SlideShare une entreprise Scribd logo
Exposé style ethnique en rhétorique politique   Préparé et présenté par  Remis au professeur Sall Cheikh Oumar  Leila MESSAOUDI  Année universitaire: 2006-2007 Université Ibn Tofail  Master: langue française et diversité linguistique  Faculté des Lettres &  séminaire II: variation sociale et registre de langue  Sciences Humaines Kenitra Chez Gumperz
Plan Introduction 1ère  partie : le sermon du pasteur Les particularités stylistiques  2ème partie : le discours politique de l’orateur  Conclusion Bibliographie Particularité rhétorique du discours
Introduction Les variations linguistiques, qu’elles soient syntaxiques, lexicales ou phonétiques, peuvent signaler l’ appartenance à un groupe social  particulier. Sur une base régionale, on pourra distinguer, par exemple, l’accent ou le parler d’un Montréalais de celui d’un Acadien, si l’on connaît bien les caractéristiques de chacun. Ces distinctions se font également selon l’échelon social auquel on appartient en fonction de son revenu, de son degré de scolarité ou de son activité professionnelle.
Pour le cas présent, il s’agit d’une analyse fine de deux actes de paroles  à savoir un sermon prononcé par un protestant  noir, et un discours fait lors d’une réunion politique  par un responsable politique noir. C’est partant de cet esprit que Gumperz note  «  la façon dont nous parlons, en même temps que ce que nous disons, détermine notre efficacité dans nos rapports avec les instances publiques, judiciaires et autres qui affectent de plus en plus la qualité de notre vie quotidienne »  p189
Ainsi,  dans ce présent compte rendu,  nous allons voir en premier lieu  le sermon du pasteur  avant de passer en revus  le discours politique de l’orateur noir  en passant par les différents styles employés.
1ère partie : le sermon du pasteur Le sermon du pasteur se compose de deux parties. En premier lieu on assiste à l’invocation et à l’appel à la divinité et en second lieu la manifestation de la divinité à travers les danses d’un fidèle initié. Ces danses s’expliquent par le  « style de performance ».  Car comme le dit Gumperz  «  le style de performance ont  leur origines dans les rites de possession d’Afrique  Occidentale, comme ceux qu’on rencontre chez les Yorubas ou les Akans ».p 190
Cependant dans les offices religieux  afro-américains modernes on peut noter l’absence de tambours, mais l’officiant a comme support  le diacre, le chœur ou bien de l’orgue .
Ainsi pour débuter  le sermon, le pasteur commence avec l’invocation de Dieu ou avec une phrase d’introduction  qui prend  la forme  d’échange dialogué suit  « une phrase de transition marqué par l’intensité croissante de rythme  et par des répons de plus en plus  de la part de l’assemblée   et par des croissements stylistiques occasionnelles, où le contenu appartenant à l’un des protagonistes s’exprime au moyens de caractéristiques  de styles (…) »p 191.
L’enregistrement de l’auteur commence à la fin d’un récital de musique rythmé par des cris et des applaudissements  par le public. Ainsi les séquences  suivantes  montre le ton du pasteur qui dit : Dieu est ……. / Dieu est ……. /  Commentaire  : comme il y’avait du bruit dans la salle  le pasteur  attend  le relentissement  de l’assemblée  pour finir sa phrase.
Dieu est présent /   Commentaire  : pour attirer une fois de  plus d’attention à l’assemblée  qui criait,  le pasteur hausse le ton et poursuit lentement par la suite et dit : J’espère que vous n’oubliez pas l’annonce /  Nous vous entendons /  Loué soit le seigneur /
Commentaire  D’après ces  séquences, nous comprenons que l’orateur veut présenter  un sermon,  mais l’échauffement  de l’assistance l’oblige à relentir. Mais lorsqu’il  commence son prêche proprement dit,  tout rentre dans l’ordre. Ainsi le pasteur annonce: J’appelle brièvement votre attention sur le chapitre six des hébreux / Commencez à lire au verset dix sept / Aussi Dieu, voulant bien d’avantage faire voir aux héritiers de  (…), l’immutabilité  de son dessein , s’engagea-t-il par serment/ Je veux attirer brièvement  l’attention sur le verset dix neuf / Et  cette espérance, nous avons comme une ancre pour notre âme/
Les passages que nous venons de  voir  « illustrent  plusieurs caractères types de la prédication afro-américain »  car le style employé pour véhiculer ce contenu n’est pas un simple catalyseur. Et Gumperz d’ajouter  que « si tel n’était le cas pourquoi le pasteur commencerait-il en laissant en suspens à plusieurs reprises sa première  phrase ‘ ’Dieu est présent’’  ? p195
En prenant compte de la stratégie  du pasteur, nous pouvons remarqués l’interaction qui existe entre ce dernier et son assistance dans la mesure où le pasteur  « recours à une stratégie  qui consiste à s’introduire dans la cérémonie  en cours, d’abord en laissant intact le rythme, et ce faisant en prenant indirectement le contrôle »p 195
Particularités stylistiques du sermon du pasteur Le sermon du pasteur nous montre une certaine particularité stylistique utilisé en même temps que l’alternance dialectale afin de signaler les changements de styles et marqué les différentes étapes du sermon. Nous pouvons remarqués  1°) les nombres de pauses inhabituellement élevées  2°) une variation marquée par la vitesse de la phrase et le recours à la forme contrastée versus la forme non contractée.
