DAUPHIN Lysiane LE GOUZ Aurore MERLEN Camille-Renaud TEPP Mari

LEurope dans les campagnes lectorales nationales en Europe

Etude pour le think tank Atelier Europe

Sciences Po

Mai 2012 1

SOMMAIRE

English summary .....page 3

Introduction .page 4

Focus sur quatre pays ....page 5

Allemagne ....page 6 Espagne ...page 8 Irlande ........page 10 Estonie ...page 12

Analyse globale ..page 15

LEurope : un thme consensuel dans les campagnes politiques nationales ? .page 16 Sur quels aspects de lEurope les partis politiques se divisent-ils ? ....page 18 Quelle signification pour lEurope dans les campagnes lectorales nationales ? .....page 22

Conclusion ...page 27

Bibliographie ...page 28

SUMMARY

This paper researches the place of Europe in national elections of four Member States of the European Union (EU): Estonia, Germany, Ireland, and Spain. The European political landscape has considerably changed since 1957, to the extent that the European project has become an issue in domestic politics and a way for national parties to differentiate themselves. In particular, the impact of the crisis on the image of Europe of these traditionally Europhile countries will be analysed. The countries in this research have been selected so as to account, first, for the historical, socio-economic and cultural diversities of the different Member States of the EU, and second, for their differing sizes. As will be argued, all of these factors play a role in the way Europe is treated in the national election campaigns. The paper consists of two parts. First, a brief overview will be given of the four countries and their individual relation to Europe. Second, the place of Europe will be analysed through three questions: (1) To what extent can Europe be considered a consensual theme in national elections? (2) On what aspects of European integration are parties divided during the election campaign? and (3) What is the signification of the European project in these countries? The sources used include Eurobarometer public opinion polls, party manifestos, and various interviews with experts and party officials in all four countries.

While a number of recurrent and common themes can be discerned, the way they are treated differs from country to country, owing to historical, economical and geographical differences. In spite of this, all four countries have in common the absence of an EU hostile extreme-right party, which seems to contribute to the fact that the consensus on Europe and the legitimacy of the EU remain uncontroversial. Nevertheless, even if Europe itself is not the object of major discord between the main political parties, the left/right line of cleavage remains an important cause for differing visions on Europes future. It tends to be true that parties on the right are likely to hold on to their national sovereignty, whereby parties on the left usually favour further European integration. Therefore it can be asserted that the way Europe is represented in national elections corresponds to the line of cleavage equally present at the European level. However, these conclusions apply only to the four countries in hand, traditionally pro-European and without prevailing right-wing eurosceptic parties. Further in-depth research into the issue including a wider range of countries would be necessary in order to obtain a fully representative picture.

Keywords: European Union - Estonia Germany Ireland Spain elections European construction euroscepticism euro crisis.

INTRODUCTION

Le paysage europen a beaucoup volu depuis les dbuts de la construction europenne en 1957. Les causes en sont multiples : le nombre dEtats membres a fortement augment, ainsi que leur diversit conomique et culturelle, lUE sest vue octroyer des pouvoirs de plus en plus importants dans les vingt dernires annes et la crise actuelle de leuro a branl la confiance dans la monnaie commune. LEurope souffre galement dun dficit de leadership et dun manque de visibilit du projet europen. Ce dernier est devenu un vritable enjeu dans la politique nationale et une manire pour les partis politiques nationaux de se diffrencier. Dans cette tude, nous examinerons la place de lEurope dans les campagnes lectorales de quatre pays europens membres de la zone euro, savoir lAllemagne, lEspagne, lEstonie, et lIrlande. Nous nous intresserons plus prcisment limpact que la crise a pu avoir sur limage de lEurope dans ces pays traditionnellement europhiles. LEurope est-elle encore perue comme lgitime pour rsoudre la crise qui frappe la zone euro ? Connatre la place de lEurope dans les lections nationales de diffrents pays europens, cest dune part sintresser la faon dont est traite lEurope par les partis politiques durant les campagnes lectorales, mais cest aussi, dautre part, tudier la perception de lUE par les citoyens europens et la prise en compte de lopinion publique par les partis politiques. Ltude souligne que la perception de lEurope et limportance donne au projet europen varient certes selon les pays, mais quil y a galement des thmes incontournables dans le dbat sur lEurope, qui se retrouvent dans tous les pays tudis. Cependant, si la perception et le traitement de lEurope dans les campagnes lectorales nationales peuvent faire apparatre des similitudes entre pays, ces dernires sont souvent expliques diffremment selon le pays, en faisant rfrence aux spcificits historiques ou conomiques du pays en question. Le choix des quatre pays a t inspir par plusieurs considrations. De nature historique, dabord, puisque nous avons veill inclure des pays de chaque vague dlargissement : un pays fondateur, lAllemagne ; un Etat membre issu du premier largissement en 1973, lIrlande ; un pays qui accde lUnion en 1986, lEspagne ; un Etat membre depuis 2004, lEstonie. Dautre part, nous avons tenu compte de la diversit gographique et culturelle des pays tudis en incluant un pays de chaque coin de lEurope. Enfin, la taille a galement jou un rle, et nous avons choisi dtudier deux grands et deux petits pays. Dans ltude, nous allons tudier dans quelle mesure ces particularits jouent un rle important dans le dbat national sur lEurope et lavenir de la construction europenne. Ltude se dcompose en deux parties. Il sagit dans un premier temps de prsenter brivement les quatre pays et leur relation avec lUnion europenne, avant danalyser, dans un second temps, comment lEurope est traite dans les campagnes lectorales nationales, en nous concentrant sur trois aspects : dans quelle mesure lEurope reprsente un thme consensuel dans les campagnes lectorales nationales ; sur quels aspects de lEurope les partis politiques se divisent dans les campagnes lectorales ; quelle est la signification et la reprsentation du projet europen dans les pays tudis.

FOCUS SUR QUATRE PAYS

Allemagne
Nombre dhabitants : 82 millions (pays le plus peupl de lUE) PIB par tte (en $ prix constants) 2011 : 34415 (donnes de lOCDE) Taux de chmage : 6,7% (janvier 2012) Forme de lEtat : Rpublique fdrale Date daccession lUE : 1957

LAllemagne et lEurope
LAllemagne est un des six membres fondateurs de la Communaut europenne du Charbon et de lAcier (CECA) en 1951, puis de la Communaut conomique europenne (CEE) en 1957. Pour lAllemagne, ladhsion lEurope reprsentait une opportunit de se reconstruire aprs la guerre et la priode du nazisme. Pour les allis, il sagissait de surveiller lAllemagne en lintgrant dans une organisation commune, afin de prvenir toute tentative de belligrance. Depuis lors, lAllemagne sest impose comme un pilier europen, faisant de sa coopration avec la France un moteur de la construction europenne. Elle possde une vritable force montaire et conomique, se traduisant en premier lieu par le niveau de ses exportations, et est le premier contributeur au budget de lUE ( hauteur denviron 20% pour le budget europen de 2012). La runification de lAllemagne de lOuest et de la RDA le 3 octobre 1990 est une date cl pour lAllemagne, mais galement pour lUnion europenne. Celle-ci sest en effet largie sans suivre le processus classique dintgration. Les 16 millions de personnes et 108.000 km supplmentaires font de lUE, en 1990, le premier march dmocratique incluant des zones post-sovitiques. La runification a fait craindre aux Europens un dclin, ou tout du moins un ralentissement de la dynamique conomique allemande. Les infrastructures, la productivit, linnovation ainsi que les mentalits de lAllemagne de lEst taient en effet trs diffrentes de lOuest du pays. Aujourdhui, le PIB de lEst de lAllemagne se rapproche de celui de lOuest et une rigoureuse politique a rduit le chmage (11,5% en 2010). Avec la crise financire de 2008 et la crise des dettes des Etats europens, lAllemagne occupe une place prpondrante en Europe. Le pays est ainsi le premier contributeur au mcanisme europen de stabilit (MES). Angela Merkel a galement rapidement pris la direction des ngociations entre les dirigeants des membres de lUE. Pourtant, au dbut de la crise de leuro, la chancelire Angela Merkel semblait plutt privilgier les intrts nationaux et la politique intrieure. Lopinion publique allemande tait en effet majoritairement inquite davoir payer pour les errements grecs, alors que lAllemagne a, depuis des annes, conduit une politique vertueuse et rigoureuse. En septembre 2011, 80% des Allemands, y compris des lecteurs du SPD ou de Die Linke, refusaient des plans de sauvetage supplmentaires pour aider la Grce1.

