Morphometrie Des Galets
Morphometrie Des Galets
NO; 2922baL
Cote : fi
*
MORPHOMETRIE DES GALETS D E QUARTZ
EN GUYANE FRANçAISE
par Marc BOY€ (1)
J.:
*
;.rf.n:,'
3
VP
-.c-
T. XI
I : - First occurs a fragmentation of the que l'on dispose de bons critères permettanl,
vein in situ b y physico-chemical actions non seulement de caractériser la forme du galet
working o n strucinral predispositions, w i t h niais aussi de décrire son histoire. E n effet, forme
or without influence of iron oxydes. A s a et taux d'usure étant naturellement liés, ces
result w e can find roughly sqnarred pieces o f indices renseignent sur le mode et la durée diz ,
quartz und sometimes quite rounded ones, transport subi, sur les types de d@p6t,éventuel-
indeed unexpecied. leinent sur les conditions de l'abattage à partir
de la roche en place.
I I . - T h e n follows a pedogenic evolution
of the quartz as scattered frugments in the Ainsi, dans l'étude des dépôts corrdlatifs, leg
eluvial horizons, under .chemical processes due indices morpliométriques aident à identifier les
to the. climate and partly t o biological acìions. divers mécanisnies qui constituent le système
I n addition, irregular mechamical processes, 'd'érosion ?dont ils sont l'un des résultats.
such as creep or leaching,- m a y occzir. T h e En fait, trois variables in terviennent qui obli-
result is a fritting d o w n of the fragments and * gent à des précautions d'échantillonnage et
l
.
T. XI . M. BOY& - MORPHOMOTRIE DES GALETS DE QUARTZ EN GUYANE FRANCAISE 15
d’autres ‘critères peuvent assurer, notamment gisements fossiles de galets anciens entraînant la
la granulométrie globale. Ce sont : fragmentation j).
- la nature lithologique du galet (c’est pour- I1 observe en outre que les galels reliques témoi-
quoi l’on ne compare que des lots de même gnent d’une (( ferruginisatioq préférentielle le
nature) ; long des plans de fissilité, qui atteint le c@ur
- les aléas de l’évolution : fragmentation du du galet )) d’où effrittement en cas de remise en
galet, mélange de stocks sédimentaires diff é- transport. Ceci est vrai même des quartz qui ,
rents (apports latéraux par exemple) ; pourtant sont pratiquement les seuls à résider
- enfin l’ambiance climatique, qui joue de quelque peu à ce inode de désagrégation. Ainsi
manière . différentielle sur les deux variables s’explique I’écrasante dominance des quartz et
précédentes (fragmentation par le gel par exem- quartzites dans les formations à galets.
ple) et introduit des actions physico-chimiques Dans une étude récente, A. CAILLEUX (5) a
complexes, notamment en milieu tropical humidè. montré qu’en Guyane, pour les galets de 30 à
20 mm - nous nous bornons à citer cette dimen-
I. CARACTÈRES G É N ~ R A U XDES GALETS EN MILIEU
sion pour des raisons données plus loin - on
TROPICAL HUMIDE
trouve en moyenne dans les alluvions :
Dans leur étude sur la signification de l’indice - 97 % de quartz,
d’émoussé, J. TRICART et R. SCHAEFFER (10)
L- rt 1 % de feldspath,
ont nettement montré que les formes de galets
enregistrent un certain équilibre entre les deux - rt 1 % de granelé latéritique,
facteurs antagonistes de leur façonnement : - -i 1 % d’autres roches ou minéraux.
l’usure et la fragmentation. L’allure des courbes
de fréquence, pour des lots de galets de dimensions
Nous pouvons ajouter que loca)ement, on peut -
trouver 2 % de pegmatile, liés à la présence de
comparables, traduit statistiquement cet équi- filons dans le socle pyécambrien.
libre. Or les échantillons utilisés dans leur étude I
proviennent des latitudes actuellement tempérées, A. CAILLEUX enregistre au total pour les galets
qui ont connu au Quaternaire soit des invasions de quartz un émoussé notable ; les indices de
glaciaires soit une ambiance périglaciaire. dissymétrie assez élevés renseignent dans le
M. TRICART lui-même, étendant son étude a u mêhe sens et l’auteur conclut, à l’aide de bien
doniaine tropical humide (9) notait les divers d’autres éléinents, en’ deux propositions :
aspects de l’altération que subissent sous ces - érosion chimique considérable sur toutes
climats les galets fluviatiles : patines ferro- les rochFs granito-gneissiques (ajoutons que c’est
manganiques, cupules, friabilité des’ quartz eux- également vrai de toutes les autres roches méta-
mêmes, surfaces chagrinées. I1 conclut à un inorphiques) ;
(( équilibre fragmentation-usure to’ut différent de - par contre : (( il est peu vraisemblable que
celui qui caractérise les rivières tempérées )) en ’ les quartz aient subi des dissolutions importantes )i,
raison d’un chimisme actif impliquant une
(( importante dissolution de la silice... 1) à mettre Le problème du façonnement des galets - sur-
en parallèle avec les processus de latéritisation tout ceux de quartz - se pose donc de la manière
des sols. En somme pour l’auteur, désagrégation suivante, en milieu tropical humide :
chimique et usure mécanique lutteraient de 1. un chimisme incontestable atlaque toutes
vitesse, expliquant ainsi que les galets n’acquiè- les roches en place ; qu’en résulte-t-il du point
rent pas d’aplatissement. .de vue morphologique pour les fragments des-
A. CAILLEUX faisait aussitôt remarquer (9) tinés à devenir des sédiments ?
la part importante des apports latéraux de 2. dans l‘équilibre fragmentation-usure, que
matériel non usé à la rivière, qui modifient traduit une forme de galets, quelle est la part
l’allure des courbes de fréquence d’émoussé en qui revieiit aux processus de fragmentation
les étalant en largeur. En somme, apports laté- physico-chimiques ?
