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Cahiers de géographie du Québec

L’équipement emblématique, un levier de la régénération


urbaine ?
Cas du centre des arts d’Alger Riad El Feth
Emblematic facilities as instruments for urban renewal?
The case of the Riad El Feth Arts Centre in Algiers
¿El equipo emblemático, una palanca de la regeneración
urbana?
El caso del Centro de artes de Argel Riad El Feth
Ouafida Bouallag-Azoui and Ewa Berezowska-Azzag

L’Afrique : environnement, développement, sociétés (suite) Article abstract


Volume 60, Number 169, April 2016 One of the priorities of Algiers’ Strategic Development Plan (PSDA) is to affirm
the identity of the Algerian capital as a world-class city through the
URI: https://id.erudit.org/iderudit/1038665ar implementation of emblematic facilities. Such features are seen as having the
DOI: https://doi.org/10.7202/1038665ar potential to become catalysts of the changes needed to revitalize urban
communities, and thus help them to adapt to the new demands and challenges
of their development. In reality, this method of project-based town planning
See table of contents
does not always produce the expected changes. The Riad El Feth Arts Centre, in
Algiers, is one such example. How can we assess the factors optimizing or
weakening the process, as we try to combine urban development objectives
Publisher(s) with local development objectives? In this article, we propose the construction
of an operational tool, which can be used to monitor and evaluate the leverage
Département de géographie de l’Université Laval
effect of emblematic facilities on urban renewal strategies, in order to identify
opportunities, but also inadequacies prior to decision making regarding
ISSN location.
0007-9766 (print)
1708-8968 (digital)

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Bouallag-Azoui, O. & Berezowska-Azzag, E. (2016). L’équipement
emblématique, un levier de la régénération urbaine ? Cas du centre des arts
d’Alger Riad El Feth. Cahiers de géographie du Québec, 60 (169), 57–81.
https://doi.org/10.7202/1038665ar

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L’équipement emblématique, un levier de la
régénération urbaine ?
Cas du centre des arts d’Alger Riad El Feth
Emblematic facilities as instruments for
Ouafida BOUALLAG-AZOUI et Ewa BEREZOWSKA-AZZAG
urban renewal? The case of the Riad El Feth École Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme
Arts Centre in Algiers d’Alger EPAU
Laboratoire Ville, Urbanisme et Développement durable
¿El equipo emblemático, una palanca de la [email protected]
regeneración urbana? El caso del Centro de [email protected]
artes de Argel Riad El Feth

Résumé
La réalisation d’équipements emblématiques (EE) pour affirmer l’identité métropolitaine de la
capitale algérienne est l’une des priorités du Plan stratégique de développement d’Alger. Ces
équipements sont imaginés comme des catalyseurs des mutations nécessaires à la régénération
des localités pour s’adapter aux nouveaux besoins du développement métropolitain. Dans la
réalité, cet urbanisme de projet n’apporte pas toujours les changements escomptés ; le centre
des arts d’Alger Riad El Feth en est un exemple. Comment déterminer alors les facteurs de
succès ou d’échec d’une telle édification dans le contexte local, en conjuguant les objectifs
de métropolisation avec ceux de développement local ? Dans cet article, nous proposons la
démarche de construction d’un outil qui permet de vérifier et d’évaluer l’effet de levier des
EE sur les stratégies de régénération urbaine (RU) dans la perspective d’optimiser leurs effets
positifs après leur réalisation ou, le cas échéant, de remédier aux insuffisances avant la prise
de décision de localisation.

Mots-clés
Régénération urbaine, équipement emblématique, levier, Plan stratégique de développement
d’Alger (PSDA).

Abstract
One of the priorities of Algiers’ Strategic Development Plan (PSDA) is to affirm the identity of
the Algerian capital as a world-class city through the implementation of emblematic facilities.
Such features are seen as having the potential to become catalysts of the changes needed to
revitalize urban communities, and thus help them to adapt to the new demands and challenges
of their development. In reality, this method of project-based town planning does not always
produce the expected changes. The Riad El Feth Arts Centre, in Algiers, is one such example.
How can we assess the factors optimizing or weakening the process, as we try to combine
urban development objectives with local development objectives? In this article, we propose
the construction of an operational tool, which can be used to monitor and evaluate the leverage
effect of emblematic facilities on urban renewal strategies, in order to identify opportunities,
but also inadequacies prior to decision making regarding location.

Keywords
Urban renewal, emblematic facilities, instruments of urban attractiveness, Algiers’ Strategic
Development Plan (PSDA).

Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016 Pages 57-81
Version originale soumise en novembre 2015. Version révisée reçue en juin 2016 .
Resumen
Construir equipos emblemáticos (EE) que afirmen la identidad metropolitana de la capital
argelina constituye una de las prioridades del Plan Estratégico de Desarrollo de Argel. Se
los piensa catalizadores de cambios necesarios para regenerar localidades adaptadas a las
nuevas necesidades del desarrollo metropolitano. En realidad, este proyecto urbanístico no
genera los cambios esperados, el centro de artes de Argel Riad El Feth es un ejemplo. ¿Cómo
identificar entonces los factores de éxito o de fracaso de tal realización en un contexto local,
conjugando objetivos de metropolización y desarrollo local? En este artículo proponemos un
proceso de construcción de un útil que permita verificar y evaluar el efecto de palanca de los
(EE) sobre las estrategias de regeneración urbana (RU), con la perspectiva de optimizar los
efectos positivos luego de su realización o de remediar las insuficiencias antes de la toma de
decisión de localización, según el caso.

Palabras claves
Regeneración urbana, equipo emblemático, palanca, Plan Estratégico de Desarrollo de Argel
(PSDA).

Introduction
La superposition des lignes directrices et objectifs des différents instruments et outils
multiscalaires d’aménagement et de développement 1 de la capitale algérienne met en
avant une volonté d’induire et de consolider le processus de métropolisation d’Alger
en vue de la positionner dans l’un des réseaux de l’économie mondiale, celui de la
région méditerranéenne. Dans le sillage de ce processus, des projets de régénération
urbaine et de réalisation d’équipements emblématiques sont programmés selon
différentes temporalités : « La diffusion d’une nouvelle approche de l’espace public et
la structuration de la maille urbaine, grâce à la concrétisation d’une série de projets
emblématiques, de réhabilitation et de régénération urbaine, vont affirmer Alger […]
comme capitale agglomératrice, à la pointe du développement du pays, projetant
simultanément vers l’extérieur l’image d’une ville, d’une région et d’un pays ouvert
au monde et aux autres » (DUAC, 2011 : 17).

De nombreux équipements emblématiques (EE) prennent ainsi forme dans le paysage


algérois : la Grande mosquée El Djazair, le complexe omnisport de Baraki, l’opéra d’Alger,
l’aquarium d’Alger, etc. Ils doivent participer à la restructuration de l’image identitaire
de la ville et contribuer à la multiplication de ses repères (Zoukh, 2014). Au-delà des
objectifs d’attractivité et de compétitivité urbaine assignés au niveau métropolitain par
l’introduction de nouvelles fonctions relevant du tertiaire supérieur, interprétées comme
un signe de l’internationalisation des grandes villes (Sassen, 1991 ; Halbert, 2009),
ils doivent également s’intégrer au projet de développement des localités (Guinand,
2015). Les localités algéroises et leurs populations doivent profiter des bienfaits de cette
programmation pour engager et appuyer leur plan de développement ou de régénération
urbaine (RU). Les EE, souvent situés sur les nœuds d’échanges majeurs, offrent

1 Le Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT 2030), qui confirme le positionnement


d’Alger au sommet de la hiérarchie urbaine algérienne et son rôle moteur dans le développement
national (Loi no 10-02) (JORADP, 2010) ; le Schéma directeur d’aménagement de l’aire métropolitaine
(SDDAM 2030) ; le Plan directeur d’aménagement et d’urbanisme d’Alger (PDAU 2031) et le Plan
stratégique de développement d’Alger (PSDA 2031), dit Master Plan.

