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LIVRE BLANC

LES NOUVEAUX ELDORADOS
DE L’ECONOMIE CONNECTÉE

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée
Contact Rédaction : @g9plus
redaction@g9plus.org
DIRECTION-REDACTION
Directeurs Luc Bretones, Valentine Ferreol
Rédacteur en chef Rodolphe Falzerana
Rédacteur en chef délégué Rémi Prunier

REDACTION
L’Institut G9+ avec la participation de
Renaissance Numérique et du Think Tank
Objets Connectés & Intelligents : Henri
Isaac, Anne-Sophie Bordry, Guillaume
Buffet

CONTRIBUTEURS
Arnaud Dupuis, Paul-François Fournier,
Jean-Louis Fréchin, Rafi Haladjian, PierreEric Leibovici, Arnaud Lefèvre, Henri Isaac,
Cyrille Najjar, Fred Potter, Patrice Slupowski,
Valentine Ferreol, Guillaume Buffet,
Rodolphe Falzerana, Luc Bretones, AnneSophie Bordry, Rémi Prunier

PROMOTION EN LIGNE
Rémi Prunier, Rodolphe Falzerana & vous

RELATION PRESSE
Natacha Heurtault

EDITION - DA
Rodolphe Falzerana

Crédit Photos
Yann Gourvennec, Olivier Ezratty, Bruno
Feuillet

Contacts partenaires
Renaissance Numérique, Camille Vaziaga
www.renaissancenumerique.org,
@RNumerique,
cvaziaga@renaissancenumerique.org.

Le Mot de la Rédaction
Chaque année l’Institut G9+ organise une rencontre
annuelle qui se veut être un événement d’exception tant par
la qualité de ses convives que par la richesse de sa réflexion.
Pour l’année 2013, nous avons considéré que l’Internet des
Objets avait atteint un niveau de maturité suffisant pour être
abordé —  à la fois — sous la forme d’un exercice de
prospective pour un (des) marché(s) qui reste(nt) à inventer
et, sous l’angle pragmatique de retours d’expérience. Ainsi
sont nés “Les Nouveaux Eldorados de l’Economie
Connectée”, la soirée (26 novembre 2013) et le Livre Blanc
éponyme. Le présent livre blanc vise à attirer l’attention des
citoyens et des élus sur une évolution sociétale et humaine.
L’Institut G9+ et Renaissance Numérique, accompagnés par
le think tank “Objets Connectés & Intelligents“, ont mené un
travail d’enquête auprès des penseurs et acteurs de
l’Internet des Objets français. Appuyé sur des documents
scientifiques, des rapports officiels et de nombreuses
interviews médiatiques, le présent livre blanc expose les
enjeux de ce nouveau marché global et englobant. Quatre
idées majeures accompagnent cette réflexion :
1. Debout  ! La nécessaire prise de conscience par les
décideurs politiques et les acteurs économiques de la
formidable opportunité que représente l’Internet des objets
pour la France qui a toutes les cartes en main pour devenir
LE leader européen de l’objet communicant.

2.Le paradigme d’une nouvelle économie est déjà là :
l’économie de services s’est généralisée à tous les secteurs
économiques traditionnels. Aujourd’hui donc, tout marché
devra intégrer à sa fonction première, celle du service rendu à son utilisateur. Celui-ci même fait évoluer le
consommateur à la recherche d’objets de plus en plus adaptés à leur individu même.
3. Un défi industriel à relever : ce nouveau modèle représente un défi majeur pour les acteurs traditionnels du
secteur, qui doivent redoubler d’agilité pour intégrer cette nouvelle conception du produit.
4. La réussite par la régulation… aussi : un nouveau marché qui pose de nouvelles problématiques au
régulateur  : encadrement de la traite des données personnelles, sécurité des produits, compatibilité des
différents interfaces pour permettre aux objets de communiquer les uns les autres avec plus de transparence.

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée

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Les contributeurs

Pascal Cagni
Former Apple GM,
VP Europe,
Middle East India Africa

Arnaud Dupuis
Partenaire fondateur et directeur des
opérations de Genymobile

Henri Isaac
Docteur en sciences de gestion, Maître
de conférences à l'Université Paris
Dauphine

Paul-François Fournier
Dir. exéc. innovation de la BPI France

Jérôme Leleu
Président du Groupe Interaction Expert e-Santé Interaction Healthcare

Jean-Louis Fréchin
Design, innovation & technology.
Strategic and Creative Consultant
Directeur de l'agence NoDesign

Cyrille Najjar
Fondateur de White sur White

Rafi Haladjian
Fondateur de sen.se

Fred Potter
Fondateur de Netatmo

Arnaud Lefèvre
Deputy CEO VP Sales Joshfire

Thomas Serval
Fondateur de Flaminem,
Cofondateur de Radioline

Pierre-Eric Leibovici
Partenaire chez Orkos Capital &
Robolution Capital

Patrice Slupowski
VP Digital Innovation & Communities
(NExT.com) d’Orange

L’équipe de la Rédaction
Valentine Ferreol
Présidente de l’Institut G9+

Luc Bretones

VP de l’Institut G9+, Administrateur
Renaissance Numérique

EVP Technocentre & Orange Vallée

Guillaume Buffet
Président du think tank
Renaissance Numérique

Anne-Sophie Bordry
Présidente du think tank
« Objets connectés et intelligents
France »

Rodolphe Falzerana
Digital Marketing Institut G9+
IT Channel Manager
Orange Business Services

Rémi Prunier

Social Media Manager Institut G9+
IT Sales Manager
Orange Business Services

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée

INTRODUCTION .................................................................................................6
Les nouveaux eldorados de l’économie connectée 

PREAMBULE .....................................................................................................10
PARTIE 1 ...........................................................................................................12
L’Internet des objets, une révolution totale

Dans la ville, l’hôpital ou la maison, l’IdO est déjà une réalité ...............................................12
Objets communiquant et santé : vers hôpital, médecin et patient connectés ....................................13
Ville et Internet des objets : le boulevard connecté à Nice ....................................................................16
La maison connectée ..................................................................................................................................17

Internet des objets ? des choses ? de toutes les choses ? .......................................................18
UN marché ou LE marché ? ..........................................................................................................19

PARTIE 2  ...........................................................................................................22
De la révolution industrielle à la révolution numérique : la synthèse de l’Internet des Objets

L’objet connecté va au-delà de l’objet fonctionnel ...................................................................22
La fonctionnalité de l’objet intègre la notion de service .........................................................................23
Le grand public devient la cible principale ..............................................................................................24

Quand le design se met au service de l’usage ...........................................................................25
Nouveaux objets, nouveaux entrepreneurs  ..............................................................................26
Les principaux objets connectés sont le fait d’entrepreneurs du web confirmés ...............................26

La conception d’un objet connecté requiert des investissements importants à l’entrée ......28
Des coûts certes importants mais en baisse ............................................................................................29

Les défis du numérique appliqués à l’Internet des objet ........................................................30
L’IdO est un générateur massif de données personnelles ........................................................31
Cybersécurité ...............................................................................................................................................33

Interopérabilité ...............................................................................................................................34
L’open source : une philosophie de l’Internet pour mettre à disposition de tous la possibilité
de connecter son quotidien ..........................................................................................................35

PARTIE 3  ..........................................................................................................36
Tour d’horizon international des marchés
de l’Internet des Objets

Les Etats-Unis naturellement à la première place de l’Internet des objets ...........................36
Les Etats-Unis conscients du levier de croissance « rapide » et « de qualité » que représente l’IdO 36

copyright Institut G9+

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée

Des avancées sur les données personnelles et l’interopérabilité ........................................................37

L’Allemagne s’appuie sur ses avantages historiques pour anticiper la 4e révolution
industrielle ......................................................................................................................................37
Industrie 4.0 ..................................................................................................................................................37
Un Etat pionnier de l’Internet des Objets .................................................................................................38

La Corée du Sud profite de ses géants soutenus par l’Etat et de sa connectivité, la plus
étendue au monde ........................................................................................................................38
La Chine compte devenir le premier pays de l’IdO par des investissements massifs .........39
L’Union européenne avance timidement sur la sécurité sans avoir de vision industrielle
large .................................................................................................................................................39

PARTIE 4  ..........................................................................................................41
Atouts et freins français

La France a commencé à prendre le virage de l’Internet des Objets ....................................41
Prise de conscience des enjeux chez les décideurs politiques .............................................................41
Le France dispose de champions de l’IdO ...............................................................................................43
La couverture réseau du territoire est exceptionnelle ............................................................................44
Les Français : des consommateurs friands d’objets connectés .............................................................44

Cependant, la croissance se heurte à certains problèmes spécifiques .................................45
Le coût du travail empêche de localiser la production en France.........................................................45
L’IdO a besoin d’un cadre juridique stabilisé ...........................................................................................45
Les grands industriels tardent encore à prendre le tournant de l’Internet des Objets.......................46
D’autres sont pionniers ...............................................................................................................................47

NOS PRÉCONISATIONS .................................................................................49
Décideurs politiques, acteurs économiques, citoyens : nos propositions pour appréhender dès
aujourd’hui l’Internet des objets

VOTRE AVIS COMPTE .....................................................................................52
Merci de prendre 1 minute pour répondre à 3 questions

PARTICIPER EN LIGNE ...................................................................................52
sur g9plus.tv vous pouvez revoir la 17e rencontre annuelle de l’institut : “Les Nouveaux Eldorados
de l’Economie Connectée”et participer et commenter le sujet

L’INSTITUT G9+ ................................................................................................53
Qui sommes-nous?

copyright Institut G9+

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée

INTRODUCTION
Les nouveaux eldorados de l’économie connectée 
Équipés d’une puce ou d’un capteur, reliés à Internet ou
entre eux, demain tous les objets auront vocation à vous
parler, que ce soit pour vous indiquer votre qualité de vie, de
sommeil, ou pour assurer le suivi de votre cure ou
médication. Votre matelas, votre thermostat, votre verrou...
Tous vous parleront.

“Après avoir bouleversé notre vision des relations
humaines, le web entame une nouvelle révolution :
celle de notre perception des choses.

”

Les enjeux associés aux domaines d’applications des « objets
connectés » sont aussi importants que complexes.
Une véritable révolution est en
marche. La numérisation du

Luc Bretones


monde physique va chambouler

Vice-Président de l’Institut G9+

Administrateur Renaissance Numérique

EVP Technocentre & Orange Vallée

presque tous les domaines de
marchés actuels et permettre
l’émergence de nouveaux. Cette
ré v o l u t i o n v a p e r m e tt re a u x
acteurs déjà en place d’améliorer
et d’enrichir leurs offres ; elle va
aussi permettre à de nouveaux

acteurs de proposer de nouveaux services, grâce à la mise en place de plateformes ouvertes
permettant l’accès à ces «  objets connectés », de combiner des services de base (« enablers ») pour
créer des services à forte valeur ajoutée.

Mais cette révolution a aussi pour
conséquence de provoquer une
transformation, voire une rupture dans
les jeux d’acteurs et dans les modèles
économiques.

D’une approche généralement verticale (un
acteur porteur du service et intégrateur des
solutions nécessaires), les modèles de marché
vont évoluer pour permettre à ces chaînes
d’acteurs de travailler, coopérer, mais aussi
mener la compétition sur des écosystèmes
technologiques et services.

Une dimension clé pour la réussite de ce nouveau domaine sera la capacité de l’ensemble des acteurs

copyright Institut G9+

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée
à construire ces nouveaux écosystèmes ouverts (des technologies de connectivité aux plateformes de
collecte, traitement et gestion des données).

Les « objets connectés » représentent des gisements de données dont les
perspectives d’exploitation sur le long terme apparaissent comme sans
limite.
En France, l’Etat structure déjà les écosystèmes grâce à une série d’instruments tels les pôles de
compétitivité (Systematic, Minalogic, TES…) et autres appels de l’Agence Nationale de Recherche ou
du « grand emprunt » sur des sujets comme les

« villes intelligentes » ou la « e-santé ».

Les grandes questions à résoudre pour lesquelles l’Etat Français et l’Europe ont un rôle à jouer afin de
permettre la constitution d’écosystèmes et l’émergence d’une nouvelle économie tirant parti des
«  objets connectés » concernent d’une part les infrastructures réseaux pour les « objets connectés »,
les bandes de fréquences, les standards à pousser ou établir et d’autre part les infrastructures
ouvertes pour les services (collecte, stockage, traitement, accès sécurisé…).

Il paraît en effet important d’étendre le débat a minima au niveau
européen pour poursuivre, voire amplifier, les investissements amorcés
dans le programme PPP-Future Internet sur le volet « Internet des objets ».

focus smart home
Un nouveau monde d'applications émerge dans la Maison à partir de la variété grandissante des
capteurs et actionneurs. Au-delà de quelques premiers usages connus de la domotique traditionnelle,
un nombre incalculable d’applications se répandra par croisement de ces domaines et de l’univers du
divertissement et du jeu.
les 6 domaines de services de la maison intelligente :
๏ Sérénité  : une veille discrète continue qui rassure et prévient si quelque chose d'anormal se
passe,
๏ Confort  : une gestion plus facile du confort à l'aide d'interfaces adaptées en se basant sur les
automatismes déployés,
๏ Énergie : une optimisation de la consommation des énergies et des fluides
๏ Maintien à domicile Une opportunité pour les personnes âgées de vivre plus longtemps
confortablement à la maison,
๏ Bien-être : un entretien de la forme physiologique et sportive individuelle,
๏ Partage de contenus un partage de contenus fluide entre équipements et à l’intérieur de
communautés de personnes.


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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée
un public intéressé mais un marché qui peine à décoller
Le public montre un appétit grandissant pour les nouveaux produits sur ce thème. Nous pouvons citer
plusieurs tendances générales :
๏ technologies mûres et accessibles :
• des cardiomètres,
• des balances (Withings),
• des luminaires commandables (lampes Hue de Philips),
• des gadgets communicants (la station météo de NetAtmo qui mesure la qualité de l’air,
l’humidité, etc.. compatible avec iPhone et Android), HAPIfork : fourchette communicante
qui analyse la façon de manger (trop vite, trop grosse bouchée..),
๏ prise de conscience des enjeux liés à la maîtrise de l’énergie,
๏ besoins grandissants en termes de santé :
• maintien à domicile et l’initiative gouvernementale « Silver Economy » ,
• une cigarette intelligente et communicante alliée à un service de coaching personnalisé
facilitant l’arrêt du tabac et faisant office de dispositif de sevrage de nicotine
(SmokeWatchers).
Toutefois, le marché de la Maison Intelligente peine à décoller. Ce marché est à l'état de niches où
chaque fabricant de renom vend une solution propriétaire, et où les partenariats éclosent sur chaque
type de service sans en embrasser l'ensemble.
Les principaux freins :
๏ travail en silo et par filière métier,
๏ non compatibilité des applications développées,
๏ le coût.
des opportunités pour tous
Des opportunités technico-économiques se dessinent dans le partage, par les fabricants et vendeurs
de services à l'habitat, d'une infrastructure opérée par les opérateurs de télécommunications. Cette
infrastructure comprend un ensemble restreint de normes de réseaux de capteurs, une plateforme
logicielle embarquée de services à l'environnement d'exécution normé, une norme pour
l'administration d'équipements adaptée aux capteurs et actionneurs de la Maison.
Tous les acteurs du marché pourront prendre part à ce système :
๏ acteurs métiers qui pourront partager cette infrastructure,
๏ opérateurs de télécommunications qui ouvriront leur infrastructure,
๏ éditeurs et intégrateurs logiciels pour toutes les applications dans leur déploiement sur des
équipements embarqués et dans les plateformes de services du Cloud,
๏ fabricants de plateformes matérielles qui innovent dans l'intégration matérielle des
technologies de réseaux de capteurs et des exigences logicielles d’interopérabilité.

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée

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Tous les éléments techniques existent aujourd’hui. S’il reste un verrou technologique, c’est un verrou
d'intégration pour le partage d'applications sur cette infrastructure associée au partage de capteurs,
au partage d’une plateforme embarquée de service, à des serveurs d'administration de réseaux et
d'équipements, d'outils de facturation et d’un magasin d'applications.

Focus entreprises
Voiture connectée, transport et flottes de véhicules, comptage intelligence de l’eau, du gaz, de
l’électricité, santé, des domaines d’applications multiples, des marchés porteurs

Le marché du Machine-to-Machine ou « Internet des Objets » dans le domaine B2B
est mature et les besoins « B2B2C » se structurent :
๏ Au cours de la première étape de son développement, le M2M a permis l'amélioration des
processus et la réduction des coûts dans des activités telles que la surveillance d'équipements,
le suivi et la localisation de matériels, la gestion de flottes, etc. C'est une phase très
« industrielle » qui a essentiellement concerné des applications B2B.
๏ La deuxième étape du M2M, dans laquelle nous sommes actuellement, élargit le champ
d'application des technologies à ce que nous pourrions appeler la « société connectée », dans
laquelle on touche le grand public. Grâce à un boîtier intelligent, une voiture en panne signale
automatiquement sa position au dépanneur le plus proche, un dispositif de suivi du rythme
cardiaque détecte un problème et alerte le médecin du patient… Le changement d'échelle de
la taille des flottes de terminaux à gérer structure très différemment les projets qui, bien plus
complexes, doivent être industrialisés dans les moindres détails. Nous sommes ainsi entrés dans
l'ère du « B2B2C ».
๏ La fin de la décennie verra l'avènement de la troisième étape, celle de l'Internet des objets. Les
appareils et équipements dans nos villes, dans nos maisons, sur notre lieu de travail, dans les
transports, pour le paiement, la protection de l'environnement, notre information ou notre santé
interagiront pour améliorer notre confort, simplifier nos déplacements et réduire les coûts de
toutes ces applications.


Chiffre marché : En réalité, il n'y a pas « un » marché, mais « des » marchés du M2M.
Outre les chiffres des applications B2B, celles destinées au grand public explosent.
Selon une étude réalisée pour la GSMA le monde approchera en 2022 les 18
milliards de terminaux connectés, un chiffre qui intègre les téléphones mobiles, les
boîtiers qui équiperont à court terme les automobiles, les compteurs intelligents et
les nombreux appareils d'électronique grand public tels que les consoles de jeux
ou les tablettes.

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PREAMBULE
Ne laissons pas passer le train de
cette nouvelle révolution industrielle.
Valentine Ferreol
Présidente de l’Institut G9+
Si nous avons choisi d’aborder ce thème, certes d’actualité, pour notre Rencontre Annuelle 2013, c’est pour vous
apporter un éclairage complémentaire et, avec ce Livre Blanc, une profondeur particulière.
L’Internet des Objets traverse en effet toutes les couches, concerne tous les métiers de notre écosystème :
๏ Les utilisateurs du quotidien, consommateurs que nous sommes, devenus consom’acteurs ;
๏ Les industries numériques : opérateurs télécom, éditeurs de logiciels, sociétés de services ;
๏ Les entrepreneurs, porteurs de nouveaux concepts et d’innovation ;
๏ Les industries qui conçoivent et produisent tous ces objets de plus en plus intelligents et communiquants ;
๏ Les industries dites traditionnelles qui les mettent en œuvre pour se ré-inventer.
๏ Et, bien sûr, l’ensemble des institutions de notre pays.
Bref, les sciences et la technologie sont plus que jamais intimement liées — connectées — aux évolutions des
usages, aux modes de consommation ainsi qu’aux modèles économiques qui s’en trouvent bouleversés.
Ne laissons pas passer le train de cette nouvelle révolution industrielle. La France a de nombreux atouts en
mains. Notre écosystème est dynamique, nous avons de réels talents, des richesses qui ne demandent qu’à être
mobilisées, des ressources sur lesquelles nous pouvons capitaliser. Sachons aussi observer les bonnes pratiques,
nous inspirer et apprendre des réalisations qui nous entourent.
L’Institut G9+ est historiquement un Think Tank transverse aux univers du numérique et de l’IT. Comme vous
pourrez le découvrir - ou le re-découvrir - à la lecture de ce document, nos travaux et réflexions sont aussi
radicalement orientés vers les secteurs utilisateurs du numérique.
Ce livre blanc s’adresse donc à vous tous. Bonne lecture.

!

Guillaume Buffet
Président du think tank Renaissance Numérique

Objets inanimés… vous avez donc une âme !
Le potentiel d’innovation que représente les objets connectés est quasi infini.
Les atouts sociétaux, économiques ou industriels qu’ils représentent pour la France sont
immenses. Notre pays est particulièrement bien placé pour tirer son épingle de ce nouveau
« jeu », cette nouvelle étape de la révolution digitale.

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée
Il n’est pas une étape de la vie des citoyens, un centre d’intérêt, un secteur économique qui ne soit directement
concerné — au moins potentiellement — par ces drôles d’objets, encore virtuels pour la plupart d’entre eux.
La fameuse question de Raymond Devos

« objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » risque donc

de trouver sa réponse dans les prochains mois.
Mais alors que la très large majorité de nos concitoyens n’ont encore jamais chaussé de lunettes connectées,
que les voitures connectées se comptent sur les doigts de la main, que les startups françaises dans le domaine
des transports ou de la santé connectés en sont encore à l’état… de startup, certains pointent déjà du doigt les
premières inquiétudes. Et ceux-là ne sont pas uniquement des conservateurs rétrogrades. Loin de là.
Notre think tank se doit alors d’accompagner cette révolution, nouvelle strate du bouleversement qu’implique le
numérique sur notre société.
Accompagner, éclairer, expliquer, mettre en évidence les enjeux… découvrir quels sont les formidables atouts
de la France, mais aussi les freins au développement de ce nouveau marché  : voici les raisons d’être de cette
analyse que nous vous invitons à découvrir.
Bonne Lecture.

Anne-Sophie Bordry
Présidente du think tank
Objets Connectés & Intelligents France

L'innovation précède l'usage et
nous nous interrogerons sur son optimisation
pour que l'humain en reste le cœur.
Les objets connectés sont une chance pour l’avenir de l’industrie française et la transition vers le tout numérique.
Selon la dernière étude de Cisco les objets connectés représentent d’ici 2020 un marché de 14 000 milliards de
dollars.

99,4% des objets physiques seront connectés et de nouveaux seront inventés. L’effet

accélérateur de cette économie est que tous les objets qui sont déjà électroniques sont simples à connecter. La
connectivité permanente est aussi le second effet de levier pour une croissance forte de ce
secteur industriel.
Le think tank objetsconnectesfrance.com, le 1er think tank dédié, a pour objectif
d’accompagner le développement de ce secteur qui s’inscrit au cœur de l’évolution
naturelle du développement de l’Internet. Il représente un levier de croissance prometteur,
avec d’importants gains de compétitivité, une dynamique de l’économie dont les incidences
sont multiples à tous les niveaux de nos sociétés développées. Le think tank est ouvert à
toutes les contributions et les experts qui y sont réunis sont les garants de la pertinence des publications. Nous
partons du postulat que l'innovation précède l'usage et nous nous interrogerons sur son optimisation pour que
l'humain en reste le coeur. Nous étudierons les impacts de ce secteur sur les usages de chacun, les effets des
usages de masse et sur les politiques publiques. Nous discuterons aussi des choix d'infrastructures, des
problématiques liées au financement et à la fiscalité en France et sur le marché européen, pour que tous les
leviers soient favorables à la croissance. Trois niveaux de réflexion sont proposés  :

la ville connectée, la

maison connectée et l’homme : son bien être et sa santé.


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PARTIE 1
L’Internet des objets, une révolution totale
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Il y a des gens qui voient les choses telles qu’elles sont et disent
pourquoi. Moi je rêve des choses qui n’ont jamais été et je dis
« pourquoi pas ? »
George Bernard Shaw

1

En novembre 20121 , l’hebdomadaire britannique The Economist annonçait l’année
 

2013 comme celle du « thingternet ». Un constat inéluctable étant donnée l’arrivée de
nouveaux réseaux et connexions : l’IPV6, la 4G et le cloud. L’Internet des Objets, ou
2

IdO, était pourtant déjà annoncé en avril 20072 par le même journal…
 

!
1. Dans la ville, l’hôpital ou la maison, l’IdO est déjà une réalité
Tant la révolution est globale qu’il est difficile de se rendre compte concrètement de ce que sera
l’Internet des Objets demain. Thermostat, balance, podomètre, tuteur pour plantes… de plus en plus
d’objets de notre vie quotidienne sont connectés et ont vocation à le devenir.
Trois exemples d’écosystèmes connectés concrets permettent d’imaginer les contours de l’IdO, déjà
mis en œuvre dans certains secteurs où ils apportent des gains immédiats, ainsi :


LA SANTÉ
LA VILLE
LA MAISON
1

The Economist – 21/11/2012 - http://www.economist.com/news/21566428-things-rather-people-are-about-become-biggest-users-

internet-welcome
2

www.netgouvernance.org/NG2/Textes-Interviews/Entrees/2007/4/27_The_Economist___The_hidden_revolution_-

_A_survey_of_telecoms.html

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1.1.Objets communiquant et
santé : vers hôpital, médecin et
patient connectés

Ces nouvelles technologies permettent de créer un
nouveau canal de communication entre le patient et le
médecin, réinventant par la même occasion les
processus de soin et facilitant l’accompagnement des
patients.  «  En dehors de la motivation, prérequis

La santé est l’exemple pris par Daniel Kofman,
professeur à Télécom ParisTech, pour démontrer dans
le rapport « La dynamique d’Internet : prospective
2030 »3 commandé par le Commissariat général à la
 

s t rat é g i e e t à l a p ro s p e c t i v e , l e d y n a m i s m e
économique du marché objets connectés.
Il présente une lentille de vue qui mesure le niveau de
sucre dans le corps, un patch électronique greffé sous
la peau qui mesure nos signaux vitaux ou encore des
nanodispositifs de la taille de nos

rechute lors d’un arrêt est le manque
d’accompagnement. Les tabacologues et spécialistes
de l’addiction sont à la recherche de nouveaux leviers
afin d’accompagner au mieux les fumeurs »  selon
Benjamin Choukroun, fondateur de SmokeWatchers.
L’hôpital connecté est une des applications des objets
connectés dans le domaine de la santé. Il présente
une vraie révolution pour sa gestion globale, la
numérisation des données de santé, la
dématérialisation des dossiers ou

globules. Il projette ensuite en

“Rien depuis le

échangeant des informations avec
notre smartphone qui les transmettrait
automatiquement à un hôpital

l’archivage légal, les services aux

dentifrice n'a

imaginant toutes ces technologies

qualité.

été si fort.“

intelligent, à notre compagnie
d’assurance ou encore aux ambulances

patients, le monitoring d’indicateurs de

Le ministère de la santé l’a bien
compris en lançant en novembre 2011,

le programme hôpital numérique «  qui vise à les

en cas de déficience.

amener à un niveau de maturité de leurs systèmes

D’après une étude de Research2Guidance4, en 2015,
 

500 millions d’utilisateurs de smartphones et de
tablettes utiliseront des applications mobiles liées à la
santé.

d’information suffisant pour améliorer
significativement la qualité, la sécurité des soins et la
performance dans des domaines fonctionnels
prioritaires sur un cycle assurant la sécurité des
données », explique l’administration.

"Ces objets connectés marquent une vraie
révolution parce que nous pourrons imaginer
une nouvelle prévention. Rien depuis le
dentifrice n'a été si fort." Eric Careel, Président
Fondateur de

nécessaire à l’arrêt du tabac, la principale cause de

Withings5
 

Cependant, les évolutions sont encore timides  : en
juin 2013, Thierry Zylberberg, Executive VicePresident Orange Health, lançait, à propos de ce
programme  : «  on avance lentement, avec seulement
20 % du plan mis en place pour le moment, ces

3

http://www.strategie.gouv.fr/content/etude-dynamique-internet-2030

4

“Global Mobile Health Market Report 2013-2017” by research2guidance, http://www.research2guidance.com/shop/index.php/

mhealth-report-2
5

Interview d’Eric Careel sur BFM TV, le 28/10/2013 - http://www.bfmtv.com/grille/bfmbusiness/podcast-radio/20104/

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée
solutions numériques sont toutefois une grande
avancée en terme de rapidité et d’efficacité

».6
 

Médecin espagnol, Pedro Guillén est devenu le
premier chirurgien au monde à réaliser, en juin 2013,

bijoux connectés, se renseigner sur son état de santé
et obtenir des informations sur les principaux
indicateurs physiologiques : rythme cardiaque,
tension artérielle…

une opération de greffe de cartilage en utilisant les

Intégrés dans une

lunettes de réalité augmentée de Google («  Google

démarche

Glass »). Au-delà de l’intérêt médical de partager avec

prévention, ces

d’autres chirurgiens l’opération en direct, cette

objets connectés

démarche innovante définit, une nouvelle fois, une

peuvent devenir de

application concrète de ce que la télémédecine peut

véritable «  coach  »

offrir.

virtuel permettant à

Le milieu hospitalier n’est pas le seul lieu où les objets
connectés ont fait leur apparition.

de

chacun d’entre nous
de vérifier les efforts au quotidien dans les exercices
physiques ou les pratiques alimentaires.

Bien que ces nouveaux supports intègrent une

Des

dimension technologique évidente, il faut replacer

intelligents permettent

l’intérêt de ces objets connectés pour le grand public

la récolte des données

e t l e s p a t i e n t s ( b i e n - ê t re , a c c o m p a g n e m e n t

de santé de manière

thérapeutique, observance du traitement) et son

autonome.

environnement : Famille, professionnels de santé,
aidants…

vêtements

chercheurs

Des
de

l'université de Tokyo ont même inventé une puce,

«  La frontière de l’application des objets connectés
entre le “bien être” et la “santé des patients” est
relativement étroite. Ces deux domaines de la santé
peuvent se rejoindre.  » souligne Jérôme Leleu,
président de Interaction Healthcare et expert e-santé.

ultra-fine et résistant aux froissements, implantée dans
le corps pour établir un bilan médical avec des
données, telles que la température corporelle et la
pression artérielle ainsi que les mouvements des
muscles.
Ces objets peuvent
é g a l e m e n t
accompagner des
patients souffrant de
maladies chroniques
et de pathologies
sévères comme de

Figure 2 La balance connectée et le Compagnon Santé
Withings

En effet, le grand public peut désormais, grâce à des
bracelets (Fitbit, Jowbone…), des balances
intelligentes (Withings…) ou des montres, voire des

6

l’obésité morbide.
L’exemple avec la fourchette connectée de Slow
Control, présentée au CES de Las Vegas 2013, qui,
grâce à des capteurs ultra-sensibles, vibre si vous
mangez trop vite. L’objectif est de réapprendre à se
nourrir lentement pour mieux et moins manger.

Interview de Thierry Zylberberg pour 20 Minutes – 19/06/2013 - http://www.20minutes.fr/magazine/secoacher/sante-connectee/

les-objets-connectes-font-leur-entree-dans-les-hopitaux-86666/

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Le monde du «  hardware  »

intelligents (ci-contre

peut également rencontrer

celui de iMedipac de

celui des applications  : en

MEDissimo) peut faciliter

2014, les laboratoires LNC,

le suivi du traitement

spécialisé dans les

avec des systèmes de

pathologies métaboliques,

push envoyés sur les

relieront une déclinaison de

Smartphones.

cette fourchette connectée

Ces

dans le serious game

évolutions

technologiques ne

«  Bariagame  » à des patients
ayant subi une chirurgie bariatrique. Conçu par des
nutritionnistes, le gameplay s’appuie sur cet objet
connecté en proposant une application pédagogique.
Pour assurer une plus grande diffusion de ces objets
connectés dans le monde de la santé, les
professionnels de santé comme les médecins
généralistes ou les pharmaciens devront être les
premiers prescripteurs auprès des patients. Lors du
dernier Festival Communication Santé de Deauville en
Novembre, la société DMD Santé a présenté une
étude précisant que, par exemple, 58 % des seniors
seraient prêts à l’utiliser si leur médecin leur
préconisait.

doivent toutefois pas cacher certaines limites dans la
d i f f u s i o n d e s o b j e t s c o n n e c t é s  : l e c a d r e
réglementaire et le modèle économique.
En effet, la collecte de données de santé doit
s ’ i n s c r i re d a n s l e re s p e c t d e s l o i s ré g u l a n t
l’exploitation de ces informations personnelles. Ainsi
on peut s’interroger sur une exploitation éventuelle
par des structures utilisant les données que le «  big
data » permettrait d’obtenir.
Enfin, bien que le grand public souhaite utiliser ces
objets connectés pour leur bien-être ou pour les
accompagner dans leur parcours de soins et que la
prévention n’en saurait que plus renforcée, leur

Les objets connectés peuvent jouer un rôle évident
dans l’observance des traitements. 50 % des
diabétiques oublient de prendre leur médicament au
moins une fois par semaine. L’émergence de piluliers

financement reste encore à définir  : Sécurité sociale,
mutuelles, entreprises privées, le patient… ?
La question reste posée. 