raux non usés et galets émoussés recassés venus 3. les émoussés ehx-mêmes ne peuvent-ils
de l’amont, joueraient dans le même sens. pas être acquis avant l’entrée du fragment dans le
Notre expérience du monde guyanais confirme cycle sédimentaire 7
cette vue, et rejoint très eFactement celle de
M. G. ROUGERIE (8) acquise en Afrique dans L’étude qui suit n’a pas la prétention de résou-
le. domaine éburnéen. dre ces importantes questions ; .elle- .vent seu-
I .
lement, par l’examen du graphique (fig. l) qui
’ Cet auteur’insiste sur deux points : en est l’aboutissement, faire apparaître d’une part
- K pas de fragmentation-anormale de gqlets les regrobpements fi’échantillons selon des indi-
récents 1) ;... I ‘
-
ces significatifs et d’interprétation aisée’, ’ et *
’ .
16 M. BOYA - M O R P H O M ~ T R I EDES GALETS m QUARTZ EN GUYANE FRANCAWE T. )il
d’autre part les cas anormaux liés aux actions - l’aplatissement est exprimé par le rapport
physico-chimiques postérieures a un transport,
voire même indépendantes de toute action
L 1 +
(l’aplatissement minimum est égal à 1) ; ?
-----.
Moengo
0 .
” xlí
.. . .
I .
PLANCHB
II
5. Filon de quartz tronçonné en place ; Crique Portal. Le fragment du centre cor-
,respond au Centile.
6. Eluvions sur schistes de l’Orapu ; Crique Virgile :
- autour de la concrétion latéritique, fragmenta provenant d’un arbre dessouché
sur un versant ;
- au-dessus, quatre galets pris dans la Crique ; noter leurs surfaces corrodées.
7. Galets probablement tertiaires ; Ricanau Hill (Surinam
- en 20 ligne, galets à surfaces chagrinées; à droite un galet en voie d’effrite-
ment saccharoïde ;
- en 38 ligne, galets ferruginisés, incomplets.
. 8. Galets quaternaircs, peut-être récents, vraisemblablement. fluviatiles, mais mé-
connaissables ; Camp Charvein :
- altération saccharoïde sans ferruginisation.
III
PLANCHE
9. Galets d’une alvéole de dissolution sur boule(I a granitique. Saut Emerillon
Approuague supérieur :
!
r, - quartz tres -aplatis ;
- au centre, écaille de granit porphyroïde, finement guillochée.
10. Galets de plage à partir d’un filon en voie d’abattage. Falaise récemment déva-
Sée, Montabo (Cayenne).
11. Morceaux de quartz d’un filon in situ, carotte & 20 m. de profondeur. Totalité
de I’échantillon .XF. 20.
I
T. XI M. BOYÉ - MORPHOMÉTRIE DES GALETS DE QUARTZ EN GUYANE FRANÇAISE 17
IC
médianes des aplatissements, en abcisses, sur I1 existe aussi, notamment en surface des
échelle logarithmique leb valeurs médianes des savanes soumises à des brûlis périotliques, des
émoussés du premier ordre pour des lots de 20 galets éclatés par le feu ; ce Processus, bien que
à 30 galets. naturel, peut être considéré comme anthropique.
Parfois les galets sont d’une telle fragilité Les galets de ce type, aisément identifiables, ont
qu’ils ont dû être éliminés des comptages, sans été éliminés ; ils présentent des cassures à surfa-
que l’on puisse toujours se procurer un autre ces courbes et arêtes tranchantes, finement fer-
échantillon, tant les formations à galets sont ruginiSéeS.
rares en Guyane. Par suite, la marge d’impré- 2. Une autre catégorie est constituée par des
cision pour les valeurs médianes risque d’atteindre galets cassures nlultifaces, exprimant un
20 %. effritement en cours sur place.
Ce taux considérable ne doit cependant pas En effet, quelle que soit la granulométrie de la
inquiéter. Ainsi, pour des galets remontés par fraction dans le dépôt, la fraction
les carottiers de sondeuse il a bien fallu se conten- sable est toujours présente, abondante et offre
ter du nouibre d’individus disponibles. ór, quatre elle-même une distribution granulometrique pluri-
sondages ont traversé une certaine nappe de sédi- modale qui exprime le mélange de sable effetti-
ments grossiers, probablement tertiaires (l), et vementsédimentaire, au même titre que les
les indices des galets provenant de ce niveau galets et d’une arène provenant de
stratigraphique se regroupent remarquablement des galets.
.sur le graphique (échantillons XB.l (I), XF.
16 (II), XF.17 (III), XB.13 (IV), voir légende Deux .cas se présentent :
tabl. I). a) Certaines formations offrent des galets
Les valeurs médianes‘des indices de dissymé- pourris et très ferruginisés (( jusqu’au cœur 1)
trie sont représentées à partir de chaque point comme le note ROUGERIE (8) en Côte d’Ivoire.
par un vecteur orienté de longueur directement I1 s’agit soit de dépôts anciens, vraisemblablement
proportionnelle, suivant une échelle arbitraire antérieurs au Quaternaire, comme ceux de
portée en diagonale sur le graphique. Ricanau Hill (SURINAM),soit de dépôts plus
Vingt-cinq échantillons de galets de quartz récents mais dont l’histoire sédimentologique a
de dimensions voisines de 20 mm ont été recensés , été complexe : c’est le cas d’alluvions fluviatiles,
(légende du tabl. I). Or trente-trois points figu- d’âge Plio-Quaternaire reprises sur des fronts
rent sur le graphique. de mer plus récents Coropina-Coswine 1) vrai-
((
.