En effet Gumperz  distingue les trois styles  à savoir : 1°) le style déclamatoire Observons les séquences suivantes : 1/ God is // /( Dieu est ….) 20/ wherein  God / …. , willin, more abundantly /, to show, unto the heir of ( ), the immutability  of, his consel/ confirmed it by an oath ( Aussi Dieu voulant bien d’avantage faire voire aux heritiers  de (..) l’immutabilité de son dessein , s’engagea-t-il par serment ). Gumperz remarque que «   ce style se caractérise par une segmentation du message en groupe de ton bref ou en expression intentionnelle marqués chacune par une expression syntaxique »  p195
2°) le style explicatif Ce style est caractérisé par des groupes d’intonations plus longs contenant  un seul accent « primaire ». Par exemple  Alors  précipiter- vous ici et joignez-vous à nous dans l’église ce soir/ Et vous entendrez la bonne parole .
3°) le style populaire Dans ce style nous pouvons noté la présence des «  caractéristiques phonologique et lexicales aussi bien que prosodiques. Les transitions prennent  la forme d’interpolation brève dans les passages, qui, par ailleurs, sont des passages de commentaires. Ce qui est semblable par bien des aspects à ce qu’on appelle ‘‘ alternance métaphorique’’ dans les situations bilingues ». p196
Gumperz remarque ici  les limites standards  sur le contenu variable anglais noir et anglais standard. Pour illustrer ce point il  commente  les séquences suivantes : I’ hope’ that you   Ici, chaque phrase est accentué et la ligne se termine par une pause rhétorique après  ce qui suit : Dont forget the announcement
Dans cette séquence de transition, la vitesse de la phrase s’accroît. Il y a  un seul exemple d’accent secondaire  sur ‘ ’dont’’,  et un accent primaire sur  ‘’ announcement ’’. Gumperz affirme a ce propos  que  « lorsque je parle d’alternance dialectale, dans le cas présent,  je ne prétends pas que le pasteur utilise le dialecte noir typique de la région de San Francisco  Bay dans les passages étudiés, je prétends simplement qu’il utilise avec effet de contraste deux façons de parler. Que ce contraste est significatif dans le contexte instauré par le sermon » p 198
Nous pouvons remarqués que lorsque le pasteur s’intéressa directement aux thèmes de la Bible et de ‘’l’espoir en Dieu’’ tout rentre dans « l’ordre ». Ainsi, le style devient de plus en plus exclamatoire, le rythme prend de plus en plus de « relief » et l’assemblée devient attentive. Et en abordant un exemple tiré des Évangiles, le pasteur semble entrer en transe et devient « rauque ».  Voici ses dernières phrases de son sermon :
Dieu a le bras long et il nous appelle de l’autre bout de la terre et il dit venez à moi … tous ceux qui peinent venez … venez à moi… on nous a maltraité, venez à moi on nous a mis au ban de la société mais venez à moi. Je suis présent …. Je suis prêt/  je suis prêt à venir à votre sermon. Vos pêchés peuvent être  épouvantables
Commentaire : Ici le pasteur, l’assemblée et le seigneur ne font plus qu’un. Car les distinctions stylistiques qui avaient été préservés avant se sont effondrées.
Deuxième partie  Discours politique de l’orateur Dans cette partie, nous allons voir le discours politique de l’orateur afro-américain, vraisemblablement  mal compris par un public à majorité blanc. Cette incompréhension est causée  par l’emploi de ‘‘  tuer Richard Nixon ’’  par l’orateur. Ce dernier na  pas l’intention de provoquer une tentative d’assassinat de son président parce qu’il  n’ignorait pas les lois de son pays et si tel était le cas pourquoi allait-il choisir « une plate forme public » ?
