Ebooks File Civetta, Taylor, & Kirby's Critical Care Medicine 5th Edition, (Ebook PDF) All Chapters
Ebooks File Civetta, Taylor, & Kirby's Critical Care Medicine 5th Edition, (Ebook PDF) All Chapters
com
https://ebookmass.com/product/civetta-taylor-kirbys-
critical-care-medicine-5th-edition-ebook-pdf/
OR CLICK BUTTON
DOWNLOAD NOW
https://ebookmass.com/product/critical-care-emergency-medicine-second-
edition-2nd-edition-ebook-pdf/
ebookmass.com
https://ebookmass.com/product/quick-reference-to-critical-care-5th-
edition-ebook-pdf/
ebookmass.com
https://ebookmass.com/product/neurocritical-care-pittsburgh-critical-
care-medicine-lori-shutter/
ebookmass.com
https://ebookmass.com/product/critical-care-emergency-medicine-2nd-
edition-william-chiu/
ebookmass.com
Pediatric Critical Care 5th Edition Jerry J. Zimmerman
https://ebookmass.com/product/pediatric-critical-care-5th-edition-
jerry-j-zimmerman/
ebookmass.com
https://ebookmass.com/product/harrisons-pulmonary-and-critical-care-
medicine-3e-joseph-loscalzo/
ebookmass.com
https://ebookmass.com/product/critical-care-medicine-an-algorithmic-
approach-1st-edition-alexander-goldfarb-rumyantzev/
ebookmass.com
https://ebookmass.com/product/clinical-practice-manual-for-pulmonary-
and-critical-care-medicine-1st-edition-landsberg-md/
ebookmass.com
Names: Layon, A. Joseph, editor. | Gabrielli, Andrea, editor. | Yu, Mihae,
editor. | Wood, Kenneth E., editor.
Title: Civetta, Taylor & Kirby’s critical care / edited by A. Joseph Layon,
Andrea Gabrielli, Mihae Yu, Kenneth E. Wood.
Other titles: Civetta, Taylor and Kirby’s critical care | Critical care
Description: Fifth edition. | Philadelphia: Wolters Kluwer, [2018] |
Includes bibliographical references and index.
Identifiers: LCCN 2017033400 | ISBN 9781469889856
Subjects: | MESH: Critical Care | Intensive Care Units
Classification: LCC RC86.7 | NLM WX 218 | DDC 616.02/8–dc23 LC
record available at http://lccn.loc.gov/2017033400
This work is provided “as is,” and the publisher disclaims any and all
warranties, express or implied, including any warranties as to accuracy,
comprehensiveness, or currency of the content of this work.
This work is no substitute for individual patient assessment based upon
healthcare professionals’ examination of each patient and consideration
of, among other things, age, weight, gender, current or prior medical
conditions, medication history, laboratory data and other factors unique to
the patient. The publisher does not provide medical advice or guidance and
this work is merely a reference tool. Healthcare professionals, and not the
publisher, are solely responsible for the use of this work including all
medical judgments and for any resulting diagnosis and treatments.
Given continuous, rapid advances in medical science and health
information, independent professional verification of medical diagnoses,
indications, appropriate pharmaceutical selections and dosages, and
treatment options should be made and healthcare professionals should
consult a variety of sources. When prescribing medication, healthcare
professionals are advised to consult the product information sheet (the
manufacturer’s package insert) accompanying each drug to verify, among
other things, conditions of use, warnings and side effects and identify any
changes in dosage schedule or contraindications, particularly if the
medication to be administered is new, infrequently used or has a narrow
therapeutic range. To the maximum extent permitted under applicable law,
no responsibility is assumed by the publisher for any injury and/or damage
to persons or property, as a matter of products liability, negligence law or
otherwise, or from any reference to or use by any person of this work.
LWW.com
To my
children
Maria,
Nicolas,
and
Daniel—
who have
taught me
humility.
To my best
friend and
partner
Susana E.
Picado—
who
taught me
to be
better.
To my
green-eyed
kid sister
Serena M.
Layon,
1953–
2008—
suffering
and
dignity are
reconcilab
le.
