Introduction to Programming with C++ 3rd Edition Liang Test Bank download
Introduction to Programming with C++ 3rd Edition Liang Test Bank download
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Economics 3rd Edition Hubbard Test Bank
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Laboratory Manual For Anatomy And Physiology Featuring
Martini Art Main Version 6th Edition Wood Test Bank
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Name:_______________________ CSCI 2490 C++ Programming
Armstrong Atlantic State University
(50 minutes) Instructor: Dr. Y. Daniel Liang
1
12 quizzes for Chapter 7
1 If you declare an array double list[] = {3.4, 2.0, 3.5, 5.5}, list[1] is ________.
A. 3.4
B. undefined
C. 2.0
D. 5.5
E. 3.4
2 Are the following two declarations the same
A. no
B. yes
3 Given the following two arrays:
1
A. yes
B. no
6 Suppose char city[7] = "Dallas"; what is the output of the following statement?
A. Dallas0
B. nothing printed
C. D
D. Dallas
7 Which of the following is incorrect?
A. int a(2);
B. int a[];
C. int a = new int[2];
D. int a() = new int[2];
E. int a[2];
8 Analyze the following code:
#include <iostream>
using namespace std;
int main()
{
int list[] = {1, 2, 3, 4, 5};
int newList[5];
reverse(list, 5, newList);
for (int i = 0; i < 5; i++)
cout << newList[i] << " ";
}
#include <iostream>
using namespace std;
2
int main()
{
int x[] = {120, 200, 16};
for (int i = 0; i < 3; i++)
cout << x[i] << " ";
}
A. 200 120 16
B. 16 120 200
C. 120 200 16
D. 16 200 120
10 Which of the following statements is valid?
A. int i(30);
B. int i[4] = {3, 4, 3, 2};
C. int i[] = {3, 4, 3, 2};
D. double d[30];
E. int[] i = {3, 4, 3, 2};
11 Which of the following statements are true?
A. 5
B. 6
C. 0
D. 4
#include <iostream>
using namespace std;
3
int main()
{
int matrix[4][4] =
{{1, 2, 3, 4},
{4, 5, 6, 7},
{8, 9, 10, 11},
{12, 13, 14, 15}};
int sum = 0;
return 0;
}
A. 3 6 10 14
B. 1 3 8 12
C. 1 2 3 4
D. 4 5 6 7
E. 2 5 9 13
15
Which of the following statements are correct?
a. (2 pts)
#include <iostream>
using namespace std;
int main()
{
int a[] = {1, 2};
swap(a[0], a[1]);
cout << "a[0] = " << a[0] << " a[1] = " << a[1] << endl;
return 0;
}
4
b. (2 pts)
#include <iostream>
using namespace std;
int main()
{
int a[] = {1, 2};
swap(a);
cout << "a[0] = " << a[0] << " a[1] = " << a[1] << endl;
return 0;
}
c. (4 pts) Given the following program, show the values of the array
in the following figure:
#include <iostream>
using namespace std;
int main()
{
int values[5];
for (int i = 1; i < 5; i++)
{
values[i] = i;
}
return 0;
}
5
After the last statement
After the array is After the first iteration After the loop is in the main method is
created in the loop is done completed executed
0 0 0 0
1 1 1 1
2 2 2 2
3 3 3 3
4 4 4 4
Part III:
Part III:
<Output>
<End Output>
6
Write a test program that reads a C-string and displays the number of
letters in the string. Here is a sample run of the program:
<Output>
7
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vous jetez ainsi à la tête des gens.
—Ma chère cousine, dit Eugène, vous m’avez déjà bien protégé;
si vous voulez achever votre ouvrage, je ne vous demande plus que
de me rendre un service qui vous donnera peu de peine et me fera
grand bien. Me voilà pris.
—Déjà?
—Oui.
—Et de cette femme?
—Mes prétentions seraient-elles donc écoutées ailleurs? dit-il en
lançant un regard pénétrant à sa cousine. Madame la duchesse de
Carigliano est attachée à madame la duchesse de Berry, reprit-il
après une pause, vous devez la voir, ayez la bonté de me présenter
chez elle et de m’amener au bal qu’elle donne lundi. J’y rencontrerai
madame de Nucingen, et je livrerai ma première escarmouche.