semblablement Eémien (échantillons G.2 23-5-58
Adaptation à l’&de des galets -reeassCs ou et G. 1 bis ~ o - ~ o - ~ ~ ) .
effrités. - I1 a été en effet nécesraire de faire
apparaître un caractère important de la plupart b) D’autres formations de sables et galets
des galets étudi&. Ces galets se présentent parfaitement blancs, c’est-à-dire o h la ferrugi-
vent recassés, c’est-à-dire qu’après avoir subi un IliSatiOn n’a aucune place, Offrent des galets
certain façonnement encore visible g des rayons cassure saccharoïde souvent poudrée d’une couche
de courbure assez grands (notés (( R 1) ), les galets, de grains de quartz. 11 s’agit alors
postérieurement cette première phase d'éva- d’une désagrégation de nature inconnue mais
lution ont été atteints par des processus de qui met profit les moindres fractures de la .
fragmentation. A ce titre, il en existe deux masse minérale e t notamment, fait apparaître
catégories. la structure polycristalline fréquente dans les
quartz filoniens. I1 en résulte de petites aspérités
Une première catégorie comporte des galets qui s’accusent d’ailleurs au lavage quand on les
franches, nettement recassés après nettoie de leur poudre siliceuse. Ce type de galets
transport et usure mécanique. Ces cassures sont se rencontre dans toutes. les formations consi-
parfois fraîches ; il s’agit alors des galets pro- dérées typiques des dépôts d’Age plio-
venant des sondages et cassés artificiellement quaternaire - série Zanderij des auteurs d e
par la tête de sondeuse ; ils ont été éliniinés. Surinam, série détritique de base de B. CHOUBERT
Parfois les cassures sont anciennes, ferrugi- selon l a , terminologie française (6), - ainsi &
nisées ; il s’agit alors de processus naturels : Crique Laussat, au Sud de Charvein et sur la
le plus souvent des plans de fissilité de quartz piste Mana-Organabo. I1 arrive même que cer-
ont accueilli des concentrations d’oxyde ferrique tains lots de galets de ces formations aient
R et il n’est pas rare de trouver les deux morceaux complètement perdu toute trace de l’usure
du galet à proximité l’un de l’autre. Des actions mécanique primaire : c’est le cas de I’échantillon
clastiques de nature physico-chimique ont donc G. 1 23-10-58 provenant d’une carrière au Sud
opéré sur place postérieurement au dépôt, dans de Charvein où l’on peut trouver aussi des
L ce cas, chaque fragment a été mesuré indivi- i galets entiers d’un indice d’émoussé voisin de
I
d uellement. 200.
3
18 M. BOY6 i MORPHOM6TRIE DES GALETS D E QUARTZ EN GUYANE .FRANçAISE T. XI
TABLEAU I‘
Légende du graph
- rue
zg
a
& E
m
I Echantillons
-.
Localisation ’ L
médiane
Age et type de sédiments
XII1 Or 12- 2-5; Sol sur schistes de l’Orapu - arbrc 16 Eluvion sdus couvert forestier, flanc
déraciné - Crique Virgile. d’une colline. .
XIV G.2 25.- 8-5; Galet extrait de la (( glaise n, Petitc 18 I( Glaise 1) = colluvion aurifère, a
XV G.2 22- 8-52 :onfluent d’une petite Crique SUI 21 Uluvion d’une crique rectiligne (val-
l’hpprouague supérieur au Sud de lée de fracture), après 5 km de
Montagne Marou, à 3,5 km au parcours.
SW du village d’EmerilIon.
XVI G . l 22- 8-51 Saut EmeriIIon à 2 km en amont 22 Salets provenant #une petite mar-
du village ;Approuague Supérieur, mite (alvéole d’érosion chimique)
sur l’un des blocs du (( Compayré 1)
qui constitue le Saut.
XVII G . l 9- 5-5t 4pprouague Cours Moyen ; premier 21 3anc de sable et galets en amont de
îlet en .aval du Saut Mapaou. 1’Ilet à 90 km de l’embouchure.
i XVIII G.l 10- 8-51 ipprouague Cours Moyen ; Ilet 25 3anc de galets à l’amont de 1’Ilet.
Lézard à 20 lcm en amont du
Saut Mapaou.
T. XI M. BOYÉ - MORPHOM&TRIE DES GALETS DE QUARTZ EN GUYANE FRANÇAISE 19
a¶
2 %
,. 5 Echantillons Localisation L Age et type de sédiments
- D
-
médiane
XIX Echantillon Crique Sacoura (Grans Saut ; feuille 21 x Galets d’une marmite tourbillon-
Brouwer
X x Echantillon I Saint-
Gros SautJean-du-Maroni.
(Crique Sparouine). naire fonctionnelle.
Galets d’une ‘ marmite tourbillon-
- Brouwer naire fonctionnelle.
1
XXI Ech. Trou-Poisson Route Nale no 1 à 1’W de Trou- 16 Cordon littoral non fonctionnel d’âge
XXII G. 1 Poisson. Demerara.
26-10-58 Plage Océane de Félix ;NE de Mana. 22 Cordon littoral actuel.
XXIII G. 1 7- 2-59 Littoral Nord du Montabo (Cayenne) 20 Plage de galets au pied d’une falaise
rocheuse récemment dévasée -
filons de quartz en cours d’abat-
tage depuis 2 ans.
XXIV G . 2 7- 2-59 Plage de Rémire (Est de Cayenne). 24 . Plage de sable à galets rares pro-
venant de l’attaque des diorites
- du Plateau du Mahury.
XXV XF.20 Sondage (20 m prof.) A Bassin 24 Filon traversé dans un gneiss, à
Mine d’Or. biotite et grenat, altéré (feldspath.
et litage reconnaissables) in situs
L
”
m a -
+
A.-2
..
