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Test Bank For Health: The Basics, 13th Edition Rebecca J. Donatelle

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Test Bank for Health: The Basics, 13th Edition


Rebecca J. Donatelle

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John J. Macionis

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Health: The Basics, 13th

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Table of Contents

Part 1. Finding the Right Balance

1. Assessing Your Health

Focus On: Difference, Disparity, and Health: Achieving Health Equity

2. Promoting and Preserving Your Psychosocial Health

Focus On: Cultivating Your Spiritual Health

3. Managing Stress and Coping with Life’s Challenges

4. Improving Your Sleep

5. Preventing Violence and Injury

Part 2. Creating Healthy and Caring Relationships

6. Building Healthy Relationships


Focus On: Understanding Your Sexuality

7. Considering Your Reproductive Choices

Part 3. Avoiding Risks from Harmful Habits

8. Recognizing and Avoiding Addiction and Drug Abuse

9. Drinking Alcohol Responsibly and Ending Tobacco Use

Part 4. Building Healthy Lifestyles

10. Eating for a Healthier You

11. Reaching and Maintaining a Healthy Weight

Focus On: Enhancing Your Body Image

12. Improving Your Physical Fitness

Part 5. Preventing and Fighting Disease


13. Reducing Your Risk of Cardiovascular Disease and Cancer

Focus On: Minimizing Your Risk for Diabetes

14. Protecting Against Infectious Diseases and Sexually Transmitted


Infections

Focus On: Reducing Risks and Coping with Chronic Diseases and
Conditions

Part 6. Facing Life’s Challenges

15. Making Smart Health Care Choices

Focus On: Understanding Complementary and Integrative Health

Focus On: Aging, Death, and Dying

16. Promoting Environmental Health


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conduisait de Nicée jusque dans la Galatie, à 84 milles romains,
ou environ vingt-huit lieues de Nicée.—S.-M.
[475] Quin potius sequimini culminis summi prosapiam. Amm.
Marc. l. 26, c. 7. Procope cherche à relever son origine et à jeter
du mépris sur Valens, qu'il appelle Pannonius degener.—S.-M.
[476] Il s'agit du cri que les Barbares appellent barritus. Quem
Barbari dicunt barritum, dit Ammien Marcellin, l. 26, c. 7.—S.-M.
Ce premier succès fut suivi de plusieurs autres.
Pendant que Procope agissait en Asie, le tribun XXXVIII.
Rumitalcas[477] méditait à Constantinople une Siége de
entreprise hardie. C'était un Thrace plein de valeur, Chalcédoine.
qui s'était donné au tyran, et qui en avait reçu Amm. l. 26, c.
pour récompense la charge de maître du 8, et ibi Vales.
palais[478]. Ne pouvant rester oisif, il communiqua Socr. l. 4, c. 8.
son dessein à quelques-uns des soldats qu'on avait
laissés à Constantinople, et les ayant fait passer par mer à
Drépanum, nommée alors Hélénopolis, il courut à Nicée, et s'en
empara. Pour recouvrer cette place importante, Valens détacha
Vadomaire avec un corps de troupes, et le chargea du soin de ce
siége. Vadomaire était ce roi des Allemans[479], que Julien avait fait
enlever et conduire en Espagne. Les nouveaux empereurs l'avaient
rappelé de cet exil; il s'était attaché à Valens, qu'il servit toujours
avec courage et fidélité. Valens, de son côté, ayant passé par
Nicomédie[480], vint attaquer Chalcédoine dont Procope était maître:
il y trouva une vive résistance. Les habitants l'insultaient du haut des
murs, en l'appelant buveur de bière[481]; c'était la boisson du petit
peuple en Illyrie et en Pannonie. L'empereur jura qu'il s'en vengerait,
et qu'il raserait les murs de la ville. Cependant rebuté par le défaut
de subsistance et par l'opiniâtreté des assiégés, il se disposait à la
retraite, lorsque les troupes enfermées dans Nicée, sortant tout à
coup à la suite de Rumitalcas, taillent en pièces le détachement de
Vadomaire, et vont sans perdre de temps tomber à l'improviste sur
Valens qui était encore devant Chalcédoine. Il était perdu sans
ressource, s'il n'eût pas été averti à propos. L'ennemi le suivit de
près, et il n'échappa qu'avec peine à la faveur du lac Sunon[482] et
des détours du fleuve Gallus: par cette fuite précipitée toute la
Bythinie resta au pouvoir de Procope.
[477] Ce nom est le même que celui de Rhémétalcès, qui, ainsi
que nous l'apprenons des auteurs anciens et des médailles, fut
porté par plusieurs rois de la Thrace et du Bosphore Cimmérien.
On voit que ce nom prononcé un peu différemment selon les
divers dialectes, était particulier aux Thraces. On peut au sujet de
ces princes consulter les articles que je leur ai consacrés dans la
Biographie moderne de Michaud, t. 37, p. 462.—S.-M.
[478] Susceptâ curâ palatii. Ammien Marcell. l. 26, c. 8. Il aurait
été appelé quelques siècles plus tard Curopalate.—S.-M.
[479] Ex duce et rege Alamannorum. Amm. Marcell. l. 26, c. 8.—
S.-M.

[480] Valens était devant cette place le 1er décembre, comme on


le voit par une loi datée de ce jour.—S.-M.
[481] Sabaiarius, du nom d'une boisson appelée Sabaia, faite
d'orge ou de froment, et qui était ordinairement la boisson des
pauvres en Pannonie. Est autem Sabaia ex hordeo vel frumento in
liquorem conversis paupertinus in Illyrico potus. Amm. Marcell. l.
26, c. 8. Cette indication est confirmée par un passage de S.
Jérôme (in Esaiam, cap. 19, t. 4, p. 292), qui dit Ζύθον, quod
genus est potionis ...... vulgò in Dalmatiæ Pannoniæque
provinciis, gentili barbaroque sermone appellatur Sabaium.—S.-M.
[482] Per Sunonensem lacum. Amm. Marc. l. 26, c. 8. Ce lac est
appelé actuellement Sapandjeh, du nom d'un petit endroit situé
sur ses bords. Il portait dans le moyen âge le nom de Sophon. On
voit sans peine le rapport qui existe entre ces diverses
dénominations.—S.-M.

L'empereur regagna promptement Ancyre. Ayant


appris que Lupicinus lui amenait d'Orient un XXXIX.
renfort considérable de troupes, il reprit courage, Arinthée se fait
et envoya Arinthée, l'un de ses plus habiles livrer un des
généraux, pour chercher l'ennemi. Celui-ci arrivant généraux de
à Dadastana, bourgade devenue depuis peu Procope.
célèbre par la mort de Jovien, se rencontra vis-à- Amm. l. 26, c.
vis d'Hypéréchius, jusqu'alors officier du 8.
palais[483]. Mais Procope, qui faisait des généraux Basil. ep. 269. t.
3, p. 415.
comme il s'était fait empereur, l'avait mis à la tête
d'un détachement. Arinthée le méprisait trop pour
daigner le combattre. Il fit alors une action dont on ne voit point
d'autre exemple, et qui fut couronnée du succès. C'était l'homme de
la plus haute taille et le mieux fait de son siècle; son extérieur
vraiment héroïque lui donnait un air d'empire. Profitant de cet
avantage, il ordonna aux soldats d'Hypéréchius de saisir eux-mêmes
leur chef et de le lui amener enchaîné. Ces paroles eurent l'effet
d'une victoire; ils obéirent, et traînant avec eux leur général devenu
leur prisonnier, ils se rangèrent sous les enseignes d'Arinthée.
[483] Castrensis apparitor. Le recueil des lettres de Libanius,
publié par Wolf, en contient un grand nombre qui étaient
adressées à cet Hypéréchius; elles font voir que cet officier était
très-lié avec le rhéteur d'Antioche. Le père d'Hypéréchius
s'appelait Maxime.—S.-M.