58 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


l’avantage de polariser différents flux. Ils agissent généralement comme des catalyseurs
pour l’installation de nouvelles populations et de nouvelles activités nécessaires pour
la valorisation des potentialités locales et le développement endogène des communes,
dans une approche plurielle et intégrée (Harvey, 2008).

Il est vrai que, au moment où les ressources publiques ont tendance à être réduites,
l’édification des EE est considérée par de nombreux chercheurs (Boino, 2005 ;
Rollet et Torre, 2008 ; Ethier, 2013) comme un mécanisme efficace pour conduire
une démarche de redynamisation urbaine d’un territoire en déclin. Par opposition,
d’autres chercheurs voient en ces réalisations une mondialisation de la production
architecturale qui tend à nier l’identité locale et à aplanir les différences (Sudjic, 2003 ;
Bertoncello et Dubois, 2010). Toutefois, dans un monde où la médiatisation et la
communication sont des parties prenantes du processus d’évolution socioéconomique,
l’impact de ces édifications sur le façonnage de l’image et la visibilité de la ville
est un fait avéré (Mercier, 2010). Il intègre un processus de création de valeurs
économiques par interférence avec des valeurs socioculturelles, que Zukin qualifie
d’« économie symbolique » (Zukin, 1998). Au-delà des exemples des monuments et
bâtiments historiques (Choay, 1992 ; Boyer, 1994), le musée Guggenheim à Bilbao,
la bibliothèque d’Alexandrie, le stade de France à Paris, la grande mosquée Hassan
II à Casablanca, le Bordj El Khalifa à Dubaï ou la grande bibliothèque du Québec à
Montréal ont contribué à transformer leur territoire d’accueil, mais également l’image
de leur ville et son attractivité.

Cependant, si la réalisation des EE (figure 1) semble être choisie dans l’aménagement


des espaces urbains comme un catalyseur du changement et de modernisation de
la capitale algérienne (Addou, 2012), aucune étude n’a été menée pour vérifier la
réelle capacité de ces édifices à soutenir les mutations escomptées. L’importance des
ressources (financières, humaines et naturelles) mobilisées pour l’édification de tels
projets et l’absence de réponses à nos interrogations nous interpellent. L’attractivité
de l’EE est-elle capable de contribuer systématiquement au processus de régénération
urbaine ? Comment expliquer son effet de levier dans ce cadre ? Est-il possible de vérifier
et d’apprécier ce ou ces effets ?

Dans cet article, nous proposons une démarche pour la construction d’un outil
permettant de vérifier et d’estimer l’effet de levier induit par l’attractivité de l’EE sur le
projet de RU, que nous appelons E2LRU. Cet outil a été élaboré dans l’objectif d’offrir
aux acteurs concernés par l’aménagement urbain d’Alger la possibilité d’agir afin
d’optimiser le rôle de levier assigné à l’EE. La finalité est d’amplifier le phénomène de
« contamination positive » des effets de l’EE sur la RU (Boelsums, 2012), une manière de
renforcer les chances de réussite de l’articulation des objectifs des différentes échelles
urbaines à l’égard des projets emblématiques (Djament-Tran et Guinand, 2014).

Le centre des arts Riad El Feth (figure 1), localisé sur les hauteurs d’Alger et inauguré
en1986 par le président algérien, Chadli Bendjedid, est l’un des premiers EE réalisés
après  – l’indépendance dans une logique d’opération de prestige en faveur du
gouvernement en place (Driss, 2002). Il se situe dans la commune El-Madania,
qui s’associe à trois autres communes pour former l’hypercentre algérois, mais qui
se distingue par une dynamique de développement beaucoup moins importante
(Berezowska-Azzag, 2015) alors qu’elle est directement liée, sur la crête, aux
équipements de prestige de l’État, tels que la Présidence de la République, le ministère

L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ? 59


des Affaires étrangères ou le Palais de la culture. Le Plan directeur d’aménagement et
d’urbanisme (PDAU) préconise la régénération de cette commune, essentiellement
résidentielle, en zone centrale multifonctionnelle en faveur d’un développement
endogène de la localité (DUAC, 2011). Nous supposons que l’application de l’outil E2LRU
au cas de Riad El Feth nous permettrait de déterminer les facteurs qui contribueraient
à confirmer sa capacité de jouer le rôle de levier dans la redynamisation économique,
sociale, spatiale et environnementale de la commune d’El Madania. La finalité de cette
évaluation est de renforcer le lien entre l’icône urbaine et sa localité d’accueil, lequel
doit se réaliser dans un processus constructif durable et équitable répondant aussi bien
aux enjeux de développement économique moderne qu’à l’éradication des inégalités
sociales et à la préservation des ressources (Kennedy, 2015).
Figure 1 Esplanade de Riad El Feth au pied
du mémorial Maqâm El Chahid

Photo : Bouallag-Azoui et Berezowska-Azzag, 2016

Équipements emblématiques, nouvelles icônes urbaines


Les EE trouvent leur origine dans la réussite économique du Festival Market de
Baltimore, un centre commercial ouvert en 1980, localisé sur le quai du port alors
en friche. Ce centre regroupait des activités commerciales et ludiques. On estime
qu’il attirait plus de 20 millions de visiteurs chaque année (Carriere, 2002). De son
côté, Bruno Lusso confirme que c’est à partir des années 1980 que les villes anglo-
saxonnes ont investi massivement dans la construction d’équipements structurants,
majoritairement à caractère culturel, comme le montrent les exemples des villes
anglaises des Midlands (Wilkinson, 1992 ; Landry, Greene, Matarasso et Bianchini,
1996 ; Landry, 2000 dans Lusso, 2014). Toutefois, c’est avec le succès du musée

60 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


Guggenheim, implanté en 1997 dans la cité sidérurgique de Bilbao (Espagne), que la
construction des EE a pris toute son ampleur. « Le jour où le roi Juan Carlos d’Espagne
inaugure le Musée Guggenheim à Bilbao, l’architecture à l’échelle globale bascule dans
le paradigme de “l’architecture iconique” qui verra le rapport aux monuments changer
brusquement et pour toute la décennie à venir » (Glancey, 2008, dans Ethier, 2013 : 7).

Positionnant l’image au centre des stratégies de développement métropolitain,


l’aménagement urbain contemporain s’appuie sur la réalisation de projets phares comme
des représentations symboliques de ses performances, pour promouvoir son attractivité
et s’inscrire dans le système international de compétitivité économique (Boino, 2005 ;
Cusin et Damon, 2010). L’attrait des EE doit se traduire, dans le territoire d’accueil, par
une amélioration de la qualité du milieu et du niveau de vie des habitants, faisant leur
fierté et renforçant leur sentiment d’appartenance à leur localité (Guinand, 2015). Ainsi,
les manifestations internationales exceptionnelles, telles que les Jeux olympiques, la
Coupe du monde, les expositions internationales, etc., offrent la possibilité de réutiliser
des friches ou de renouveler certaines entités urbaines centrales ou périphériques, et
constituent autant d’occasions pour l’implantation d’un EE.