«" Les" hôpitaux" sont" ceux" qui" ont" le" plus" besoin" de" telles" technologies." Ils" sont" encore" trop"
grands,"trop"encombrés."[…]"De"nouvelles"formes"d'établissements"hospitaliers"basés"presque"
uniquement" sur" ces" technologies" émergeront." En" revanche," il" faudra" pour" cela" briser" les"
traditions" et" mettre" en" place" un" profond" changement" organisationnel." Mais" je" suis" certain"
que"cela"entraînera"de"grands"profits"car"la"prévention"de"la"maladie"fera"partie"intégrante"de"
ces"organisations,"avec"l’aide"des"assurances."Toutefois,*à*nouveau,*ce*tournant*prendra*du*
temps.*Peut6être*même*20*ans*!"Un"peu"comme"l’évolution"d’internet."Cela"entraînera"plus"de"
prévention," de" participation," d’égalité" et" de" personnalisation," et" donc" plus" d’efficacité" et" un"
rapport"entre"les"professions"et"les"patients"plus"humain."Il"y"a"encore"beaucoup"de"place"pour"
des"améliorations."Les"techniques"sont"encore"trop"génériques,"trop"dépassées."»"

!

Interview!de!Yuri!Van!Geest,!co4fondateur!de!Quantified!Self!Europe!et!ambassadeur!pour!les!
Pays4Bas!de!la!Singularity!University!–!pour!L’Atelier

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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée
1.2.Ville et Internet des objets : le
boulevard connecté à Nice
La «  Smart city  » ou ville intelligente est munie de
c a p t e u r s e t d ’o b j e t s c o n n e c t a n t t o u t e s s e s
infrastructures, son administration et ses citoyens, de
façon à suivre l’activité et à être apte, donc, à adapter
sa logistique en fonction de données. En France, 24

Le boulevard est également équipé d’un wifi public
gratuit.
Le mobilier urbain devient intelligent :
๏ les poubelles sont munies de capteurs, ce qui
permet aux services de propreté de la ville
d'adapter le planning de leurs tournées en
fonction de leur remplissage ;

villes pionnières dont 14 comptent plus de 100 000

๏ les conducteurs ont accès depuis leur

habitants avaient lancé des initiatives diverses dans ce

smartphone ou leur tablette, aux informations

secteur en 2013, selon le baromètre Syntec

sur la disponibilité des places de

Numérique.

stationnement ;
๏ les lampadaires sont connectés afin d’être gérés
individuellement. Ainsi, associée à un détecteur
de mouvement, la luminosité est programmée
pour s’adapter à la fréquentation du boulevard
la nuit. Cette luminosité ajustée en fonction des
besoins permettrait de

« réduire de 30% la

facture » d'électricité d'une collectivité, a
expliqué Robert Vassoyan, directeur général de
Cisco France, lors d'une conférence de presse.
Figure 3 « La forme d’une ville change plus vite, hélas,
que le coeur des mortels. » Charles Baudelaire

Pour bâtir ces infrastructures, Cisco s’est associé avec
plusieurs startups et entreprises innovantes pour les
composantes intergicielles (middleware) et logicielles

Une ville connectée,
des centaines de nouveaux services
Véritable laboratoire à ciel ouvert, le boulevard Victor
Hugo à Nice a été inauguré en juillet 2013, utilisant la

de la solution.
Qui est propriétaire des données récoltées par les
capteurs du boulevard ?

Une première

Les données du Boulevard Victor Hugo sont collectées

mondiale en termes de croisement de données à

par une plateforme unifiée gérée par la ville. Les

technologie développée par Cisco.
cette échelle dans une ville.

informations seront rendues publiques et consultables
via internet.

Illustration de la ville 2.0 ou de la "Smart City",
l'omniprésence des objets augmentés par leur

Ainsi, explique Olivier Seznec, directeur de la stratégie

capacité à se connecter entraîne la récolte et le

technologique de Cisco France :

traitement en masse de données.  200

capteurs ont

« La ville est entièrement propriétaire de ses données.

été installés en haut des lampadaires, dans la

Ce dispositif permet à Nice de prendre son ‘’destin

chaussée, sur des containers pour récolter,
exploiter et croiser en temps réel les données sur la
circulation, l'éclairage public, la propreté, la qualité de
l'air et le bruit.

numérique’’ en main à 100%. Étant la seule maîtresse,
elle aura également beaucoup plus de facilités à ouvrir
sa plate-forme de services numériques à d’autres
citoyens-acteurs qui souhaiteraient apporter leur
pierre à l’édifice. »

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1.3.La maison connectée
La maison connectée était le vieux rêve — ou
cauchemar — présenté par Jacques Tati dans son film
Mon oncle où le héros, M. Hulot, demeure perplexe
face aux objets qui l’entourent. La maîtresse de
maison se montre, elle, enchantée  : «  C’est si
pratique : tout communique ! » s’exclame-t-elle devant
ses invités.

Rendre sa cuisine plus intelligente
Basée sur la technologie RFID et grâce à l’utilisation
d’un écran tactile, des étudiants ont imaginé, en 2008,
le concept de la cuisine intelligente. Au sein du
réfrigérateur, le consommateur peut ainsi avoir accès
à l’aperçu très précis de ses stocks de denrées, la
péremption ou la pénurie de certains produits. La
puce de la poubelle informe sur le poids des déchets
et ainsi, l’empreinte écologique et le respect du tri par
l’habitant.
Intégrées à un logiciel de gestion et d'analyse
centralisé, ces données permettent ensuite de prévoir
le réapprovisionnement de certaines denrées via un
centre de commande en ligne, d'offrir une analyse de
la consommation de l'utilisateur et de l'aider à réduire
ses déchets et à limiter le gaspillage.
Manifestation concrète de ce genre de système : Evian
a lancé en 2012 le concept d’Evian Drop, en
collaboration avec BETC Digital et Joshfire. Cet

Figure 4 Mon Oncle, de Jacques Tati (1958)

Aujourd’hui, un nouveau monde d'applications
émerge dans la maison à partir de la variété
grandissante des capteurs et actionneurs. Au-delà de
quelques premiers usages connus de la domotique
traditionnelle, un nombre incalculable d’applications
se répandra par croisement de ces domaines et de

élément aimanté sur le réfrigérateur permet de
commander son eau directement à la source, via le
Wifi de la maison.
De l’ordre du gadget aujourd’hui, cet objet peut
préfigurer une relation nouvelle à son intérieur,
contrôlé automatiquement, même à distance.
Cependant, le marché de la Maison Intelligente peine

l’univers du divertissement et du jeu.
Sérénité, confort, économie d’énergie, maintien à
domicile et partage des contenus  : une multitude de
services est envisageable en connectant le mobilier et
l’électroménager de notre maison entre eux.

à décoller. Ce marché est à l'état de niches où chaque
fabricant de renom vend une solution propriétaire, et
où les partenariats éclosent sur chaque type de
service sans en embrasser l'ensemble. 


On comprend bien que cette arrivée des objets connectés marque la forme d’une
nouvelle étape de la révolution numérique, décrite par Pierre-Eric Leibovici comme la
« solidification du numérique : là où l'internet a engendré une révolution des services, on
apporte une intelligence et une connexion aux objets, ce qui va conduire à une
révolution au niveau des biens industriels et domestiques.  »
Ces trois exemples, la santé, la ville et la maison, fait toutefois émerger une difficulté
qui est la définition de l’Internet des objets, tant la révolution est globale.

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2. Internet des objets ? des choses ? de toutes les choses ?
L’Internet des objets repose sur la communication des objets, quelle que soit la manière de les
connecter : xG, NFC, puce RFID, capteur, bluetooth, wifi… L’Internet des objets, ce n’est donc pas une
technologie en soi mais un système complexe qui repose sur l’interopérabilité entre le stockage et le
traitement de données selon différents procédés.
Ainsi, le terme même d’ « Internet des objets » est controversé : certains préfère parler d’ « Internet of
everything », le concept englobant ainsi la totalité de la révolution à venir. Les Américains emploient
l’expression de « l’Internet des choses » (Internet of things), l’acception étant encore plus large que le
simple champs des objets. Le web 3.0 est également l’expression utilisée pour parler de cette
troisième révolution du numérique, celle qui vient après la connexion entre les personnes et les
plateformes (web 2.0).

Lexique de l’Internet des objets :
 L’environnement des objets connectés :
๏ Big data (les données massives) : ensemble de données statistiques dont la masse requiert de
nouveaux outils de gestion et de traitement de l’information. Considéré comme le grand défi
technique de la décennie, le «  big data » concerne tout particulièrement l’IdO en ce sens que
les objets connectés vont produire des volumes très importants d’informations.
๏ Cloud (le « nuage ») : capacité pour un utilisateur d’externaliser le stockage de ses données sur
le réseau auprès d’un fournisseur qui a la charge
L’Internet des Objets regroupe trois types d’appareils :
๏ les objets connectés directement à Internet (et qui stockent leurs données dans le cloud) ;
๏ le M2M (ou M to M ou Machine to Machine), soit la communication entre machines et l’accès au
système d’information sans intervention humaine, via une technologie Bluetooth, RFID, NFC, wifi
ou 3/4G. C’est ce dernier secteur qui semble d’après les études être le plus prometteur.
๏ Les terminaux communicants  ("smart connected devices") qui sont les tablettes, les
smartphones,, les ordinateurs portables ou encore les lunettes connectées (type Google Glass).
 Connecter les objets :
๏ La NFC (« near field communication » ou communication en champ proche) est une technologie
de communication sans fil qui permet l’échange d’informations entre les puces RFID.
๏ Le Bluetooth  est  une norme de communication basée sur les ondes radio. Le champ d’action
varie entre 1 et 100 mètres suivant les appareils. Elle est aujourd’hui plutôt utilisée sur les
appareils mobiles et peut-être demain, les objets connectés.
๏ La puce RFID (pour « Radio Frequency Identification » soit radio-identification) est une étiquette
électronique incrustée à l’objet qui permet de mémoriser et de récupérer des données à
distance. La norme ISO/CEI 1443 en a standardisé l’identification et la transmission.

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Pour le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, il n’existe pour l’Internet des Objets de
« définition standard ». L’IdO « augmente l’homme ou son environnement pour mieux le servir ». Selon
Anne-Sophie Bordry, l’IdO est un objet qui « parle », en ce sens qu’il stocke et partage des
informations pour répondre à un besoin de l’utilisateur. Il prend de multiples formes, c’est-à-dire qu’il
peut s’insérer dans un objet existant ou en créer un nouveau, abolissant la distinction entre virtuel et
réel.

La!définition!des!objets!connectés!par!Anne4Sophie!Bordry!
«"Les"objets"connectés"et"intelligents"sont"ceux"qui"communiquent"de"l’information"entre"eux"
et"pour"le"service"de"l’utilisateur."La"simplicité"de"la"connectivité"et"du"paramétrage"est"source"
de"compétitivité,"ce"que"l’on"appelle"le"«"plug"and"play"»."Les"objets"connectés"à"Internet"et"en"
réseaux"sociaux"pourront"amplifier"le"service"à"l’utilisateur."»
Si la traduction américaine de « Internet of things » semble triviale, elle n’en révèle pas moins une
vérité : ce sont toutes les « choses » qui seront à terme concernées par cette révolution, soit les
milliers d’objets avec lesquels un être humain est en contact chaque jour. Pour résumer le caractère
englobant de ce web 3.0, prophétisé par Forrester il y a encore une décennie comme le X-Internet
(pour « extended Internet »), certains spécialistes parlent même de l’« Internet de tout ».

3. UN marché ou LE marché ?
Les prévisions des spécialistes pour le marché de l’IdO sont enthousiastes mais laissent davantage
percevoir une course frénétique aux chiffres plutôt qu’une analyse scientifique rigoureuse.
A l’heure actuelle, le moteur de recherche Shodan, spécialisé dans la recherche d’objets connectés à
travers le monde, en répertorie près d’1,5 milliards. Alors que pour l’Idate7, 15 milliards de « choses »
 

sont connectées à Internet actuellement, contre 4 milliards en 2010 ; le cabinet d’études français
estime que 80 milliards le seront en 2020, contre 212 milliards pour l’entreprise américaine IDC, alors
que le Berg Insight d’un côté, l’IMS Research et le cabinet Gartner de l’autre, tablent, respectivement,
sur 50 et 30 milliards d’objets connectés à cette date.

Estimations du nombre d’objets connectés en 2020 (en milliards)
7

IDATE, rapport « The Internet of Things Market », http://www.idate.org/en/News/Internet-of-Things_820.html

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Avec un potentiel de 50 milliards d’objets connectés d’ici 2020,
L’Internet des Objets sera une révolution plus forte encore que celle du
mobile.
Pascal Cagni, Former Apple GM, VP Europe Middle East India Africa

Une étude de Cisco8 de 2013 prévoit qu’en 2020 les objets connectés constitueront un marché
 

potentiel de 14 400 Md$, ou 6 460 milliards pour l’IDC, alors que le cabinet de recherche Gartner la
même année prévoit 1 900 Md$ au même horizon. Pour le cabinet ABI Research, le marché mondial
des objets connectés mobiles va exploser auprès du grand public et connaître une croissance de 41
% par an en moyenne. Le seul marché des objets M2M devrait, selon ce que prévoit le cabinet
Machina Research, peser 714 Md€ en 2020 (+ 685% par rapport à 2010). Selon l’étude prospective de
l’Idate, c’est le marché du M2M qui devrait connaître le plus fort développement dans la prochaine
décennie, avec une croissance annuelle de 15 %.

Estimations du nombre d’objets connectés en 2020 (en milliards)
Derrière ces chiffres qui varient du simple au triple, il faut comprendre que se soumettre à de tels
calculs serait comme tenter de compter avec combien d’objets un homme est en contact au cours de
sa vie, ou combien de fois il se connecte à Internet, quel qu’en soit le terminal. Dans les pays
occidentaux, un foyer possèderait en moyenne 10 objets connectés actuellement et pourrait en avoir
50 dans dix ans. Et le phénomène qui ne fera que s’amplifier avec le nombre d’objets connectés
dépend beaucoup du développement de nouveaux objets qui, chaque jour, se connecteront, chaque
objet créé en appelant d’autres.
Il ressort des études menées auprès des consommateurs et des entrepreneurs un même attrait pour
les objets connectés. Les premiers9  sont très demandeurs d’objets leur permettant de mieux maîtriser
 

leur consommation énergétique ou le verrouillage de leur habitation. Plus spécifiquement, plus d’un
tiers des personnes interrogées aimeraient contrôler leurs habitudes de sommeil et de conduite, ainsi

8

Étude « L’internet of everything », Cisco, 2013

9

enquête réalisée par le cabinet Forrester auprès de 4 600 adultes américains connectés - http://www.forrester.com/There+Is+No

+Internet+Of+Things+Yet/fulltext/-/E-RES101421

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que leurs parents âgés. Chez les entrepreneurs10 , il apparaît que seules 4 % des entreprises
 

n’envisagent pas d’utiliser l’IdO dans les trois ans à venir. La même étude révèle que les secteurs
moteurs sont actuellement le secteur manufacturier et la construction qui pourraient sembler hors du
processus alors qu’en fait l’IdO leur permet des économies immédiates : déploiement de capteurs
pour connaître les fuites dans les installations, optimisation du chargement des camions...

Rafi!Haladjian!–!«"Il"n’y"a"pas"d’industrie"de"l’objet"communiquant"!"
De"la"même"manière"qu’il"n’y"a"pas"d’industriel"de"l’objet"électrique."
Aujourd’hui" tout" s’est" électrifié." Demain" tout" se" connectera" et" tout"
communiquera.""
Nous! utilisons! l’expression! «! Internet! des! Objets! »,! faute! d’avoir!
trouvé! mieux.! L’Internet! des! objets! n’est! pas! une! succession! de!
gadgets! supplémentaires.! La! vraie! révolution! est! que! l’IdO! va!
toucher! tout! le! monde! et! pas! uniquement! quelques! “faiseurs! du!
web”.!Tous!les!industriels!vont!devoir!se!mettre!à!l’IdO.!
Il! faut! donc! arrêter! de! voir! le! monde! des! objets! connectés! comme!
un! ensemble! de! jeunes! entreprises! sympathiques.! Les! objets!
connectés!sont!intéressants!parce!qu’ils!donnent!une!opportunité!à!tous!les!secteurs![…].!
En! traduisant! cette! idée! politiquement,! cela! veut! aussi! dire! qu’on! ne! peut! cantonner! les!
objets!connectés!à!un!ou!deux!portefeuilles!ministériels.!Il!faut!que!tous!les!secteurs!et!tous!
les!politiques!en!parlent.!»
Ainsi, au-delà des chiffres et des estimations, il convient d’intégrer un message clé, à la fois simple et
très complexe en termes de conséquences  : celui que nous vivons une nouvelle révolution qui
survient par le numérique, celle des objets qui communiquent avec vous, avec les autres objets et
avec leurs concepteurs.
S’il est difficile d’estimer l’ampleur des innovations qui suivront, leur vitesse à s’intégrer dans le
quotidien de chacun et la réaction des acteurs traditionnels de l’économie face à cette vague, ce livre
blanc propose d’explorer les fondements de cette nouvelle strate numérique et ses conséquences
possibles  : du côté des entrepreneurs, des industriels, des décideurs politiques, avec une ouverture
internationale.


2013 est à l’Internet des Objets ce que fut 1995 à l’Internet. Nous
allons connaître la même révolution que celle qu’a connu Internet avec
des ruptures profondes des usages et l’émergence de nouveaux
services résultant de l’analyse des monceaux de données collectées par
ces objets.
Pierre-Eric Leibovici, Robolution Capital
10

rapport conduit par l’Economist Intelligence Unit pour ARM en interrogeant 779 cadres dans 19 industries américaines - http://

www.arm.com/files/pdf/EIU_Internet_Business_Index_WEB.PDF

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Partie 2 
De la révolution industrielle à la révolution numérique : la
synthèse de l’Internet des Objets
Rien ne sera moins industriel que la civilisation issue de la révolution
industrielle.
Jean Fourastié, Le Grand espoir du XXe siècle
L’Internet des objets combine des problématiques à la fois liées au marché industriel et au marché du
web 2.0. Ce dernier a vu émerger une vague importante d’entrepreneurs dans le domaine du
marketing, de la communication et plus largement des services au cours des quinze dernières années.
Ainsi, pour saisir le dynamisme et les besoins du secteur de l’Internet des objets, il convient de faire la
synthèse des problématiques relatives à son développement, du B2B au B2C
Pour les industriels classiques du B2B, il convient d’intégrer un nouveau paradigme culturel, celui du
grand public, impliquant de nouvelles considérations en termes de design industriel, de service au
consommateur, de « culture du produit », selon les termes de Jean-Louis Fréchin, Nodesign.
Les nouveaux entrepreneurs, quant à eux, davantage familiers de la culture numérique doivent saisir
des enjeux dont ils ne sont pas coutumiers alors qu’ils sont inhérents au monde de l’industrie, tels
que  l’ingénierie, la production de masse et l’externalisation qu’elle peut nécessiter, la distribution, la
commercialisation, etc.
Il convient ici d’exposer comment l’Internet des objets, par l’évolution ou plutôt la révolution qu’il
implique dans la considération de l’objet même, fait émerger un profil de nouvel entrepreneur et de
nouveaux consommateurs.

1. L’objet connecté va au-delà de l’objet fonctionnel
« L’internet des objets n’est pas tant une révolution qu'une continuation naturelle de
l'internet. » Jean Louis Fréchin, Nodesign 
De la même façon que le web 2.0 a bouleversé les rapports entre les individus ou entre les marques
et les consommateurs, l’objet connecté modifie la relation de chacun à l’objet, et la relation de
l’industriel à son propre objet. L’objet quitte son acception purement fonctionnelle et acquiert une
nouvelle dimension : celle du service qu’il fournit.

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C’est ce qu’explique Fred Potter à la tête de Netatmo qui
produit des thermostats permettant de contrôler sa chaudière
depuis son smartphone :

«  Le thermostat est un objet que tout le monde
connaît. Mais le thermostat connecté donne une
dimension nouvelle  : connecté au smartphone,
l’objet est programmable et contrôlable à tout
moment et il adapte la température de son intérieur
en temps réel. » 
C’est également le défi que s’est lancée Kolibree, une startup qui conçoit la
brosse à dents connectée. La brosse à dents est un objet que l’on utilise plusieurs
fois par jour sans jamais avoir de retour sur la qualité des brossages. Connecté au
Smartphone, l’objet informe l’utilisateur des zones oubliées, quantifie les progrès
et félicite la régularité

sur le long terme.  «  La

nouvelle brosse à dents

permet d’améliorer les usages et de rendre l’expérience plus
ludique » explique Loic Cessot, le fondateur de Kolibree.
Cette personnalisation extrême et cette promiscuité avec le consommateur
donnent une nouvelle perspective à l’objet. Au-delà de sa fonction première, ce
dernier convainc grâce au confort et au bien-être qu’il rajoute, à son design
adapté et discret voire grâce à son efficacité écologique.
Des éléments qui étaient alors considérés comme des externalités par les industriels, c’est-à-dire le
design, la relation au consommateur, l’intégration à sa vie quotidienne, sont remis au cœur de l’objet
et de sa conception.
Pour l’anecdote, ce n’est que dans la seconde version de l’objet, que Google a pensé à intégrer des
vertus correctrices à ses lunettes connectées. La fonction de l’objet a donc été détournée au point
d’en oublier son essence même. Une telle relation de l’objet au consommateur, et vice versa, implique
de grands changements pour les industriels.

1.1.La fonctionnalité de l’objet intègre la notion de service
La société industrielle des deux siècles passés doit s’adapter à la généralisation de la logique des
services qui fait toute la valeur ajoutée de l’objet communiquant, et exige de l’entreprise qu’elle
imagine pour son bien, une déclinaison d’usages découlant des données qui lui sont transmises.
L’objet connecté bouleverse cette relation entre l’industriel, l’objet et le consommateur. La relation de
l’industriel à l’objet se poursuit au-delà de l’acte de vente, avec le stockage des données que continue
à lui transmettre l’appareil et leur exploitation afin de fournir au consommateur de nouveaux services.
Ainsi, en analysant le suivi de l’activité de la personne, la balance Withings devient un véritable coach.
L’objet prend une nouvelle signification tout au long de son utilisation et son producteur maintient le
lien avec le consommateur par le nouveau service qu’il lui fournit.

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Comme l’explique Eric Careel11 : «  L'objet passe du beau et fonctionnel à un objet qui devient
 

personnalisé et dont nous avons la possibilité de devenir co-créateur. […] C’est une réflexion
nouvelle sur la fin pour laquelle [les objets] sont créés. »
Le service est bâti à partir des données générées par l’utilisateur (ou User Generated Content), notion
clé du web 2.0  : l’utilisateur du service devient «  producteur » de données qui elles-mêmes ont une
nouvelle valeur. Le client devient contributeur et base du système.
De la même manière, les mises à jour, autre élément radicalement nouveau du service dans le web
2.0, permettent au producteur de tenir compte des critiques et des retours de ses clients, ce qui
autorise une amélioration inédite du produit dans le temps.

1.2.Le grand public devient la cible principale
Il ne suffit pas de disposer d’importants atouts — écoles d’excellence en ingénierie, couverture
étendue du territoire par le réseau… — pour faire la logistique  : il faut, avec les objets connectés,
apprendre à adapter son offre au grand public.
Amélioration des processus, gestion des stocks, acheminement des biens  : le M2M est certes un
véritable accélérateur dans le marché B2B, mais l’enjeu est maintenant d’embrasser le virage du B2C
car les champions de l’IdO sont avant tout tournés vers le grand public. Qu’il s’agisse d’une balance
ou d’une station météo, ce sont les biens de consommation qui sont amenés à évoluer les premiers.
Tout l’enjeu sera alors de transformer l’excellence des technologies complexes en nouveaux usages.
En ce sens, les opportunités sont immenses dans le domaine de la e-santé et du confort.
Qu’importe donc si les outils de quantified self, ou de monitoring de santé ne sont pas encore d’une
grande précision médicale, du moment qu’ils permettent à chacun d’estimer, selon ses critères, son
hygiène de vie.

«* Le* monde* numérique* est* un* vrai* challenge* culturel.*
Dans*le*monde*de*l’Internet*des*objets*grand*public,*on*
est*un*peu*moins*armé*».*
Jean4Louis!Fréchin,!Nodesign!
«" La" technostructure" n’intègre" pas" la" case" humaine." En"
France," on" sait" gérer" la" complexité" mais" on" ne" sait" pas"
adresser" le" grand" public." On* a* perdu* le* chemin* vers* le*
grand* public* !" Regardez" chez" les" grandes" entreprises" ?"
Quel"est"le"dernier"succès"de"Thomson"par"exemple"?"
Un* pays* qui* perd* le* grand* public* et* donc* sa* dimension*
symbolique*attractive,*c'est*un*pays*qui*n'innove*plus."Aujourd'hui"pour"innover,"si"vous"n'êtes"pas"
sur"le"marché"grand"public,"vous"avez"de"véritables"difficultés"».
11

Eric Careel, « Les objets de demain », TEDx Paris 2012

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1.3.Quand le design se met au service de l’usage
Quelle que soit l’importance de la révolution de l’Internet des objets, celle-ci n’est pas à l’origine du
design. Pourtant, jamais l’ingénieur industriel n’a été aussi prisé sur le marché : toutes les personnes
interviewées pour la rédaction de ce Livre Blanc ont souligné l’importance du design dans la
conception de l’objet connecté.
Bien plus que par souci du détail, l’attachement au design de l’objet connecté est primordial dans le
sens où l’on demande bien plus à l’objet que saFigure 5 Thermostat Netatmo by Stark
fonctionnalité première : le design incarne l’usage et le service rendu par l’objet.
Comme l’explique Arnaud Lefèvre de Joshfire  :

«  Le design est l'élément clé dans

l'organisation de l'objet connecté car c'est lui qui va définir l'usage de cet objet et la
valeur que l'objet apportera dans le quotidien du consommateur »
Puisque l’objet est appelé à communiquer avec le consommateur, et par là même, à s’insérer dans sa
vie quotidienne, il faut qu’il puisse s’y intégrer discrètement et fonctionnellement. Dans un langage
web, on parlerait alors de la primauté de l’expérience utilisateur.
«  La force de l'objet connecté est de faire disparaître l'objet pour que celui-ci devienne une
plateforme pour le logiciel. L'objet se dématérialise. C'est dans le vide que sa fonction existe. La
force de l'objet connecté, ce n'est pas qu'il est connecté mais qu'il connecte des personnes entre
elles. » explique Cyrille Najjar, White sur White.
Le designer industriel occupe alors un rôle clé dans la conception de l’objet. Il doit avoir une vision et
une compréhension transversale de l’objet  : aussi bien du point de vue technique que du point de
vue fonctionnel. Si la France est très bien dotée en designers, plus rares sont les formations de design
industriel hors l’ENSCI qui fait référence. Cette compétence devient donc très recherchée sur le
marché du travail.
«  En Europe, les ingénieurs sont pluridisciplinaires et maîtrisent donc toutes les problématiques
auxquels doivent faire face les sociétés : mécanique, énergétique, logiciel… Maîtriser toute cette
chaîne de compétences est un vrai atout, alors qu'à l'étranger, les ingénieurs sont plutôt formés par
silo » explique Pierre-Eric Leibovici.
À Cyrille Najjar compléte  : «  Chaque année environ 150 000 ingénieurs industriels coréens sont
diplômés en ingénierie pour le design produit. Ces 150 000 ingénieurs seront capables de mettre en
place une séquence d'ordre mais pas d’inventer ce programme-là. Seulement 100 ou 200 seront
capables de concevoir ces programmes. »
L’agilité de l’entreprise est une notion clé de l’entreprise du XXIe siècle. Les outils numériques
devaient permettre à l’offre d’évoluer et de s’adapter rapidement à la demande. Cette logique est
poussée à son paroxysme avec l’objet connecté.


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2. Nouveaux objets, nouveaux entrepreneurs
Si l’Internet des objets n’est qu’une nouvelle strate de l’internet, il exige tout de même d’intégrer à la
culture web à des problématiques industrielles telles que la production, la technicité, le coût à la
fabrication…
«  Faire un objet connecté, c'est comme faire un film : il faut gérer des dizaines de paramètres et
d'éléments. Tout est question d'équilibre entre le design de l'objet, celui de l'application, la
simplicité d'utilisation, la qualité du packaging, y compris le coût » Fred Potter, Netatmo

2.1.Les principaux objets connectés sont le fait d’entrepreneurs
du web confirmés
De nombreux champions français de l’IdO, tels Netatmo, Parrots ou encore Withings, ont été lancés
par des entrepreneurs qui peuvent être qualifiés de « confirmés » en ce sens qu’ils étaient déjà bien
ancrés dans l’univers Internet de la connexion et du web.
«  C’est chez Cirpack, en mettant en place la téléphonie sur ADSL  que j’ai compris la puissance du
raccordement à Internet et la numérisation d’un business. C’est exactement ce que je cherche à faire
aujourd’hui avec les thermostats, explique Fred Potter de Netatmo. Dans une première phase on a
mis la télévision, la musique… sur internet. Moi je prends les objets ordinaires et je les redéfinis par
rapport à la connexion internet. »
Ayant déjà une expérience dans l’objet connecté et ingénieurs de formation, ces entrepreneurs de
l’Internet des objets ont une vision claire des besoins et des services que peuvent fournir les objets
qui parlent. Ils ont également la connaissance de la filière industrielle et de la production, notamment
lorsqu’il faut passer par des sous-traitants étrangers.
Le fameux binôme marketeur/développeur, qui a vu naître tant d’entreprises du web, ne suffit donc
plus. « Dans l’objet, il y a une exigence qui est encore plus forte, notamment sur l'interface utilisateur
et l'usage. Avec le web, on peut améliorer l'interface une fois que celui-ci est sorti. Alors que refaire
un objet demande plusieurs mois, alors que pour un site web, c’est l’affaire de quelques jours ou
semaines » explique Paul-François Fournier.12
 

Concevoir et produire un objet connecté, surtout destiné au grand public, exige une pluralité de
compétences que la simple «  agilité  » ou adaptabilité de deux personnes ne peut plus combler  : il
faut davantage de compétences pour gérer tout le processus, de l’ingénierie au service, en passant
par le design du software comme du hardware, sans oublier le management de la chaîne de
production.


12

Interview réalisée pour le Livre Blanc

copyright Institut G9+

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Focus* sur* les* business* model* de*
l’Internet*des*objets*avec*Henri*Isaac,*
Université*Paris*Dauphine**
L e! d éve l o p p e m e nt! d e s! o b j et s!
connectés! constitue! à! maints! égards!
le! début! d’une! révolution! importante!
dans! les! secteurs! où! ces! objets!
apparaîtront.! En! effet,! la! connectivité!
comme! fonction! nouvelle! du! produit!
transforme! fondamentalement! sa!
valeur! d’usage! :! le! produit! n’est! plus!
simplement! acheté! pour! sa! fonction! première!
(maintenir! à! température! des! aliments! pour!
réfrigérateur,! éclairer! pour! une! ampoule)! mais! pour!
les! services! qu’il! va! rendre! par! sa! connectivité!
complétée!par!une!couche!logicielle!et!servicielle.!On!
assistera! donc,! grâce! aux! objets! connectés,! à! une!
généralisation!de!l’économie!de!la!fonctionnalité!déjà!
bien! visible! sur! les! objets! qui! sont! d’ores! et! déjà!
connectés!(Vélib,!Autolib).!!
Par! exemple,! le! réfrigérateur! connecté! a! une! valeur!
non!pas!parce!qu’il!préserve!mes!aliments!mais!parce!
qu’il! est! capable! de! m’indiquer! que! les! bouteilles! de!
lait! ont! dépassé! les! dates! limites! de! consommation,!
de! me! proposer! des! recettes! avec! les! éléments!
présents! dans! le! frigo! ou! encore! de! me! proposer! de!
commander!les!produits!automatiquement!auprès!du!
supermarché! local.! La! valeur! du! réfrigérateur! se!
déplace! clairement! vers! les! services! qu’il! propose!
plutôt! que! sur! ses! fonctions! de! base.! A! l’extrême,! il!
est! même! possible! d’imaginer! un! business! model!
dans! lequel,! le! frigo! est! fourni! gratuitement! et! le!
constructeur!se!rémunère!par!des!commissions!sur!le!
chiffre!d’affaires!généré!par!les!commandes!du!frigo.!!
Cet! exemple! démontre! assez! clairement,! qu’outre! ce!
basculement!vers!l’économie!de!la!fonctionnalité!et!la!
migration!de!la!valeur!que!le!numérique!permet,!c’est!
l’ensemble! des! business! models! qu’interroge!
l’émergence!des!objets!connectés.!!