Procope fut bientôt avantageusement dédommagé


de cette perte. Cyzique, capitale de l'Hellespont, XI.
était alors remplie de richesses. Vénustus, chargé Siége de
du paiement de toutes les troupes de l'Orient [484] , Cyzique.
y avait dès le commencement des troubles Amm. l. 26, c.
transporté la caisse militaire, comme dans la place 8.
la plus sûre. C'était d'ailleurs un des plus riches Zos. l. 4, c. 6.
dépôts des trésors de l'empire. Deux classes
Soz. l. 6, c. 8.
nombreuses d'habitants étaient sans cesse
occupées, l'une à la fabrique de la monnaie, l'autre Philost. l. 9, c.
6.
aux ouvrages d'une célèbre manufacture pour
l'habillement des soldats. La place était renommée
dès le temps des guerres de Mithridate, tant par l'avantage de sa
situation, que par la force de ses murailles. Mais ce qui faisait alors
sa faiblesse, c'est qu'elle était défendue par Sérénianus[485], chef
d'une garnison aussi faible que son commandant. Procope la fit
assiéger par terre et par mer sous la conduite du général Marcellus,
son parent. Les attaques n'eurent d'abord aucun succès. Les
assiégeants étaient accablés d'une grêle continuelle de traits, de
pierres, de javelots, qui rendaient les approches très-meurtrières.
L'unique moyen de prendre la ville était de forcer l'entrée du port:
mais elle était fermée d'une grosse chaîne de fer, que les vaisseaux,
malgré les plus violents efforts, ne purent jamais rompre. On essaya
en vain de la couper à grands coups de hache. Les soldats, les
officiers, épuisés de fatigues, ne demandaient qu'à lever le siége,
lorsqu'un tribun, nommé Alison, obtint qu'on lui permît de faire une
dernière tentative. Pour entrer dans le port, il fallait tourner le dos
aux murs de la ville: le tribun ayant joint ensemble trois navires, s'en
servit comme d'une plate-forme pour y établir quatre rangs de
soldats les uns derrière les autres: le premier rang restait debout, et
les trois autres s'inclinaient de plus en plus, en sorte que le
quatrième se tenait sur les genoux. Leurs boucliers qu'ils rejetaient
en arrière, étant carrés et exactement rapprochés par les bords,
formaient un talus, sur lequel les flèches et les pierres lancées du
haut des murs coulaient comme l'eau sur la pente d'un toit: cette
ordonnance se nommait tortue. Elle était en usage dans le siége des
places. Le tribun couvert de cette sorte de défense, approche de
l'entrée du port, et ayant soulevé la chaîne, et placé un des anneaux
sur une enclume, il vint à bout de le rompre à coups de marteaux et
de haches, et d'ouvrir le port à la flotte. La ville se rendit aussitôt.
Cette action mémorable sauva la vie à ce tribun, lorsque, dans la
suite, on fit mourir les partisans de Procope. Valens lui conserva
même son rang dans le service: il périt dans la suite en Isaurie, où il
fut tué par une troupe de brigands. Procope s'étant en diligence
transporté à Cyzique, fit grace à tous les assiégés. Ce fut, selon
Philostorge, à la prière d'Eunomius, que les Ariens avaient nommé
évêque de cette ville, et qu'ils avaient ensuite eux-mêmes déposé.
Sérénianus fut excepté de l'amnistie générale[486]; il fut chargé de
fers, et conduit dans les prisons de Nicée.
[484] Largitionum apparitor sub Valente. Amm. Marc. l. 26, c. 8.—
S.-M.
[485] Ce général était comte des domestiques, domesticorum
comes, c'est-à-dire commandant des gardes.—S.-M.
[486] Selon Zosime, l. 4, c. 6, Sérénianus s'était sauvé de
Cyzique, et il avait été pris en Lydie.—S.-M.
Hormisdas, fils de ce prince persan qui, s'étant
venu réfugier à la cour de Constantin, avait servi XLI.
avec zèle Constance et Julien, s'était jeté dans le Hormisdas le
parti du rebelle. Procope lui donna le fils, partisan de
gouvernement de l'Hellespont et le titre de Procope.
proconsul, avec pouvoir de commander les Amm. l. 26, c.
armées, et de régler les affaires civiles; rendant 8.
ainsi au proconsulat toute l'autorité qui avait été
attachée à cette charge au temps de la république[487]. Hormisdas
avait épousé une femme riche, d'illustre naissance, et
recommandable par sa vertu. Quelques jours après la prise de
Cyzique, comme il se promenait seul avec elle sur le rivage, assez
loin du vaisseau qui les y avait conduits, ils furent surpris et sur le
point d'être enlevés par un parti ennemi[488]. Mais ce jeune guerrier,
malgré les traits qu'on lançait sur eux, défendit et sa femme et sa
propre vie avec tant de courage et de bonheur, qu'ils eurent le temps
de regagner leur vaisseau et de s'échapper ensemble.
[487] Hormisdæ maturo juveni, Hormisdæ regalis illius filio,
potestatem proconsulis detulit, et civilia more veterum et bella
recturo. Ammien Marc., l. 26, c. 8.—S.-M.
[488] Il était composé de soldats que Valens avait envoyés par
des chemins détournés, à militibus quos per devia Phrygiæ
miserat Valens. Amm. Marc. l. 26, c. 8.—S.-M.
L'acquisition d'une ville si importante enfla le cœur
de Procope: il regarda ce succès comme le gage XLII.
d'un bonheur inaltérable, et ne se crut plus obligé Vexations de
de garder aucune mesure. Cette ame faible n'avait Procope.
point de caractère; il prit celui de la prospérité: il Amm. l. 26, c.
devint superbe, violent, inhumain, aussi injuste 8.
que Pétronius. Il oublia que c'étaient les excès de
Themist. or. 7,
ce ministre qui lui avaient à lui-même tenu lieu de p. 92 et 99.
mérite. Arbétion, ce politique corrompu, dont nous
avons parlé tant de fois, ne s'était point encore
ouvertement déclaré: aux fréquentes invitations du Philost. l. 9, c.
tyran, il répondait en s'excusant sur ses maladies 6.
et sur les infirmités de sa vieillesse. Procope fit
enlever tous les meubles de la maison qu'Arbétion possédait à
Constantinople: elle était remplie de trésors, fruits des crimes d'une
longue vie. Par cette violence, il soulevait contre lui un homme qui
n'avait jamais été un ami utile, mais qui fut toujours un ennemi
dangereux. Peut-être lui aurait-on pardonné cette injustice exercée
aux dépens d'un injuste ravisseur, mais il ne ménagea personne.
Sans aucun égard pour les priviléges des sénateurs, il imposa sur
tous les sujets des contributions excessives; il exigea dans l'espace
d'un mois le tribut de deux années; et les habitants de
Constantinople, qu'il avait séduits par tant de magnifiques
promesses, se virent en peu de temps réduits à une extrême misère.
On rechercha ceux qu'on soupçonnait d'être attachés à l'empereur.
L'impie Aëtius, qui vivait à Lesbos, fut à cette occasion en danger de
perdre la vie; il se rendit à Constantinople, où peu après il mourut de
maladie. Les philosophes n'avaient pas sujet de se louer de Valens:
cependant Procope les accusa d'intelligence avec ce prince; et
quoiqu'il prétendît lui-même aux honneurs de la philosophie, et qu'il
se fût décoré d'une longue barbe, il les força par ses mauvais
traitements à détester son usurpation.
La rigueur de l'hiver suspendit pour quelque temps
les opérations de la guerre. Le tyran qui prévoyait XLIII.
que la campagne prochaine serait sanglante et
Il se prépare à
décisive, employa cet intervalle à ramasser des continuer la
troupes et de l'argent. Il encourageait par des guerre.
bienfaits ces artisans de la misère publique, qui Amm. l. 26, c.
savent réduire en système l'art de dépouiller les 8.
peuples, et qui, pour s'enrichir eux-mêmes sous Zos. l. 4, c. 7.
prétexte d'enrichir le prince, lui procurent par de
Eunap. in Max.
pernicieux projets une opulence passagère et une t. 1, p. 59 et 60,
longue disette. Il députa un de ses courtisans à la ed. Boiss.
nation des Goths pour leur demander des troupes
auxiliaires[489]. Une multitude de déserteurs, d'aventuriers, de
barbares vinrent grossir son armée. Il aurait pu porter ses vues
jusque sur les provinces les plus orientales de l'empire; il y aurait
trouvé les esprits rebutés du gouvernement de Valens, et disposés à
se prêter à la révolution. Mais il se borna mal à propos à s'assurer
des villes voisines. Il y rencontra beaucoup d'opposition de la part du
vicaire d'Asie, nommé Cléarque. Celui-ci était riche, d'une famille
illustre, né dans la Thesprotie en Épire, païen fanatique, entêté de
magie, et adorateur de ces philosophes insensés qui avaient séduit
Julien. Aussi était-il ennemi de Salluste, qu'il traitait de vieillard
imbécille, parce que Salluste, idolâtre comme lui, était plus sage et
plus modéré. Cependant Cléarque servit utilement Valens en
traversant par toutes sortes de moyens les desseins de Procope.
[489] Zosime rapporte l. 4, c. 7, que Procope envoya quelques
personnages distingués, τῶν ἐπιφανῶν τινας ἔστελλε, vers le
prince des Scythes ou Goths qui étaient établis au nord du
Danube, πρὸς τὸν ἔχοντα τὴν ὑπέρ τὸν Ἴϛρον Σκυθῶν
ἐπικράτειαν, pour qu'il lui fournît un corps de dix mille auxiliaires,
ὁ δὲ, μυρίους ἀκμάζοντας ἔπεμπε συμμάχους ἀυτῷ. On verra par
la suite que le prince auquel Procope écrivit était Athanaric.
Zosime ajoute encore que Procope demanda du secours à
d'autres peuples barbares, καὶ ἄλλα δὲ βάρβαρα ἔθνη συνῄει,
μεθέξοντα τῆς ἐγχειρήσεως. Je ne sais où Gibbon a pu prendre (t.
5, p. 113), que les Goths fournirent à Procope un secours de
trente mille hommes. Il se trompe sans aucun doute; car rien de
semblable ne se trouve dans les auteurs anciens qu'il a pu
consulter touchant ce fait historique.—S.-M.
Pendant que Valens, retiré dans la ville d'Ancyre,
se préparait à terminer la guerre, il lui naquit le 18 An 366.
de janvier un fils, qu'il nomma Valentinien Galate, XLIV.
parce qu'il était né en Galatie. C'est mal-à-propos
Naissance de
que quelques auteurs le font naître de Valentinien. Valentinien
Ce prince n'eut jusqu'en 371 aucun autre fils que Galate.
Gratien, né le 18 d'avril en 359. Gratien, âgé de
Idat. chron.
près de sept ans, fut consul cette année avec
Chron. Alex. vel
Dagalaïphe.
Pasch. p. 301.
Dès que la saison permit de tenir la campagne, Themist. or. 9,
Valens, ayant reçu les nouvelles troupes que lui p. 121.
amenait Lupicinus, partit d'Ancyre, et mit garnison Socr. l. 4, c. 10.
dans Pessinunte, pour conserver ce pays dans Soz. l. 6, c. 10.
l'obéissance. Le rebelle mettait l'artifice en usage Till. Valens, note
autant que la force des armes: conduisant avec lui 3.
dans sa litière la fille de Constance et sa mère
Faustine, il animait les soldats à la défense d'une
veuve et d'une orpheline, dont il se disait le parent XLV.
et le protecteur. Valens, à dessein de surprendre Bataille de
Gumoaire cantonné dans la Lydie [490] , prit sa route Thyatire.
par des chemins rudes et difficiles, au pied du Amm. l. 26, c.
mont Olympe. Pour opposer à Procope un général 9.
rusé et artificieux, il attira à son service Arbétion Zos. l. 4, c. 7 et
irrité du pillage de ses biens, et le mit à la tête de 8.
ses troupes. Il ne fut pas long-temps sans avoir
sujet de s'en applaudir. Les deux armées se rencontrèrent près de
Thyatire en Lydie. Arbétion par de sourdes pratiques débaucha un
grand nombre de soldats, qui se rendirent à son camp et
l'instruisirent de l'état des ennemis. Il corrompit Gumoaire lui-même,
qui aurait pu éviter une action et se retirer sans aucun risque. Le
combat s'étant engagé, le jeune Hormisdas, fidèle au parti qu'il avait
embrassé, fit des prodiges de valeur, et malgré la trahison du
général, il balançait la victoire. Alors, Arbétion quittant son casque et
montrant ses cheveux blancs: Enfants, cria-t-il aux soldats ennemis,
reconnaissez votre père: vous avez la plupart servi sous mes ordres;
joignez-vous à un général de qui vous avez appris à vaincre, plutôt
que de vous perdre avec un brigand dont la ruine est assurée. Vous
n'avez point d'autre empereur que Valens. A ces paroles on entend
de toutes parts répéter dans l'armée ennemie: Valens empereur.
Presque tous les soldats se rangent du coté d'Arbétion, et Gumoaire
se fit prendre lui-même et conduire au camp de Valens.
[490] On lit dans le texte d'Ammien Marcellin, l. 26, c. 9, dans la
Lycie, iter tendebat ad Lyciam. Il est évident que c'est une erreur.
La route prise par Valens démontre qu'il s'agit du mont Olympe de
Mysie et non de celui qui portait le même nom dans la Lycie, et le
lieu où Valens combattit Procope le fait encore mieux voir.—S.-M.