L’EE désigne ainsi une production architecturale symbolique, structurante, exceptionnelle


par son architecture, sa fonction ou encore son histoire, comme une tentative de création
ou de confirmation d’une centralité urbaine (Chasseriau, 2004 ; Lusso, 2014). Le terme
emblématique est significatif du rôle urbain, mais également socioculturel attribué à ces
équipements. Il rappelle le lien fort entre une volonté d’affirmer un pouvoir (politique,
religieux, économique) et celle d’une distinction identitaire ou d’une représentativité. En
effet, c’est par sa symbolique, sa rareté fonctionnelle ou sa morphologie exceptionnelle
que le projet emblématique acquiert toute son importance vis-à-vis de sa ville, et parfois
même au-delà. Son image, censée exprimer l’excellence, est souvent accompagnée d’un
slogan ou d’un discours médiatique qui illustre, traduit et explicite le sens à donner à
cette image (Biau, 2011 : 153).

Des stars architectes développant des discours individualistes (Zaha Hadid, Rem
Koolhaas, Daniel Libeskind et autres) sont les producteurs de cette architecture
d’exception qui, malgré la divergence d’opinions des experts sur le sujet (Arseneault,
2012), tend à devenir la référence indiquant ce qui est beau et exceptionnel dans les
paysages métropolitains de ce siècle. Di Méo perçoit ces icones comme des tentatives
de création d’une mythologie territoriale (1996, dans Djament-Tran et Guinand, 2014).
Il s’agit d’offrir des réalisations d’exception, qui soient aptes à rivaliser avec celles des
grandes métropoles, mais également capables de transformer les perceptions qu’ont
les populations de leur territoire (Smyth, 1994), parfois au détriment de l’harmonie
et de l’équilibre de l’ensemble de la composition urbaine. A contrario, dans un article
publié dans The Observer, en 2003, Deyan Sudjic dénonçait la quête de l’architecture
« signée » et rappelait que c’est la mémoire collective et l’histoire urbaine qui font des
bâtiments publics des réalisations exceptionnelles, et non pas seulement leur apparence.

Équipement emblématique, une option pour la régénération des territoires urbains


Il est utile de rappeler que le concept de RU recouvre une pluralité de termes en
fonction des approches adoptées : urban renewal au sens anglais (Gravari-Barbas, 1991 ;
Rogers et Power, 2000 ; Ambrosino et al., 2003 ; Chasseriau, 2004), renouvellement
ou rénovation urbaine au sens français (Roussel, 1999 ; Chaline et Coccossis, 2004 ;

L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ? 61


Le Garrec, 2006 ; Chaline, 2010 ; Blanc, 2015) et requalification ou revitalisation urbaine
au sens italien (Ingallina, 2001 ; Novarino et Pucci, 2004). Pour notre part, nous
retenons que la notion de RU s’intègre à l’ensemble des interventions qui visent une
rurbanisation, considérée comme l’une des meilleures solutions envisageables pour
la durabilité du développement des métropoles face à l’étalement de leurs espaces
urbains (Rollet et Torre, 2008). Il ne s’agit pas d’une simple mise à niveau des friches ou
des quartiers dégradés, mais d’une stratégie holistique, globale, multidimensionnelle,
solidaire, identitaire et écologique. Cette stratégie vise le moyen et le long terme et
la remise en fonction d’une entité urbaine en difficulté (Donaldson et Du Plessis,
2013) pour lui permettre de répondre équitablement et durablement aux nouveaux
besoins des populations et d’offrir les conditions nécessaires à un développement
endogène et durable des localités, contribuant ainsi à l’essor de l’ensemble de la cité
(Berezowska-Azzag, 2008 ; Bailoni, 2014).

Dans une approche globale, la mise en œuvre des politiques de RU s’appuie sur
différents programmes et projets sectoriels (transport, réhabilitation du cadre bâti,
équipement, infrastructures, formation, etc.) pour stimuler les différentes dimensions
de l’écosystème urbain et enclencher le processus d’évolution escompté des territoires.
Par leur capacité à modeler le paysage urbain, à améliorer l’image et à confirmer
l’identité des territoires, ainsi qu’à attirer de nouvelles populations et de nouveaux
investissements (tableau 1), les EE peuvent devenir, dans ce cadre, de véritables
sources de rayonnement et d’attractivité (Carrière, 2002).

Tableau 1 Exemple des effets produits par les EE, selon Boelsums

Redonner une image attractive au territoire


Attirer des touristes, créer des emplois et favoriser l’investissement
Équipements Dynamiser la croissance et la santé économique du territoire en encourageant
emblématiques l’investissement privé
Redonner de la fierté aux habitants à l’égard de leur territoire
Favoriser la mixité d’activités et des populations
Source : Boelsums, 2012 : 50

L’attractivité de l’équipement emblématique (AEE) est ici appréhendée comme


l’attraction exercée par l’équipement grâce à une offre exceptionnelle de biens et
services, désignant les performances d’un établissement, sa rareté, son originalité et
la qualité de son image (Healey et Davoudi, 1992). Dans un premier temps, elle doit
permettre de capter différents flux susceptibles de créer de la richesse (transport,
commerces, services, production, loisirs, nouvelle population, touristes) et, dans un
second temps, de les fixer. De par le caractère systémique des agglomérations urbaines,
par l’effet de contamination positive, ces flux vont participer à la dynamisation
sociale et économique, soutenue par une amélioration spatiale et environnementale.
L’équipement devient ainsi un levier de la RU (Boino, 2005 ; Doucet, 2009).

Réciproquement, l’AEE (touristique, économique, résidentiel, culturel) est influencée


de manière directe ou indirecte par le niveau des performances urbaines du contexte de
leur intégration (figure 2). Si l’œuvre de Frank Gehry à Bilbao est une véritable icône
faisant la fierté des résidants du quartier Abandoibara par sa forme architecturale,
la consolidation de son rayonnement a quand même nécessité bien d’autres actions,
entre autres l’amélioration de l’offre d’accueil des touristes (Masboungi, 2008).

62 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


Figure 2 Relation interactive réciproque entre l'équipement emblématique et son milieu urbain

Nouvelle icône urbaine

Action sur l'image


identitaire (en bien ou en
mal)
Attractivité de l'EE Création d'emplois
Croissance viable affecte
Localisation de
L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ?

Gouvernance intelligente
nouveaux services et
commerces

Attraction de nouveaux
flux de populations
Le développement
Projet de régénération Équipement
du système urbain Amélioration du cadre
urbaine emblématique
local bâti environnant

Dévalorisation du cachet
local

Qualification du cadre Création de nouvelles


physique navettes de desserte
urbaine
Croissance substantielle Influence
l'attractivité Congestion et nuissaces
(pollution, bruit ...)

Gentrification

..............
63

Conception : Bouallag-Azoui et Berezowska-Azzag, 2016


Relation rétroactive, constructive ou destructive, entre l’EE et le RU
L’économiste Leïla Kebir (2006) explique que l’objet, quelle que soit sa nature
(pétrole, forêt, savoir-faire, objet d’art, friche industrielle ou autre) devient ressource
lorsqu’il est mis en relation avec le système de production, industriel, extractif,
touristique, etc. La ressource est ainsi définie comme un objet mobilisable dans le
cadre d’un système de production : « La relation objet-système de production s’établit
dès qu’une intention de production est projetée sur un objet (connaissance, savoir-
faire, minerai, bâtiment, etc.). D’une entité propre (un château est un château),
l’objet devient une ressource, c’est-à-dire un intrant mobilisable dans le cadre, par
exemple, du système de production touristique […] » (Kebir, 2006 : 703). L’auteur
suggère quatre formes de dynamique (figure 3) liant l’objet et le système : croissance,
érosion, pénurie et mise en valeur.