.“e
FIG.2. Morphoméirie de Galets de Quartz (L = 20 mm).
20 M. BOYÉ - MORPHOMÉTRIEDES GALETS DE QUARTZ EN GUYANE FRANCAISE T. XI
Dans les deux catégories, cassures et effri- puissante formation à galets de quartz que nous
tements provoquent des aspérités qui donnent ayons rencontrée est celle de Ricanau Hill en
des rayons de courbure extrèmenient petits dessous des kaolins bauxitisés des mines de Moengo
I - r 1) de l’ordre de 0,l à 0,5 - et par suite des I
au Surinam Elle dépasse 3 m d’épaisseur puisques
indices d’émoussé de l’ordre de 20. Ces indices la tranchée. du chemin de fer n’en découvre pas
très bas sont coniparables à ceux des fragments la base. On y voit des stratifications entrecroisées
de quartz qui figurent dans les altérations de et le pénécentile enregistré - un galet nfslheu-.
roche en place. En.effet, des fragments du mème reusement pourri et incomylet - dépassait
type, effrités sur toute leur face se rencontrent 118 mm de long et 200 g en poids.
également dans les éluvions en place et dans les TouteEois les médianes de ces divers échantil-
colluvions de bas de versants associés à des lons se tiennent entre 30 et 40 mm, plus rarement
iragments de filons mieux conservés mais dont 50 mm, e t les indications fournies par les galets
l’émoussé très faible n’est pourtant pas nul ; de ces dimensions sont tout à fait semblables à
c’est le cas des colluvions aurifères dites (( glaise 1) celles indiquées sur le graphique. Même quand
parce qu’elles sont- riches en argile et que la réduc- il s’agit d’indice d’émoussé autour de la valeur
tion du fer leur donne une couleur grise. Les 300, tous ces galets sont fluviatiles ou au plus,
chantiers d’orpaillage dans t o u t l’intérieur du estuariens.
pays en offrent d’innombrables exemples. Par contre, les médianes de dimension des-
En conséquence, nous ayons niesuré deux cendent fréquemment vers 20 à 25 mm paar les
séries de rayons de courbure pour tous les galets plages actuelles ou récentes (Rivage Demerara
ainsi recassés : c’est-à-dire flandrien), les galets des marmites
- r1 et r , pour les aspérités de désagrégation tourbillonnaires dans les sauts et en règle générale
secondaire, les alluvions fluviatiles actuelles, y compris dans
- R, et R , pour les plus petits possibles des les bassins immédiatement en aval des sauts.
anciens rayons de courbure conservés, évoquant Or il se trouve que la mème médiane est très
un façonnement antérieur considéré en première fréquente dans les éluvions in situ à partir de
approximation conime dû à une usure mécanique. roches-mères comportant des quartz filoniens.
Ainsi le graphique comporte-t-il parfois deux De plus, lorsque l’on abat à la pioche un filon
. points pour un même échantillon. La lettre R de quartz, déjà transformé en place par la fer-
figure alors auprbs du point lorsqu’il correspond
u
ruginisation, on obtient la niênie valeur niédiane
2 R‘, x 1 OÖ0 pour ceux des fragments recueillis qui ne
à- l’indice T
s’effritent pas. En effet, un nombre d‘entre eux,
L
difficile à estimer, tombent en arène.
Naturellement une marge d’imprécision demeure
car il y a des chances que la désagrégation se soit Ces observations concordent avec les données
attaquée en: priorité aux extrémités les nioins d’A. CAILLEUX (5) qui a mesuré le centile des
usées du galet originel. Toutefois, statistiquement, morceaux tronçonnés encore en place - 62 mni -
les résultats restent valables car si dans chaque et qui dès lors pouvait écrire : (( ... les morceaux
lot il existe des galets dont 1’6moussé ancien est dont le centile est donné sont grenus, prêts a se
entièrement oblitéré par la désagrégation, il en désagréger eux-mêmes en morceaux plus petits,
existe aussi d’intacts,, par exemple 25% d’intacts et ils ne pourraient donner que des galets plus
pour l’échantillon XF.16 (II), 37% pour XF.17 petits en moyenne n.
(III), 38% pour S2d,10-10-58 (VIII), 40% pour C’est ainsi par exemple que sur un l o t abattu
Ricaneau €1111 (V). d’un filon en place, sur la tranchée de la route
Choix de la dimension 20 mm. - La dimension de Saint-Laurent à Saut-Sabbat en haut du
médiane de 20 inni a été choisie comme base $e versant o?iental de la crique Portal, nous avons
l’étude parce qu’elle est caractéristique de la obtenu en poids sur 550 g :
nappe des galets tertiaires, déjà aitée, que l’on - 11 % de concrétions ferrugineuses, à con-
trouve à des profondeurs de 21 à 50 ni d’amont tours émoussés, renfermant des grains de quartz ;
~ en aval dans la zone d’estuaire commune au .- 19 % d’une arène tr$s riche en un produit
Maroni et à la Mana. d’altération fortement ferrugihisé ; on y voit des
Les échantillons de surface pris à titre compa- paillettes de muscovite ;
ralif dans des formations généralement consi- - 70 yo de fragments de quartz de 8 à GO mm.
dérées comme plio-quaternaire fournissent des Les médianes obtenues sur cette dernière
galets plus gros - jusqu’à -75 m’m de lon- fraction sont :
gueur - exemples.: à Ckique Laussat près de - longueur : 19 mm,
Saut-Sabbat, à la savane Lerouge à l’Ouest de
Kourou, dans les carrières de grès ferrugineux - aplatissement : 1,54,
de YIracompapy (piste Msna-Organabo). La plus - dissymétrie : 0,626.