La scne politique allemande

LAllemagne est dirige depuis 2009 par une coalition runissant la CDU et la FDP. Le premier parti a recueilli 33% des voix aux lections fdrales de 2009 ; quant au second, il a fdr 15% des suffrages ces
Sondage de linstitut Forsa pour le journal Stern. 21-9-2011

lections. La CDU/CSU est un parti dmocrate-chrtien, clairement pro-europen, mme si la CSU est moins europhile que la CDU. Le FDP est un parti libral, comme le montre son opposition linstauration dune taxe sur les transactions financires. Aux lections de 2009, SPD, parti social-dmocrate, a recueilli 23% des voix, son plus mauvais score depuis des annes. Ce parti milite pour une Europe plus dmocratique et sociale. Il prne notamment une rgulation des marchs financiers. Dautres partis ont un poids politique plus ou moins fort selon les thmes. Die Grnen, form aprs la runification allemande et n dune fusion de deux partis, est un des partis cologistes les plus puissants dEurope et est pro-europen. Il a recueilli 11% des voix aux lections fdrales de 2009. Die Linke est un parti dextrme gauche, qui a fdr 12% des suffrages aux lections de 2009, et qui dnonce le dficit dmocratique de lUnion europenne. Les prochaines lections lgislatives fdrales se drouleront en septembre 2013. Pourtant, la conjoncture politique actuelle pousse les partis politiques se positionner dores et dj sur les thmes essentiels comme lEurope, en vue des prochaines lections fdrales. On peut donc considrer que la priode actuelle fait office de pr-campagne fdrale. En outre, lAllemagne est une Rpublique fdrale, dans laquelle les Lnder occupent une place non ngligeable de par limportance de leurs comptences. Or les lections dans les Lnder sont constantes et stalent dans le temps, crant une campagne lectorale permanente. Depuis 2011, les lections locales sont plutt dfavorables la CDU, qui perd mme le Land de la chancelire, la Mecklemburg Pomranie. Cet lment de conjoncture politique pousse donc les partis se diffrencier encore davantage au niveau national.

Espagne
Nombre dhabitants : 46,1 millions (Chiffre INE au 1er janvier 2012) PIB par tte (en $ prix constants) 2011 : 27127 (donnes de lOCDE) ; Forme de lEtat : Monarchie parlementaire constitutionnelle (Constitution de 1978), Etat unitaire, des autonomies dans les textes, mais a de nombreuses spcificits dun Etat fdral. Autonomie plus ou moins tendue : Catalogne et Pays Basque. Date daccession lUE : 1986.

LEspagne et lEurope
En 1986, la sortie de la dictature franquiste (1939-1975), lentre dans lUnion Europenne est vue comme un idal pour lEspagne, comme un moyen de consolider la dmocratie base sur la Constitution de 1978 et laccession au trne de Juan Carlos Ier le 22 novembre 1975. Cest aussi lopportunit pour le pays de retrouver une place dans la communaut internationale en sappuyant sur lUnion Europenne, mais galement daccder au march intrieur europen. LUnion Europenne est considre comme un adjuvant, une aide, et non comme une contrainte. Aujourdhui encore, malgr la crise, les Espagnols restent trs reconnaissants de lapport de lUnion Europenne. LEspagne a en effet largement profit des fonds europens comme le FEDER, le FSE ou encore le FEOGA (au titre de la PAC). Entre 1988 et 1993, elle a ainsi reu prs de 9 milliards d'cus au titre de l'aide aux rgions agricoles en retard et entre 1993 et 1999, le pays a reu 23% des fonds structurels de l'UE. Ces ressources ont permis l'Espagne de dvelopper ses infrastructures comme les autoroutes. Dsormais l'Espagne reoit moins d'aides du fait de son meilleur dveloppement, mais dans la programmation 2007-2013, l'Espagne va encore recevoir au titre du FEDER 7,24% des fonds, ce qui reprsente plus de 22 milliards euros. LEspagne a prsid quatre fois lUnion europenne, en 1989, 1995, 2002 et 2010. La dernire prsidence, du 1er janvier au 30 juin 2010, a t marque par le trait de Lisbonne, un changement dans les institutions, et une prsidence trois ttes (prsidence tournante, prsidence permanente, prsidence de la Commission). La prsidence espagnole visait dfinir une stratgie de croissance et demploi, consolider lEurope sociale, garantir lindpendance nergtique, et promouvoir lEurope des citoyens. En 2011, le gouvernement Zapatero se trouve en situation de faiblesse sur le plan politique et conomique. La crise conomique touche lEspagne de plein fouet depuis 2008, notamment le secteur de la construction, qui tait le levier le plus important dans la croissance espagnole. En outre, les banques espagnoles sont mines par les crdits toxiques. La crise conomique se double dune crise sociale. On comptabilise 22.85% de chmeurs au 1er janvier 2012 (INE), le plus lev de lUE. La flexibilit au travail saccrot, comme le suggre le projet de loi actuellement en tude devant le Parlement. Cest la fin du miracle espagnol, qui faisait figure depuis 20 ans de bon lve au sein de lUE. La Commission avait mme prvu que lEspagne serait le pays europen avec le plus haut taux de croissance pour 2007.

La scne politique
Les deux principaux partis sont le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) et le Parti Populaire (PP). Le premier est un parti de gauche, issu de la social-dmocratie, qui a t au pouvoir de 2004 2011 avec 8

Zapatero. Le second est un parti de droite librale, cr sous ce nom en 1989. Issu de lAlliance populaire, ce parti a runi danciennes personnalits franquistes. Il est au pouvoir depuis dcembre 2011 avec le gouvernement Rajoy. Le scrutin en Espagne est majoritaire avec une dose de proportionnelle, ce qui ncessite souvent des coalitions et permet de nombreux partis de tirer leur pingle du jeu, comme Izquierda unida (un parti dextrme gauche ayant fait alliance avec le PSOE en 2004) ou encore Convergncia i Uni (un parti centriste et autonomiste catalan). LEspagne compte galement de nombreux partis rgionaux. Les lections du 20 novembre 2011 ont t anticipes en raison de limpopularit du gouvernement socialiste de Jos Lus Rodrguez Zapatero et de son incapacit enrayer la crise. Lconomie figure en premire place des thmes de la campagne, du fait de la situation conomique espagnole : le pays est en rcession (contraction du PIB de 0.1% pour 2011) et le chmage est trs lev (le chmage touche 22.85% de la population active au 1er janvier 2012, notamment les jeunes : 1 jeune sur 2 est au chmage). Cest donc sur ce thme de lconomie que lon retrouve les grands clivages entre le PSOE et le PP. Le PSOE dfend une politique de relance de la croissance, alors que le PP prne laustrit. Le parti socialiste propose la cration dun impt sur les grandes fortunes et les banques, tandis que le PP veut rduire les impts pour crer de lemploi et de lpargne. Le PSOE favorise lemploi temps partiel et les emplois pour les jeunes, afin de rduire le chmage, quand le PP milite pour une flexibilit accrue des emplois. Le parti socialiste entend encourager la location dhabitation, alors que le PP propose une dduction fiscale pour lachat de la rsidence secondaire. Les points de clivages durant cette lection ont surtout concern la politique intrieure (socit, emploi, conomie). LUE est reste secondaire, mme si les deux principaux partis se divisent sur ce thme. Certes le PP et le PSOE saccordent pour appliquer les plans dajustements afin de rduire la dette publique espagnole. Toutefois, le PSOE est favorable une Europe fdrale et une intervention directe de la BCE pour le rachat des dettes des pays membres de lUnion Montaire Europenne (UEM). La large victoire du PP (186 dputs sur les 350 dputs, environ 53% des dputs de la chambre) face au PSOE nest pas tant due une adhsion au programme du PP ou aux capacits de chef de Rajoy, mais bien au rejet des politiques menes sous le gouvernement Zapatero, qui ont privilgi une politique dite conservatrice en acceptant laustrit, et non une politique sociale-dmocrate. Ces politiques ont loign les lecteurs traditionnels du PSOE de leurs reprsentants. Or Rubalcaba, candidat socialiste, tait un des piliers du gouvernement de Zapatero, Vice Premier Ministre et Ministre de lIntrieur. Rsultats des lections du 20 novembre 2011 (en nombre de dputs)