Cette approche des ressources potentielles de développement nous semble adaptée


pour notre sujet de recherche. Elle permet de visualiser la nature de la dynamique
urbaine 2 qui peut s’engager entre l’EE et son environnement urbain, assimilés
respectivement à l’objet (la ressource) et au système de production. Nous distinguons
deux types de processus de développement dynamique (EE, RU) :

−− Le processus constructif, qui regroupe :


la dynamique de croissance (D1), laquelle se développe lorsque l’objet EE est
implanté dans une localité sans grandes difficultés ;
la dynamique de mise en valeur (D4), correspondant à la situation optimale de
l’EE, lorsque l’essor de son attractivité entraîne la dynamique de développement
local. Avec le temps, cette situation contribue à la stabilité et la durabilité
de l’équipement qui se retrouve engagé avec le système dans un processus
mutuellement constructif.
−− Les processus destructifs mais réversibles, qui regroupent :
la dynamique d’érosion ou d’épuisement (D2) : celle-ci se construit lorsque
pour stimuler son développement, le système urbain exploite l’EE sans lui
permettre de se renouveler ou de s’accroître. Dans ce cas, le système entraîne
négativement l’objet dans une dynamique de régression qui peut faciliter
l’épuisement de l’équipement, ce qui freine inévitablement l’essor de la
localité. L’utilisation abusive de sites patrimoniaux par un tourisme de masse
correspond à ce cas de figure ;

la dynamique de pénurie (D3) : par opposition à la dynamique de mise en


valeur, l’EE peut entraîner négativement son système urbain lorsqu’il connaît
une insertion dans le système métropolitain global (touristique, économique,
etc.) (Djament-Tran et Guinand, 2014), mais sans effets d’entraînement majeurs
sur le territoire environnant. C’est notamment le cas des EE abritant des
fonctions incompatibles avec les spécificités locales, comme la construction
d’un complexe sportif dans un centre historique.

2 La production de la dynamique urbaine est perçue comme l’ensemble des actions œuvrant à la
production des dynamiques écosystémiques : sociale, économique et environnementale.

64 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


Figure 3 Différentes formes de relation entre ressource et système de production

D1/ Une dynamique de croissance


renouvelable :
le système entraîne positivement
l’objet

D2/ Une dynamique d’érosion :


le système exploite l’objet jusqu’à
son érosion
Objet Système de
(ressource): production:
EE D3/ Une dynamique de pénurie : contexte urbain
l’objet vient à manquer au point de
limiter ou de stopper la production

D4/ Une dynamique de mise en


valeur :
l’évolution de l’objet entraîne
positivement le système.

Source : Kebir, 2006

Outil pour établir le lien entre l’EE et la RU locale


Pour faciliter la lecture des effets d’influence réciproque entre l’EE et la RU à l’échelle
locale, la construction d’un outil spécifique s’avère nécessaire, étant donné que les
différentes méthodes d’évaluation de la qualité urbaine (certifications, labels, check-
lists) agissent soit sur l’objet (équipement scolaire, commercial, productif, sanitaire,
culturel, touristique), soit sur le système (quartier, ville, périmètre spécifique), sans
tenir compte d’une dynamique d’interactivité objet-système.

L’outil que nous nous proposons de construire est un instrument d’aide à l’action, au
service des acteurs chargés de la gestion territoriale et de l’aménagement urbain, qui
permet d’agir en faveur d’une contamination positive entre l’objet (l’EE) et le système
(la RU) pour la construction d’une dynamique de mise en valeur (Kebir, 2006).

Méthodologie
Pour la construction de l’outil, une approche systémique holistique est privilégiée.
Elle permet de cerner la complexité de la notion de RU et de distinguer les effets
directs et indirects que pourrait engendrer l’EE. Étant ainsi objectivement holistique
et transversal, l’outil paraît être un modèle transposable. Cependant, les objectifs de
RU diffèrent d’une situation à l’autre, en fonction des enjeux prioritaires déterminés
dans le contexte local. C’est pourquoi notre outil propose une approche générale
dotée d’indicateurs globaux, dont l’évaluation intègre la priorisation des cibles en
conformité avec la stratégie de régénération adoptée.

La construction de l’outil se décline en trois principales étapes, décrites succinctement


comme suit.

L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ? 65


−− Conceptualisation des objectifs fondamentaux de la RU : dans son analyse
du projet de renouvellement urbain barcelonais, Béatrice Sokoloff définit
quatre concepts représentatifs de la complexité des mutations que connaît
le système urbain et qui présentent l’avantage de traduire une vision globale
et durable de l’évolution des territoires (Sokoloff, 2002). En nous basant sur
cette réflexion et à la suite d’investigations théoriques personnelles, nous
avons retenu cinq concepts illustrant les objectifs fondamentaux de la RU
(figure 4). L’établissement des objectifs stratégiques de la RU : l’utilisation
d’une méthode analytique intégrée, basée sur la détermination des objectifs,
des actions entreprises et des résultats obtenus de plusieurs projets de
régénération urbaine avec un bon retour d’expérience, nous a permis
de déterminer trois cibles pour chaque concept de la RU. Ainsi établie, la
liste des 15 cibles a été confrontée aux objectifs du développement durable
(exemple de la liste des Integrated Sustainable Development Indicators
System [ISDIS] et des agendas 21) pour être vérifiée et complétée (Charlot-
Valdieu, Outrequin et Robins, 2004). Les cibles concernent, entre autres, le
développement des proximités urbaines ainsi que l’intégration du patrimoine
culturel et du patrimoine naturel aux stratégies du développement local, etc.
−− L’élaboration d’une autre liste représentative des effets (EF) ex-post (après
la réalisation) induits par l’EE ou ex-ante souhaités (lors de l’élaboration du
projet de régénération urbaine [PRU]). Considérant que l’impact dépend de
la variation du contexte urbain et de ses différentes composantes, ce qui rend
son évaluation difficile (Michel, 2001), nous optons pour l’appréciation des
EF induits par l’attractivité de l’équipement.
Les EF, directs et indirects, traduisent les conséquences immédiates ou ultérieures
du projet sur l’ensemble de l’écosystème de la localité. Ils peuvent être de nature
structurelle (amélioration de la composition urbaine, création d’un repère, diminution
des espaces verts, dévalorisation du patrimoine par une architecture trop imposante,
création de nouveaux espaces de sociabilité, modification du régime hydraulique,
atteintes au paysage, nuisances au cadre de vie des riverains, etc.), ou fonctionnelle
liée à l’exploitation et à l’entretien de l’équipement (création d’emplois, amélioration
de la fiscalité locale, localisation de nouveaux services, amélioration de la mobilité,
nouvelles pollutions, production de déchets, congestion des transports, risques
technologiques, etc.) (Graugnard et Heeren, 1999).
L’application de la méthode Strenghts, Weaknesses, Opportunities and Threats
(SWOT) 3 à un échantillonnage d’EE érigés dans différentes métropoles et villes du
monde, choisis selon des critères préétablis, 4 s’est soldée par la perception des EF
directs ou indirects, positifs et négatifs induits par l’attractivité de ce type d’édifice
sur son environnement urbain immédiat. Une synthèse des résultats nous a permis
d’élaborer une liste de 18 effets représentatifs de ceux constatés et qui se rapportent
aux différentes dimensions urbaines : sociale, économique, environnementale (bâti
et naturel) et visibilité identitaire. Chaque effet a été associé à un nombre restreint
d’indicateurs informatifs qui permettent d’en apprécier l’importance.

3 La SWOT est une méthode anglo-saxonne d’analyse stratégique combinatoire qui permet de dégager
les caractéristiques du sujet analysé et d’envisager les possibilités de son développement.
4 Attractivité, forte médiatisation, similitude du contexte urbain, diversité, disponibilité des données.