—Volontiers, dit-elle. Si vous vous sentez déjà du goût pour elle,
vos affaires de cœur vont très-bien. Voici de Marsay dans la loge de
la princesse Galathionne. Madame de Nucingen est au supplice, elle
se dépite. Il n’y a pas de meilleur moment pour aborder une femme,
surtout une femme de banquier. Ces dames de la Chaussée-d’Antin
aiment toutes la vengeance.
—Que feriez-vous donc, vous, en pareil cas?
—Moi, je souffrirais en silence.
En ce moment le marquis d’Adjuda se présenta dans la loge de
madame de Beauséant.
—J’ai mal fait mes affaires afin de venir vous retrouver, dit-il, et
je vous en instruis pour que ce ne soit pas un sacrifice.
Les rayonnements du visage de la vicomtesse apprirent à Eugène
à reconnaître les expressions d’un véritable amour, et à ne pas les
confondre avec les simagrées de la coquetterie parisienne. Il admira
sa cousine, devint muet et céda sa place à monsieur d’Adjuda en
soupirant. «Quelle noble, quelle sublime créature est une femme qui
aime ainsi! se dit-il. Et cet homme la trahirait pour une poupée!
comment peut-on la trahir?» Il se sentit au cœur une rage d’enfant.
Il aurait voulu se rouler aux pieds de madame de Beauséant, il
souhaitait le pouvoir des démons afin de l’emporter dans son cœur,
comme un aigle enlève de la plaine dans son aire une jeune chèvre
blanche qui tette encore. Il était humilié d’être dans ce grand Musée
de la beauté sans son tableau, sans une maîtresse à lui. «Avoir une
maîtresse est une position quasi royale, se disait-il, c’est le signe de
la puissance!» Et il regarda madame de Nucingen comme un homme
insulté regarde son adversaire. La vicomtesse se retourna vers lui
pour lui adresser sur sa discrétion mille remercîments dans un
clignement d’yeux. Le premier acte était fini.
—Vous connaissez assez madame de Nucingen pour lui présenter
monsieur de Rastignac? dit-elle au marquis d’Adjuda.
—Mais elle sera charmée de voir monsieur, dit le marquis.
Le beau Portugais se leva, prit le bras de l’étudiant, qui en un clin
d’œil se trouva auprès de madame de Nucingen.
—Madame la baronne, dit le marquis, j’ai l’honneur de vous
présenter le chevalier Eugène de Rastignac, un cousin de la
vicomtesse de Beauséant. Vous faites une si vive impression sur lui,
que j’ai voulu compléter son bonheur en le rapprochant de son idole.
Ces mots furent dits avec un certain accent de raillerie qui en
faisait passer la pensée un peu brutale, mais qui, bien sauvée, ne
déplaît jamais à une femme. Madame de Nucingen sourit, et offrit à
Eugène la place de son mari, qui venait de sortir.
—Je n’ose pas vous proposer de rester près de moi, monsieur, lui
dit-elle. Quand on a le bonheur d’être auprès de madame de
Beauséant, on y reste.
—Mais, lui dit à voix basse Eugène, il me semble, madame, que
si je veux plaire à ma cousine, je demeurerai près de vous. Avant
l’arrivée de monsieur le marquis, nous parlions de vous et de la
distinction de toute votre personne, dit-il à haute voix.
Monsieur d’Adjuda se retira.
—Vraiment, monsieur, dit la baronne, vous allez me rester? Nous
ferons donc connaissance, madame de Restaud m’avait déjà donné
le plus vif désir de vous voir.
—Elle est donc bien fausse, elle m’a fait consigner à sa porte.
—Comment?
—Madame, j’aurai la conscience de vous en dire la raison; mais
je réclame toute votre indulgence en vous confiant un pareil secret.