T.XI - MORPHOMhTRIE DES G A L E T S DE QUARTZ EN GUYANE FRANçAISE
M. BOYA
-- e1
Ces fragments présentent un indice d’&moussé 2. Des galets de plage marine actuels ( G . l
nul, mais l’on y voit quelques arêtes finement du 26-10-58) ou subactuels comme ceux’du cor- d
émoussées, surtout sur les plus, gros. Ces valeurs don littoral d’âge Demerara de Trou-Poisson
peuvent être considérées comme caractéristiques (XXI). Leurs indices d’émoussé se situent cle
des débris filoniens appelés à devenir des galets. part et d’autre de la valeur 400 inais surtout
Ainsi le choix de la dimension de 20 mm est leurs aplatiFsements sont élevés, supérieursà 2 et
finalement moins arbitraire que son point de leur dissflnétrie régulièrement moindre que Gelle
départ ne le laisserait croire. des galets fluviatiles. A ce titre, Yéchantillon
G.2 du 7-2-59 (XXIV), malgré un indice d’&moussé
III. COMMENTAIREDU GRAPHIQUE de 250 seulement qui pourrait être fluviatile, enre-
T e r m e s de réfirence. - Ce graphique veut gistre bien notamment par son aplatissement,
d’abord montrer des termes de référence dont l‘usure mécanique due à la houle. Ce lot provient
les trois indices permettent une diagnose rãpide. de la plage de Rémire, à l’Est de Cayenne où les
Ces lots correspondants ne sont représentés que rares galets de quartz épars sur le sable résultent
par un seul point car leurs galets n’accusent de l’érosion du inassif dioritique du plateau du
qu’un seul type de façonnement. On distingue Mahury, tout proche.
quatre groupements. . 3. Des galets pris dans des marmites tourbil-
1. Des galets fluviatiles actuels provenant de lonnaires dans les sauts Sparaouine ‘et Grand-
1’Approuague supérieur ou moyen se montrent Saut. L‘échantillon de Grand-Saut (XIXI fournit
relativement aplatis et leurs indices d’émoussé des galets proches-de la forme sphérique. Celui du
se situent entre 150 et 300. Quelques km de Saut Sparouine (XX) accuse dn aplatissement très
parcours ont sufi pour donner un émoussé sensible. Certes, c’est le signe que I’évolution est
voisin de 200 aux quartz d’un petit affluent de inachevée mais c’est aussi le signe de la prove-
I’Approuague supérieur, en amont du saut nance filonienne toute proche des fragmenls
Emérillon (G.2 du 22-8-58). La crique coule dans attrapés par les marmites. La encore, les deux
une vallée de fracture rectiligne qui a 5 lun de faces plates sont assez souvent parallèles.
long. 4. Tandis que les trois groupements précédents
L’échantillon G. 1 du 9-8-58 (XVII) provient correspondent à des formes dues à l’usure méca-
d’un banc de sable et de galets en amont d’une île nique, le quatrième correspond à des fragments
*/-- -
située sur le cours moyen de l’Approuague de quartz filoniens trouvés en place dans des
I
immédiatement en aval du saut Mapaou. Ce saut éluvions ou à peine remaniés dans des colluvions.
est à 90 lun de l’embouchure, c’est dire que les Leur dissymétrie est variable mais se tient en
eaux de 1’Approuague y ont déjà parcouru quel- général autour des valeurs indiquées plus haul
ques 300 à 350 kin depuis les sources. Mais cela pour les élénients de filon tronçonnés sur place.
ne signifie pas pour autant que les galets viennent Par contre, les aplatissements peuvent être
d’aussi loin. En effet, les bassins au pied des élevés s’ils traduisent I’épaisseur originel du
sauts connaissent une forte turbulence, et des tronçon mais ils peuvent aussi diminuer sous
effets de houle se produisent sur les plages des l’effet de processus physico-chimiques qui tendent
angles-morts ; ainsi les fragments de quartz à abattre les angles et à émousser finement les
provenant des filons présents dans les roches du arêtes.
saut peuvent acquérir très vite un émoussé Comme ce type est très fréquent dans les
parfois considérable, sur de gros galets (pour colluvions aurifkres, on ne peut écarter totale-
L : 65 m m ; émoussés : 500 à 800 et dissymétrie ment des actions mécaniques lors des glissements,
négligeable 0,510) t o u t en conservant un apla- ou tassements mais les indices d’kmoussé restent
tissement élev6 (2,7-2,8). En effet, les faces qui très faibles en raison de l’effritement de cer-
matérialisent l’épaisseur de ces galets restent sou- taines surfaces avec ou sans ferruginisation. Ces
vent parallèles comme dans le tronçon de filon
indices prennent des valeurs de l’ordre de 20.
initial. C’est pourquoi nous considérons ces galets comme
Par contre, 1’échantillon G . l du 10-8-58 le résultat essentiel d’une désagrégation physico-
(XVIII) n’a qu’un indice d’émoussé de 153. Or il chimique où l’usure mécanique tient très peu
a été prélevé en amont de 1’Ilet Lézard sur un de place. Pow des raisons de clarté nous n’avons
bief calme, inais à débit puissant, à 15 km en aval mentionné que deux échantillons : l’un provenant
du saut Icoupaye et 9 kin en amont de la série des d’un sol. sur schiste de l’Orapu (Crique Virgile-
dix sauts ou rapides entre Saut Tortué et Saut XIII), l’autre (G. 2 du 25-8-58-X.IV) provient
Mapaou. Cet é&antillon devrait être plus usé d’une glaise 1) aurifère ’de la région de gros-Mon-
((
d‘autant que sa dissymétrie est faible par rapport ~
I
22 M. B O Y h - MORPHOMkTRIE DES GALETS DE QUARTZ EN GUYANE FRANçAISE T. XI
galets fossiles ayant subi par suite de processus ment est antérieur ou contemporain de la cimen-
de désagrégation décrits plus haut une modi- tation.
fication de leur forme après leur dépôt. Chaque
échantillon est .donc représenté sur le graphique 4. I1 arrive que d’un endroit à l’autre dans
par deux points. L’un qui se localise dans l’aire un même gisement l’effritement ait complètement
réservée à la désagrégation, l’autre gui se place oblitéré la forme initiale du galet. C’est le cas
soit dans l‘aire des actions marines>&soit dans de l’échantillon (3.1 du 23-10-58 (VII) de sorte
l’aire des actions fluviatiles ; il est alors souligné que les deux points correspondants qui figurent
par la lettre R. sur le graphique n’appartiennent pas à un même
lot.