A la nouvelle de ce succès inespéré, l'empereur


partit de Sardes, pour marcher au-devant de XLVI.
Procope en Phrygie. Il se livra le 27 de mai près de Défaite et mort
Nacolia une seconde bataille[491]. C'était le sort du de Procope.
rebelle d'être trahi par ses généraux. Agilon, aussi Idat. chron.
perfide que Gumoaire, voyant le combat engagé,
Amm. l. 26, c.
court à toute bride se jeter dans l'armée de 9.
Valens; son exemple entraîna des bataillons
Zos. l. 4, c. 8.
entiers, qui baissant leurs enseignes, passent leurs
boucliers sous leurs bras, ce qui était un signe de Them. or. 7, p.
91.
désertion, et se rendent à l'empereur. Procope
abandonné prend la fuite; il gagne les bois et les Philost. l. 9, c.
5.
montagnes voisines, suivi de deux de ses officiers,
Greg. Nyss.
Florentius et Barchalba[492], que la nécessité plutôt contra fatum t.
que l'inclination avait engagés dans son parti[493]. 2, p. 80.
Ils errèrent toute la nuit, toujours dans la crainte
d'être poursuivis et reconnus à la clarté de la lune. Enfin, Procope
abattu de fatigue et de douleur, descend de cheval et se jette au
pied d'un rocher. Là plongé dans une tristesse mortelle, il déplorait
son infortune et la perfidie de ses officiers, lorsque ses deux
compagnons, craignant de partager avec lui ses derniers malheurs,
le saisissent, l'attachent avec les courroies de son cheval, et au point
du jour l'amènent au camp, et le présentent à l'empereur. Ce
malheureux, sans proférer une parole ni lever les yeux, attendit le
coup mortel, qui lui trancha la tête, et abattit en même temps la
rébellion[494]. Valens, dans le premier accès de sa colère, fit
massacrer Florentius et Barchalba[495], dont la trahison, quoique
odieuse, ne méritait pas la mort, si Procope n'était qu'un traître et
un rebelle. Ainsi périt Procope, âgé de près de quarante et un
ans[496]. Sur la foi des astrologues il s'était flatté de parvenir au
comble de la grandeur: après sa mort ces imposteurs, pour sauver
l'honneur de leur science chimérique, publièrent qu'ils avaient
entendu le comble des maux et non pas de la fortune.
[491] Selon la chronique Paschale, p. 301, Procope fut défait et
pris le 20 juin.—S.-M.
[492] Ce dernier s'était distingué selon Ammien Marcellin, l. 26, c.
9, dans les cruelles guerres survenues sous le règne de
Constance. Quem per sævissima bella jam inde a Constantii
temporibus notum.—S.-M.
[493] Necessitas in crimen traxerat, non voluntas. Amm. Marc. l.
26, c. 9.—S.-M.
[494] Selon Socrate, l. 4, c. 5, Valens aurait fait écarteler Procope
en ordonnant de lui attacher les jambes à des branches d'arbres
rapprochées avec violence. Le récit d'Ammien Marcellin, ainsi que
ceux de Zosime et de Philostorge, font voir que c'est une fable
indigne de confiance. Il serait possible cependant que Valens eût
fait traiter ainsi le cadavre de Procope, ce qui aurait donné
naissance à ce récit, qui a été répété par Theophanes, p. 47, et
par Zonare, l. 13, t. 2, p. 32.—S.-M.
[495] Socrate, l. 4, c. 5, substitue Gumoaire et Agilon à ces deux
tribuns. Il leur fait subir un supplice semblable à celui qu'il avait
déjà attribué à Procope. Cette erreur a été copiée par Sozomène,
l. 6, c. 8, et par Nicéphore Calliste, l. 11, c. 4.—S.-M.
[496] Il avait quarante ans et dix mois, selon Ammien Marcellin, l.
26, c. 9. Excessit vitâ Procopius anno quadragesimo, amplius
mensibus decem. Il était donc né en l'an 325.—S.-M.
Marcellus, parent de Procope, commandait la
garnison de Nicée. Zosime rapporte que le tyran lui XLVII.
avait mis entre les mains un manteau de pourpre,
Mort de
aux mêmes conditions qu'il en avait lui-même reçu Marcellus.
un de Julien. Dès que ce général eut appris la mort
Amm. l. 26, c.
de Procope, il fit tuer Sérénianus qu'il tenait 10.
prisonnier. Ce meurtre sauva la vie à beaucoup
Zos. l. 4, c. 8.
d'innocents, que Valens, par les conseils de ce
méchant homme qu'il écoutait volontiers, n'aurait
pas manqué d'immoler à une aveugle vengeance. Après cette
exécution, Marcellus courut à Chalcédoine, où il se fit proclamer
empereur par une troupe de désespérés. Il comptait sur trois mille
Goths qui venaient de passer en Asie pour secourir Procope[497].
D'ailleurs il n'appréhendait rien du côté de l'Illyrie, où la mort du
tyran était encore ignorée. Mais un pouvoir si faiblement appuyé fut
détruit sans peine. Il n'en coûta à Valens que d'envoyer une troupe
de soldats braves et hardis, qui enlevèrent Marcellus comme un
criminel, et le jetèrent dans un cachot. On l'en tira peu de jours
après pour lui faire endurer de cruels tourments, et le mettre à mort
avec ses complices.
[497] C'était une partie des troupes auxiliaires, que Procope avait
obtenues des rois Goths, au moyen d'un subside et en faisant
valoir sa parenté avec Constantin. Gothorum tria millia regibus
jam lenitis ad auxilium erant missa Procopio, Constantianam
prætendenti necessitudinem, quæ ad societatem suam parva
mercede traduci posse existimabat. Amm. Marc. l. 26, c. 10.—S.-
M.