Tous! les! objets! connectés! peuvent!
connaître! des! évolutions! de! cette!
nature.! Les! logiques! de! réseaux! P2P!
peuvent! également! conduire! à! de!
nouveaux! modèles! d’affaires! comme!
le! cas! de! Skype! l’a! bien! montré! dans!
l’industrie!des!télécoms.!Personne!n’a!
encore! imaginé! les! réseaux! d’objets!
P2P! mais! il! est! évident! que,! s’ils!
deviennent!une!réalité,!ils!modifieront!
p r o f o n d é m e n t! l e s! l o g i q u e s!
économiques! existantes,! comme! cela!
a!été!pour!les!biens!informationnels!dans!la!première!
phase! de! la! digitalisation.! Il! y! a! là! un! gisement!
considérable! d’innovations! pour! repenser! de!
nombreux!services!(mobilité,!santé,!énergie,!etc.).!!
D’autre! part,! les! données! générées! par! ces! objets!
sont!au!cœur!même!de!leur!possible!modèle!d’affaire.!
L’exploitation! des! données! permet! en! effet! au!
système!qui!gère!les!objets!d’apprendre!sur!les!usages!
et! faire! évoluer! ceux4ci! en! les! optimisant! ou! en! les!
personnalisant! (armoire! à! pharmacie! connectée! qui!
distribue! les! traitements! au! bon! moment! en! bonne!
quantité! par! exemple),! ce! qui! dans! le! cadre! d’un!
développement!durable!n’est!pas!sans!valeur.!
Dès!lors,!on!comprend!bien!que!ce!sont!également!les!
chaînes! de! valeur! et! les! jeux! concurrentiels! actuels!
qui! sont! clairement! remis! en! question! par! l’irruption!
des!objets!connectés.Pour!s’en!convaincre,!il!suffit!de!
raisonner! à! partir! de! l’exemple! du! réfrigérateur!
connecté!:!auprès!de!qui!celui4ci!ré4approvisionnera4t4
il! ?! Le! supermarché! local! ?! Amazon! Fresh! ?!
Directement! auprès! des! marques! ?! Plus! encore,! les!
régulations! existantes! seront! soumises! à! rude!
épreuve! avec! la! migration! de! la! valeur! que! le!
numérique!engendre!(par!exemple,!les!digital!wall!des!
distributeurs! et! la! réglementation! sur! les! surfaces!
commerciales).! Enfin,! la! régulation! des! usages! des!
données! sera! clairement! un! enjeu! de! ces! nouveaux!
marchés.

!
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Livre Blanc • Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée
2.2.La conception d’un objet connecté requiert des
investissements importants à l’entrée
«  On ne peut pas se contenter de petits investissements, explique Fred Potter, Netatmo. Faire un
objet connecté, c'est un an de travail et deux millions d'euros d’investissement. » En effet, le coût de
la conception, l’intelligence de la technique et du design, la production et la gestion du
service  nécessitent d’importants investissements pour permettre aux entrepreneurs de l’IdO de se
lancer.
Le soutien public demeure souvent résiduel en termes de financement. En France, l’Etat a dégagé
près de 15 millions d’euros depuis 2005 pour supporter la R&D et le développement du NFC.
Cependant, le ministère du Redressement productif souligne qu’il est souvent plus important
d’apporter un soutien opérationnel au déploiement de ces objets. Comme l’explique Pierre
Carbonne, chargé de mission dans le cabinet du ministre  : «  Les acteurs industriels doivent
maintenant se mobiliser pour porter des projets soutenus par l’Etat. »13 Si cela n’empêche pas l’Etat
 

d’intervenir, notamment par le biais de la Banque Publique d’Investissement qui est récemment
rentrée au capital de Withings, les projets requièrent avant tout des fonds privés. Or, ceux-ci ne se
déploient pas encore à très grande échelle. La BPI d’ailleurs, dans ce cadre, finance plusieurs fonds
d’investissements qui se concentrent autour de l’IdO.

Exemple*d’investissements*dans*l’Internet*des*objets!
Lors!de!sa!dernière!levée!de!fonds,!Withings!a!bénéficié!de!l’apport!de!trois!fonds!privés!à!
hauteur!de!12,5!millions.

La! Banque! publique! d’investissement! (BPI),! quant! à! elle,! a! décidé! d’investir! massivement!
dans!la!start!up,!à!hauteur!de!11!millions!d’euros.!«"Dans"ce"contexte,"il"n’y"a"pas"de"demiW
mesures."Il"faut"mettre"beaucoup"d’argent"pour"financer"un"développement"ambitieux"ou"rien"
du"tout"»"a!commenté!Nicolas!Dufourcq,!Directeur!général!de!la!BPI.!

Arnaud Dupuis (Genymobile) distingue les investisseurs particuliers des investisseurs institutionnels :
๏ «  Chez les particuliers la tendance que je constate est que tant que c'est innovant et un
minimum réaliste, l'investissement suivra. Kickstarter et Indiegogo regorge de projets de sticks
HDMI, d’hybrides de consoles de jeux/TV connectés mais aussi de casques de moto connectés
et augmentés, de wearable devices, et autres périphériques permettant d'enregistrer et
communiquer les activités sportives.  » De fait, l’entreprise Pebble Technology est parvenue à
lever plus de 10 millions de dollars avec un site de crowdfunding, ce qui en a poussé d’autres,
comme Lockitron, à passer directement par leur propre site… avec succès (plus de 2 M$
récoltés).
Dans ces conditions, on se demande si la volonté du législateur de limiter le crowdfunding en-deçà
d’un certain montant ne risquerait pas de nuire à l’Internet des Objets.
13

Interview de Pierre Carbonne pour Viuz le 18.09.2013

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๏ Du côté des investisseurs institutionnels, ce sont les secteurs les plus en vogue qui attirent : la
santé, la maison connectée ou le wereable computer (textiles et vêtements connectés), les
retours étant potentiellement très élevés.

«  Le wearable computer fait partie de ces

domaines ou les fonds coulent à flots car les perspectives sont sans limite : du
suivi des produits en amont des ventes (avec l'ensemble de la traçabilité et des
statistiques qui vont avec) au suivi du cycle de vie du produit en passant par
une meilleure information du consommateur et des services rendus à celui-ci,
c'est un échange “données versus valeur” qui se généralise.  » conclue Arnaud
Dupuis, Genymobile.
Par ailleurs, les sociétés de capital-risque commencent à se mobiliser. Pierre-Eric Leibovici a créé
Robolution Capital, premier fonds d’investissement européen uniquement dédié à la robotique de
services. Leurs investissements visent à accompagner le développement et la croissance des
entreprises et ce, sur tout ou partie de la chaîne de valeur du secteur concerné. Une trentaine
d’opérations devraient être lancées, pour un investissement compris entre 300 000 et 3 millions
d’euros. Selon Robolution, près de 400 sociétés européennes ont déjà été identifiées comme
susceptibles de rentrer dans leur périmètre d’intervention.
La projection d’une très forte croissance du marché et l’importante baisse des coûts dans ce domaine
attirent les investisseurs comme Pascal Cagni, l’ancien patron d’Apple Europe, qui a participé à la
levée de fonds de Netatmo en juin 2013. Pour Loïc Le Meur, « l’Internet

des Objets concentrera

le plus d’investissements d’ici cinq ans ».

2.3.Des coûts certes importants mais en baisse
Toutefois, étant donné le phénomène de généralisation des objets connectés, les prix des
technologies, à commencer par celui des capteurs, sont amenés à baisser de plus en plus. Lorsque
Cisco calcule la valeur du marché de l’Internet des objets, il combine la baisse des coûts à
l’augmentation du chiffre d’affaires, car celle-ci est un véritable levier pour l’accélération de la
connexion des objets. Une évolution nécessaire, car demain les foyers seront amenés à être équipés
de centaines d’objets connectés, tandis que le prix des télécommunications fixes et mobiles va
continuer à décroître, grâce à la fibre et aux technologies sans fil de nouvelle génération.
La baisse des coûts s’explique en premier lieu par la généralisation, la montée en puissance et la
baisse des coûts des télécommunications fixes et mobiles qui s’opèrent grâce à la fibre et les
technologies sans fil de nouvelle génération.


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Sigfox*:*pour*une*connexion*à*prix*réduits*de*tous*les*objets*du*quotidien!
Le! champion! français! Sigfox! a! également! fait! beaucoup! pour! la! baisse! des! coûts! de! la!
connexion!de!l’objet.!Parce!que!l’exploitation!des!réseaux!2G,!3G!ou!4G!pour!transmettre!
les! données! des! objets! connectés! peuvent! s’avérer! trop! cher,! Sigfox! propose! un! réseau!
M2M! pour! des! coûts! très! inférieurs! aux! réseaux! existants.! Pour! cela,! il! en! utilise! des!
fréquences! 868! MHz! libre! d’utilisation! (sans! licence)! en! Europe! et! une! transmission! dite!
bande!étroite.!Il!suffit!de!2!millions!d’euros!pour!couvrir!la!France!et!de!200!millions!pour!
couvrir!le!monde!(l’équivalent!de!10!km!de!ligne!TGV!standard),!à!comparer!aux!20!à!30!
milliards!d’euros!dont!la!France!a!besoin!pour!son!plan!fibre.

3. Les défis du numérique appliqués à l’Internet des objet
Le développement rapide du numérique pose d’ores et déjà plusieurs défis qui se retrouvent à une
échelle paroxysmique dans le domaine de l’Internet des objets.
En captant le mode de vie des utilisateurs, les objets communiquant exacerbent les questions de vie
privée et les problématiques de souveraineté et d’exploitation des données. 

Par ailleurs, qui dit connecter un objet, implique de le rendre vulnérable et pose donc d’importantes
questions en termes de cybercriminalité.


Données Personnelles
Cybersécurité
Interopérabilité

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3.1.L’IdO est un générateur massif de données personnelles
Présentation des enjeux par Anne-Sophie Bordry

Les objets connectés et

le bien être, l’offre de services adaptés en temps

intelligents offrent une multitude

réel, le développement durable, la compétitivité et

de données qui permettent

le rayonnement du pays.

d’imaginer une infinité de
services fondés sur leur

La ville intelligente sera celle qui alliera le

exploitation, allant dans le sens

bien être, la qualité environnementale et

du progrès et de l’attractivité des territoires. La

l ’o p t i m i s a t i o n d e l a c o n s o m m a t i o n

valeur du service réside dans la capacité de l’objet à

d’énergie. Les entreprises privées vont engager

récolter et à diffuser une donnée fine et précise.

les villes dans une transition qui permettra de

La récolte, le flux, le stockage, l’anonymisation et le
partage des données représentent des enjeux à la
fois économiques et sociétaux. Tout comme

favoriser la fluidité de la circulation automobiles,
l’optimisation des flux dans les ports et dans les lieux
d’accueil du public, l’inter-modalité ajustée en temps
réel des moyens de transport.

l’évolution et l’interprétation
de la notion de vie privée à
l’échelle européenne et celle
de

l’ensemble

des

économies développées. Les
indicateurs et la valeur des
données obligent à une
certaine harmonisation du
corpus de régulation.
L’accessibilité des données

L’accès à Internet est comme

To u t e s s o r t e s d e

l’eau et l’électricité une

analysées dans la ville  :

commodité essentielle, une

la

véritable infrastructure vitale

véhicules, la qualité de

de nos territoires.

mobilité

des

personnes et des
l’air, la qualité de l’eau.
Ces données représentent
un potentiel de rayonnement

au plus proche du quotidien
et des usages des citoyens

données pourront être

pose la question de

l’autorité. L’accès à Internet est comme l’eau et
l’électricité une commodité essentielle, une véritable
infrastructure vitale de nos territoires. Les données

pour la ville. Le mode de
calcul de ces données et la façon dont elles seront
exploitées est un enjeu essentiel de confiance et
d’autorité publique. Les développements de ce

et services issues de la révolution des objets
connectés et intelligents représenteront eux aussi un
agrégat essentiel de notre économie et de
l’organisation de notre société, c’est en cela que cela
devient un enjeu de souveraineté et de compétitivité
des territoires.
Grâce aux objets connectés la ville n’est plus
seulement un lieu géographique, c’est aussi une
accumulation de données numérisées accessibles
pouvant être valorisées, traitées et optimisées pour

marché sont une véritable révolution pour les
organisations publiques, pour la souveraineté et
pour l’industrie. 


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!
« Vie privée, données personnelles, objets connectés
Connecté, pour quoi faire ? Connecté, si on le veut ? »
Par Guillaume Buffet 

Avec l’arrivée des smartphones,
Internet est sorti des bureaux en entreprise, des
chambres d’ados ou des salons familiaux pour
rentrer soudainement «  dans la vraie vie  ». Dans
chaque moment de nos vies.

Pour caricaturer  :

oui, 1000 fois oui aux

ReconJet, ces lunettes connectées pour sportifs
qui permettent à chaque passionné de sport de vivre
sa passion plus à fond encore… sans porter atteinte
à la vie privée à qui que ce soit, autre que celui qui

Après avoir pu annoncer (si on le souhaitait) à tous

les porte, et s’il le décide.

Non aux Google

où on se trouvait à tout moment (Foursquare,

Glasses connectées 24/7 qui transformeraient

Facebook check in, etc.), après avoir pu partager

notre société en un gigantesque reality show.

avec ceux qui le souhaitaient
son footing dimanche matin
(Keeprunning, Nike+, etc.),
certains GPS connectés nous
permettent

même

maintenant d‘être suivis en
temps réel par ceux que
nous avons choisis.

Oui, je sais, à trop réfléchir,

La « Permission marketing »

ici, en France, on s’empêche

de Seth Godin (1999) est

impossible de légiférer avant

pour certains une réalité, un
engagement, une bible.

d’avancer. Oui, je sais, il est
qu’un phénomène n’existe
ou se stabilise. Oui, je sais
l ’e n t h o u s i a s m e e s t s a n s
doute l’un des moteurs
essentiels de la croissance.

Au même titre que les
mamans peuvent maintenant suivre chaque

Oui, l’économie est le moteur de la société. Oui, si

battement du cœur de leur nourrisson depuis leur

nous ne le faisons pas, d’autres le feront à notre

smartphone (My Baby’s beat), demain, il est certain

place.

que l’on sera en mesure de tout, absolument tout,
compter/raconter en temps réel sur internet.

Sans

toujours avoir le choix.

Non, je ne crois pas que la réflexion s’oppose à
l’action, que le temps long de la recherche soit
incompatible avec le temps court de la mise sur le

La «  Permission marketing  » de Seth Godin (1999)
est pour certains une réalité, un engagement, une
bible. Pour d’autres, c’est une lubie d’empêcheurs de
marketer en rond qu’il faut réussir à contourner par
tous les moyens.

marché. Non, je refuse de penser que l’intérêt du
citoyen soit opposé à celui de l’entreprise.
A l’ère des objets connectés, la responsabilité
sociale va se retrouver au cœur de tous les débats.
Et dans un monde connecté dans lequel le citoyen

Il est certain qu’à l’ère des objets connectés, qui fera
de notre vie une vie connectée, la «  permission » va
devenir vitale. Que le respect de cette permission
sera la clef du succès – y compris économique. Qu’il
est donc essentiel qu’on y réfléchisse en amont. En

consommateur a potentiellement tous les pouvoirs,
ne pas prendre sérieusement en compte ces
questions se paiera «  cash  » pour les acteurs
économiques qui franchiront la ligne blanche (ou
jaune, selon le côté de l’Atlantique).


trouvant des moyens efficaces pour que cet
engagement soit respecté de tous.

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façon encore plus prégnante à un niveau macro  :

3.2.Cybersécurité

quid de la multiplication des données relatives à
La cybersécurité était un enjeu majeur du web 2.0  :
elle le demeure plus que jamais dans le web 3.0. Il
faudra d’abord une protection des infrastructures,

l’énergie et aux transports, par exemple  ? Peu de
solutions parviennent à être bonnes à la fois
techniquement et éthiquement.

cible idéale pour l’espionnage ou le sabotage, mais

Alors que l’IdO complique singulièrement la tâche

également des données et des objets.

en faisant proliférer les protocoles, la sécurité doit
être conçue «  comme un fondement des systèmes

« L’Internet des Objets permet au monde virtuel d’interagir
avec le monde réel et cela crée d’énormes problèmes de
sécurité »
reconnaît Andrew Rose, auteur pour Forrester d’un rapport “Préparez votre sécurité pour
l’Internet des Objets” publié en 2012.
Extrait de l'interview d’Andrew Rose14. En mars 2013,

d’IdO  », poursuit Rose, sans quoi la technologie se

le Centre d’Analyse Stratégique (CAS), rattaché à

développera sans garde-fou  : «  Nous devons placer

Matignon, présentait une note intitulée

la sécurité au premier moment possible dans la

“Cybersécurité  : l’urgence d’agir”15, en s’intéressant

chaîne technologique et la soumettre ensuite à de

notamment à l’IdO. En effet, dès lors que les objets

rigoureux tests de validité, d’authentification, de

sont reliés à un réseau internet, ils sont susceptibles

vérification de données, etc. En plus, toutes les

d’être piratés et de donner à un autre l’accès à des

données doivent être encryptées ».

 

 

informations sensibles ou le contrôle d’actions
dangereuses. Même des objets simplement reliés
entre eux peuvent être victimes d’une prise de
contrôle extérieure dès lors qu’elle se fait dans un
périmètre proche.

La note du CAS recommande de renforcer les
exigences de sécurité imposées aux opérateurs
d’importance vitale sous le contrôle de l’Agence
nationale de la sécurité des systèmes d’information
(ANSSI) tout en accompagnant les PME dans leur

Les exemples angoissants ne manquent pas  :

gestion des risques. Il n’est cependant pas certain,

comment s’assurer que le pacemaker (auquel un

même avec un budget et des effectifs en hausse,

chercheur a démontré pouvoir accéder à distance et

que l’agence créée en 2009 puisse faire face au

déclencher des décharges électriques mortelles), la

nombre grandissant de missions d’importance qui

voiture (dont une expérience a montré qu’il était

lui sont confiées ; elle a été encore nommée chef de

possible d’en désactiver les freins) ou les portes de

file sur la cybersécurité par Arnaud Montebourg

la maison, dès lors qu’ils seront connectés,

dans le cadre des 34 plans industriels.


échapperont à un pirate mal intentionné qui
menacera leur utilisateur ? Le problème se pose de

14

Interview d’Andrew Rose pour CSO Online, le 14.10.2013

15www.strategie.gouv.fr/content/cybersecurite-urgence-na324

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« L'ordinateur ne doit pas être une boîte dans un coin

3.3.Interopérabilité

de l'habitation, ou un boîtier à mettre dans sa poche,
Si l’Internet des objets connaît un élan remarquable,

il doit nous entourer ».

le Machine to Machine, soit la capacité des objets à

Ceci est particulièrement important pour séduire les

communiquer entre eux, peine encore à s’affirmer.

utilisateurs, pour lesquels l’utilisation des objets

Chaque objet communiquant avec une plateforme,

connectés doit avoir une utilité immédiatement

un format de données précis, pas toujours

perceptible, et non représenter une suite de mots de

compatible avec celui de l’objet d’à côté.

passe ou même de services clients différents pour

Par définition, l’IdO réside dans la capacité des
objets à communiquer entre eux. Toutefois, cette
communication entre tous les objets n’est pas
encore une réalité  : chaque industriel crée un objet
qui se connecte à Internet, mais pas nécessairement
aux autres objets qui l’entourent. Comme le résumait

chaque appareil. Pour que la vie connectée
fonctionne, elle requiert une simplicité qui n’est
toujours pas prouvée, chaque objet réclamant un
traitement spécifique, ce qui participe à faire que
l’IdO n’est aujourd’hui encore qu’un «  Internet des
gadgets » ainsi que le pointait Rafi Haladjian.

l’article de Forrester16 , une personne jouant au

Faute d’avoir un réel intérêt de court-terme à le faire,

basket avec une balle connectée telle la Bluetooth

les industriels lancent leurs produits

94Fifty, un T-shirt comme peut l’être Armour39 de

indépendamment les uns des autres en espérant

Under Armour tout en portant des chaussures Nike

conserver un avantage de niche sur chaque objet.

Hynderdunk Plus, pourra certes évaluer sa force de

Cette logique freine le développement de l’IdO.

 

dribble et son angle de tir, son rythme cardiaque et
son effort, ainsi que la rapidité de sa course, mais les
trois capteurs ne parviendront pas à savoir qu’ils
jouent le même jeu. D’où le titre de l’article  :

L’initiative OneM2M tente de mobiliser les
principaux acteurs de l’industrie contre une
fragmentation du marché qui sera autant nuisible

« L’Internet des Objets n’existe pas ».

pour les consommateurs que les producteurs.

Si pour l’instant le smartphone apparaît comme la

l’interopérabilité sont parmi les prérequis d’un essor

plateforme susceptible de relier entre eux les

de l’IdO, notait le récent rapport de la Commission,

différents objets connectés, il est difficile d’affirmer

que ce soit fondé sur un système global tel que le

que son rôle va demeurer le même dans dix ans,

permettrait l’IPv6 — une démultiplication des

compte tenu de la révolution qu’il a connu dans la

adresses IP — nécessaire pour connecter chaque

dernière décennie et de l’apparition presque aussi

objet, ou par un effort entre entreprises.

L’introduction de standards, l’authentification et

rapide des tablettes. Pour un bon nombre de tâches
et pour la facilité d’utilisation, il est donc plus
intéressant de connecter directement les objets
entre eux sans avoir à passer par un terminal
spécifique : par exemple, la lampe de chevet gagne
à être reliée directement aux autres lumières de la
maison. Mark Rolston, directeur de la création chez
Frog Design, résume ainsi le problème17
 

:

Po u r f a i re f a c e a u x g i g a n t e s q u e s v o l u m e s
d’informations produits dans des formats
désordonnés, sen.se, le dernier né de Rafi Haladjian,
propose un protocole de communication unifié de
partage des données entre les objets, afin de
pouvoir démultiplier leur connectivité et donc leurs
usages.


16

http://blogs.forrester.com/sarah_rotman_epps/13-10-17-there_is_no_internet_of_things

17

Interview de Mark Rolston pour Le Monde Informatique, le 14.11.2013 : http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-

internet-des-objets-il-reste-encore-beaucoup-a-faire-pour-gerer-les-dispositifs-connectes-55672.html

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3.4.L’open source : une philosophie de l’Internet pour mettre à
disposition de tous la possibilité de connecter son quotidien
Arduino, Maker Swarm, Open Sesame… les plateformes open source pour connecter soi-même ses
objets connectés se développent, en même temps que se développe le marché de l’IdO.
Pour l’Internet des objets, l’open source ouvre une brèche vers plus d’interopérabilité, la récupération
et la gestion de ses propres données, la démocratisation de l’objet connecté.

Le# projet# Watts'nz# City# permet! de! connaître! et! suivre! la! consommation! électrique! d'un!
foyer,!ou!d'un!appareil!isolé.!Les!données!disponibles!sont!remontées!sur!la!plate4forme!
de! votre! choix! pour! une! utilisation! personnelle! ou! collaborative.! Ce! projet,! basé! sur!
Arduino,! est! totalement! libre.! Pour! Laurent! Boyé,! (matériel! libre! 4! Hackable! Device),! ce!
type!d’initiatives!open!source!permet,!selon!sa!terminologie,!de!passer!de!l’Internet!des!
objets!à!l’Internet!des!sujets.!!

«*Une*approche*pour*remettre*les*clés*du*royaume*à*ceux*qui*ont*les*objets*
chez*eux*pour*casser*l'aspect*peur*et*sécuritaire.*»

!

!
!

!
!

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Partie 3 
Tour d’horizon international des marchés
de l’Internet des Objets
Il y a plus de potentiel dans l'Internet des Objets en Europe qu'en
Amérique du Nord, tout comme nous avons 1,5 fois plus d'internautes.
Pascal Cagni, Former Apple GM, VP Europe Middle East India Africa

!
Où en est la France sur le marché de l’Internet des objets  ? Souvent présentée comme pionnière
européenne, du fait de ses champions, le France n’a-t-elle pas cependant à apprendre de ses
voisins sur le globe ?
Approche internationale de l’échiquier que représente l’Internet des objets, certainement LE domaine
économique concurrentiel des prochaines décades.

1. Les Etats-Unis naturellement à la première place de l’Internet des objets
1.1.Les Etats-Unis conscients du levier de croissance « rapide » et
« de qualité » que représente l’IdO
En octobre 2013, IDC a lancé son premier indice composite pour classer les pays du G20 selon leurs
opportunités de gain dans l’IdO. Les Etats-Unis occupent la première place.
A l’heure actuelle, les entreprises œuvrant pour les objets connectés sont majoritairement localisées
dans la Silicon Valley. Même si cet avantage n’est pas éternel — le web 3.0 réclame en effet des
compétences plus industrielles qu’un web 2.0 essentiellement fondé sur le développement de sites
internet — cela donne aux Etats-Unis une avance, dont ils essayent de tirer profit.
La progression fulgurante de ce marché y est en tout cas nettement perceptible  : le thermostat
intelligent Nest, créé par Tony Fadell, ex-Apple, a été valorisé à 800 millions de dollars lors de son
augmentation de capital en janvier 2013. Le spécialiste du fitness Fitbit est, lui, parvenu à lever 30
millions de dollars en mars dernier, pour être désormais valorisé à 300 millions de dollars. La société
française Withings réalise ainsi plus de la moitié de son chiffre d’affaires sur le territoire américain.

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Selon McKinsey, les Etats-Unis bénéficieront d’un tiers des gains de l’IdO dans le monde et de fait les
autorités fédérales s’efforcent depuis quelques années d’en stabiliser le cadre légal pour permettre le
développement des objets connectés.
Dans un rapport18 publié par le think-tank PPI en septembre 2013, Michael Mandel décrit comment
 

l’IdO pourrait tirer l’économie américaine de «  l’ornière de la croissance lente  ». S’appuyant sur des
chiffres du comité budgétaire du Congrès américain, il prévoit qu’il représentera 2 à 5 points de PIB
en 2025. L’économiste précise que «  le résultat sera un passage à une croissance qui n’est pas
seulement plus rapide, mais de meilleure qualité  », insistant sur la renaissance manufacturière et les
gains de productivité qu’il doit permettre.

1.2.Des avancées sur les données personnelles et
l’interopérabilité
Signe de cette prise en compte grandissante du sujet, l’Agence fédérale du commerce (FTC), en
charge de la protection du consommateur sur le territoire américain, a annoncé la création d’un
groupe de travail afin d’apporter des recommandations concernant la protection des données
personnelles. Considérant la masse de données financières, médicales ou de géolocalisation que
produisent les objets communiquant, les Etats-Unis ont compris l’urgence de renouveler la notion de
données «  sensibles  » qui faisait jusqu’ici jurisprudence et peut-être de sortir de l‘approche
catégorielle qui prévaut actuellement.
En parallèle, l’Autorité fédérale de régulation des communications (FCC) s’emploie à adapter le cadre
de la neutralité du réseau sans fil pour empêcher les opérateurs de bloquer les transmissions de
données entre appareils de différents réseaux. L’agence avait déjà fait un grand pas pour encourager
le marché de l’IdO mi-2012 en proposant un élargissement du champ de la bande passante utilisé par
les appareils médicaux  : en favorisant ainsi l’échange d’informations entre terminaux (et donc entre
l’hôpital, le cabinet du médecin et éventuellement le patient), le FCC lançait un appel à
l’accroissement du marché — à fort potentiel — de la santé.

2. L’Allemagne s’appuie sur ses avantages historiques pour anticiper la 4e
révolution industrielle
2.1.Industrie 4.0
En Allemagne, il n’est pas question de web 3.0 mais plutôt d’industrie 4.0, en référence à la 4e
révolution industrielle (après celle de la mécanique, de la division du travail et de l’ordinateur). Une
dénomination qui signale les perspectives immenses qu’ouvre l’Internet des Objets.

18

http://www.progressivepolicy.org/wp-content/uploads/2013/09/09.2013-Mandel_Can-the-Internet-of-Everything-Bring-Back-the-

High-Growth-Economy-1.pdf

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Industrie 4.0, c’est également le nom choisi pour le groupe de travail réuni par l’Académie nationale
de la science et de l’ingénierie (Acatech) et soutenu par le ministère de l’Education et de la
Recherche. Mis en place en janvier 2012, soit trois ans après une première réunion d’experts à
l’initiative du gouvernement, le groupe de travail incluait notamment les groupes Bosch, SAP ou
encore BMW, de grands industriels qui se veulent à la pointe de l’IdO, et les grandes fédérations
Bitkom (hautes technologies), VDMA (machine-outil) et ZVEI (électro-industrie).
Il a présenté un rapport19 et des recommandations à l’occasion du dernier congrès annuel CeBIT
 

réunissant tous les grands acteurs des technologies de l’information, devant le gouvernement et
Angela Merkel qui avait fait le déplacement. Dans son discours d’introduction, la Chancelière
prévoyait un changement radical «  du fait de toutes les interactions entre hommes et machines ou
avec l’arrivée de l’Internet des objets  ». Tirant parti des atouts allemands, à commencer par son
potentiel industriel, les recommandations du rapport concernent notamment les usines intelligentes
qui doivent optimiser les processus de production en faisant communiquer entre eux le produit
fabriqué et le produit fabriquant. Elles insistent également sur le développement de la technologie
RFID et sur l’implication nécessaire des petites et moyennes entreprises.

2.2.Un Etat pionnier de l’Internet des Objets
Bénéficiant d’un avantage comparatif notable dans le champ des systèmes de logiciels intégrés,
notamment dans l’industrie et l’ingénierie automobile, l’Allemagne s’est lancée très tôt dans l’IdO,
avec le soutien du gouvernement fédéral, que ce soit pour la formation de clusters, pour soutenir le
plan « Industrie 4.0 » qui bénéficie d’une manne publique-privée de 200 M€, ou pour promouvoir la
coopération entre les entreprises et les universités. Les grands industriels allemands promettent leurs
premières applications pour 2015 et une migration entre 2020 et 2025.

3. La Corée du Sud profite de ses géants soutenus par l’Etat et de sa
connectivité, la plus étendue au monde
La Corée du Sud est seconde dans le classement IDC, forte de ses villes connectées à l’instar de
Incheon Songdo, présentée comme la ville de l’ubiquité. Alors que le Japon semble vouloir profiter
de son assise historique dans le secteur des technologies de l’information et de la communication et
ne s’est pas encore décidé à lancer des projets de grande ampleur, la Corée du Sud, doit encore
s’affirmer, ce qu’a bien compris son gouvernement. Par ailleurs, l’approche japonaise a toujours
privilégié le micro aux grands projets étatiques, au contraire de la Corée du Sud, dont les géants de
l’high-tech (Samsung, LD, Hyundai…) ont tous bénéficié du soutien sectoriel de l’Etat.
La dernière campagne présidentielle a d’ailleurs été l’occasion pour le nouveau chef d’Etat du pays,
Park Guen-Hye, entré en fonction en février 2013, de mettre en avant «  l’économie créative  ». Alors
que la Corée du Sud est déjà un des pays les plus connectés en termes de smartphones (107 % de
19

www.acatech.de/fileadmin/user_upload/Baumstruktur_nach_Website/Acatech/root/de/Material_fuer_Sonderseiten/Industrie_4.0/

Final_report__Industrie_4.0_accessible.pdf

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pénétration) et déjà d’objets (particulièrement dans l’électro-ménager), profitant par là de sa
couverture 4G unique (la 5G est en préparation), l’IdO est l’occasion pour le pays de démontrer ce
nouveau savoir-faire. C’est d’ailleurs à Séoul que doit avoir lieu le prochain forum mondial de l’IdO, en
mars 2014.