16

11
27

PP PSOE CiU

110

186
IU autres petites formations

Irlande
Nombre dhabitants : 4,7 millions PIB par tte (en $ prix constants) 2010 : 35982 (donnes de lOCDE) Taux de chmage en novembre 2011 : 14,6% (source OCDE) Forme de lEtat : Rpublique avec un parlement bicamral Date daccession lUE : 1973

LIrlande et lEurope
LIrlande est indpendante depuis 1921 et a longtemps fait partie du Royaume-Uni. Aujourdhui encore, lIrlande du Nord est une partie constituante du Royaume-Uni. Durant la majorit du XXme sicle, lIrlande est reste un des pays les plus pauvres et sous-dvelopps de lEurope. De plus, lIrlande a vcu des troubles civils importants partir des annes 1960, notamment cause du conflit en Irlande du Nord. LIrlande a accd lUnion europenne en 1973, en mme temps que le Danemark et le Royaume-Uni. Contrairement ceux-ci, elle sest avr tre plutt pro-europenne, par exemple en adoptant la monnaie commune. Par ailleurs, lIrlande a beaucoup bnfici des fonds structurels europens et des investissements europens. Laide europenne, value environ 30 milliards deuros, a t essentielle pour la forte croissance irlandaise des annes 1990 et 2000, car elle a permis lIrlande damliorer ses infrastructures. Par ailleurs, les faibles taux dintrt de la Banque Centrale europenne lui ont assur une offre de crdits suffisante. A cela sajoute le fait quen 1998, un accord a t trouv concernant lIrlande du Nord. En consquence, lIrlande est devenue un des pays les plus riches en Europe, de sorte quen 2010, elle figurait en 5me position sur le classement des pays suivant lindice de dveloppement humain. La crise financire de 2008 a mis un terme la croissance en Irlande, qui a t un des pays les plus touchs, et qui est entre dans une rcession en 2008. A cela sajoutent la crise immobilire, dont lIrlande a galement t une victime, et un scandale concernant lAnglo Irish Bank, qui par la suite a t nationalise par lEtat. Cest dans ce contexte que le gouvernement irlandais fut contraint de demander laide financire de lUE et du FMI en novembre 2010. Cette manuvre a t fatale pour un gouvernement dj mis en difficults par un scandale politique impliquant un leader du parti principal de la coalition.

La scne politique
De nouvelles lections ont t tenues le 25 fvrier 2011. Il semble peu surprenant que ces lections aient t domines par les thmes de lconomie et de la crise financire, de sorte que les partis gouvernants se sont trouvs sur la dfensive. En particulier, le public leur a reproch de ne pas avoir maintenu la souverainet nationale vis--vis dorganisations internationales. Ainsi, le parti du centre Fianna Fail, au gouvernement seul ou en coalition dans 61 des 79 dernires annes, a connu la dfaite la plus importante de son histoire et a t relgu la troisime place. Son partenaire, les Verts, nest mme pas entr au parlement. Les principaux vainqueurs des lections furent le Fine Gael, un parti de centre droit qui tait traditionnellement la deuxime force du pays, et le parti travailleur. Dautres partis ont aussi profit de la droute de Fianna Fail, tel le parti de gauche nationaliste Sinn Fein, qui a tripl son nombre de siges au parlement.

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Estonie
Population : 1,34 millions (janvier 2012) PIB par tte (en $ prix constants) 2011 : 17883 (donnes de lOCDE) Taux de chmage 2011 : 16,8% (donnes de lOCDE 2010) Forme de lEtat : Rpublique parlementaire (parlement monocamral, Riigikogu) Membre de lUE depuis 2004, intgr dans la zone euro le 1er janvier 2011

Le Tigre Balte et lEurope

Lclatement de lUnion Sovitique permet lEstonie de retrouver son indpendance en aot 1991. LEstonie se transforme rapidement : elle adopte une nouvelle constitution en 1992, conduit des rformes conomiques majeures au cours des annes 1993-94 et fixe les priorits au niveau gopolitique pour poursuivre une accession lUnion Europenne et lOTAN. Grce une reconversion russie de lindustrie et la mise en place dinfrastructures modernes, lEstonie connait une trs forte croissance conomique.2 Laccession lUE et lOTAN en 2004 est perue comme une vritable victoire au niveau gopolitique, la confirmation du progrs et un signe clair et visible dun retour lOuest . Nanmoins, les transformations majeures au niveau politique et conomique sont accompagnes dimportants cots au niveau social. La pauvret croissante dune partie de la population, les ingalits sociales et une forte migration de la population estonienne reprsentent le revers de la mdaille. LEstonie est entre violemment en rcession lors de la crise conomique de 2008, le taux de croissance conomique baissant de 14% en 2009 et le taux de chmage slevant 14 %. Le gouvernement sest fix comme priorit de rduire linflation et de matriser les finances publiques, ce qui a permis de remplir les critres de convergence et dintgrer la zone euro le 1er janvier 2011. Les lections du 6 mars 2011 se droulent au lendemain de laccession la zone Euro, dans un contexte de crise conomique et de restrictions budgtaires importantes.

Les principaux enjeux de la scne politique en Estonie

Les concepts-cls de la culture politique estonienne sont lorientation vers des valeurs matrielles et la Masculinit , accompagns par la faiblesse des valeurs communautaires et lindividualisme. La politique est en effet perue comme tant moins lie aux choix stratgiques ou la dmocratie, mais davantage limpratif de garantie de la croissance conomique et de laugmentation des salaires et des retraites. La socit valorise le succs, laccomplissement de soi et la comptition, contrairement aux valeurs dites fminines , o la socit met lavance la tolrance et les questions sociales3. En raison de lhistoire du pays, la population craint un tat fort, do la demande dun consensus dun tat minimal . En comparaison avec lEurope de lOuest, o la question proccupante reste le conflit entre les forces de droite et de gauche, le deuxime point de tension dans la politique estonienne est la division ethnique entre les Estoniens et la minorit russe, lie la perception diffrente de la priode sovitique. La concurrence entre les partis joue sur laxe identitaire, historique et scuritaire, et non seulement sur le conflit de classe ou le niveau socio-conomique.4 Plus prcisment, on trouve dune part des partis de droite qui accentuent limportance des rfrences lhistoire et la scurit vis--vis de la voisine dEst (le parti de la Rforme et Union Pro Patria et Res Publica). Dautre part, on trouve le Parti du Centre, qui accorde moins dimportance lhistoire et idalise certains aspects du pass sovitique. Seul le parti social-dmocrate ne correspond pas ce modle, puisquil met davantage en avant lopposition socio-conomique.
La forte croissance de lEstonie entre 2000 et 2007 (plus de 8% de croissance annuelle moyenne) et la rduction du chmage sont des caractristiques observes dans les deux autres Etats Baltes, do lexpression de Tigres Baltes . 3 Saarts, T., Leif, K. Vikerkaar. 4-5/2009 http://www.vikerkaar.ee/?page=Arhiiv&a_act=article&a_number=4918 4 Ibid.
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et comment ils sont rvls par les lections lgislatives de 2011

Les principales caractristiques des lections lgislatives en 2011 sont la stabilit et la professionnalisation de la politique. Pour la premire fois, les dbats lectoraux portaient sur les questions conomiques et sociales et ont t mens en dialogue avec les mdias et la socit civile, notamment les ONG. Au vu des rsultats des lections, rien ne semble avoir chang. Seul fait marquant : la place des 6 partis issus des lections de 2007, seuls 4 partis ont russi dpasser le seuil de 5% pour accder au Parlement estonien.