La conduite de Valens, à l'égard des partisans de


Procope, est un problème historique qu'il n'est pas XLVIII.
aisé de résoudre. Ammien Marcellin et Zosime font
Punition des
une affreuse peinture des rigueurs qui furent complices de
exercées à cette occasion. Selon ces auteurs, non- Procope.
seulement on fit la recherche de tous ceux qui Amm. l. 26, c.
avaient prêté du secours au rebelle, qui avaient 10.
participé à ses conseils, qui avaient eu Zos. l. 4, c. 8.
connaissance du complot sans en donner avis;
Them. or. 7, p.
mais on n'épargna même ni leurs parents, ni leurs 84 et 93.
amis, quelque innocents qu'ils fussent. On ne
Liban. vit. t. 2,
distingua ni l'âge ni la dignité. L'empereur prêtait p. 56, or. 12, p.
l'oreille avec empressement à cette foule de 392 et or. 13, p.
scélérats, toujours prêts à dénoncer ceux dont ils 413.
espèrent les dépouilles. On épuisa la cruauté des
bourreaux. Ceux que le prince traita avec plus d'indulgence, furent
proscrits, exilés: on vit des personnes illustres par leur naissance et
par leurs emplois passés, réduites à vivre d'aumônes. Le sang ne
cessa de couler, que quand l'empereur et ses courtisans furent
rassasiés de confiscations et de carnage; et la victoire de Valens
devint une calamité publique. D'un autre côté, Thémistius, dans un
discours qu'il prononça peu de temps après, fait le plus grand éloge
de la clémence de Valens à l'égard des vaincus. Il est vrai qu'un
panégyriste ne mérite guère d'en être cru sur sa parole, surtout
lorsqu'il parle devant le prince, dont la présence anime la flatterie et
déconcerte la vérité: mais avec Thémistius s'accorde Libanius dont
l'autorité est ici d'un tout autre poids, que dans les louanges qu'il
prodigue à Julien. Ce sophiste ne devait pas aimer Valens, déclaré
contre sa cabale, et qu'il accuse même d'avoir cherché l'occasion de
le faire périr. Cependant, et dans l'histoire qu'il a laissé de sa propre
vie, et dans deux discours composés après la mort de Valens, il lui
rend ce témoignage, qu'il épargna les amis du tyran, et qu'il ne
marqua aucun ressentiment contre la ville de Constantinople,
quoique cette ville, ayant outragé le prince par des écrits et par des
décrets injurieux, ne dût s'attendre qu'à des châtiments. Il attribue
même la mort de son disciple Andronicus à tout autre qu'à
l'empereur.
Andronicus, gouverneur de Phénicie, s'était rendu
recommandable par son désintéressement, par sa XLIX.
douceur, par sa justice. Lié d'amitié avec Procope,
Histoire
le tyran l'avait appelé auprès de lui, et lui avait d'Andronicus.
confié le gouvernement de la Bithynie et ensuite
Liban. vit. t. 2,
de la Thrace. Quoiqu'il ne se vît qu'à regret dans p. 56 et or. 26,
un parti dont il prévoyait la ruine prochaine, il p. 604.
servit fidèlement Procope, et dans son désastre il
crut indigne de lui de trahir un ami malheureux. Il ne voulut pas
même se soustraire par la fuite à la vengeance du vainqueur qui
aurait été, dit Libanius, assez généreux pour lui pardonner, si le
courtisan Hiérius, animé contre Andronicus par une ancienne
inimitié, n'eût sollicité son supplice.
Ce qui peut encore beaucoup adoucir les couleurs
dont Ammien Marcellin s'est étudié à peindre en L.
général les cruautés de Valens, c'est que cet
historien, amateur des détails, ne désigne en
particulier aucun de ceux qui furent les victimes de Conduite de
cette prétendue inhumanité. Il ne cite que trois Valens à l'égard
de quelques
rebelles qui étaient en effet les plus coupables; partisans de
mais ces trois exemples prouvent plutôt la Procope.
clémence que la cruauté de Valens. Araxius, préfet Amm. l. 26, c.
du prétoire, obtint grace de la vie à la prière de 10.
son gendre Agilon; il fut seulement relégué dans
une île, d'où il revint même bientôt après[498]. Valens envoya à
Valentinien Euphrasius, maître des offices, et Phronémius préfet de
Constantinople, pour décider de leur sort. Euphrasius obtint le
pardon; Phronémius fut exilé dans la Chersonèse[499]; et la
différence de traitement dans deux causes pareilles doit être
attribuée, selon Ammien Marcellin, à l'amitié dont Julien avait honoré
Phronémius. Cet historien toujours zélé pour la gloire de Julien, dont
il avait fait son héros, et mécontent de Valentinien et de Valens qui
le laissèrent sans emploi, suppose que ces deux empereurs
haïssaient ce prince, parce qu'ils ne pouvaient l'égaler[500], et qu'ils
poursuivirent sa mémoire dans la personne de ses amis, aussi-bien
que dans ses établissements qu'ils prenaient à tâche d'abolir.
[498] D'où il s'échappa bientôt après, breve post tempus evasit.
Ammian. Marc. l. 26, c. 10.—S.-M.
[499] Chersonesum deportatur. Dans la Chersonèse Taurique sans
doute. Un exil dans ce pays était regardé comme un châtiment
très-rigoureux.—S.-M.
[500] Inclementius in eodem punitus negotio, ea re quod divo
Juliano fuit acceptus: cujus memorandis virtutibus ambo fratres
principes obtrectabant, nec similes ejus nec suppares. Amm.
Marc. l. 26, c. 10.—S.-M.
Valens avait juré qu'il détruirait les murs de
Chalcédoine. Ils étaient de la plus belle structure, LI.
bâtis de larges pierres carrées. Il donna ordre de Ruine des murs
les démolir. Cependant il se laissa fléchir aux de Chalcédoine.
prières des députés de Constantinople, de Them. or. 11, p.
Nicomédie et de Nicée. Mais pour ne pas manquer 151 et 152.
à son serment, il y fit faire plusieurs brèches, qu'on
referma de blocage. Les pierres de ces Socr. l. 4, c. 8.
démolitions, transportées à Constantinople, Soz. l. 6, c. 9.
servirent à la construction des thermes de Carosa. Zon. l. 13, t. 2,
Valens leur donna ce nom qui était celui d'une de p. 32.
ses filles. Il fit aussi bâtir un aquéduc qui, Cedren. t. 1, p.
réunissant plusieurs sources de la Thrace, 310.
conduisait à Constantinople une grande quantité
d'eau. Le bruit se répandit, sans doute après la mort de Valens, que
sur une des pierres tirées des murs de Chalcédoine, s'était trouvée
une inscription[501], qui annonçait d'avance en termes clairs
l'invasion des Goths et la fin tragique de Valens.
[501] Cette inscription supposée, est composée de neuf vers; elle
se trouve dans Socrate, dans Zonare et dans Cédrénus.—S.-M.