To those
who
struggle
for justice
and peace
—no
surrender.
To those
on the
path to
becoming,
rejecting
the box of
conformity
, we are
fellow
travelers.
—A. Joseph
Layon
To the
memory of
my
parents,
Pietro and
Giuliana
for
showing
me the
right path
in life.
To my
brother
Marco, the
real smart
guy of the
family.
To my
wife
Elizabeth,
little
Rachelle,
and soon
to be with
us Vera
for
bringing
endless
joy to my
life
To my
students,
friends,
and
colleagues
worldwide
for being
my drive
to learn
To our
patients:
my
inspiratio
n for
compassio
nate care.
—Andrea
Gabrielli
To my
Dad,
General
Jae Hung
Yu and the
Seventh
Division
for their
sacrifices
and
changing
history for
the better.
To my
Mom,
Esang
Yoon who
was the
wind
beneath
our wings.
To Dr.
Thomas J.
Whelan Jr.
who
continues
to mentor
me in the
practice of
Surgery
and Code
of
conduct.
To Joe
and Judy
Civetta
who
sparked
my
continuing
love for
Critical
Care and
being the
guiding
light for
all
Peepsters.
And to my
daughter
Pearl
(&CD)
who has
the Master
Key to
All…
—Mihae Yu
Dedicated
to the
patients
that we
have the
privilege
to serve;
the
interns,
residents,
fellows
and
advanced
practition
ers we
have the
responsibi
lity to
teach; the
nurses,
pharmacis
ts, and
therapists
with
whom we
collaborat
e; the
authors
who gave
of their
time to
contribute
and my
wife for
her
support
and
tolerance
of yet
another
academic
project.
…. may
this book
serve as a
resource
to
educate,
facilitate
interdiscip
linary
collaborat
ion and
help fulfill
our
mission of
improving
patient
care.
—Dr. Wood’s
Contributing Authors
Steven G. Achinger, MD, FASN
Department of Nephrology
Watson Clinic, LLP
Lakeland, Florida
Mustafa Ahmed, MD
Assistant Professor
Division of Cardiovascular Medicine
University of Florida
Gainesville, Florida
Layth Al-Jashaami, MD
Clinical Assistant Professor
College of Medicine
University of Arizona
Phoenix, Arizona
Mayar Al Mohajer, MD
Associate Professor
Department of Medicine
Discovering Diverse Content Through
Random Scribd Documents
puis pour voir les choses comme elles sont. Voici ce qui me semble
bien s’être passé.
« La production des ouvrages d’imagination, en France, a
presque décuplé depuis un demi-siècle. Les critiques, je vous l’ai dit,
se sont trouvés submergés. Ils n’ont plus, même matériellement, le
temps de tout lire ; il y a eu, de leur part, une sorte de demi-carence,
involontaire. Les membres des jurys littéraires, en décernant une
demi-douzaine de prix chaque année, opèrent une espèce de triage.
Ils lisent, les pauvres diables, ils lisent même « à l’œil », si j’ose
m’exprimer avec cette vulgarité. Et de la sorte ils signalent les
ouvrages qu’ils couronnent, non seulement au public, mais aux
critiques. Ceux-ci ont beau protester contre les prix littéraires, ils
sont bien obligés de rendre compte à leurs lecteurs d’un livre dont
ceux-ci leur demandent, naturellement : « Le prix, selon vous, a-t-il
été bien, ou mal donné ? »
— Il y a donc du bon dans cette coutume nouvelle ?
— Sans doute, mais non sans mélange. Auparavant c’était les
lecteurs eux-mêmes, sous la direction des critiques, qui faisaient
librement leur choix, par une sorte de suffrage universel. Aujourd’hui,
nous n’en sommes plus qu’au suffrage à deux degrés, avec un
scrutin aristocratique à la base, et un vote populaire qui n’existe que
pour ratifier. Car la puissance d’achat du public est limitée. Lorsque,
dans l’année, le lecteur s’est procuré chez le libraire une dizaine de
volumes, il y a des chances pour qu’il s’en tienne là. Il en résulte que
tout ouvrage qui ne bénéficie pas d’un prix littéraire risque fort de
tomber dans l’oubli — ou les boîtes des quais, ce qui est à peu près
la même chose.