Partis Parti de la Rforme Parti du Centre Union Pro Patria et Res Publica Parti Social-dmocrate Les Verts Union populaire estonienne Autres

% 28,6 23.3 20.5 17.1 3.8 2.1 4.6

Siges (en comp. 2007) 33 (+2) 26 (-3) 23 (+4) 19 (+9) 0 (-6) 0 (-6) 00

Rsultats des lections lgislatives 2011

2,10% 3,80% 4,60%

Parti de la rforme
28,60%

17,10% 20,50%

Parti du Centre Union Pro Patria et Res Publica

23,30%

Source: http://www.vvk.ee/general-info

Ainsi, le parti de droite librale, le parti de la Rforme, au pouvoir depuis 2007 et dont le dirigeant et actuel premier ministre, Andrus Ansip, avait, lors des dernires lections en 2007, promis dlever lEstonie au rang des 5 pays les plus riches de lEurope , a remport la victoire. Il est suivi du parti du Centre, dirig par le maire de Tallinn, Edgar Savisaar, largement tributaire des voix des russophones, des retraits, des gens ayant des revenus moyens ou faibles. En troisime position se trouve le parti Union Pro Patria et Res publica, dirig par Mart Laar. Lors de sa campagne lectorale, le parti Pro Patria a cette fois-ci mis de ct la dimension nationaliste et scuritaire de lEstonie en misant plutt sur la relance conomique et la baisse des impts, se rapprochant ainsi des idaux du parti Rformiste.5 En quatrime position arrive le parti des sociaux-dmocrates, qui a obtenu 9 siges supplmentaires par rapport 2007. Ce parti sest donn une nouvelle image, lorsquen octobre dernier, il a lu sa tte un leader charismatique, jeune et crdible, Sven Mikser, et lorsquil sest clairement positionn gauche de lchiquier politique en prnant limpt progressif et lgalit des chances pour tous, indpendamment de lorigine sociale et ethnique. Lors de la campagne, le parti de la Rforme vantait les efforts que son gouvernement avait mens pour sortir le pays de la crise et faire accepter lEstonie dans lOCDE ou encore dans la zone Euro. Le slogan de sa campagne Tu peux tre sr ! mettait en avant ce succs et promettait une continuit si le parti tait rlu. Le principal parti dopposition, le parti du Centre, sest vu dcrdibilis par un scandale bas sur lutilisation de largent russe pour la campagne lectorale6, ce qui a permis au Parti de la Rforme de renforcer son orientation

En dcembre dernier, la Police de scurit estonienne (KAPO) a publi un rapport rvlant que le dirigeant du parti de Centre, Edgar Savisaar, aurait demand au prsident de chemins de fer russe, Vladimir Jakunin, une somme de 1,5 million dEuro pour financer la campagne lectoral de son parti.

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claire en faveur de lOuest et de lUE.7 Le succs du parti social-dmocrate, qui prnait le nouveau dpart dans la politique estonienne, semble avoir russi attirer les voix de ceux qui voulaient un changement dans la politique estonienne. Il reste voir si leur premier vritable succs va aboutir un changement de limage de la gauche en Estonie.

A travers la perception de ce scandale, on a limpression que la politique estonienne se concentre sur les questions conomiques et sociales, linstar des pays dEurope Occidentale. Or la logique de construction nationale et les questions identitaires sont toujours prsentes derrire les discours bien soigns.
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ANALYSE GLOBALE

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LEurope : un thme consensuel dans les campagnes politiques nationales ?

Il sagit dvaluer si et jusqu quel point lEurope reprsente un thme consensuel dans les campagnes lectorales nationales des quatre pays tudis. Il sagit galement de se demander si limage que donnent de lEurope les lites politiques lors des campagnes lectorales nationales correspond la reprsentation que se font les citoyens de lEurope.

Le consensus des partis politiques sur lEurope

Les programmes lectoraux des partis politiques dans les quatre pays tudis semblent prsenter le mme consensus vis--vis de lEurope. Aucun parti majoritaire ne remet en question lappartenance lUnion europenne. Nanmoins, la visibilit et limportance accordes lEurope lors des campagnes lectorales doit tre nuance selon le pays en question. En Allemagne, o lhistoire du pays depuis la Deuxime Guerre mondiale est insparable de celle de la construction europenne, les thmes de politique intrieure et les questions europennes sont aujourdhui intrinsquement lis. Les uns ne peuvent aller sans les autres. Cest pourquoi lEurope occupe dores et dj une place importante en vue de la prochaine campagne pour les lections de septembre 2013. Cest aussi la raison pour laquelle les partis principaux ne remettent pas en cause lEurope, mais saccordent sur la ncessit pour lAllemagne de rester un pilier central de lUE et de participer son maintien, voire son renforcement, particulirement en temps de crise. Ainsi, Angela Merkel, dans son discours la convention annuelle de la CDU le 14 novembre 2011, affirme que nous avons besoin de lEurope pour que tout aille bien en Allemagne 8. Seule lextrme-gauche, Die Linke, semble plus rticente au renforcement de lUE, du moins telle quelle existe aujourdhui. En Espagne, il existe galement un consensus de la classe politique en faveur de lEurope, au niveau national et mme rgional. Les deux principaux partis, le PSOE et le PP, ne remettent absolument pas en cause lUnion europenne et tous deux se dfinissent comme des partis europens, voire europanistes. Le PSOE affiche davantage son investissement dans le processus europen en ayant au sein du parti un secrtaire excutif pour lUnion europenne. Les partis politiques ne saccordent pas pour autant sur les mmes orientations de lUnion europenne. Le parti le plus virulent quant aux orientations europennes est IU-Les Verts, qui critique une Europe aux mains des financiers, privilgiant la finance aux droits de lHomme. Il plaide pour une Europe respectant les droits de lHomme, le droit des migrants, ainsi que pour une redfinition de la PAC privilgiant non pas les grandes exploitations agricoles, mais les petites exploitations familiales en stoppant le systme productiviste et favorisant le respect de lenvironnement. La CiU est favorable lEurope, mais souhaite quelle prenne davantage en compte la Catalogne, notamment travers la reconnaissance par lUnion Europenne du catalan comme langue officielle de lUnion europenne. La CiU cherche galement utiliser la politique plus rgionale de lEurope pour bnficier de plus dautonomie vis--vis du gouvernement espagnol. Cependant, les thmes conomiques, le chmage en particulier, ont t beaucoup plus prgnants dans la campagne lectorale de novembre 2011 que ne la t lEurope. Si les partis politiques se positionnent clairement vis--vis delle, lEurope noccupe donc pas la premire place sur lchelle des proccupations de lopinion publique et des partis politiques.
[Wir brauchen Europa, damit es Deutschland gut geht] . Elle affirme mme que lEurope reprsente une communaut de destins pour lAllemagne [Europa ist unsere Schicksalsgemeinschaft ]. Voir CDU-Parteitag verteidigt ihren Kurs, FAZ, 1411-2011
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Cette dernire observation est galement valable pour lEstonie et lIrlande, o les programmes lectoraux des partis accordent une place beaucoup plus limite lEurope. Dans la campagne lectorale estonienne de 2011, lEurope reste certes un pilier essentiel de la politique trangre et conomique, mais la visibilit des questions europennes est limite. La dimension europenne reste donc certes omniprsente le chef de campagne du parti social-dmocrate, Piret Hartman, considre que lEurope est un fil conducteur dans toutes les politiques du parti-, mais peu de dbats ont concern lavenir de lEurope durant la campagne lectorale de 2011. La question de savoir quel type dEurope veulent les Estoniens na pas occup une place majeure dans la campagne lectorale de 2011. Par contre, selon Martin Roger, le chef de mission adjoint lambassade dEstonie Paris, la campagne lectorale de 2011 montre que, grce la prpondrance des thmes conomiques et montaires, lEurope est galement devenue un enjeu important dans la politique intrieure du pays9. De mme, en Irlande, les positions de Fianna Fil, Fine Gael, et Labour, dmontrent quel point le projet europen ne fait pas lobjet dun vrai dbat politique. Ainsi, lEurope nest mme pas traite en tant que telle dans le manifeste 2011 de Fianna Fil. Ainsi existe-t-il un consensus sur lEurope au sein des classes politiques, qui transparat dans les programmes lectoraux des partis politiques, dont aucun ne remet en cause la participation du pays lUnion europenne. Nanmoins, la visibilit de lEurope lors des campagnes lectorales doit tre nuance selon le pays en question. Globalement, lexception de lAllemagne, lEurope occupe une position secondaire dans les campagnes lectorales nationales. Le dbat sur les principaux thmes de ces campagnesle chmage, les questions lies la croissance conomique et la comptitivit, lamlioration du niveau de vie portait en grande partie sur le cadre national plutt queuropen.

Un consensus des partis politiques sur lEurope qui reflte lopinion publique ? Il sagit dtudier, lappui deurobaromtres, si les citoyens europens font preuve du mme consensus sur lEurope que les partis politiques censs reprsenter les diverses fractions de llectorat. Dans leurobaromtre Lopinion publique dans lUE de dcembre 2011, les citoyens des quatre pays se montrent plutt favorables lUnion europenne. Les personnes interroges se proclament en grande partie en faveur de la politique conomique et montaire de lUE : le taux de rponses positives est de 66% pour lAllemagne, 64% pour lEstonie, et 63% pour lEspagne. LIrlande savre tre le plus pro-europen des quatre pays, avec 78% rponses positives10. LUnion europenne arrive galement en tte des acteurs pouvant agir le plus efficacement face aux consquences de la crise financire et conomique, et ce dans tous les pays lexception de lIrlande, qui accorde davantage sa confiance au gouvernement national11. LUnion Europenne est donc dans son ensemble considre comme tant la mieux place pour trouver des solutions aux problmes lis la crise.