Pour bien cerner le discours de l’orateur  Gumperz mena une enquête  qui consistait à interroger les résidents des  communautés noires avoisinantes   afin de  savoir « comment était utilisé et compris le verbe ‘’to kill’ (tuer) » avant de leur demander de construire des phrases avec ce verbe. Gumperz commente que «  les  réponses ont fait presque appel à des usages métaphoriques  tels que ‘ ’he killed that bottle ’’ (il a liquidé cette bouteille), ’ ’he’s killing him around there ’’ (ça là éliminé par ici) c'est-à-dire qu’il a perdu son influence- ou ‘ ’kill it ’’ (dans le sens de arrête de faire ça) » p 201 Nous remarquons ici qu’aucune de ces phrases n’utilisent ‘’kill’ dans le sens de « retirer de force la vie de quelqu'un».
Gumperz renouvelle son enquête et  demande aux informateurs de dire comment ils exprimeraient l’intensions de  retirer de force la vie de quelqu’un. Comme dans la précédente enquête «   les réponses à cette questions  proposaient des expressions métaphoriques telles que ‘’ ils l’ont liquidé’’. ‘’Ils l’ont supprimés’, ils l’ont zigouillé’’ » p 201  Ces expressions appartenaient à une tradition élaborée  d’euphémismes communs dans la communauté afro- américains  lorsqu’ils parlent de mort ou de maladie.
Cependant Gumperz  s’interroge sur les raisons qui ont poussé cet orateur, qui, étant une « figure public » et ayant une expérience dans la « vie public », pouvait-il recourir à une stratégie qui appartenait clairement à un groupe pour tenter d’influencer  « un public général ».
Étude du discours de l’orateur  Une analogie remarquable existe entre le discours politique de l’orateur et du sermon du pasteur.  Car, comme le dit Gumperz :«  lorsqu’on est familiarisé avec le style oratoire de Martin Luter King, dont les discours ont été largement diffusés au cours des années 60, on reconnaît qu’il existe un rapport étroite entre l’éloquence politique noire et la prédication noire »p 201
Ainsi l’orateur commence par une invocation avant de toucher le vif de son discours : Tout le pouvoir  au peuple // le pouvoir noir au peuple noir// le pouvoir brun au pouvoir brun// et pouvoir jaune à Ho Chi Minh / et au camarade Kim II Sung / le courageux, le leader des 40 millions de Coréens
Commentaire : Dans la séquence ci- dessus,  nous pouvons dire que l’orateur invite l’assemblée à participer avec lui  à son combat qu’il mène contre  l’‘’injustice’’.
Il poursuit plus loin : Alors nous voudrions demander au peuple américains ‘’est ce qu’il veut la paix au Vietnam ?’’ Est-ce que vous voulez la paix ? (Le public répond ‘’oui’’) Eh bien vous pouvez être sûrs que vous ne l’aurez pas / en….jouant de la guitare/…….vous pouvez être sûrs que vous ne l’aurez pas /………en manifestant La seule façon d’oppression / des communautés noire, ici même à Babylone/ Nous disons / finie la société fasciste américaines/ assez de Richard Millhouse Nixon ce fils de putain/
Commentaire : A la fin de cette  séquence le public pousse des cris ironiques. Car dire le  président  qu’il est ‘ ’fils de putain ’’ est sévère  et mal vu par l’assemblée
Et les protestations augmentent lorsqu’il annonce les dernières phrases de son allocution : Assez de tous ces porcs au pouvoir / assez de tous ces gens ici / qui refusent d’entendre mes impressions/ Parce que c’est tout ce que je sais faire/ c’est tout ce que je vais faire/ je ne cesserai de les maudire : non seulement nous allons les maudire/ ……..nous allons mettre en pratique une partie de cette merde dont nous parlons/
Parce que Richard Nikon / est un homme mauvais/ Ce fils de putain/……… qui a envoyé ses chiens vicieux et meurtriers/…..parmi la communauté noire /………..et qui a envahi/ les programmes de petit déjeuner du parti des Black Panthers / et à détruit la nourriture / ………que nous destinons aux gosses affamés/ et croit que nous / allons accepter cette merde sans broncher  Merde à ce fils de putain / il faut tuer Richard Nixon….
Cette  dernière  phrase a soulevé des protestations du public, en majorité blanc. Elle a fait la une de la presse  et fut largement critiquée. Quelque temps après, ce dirigeant ( l’orateur) est inculpé pour  « avoir menacé la vie du président des États-unis ». Mais sa défense soutenait qu’il « avait recouru à une forme d’hyperbole du dialecte noir… » Et que cette inculpation n’était que le fruit d’un malentendu.