— L’expérience paraît prouver, en effet, qu’il en est ainsi.
— De plus, cette institution des prix littéraires, si elle a pour effet,
dans une certaine mesure, de moraliser les écrivains des
générations antérieures, qui décernent la récompense, pourrait bien
démoraliser les candidats, c’est-à-dire toute la jeune littérature.
— Comment cela ?
— Les jurés sont obligés de lire les ouvrages de ces débutants,
ou quasi-débutants. Cela ne leur est pas sans fruit : ils sortent ainsi
de leur coquille, ils entrent en contact avec des tendances nouvelles,
des conceptions d’art qui ne sont pas les leurs. Je ne dis point qu’ils
ne le fissent pas auparavant ; mais ils le font ainsi plus souvent, et
d’une attention plus éveillée.
« Pour ceux, par contre, qui prétendent à leurs suffrages, ces
concours ne vont pas sans inconvénients. Ils les accoutument à des
démarches un peu trop souples, à des sollicitations, en un mot à
l’intrigue. Je suis persuadé qu’ils s’exagèrent l’influence de ces petits
moyens. Ce qui m’a presque toujours frappé, c’est la générosité,
l’impartialité des débats dans ces jurys littéraires, le soin touchant
que mettent les jurés à peser le mérite des œuvres. Ils commencent
d’ordinaire par accorder des voix de sympathie ou d’amitié à
quelques candidats. Mais ensuite la véritable discussion commence.
Elle est souvent fort vive ; elle demeure rigoureusement probe.
« Mais rien n’a pu empêcher le candidat de se dire : « Me liront-
ils ?… Ils en reçoivent tant ! Je ferais bien d’aller les voir ! Et aussi de
leur écrire ! Et aussi de leur faire écrire, par telle personne qui passe
pour avoir de l’influence auprès de celui-ci ou de celui-là. » Ce
médiocre souci, l’emploi de ces petites ficelles, n’est pas pour
rehausser les caractères. Ce sera là, selon moi, un des principaux
reproches qu’on pourra faire aux prix littéraires, tant qu’ils dureront.
— Tant qu’ils dureront ?
— Il en est un certain nombre qui sont assurés de vivre. Le
premier en date, d’abord, qui est le prix Goncourt ; celui que
l’Académie a fondé, à l’imitation et en concurrence du prix Goncourt,
un ou deux encore. Mais d’autres sont des entreprises de publicité.
Leur existence est fonction de la prospérité de la firme qui les
inventa, et du succès que le genre romanesque obtient en ce
moment. Ils ne seront pas éternels.
— Des entreprises de publicité ?
— Pamphile, elles sont fort légitimes ! Mais il ne saurait y avoir de
doute sur cette origine commerciale. Il n’en était pas du tout ainsi de
leur aïeul, le prix Goncourt. Celui-ci a eu pour père deux écrivains,
prosateurs et romanciers, qui tenaient leur profession pour la
première du monde, et à un moment où la morale publique, plus
chatouilleuse que de nos jours, mettait aisément certaines œuvres à
l’index. Ils ont voulu manifester contre cette attitude, où ils voyaient
du pharisaïsme, élever en dignité l’artiste libre, dédaigneux des
conventions, en face des Béotiens. La petite compagnie qu’ils ont
formée, désignant par leur testament ses premiers membres, est
composée d’écrivains de valeur, et sans nulle attache officielle ou
mercantile. De là le légitime accueil que fit le public à cette
fondation. Observez qu’il n’en résulta pas tout d’abord, pour les
ouvrages couronnés, un succès de librairie. Les « prix Goncourt » du
début n’ont pas connu de gros tirages. Ce n’est qu’à la longue que
ceux qui lisent constatèrent que les juges du « prix Goncourt »
d’ordinaire ne se trompaient pas dans leur choix, et leur signalaient
des œuvres intéressantes.