Je suis le voisin de monsieur votre père. J’ignorais que madame de
Restaud fût sa fille. J’ai eu l’imprudence d’en parler fort
innocemment, et j’ai fâché madame votre sœur et son mari. Vous ne
sauriez croire combien madame la duchesse de Langeais et ma
cousine ont trouvé cette apostasie filiale de mauvais goût. Je leur ai
raconté la scène, elles en ont ri comme des folles. Ce fut alors qu’en
faisant un parallèle entre vous et votre sœur, madame de Beauséant
me parla de vous en fort bons termes, et me dit combien vous étiez
excellente pour mon voisin, monsieur Goriot. Comment, en effet, ne
l’aimeriez-vous pas? il vous adore si passionnément que j’en suis
déjà jaloux. Nous avons parlé de vous ce matin pendant deux
heures. Puis, tout plein de ce que votre père m’a raconté; ce soir en
dînant avec ma cousine, je lui disais que vous ne pouviez pas être
aussi belle que vous étiez aimante. Voulant sans doute favoriser une
si chaude admiration, madame de Beauséant m’a amené ici, en me
disant avec sa grâce habituelle que je vous y verrais.
—Comment, monsieur, dit la femme du banquier, je vous dois
déjà de la reconnaissance? Encore un peu, nous allons être de vieux
amis.
—Quoique l’amitié doive être près de vous un sentiment peu
vulgaire, dit Rastignac, je ne veux jamais être votre ami.
Ces sottises stéréotypées à l’usage des débutants paraissent
toujours charmantes aux femmes, et ne sont pauvres que lues à
froid. Le geste, l’accent, le regard d’un jeune homme, leur donnent
d’incalculables valeurs. Madame de Nucingen trouva Rastignac
charmant. Puis, comme toutes les femmes, ne pouvant rien dire à
des questions aussi drument posées que l’était celle de l’étudiant,
elle répondit à autre chose.
—Oui, ma sœur se fait tort par la manière dont elle se conduit
avec ce pauvre père, qui vraiment a été pour nous un dieu. Il a fallu
que monsieur de Nucingen m’ordonnât positivement de ne voir mon
père que le matin, pour que je cédasse sur ce point. Mais j’en ai
long-temps été bien malheureuse. Je pleurais. Ces violences, venues
après les brutalités du mariage, ont été l’une des raisons qui
troublèrent le plus mon ménage. Je suis certes la femme de Paris la
plus heureuse aux yeux du monde, la plus malheureuse en réalité.
Vous allez me trouver folle de vous parler ainsi. Mais vous
connaissez mon père, et, à ce titre, vous ne pouvez pas m’être
étranger.
—Vous n’aurez jamais rencontré personne, lui dit Eugène, qui soit
animé d’un plus vif désir de vous appartenir. Que cherchez-vous
toutes? le bonheur, reprit-il d’une voix qui allait à l’âme. Eh! bien, si,
pour une femme, le bonheur est d’être aimée, adorée, d’avoir un
ami à qui elle puisse confier ses désirs, ses fantaisies, ses chagrins,
ses joies; se montrer dans la nudité de son âme, avec ses jolis
défauts et ses belles qualités, sans craindre d’être trahie; croyez-
moi, ce cœur dévoué, toujours ardent, ne peut se rencontrer que
chez un homme jeune, plein d’illusions, qui peut mourir sur un seul
de vos signes, qui ne sait rien encore du monde et n’en veut rien
savoir, parce que vous devenez le monde pour lui. Moi, voyez-vous,
vous allez rire de ma naïveté, j’arrive du fond d’une province,
entièrement neuf, n’ayant connu que de belles âmes, et je comptais
rester sans amour. Il m’est arrivé de voir ma cousine, qui m’a mis
trop près de son cœur; elle m’a fait deviner les mille trésors de la
passion; je suis, comme Chérubin, l’amant de toutes les femmes, en
attendant que je puisse me dévouer à quelqu’une d’entre elles. En
vous voyant, quand je suis entré, je me suis senti porté vers vous
comme par un courant. J’avais déjà tant pensé à vous! Mais je ne
vous avais pas rêvée aussi belle que vous l’êtes en réalité. Madame
de Beauséant m’a ordonné de ne pas vous tant regarder. Elle ne sait
pas ce qu’il y a d’attrayant à voir vos jolies lèvres rouges, votre teint
blanc, vos yeux si doux. Moi aussi, je vous dis des folies, mais
laissez-les-moi dire.