Particularité rhétorique  du  discours politique de l’orateur  Contrairement au public qui assistait le sermon du pasteur,  le public présent lors de l’allocation de l’orateur  « n’assume pas les réponses aux mesures rythmiques et le fait que l’orateur réclame cette réponse suppose qu’il compte sur la participation  directe de l’assistance pour faire passer son message » p 203
Au niveau de la phonologie Gumperz remarque la limite standard du  continuum  de variations de l’orateur. Car dans la phrase suivante ‘’  nous ne combattrons  et nous ne tuerons pas d’autres gens de couleurs ‘’  l’orateur utilise ‘ ’tuer’’  dans son sens en  anglais standard, c’est-à-dire ‘‘ retirer de force la vie de quelqu’un’’ .
En effet  Gumperz montre que  le style populaire décrites plus haut, contiennent des expressions idiomatiques typiquement noires telles que ‘‘ ripen down’’ the road’’, look like’’ (it looks like), ou ‘’ he bout’’ ( he is about).
Conclusion Au terme de ce présent compte rendu, il serait important de  penser aux  variations sociales registre de langue  dans la mesure où la langue parlée   se caractérise par une interaction directe du locuteur et de l’interlocuteur. Elle prend appui sur un contexte immédiatement perceptible et partagé ; elle mise sur des aspects non linguistiques comme la physionomie et la gestuelle et se laisse influencer plus facilement par des modes passagères.
Gumperz affirme à ce propos que  «  la façon dont nous parlons, en même temps que ce que nous disons, détermine notre efficacité dans nos rapports avec les instances publiques, judiciaires et autres qui affectent de plus en plus la qualité de notre vie quotidienne ».  En effet,  dans des situations que nous venons de voir, les stratégies d’alternances deviennent un moyen important de signaler indirectement comment il faut interpréter le message.
Bibliographie  John. Gumperz, 1989, Sociolinguistique interactionnelle:  une approche interprétative   Édition , l’Harmattan, Paris
Merci de votre attention

Contenu connexe

PPT
L'argot dans la chanson du Rap Marocain
PPT
Registres de langue (dans les dictionnaires)
PPT
Les Registres De Langue
PPT
L'alternance Codique (Gumperz)
PPT
La Dialectologie Power
PPT
Exposé variation sémantique b.sara et l.zakarya
PPT
Variation Diatopique Le Parler Jbli
PPT
Variation corpus
L'argot dans la chanson du Rap Marocain
Registres de langue (dans les dictionnaires)
Les Registres De Langue
L'alternance Codique (Gumperz)
La Dialectologie Power
Exposé variation sémantique b.sara et l.zakarya
Variation Diatopique Le Parler Jbli
Variation corpus

Tendances (14)

DOC
Corrigés.lexique les registres de langue
PDF
Platica Quechua en Lengua General
PPTX
Présentation de Français Voie active - 2e édition
PDF
Curs Franceza Incepatori
PPT
Argot des jeunes des cites
PDF
DOCX
L’automne de Lamartine
DOCX
Developer lamartine( suite de la leçon précédente)
PDF
τα γαλλικά μου για τη β' γυμνασίου
PPT
Accueil Erasmus 2009 Lille1
DOCX
une séance(français/l'imparfait)
PDF
ISIT - Préparer l’examen d’entrée en Master : bibliographie sélective
PDF
ISIT - Préparer l’examen d’entrée au premier cycle : bibliographie sélective
PPTX
Week 8 2015 french slp
Corrigés.lexique les registres de langue
Platica Quechua en Lengua General
Présentation de Français Voie active - 2e édition
Curs Franceza Incepatori
Argot des jeunes des cites
L’automne de Lamartine
Developer lamartine( suite de la leçon précédente)
τα γαλλικά μου για τη β' γυμνασίου
Accueil Erasmus 2009 Lille1
une séance(français/l'imparfait)
ISIT - Préparer l’examen d’entrée en Master : bibliographie sélective
ISIT - Préparer l’examen d’entrée au premier cycle : bibliographie sélective
Week 8 2015 french slp
Publicité

Similaire à Style Ethnique Et Rhetorique Politique (6)

PDF
Marc 3 rencontres
PDF
Le cantique des cantiques extrait extract
PDF
Le cantique des cantiques extrait shir hashirim extract
PDF
Le cantique des cantiques extrait shir hashirim extract