« A compter de cet instant, les éditeurs s’efforcèrent d’avoir « leur
poulain » pour le prix Goncourt. Ce fut la première phase. Dans la
seconde, ils songèrent à fonder ou à susciter la création d’autres
prix, pour le motif que c’est là le genre de publicité qui « paie » le
plus sûrement.
« Cela durera donc tant que ce genre de publicité paiera.
— C’est-à-dire ?…
— C’est-à-dire tant que ces prix ne seront pas trop nombreux
pour se faire mutuellement concurrence, ce qui se produit déjà. Et
tant que nous ne passerons pas, comme je le disais l’autre jour, de
la période des vaches grasses à celle des vaches maigres.
« … Mais, je ne saurais trop le répéter, je plains les poètes. C’est
eux surtout qui auraient besoin d’un secours extérieur, de l’appui
social : un romancier de talent peut espérer aujourd’hui vivre de sa
plume. Les poètes ne peuvent s’adresser, de notre temps, qu’à
quelques rares délicats. En mettant les choses au mieux, il leur faut
attendre beaucoup plus longtemps que les romanciers l’instant où
quelques paillettes d’or se mêleront pour eux à l’eau claire
d’Hippocrène. Pour la plupart, ces paillettes ne tombent jamais dans
leur sébile. Si le fier Moréas n’avait eu quelques petites rentes, il
serait mort de faim…
« Il y a bien quelques petits prix pour les poètes, mais si
dérisoires !… D’ailleurs il me paraît que cette institution des prix
annuels, justement par ce qu’elle a souvent de trop commercial, ne
remplit pas son objet. Un prix qui serait donné tous les cinq ans
seulement à un jeune auteur, et qui assurerait à celui-ci, pour cinq
ou dix ans, une somme suffisante pour qu’il pût travailler avec
indépendance, rendrait à l’art de bien plus grands services. Mais
quel est le mécène qui nous le donnera ? »
CHAPITRE XVII
L’ÉCRIVAIN ET L’ARGENT
LE MARIAGE DE L’ÉCRIVAIN.
L’ÉCRIVAINE
SALONS LITTÉRAIRES
Jadis les écrivains allaient au café ; ils y faisaient leurs débuts ; ils
y vivaient ; parfois ils y mouraient, ou peu s’en faut. Le grand Moréas
aura peut-être été le dernier à mener intrépidement, et jusqu’à
l’hôpital, cette existence indépendante et bohème. Elle avait ses
avantages, assurant à l’esprit une liberté qu’ailleurs il ne saurait
retrouver aussi entière. Elle avait ses inconvénients, dont l’un, et non
des moindres, était de séparer presque complètement les gens de
lettres des femmes — du moins des femmes qui ne fréquentent pas
les cafés, et c’est le plus grand nombre. Un autre de ces
inconvénients est qu’on ne saurait guère aller au café, et y séjourner,
sans boire. La littérature d’alors buvait donc, et non sans excès… La
Faculté, de nos jours, constate qu’il existe « un alcoolisme des gens
du monde » à base de porto et de cocktails. Il y avait, à cette époque
aujourd’hui préhistorique, un alcoolisme des littérateurs, à base
d’absinthe et d’autres breuvages violents et populaires.
Nul ne saura jamais pourquoi les peintres vont encore au café,
tandis que les gens de lettres l’abandonnent. Il se peut que ce soit
parce qu’il subsiste, dans la peinture, plus de fantaisie et d’esprit
révolutionnaire, si l’on entend ce dernier terme au sens d’une sorte
de répugnance à s’incliner devant un minimum de conventions
mondaines et aussi d’un goût déterminé pour les discussions
théoriques. Les discussions théoriques ne peuvent guère avoir lieu
qu’au café, et entre hommes, ou du moins en présence de dames
qui ne sont là que pour attendre patiemment que leur ami finisse par
estimer qu’il est temps de s’aller coucher.
Le café, pour la littérature, surtout pour la très jeune littérature, a
été remplacé par le bar-dancing, plus coûteux, et où l’on rencontre
des dames également plus coûteuses, bien que d’un niveau social
analogue à celui des personnes qui accompagnaient autrefois leurs
seigneurs et maîtres à la brasserie ; mais surtout par les salons.