66 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


Figure 4 Démarche de construction de l'outil E2LRU

Projet de
Équipement
régénération
emblématique
urbaine

5 dimensions 5 concepts
urbaines fondamentaux

Évaluation 18 effets de l'AEE 15 cibles PRU Logique urbaine


globale
vs interventions
47 indicateurs Modernisation et mise
Construction de la à niveau des localités
vs rentabilité
matrice structurelle économique
Évaluation des (EE, RU)
indicateurs
Approche innovatrice
vs préservation
du patrimoine
Pondération des
indicateurs Pn Intervention urbaine
Indice
vs régénération
d'influence In environnementale
Évaluation de l'effet EFn= Logique d'acteurs
Agrégation des indicateurs Estimation de l'effet vs médiation
pondérés de levier VEFn institutionnelle

Conception : Bouallag-Azoui et Berezowska-Azzag, 2016

−− In fine, l’outil proposé repose sur la construction d’une matrice structurelle


qui permet de confronter les EF de l’EE aux cibles de la RU en vue d’estimer
la contribution ou l’entrave de l’EE à la réussite de la stratégie de régénération
urbaine.

Méthode d’évaluation de l’effet de levier


L’évaluation repose principalement sur deux étapes (figure 4) :

−− La confrontation des 18 effets EF de l’EE aux 15 cibles du PRU permet


d’établir un système de relations (positives ou négatives) qui est traduit en
un indice d’influence (In) attribué à chaque effet (EFn). Cet indice illustre
l’importance que prend EFn par rapport à l’ensemble des effets produits,
dans la dynamique établie entre l’EE et la RU.
In = (NRn / NRmax + NRn / NRmin) / 2
NRn : nombre de relations qu’établit l’effet n avec les cibles RU,
considéré en valeur absolue
NRmax : nombre maximal de relations enregistré entre un effet de l’EE
et les cibles RU, considéré en valeur absolue
NRmin : nombre minimal de relations enregistré entre un effet de l’EE
et les cibles RU, considéré en valeur absolue. NRmin ≠ 0
−− Les 18 effets EF sont estimés à travers leurs indicateurs (46) dont la valeur
qualitative ou quantitative est traduite sur une échelle arithmétique selon
un barème de notation quantitatif. Préalablement, est employé un système
de pondération par la répartition des scores sur cent, établi par des experts.
Il s’agit d’une pondération des indicateurs selon leur importance et leur
pertinence dans l’estimation de l’effet.

L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ? 67


La valeur de EFn est estimée à partir de l’agrégation des scores des indicateurs auxquels
nous appliquons l’indice d’influence In. La valeur ainsi obtenue nous renseigne sur
l’importance de l’effet de levier sur la réalisation des cibles du RU.

EFn = ∑ (Indn*Pn)
EFn : valeur arithmétique de l’effet N
Idn : valeur arithmétique de l’indicateur n
Pn : pondération de l’indicateur n
VEFn = EFn*In
VEFn : valeur estimée de l’effet de levier dans la réalisation des
15 cibles de la RU

Mise à l’épreuve de l’outil E2LRU sur le cas du Riad El Feth à Alger

Présentation du centre des arts et de sa commune El Madania


Un double objectif fut à l’origine de la réalisation du Riad El Feth (1986). À l’échelle
macro, cet équipement fut imaginé comme la vitrine de l’Algérie moderne ; il était
intégré à une série de repères urbains ponctuant l’une des plus hautes lignes de
crête du territoire algérois qui forme un magnifique balcon panoramique sur la baie
d’Alger. C’est cette situation exceptionnelle – au pied du Monument des martyrs de la
révolution (figure 1) – associée à la fonction de centre des arts, qui faisait de Riad El
Feth un EE. Pour la première fois sur le territoire algérien, les loisirs à l’occidentale,
l’artisanat touristique et le commerce de luxe étaient regroupés au sein d’une même
enceinte moderne, affirmant la volonté d’ouverture et de modernisation d’Alger et
la confirmant dans son rôle de capitale nationale (Deluz, 2001). À l’échelle micro et
dans l’objectif de consolider le rôle d’icône nationale assigné au mémorial Maqâm El
Chahid, le centre implanté sur un site initialement occupé par de l’habitat précaire
(un bidonville) était destiné à transformer l’image de la localité (Idem).

Dans l’esprit des demeures de la Casbah d’Alger, Riad El Feth s’organise autour
d’un patio qui s’étend sur trois niveaux. Il regroupe une salle de conférences d’une
capacité de 90 places, un cinéma de 495 places et trois salles de projection, un petit
théâtre, 127 locaux commerciaux dont quelques-uns seulement sont en activité 5
l’ensemble est couvert par une large esplanade d’environ 1500 m2 qui sert pour le
regroupement des foules lors des grandes manifestations culturelles (figure 5). Le
centre est géré par organisme public qui emploie 367 personnes, un Établissement
public à caractère industriel et commercial (EPIC) 6 rattaché au ministère de la
Culture : l’Office de Riad El Feth (OREF). En 2014, le nombre de visiteurs était estimé
à 235 204, 7 soit plus de 600 par jour.

5 En 2015, selon le service commercial de l’OREF, le loyer mensuel des locaux commerciaux était estimé
à 500Da / m2.
6 Décret 47-95 du 5 février 1995.
7 Évalué sur la base du nombre d’entrées (y compris les employés) enregistrées par les scanners
des portes d’accès au centre des arts, sur une période de 80 jours non consécutifs comprenant des
journées de vacances scolaires et les fins de semaine (OREF, 2014).

68 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


Figure 5 Bilan d'activités culturelles du centre des arts Riad El Feth 2008 et 2013

Semaines culturelles
Année 2013
Festivals
Année 2008

Expositions

Salons

Rencontres thématiques

Festivals de films

Projections de films

Spectacles enfants

Spectacles adultes

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
Source : OREF, 2014

Quant à la localité d’accueil d’El Madania, située sur les hauteurs d’Alger à environ
six  km au sud-est du centre-ville, elle forme, avec les communes d’Alger Centre,
Sidi M’Hamed et El Mouradia, la circonscription administrative de Sidi M’hamed.
Elle se distingue dans cet ensemble par ses ressources financières limitées. 8 C’est
une commune essentiellement résidentielle (figure 6), 9 composée de plusieurs cités
populaires du type grand ensemble, datant de la fin de la période coloniale (Diar El
Mahçoul et Diar Essâada de l’architecte F. Pouillon ; Diar Echems ; Diar El Bahia...)
qui se caractérisent par l’exiguïté et une suroccupation des logements, ainsi que le
manque de confort sanitaire (tableau 2). Le « mal-vivre » des populations a fini par
se traduire en émeutes urbaines très violentes.

Tableau 2 Quelques repères statistiques d’El Madania par rapport aux autres communes de
Sidi M’Hamed

Densité Taux de Taux


Les communes % de F1 et F2
Superficie d’activité Ratio de polarisation d’occupation
de la daïra de Population dans le parc
(ha) économique richesse des activités des pièces
Sidi M’Hamed de logements
(nb / ha) commerciales (top)
Alger-centre 370 75 541 9,78 22 310 4,66 32,4 1,8
Sidi M’hamed 218 67 873 16,5 8610 3,15 39,4 2,1
El Mouradia 190 22 813 5,58 12 107 1 36,7 2
El Madania 217 40 301 5,91 3076 1,06 60 2,8
Moyenne Alger 3,2 12 604,37 1,75 34,6 2,1
Source : ONS, 2008

8 « Que faire avec un budget de 17 milliards de centimes ? Plus de 80 % de cette somme sont destinés à
payer les fonctionnaires de l’APC. D’ailleurs je ne sais pas comment on va s’en sortir avec les nouvelles
augmentations. » (Iddir, 2013). Interview du maire d’El Madania, publiée dans El Watan le 20 avril 2013.
9 7949 logements pour une superficie de 217 ha.