PDF
Luc miséricorde 3_rencontres
PPTX
Registres
Marc 3 rencontres
Le cantique des cantiques extrait extract
Le cantique des cantiques extrait shir hashirim extract
Le cantique des cantiques extrait shir hashirim extract
Luc miséricorde 3_rencontres
Registres
Publicité

Plus de kimo063 (20)

PPTX
Rapport de stage de Oth Zoubeidi
PPT
Le Variationnisme
PPT
La Tenue Et La DéFéRence
PPT
Le Dialogue (au théatre)
PPT
Interaction
PPT
Interaction
PPT
Les Joncteurs (grammaire textuelle)
PPT
Largumentation
PPT
Adil La Progrssion Th Matique
PPT
Interaction
PPT
Chada Leslieuxd Ac
PPT
Interaction
PPT
La langue du T'chatche
PPT
Les plans des textes
PPT
La Description
PPT
Compte rendu du Chapitre VII de : "Linguistique textuelle" de J.M. Adam
PPT
Le déTachement (Goffman)
PPT
Variation PhonéTique
PPT
Le jargon du Naturisme
PPT
divLing - Progression textuelle
Rapport de stage de Oth Zoubeidi
Le Variationnisme
La Tenue Et La DéFéRence
Le Dialogue (au théatre)
Interaction
Interaction
Les Joncteurs (grammaire textuelle)
Largumentation
Adil La Progrssion Th Matique
Interaction
Chada Leslieuxd Ac
Interaction
La langue du T'chatche
Les plans des textes
La Description
Compte rendu du Chapitre VII de : "Linguistique textuelle" de J.M. Adam
Le déTachement (Goffman)
Variation PhonéTique
Le jargon du Naturisme
divLing - Progression textuelle

Dernier (7)

PDF
Modems expliqués- votre passerelle vers Internet.pdf
PDF
FORMATION COMPLETE EN EXCEL DONE BY MR. NYONGA BRICE.pdf
PDF
FORMATION EN Programmation En Langage C.pdf
PPTX
Presentation_Securite_Reseaux_Bac+2.pptx
PPTX
Souveraineté numérique - Définition et enjeux pour les entreprises et les dév...
PDF
presentation_with_intro_compressee IEEE EPS France
PDF
Tendances tech 2025 - SFEIR & WENVISION.pdf
Modems expliqués- votre passerelle vers Internet.pdf
FORMATION COMPLETE EN EXCEL DONE BY MR. NYONGA BRICE.pdf
FORMATION EN Programmation En Langage C.pdf
Presentation_Securite_Reseaux_Bac+2.pptx
Souveraineté numérique - Définition et enjeux pour les entreprises et les dév...
presentation_with_intro_compressee IEEE EPS France
Tendances tech 2025 - SFEIR & WENVISION.pdf

Style Ethnique Et Rhetorique Politique

  • 1. Exposé style ethnique en rhétorique politique Préparé et présenté par Remis au professeur Sall Cheikh Oumar Leila MESSAOUDI Année universitaire: 2006-2007 Université Ibn Tofail Master: langue française et diversité linguistique Faculté des Lettres & séminaire II: variation sociale et registre de langue Sciences Humaines Kenitra Chez Gumperz
  • 2. Plan Introduction 1ère partie : le sermon du pasteur Les particularités stylistiques 2ème partie : le discours politique de l’orateur Conclusion Bibliographie Particularité rhétorique du discours
  • 3. Introduction Les variations linguistiques, qu’elles soient syntaxiques, lexicales ou phonétiques, peuvent signaler l’ appartenance à un groupe social particulier. Sur une base régionale, on pourra distinguer, par exemple, l’accent ou le parler d’un Montréalais de celui d’un Acadien, si l’on connaît bien les caractéristiques de chacun. Ces distinctions se font également selon l’échelon social auquel on appartient en fonction de son revenu, de son degré de scolarité ou de son activité professionnelle.
  • 4. Pour le cas présent, il s’agit d’une analyse fine de deux actes de paroles à savoir un sermon prononcé par un protestant noir, et un discours fait lors d’une réunion politique par un responsable politique noir. C’est partant de cet esprit que Gumperz note «  la façon dont nous parlons, en même temps que ce que nous disons, détermine notre efficacité dans nos rapports avec les instances publiques, judiciaires et autres qui affectent de plus en plus la qualité de notre vie quotidienne » p189
  • 5. Ainsi, dans ce présent compte rendu, nous allons voir en premier lieu le sermon du pasteur avant de passer en revus le discours politique de l’orateur noir en passant par les différents styles employés.