Avant la défaite de Procope, Equitius, voyant que


tout l'effort de la guerre se portait du côté de LII.
l'Orient, entra dans la Thrace par le défilé de Siége de
Sucques, et alla mettre le siége devant Philippopolis.
Philippopolis. Cette ville nommée d'abord
Amm. l. 26, c.
Eumolpias, réparée ensuite et agrandie par 10.
Philippe, père d'Alexandre, avait reçu de ce prince
Plin. l. 4, c. 18.
le nom de Ponéropolis, c'est-à-dire, la ville des
méchants, parce qu'il avait ramassé pour la Suid. in Δούλων
πόλις.
peupler tous les vagabonds et les scélérats de ses
états. Elle quitta bientôt ce nom peu honorable,
pour prendre celui de son restaurateur. On la nommait aussi
Trimontium, à cause des trois montagnes sur lesquelles elle était
bâtie. Elle subsiste encore aujourd'hui sous le nom de Philippopoli.
C'était une place importante qui pouvait fermer le passage à
Equitius, dont le dessein était de traverser la Thrace pour marcher
au secours de Valens. Elle soutint le siége, et ne se rendit qu'à la
vue de la tête de Procope, que Valens envoyait à son frère dans la
Gaule. Equitius, naturellement dur et impitoyable, traita les habitants
avec beaucoup de rigueur.
Valentinien reçut la tête de Procope, lorsqu'il venait
de remporter, par la valeur de Jovinus son général, LIII.
trois victoires sur les Allemans. Cette nation que
Guerre contre
Julien avait tant de fois vaincue, ayant rétabli ses les Allemans.
forces pendant une paix de quatre années, envoya
Amm. l. 27, c. 1
dès le mois de janvier plusieurs corps de troupes et 2.
qui passèrent le Rhin sur les glaces, et se
Zos. l. 4, c. 9.
répandirent dans le pays où ils firent beaucoup de
ravages. Charietton, dont nous avons raconté les Alsat. illust. p.
415, 416.
aventures[502], commandait alors dans les deux
Germanies avec le titre de comte[503]. Il rassembla
ses meilleures troupes, et se joignit au comte Sévérianus, qui était
en quartier à Châlons-sur-Marne [Cabilo], avec deux cohortes[504].
S'étant réunis ils marchèrent en diligence, et après avoir passé un
ruisseau sur un pont, ils aperçurent l'ennemi qui, sans leur laisser le
temps de se mettre en bataille, fondit sur eux avec tant de violence,
que les Romains culbutés dans le ruisseau se débandèrent et prirent
la fuite. Sévérianus, vieillard sans force, fut abattu de cheval et tué
par un cavalier ennemi[505]. Charietton perdit aussi la vie, pendant
qu'il s'efforçait et par ses reproches et par ses exemples d'arrêter
d'une part les fuyards, de l'autre la fougue des vainqueurs. Les
Allemans enlevèrent l'enseigne des Bataves[506], et l'emportèrent
dans leur camp en exprimant leur joie par des danses et des chants
de victoire. C'était pour eux un glorieux exploit, et dans les batailles
suivantes, ils portèrent cette enseigne comme un trophée, jusqu'à ce
qu'on l'eût arrachée de leurs mains.
[502] Voyez ci-devant, l. x, § 38 et 39, t. 2, p. 260 et 263.—S.-M.
[503] Tunc per utramque Germaniam comes. Amm. Marc. l. 27, c.
1.—S.-M.
[504] C'étaient les Divitenses et les Tungricani.—S.-M.
[505] Ammien Marcellin dit seulement l. 27, c. 1, qu'il fut renversé
de son cheval et blessé d'un trait, equo deturbatum, missilique
telo peroffensum. Il est évident qu'il ne périt pas en cette
occasion, puisque le 17 mai suivant Valentinien lui adressa une loi
que nous possédons encore.—S.-M.
[506] Ammien Marcellin dit, l. 27, c. 1, que c'était l'enseigne des
Hérules et des Bataves, Ærulorum Batavorumque vexillum.—S.-M.
L'empereur, qui s'était avancé jusqu'à Rheims,
n'eut pas plus tôt appris cette fâcheuse nouvelle, LIV.
qu'il se rendit au lieu du combat. Ayant rallié ses Valentinien veut
soldats dispersés, il s'informa avec soin du détail punir les
de l'action. Il reconnut que la cohorte des Bataves fuyards.
avait été la première à fuir. Il ordonna aussitôt à
toute l'armée de prendre les armes; et l'ayant assemblée dans une
plaine voisine, après avoir déchargé sa colère sur les Bataves par
des reproches sanglants, il leur commanda de mettre bas les armes;
il les déclara esclaves, et permit à quiconque voudrait de les acheter
et de les transporter où il jugerait à propos. Les Bataves consternés
et couverts d'opprobres restaient immobiles. Alors toute l'armée se
prosterne aux pieds de l'empereur; elle le supplie de ne pas
éterniser par cet affront la mémoire de leur défaite. Tous les soldats
protestent pour eux et pour les Bataves, qu'ils sont prêts à laver leur
honte dans le sang des ennemis. Valentinien se laissa fléchir, et les
sommant de leur parole, il mit à leur tête Jovinus, général de la
cavalerie, avec ordre d'aller chercher les Allemans qui s'étaient
divisés en trois corps séparés l'un de l'autre[507].
[507] Ammien Marcellin rapporte, l. 27, c. 2, qu'à la nouvelle de
cette défaite, Dagalaïphe partit de Paris d'après l'ordre de
Valentinien, pour marcher contre les Barbares; mais qu'il revint
bientôt sans les avoir rencontrés, ou même sans les avoir
attaqués. Il y a confusion dans cet auteur, il ne peut y être
question d'un fait arrivé après que les Allemans eurent passé le
Rhin au mois de janvier, puisqu'il dit que bientôt après Dagalaïphe
fut nommé consul. Il est évident qu'il s'agit, dans cette occasion,
de la première invasion des Allemans à la fin de l'an 365. Voyez
sur ce point Tillemont (Valentinien, note 23).—S.-M.
Jovinus n'avait pas moins de circonspection et de
prudence que de bravoure et d'activité. Marchant LV.
en ordre de bataille, toujours attentif à couvrir ses Victoires de
flancs dans la crainte de quelque embuscade, il Jovinus.
arriva près de Scarponna. Ce n'est maintenant
qu'un hameau nommé Charpeigne à une lieue au-dessus de Pont-à-
Mousson[508]. Il y surprit les ennemis qui n'eurent pas le temps de
se mettre en défense, et par une attaque prompte et vigoureuse il
détruisit entièrement ce corps de troupes. Profitant du premier
succès, il s'avança vers un autre corps, qui, après avoir pillé les
villages voisins, campait près de la Moselle[509]. S'en étant approché
au travers d'un vallon couvert de bois, il trouva les Allemans
dispersés sur les bords du fleuve; les uns se baignaient, les autres
peignaient leur longue chevelure, et travaillaient à lui donner, selon
leur coutume, une couleur rousse et ardente[510]; la plupart
s'amusaient à boire ensemble. Il fait à l'instant sonner la charge, et
tandis que les ennemis poussant des cris menaçants courent à leurs
armes et s'empressent de former leurs bataillons, il fond sur eux et
les taille en pièces. Il ne s'en sauva qu'un petit nombre à la faveur
des défilés et des forêts. Ces deux corps étant entièrement défaits, il
en restait un troisième beaucoup plus nombreux, qui ayant pénétré
plus avant dans le pays, était campé près de Châlons-sur-
Marne[511]. Jovinus, pour achever sa victoire, marche promptement
de ce coté-là, et trouve les ennemis bien préparés à le recevoir.
S'étant campé avantageusement, il fait reposer ses soldats. Dès que
le jour paraît, il range son armée en bataille. Elle était inférieure en
nombre; mais le général sut par la disposition de ses troupes
masquer ce désavantage. Au signal donné les deux armées
s'ébranlent. Les Allemans parurent d'abord effrayés à la vue des
enseignes de leur nation[512], qu'ils apercevaient dans l'armée
romaine; ils s'arrêtèrent, mais bientôt le désir de la vengeance les
enflammant d'un nouveau courage, ils en vinrent aux mains. On se
battit tout le jour. La victoire n'aurait pas été si long-temps disputée,
sans la lâcheté du commandant des troupes légères, nommé
Balchobaudes[513], officier aussi fanfaron hors de l'action que
poltron dans l'action même. Dans le fort du combat, il se retira avec
sa troupe. Un si mauvais exemple pouvait rendre cette journée
funeste à l'empire; mais les autres corps continuèrent à combattre
avec tant de valeur, qu'ils tuèrent aux ennemis six mille hommes, et
en blessèrent quatre mille; ils en eurent de leur coté douze cents de
tués et deux cents de blessés.
[508] On trouve cependant un endroit nommé Scarponne dans le
département de la Meurthe, sur la rive gauche de la Moselle et
sur la route de Nancy à Pont-à-Mousson, à peu prés à égale
distance de ces deux villes. L'Itinéraire d'Antonin, p. 365, place
Scarponna à 10 milles de Toul (Tullum) et à 12 milles de
Divodurum ou Metz. Voyez la Notice de la Gaule, par d'Anville, p.
587.—S.-M.
[509] Ammien Marcellin ne nomme pas cette rivière, il se
contente de dire propè flumen.—S.-M.
[510] Quosdam comas rutilantes ex more. Amm. Marc. l. 27, c. 2.
—S.-M.
[511] Dans les champs Catalauniques, propè Catelaunos, dit
Ammien Marcellin, l. 27, c. 2. Ces plaines furent illustrées depuis
par la défaite d'Attila.—S.-M.
[512] Sueta vexillorum splendentium facie territi stetere Germani.
Amm. Marc. l. 27, c. 2.—S.-M.
[513] Balchobaudes Armaturarum tribunus. Amm. Marc. l. 27, c.
2.—S.-M.
La nuit fit cesser le carnage. Les vainqueurs ayant
pris du repos, Jovinus les fit sortir du camp aux LVI.
approches du jour. Voyant que les Barbares Suite de ses
s'étaient retirés à la faveur des ténèbres, il se mit à victoires.
leur poursuite. Ils avaient pris trop d'avance et
quelque diligence qu'il fit, il ne put les atteindre. Comme il revenait
sur ses pas, il apprit qu'une cohorte[514] qu'il avait détachée pour
aller piller le camp des Allemans, y avait surpris le roi de cette nation
peu accompagné, et que, s'en étant saisie, elle l'avait pendu à un
gibet. Indigné contre le tribun, il allait le condamner à mort, si cet
officier n'eût été disculpé par les soldats mêmes, qui protestèrent
que c'était sans ordre et par un emportement militaire, qu'ils avaient
usé de cette vengeance, Jovinus, après tant de glorieux succès,
revint à Paris, où l'empereur était déja retourné[515]. Valentinien alla
au-devant de lui, et le nomma consul pour l'année suivante[516]. Il y
eut encore pendant celle-ci contre divers partis d'Allemans plusieurs
actions moins considérables, et que l'histoire n'a jugé dignes d'aucun
détail. Cette campagne fit respecter à ces Barbares les limites de
l'empire, et mit la Gaule à couvert de leurs incursions. L'empereur
passa l'hiver à Rheims[517], pour être plus à portée de veiller à la
sûreté de la frontière.
[514] Cette cohorte portait le nom d'Ascarii. Il en est question
dans la Notice de l'empire d'Occident, rédigée sous le règne de
Théodose le jeune; elle y est placée avec les cohortes Hérules et
Bataves, parmi les troupes désignées sous le nom d'Auxilia
palatina.—S.-M.
[515] On a des lois de Valentinien, rendues dans cette ville, et
datées des 7 avril, 17 mai et 14 juin.—S.-M.
[516] Ammien Marcellin remarque qu'à la même époque
Valentinien reçut la tête de Procope, qui lui était envoyée par
Valens. On a déjà remarqué que Procope périt le 27 de mai de
l'an 366.—S.-M.
[517] Il était dans cette ville le 8 octobre.—S.-M.
La conduite des magistrats du premier ordre
contribuant beaucoup soit à la force et à la gloire, LVII.
soit au déshonneur et à l'affaiblissement des Caractère des
empereurs et des empires, l'histoire ne doit point divers
oublier ceux qui se sont rendus célèbres par leurs magistrats de ce
vertus ou par leurs vices. Les monuments de ces temps-là.
temps-là nous en font connaître un assez grand Amm. l. 27, c. 3
nombre, qui méritent de la postérité des éloges ou et 7.
des censures. Mamertinus, qui avait joué un si
grand rôle sous le règne de Julien, se maintint encore dans la
préfecture de l'Italie et de l'Illyrie pendant la première année du
règne de Valentinien[518]. Mais il fut déposé dès l'année suivante, et