Entretien tlphonique avec Martin Roger (03.05.2012) http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb76/eb76_anx_en.pdf 11 La taux des rponses pour lUE taient en Allemagne 24%, en Estonie 23%, en Espagne 25% et en Irelande 22%. Les autres possibilits offerts taient le Gouvernement, Les tats-Unis et le G20 http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb76/eb76_anx_en.pdf
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Or, en comparant la visibilit limite des questions europennes lors des campagnes lectorales avec limportance accorde aux mmes questions par les citoyens europens, on peut se demander si les dbats concernant lEurope ne reoivent pas trop peu dattention dans les campagnes lectorales. Cependant, seuls 51% des Estoniens dclarent avoir confiance dans lensemble de lUE, un rsultat pourtant bien suprieur la moyenne europenne slevant 34%12. LIrlande, lAllemagne et lEspagne se positionnent en dessous de cette moyenne, avec seulement 24% des Irlandais et 30% des Allemands et des Espagnols affichant leur confiance dans lUE. Il semble donc que le consensus sur lEurope, fortement prsent chez les lites politiques, soit plus nuanc parmi lopinion publique. On constate en tout cas une sous-reprsentation de lopinion dfavorable lUE lors des campagnes lectorales nationales.

Sur quels aspects de lEurope les partis politiques se divisent-ils ?

Les principales divergences entre partis politiques propos de lEurope ne portent pas sur la lgitimit de lEurope en gnral, qui est reconnue par les principaux partis. Cest bien plus propos de lvolution de lEurope vers davantage dapprofondissement et dintgration que les partis politiques font preuve de distinctions et de positionnements stratgiques diffrents aux lections du 25 fvrier 2011 en Irlande, du 6 mars 2011 en Estonie, du 20 novembre 2011 en Espagne et celles venir en septembre 2013 en Allemagne.

LUnion Europenne vue comme moyen de renforcer lEtat LUE, un moyen de renforcement de la place de lEtat

Pour certains partis, lUE est un moyen de renforcer la place de lEtat en Europe. Cest notamment le cas pour lEstonie et pour le Partido Popular (PP) espagnol. Cependant, les raisons de ce positionnement commun sont diffrentes. Pour lEstonie, lUE reprsente un moyen de renforcer la visibilit du pays en Europe. LEstonie est en effet un pays d1,3 millions dhabitants et est le seul pays parlant lestonien. LUE permet donc de sauvegarder lidentit estonienne et de faire prvaloir la position de lEstonie, plus particulirement dasseoir son poids dans la politique de voisinage de lUE. Le PP en Espagne dfend clairement une prpondrance des Etats membres. Cette ide est issue du FAES, la fondation pour lanalyse et les tudes sociales (think tank dAznar, ancien chef du gouvernement) qui est devenue la vritable boite ides, la base idologique du PP. En effet, celle-ci appelle de ses vux une Europe respectueuse des nations, ce qui transparat dans les politiques europennes mises en avant dans le programme du PP. Ce dernier dfend par exemple lide dune PAC forte, dote de moyens suffisants pour notre secteur agricole . Lide de renforcer la PAC afin de soutenir lagriculture espagnole dmontre bien le principe dun rapport de force, dun rapport de gouvernement gouvernement. La mme ide est dveloppe sur la question de la politique de pche commune. Cet intrt pour l'Europe se place surtout dans une optique
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http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb76/eb76_ee_ee_nat.pdf

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nationale, comme le souligne bien la FAES : il sagit de prserver l'unit nationale face aux vellits rgionalistes pouvant tre favorises par l'UE. Le positionnement de lEtat face lUE : le cas irlandais

Le cas de lIrlande est singulier : le pays sinquite car il aurait perdu une partie de lestime de ses partenaires europens cause des aides reues et de sa volont de rengocier certains points de laccord ayant li lIrlande lUE et au FMI. Jim Duffy, le conseiller politique du premier ministre actuel de Fine Gael, regrette davoir t oblig de demander un plan de sauvetage, mais note que nous sommes lis par ces obligations 13. Depuis 2008, la spcificit de lIrlande dans ses relations avec lUE sest renforce, car le pays sest positionn face lEurope, voire contre elle. Lors du rfrendum sur le trait de Lisbonne, les Irlandais ont vot contre lEurope. Ils ont marqu leur refus du trait en tant mobiliss sur des thmes trs sensibles pour le pays, comme la souverainet nationale. Cette dernire revt une importance capitale pour lIrlande du fait de sa situation gographique et de la domination britannique qui sest exerce sur son sol pendant plusieurs sicles. Les Irlandais ont vot contre la rforme de la Commission, qui voulait limiter le nombre de commissaires en son sein et qui nassurait plus, de fait, la prsence dun commissaire irlandais chaque commission. Au cours de cette campagne, un mouvement eurosceptique est apparu, Libertas, financ par lentrepreneur Declan Ganley. Ce mouvement a connu son apoge lors du rfrendum de 2008. Il sera observer lors du rfrendum irlandais sur le trait renforant la discipline budgtaire et la gouvernance conomique en Europe.

Le clivage gauche/droite : approfondissement vs statu quo en Europe La droite, une politique globale de statu quo

En termes conomiques, la droite est peu favorable une intervention croissante de lUE dans les politiques publiques et cherche maintenir un certain statu quo. Ainsi, de nombreux partis de droite souhaitent conserver la politique sociale dans le giron national. En Irlande notamment, la question sociale revt une importance considrable du fait de sa fiscalit faible. Le Fine Gael estime ainsi que les politiques sociales et conomiques doivent rester une affaire nationale, au vu des prfrences divergentes dans les diffrents pays europens14. Lactuel premier ministre estonien, Andrus Ansip, candidat en 2011, adopte une position similaire : il a exprim plusieurs reprises sa volont de garder les questions sociales dans le champ de la politique nationale. Nanmoins dans le cas espagnol et estonien, il convient de signaler la volont dune meilleure visibilit europenne au sein des institutions internationales. En effet, pour lEstonie comme pour la droite espagnole, lUE doit parler dune seule voix. Ainsi, lEstonie, consciente de ses ressources limites en matire de politique trangres, compte sur lUE. Tous les partis sont favorables une intensification de la politique europenne de voisinage et souhaitent ainsi jouer le rle de courroie de transmission entre lUE et ses partenaires dEurope de lEst comme la Gorgie, la Moldavie ou encore lUkraine.15 LEspagne se concentre davantage sur la reprsentation dans les institutions internationales, o lUE doit prendre ses responsabilits en termes de gestion des questions mondiales. LUE doit ainsi dfendre les intrts europens dans le monde et, comme le souligne la FAES, elle pourrait tre un pont entre lUE et lAmrique latine.
Entretien avec Jim Duffy, avril 2012 Entretien avec Jim Duffy, avril 2012 15 Valimisstuudio II http://arhiiv.err.ee/vaata/valimisstuudio-1
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Lapprofondissement, une solution dfendue par les partis de gauche