  • 6. 1ère partie : le sermon du pasteur Le sermon du pasteur se compose de deux parties. En premier lieu on assiste à l’invocation et à l’appel à la divinité et en second lieu la manifestation de la divinité à travers les danses d’un fidèle initié. Ces danses s’expliquent par le « style de performance ». Car comme le dit Gumperz «  le style de performance ont leur origines dans les rites de possession d’Afrique Occidentale, comme ceux qu’on rencontre chez les Yorubas ou les Akans ».p 190
  • 7. Cependant dans les offices religieux afro-américains modernes on peut noter l’absence de tambours, mais l’officiant a comme support le diacre, le chœur ou bien de l’orgue .
  • 8. Ainsi pour débuter le sermon, le pasteur commence avec l’invocation de Dieu ou avec une phrase d’introduction qui prend la forme d’échange dialogué suit « une phrase de transition marqué par l’intensité croissante de rythme et par des répons de plus en plus de la part de l’assemblée et par des croissements stylistiques occasionnelles, où le contenu appartenant à l’un des protagonistes s’exprime au moyens de caractéristiques de styles (…) »p 191.
  • 9. L’enregistrement de l’auteur commence à la fin d’un récital de musique rythmé par des cris et des applaudissements par le public. Ainsi les séquences suivantes montre le ton du pasteur qui dit : Dieu est ……. / Dieu est ……. / Commentaire  : comme il y’avait du bruit dans la salle le pasteur attend le relentissement de l’assemblée pour finir sa phrase.
  • 10. Dieu est présent / Commentaire  : pour attirer une fois de plus d’attention à l’assemblée qui criait, le pasteur hausse le ton et poursuit lentement par la suite et dit : J’espère que vous n’oubliez pas l’annonce / Nous vous entendons / Loué soit le seigneur /
  • 11. Commentaire D’après ces séquences, nous comprenons que l’orateur veut présenter un sermon, mais l’échauffement de l’assistance l’oblige à relentir. Mais lorsqu’il commence son prêche proprement dit, tout rentre dans l’ordre. Ainsi le pasteur annonce: J’appelle brièvement votre attention sur le chapitre six des hébreux / Commencez à lire au verset dix sept / Aussi Dieu, voulant bien d’avantage faire voir aux héritiers de (…), l’immutabilité de son dessein , s’engagea-t-il par serment/ Je veux attirer brièvement l’attention sur le verset dix neuf / Et cette espérance, nous avons comme une ancre pour notre âme/
  • 12. Les passages que nous venons de voir « illustrent plusieurs caractères types de la prédication afro-américain » car le style employé pour véhiculer ce contenu n’est pas un simple catalyseur. Et Gumperz d’ajouter que « si tel n’était le cas pourquoi le pasteur commencerait-il en laissant en suspens à plusieurs reprises sa première phrase ‘ ’Dieu est présent’’  ? p195
  • 13. En prenant compte de la stratégie du pasteur, nous pouvons remarqués l’interaction qui existe entre ce dernier et son assistance dans la mesure où le pasteur « recours à une stratégie qui consiste à s’introduire dans la cérémonie en cours, d’abord en laissant intact le rythme, et ce faisant en prenant indirectement le contrôle »p 195
  • 14. Particularités stylistiques du sermon du pasteur Le sermon du pasteur nous montre une certaine particularité stylistique utilisé en même temps que l’alternance dialectale afin de signaler les changements de styles et marqué les différentes étapes du sermon. Nous pouvons remarqués 1°) les nombres de pauses inhabituellement élevées 2°) une variation marquée par la vitesse de la phrase et le recours à la forme contrastée versus la forme non contractée.
  • 15. En effet Gumperz distingue les trois styles à savoir : 1°) le style déclamatoire Observons les séquences suivantes : 1/ God is // /( Dieu est ….) 20/ wherein God / …. , willin, more abundantly /, to show, unto the heir of ( ), the immutability of, his consel/ confirmed it by an oath ( Aussi Dieu voulant bien d’avantage faire voire aux heritiers de (..) l’immutabilité de son dessein , s’engagea-t-il par serment ). Gumperz remarque que «  ce style se caractérise par une segmentation du message en groupe de ton bref ou en expression intentionnelle marqués chacune par une expression syntaxique » p195
  • 16. 2°) le style explicatif Ce style est caractérisé par des groupes d’intonations plus longs contenant un seul accent « primaire ». Par exemple Alors précipiter- vous ici et joignez-vous à nous dans l’église ce soir/ Et vous entendrez la bonne parole .