4. La Chine compte devenir le premier pays de l’IdO par des
investissements massifs
S’étendant jusqu’en 2015, le 12e plan quinquennal chinois prévoit la transformation de 100 villes du
pays en smart cities et un investissement spécifique de 800 milliards de dollars dans l’industrie des
objets connectés, dont la mise en place d’une zone spécialement dédiée dans le Sichuan (le Chengdu
IoT Technology Institute).
L’IdO devrait représenter, selon le plan quinquennal, un chiffre d’affaires de 120 milliards de dollars
sur le territoire national d’ici 2015, soit quatre fois son niveau de 2010. En juillet dernier, la Chine
représentait déjà un quart des terminaux connectés (smartphones et tablettes) dans le monde, alors
même que sa population est loin d’être entièrement équipée.

L’alliance industrielle pour l’Internet des Objets
En octobre 2013, la Chine a annoncé la première alliance industrielle autour de l’IdO au niveau
national (40 sociétés et instituts sous l’égide de la China Electronics Technology Group Corporation,
dont China Telecom et l’Université Tsinghua). Outre la coordination de la recherche, le ministère de
l’Industrie et des Technologies de l’Information a promis d’établir au moins 200 normes nationales et
industrielles pour l’IdO d’ici 2015.
Par cette stratégie, le pays adhère à la vision d’une industrie qui doit nécessairement être englobante,
tant au niveau des entreprises que de l’Etat. Neuf domaines ont été ciblés pour permettre le
développement économique et social du pays, dont l’agriculture et le transport.

5. L’Union européenne avance timidement sur la sécurité sans avoir de
vision industrielle large
Quant à l’Europe ? Dès 2009, la Commission Européenne dressait un plan d’action20 avec 14 mesures
 

pour l’IdO en Europe, axant notamment son travail de gouvernance sur la protection des données
personnelles et la sécurité de l’information, et son travail industriel sur la R&D et la gestion des
déchets.

L’UE s’inquiète pour la protection des données personnelles
20

http://europa.eu/legislation_summaries/information_society/internet/si0009_fr.htm

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En avril 2012, la commissaire européenne chargée de la société numérique, Neelie Kroes, lançait une
grande consultation publique sur les règles concernant les dispositifs connectés intelligents. Les
résultats de cette consultation qui a concerné 600 personnes, groupes ou associations, couplés à
l’apport du groupe d’experts mis en place deux ans plus tôt, ont permis la publication d’un rapport21
 

en août 2013. Tout en saluant les perspectives qu’offre l’IdO dans la santé et la sécurité, les experts
s’inquiètent de la protection des données personnelles et de la possibilité de recevoir le
consentement explicite et informé de chaque utilisateur, ainsi que des risques de piratage. Constatant
que la dilution actuelle des responsabilités empêche un vrai développement de l’IdO en Europe, le
groupe plaide pour une approche centrée sur les acteurs eux-mêmes et non pour un passage par le
droit dur, tout comme elle insiste sur la nécessité d’intégrer une dimension éthique.

L’UE a mis en place des financements pour les startups innovantes
À la suite de ce rapport, la Commission a annoncé un nouveau financement de 100 millions d’euros à
destination des jeunes entreprises et de PME de haute technologie dans différents secteurs, donc
notamment celles de l’IdO. Ce nouveau fonds s’inscrit dans le partenariat public-privé sur l’Internet du
futur lancé en 2011.


Depuis le rachat de Nokia, l’Europe a officiellement perdu son
dernier bastion dans la bataille du mobile. Il sera crucial de ne pas
perdre la prochaine bataille, celle de l’Internet des Objets.
Pascal Cagni, Former Apple GM, VP Europe Middle East India Africa

21

http://bookshop.europa.eu/en/europe-s-policy-options-for-a-dynamic-and-trustworthy-development-of-the-internet-of-things-

pbKK0113297/

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Partie 4 
Atouts et freins français

“

Fondamentalement, nous avons presque tous les éléments de
les éléments de
  Fondamentalement, nous avons presque
l’architecture possible de l’Internet des objets en France en en Europe. 
l’architecture possible de l’Internet des objets et France et
enEurope.  Bernard Benhamou, expert français de l’internet et des TIC
Bernard Benhamou, expert français de l’internet et des TIC22
 

1. La France a commencé à prendre le virage de l’Internet des Objets
1.1.Prise de conscience des enjeux chez les décideurs politiques
Dès la présentation du Grand emprunt en 2010, rebaptisé «  Investissements d’avenir », 4,5 milliards
d’euros (sur un total de 35) étaient dévolus à l’économie numérique, dont la moitié était affectée aux
usages (approche fonctionnelle) et le reste aux infrastructures et aux smarts grids, les réseaux
intelligents de distribution d’énergie (approche technologique).
Les objets connectés comptent également parmi les 34 projets d’avenir23 pour relancer l’industrie
 

française, présentés par le gouvernement en septembre 2013. Eric Careel, co-fondateur de Withings,
a été chargé par le Ministre du redressement productif de piloter le plan objets connectés.
À cette mention spécifique de l’IdO, il faut ajouter les impulsions souhaitées pour le big data, le cloud
computing, la e-éducation, le nanoélectrique, la robotique, les réseaux électriques intelligents qui
recoupent cette problématique… L’IdO et son écosystème sont donc clairement mis à l’honneur.
Déjà au travail, Eric Careel a identifié quatre leviers à activer24 :
 

22

Bernard Benhamou interviewé par Xavier De La Porte lors de l’émission « Place de la toile » sur France Culture le 9 février 2013

http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-l%E2%80%99internet-des-objets-2013-02-09
23

www.redressement-productif.gouv.fr/nouvelle-france-industrielle

24

Eric Careel pour L’Usine Nouvelle, jeudi 12 septembre 2013, http://www.usine-digitale.fr/article/les-objets-connectes-sont-une-

veritable-opportunite-de-reindustrialisation-selon-eric-carreel.N204717

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1) Rapprocher les acteurs de la mécanique, de l’électronique et les startups ;
2) Financer des usines qui vont avoir au départ des rendements inférieurs à ceux des startups,
du fait du besoin en équipements innovants, notamment avec une union de banques
dédiant un fonds à ce domaine ;

3) Favoriser l’innovation dans la commande publique ;
4) Faire adhérer les Français à ce secteur.
Rendu en octobre 2013, le rapport “Innovation 2030”25
 

(s’inspirant du rapport Dynamique et

Prospectives Internet 203026 du Commissariat général à la stratégie et à la prospective, rendu en juin
 

2013) liste sept ambitions stratégiques pour la France, dans lesquelles l’IdO a une importance
transversale, notamment sur les trois derniers axes que sont la médecine individualisée, la «  Silver
economy  » (le vieillissement de la population qui réclame des avancées en domotique et
téléassistance notamment) et enfin le «  big data  ». Anne Lauvergeon, qui présidait la commission à
l’origine du texte, constate  : «  On a raté les smartphones, on a raté les tablettes, j’espère qu’on ne
ratera pas l’Internet des objets »27. Un fonds de 150 millions d’euros de la BPI permettra de financer
 

des projets innovants.

La France a une vraie carte à jouer : nous avons des ingénieurs
talentueux, des fabricants majeurs de composants, ainsi que de
potentiels leaders mondiaux comme Netatmo, Parrot ou Withings.
Preuve que quelque chose se passe : le nombre de levées de fonds
supérieures à 5 millions de dollars est le plus fort d’Europe.
Pascal Cagni, Former Apple GM, VP Europe Middle East India Africa
L’Internet des objets, à travers les investissements dédiés au numérique, est d’ailleurs un axe majeur
pour la BPI. «  Oui l'IdO est un axe fort pour nous. C'est un endroit ou la France a un rôle à jouer :
parce qu'il est à la frontière de plusieurs problématiques que la France maîtrise bien » déclare PaulFrançois Fournier. Le fonds ambition numérique de la BPI s’élève à 300 millions d’euros.
Suivant les recommandations du rapport de la Caisse des dépôts28 remis en juillet, la ministre
 

déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Economie Numérique, Fleur Pellerin, a également annoncé la
future mise en place d’un label « quartier numérique » qui pourrait concerner une quinzaine de lieux
dans les grandes métropoles françaises. L’incubateur géant de la Halle Freyssinet, prévu pour 2016
avec le soutien de Xavier Niel, devrait compter parmi celles-ci. À l’instar de l’EuraTechnologies à Lille,
d’autres métropoles comme Strasbourg, Bordeaux et Nantes vont réhabiliter d’anciennes usines
industrielles, voire construire de nouveaux complexes. Selon le PLF 2014, le label sera attribué à la
25

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/134000682/

26

www.strategie.gouv.fr/content/etude-dynamique-internet-2030

27

Interview d’Anne Lauvergeon sur BFM TV mi-octobre 2013

28

www.redressement-productif.gouv.fr/files/cdc-web-les-quartiers-numeriques-synthese.pdf

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suite d’appels à projets  ; plus de 200 millions d’euros, dont 15 pour le déploiement de fabs labs
(« fabrication laboratory » qui permet de réunir conception et fabrication rapide), permettront de les
accompagner. En effet, comme l’explique Benoît Thieulin, président du Conseil national du
numérique  : «  ce dont les entreprises innovantes ont le plus besoin, ce n’est pas forcément d’aides
publiques, mais d’accompagnement, de conseil et surtout de remplir leur carnet de commandes ».29
 

1.2.Le France dispose de champions de l’IdO
La France forme de bons ingénieurs et de bons designers. Selon Fred Potter, la France est même le
«  meilleur endroit du monde pour concevoir les objets  ». De fait, le pays compte certaines des
entreprises parmi les plus innovantes sur le marché de l’IdO, à commencer par la Freebox impulsée
par Xavier Niel, une invention en laquelle personne ne croyait et qui peut être décrite comme un des
premiers objets connectés. Sur les douze premiers objets connectés vendus aux Etats-Unis sur l’Apple
Store, cinq sont français.
Nom

Objet

Fondateurs

Valorisation

Aldebaran Robotics

L’humanoïde Nao qui joue le
rôle d’enseignant ou d’assistant
personnel

Bruno Maisonnier
(2005)

Racheté par le japonais
Softbank

Delta Drone

Commercialise des drones de
surveillance utilisés par ERDF ou
les stations de ski

Frédéric Serre (2011)

Entré en bourse en juin 2013, il
table sur un chiffre d’affaires de
10 M€ en 2014

Medissimo

« Imedipac », un pilulier
communiquant qui avertit le
patient et son médecin en cas
d’oubli

MyFox

Alarme connectée utilisée par
les compagnies d’assurance

TAG Technologies
(2009)

Levée de fonds de 3,2 M€ en
mars 2013

Netatmo 

Stations météo, thermostat
connecté

Fred Potter (2011)

Levée de 4,5M par la BPI, Iris
Capital et le fonds Orange /
Publicis

Parrot

Sonde pour le jardin, pot de
fleur connecté

Henry Seydoux (1994)

Introduit en bourse en 2006,
réalise un bénéfice net de plus
de 25 M€ depuis 2010

Violet

Nabaztag, lancé en 2005, est
devenu Karotz, le lapin
intelligent qui parle, écoute et
regarde

Olivier Mével,
Christophe Rebours et
Rafi Haladjian (2003)

Trop en avance sur son temps
selon son créateur, la société
est revendue à Aldebaran
Robotics en 2011

Withings 

Pèse-personne, tensiomètre,
babyphone

Eric Careel et Fred
Potter (2008)

Récente levée de fonds de 23,5
M dont 11 M injectés par la BPI

29

(2004) Equipant déjà plus de 800
EPHAD, le pilulier sera proposé
aux particuliers en 2014.

Interview de Benoît Thieulin à L’Usine Digitale le 23.10.2013 http://www.usine-digitale.fr/article/la-france-des-quartiers-

numeriques.N211032

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Nom

Objet

Fondateurs

Valorisation

SRETT

Systèmes de télé-surveillance
d’abord pour les industriels, puis
étendus à la santé

Philippe Salamitou
(2004)

Croissance d’environ 40% par
an depuis sa création, grâce à
des partenariats avec les grands
groupes (Air Liquide
notamment)

Sen.se

Plateforme pour le prototypage
rapide et facile d’objets
intelligents afin de ne pas limiter
l’IdO à un seul objet / secteur.

Rafi Haladjian et Frank
Biehler (2010)

Un objet connecté pas encore
dévoilé au public sera primé à
Las Vegas au Consumer
Electronics Show en janvier
2014

Sigfox

Réseau ultra bas débit sur toute
la France permettant le transfert
de données générant une faible
demande de bande passante

Ludovic Le Moan et
Christophe Fourtet
(2009) ; dirigé par
Thomas Nicholls

Levée de 10M€ en septembre
2012, avec notamment l’entrée
d’Intel au capital

Medissimo, Netatmo et Sen.se ont toutes trois été récompensées en novembre 2013 lors de la Grand
messe de l’électronique grand public : le salon CES à Las Vegas.
Ces champions structurent l’écosystème français du marché de l’Internet des objets et permet de dire,
à l’international, que la France a toutes ses cartes à jouer sur ce marché.

1.3.La couverture réseau du territoire est exceptionnelle
La France bénéficie d’une excellente couverture Internet, préalable indispensable à la diffusion des
objets connectés. Grâce en partie à une réglementation favorable à l’ADSL, en 2011, le taux de
pénétration de l’internet haut débit (un accès à Internet offrant un débit d’au moins 500 kbit/s) était
de 70 % chez les particuliers et de 92 % dans les entreprises soit près de 5 points au dessus de la
moyenne européenne. Les deux tiers de ces abonnés à Internet ont en outre une vitesse de débit
supérieure à 10 Mb/s, quand ce chiffre n’est que de 40 % dans l’UE.

1.4.Les Français : des consommateurs friands d’objets connectés
Les consommateurs français sont très friands de nouvelles technologies. Le taux de pénétration des
smartphones a atteint 60% en novembre 2013, devant l’Italie et l’Allemagne mais derrière RoyaumeUni et l’Espagne. Le pays compte aujourd’hui 75,5 millions de cartes SIM dont 6,6 millions sont
dédiées à la communication d’objets M2M, avec une augmentation moyenne d’environ 30% par an. La
Fnac a d’ailleurs, depuis septembre 2013, ouvert dans ses magasins un rayon destiné aux objets
connectés.

!

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2. Cependant, la croissance se heurte à certains problèmes spécifiques
2.1.Le coût du travail empêche de localiser la production en
France
Dans son interview, Fred Potter ajoute au fait que la France soit « le meilleur endroit du monde pour
concevoir les objets » (conception des objets, développement des logiciels, marketing…) qu’elle n’est
« pas la meilleure pour les produire ». Ce déficit de main d’œuvre qualifiée à bas coût n’est pas propre
aux objets connectés  : l’industrie française souffre toujours en effet du coût élevé du travail et du
poids de la réglementation.
Ainsi que l’explique Eric Careel, c’est pourtant une opportunité unique de réindustrialisation : « Il faut
rapprocher les ingénieurs qui développent, des usines d’électronique et de mécanique.  Chez
Withings, pour l’instant, nous n’avons pas réussi à faire fabriquer sur le territoire national car nous
n’avons pas trouvé d’entreprise de mécanique assez innovante ».

2.2.L’IdO a besoin d’un cadre juridique stabilisé
Faute d’un cadre législatif stable et pérenne, l’IdO n’est aujourd’hui pas tant freiné dans son
développement par le manque d’investisseurs que par l’incertitude qui empêche les industriels de se
projeter à moyen terme. Parce qu’ils n’ont pas encore parfaitement appréhendé les nouveaux enjeux
de l’IdO, les décideurs politiques et financiers retardent d’autant son lancement à plus grande échelle.

Instabilité financière et incompréhension politique
Signe de l’incompréhension qui peut apparaître, la proposition d’une taxe sur les objets connectés,
annoncée un temps par la ministre de la Culture Aurélie Filippetti au nom de l’exception culturelle,
était une preuve flagrante de l’incompréhension face à un bouleversement qui s’annonce global.
C’est ce que rappelait plus haut Rafi Haladjian  : proposer une taxe spécifique c’est ignorer que les
objets connectés toucheront tous les secteurs et toutes les industries.
De même, on peut s’interroger sur la pertinence, parmi les 34 projets d’avenir, d’un plan
spécifiquement dédié à l’IdO alors que celui-ci devrait représenter un objectif transversal aux autres
projets.
Ainsi, l’Internet des objets ne doit pas être la compétence d’un ou deux ministères sectoriels, mais il
doit être un sujet transversal, allant des dossiers de santé publique à ceux de l’industrie, en passant
par les transports ou encore le sport.

Instabilité juridique
L’Union européenne est en pleine réflexion pour redéfinir le cadre législatif régulant la gestion des
données personnelles par une nouvelle directive et un nouveau règlement. Étant donnés les

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remaniements au niveau de la Commission et du Parlement de l’UE au cours de l’année 2014, les
discussions sur ce projet de règlement et de directive risquent d’être fortement accélérées, Neelie
Kroes et le Parlement souhaitant voir aboutir ce dossier avant tout renouvellement.
Ainsi, il est fort probable que le cadre juridique encadrant la collecte, le stockage et le traitement des
données personnelles évolue en profondeur. Plusieurs volets pourraient directement impacter
l’activité des entrepreneurs dans le domaine des objets connectés telles que les règles de “Privacy by
design” : elles consistent à prendre en compte et de fixer, dès la conception de l’objet et du service,
les aspects liés à la protection de la vie privée et des données à caractère personnel. Ces règles
seront ensuite respectées tout au long du cycle de vie de la technologie concernée.
Par ailleurs, il semble que les législateurs de l’Union européenne ne s’interrogent pas sur la
pertinence d’une juridiction sur les données personnelles récoltées par le biais de l’Internet des
objets. Ils ne stipulent pas non plus si cette impasse est volontaire, respectant ainsi le principe de
droit romain “Plurimae leges pessima respublica”30 , ou si l’Internet des objets et ses données
 

donneront lieu, dans un second temps, à une législation spécifique.

2.3.Les grands industriels tardent encore à prendre le tournant de
l’Internet des Objets
Comme avec les débuts du numérique dont le marché des objets connectés n’est qu’une couche
supplémentaire, les grands acteurs traditionnels sont encore à la phase d’observation tandis que les
nouveaux entrants prennent les risques de l’innovation. Tous ces entrepreneurs qui foisonnent dans
les incubateurs apportent cette notion de services et de transformation dont manquent les grands
groupes encore trop peu sensibles à cette culture du service et des nouveaux usages.
Aux grands groupes, donc, la gestion de la complexité, les modèles de production et de distribution
ainsi que la force de frappe économique. Les startups, elles, disposent de cette culture du numérique,
favorable à l’innovation.
Une vision complémentaire, certes. Encore faut-il permettre à ces acteurs de se concerter et de se
rapprocher pour travailler de concert.
Pour Jean-Louis Fréchin d’ailleurs, c’est une certitude  : «  Ce ne sont pas les grandes entreprises qui
peuvent aider les petites. Mais ce sont plutôt des gens “mutants„ qui peuvent aider les grandes
entreprises. Contrairement à une idée répandue, l’écosystème des jeunes peut davantage aider les
grands champions que l’inverse.»
On retrouve là une problématique propre à celle des jeunes startups du numérique qui portent
l’innovation, mais ne peuvent agir sans la force de frappe des grands acteurs.
Ceci laisse présager qu’un jour, les grands industriels financeront les incubateurs et les fonds
d’investissements pour encourager cette innovation et explorer les nouveaux usages qu’ils pourraient
développer pour leurs produits.
30

Plus les lois sont nombreuses, pire est l'État.

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2.4.D’autres sont pionniers
Quelques grands groupes français ont commencé à s’ouvrir à l’IdO, particulièrement celles dont le
cœur de métier les force naturellement à s’en préoccuper, à l’instar de Schneider Electric déjà cité
dans l’exemple de la ville connectée.
La question de savoir qui sera l’opérateur des objets communicants, dont le nombre va aller
grandissant avec la mise en place des compteurs intelligents de gaz, d’eau et d’électricité, et pousse
les grands groupes de Télécom à multiplier les partenariats. Alors que Suez Environnement et SFR
Business Team se sont associés pour la gestion des télérelevés des compteurs au travers de la société
Ondeo, leurs deux concurrents Veolia et Orange ont lancé en parallèle M2oCity. Tout l’enjeu est de
savoir développer rapidement des applications complémentaires permettant de proposer de
nouveaux services intégrés pour de nouveaux usages.
Plus largement, la possibilité d’avoir accès à un réseau sécurisé et surtout à une expertise en matière
de M2M : la production de cartes SIM, leur intégration aux boîtiers M2M et bien sûr les abonnements
au réseau, qui, selon les usages, peuvent nécessiter une couverture nationale ou internationale.
Enfin, les sociétés de services en ingénierie informatique sont aussi les premières concernées par le
virage de l’IdO. Le Français Atos a créé la tablette connectée R-Link, disponible dans plusieurs
voitures du constructeur Renault, qui permet désormais de réaliser des achats depuis son véhicule. La
voiture connectée est également un enjeu de la prochaine décennie, selon PSA-Peugeot-Citroën.

Withings VS. Terraillon : quand un grand groupe internalise l’innovation

!
Terraillon est une entreprise vieille de 105 ans. En

aujourd’hui  » explique Dider Bollé, président

novembre 2013, alors que Withings, la start up

directeur général de Terraillon.

française à l’origine des balances connectées existe
déjà depuis cinq ans et vend ses produits avec
succès en France et à l’international, l’enseigne
centenaire prend le chemin du numérique et
connecte sa balance. Dans le marché du quantified
self, elle lance aussi un tensiomètre et un
podomètre. Pour Teraillon, c’est l’occasion de
redynamiser son marché en s’inspirant des nouveaux
usages créés par la start up. Sans être à l’origine de
l’innovation donc, Terraillon s’offre un sérieux coup
de jeune.

La balance Terraillon intègre alors la nécessité de se
tourner vers les outils numériques pour proposer de
nouveaux usages et transformer ainsi complètement
le produit.
« Ce qui est important c’est qu’au-delà des produits,
vous avez la possibilité de délivrer du contenu à
travers l’application associée. Demain, je peux avoir
des données et à partir de là on rentre dans un
nouveau business model qui est celui de
l’application. »

« Il fallait réveiller la belle endormie qui est Teraillon
en imaginant le virage à 180 degrés qui s’inscrit

Outre le renouveau de l’objet qui devient service, les
bénéfices en termes de dynamisme de ventes et de
rentabilité sont notables :

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«  Au niveau du prix, c’est trois fois environ le prix

massification des objets de la vie quotidienne

moyen d’un pèse personne traditionnel, vendu dans

communicants. «  Nous on a cette expérience de la

la distribution française. Donc vous voyez pour nous

distribution. On a une part de marché qui est

l’intérêt que représente ce formidable essor qu’est

aujourd’hui incontournable et en tant qu’acteurs-

le Quantified self. »

leaders sur le marché on se doit maintenant d’aller

Avec Terraillon et son virage numérique, on
comprend bien que les grands acteurs industriels
ont un rôle majeur à jouer dans la révolution de
l’IdO. Ce n’est qu’en activant leur levier économique
que l’on passera du gadget connecté à la

véhiculer de nouvelles possibilités pour le
consommateur. Avec cette nouvelle vague des
objets connectés […] on a l’opportunité de faire
entrer la marque dans une nouvelle ère plus fashion
avec ces produits connectés. »31

 

!
!
!
!

31

Interview de Didier Bollé dans 01Business, http://www.boursorama.com/actualites/terraillon-se-met-a-la-balance-connectee-

didier-bolle-dans-01-business--16-11-dfebfeaa2c4ead6f2ebab8f1c506b75d

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Nos préconisations
Décideurs politiques, acteurs économiques, citoyens : nos
propositions pour appréhender dès aujourd’hui
l’Internet des objets
Tous les leviers de croissance, de stratégie ainsi que les freins ont été identifiés lors de cette étude
ayant pour objectif de présenter à tous, décideurs politiques, acteurs économiques et citoyens, la
formidable opportunité que sont les objets connectés pour notre économie et notre rayonnement
mondial.
Le Livre blanc a vocation à proposer, au-delà de ses quatre grandes lignes directrices évoquées dans
l’introduction, quelques pistes de réflexions plus concrètes afin de positionner la France et ses
entrepreneurs en position dominante sur LE marché :

À nos décideurs politiques
๏ L’Internet des objets ne doit pas être la compétence d’un ou deux ministères sectoriels, mais il
doit être un sujet transversal, allant des dossiers de santé publique à ceux de l’industrie, en
passant par les transports ou encore le sport.
๏ Parce que les secteurs d’application de l’IdO sont infinis et les problématiques complexes,
chaque Ministère doit ouvrir sa cellule de réflexion  : «  objets connectés », abordant dans ses
domaines, la question d’interopérabilité, de cybersécurité et de respect de la vie privée.
๏ La collaboration européenne est nécessaire pour fixer des standards en matière de données
personnelles, de cybersécurité et l’interopérabilité. Les industriels (sur le modèle de la Chine) et
les associations de consommateurs (sur le modèle de l’Europe) doivent être partie prenante de
cette concertation.
๏ Il faut veiller à ce que l’Internet des objets ne soit pas le grand oublié des projets de règlement
et de directives européens sur la gestion des données personnelles.
๏ Enterrer définitivement la proposition de taxes sur les objets connectés : un non-sens avec les
projections futures, où tout objet aura vocation à communiquer.
๏ Créer une mission commune d’information au Parlement afin, entre autre, que l’Etat, les acteurs
économiques (investisseurs et entrepreneurs) et les citoyens disposent de données chiffrées
concrètes, objectives et réalistes sur l’Internet des objets.

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๏ La e-administration progresse de jours en jours. Il faut maintenant réfléchir à ce que sera la eadministration et le service public à l’heure de l’objet communicant, d’une large couverture très
haut débit et de la multiplication des puces RFID et terminaux NFC.

À nos champions économiques
๏ Retenez la citation d’un des pionniers français de l’Internet des objets, Rafi Haladjian : « si nous
avons connecté un lapin, c’est pour montrer que tout a vocation à être connecté  ». Ainsi, ne
pensez pas a priori que l’innovation par l’objet communicant ne vous concerne pas. Tous les
domaines sont amenés à être bouleversés.
๏ La combinaison gagnante est celle du cluster et de partenariats entre les grands groupes et les
startups innovantes, surtout pour l’IdO qui exige des entrepreneurs une connaissance de gros
enjeux industriels. Incubateurs, hackathons, partage de savoir-faire, investissements – les formes
de rapprochement et de soutien sont nombreuses et adaptées à la pluralité des domaines et
structures.

À chacun d’entre nous, citoyens
๏ Le contrôle des ses données personnelles passera par l’éducation aux plateformes et aux
technologies de la connexion. Ainsi, il convient de donner à chacun la possibilité de
comprendre la base technologique des objets qui sont connectés autour de nous, via des
enseignements en ligne notamment.
๏ Les données personnelles ont un prix que l’on ne soupçonne pas. Lorsque l’on transmet à une
entreprise des informations personnelles, celles-ci sont échangées contre un service rendu, qu’il
soit payant ou gratuit. Il faut donc avoir conscience que ces données ont un prix et comprendre
qu’on est prêt à le fournir au moment où on les transmet.

Aux sceptiques s’il en reste, quand la science dépasse la fiction
Les divers exemples de produits, d’usages et d’entreprises qui illustrent ce document n’ont peut-être
pas fini de vous convaincre. Il est parfois difficile d’appréhender une telle innovation. Il ne s’agit pas
tant de progrès technologiques que d’un nouveau concept : une évolution dans les usages si
profonde et transverse qu’il est difficile de l’appréhender dans sa globalité. Remarquez qu’un marché
qui gagne en maturité ne propose plus de simples produits ou services, il vous offre une nouvelle
expérience de vie  : une nouvelle manière de consommer, de travailler, de contrôler, de gouverner,
une nouvelle façon d’interagir avec notre environnement matériel mais aussi social32.
 

Cette transformation va se faire progressivement, mais chaque année va marquer une étape de plus
vers l’Internet des Objets. Le rythme du progrès peut être vertigineux. Rappelons-nous Facebook et
Twitter il y a 5 ans !

32

au sens propre du terme : qui se rapporte aux liens que les individus établissent entre eux.

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Seront d’abord convaincus de l’Internet des Objets les adeptes précoces, viendront ensuite les
majorités précoce et tardive et pour finir les réfractaires. Néanmoins, si l’on souhaite être acteur de
l’économie et de la société, mieux vaut ne pas trop tarder.
Bien sûr, il est légitime d’être réticent. Surtout quand on est de culture française par nature prudent,
critique, voire sceptique. Big Brother nous guette, les effets des ondes électromagnétiques
omniprésentes sont une inquiétude non gommée. Mais ces problèmes existent déjà avec nos
smartphones, source d’ondes et de collecte de données à notre — quasi —  insu. Nous nous en
accommodons pour la plupart d’entre nous. Nous avons vraiment appris à vivre avec.
Allons-nous pour autant accepter que notre matelas «  connecté  » nous indique que nos cycles de
repos soient conformes ou perturbés ? En contrepartie de quoi, je saurai peut-être adapter mes
habitudes pour profiter d’un meilleur sommeil. Allons-nous accepter que notre montre analyse notre
activité physique ? et qu’un assureur nous propose de meilleurs tarifs si nous tolérons qu’il y accède ?
quelle majoration tarifaire induite pour ceux qui refusent ?33
 

Consommateur ou consom’acteurs, avons-nous finalement le choix ? Avez-vous pensé à choisir parmi
les modèles cathodiques pour votre dernier achat de téléviseurs ? Avez-vous une adresse email
personnelle qui ne soit pas hébergée dans les nuages ?34 Vos économies sont-elles placées dans des
 

bas de laine, un coffre ou sur des comptes bancaires informatisés, virtuels et décorrélés de l’étalonor ?
Pourrez-vous acheter en 2020 un matelas non connecté quand il n’y aura plus que des modèles
fournissant des services que nous n’imaginons pas encore, et cela certainement pour un prix
équivalent ?
Que dire quand l’Homme35 sera en 2020 le futur «  objet  » à connecter ? La médecine induit une
 

modification de nos fonctions biologiques ; sans parler de chirurgie réparatrice, de la pose de
prothèse à but médical ou non, car après tout la chirurgie esthétique se généralise : alors pourquoi ne
pas envisager des implants qui serviraient à nous rendre plus fonctionnels36 et plus interactifs avec un
 

environnement qui deviendra plus connecté que jamais. On parle d’ores et déjà de réalité augmentée
et pourquoi pas d’un Homme augmenté ?
Altérer notre humanité est difficile à concevoir. L’ambiguïté d’être homme+machine est encore
difficile à accepter. Pourtant, ce qui est inconcevable pour une génération l’est nettement moins pour
la génération suivante. Quels freins auront la génération «  tactile  », la génération de l’ubiquité, la
génération « implantée » ? Quel regard porteront ces générations sur la révolution de l’Internet et de
l’Internet des Objets ? Feront-ils ne serait-ce que la distinction entre ces deux Internet ?
L’avenir tranchera.

33

faut-il légiférer sur ces questions ?

34

certains geeks pourront se venter que oui

35

et bien évidemment la Femme

36

et plus performants ?