Dans les pays europens tudis, les partis gauche de lchiquier politique sont plutt enclins favoriser et encourager limplication de lUnion europenne dans de larges pans des politiques publiques. Ainsi, les Verts allemands, reprsents par le parti Die Grnen/Bndnis 90, tendent vers davantage de fdralisme en Europe. Ils constatent en effet que de plus en plus de sujets ne peuvent tre traits au seul niveau national. Dans la mme ligne, le PSOE en Espagne souhaite profiter de la crise que traversent actuellement lUE et ses Etats membres pour renforcer lUnion europenne et ses mcanismes. Rubalcaba, candidat et chef de file des socialistes, la clairement exprim lors de plusieurs meetings. Un des vecteurs dapprofondissement de lUE est reprsent par le Parlement europen. Ainsi, le PSOE souhaite un renforcement des pouvoirs lgislatifs du Parlement sur des sujets primordiaux comme le march intrieur, lenvironnement, les liberts, la scurit et la justice, les droits des consommateurs ou encore les questions financires, dont le Parlement est totalement cart actuellement, afin de gagner en lgitimit dmocratique et en marge de manuvre. La question environnementale au niveau europen est tout aussi importante pour les Verts allemands, qui souhaitent une prise de position plus globale. Le Parlement europen est un organe essentiel : le renforcer, cest renforcer lUE et sa lgitimit dmocratique. Les partis de gauche, notamment les socialistes allemands et espagnols, souhaitent galement la cration dun ple social de lUE afin que cette dernire ne soit pas seulement conomique, mais garantisse des droits sociaux en plus de ceux noncs dans la Charte des Droits fondamentaux. Ce ple social pourrait tre institu par un pacte social europen qui favoriserait le bien-tre des citoyens de lUnion. Le SPD allemand aspire galement une Europe plus unie et intgre, qui offrirait des normes sociales et fiscales communes minimales16. Enfin, il sagit pour les partis de gauche de renforcer le volet de politique trangre de lUE. Comme son homologue allemand le SPD, le PSOE prne une vritable politique trangre commune en Europe, qui est dailleurs rclame par 75% des Allemands, 78% des Espagnols, 72% des Estoniens et 62% des Irlandais 17. Ces deux partis souhaitent que lUE devienne la rfrence en termes de politique trangre, mais aussi de dfense ou encore de lutte contre le terrorisme et les trafics. A cet effet, ils ne craignent pas de dlguer une part de la souverainet de lEtat lUE afin de garantir une politique plus efficace.

Le domaine conomique, source de tensions entre pays europens et, au sein des pays, entre partis politiques. Une plus grande gouvernance de lUE dans le domaine conomique

Pour le Fine Gael, lEurope est la pierre angulaire du redressement conomique 18. En effet, lconomie revt une place prpondrante pour les partis politiques de nos quatre pays dtude, mais ils divergent dans leurs propositions. Les partis de gauche plaident pour une vritable politique conomique europenne qui rgulerait les marchs financiers. Afin de garantir une politique plus ambitieuse, le PSOE a ainsi propos dans sa campagne
Voir http://www.spdfraktion.de/cnt/rs/rs_dok/0,,49156,00.html Chiffres du Standard Eurobarometer 76 Lopinion publique dans lUE, dcembre 2011 http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb76/eb76_anx_en.pdf 18 Fine Gael manifesto, p. 44.
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de 2011 daugmenter les ressources propres de lUnion et plus particulirement la ressource RNB. En termes de politique conomique, le SPD et le PSOE saccordent pour dnoncer la dictature des marchs en Europe et dans ses Etats membres. Sigmar Gabriel19, comme Alfred Prez Rubalcaba, plaident pour une plus forte rgulation de ceux-ci et sont en faveur de linstauration dune taxe sur les transactions financires europenne. Les partis de droite sont plus rticents mettre en place des politiques rigides bridant les marchs et concentrent leurs arguments sur les politiques de croissance. Ainsi, Angela Merkel conditionne la mise en place de la taxe sur les transactions financires lentente des 27 Etats membres de lUE sur le sujet. Le PP espagnol ne parle mme pas de linstauration dune telle taxe, ni dans son programme lectoral, ni dans son programme de gouvernement. Quant au FDP, il soppose linstauration dune taxe sur les transactions financires20. Le parti libral allemand met davantage laccent sur les perspectives de croissance, qui sont lies au maintien dune Europe forte. Le secrtaire gnral du FDP, Patrick Dring, rappelle ainsi les objectifs de prosprit que le parti souhaite atteindre, et les conditionne la bonne sant europenne21. La position dAngela Merkel est limage des politiques de droite librale, o lEtat doit conomiquement encadrer le moins possible lconomie. Les eurobonds

Lexemple des eurobonds souligne galement le fait que les divisions entre partis politiques sur la vision de lEurope transparaissent de manire significative dans le domaine conomique. La mise en uvre deurobonds en Europe est en effet source de distinctions entre partis de gauche et de droite. En Allemagne, le parti social-dmocrate a une vision plus laxiste du rle de la BCE, tandis que la CDU soppose pour linstant catgoriquement la mise en place deurobonds. Les socialistes espagnols sont limage de leurs homologues allemands : ils souhaitent que la BCE joue un rle plus important en ne restant pas le protecteur du dogme de la rigueur, mais en remplissant un rle plus politique, linstar de la Fed amricaine. Cest pourquoi ils soutiennent lide des eurobonds ou Euro-obligations. Lopposition entre SPD et CDU en Allemagne ne se retrouve pas en Espagne, o le PP et le PSOE saccordent pour rclamer la cration deurobonds pour tous les pays de la zone euro et garantir par-l mme une vritable gouvernance de la zone euro. Le PSOE militait lors de la campagne pour les lections du 20 novembre 2011 en faveur de la mise en place dun Trsor europen avec lmission deurobonds, qui serait chapot par un ministre des Finances europen. Ce serait alors une base pour une plus grande intgration des politiques, une stabilisation de lUnion qui, terme, rapprocherait lUnion europenne dune entit fdrale. Cet accord entre les deux grands partis espagnols sexplique surtout par la situation conomique actuelle de lEspagne. En effet, celle-ci doit emprunter sur les marchs des taux trs levs. Les eurobonds seront donc le moyen pour lEspagne et les pays fortement endetts de se financer moindre cot sur les marchs financiers. Les divergences au sein des partis politiques

Ces lments conomiques sont galement sources de distinctions au sein mme des partis, o les diffrentes fractions sopposent sur les stratgies adopter. Au sein de la CDU, certains dputs critiquent la
Voir Gabriel frdert Abkehr vom Marktradikalismus, 5-11-2011, http://www.spd.de/aktuelles/News/18768/20111105_italien_neuanfang_gabriel_demo.html 20 Voir SPD : Rsler ist eine Nummer zu klein fr das Amt, Focus, 19-1-2012 21 [Wir Liberale glauben, dass Wachstum, wirtschaftliche Prosperitt und Freirume fr die Menschen auch die sozialen Aufstiegschancen schaffen. Fr ein solches Aufstiegsversprechen msse auch Europa wieder stehen, so Dring] in Wachstum: Das Gegenmodell zu Verzagtheit und Pessimismus, 3-2-2012, http://www.liberale.de/Wachstum-DasGegenmodell-zu-Verzagtheit-und-Pessimismus/9461c15027i1p/index.html
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politique du gouvernement face la crise. Ainsi, selon K.P. Willsch, le fonds de sauvetage de leuro serait inefficace conomiquement22. De mme existe-t-il selon le journal FAZ une base eurosceptique au sein du parti libral allemand. Un dput FDP, F.Schffler, souhaite notamment annuler le fonds de sauvetage de leuro23. Plus rcemment, le ministre des Affaires trangres du gouvernement Merkel, Guido Westerwelle, sest dit prt ngocier lajout au pacte fiscal europen dun volet de croissance24, alors que la chancelire la pour linstant fermement rejet. Cependant, ces divergences internes sont masques lors des campagnes lectorales : comme la dit la chef de campagne du parti social-dmocrate, Piret Hartman, lUE ne fait pas toujours lunanimit dans le parti, mais au moment des lections, ces divergences sont tues, car lunit du parti est la cl majeure du succs25.

Quelle signification pour lEurope dans les campagnes lectorales nationales ?

Il sagit dtudier comment lEurope est perue et prsente dans les campagnes lectorales nationales par les diffrents partis politiques. La signification de lEurope est-elle diffrente selon le pays et, au sein dun pays, selon les partis politiques ? A quoi attribuer les diffrences constates ? Certaines reprsentations associes lEurope se retrouvent dans plusieurs des pays analyss dans cette tude.