I
On peut faire quatre remarques : On discerne ici les difficultés d‘un échantil-
1. Les sédiments les plus anciens, probablement lonnage expressif dans un pays par ailleurs si
tertiaires, en provenancë des sondages du Bureau pauvre en formations à galets.
Minier, se Tangent tous dans la catégorie fluviatile
avec des émoussés entre 130 et 300, des dissy- Cas particuliers et anomalies. - Nous appelons c
métries assez variables, par contre des aplatis- cas particuliers ceux des Bchantillons qui se
sements très voisins (1,5 à 1,7). I1 s’agit d’une situent sur le graphique de manière inattendue
même nappe de galets où l’on voit les émoussés mais explicable.
augmenter de l’amont vers l’aval entre XB.13 Ainsi l’échantillon G . 1 du 7’-2-59 (XXIII) se lo- L
et XF.17, de même entre XB.1 et XF.16. Nous calise dans l’aire des galets à illsure mécanique flu-
avons montré aiUeurs (1-2) que cette nappe viatile, or il s’agit de galets d’une plage au pied
correspondait à une décharge pluviale d’un maté- d’une falaise rocheuse de quartzite et d’amphibo-
rie! détritique continental dans une zone d’estu- lite s_ur la face Nord du Montabo à Gayenrie. Ce
aire et de fait l’échantillon le plus usé XF.16 littoral récemment dévasé (7) découvre dans la
vient du sondage le plus aval dont nous disposions. roche des filons de pegmatite et de quartz en
2. Une différence apparaît entre l’échantillon cours d’abattage depuis un maximum de deux ans.
de galets plio-quaternaires de crique Laussat L’émoussé acquis n’est d’ailleurs pas négligeable
(VI) peut-être marqué par des actions marines, (285) mais dissymétrie et aplatissement sont encore
et les échantillons G . l du 23-10-58 (VII), Szd ceux des tronçons de quartz filoniens demeurés
du 10-10-58 ’(VIII), Bjo .26 (IX) qui se révèlent en place. I1 ne s’agit que d‘un début d’usure
fluviatiles. destinée à évoluer comme le montrait déjà
I’échantillon (3.2 du 7-2-59, plage de Rémire
Tandis que le premier correspond A un niveau (XXIV). C’est pourquoi naus avons représenté
niorphologique de 45 m d’altjtude, les trois très schématiquement l’empiètement du domaine
autres se trouvent entre 10 et 20 m d’altitude fluviatile sur le domaine marin.
sur un niveau qui domine immédiatement celui
des savanes skches. Nous avons montré ailleurs (2) Un autre cas particulier assez significatif des
que ces sédiments fluviatiles étaient plus récents processus de façonnement à l’ceuvre en pays
’ tropical humide est celui de E.l du 22-8-58 (XVI).
qu’on ne les a considérés jusqu’ici. MBme à
l’échelle des aspérités de désagrégation secon- Les galets proviennent du Saut Emérillon qui est
daire, la différence apparaît. un vaste (( compayré 1) de 4 lcm de long fait de
boules de granit porphyroïde et de dalles plus
3. Le meine niveau altimétrique de 10 à 20 in ou moins disloquées mais en place, d’une roche
offre localement des conglomérats ferrugineux niélanocrate-à structure très fine.
plus ou moins consolidés qui semblent être des
sédiments anciens repris sur des fronts de mer Tandis que !es dalles portent des vermicu-
plus récents (niveau de la mer Coropina-Coswine). lures de quelques millimètres de relief et de
Leurs indices en R les classeraient comme litto- largeur, les boules de granit portent diverses
raux ; exemple : G . 2 du 23-5-58 (XI). Néanmoins formes d’érosion physico-chimique. Leur face
ils ont été ultérieurenlent effrités. L’échantillon dirigée vers l’aval présentent des guillochures
G . l bis du 10-10-58 (X) ne comporte qu’un seul plus ou moins en croissant d’une dizaine de cm8,
point sur le graphique. Ge conglomQat fortement parfois plus, qui semblent correspondre à. une
cimenté a dû être désagrégé par l’acide chlor- érosion différentielle du type aréolaire. Les I
hydrique pur à chaud à trois reprises pendant
48 h. au total. On voit sur les coupes de la
carrière, dans le ciment, des galets effrités mais
il est évident que le traitement a achevé de les
détruire. Seuls les galets obtenus intacts ont été
mesurés. Ce fait invite à beaucoup de prudence
dans, l’interprétation des indices de tels galets
car il n’est pas possible de savoir si l‘effrite-
T. XI M. BOYÉ - MORPHOMÉTRIE DES GALETS DE QUARTZ EN GUYANE FRANÇAISE 23
,TABLEAU II
* Valeurs médianes d‘indices
de diamètre, affectent la falaise sur toute sa naison du litage par rapport à la verticale. La
hauteur, se recoupent parfois surtout vers le roche est bien en place.