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Connectée
sur g9plus.tv
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L’Institut G9+
Qui sommes-nous?
Fédérant aujourd'hui 20 communautés d'anciens de toutes formations (écoles d'ingénieurs,
management, sciences politiques, université), l'Institut G9+ représente

50 000 professionnels du

numérique. Grands acteurs privés & publics et pôles d'expertise concernés font naturellement partie
de son environnement. Il a pour ambition d'être un think tank de référence dans ce secteur.
Ses réunions-débats, une trentaine par an, abordent sans concessions tous les aspects
technologiques, économiques et sociétaux du secteur. Des initiatives particulières (cycles de
conférences, livres blancs, rencontre annuelle) complètent un catalogue ouvert à tous.
Créé en 1995 par la réunion de 9 groupes "technologies de l'information" d'anciens de grandes
écoles françaises, l'Institut G9+ constitue une plate-forme sans équivalent d'études et d'échanges sur
le numérique.
L’Institut G9+ est une association 1901 présidée actuellement par Valentine Ferréol et animé par un
bureau élargi d’une dizaine de membres et un comité d’organisation d’une cinquantaine de
personnes. Il rassemble :
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Ensimag Alumni
Agro informatique
AI N7 Numérique
Arts et Métiers Informatique
Centrale informatique, électronique et télécommunications
Club e-business de Reims Management School
Club SI GEM GN
Club Télécom INSEAD
IESF Comité Numérique
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Ponts Telecom Informatique
Sciences Po informatique et télécommunications
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TELECOM Bretagne
TELECOM Paris
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Les cycles développés par l’Institut portent sur la prospective, les ressources humaines, la diversité et
sur l’actualité du secteur. La Rencontre Annuelle est le point d’orgue de son activité.
Information et inscriptions aux réunions : www.g9plus.org 


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LES NOUVEAUX ELDORADOS
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Ayant assuré la conception et la coordination de ce livre blanc, je tiens tout
particulièrement à remercier, tant sur le fond que sur la forme, Camille
Vaziaga et Rodolphe Falzerana.
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Rodolphe Falzerana