LEurope : une garantie de paix Cette reprsentation de lEurope comme garantie de paix est notamment prgnante dans des pays qui sortent, pour diffrentes raisons et des priodes diverses, dune crise. Au sortir de la deuxime guerre mondiale, lAllemagne voit en lEurope une garantie de paix et de prosprit. Cest le sens de lexpression rcurrente utilise par les Allemands lpoque : plus jamais a . De mme, en Espagne, lopinion publique est toujours reconnaissante lEurope davoir accompagn le pays dans la voie de la modernit et de la prosprit aprs la dictature franquiste. Enfin, pour lEstonie, il sagissait galement, travers lintgration europenne, de saffranchir totalement de la priode communiste et de garantir son indpendance. Pour ces pays fortement marqus par leur histoire rcente, lEurope reprsente donc, encore aujourdhui, la paix. Ainsi, plus de 60 ans aprs la fin de la seconde guerre mondiale et alors que lobjectif de paix est atteint, les partis politiques allemands continuent de sy rfrer comme une des caractristiques essentielles de lEurope. Ainsi, le SPD laffirme trs clairement : Nous savons que seule lEurope peut nous garantir paix et prosprit 26. La CDU adhre galement cette thse. Angela Merkel rappelle, dans ses vux la nation

Voir CDU-Parteitag Merkel verteidigt ihren Kurs, FAZ, 14-11-2011 Voir FDP-Parteitag Westerwelle begeistert mit Euro-Rede, Die Zeit, 12-11-2011 24 Voir Deutschland offen fr Wachstumspakt, NZZ Online, 5-5-2012 25 Entretien tlephonique avec Piret Hartman 09.04.2012 26 [Wir wissen, dass nur Europa unseren Frieden und unseren Wohlstand sichern kann] in Gemeinsam sind wir strker, 1612-2011 http://www.spd.de/Politik/19488/thema_europa.html
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allemande le 31 dcembre 2011, que lEurope est un cadeau de lhistoire qui a apport paix, libert et justice pendant un demi-sicle27. Cette rfrence lEurope protectrice trouve un cho dans lopinion publique, qui influence pour partie les partis politiques, tant par dfinition des porte-parole dune frange plus ou moins grande de la population. En effet, dans leurobaromtre Lopinion publique dans lUE de dcembre 201128, la paix compte parmi les reprsentations associes lEurope, puisque les Allemands sont 39% affirmer que lEurope reprsente pour eux la paix. Il en est de mme en Espagne, o 72% des Espagnols associent encore aujourdhui lEurope avec la dmocratie et 51% la considrent comme protectrice29. La majorit de la population espagnole voit ainsi dans lUnion europenne le symbole de la modernit et de la dmocratie. Ce sont ces deux images qui soffraient dj lEspagne au moment de la transition dmocratique et qui sont toujours vivaces aujourdhui, ce qui dmontre un profond attachement des Espagnols ces valeurs et lUnion europenne.

LEurope, un espace associ la prosprit, la garantie de la russite conomique Cest notamment le cas pour lIrlande, qui, a bnfici dimportantes contributions europennes dans les annes 1970, 1980 et 1990, au mme titre que lEspagne ou lEstonie. Cette situation sinverse aujourdhui en Irlande, puisquelle contribue dsormais plus au budget europen quelle ne reoit daides. Malgr cela, les irlandais sont convaincus des bienfaits de leuro : interrogs sur leuro, 84% deux se montrent positifs sur les effets de celui-ci, contre une moyenne de 67% dans les Etats membres de leuro. 59% des Espagnols, et ce malgr la crise, estiment galement que lEspagne bnficie de son appartenance la zone euro. Cest un chiffre trs lev pour un pays frapp par la crise et gangrn par le chmage. De mme, en Estonie, lors de la campagne lectorale de 2011, lUE est avant tout perue comme une opportunit damliorer la situation conomique du pays. Tous les partis majeurs voquent ainsi la ncessit dutiliser les fonds structurels europens pour faire avancer leurs diffrentes priorits. Le parti de la Rforme souligne le bon usage qui a t fait des fonds structurels europens jusqu prsent, notamment pour sauvegarder la langue estonienne. Dans leurs discours, lUnion Pro Patria et Res Publica a surtout mis en avant lutilisation des fonds structurels europens pour soutenir leurs projets dducation et de dveloppement rgional. Le parti social-dmocrate reconnat lui aussi limportance des fonds europens pour pouvoir davantage investir dans les infrastructures. LEurope est ainsi perue comme une garantie de prosprit. Cette image a peu chang depuis ladhsion de lEstonie en Europe en 2004. En effet, lpoque, les dbats politiques taient dj concentrs sur les gains que pourrait tirer lEstonie dune adhsion lUE. Cette dernire tait cet effet prsente comme un march unique qui offrait de grandes opportunits aux producteurs locaux et une garantie de stabilit aux investisseurs. Maintenant que ladhsion lUE est accomplie, les partis politiques estoniens continuent voir lEurope comme une opportunit conomique pour le pays, mme si on observe une volution dans la perception des aides dont bnficie lEstonie. Lors de la prsentation du programme de lUE devant le parlement estonien en novembre 2011, le vainqueur des lections du printemps, le premier ministre Andrus Ansip, a affirm que lEstonie continuera de bnficier de fonds europens, mais a prcis que ces fonds devront tre utiliss de manire intelligente, et non considrs comme de largent facile30.
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[die friedliche Vereinigung unseres Kontinents ist das historische Geschenk fr uns. Es hat uns ber ein halbes Jahrhundert Frieden, Freiheit, Gerechtigkeit, Menschenrechte und Demokratie gebracht] in http://www.bundeskanzlerin.de/Content/DE/Pressemitteilungen/BPA/2011/12/2011-12-31-neujahresansprache.html 28 http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb76/eb76_anx_en.pdf 29 Chiffres issus du rapport spcial intitul Le Futur de lEurope publi en mai 2006 30 Ansip, A. levaade Eesti Euroopa poliitika teostamisest riigikogule 15.11.2011 http://www.riigikogu.ee/?op=steno&stcommand=stenogramm&date=1321340700

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Dans le contexte de la crise conomique et financire de 2008, limage de lEurope comme garantie de dveloppement conomique sest plutt trouve renforce. Cette crise a en effet, dans certains pays, raffermi la reprsentation de lEurope comme espace protecteur. Pour les deux principaux partis espagnols, le PP et le PSOE, lEurope est ainsi le meilleur moyen de passer la crise. Ces deux partis ont runi 73.35% des suffrages exprims aux dernires lections. La FAES souligne ainsi lexigence dimpulser une pleine coopration en Europe et de promouvoir lUnion Europenne. Il ressort de cette campagne une image protectrice de lUnion europenne envers ses Etats membres. Ltude de lopinion publique espagnole aboutit la mme conclusion. 25%31 des Espagnols font confiance lUE pour lutter contre la crise, il sagit mme de lchelon dans lequel les Espagnols ont le plus confiance pour grer la crise. Cette confiance se manifeste encore davantage par le fait que plus de 85% dEspagnols souhaitent un plus grand contrle de lUE sur le secteur financier et une coordination accrue entre pays de la zone euro et entre pays de lUE. En Allemagne, lEurope est moins perue comme un moyen de passer la crise conomique et financire, que comme un espace quil sagit de prserver, voire de sauver, de lclatement. Angela Merkel justifie ainsi sa politique, en particulier la dfense de lEurope, en liant le destin de lUE celui de sa monnaie : si leuro scroule, lEurope scroule 32. Cest pourquoi les principaux partis politiquesCDU, SPD, FDPsaccordent sur la ncessit dalimenter les plans daide aux pays europens en difficult. En Estonie, ds la campagne lectorale de 2011 et plus encore lheure actuelle, le vainqueur des lections lgislatives et son gouvernement de coalition mettent en avant limportance de la discipline budgtaire dans le contexte de crise. Ils veulent faire de lEstonie un modle pour lEurope, car le pays a pu conserver une discipline budgtaire malgr la crise.

LEurope, un vecteur dinfluence Une autre reprsentation souvent associe lEurope par les partis politiques des pays tudis est celle de linfluence dont peut bnficier un pays en tant intgr lUE. L encore, les spcificits historiques et gographiques des pays expliquent en partie cette reprsentation. LIrlande voit lEurope comme un moyen dexister dans le monde. Il sagit en effet dun pays insulaire, la priphrie de lEurope, qui nest en consquence pas aisment ou automatiquement intgr un ensemble comme pourrait ltre un pays continental. Aussi le projet europen est-il vu comme un moyen dexercer une certaine influence travers lUE. Dans le mme temps, les objectifs et le modle de gouvernance de lUE en partie intergouvernemental- conviennent particulirement bien aux irlandais soucieux de prserver leur neutralit lIrlande a toujours refus de rejoindre lOTAN et leur souverainet nationale. De mme, lUE est perue en Estonie avant tout comme un lment essentiel de la politique trangre estonienne. LEstonie espre, travers lUE, tendre son influence. Cette proccupation se retrouve enfin galement en Espagne, notamment lorsque lon interroge lopinion publique. 48% des Espagnols estiment que les intrts de leur pays sont bien pris en compte au sein de lUE. Il convient de noter que lEspagne fait partie des 7 pays sur 27 estimant que leurs intrts sont pris en compte.

