne appli pour bien consommer ou d’envoyer un mail à minuit moins 5 pour se dire que le boulot est fait. A en voir le vote de la nouvelle secrétaire de bureau du CESER, le net n’est pas si nettement démocratique ! D’ailleurs un bilan sur l’utilisation des TIC et notamment des tableaux numériques dans les établissements scolaires et universitaires pourrait être fait. Pas au niveau économique, mais pédagogique ! Il n’y a pas encore longtemps, les séances du CESER se déroulaient sur la demi-journée. Aujourd’hui, un bon nombre d’entre nous s’est excusé pour ne pas avoir eu le temps de faire un amendement, une contribution, un rapport… L’avis exprime une crainte sur la dimension démocratique du tout numérique tout en prônant le développement de ses utilisations et de son système économie : tout reste à faire…
  • 88. CESER  aquitainE 86 Intervention du groupe Force Ouvrière En menant son auto-saisine sur les impacts, les enjeux et la valeur ajoutée de la révolution numérique dans les secteurs économiques de l’Aquitaine, la Commission ne pouvait manquer d’aborder également les sujets de réflexion que suscite l’invasion du numérique dans la société. Diagnostiquée comme irréversible, cette révolution suscite de nombreuses interrogations sur les enjeux mais aussi sur les risques qu’elle engendre à bien des égards. On ne peut minimiser, par exemple, les dérives en germe dans la multitude d’informations détenue par les GAFA et autres multinationales de l’internet en vertu du principe selon lequel « qui détient les données détient le pouvoir ». Sont ainsi posées des questions primordiales en termes de sécurité mais également de libertés et de droits. Pour Force Ouvrière, il ne s’agit pas de nier l’avancée à marche forcée du numérique mais de mesurer ses conséquences organisationnelles, économiques et humaines, d’appréhender à la fois ses incontestables potentialités et ses excès avérés et prévisibles, afin d’anticiper et de mettre en place les moyens indispensables à sa régulation. Certes, ce qu’il est convenu d’appeler « la vieille économie » doit prendre conscience et mener à bien à bref délai les évolutions et adaptations liées au numérique sans perdre son âme et sans être inéluctablement avalée par ce qu’il est, aussi, convenu d’appeler « la nouvelle économie ». D’ailleurs c’est l’avenir qui dira si le citoyen, même celui des générations Y / Z, sera le bénéficiaire final des multiples plateformes dites « collaboratives » s’affranchissant jusqu’ici des réglementations fiscales et sociales. Ce qui est avéré, c’est que ces plateformes géantes bénéficient d’une très forte valorisation avec un minimum d’effectif. Bnb vaut 13 Mds de dollars comme le groupe Accor mais avec 300 fois moins de personnel. Selon les évalua- tions du Cabinet Roland Berger, ce type d’économie appliqué à toute une série de services pourrait entraîner la suppression de 3 millions d’emplois d’ici 2025. D’une manière générale, les technologies numériques se substituent au travail humain à un niveau jamais vu auparavant, la tendance polarisant l’emploi entre les emplois très qualifiés et très peu qualifiés avec une disparition progressive des emplois intermédiaires. Même si des créations d’emplois sont à attendre pour répondre à des besoins nouveaux, il est urgent d’an- ticiper les moyens à mettre en œuvre pour faire face à la période de transition qui s’annonce longue et difficile, en tout premier lieu en matière d’éducation, de formation aux métiers du numérique et de mesures de reconversion. Pour le salarié, la révolution numérique pose la question de la relation qui le lie à son employeur et de sa place dans les changements organisationnels. Des analyses récentes de la DARES sur l’organisation du temps de travail ont fait apparaître une reprise de « l’intensi- fication du travail »ainsi que « des contraintes de rythme de travail accrues ». Pour Force Ouvrière, l’utilisation des NTIC ne saurait être un instrument au service de la déréglementa- tion. Il est donc indispensable d’en définir les règles dans le cadre de la négociation collective. L’ensemble des questions liées à la pénétration du numérique se retrouve en Aquitaine comme ailleurs. L’étude menée par la Commission les a prises en compte, en a mesuré les impacts et les enjeux pour les secteurs de l’économie régionale et a formulé des propositions lui parais- sant de nature à répondre à la fois aux évolutions liées au numérique, notamment en matière d’innovation, mais aussi à celles relevant de l’indispensable régulation, tout particulièrement en matière de droits collectifs des salariés. Notre syndicat entend juger avec réalisme l’impact du numérique sur le travail et a pour objectif d’en saisir l’opportunité pour en faire un facteur d’amélioration des conditions de travail, de réduction de la pénibilité, de sécurisation des parcours professionnels et de création d’emplois.