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en collaboration avec

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    ! LIVRE BLANC LES NOUVEAUXELDORADOS DE L’ECONOMIE CONNECTÉE @g9plus #g9plus g9plus.org en collaboration avec @RNumerique Téléchargez-moi
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Contact Rédaction : @g9plus [email protected] DIRECTION-REDACTION Directeurs Luc Bretones, Valentine Ferreol Rédacteur en chef Rodolphe Falzerana Rédacteur en chef délégué Rémi Prunier REDACTION L’Institut G9+ avec la participation de Renaissance Numérique et du Think Tank Objets Connectés & Intelligents : Henri Isaac, Anne-Sophie Bordry, Guillaume Buffet CONTRIBUTEURS Arnaud Dupuis, Paul-François Fournier, Jean-Louis Fréchin, Rafi Haladjian, PierreEric Leibovici, Arnaud Lefèvre, Henri Isaac, Cyrille Najjar, Fred Potter, Patrice Slupowski, Valentine Ferreol, Guillaume Buffet, Rodolphe Falzerana, Luc Bretones, AnneSophie Bordry, Rémi Prunier PROMOTION EN LIGNE Rémi Prunier, Rodolphe Falzerana & vous RELATION PRESSE Natacha Heurtault EDITION - DA Rodolphe Falzerana Crédit Photos Yann Gourvennec, Olivier Ezratty, Bruno Feuillet Contacts partenaires Renaissance Numérique, Camille Vaziaga www.renaissancenumerique.org, @RNumerique, [email protected]. Le Mot de la Rédaction Chaque année l’Institut G9+ organise une rencontre annuelle qui se veut être un événement d’exception tant par la qualité de ses convives que par la richesse de sa réflexion. Pour l’année 2013, nous avons considéré que l’Internet des Objets avait atteint un niveau de maturité suffisant pour être abordé —  à la fois — sous la forme d’un exercice de prospective pour un (des) marché(s) qui reste(nt) à inventer et, sous l’angle pragmatique de retours d’expérience. Ainsi sont nés “Les Nouveaux Eldorados de l’Economie Connectée”, la soirée (26 novembre 2013) et le Livre Blanc éponyme. Le présent livre blanc vise à attirer l’attention des citoyens et des élus sur une évolution sociétale et humaine. L’Institut G9+ et Renaissance Numérique, accompagnés par le think tank “Objets Connectés & Intelligents“, ont mené un travail d’enquête auprès des penseurs et acteurs de l’Internet des Objets français. Appuyé sur des documents scientifiques, des rapports officiels et de nombreuses interviews médiatiques, le présent livre blanc expose les enjeux de ce nouveau marché global et englobant. Quatre idées majeures accompagnent cette réflexion : 1. Debout  ! La nécessaire prise de conscience par les décideurs politiques et les acteurs économiques de la formidable opportunité que représente l’Internet des objets pour la France qui a toutes les cartes en main pour devenir LE leader européen de l’objet communicant. 2.Le paradigme d’une nouvelle économie est déjà là : l’économie de services s’est généralisée à tous les secteurs économiques traditionnels. Aujourd’hui donc, tout marché devra intégrer à sa fonction première, celle du service rendu à son utilisateur. Celui-ci même fait évoluer le consommateur à la recherche d’objets de plus en plus adaptés à leur individu même. 3. Un défi industriel à relever : ce nouveau modèle représente un défi majeur pour les acteurs traditionnels du secteur, qui doivent redoubler d’agilité pour intégrer cette nouvelle conception du produit. 4. La réussite par la régulation… aussi : un nouveau marché qui pose de nouvelles problématiques au régulateur  : encadrement de la traite des données personnelles, sécurité des produits, compatibilité des différents interfaces pour permettre aux objets de communiquer les uns les autres avec plus de transparence. Copyright et avis de non-responsabilité! Toute information fournie par l'Institut G9+, sous n'importe quelle forme, est la propriété de l'Institut G9+ et est protégée dans tous les pays par les lois locales et nationales gouvernant la propriété intellectuelle. Toute information, publiée par l'Institut G9+ inclue les documents imprimés ou électroniques et les documents publiés sur son site web, est protégée par la loi sur le copyright. 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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée ! Les contributeurs Pascal Cagni Former Apple GM, VP Europe, Middle East India Africa Arnaud Dupuis Partenaire fondateur et directeur des opérations de Genymobile Henri Isaac Docteur en sciences de gestion, Maître de conférences à l'Université Paris Dauphine Paul-François Fournier Dir. exéc. innovation de la BPI France Jérôme Leleu Président du Groupe Interaction Expert e-Santé Interaction Healthcare Jean-Louis Fréchin Design, innovation & technology. Strategic and Creative Consultant Directeur de l'agence NoDesign Cyrille Najjar Fondateur de White sur White Rafi Haladjian Fondateur de sen.se Fred Potter Fondateur de Netatmo Arnaud Lefèvre Deputy CEO VP Sales Joshfire Thomas Serval Fondateur de Flaminem, Cofondateur de Radioline Pierre-Eric Leibovici Partenaire chez Orkos Capital & Robolution Capital Patrice Slupowski VP Digital Innovation & Communities (NExT.com) d’Orange L’équipe de la Rédaction Valentine Ferreol Présidente de l’Institut G9+ Luc Bretones
 VP de l’Institut G9+, Administrateur Renaissance Numérique
 EVP Technocentre & Orange Vallée Guillaume Buffet Président du think tank Renaissance Numérique Anne-Sophie Bordry Présidente du think tank « Objets connectés et intelligents France » Rodolphe Falzerana Digital Marketing Institut G9+ IT Channel Manager Orange Business Services Rémi Prunier
 Social Media Manager Institut G9+ IT Sales Manager Orange Business Services copyright Institut G9+ 3 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée INTRODUCTION .................................................................................................6 Les nouveaux eldorados de l’économie connectée  PREAMBULE .....................................................................................................10 PARTIE 1 ...........................................................................................................12 L’Internet des objets, une révolution totale Dans la ville, l’hôpital ou la maison, l’IdO est déjà une réalité ...............................................12 Objets communiquant et santé : vers hôpital, médecin et patient connectés ....................................13 Ville et Internet des objets : le boulevard connecté à Nice ....................................................................16 La maison connectée ..................................................................................................................................17 Internet des objets ? des choses ? de toutes les choses ? .......................................................18 UN marché ou LE marché ? ..........................................................................................................19 PARTIE 2  ...........................................................................................................22 De la révolution industrielle à la révolution numérique : la synthèse de l’Internet des Objets L’objet connecté va au-delà de l’objet fonctionnel ...................................................................22 La fonctionnalité de l’objet intègre la notion de service .........................................................................23 Le grand public devient la cible principale ..............................................................................................24 Quand le design se met au service de l’usage ...........................................................................25 Nouveaux objets, nouveaux entrepreneurs  ..............................................................................26 Les principaux objets connectés sont le fait d’entrepreneurs du web confirmés ...............................26 La conception d’un objet connecté requiert des investissements importants à l’entrée ......28 Des coûts certes importants mais en baisse ............................................................................................29 Les défis du numérique appliqués à l’Internet des objet ........................................................30 L’IdO est un générateur massif de données personnelles ........................................................31 Cybersécurité ...............................................................................................................................................33 Interopérabilité ...............................................................................................................................34 L’open source : une philosophie de l’Internet pour mettre à disposition de tous la possibilité de connecter son quotidien ..........................................................................................................35 PARTIE 3  ..........................................................................................................36 Tour d’horizon international des marchés de l’Internet des Objets Les Etats-Unis naturellement à la première place de l’Internet des objets ...........................36 Les Etats-Unis conscients du levier de croissance « rapide » et « de qualité » que représente l’IdO 36 copyright Institut G9+ 4 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Des avancées sur les données personnelles et l’interopérabilité ........................................................37 L’Allemagne s’appuie sur ses avantages historiques pour anticiper la 4e révolution industrielle ......................................................................................................................................37 Industrie 4.0 ..................................................................................................................................................37 Un Etat pionnier de l’Internet des Objets .................................................................................................38 La Corée du Sud profite de ses géants soutenus par l’Etat et de sa connectivité, la plus étendue au monde ........................................................................................................................38 La Chine compte devenir le premier pays de l’IdO par des investissements massifs .........39 L’Union européenne avance timidement sur la sécurité sans avoir de vision industrielle large .................................................................................................................................................39 PARTIE 4  ..........................................................................................................41 Atouts et freins français La France a commencé à prendre le virage de l’Internet des Objets ....................................41 Prise de conscience des enjeux chez les décideurs politiques .............................................................41 Le France dispose de champions de l’IdO ...............................................................................................43 La couverture réseau du territoire est exceptionnelle ............................................................................44 Les Français : des consommateurs friands d’objets connectés .............................................................44 Cependant, la croissance se heurte à certains problèmes spécifiques .................................45 Le coût du travail empêche de localiser la production en France.........................................................45 L’IdO a besoin d’un cadre juridique stabilisé ...........................................................................................45 Les grands industriels tardent encore à prendre le tournant de l’Internet des Objets.......................46 D’autres sont pionniers ...............................................................................................................................47 NOS PRÉCONISATIONS .................................................................................49 Décideurs politiques, acteurs économiques, citoyens : nos propositions pour appréhender dès aujourd’hui l’Internet des objets VOTRE AVIS COMPTE .....................................................................................52 Merci de prendre 1 minute pour répondre à 3 questions PARTICIPER EN LIGNE ...................................................................................52 sur g9plus.tv vous pouvez revoir la 17e rencontre annuelle de l’institut : “Les Nouveaux Eldorados de l’Economie Connectée”et participer et commenter le sujet L’INSTITUT G9+ ................................................................................................53 Qui sommes-nous? copyright Institut G9+ 5 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée INTRODUCTION Les nouveaux eldorados de l’économie connectée  Équipés d’une puce ou d’un capteur, reliés à Internet ou entre eux, demain tous les objets auront vocation à vous parler, que ce soit pour vous indiquer votre qualité de vie, de sommeil, ou pour assurer le suivi de votre cure ou médication. Votre matelas, votre thermostat, votre verrou... Tous vous parleront. “Après avoir bouleversé notre vision des relations humaines, le web entame une nouvelle révolution : celle de notre perception des choses. ” Les enjeux associés aux domaines d’applications des « objets connectés » sont aussi importants que complexes. Une véritable révolution est en marche. La numérisation du Luc Bretones
 monde physique va chambouler Vice-Président de l’Institut G9+
 Administrateur Renaissance Numérique
 EVP Technocentre & Orange Vallée presque tous les domaines de marchés actuels et permettre l’émergence de nouveaux. Cette ré v o l u t i o n v a p e r m e tt re a u x acteurs déjà en place d’améliorer et d’enrichir leurs offres ; elle va aussi permettre à de nouveaux acteurs de proposer de nouveaux services, grâce à la mise en place de plateformes ouvertes permettant l’accès à ces «  objets connectés », de combiner des services de base (« enablers ») pour créer des services à forte valeur ajoutée. Mais cette révolution a aussi pour conséquence de provoquer une transformation, voire une rupture dans les jeux d’acteurs et dans les modèles économiques. D’une approche généralement verticale (un acteur porteur du service et intégrateur des solutions nécessaires), les modèles de marché vont évoluer pour permettre à ces chaînes d’acteurs de travailler, coopérer, mais aussi mener la compétition sur des écosystèmes technologiques et services. Une dimension clé pour la réussite de ce nouveau domaine sera la capacité de l’ensemble des acteurs copyright Institut G9+ 6 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée à construire ces nouveaux écosystèmes ouverts (des technologies de connectivité aux plateformes de collecte, traitement et gestion des données). Les « objets connectés » représentent des gisements de données dont les perspectives d’exploitation sur le long terme apparaissent comme sans limite. En France, l’Etat structure déjà les écosystèmes grâce à une série d’instruments tels les pôles de compétitivité (Systematic, Minalogic, TES…) et autres appels de l’Agence Nationale de Recherche ou du « grand emprunt » sur des sujets comme les « villes intelligentes » ou la « e-santé ». Les grandes questions à résoudre pour lesquelles l’Etat Français et l’Europe ont un rôle à jouer afin de permettre la constitution d’écosystèmes et l’émergence d’une nouvelle économie tirant parti des «  objets connectés » concernent d’une part les infrastructures réseaux pour les « objets connectés », les bandes de fréquences, les standards à pousser ou établir et d’autre part les infrastructures ouvertes pour les services (collecte, stockage, traitement, accès sécurisé…). Il paraît en effet important d’étendre le débat a minima au niveau européen pour poursuivre, voire amplifier, les investissements amorcés dans le programme PPP-Future Internet sur le volet « Internet des objets ». focus smart home Un nouveau monde d'applications émerge dans la Maison à partir de la variété grandissante des capteurs et actionneurs. Au-delà de quelques premiers usages connus de la domotique traditionnelle, un nombre incalculable d’applications se répandra par croisement de ces domaines et de l’univers du divertissement et du jeu. les 6 domaines de services de la maison intelligente : ๏ Sérénité  : une veille discrète continue qui rassure et prévient si quelque chose d'anormal se passe, ๏ Confort  : une gestion plus facile du confort à l'aide d'interfaces adaptées en se basant sur les automatismes déployés, ๏ Énergie : une optimisation de la consommation des énergies et des fluides ๏ Maintien à domicile Une opportunité pour les personnes âgées de vivre plus longtemps confortablement à la maison, ๏ Bien-être : un entretien de la forme physiologique et sportive individuelle, ๏ Partage de contenus un partage de contenus fluide entre équipements et à l’intérieur de communautés de personnes.
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée un public intéressé mais un marché qui peine à décoller Le public montre un appétit grandissant pour les nouveaux produits sur ce thème. Nous pouvons citer plusieurs tendances générales : ๏ technologies mûres et accessibles : • des cardiomètres, • des balances (Withings), • des luminaires commandables (lampes Hue de Philips), • des gadgets communicants (la station météo de NetAtmo qui mesure la qualité de l’air, l’humidité, etc.. compatible avec iPhone et Android), HAPIfork : fourchette communicante qui analyse la façon de manger (trop vite, trop grosse bouchée..), ๏ prise de conscience des enjeux liés à la maîtrise de l’énergie, ๏ besoins grandissants en termes de santé : • maintien à domicile et l’initiative gouvernementale « Silver Economy » , • une cigarette intelligente et communicante alliée à un service de coaching personnalisé facilitant l’arrêt du tabac et faisant office de dispositif de sevrage de nicotine (SmokeWatchers). Toutefois, le marché de la Maison Intelligente peine à décoller. Ce marché est à l'état de niches où chaque fabricant de renom vend une solution propriétaire, et où les partenariats éclosent sur chaque type de service sans en embrasser l'ensemble. Les principaux freins : ๏ travail en silo et par filière métier, ๏ non compatibilité des applications développées, ๏ le coût. des opportunités pour tous Des opportunités technico-économiques se dessinent dans le partage, par les fabricants et vendeurs de services à l'habitat, d'une infrastructure opérée par les opérateurs de télécommunications. Cette infrastructure comprend un ensemble restreint de normes de réseaux de capteurs, une plateforme logicielle embarquée de services à l'environnement d'exécution normé, une norme pour l'administration d'équipements adaptée aux capteurs et actionneurs de la Maison. Tous les acteurs du marché pourront prendre part à ce système : ๏ acteurs métiers qui pourront partager cette infrastructure, ๏ opérateurs de télécommunications qui ouvriront leur infrastructure, ๏ éditeurs et intégrateurs logiciels pour toutes les applications dans leur déploiement sur des équipements embarqués et dans les plateformes de services du Cloud, ๏ fabricants de plateformes matérielles qui innovent dans l'intégration matérielle des technologies de réseaux de capteurs et des exigences logicielles d’interopérabilité. copyright Institut G9+ 8 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée ! Tous les éléments techniques existent aujourd’hui. S’il reste un verrou technologique, c’est un verrou d'intégration pour le partage d'applications sur cette infrastructure associée au partage de capteurs, au partage d’une plateforme embarquée de service, à des serveurs d'administration de réseaux et d'équipements, d'outils de facturation et d’un magasin d'applications. Focus entreprises Voiture connectée, transport et flottes de véhicules, comptage intelligence de l’eau, du gaz, de l’électricité, santé, des domaines d’applications multiples, des marchés porteurs Le marché du Machine-to-Machine ou « Internet des Objets » dans le domaine B2B est mature et les besoins « B2B2C » se structurent : ๏ Au cours de la première étape de son développement, le M2M a permis l'amélioration des processus et la réduction des coûts dans des activités telles que la surveillance d'équipements, le suivi et la localisation de matériels, la gestion de flottes, etc. C'est une phase très « industrielle » qui a essentiellement concerné des applications B2B. ๏ La deuxième étape du M2M, dans laquelle nous sommes actuellement, élargit le champ d'application des technologies à ce que nous pourrions appeler la « société connectée », dans laquelle on touche le grand public. Grâce à un boîtier intelligent, une voiture en panne signale automatiquement sa position au dépanneur le plus proche, un dispositif de suivi du rythme cardiaque détecte un problème et alerte le médecin du patient… Le changement d'échelle de la taille des flottes de terminaux à gérer structure très différemment les projets qui, bien plus complexes, doivent être industrialisés dans les moindres détails. Nous sommes ainsi entrés dans l'ère du « B2B2C ». ๏ La fin de la décennie verra l'avènement de la troisième étape, celle de l'Internet des objets. Les appareils et équipements dans nos villes, dans nos maisons, sur notre lieu de travail, dans les transports, pour le paiement, la protection de l'environnement, notre information ou notre santé interagiront pour améliorer notre confort, simplifier nos déplacements et réduire les coûts de toutes ces applications.
 Chiffre marché : En réalité, il n'y a pas « un » marché, mais « des » marchés du M2M. Outre les chiffres des applications B2B, celles destinées au grand public explosent. Selon une étude réalisée pour la GSMA le monde approchera en 2022 les 18 milliards de terminaux connectés, un chiffre qui intègre les téléphones mobiles, les boîtiers qui équiperont à court terme les automobiles, les compteurs intelligents et les nombreux appareils d'électronique grand public tels que les consoles de jeux ou les tablettes. copyright Institut G9+ 9 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée PREAMBULE Ne laissons pas passer le train de cette nouvelle révolution industrielle. Valentine Ferreol Présidente de l’Institut G9+ Si nous avons choisi d’aborder ce thème, certes d’actualité, pour notre Rencontre Annuelle 2013, c’est pour vous apporter un éclairage complémentaire et, avec ce Livre Blanc, une profondeur particulière. L’Internet des Objets traverse en effet toutes les couches, concerne tous les métiers de notre écosystème : ๏ Les utilisateurs du quotidien, consommateurs que nous sommes, devenus consom’acteurs ; ๏ Les industries numériques : opérateurs télécom, éditeurs de logiciels, sociétés de services ; ๏ Les entrepreneurs, porteurs de nouveaux concepts et d’innovation ; ๏ Les industries qui conçoivent et produisent tous ces objets de plus en plus intelligents et communiquants ; ๏ Les industries dites traditionnelles qui les mettent en œuvre pour se ré-inventer. ๏ Et, bien sûr, l’ensemble des institutions de notre pays. Bref, les sciences et la technologie sont plus que jamais intimement liées — connectées — aux évolutions des usages, aux modes de consommation ainsi qu’aux modèles économiques qui s’en trouvent bouleversés. Ne laissons pas passer le train de cette nouvelle révolution industrielle. La France a de nombreux atouts en mains. Notre écosystème est dynamique, nous avons de réels talents, des richesses qui ne demandent qu’à être mobilisées, des ressources sur lesquelles nous pouvons capitaliser. Sachons aussi observer les bonnes pratiques, nous inspirer et apprendre des réalisations qui nous entourent. L’Institut G9+ est historiquement un Think Tank transverse aux univers du numérique et de l’IT. Comme vous pourrez le découvrir - ou le re-découvrir - à la lecture de ce document, nos travaux et réflexions sont aussi radicalement orientés vers les secteurs utilisateurs du numérique. Ce livre blanc s’adresse donc à vous tous. Bonne lecture. ! Guillaume Buffet Président du think tank Renaissance Numérique Objets inanimés… vous avez donc une âme ! Le potentiel d’innovation que représente les objets connectés est quasi infini. Les atouts sociétaux, économiques ou industriels qu’ils représentent pour la France sont immenses. Notre pays est particulièrement bien placé pour tirer son épingle de ce nouveau « jeu », cette nouvelle étape de la révolution digitale. copyright Institut G9+ 10 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Il n’est pas une étape de la vie des citoyens, un centre d’intérêt, un secteur économique qui ne soit directement concerné — au moins potentiellement — par ces drôles d’objets, encore virtuels pour la plupart d’entre eux. La fameuse question de Raymond Devos « objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » risque donc de trouver sa réponse dans les prochains mois. Mais alors que la très large majorité de nos concitoyens n’ont encore jamais chaussé de lunettes connectées, que les voitures connectées se comptent sur les doigts de la main, que les startups françaises dans le domaine des transports ou de la santé connectés en sont encore à l’état… de startup, certains pointent déjà du doigt les premières inquiétudes. Et ceux-là ne sont pas uniquement des conservateurs rétrogrades. Loin de là. Notre think tank se doit alors d’accompagner cette révolution, nouvelle strate du bouleversement qu’implique le numérique sur notre société. Accompagner, éclairer, expliquer, mettre en évidence les enjeux… découvrir quels sont les formidables atouts de la France, mais aussi les freins au développement de ce nouveau marché  : voici les raisons d’être de cette analyse que nous vous invitons à découvrir. Bonne Lecture. Anne-Sophie Bordry Présidente du think tank Objets Connectés & Intelligents France L'innovation précède l'usage et nous nous interrogerons sur son optimisation pour que l'humain en reste le cœur. Les objets connectés sont une chance pour l’avenir de l’industrie française et la transition vers le tout numérique. Selon la dernière étude de Cisco les objets connectés représentent d’ici 2020 un marché de 14 000 milliards de dollars. 99,4% des objets physiques seront connectés et de nouveaux seront inventés. L’effet accélérateur de cette économie est que tous les objets qui sont déjà électroniques sont simples à connecter. La connectivité permanente est aussi le second effet de levier pour une croissance forte de ce secteur industriel. Le think tank objetsconnectesfrance.com, le 1er think tank dédié, a pour objectif d’accompagner le développement de ce secteur qui s’inscrit au cœur de l’évolution naturelle du développement de l’Internet. Il représente un levier de croissance prometteur, avec d’importants gains de compétitivité, une dynamique de l’économie dont les incidences sont multiples à tous les niveaux de nos sociétés développées. Le think tank est ouvert à toutes les contributions et les experts qui y sont réunis sont les garants de la pertinence des publications. Nous partons du postulat que l'innovation précède l'usage et nous nous interrogerons sur son optimisation pour que l'humain en reste le coeur. Nous étudierons les impacts de ce secteur sur les usages de chacun, les effets des usages de masse et sur les politiques publiques. Nous discuterons aussi des choix d'infrastructures, des problématiques liées au financement et à la fiscalité en France et sur le marché européen, pour que tous les leviers soient favorables à la croissance. Trois niveaux de réflexion sont proposés  : la ville connectée, la maison connectée et l’homme : son bien être et sa santé.
 copyright Institut G9+ 11 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée PARTIE 1 L’Internet des objets, une révolution totale ! Il y a des gens qui voient les choses telles qu’elles sont et disent pourquoi. Moi je rêve des choses qui n’ont jamais été et je dis « pourquoi pas ? » George Bernard Shaw 1 En novembre 20121 , l’hebdomadaire britannique The Economist annonçait l’année   2013 comme celle du « thingternet ». Un constat inéluctable étant donnée l’arrivée de nouveaux réseaux et connexions : l’IPV6, la 4G et le cloud. L’Internet des Objets, ou 2 IdO, était pourtant déjà annoncé en avril 20072 par le même journal…   ! 1. Dans la ville, l’hôpital ou la maison, l’IdO est déjà une réalité Tant la révolution est globale qu’il est difficile de se rendre compte concrètement de ce que sera l’Internet des Objets demain. Thermostat, balance, podomètre, tuteur pour plantes… de plus en plus d’objets de notre vie quotidienne sont connectés et ont vocation à le devenir. Trois exemples d’écosystèmes connectés concrets permettent d’imaginer les contours de l’IdO, déjà mis en œuvre dans certains secteurs où ils apportent des gains immédiats, ainsi :
 LA SANTÉ LA VILLE LA MAISON 1 The Economist – 21/11/2012 - http://www.economist.com/news/21566428-things-rather-people-are-about-become-biggest-users- internet-welcome 2 www.netgouvernance.org/NG2/Textes-Interviews/Entrees/2007/4/27_The_Economist___The_hidden_revolution_- _A_survey_of_telecoms.html copyright Institut G9+ 12 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 1.1.Objets communiquant et santé : vers hôpital, médecin et patient connectés Ces nouvelles technologies permettent de créer un nouveau canal de communication entre le patient et le médecin, réinventant par la même occasion les processus de soin et facilitant l’accompagnement des patients.  «  En dehors de la motivation, prérequis La santé est l’exemple pris par Daniel Kofman, professeur à Télécom ParisTech, pour démontrer dans le rapport « La dynamique d’Internet : prospective 2030 »3 commandé par le Commissariat général à la   s t rat é g i e e t à l a p ro s p e c t i v e , l e d y n a m i s m e économique du marché objets connectés. Il présente une lentille de vue qui mesure le niveau de sucre dans le corps, un patch électronique greffé sous la peau qui mesure nos signaux vitaux ou encore des nanodispositifs de la taille de nos rechute lors d’un arrêt est le manque d’accompagnement. Les tabacologues et spécialistes de l’addiction sont à la recherche de nouveaux leviers afin d’accompagner au mieux les fumeurs »  selon Benjamin Choukroun, fondateur de SmokeWatchers. L’hôpital connecté est une des applications des objets connectés dans le domaine de la santé. Il présente une vraie révolution pour sa gestion globale, la numérisation des données de santé, la dématérialisation des dossiers ou globules. Il projette ensuite en “Rien depuis le échangeant des informations avec notre smartphone qui les transmettrait automatiquement à un hôpital l’archivage légal, les services aux dentifrice n'a imaginant toutes ces technologies qualité. été si fort.“ intelligent, à notre compagnie d’assurance ou encore aux ambulances patients, le monitoring d’indicateurs de Le ministère de la santé l’a bien compris en lançant en novembre 2011, le programme hôpital numérique «  qui vise à les en cas de déficience. amener à un niveau de maturité de leurs systèmes D’après une étude de Research2Guidance4, en 2015,   500 millions d’utilisateurs de smartphones et de tablettes utiliseront des applications mobiles liées à la santé. d’information suffisant pour améliorer significativement la qualité, la sécurité des soins et la performance dans des domaines fonctionnels prioritaires sur un cycle assurant la sécurité des données », explique l’administration. "Ces objets connectés marquent une vraie révolution parce que nous pourrons imaginer une nouvelle prévention. Rien depuis le dentifrice n'a été si fort." Eric Careel, Président Fondateur de nécessaire à l’arrêt du tabac, la principale cause de Withings5   Cependant, les évolutions sont encore timides  : en juin 2013, Thierry Zylberberg, Executive VicePresident Orange Health, lançait, à propos de ce programme  : «  on avance lentement, avec seulement 20 % du plan mis en place pour le moment, ces 3 http://www.strategie.gouv.fr/content/etude-dynamique-internet-2030 4 “Global Mobile Health Market Report 2013-2017” by research2guidance, http://www.research2guidance.com/shop/index.php/ mhealth-report-2 5 Interview d’Eric Careel sur BFM TV, le 28/10/2013 - http://www.bfmtv.com/grille/bfmbusiness/podcast-radio/20104/ copyright Institut G9+ 13 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée solutions numériques sont toutefois une grande avancée en terme de rapidité et d’efficacité ».6   Médecin espagnol, Pedro Guillén est devenu le premier chirurgien au monde à réaliser, en juin 2013, bijoux connectés, se renseigner sur son état de santé et obtenir des informations sur les principaux indicateurs physiologiques : rythme cardiaque, tension artérielle… une opération de greffe de cartilage en utilisant les Intégrés dans une lunettes de réalité augmentée de Google («  Google démarche Glass »). Au-delà de l’intérêt médical de partager avec prévention, ces d’autres chirurgiens l’opération en direct, cette objets connectés démarche innovante définit, une nouvelle fois, une peuvent devenir de application concrète de ce que la télémédecine peut véritable «  coach  » offrir. virtuel permettant à Le milieu hospitalier n’est pas le seul lieu où les objets connectés ont fait leur apparition. de chacun d’entre nous de vérifier les efforts au quotidien dans les exercices physiques ou les pratiques alimentaires. Bien que ces nouveaux supports intègrent une Des dimension technologique évidente, il faut replacer intelligents permettent l’intérêt de ces objets connectés pour le grand public la récolte des données e t l e s p a t i e n t s ( b i e n - ê t re , a c c o m p a g n e m e n t de santé de manière thérapeutique, observance du traitement) et son autonome. environnement : Famille, professionnels de santé, aidants… vêtements chercheurs Des de l'université de Tokyo ont même inventé une puce, «  La frontière de l’application des objets connectés entre le “bien être” et la “santé des patients” est relativement étroite. Ces deux domaines de la santé peuvent se rejoindre.  » souligne Jérôme Leleu, président de Interaction Healthcare et expert e-santé. ultra-fine et résistant aux froissements, implantée dans le corps pour établir un bilan médical avec des données, telles que la température corporelle et la pression artérielle ainsi que les mouvements des muscles. Ces objets peuvent é g a l e m e n t accompagner des patients souffrant de maladies chroniques et de pathologies sévères comme de Figure 2 La balance connectée et le Compagnon Santé Withings En effet, le grand public peut désormais, grâce à des bracelets (Fitbit, Jowbone…), des balances intelligentes (Withings…) ou des montres, voire des 6 l’obésité morbide. L’exemple avec la fourchette connectée de Slow Control, présentée au CES de Las Vegas 2013, qui, grâce à des capteurs ultra-sensibles, vibre si vous mangez trop vite. L’objectif est de réapprendre à se nourrir lentement pour mieux et moins manger. Interview de Thierry Zylberberg pour 20 Minutes – 19/06/2013 - http://www.20minutes.fr/magazine/secoacher/sante-connectee/ les-objets-connectes-font-leur-entree-dans-les-hopitaux-86666/ copyright Institut G9+ 14 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Le monde du «  hardware  » intelligents (ci-contre peut également rencontrer celui de iMedipac de celui des applications  : en MEDissimo) peut faciliter 2014, les laboratoires LNC, le suivi du traitement spécialisé dans les avec des systèmes de pathologies métaboliques, push envoyés sur les relieront une déclinaison de Smartphones. cette fourchette connectée Ces dans le serious game évolutions technologiques ne «  Bariagame  » à des patients ayant subi une chirurgie bariatrique. Conçu par des nutritionnistes, le gameplay s’appuie sur cet objet connecté en proposant une application pédagogique. Pour assurer une plus grande diffusion de ces objets connectés dans le monde de la santé, les professionnels de santé comme les médecins généralistes ou les pharmaciens devront être les premiers prescripteurs auprès des patients. Lors du dernier Festival Communication Santé de Deauville en Novembre, la société DMD Santé a présenté une étude précisant que, par exemple, 58 % des seniors seraient prêts à l’utiliser si leur médecin leur préconisait. doivent toutefois pas cacher certaines limites dans la d i f f u s i o n d e s o b j e t s c o n n e c t é s  : l e c a d r e réglementaire et le modèle économique. En effet, la collecte de données de santé doit s ’ i n s c r i re d a n s l e re s p e c t d e s l o i s ré g u l a n t l’exploitation de ces informations personnelles. Ainsi on peut s’interroger sur une exploitation éventuelle par des structures utilisant les données que le «  big data » permettrait d’obtenir. Enfin, bien que le grand public souhaite utiliser ces objets connectés pour leur bien-être ou pour les accompagner dans leur parcours de soins et que la prévention n’en saurait que plus renforcée, leur Les objets connectés peuvent jouer un rôle évident dans l’observance des traitements. 50 % des diabétiques oublient de prendre leur médicament au moins une fois par semaine. L’émergence de piluliers financement reste encore à définir  : Sécurité sociale, mutuelles, entreprises privées, le patient… ? La question reste posée. 
 «" Les" hôpitaux" sont" ceux" qui" ont" le" plus" besoin" de" telles" technologies." Ils" sont" encore" trop" grands,"trop"encombrés."[…]"De"nouvelles"formes"d'établissements"hospitaliers"basés"presque" uniquement" sur" ces" technologies" émergeront." En" revanche," il" faudra" pour" cela" briser" les" traditions" et" mettre" en" place" un" profond" changement" organisationnel." Mais" je" suis" certain" que"cela"entraînera"de"grands"profits"car"la"prévention"de"la"maladie"fera"partie"intégrante"de" ces"organisations,"avec"l’aide"des"assurances."Toutefois,*à*nouveau,*ce*tournant*prendra*du* temps.*Peut6être*même*20*ans*!"Un"peu"comme"l’évolution"d’internet."Cela"entraînera"plus"de" prévention," de" participation," d’égalité" et" de" personnalisation," et" donc" plus" d’efficacité" et" un" rapport"entre"les"professions"et"les"patients"plus"humain."Il"y"a"encore"beaucoup"de"place"pour" des"améliorations."Les"techniques"sont"encore"trop"génériques,"trop"dépassées."»" ! Interview!de!Yuri!Van!Geest,!co4fondateur!de!Quantified!Self!Europe!et!ambassadeur!pour!les! Pays4Bas!de!la!Singularity!University!–!pour!L’Atelier copyright Institut G9+ 15 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 1.2.Ville et Internet des objets : le boulevard connecté à Nice La «  Smart city  » ou ville intelligente est munie de c a p t e u r s e t d ’o b j e t s c o n n e c t a n t t o u t e s s e s infrastructures, son administration et ses citoyens, de façon à suivre l’activité et à être apte, donc, à adapter sa logistique en fonction de données. En France, 24 Le boulevard est également équipé d’un wifi public gratuit. Le mobilier urbain devient intelligent : ๏ les poubelles sont munies de capteurs, ce qui permet aux services de propreté de la ville d'adapter le planning de leurs tournées en fonction de leur remplissage ; villes pionnières dont 14 comptent plus de 100 000 ๏ les conducteurs ont accès depuis leur habitants avaient lancé des initiatives diverses dans ce smartphone ou leur tablette, aux informations secteur en 2013, selon le baromètre Syntec sur la disponibilité des places de Numérique. stationnement ; ๏ les lampadaires sont connectés afin d’être gérés individuellement. Ainsi, associée à un détecteur de mouvement, la luminosité est programmée pour s’adapter à la fréquentation du boulevard la nuit. Cette luminosité ajustée en fonction des besoins permettrait de « réduire de 30% la facture » d'électricité d'une collectivité, a expliqué Robert Vassoyan, directeur général de Cisco France, lors d'une conférence de presse. Figure 3 « La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le coeur des mortels. » Charles Baudelaire Pour bâtir ces infrastructures, Cisco s’est associé avec plusieurs startups et entreprises innovantes pour les composantes intergicielles (middleware) et logicielles Une ville connectée, des centaines de nouveaux services Véritable laboratoire à ciel ouvert, le boulevard Victor Hugo à Nice a été inauguré en juillet 2013, utilisant la de la solution. Qui est propriétaire des données récoltées par les capteurs du boulevard ? Une première Les données du Boulevard Victor Hugo sont collectées mondiale en termes de croisement de données à par une plateforme unifiée gérée par la ville. Les technologie développée par Cisco. cette échelle dans une ville. informations seront rendues publiques et consultables via internet. Illustration de la ville 2.0 ou de la "Smart City", l'omniprésence des objets augmentés par leur Ainsi, explique Olivier Seznec, directeur de la stratégie capacité à se connecter entraîne la récolte et le technologique de Cisco France : traitement en masse de données.  200 capteurs ont « La ville est entièrement propriétaire de ses données. été installés en haut des lampadaires, dans la Ce dispositif permet à Nice de prendre son ‘’destin chaussée, sur des containers pour récolter, exploiter et croiser en temps réel les données sur la circulation, l'éclairage public, la propreté, la qualité de l'air et le bruit. numérique’’ en main à 100%. Étant la seule maîtresse, elle aura également beaucoup plus de facilités à ouvrir sa plate-forme de services numériques à d’autres citoyens-acteurs qui souhaiteraient apporter leur pierre à l’édifice. » copyright Institut G9+ 16 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 1.3.La maison connectée La maison connectée était le vieux rêve — ou cauchemar — présenté par Jacques Tati dans son film Mon oncle où le héros, M. Hulot, demeure perplexe face aux objets qui l’entourent. La maîtresse de maison se montre, elle, enchantée  : «  C’est si pratique : tout communique ! » s’exclame-t-elle devant ses invités. Rendre sa cuisine plus intelligente Basée sur la technologie RFID et grâce à l’utilisation d’un écran tactile, des étudiants ont imaginé, en 2008, le concept de la cuisine intelligente. Au sein du réfrigérateur, le consommateur peut ainsi avoir accès à l’aperçu très précis de ses stocks de denrées, la péremption ou la pénurie de certains produits. La puce de la poubelle informe sur le poids des déchets et ainsi, l’empreinte écologique et le respect du tri par l’habitant. Intégrées à un logiciel de gestion et d'analyse centralisé, ces données permettent ensuite de prévoir le réapprovisionnement de certaines denrées via un centre de commande en ligne, d'offrir une analyse de la consommation de l'utilisateur et de l'aider à réduire ses déchets et à limiter le gaspillage. Manifestation concrète de ce genre de système : Evian a lancé en 2012 le concept d’Evian Drop, en collaboration avec BETC Digital et Joshfire. Cet Figure 4 Mon Oncle, de Jacques Tati (1958) Aujourd’hui, un nouveau monde d'applications émerge dans la maison à partir de la variété grandissante des capteurs et actionneurs. Au-delà de quelques premiers usages connus de la domotique traditionnelle, un nombre incalculable d’applications se répandra par croisement de ces domaines et de élément aimanté sur le réfrigérateur permet de commander son eau directement à la source, via le Wifi de la maison. De l’ordre du gadget aujourd’hui, cet objet peut préfigurer une relation nouvelle à son intérieur, contrôlé automatiquement, même à distance. Cependant, le marché de la Maison Intelligente peine l’univers du divertissement et du jeu. Sérénité, confort, économie d’énergie, maintien à domicile et partage des contenus  : une multitude de services est envisageable en connectant le mobilier et l’électroménager de notre maison entre eux. à décoller. Ce marché est à l'état de niches où chaque fabricant de renom vend une solution propriétaire, et où les partenariats éclosent sur chaque type de service sans en embrasser l'ensemble. 