  • 17. 3°) le style populaire Dans ce style nous pouvons noté la présence des «  caractéristiques phonologique et lexicales aussi bien que prosodiques. Les transitions prennent la forme d’interpolation brève dans les passages, qui, par ailleurs, sont des passages de commentaires. Ce qui est semblable par bien des aspects à ce qu’on appelle ‘‘ alternance métaphorique’’ dans les situations bilingues ». p196
  • 18. Gumperz remarque ici les limites standards sur le contenu variable anglais noir et anglais standard. Pour illustrer ce point il commente les séquences suivantes : I’ hope’ that you Ici, chaque phrase est accentué et la ligne se termine par une pause rhétorique après ce qui suit : Dont forget the announcement
  • 19. Dans cette séquence de transition, la vitesse de la phrase s’accroît. Il y a un seul exemple d’accent secondaire sur ‘ ’dont’’, et un accent primaire sur ‘’ announcement ’’. Gumperz affirme a ce propos que « lorsque je parle d’alternance dialectale, dans le cas présent, je ne prétends pas que le pasteur utilise le dialecte noir typique de la région de San Francisco Bay dans les passages étudiés, je prétends simplement qu’il utilise avec effet de contraste deux façons de parler. Que ce contraste est significatif dans le contexte instauré par le sermon » p 198
  • 20. Nous pouvons remarqués que lorsque le pasteur s’intéressa directement aux thèmes de la Bible et de ‘’l’espoir en Dieu’’ tout rentre dans « l’ordre ». Ainsi, le style devient de plus en plus exclamatoire, le rythme prend de plus en plus de « relief » et l’assemblée devient attentive. Et en abordant un exemple tiré des Évangiles, le pasteur semble entrer en transe et devient « rauque ». Voici ses dernières phrases de son sermon :
  • 21. Dieu a le bras long et il nous appelle de l’autre bout de la terre et il dit venez à moi … tous ceux qui peinent venez … venez à moi… on nous a maltraité, venez à moi on nous a mis au ban de la société mais venez à moi. Je suis présent …. Je suis prêt/ je suis prêt à venir à votre sermon. Vos pêchés peuvent être épouvantables
  • 22. Commentaire : Ici le pasteur, l’assemblée et le seigneur ne font plus qu’un. Car les distinctions stylistiques qui avaient été préservés avant se sont effondrées.
  • 23. Deuxième partie  Discours politique de l’orateur Dans cette partie, nous allons voir le discours politique de l’orateur afro-américain, vraisemblablement mal compris par un public à majorité blanc. Cette incompréhension est causée par l’emploi de ‘‘  tuer Richard Nixon ’’  par l’orateur. Ce dernier na pas l’intention de provoquer une tentative d’assassinat de son président parce qu’il n’ignorait pas les lois de son pays et si tel était le cas pourquoi allait-il choisir « une plate forme public » ?
  • 24. Pour bien cerner le discours de l’orateur Gumperz mena une enquête qui consistait à interroger les résidents des  communautés noires avoisinantes  afin de savoir « comment était utilisé et compris le verbe ‘’to kill’ (tuer) » avant de leur demander de construire des phrases avec ce verbe. Gumperz commente que «  les réponses ont fait presque appel à des usages métaphoriques tels que ‘ ’he killed that bottle ’’ (il a liquidé cette bouteille), ’ ’he’s killing him around there ’’ (ça là éliminé par ici) c'est-à-dire qu’il a perdu son influence- ou ‘ ’kill it ’’ (dans le sens de arrête de faire ça) » p 201 Nous remarquons ici qu’aucune de ces phrases n’utilisent ‘’kill’ dans le sens de « retirer de force la vie de quelqu'un».
  • 25. Gumperz renouvelle son enquête et demande aux informateurs de dire comment ils exprimeraient l’intensions de retirer de force la vie de quelqu’un. Comme dans la précédente enquête «  les réponses à cette questions proposaient des expressions métaphoriques telles que ‘’ ils l’ont liquidé’’. ‘’Ils l’ont supprimés’, ils l’ont zigouillé’’ » p 201 Ces expressions appartenaient à une tradition élaborée d’euphémismes communs dans la communauté afro- américains lorsqu’ils parlent de mort ou de maladie.
  • 26. Cependant Gumperz s’interroge sur les raisons qui ont poussé cet orateur, qui, étant une « figure public » et ayant une expérience dans la « vie public », pouvait-il recourir à une stratégie qui appartenait clairement à un groupe pour tenter d’influencer « un public général ».
  • 27. Étude du discours de l’orateur Une analogie remarquable existe entre le discours politique de l’orateur et du sermon du pasteur. Car, comme le dit Gumperz :«  lorsqu’on est familiarisé avec le style oratoire de Martin Luter King, dont les discours ont été largement diffusés au cours des années 60, on reconnaît qu’il existe un rapport étroite entre l’éloquence politique noire et la prédication noire »p 201
  • 28. Ainsi l’orateur commence par une invocation avant de toucher le vif de son discours : Tout le pouvoir au peuple // le pouvoir noir au peuple noir// le pouvoir brun au pouvoir brun// et pouvoir jaune à Ho Chi Minh / et au camarade Kim II Sung / le courageux, le leader des 40 millions de Coréens
  • 29. Commentaire : Dans la séquence ci- dessus, nous pouvons dire que l’orateur invite l’assemblée à participer avec lui à son combat qu’il mène contre l’‘’injustice’’.