Rien ne plaît plus aux femmes que de s’entendre débiter ces
douces paroles. La plus sévère dévote les écoute, même quand elle
ne doit pas y répondre. Après avoir ainsi commencé, Rastignac défila
son chapelet d’une voix coquettement sourde; et madame de
Nucingen encourageait Eugène par des sourires en regardant de
temps en temps de Marsay, qui ne quittait pas la loge de la
princesse Galathionne. Rastignac resta près de madame de
Nucingen jusqu’au moment où son mari vint la chercher pour
l’emmener.
—Madame, lui dit Eugène, j’aurai le plaisir de vous aller voir
avant le bal de la duchesse de Carigliano.
—Puisqui matame fous encache, dit le baron, épais Alsacien dont
la figure ronde annonçait une dangereuse finesse, fous êtes sir
d’êdre pien ressi.
—Mes affaires sont en bon train, car elle ne s’est pas bien
effarouchée en m’entendant lui dire: M’aimerez-vous bien? Le mors
est mis à ma bête, sautons dessus et gouvernons-la, se dit Eugène
en allant saluer madame de Beauséant qui se levait et se retirait
avec d’Adjuda. Le pauvre étudiant ne savait pas que la baronne était
distraite, et attendait de de Marsay une de ces lettres décisives qui
déchirent l’âme. Tout heureux de son faux succès, Eugène
accompagna la vicomtesse jusqu’au péristyle, où chacun attend sa
voiture.
—Votre cousin ne se ressemble plus à lui-même, dit le Portugais
en riant à la vicomtesse quand Eugène les eut quittés. Il va faire
sauter la banque. Il est souple comme une anguille, et je crois qu’il
ira loin. Vous seule avez pu lui trier sur le volet une femme au
moment où il faut la consoler.
—Mais, dit madame de Beauséant, il faut savoir si elle aime
encore celui qui l’abandonne.
L’étudiant revint à pied du Théâtre-Italien à la rue Neuve-Sainte-
Geneviève, en faisant les plus doux projets. Il avait bien remarqué
l’attention avec laquelle madame de Restaud l’avait examiné, soit
dans la loge de la vicomtesse, soit dans celle de madame de
Nucingen, et il présuma que la porte de la comtesse ne lui serait
plus fermée. Ainsi déjà quatre relations majeures, car il comptait
bien plaire à la maréchale, allaient lui être acquises au cœur de la
haute société parisienne. Sans trop s’expliquer les moyens, il
devinait par avance que, dans le jeu compliqué des intérêts de ce
monde, il devait s’accrocher à un rouage pour se trouver en haut de
la machine, et il se sentait la force d’en enrayer la roue. «Si madame
de Nucingen s’intéresse à moi, je lui apprendrai à gouverner son
mari. Ce mari fait des affaires d’or, il pourra m’aider à ramasser tout
d’un coup une fortune.» Il ne se disait pas cela crûment, il n’était
pas encore assez politique pour chiffrer une situation, l’apprécier et
la calculer; ces idées flottaient à l’horizon sous la forme de légers
nuages, et, quoiqu’elles n’eussent pas l’âpreté de celles de Vautrin,
si elles avaient été soumises au creuset de la conscience elles
n’auraient rien donné de bien pur. Les hommes arrivent, par une
suite de transactions de ce genre, à cette morale relâchée que
professe l’époque actuelle, où se rencontrent plus rarement que
dans aucun temps ces hommes rectangulaires, ces belles volontés
qui ne se plient jamais au mal, à qui la moindre déviation de la ligne
droite semble être un crime: magnifiques images de la probité qui
nous ont valu deux chefs-d’œuvre, Alceste de Molière, puis
récemment Jenny Deans et son père, dans l’œuvre de Walter Scott.
Peut-être l’œuvre opposée, la peinture des sinuosités dans lesquelles
un homme du monde, un ambitieux fait rouler sa conscience, en
essayant de côtoyer le mal, afin d’arriver à son but en gardant les
apparences, ne serait-elle ni moins belle, ni moins dramatique. En
atteignant au seuil de sa pension, Rastignac s’était épris de madame
de Nucingen, elle lui avait paru svelte, fine comme une hirondelle.