peu de temps après accusé de péculat. Ammien Marcellin ne dit pas
quel fut le succès de cette accusation, et son silence même forme un
fâcheux préjugé contre ce préfet, que l'historien sans doute a voulu
ménager, par honneur pour la mémoire de Julien. C'est encore une
chose digne de remarque, que cet auteur nommant tant de fois
Mamertinus, ne lui donne jamais de louange; ce qui suffit dans les
circonstances pour faire soupçonner que ce favori de Julien n'en
méritait aucune. Vulcatius Rufinus, son successeur dans la
préfecture d'Italie, s'était acquis l'estime publique pendant le cours
d'une longue vie; on le regardait comme un homme parfait. Mais il
déshonora sa vieillesse par une extrême avidité qui le rendait peu
délicat sur les moyens d'acquérir, pourvu qu'il espérât pouvoir cacher
ses rapines. Il obtint de Valentinien le rappel d'Orfitus, préfet de
Rome. Celui-ci avait été condamné comme coupable de péculat sur
l'accusation de Térentius. Ce Térentius est un exemple des jeux
bizarres de la fortune. C'était un boulanger de Rome, qui devint
gouverneur de la Toscane[519]. On raconte à son sujet un
événement plus assorti au caractère et à la condition du
personnage, qu'à la dignité de l'histoire. Quelques jours avant qu'il
arrivât en Toscane, un âne était monté en présence de tout le
peuple sur le tribunal dans la ville de Pistoie [Pistoria], et s'y était
mis à braire de toutes ses forces: ce qu'on ne manqua pas de se
rappeler comme l'annonce du magistrat futur, lorsqu'on vit Térentius
assis sur le même tribunal[520]. Cet homme hardi et sans honneur
fut, quelques années après, convaincu d'avoir fabriqué des actes, et
condamné à mort comme faussaire[521].
[518] Il nous reste un panégyrique de Julien composé par
Mamertinus; il en a déjà été question, t. 2, p. 405; liv. xii, § 11.—
S.-M.
[519] De la Toscane Annonaire, Tuscia Annonaria. La Toscane
était alors divisée en deux provinces distinguées par les surnoms
d'Annonaire et d'Urbicaire. L'une, Annonaria, fournissait des vivres
à Rome; l'autre, Urbicaria, devait son nom à sa position voisine de
Rome. On voit, par une loi de Valentinien, que Térentius était en
charge le 28 mai 365.—S.-M.
[520] La ville de Pistoie se nommait Pistoria, et Térentius avait
été boulanger (pistor).—S.-M.
[521] Vers l'an 374. Claudius Julius Ædésius Dynamius était préfet
de Rome, comme l'indique Ammien Marcellin, l. 27, c. 3, regente
Claudio Romam.—S.-M.
Le plus renommé des magistrats de ce temps est
L. Aurélius Avianius Symmachus, père de celui LVIII.
dont il nous reste dix livres de lettres. Il fut vicaire
Symmaque
de Rome, préfet de la même ville, consul subrogé, préfet de Rome.
et revêtu des premières dignités sacerdotales. Il
Amm. l. 27, c. 3.
était savant et modeste. Les païens révéraient sa
vertu; les chrétiens honoraient sa probité et ses Symm. l. 1, ep.
38 et in auct.
talents. Le sénat l'avait plusieurs fois député aux ep. 1 et 6.
empereurs; et nous avons vu qu'étant allé trouver
Grut. inscr. p.
Constance à Antioche, il s'était attiré l'estime de 370, nº 3.
toute la ville. Il était toujours le premier consulté
Till. Valent. art.
dans les délibérations du sénat: son autorité, ses 11.
lumières, son éloquence lui donnaient le premier
rang dans cette célèbre compagnie. Ce fut à la
requête du sénat que dans la suite Gratien et Valentinien II lui firent
élever une statue dorée, dont l'inscription qui s'est conservée jusqu'à
nos jours, forme un éloge complet. Valens lui en fit ériger une
semblable à Constantinople. Sa préfecture fut un temps de
tranquillité et d'abondance[522]. Il fit construire à Rome un pont
magnifique, qui communiquait de la ville à l'île du Tibre; c'est, selon
l'opinion commune, le pont de Saint-Barthélemi, nommé dans
l'ancienne inscription le pont de Gratien, qui fut achevé trois ou
quatre ans après la préfecture de Symmaque[523]. Tant de services
furent trop tôt oubliés. Quelques années après, un misérable de la
lie du peuple s'avisa de débiter dans Rome, qu'il avait ouï dire à
Symmaque qu'il aimait mieux perdre son vin, que de le vendre au
prix auquel le peuple désirait que le vin fût vendu cette année. Sur
ce rapport, sans autre preuve, le peuple alla mettre le feu à la
maison de cet illustre sénateur, située au-delà du Tibre. Ce bel
édifice fut réduit en cendres, et Symmaque oblige de s'enfuir. Il
revint bientôt après avec un nouvel éclat, à la prière du sénat, qui lui
avait fait une députation. Il vivait encore en 381; et il eut un
avantage que la nature a refusé à la plupart des grands hommes; ce
fut de laisser un fils héritier de ses rares qualités.
[522] Il fut préfet en l'an 364 et 365.—S.-M.
[523] L'inscription de ce pont se rapporte à l'an 369.—S.-M.
Lampadius lui succéda dans la préfecture de
Rome. C'était ce préfet du prétoire déposé sous LIX.
Constance pour les fourberies dont il fut convaincu Lampadius.
dans l'affaire de Silvanus. Il avait gagné les bonnes
graces de Valentinien par une affectation de Amm. l. 27, c. 3.
sévérité et une apparence de vertu. Vain et avide
de louanges jusqu'au ridicule, il cherchait occasion de rétablir les
anciens monuments pour y faire graver en son honneur des
inscriptions pompeuses, comme s'il en eût été le fondateur. Tous les
frontispices, toutes les murailles des édifices publics portaient en
gros caractère le nom de Lampadius; et la plaisanterie de
Constantin, qui pour une semblable raison appelait Trajan l'herbe
pariétaire[524], lui aurait été beaucoup mieux appliquée. Sa vanité lui
fit faire un jour une action qui n'avait besoin que d'un autre motif,
pour être très-digne d'éloge. Étant préteur, il donnait un magnifique
spectacle: après qu'il eut répandu beaucoup de largesses, comme le
peuple ne cessait de demander des libéralités pour les comédiens,
pour les cochers du cirque, pour les gladiateurs, voulant montrer en
même temps sa générosité et le mépris qu'il faisait des
recommandations populaires, il assembla tous les mendiants qui
avaient coutume de se tenir aux portes de l'église de Saint-Pierre au
Vatican, et leur distribua des sommes considérables. Sa préfecture
fut troublée par plusieurs séditions: il y en eut une dans laquelle il
pensa périr; et il l'aurait bien mérité, s'il était jamais permis à ceux
qui doivent obéir, de se venger par eux-mêmes des injustices de
leurs supérieurs. Comme il faisait bâtir ou réparer quantité d'édifices,
au lieu d'y employer les fonds destinés à cet usage, il envoyait par la
ville ses officiers, qui prenaient chez les marchands les matériaux
nécessaires qu'on refusait ensuite de payer. Le peuple irrité de ce
brigandage, s'étant attroupé autour de sa maison, allait y mettre le
feu, s'il n'eût été dissipé à coups de pierres et de tuiles, dont on
l'accablait du haut des toits. Comme il revenait en plus grand
nombre, le préfet prit le parti de s'évader; il demeura caché hors de
Rome, jusqu'à ce que la fureur du peuple fût apaisée.
[524] Voyez t. 1, p. 306, liv. iv, § 82.—S.-M.
Un magistrat de ce caractère n'était capable que
de soulever les esprits. Aussi ne resta-t-il que sept LX.
ou huit mois en charge. Juventius fut mis à sa Schisme
place vers le milieu de cette année 366. Celui-ci, d'Ursinus.
né à Siscia, en Pannonie, était questeur lorsqu'il fut
Amm. l. 27, c. 3
nommé préfet de Rome. Son intégrité et sa et 9.
prudence le rendaient propre à rétablir le calme.
Hier. cont.
Son gouvernement aurait été heureux et paisible, Joann. Hieros. §
si l'ambition n'eût allumé dans le sanctuaire une 8, t. 2, p. 415,
querelle sanglante, qui remplit l'Église de scandale, et chron.
et la ville de trouble et de tumulte. Le pape Socr. l. 4, c. 29.
Libérius mourut le 24 de septembre, après avoir Soz. l. 6, c. 23.
tenu le saint-siége plus de quatorze ans. Le
Baron. ann.
premier octobre suivant, Damase fut 368, 369.
canoniquement élu. Quoiqu'il n'y eût encore qu'un
Pagi, in Baron.
demi-siècle que le christianisme jouissait de la
liberté, la prééminence de l'église romaine avait Fleury, hist.
eccles. l. 16, c.
attaché tant d'honneur à son siége, qu'il était dès 8, 20, 39, et l.
lors un objet de jalousie pour ces ames mondaines 18, c. 16.
qui ne cherchent dans les dignités ecclésiastiques
que ce qui leur est étranger. C'était dans ce temps-là que
Prétextatus, au rapport de saint Jérôme, disait au pape Damase:
Faites-moi évêque de Rome, et je me ferai chrétien[525]. Ammien
Marcellin, prévenu ainsi que Prétextatus des idées grossières du
paganisme, comptant les abus entre les priviléges de l'épiscopat,
après avoir parlé des troubles qui survinrent à l'occasion de l'élection
de Damase, s'exprime en ces termes: Quand je considère l'éclat qui
environne les dignités de la ville de Rome, je ne trouve pas étrange
que les ambitieux fassent les plus grands efforts pour y obtenir le
siége épiscopal. Ils voient qu'à la faveur de ces places éminentes ils
pourront s'enrichir des pieuses offrandes des dames, se faire porter
dans des chars, paraître superbement vêtus, avoir une table mieux
servie que celle des rois. Cependant, ajoute-t-il par une réflexion
plus sensée, ils entendraient bien mieux leur propre bonheur, si
moins occupés de répondre à la grandeur de Rome par celle de leur
dépense, ils se rapprochaient davantage de certains évêques des
provinces, que leur frugalité, leur simplicité, leur modestie, rendent
précieux à la Divinité, et respectables à ses vrais adorateurs. Ce fut
sans doute cet éclat extérieur de l'épiscopat qui anima Ursinus,
diacre de l'église romaine, à disputer cette dignité à Damase. Ayant
formé un parti, il se fit ordonner contre toutes les règles. La sédition
éclata. Juventius, secondé de Julien, préfet des vivres, condamna à
l'exil Ursinus et ses plus zélés partisans. Le peuple schismatique les
arracha des mains des officiers, et les conduisit à la basilique
Sicinienne, nommée maintenant Sainte-Marie-Majeure. Là, comme
dans une citadelle, Ursinus soutint un siége contre le parti de
Damase. On mit le feu aux portes, on découvrit le toit. Le combat fut
sanglant, et cent trente-sept personnes de l'un et de l'autre sexe,
souillèrent de leur sang la basilique. Juventius ne pouvait calmer cet
horrible désordre, et craignant pour sa propre vie, se retira dans une
maison de campagne. Dès que l'empereur en fut instruit, il
condamna l'anti-pape au bannissement. Mais lui ayant permis
l'année suivante de revenir, il fut obligé deux mois après de le bannir
une seconde fois: il l'exila en Gaule. Les schismatiques en son
absence soutinrent la révolte; et quoique Prétextatus, par ordre de
Valentinien, les eût chassés à main armée de la seule église qu'ils
possédaient dans l'enceinte de Rome, ils continuèrent de s'assembler
en particulier hors de la ville. En l'année 371, Valentinien permit à
Ursinus de sortir de son exil, et de se retirer où il voudrait, pourvu
qu'il se tînt éloigné de Rome à la distance de cent milles. Cet esprit
brouillon profita encore de cette indulgence pour se joindre aux
Ariens, et exciter de nouveaux troubles qui ne furent tout-à-fait
étouffés qu'en 381, après le concile d'Aquilée. Gratien, sur la
remontrance du concile, bannit Ursinus à perpétuité. Le pape
Damase n'avait point pris de part aux violences que le zèle outré de
ses défenseurs leur avait fait commettre. Ce fut un prélat aussi
illustre par ses vertus que par sa doctrine; et sa mémoire est en
vénération dans l'église qui l'a mis au nombre des saints.
[525] Facito me Romanæ urbis episcopum, et ero protinùs
christianus. Hieron. adv. Joann. Hierosol., § 8, t. 2, p. 415.—S.-M.