  • 30. Il poursuit plus loin : Alors nous voudrions demander au peuple américains ‘’est ce qu’il veut la paix au Vietnam ?’’ Est-ce que vous voulez la paix ? (Le public répond ‘’oui’’) Eh bien vous pouvez être sûrs que vous ne l’aurez pas / en….jouant de la guitare/…….vous pouvez être sûrs que vous ne l’aurez pas /………en manifestant La seule façon d’oppression / des communautés noire, ici même à Babylone/ Nous disons / finie la société fasciste américaines/ assez de Richard Millhouse Nixon ce fils de putain/
  • 31. Commentaire : A la fin de cette séquence le public pousse des cris ironiques. Car dire le président qu’il est ‘ ’fils de putain ’’ est sévère et mal vu par l’assemblée
  • 32. Et les protestations augmentent lorsqu’il annonce les dernières phrases de son allocution : Assez de tous ces porcs au pouvoir / assez de tous ces gens ici / qui refusent d’entendre mes impressions/ Parce que c’est tout ce que je sais faire/ c’est tout ce que je vais faire/ je ne cesserai de les maudire : non seulement nous allons les maudire/ ……..nous allons mettre en pratique une partie de cette merde dont nous parlons/
  • 33. Parce que Richard Nikon / est un homme mauvais/ Ce fils de putain/……… qui a envoyé ses chiens vicieux et meurtriers/…..parmi la communauté noire /………..et qui a envahi/ les programmes de petit déjeuner du parti des Black Panthers / et à détruit la nourriture / ………que nous destinons aux gosses affamés/ et croit que nous / allons accepter cette merde sans broncher Merde à ce fils de putain / il faut tuer Richard Nixon….
  • 34. Cette dernière phrase a soulevé des protestations du public, en majorité blanc. Elle a fait la une de la presse et fut largement critiquée. Quelque temps après, ce dirigeant ( l’orateur) est inculpé pour « avoir menacé la vie du président des États-unis ». Mais sa défense soutenait qu’il « avait recouru à une forme d’hyperbole du dialecte noir… » Et que cette inculpation n’était que le fruit d’un malentendu.
  • 35. Particularité rhétorique du discours politique de l’orateur Contrairement au public qui assistait le sermon du pasteur, le public présent lors de l’allocation de l’orateur « n’assume pas les réponses aux mesures rythmiques et le fait que l’orateur réclame cette réponse suppose qu’il compte sur la participation directe de l’assistance pour faire passer son message » p 203
  • 36. Au niveau de la phonologie Gumperz remarque la limite standard du continuum de variations de l’orateur. Car dans la phrase suivante ‘’ nous ne combattrons et nous ne tuerons pas d’autres gens de couleurs ‘’ l’orateur utilise ‘ ’tuer’’ dans son sens en anglais standard, c’est-à-dire ‘‘ retirer de force la vie de quelqu’un’’ .
  • 37. En effet Gumperz montre que le style populaire décrites plus haut, contiennent des expressions idiomatiques typiquement noires telles que ‘‘ ripen down’’ the road’’, look like’’ (it looks like), ou ‘’ he bout’’ ( he is about).
  • 38. Conclusion Au terme de ce présent compte rendu, il serait important de penser aux variations sociales registre de langue dans la mesure où la langue parlée se caractérise par une interaction directe du locuteur et de l’interlocuteur. Elle prend appui sur un contexte immédiatement perceptible et partagé ; elle mise sur des aspects non linguistiques comme la physionomie et la gestuelle et se laisse influencer plus facilement par des modes passagères.
  • 39. Gumperz affirme à ce propos que «  la façon dont nous parlons, en même temps que ce que nous disons, détermine notre efficacité dans nos rapports avec les instances publiques, judiciaires et autres qui affectent de plus en plus la qualité de notre vie quotidienne ».  En effet, dans des situations que nous venons de voir, les stratégies d’alternances deviennent un moyen important de signaler indirectement comment il faut interpréter le message.
  • 40. Bibliographie John. Gumperz, 1989, Sociolinguistique interactionnelle: une approche interprétative Édition , l’Harmattan, Paris
  • 41. Merci de votre attention