haut, où l’on distingue des formes en demi-enton- Or, à 20 m de profondeur, la sonde a traversé
noir, mais en tout cas se juxtaposent sur de vastes un filon de quartz et a ramené 32 fragments .de
surfaces comme des tuyaux d’orgue. Les forestiers 61 à 11 mm, de plus grande longueur, donnant
créoles leur donnent: le joli nom de (( roches- *
une médiane de 26 mm. Les cinq plus gros sont
fantaisies 1). Dans le détail les phéno-cristaux subanguleux. Leurs cassures fraîches montrent
de feldspath font toujours saillie, aidant à la qu’elles résultent du carottage. On remarquera
fixation de lichens qui jouent peut-être leur rôle. toutefois que la dimension du plus gros de ces
I ”
De toute manière, ces granites porphyroïdes fragments correspond à la valeur médiane des
paraissent très sensibles aux actions physico- centiles fournie par A. CAILLEUX pour les mor-
chimiques dont l’alvéolisation en pseudo-marmites ceaux de filon -tronçonnés in situ (voir page 19).
n’est qu’un des résultats. On peut alors se deman- De fait, un certain tronçonnage devait exister
der dans quelles conditions, les galets de quartz dans ce filon car, abstraction faite des cassurss
pris dans ces marmites acquièrent leur émoussé. artificielles, les arêtes de ces fragments sont
Le cas particulier suivant est une véritable finement émoussées avec un indice de l’ordre
anomalie.$I1 va nous permettre sinon de résoudre de 30.
le problème, du moins de le poser en termes Une seconde fraction de 22 galets de 16 à
nouveaux. Le sondage du Bureau Minier XF.20 33 mm avec une médiane de 24 mm fournit un
implanté à Bassin-Mine d’Or sur la piste Mana- indice d’émoussé médian de 250. C’est ce lot
Organabo, atteint dès 9-10 ni le socle gneissique qui est représenté sur le graphique (Fig. 1-XXV).
.)
arénisé. Dès 12 m la roche, un gneiss à biotite et Toutefois, les valeurs individuelles de 300 à 400 en
grenat, bien qu’altérée est très reconnaissable. sont pas rares. Le lot: comporte même un galet I
On y trouve, assez hien conservés, des feldspaths. ovoïde atteignant l’indice de 800. La régularité de t
On peut même, sur les carottes, mesurer l’incli- sa surface n’est rompue que par le logement d‘un I
T. X I M. BOYh - M6RPHOMhTRIE DES GALETS DE QUaRTí? EN GUYANE FRANçAISE 25
-
grenat, dont il reste une esquille au fond du histoire complexe. Sauf cas particulier où le
creux. Or, c’est une règle générale dans tous les rapport est évident et iinmBdiat entre ün filon
sédiments que nous connaissons en Guyane, que en voie d’abattage et les agents dynalniques qui
les grenats disparaissent très vite par altération. l’attaquent el en façonnent les débris, un frag-
C’est même l’un des crilères qui permettent nient de filon peut connaître I’évolution schéma-
dans les cas douteu?, de distinguer une arène de tique suivanle en quatre phases :
décomposition d’un sable transporté. I. Vien1 d’abord le tronçonnage du filon in situ,
On peut en outre, en considérant l’ensemble avec ou sans ferruginisation. Les actions physico-
du lot (fig. 3), voir que les émoussés sont en chimiques qui opèrent, utilisent des prédisposi-
moyenne inversement proportionnels aux dimen- tions structurales, niais il n’est pas, sûr qu’elles
sions. I1 y a donc un processus - inconnu - soient toutes liées au climat actuel; ce doute
responsable de l’évolution des formes depuis le est suggéré par l’examen de 1’échantillon XF .20.
tronçon grossièrenien t équarri selon le plan de
fissilité du filon jusqu’à celle d’une bille qui I1 en résulte des fragments grossièrement
L équarris et parfois des émoussés inattendus.
devrait sur le graphique, se situer dans l’aire
réservée aux actions dynamiques tourbillonnaires. II. Suit une évolution pédologique des frag-
Vue l’importance de ce document iious nous ments dans les éluvions ou les colluvions. Elle
z sommes assurés qu’il n’y avait ni contamina tion relève d’un chimisme climatique où les actions
par les éluvions qui surmoxtent le gneiss dans le biologiques ont leur part.
sondage ni une erreur dans I’échanlillonnage.
Toutefois des actions mécaniques de détail
D’ailleurs cette découverte s’annonçait depuis peuvent jouer : lessivage brutal, glissements,
quelques temps. Dans le sondage Xg.4, sur la variations des nappes phréatiques, poussée des
Crique Vache au Nord de Saint-Laurent, le racines, travail des animaux fouisseurs.
carottier avait remonté dans un gneiss de même -
type trois fragments de quartz porteurs de sur- I1 en résulte concurremment un effritement
faces émoussées inais la sondeuse les avait en des fragments et l’acquisition d’un certain
partie taraudées, nous n’en avipns pas tenu émoussé $es ar6tes.
compte. L’uv d’eux pourtant simule un galet - III. Lorsque se produit l’entrée dans le cycle
2 R , . 1 O00 sédimentaire, les actions dynamiques prévalent
recasse qui &rait un indice = 333
L mais n’oblitèrent le façonneinent initial que lorsque
pour L = 30 min. le quartz est suffisamment résistant. On obtient
alors des émoussés conformes aux normes sta-
D’autre part, dans les chantiers d’orpaillage tistiques : ainsi dans les marini tes tourbillonnaires,
du Haut-Approuague nous avions trouvé dans les sur les plages marines et à un moindre degré
galets de la glaise aurifere non seulement des dans les cours d’eau.
arêtes émoussées que nous avons citées plus
haut, mais aussi des indivjdus apparemment Si le quartz est trop altéré, il se pulvérise
roulés. Nous n’en avions pas tenu compte en et fournit une arène, d’où la remarquable pau-
raison du bouleversement par l’homme. vreté des rivières guyanaises en galets.