L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ? 69


Coïncidant avec le mouvement du printemps arabe, les manifestations populaires
du mois de mars 2013 ont attiré l’attention des autorités sur les conditions de vie des
résidants des quartiers d’El-Madania. D’importantes opérations de relogement des
résidants de la cité Diar El Chems ont été réalisées par les autorités compétentes sans
pour autant endiguer l’ensemble des difficultés. C’est dans ce contexte que s’inscrit
la pertinence d’un projet de RU pour cette commune.

Figure 6 El Madania, une commune résidentielle

Photo : Bouallag-Azoui et Berezowska-Azzag, 2016

Dans l’objectif de mise à niveau globale de la capitale, notamment de son hypercentre qui
regroupe les plus hautes institutions nationales, 10 le PDAU, révisé en 2011, recommande
la régénération d’El Madania en zone centrale multifonctionnelle. Par cette orientation,
on ambitionne de redorer l’image de la commune et de valoriser sa centralité pour
mieux répondre aux nouveaux enjeux de développement métropolitain (DUAC, 2011).

Application de l’outil E2LRU au couple Riad El Feth / El Madania


Confrontés à l’absence d’un projet de RU ou d’une stratégie locale de développement
de la commune d’EL Madania, nous nous sommes appuyés sur les conclusions
déduites d’un prédiagnostic, ainsi que sur les orientations préconisées dans le
règlement du PDAU, pour vérifier la compatibilité des cibles RU prédéfinies avec
les enjeux d’un redéploiement de la localité. Dans la perspective de les associer à la
stratégie du développement de leur quartier, un questionnaire 11 a été adressé aux

10 Sièges de la présidence, du palais du gouvernement, de l’assemblée populaire nationale, du parlement,


de différents ministères, etc.
11 Le questionnaire a été adressé durant l’été 2014 à 70 personnes des deux sexes et de différents âges.

70 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


résidants pour inventorier leurs besoins et attentes vis-à-vis de leur commune. En
matière de besoins, la formation (40 %), l’emploi (33 %), le sport et loisir (13,3 %) sont
les trois premières et principales requêtes formulées par les personnes questionnées.

Parallèlement, la mise en place d’un barème de notation nous permet d’estimer les
effets EFn de notre liste, rapportés aux centres des arts. Des scores sont attribués
aux indicateurs relatifs à chaque effet selon son niveau d’efficacité. 12 Ces derniers
sont appréciés en comparaison avec les besoins qui ont émergé du prédiagnostic,
mais également par rapport aux différents niveaux de performance urbaine de
la commune (figure 7), enregistrés dans le cadre de l’élaboration d’une étude de
classement des communes algéroises 13 (Berezowska-Azzag, 2015). Les profils des
performances de la commune nous permettent ainsi de visualiser les cibles de la RU
les plus vulnérables, à savoir celles liées à la dynamique économique et sociale, par
exemple, le repositionnement du quartier dans le système des territoires créateurs
de plus-value économique et l’adaptation de l’offre urbaine aux nouveaux besoins
de l’économie moderne. Préalablement, un questionnaire ciblé adressé au service
d’urbanisme ainsi qu’à des experts de l’aménagement nous a permis de fixer le système
de pondération de ces indicateurs.

Figure 7 Profils des performances économiques d'El Madania : Active city index
Profil économique
9
8
7
6
5
4
Gouvernance 3 Conditions de
locale 2 localisation
1
0

Performances maximales
enregistrées à Alger
Performances moyennes des
communes algéroises
Technologies
de l’information et Performances d'El Madania
de la communication (TIC) Risques majeurs
Source : Berezowska-Azzag et al., 2015

12 Barème de notation des indicateurs et des effets EF ; il est inversé pour les effets négatifs :

Score Évaluation qualitative


De 0 à 0,5 Non signifiant
De 0,5 à 1,5 Peu important Valeur référence : 1,5
De 1,5 à 2,5 Important
De 2,5 à 3,5 Très important

13 Dans une approche écosystémique, cette étude a été élaborée sur la base d’un tableau de bord
regroupant trois indices : environnemental, économique et qualité de vie, chacun se développant en
cinq catégories et indicateurs, donnant un aperçu assez complet des performances de la commune et
de son niveau de développement.

L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ? 71


Le radar des effets qu’exerce Riad El Feth sur la commune d’El Madania (figure 8)
montre en revanche que, sur les dix-huit effets de la liste, quatre, dont un négatif,
intègrent la plage des effets « non signifiants », onze effets, dont deux négatifs, se
classent dans la plage « peu importants » et deux autres sont estimés « importants ».

Trois effets se distinguent dans le lot. Ils sont évalués comme importants (EF8) et
très importants (EF3 et EF9) et concernent :

−− l’effet « Promotion de la mixité », qui s’explique par l’architecture ouverte de


Riad El Feth et ses nouveaux espaces de sociabilité ;
−− l’effet « Développement de la proximité urbaine », attribuable à l’amélioration
des infrastructures (pont mécanique et téléphérique), ainsi qu’au
renforcement des navettes de bus ;
−− l’effet « Renforcement de la sécurité et de la sûreté » (tableau 3) s’explique
par le fait qu’à sa création, le centre des arts, avec le complexe du Mémorial
Maqâm-Chahid et le musée de l’armée, était sous la tutelle du ministère de la
Défense. En 2003, rattaché au ministère de la Culture, il continue à bénéficier
d’une importante présence sécuritaire dont l’effectif représente 39 % des
employés de l’Office chargé de la gestion de Riad El Feth (OREF, 2014).

Tableau 3 Exemple d’évaluation d’un effet

Valeur
Score Pondération Valeur Indice effet de
Effet Indicateurs
indicateur % EF influence levier
VEF / 3,5
Renforcement de la
sécurité des espaces 1,5 50
publics
Réduction de la
Renforcement vulnérabilité du site
de la sécurité par la création de 2,5 25 1,50 1,74 2,61 / 3,5
et de la sûreté nouveaux espaces de
regroupement
Localisation de
nouveaux services de 0,5 25
sûreté urbaine
Conception : Bouallag-Azoui et Berezowska-Azzag, 2016

Enfin, les effets négatifs se positionnent dans les catégories « peu importants » et
« non signifiants ».

72 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


Figure 8 Évaluation des effets du centre des arts Riad El Feth sur les cibles de la RU
1. Création d'un nouveau pôle
18. Création ou amplification d'attractivité
des nuisances environnementales 3,0 2. Formation d'un nouveau paysage urbain
2,5
17. Préservation des ressources 3. Développement de la proximité
2,0 urbaine
1,5
16. Promotion des moyens 4. Apparition de nouvelles
1,0
de transport propre nuisances
0,5
0,0
15. Contribution à la 5. Constitution d'une nouvelle
spécialisation du territoire -0,5 icône urbaine
-1,0

14. Promotion de l'attractivité 6. Développement d'un nouveau


touristique modèle de gouvernance
partenariale
13. Enclenchement d'une
dynamique foncière et immobilière 7. Formation d'un intrus urbain

12. Création de la plus-value 8. Promotion de la mixité


économique
11. Apparition du phénomène 9. Renforcement de la sécurité et sûreté
de gentrification
10. Promotion de l'attractivité
résidentielle

Riad El Feth Valeur de référence


Conception : Bouallag-Azoui et Berezowska-Azzag, 2016

Évaluation de l’effet de levier : interprétation des résultats et discussion


Identification de la nature de la dynamique du couple Riad El Feth / El Madania
La lecture des résultats de l’évaluation réalisée avec l’outil E2LRU nous informe sur
la nature de la dynamique qui s’établit entre les effets de l’EE et les cibles de la RU.
Sur une échelle de 0 à 3,5, la majorité des effets (15 sur 18) enregistrent des scores
inférieurs à la valeur de référence (1,5), à partir de laquelle l’effet peut être considéré
comme important au sens où son impact est réel sur la concrétisation ou l’entrave
des cibles de la RU. La prépondérance des effets estimés non signifiants ou peu
importants réduit considérablement le rôle du centre des arts sur le développement
de la localité d’El Madania.