L’enivrante douceur de ses yeux, le tissu délicat et soyeux de sa
peau sous laquelle il avait cru voir couler le sang, le son enchanteur
de sa voix, ses blonds cheveux, il se rappelait tout; et peut-être la
marche, en mettant son sang en mouvement, aidait-elle à cette
fascination. L’étudiant frappa rudement à la porte du père Goriot.
—Mon voisin, dit-il, j’ai vu madame Delphine.
—Où?
—Aux Italiens.
—S’amusait-elle bien? Entrez donc. Et le bonhomme, qui s’était
levé en chemise, ouvrit sa porte et se recoucha promptement.—
Parlez-moi donc d’elle, demanda-t-il.
Eugène, qui se trouvait pour la première fois chez le père Goriot,
ne fut pas maître d’un mouvement de stupéfaction en voyant le
bouge où vivait le père, après avoir admiré la toilette de la fille. La
fenêtre était sans rideaux; le papier de tenture collé sur les murailles
s’en détachait en plusieurs endroits par l’effet de l’humidité, et se
recroquevillait en laissant apercevoir le plâtre jauni par la fumée. Le
bonhomme gisait sur un mauvais lit, n’avait qu’une maigre
couverture et un couvre-pied ouaté fait avec les bons morceaux des
vieilles robes de madame Vauquer. Le carreau était humide et plein
de poussière. En face de la croisée se voyait une de ces vieilles
commodes en bois de rose à ventre renflé, qui ont des mains en
cuivre tordu en façon de sarments décorés de feuilles ou de fleurs;
un vieux meuble à tablette de bois sur lequel était un pot à eau dans
sa cuvette et tous les ustensiles nécessaires pour se faire la barbe.
Dans un coin, les souliers; à la tête du lit, une table de nuit sans
porte ni marbre; au coin de la cheminée, où il n’y avait pas trace de
feu, se trouvait la table carrée, en bois de noyer, dont la barre avait
servi au père Goriot à dénaturer son écuelle en vermeil. Un méchant
secrétaire sur lequel était le chapeau du bonhomme, un fauteuil
foncé de paille et deux chaises complétaient ce mobilier misérable.
La flèche du lit, attachée au plancher par une loque, soutenait une
mauvaise bande d’étoffes à carreaux rouges et blancs. Le plus
pauvre commissionnaire était certes moins mal meublé dans son
grenier, que ne l’était le père Goriot chez madame Vauquer. L’aspect
de cette chambre donnait froid et serrait le cœur, elle ressemblait au
plus triste logement d’une prison. Heureusement Goriot ne vit pas
l’expression qui se peignit sur la physionomie d’Eugène quand celui-
ci posa sa chandelle sur la table de nuit. Le bonhomme se tourna de
son côté en restant couvert jusqu’au menton.
—Eh! bien, qui aimez-vous mieux de madame de Restaud ou de
madame de Nucingen?
—Je préfère madame Delphine, répondit l’étudiant, parce qu’elle
vous aime mieux.
A cette parole chaudement dite, le bonhomme sortit son bras du
lit et serra la main d’Eugène.
—Merci, merci, répondit le vieillard ému. Que vous a-t-elle donc
dit de moi?
L’étudiant répéta les paroles de la baronne en les embellissant, et
le vieillard l’écouta comme s’il eût entendu la parole de Dieu.
—Chère enfant! oui, oui, elle m’aime bien. Mais ne la croyez pas
dans ce qu’elle vous a dit d’Anastasie. Les deux sœurs se jalousent,
voyez-vous? c’est encore une preuve de leur tendresse. Madame de
Restaud m’aime bien aussi. Je le sais. Un père est avec ses enfants
comme Dieu est avec nous, il va jusqu’au fond des cœurs, et juge
les intentions. Elles sont toutes deux aussi aimantes. Oh! si j’avais
eu de bons gendres, j’aurais été trop heureux. Il n’est sans doute
pas de bonheur complet ici-bas. Si j’avais vécu chez elles; mais rien
que d’entendre leurs voix, de les savoir là, de les voir aller, sortir,
comme quand je les avais chez moi, ça m’eût fait cabrioler le cœur.
Étaient-elles bien mises?