Les chiffres cits sont issus de lEB75 du printemps 2011 (les chiffres de lEB76 de lautomne 2011 ntant pas ce jour publis) 32 [Scheitert der Euro, dann scheitert Europa] in CDU Parteitag- Das Zucken der Kompassnadel, FAZ, 14-11-2011
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La reprsentation de lEurope comme vecteur dinfluence pour le pays considr est plus complexe en Allemagne. A la faveur de la crise conomique, lAllemagne est en effet apparue comme le leader de lUE face cette crise. Lagrment de lAllemagne est en effet indispensable pour introduire et mettre en uvre toute rforme en Europe. La presse sapproprie cette posture de locomotive quincarne lAllemagne. Ainsi, lors de ladoption par le gouvernement allemand du pacte fiscal introduisant davantage de discipline budgtaire en Europe, la presse la comment comme suit : le gouvernement fdral fait avancer la mise en uvre du pacte fiscal pour plus de discipline budgtaire 33, ou encore le pacte, qui sest fait sur les instances de la chancelire Merkel 34. Le SPD considre galement que cest une responsabilit allemande que de sengager dans le sauvetage de lEurope : nous, les sociaux-dmocrates allemands, nous assumons la responsabilit europenne de lAllemagne 35. Cependant, les partis politiques sont prcautionneux quand il sagit dassocier influence et Europe. Le rle essentiel de lAllemagne en Europe ne signifie pas quelle agit seule et que lAllemagne se considre comme le leader europen. Norbert Wagner, directeur du bureau Paris de la fondation Konrad Adenauer, proche de la CDU, insiste ainsi sur le fait que ce nest pas dans les gnes de lAllemagne dtre le leader en Europe. Il est en effet dlicat pour lAllemagne de se placer la tte de la communaut europenne, car elle risque dapparatre comme un pays dominateur aux yeux des autres Etats membres, notamment ceux entrs plus rcemment dans lUE et qui souhaitent se faire une place en Europe. Son rle est donc trs dlicat, dautant plus que les membres de lUE ont souvent une vision trs diffrente de lEurope et de son avenir. Il convient de procder par consensus, ce qui fait dailleurs partie de la tradition politique en Allemagne.

Une image toujours positive de lEurope ? Il convient de nuancer limage gnralement positive de lEurope quont les partis politiques des pays tudis. Certains partis politiques certes minoritaires, en Espagne ou en Allemagne notamment, nhsitent pas afficher une image ngative de lUE et pointer ses dficits. Le parti IU-Les Verts en Espagne, situ lextrme gauche de lchiquier espagnol, est en effet trs virulent dans son programme et ses meetings. LUnion europenne est vue comme un mcanisme qui ne respecte pas les peuples et ne tient pas compte de leurs aspirations. Elle est vue comme une pieuvre incapable dagir et de ragir sauf aux sommations de la finance. Cest un discours assez semblable aux partis dextrme gauche des Etats membres de lUnion europenne, qui dplorent une Europe se souciant peu des peuples et plus attache lconomie de march. Le parti dextrme-gauche en Allemagne, Die Linke, critique ainsi de manire trs virulente lconomie de march et les marchs financiers en Europe, qui ont conduit la crise conomique et financire de 200836. Le parti dnonce galement le dficit dmocratique de lUE. Ce plaidoyer en faveur dune vritable dmocratie se retrouve galement en Espagne avec le mouvement des indigns, n le 15 mai 2011 l'occasion des lections municipales. Ce mouvement est une action spontane qui s'inscrit dans la ligne de Democracia real ya ! en dnonant le manque de reprsentativit des partis, les lites et l'oligarchie au pouvoir. Il rclame de vritables mesures en faveur de l'emploi, le maintien de services publics, le contrle de la finance ou encore la dmocratie participative.

[[Die Bundesregierung treibt die Umsetzung des europischen Fiskalpaktes fr mehr Haushaltsdisziplin voran] in Bundesregierung billigt europischen Fiskalpakt , FAZ, 7-3-2012 34 [dem Vertrag, der auf Drngen von Bundeskanzlerin Merkel zustande kam] in Fiskalpakt ein Meilenstein in der EUGeschichte, FAZ, 2-3-2012 35 [Wir deutschen Sozialdemokraten stehen zur europischen Verantwortung Deutschlands] in Gemeinsam sind wir strker, 16-12-2011 http://www.spd.de/Politik/19488/thema_europa.html 36 http://www.dielinke-europa.eu/article/7763.finanzmaerkte-umfassend-entwaffnen.html
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Enfin, lopinion publique associe galement lEurope la bureaucratie et au gaspillage dargent. Ils sont plus de 40% en Allemagne partager cette opinion, et 30% en Espagne.

Ainsi, lEurope est associe dans les quatre pays tudis, un degr plus ou moins grand, trois reprsentations : la paix, la prosprit et le vecteur dinfluence. Pour autant, chaque pays, en raison de ses spcificits historique, gographique ou conomique, a une image bien spcifique de lEurope, qui combine ces trois reprsentations diffremment, mettant laccent davantage sur certaines que sur dautres. Globalement, limage que les principaux partis politiques prsentent de lEurope est positive, ce qui nexclut pas des critiques venant de partis minoritaires ou de lopinion publique.

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CONCLUSION

Il sagissait de voir dans cette tude si le traitement de lEurope dans des campagnes nationales marques par la crise conomique et financire avait t altr par ce contexte spcifique. Il ressort de notre tude que la crise a certes pu donner de la voix ceux qui critiquent lEurope telle quelle se prsente aujourdhui, mais elle na en aucun cas remis en question la lgitimit de lEurope. De plus, aucun parti dextrme-droite populiste nexiste dans ces pays traditionnellement europhiles, ce qui favorise ce consensus sur lEurope et labsence de rels points de clivage entre ces pays. Cela ne signifie pas que ces derniers ne prsentent pas de spcificits quand il sagit daborder le thme de lEurope dans les campagnes lectorales nationales. Mais ces diffrences sont lies des spcificits historiques, conomiques, gographiques. La sortie du franquisme en Espagne, la fin du joug sovitique en Estonie, la chance dune reconstruction aprs la seconde guerre mondiale en Allemagne, lisolement relatif de lle irlandaise par rapport au continent europen, sont des facteurs qui psent encore aujourdhui sur limage de lEurope dans ces pays. Lors des campagnes lectorales nationales, les partis politiques ne remettent pas en question lEurope, mais ont des projets diffrents pour lavenir de lEurope : les uns souhaitent davantage de fdralisme, les autres restent attachs la souverainet nationale. Ce grand clivage recoupe dans la plupart des pays tudis le clivage gauche/droite, les partis de gauche tant favorables lapprofondissement de lEurope, les partis de droite tant au contraire plus rticents confier un ventuel Etat europen lensemble des responsabilits. En cela, ces deux visions de lavenir de lEurope ne semblent pas diffrer significativement des lignes de clivage au niveau national entre partis de gauche enclins encourager limplication de lEtat dans la socit, et partis de droite qui le sont moins. Le traitement de lEurope dans les campagnes lectorales nationales se fait donc sur des lignes de fractures que lon retrouve au niveau national : lEurope semble ne pas prsenter dans ce cadre une spcificit dans les campagnes lectorales. De plus, le dbat sur lEurope dans ces campagnes porte surtout sur des thmes conomiques. On peut observer dune part quau niveau national, ces thmes semblent galement tre prdominants dans un contexte de crise. L encore, lEurope ne fait pas lobjet dune spcificit dans les campagnes lectorales. Dautre part, dans les quatre pays tudis, quoique dans une moindre mesure en Allemagne, les campagnes lectorales ont surtout mis en avant les problmes conomiques attachs lEurope plutt que ses apports ou ses avantages. Le dbat sur la vision ou lavenir de lEurope a ainsi t touff par les thmes conomiques. Il convient de rappeler que ces rflexions conclusives portent sur un chantillon limit de pays en Europe, qui sont de plus tous europhiles. Une tude portant sur dautres pays, par exemple caractriss par la prsence de partis politiques eurosceptiques, dboucherait bien videmment sur des conclusions trs diffrentes. Ainsi il serait intressant de confronter lobservation des quatre pays europhiles tudis avec le traitement de lEurope dans les campagnes lectorales en Hongrie, en France, ou en Grce, trois pays qui ont plus ou moins rcemment connu lmergence de partis dextrme-droite populistes eurosceptiques.

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Allemagne
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Entretiens

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Irlande
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