Il existe en ce moment très peu de salons « littéraires » au sens
propre du mot, c’est-à-dire où un homme de lettres, ou plusieurs,
tiennent le haut du tapis et le dé de la conversation. Mais il en est,
beaucoup plus qu’auparavant, où les jeunes gens de lettres sont
admis de plain-pied avec les gens du monde ou de fortune
considérable. Ceci vient, comme il a été dit, de la tendance des
classes dirigeantes et conservatrices à s’annexer, comme une force,
la littérature. Les jeunes gens de lettres se font là des amies, ni plus
ni moins sûres que celles que leurs prédécesseurs conduisaient au
café, mais qui en diffèrent par leur rang social, leur manière de vivre
et, en quelques nuances, d’envisager les problèmes de l’amour.
Elles ont, de plus, en raison de leur habitude du monde, et de leur
situation, plus d’autorité ; elles exigent qu’on ne les laisse pas
entièrement à part de la conversation, même si elle est « d’idées »,
ce qui, à la grande rigueur, peut arriver.
Il résulte de cette évolution des mœurs que la littérature
d’autrefois, la littérature de café, avait une tendance excessive à se
masculiniser, et que la littérature d’aujourd’hui marque en sens
inverse une propension à se féminiser, tout en s’affirmant, en
quelque manière, antiféminine. Elle est de meilleur ton, et plus
galante ; elle est moins romantique, moins oratoire, plus spirituelle,
légère, psychologique ; elle recherche d’autres genres de
supériorité, elle admet aussi d’autres genres de médiocrité. Il ne faut
pas croire que les cafés littéraires n’eussent pas leur snobisme :
celui de la violence, de la grossièreté truculente et, dans les derniers
temps, d’un individualisme anarchique… Les salons plus ou moins
littéraires de nos jours ont le leur, dicté par quelques revues plus ou
moins jeunes, qui ont la prétention d’exprimer le fin du fin, d’avoir un
goût qui n’est pas celui du vulgaire — le snobisme de l’ennui, a dit
avec rudesse, et sans suffisantes nuances, M. Henri Béraud — et
celui des opinions décentes, non pas en morale, où l’on est fort
indulgent, mais en politique.
Le café était volontiers libertaire ; le salon est conservateur, bien
que de façon platonique et inefficace. Il ne saurait, en effet, aller bien
loin : car il ne reçoit pas seulement des gens de lettres et des gens
du monde, mais des hommes politiques des partis au pouvoir, qui
sont aussi, pour la maîtresse de la maison, des numéros « à
montrer ». Souvent aussi, d’ailleurs, des intérêts matériels, des
intérêts « d’affaires » y sont pour quelque chose. On a toujours un
petit service à demander à un homme politique ! D’ailleurs on
s’accorde généralement à déclarer qu’il pense moins mal qu’on
n’aurait cru, qu’au fond « il est des nôtres ». On garde le vague
espoir qu’on le gagnera tout à fait. Cette erreur est excusable : à
Paris et dans un milieu parisien, l’homme politique parle comme on
parle à Paris, il ne tient pas à se faire d’ennemis. Le dos tourné, il
recommence à penser à ses électeurs de province, qui eux-mêmes
ne pensent pas comme les habitués de ce salon parisien. Il sait ce
qu’il faut dire — et ce qu’il faut taire. En fin de compte, ce ne sont
pas ses électeurs qu’il trahira, mais le salon ne lui en gardera pas
longtemps rancune, parce que, malgré tout, il faut « l’avoir ».
Le salon n’exerce aucune influence réelle sur la littérature ; il ne
la mène pas, il ne lui signale nulle direction, pour le motif qu’on y
pense peu, et que les conversations « d’idées » y sont rares de nos
jours. Du reste, en plus des écrivains des petites chapelles à la
mode, dont je parlais tout à l’heure, il se contente d’accueillir les
écrivains que la faveur publique a désignés par de gros tirages ou
certaines revues par leur publicité ; il ne fait pas les réputations. Il a
pourtant cet avantage de constituer un lieu de rencontre pour des
gens de lettres qui jusque-là ne se connaissaient que par leurs
œuvres, ou pas du tout. Il peut aussi servir à une candidature
académique.