—Oui, dit Eugène. Mais, monsieur Goriot, comment, en ayant des
filles aussi richement établies que sont les vôtres, pouvez-vous
demeurer dans un taudis pareil?
—Ma foi, dit-il, d’un air en apparence insouciant, à quoi cela me
servirait-il d’être mieux? Je ne puis guère vous expliquer ces choses-
là; je ne sais pas dire deux paroles de suite comme il faut. Tout est
là, ajouta-t-il en se frappant le cœur. Ma vie, à moi, est dans mes
deux filles. Si elles s’amusent, si elles sont heureuses, bravement
mises, si elles marchent sur des tapis, qu’importe de quel drap je
sois vêtu, et comment est l’endroit où je me couche? Je n’ai point
froid si elles ont chaud, je ne m’ennuie jamais si elles rient. Je n’ai
de chagrins que les leurs. Quand vous serez père, quand vous vous
direz, en oyant gazouiller vos enfants: C’est sorti de moi! que vous
sentirez ces petites créatures tenir à chaque goutte de votre sang,
dont elles ont été la fine fleur, car c’est ça! vous vous croirez attaché
à leur peau, vous croirez être agité vous-même par leur marche.
Leur voix me répond partout. Un regard d’elles, quand il est triste,
me fige le sang. Un jour vous saurez que l’on est bien plus heureux
de leur bonheur que du sien propre. Je ne peux pas vous expliquer
ça: c’est des mouvements intérieurs qui répandent l’aise partout.
Enfin, je vis trois fois. Voulez-vous que je vous dise une drôle de
chose? Eh bien! quand j’ai été père, j’ai compris Dieu. Il est tout
entier partout, puisque la création est sortie de lui. Monsieur, je suis
ainsi avec mes filles. Seulement j’aime mieux mes filles que Dieu
n’aime le monde, parce que le monde n’est pas si beau que Dieu, et
que mes filles sont plus belles que moi. Elles me tiennent si bien à
l’âme, que j’avais idée que vous les verriez ce soir. Mon Dieu! un
homme qui rendrait ma petite Delphine aussi heureuse qu’une
femme l’est quand elle est bien aimée; mais je lui cirerais ses bottes,
je lui ferais ses commissions. J’ai su par sa femme de chambre que
ce petit monsieur de Marsay est un mauvais chien. Il m’a pris des
envies de lui tordre le cou. Ne pas aimer un bijou de femme, une
voix de rossignol, et faite comme un modèle! Où a-t-elle eu les yeux
d’épouser cette grosse souche d’Alsacien? Il leur fallait à toutes deux
de jolis jeunes gens bien aimables. Enfin, elles ont fait à leur
fantaisie.
Le père Goriot était sublime. Jamais Eugène ne l’avait pu voir
illuminé par les feux de sa passion paternelle. Une chose digne de
remarque est la puissance d’infusion que possèdent les sentiments.
Quelque grossière que soit une créature, dès qu’elle exprime une
affection forte et vraie, elle exhale un fluide particulier qui modifie la
physionomie, anime le geste, colore la voix. Souvent l’être le plus
stupide arrive, sous l’effort de la passion, à la plus haute éloquence
dans l’idée, si ce n’est dans le langage, et semble se mouvoir dans
une sphère lumineuse. Il y avait en ce moment dans la voix, dans le
geste de ce bonhomme, la puissance communicative qui signale le
grand acteur. Mais nos beaux sentiments ne sont-ils pas les poésies
de la volonté?
—Eh! bien, vous ne serez peut-être pas fâché d’apprendre, lui dit
Eugène, qu’elle va rompre sans doute avec ce de Marsay. Ce beau-
fils l’a quittée pour s’attacher à la princesse Galathionne. Quant à
moi, ce soir, je suis tombé amoureux de madame Delphine.
—Bah! dit le père Goriot.
—Oui. Je ne lui ai pas déplu. Nous avons parlé amour pendant
une heure, et je dois aller la voir après-demain samedi.
—Oh! que je vous aimerais, mon cher monsieur, si vous lui
plaisiez. Vous êtes bon, vous ne la tourmenteriez point. Si vous la
trahissiez, je vous couperais le cou, d’abord. Une femme n’a pas
deux amours, voyez-vous? Mon Dieu! mais je dis des bêtises,
monsieur Eugène. Il fait froid ici pour vous. Mon Dieu! vous l’avez
donc entendue, que vous a-t-elle dit pour moi?