 On comprend bien que cette arrivée des objets connectés marque la forme d’une nouvelle étape de la révolution numérique, décrite par Pierre-Eric Leibovici comme la « solidification du numérique : là où l'internet a engendré une révolution des services, on apporte une intelligence et une connexion aux objets, ce qui va conduire à une révolution au niveau des biens industriels et domestiques.  » Ces trois exemples, la santé, la ville et la maison, fait toutefois émerger une difficulté qui est la définition de l’Internet des objets, tant la révolution est globale. copyright Institut G9+ 17 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 2. Internet des objets ? des choses ? de toutes les choses ? L’Internet des objets repose sur la communication des objets, quelle que soit la manière de les connecter : xG, NFC, puce RFID, capteur, bluetooth, wifi… L’Internet des objets, ce n’est donc pas une technologie en soi mais un système complexe qui repose sur l’interopérabilité entre le stockage et le traitement de données selon différents procédés. Ainsi, le terme même d’ « Internet des objets » est controversé : certains préfère parler d’ « Internet of everything », le concept englobant ainsi la totalité de la révolution à venir. Les Américains emploient l’expression de « l’Internet des choses » (Internet of things), l’acception étant encore plus large que le simple champs des objets. Le web 3.0 est également l’expression utilisée pour parler de cette troisième révolution du numérique, celle qui vient après la connexion entre les personnes et les plateformes (web 2.0). Lexique de l’Internet des objets :  L’environnement des objets connectés : ๏ Big data (les données massives) : ensemble de données statistiques dont la masse requiert de nouveaux outils de gestion et de traitement de l’information. Considéré comme le grand défi technique de la décennie, le «  big data » concerne tout particulièrement l’IdO en ce sens que les objets connectés vont produire des volumes très importants d’informations. ๏ Cloud (le « nuage ») : capacité pour un utilisateur d’externaliser le stockage de ses données sur le réseau auprès d’un fournisseur qui a la charge L’Internet des Objets regroupe trois types d’appareils : ๏ les objets connectés directement à Internet (et qui stockent leurs données dans le cloud) ; ๏ le M2M (ou M to M ou Machine to Machine), soit la communication entre machines et l’accès au système d’information sans intervention humaine, via une technologie Bluetooth, RFID, NFC, wifi ou 3/4G. C’est ce dernier secteur qui semble d’après les études être le plus prometteur. ๏ Les terminaux communicants  ("smart connected devices") qui sont les tablettes, les smartphones,, les ordinateurs portables ou encore les lunettes connectées (type Google Glass).  Connecter les objets : ๏ La NFC (« near field communication » ou communication en champ proche) est une technologie de communication sans fil qui permet l’échange d’informations entre les puces RFID. ๏ Le Bluetooth  est  une norme de communication basée sur les ondes radio. Le champ d’action varie entre 1 et 100 mètres suivant les appareils. Elle est aujourd’hui plutôt utilisée sur les appareils mobiles et peut-être demain, les objets connectés. ๏ La puce RFID (pour « Radio Frequency Identification » soit radio-identification) est une étiquette électronique incrustée à l’objet qui permet de mémoriser et de récupérer des données à distance. La norme ISO/CEI 1443 en a standardisé l’identification et la transmission. copyright Institut G9+ 18 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Pour le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, il n’existe pour l’Internet des Objets de « définition standard ». L’IdO « augmente l’homme ou son environnement pour mieux le servir ». Selon Anne-Sophie Bordry, l’IdO est un objet qui « parle », en ce sens qu’il stocke et partage des informations pour répondre à un besoin de l’utilisateur. Il prend de multiples formes, c’est-à-dire qu’il peut s’insérer dans un objet existant ou en créer un nouveau, abolissant la distinction entre virtuel et réel. La!définition!des!objets!connectés!par!Anne4Sophie!Bordry! «"Les"objets"connectés"et"intelligents"sont"ceux"qui"communiquent"de"l’information"entre"eux" et"pour"le"service"de"l’utilisateur."La"simplicité"de"la"connectivité"et"du"paramétrage"est"source" de"compétitivité,"ce"que"l’on"appelle"le"«"plug"and"play"»."Les"objets"connectés"à"Internet"et"en" réseaux"sociaux"pourront"amplifier"le"service"à"l’utilisateur."» Si la traduction américaine de « Internet of things » semble triviale, elle n’en révèle pas moins une vérité : ce sont toutes les « choses » qui seront à terme concernées par cette révolution, soit les milliers d’objets avec lesquels un être humain est en contact chaque jour. Pour résumer le caractère englobant de ce web 3.0, prophétisé par Forrester il y a encore une décennie comme le X-Internet (pour « extended Internet »), certains spécialistes parlent même de l’« Internet de tout ». 3. UN marché ou LE marché ? Les prévisions des spécialistes pour le marché de l’IdO sont enthousiastes mais laissent davantage percevoir une course frénétique aux chiffres plutôt qu’une analyse scientifique rigoureuse. A l’heure actuelle, le moteur de recherche Shodan, spécialisé dans la recherche d’objets connectés à travers le monde, en répertorie près d’1,5 milliards. Alors que pour l’Idate7, 15 milliards de « choses »   sont connectées à Internet actuellement, contre 4 milliards en 2010 ; le cabinet d’études français estime que 80 milliards le seront en 2020, contre 212 milliards pour l’entreprise américaine IDC, alors que le Berg Insight d’un côté, l’IMS Research et le cabinet Gartner de l’autre, tablent, respectivement, sur 50 et 30 milliards d’objets connectés à cette date. Estimations du nombre d’objets connectés en 2020 (en milliards) 7 IDATE, rapport « The Internet of Things Market », http://www.idate.org/en/News/Internet-of-Things_820.html copyright Institut G9+ 19 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Avec un potentiel de 50 milliards d’objets connectés d’ici 2020, L’Internet des Objets sera une révolution plus forte encore que celle du mobile. Pascal Cagni, Former Apple GM, VP Europe Middle East India Africa Une étude de Cisco8 de 2013 prévoit qu’en 2020 les objets connectés constitueront un marché   potentiel de 14 400 Md$, ou 6 460 milliards pour l’IDC, alors que le cabinet de recherche Gartner la même année prévoit 1 900 Md$ au même horizon. Pour le cabinet ABI Research, le marché mondial des objets connectés mobiles va exploser auprès du grand public et connaître une croissance de 41 % par an en moyenne. Le seul marché des objets M2M devrait, selon ce que prévoit le cabinet Machina Research, peser 714 Md€ en 2020 (+ 685% par rapport à 2010). Selon l’étude prospective de l’Idate, c’est le marché du M2M qui devrait connaître le plus fort développement dans la prochaine décennie, avec une croissance annuelle de 15 %. Estimations du nombre d’objets connectés en 2020 (en milliards) Derrière ces chiffres qui varient du simple au triple, il faut comprendre que se soumettre à de tels calculs serait comme tenter de compter avec combien d’objets un homme est en contact au cours de sa vie, ou combien de fois il se connecte à Internet, quel qu’en soit le terminal. Dans les pays occidentaux, un foyer possèderait en moyenne 10 objets connectés actuellement et pourrait en avoir 50 dans dix ans. Et le phénomène qui ne fera que s’amplifier avec le nombre d’objets connectés dépend beaucoup du développement de nouveaux objets qui, chaque jour, se connecteront, chaque objet créé en appelant d’autres. Il ressort des études menées auprès des consommateurs et des entrepreneurs un même attrait pour les objets connectés. Les premiers9  sont très demandeurs d’objets leur permettant de mieux maîtriser   leur consommation énergétique ou le verrouillage de leur habitation. Plus spécifiquement, plus d’un tiers des personnes interrogées aimeraient contrôler leurs habitudes de sommeil et de conduite, ainsi 8 Étude « L’internet of everything », Cisco, 2013 9 enquête réalisée par le cabinet Forrester auprès de 4 600 adultes américains connectés - http://www.forrester.com/There+Is+No +Internet+Of+Things+Yet/fulltext/-/E-RES101421 copyright Institut G9+ 20 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée que leurs parents âgés. Chez les entrepreneurs10 , il apparaît que seules 4 % des entreprises   n’envisagent pas d’utiliser l’IdO dans les trois ans à venir. La même étude révèle que les secteurs moteurs sont actuellement le secteur manufacturier et la construction qui pourraient sembler hors du processus alors qu’en fait l’IdO leur permet des économies immédiates : déploiement de capteurs pour connaître les fuites dans les installations, optimisation du chargement des camions... Rafi!Haladjian!–!«"Il"n’y"a"pas"d’industrie"de"l’objet"communiquant"!" De"la"même"manière"qu’il"n’y"a"pas"d’industriel"de"l’objet"électrique." Aujourd’hui" tout" s’est" électrifié." Demain" tout" se" connectera" et" tout" communiquera."" Nous! utilisons! l’expression! «! Internet! des! Objets! »,! faute! d’avoir! trouvé! mieux.! L’Internet! des! objets! n’est! pas! une! succession! de! gadgets! supplémentaires.! La! vraie! révolution! est! que! l’IdO! va! toucher! tout! le! monde! et! pas! uniquement! quelques! “faiseurs! du! web”.!Tous!les!industriels!vont!devoir!se!mettre!à!l’IdO.! Il! faut! donc! arrêter! de! voir! le! monde! des! objets! connectés! comme! un! ensemble! de! jeunes! entreprises! sympathiques.! Les! objets! connectés!sont!intéressants!parce!qu’ils!donnent!une!opportunité!à!tous!les!secteurs![…].! En! traduisant! cette! idée! politiquement,! cela! veut! aussi! dire! qu’on! ne! peut! cantonner! les! objets!connectés!à!un!ou!deux!portefeuilles!ministériels.!Il!faut!que!tous!les!secteurs!et!tous! les!politiques!en!parlent.!» Ainsi, au-delà des chiffres et des estimations, il convient d’intégrer un message clé, à la fois simple et très complexe en termes de conséquences  : celui que nous vivons une nouvelle révolution qui survient par le numérique, celle des objets qui communiquent avec vous, avec les autres objets et avec leurs concepteurs. S’il est difficile d’estimer l’ampleur des innovations qui suivront, leur vitesse à s’intégrer dans le quotidien de chacun et la réaction des acteurs traditionnels de l’économie face à cette vague, ce livre blanc propose d’explorer les fondements de cette nouvelle strate numérique et ses conséquences possibles  : du côté des entrepreneurs, des industriels, des décideurs politiques, avec une ouverture internationale.
 2013 est à l’Internet des Objets ce que fut 1995 à l’Internet. Nous allons connaître la même révolution que celle qu’a connu Internet avec des ruptures profondes des usages et l’émergence de nouveaux services résultant de l’analyse des monceaux de données collectées par ces objets. Pierre-Eric Leibovici, Robolution Capital 10 rapport conduit par l’Economist Intelligence Unit pour ARM en interrogeant 779 cadres dans 19 industries américaines - http:// www.arm.com/files/pdf/EIU_Internet_Business_Index_WEB.PDF copyright Institut G9+ 21 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Partie 2  De la révolution industrielle à la révolution numérique : la synthèse de l’Internet des Objets Rien ne sera moins industriel que la civilisation issue de la révolution industrielle. Jean Fourastié, Le Grand espoir du XXe siècle L’Internet des objets combine des problématiques à la fois liées au marché industriel et au marché du web 2.0. Ce dernier a vu émerger une vague importante d’entrepreneurs dans le domaine du marketing, de la communication et plus largement des services au cours des quinze dernières années. Ainsi, pour saisir le dynamisme et les besoins du secteur de l’Internet des objets, il convient de faire la synthèse des problématiques relatives à son développement, du B2B au B2C Pour les industriels classiques du B2B, il convient d’intégrer un nouveau paradigme culturel, celui du grand public, impliquant de nouvelles considérations en termes de design industriel, de service au consommateur, de « culture du produit », selon les termes de Jean-Louis Fréchin, Nodesign. Les nouveaux entrepreneurs, quant à eux, davantage familiers de la culture numérique doivent saisir des enjeux dont ils ne sont pas coutumiers alors qu’ils sont inhérents au monde de l’industrie, tels que  l’ingénierie, la production de masse et l’externalisation qu’elle peut nécessiter, la distribution, la commercialisation, etc. Il convient ici d’exposer comment l’Internet des objets, par l’évolution ou plutôt la révolution qu’il implique dans la considération de l’objet même, fait émerger un profil de nouvel entrepreneur et de nouveaux consommateurs. 1. L’objet connecté va au-delà de l’objet fonctionnel « L’internet des objets n’est pas tant une révolution qu'une continuation naturelle de l'internet. » Jean Louis Fréchin, Nodesign  De la même façon que le web 2.0 a bouleversé les rapports entre les individus ou entre les marques et les consommateurs, l’objet connecté modifie la relation de chacun à l’objet, et la relation de l’industriel à son propre objet. L’objet quitte son acception purement fonctionnelle et acquiert une nouvelle dimension : celle du service qu’il fournit. copyright Institut G9+ 22 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée C’est ce qu’explique Fred Potter à la tête de Netatmo qui produit des thermostats permettant de contrôler sa chaudière depuis son smartphone : «  Le thermostat est un objet que tout le monde connaît. Mais le thermostat connecté donne une dimension nouvelle  : connecté au smartphone, l’objet est programmable et contrôlable à tout moment et il adapte la température de son intérieur en temps réel. »  C’est également le défi que s’est lancée Kolibree, une startup qui conçoit la brosse à dents connectée. La brosse à dents est un objet que l’on utilise plusieurs fois par jour sans jamais avoir de retour sur la qualité des brossages. Connecté au Smartphone, l’objet informe l’utilisateur des zones oubliées, quantifie les progrès et félicite la régularité sur le long terme.  «  La nouvelle brosse à dents permet d’améliorer les usages et de rendre l’expérience plus ludique » explique Loic Cessot, le fondateur de Kolibree. Cette personnalisation extrême et cette promiscuité avec le consommateur donnent une nouvelle perspective à l’objet. Au-delà de sa fonction première, ce dernier convainc grâce au confort et au bien-être qu’il rajoute, à son design adapté et discret voire grâce à son efficacité écologique. Des éléments qui étaient alors considérés comme des externalités par les industriels, c’est-à-dire le design, la relation au consommateur, l’intégration à sa vie quotidienne, sont remis au cœur de l’objet et de sa conception. Pour l’anecdote, ce n’est que dans la seconde version de l’objet, que Google a pensé à intégrer des vertus correctrices à ses lunettes connectées. La fonction de l’objet a donc été détournée au point d’en oublier son essence même. Une telle relation de l’objet au consommateur, et vice versa, implique de grands changements pour les industriels. 1.1.La fonctionnalité de l’objet intègre la notion de service La société industrielle des deux siècles passés doit s’adapter à la généralisation de la logique des services qui fait toute la valeur ajoutée de l’objet communiquant, et exige de l’entreprise qu’elle imagine pour son bien, une déclinaison d’usages découlant des données qui lui sont transmises. L’objet connecté bouleverse cette relation entre l’industriel, l’objet et le consommateur. La relation de l’industriel à l’objet se poursuit au-delà de l’acte de vente, avec le stockage des données que continue à lui transmettre l’appareil et leur exploitation afin de fournir au consommateur de nouveaux services. Ainsi, en analysant le suivi de l’activité de la personne, la balance Withings devient un véritable coach. L’objet prend une nouvelle signification tout au long de son utilisation et son producteur maintient le lien avec le consommateur par le nouveau service qu’il lui fournit. copyright Institut G9+ 23 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Comme l’explique Eric Careel11 : «  L'objet passe du beau et fonctionnel à un objet qui devient   personnalisé et dont nous avons la possibilité de devenir co-créateur. […] C’est une réflexion nouvelle sur la fin pour laquelle [les objets] sont créés. » Le service est bâti à partir des données générées par l’utilisateur (ou User Generated Content), notion clé du web 2.0  : l’utilisateur du service devient «  producteur » de données qui elles-mêmes ont une nouvelle valeur. Le client devient contributeur et base du système. De la même manière, les mises à jour, autre élément radicalement nouveau du service dans le web 2.0, permettent au producteur de tenir compte des critiques et des retours de ses clients, ce qui autorise une amélioration inédite du produit dans le temps. 1.2.Le grand public devient la cible principale Il ne suffit pas de disposer d’importants atouts — écoles d’excellence en ingénierie, couverture étendue du territoire par le réseau… — pour faire la logistique  : il faut, avec les objets connectés, apprendre à adapter son offre au grand public. Amélioration des processus, gestion des stocks, acheminement des biens  : le M2M est certes un véritable accélérateur dans le marché B2B, mais l’enjeu est maintenant d’embrasser le virage du B2C car les champions de l’IdO sont avant tout tournés vers le grand public. Qu’il s’agisse d’une balance ou d’une station météo, ce sont les biens de consommation qui sont amenés à évoluer les premiers. Tout l’enjeu sera alors de transformer l’excellence des technologies complexes en nouveaux usages. En ce sens, les opportunités sont immenses dans le domaine de la e-santé et du confort. Qu’importe donc si les outils de quantified self, ou de monitoring de santé ne sont pas encore d’une grande précision médicale, du moment qu’ils permettent à chacun d’estimer, selon ses critères, son hygiène de vie. «* Le* monde* numérique* est* un* vrai* challenge* culturel.* Dans*le*monde*de*l’Internet*des*objets*grand*public,*on* est*un*peu*moins*armé*».* Jean4Louis!Fréchin,!Nodesign! «" La" technostructure" n’intègre" pas" la" case" humaine." En" France," on" sait" gérer" la" complexité" mais" on" ne" sait" pas" adresser" le" grand" public." On* a* perdu* le* chemin* vers* le* grand* public* !" Regardez" chez" les" grandes" entreprises" ?" Quel"est"le"dernier"succès"de"Thomson"par"exemple"?" Un* pays* qui* perd* le* grand* public* et* donc* sa* dimension* symbolique*attractive,*c'est*un*pays*qui*n'innove*plus."Aujourd'hui"pour"innover,"si"vous"n'êtes"pas" sur"le"marché"grand"public,"vous"avez"de"véritables"difficultés"». 11 Eric Careel, « Les objets de demain », TEDx Paris 2012 copyright Institut G9+ 24 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 1.3.Quand le design se met au service de l’usage Quelle que soit l’importance de la révolution de l’Internet des objets, celle-ci n’est pas à l’origine du design. Pourtant, jamais l’ingénieur industriel n’a été aussi prisé sur le marché : toutes les personnes interviewées pour la rédaction de ce Livre Blanc ont souligné l’importance du design dans la conception de l’objet connecté. Bien plus que par souci du détail, l’attachement au design de l’objet connecté est primordial dans le sens où l’on demande bien plus à l’objet que saFigure 5 Thermostat Netatmo by Stark fonctionnalité première : le design incarne l’usage et le service rendu par l’objet. Comme l’explique Arnaud Lefèvre de Joshfire  : «  Le design est l'élément clé dans l'organisation de l'objet connecté car c'est lui qui va définir l'usage de cet objet et la valeur que l'objet apportera dans le quotidien du consommateur » Puisque l’objet est appelé à communiquer avec le consommateur, et par là même, à s’insérer dans sa vie quotidienne, il faut qu’il puisse s’y intégrer discrètement et fonctionnellement. Dans un langage web, on parlerait alors de la primauté de l’expérience utilisateur. «  La force de l'objet connecté est de faire disparaître l'objet pour que celui-ci devienne une plateforme pour le logiciel. L'objet se dématérialise. C'est dans le vide que sa fonction existe. La force de l'objet connecté, ce n'est pas qu'il est connecté mais qu'il connecte des personnes entre elles. » explique Cyrille Najjar, White sur White. Le designer industriel occupe alors un rôle clé dans la conception de l’objet. Il doit avoir une vision et une compréhension transversale de l’objet  : aussi bien du point de vue technique que du point de vue fonctionnel. Si la France est très bien dotée en designers, plus rares sont les formations de design industriel hors l’ENSCI qui fait référence. Cette compétence devient donc très recherchée sur le marché du travail. «  En Europe, les ingénieurs sont pluridisciplinaires et maîtrisent donc toutes les problématiques auxquels doivent faire face les sociétés : mécanique, énergétique, logiciel… Maîtriser toute cette chaîne de compétences est un vrai atout, alors qu'à l'étranger, les ingénieurs sont plutôt formés par silo » explique Pierre-Eric Leibovici. À Cyrille Najjar compléte  : «  Chaque année environ 150 000 ingénieurs industriels coréens sont diplômés en ingénierie pour le design produit. Ces 150 000 ingénieurs seront capables de mettre en place une séquence d'ordre mais pas d’inventer ce programme-là. Seulement 100 ou 200 seront capables de concevoir ces programmes. » L’agilité de l’entreprise est une notion clé de l’entreprise du XXIe siècle. Les outils numériques devaient permettre à l’offre d’évoluer et de s’adapter rapidement à la demande. Cette logique est poussée à son paroxysme avec l’objet connecté.
 copyright Institut G9+ 25 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 2. Nouveaux objets, nouveaux entrepreneurs Si l’Internet des objets n’est qu’une nouvelle strate de l’internet, il exige tout de même d’intégrer à la culture web à des problématiques industrielles telles que la production, la technicité, le coût à la fabrication… «  Faire un objet connecté, c'est comme faire un film : il faut gérer des dizaines de paramètres et d'éléments. Tout est question d'équilibre entre le design de l'objet, celui de l'application, la simplicité d'utilisation, la qualité du packaging, y compris le coût » Fred Potter, Netatmo 2.1.Les principaux objets connectés sont le fait d’entrepreneurs du web confirmés De nombreux champions français de l’IdO, tels Netatmo, Parrots ou encore Withings, ont été lancés par des entrepreneurs qui peuvent être qualifiés de « confirmés » en ce sens qu’ils étaient déjà bien ancrés dans l’univers Internet de la connexion et du web. «  C’est chez Cirpack, en mettant en place la téléphonie sur ADSL  que j’ai compris la puissance du raccordement à Internet et la numérisation d’un business. C’est exactement ce que je cherche à faire aujourd’hui avec les thermostats, explique Fred Potter de Netatmo. Dans une première phase on a mis la télévision, la musique… sur internet. Moi je prends les objets ordinaires et je les redéfinis par rapport à la connexion internet. » Ayant déjà une expérience dans l’objet connecté et ingénieurs de formation, ces entrepreneurs de l’Internet des objets ont une vision claire des besoins et des services que peuvent fournir les objets qui parlent. Ils ont également la connaissance de la filière industrielle et de la production, notamment lorsqu’il faut passer par des sous-traitants étrangers. Le fameux binôme marketeur/développeur, qui a vu naître tant d’entreprises du web, ne suffit donc plus. « Dans l’objet, il y a une exigence qui est encore plus forte, notamment sur l'interface utilisateur et l'usage. Avec le web, on peut améliorer l'interface une fois que celui-ci est sorti. Alors que refaire un objet demande plusieurs mois, alors que pour un site web, c’est l’affaire de quelques jours ou semaines » explique Paul-François Fournier.12   Concevoir et produire un objet connecté, surtout destiné au grand public, exige une pluralité de compétences que la simple «  agilité  » ou adaptabilité de deux personnes ne peut plus combler  : il faut davantage de compétences pour gérer tout le processus, de l’ingénierie au service, en passant par le design du software comme du hardware, sans oublier le management de la chaîne de production.
 12 Interview réalisée pour le Livre Blanc copyright Institut G9+ 26 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Focus* sur* les* business* model* de* l’Internet*des*objets*avec*Henri*Isaac,* Université*Paris*Dauphine** L e! d éve l o p p e m e nt! d e s! o b j et s! connectés! constitue! à! maints! égards! le! début! d’une! révolution! importante! dans! les! secteurs! où! ces! objets! apparaîtront.! En! effet,! la! connectivité! comme! fonction! nouvelle! du! produit! transforme! fondamentalement! sa! valeur! d’usage! :! le! produit! n’est! plus! simplement! acheté! pour! sa! fonction! première! (maintenir! à! température! des! aliments! pour! réfrigérateur,! éclairer! pour! une! ampoule)! mais! pour! les! services! qu’il! va! rendre! par! sa! connectivité! complétée!par!une!couche!logicielle!et!servicielle.!On! assistera! donc,! grâce! aux! objets! connectés,! à! une! généralisation!de!l’économie!de!la!fonctionnalité!déjà! bien! visible! sur! les! objets! qui! sont! d’ores! et! déjà! connectés!(Vélib,!Autolib).!! Par! exemple,! le! réfrigérateur! connecté! a! une! valeur! non!pas!parce!qu’il!préserve!mes!aliments!mais!parce! qu’il! est! capable! de! m’indiquer! que! les! bouteilles! de! lait! ont! dépassé! les! dates! limites! de! consommation,! de! me! proposer! des! recettes! avec! les! éléments! présents! dans! le! frigo! ou! encore! de! me! proposer! de! commander!les!produits!automatiquement!auprès!du! supermarché! local.! La! valeur! du! réfrigérateur! se! déplace! clairement! vers! les! services! qu’il! propose! plutôt! que! sur! ses! fonctions! de! base.! A! l’extrême,! il! est! même! possible! d’imaginer! un! business! model! dans! lequel,! le! frigo! est! fourni! gratuitement! et! le! constructeur!se!rémunère!par!des!commissions!sur!le! chiffre!d’affaires!généré!par!les!commandes!du!frigo.!! Cet! exemple! démontre! assez! clairement,! qu’outre! ce! basculement!vers!l’économie!de!la!fonctionnalité!et!la! migration!de!la!valeur!que!le!numérique!permet,!c’est! l’ensemble! des! business! models! qu’interroge! l’émergence!des!objets!connectés.!! Tous! les! objets! connectés! peuvent! connaître! des! évolutions! de! cette! nature.! Les! logiques! de! réseaux! P2P! peuvent! également! conduire! à! de! nouveaux! modèles! d’affaires! comme! le! cas! de! Skype! l’a! bien! montré! dans! l’industrie!des!télécoms.!Personne!n’a! encore! imaginé! les! réseaux! d’objets! P2P! mais! il! est! évident! que,! s’ils! deviennent!une!réalité,!ils!modifieront! p r o f o n d é m e n t! l e s! l o g i q u e s! économiques! existantes,! comme! cela! a!été!pour!les!biens!informationnels!dans!la!première! phase! de! la! digitalisation.! Il! y! a! là! un! gisement! considérable! d’innovations! pour! repenser! de! nombreux!services!(mobilité,!santé,!énergie,!etc.).!! D’autre! part,! les! données! générées! par! ces! objets! sont!au!cœur!même!de!leur!possible!modèle!d’affaire.! L’exploitation! des! données! permet! en! effet! au! système!qui!gère!les!objets!d’apprendre!sur!les!usages! et! faire! évoluer! ceux4ci! en! les! optimisant! ou! en! les! personnalisant! (armoire! à! pharmacie! connectée! qui! distribue! les! traitements! au! bon! moment! en! bonne! quantité! par! exemple),! ce! qui! dans! le! cadre! d’un! développement!durable!n’est!pas!sans!valeur.! Dès!lors,!on!comprend!bien!que!ce!sont!également!les! chaînes! de! valeur! et! les! jeux! concurrentiels! actuels! qui! sont! clairement! remis! en! question! par! l’irruption! des!objets!connectés.Pour!s’en!convaincre,!il!suffit!de! raisonner! à! partir! de! l’exemple! du! réfrigérateur! connecté!:!auprès!de!qui!celui4ci!ré4approvisionnera4t4 il! ?! Le! supermarché! local! ?! Amazon! Fresh! ?! Directement! auprès! des! marques! ?! Plus! encore,! les! régulations! existantes! seront! soumises! à! rude! épreuve! avec! la! migration! de! la! valeur! que! le! numérique!engendre!(par!exemple,!les!digital!wall!des! distributeurs! et! la! réglementation! sur! les! surfaces! commerciales).! Enfin,! la! régulation! des! usages! des! données! sera! clairement! un! enjeu! de! ces! nouveaux! marchés. ! copyright Institut G9+ 27 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 2.2.La conception d’un objet connecté requiert des investissements importants à l’entrée «  On ne peut pas se contenter de petits investissements, explique Fred Potter, Netatmo. Faire un objet connecté, c'est un an de travail et deux millions d'euros d’investissement. » En effet, le coût de la conception, l’intelligence de la technique et du design, la production et la gestion du service  nécessitent d’importants investissements pour permettre aux entrepreneurs de l’IdO de se lancer. Le soutien public demeure souvent résiduel en termes de financement. En France, l’Etat a dégagé près de 15 millions d’euros depuis 2005 pour supporter la R&D et le développement du NFC. Cependant, le ministère du Redressement productif souligne qu’il est souvent plus important d’apporter un soutien opérationnel au déploiement de ces objets. Comme l’explique Pierre Carbonne, chargé de mission dans le cabinet du ministre  : «  Les acteurs industriels doivent maintenant se mobiliser pour porter des projets soutenus par l’Etat. »13 Si cela n’empêche pas l’Etat   d’intervenir, notamment par le biais de la Banque Publique d’Investissement qui est récemment rentrée au capital de Withings, les projets requièrent avant tout des fonds privés. Or, ceux-ci ne se déploient pas encore à très grande échelle. La BPI d’ailleurs, dans ce cadre, finance plusieurs fonds d’investissements qui se concentrent autour de l’IdO. Exemple*d’investissements*dans*l’Internet*des*objets! Lors!de!sa!dernière!levée!de!fonds,!Withings!a!bénéficié!de!l’apport!de!trois!fonds!privés!à! hauteur!de!12,5!millions.
 La! Banque! publique! d’investissement! (BPI),! quant! à! elle,! a! décidé! d’investir! massivement! dans!la!start!up,!à!hauteur!de!11!millions!d’euros.!«"Dans"ce"contexte,"il"n’y"a"pas"de"demiW mesures."Il"faut"mettre"beaucoup"d’argent"pour"financer"un"développement"ambitieux"ou"rien" du"tout"»"a!commenté!Nicolas!Dufourcq,!Directeur!général!de!la!BPI.! Arnaud Dupuis (Genymobile) distingue les investisseurs particuliers des investisseurs institutionnels : ๏ «  Chez les particuliers la tendance que je constate est que tant que c'est innovant et un minimum réaliste, l'investissement suivra. Kickstarter et Indiegogo regorge de projets de sticks HDMI, d’hybrides de consoles de jeux/TV connectés mais aussi de casques de moto connectés et augmentés, de wearable devices, et autres périphériques permettant d'enregistrer et communiquer les activités sportives.  » De fait, l’entreprise Pebble Technology est parvenue à lever plus de 10 millions de dollars avec un site de crowdfunding, ce qui en a poussé d’autres, comme Lockitron, à passer directement par leur propre site… avec succès (plus de 2 M$ récoltés). Dans ces conditions, on se demande si la volonté du législateur de limiter le crowdfunding en-deçà d’un certain montant ne risquerait pas de nuire à l’Internet des Objets. 13 Interview de Pierre Carbonne pour Viuz le 18.09.2013 copyright Institut G9+ 28 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée ๏ Du côté des investisseurs institutionnels, ce sont les secteurs les plus en vogue qui attirent : la santé, la maison connectée ou le wereable computer (textiles et vêtements connectés), les retours étant potentiellement très élevés. «  Le wearable computer fait partie de ces domaines ou les fonds coulent à flots car les perspectives sont sans limite : du suivi des produits en amont des ventes (avec l'ensemble de la traçabilité et des statistiques qui vont avec) au suivi du cycle de vie du produit en passant par une meilleure information du consommateur et des services rendus à celui-ci, c'est un échange “données versus valeur” qui se généralise.  » conclue Arnaud Dupuis, Genymobile. Par ailleurs, les sociétés de capital-risque commencent à se mobiliser. Pierre-Eric Leibovici a créé Robolution Capital, premier fonds d’investissement européen uniquement dédié à la robotique de services. Leurs investissements visent à accompagner le développement et la croissance des entreprises et ce, sur tout ou partie de la chaîne de valeur du secteur concerné. Une trentaine d’opérations devraient être lancées, pour un investissement compris entre 300 000 et 3 millions d’euros. Selon Robolution, près de 400 sociétés européennes ont déjà été identifiées comme susceptibles de rentrer dans leur périmètre d’intervention. La projection d’une très forte croissance du marché et l’importante baisse des coûts dans ce domaine attirent les investisseurs comme Pascal Cagni, l’ancien patron d’Apple Europe, qui a participé à la levée de fonds de Netatmo en juin 2013. Pour Loïc Le Meur, « l’Internet des Objets concentrera le plus d’investissements d’ici cinq ans ». 2.3.Des coûts certes importants mais en baisse Toutefois, étant donné le phénomène de généralisation des objets connectés, les prix des technologies, à commencer par celui des capteurs, sont amenés à baisser de plus en plus. Lorsque Cisco calcule la valeur du marché de l’Internet des objets, il combine la baisse des coûts à l’augmentation du chiffre d’affaires, car celle-ci est un véritable levier pour l’accélération de la connexion des objets. Une évolution nécessaire, car demain les foyers seront amenés à être équipés de centaines d’objets connectés, tandis que le prix des télécommunications fixes et mobiles va continuer à décroître, grâce à la fibre et aux technologies sans fil de nouvelle génération. La baisse des coûts s’explique en premier lieu par la généralisation, la montée en puissance et la baisse des coûts des télécommunications fixes et mobiles qui s’opèrent grâce à la fibre et les technologies sans fil de nouvelle génération.
 copyright Institut G9+ 29 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Sigfox*:*pour*une*connexion*à*prix*réduits*de*tous*les*objets*du*quotidien! Le! champion! français! Sigfox! a! également! fait! beaucoup! pour! la! baisse! des! coûts! de! la! connexion!de!l’objet.!Parce!que!l’exploitation!des!réseaux!2G,!3G!ou!4G!pour!transmettre! les! données! des! objets! connectés! peuvent! s’avérer! trop! cher,! Sigfox! propose! un! réseau! M2M! pour! des! coûts! très! inférieurs! aux! réseaux! existants.! Pour! cela,! il! en! utilise! des! fréquences! 868! MHz! libre! d’utilisation! (sans! licence)! en! Europe! et! une! transmission! dite! bande!étroite.!Il!suffit!de!2!millions!d’euros!pour!couvrir!la!France!et!de!200!millions!pour! couvrir!le!monde!(l’équivalent!de!10!km!de!ligne!TGV!standard),!à!comparer!aux!20!à!30! milliards!d’euros!dont!la!France!a!besoin!pour!son!plan!fibre. 3. Les défis du numérique appliqués à l’Internet des objet Le développement rapide du numérique pose d’ores et déjà plusieurs défis qui se retrouvent à une échelle paroxysmique dans le domaine de l’Internet des objets. En captant le mode de vie des utilisateurs, les objets communiquant exacerbent les questions de vie privée et les problématiques de souveraineté et d’exploitation des données. 
 Par ailleurs, qui dit connecter un objet, implique de le rendre vulnérable et pose donc d’importantes questions en termes de cybercriminalité.
 Données Personnelles Cybersécurité Interopérabilité copyright Institut G9+ 30 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 3.1.L’IdO est un générateur massif de données personnelles Présentation des enjeux par Anne-Sophie Bordry
 Les objets connectés et le bien être, l’offre de services adaptés en temps intelligents offrent une multitude réel, le développement durable, la compétitivité et de données qui permettent le rayonnement du pays. d’imaginer une infinité de services fondés sur leur La ville intelligente sera celle qui alliera le exploitation, allant dans le sens bien être, la qualité environnementale et du progrès et de l’attractivité des territoires. La l ’o p t i m i s a t i o n d e l a c o n s o m m a t i o n valeur du service réside dans la capacité de l’objet à d’énergie. Les entreprises privées vont engager récolter et à diffuser une donnée fine et précise. les villes dans une transition qui permettra de La récolte, le flux, le stockage, l’anonymisation et le partage des données représentent des enjeux à la fois économiques et sociétaux. Tout comme favoriser la fluidité de la circulation automobiles, l’optimisation des flux dans les ports et dans les lieux d’accueil du public, l’inter-modalité ajustée en temps réel des moyens de transport. l’évolution et l’interprétation de la notion de vie privée à l’échelle européenne et celle de l’ensemble des économies développées. Les indicateurs et la valeur des données obligent à une certaine harmonisation du corpus de régulation. L’accessibilité des données L’accès à Internet est comme To u t e s s o r t e s d e l’eau et l’électricité une analysées dans la ville  : commodité essentielle, une la véritable infrastructure vitale véhicules, la qualité de de nos territoires. mobilité des personnes et des l’air, la qualité de l’eau. Ces données représentent un potentiel de rayonnement au plus proche du quotidien et des usages des citoyens données pourront être pose la question de l’autorité. L’accès à Internet est comme l’eau et l’électricité une commodité essentielle, une véritable infrastructure vitale de nos territoires. Les données pour la ville. Le mode de calcul de ces données et la façon dont elles seront exploitées est un enjeu essentiel de confiance et d’autorité publique. Les développements de ce et services issues de la révolution des objets connectés et intelligents représenteront eux aussi un agrégat essentiel de notre économie et de l’organisation de notre société, c’est en cela que cela devient un enjeu de souveraineté et de compétitivité des territoires. Grâce aux objets connectés la ville n’est plus seulement un lieu géographique, c’est aussi une accumulation de données numérisées accessibles pouvant être valorisées, traitées et optimisées pour marché sont une véritable révolution pour les organisations publiques, pour la souveraineté et pour l’industrie. 
 copyright Institut G9+ 31 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée ! « Vie privée, données personnelles, objets connectés Connecté, pour quoi faire ? Connecté, si on le veut ? » Par Guillaume Buffet 
 Avec l’arrivée des smartphones, Internet est sorti des bureaux en entreprise, des chambres d’ados ou des salons familiaux pour rentrer soudainement «  dans la vraie vie  ». Dans chaque moment de nos vies. Pour caricaturer  : oui, 1000 fois oui aux ReconJet, ces lunettes connectées pour sportifs qui permettent à chaque passionné de sport de vivre sa passion plus à fond encore… sans porter atteinte à la vie privée à qui que ce soit, autre que celui qui Après avoir pu annoncer (si on le souhaitait) à tous les porte, et s’il le décide. Non aux Google où on se trouvait à tout moment (Foursquare, Glasses connectées 24/7 qui transformeraient Facebook check in, etc.), après avoir pu partager notre société en un gigantesque reality show. avec ceux qui le souhaitaient son footing dimanche matin (Keeprunning, Nike+, etc.), certains GPS connectés nous permettent même maintenant d‘être suivis en temps réel par ceux que nous avons choisis. Oui, je sais, à trop réfléchir, La « Permission marketing » ici, en France, on s’empêche de Seth Godin (1999) est impossible de légiférer avant pour certains une réalité, un engagement, une bible. d’avancer. Oui, je sais, il est qu’un phénomène n’existe ou se stabilise. Oui, je sais l ’e n t h o u s i a s m e e s t s a n s doute l’un des moteurs essentiels de la croissance. Au même titre que les mamans peuvent maintenant suivre chaque Oui, l’économie est le moteur de la société. Oui, si battement du cœur de leur nourrisson depuis leur nous ne le faisons pas, d’autres le feront à notre smartphone (My Baby’s beat), demain, il est certain place. que l’on sera en mesure de tout, absolument tout, compter/raconter en temps réel sur internet. Sans toujours avoir le choix. Non, je ne crois pas que la réflexion s’oppose à l’action, que le temps long de la recherche soit incompatible avec le temps court de la mise sur le La «  Permission marketing  » de Seth Godin (1999) est pour certains une réalité, un engagement, une bible. Pour d’autres, c’est une lubie d’empêcheurs de marketer en rond qu’il faut réussir à contourner par tous les moyens. marché. Non, je refuse de penser que l’intérêt du citoyen soit opposé à celui de l’entreprise. A l’ère des objets connectés, la responsabilité sociale va se retrouver au cœur de tous les débats. Et dans un monde connecté dans lequel le citoyen Il est certain qu’à l’ère des objets connectés, qui fera de notre vie une vie connectée, la «  permission » va devenir vitale. Que le respect de cette permission sera la clef du succès – y compris économique. Qu’il est donc essentiel qu’on y réfléchisse en amont. En consommateur a potentiellement tous les pouvoirs, ne pas prendre sérieusement en compte ces questions se paiera «  cash  » pour les acteurs économiques qui franchiront la ligne blanche (ou jaune, selon le côté de l’Atlantique).
 trouvant des moyens efficaces pour que cet engagement soit respecté de tous. copyright Institut G9+ 32 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée façon encore plus prégnante à un niveau macro  : 3.2.Cybersécurité quid de la multiplication des données relatives à La cybersécurité était un enjeu majeur du web 2.0  : elle le demeure plus que jamais dans le web 3.0. Il faudra d’abord une protection des infrastructures, l’énergie et aux transports, par exemple  ? Peu de solutions parviennent à être bonnes à la fois techniquement et éthiquement. cible idéale pour l’espionnage ou le sabotage, mais Alors que l’IdO complique singulièrement la tâche également des données et des objets. en faisant proliférer les protocoles, la sécurité doit être conçue «  comme un fondement des systèmes « L’Internet des Objets permet au monde virtuel d’interagir avec le monde réel et cela crée d’énormes problèmes de sécurité » reconnaît Andrew Rose, auteur pour Forrester d’un rapport “Préparez votre sécurité pour l’Internet des Objets” publié en 2012. Extrait de l'interview d’Andrew Rose14. En mars 2013, d’IdO  », poursuit Rose, sans quoi la technologie se le Centre d’Analyse Stratégique (CAS), rattaché à développera sans garde-fou  : «  Nous devons placer Matignon, présentait une note intitulée la sécurité au premier moment possible dans la “Cybersécurité  : l’urgence d’agir”15, en s’intéressant chaîne technologique et la soumettre ensuite à de notamment à l’IdO. En effet, dès lors que les objets rigoureux tests de validité, d’authentification, de sont reliés à un réseau internet, ils sont susceptibles vérification de données, etc. En plus, toutes les d’être piratés et de donner à un autre l’accès à des données doivent être encryptées ».     informations sensibles ou le contrôle d’actions dangereuses. Même des objets simplement reliés entre eux peuvent être victimes d’une prise de contrôle extérieure dès lors qu’elle se fait dans un périmètre proche. La note du CAS recommande de renforcer les exigences de sécurité imposées aux opérateurs d’importance vitale sous le contrôle de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) tout en accompagnant les PME dans leur Les exemples angoissants ne manquent pas  : gestion des risques. Il n’est cependant pas certain, comment s’assurer que le pacemaker (auquel un même avec un budget et des effectifs en hausse, chercheur a démontré pouvoir accéder à distance et que l’agence créée en 2009 puisse faire face au déclencher des décharges électriques mortelles), la nombre grandissant de missions d’importance qui voiture (dont une expérience a montré qu’il était lui sont confiées ; elle a été encore nommée chef de possible d’en désactiver les freins) ou les portes de file sur la cybersécurité par Arnaud Montebourg la maison, dès lors qu’ils seront connectés, dans le cadre des 34 plans industriels.
 échapperont à un pirate mal intentionné qui menacera leur utilisateur ? Le problème se pose de 14 Interview d’Andrew Rose pour CSO Online, le 14.10.2013 15www.strategie.gouv.fr/content/cybersecurite-urgence-na324 copyright Institut G9+ 33 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée « L'ordinateur ne doit pas être une boîte dans un coin 3.3.Interopérabilité de l'habitation, ou un boîtier à mettre dans sa poche, Si l’Internet des objets connaît un élan remarquable, il doit nous entourer ». le Machine to Machine, soit la capacité des objets à Ceci est particulièrement important pour séduire les communiquer entre eux, peine encore à s’affirmer. utilisateurs, pour lesquels l’utilisation des objets Chaque objet communiquant avec une plateforme, connectés doit avoir une utilité immédiatement un format de données précis, pas toujours perceptible, et non représenter une suite de mots de compatible avec celui de l’objet d’à côté. passe ou même de services clients différents pour Par définition, l’IdO réside dans la capacité des objets à communiquer entre eux. Toutefois, cette communication entre tous les objets n’est pas encore une réalité  : chaque industriel crée un objet qui se connecte à Internet, mais pas nécessairement aux autres objets qui l’entourent. Comme le résumait chaque appareil. Pour que la vie connectée fonctionne, elle requiert une simplicité qui n’est toujours pas prouvée, chaque objet réclamant un traitement spécifique, ce qui participe à faire que l’IdO n’est aujourd’hui encore qu’un «  Internet des gadgets » ainsi que le pointait Rafi Haladjian. l’article de Forrester16 , une personne jouant au Faute d’avoir un réel intérêt de court-terme à le faire, basket avec une balle connectée telle la Bluetooth les industriels lancent leurs produits 94Fifty, un T-shirt comme peut l’être Armour39 de indépendamment les uns des autres en espérant Under Armour tout en portant des chaussures Nike conserver un avantage de niche sur chaque objet. Hynderdunk Plus, pourra certes évaluer sa force de Cette logique freine le développement de l’IdO.   dribble et son angle de tir, son rythme cardiaque et son effort, ainsi que la rapidité de sa course, mais les trois capteurs ne parviendront pas à savoir qu’ils jouent le même jeu. D’où le titre de l’article  : L’initiative OneM2M tente de mobiliser les principaux acteurs de l’industrie contre une fragmentation du marché qui sera autant nuisible « L’Internet des Objets n’existe pas ». pour les consommateurs que les producteurs. Si pour l’instant le smartphone apparaît comme la l’interopérabilité sont parmi les prérequis d’un essor plateforme susceptible de relier entre eux les de l’IdO, notait le récent rapport de la Commission, différents objets connectés, il est difficile d’affirmer que ce soit fondé sur un système global tel que le que son rôle va demeurer le même dans dix ans, permettrait l’IPv6 — une démultiplication des compte tenu de la révolution qu’il a connu dans la adresses IP — nécessaire pour connecter chaque dernière décennie et de l’apparition presque aussi objet, ou par un effort entre entreprises. L’introduction de standards, l’authentification et rapide des tablettes. Pour un bon nombre de tâches et pour la facilité d’utilisation, il est donc plus intéressant de connecter directement les objets entre eux sans avoir à passer par un terminal spécifique : par exemple, la lampe de chevet gagne à être reliée directement aux autres lumières de la maison. Mark Rolston, directeur de la création chez Frog Design, résume ainsi le problème17   : Po u r f a i re f a c e a u x g i g a n t e s q u e s v o l u m e s d’informations produits dans des formats désordonnés, sen.se, le dernier né de Rafi Haladjian, propose un protocole de communication unifié de partage des données entre les objets, afin de pouvoir démultiplier leur connectivité et donc leurs usages.