Les trois effets évalués égaux ou supérieurs à la valeur de référence, concernent la


dimension sociale et celle de l’environnement bâti. Leur performance s’explique, en
partie, par la proximité du Monument aux morts et par l’architecture emblématique
de l’équipement. Toutefois, cette dernière n’a pas permis au centre des arts d’être
hissé au rang d’icône urbaine (score : 0,38) ni de représenter l’identité locale. C’est
d’ailleurs ce qui a été confirmé par le questionnaire adressé aux habitants, dans
lequel 100 % des personnes interrogées ne perçoivent pas Riad El Feth comme
un emblème de leur localité et 42 % le classent troisième parmi les éléments qui
représentent le moins bien leur commune.

L’évaluation ainsi déterminée classe le centre des arts à la position D3 du graphe


des dynamiques des ressources (figure 3) qui s’établissent entre le couple (EE / RU).
Elle correspond à une dynamique de pénurie dans laquelle l’objet n’entraîne pas

L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ? 73


positivement le développement du système. Ainsi, l’outil nous a permis de vérifier
que, dans son état actuel, Riad El Feth ne peut pas être considéré comme un levier
pour la régénération d’El Madania. Il n’a pas su drainer ou maintenir les flux de la
plus-value socioéconomique espérée. En témoigne notamment l’aggravation du taux
de chômage de la commune, évalué à 6 % en 1988 (ONS, 1997) et à plus de 10 % en
2012 (ONS, 2014). Parallèlement, rares sont les habitants qui ont pu bénéficier d’un
emploi au sein du Centre des arts ou de son administration (68 personnes, soit 18 %
de l’ensemble de l’effectif en 2014 [OREF, 2014]).

Selon Leila Kebir, en position D3, le manquement de l’objet et de ses effets peut
atteindre un niveau d’importance capable de limiter ou d’arrêter la production du
système. La chercheuse confirme également que la persistance dans le temps de
cette situation risque d’engendrer la dilution de l’objet du fait de la dégradation ou la
destruction graduelle du système (Kebir, 2006). Une telle situation mettrait en péril
le statut d’EE de Riad El Feth, faisant perdre ainsi à la localité une source potentielle
de génération de dynamique urbaine.

Au-delà de la commune El Madania, cet échec affecte l’ensemble de la capitale


algéroise, qui se retrouve confrontée à un double problème.

−− Le premier est d’ordre symbolique : avoir une commune centrale en difficulté


voisine de la commune d’El Mouradia, qui abrite le siège de la Présidence,
et de celle de Kouba avec le nouveau ministère des Affaires étrangères et le
Palais de la culture ;
−− Le deuxième problème est d’ordre urbain et économique : voir l’un de ses
EE, qui se trouve positionné sur l’un des sites les plus stratégiques de la
ville, perdre de l’importance au risque de devenir une charge pour son
propre territoire (intégrant une dynamique de pénurie).
En réalité, cependant, l’évaluation a démontré que le manquement de notre cas
d’étude n’a pas encore atteint une situation aussi grave. Malgré le nombre réduit
des EF positifs enregistrés, les scores traduisent un effet de levier sur une partie
des cibles RU. Ils témoignent de la capacité de Riad El Feth à devenir un catalyseur
pour la redynamisation d’El Madania. D’autre part, nous constatons que les effets
négatifs n’atteignent pas un niveau d’importance qui pourrait constituer un frein à
la régénération de la dynamique locale. Ces résultats témoignent des efforts fournis
par la nouvelle équipe installée à la tête de l’OREF depuis 2012, qui a succédé à une
direction précédente jugée inopérante (Ismain, 2010).

Sur le plan opérationnel : agir pour améliorer la courbe de contamination positive


Les résultats de l’évaluation effectuée avec l’outil E2LRU permettent de tracer la courbe
de contamination positive qui traduit l’estimation de l’effet de levier de l’EE sur la RU
locale. Les scores enregistrés sont comparés aux valeurs souhaitées afin d’envisager
les actions à entreprendre et les moyens à y consacrer. Le but est d’améliorer le tracé
de la courbe dans le sens de la régénération durable du territoire.
La courbe relative à Riad El Feth (figure 9) permet ainsi de visualiser rapidement et
facilement les limites des effets induits par l’attractivité du centre sur la redynamisation
d’El Madania. En s’appuyant sur les potentialités de l’équipement et de la commune,

74 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


en identifiant les priorités et les enjeux du développement local, les acteurs concernés
(aménageurs, OREF, décideurs locaux et représentants de la société civile) peuvent
envisager des actions (tableau 4) à court terme afin d’améliorer le score des indicateurs.
L’objectif est d’atteindre les valeurs souhaitées pour positionner les effets dans les
catégories « important » et « très important » et leur permettre d’être considérés comme
des leviers de la régénération urbaine.

Figure 9 Courbe de l'effet de contamination positive de Riad El Feth


-1,5 -1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
1. Création d'un nouveau pôle d'attractivité
2. Formation d'un nouveau paysage urbain
3. Développement de la proximité urbaine
4. Apparition de nouvelles nuisances
5. Constitution d'une nouvelle icône urbaine
6. Développement d'un nouveau modèle de gouvernance partenariale
7. Formation d'un intrus urbain
8. Promotion de la mixité
9. Renforcement de la sécurité et sûreté
10. Promotion de l'attractivité résidentielle
11. Apparition du phénomène de gentrification
12. Création de la plus-value économique
13. Enclenchement d'une dynamique foncière et immobilière
14. Promotion de l'attractivité touristique
15. Contribution à la spécialisation du territoire
16. Promotion des moyens de transport propre
17. Préservation des ressources
18. Création ou amplification des nuisances environnementales

Valeurs Riad El Feth Valeurs références

Conception : Bouallag-Azoui et Berezowska-Azzag, 2016

Tableau 4 Exemple d’un scénario d’actions

Effet Indicateurs Proposition d’actions pour améliorer les scores


Création d’emplois Grâce à la disponibilité des salles de projection,
(directs et indirects) encourager la mise en place de formations dans le domaine
cinématographique qui profiteraient en priorité aux jeunes
du quartier, etc.
Création de
plus-value Contribution à la Intégrer le centre des arts dans les circuits touristiques de
économique valorisation du PIB local la capitale en valorisant les potentialités locales, etc.
Création de micro­ Donner la priorité aux entreprises locales pour la sous-
entreprises locales traitance de certains services (sécurité, fournisseur,
transport du personnel...).
Conception : Bouallag-Azoui et Berezowska-Azzag, 2016

La nature rétroactive (Morin, 1974) de la dynamique unissant le couple (EE / RU)


suggère d’intervenir sur le système urbain pour promouvoir l’attractivité de l’EE en
faveur de l’amplification de ses effets de levier sur le développement local. S’il est vrai
que, dans une société de communication, l’image revêt une importance particulière
dans l’identification des quartiers et des villes, avec tout ce que cela implique en termes

L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ? 75


d’attractivité de flux et de qualité de vie des populations (Smyth, 1994 ; Ingallina et
Park, 2005), il s’agirait d’engager à court terme des actions sur l’ensemble ou sur une
partie des dimensions urbaines (sociale, économique, spatiale et environnementale)
par des opérations ou des initiatives complémentaires dont les effets directs sur le
rayonnement de l’EE soient évidents : par exemple, réhabiliter le cadre bâti, améliorer
le mode de gouvernance du Centre dans le but de développer différents partenariats,
encourager la dynamique économique, encourager la formation et le perfectionnement
des jeunes résidants, etc.