  • 89. CESER  aquitainE 87 Intervention d’Éric Roux pour la Fédération des Editeurs et Producteurs Phonogrammes Indépendants/RAMA Je représente au CESER Aquitaine les Musiques Actuelles, à travers le RAMA et la FEPPIA, le RAMA c'est le spectacle vivant et la FEPPIA la musique enregistrée. Je regrette que le président de la FEPPIA au niveau régional et de la FELIN au niveau national, Philippe Couderc n'est pas été entendu par la commission en charge du rapport sur la révolution numérique car comme l'a dit Benjamin ROSOOR, la révolution numérique a commencé depuis longtemps et elle n'a pas manqué d'impacter les Musiques actuelles, notamment la musique enregistrée à travers les plateformes de téléchargement qui se soucient plus mais surtout moins de ce qu'il revient à l'artiste alors que c'est lui qui crée cette musique le modèle économique qui prévalait est remis en cause fondamentalement et pour l'heure aucune solution valable n'a été trouvée je vous recommande la lecture du livre de Dominique Cardon "à quoi rêvent les algorithmes" publié au Seuil.
  • 90. CESER  aquitainE 88 Intervention d’Élie Pédron Pour la Fédération Hospitalière de France / Union régionale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux Pour conforter les propos du Président Luc PABŒUF, le rapport bien qu’il aurait pu indiquer davantage de données techniques, les NTIC qui permettent le transfert de données concernant la santé individuelle et la mise en place de posologie à partir de ces moyens peuvent nous interroger, Il convient donc de faire preuve de vigilance sur le suivi de telles pratiques.
  • 91. COMPOSITION DE LA COMMISSION « DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET PROGRAMMATIONS » DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL D’AQUITAINE
  • 92. CESER  aquitainE 90 COMPOSITION DE LA COMMISSION « DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET PROGRAMMATIONS » Président : Patrick DE STAMPA Vice-Présidente : Jacqueline BRET Rapporteur Général : SINGARAVELOU Rapporteur Général Adjoint : Gabriel MEYER Rapporteur de ce dossier : SINGARAVELOU COLLEGE I COLLEGE II COLLEGE III COLLEGE IV Philippe BAZZOLI Jean-Louis BLOUIN Camille BONNEAU Patrick DE STAMPA Dominique GRACIET Jean-René JECKO Gabriel MEYER Christian SURGET Michel TISSINIER Isabelle VISENTIN VICE-PRÉSIDENTS ET SECRÉTAIRES DU BUREAU INVITÉS : Bertrand DEMIER Éliane FOSSÉ Rémi GARUZ Didier GOURAUD Dominique GOURSOLLE-NOUHAUD Jacques LOUGE Chargée de Mission : Martine CHAILLAT Assistante : Emilie DECAP Documentation : Béatrice GAMIN Enquête numérique : Laélia BRIAND MADRID Alyssa DAOUD Pierre DAVANT Jean-Michel GAUTHERON Françoise LECLERC François-Xavier LEURET Serge REY Benjamin ROSOOR Serge SIBUET LA FOURMI SINGARAVELOU Jean-François AGOSTINI Jacqueline BRET Isabelle CHAMPION Lionel CHAUTRU Jean-Baptiste ETCHETO Véronique LELIBON Roselyne MORILHAT Jacques PAULIAT Julien RUIZ Olivier SORCE Terangi HENRIO Jean-Louis BOST Patrick DEBAERE Philippe DESPUJOLS Marc FERNANDES Michel FOURCADE Agnès GRANGÉ Patricia MILLEPIED Alain REILLER Olivia WALLIG-NEGRÉ Julie BRONER Manuel DIAS VAZ Houria FALL-ABBEST Annie HÔTE CHALBOS Patrick HUDE Jacques PERE Éric ROUX
  • 94. Conseil Economique, Social et Environnemental Régional d’Aquitaine Hôtel de Région 14, rue François de Sourdis 33077 BORDEAUX CEDEX Tél. 05 57 57 80 80 - Télécopie 05 56 99 21 67 Site Internet : ceser-aquitaine.fr Edition : PG Edition Illustration : Kymzo Design Dépôt légal : Novembre 2015 - ISBN : N° 978-2-11-141190-6