—Rien, se dit en lui-même Eugène. Elle m’a dit, répondit-il à
haute voix, qu’elle vous envoyait un bon baiser de fille.
—Adieu, mon voisin, dormez bien, faites de beaux rêves; les
miens sont tout faits avec ce mot-là. Que Dieu vous protége dans
tous vos désirs! Vous avez été pour moi ce soir comme un bon ange,
vous me rapportez l’air de ma fille.
—Le pauvre homme, se dit Eugène en se couchant, il y a de quoi
toucher des cœurs de marbre. Sa fille n’a pas plus pensé à lui qu’au
grand-Turc.
Depuis cette conversation, le père Goriot vit dans son voisin un
confident inespéré, un ami. Il s’était établi entre eux les seuls
rapports par lesquels ce vieillard pouvait s’attacher à un autre
homme. Les passions ne font jamais de faux calculs. Le père Goriot
se voyait un peu plus près de sa fille Delphine, il s’en voyait mieux
reçu, si Eugène devenait cher à la baronne. D’ailleurs il lui avait
confié l’une de ses douleurs. Madame de Nucingen, à laquelle mille
fois par jour il souhaitait le bonheur, n’avait pas connu les douceurs
de l’amour. Certes, Eugène était, pour se servir de son expression,
un des jeunes gens les plus gentils qu’il eût jamais vus, et il semblait
pressentir qu’il lui donnerait tous les plaisirs dont elle avait été
privée. Le bonhomme se prit donc pour son voisin d’une amitié qui
alla croissant, et sans laquelle il eût été sans doute impossible de
connaître le dénoûment de cette histoire.
Le lendemain matin, au déjeuner, l’affectation avec laquelle le
père Goriot regardait Eugène, près duquel il se plaça, les quelques
paroles qu’il lui dit, et le changement de sa physionomie,
ordinairement semblable à un masque de plâtre, surprirent les
pensionnaires. Vautrin, qui revoyait l’étudiant pour la première fois
depuis leur conférence, semblait vouloir lire dans son âme. En se
souvenant du projet de cet homme, Eugène, qui, avant de
s’endormir, avait, pendant la nuit, mesuré le vaste champ qui
s’ouvrait à ses regards, pensa nécessairement à la dot de
mademoiselle Taillefer, et ne put s’empêcher de regarder Victorine
comme le plus vertueux jeune homme regarde une riche héritière.
Par hasard, leurs yeux se rencontrèrent. La pauvre fille ne manqua
pas de trouver Eugène charmant dans sa nouvelle tenue. Le coup
d’œil qu’ils échangèrent fut assez significatif pour que Rastignac ne
doutât pas d’être pour elle l’objet de ces confus désirs qui atteignent
toutes les jeunes filles et qu’elles rattachent au premier être
séduisant. Une voix lui criait: Huit cent mille francs! Mais tout à coup
il se rejeta dans ses souvenirs de la veille, et pensa que sa passion
de commande pour madame de Nucingen était l’antidote de ses
mauvaises pensées involontaires.
—L’on donnait hier aux Italiens le Barbier de Séville de Rossini. Je
n’avais jamais entendu de si délicieuse musique, dit-il. Mon Dieu!
est-on heureux d’avoir une loge aux Italiens.
Le père Goriot saisit cette parole au vol comme un chien saisit un
mouvement de son maître.
—Vous êtes comme des coqs-en-pâte, dit madame Vauquer, vous
autres hommes, vous faites tout ce qui vous plaît.
—Comment êtes-vous revenu, demanda Vautrin.
—A pied, répondit Eugène.
—Moi, reprit le tentateur, je n’aimerais pas de demi-plaisirs; je
voudrais aller là dans ma voiture, dans ma loge, et revenir bien
commodément. Tout ou rien! voilà ma devise.
—Et qui est bonne, reprit madame Vauquer.