FIN DU SEIZIÈME LIVRE.


LIVRE XVII.
i. Altération dans le caractère des Romains. ii. Consuls.
[iii. Situation de l'Orient. iv. Révolutions de l'Arménie. v.
Arsace fait une irruption dans la Médie. vi. Sapor attaque
l'Arménie. vii. Arsace résiste seul au roi de Perse. viii. Les
Arméniens trahissent leur roi. ix. Fidélité du patriarche
Nersès. x. Arsace est prisonnier de Sapor. xi. Perfidie de
Sapor. xii. Arsace est emmené prisonnier en Perse. xiii.
Conquête de l'Arménie parles Perses.] xiv. Maladie de
Valentinien. xv. Gratien Auguste. xvi. Paroles de Valentinien
à son fils. xvii. Caractère du questeur Eupraxius. xviii.
Théodose dans la Grande-Bretagne. xix. Conspiration de
Valentinus étouffée. xx. Théodose bat les Saxons et les
Francs. xxi. La ville de Mayence [Mogontiacum] surprise
par les Allemans. xxii. Mort du roi Vithicabius. xxiii. Actions
cruelles de Valentinien. xxiv. Rigueurs de Valentinien dans
l'exercice de la justice. xxv. Prétextatus préfet de Rome.
xxvi. Valens se déclare pour les Ariens. xxvii. Athanase est
encore chassé de son siége. xxviii. Commencement de la
guerre des Goths. xxix. Leur origine et leurs migrations.
xxx. Guerres et incursions des Goths. xxxi. Leur caractère
et leurs mœurs. xxxii. Division en Visigoths et Ostrogoths.
xxxiii. Causes de la guerre des Goths. xxxiv. Valens refuse
de rendre les prisonniers. xxxv. Disposition pour la guerre
contre les Goths. xxxvi. Première campagne. xxxvii.
Seconde campagne. xxxviii. Guerre de Valentinien en
Allemagne. xxxix. Disposition des Romains et des
Allemans. xl. Bataille de Sultz [Solicinium]. xli. Second
mariage de Valentinien. xlii. Réglement pour les avocats.
xliii. Loi contre les concussions. xliv. Établissement des
médecins de charité. xlv. Probus préfet du prétoire. xlvi.
Caractère de Probus. xlvii. Olybrius préfet de Rome. xlviii.
Valentinien fortifie les bords du Rhin. xlix. Les Romains
surpris et tués par les Allemans. l. Punitions sévères. li.
Suite de la guerre des Goths. lii. Paix avec les Goths. liii.
Forts bâtis sur le Danube. liv. Valens à Constantinople. lv.
Incursions des Isauriens. lvi. Ravages en Syrie. [LVII.
Sapor s'empare de l'Ibérie. lviii. Ses cruautés en Arménie,
lix. Tyrannie de Méroujan. lx. Adresse de la reine
Pharandsem. lxi. Para est rétabli en Arménie. lxii. Il est
chassé. lxiii. Mort de Pharandsem. lxiv. Para est rétabli de
nouveau. lxv. Les Arméniens entrent en Perse. lxvi. Les
Perses chassés de l'Arménie. lxvii. Mort d'Arsace.]