L’utilisation de l’outil E2LRU pour une réévaluation périodique des effets induits par
le centre des arts permettrait de vérifier la compatibilité des actions engagées avec
les cibles de RU, laquelle pourrait être constatée dans l’amélioration du tracé de la
courbe de « contamination positive ». Comme le remarquent à juste titre Dejardin
et Fripiat (1998), le principal enjeu auquel se trouvent confrontés les membres du
couple EE / RU est d’ajuster les stratégies de leurs fonctionnements respectifs selon
une relation « d’entraînement » qui assure le développement mutuel de chacun d’eux.

Dynamique de mise en valeur, une condition pour un EE levier de la RU


Paul Boino confirme que les grands projets, par leur capacité de transformer le
paysage urbain, d’en améliorer l’image et d’attirer des investissements et de nouvelles
populations, peuvent devenir de véritables leviers pour la régénération des entités
urbaines en difficulté (Boino, 2005 ; Guinand, 2015). Toutefois, l’outil que nous
proposons et son application à Riad El Feth ont mis en évidence que cet effet de levier
dépend de la nature du processus de croissance de la dynamique liant le couple EE / RU
qui se développe selon deux possibilités : constructive ou destructive.

L’exemple de Riad El Feth nous a servi de prétexte pour vérifier que la liste des effets
proposés pour la construction de l’outil E2LRU, sans être exhaustive, est suffisamment
représentative de l’ensemble des dimensions urbaines : sociodémographique,
spatiale, identitaire, économique et environnementale. Elle peut varier selon la
spécificité et l’importance de l’équipement emblématique et dépend du contexte
urbain local, avec lequel elle entretient une relation interactive. En effet, nous l’avons
constaté, les performances locales contribuent à l’accroissement ou, au contraire, à
l’évanouissement de l’effet (Kebir, 2006). Quant aux cibles de la régénération, elles
peuvent être précisées et complétées selon les spécificités territoriales, à la condition
qu’elles demeurent représentatives des objectifs fondamentaux de la régénération
urbaine (figure 4). Ces contraintes concourent à la préservation du caractère
systémique et holistique de l’approche adoptée pour la construction de l’outil.

Dans une seconde étape, le E2LRU s’avère également un outil d’aide à la décision,
destiné aux acteurs concernés par l’aménagement et la gestion du territoire local,
pour proposer et choisir les actions nécessaires au maintien ou au repositionnement
du couple EE / RU dans une dynamique de mise en valeur D4 (figure 3). Des actions
prioritaires pour redonner une lisibilité au lieu visant l’amélioration de l’image du
site et, par conséquent, agissant sur l’attractivité de l’équipement sont un préalable
indéniable (Barbier, 2003) afin de hisser l’EE au rang de levier de la régénération
urbaine. L’aménagement urbain devient ainsi une stratégie pour le développement

76 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


métropolitain (Padioleau, 1996 ; Maury, 1997 ; Pinson, 2008, dans Guinand, 2015).
L’utilisation de l’outil proposé, lors de la mise en œuvre des nombreux projets
contenus dans le PSDA 2031, contribuerait certainement à inscrire le contexte urbain
dans un processus de mise en valeur.

Tel que proposé, le E2LRU s’avère un outil d’évaluation ex-post destiné aux EE
localisés sur des territoires concernés par des opérations de RU. Mais il peut également
se révéler utile dans le cas d’une nouvelle localisation (ex-ante) pour assurer la
compatibilité des objectifs globaux du projet avec les objectifs de régénération locale,
une étude d’impact étant alors un préalable nécessaire à l’évaluation pour une mise
à jour de la liste des effets.

Nous suggérons également l’usage de l’outil dans le cadre d’une étude prospective pour
déterminer certaines caractéristiques de l’EE au stade de projet. Dans ce cas, il s’agira :
(i) d’identifier les objectifs détaillés des cibles de la RU aux différentes temporalités ;
(ii) de fixer les tracés optimaux des courbes de contamination positive connexe ;
(iii) de détecter les valeurs des EF qui correspondent aux tracés ; (iv) d’interpréter
ces valeurs en données spécifiques (architectoniques, urbanistiques, fonctionnelles,
structurelles) ; (v) et, enfin, de les intégrer au cahier des charges destiné à l’étude de
l’EE. Une telle projection suppose une évolution des modes de gouvernance urbaine
et une plus grande flexibilité de la planification spatiale. Il s’agirait donc, en fait,
d’engager la réflexion dans le sens inverse du sens actuel pour évaluer la relation
réciproque du couple RU / EE.

Conclusion
De nombreux chercheurs ont étudié les impacts des équipements culturels singuliers
sur les politiques de régénération urbaine. Cependant, très peu d’attention a été
accordée à l’évaluation des effets de leur attractivité sur les stratégies de redynamisation
locale. L’outil proposé dans cet exposé permet d’évaluer les effets des équipements
structurants sur les politiques de développement afin que, d’une part, puissent être
entreprises les actions nécessaires à l’amplification de l’effet de leur contamination
positive et, d’autre part, que puissent être réduites leurs nuisances.

L’application de l’outil au cas du centre Riad El Feth a démontré que malgré sa situation
stratégique, cet équipement n’a pas été le catalyseur escompté pour la commune
d’accueil d’El Madania. Positionner un EE dans un site en difficulté sans aucun
préalable pour la mise à niveau du territoire d’accueil est une décision hasardeuse dont
l’échec est fort probable. Une stratégie globale traduite en projet urbain (Berezowska-
Azzag, 2011) faciliterait indéniablement la construction de relations interactives dans
le couple EE / projet de RU, en faveur d’un processus constructif dans une dynamique
de croissance renouvelable ou de mise en valeur pour une « contamination positive ».

Le caractère systémique de cette évaluation et son aspect participatif, notamment


grâce aux enquêtes effectuées sur le terrain, ont concouru à la mise en cohérence des
stratégies métropolitaines de visibilité et d’attractivité avec le projet de développement
local, à savoir un redéploiement socioéconomique et une prise en charge durable des
nouveaux besoins des résidants. Cette imbrication des échelles, mise en avant dans
l’outil proposé, caractérise la rurbanisation durable des territoires (Guinand, 2015).

L’équipement emblématique, un levier de la régénération urbaine ? 77


Même si le E2LRU a pu être testé sur le cas de Riad El Feth, pour être considéré
comme un outil de pilotage et de mise en œuvre des opérations de régénération
urbaine, il doit être vérifié sur un nombre plus important d’EE, afin d’être adapté
ou complété. Le principe de la démarche pourrait également servir de référence
pour l’élaboration d’outils relatifs à d’autres leviers de la RU. La création d’espaces
publics, la localisation de nouvelles populations, la construction d’établissements
universitaires, la création de nouvelles infrastructures de transport en commun, etc.
sont autant de projets qui pourraient être considérés à leur tour comme ressources,
tel que définis par Kebir (2006). Le recours à la modélisation de l’outil simplifierait
par ailleurs considérablement l’exercice de vérification et de généralisation.

78 Cahiers de géographie du Québec Volume 60, numéro 169, avril 2016


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