 16 http://blogs.forrester.com/sarah_rotman_epps/13-10-17-there_is_no_internet_of_things 17 Interview de Mark Rolston pour Le Monde Informatique, le 14.11.2013 : http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire- internet-des-objets-il-reste-encore-beaucoup-a-faire-pour-gerer-les-dispositifs-connectes-55672.html copyright Institut G9+ 34 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 3.4.L’open source : une philosophie de l’Internet pour mettre à disposition de tous la possibilité de connecter son quotidien Arduino, Maker Swarm, Open Sesame… les plateformes open source pour connecter soi-même ses objets connectés se développent, en même temps que se développe le marché de l’IdO. Pour l’Internet des objets, l’open source ouvre une brèche vers plus d’interopérabilité, la récupération et la gestion de ses propres données, la démocratisation de l’objet connecté. Le# projet# Watts'nz# City# permet! de! connaître! et! suivre! la! consommation! électrique! d'un! foyer,!ou!d'un!appareil!isolé.!Les!données!disponibles!sont!remontées!sur!la!plate4forme! de! votre! choix! pour! une! utilisation! personnelle! ou! collaborative.! Ce! projet,! basé! sur! Arduino,! est! totalement! libre.! Pour! Laurent! Boyé,! (matériel! libre! 4! Hackable! Device),! ce! type!d’initiatives!open!source!permet,!selon!sa!terminologie,!de!passer!de!l’Internet!des! objets!à!l’Internet!des!sujets.!! «*Une*approche*pour*remettre*les*clés*du*royaume*à*ceux*qui*ont*les*objets* chez*eux*pour*casser*l'aspect*peur*et*sécuritaire.*» ! ! ! ! ! copyright Institut G9+ 35 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Partie 3  Tour d’horizon international des marchés de l’Internet des Objets Il y a plus de potentiel dans l'Internet des Objets en Europe qu'en Amérique du Nord, tout comme nous avons 1,5 fois plus d'internautes. Pascal Cagni, Former Apple GM, VP Europe Middle East India Africa ! Où en est la France sur le marché de l’Internet des objets  ? Souvent présentée comme pionnière européenne, du fait de ses champions, le France n’a-t-elle pas cependant à apprendre de ses voisins sur le globe ? Approche internationale de l’échiquier que représente l’Internet des objets, certainement LE domaine économique concurrentiel des prochaines décades. 1. Les Etats-Unis naturellement à la première place de l’Internet des objets 1.1.Les Etats-Unis conscients du levier de croissance « rapide » et « de qualité » que représente l’IdO En octobre 2013, IDC a lancé son premier indice composite pour classer les pays du G20 selon leurs opportunités de gain dans l’IdO. Les Etats-Unis occupent la première place. A l’heure actuelle, les entreprises œuvrant pour les objets connectés sont majoritairement localisées dans la Silicon Valley. Même si cet avantage n’est pas éternel — le web 3.0 réclame en effet des compétences plus industrielles qu’un web 2.0 essentiellement fondé sur le développement de sites internet — cela donne aux Etats-Unis une avance, dont ils essayent de tirer profit. La progression fulgurante de ce marché y est en tout cas nettement perceptible  : le thermostat intelligent Nest, créé par Tony Fadell, ex-Apple, a été valorisé à 800 millions de dollars lors de son augmentation de capital en janvier 2013. Le spécialiste du fitness Fitbit est, lui, parvenu à lever 30 millions de dollars en mars dernier, pour être désormais valorisé à 300 millions de dollars. La société française Withings réalise ainsi plus de la moitié de son chiffre d’affaires sur le territoire américain. copyright Institut G9+ 36 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Selon McKinsey, les Etats-Unis bénéficieront d’un tiers des gains de l’IdO dans le monde et de fait les autorités fédérales s’efforcent depuis quelques années d’en stabiliser le cadre légal pour permettre le développement des objets connectés. Dans un rapport18 publié par le think-tank PPI en septembre 2013, Michael Mandel décrit comment   l’IdO pourrait tirer l’économie américaine de «  l’ornière de la croissance lente  ». S’appuyant sur des chiffres du comité budgétaire du Congrès américain, il prévoit qu’il représentera 2 à 5 points de PIB en 2025. L’économiste précise que «  le résultat sera un passage à une croissance qui n’est pas seulement plus rapide, mais de meilleure qualité  », insistant sur la renaissance manufacturière et les gains de productivité qu’il doit permettre. 1.2.Des avancées sur les données personnelles et l’interopérabilité Signe de cette prise en compte grandissante du sujet, l’Agence fédérale du commerce (FTC), en charge de la protection du consommateur sur le territoire américain, a annoncé la création d’un groupe de travail afin d’apporter des recommandations concernant la protection des données personnelles. Considérant la masse de données financières, médicales ou de géolocalisation que produisent les objets communiquant, les Etats-Unis ont compris l’urgence de renouveler la notion de données «  sensibles  » qui faisait jusqu’ici jurisprudence et peut-être de sortir de l‘approche catégorielle qui prévaut actuellement. En parallèle, l’Autorité fédérale de régulation des communications (FCC) s’emploie à adapter le cadre de la neutralité du réseau sans fil pour empêcher les opérateurs de bloquer les transmissions de données entre appareils de différents réseaux. L’agence avait déjà fait un grand pas pour encourager le marché de l’IdO mi-2012 en proposant un élargissement du champ de la bande passante utilisé par les appareils médicaux  : en favorisant ainsi l’échange d’informations entre terminaux (et donc entre l’hôpital, le cabinet du médecin et éventuellement le patient), le FCC lançait un appel à l’accroissement du marché — à fort potentiel — de la santé. 2. L’Allemagne s’appuie sur ses avantages historiques pour anticiper la 4e révolution industrielle 2.1.Industrie 4.0 En Allemagne, il n’est pas question de web 3.0 mais plutôt d’industrie 4.0, en référence à la 4e révolution industrielle (après celle de la mécanique, de la division du travail et de l’ordinateur). Une dénomination qui signale les perspectives immenses qu’ouvre l’Internet des Objets. 18 http://www.progressivepolicy.org/wp-content/uploads/2013/09/09.2013-Mandel_Can-the-Internet-of-Everything-Bring-Back-the- High-Growth-Economy-1.pdf copyright Institut G9+ 37 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Industrie 4.0, c’est également le nom choisi pour le groupe de travail réuni par l’Académie nationale de la science et de l’ingénierie (Acatech) et soutenu par le ministère de l’Education et de la Recherche. Mis en place en janvier 2012, soit trois ans après une première réunion d’experts à l’initiative du gouvernement, le groupe de travail incluait notamment les groupes Bosch, SAP ou encore BMW, de grands industriels qui se veulent à la pointe de l’IdO, et les grandes fédérations Bitkom (hautes technologies), VDMA (machine-outil) et ZVEI (électro-industrie). Il a présenté un rapport19 et des recommandations à l’occasion du dernier congrès annuel CeBIT   réunissant tous les grands acteurs des technologies de l’information, devant le gouvernement et Angela Merkel qui avait fait le déplacement. Dans son discours d’introduction, la Chancelière prévoyait un changement radical «  du fait de toutes les interactions entre hommes et machines ou avec l’arrivée de l’Internet des objets  ». Tirant parti des atouts allemands, à commencer par son potentiel industriel, les recommandations du rapport concernent notamment les usines intelligentes qui doivent optimiser les processus de production en faisant communiquer entre eux le produit fabriqué et le produit fabriquant. Elles insistent également sur le développement de la technologie RFID et sur l’implication nécessaire des petites et moyennes entreprises. 2.2.Un Etat pionnier de l’Internet des Objets Bénéficiant d’un avantage comparatif notable dans le champ des systèmes de logiciels intégrés, notamment dans l’industrie et l’ingénierie automobile, l’Allemagne s’est lancée très tôt dans l’IdO, avec le soutien du gouvernement fédéral, que ce soit pour la formation de clusters, pour soutenir le plan « Industrie 4.0 » qui bénéficie d’une manne publique-privée de 200 M€, ou pour promouvoir la coopération entre les entreprises et les universités. Les grands industriels allemands promettent leurs premières applications pour 2015 et une migration entre 2020 et 2025. 3. La Corée du Sud profite de ses géants soutenus par l’Etat et de sa connectivité, la plus étendue au monde La Corée du Sud est seconde dans le classement IDC, forte de ses villes connectées à l’instar de Incheon Songdo, présentée comme la ville de l’ubiquité. Alors que le Japon semble vouloir profiter de son assise historique dans le secteur des technologies de l’information et de la communication et ne s’est pas encore décidé à lancer des projets de grande ampleur, la Corée du Sud, doit encore s’affirmer, ce qu’a bien compris son gouvernement. Par ailleurs, l’approche japonaise a toujours privilégié le micro aux grands projets étatiques, au contraire de la Corée du Sud, dont les géants de l’high-tech (Samsung, LD, Hyundai…) ont tous bénéficié du soutien sectoriel de l’Etat. La dernière campagne présidentielle a d’ailleurs été l’occasion pour le nouveau chef d’Etat du pays, Park Guen-Hye, entré en fonction en février 2013, de mettre en avant «  l’économie créative  ». Alors que la Corée du Sud est déjà un des pays les plus connectés en termes de smartphones (107 % de 19 www.acatech.de/fileadmin/user_upload/Baumstruktur_nach_Website/Acatech/root/de/Material_fuer_Sonderseiten/Industrie_4.0/ Final_report__Industrie_4.0_accessible.pdf copyright Institut G9+ 38 sur 54
  • 39.
    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée pénétration) et déjà d’objets (particulièrement dans l’électro-ménager), profitant par là de sa couverture 4G unique (la 5G est en préparation), l’IdO est l’occasion pour le pays de démontrer ce nouveau savoir-faire. C’est d’ailleurs à Séoul que doit avoir lieu le prochain forum mondial de l’IdO, en mars 2014. 4. La Chine compte devenir le premier pays de l’IdO par des investissements massifs S’étendant jusqu’en 2015, le 12e plan quinquennal chinois prévoit la transformation de 100 villes du pays en smart cities et un investissement spécifique de 800 milliards de dollars dans l’industrie des objets connectés, dont la mise en place d’une zone spécialement dédiée dans le Sichuan (le Chengdu IoT Technology Institute). L’IdO devrait représenter, selon le plan quinquennal, un chiffre d’affaires de 120 milliards de dollars sur le territoire national d’ici 2015, soit quatre fois son niveau de 2010. En juillet dernier, la Chine représentait déjà un quart des terminaux connectés (smartphones et tablettes) dans le monde, alors même que sa population est loin d’être entièrement équipée. L’alliance industrielle pour l’Internet des Objets En octobre 2013, la Chine a annoncé la première alliance industrielle autour de l’IdO au niveau national (40 sociétés et instituts sous l’égide de la China Electronics Technology Group Corporation, dont China Telecom et l’Université Tsinghua). Outre la coordination de la recherche, le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information a promis d’établir au moins 200 normes nationales et industrielles pour l’IdO d’ici 2015. Par cette stratégie, le pays adhère à la vision d’une industrie qui doit nécessairement être englobante, tant au niveau des entreprises que de l’Etat. Neuf domaines ont été ciblés pour permettre le développement économique et social du pays, dont l’agriculture et le transport. 5. L’Union européenne avance timidement sur la sécurité sans avoir de vision industrielle large Quant à l’Europe ? Dès 2009, la Commission Européenne dressait un plan d’action20 avec 14 mesures   pour l’IdO en Europe, axant notamment son travail de gouvernance sur la protection des données personnelles et la sécurité de l’information, et son travail industriel sur la R&D et la gestion des déchets. L’UE s’inquiète pour la protection des données personnelles 20 http://europa.eu/legislation_summaries/information_society/internet/si0009_fr.htm copyright Institut G9+ 39 sur 54
  • 40.
    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée En avril 2012, la commissaire européenne chargée de la société numérique, Neelie Kroes, lançait une grande consultation publique sur les règles concernant les dispositifs connectés intelligents. Les résultats de cette consultation qui a concerné 600 personnes, groupes ou associations, couplés à l’apport du groupe d’experts mis en place deux ans plus tôt, ont permis la publication d’un rapport21   en août 2013. Tout en saluant les perspectives qu’offre l’IdO dans la santé et la sécurité, les experts s’inquiètent de la protection des données personnelles et de la possibilité de recevoir le consentement explicite et informé de chaque utilisateur, ainsi que des risques de piratage. Constatant que la dilution actuelle des responsabilités empêche un vrai développement de l’IdO en Europe, le groupe plaide pour une approche centrée sur les acteurs eux-mêmes et non pour un passage par le droit dur, tout comme elle insiste sur la nécessité d’intégrer une dimension éthique. L’UE a mis en place des financements pour les startups innovantes À la suite de ce rapport, la Commission a annoncé un nouveau financement de 100 millions d’euros à destination des jeunes entreprises et de PME de haute technologie dans différents secteurs, donc notamment celles de l’IdO. Ce nouveau fonds s’inscrit dans le partenariat public-privé sur l’Internet du futur lancé en 2011.
 Depuis le rachat de Nokia, l’Europe a officiellement perdu son dernier bastion dans la bataille du mobile. Il sera crucial de ne pas perdre la prochaine bataille, celle de l’Internet des Objets. Pascal Cagni, Former Apple GM, VP Europe Middle East India Africa 21 http://bookshop.europa.eu/en/europe-s-policy-options-for-a-dynamic-and-trustworthy-development-of-the-internet-of-things- pbKK0113297/ copyright Institut G9+ 40 sur 54
  • 41.
    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Partie 4  Atouts et freins français “ Fondamentalement, nous avons presque tous les éléments de les éléments de   Fondamentalement, nous avons presque l’architecture possible de l’Internet des objets en France en en Europe.  l’architecture possible de l’Internet des objets et France et enEurope.  Bernard Benhamou, expert français de l’internet et des TIC Bernard Benhamou, expert français de l’internet et des TIC22   1. La France a commencé à prendre le virage de l’Internet des Objets 1.1.Prise de conscience des enjeux chez les décideurs politiques Dès la présentation du Grand emprunt en 2010, rebaptisé «  Investissements d’avenir », 4,5 milliards d’euros (sur un total de 35) étaient dévolus à l’économie numérique, dont la moitié était affectée aux usages (approche fonctionnelle) et le reste aux infrastructures et aux smarts grids, les réseaux intelligents de distribution d’énergie (approche technologique). Les objets connectés comptent également parmi les 34 projets d’avenir23 pour relancer l’industrie   française, présentés par le gouvernement en septembre 2013. Eric Careel, co-fondateur de Withings, a été chargé par le Ministre du redressement productif de piloter le plan objets connectés. À cette mention spécifique de l’IdO, il faut ajouter les impulsions souhaitées pour le big data, le cloud computing, la e-éducation, le nanoélectrique, la robotique, les réseaux électriques intelligents qui recoupent cette problématique… L’IdO et son écosystème sont donc clairement mis à l’honneur. Déjà au travail, Eric Careel a identifié quatre leviers à activer24 :   22 Bernard Benhamou interviewé par Xavier De La Porte lors de l’émission « Place de la toile » sur France Culture le 9 février 2013 http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-l%E2%80%99internet-des-objets-2013-02-09 23 www.redressement-productif.gouv.fr/nouvelle-france-industrielle 24 Eric Careel pour L’Usine Nouvelle, jeudi 12 septembre 2013, http://www.usine-digitale.fr/article/les-objets-connectes-sont-une- veritable-opportunite-de-reindustrialisation-selon-eric-carreel.N204717 copyright Institut G9+ 41 sur 54
  • 42.
    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 1) Rapprocher les acteurs de la mécanique, de l’électronique et les startups ; 2) Financer des usines qui vont avoir au départ des rendements inférieurs à ceux des startups, du fait du besoin en équipements innovants, notamment avec une union de banques dédiant un fonds à ce domaine ; 3) Favoriser l’innovation dans la commande publique ; 4) Faire adhérer les Français à ce secteur. Rendu en octobre 2013, le rapport “Innovation 2030”25   (s’inspirant du rapport Dynamique et Prospectives Internet 203026 du Commissariat général à la stratégie et à la prospective, rendu en juin   2013) liste sept ambitions stratégiques pour la France, dans lesquelles l’IdO a une importance transversale, notamment sur les trois derniers axes que sont la médecine individualisée, la «  Silver economy  » (le vieillissement de la population qui réclame des avancées en domotique et téléassistance notamment) et enfin le «  big data  ». Anne Lauvergeon, qui présidait la commission à l’origine du texte, constate  : «  On a raté les smartphones, on a raté les tablettes, j’espère qu’on ne ratera pas l’Internet des objets »27. Un fonds de 150 millions d’euros de la BPI permettra de financer   des projets innovants. La France a une vraie carte à jouer : nous avons des ingénieurs talentueux, des fabricants majeurs de composants, ainsi que de potentiels leaders mondiaux comme Netatmo, Parrot ou Withings. Preuve que quelque chose se passe : le nombre de levées de fonds supérieures à 5 millions de dollars est le plus fort d’Europe. Pascal Cagni, Former Apple GM, VP Europe Middle East India Africa L’Internet des objets, à travers les investissements dédiés au numérique, est d’ailleurs un axe majeur pour la BPI. «  Oui l'IdO est un axe fort pour nous. C'est un endroit ou la France a un rôle à jouer : parce qu'il est à la frontière de plusieurs problématiques que la France maîtrise bien » déclare PaulFrançois Fournier. Le fonds ambition numérique de la BPI s’élève à 300 millions d’euros. Suivant les recommandations du rapport de la Caisse des dépôts28 remis en juillet, la ministre   déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Economie Numérique, Fleur Pellerin, a également annoncé la future mise en place d’un label « quartier numérique » qui pourrait concerner une quinzaine de lieux dans les grandes métropoles françaises. L’incubateur géant de la Halle Freyssinet, prévu pour 2016 avec le soutien de Xavier Niel, devrait compter parmi celles-ci. À l’instar de l’EuraTechnologies à Lille, d’autres métropoles comme Strasbourg, Bordeaux et Nantes vont réhabiliter d’anciennes usines industrielles, voire construire de nouveaux complexes. Selon le PLF 2014, le label sera attribué à la 25 http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/134000682/ 26 www.strategie.gouv.fr/content/etude-dynamique-internet-2030 27 Interview d’Anne Lauvergeon sur BFM TV mi-octobre 2013 28 www.redressement-productif.gouv.fr/files/cdc-web-les-quartiers-numeriques-synthese.pdf copyright Institut G9+ 42 sur 54
  • 43.
    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée suite d’appels à projets  ; plus de 200 millions d’euros, dont 15 pour le déploiement de fabs labs (« fabrication laboratory » qui permet de réunir conception et fabrication rapide), permettront de les accompagner. En effet, comme l’explique Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique  : «  ce dont les entreprises innovantes ont le plus besoin, ce n’est pas forcément d’aides publiques, mais d’accompagnement, de conseil et surtout de remplir leur carnet de commandes ».29   1.2.Le France dispose de champions de l’IdO La France forme de bons ingénieurs et de bons designers. Selon Fred Potter, la France est même le «  meilleur endroit du monde pour concevoir les objets  ». De fait, le pays compte certaines des entreprises parmi les plus innovantes sur le marché de l’IdO, à commencer par la Freebox impulsée par Xavier Niel, une invention en laquelle personne ne croyait et qui peut être décrite comme un des premiers objets connectés. Sur les douze premiers objets connectés vendus aux Etats-Unis sur l’Apple Store, cinq sont français. Nom Objet Fondateurs Valorisation Aldebaran Robotics L’humanoïde Nao qui joue le rôle d’enseignant ou d’assistant personnel Bruno Maisonnier (2005) Racheté par le japonais Softbank Delta Drone Commercialise des drones de surveillance utilisés par ERDF ou les stations de ski Frédéric Serre (2011) Entré en bourse en juin 2013, il table sur un chiffre d’affaires de 10 M€ en 2014 Medissimo « Imedipac », un pilulier communiquant qui avertit le patient et son médecin en cas d’oubli MyFox Alarme connectée utilisée par les compagnies d’assurance TAG Technologies (2009) Levée de fonds de 3,2 M€ en mars 2013 Netatmo  Stations météo, thermostat connecté Fred Potter (2011) Levée de 4,5M par la BPI, Iris Capital et le fonds Orange / Publicis Parrot Sonde pour le jardin, pot de fleur connecté Henry Seydoux (1994) Introduit en bourse en 2006, réalise un bénéfice net de plus de 25 M€ depuis 2010 Violet Nabaztag, lancé en 2005, est devenu Karotz, le lapin intelligent qui parle, écoute et regarde Olivier Mével, Christophe Rebours et Rafi Haladjian (2003) Trop en avance sur son temps selon son créateur, la société est revendue à Aldebaran Robotics en 2011 Withings  Pèse-personne, tensiomètre, babyphone Eric Careel et Fred Potter (2008) Récente levée de fonds de 23,5 M dont 11 M injectés par la BPI 29 (2004) Equipant déjà plus de 800 EPHAD, le pilulier sera proposé aux particuliers en 2014. Interview de Benoît Thieulin à L’Usine Digitale le 23.10.2013 http://www.usine-digitale.fr/article/la-france-des-quartiers- numeriques.N211032 copyright Institut G9+ 43 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Nom Objet Fondateurs Valorisation SRETT Systèmes de télé-surveillance d’abord pour les industriels, puis étendus à la santé Philippe Salamitou (2004) Croissance d’environ 40% par an depuis sa création, grâce à des partenariats avec les grands groupes (Air Liquide notamment) Sen.se Plateforme pour le prototypage rapide et facile d’objets intelligents afin de ne pas limiter l’IdO à un seul objet / secteur. Rafi Haladjian et Frank Biehler (2010) Un objet connecté pas encore dévoilé au public sera primé à Las Vegas au Consumer Electronics Show en janvier 2014 Sigfox Réseau ultra bas débit sur toute la France permettant le transfert de données générant une faible demande de bande passante Ludovic Le Moan et Christophe Fourtet (2009) ; dirigé par Thomas Nicholls Levée de 10M€ en septembre 2012, avec notamment l’entrée d’Intel au capital Medissimo, Netatmo et Sen.se ont toutes trois été récompensées en novembre 2013 lors de la Grand messe de l’électronique grand public : le salon CES à Las Vegas. Ces champions structurent l’écosystème français du marché de l’Internet des objets et permet de dire, à l’international, que la France a toutes ses cartes à jouer sur ce marché. 1.3.La couverture réseau du territoire est exceptionnelle La France bénéficie d’une excellente couverture Internet, préalable indispensable à la diffusion des objets connectés. Grâce en partie à une réglementation favorable à l’ADSL, en 2011, le taux de pénétration de l’internet haut débit (un accès à Internet offrant un débit d’au moins 500 kbit/s) était de 70 % chez les particuliers et de 92 % dans les entreprises soit près de 5 points au dessus de la moyenne européenne. Les deux tiers de ces abonnés à Internet ont en outre une vitesse de débit supérieure à 10 Mb/s, quand ce chiffre n’est que de 40 % dans l’UE. 1.4.Les Français : des consommateurs friands d’objets connectés Les consommateurs français sont très friands de nouvelles technologies. Le taux de pénétration des smartphones a atteint 60% en novembre 2013, devant l’Italie et l’Allemagne mais derrière RoyaumeUni et l’Espagne. Le pays compte aujourd’hui 75,5 millions de cartes SIM dont 6,6 millions sont dédiées à la communication d’objets M2M, avec une augmentation moyenne d’environ 30% par an. La Fnac a d’ailleurs, depuis septembre 2013, ouvert dans ses magasins un rayon destiné aux objets connectés. ! copyright Institut G9+ 44 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 2. Cependant, la croissance se heurte à certains problèmes spécifiques 2.1.Le coût du travail empêche de localiser la production en France Dans son interview, Fred Potter ajoute au fait que la France soit « le meilleur endroit du monde pour concevoir les objets » (conception des objets, développement des logiciels, marketing…) qu’elle n’est « pas la meilleure pour les produire ». Ce déficit de main d’œuvre qualifiée à bas coût n’est pas propre aux objets connectés  : l’industrie française souffre toujours en effet du coût élevé du travail et du poids de la réglementation. Ainsi que l’explique Eric Careel, c’est pourtant une opportunité unique de réindustrialisation : « Il faut rapprocher les ingénieurs qui développent, des usines d’électronique et de mécanique.  Chez Withings, pour l’instant, nous n’avons pas réussi à faire fabriquer sur le territoire national car nous n’avons pas trouvé d’entreprise de mécanique assez innovante ». 2.2.L’IdO a besoin d’un cadre juridique stabilisé Faute d’un cadre législatif stable et pérenne, l’IdO n’est aujourd’hui pas tant freiné dans son développement par le manque d’investisseurs que par l’incertitude qui empêche les industriels de se projeter à moyen terme. Parce qu’ils n’ont pas encore parfaitement appréhendé les nouveaux enjeux de l’IdO, les décideurs politiques et financiers retardent d’autant son lancement à plus grande échelle. Instabilité financière et incompréhension politique Signe de l’incompréhension qui peut apparaître, la proposition d’une taxe sur les objets connectés, annoncée un temps par la ministre de la Culture Aurélie Filippetti au nom de l’exception culturelle, était une preuve flagrante de l’incompréhension face à un bouleversement qui s’annonce global. C’est ce que rappelait plus haut Rafi Haladjian  : proposer une taxe spécifique c’est ignorer que les objets connectés toucheront tous les secteurs et toutes les industries. De même, on peut s’interroger sur la pertinence, parmi les 34 projets d’avenir, d’un plan spécifiquement dédié à l’IdO alors que celui-ci devrait représenter un objectif transversal aux autres projets. Ainsi, l’Internet des objets ne doit pas être la compétence d’un ou deux ministères sectoriels, mais il doit être un sujet transversal, allant des dossiers de santé publique à ceux de l’industrie, en passant par les transports ou encore le sport. Instabilité juridique L’Union européenne est en pleine réflexion pour redéfinir le cadre législatif régulant la gestion des données personnelles par une nouvelle directive et un nouveau règlement. Étant donnés les copyright Institut G9+ 45 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée remaniements au niveau de la Commission et du Parlement de l’UE au cours de l’année 2014, les discussions sur ce projet de règlement et de directive risquent d’être fortement accélérées, Neelie Kroes et le Parlement souhaitant voir aboutir ce dossier avant tout renouvellement. Ainsi, il est fort probable que le cadre juridique encadrant la collecte, le stockage et le traitement des données personnelles évolue en profondeur. Plusieurs volets pourraient directement impacter l’activité des entrepreneurs dans le domaine des objets connectés telles que les règles de “Privacy by design” : elles consistent à prendre en compte et de fixer, dès la conception de l’objet et du service, les aspects liés à la protection de la vie privée et des données à caractère personnel. Ces règles seront ensuite respectées tout au long du cycle de vie de la technologie concernée. Par ailleurs, il semble que les législateurs de l’Union européenne ne s’interrogent pas sur la pertinence d’une juridiction sur les données personnelles récoltées par le biais de l’Internet des objets. Ils ne stipulent pas non plus si cette impasse est volontaire, respectant ainsi le principe de droit romain “Plurimae leges pessima respublica”30 , ou si l’Internet des objets et ses données   donneront lieu, dans un second temps, à une législation spécifique. 2.3.Les grands industriels tardent encore à prendre le tournant de l’Internet des Objets Comme avec les débuts du numérique dont le marché des objets connectés n’est qu’une couche supplémentaire, les grands acteurs traditionnels sont encore à la phase d’observation tandis que les nouveaux entrants prennent les risques de l’innovation. Tous ces entrepreneurs qui foisonnent dans les incubateurs apportent cette notion de services et de transformation dont manquent les grands groupes encore trop peu sensibles à cette culture du service et des nouveaux usages. Aux grands groupes, donc, la gestion de la complexité, les modèles de production et de distribution ainsi que la force de frappe économique. Les startups, elles, disposent de cette culture du numérique, favorable à l’innovation. Une vision complémentaire, certes. Encore faut-il permettre à ces acteurs de se concerter et de se rapprocher pour travailler de concert. Pour Jean-Louis Fréchin d’ailleurs, c’est une certitude  : «  Ce ne sont pas les grandes entreprises qui peuvent aider les petites. Mais ce sont plutôt des gens “mutants„ qui peuvent aider les grandes entreprises. Contrairement à une idée répandue, l’écosystème des jeunes peut davantage aider les grands champions que l’inverse.» On retrouve là une problématique propre à celle des jeunes startups du numérique qui portent l’innovation, mais ne peuvent agir sans la force de frappe des grands acteurs. Ceci laisse présager qu’un jour, les grands industriels financeront les incubateurs et les fonds d’investissements pour encourager cette innovation et explorer les nouveaux usages qu’ils pourraient développer pour leurs produits. 30 Plus les lois sont nombreuses, pire est l'État. copyright Institut G9+ 46 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée 2.4.D’autres sont pionniers Quelques grands groupes français ont commencé à s’ouvrir à l’IdO, particulièrement celles dont le cœur de métier les force naturellement à s’en préoccuper, à l’instar de Schneider Electric déjà cité dans l’exemple de la ville connectée. La question de savoir qui sera l’opérateur des objets communicants, dont le nombre va aller grandissant avec la mise en place des compteurs intelligents de gaz, d’eau et d’électricité, et pousse les grands groupes de Télécom à multiplier les partenariats. Alors que Suez Environnement et SFR Business Team se sont associés pour la gestion des télérelevés des compteurs au travers de la société Ondeo, leurs deux concurrents Veolia et Orange ont lancé en parallèle M2oCity. Tout l’enjeu est de savoir développer rapidement des applications complémentaires permettant de proposer de nouveaux services intégrés pour de nouveaux usages. Plus largement, la possibilité d’avoir accès à un réseau sécurisé et surtout à une expertise en matière de M2M : la production de cartes SIM, leur intégration aux boîtiers M2M et bien sûr les abonnements au réseau, qui, selon les usages, peuvent nécessiter une couverture nationale ou internationale. Enfin, les sociétés de services en ingénierie informatique sont aussi les premières concernées par le virage de l’IdO. Le Français Atos a créé la tablette connectée R-Link, disponible dans plusieurs voitures du constructeur Renault, qui permet désormais de réaliser des achats depuis son véhicule. La voiture connectée est également un enjeu de la prochaine décennie, selon PSA-Peugeot-Citroën. Withings VS. Terraillon : quand un grand groupe internalise l’innovation ! Terraillon est une entreprise vieille de 105 ans. En aujourd’hui  » explique Dider Bollé, président novembre 2013, alors que Withings, la start up directeur général de Terraillon. française à l’origine des balances connectées existe déjà depuis cinq ans et vend ses produits avec succès en France et à l’international, l’enseigne centenaire prend le chemin du numérique et connecte sa balance. Dans le marché du quantified self, elle lance aussi un tensiomètre et un podomètre. Pour Teraillon, c’est l’occasion de redynamiser son marché en s’inspirant des nouveaux usages créés par la start up. Sans être à l’origine de l’innovation donc, Terraillon s’offre un sérieux coup de jeune. La balance Terraillon intègre alors la nécessité de se tourner vers les outils numériques pour proposer de nouveaux usages et transformer ainsi complètement le produit. « Ce qui est important c’est qu’au-delà des produits, vous avez la possibilité de délivrer du contenu à travers l’application associée. Demain, je peux avoir des données et à partir de là on rentre dans un nouveau business model qui est celui de l’application. » « Il fallait réveiller la belle endormie qui est Teraillon en imaginant le virage à 180 degrés qui s’inscrit Outre le renouveau de l’objet qui devient service, les bénéfices en termes de dynamisme de ventes et de rentabilité sont notables : copyright Institut G9+ 47 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée «  Au niveau du prix, c’est trois fois environ le prix massification des objets de la vie quotidienne moyen d’un pèse personne traditionnel, vendu dans communicants. «  Nous on a cette expérience de la la distribution française. Donc vous voyez pour nous distribution. On a une part de marché qui est l’intérêt que représente ce formidable essor qu’est aujourd’hui incontournable et en tant qu’acteurs- le Quantified self. » leaders sur le marché on se doit maintenant d’aller Avec Terraillon et son virage numérique, on comprend bien que les grands acteurs industriels ont un rôle majeur à jouer dans la révolution de l’IdO. Ce n’est qu’en activant leur levier économique que l’on passera du gadget connecté à la véhiculer de nouvelles possibilités pour le consommateur. Avec cette nouvelle vague des objets connectés […] on a l’opportunité de faire entrer la marque dans une nouvelle ère plus fashion avec ces produits connectés. »31
   ! ! ! ! 31 Interview de Didier Bollé dans 01Business, http://www.boursorama.com/actualites/terraillon-se-met-a-la-balance-connectee- didier-bolle-dans-01-business--16-11-dfebfeaa2c4ead6f2ebab8f1c506b75d copyright Institut G9+ 48 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Nos préconisations Décideurs politiques, acteurs économiques, citoyens : nos propositions pour appréhender dès aujourd’hui l’Internet des objets Tous les leviers de croissance, de stratégie ainsi que les freins ont été identifiés lors de cette étude ayant pour objectif de présenter à tous, décideurs politiques, acteurs économiques et citoyens, la formidable opportunité que sont les objets connectés pour notre économie et notre rayonnement mondial. Le Livre blanc a vocation à proposer, au-delà de ses quatre grandes lignes directrices évoquées dans l’introduction, quelques pistes de réflexions plus concrètes afin de positionner la France et ses entrepreneurs en position dominante sur LE marché : À nos décideurs politiques ๏ L’Internet des objets ne doit pas être la compétence d’un ou deux ministères sectoriels, mais il doit être un sujet transversal, allant des dossiers de santé publique à ceux de l’industrie, en passant par les transports ou encore le sport. ๏ Parce que les secteurs d’application de l’IdO sont infinis et les problématiques complexes, chaque Ministère doit ouvrir sa cellule de réflexion  : «  objets connectés », abordant dans ses domaines, la question d’interopérabilité, de cybersécurité et de respect de la vie privée. ๏ La collaboration européenne est nécessaire pour fixer des standards en matière de données personnelles, de cybersécurité et l’interopérabilité. Les industriels (sur le modèle de la Chine) et les associations de consommateurs (sur le modèle de l’Europe) doivent être partie prenante de cette concertation. ๏ Il faut veiller à ce que l’Internet des objets ne soit pas le grand oublié des projets de règlement et de directives européens sur la gestion des données personnelles. ๏ Enterrer définitivement la proposition de taxes sur les objets connectés : un non-sens avec les projections futures, où tout objet aura vocation à communiquer. ๏ Créer une mission commune d’information au Parlement afin, entre autre, que l’Etat, les acteurs économiques (investisseurs et entrepreneurs) et les citoyens disposent de données chiffrées concrètes, objectives et réalistes sur l’Internet des objets. copyright Institut G9+ 49 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée ๏ La e-administration progresse de jours en jours. Il faut maintenant réfléchir à ce que sera la eadministration et le service public à l’heure de l’objet communicant, d’une large couverture très haut débit et de la multiplication des puces RFID et terminaux NFC. À nos champions économiques ๏ Retenez la citation d’un des pionniers français de l’Internet des objets, Rafi Haladjian : « si nous avons connecté un lapin, c’est pour montrer que tout a vocation à être connecté  ». Ainsi, ne pensez pas a priori que l’innovation par l’objet communicant ne vous concerne pas. Tous les domaines sont amenés à être bouleversés. ๏ La combinaison gagnante est celle du cluster et de partenariats entre les grands groupes et les startups innovantes, surtout pour l’IdO qui exige des entrepreneurs une connaissance de gros enjeux industriels. Incubateurs, hackathons, partage de savoir-faire, investissements – les formes de rapprochement et de soutien sont nombreuses et adaptées à la pluralité des domaines et structures. À chacun d’entre nous, citoyens ๏ Le contrôle des ses données personnelles passera par l’éducation aux plateformes et aux technologies de la connexion. Ainsi, il convient de donner à chacun la possibilité de comprendre la base technologique des objets qui sont connectés autour de nous, via des enseignements en ligne notamment. ๏ Les données personnelles ont un prix que l’on ne soupçonne pas. Lorsque l’on transmet à une entreprise des informations personnelles, celles-ci sont échangées contre un service rendu, qu’il soit payant ou gratuit. Il faut donc avoir conscience que ces données ont un prix et comprendre qu’on est prêt à le fournir au moment où on les transmet. Aux sceptiques s’il en reste, quand la science dépasse la fiction Les divers exemples de produits, d’usages et d’entreprises qui illustrent ce document n’ont peut-être pas fini de vous convaincre. Il est parfois difficile d’appréhender une telle innovation. Il ne s’agit pas tant de progrès technologiques que d’un nouveau concept : une évolution dans les usages si profonde et transverse qu’il est difficile de l’appréhender dans sa globalité. Remarquez qu’un marché qui gagne en maturité ne propose plus de simples produits ou services, il vous offre une nouvelle expérience de vie  : une nouvelle manière de consommer, de travailler, de contrôler, de gouverner, une nouvelle façon d’interagir avec notre environnement matériel mais aussi social32.   Cette transformation va se faire progressivement, mais chaque année va marquer une étape de plus vers l’Internet des Objets. Le rythme du progrès peut être vertigineux. Rappelons-nous Facebook et Twitter il y a 5 ans ! 32 au sens propre du terme : qui se rapporte aux liens que les individus établissent entre eux. copyright Institut G9+ 50 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Seront d’abord convaincus de l’Internet des Objets les adeptes précoces, viendront ensuite les majorités précoce et tardive et pour finir les réfractaires. Néanmoins, si l’on souhaite être acteur de l’économie et de la société, mieux vaut ne pas trop tarder. Bien sûr, il est légitime d’être réticent. Surtout quand on est de culture française par nature prudent, critique, voire sceptique. Big Brother nous guette, les effets des ondes électromagnétiques omniprésentes sont une inquiétude non gommée. Mais ces problèmes existent déjà avec nos smartphones, source d’ondes et de collecte de données à notre — quasi —  insu. Nous nous en accommodons pour la plupart d’entre nous. Nous avons vraiment appris à vivre avec. Allons-nous pour autant accepter que notre matelas «  connecté  » nous indique que nos cycles de repos soient conformes ou perturbés ? En contrepartie de quoi, je saurai peut-être adapter mes habitudes pour profiter d’un meilleur sommeil. Allons-nous accepter que notre montre analyse notre activité physique ? et qu’un assureur nous propose de meilleurs tarifs si nous tolérons qu’il y accède ? quelle majoration tarifaire induite pour ceux qui refusent ?33   Consommateur ou consom’acteurs, avons-nous finalement le choix ? Avez-vous pensé à choisir parmi les modèles cathodiques pour votre dernier achat de téléviseurs ? Avez-vous une adresse email personnelle qui ne soit pas hébergée dans les nuages ?34 Vos économies sont-elles placées dans des   bas de laine, un coffre ou sur des comptes bancaires informatisés, virtuels et décorrélés de l’étalonor ? Pourrez-vous acheter en 2020 un matelas non connecté quand il n’y aura plus que des modèles fournissant des services que nous n’imaginons pas encore, et cela certainement pour un prix équivalent ? Que dire quand l’Homme35 sera en 2020 le futur «  objet  » à connecter ? La médecine induit une   modification de nos fonctions biologiques ; sans parler de chirurgie réparatrice, de la pose de prothèse à but médical ou non, car après tout la chirurgie esthétique se généralise : alors pourquoi ne pas envisager des implants qui serviraient à nous rendre plus fonctionnels36 et plus interactifs avec un   environnement qui deviendra plus connecté que jamais. On parle d’ores et déjà de réalité augmentée et pourquoi pas d’un Homme augmenté ? Altérer notre humanité est difficile à concevoir. L’ambiguïté d’être homme+machine est encore difficile à accepter. Pourtant, ce qui est inconcevable pour une génération l’est nettement moins pour la génération suivante. Quels freins auront la génération «  tactile  », la génération de l’ubiquité, la génération « implantée » ? Quel regard porteront ces générations sur la révolution de l’Internet et de l’Internet des Objets ? Feront-ils ne serait-ce que la distinction entre ces deux Internet ? L’avenir tranchera. 33 faut-il légiférer sur ces questions ? 34 certains geeks pourront se venter que oui 35 et bien évidemment la Femme 36 et plus performants ? copyright Institut G9+ 51 sur 54
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée Votre avis compte Merci de prendre 1 minute pour répondre à 3 questions ! ! ! Répondre au Questionnaire bit.ly/LBG9question Participer en ligne sur g9plus.tv vous pouvez revoir la 17e rencontre annuelle de l’institut : “Les Nouveaux Eldorados de l’Economie Connectée”et participer et commenter le sujet
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    ; Livre Blanc •Les Nouveaux Eldorados de l’économie connectée L’Institut G9+ Qui sommes-nous? Fédérant aujourd'hui 20 communautés d'anciens de toutes formations (écoles d'ingénieurs, management, sciences politiques, université), l'Institut G9+ représente 50 000 professionnels du numérique. Grands acteurs privés & publics et pôles d'expertise concernés font naturellement partie de son environnement. Il a pour ambition d'être un think tank de référence dans ce secteur. Ses réunions-débats, une trentaine par an, abordent sans concessions tous les aspects technologiques, économiques et sociétaux du secteur. Des initiatives particulières (cycles de conférences, livres blancs, rencontre annuelle) complètent un catalogue ouvert à tous. Créé en 1995 par la réunion de 9 groupes "technologies de l'information" d'anciens de grandes écoles françaises, l'Institut G9+ constitue une plate-forme sans équivalent d'études et d'échanges sur le numérique. L’Institut G9+ est une association 1901 présidée actuellement par Valentine Ferréol et animé par un bureau élargi d’une dizaine de membres et un comité d’organisation d’une cinquantaine de personnes. Il rassemble : ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ ๏ Ensimag Alumni Agro informatique AI N7 Numérique Arts et Métiers Informatique Centrale informatique, électronique et télécommunications Club e-business de Reims Management School Club SI GEM GN Club Télécom INSEAD IESF Comité Numérique DAUPHINE Club Télécoms et Nouveaux Médias Edhec Business et Technologie EMLYON Business School ESCP Europe TIC et business Essec business & technologies HEC Pole Economie Numérique et Internet Mines informatique Ponts Telecom Informatique Sciences Po informatique et télécommunications Supélec Numérique TELECOM Bretagne TELECOM Paris X Informatique Les cycles développés par l’Institut portent sur la prospective, les ressources humaines, la diversité et sur l’actualité du secteur. La Rencontre Annuelle est le point d’orgue de son activité. Information et inscriptions aux réunions : www.g9plus.org 
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    LIVRE BLANC LES NOUVEAUXELDORADOS DE L’ECONOMIE CONNECTÉE Ayant assuré la conception et la coordination de ce livre blanc, je tiens tout particulièrement à remercier, tant sur le fond que sur la forme, Camille Vaziaga et Rodolphe Falzerana. Luc Bretones ! ! Déléguée générale Renaissance Numérique @CamillRose Digital Marketing Manager Institut G9+
 IT Channel Manager Orange Business Services @rfalzerana Camille Vaziaga Rodolphe Falzerana @g9plus #g9plus g9plus.org en collaboration avec @RNumerique Téléchargez-moi