VALENTINIEN, VALENS, GRATIEN.


L'ancienne politique romaine, toujours ambitieuse,
quelquefois injuste, en avait du moins imposé à An 367.
l'univers par des dehors de probité et de justice.
I.
Ici l'histoire va nous montrer des rois assassinés,
des peuples massacrés contre la foi des traités; la Altération dans
le caractère des
trahison substituée au courage; la bonne foi Romains.
sacrifiée à l'intérêt, ce principe destructeur de lui-
même; la réputation, ce puissant ressort de la
prospérité des états, perdue pour toujours; et les Romains avilis par
les vices avant que d'être vaincus par les Barbares.
Jovinus, consul en l'année 367, aurait trouvé place
entre les grands hommes de l'ancienne république. II.
On l'a vu dans le temps même que Jovien le
Consuls.
dépouillait du commandement dans la Gaule, y
maintenir généreusement l'autorité de l'empereur. Liban. vit. t. 2,
p. 54.
On vient de raconter ses exploits guerriers,
comparables à ceux de L. Marcius en Espagne Amm. l. 31, c.
5.
après la mort des deux Scipions. Mais Lupicinus,
son collègue, n'avait pas l'ame plus élevée que le
caractère de son siècle. Ses talents militaires, sa
sévérité dans le maintien de la discipline, une Till. Valens, art.
connaissance assez étendue de la littérature et de 6.
la philosophie, l'avaient fait estimer de Julien,
quoiqu'il fût chrétien. Mais il était avare et injuste. Nous verrons
dans les années suivantes les funestes effets de ces vices.
—[Pendant que Valens défendait contre un
usurpateur l'empire qu'il devait à la générosité de III.
son frère, et dans le temps que Valentinien
[Situation de
s'efforçait de renouveler chez les Barbares de la l'Orient.]
Germanie la terreur que le nom de Julien leur avait
[Amm. l. 25, c.
inspirée autrefois, des événements d'une grande 7 et l. 27, c. 12.]
importance s'accomplissaient dans l'Orient, et les
Romains en étaient malgré eux les tranquilles
spectateurs. On subissait, après quatre ans, les désastreuses
conséquences du honteux traité que Jovien avait été obligé de
conclure avec les Perses. On abandonnait sans secours aux armes et
à la vengeance de Sapor le plus puissant et le plus utile des alliés de
l'empire[526]. Enfin, après quatre ans d'une guerre sanglante et qui
avait été poursuivie sans interruption, le roi d'Arménie venait de
succomber; sa personne et ses états étaient restés au pouvoir des
vainqueurs[527]. Les troupes de Sapor menaçaient d'envahir l'Asie
Mineure, dans le temps où la guerre contre les Goths contraignait
Valens de porter toutes ses forces sur les rives du Danube. La
politique de Sapor était dévoilée toute entière. On comprenait
pourquoi ce prince avait si facilement consenti à traiter avec les
Romains après la mort de Julien, et pourquoi il avait laissé sortir de
ses états leur armée affaiblie par la faim, la fatigue et les combats,
se contentant de Nisibe, de Singara et des provinces au-delà du
Tigre, qui avaient été enlevées autrefois à son aïeul Narsès[528].
Pour conquérir l'Arménie, il suffisait de l'isoler: la neutralité des
Romains était ainsi plus avantageuse à Sapor que la cession
passagère de quelques provinces, qu'il aurait fallu bientôt défendre
les armes à la main. Pour parvenir à ses fins, il devait donc stipuler
que les Romains abandonneraient Arsace à ses seules forces, et
qu'ils n'interviendraient en aucune façon dans leurs démêlés. Le roi
de Perse savait bien qu'Arsace ne pourrait lui résister long-temps. Le
mépris et la haine que le roi d'Arménie s'était attirés par ses vices,
ses cruautés et son caractère inconstant; les intelligences que Sapor
s'était ménagées parmi les dynastes arméniens; les secours promis
par ceux qui avaient ouvertement embrassé le parti des ennemis de
leur patrie, tout promettait à Sapor de faciles succès[529]. Le prince
persan pouvait ainsi se flatter de l'espoir certain de joindre bientôt à
son empire[530] une vaste contrée, conquise par ses aïeux, et depuis
un siècle objet de la haine jalouse de ses prédécesseurs, qui avaient
été forcés par les armes romaines d'en reconnaître l'indépendance.
Aussitôt après la remise de Nisibe, Sapor s'occupa des moyens de
recueillir les avantages qu'il s'était ménagés par la paix qu'il venait
de conclure, et, sans tarder, il tourna contre l'Arménie tout l'effort de
ses armes[531]. En satisfaisant son ambition, Sapor voulait encore
tirer vengeance des secours qu'Arsace avait fournis à Julien, et des
ravages qu'il avait commis dans la Médie[532]. Nous allons
maintenant retracer le récit de cette lutte opiniâtre; mais pour en
mieux saisir toutes les circonstances, il faut remonter un peu plus
haut, et faire connaître les révolutions survenues à la cour
d'Arménie.
[526] Quibus exitiale aliud accessit et impium, ne post hæc ita
composita, Arsaci poscenti contra Persas ferretur auxilium, amico
nobis semper et fido. Amm. Marc., l. 25, c. 7. Voy. ci-devant p.
162, note 3, liv. xv, § 11.—S.-M.
[527] Postea contigit, ut vivus caperetur idem Arsaces, et
Armeniæ maximum latus Medis conterminans, et Artaxata inter
dissensiones et turbamenta raperent Parthi. Amm. Marc. l. 25, c.
7. Voyez aussi ci-devant, p. 163, note 3 et p. 164, n. 1, liv. xv, §
11.—S.-M.
[528] Voyez ci-devant, p. 160, liv. xv, § 10.—S.-M.
[529] Et primò per artes fallendo diversas, nationem omnem
renitentem dispendiis levibus afflictabat, sollicitans quosdam
optimatum et satrapas, alios excursibus occupans improvisis.
Amm. Marc. l. 27, c. 12. Le même auteur avait déjà dit, l. 25, c. 7:
Artaxata inter dissensiones et turbamenta raperent Parthi.—S.-M.
[530] Rex vero Persidis longævus ille Sapor....injectabat Armeniæ
manum, ut eam.....ditioni jungeret suæ. Amm. Marc. l. 27, c. 12.
—S.-M.
[531] Les paroles d'Ammien Marcellin sembleraient faire croire
que, selon cet historien, l'Arménie avait été comprise dans le
traité fait avec Jovien. Il s'exprime ainsi, l. 27, c. 12. Sapor.... post
imperatoris Juliani excessum et pudendæ pacis icta fœdera, cum
suis paulisper nobis visus amicus, calcata fide sub Joviano
pactorum, injectabat Armeniæ manum..... velut placitorum abolita
firmitate. Sapor pouvait ne pas se montrer ami des Romains, en
attaquant un prince qui avait été et qui était encore leur allié;
mais il ne violait pas précisément la paix conclue, puisque le traité
avait expressément spécifié que les Romains n'accorderaient point
à Arsace les secours qu'il pourrait demander, s'il était attaqué par
Sapor, ne....Arsaci poscenti contra Persas ferretur auxilium.
Comme Ammien Marcellin insiste sur cette clause, l. 25, c. 7, et
qu'il en fait un vif reproche à Jovien, il est clair qu'il n'a pas songé
à établir une exacte relation entre les deux endroits de son
histoire, où il parle du traité fait avec les Perses, après la mort de
Julien. Voy. aussi ci-devant, l. xv, § 11, p. 162, note 3. Cependant
le même historien relate encore dans un autre endroit la
convention faite avec Jovien, qui s'était engagé à ne pas défendre
l'Arménie, attaquée par les Perses; hoc solo contenti (Persæ),
quod ad imperatorem misêre legatos, petentes nationem
eamdem, ut sibi et Joviano placuerat, non defendi. Amm. Marc. l.
27, c. 12. Il s'agit ici d'une ambassade envoyée par les Perses en
372, sur ce qu'au mépris des traités les Romains secouraient
l'Arménie.—S.-M.
[532] Quod ratione gemina cogitatum est, ut puniretur homo, qui
Chiliocomum mandatu vastaverat principis, et remuneret occasio,
per quam subinde licenter invaderetur Armenia. Amm. Marc. l. 25,
c. 7.—S.-M.
—[Le mariage contracté par le roi d'Arménie, avec
la princesse Olympias, avait mis un terme aux IV.
longues indécisions de ce prince. Cet honneur
[Révolutions de
insigne lui inspira une si vive reconnaissance, qu'il l'Arménie.]
se décida enfin à rompre pour toujours avec le roi
[Amm. l. 20, c.
de Perse. C'était la première fois que l'orgueil 11 et l. 23, c. 2.
romain consentait à s'allier au sang des Barbares:
l'empire en murmurait[533], mais Arsace ne cessait

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