Dans un autre ordre d’idées, des études de Notons au passage, que le grand nombre de
grains de quartz à l’échelle de 0,5-0,Gmm nous sauts sur les rivières - il y en a 61 sur I’Approua-
ont fait penser que des actions physico-chimiques gue par exemple - devraient fournir au moins
pouvaient dans les éluvions et dans les roches à l’aval des bancs de galets. Tout au plus trouve-
en voie d’altération climatique, provoquer non t-on des graviers dans les bassins a? pied du saut,
seulement des aspects pico tés des surfaces mais ?et d’après nos. observations, il s’agit le plus
également des émoussés-luisants. Nous en avons souvent de fragments abattus de filons présents
même, tz-ouvé et décrit (1) dans un gneiss pro- dans les roches du sauC, ce qui revient à dire que
venant du sondage XI?. 16 artificiellement dés- l’alimentation en débris est toute prphe.
agrégé à l’eau oxygénée à chaud. Nous ne pouvons I1 faut ici insister sur la morphologie des sauts
donc pas dire si le ch+isme, qui se révèle ainsi, guyanais : même lorsqu’il y a une véritable
est lié ou non aux altérations commandées par dénivellation, comme pour le Saut Grand-Canori
le climat. Nous nous bornons à constater que sur I’dpprouague (19 in), les rapides sont dus
des formes arrondies peuvent être acquises en moins à une rupture du profil longitudinal par
l’absence de tout transport. érosion régressive qu’à l’obstacle à l‘écoulement
5- provoqué par le chaos des blocs.
ENSEIGNEMENTS ET CONCLUSIONS
Enleffet la plupart de ces sauts sont des Com-
((
I1 ressort de l’examen du graphigue 3 et des payrés 1). C’est-à-dire le produit d’une érosion
!
observations qui ont été évoquées chkinin faisant, chimique différentielle aboutissant à une décom-
que tout galet, même actuel, a derrière lui une position en boules ou en dos de tortue D,
(( ((
26 M. BOY& - MORPHOM~TRIEDES GALETS DE QUARTZ EN GUYANE FRANÇAISE T. XI
délavés de leurs arènes par le cours d‘eau. Celui-ci l’arénisation mais cette fois, de nature physico-
coule pratiquement à fleur d’une pénéplaine chimique.
ancienne dont la genèse ne paraît pas liée à une Au total, la pauvreté des sédiments de Guyane 4
érosion normale mais bien plutdt a un pourisse- en galets tient moins à un défaut d’alimentation,
ment général des roches, pour lequel R. BARBIER en fragments, des agents de transport qu’à un
(11) a proposé le mot très heureux de (( tunique pourrissement général qui attaque les quartz
tropicale D .Cette tunique signifie, quelle que soit eux-mèmes tant au stade éluvial qu‘au stade
la topographie, une réserve de matériaux désa- alluvial. ‘Même sur les galets préalablement
grégés, faciles à abattre et prêts à partir à la façonnés par des actions mécaniques, d’autres
moindre érosion; par exemple sous l’action de actions physico-chimiques provoquent une évolu-
flagellation des gouttes de pluie. Même si la pla- tion régressive des formes gui a pour terme l’aré-
nation est dûe à d‘autres systèmes d’érosion, nisation.
dans le système actuel prévaut le délavage plu-
tôt que le ruissellement concentré. C’est pourquoi des sédiments d’âges différents
Par suite on ne doit pas s’attendre - au moins - tertiaires, plio-quaternaires ou quaternaires i
dans les conditions de pluviosité actuelles - plus récents - finissent par adopter des faciès
à de longs transports sous forme de galets. Si assez voisins, faits de galets plus ou moins arron-
donc l’on rencontre des bancs de galets dans les dis, puis effrités, associés à des arènes anguleuses
biefs calmes il faut admettre une autre, prove- et mal classées. On conçoit qu’une telle unifor-
nance. Les ruissellements sous forêts manquant misation, liée aux divers chimismes que favorise
de compétence, les apports lateraux sont provo; le climat chaud et humide, rende les corrélations
qués par l’abattage de la tunique tropicale, par stratigraphiques conjecturales. Les appellations de
le fleuve sur ses berges (foirages des pans verti- (( White Sand Series )I des auteurs britanniques,
caux imbibés lors des averses - déracinement de Zanderij 1) des auteurs du Surinam, de
((
(6) CHOUBERT (B.). Sédimentation actuelle en Soin. Soc. Gèol. Fr., 6 novembre 1950, p. 224-
Guyane Française. .XIXe Congr. Intern. 226. Avec observations de A. Cailleux à une
Giol. Sect. IV, Alger 1952. communication de "M. Tricart, ibidem, séance
(7) CHOUBERT (B.) et BOY$ '(M.). Envasements du 20 novembre 1950.
et dévasements du littoral en Guyane Fran- (io) TRICART(J.) et SCHAEFFER(R.). L'indice
çaise. C.R. Acad. Sci., 6 juillet 1959, t. 249, d'émoussé des galets : moyen d'étude des
p. 145-147. s y s t h e s d'érosion. Rev. Gèomorpli. Dyn. I Z O 4 ,
(8). ROUCERIE (G.). A propos de l'étude morpho- 1950, p. 151-179.
. scopique des galets équatoriaux. C.R. Som. (11) BARBIER(R.).Un Probleme morphologique
Soc. Gdol. Fr., 5'mars 1951, p. 80-82.
au Brésil : (( Pain de Sucre n et (( Tunique tro-
(9) TRICART (J.)., Premiers résultats d'une étude pícale o. C. R. Ac. Sc. t. 245, no 25, 1957,
de galets fluviatiles actuels du Gabon. C.R. p, 2346 39.