—Vous irez peut-être voir madame de Nucingen, dit Eugène à
voix basse à Goriot. Elle vous recevra, certes, à bras ouverts; elle
voudra savoir de vous mille petits détails sur moi. J’ai appris qu’elle
ferait tout au monde pour être reçue chez ma cousine, madame la
vicomtesse de Beauséant. N’oubliez pas de lui dire que je l’aime trop
pour ne pas penser à lui procurer cette satisfaction.
Rastignac s’en alla promptement à l’École de droit, il voulait
rester le moins de temps possible dans cette odieuse maison. Il flâna
pendant presque toute la journée, en proie à cette fièvre de tête
qu’ont connue les jeunes gens affectés de trop vives espérances. Les
raisonnements de Vautrin le faisaient réfléchir à la vie sociale, au
moment où il rencontra son ami Bianchon dans le jardin du
Luxembourg.
—Où as-tu pris cet air grave? lui dit l’étudiant en médecine en lui
prenant le bras pour se promener devant le palais.
—Je suis tourmenté par de mauvaises idées.
—En quel genre? Ça se guérit, les idées.
—Comment?
—En y succombant.
—Tu ris sans savoir ce dont il s’agit. As-tu lu Rousseau?
—Oui.
—Te souviens-tu de ce passage où il demande à son lecteur ce
qu’il ferait au cas où il pourrait s’enrichir en tuant à la Chine par sa
seule volonté un vieux mandarin, sans bouger de Paris.
—Oui.
—Eh! bien?
—Bah! J’en suis à mon trente-troisième mandarin.
—Ne plaisante pas. Allons, s’il t’était prouvé que la chose est
possible et qu’il te suffît d’un signe de tête, le ferais-tu?
—Est-il bien vieux, le mandarin? Mais, bah! jeune ou vieux,
paralytique ou bien portant, ma foi... Diantre! Eh! bien, non.
—Tu es un brave garçon, Bianchon. Mais si tu aimais une femme
à te mettre pour elle l’âme à l’envers, et qu’il lui fallût de l’argent,
beaucoup d’argent pour sa toilette, pour sa voiture, pour toutes ses
fantaisies enfin?
—Mais tu m’ôtes la raison, et tu veux que je raisonne.
—Eh! bien, Bianchon, je suis fou, guéris-moi. J’ai deux sœurs qui
sont des anges de beauté, de candeur, et je veux qu’elles soient
heureuses. Où prendre deux cent mille francs pour leur dot d’ici à
cinq ans? Il est, vois-tu, des circonstances dans la vie où il faut jouer
gros jeu et ne pas user son bonheur à gagner des sous.
—Mais tu poses la question qui se trouve à l’entrée de la vie pour
tout le monde, et tu veux couper le nœud gordien avec l’épée. Pour
agir ainsi, mon cher, il faut être Alexandre, sinon l’on va au bagne.
Moi, je suis heureux de la petite existence que je me créerai en
province, où je succéderai tout bêtement à mon père. Les affections
de l’homme se satisfont dans le plus petit cercle aussi pleinement
que dans une immense circonférence. Napoléon ne dînait pas deux
fois, et ne pouvait pas avoir plus de maîtresses qu’en prend un
étudiant en médecine quand il est interne aux Capucins. Notre
bonheur, mon cher, tiendra toujours entre la plante de nos pieds et
notre occiput; et, qu’il coûte un million par an ou cent louis, la
perception intrinsèque en est la même au dedans de nous. Je
conclus à la vie du Chinois.
—Merci, tu m’as fait du bien, Bianchon! nous serons toujours
amis.
—Dis donc, reprit l’étudiant en médecine, en sortant du cours de
Cuvier au Jardin-des-Plantes je viens d’apercevoir la Michonneau et
le Poiret causant sur un banc avec un monsieur que j’ai vu dans les
troubles de l’année dernière aux environs de la Chambre des
Députés, et qui m’a fait l’effet d’être un homme de la police déguisé
en honnête bourgeois vivant de ses rentes. Étudions ce couple-là: je
te dirai pourquoi. Adieu, je vais répondre à mon appel de quatre
heures.
Quand Eugène revint à la pension, il trouva le père Goriot qui
l’attendait.
—Tenez, dit le bonhomme, voilà une lettre d’elle. Hein, la jolie
écriture!
Eugène décacheta la lettre et lut.
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