Pamphile, qui n’est qu’un néophyte, n’y dit pas grand’chose, sauf
aux femmes, en quoi il a bien raison ; et, avec elles, il ne parle pas
littérature. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir des yeux et des
oreilles. Il écoute attentivement, et sait regarder ; il sort de là, le plus
souvent, avec des considérations qui m’amusent. Je ne suis
nullement étonné — de telles illusions sont de son âge — qu’il se
trouve déçu à voir que beaucoup d’auteurs ne ressemblent pas à
leurs œuvres. Belphégor, si ardent et si incisif, en ses écrits, lui
apparaît sous la forme d’un petit homme blond, timide et doux
comme un Eliacin qui aimerait seulement couper les cheveux en
quatre, au lieu de réciter les leçons du grand-prêtre Joad. Il s’étonne
que Vergis, qui publia les deux plus beaux romans lyriques et
romanesques de la fin du romantisme ne veuille plus entendre parler
que de philosophie bouddhique ; que Paulus, qui a tant d’esprit dans
ses livres et au théâtre, se répande communément en plaisanteries
qui ne feraient pas même honneur à l’Argus du café du commerce
d’une petite ville de province — mais n’en sont pas moins accueillies
comme d’une originalité exceptionnelle.
Enfin Pamphile a découvert Lépide, dont le succès, dans ce
salon et dans plusieurs autres, demeure pour lui un mystère. Lépide
est terne, même gris, ennuyeux et ne dit rien sur rien qui mérite
jamais d’être retenu. On le croirait plutôt né pour la diplomatie que
pour la littérature. Mais c’est à la littérature qu’il applique sa
diplomatie. Il écrit ; il compose des ouvrages ; mais ses ouvrages,
assez ennuyeux, ont toujours, par surcroît, le tort de rappeler ceux
de quelque devancier. Son style est pur, mais sans caractère ; une
eau transparente et insipide. On ne saurait rien en retenir. Pourtant il
est là, et la place qu’on lui reconnaît est distinguée — comme sa
personne, empreinte de cette élégance, vraiment mondaine, qui
consiste à ne présenter aucune chose remarquable. Nul ne doute
qu’il ne soit destiné au plus brillant avenir.
Pamphile, un peu choqué, m’en demande la raison.
« Il n’y en a pas, lui dis-je. Il y a seulement, dans la littérature,
des réputations de salon comme il y avait, il y a trente ans, des
réputations de café, tout aussi peu méritées. Ce ne sont pas les
mêmes, voilà tout. Le café aimait « les forts en gueule » et prenait
leur vulgarité bruyante pour de l’originalité. Le monde aime les gens
effacés, discrets, serviables. Il les adopte ; il n’obligera personne à
lire leurs livres : cela n’est point en son pouvoir ; mais il les peut
pousser jusqu’à l’Académie.
— Lépide sera donc de l’Académie ?
— Pourquoi pas ? Il est de bonne compagnie. C’est là un mérite,
et l’on ne saurait indéfiniment dire « non » à un aimable homme
qu’on rencontre partout où l’on va, et sur lequel il n’y a rien à dire, ni
en bien ni en mal. Une fois mort, il sera comme s’il n’avait jamais
existé. Son dernier, et peut-être son premier lecteur, sera celui qui le
remplacera sous la Coupole. Le malheureux aura de la peine à s’en
tirer ; mais il s’en tirera si, de façon discrète, il sait faire entendre qu’il
est des écrivains dont l’influence est personnelle, et ne vient pas de
leurs ouvrages. »
CHAPITRE XX
L’ÉCRIVAIN ET L’ACADÉMIE
Our website is not just a platform for buying books, but a bridge
connecting readers to the timeless values of culture and wisdom. With
an elegant, user-friendly interface and an intelligent search system,
we are committed to providing a quick and convenient shopping
experience. Additionally, our special promotions and home delivery
services ensure that you save time and fully enjoy the joy of reading.
ebookmass.com